The Playground #4 - Février 2020

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T H E P L A Y G R O U N D#4 SPÉCIAL ALL-STAR

Numéro #4 | Fev 2020 | The Playground


THE P24YGROUND

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«L’Édito» par Dunkakis

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a

SO MM AI RE 4 - The Playground


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À quoi sert le All-Star Game ?

All-Star Game 87’ : Est-il le meilleur de l’Histoire ?

All-Star Game 51’ : Un premier pas pour l’Homme...

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16 24 40

All-Star Game 92’ : Le message de Magic

Flight Night : Les dunkers des Hawks

Halftime : Le Débat du Playground

Le Slam Dunk Contest : De renaissances en renaissances

Isaiah Thomas, Pick Him Last Again

All-Star Game 03’ : La dernière de Jordan

La Playlist du Playground #4

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LA TETE DANS à QUOI-SERT LE ALL-STAR GAME ? Soixante-dix éditions. En NBA, le All-Star Game est devenu bien plus qu’une tradition, il est devenu une habitude. Chaque année, les meilleurs joueurs de la meilleure ligue se mêlent les uns aux autres le temps d’une rencontre qui ne vient jamais seule : concours de dunks, de tirs, bataille de célébrités et tant d’autres animations garantissent un spectacle hors du commun. Et pourtant, le match des étoiles est devenu une formalité, une banalité. C’est aujourd’hui aussi naturel que de respirer. En soixante-dix éditions, comme accoutumés, nous semblons avoir oublié les enjeux de cet événement. Mais à quoi sert le All-Star Game ?

M

arquer les esprits. « Enfant, tout le monde rêve de participer à un All-Star Game ». En une phrase, la légende du Basket Reggie Miller paraissait avoir saisi l’essence même de ce match : vendre du rêve. Pour les fans, le AllStar Game est un rendez-vous incontournable qui voit réunies toutes leurs stars préférées. S’agissant d’un gala plus que d’un véritable match compétitif, les actions spectaculaires s’y enchaînent sans interruption. Il est d’ailleurs parfois question de retrouvailles ou de rivalités, de rumeurs, d’opportunités… tant de choses qui rendent cette rencontre d’autant plus excitante. Le All-Star Game est d’abord pensé pour impressionner les supporters, mais aussi les joueurs. Bien sûr, LeBron James a lui-même eu la tête dans les étoiles avant de les rejoindre, comme tous les athlètes que nous connaissons aujourd’hui. Certains joueurs, pourtant déjà reconnus par leurs pairs, en rêvent encore après des années dans la ligue…

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S LES ETOILES Se démarquer. Au-delà du match en lui-même, certains extras — et notamment le concours de dunks — laissent parfois une marque indélébile. La simple évocation du nom de Vince Carter ramène certainement de nombreux passionnés à des images particulièrement mémorables. Dans certains cas, ce spectacle constitue d’ailleurs le plus grand coup d’éclat d’une carrière. Nous ne nous souviendrons pas de Nate Robinson pour ses 11 points et 3 passes de moyenne, ni même pour ses performances. Mais comment oublier ce triple champion du Slam Dunk Contest (2006, 2009, 2010) qui ne mesurait que 1,75 m ? KryptoNate et tant d’autres doivent beaucoup au AllStar Game, et ils le lui rendent bien. L’année dernière, c’est Hamidou Diallo qui avait réussi à impressionner les jurés du concours pour repartir avec le titre. Son dunk au-dessus de Shaquille O’Neal lui aura rapporté beaucoup plus qu’une victoire : il lui aura permis de se démarquer et de laisser sa propre empreinte sur l’histoire de la ligue, à sa manière. Reprendre son souffle. Dans une NBA au rythme étouffant dans laquelle s’enchaînent 82 matchs chaque année, la question du repos chez les athlètes devient de plus en plus importante. Heureusement, la trêve de six jours que représente le « All-Star Break » permet à toute la ligue de respirer. Les joueurs s’accordent une pause tandis que nous, fans européens, profitons enfin de nuits de sommeil complètes. Dans une saison, il y a un avant et un après-All-Star Game. Il s’agit d’un point de sauvegarde sans lequel athlètes et spectateurs se noieraient, un événement qui sert à marquer un temps de repos nécessaire à l’ensemble NBA.

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Ouvrir des horizons. En saison régulière, l’attention de la planète basket est répartie sur 1230 confrontations. Mais lors du All-Star Game, le regard de tous les fans se tourne dans la même direction, ils se rassemblent. Bien évidemment, la NBA en profite pour exposer ses meilleurs produits en vitrine. Tout au long du week-end, elle montre ce qu’elle a de mieux à offrir : le showtime américain est poussé à son paroxysme. L’objectif ne se limite certainement pas au contentement des amateurs, la ligue cherche à toucher un nouveau public et — bien sûr — à vendre. En tant que business, la NBA tire de nombreux avantages de cette opération. Se comparer. Une invitation au All-Star Game est un honneur pour tout joueur, cela peut même être considéré comme une distinction. Pour certains, une participation au match des étoiles témoigne du niveau de jeu d’un basketteur. C’était notamment le cas de Scottie Pippen, l’acolyte de Michael Jordan à Chicago : « Le All-Star Game était l’un des meilleurs moments de ma carrière. À mes yeux, ça me donnait une bonne idée d’où me situer par rapport à mes pairs. Ça a toujours été ma référence pour dire que je faisais encore partie des de “l’échelon supérieur” des joueurs.  » Cette rencontre offre aux joueurs la possibilité d’en apprendre plus sur eux-mêmes. Les votes des fans permettent de sonder la popularité d’un athlète, tandis que ceux des médias et des joueurs peuvent être envisagés comme un indicateur de son niveau. Bien sûr, une seule nomination ne suffit pas à faire entrer un joueur dans les livres d’Histoire. En revanche, un nombre conséquent d’apparitions force la considération. Le AllStar Game nous pousse à faire une distinction entre les All-Stars et « les autres », les premiers restent gravés dans les mémoires pendant que les seconds en disparaissent.

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À présent, le match des étoiles a perdu sa lueur d’antan. Les fans se désintéressent peu à peu de ce match superficiel, dans lequel la défense cède parfois sa place au ridicule. Mais n’oublions jamais que, plus qu’une simple rencontre, le All-Star Game est une institution qui a contribué à faire de la NBA ce qu’elle est aujourd’hui. Faites entrer les stars.

CRÉDITS // Écrit par Benjamin | Illustré par SohoArt

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ALL-STAR GAME 92 Le message de Magic

Avec son départ, la NBA perdait une de ses étoiles les plus lumineuses. Retiré des parquets pour soigner sa séropositivité, Earvin « Magic » Johnson a pourtant eu droit, quelques mois seulement après l’annonce de sa maladie, à un retour inespéré. Faisant fi de la mise à l’écart volontaire mais contrainte du meneur des Lakers, le peuple de la NBA votait massivement pour envoyer Magic au All-Star Game 92. Une fois à Orlando, aux côtés du gratin de la Ligue, Magic Johnson n’a pas seulement fait jeu égal avec les autres, il a aussi envoyé un message.

L

e 7 novembre 1991, son

basketball. Mais avec son visage souriant

Freddy Mercury. Ces deux figures

sourire s’estompait. Ce

comme carte de visite et ses trophées

iconiques agiront pourtant de manière

jour-là, dans le Staples

plein les armoires, Magic Johnson

diamétralement opposée, préfigurant

Center qu’il a si souvent

dépassait même le cadre du basket : il

leur futur héritage. Malade depuis 1987,

illuminé, Magic déclarait

était un athlète noir qui avait réussi à

le leader de Queen aura longtemps nié

sa séropositivité aux médias de Los

s’élever, devenant l’égal de Larry Bird,

sa maladie, ne la rendant publique que

Angeles. La saison NBA avait repris

l’icône WASP, son rival et néanmoins

la veille de sa mort le 23 Novembre

depuis quelques jours et la poignée de

ami.

1991, préférant rester dans l’ombre. Les défenseurs de Mercury diront plus tard

matchs jouée par les Lakers l’avait été sans leur chef de file. Personne ne le

C’est donc par l’intermédiaire d’une

que la réaction publique n’aurait sans

savait encore mais Magic ne disputerait

figure symbolique que les américains

doute pas été aussi tolérante que pour

aucun match cette saison-là. Tout du

découvrent la réalité du sida. Au tout

Magic : Freddy Mercury était connu

moins, aucun avec le maillot des Lakers.

début des années 90, alors que le VIH

pour sa bisexualité et sa propension à

n’est apparu qu’une dizaine d’années

consommer de la drogue en quantité.

A peine la déclaration de Magic achevée

auparavant, il existe un scepticisme et

A cet égard, le chanteur de Queen

que toutes les stations radios et chaînes

une foule d’idées reçues dans la société.

représente un malade du sida typique de

de télé du pays bouleversent l’ensemble

Et personne n’était prêt lorsque Magic

la perception dans les années 80. À peu

de leurs programmations pour s’emparer

a mis le monde face à la froide vérité :

de choses près, Magic serait à l’inverse

du sujet. Les mots, les idées reçues,

cette maladie qui ne semblait toucher

considéré comme le premier « bon »

les stéréotypes et les inquiétudes

qu’une frange de la société (à laquelle

malade du sida.

s’entremêlent sur les ondes pendant

personne ne pensait appartenir) avait

plusieurs jours sans interruption. Et

atteint cette fois une figure publique.

à la manière du 11 Septembre 2001 dix

Magic était une célébrité, un sportif à

ans plus tard, tous les Américains se

l’hygiène de vie impeccable, un de ceux

rappellent où ils étaient et ce qu’ils

qui ne fricotent pas avec les prostituées

faisaient quand ils ont « appris pour

et qui ne se piquent pas à l’héroïne. En

Magic ».

un mot, celui qui ne pouvait pas avoir le SIDA.

Il n’était pas exagéré de dire que les gens aimaient réellement Magic. Depuis

Ironie de l’Histoire, le public prend

plusieurs années déjà, sa bienveillance

connaissance coup sur coup de la

faisait l’unanimité dans la sphère du

maladie de Magic, puis de celle de

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L’amour des fans à l’origine de tout

E

n l’absence de Magic, la

million de passionnés veulent revoir

saison NBA 1991-1992

Magic Johnson sur un terrain. L’exploit

manque tragiquement

est tel que seulement 6 autres joueurs

de saveur, paraissant

ont eu plus de voix pour cet événement

bien terne comparée à

(Jordan, Barkley, Bird, Malone, Drexler

l’exercice précédent.

et Mullin), évidemment tous en activité

Cette défection change littéralement le

contrairement à Magic. Malgré la

paysage de la NBA, qui avait pourtant

maladie, malgré les stéréotypes de

commencé la nouvelle décennie du

l’époque et malgré les peurs associées

bon pied en titrant enfin sa figure de

au SIDA, ces gens-là souhaitaient

proue qu’était Michael Jordan. La finale

simplement revoir le sourire du joueur

1991 contre les Lakers de Magic avait

des Lakers.

d’ailleurs enchanté la foule : la fougue des jeunes Bulls contre le Showtime

Cette cote d’amour intacte, Magic

brillant des Lakers de Magic devait

Johnson la doit aussi à la façon dont il

lancer un nouveau cycle.

a abordé publiquement sa maladie. En témoignant aussi tôt de son état auprès

A 31 ans seulement, le quintuple

du public, Magic Johnson est devenu un

champion NBA et triple MVP qu’était

modèle. Plusieurs études a posteriori

Magic Johnson avait encore des sourires

ont prouvé que cette annonce avait eu

et des no-look pass à distribuer. Mais

des effets positifs dans la perception de

depuis ce sombre 7 novembre, Magic

la maladie et même simplement dans

avait quitté la lumière des projecteurs.

la connaissance de cette dernière. Plus

Pendant que Jordan, Bird ou Thomas

important encore, Magic Johnson, en

s’affrontaient sur les parquets, Magic

tant que basketteur afro-américain

devait se soigner, préserver sa santé

qui s’est hissé jusqu’au sommet,

et reprendre des forces auprès de

traverse tous les clivages ethniques :

sa famille. Fidèle à son optimisme

son message a ainsi touché toutes les

légendaire, Johnson affirmait toutefois

couches de l’Amérique. Les groupes

vouloir revenir, chaque fois qu’un micro

sociaux exposés comme les jeunes des

s’approchait de lui. Mais probablement

quartiers sensibles, les personnes au

lui-même avait-il écarté de son esprit

statut social précaire ou les hommes

un inespéré retour dans la Ligue. Sauf

célibataires hétérosexuels sont ceux

qu’il n’était pas le seul à décider...

qui ont pu, par le passé, s’inspirer du charisme et de la sympathie de Magic,

Sur la fin de l’année 91, les fans du

et donc intégrer pleinement l’appel à la

monde entier sont appelés à désigner

prudence lancé par le joueur des Lakers à

les titulaires du All-Star Game de 92.

l’annonce de sa maladie. Alors peut-être

A l’époque, point d’Internet et c’est en

par gratitude, ces mêmes personnes ont

remplissant un bulletin papier envoyé

ainsi choisi d’envoyer Magic Johnson au

ensuite par la poste à la NBA que les

All-Star Game 1992.

fans de basket faisaient entendre leur voix. Et au moment de faire leur choix, quelle n’a pas été la surprise de voir que le nom de Magic figurait toujours dans la liste des propositions... Erreur d’un stagiaire distrait ou volonté de la NBA de tenter un coup ? Toujours est-il que lorsque que la Ligue dépouille les bulletins, 658 211 d’entre eux ont coché le nom de Magic. Plus d’un demi-

Magic a posé la première pierre en parlant sereinement de sa maladie The Playground - 13


L’événement, déjà planétaire, prend

est sans appel : la présence de Magic

immédiatement une autre ampleur.

à la fête ne fait pas l’unanimité. Il

C’est LE RETOUR DE MAGIC ! Pour que

faudra finalement une mise au point en

la fête soit complète, Tim Hardaway

coulisses d’Isiah Thomas, alors président

laisse même sa place de starter au néo-

du syndicat des joueurs : Magic jouera

retraité. Mais si l’Amérique a envoyé

ce match. Le leader des Bad Boys, ancien

massivement de l’amour à Magic, les

ami proche de Magic et désormais

voix sont plus dissonantes au sein même

brouillé avec lui, annonce au reste des

de la NBA. Le message d’espoir lancé

troupes que le risque de contamination

par le Laker n’a pas forcément atteint

est nul et qu’il est temps pour la NBA

ses anciens compagnons d’armes,

d’assurer son rôle social. Magic a posé la

restés à l’âge de pierre et craignant une

première pierre en parlant sereinement

improbable contamination. Certains le

de sa maladie, la Ligue doit maintenant

disent clairement, d’autres se cachent

lui emboîter le pas.

derrière le règlement mais le constat

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Simplement vivre avec le Sida

L

e 9 février 1992, pour le

tous les joueurs viennent tendrement

42eme All-star Game,

congratuler Magic Johnson.

Magic Johnson est sur le parquet, flanqué de son

En 2004, ESPN élira l’annonce de

mythique maillot 32 qu’il

la séropositivité de Magic Johnson

n’avait plus porté depuis le Game 5 des

comme le septième événement le plus

Finales 91. Simplement heureux d’être

mémorable des 25 dernières années.

là, Magic a le sourire encore plus large

Dans la grande famille du All-Star

que d’habitude et sa bonne humeur est

Game, l’édition 92 restera aussi dans les

communicative. Le public est acquis à

mémoires. Pas pour un record statistique

sa cause et les pancartes « we believe

qui, par définition, sera un jour dépassé.

in Magic » fleurissent dans les gradins.

Pas pour un retournement de situation,

Pour son premier panier, la salle explose.

qui finira par devenir une anecdote

Malgré un état de forme discutable,

de l’histoire. Ni pour une polémique,

Magic régale l’assemblée : 25 points à

qui serait de toute façon synonyme de

9/12 et 9 passes, dont quelques caviars

clivage. Le All-Star Game 1992, ni plus

distribués à l’aveugle. L’espace d’un

ni moins que le All-Star Game de Magic,

instant, on pourrait presque croire que

a été porteur d’espoir, d’ouverture

rien n’est jamais arrivé, que Magic n’est

d’esprit et d’universalité. Vivre avec

pas malade et qu’il reprendra la saison

le VIH est devenu une possibilité et, à

régulière à la fin de cette parenthèse

grands coups d’actions géniales, Magic a

enchantée. Et si la réalité n’est pas

abattu le voile de mort qui s’était installé

exactement celle-là, le All-Star Game 92

dans l’esprit des gens à l’évocation de

restera dans le mémoire pour le message

cette maladie.

d’espoir qu’il a véhiculé au monde entier.

Si la parenthèse s’est poursuivie jusqu’aux Jeux Olympiques de Barcelone

En jouant le match des étoiles à un

où Magic faisait partie de la Dream

niveau qui lui a permis de décrocher le

Team, l’esprit du All-Star Game s’est

titre de MVP, Magic Johnson a prouvé

brutalement arrêté aux portes de la

qu’il y avait une vie derrière la maladie.

saison 92-93. Alors que Magic Johnson

Tout en étant séropositif, il est toujours

envisageait un vrai retour, les voix

possible de briller, d’être au sommet

dissonantes qui avaient dû se taire se

ou plus humblement d’être vivant. A

sont cette fois fermement opposées à la

ses côtés, la NBA a été à la hauteur. Les

résurrection du meneur. En proférant

images de Michael Jordan et d’Isiah

des propos ignobles sur la maladie

Thomas (les deux figures de l’époque

de leur ancien frère, ils ont prouvé

avec le forfait de Bird) jouant les

que le All-Star Game 92 ne serait

dernières possessions en un contre un

que la première pierre de la longue

avec Magic resteront des purs moments

dédiabolisation du SIDA.

d’émotion. Le match s’arrêtera d’ailleurs 14 secondes avant la fin, pour que

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FLIGHT N I G H T B

ienvenue dans la Peachtree Arena pour ce concours du meilleur dunkeur de vos A T L A A A A A N T A HAAAAAWWKS! Quatres joueurs vont s’affronter ce soir : vous pourrez enfin les départager ! Commençons les présentations par le fauconneau, JOOOHN COLLIIIINS ! Une seule participation au concours. Il a tenté l’innovation en prenant son envol au dessus d’une maquette d’avion, mais l’atterrissage s’est moyennement bien passé. L’hommage rendu aux frères Wright était un peu bancal, mais eux aussi ont dû en casser des prototypes, à n’en pas douter ! Néanmoins Collins est capable de monstrueux dunks en match, et il a de grosses qualités athlétiques (surtout quand on les aide un peu, n’est-ce pas). S’il est surnommé John the Baptist, c’est qu’il ne faut pas se mettre sur son chemin quand il est lancé au risque de finir six pieds sous terre. Il est l’outsider parfait de ce concours! Deuxième concurrent ce soir : deux participations, un titre, trois scores parfaits de cinquante points… C’est le local de l’étape, J-SMOOOOOOVE !

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Dans un style beaucoup plus classique, sans accessoires. S’il balance la balle à trois points, il a plus de chances de la claquer en dunk que de la rentrer directement ! Là où il a innové, c’est qu’il fut le premier à porter le maillot d’une ancienne légende du dunk. Capable d’aller chercher les alley-oop en match très haut, de claquer des 360 ou bien de gros posters, le Géorgien saura certainement être créatif pour se mettre les juges dans la poche. Il est le compromis parfait entre puissance et voltige : Smith a tout pour être un contender des plus sérieux ! Le troisième est haut comme trois ballons de basket, 1m70 ! Cela fait de lui l’un des plus petits joueurs à avoir évolué en NBA. Est-ce que néanmoins cela l’a empêché de participer au Slam Dunk Contest contre des stars du domaine, et de le remporter ? Absolument pas ! Avec 1m20 de détente, il n’en finit plus de monter et en arriverait presque à toucher le ciel. Espérons que sa détente monstrueuse compensera la technique de ses féroces adversaires. Il joue clairement dans la catégorie des outsiders, mais

attention à ne pas le sousestimer parce qu’il a la taille de votre fils. Et il pourrait bien vous sauter par dessus : Mesdames, Messieurs : SPUUUUUUDD WEEEEEEBBBBB !!! Finissons les présentations par le favori de l’épreuve ! Spécialiste du domaine, reconnu de tous, deux fois champion du Slam Dunk Contest, et une fois volé contre His Hairness qui jouait à domicile, Mesdames et Messieurs, The Human Highlight Film : DOOOOOOMINIQUE WIIIIIIILKINS !!! Il se murmure dans tout le pays que les arceaux sont toujours en train de trembler à cause de ses dunks d’une violence inouïe ! L’arrière de 2m03 n’est peutêtre pas le plus technique, mais il sait compenser par son athlétisme, sa puissance et son altitude. Wilkins sera le Faucon à chasser lors de ce concours de haute volée ! Vous connaissez maintenant nos quatre concurrents pour ce concours qui servira à désigner le meilleur dunkeur de l’histoire de vos ATLAAAAAAANTA HAAAAAWWKS ! Laissons place aux artistes et que le meilleur faucon gagne !


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En NBA plus qu’ailleurs, les classements nous obsèdent. Et forcément, le All-Star Game n’y échappe pas. Quel est le meilleur All-Star Game de l’Histoire de la NBA ? … Beaucoup pensent immédiatement à celui de 2000 et son concours de dunks entré dans la légende, et à celui de 2001 avec un Allen Iverson de gala. Mais ces All-Star Game ont de très sérieux adversaires pour les challenger. Et si 1987 était la meilleure édition de tous les temps ? Retour au Kingdome de Seattle en février 1987.

Le plus étoilé Julius Irving, Larry Bird, Moses Malone, Robert Parish, Isiah Thomas à l’Est. Magic Johnson, Kareem Abdul-Jabbar, Alex English, Walter Davis à l’Ouest. En 1987, ces joueurs cumulent à eux seuls, à ce moment-là, 78 sélections au All-Star Game ! Il faut dire que les déjà légendaires Kareem Abdul-Jabbar, 17 sélections en 1987, et Julius Irving, 11 sélections, tutoient les étoiles depuis tellement longtemps qu’ils font passer Larry Bird et sa 8ème sélection pour un débutant.

Le plus disputé Devant plus de 34 000 spectateurs réunis au Kingdome de Seattle (un lieu mythique de la ville, aujourd’hui disparu), l’Est et l’Ouest s’affrontent sans jamais rien lâcher. On aurait pu espérer un match davantage défensif compte tenu des effectifs en présence, mais à la fin du 4e quart-temps, les deux teams sont à 140 partout. Le match trouve son dénouement en OT, et l’Ouest de Magic Johnson, Hakeem Olajuwon et Kareem Abdul-Jabbar dominent l’Est de Larry Bird et du jeune Michael Jeffrey Jordan. Avec un score final après OT de 154 – 149, cet All-Star Game va rester le plus gros scoring de l’Histoire … jusqu’en 2014. 18 - The Playground


Le plus iconique En 1987, Michael Jordan est un All-Star pour la 3ème fois. Et il va plus que largement contribuer à inscrire cette édition du All-Star Game dans la légende, grâce à sa participation au concours de dunks. Face à lui en finale du concours, le joueur des Trail Blazers Jerome Kersey ne peut pas rivaliser. Mais au-delà de l’adversité, on retient de Jordan son envol d’une pureté et d’une grâce absolues sur l’un de ses dunks. Les photos de Michael Jordan sont devenues tout aussi iconiques que la détente majestueuse du joueur des Bulls. L’icône du basket mondial est déjà en train d’écrire sa légende, et contribue à graver dans le marbre cet All-Star Game 1987.

Le plus historique Cette année-là à Seattle, le All-Star Game entre dans l’Histoire grâce à son match au scoring historique, et aussi à ses concours de dunks (remporté par Michael Jordan) et à 3 points (remporté par Larry Bird). Le joueur des Celtics remporte pour la 2ème fois d’affilée ce concours, avant de réitérer la saison suivante. Et pour que le storytelling soit parfait, c’est le joueur des Sonics Tom Chambers, à domicile, qui rafle le trophée de MVP. Mais surtout, cette année-là à Seattle, deux générations de basketteurs se croisent : alors que Charles Barkley est All-Star pour la 1ère fois, Jordan appelé pour la 3ème de ses futures 14 sélections, Julius Irving célèbre quant à lui sa 11ème et ultime cape dans un ASG, tandis que KAJ est à deux saisons de sa retraite.

En 1987 à Seattle, le All-Star Game célébrait ses légendes et révélait déjà les futures icônes de la NBA des années 90.

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NBA SLAM DUNK CONTEST DE RENAISSANCES EN RENAISSANCES L’art du dunk a bousculé les us et coutumes du basketball. Son invention au 20ème siècle permettait de nettement reconsidérer les façons d’aborder le jeu : stratégies offensives pour servir les grands sous le cercle, libérer des couloirs de pénétration, schémas défensifs pour bloquer les accès au cercle, empêcher les grands d’être menaçants, etc... Dans l’esprit basket, l’art du dunk incarne également une dualité dont il convient de prendre la mesure. Pour certains, le dunk est vu comme une façon d’assurer des points près du cercle. Pour d’autres, il est vu comme un levier pour le spectacle et une dénaturation des fondamentaux. En revanche, cet art du dunk est une véritable opportunité pour la NBA. La grande ligue s’inscrit pleinement dans cette dualité du sport et de sa mise en scène, et a adopté la discipline du dunk en concours pour étoffer sa palette de divertissements lors du match des étoiles.

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Bien que le Slam Dunk Contest soit maintenant appréhendé comme l’un des - si ce n’est le - événements emblématiques du All-Star WeekEnd, les deux n’ont pas été associés dès l’origine du All-Star Game. C’est en 1984 que la NBA décide de tenter l’expérience du Slam Dunk Contest, sur le modèle de l’ABA Slam Dunk Contest de 1976, lequel marqua l’histoire grâce au fameux dunk de Julius Erving - aka Dr J. depuis la ligne des lancers-francs. Jusqu’alors, le All-Star Week-End n’existe pas sous la forme qu’on lui connaît aujourd’hui : il s’agit simplement d’un match mettant aux prises les meilleurs joueurs de la ligue, le temps d’une demijournée. La prolongation des festivités le dimanche avec le Slam Dunk Contest - et le concours des anciennes gloires NBA - constitue l’une des premières pierres de l’édifice David Stern, fraîchement arrivé à la tête de la NBA. L’art du dunk pour enthousiasmer les foules : tel est le pari de Stern pour faire décoller le All-Star Week-End à partir de 1984.


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D

estiné à servir de tremplin marketing à la NBA, le Slam Dunk Contest fait dès lors l’objet d’une exposition médiatique conséquente. Les éditions se succèdent jusqu'à aujourd’hui encore, et font l’objet d’une résonance particulièrement irrégulière auprès des nombreux adeptes du concours, joueurs, fans, médias. Dans l’histoire, trois concours semblent truster les hautes vapeurs médiatiques. Une partie non-négligeable de la légende de MJ s'écrivait en 1988, lorsque ce dernier remportait son duel en finale du Slam Dunk Contest face à Dominique Wilkins. En 2000, Vince Carter définissait pour sa part son identité à jamais auprès de la sphère NBA. Malgré sa riche et longue carrière, Air Canada est de nos jours avant tout plébiscité pour avoir fait renaître le concours de dunk. Enfin, plus récemment, à l’occasion d’une finale absolument hors-normes, Zach LaVine et Aaron Gordon faisaient revivre au Slam Dunk Contest ses plus belles heures, au point de faire pâlir les anciens et mentir les plus fervents détracteurs. Ces trois éditions de la renaissance du concours contrastent pourtant avec de nombreuses années de doutes, de déboires et d’ennuis. En 1998, l’épreuve est même supprimée du All-Star Week-End après plusieurs éditions inquiétantes d’ennui.

Mais pourquoi le concours ne vit-il que par le souvenir mélancolique de ces trois opus ? Pourquoi essuie-t-il tantôt les éloges, tantôt les foudres de la critique ? La variabilité de l’engouement des fans pour le concours semble fortement liée à son histoire. Il n’est pas question ici d’exposer une vérité à qui veut l’entendre, mais plutôt de mettre en avant la multiplicité des facteurs impactant la réussite et la prospérité du Slam Dunk Contest.

UN CONCOURS AUX REPÈRES ÉPHÉMÈRES

Et si certains adorateurs du concours ont retourné leur veste au fur et à mesure des années, il faut admettre que le concours peut donner l’impression d’avoir été pris en otage par une réglementation sans cesse repensée. Ces changements intempestifs de règles et de formats n’ont sans doute pas aidé à la fidélisation des fans. Entre 1984 et 2014, seulement sept éditions ont succédé à une édition identique. Par exemple, le nombre de protagonistes a dégringolé. Alors que huit

joueurs NBA prenaient part à la compétition en 1984, seulement quatre se défient aujourd’hui. La palette de styles de dunk se retrouve réduite, et le destin du spectacle repose sur un groupe plus restreint de joueurs. À cela s’ajoute la diminution du nombre total de dunks par joueur : de neuf dunks attendus à quatre. Même sans calcul, vous comprendrez que le spectacle est différent dans la densité de nos jours. Audelà du nombre de participants, différentes modalités du concours ont été régulièrement chamboulées : le nombre de rounds, le nombre d’échecs et la façon de les contrôler, l’évaluation des performances, les évaluateurs eux-même, etc. Parmi ces incessants ajustements, certains semblent avoir eu un impact réellement néfaste sur l’attractivité du concours. Tout d’abord, la tolérance vis-à-vis des tentatives avortées de dunks a fait l’objet de changements brutaux et d’envergure, influençant nettement le rendu du spectacle. Rappelez-vous Nate Robinson, sacré vainqueur du concours en 2006 sur un dunk réussi à la seizième tentative. La seizième ! L’année précédente, c’est Chris Andersen qui usait d’une petite dizaine de tentatives sur un seul dunk. Autant vous dire que la rupture est complète avec les débuts du concours dans les 80’s, lors desquels aucun échec n’était toléré. Au cours des 90’s, le règlement acceptait une puis deux tentatives manquées, mais la fracture est totale à partir de 2005. Les joueurs disposent d’autant de tickets que nécessaires pour réussir leur dunk et surprendre la foule. Vous cernez ici la différence majeure en termes d’exigence vis-àvis des protagonistes. S’appliquer à réussir coûte-quecoûte son dunk au risque de rester dans les standards de performance ou laisser libre cours à la déraison en tentant l’impossible : ceci ressemble sans doute au débat sur lequel la NBA a tranché. Et il faut bien avouer que l’échec détruit la beauté du spectacle. La finale 2005 avait tout d’une finale alléchante, mais les échecs répétés d’Amare Stoudemire n’ont jamais lancé le spectacle, et Josh Smith triomphait bien trop facilement.

Après les fâcheux épisodes de 2006, un temps limite a été introduit pour la réussite de chaque dunk, ce qui n’a malgré tout pas empêché ce filou de Nate Robinson de manquer huit tentatives lors de la finale 2007.

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L

LES NOUVEAUX, CES SENTIMENTAUX

’application de la NBA à modifier très régulièrement le format du concours semble donc avoir une importance non-négligeable dans l’explication de ses hauts et de ses bas. De surcroît, cela instaure un contraste saisissant avec la mélancolie grandissante de la sphère NBA à l’égard des premières heures du Slam Dunk Contest. Comprenez ici l’effet de contradiction auprès des fidèles. Alors que les instances de la grande ligue s’essaient à réformer le concours afin de le maintenir dans les standards médiatiques des années 2000 puis 2010, les fans sont tourmentés : il leur est difficile d’accepter l’évolution permanente de la structure du concours. Or, dans ce contexte déjà difficile, les joueurs ont, quant à eux, les yeux toujours tournés vers leurs modèles du passé. En attestent les nombreuses références au passé : les reproductions spontanées de dunks ‘signatures’ des anciennes gloires, l’appropriation de maillots des vainqueurs d’antan, etc. En 2018, Donovan Mitchell se fondait dans la peau de Vince Carter, sa tunique de l’époque sur les épaules, son ‘360° windmill’ de l’an 2000 réussi dès la première tentative, avec peut-être moins d’amplitude ceci étant. La NBA a d’ailleurs tenté de surfer sur cette vague de nostalgie, mais semble avoir bridé la créativité. L’exemple le plus flagrant est l’invention du ‘Wheel Dunk’ en 2002, ce dunk imposé sur un modèle des anciens.

Cette quête incessante du souvenir n’est pas sans placer le concours dans un développement à deux vitesses : la NBA doit articuler l’attachement de tous à l’authenticité d’antan avec l’explosion digitale, médiatique, et économique d’aujourd’hui.

DE LA CRÉATION ARTISTIQUE À LA THÉATRALISATION Et ce contraste s’exprime de façon renversante dans l’évolution des productions des dunkeurs. Il ne faut pas se tromper : à l’origine du concours ils existent déjà, ces ‘360°’, ‘free-throw line’, ‘windmill’, ‘tomahawk’, ‘double-clutch’, ou autres ‘reverse pump’. Le concours n’était pas non plus réservé aux plus grands. Même les petits arrières participent à la fête, Spud Webb en chef de file. À cette époque, la recherche artistique est omniprésente, et nombre de dunks ´signature’ ont traversé l’histoire jusqu’à aujourd’hui. Vous souvenez-vous du ‘windmill’ tout en brutalité de Wilkins ? Qu’en est-il du ‘cradle’ dunk de Dr J largement apprivoisé par Jordan ? Évidemment, personne n’est passé non plus à côté du ‘free-throw line’ dunk de Dr J, également popularisé par Jordan. S’agissant de MJ, vous rappelez-vous son ´leaner’, cette envolée lyrique à l’horizontale en 1987 ? Les moins anciens auront grandi avec le ‘Rider’ d’Isaiah (de son vrai nom le ‘East Bay Funk’ dunk - Isaiah Rider l’a sereinement popularisé à l’occasion de la finale du concours 1994). Les plus jeunes encore ont saigné sur le ‘Elbow Hang’ dunk de Vince Carter. Cet héritage artistique et identitaire érige inévitablement la mélancolie traversée par les dunkeurs contemporains. A l’époque, les joueurs NBA constituaient la vitrine de l’évolution du dunk. Avec

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le temps, le dunk s’est professionnalisé. Jordan Kilganon, Guy Dupuis et leurs collègues inondent la toile médiatique de leurs exploits corporels et artistiques. Ils représentent les véritables héritiers de l’art du dunk, repoussent toujours plus les limites préalablement établies, et contribuent de fait à rendre toujours plus exigeants les fans du Slam Dunk Contest. Comprenez toutefois que les joueurs NBA actuels, déjà qu’ils ne sont plus des superstars de la NBA - nous y reviendrons plus tard -, ne sont tout simplement pas des dunkeurs professionnels. Lorsqu’ils s’affrontent lors du Slam Dunk Contest, le challenge est relevé. Il n’est plus si simple pour eux d’impressionner le public par des prouesses techniques qui n’auraient pas déjà fait le tour de la planète sur les réseaux. Par conséquent, il y a comme un détour emprunté de nos jours. L’idée n’est plus nécessairement de faire état de prouesses techniques individuelles et corporelles. Il s’agit plutôt de mettre en scène. L’arrivée des joueurs est théâtralisée, leurs dunks sont accessoirisés, voire sponsorisés. Cela n’empêche certainement pas une poignée de contemporains à s’essayer à l’extraordinaire. Zach LaVine et Aaron Gordon en sont les meilleurs exemples, après leurs géniales voltiges de 2016. En 2011, DeMar DeRozan livre lui un superbe ‘one hand windmill reverse off the bounce’. Néanmoins, la mise en scène envahit le concours, édition après édition. Rares avaient été les anciens à user de mises en scène dépassant le cadre du dunk. En 1992, Cédric Ceballos clôturait le concours en dunkant les yeux bandés après une course depuis le milieu de terrain - ce dunk était sans enjeu puisqu’il se savait déjà vainqueur avant cet ultime dunk. En revanche, le désastre fut total pour Michael Finley en 1997, lors de la dernière édition avant la suppression de l’épreuve. L’arrière de Dallas s’est sans doute attiré les pires railleries de l’histoire du concours, après qu’il ait tenté une roue lors de sa prise d’élan, l’exécution de cette roue faisant état, au mieux d’une ouverture à la plaisanterie, au pire d’une coordination des mouvements et d’une souplesse aux abonnés absents. Dwight Howard reprendra le chemin dès 2007 en disposant un sticker en haut de la planche, et sera suivi par d’incalculables sorties extravagantes : la cape de Superman en 2008 pour Howard à nouveau, la voiture sponsorisée de Blake Griffin en 2011, l’avion miniature à moitié amoché par John Collins en 2019, etc. Les exemples sont infinis tellement les accessoires ont proliféré ces derniers temps. La palme pourrait revenir à Gerald Green, pourtant construit sur des élastiques. Ce dernier a multiplié les bouffonneries, en témoigne son concours de 2008. Après avoir éteint une bougie posée sur le cercle en plein dunk, il place un coéquipier sur un escabeau pour recevoir sa passe, puis termine avec classe en réussissant un dunk en chaussettes.

Au-delà de l’amusement procuré par ces mises en scènes pour les spectateurs, le Slam Dunk Contest est critiqué pour perdre en authenticité.


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UN CONCOURS CONSTRUIT POUR ET PAR LES STARS

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i l’atmosphère autour de la proposition des dunks est changeante, les visages le sont également. Parce que les superstars ne monopolisent plus le concours comme elles le faisaient jadis. Le Slam Dunk Contest n’est plus le jardin dans lequel les stars faisaient fleurir leur image et leur légende auprès de tous. Michael Jordan a consolidé son business grâce au concours de dunks, parce qu’il était un terrain approprié à l’époque - et inévitablement parce que les lauréats recevaient une prime. Aujourd’hui, la médiatisation des joueurs peut emprunter bien d’autres chemins à la fois plus rapides et moins dangereux pour leur santé. Le Slam Dunk Contest ne sert alors plus les mêmes stars. Celles de second rang s’en servent pour créer un personnage, comme ont pu le faire Dwight Howard et Nate Robinson à la fin des 10’s. Ou alors, le concours est une piste de décollage pour des joueurs NBA aux capacités athlétiques démesurées n’ayant pas été propulsés par leurs performances sur les vrais terrains NBA : Aaron Gordon, voire Zach LaVine dans une moindre mesure. La communauté basket entretient depuis trop longtemps le rêve de saliver devant la brutalité de LeBron James, la vitesse de Russell Westbrook, l’envergure de Giannis, et la folie des autres superstars NBA athlétisées comme personne. Toutefois, l’histoire montre que l’excitation procurée à l’aube d’un concours par la présence des stars ne suffit pas à le rendre historique. En 2014, le casting réunissait entre autres John Wall, Damian Lillard et Paul George. Le format très effrayant de cette édition - un premier tour de freestyle avec des dunks simultanés entre une team Est et une Team Ouest - n’a pas su tirer profit de la présence de ces trois superstars installées dans la ligue depuis un moment pour reconquérir les fans. Car oui, la seule présence des stars ne suffit pas. Nous pourrions nous dire que l’un des autres ingrédients majeurs est de terminer le concours avec un combat à la hauteur de l’événement. En 1988, le duel est intense entre Jordan et Wilkins. En 2000, Vince Carter, T-Mac et Steve Francis se rendent coups pour coups. Et en 2016, LaVine et Gordon enchaînent 50 sur 50 et la foule est en haleine. Néanmoins, toutes les éditions n’ont pas su tirer profit d’un duel relevé en finale. Notamment, l’édition 2003 en constitue une belle illustration. Ce concours, bien que privé de superstars, s’est conclu par une finale aussi magnifique que disputée, mettant aux prises Jason Richardson et Desmond Mason. Mais il n’aura jamais la brillance des concours de la renaissance.

Les premières éditions du Slam Dunk Contest ont permis d’importer l’esprit playground sur les parquets NBA pour plonger la sphère NBA dans un basket naturel, authentique. Maintenant que l’esprit playground s’est professionnalisé, universalisé et démocratisé, le challenge est devenu bien plus épineux à relever. À la lecture de nombreux exemples des déceptions dans l’histoire, il est clair que la réussite d’un concours se construit autour d’une multitude de facteurs sagement réfléchis et combinés. Les considérations actuelles tendent vers une trahison à la mémoire des racines du concours. Mais la mélancolie vis-à-vis des exploits de Wilkins, Jordan et Carter ne doit pas faire oublier la nécessité pour la NBA de polir son image de fournisseur d’entertainment. Il serait bien trop simpliste de réduire la réussite d’un Slam Dunk Contest à la pure confrontation des meilleurs dunkeurs de la planète. Tous les temps ont vécu avec leurs obligations médiatiques. Plutôt qu’une attractivité constante et progressive année après année, le Slam Dunk Contest a fait l’objet de plusieurs renaissances, et ceci ne semble pas être un fait du hasard. Sans doute que l’alignement des planètes nécessite un coup de main non-négligeable du destin, mais le microcosme en orbite autour du Slam Dunk Contest jouit lui aussi d’expectatives distinctes. Peut-être alors le concours n’est-il plus destiné à soulever les foules chaque année, Peut-être estil plutôt voué à mourir puis renaître. Au rythme de ses poussées d’exceptions. Ceci étant, nous l’aurons, notre prochaine renaissance.

Peut-être l’ombre des arabesques de Vince Carter était-elle encore trop grande en 2003, allez savoir. Vous la saisissez, la complexité du Slam Dunk Contest ? The Playground - 31


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Un premier pas pour l’homme… BOSTON, 02 mars 1951

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e vendredi, plus de 10 000 fans de basketball étaient réunis dans l’enceinte du prestigieux Boston Garden pour assister à un événement d’un nouveau genre : le « All-Star Game ». Dans cette rencontre à guichet (presque) fermé, vingt des meilleurs joueurs de la ligue assuraient le show pour le plus grand plaisir des spectateurs.

Ce premier « match des étoiles », c’est avant tout à deux personnalités que nous le devons. Le mérite revient d’abord à Haskell Cohen — directeur de la publicité de NBA —, qui a la brillante idée de prendre exemple sur la ligue majeure de baseball. En effet, depuis 1933, cette institution organise chaque année son propre All-Star Game, et voilà que la fédération de basketball s’y met aussi ! Bien sûr, rien n’aurait été possible sans l’aide de Walter Brown qui avait flairé la bonne affaire. Conscient des profits que pourrait générer une telle attraction, le propriétaire des Celtics a gracieusement proposé le Boston Garden comme théâtre de ce spectacle. S’engageant à rembourser les potentielles pertes à la NBA, il a fait office de filet de sécurité, donnant ainsi l’élan nécessaire à Cohen pour faire le grand saut. Pour désigner les stars qui devaient représenter la ligue lors de ce match d’exposition, la NBA a choisi de se tourner vers de fins connaisseurs : les journalistes sportifs. À l’Est comme à l’Ouest, dix joueurs sont envoyés à Boston pour servir de cobayes à cette nouvelle expérience. En tête d’affiche, les deux plus grandes vedettes du monde du basketball : George Mikan des Minneapolis Lakers et Bob Cousy des Boston Celtics. La star des Lakers n’est pas venue seule, deux membres de son équipe l’accompagnent dans la sélection de l’Ouest. À l’Est, les Knickerbockers de New York sont également représentés par trois joueurs.

Le jour J, le pari pris par Haskell Cohen et Walter Brown s’avère payant. Les fans abondent et remplissent l’arène ! Ce vendredi, Boston accueillait près de trois fois son nombre de supporters habituel dans des tribunes prêtes à craquer. Sur le terrain, les joueurs prennent le match à leur compte. De chaque côté, les « étoiles » sont motivées par la récompense de 100 dollars promise aux vainqueurs. La confrontation ravive la rivalité entre les anciens membres de la Basketball Association of America (majoritaires à l’Est) et ceux de la National Basketball League (concentrés à l’Ouest) - deux ligues qui ont pourtant fusionné pour former la NBA il y a deux ans de cela. Alors que l’on aurait pu s’attendre à un simple match d’exposition dénué d’intérêt et de combativité, les deux équipes s’appliquent en défense et ne laissent aucun panier facile à l’adversaire. Ce soir-là, aucun joueur ne dépasse la barre des vingt points. À la fin de la rencontre, c’est le collectif de l’Est qui regagne les vestiaires en bombant le torse : 111-94 en la faveur des coéquipiers d’Ed Macauley, meilleur marqueur du match avec 20 points. En face, les représentants de l’Ouest — et notamment ceux des Lakers — ont manqué d’adresse. Sur 107 tirs tentés, ils n’en ont rentré que 35… Les mordus de la balle orange semblent tout de même avoir apprécié le spectacle. Au vu du succès de cet événement, la ligue projetterait de reconduire l’expérience la saison prochaine. Le président de la NBA Maurice Podoloff ainsi que son associé Haskell Cohen chercheront certainement à pérenniser ce match d’exhibition et à en faire une tradition, comme dans le monde du baseball. À voir ce qu’il en adviendra…

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PLAYGROUNDS x NBA PLAYERS | Crédits : Adrien et Amandine B.

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CREDITS // 1. Ronan / 2. Dunkakis / 3. Koobi

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THE PLAYGROUND Envie de participer à The Playground ou de nous proposer un partenariat ? Envoyez-nous vos demandes à l’adresse suivante : P l a y g r n d We b z i n e @ g m a i l . c o m

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LA PLAYLIST DU PLAYGROUND

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LORSQUE VOUS JOUEZ SUR UN PLAYGROUND

QUEL MORCEAU AIMERIEZ-VOUS AVOIR DANS LES OREILLES Joris

Stellios

«What It Dew» Grieves

«Do It For The Kids» MF Grimm

Nicolas

Benjamin

Tiago

«Ten Crack Commandements» The Notorious B.I.G

«ATLiens» Outkast

«Ali In The Jungle» The Hours

Thibault

«X Gon’ Give It To Ya» DMX

Ronan

«Veridis Quo» Daft Punk

Val’

Terry

«Int’l Players Anthem» UGK, Outkast

«Sur ma vie» Nemir

Soho

«Legend Has It» Run The Jewels

Amandine

«I Think» Tyler, The Creator

Winston

«Touch It» Busta Rhymes

Thomas

«Westside» Chris Brown & Tyga

Adrien

«Champions» The Roots

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TEAM WEST

Thomas Von Reox @thomasvonreox @vonreox

Val’ @ValWhatif qibasket.net

Winston @PistonsFR pistonsfr.com - anchor.fm/pistonsfr

SohoArt @Soho1Art @soho1art

Adrien

SOHOart

@AdrienPMMP @AdrienPMMP

Amandine B. @AmandineB__ shoot-around.pro

TerrySo @terrysodesign @TerrySolei www.terryso.com terrysolei 46 - The Playground


TEAM EAST

Dunkakis @dunkakis @dunkakis

Thibault

dunkakis

@PapersAboveTheR @Thibi06 papersabovetherim

Joris Hardouin @ATLHawksFR atlhawksfr.com

Koobi @KoobiDesign @KoobiDesign behance.net/NicolasGalaz

Ronan @ronan_NcY

Tiago Danieli

@ronan_ncy

@Tiago_Danieli @danielitiago

Benjamin Moubeche @MBC_Benjamin @MBC_Benjamin analyste-nba.com

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THE PLAYGROUND Un Crossover entre créatifs et rédacteurs digne d’Allen Iverson

Numéro #4 | Fev 2020 | The Playground


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