KINAM MAGAZINE — FEBRUARY | MARCH 2021
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CONTENTS (1) 4 .......................................................... LETTER TO THE EDITOR Note de remerciement à Charles Dupuy 5 ..................................................................... A BRAND NEW DAY Editor's Note 6 ...................................................... MESSAGE TRADITIONNEL DE LESLY CONDÉ À L’OCCASION DE LA GRANDE JOURNÉE INTERNATIONALE DES DROITS DES FEMMES 8 ................................................... WOMEN'S HISTORY MONTH Madeleine Féquière: Une étoile très recherchée 11 .................................................................... OPEN LETTER TO: US PRESIDENT JOSEPH R. BIDEN 15 ............................................... CANADIAN PRIME MINISTER JUSTIN TRUDEAU 21 ......................... Des écrivains de langue française demandent à l’OIF de ne pas soutenir les projets de Jovenel Moïse 22 ................................................................................................ ART Michèle Duvivier Pierre-Louis, nouvelle Présidente du Centre d’Art 23 ........................................................................... IN MEMORIAM Le père du réalisme haïtien, Franck Louissaint, est mort 25 ............................... Franck Louissaint et la peinture haïtienne ! 31 ......................................... HAITI, LE PRINTEMPS DE L’ART Le souffle du Printemps de l'Art à Galerie Nader 33 ............................................................................... DIPLOMATIE Le nouveau Représentant permanent d’Haïti présente ses lettres de créance Kinam Media Group 1341 Touhy Ave, Suite 1S Chicago, Illinois 60626 Tel: 312.788.8992 E-mail: kinamgroup@gmail.com
34 ....................................................... BLACK HISTORY MONTH MESSAGE DE LESLY CONDÉ À L’OCCASION DU « MOIS DE L’HISTOIRE DES NOIRS » 37 ........................................ JOUR DE MARTIN LUTHER KING 38 ...............................COMMEMORATING MARTIN LUTHER KING JR. AND THE CIVIL RIGHTS MOVEMENT 42 ................... 9 FACTS ABOUT MARTIN LUTHER KING, JR. 44 ........................................................................... IN MEMORIAM Vernon Jordan, Civil Rights Activist and Lawyer... 45 ...................................................................................... HISTORY Why this Dominican dictator ordered the execution of thousands of Haitians in 1937, and then kept it a secret
Fabruary — March 2021 | Volume 4, No. 6
49 ....................................................................................... SOCIETE Un professeur d’université en Belgique appelle la communauté internationale à regarder les problèmes d’Haïti en face —2—
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CONTENTS(2) 50 ....................................................................................... SOCIETY The Great Escape 52 ........................................................................... IMMIGRATION Jamaicans Among Hundreds of Immigrants Recently Deported Under Biden Administration
Owen G. Leroy Publisher E-mail: owenleroy@gmail.com Tél: 312.593.8598 Karl Villanueva Managing Editor E-mail: viavision57@gmail.com Phone: 847-361-4864
54 ........................................................................... IMMIGRATION Les Etats-Unis ont déporté beaucoup plus d’Haïtiens au cours des 4 dernières semaines que sur l’ensemble de l’exercice 2020 58 ...................................................................................... COVID-19 Jamaica’s Private Sector to Help Government Supply COVID19 Vaccine 60 ....................................................................................... SOCIETY Texas on my Mind 63 .................................................. CARIBBEAN MUSIC WORLD On the passing of U-Roy
Ketlie L. Acacia-Luckett Outreach Director E-mail: kekki56@aol.com
66 ..................................................................... COIN D’HISTOIRE La retentissante affaire Viau/Rémy 69 ..................................................................................... POLITICS Caribbean American Congresswoman Yvette Clarke Appointed to Top Post 71 ...................................................................................... COVID-19 Le MCC Rend Hommage Aux Professionnels de La Santé en Haïti
Laurent Houphoué Digital Management E-mail: khoophx@gmail.com
73 ..................................................................................... POLITICS Haitian-America, Karen André Appointed As Special Assistant to President Joe Biden
Serge Papillon Managing Director Eimail: serpap2000@gmail.com
Sonia Lundy Information Director Eimail: jeannesonia22@icloud.com Koffi J. Erick Ahouansou African Correspondant (Benin) E-mail: corefia52@gmail.com Tél: +229 61 55 67 56
76 ..................................... L’HONORABLE JOSEPH LAMBERT, SÉNATEUR DU SUD-EST, A ÉTÉ ÉLU DE NOUVEAU, PRÉSIDENT DU SÉNAT DE LA RÉPUBLIQUE 77 ..................................................................... COIN D’HISTOIRE Marc Antoine député du peuple 81 ....................................................................................... OPINION The Second Coming 84 ....................................................................................... OPINION Ces monarchies qui nous ont spoliés, violés, ruinés… 88 ........................................................................................... SANTE Insuffisance rénale : les soins de dialyse sont hors de prix en Haïti 90 ...................................................................................... HISTORY The U.S. Occupation of Haiti From 1915 to 1934 95 ....................................................................................... SOCIETY Remember the Father of the People 98 .................................................................................. HOMMAGE Première édition des trophées « Ola » : Carole Borna lauréate 99 .................... Carole BORNA : une vie au service du BON’ART —3—
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LETTER TO THE EDITOR Note de remerciement à Charles Dupuy Je voudrais prendre le temps de présenter mes remerciements à notre historien, Charles Dupuy, pour son texte de janvier 2021 dans Kinam Magazine dans lequel, avec une attention particulière, les côtés inconnus ou oubliés du président Élie Lescot nous ont été éloquemment évoqués. Je vous suis gré ! Je suis ravi d’apprendre que le Président Lescot a eu un programme fort et varié qui bénéficiait particulièrement aux femmes, étant donné qu’à cette époque, la volonté des hommes dans nos sociétés prévalait avant tout. Mais qu’il me soit permis de partager avec vous cette petite confidence à savoir, qu’à chaque fois que j’entends quelqu’un prononcer le nom de Lescot, cela suscite dans ma mémoire une révolution périlleuse, due aux images de nos ressortissants alors qu’ils luttaient dans les flots de la Rivière Massacre pour échapper à une mort horrible, au nord-ouest de la frontière et dans la région de Cibao, du 2 au 8 octobre 1937. Cela me rappelle les images de plus de 30 000 de nos hommes, femmes et enfants pour lesquels aucune force n’existait pour les protéger
pendant qu’une armée dominicaine imprudente les massacrait avec des machettes, sous la direction de Rafael Trujillo. Certains penseront que le passé doit être à jamais enterré et oublié. Dans certains cas, je suis entièrement d’accord avec cette opinion. Mais dans d’autres cas, comme celui-ci, l’oubli équivaudrait à la lâcheté, à la bassesse morale et à l’acceptation de l’immoral comme une affaire conclue. À cet égard, mon identité haïtienne ne me permettra jamais de pardonner au président Lescot de ne pas avoir protégé nos frères et sœurs au moment où cela était le plus nécessaire. Malgré les réalisations sociales de l’administration Lescot, appréciables et appréciées dans l’ensemble, il m’est impossible d’ignorer que le même Lescot a créé un pacte avec Trujillo pour le retour de nos concitoyens aux bateyes en République dominicaine, alors que ce dernier était le principal orchestrateur du massacre crapuleux des Haïtiens travaillant dans ce pays voisin, le premier était bel et bien un acteur, en partie, complice. Aujourd’hui, 84 ans après ce massacre massif, les os de nos défunts gisant toujours au fond de la rivière —4—
Massacre, est une preuve bien définie pour ceux qui se souviennent encore que cette insulte, pour laquelle le gouvernement dominicain n’a jamais reconnu ni excusé, ne sera jamais oubliée. Ces défunts, ces victimes et martyrs attendent toujours de nous, Haïtiens, qu’un monument soit érigé en leur honneur de l’autre côté de la rivière Massacre, pour leur redonner une voix et un nom, mais surtout justice pour ce crime odieux et abominable perpétré contr’eux par l’armée dominicaine. Merci encore Charles pour ce rappel ! Regards chaleureux, Serge M. Fontaine
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A BRAND NEW DAY
Editor’s Note Belated Happy New Year to all of you! While most of us are happily celebrating our stimulus check, at this paper we are facing a different reality. In January, we lost the warm presence and endearing support of a dear and precious collaborator, Jean Larivaud, who passed away at the beginning of the year. When we were busily discussing about a “coup” in Washington, our loss of Professor Larivaud was also earth-shattering. We lost a valuable friend and colleague. In 2016, I met him for the first time just about five years ago after the passing of my wife. I was on my way to a funeral service for my stepmother in Florida. This kind gentleman took time out from work to invite me to dinner on my way down to Miami. And then, he made sure to invite me once again at his home on my return north. Since that last visit Jean and I kept a very close relationship and we spoke at least once a month to each other until I came up with the idea of publishing Kinam Magazine again. When I thanked him for helping me with the magazine, Jean would always respond, “I should be the one thanking you for making me look good.” Thinking of Jean almost on a daily basis has made me aware of just how fragile this life is and how grateful we all should be with each new day on this earth. A special issue with articles written by Jean Lariveaud will be published next month. If you knew him and have something to contribute and share about him please feel free to pass it on for publication. Please be patient with us. We will need a few more weeks to catch up and present the magazine on a monthly basis.
Regards,
Owen
Drowing by artist Mardoché (MJ) Jean-Charles, Jr. —5—
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MESSAGE TRADITIONNEL DE LESLY CONDÉ À L’OCCASION DE LA GRANDE JOURNÉE INTERNATIONALE DES DROITS DES FEMMES
Chers compatriotes et amis de partout, En l'année 1977, l'Organisation des Nations Unies désigna le huitième jour du mois de mars comme la « Journée Internationale de la Femme ». Nous savons tous que la femme mérite d'être honorée en tout temps parce que tous les rôles qu'elle joue depuis les débuts de l'humanité, font d'elle un être incomparable, irremplaçable, digne de respect et de protection. En effet, nous considérons sou-
vent la femme comme un être fragile, vulnérable tant au point de vue physique qu'au point de vue psychologique. Nous avons bien raison de penser qu'elle doit absolument être protégée par la société. Cependant, quand on considère les attributions, les devoirs et les obligations qui ne reviennent qu'à elle depuis la nuit des temps, on découvre qu'il existe chez elle une fortitude insolite qui la place bien au-dessus de l'homme. Même quand elle est mère du genre humain et ultime garante de sa survie, elle se com—6—
porte avec un tel stoïcisme et un tel détachement qu'elle est vue comme le sexe faible. Quant à la femme haïtienne, je suis de ceux qui pensent qu'elle mérite une considération toute spéciale, un respect tout à fait spécial. Elle représente aux yeux de tous ceux qui la connaissent, un exemple d’autosuffisance. Elle est une mère attentionnée, une infirmière, une comptable, une diplomate et bien plus encore. Notre société a toujours compté sur sa résilience, son courage, son optimisme et son imagination. C'est
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elle qui nous a appris à ne pas avoir peur d’exceller, à toujours viser haut, et à ne jamais nous laisser sombrer dans le découragement. En terminant, je vous souhaite à tous une excellente « Journée Internationale de la Femme ». Un environnement où la femme s'épanouit, est un environnement où il fait bon vivre.
lòt bagay toujou. Se limenm ki aprann nou toujou vize wo epi pa janm dekouraje. Pou m fini, m ap swete nou tout yon bèl Jounen Entènasyonal Fanm. Yon anviwonman ki bon pou fanm se yon anviwonman ki bon pou tout moun. Tout fanm boyo, fanm poto mitan, fanm vanyan, fanm lakay, MÈSI !
Konpatriots ak
zanmi toupatou,
My dear compatriots everywhere,
Nan ane 1977, Òganizasyon Nasyonzini te chwazi dat 8 mas la kòm Jounen Entènasyonal Fanm yo. Nou tout konnen fanm yo merite pou nou onore yo tout tan paske tout wòl yo jwe depi kòmansman limanite, fè yo enkonparab. Sa fè yo merite tout kalite respè avèk pwoteksyon. Se vre nou toujou di fanm se yon èt imen ki delika epi frajil ni nan fizik li ni sou plan sikolojik. Li bon lè nou panse fanm bezwen epi merite tout kalite pwoteksyon nan men sosyete a. Poutan, lè nou gade tout responsablite, tout devwa avèk tout obligasyon fanm genyen depi nan douvanjou limanite, nou dekouvri fanm nan gen nan limenm yon fòs espesyal ki fè l pi fò pase gason. Menm lè fanm se manman limanite, menm lè se gras a li limanite kapab siviv, li konpòte l avèk yon bravte epi yon delikatès ki fè nou di li se sèks fèb la. Kanta pou fanm ayisyèn, mw se youn nan moun ki kwè li merite yon konsiderasyon espesyal epi yon respè espesyal. Li se yon manman devwe, yon enfimyè, yon kontab, yon diplomat avèk anpil
In the year 1977, the United Nations chose the eighth day of the month of March as International Women's Day. We know women deserve to be honored at all times because all the roles they have been playing ever since the dawn of humanity, make them incomparable, irreplaceable beings worthy of respect and protection. As a matter of fact, we often see the woman as a fragile and vulnerable being, both from a physical and from a psychological standpoint. We are right in thinking that women absolutely deserve to be protected by society. However, when we consider the duties, attributions and obligations that have been theirs since the beginning of time, we discover in them a special kind of fortitude that places them above men. Even though woman is mother of humanity and its ultimate guarantee of survival, she carries herself with such stoicism and such selflessness that the world sees her as —7—
the weaker sex. As for the Haitian woman, I am among those who think she deserves special consideration, special respect. She is an astute mother, a nurse, an accountant, a diplomat and so much more. She is the one who taught us to always aim high, and never let ourselves be discouraged. In closing, let me wish each and everyone of you an excellent International Women's Day. An environment that is good for women, is good for everyone. MERCI DE VOTRE ATTENTION! THANK YOU FOR YOUR ATTENTION! MÈSI POU ATANSYON NOU!
Lesly Condé Ex-Consul Général d’Haïti à Chicago (26 août 2004-25 mai 2018)
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WOMEN'S HISTORY MONTH
Madeleine Féquière
Une étoile très recherchée —8—
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Ces fleurs, semées aux pieds de ceux qui ont réussi en diaspora, doivent être considérées par nos jeunes comme une valorisation permanente de l’école, un refus global de l’échec et de l’abandon, un maillon essentiel à leur avancement. Car le décrochage scolaire est un passeport direct vers la précarité. Il chagrine les parents qui ont voyagé par monts et par vaux pour leur offrir ce qu’il y a de meilleur sur terre : la connaissance. MxD
C
e titre n’est pas une métaphore, c’est la pure réa lité. Ce n’est pas l’étoile de Beth léem, mais c’est notre p’tite étoile à nous. Tous les « Chasseurs de têtes 1 internationaux » caressent ce nom dans leur agenda. C’est de l’or en bar-
re. En effet, sans surprise, les directions des grandes entreprises se l’arrachent. Dans le cadre du « Mois de l’Histoire des Noirs », voilà un « succes story », un exemple de réussite, à proposer à nos jeunes. Imaginez simplement 600 millions de dollars, un six et huit zéros à placer entre les mains —9—
d’une svelte dame, mince, élégante, sans briser la baraque. Souriante, simple2 et calme, la ravissante Madeleine Féquière peut facilement passer inaperçue. Discrète comme pas une et toujours en contrôle, sûre d’elle-même, vous n’auriez jamais imaginé qu’elle porte sur ses frêles épaules, cette masse de fric en tant que « Chef du Crédit d’Entreprise chez Domtar », une entité multinationale. Elle assure la surveillance et le soutien du risque d’un portefeuille de 600M$ à l’échelle mondiale », supervisant 7 équipes de 50 personnes. En effet, c’est son contrat actuel. Elle en a vu d’autres. Antérieurement, elle a été cadre des sociétés suivantes : Abitibi/Bowater, Microsoft/Softimage, Téléglobe, Foxboro et Archer Daniels Midland. J’aurais aimé vous parler d’elle en long et en large, mais il y en aurait trop à conter. Sa feuille de route est trop riche. Je dois me résoudre à vous résumer son parcours. Elle a relevé de multiples défis. Elle est très en demande. On se l’arrache sur tous les plateaux. Conférencière chevronnée et respectée dans son champ d’expertise, toutes les organisations de gestion de risque veulent entendre ce qu’elle a à dire au sujet des investissements internationaux. On la retrouve devant les cadres de la « International Credit Trade Finance » (ICTF), qui se délectent religieusement de ses conseils. Il en est de même pour ceux de la « Finance Credit International Business (FCIB), de la « National Association Credit Manager » (NACM), de la Credit Institute of Canada (CIC) et surtout de « l’Association des Di-
Par Max Dorismond
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recteurs de Crédit, Québec » (l’ADC). Mais diantre ! d’où vient-elle? Suivez mon regard, en pensant surtout aux discours de l’unique président le plus crétin, aux cheveux en lance-flamme, qui avait pris d’assaut la Maison Blanche, suite à un malencontreux accident de l’histoire. En suivant le CV de Mme Féquière, la première chose qui nous saute aux yeux, c’est sa polyvalence sur tous les marchés financiers du monde. Voir son nom figurer partout, on devine aisément qu’elle est polyglotte, pour occuper tous ces postes de directions ou prononcer conférence après conférence. À la première lecture de ce brillant parchemin, nous pouvons ajouter que Madeleine n’a nullement traîné la patte à l’étranger. En laissant Haïti après le collégial, elle a su meubler son cursus universitaire, avec maints diplômes à la clé. En voulez-vous, en voilà! On y retrouve un en Finance de « HEC - Université de Montréal »; un « Baccalauréat en traduction spécialisée de l’Université Concordia »; un « MBA court de « McGill Executive Institute ». Il y a celui du « Directors Education Program de Rotman School of Management » de l’université de Toronto, puis une « Licence de L’Institut des Administrations de Sociétés » (I.C.D.D.; I.A.S.A). C’était une sorte de sacerdoce. Il est clair qu’elle adorait les études pointues. Dans le dossier si dense de Madeleine, ma curiosité fut attisée par une pensée de paresseux, à savoir où, ce p’tit bout de femme a-t-elle pu puiser son énergie pour embrasser cette carrière si riche en évènements heureux : multiples diplômes, maintes con-
férences financières, divers conseils d’Administration, gestion de plusieurs entreprises qu’elle a guidées avec succès? Voilà simplement deux exemples, parmi une vingtaine, pour votre édification : « Aucune perte enregistrée sur des actifs de 15M$ de dollars pendant la crise financière en Argentine, au Venezuela et en République Dominicaine (20022004); faire preuve d’ingéniosité dans la faillite de K-Mart – Économie : 5M$ (2003). Dans ce résumé, je ne peux passer sous silence tous les conseils d’administration des grandes entreprises qui ont retenu ses services et qui ont bénéficié de la présence de notre prolifique Madeleine. De 2007 à 2020, j’en ai dénombré près de 25. En 2021, outre son leadership et ses fonctions professionnelles, elle a trouvé le temps et l’énergie pour s’investir dans des causes humanitaires et culturelles. Elle siège présentement à titre de membre indépendant aux « Conseils d’administration de l’Université de Montréal », « d’Investissement Québec » et du « Centre Canadien pour la Mission de l’Entreprise ». Combien de PDG ont sablé le champagne après avoir réussi à obtenir le « oui » de notre congénère ? C’est une image rassurante pour les investisseurs au niveau international. Une marque indicielle à inscrire sur le CA de toutes entreprises d’envergure qui se destinent à jouer dans la cour des grands. Malgré son emploi du temps exigu, Madeleine a eu l’heureuse idée d’offrir ses conseils aux plus mal pris de son pays natal, en s’impliquant dans des initiatives de développement communautaire, telles que FONKOZE et KANPE. Ce dernier est une fon— 10 —
dation qui accompagne les familles haïtiennes les plus vulnérables vers l’autonomie financière, dont elle a participé au lancement avec sa bonne amie, l’exministre Dominique Anglade, actuellement cheffe de l’opposition officielle au Parlement de Québec et Régine Chassagne, d’origine haïtienne, chanteuse et multi-instrumentiste du célèbre groupe musical Arcade Fire, au Canada. Voilà! Nous avons toutes les raisons d’être fiers. Dans la ligue majeure de la finance, notre géniale compatriote représente un nom magique, une image de marque dans un cadre de bronze. Son étoile est encore vive. À notre progéniture de chausser ses bottes ! Contrairement à l’image négative que pourrait susciter l’évocation de notre pays, Haïti, en raison de nos turpitudes, les gestionnaires des grandes entreprises de l’Amérique, du sud au nord, savent bien que nos congénères ont du génie, et ce dans tous les domaines, même s’ils viennent d’un pays très pauvre. Par conséquent, n’hésitez point à présenter votre CV avec assurance et fierté. Madeleine Féquière a laissé, sur son chemin, des paillettes d’or. Il revient aux suivants d’en conserver leur éclat.
Félicitations, chère Madeleine ! NOTE – « Chasseur de têtes ». C’est un recruteur à la recherche des meilleurs employés pour les entreprises. Plus sa prise est excellente, plus son pourcentage de rémunération est élevé. Toujours à l’affût, il est à la recherche de la perle rare. Tu as fait ta preuve dans ton entreprise, attends-toi à plusieurs coups de fil qui t’invitent à changer de boîtes. Les offres vont pleuvoir et les chiffres en $, sur la table, vont te donner le vertige. 2 – La simplicité est le marqueur identitaire de la famille Féquière que je connais fort bien. Le frère, de Madeleine, l’ingénieur Yves Féquière, condisciple et ami de mon frère Lionel, ses sœurs, Marie (Jean Vil) et Venise (Comeau), que je rencontre à l’occasion dans les évènements mondains…
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Open Letter to US President Joseph R. Biden & Canadian Prime Minister Justin Trudeau
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Serge M. Fontaine 3932 Folsom Avenue Saint Louis, MO 63110
Saint Louis, Missouri — 25 Février 2021
Honorable Joseph R. Biden President of the USA Pennsylvania, Ave NW White House Washington, DC 20500
Mr. President,
My name is Serge M. Fontaine, I am a native of Haiti, now a US citizen residing in St. Louis, Missouri. With deep concern, I watched my country’s environment, socio-economic arena and political spectrum fall into total disarray. As a result of lack of leadership by one individual in the person of former president, Jovenel Moise, whose term of office, according to the Haitian Constitution, expired on February 7, 2021. Through a series of unlawful referendums, he is still holding unto power with the support of a corrupt police infiltrated by armed gang members. The country is held hostage by factions of armed gangs entrenched throughout the country. According to Article 134-a of our Constitution, the president’s term in office is 5 years. However, Article 134-b made it clear that, the term of any president ends on February 7 which concludes 5 years following the national elections. With the clarification paragraph brought in by the Article 134-b, the number of years in office becomes irrelevant as long as the process is respected, allowing a new president to take office in February 7 and so on. It is therefore a clear violation of our Constitution when the former president insists on holding on to power giving himself an extra year clearly in violation of the Constitution. Mr. President, the torment endured due to police abuse is unbearable. Along with that, there are daily countless cases of kidnapping by these gangs which burden distressed family members with heavy ransoms. These hurdles are causing the carnage of our people as well as the downfall of the democratic system in Haiti. And all this is taking place under the purview of the US Ambassador, Michele J. Sison, and the UN special representative Helen Meagher La Lime, who are seemingly supporting a defect-president on the verge of instilling and imposing a dictatorship in our country. To assert his will, the former president Jovenel Moise has already eliminated other branches of government including the judicial and legislative, thus, governing the country by decree. Faced — 12 —
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with such a situation, the people have expressed their frustration through peaceful but massive protests on the streets throughout the country. These peaceful protests are savagely put down by the police shooting at protestors with tear gas, and live munitions resulting in fatalities. Sir, the US and Haiti have shared quite a long history side by side. As the leader of a sovereign country yourself, we trust that you are able to share our view that Haiti, as a sovereign state, should do much better on the road of democracy without any hinderance. And it is in that regard that, on behalf of Haiti and the Haitian People, I am asserting that, Haiti and the Haitian people would be very appreciative if your administration would look at the facts with respect to our plea vis-à-vis of our Constitution and stop all support aimed at enabling the former Haitian president, Mr. Moise, to remain in office. Haiti, for a long time now, has become a place where daily subsistence has become misery for the majority and enrichment by the minority. Because of abuse and mismanagement, the country is in turmoil, not to mention, mass-assassinations and political corruption. The Justice system needs to be revamped to bring to justice, members of former and present Haitian Governments to recover billions of dollars stolen from our country. Action is badly needed and is impossible under the illegitimate Moise Government. Mr. President, Haiti and the Haitian people are counting on your kind support. Respectfully yours,
Serge M. Fontaine 3932 Folsom Avenue Saint Louis, MO 63110 Hero_2001@att.net 773-343-8225
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Serge M. Fontaine 3932 Folsom Avenue Saint Louis, MO 63110
Saint Louis, Missouri — 25 Février 2021
Honorable Joseph R. Biden President of the USA Pennsylvania, Ave NW White House Washington, DC 20500
Excellence Monsieur le Président,
Je m’appelle Serge M. Fontaine, je suis originaire d’Haïti, maintenant citoyen américain résidant à St. Louis Missouri. En tant que natif d’Haïti, j’ai observé avec une profonde inquiétude comment l’environnement, l’arène socio-économique et le spectre politique de mon pays d’origine sont dans une situation délétère en raison du manque de leadership là-bas, et aussi parce le président déchu, Jovenel Moïse, dont le contrat a expiré le 7 février 2021 selon la Constitution haïtienne, qui, à travers d’une série de référendums illégaux, s’obstine encore à s’accrocher au pouvoir avec le soutien d’une police corrompue, infiltrée par des individus, membres de ces gangs armés répartis dans tout le pays pour garder le peuple en otage. Selon l’article 134-a de notre constitution, le mandat du président est de 5 ans. Cependant, l’article 134-b stipule clairement que le mandat de tout président se termine le 7 février, donc 5 ans après l’année du début des élections. Avec le paragraphe de clarification apportée avec l’article 134-b, le nombre d’années en fonction devient sans importance tant que le processus est respecté, permettant à un nouveau président de prendre ses fonctions le 7 février et ainsi de suite. C’est donc une violation flagrante de notre constitution lorsque l’ancien président insiste à conserver le pouvoir pour se donner une année supplémentaire qui n’est manifestement pas autorisée par cette constitution. Monsieur le Président, les tourments du peuple dont les causes structurelles sont dues aux abus de la police contre les gens sont on ne peut plus insupportables. Parallèlement à cela, d’innombrables cas d’enlèvements par les gangs, qui sont subséquemment suivis par de lourdes rançons à verser quotidiennement par les membres de la famille des victimes deviennent encore plus ennuyants. Ces obstacles provoquent un carnage ainsi que la chute du système démocratique en Haïti. Et tout cela se déroule au su et à la vue de l’ambassadeur des États-Unis, Michele J. Sison, et de la représentante spéciale de l’ONU en Haïti, Helen Meagher La Lime, qui insistent apparemment à soutenir un président de facto qui est sur le point — 14 —
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d’imposer une dictature dans le pays. Pour mieux affirmer sa volonté, l’ancien président Jovenel Moïse a déjà éliminé toutes les autres branches du gouvernement, le judiciaire comme le législatif, afin qu’il puisse gouverner le pays par décret. Face à une telle situation, la population a exprimé sa frustration et sa réticence à accepter cette situation abusive du gouvernement en se livrant a des manifestations pacifiques mais massives dans les rues de tout le pays. Ces mouvements de protestations populaires sont souvent sauvagement contrecarrer par la police où beaucoup de gens se retrouvent estropiés, blessés et même morts sous l’effet des gaz lacrymogènes, les bastonnades et des munitions réelles tirés contre manifestants. Monsieur le Président Biden, en nous référant au passé, d’aucuns diront que les États-Unis et Haïti ont partagé côte à côte une assez longue histoire. En tant que chef d’un pays souverain vous-même, nous sommes convaincus que vous êtes en mesure de partager notre point de vue selon lequel Haïti, en tant qu’État souverain, en parcourant sa voie dans la démocratie s’en sortirait beaucoup plus mieux sans aucune entrave quelle que soit sa provenance. Et c’est à cet égard que, au nom d’Haïti et du peuple haïtien, j’affirme que Haïti et le peuple haïtien vous seraient gré, Monsieur, si l’administration Biden regardait les faits par rapport à notre plaidoyer vis-à-vis de notre constitution et de mettre fin à tout soutien visant à aider l’ancien président haïtien, M. Jovenel Moïse, à rester en fonction. Haïti, depuis longtemps, est transformée en un lieu où la subsistance quotidienne devient un luxe pour la majorité. En raison d’une mauvaise gestion, le pays est en proie à des abus, des assassinats de masse et des corruptions à tous les niveaux de l’Etat. Le système judiciaire doit être opérationnel pour traduire les criminels en justice, tels que les membres du gouvernement actuel ainsi que ceux du gouvernement passé aux fins de récupérer des milliards de dollars volés dans les fonds du pays. Une telle action, si nécessaire, ne peut pas avoir lieu avec un illégitime gouvernement Moïse toujours au pouvoir. Monsieur le Président, Haïti et le peuple haïtien comptent sur votre soutien pour une paix durable, la sécurité et un retour à la démocratie. Respectueusement vôtre,
Serge M. Fontaine 3932 Folsom Avenue Saint Louis, MO 63110 Hero_2001@att.net 773-343-8225
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Monsieur Justin Trudeau, Premier Ministre du Canada, justin.trudeau@parl.gc.ca pm@pm.gc.ca Bureau du Premier Ministre et du Conseil privé, 80, rue Wellington St, Ottawa, ON K1P 5K9. En ses bureaux.Montréal, le 19 février 2021. Monsieur le Premier Ministre, Nous, citoyen.ne.s canadien.ne.s d’origine haïtienne, citoyen.ne.s haitien.ne.s résidant au Canada ou étudiant.e.s haïtien.ne.s dans différentes universités canadiennes, avons l’honneur de vous faire parvenir cette présente pour demander au gouvernement canadien de se désolidariser du gouvernement haïtien dont le mandat du Président de la République est constitutionnellement arrivé à terme depuis le 7 février 2021. Votre gouvernement n’a jusqu’à présent pas encore pris de position officielle et unilatérale concernant la situation d’instabilité politique qui sévit en Haïti et alimentée par les mauvais agissements et les décisions antidémocratiques du gouvernement haïtien en place, maintenant de facto. Cependant, l’Organisation des États américains (OEA), les Nations unies à travers le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) et le CORE GROUP, dont le Canada est membre, soutiennent le Président haïtien. En l'absence d’une position officielle et unilatérale, votre gouvernement est donc réputé apporter son plein et entier soutien au Président haïtien et cautionne, en conséquence, ses mauvais agissements qui mettent en danger la population haïtienne et la démocratie en Haïti. Monsieur le Premier Ministre, une liste non exhaustive de tels agissements devrait vous sensibiliser sur le fait que le Canada ne doit nullement continuer à apporter son soutien à un Président de facto qui se maintient au pouvoir par la force et contre la position des forces vives de la nation. Les faits dont il s’agit peuvent se classer en trois catégories: le démantèlement ou l'affaiblissement des institutions républicaines, la « gangstérisation » des quartiers populaires et la répression violente des mouvements populaires. Permettez-nous, Monsieur le Premier Ministre, de vous rappeler, sinon de vous informer, certains faits qui peuvent attirer votre attention sur le véritable démantèlement ou l’affaiblissement des institutions républicaines. Il y a lieu de citer en effet: la non-réalisation des élections telles que exigées par la Constitution haïtienne a permis au Président Moïse de facto, d’une part, de constater la « caducité » du Sénat haïtien le 13 janvier 2020 et l’inexistence de la chambre des députés à partir de cette même date et, d’autre part, de remplacer les conseils municipaux par des conseils intérimaires composés de membres proches du Président; l’affaiblissement de la Cour des comptes qui, par arrêté présidentiel, perd son droit de contrôle — 16 —
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sur les actes du gouvernement; l’affaiblissement de la Cour de cassation depuis le début du mois de février 2021 par la révocation illégale et arbitraire de trois juges, pourtant inamovibles selon la Constitution, et la nomination en dehors des lois de la République de trois nouveaux juges réputés à la solde du pouvoir. Un tel acte affaiblit davantage la justice haïtienne déjà fragilisée par le Président de facto lui-même qui avait déclaré, le 13 décembre 2017, qu’il a été contraint de nommer 50 juges soupçonné.e.s de corruption dans le système judiciaire haïtien. S’y ajoutent l'arrestation, la menace de mort et le mauvais traitement d’un Juge à la Cour de cassation et de plusieurs autres personnalités faussement accusées par le gouvernement de fomenter un coup d’État et de vouloir attenter à la personne du Président Moïse. Pour justifier de telles actions, le Président prétend invoquer la Constitution pour constater la « caducité » du Sénat imputé de deux tiers, et pour s'octroyer les pleins pouvoirs en revendiquant d'être le garant de la bonne marche des institutions républicaines. Vous aurez compris, Monsieur le Premier Ministre, la contradiction qui entache une telle prétention, car comment le Président de la République peut-il garantir le bon fonctionnement des institutions républicaines et démocratiques en les démantelant ou les affaiblissant ? Monsieur le Premier Ministre, vous êtes sûrement informé de l’insécurité qui sévit en Haïti à cause de la prolifération des gangs, notamment dans les quartiers populaires. Certains de ces gangs, qui ont le soutien du pouvoir et qui seraient même reconnus par le Ministère des affaires sociales et du travail par la création du groupe G9 et alliés, agissent pour le compte du gouvernement et prennent des positions publiques au profit du régime en place. À titre d’illustration, nous voulons attirer votre attention sur les faits suivants: les divers massacres perpétrés dans diverses localités de la Capitale haïtienne, dont ceux de La Saline en novembre 2018 et de Bel-air en novembre 2019, n’ont donné lieu à aucune arrestation des membres des gangs impliqués et des personnalités politiques proches du pouvoir en place soupçonnées d’avoir participé dans de tels massacres, malgré les différents rapports des organisations haïtiennes de défense des droits humains et de l’ONU; les nombreux cas de kidnapping dont la plupart sont revendiqués publiquement par des membres du groupe G9 ne semblent inquiéter le pouvoir en place car aucun effort n’a été constaté du côté des autorités policières pour faciliter la libération d’otages et, de surcroît, pour aboutir à l’arrestation des kidnappeurs; des membres des gangs réputés proches du pouvoir font l’objet de mandat d'arrêt et d’avis de recherche mais circulent librement et organisent des manifestations publiques pro gouvernementales et sous la protection de la police haïtienne. Ce banditisme d’État crée une situation invivable pour les citoyen.ne.s haïtien.ne.s et les ressortissant.e.s étranger.ère.s. En témoignent les nombreux cas d’assassinat et de prise d’otage de citoyen.ne.s haïtien.ne.s et certains cas d’assassinat et de kidnapping de citoyen.ne.s étranger.ère.s dont la tentative d’assassinat sur le canadien Philippe Fils-aimé et sa famille dans la nuit du 22 au 23 décembre 2020, l’assassinat de M. Wilner Bobo dans la nuit du 27 au 28 août 2020, l'enlèvement le 23 janvier 2021 suivi de la libération contre rançon de M. Philippe — 17 —
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Schubert Samedi, tous les trois citoyens canadiens d’origine haïtienne. La police haïtienne vassalisée et déchirée par des conflits internes est incapable de protéger la population. Bien au contraire, elle est utilisée par le pouvoir en place pour réprimer violemment les manifestations populaires et pour assassiner les citoyen.ne.s, comme en témoigne l’assassinat le 2 octobre 2020 d’un étudiant dénommé Grégorie St-Hilaire dans l’enceinte même d’une faculté de l’Université d’État d'Haïti par un agent de l’unité de la Police responsable de la garde présidentielle. Même le quartier de la résidence privée du Président de facto, hautement surveillé par des agents de la Police nationale, a été le spectacle de l’assassinat du Bâtonnier de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince, en l'occurrence Me. Monferrier Dorval le 28 août 2020. Tous ces faits, dont la plupart font l’objet d'enquêtes interminables, sont restés impunis. Il est à noter également, Monsieur le Premier Ministre, que même l’organisation internationale de défense des droits de l’homme dénommée Avocat sans frontières Canada avait plaidé en faveur de la création d’une commission d’enquête internationale visant à faire la lumière sur l’assassinat du Bâtonnier, mais aucune suite n’a été donnée du côté des autorités étatiques haïtiennes. Monsieur le Premier Ministre, vous conviendrez avec nous que dans le cadre d’un pays démocratique comme le Canada de tels actions et agissements seraient suffisants pour pousser le peuple canadien à se soulever et à prendre définitivement congé de tout gouvernement qui en serait reconnu responsable et coupable. Malgré les différentes manifestations populaires et dénonciations des actes de corruption, de crimes financiers et de ce banditisme d’État, la communauté internationale, y compris votre gouvernement, continue d’accorder son soutien au Président sous le prétexte du respect du mandat présidentiel et de l’ordre constitutionnel, en signe du respect du principe démocratique relatif au renouvellement du personnel politique par l’organisation des élections. Monsieur le Premier Ministre, les élections n’ont pas été organisées à temps par le pouvoir en place pour renouveler le personnel politique des municipalités, du parlement et de la présidence. Aujourd’hui, différents secteurs de la vie nationale se mettent d’accord pour constater la fin du mandat présidentiel, selon la même interprétation de la Constitution haïtienne dont le président de facto s’est servi pour constater la « caducité » du Sénat et l’inexistence de la chambre des députés en janvier 2020. Pour vous aider à bien apprécier la volonté du peuple haïtien exprimée par le canal de différents secteurs de la vie nationale ou par les mouvements populaires, nous attirons votre attention sur les prises de positions suivantes: le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire, à travers une résolution datée du 6 février 2020, a exhorté au Président de facto de respecter l’esprit et la lettre de l’article 134.2 de la Constitution haïtienne amendée le 9 avril 2011, lequel article qu’il a lui-même utilisé pour constater la caducité du Sénat et dont la lecture montre que son mandat est arrivé effectivement à terme le 7 février 2021; le président du Sénat dans une note rendue publique le 8 février 2021 exprime sa position personnelle en faveur du respect de l’article 134.2 de la Constitution; la Fédération des barreaux d'Haïti a adopté le 30 janvier 2021 une résolution dans laquelle il a été constaté que le mandat de Moïse prendrait fin le 7 février 2021; — 18 —
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le secteur religieux, à travers une note de la Konfederasyon vodou nasyonal entènasyonal revolisyonè du 3 février 2021, un communiqué de presse de la Conférence des Pasteurs Haïtiens du 9 février 2021 et un message des Évêques Catholique d'Haïti sous le label de la Conférence Épiscopale d'Haïti, a pris position en faveur du départ du Président pour le 7 février 2021; l'Université Quisqueya, à travers la Chaire Louis-Joseph Janvier sur le constitutionnalisme en Haïti, a publié le 8 février 2021 une « note sur l’expiration du mandat du Président Jovenel Moïse » qui montre que le mandat présidentiel se termine le 7 février 2021 selon une lecture technique des articles 134.1 et 134.2 de la Constitution; La diaspora haïtienne, à travers des notes publiées par des associations, dont « La voix des réfugiés » aux États-Unis, et des notes de dénonciations ou des correspondances d’étudiant.e.s haïtien.ne.s à l’étranger, dénonce les agissements antidémocratiques du Président de facto en l’exhortant de respecter la fin constitutionnelle de son mandat; La manifestation populaire organisée dans la Capitale haïtienne le 14 février 2021 où des centaines de milliers de personnes ont investi les rues pour demander au Président de facto de quitter le pouvoir et pour dénoncer le retour à la dictature en Haïti. Monsieur le Premier Ministre, il n’y a pas que le peuple haïtien qui s'inquiète des dérives du pouvoir en exprimant son refus des agissements antidémocratiques du gouvernement. En effet, la Global Justice Clinic de New York University, l’International Human Rights Clinic de la Harvard Law School et la Lowenstein International Human Rights Clinic de la Yale Law School ont conjointement publié une déclaration le 13 février 2021 pour exprimer leur préoccupation quant à la détérioration de la situation des droits de l’homme en Haïti. Ces trois prestigieuses universités américaines sont parvenues à conclure, après analyse des textes de loi et de la Constitution haïtienne amendée, que le « mandat de Jovenel Moïse est largement considéré comme terminé le 7 février 2021 ». Au Canada, la Conférence religieuse canadienne dans une lettre qui vous a été adressée le 11 février 2021 vous demande, Monsieur le Premier Ministre, de « défendre les valeurs démocratiques en dénonçant ouvertement et clairement le régime dictatorial instauré par le président Jovenel Moïse en Haïti ». Également, différentes personnalités, dont l’ancien ambassadeur Stephen Lewis, l’animateur et écologiste David Suzuki, l’auteure Naomie Klein et consorts ainsi que 100 autres universitaires, ont paraphé une lettre pour demander au gouvernement canadien de mettre fin à l’appui donné au Président haïtien considéré comme « répressif, corrompu et dépourvu de légitimité constitutionnelle ». En outre, des québécois.es organisent, en ce jour même du 19 février, une manifestation contre l’appui du Canada au retour de la dictature en Haïti devant le Bureau du Ministre des affaires étrangères du Canada. Monsieur le Premier Ministre, toutes ces prises de positions se basent sur le constat réel de la mauvaise foi de monsieur Jovenel Moïse, qui ne veut pas respecter la Constitution, et de la concentration du pouvoir sur sa seule personne. Il dirige le pays d’un bras de fer en se garantissant de la protection de la Police nationale, des Forces armées d'Haïti, des gangs pro gouvernementaux et d’un corps armé formé par le gouvernement dénommé Brigade de surveillance des airs protégées. C’est donc à juste titre que le peuple haïtien et des citoyen.ne.s étranger.ère.s, dont des canadien.ne.s, s'inquiètent du retour de la dictature en Haïti. Car, le Président de facto légifère depuis janvier 2020, forme un Conseil électoral provisoire avec des — 19 —
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personnalités douteuses et selon son gré, prévoit de changer la Constitution en dehors des prescrits constitutionnels et malgré les désaccords des forces vives de la nation, et s'entête à organiser des élections malgré le refus de la société civile et de la majorité des partis politiques d’une telle démarche, lequel refus étant provoqué par un déficit de confiance des membres dudit conseil électoral. La communauté internationale, dont le Canada, ne peut pas continuer à soutenir un Président qui met en péril la démocratie en instaurant un régime dictatorial en Haïti. Monsieur le Premier Ministre, le Canada doit entendre raison et écouter les forces vives de la nation haïtienne et les citoyen.ne.s étranger.ère.s, dont les canadien.ne.s, qui demandent à Jovenel Moïse de respecter la fin constitutionnelle de son mandat survenue depuis le 7 février 2021. Veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, nos salutations distinguées.
C.c. : Erin. O'Toole, Chef du Parti Conservateur (Erin.OToole@parl.gc.ca), Jagmeet Singh, Chef du NPD (Jagmeet.Singh@parl.gc.ca) et Yves François Blanchet, Chef du Bloc Québécois (YvesFrancois.Blanchet@parl.gc.ca). ----------------------------------------------------------Suivent les signatures : Junior AGENA, étudiant à la Maîtrise en Droit des affaires à l’Université de Montréal. Frantzy Beauvais, diplômé en Maîtrise en Travail Social à l'Université du Québec à Chicoutimi. Jefferson Solon, travailleur social et étudiant à la Maîtrise en travail social à l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Junior Rosier, étudiant au doctorat en Philosophie à l’Université du Québec à Trois-Rivières. John Wesley DELVA, étudiant en communication et politique à l’Université de Montréal, poe`te. Thervilson MULÂTRE, étudiant au doctorat en Philosophie à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Quesnel FILS-AIME, étudiant au baccalauréat en administration à l’Université du Québec à Montréal. Alex Milhomme, diplômé à la maîtrise en administration de l’éducation, enseignant d’histoire et de géographie. Cassandra Jean-Baptiste, diplômée en droit civil/ développement international et mondialisation. Patrick Télémaque, diplômé à la maîtrise en éducation à l’Université d’Ottawa. James OSNE, étudiant en science politique à l’Université de Montréal. Wilson Jean, diplômé en Travail social et en Science de l’éducation. Elie Diespt AUGUSTIN, Avocat et étudiant en Relation Internationale. Astrude RENARD, Travailleuse Sociale, intervenante Psychosociale. Richardson L. Charles, économiste, Global Supply chain management Specialist, Diplômé HEC Montréal Evenold SENAT, étudiant en Maîtrise ès art sociologie, à l'Université d'Ottawa. Marc Emmanuel Dorcin, Maîtrise en Droit, Université Laval. Dieubon SAINTINE, Spécialiste en développement économique. Handy Leroy, étudiant au Doctorat en Travail social, Université d’Ottawa. Wilton Vixamar, Dr. en médecine, citoyen engagé. Sabine BAZILE, Bachelière en travail social, agente de relations humaines. Stevens AZIMA, étudiant au Doctorat en agroéconomie, Université Laval. Josué FORTUNE, bachelier en criminologie, Université d’Ottawa. Wadna Jean-Louis, étudiante en comptabilité et gestion. Frantz ANDRÉ, Comité d'Action des Personnes Sans Statut (CAPSS). Pour authentification : Junior AGENA junior.agena@umontreal.ca Jefferson SOLON solj02@uqat.ca Cassandra Jean-Baptiste cassandra.j-b@hotmail.ca — 20 —
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Des écrivains de langue française demandent à l’OIF de ne pas soutenir les projets de Jovenel Moïse À travers cette lettre ouverte, datée de 24 février, plus de 40 écrivains de langue française voient mal que l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), dont l’existence n’est fondée que sur l’exigence de solidarité réelle avec les communautés et pays de langue française, s’engage aux côtés d’un pouvoir illégitime qui multiplie les exactions, les décrets et autres mesures liberticides. Ils demandent à l’OIF de ne fournir aucun appui à un pouvoir décrié et rejeté par le pouvoir judiciaire haïtien et de nombreux secteurs de la société haïtienne. Ces écrivains exhortent l’OIF à soutenir un vrai processus démocratique impliquant la mise en place d’un gouvernement de transition et l’initiation des procès pour crimes de sang et crimes financiers contre les dignitaires du
gouvernement de Jovenel Moïse. « Vous n’êtes pas sans savoir que le pouvoir utilise des gangs lourdement armés par lui, comme force répressive aux actions meurtrières dans les quartiers populaires », relatent les écrivains en s’adressant à la secrétaire générale. Les écrivains signataires attirent l’attention de la secrétaire générale de l’OIF que lors de manifestations pacifiques, la PNH tire à balles réelles sur les manifestants. Ils soulignent aussi que le pays fonctionne sans parlement, sans élus locaux ; toutes les échéances électorales n’ayant pas été respectées par l’administration de Jovenel Moïse. « Seriez-vous assez dupe pour croire que, après la fin de son mandat expiré le 7 février 2021, il voudrait et saurait organiser des élections crédibles », signalent-ils. Pour eux, — 21 —
la situation d’Haïti est caractérisée par la mise en place d’une dictature, puisque, expliquent-ils, le président de facto Jovenel Moïse se maintenant au pouvoir par la force au-delà de son mandat constitutionnel expiré le 7 février 2021. « Madame la secrétaire générale, n’apportez pas votre soutien à la folie dictatoriale dont est victime le peuple haïtien, il y va de votre crédibilité personnelle comme de celle de l’OIF. Ne donnez pas raison à celles et ceux qui voudraient voir en l’OIF un fonctionnariat indifférent aux problèmes réels des peuples constituant les cinq continents de la francophonie », préviennent ces écrivains.
Woovins St Phard LE NATIONAL
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ART
Michèle Duvivier PierreLouis, nouvelle Présidente du Centre d’Art
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ichèle Duvivier PierreLouis est la nouvelle Présidente du Centre d’Art, a annoncé le Directeur exécutif du centre, Jean Mathiot. « Nous accueillons avec joie Michèle Duvivier Pierre-Louis, garante de la continuité de ce dynamisme et de cette implication qui œuvre à porter l’unicité de l’art Haïtien toujours plus loin », a exprimé M. Mathiot. La professeure d’histoire des sociétés caribéennes et le XIXe siècle haïtien et WPL Trailblazer Award Winner 2020 succède à Axelle Liautaud, dont le mandat arrivait à échéance. Le travail remarquable de Mme Liautaud, notamment pour remettre sur pied le Centre après le séisme de 2010 qui en avait détruit le bâtiment, a été salué. « Le Centre d’Art continuera à bénéficier de sa profonde connais-
sance des arts et son engagement auprès des artistes», a annoncé le Directeur. Mme Pierre-Louis, également Présidente de la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL), prend la présidence de l’établissement à un moment charnière de son histoire, estime M. Mathiot, avec l’acquisition récente d’une maison historique de style Gingerbread qui sera rénovée pour accueillir la collection, le soutien aux — 22 —
artistes haïtiens et les activités culturelles de l’institution. Institution culturelle créée en 1944 et reconnue d’utilité publique en 1947, le Centre d’Art œuvre depuis à la promotion de la création artistique d’Haiti.
Rezo Nodwes 8 mars 2021
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IN MEMORIAM
Le père du réalisme haïtien, Franck Louissaint, est mort
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ranck Louissaint, l’artiste peintre toujours en quête d’un réalisme excessif, est mort, le 5 février, à Pétion-Ville. Il nous a quittés à l’âge de 71 ans. On gardera de lui ses leçons, sa technique et ses œuvres qui prolongent sa vie dans l’éternité. Tant qu’il y aura des hommes et des femmes sensibles aux créations artistiques, le souffle puissant de Franck Louissaint continuera à émerveiller et inspirer des générations, Au Festival Haïti, le printemps de l’Art, les toiles de Louissaint suscitaient des commentai— 23 —
res. À la galerie d'art Nader, l’œil des excursionnistes, conduits par Pierre Chauvet de l'Agence Citadelle, saisissait la précision illusionniste de cet artiste qui représente les scènes de genre dans une imitation réaliste digne d’un instantané photographique. Louissaint, du haut de son art, arrivait à reproduire les scènes de la vie quotidienne urbaine et campagnarde à l’identique. Pour peu que les galeristes ne fassent pas attention, certains visiteurs tenteront de poser la main sur la peinture de cet illusionniste.
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nes de la vie quotidienne haïtienne, en y mettant certainement du sien, conformément au concept de Bacon qui veut que l'art soit l'homme ajouté à la nature. » La tendance «hyperréaliste» chez Louissaint s’inspire du mouvement enclenché aux États-Unis dans les années 60. Cette peinture vise à montrer les gens dans leur milieu de vie sous un angle objectif. Le concept même d’hyperréalisme invite le curieux à explorer le monde de ces artistes. On rencontrera Ron Mueck, Chuck À l’occasion de la mort de ce professeur de l’École nationale des arts (ENARTS) qui a formé plusieurs artistes, Marie-Alice Théard de Festival Arts a tenu ces propos : « Nous lui souhaitons une traversée colorée et poétique vers la Maison du Père. » La disparition de ce maître ravive les souvenirs de Mérès Weche : «Le Franck Louissaint que j’ai interviewé, il y a quelques années, fut cet hyperréaliste qui faisait partie de “Carrefour J”, une exposition plurielle organisée, à la fin des années 90, à l'Institut français en Haïti, au Bicentenaire, par Michel-Philippe Lerebours. Franck Louissaint exposait en compagnie de Jean-Claude Garoute, dit Tiga, Philippe Dodard, Gesner Armand, Dieudonné Cédor, pour ne citer que ces quatre artistes qui me viennent à la mémoire. L'hyperréalisme que pratiquait Franck Louissaint est ce genre pictural universel dans lequel la peinture avoisine la photographie dans ce qu'elle a de plus figuratif. Il s'avisait à reproduire le plus fidèlement possible les scè-
Richard Estes montrant la façade d'un café, on peut voir non seulement des clients attablés mais aussi et surtout tout ce qui, dans l'environnement, se reflète dans la vitrine de ce café ».
Franck Louissaint, l’enfant d’Aquin devenu maître en art Franck Louissaint est né à Aquin, une ville côtière du sud d’Haïti, le 22 octobre 1949. C’est dans cette ville portuaire située à 37 kilomètres de la ville des Cayes qu’il a fait ses études primaires
www.naderhaitianart.com/franck-louissaint-24x30-abstract-1991-oil-on-canvas-framed-2fc/
Close, Denis Peterson, Latif Maulan, Olumide Oresegun... ces magiciens ont fini par créer, à force de travail et de précision d’orfèvre, des œuvres qui dépassent la réalité. Pour le critique d’art Gérald Alexis, « est hyperréaliste lorsque l'image montre ce que l'œil ne prend pas le temps de voir ». Pour illustrer, « dans une peinture de — 24 —
avant d’aller dans la république de Port-au-Prince, ville tentaculaire qui engloutit toutes les ressources intellectuelles du pays. C’est à Port-au-Prince qu’il se frotte aux Beaux-Arts. Il est attiré par le Centre d’art, cette institution culturelle mise sur pied en 1944. L’histoire retiendra que l’aquarelliste américain DeWitt Peters, Maurice Borno, Albert Mangonès,
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Collection Karine Smith-Joseph, Evaston, Illinois
Gérald Bloncourt, Jean Chenet, Raymond Coupeau, Georges Remponeau, Antoine Derenoncourt, Raymond Lavelanette, Philippe-Thoby Marcelin, Antonio Joseph, Philomé Obin, Rigaud Benoit et Adam Léontus sont les fondateurs de cette institution. Au Centre d’art, Louissaint rencontre tout un univers d’artistes : Hector Hyppolite, Rigaud Benoit, Wilson Bigaud, Préfète Duffaut, Jasmin Joseph, Georges Liautaud, Édouard Duval Carrié. Dans ce lieu de transmission de savoir, ces maîtres lui apprendront l’art de la composition et de l’uti-
lisation des couleurs. Bien des années plus tard, il transmettra ce savoir à plusieurs générations d’étudiants au Centre d’art avant d’aller enseigner, en 1983, à l’École nationale des arts que dirige actuellement Philippe Dodard. À la Faculté de génie et d’architecture (GOC), ses anciens étudiants se souviennent de l’enseignement de ce passionné du dessin. Par correspondance avec l’école ABC de Paris, il avait appris à exercer, à partir de l'expression de la main, la technique de représentation visuelle. Suite au tremblement de terre — 25 —
en Haïti qui avait abîmé plusieurs oeuvres d’art, Franck Louissaint et Jean Ménard Derenoncourt avaient bénéficié de l’institution américaine Smithsonian des bourses pour étudier la conservation d’œuvre d’art à l’université Yale aux États-Unis (août- septembre 2012). Ces bourses accordées à ces deux professeurs de l’ENARTS participaient au projet de sauvetage du patrimoine culturel haïtien visant à récupérer, sauvegarder et restaurer des œuvres d'art, des artefacts, des documents, des médias, et des éléments architecturaux haïtiens endommagés et mis en péril par le séisme de 2010 et ses conséquences. Durant un mois, Louissaint et Derenoncourt avaient visité plusieurs musées des États-Unis et avaient travaillé dans les ateliers de l’université au Connecticut. Franck Louissaint a eu un parcours qui a marqué les esprits. Sur l’angle des expositions, on notera : Galerie Nader, Pétion-Ville; The Nicole Gallery, Chicago, ÉtatsUnis; Le Centre d’art, Port-auPrince, Haïti; Galerie Grégoire Perlinghi, Bruxelles, Belgique; MUPANAH, Port-au-Prince, Haïti; Museo de Bellas Artes de la Havane, La Havanne, Cuba; Les Ateliers Jérôme, Port-au-Prince, Haïti; Galerie Lakaye, Los Angeles, Etats-Unis; The Florida Museum of Hispanic and Latin American Art, Floride, Etats-Unis; Modern haitian Masters, Galerie Malraux, Californie, Los Angeles, États-Unis; 24e session de la conférence générale de l’UNESCO, École nationale des arts, Paris, France; Festival International du Dessin Contemporain, Paris,
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France; Marvels of the World, Haiti Art World, États-Unis; Folk Arts of Haiti, Federal Plaza Building, Etats-Unis; Titania Art World, New York, États-Unis; Collège Saint Pierre, Port-auPrince; Institut français en Haïti, Port-au-Prince; Aurelia Gallery, Evanston, Illinois, Etats-Unis. La critique d’art, Dr MarieAlice Théard, a dressé le portrait de l’artiste en ces termes : « Franck Louissaint, homme pondéré, très discipliné, ayant un respect profond de l’éthique, fut l’un des plus remarquables représentants de la deuxième génération de peintres haïtiens. Peintre réaliste, ayant une grande maîtrise technique, il favorisa la dominance de la lumière dans ses scènes de la vie de tous les jours et des gens du peuple. Grâce à ses nombreuses expositions, il a impressionné son public et ses collectionneurs par un accrochage fait au Centre d’art à la fin des années 80: ce fût une exposition de miniatures plus petites que des timbres postes et décrivant avec minutie les détails des sujets présentés. Franck Louissaint est arrivé jusqu’à une période impressionniste où il a su faire chanter ses pinceaux sur une technique aboutie et aux vibrations musicales. Il a laissé une production impressionnante de beauté. Sa maestria technique ne s'étant jamais dissociée de la poésie de son inspiration. »
Claude Bernard Sérant Le Nouvelliste
Franck Louissaint et la peinture haïtienne ! Wed, 29 Aug 2018 — LE NATIONAL — 26 —
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L’artiste Franck Louissaint. Quand la sagesse se mélange à la science dans l’art haïtien, cette recette porte le nom de Franck Louissaint. Artiste professionnel, respecté dans tous les milieux artistiques et culturels, et toujours disponible à partager ses connaissances et ses expériences avec les plus jeunes, il est l’un des plus anciens professeurs au centre d’Art et à l’École nationale des Arts (ENARTS) depuis 1984. Dans ses oeuvres, il se concentre et se consacre à arrêter le temps, en nous proposant des portraits et paysages hyperréalistes. Coup d’oeil sur le parcours et le palmarès de ce génie de l’art haïtien, un des pionniers à contribuer à la mise en place du programme d’éducation artistique et culturelle pour le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle en Haïti. L’ascension de Franck Louissaint entre les décennies : 1949, 1969, 1979… ! Le 22 octobre 2019, l’artiste peintre Franck Louissaint aura 70 ans. Certainement un âge qui va coïncider avec le chiffre sept de la perfection. Connu comme l’un ou le père du réalisme dans la peinture haïtienne, c’est au centre d’Art qu’il a fait ses débuts en 1969 à l’âge de 20 ans. Et depuis, il continue d’enrichir l’art haïtien et le patrimoine mondial avec des oeuvres qui se confondent souvent avec l’image proposée par les meilleures caméras photo.C’est en 1979 qu’il a participé à sa première exposition de groupe à Paul Waggoner Gallery. La représentation de la cathédrale de Port-au-Prince, détruite par le séisme du 12 janvier 2010, constitue l’une des plus belles pièces
réalisées par l’artiste, dans sa carrière.Portraitiste de la réalité quotidienne, on ne se fatigue pas d’apprécier son travail. On se questionne surtout sur le pourquoi
tor-Hara, le portrait de ce professeur de l’École nationale des Arts (ENARTS), se présente comme suit : « C’est au centre qu’il a appris le dessin, la composition et
Collection Karine Smith-Joseph, Evasnton, Illinois
et le comment l’artiste arrive à maitriser les techniques de la représentation avec précision, et à disposer assez de temps et de patience pour reproduire chaque trait, chaque point, entre les nuances, l’ombre et la lumière.Un artiste internationalement reconnu et respecté ! Sur le site de Cas— 27 —
l’utilisation de la couleur. Chacune de ses oeuvres nous met en présence des scènes de la vie quotidienne. Dans ses toiles, le temps semble s’arrêter. Les personnages sont saisis dans leur action. Son approche du labeur quotidien de nos hommes et de nos femmes montre son sens poussé du réal-
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isme. L’artiste est ainsi parvenu à un réalisme si précis qu’on n’hésite pas à comparer ses oeuvres à des photographies. Cependant, sa peinture va bien plus loin que la photo. C’est une oeuvre qui repose de préférence sur le sens aigu de l’observation, sur la mémoire fidèle de l’artiste. » L’article poursuit : « Franck Louissaint sait choisir ses sujets. Il les traite avec une minutie qui invite et fascine le regard. Franck Louissaint aime marcher dans les quartiers de Port-au-Prince avec son carnet à la main, en cherchant des scènes particulièrement émouvantes qui l’inspirent. En face d’une toile de Franck Louissaint, on est vraiment spectateur, jamais le dialogue n’est amorcé entre nous et le sujet. Ces scènes de genre ne sont pas narratives. Elles disent un fait, un moment, sans le moindre commentaire. Ce fait, ce moment, cette peinture nous les rend dans une vérité qui, elle-même, alors soulève des interrogations, des commentaires et pousse à la réflexion. »Franck
Louissaint expose et explore les frontières ! Avec un parcours très élogieux, on peut citer quelques-unes de ses expositions individuelles réalisées en Haïti et dans plusieurs autres pays. La première exposition individuelle de Franck Louissaint remonte au centre d’Art en 1980. Et depuis, il a pris son envol pour présenter ses oeuvres et performer à Nicole Gallery, Chicago IIlinois 1987, 1996 et 1997. Il est revenu au centre d’Art en 1994 pour une autre exposition solo. La même année, ses oeuvres ont été également présentées à Nicole Gallery Chicago IIlinois. Il a également exposé à galerie Nader en 2000, 2003 et 2004.Peintre à cheval sur plusieurs générations, il a aussi exposé avec de nombreux courants, mouvements et tendances artistiques. Dans la liste de ses multiples participations à des expositions collectives on peut citer : l’exposition de Groupe Paul Waggoner Gallery 1979, l’exposition de Groupe Aurelia Gallery, Evanston en1981, la deuxième exposition « Miniatures » au Centre d’Art 1983, l’exposition en duo avec Lionel Saint Eloi à Chicago, Illinois en 1983, l’exposition collective à Boston en 1983, l’exposition collective à l’Institut Français d’Haïti 1983, et sans oublier l’exposition collective de dessin au collège Saint-Pierre réalisée en 1986.Hommage à Franck Louissaint, un artiste peintre accompli ! En dehors de ses nombreuses participations au Festival international Aquin, Franck — 28 —
Louissaint a été l’un des grands maitres de la peinture haïtienne à participer à l’initiative « Création à Ciel Ouvert », organisée les 15 et 16 décembre 2007, à l’hôtel Le Montcel.Ses oeuvres figurent dans de nombreux catalogues et des publications sur l’art haïtien. Notamment par la qualité de son travail, et par le sérieux et la discipline que cet artiste entend affirmer dans ses relations professionnelles et comme professeur dans l’une des institutions culturelles les plus instables en Haïti. Ce qui nous laisse comprendre,
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pourquoi il est autant et souvent effacé lors des crises, malgré tant de déceptions dans le milieu culturel local et ses conseils, ses consultations et ses contributions dans l’éducation de plusieurs générations d’élèves, de jeunes et des artistes. Un artiste très humble et même effacé, qui ne fait certainement pas de bruit comme beaucoup de tonneaux dans les milieux culturels haïtiens.En disposant des oeuvres dans la plupart des grandes collections publiques et privées dans le pays et l’étranger, après avoir servi le pays à travers le centre de Sauvetage des Biens culturels porté par la Smithsonian des États-Unis, dans le cadre de la récupération des collections d’oeuvres enfouies sous les décombres du centre d’Art en janvier 2010, on n’attendra certainement pas le grand voyage de ce grand maitre de l’art haïtien, pour saluer ses accomplissements.À quand l’organisation d’une exposition rétrospective autour des oeuvres de Franck Louissaint, ou un documentaire pour saluer son parcours, son palmarès et ses performances dans l’art haïtien et la culture en général ? Ces femmes
sont souvent perdues entre les ombres et les nuages multicolores, avec leurs beaux sourires et des regards pétillants, cet ancien de l’ENARTS navigue dans un ciel esthétiquement exotique et dans certains cas érotique.Yves Antoine Dessalines ne laisse pas trainer sa palette Dessalines maitrise parallèlement et parfaitement les techniques de réalisation des portraits au crayon comme avec la peinture. Quand les commandes ne le portent pas à dessiner quelques visages de personnalités importantes ou des membres de nombreuses familles, on retrouvera sa signature dans des portraits soigneusement exécutés en hommage à Gandhi, et tant d’autres icônes internationaux.La religion n’est certainement pas exclue dans les choix des sujets sélectifs de l’artiste. Des personnages comme « Jésus » ont pris place dans la palette de ce dernier. Ce qui nous laisse croire que l’artiste n’est pas insensible aux questions de la foi, et de tant d’autres valeurs religieuses, spirituelles, humanistes et universelles.En attendant de revisiter la prochaine exposition personnelle ou la participation de Yves Dessal— 29 —
ines dans des manifestations collectives, nous allons continuer à encourager cet artiste peintre dans sa démarche solitaire de créer, tout en invitant les collectionneurs dans un élan solidaire à se procurer de quelques-unes des meilleures oeuvres picturales qui attendent dans l’atelier de l’artiste à Port-au-Prince.Pour reprendre André Malraux, « L’art, c’est le plus court chemin de l’homme à l’homme ».Notes : JEUDI, Inema
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: Gouyad Legede , Éditions Ruptures, 2010JEAN-SIMON, James Stanley : La poésie comme voyage, Controverseshaïti.org, Fleurs et poèmes, 2017Ibidem : À la frontière du littéraire : le fictif et le lyrique » (© Potomitan, 2017),PRICE-MARS, Jean : La vocation de l’élite, 1929Mère pour la première fois à 13 ans, puis de nouveau à 15 ans, deux fois divorcée, Aretha Franklin a parfois laissé entendre que son histoire amoureuse était jalonnée de déceptions, même si elle se réfugiait toujours derrière une indéfectible pudeur.Sachant que la culture est une chance pour la génération actuelle comme le vodou l’a été pour les ancêtres, nous n’avons d’autres choix que d’agir, en misant sur les trois intelligences culturelle, économique et collective pour sauver ce patrimoine national.FOUCHARD Jean, Les marrons de la liberté, Paris, Editions de l’école, 1972.HURBON Laennec, Dieu dans le vaudou haïtien, Editions Henri Deschamps, 1987.MADIOU Thomas, Histoire d’Haïti, tome I, 1492-1799, Haïti, Editions Henri Deschamps, 1989.MANIGAT Leslie François, Eventail d’histoire vivante d’Haïti, Haïti, Collection du CHUDAC, 2001.MARS Jean-Price, Ainsi parla l’oncle, Editions Fardin, 2011.MARX Karl, Manuscrits de 1844, traduction de M. Rubel, Editions Gallimard, 1968.METRAUX Alfred, Le vaudou haïtien, Editions Gallimard, 1958.PIOTTE Jean-Marc, La pensée politique de Gramsci, version électronique, 1970. SARTRE Jean-Paul,
L’existentialisme est un humanisme, Texte intégral de la conférence donnée par Jean-Paul Sartre à Paris le 29 octobre 1945.Me faire signer la reddition de mes combatsTu peux tuer mes enfantsTuer ma femmeTuer tous les miensEt me tuerMais tu ne peux tuer mon rêveTu ne peux tuer l’espoirSans un pli sans une ride Mais notre bonheur est suggestif Et métaphorique Ne l’avons-nous pas lu Dans le braille dictionnaire des amours Ne l’avons-nous pas
soutiré Des coeurs en quête d’extase. (p.14) L’oeuvre poétique ‘Migrations insulaires’ est habitée par les images de la transparence et de la pureté. Les poèmes sont écrits dans une langue subtile et raffinée. Ils créent un univers où les objets et les lieux ne sont pas décrits, mais évoqués, suggérés par le jeu du rythme et des images. C’est un recueil à lire pour entendre le souffle et les murmures de ces deux poètes.
Collection Haitian American Museum of Chicago HAMOC. Donated by Nicole Smith of the Nicole Gallery.
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HAITI, LE PRINTEMPS DE L’ART
Le souffle du Printemps de l'Art à Galerie Nader C ’est le moment d’aller à Galerie d’art Nader en ce Printemps de l’art du festival d’Art contemporain. Du 14 au 31 janvier, la galerie au No 50 de la rue Grégoire, Pétion-Ville, donne accès gratuitement au grand public et ouvre notre imaginaire sur un vaste trésor enfoui dans son enceinte. La galerie a sélectionné quarantequatre artistes qui parlent à l’âme haïtienne à travers 78 œuvres dont plusieurs remontent aux années 40, 50, 60, 70, époque faste de la peinture haïtienne. Vous découvrirez Simil, un magicien de la beauté, de l’élégance et de la grâce. Influencé par l’art égyptien et le peintre viennois Gustav Klimt, ses divines silhouettes ornées de bijoux en or ont aussi des accents de ténébrisme qui renvoient au peintre italien Michelangelo Merisi da Caravaggio, (Caravage). Vous prendrez plaisir à accrocher votre regard sur un Lyonel Laurenceau. Quelle touche exceptionnelle ! Quelle virtuose du détail ! La toile de Laurenceau est un hymne à la tendresse, à la sen-
sibilité qui nous plonge dans les yeux des personnages qu’il représente. Après avoir regardé ces yeux, ils vous poursuivent. Vous admirerez un nu de Luce Turnier parce que l’artiste n’a pas
peint le corps de cette femme, elle a capté l’état d’âme de son modèle. Vous serez plongé dans l’abstraction aussi avec Jacques Gabriel. Toute cette géométrie spatiale prend toutes ses libertés avec ses formes cubiques qui rappellent le cubisme, mouvement artistique qui a fleuri en Europe avec Pablo Picasso, Georges Braque, Juan Gris, Jean Metzinger, au début du XXe siècle. Jacques Enguerrand Gourgue, reste un coup de cœur pour Geor— 31 —
ges Nader. Il considère ce peintre comme un Salvador Dali tropical, le Salvador Dali de la peinture haïtienne. Une toile de Georges Hector titrée « Flora », datée de 1965, véhicule une charge émotive dans les traits d’une jeune femme. Sinistrée, tout son corps, ses yeux, sa bouche, son visage expriment intensément son angoisse. Les ravages du cyclone Flora sont dans l’expression de cette femme. Cette toile est une belle illustration de l’expressionisme, un courant artistique apparu en Europe au début du XXe siècle. Dieudonné Cédor, ce peintre du peuple haïtien, si on veut prêter les mots de Jacques Stephen Alexis, devient un repère pour les amateurs d’art, à la Galerie Nader. Les toiles du natif de l'Anseà-Veau font remonter à Rigaud Benoît, son maître. Et tout naturellement les conversations se déploient autour de Luckner Lazard, Roland Dorcély, Galerie Brochette dans la commune de Carrefour, l’Ecole Nationale des Arts.
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Michelle Manuel • Ronald Mevs • Charles Obas • Max Pinchinat • Lucien Price • Rolf Sambale • Bernard Séjourné • Emilcard Simil • Sacha Tébo • JeanPierre Théard • Tiga • Luce Turnier • Valcin II • Bernard Wah. Le grand public est convié à cette première
fond des problèmes du pays, prenons aussi le temps d’offrir au public une autre facette d’Haïti. Posons notre regard sur la fine fleur de la sensibilité humaine. Haïti n’est pas seulement des ordures dans les rues, Haïti n’est pas seulement le pays des barricades et de la violence qui se répand dans les réalités physique et virtuelle.
Le ministre de la Culture et de la Communication, Pradel Henriquez, a un coup de cœur pour cet artiste autant que pour Jean-René Jérôme. Le temps d’un regard, Henriquez fait une plongée dans sa jeunesse estudiantine. La toile de Cédor lui fournit un support pour parler de sa carrière de peintre dans une première vie et de sa grande aventure littéraire. On n’a jamais fini de découvrir ce grand maître.
Au cœur d’un patrimoine L’exposition-vente présentée par Nader nous place au cœur d’un patrimoine. Allons voir : Arijac • Gesner Armard • Tamara Baussan • Mario Benjamin • Ludovic Booz • Dieudonné Cédor • Etzer Charles • Emile Denis • Rose Marie Desruisseau • Philippe Dodard • Roland Dorcely • Edouard Duval Carrié • Franck Etienne • Jacques Gabriel • Paul Claude Gardère • Eric Girault • Jacques Engeurand Gourgue • Georges Hector • Hippolit • Carlo Jean Jacques • Néhémy Jean • Jean-René Jérôme • Antonio Joseph • Lionel Lauranceau • Luckner Lazard • Jean-Claude Legagneur • Franck Louissaint • Ernst Louizor • Elzire Malebranche • Manès Descollines •
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édition. Mais dans dix ans on trouvera des journalistes qui poseront cette question : à quand remonte la première édition de « Haïti, le Printemps de l’Art ? Si vous avez raté le lancement, il est temps de vous rattraper. Du 14 au 31 janvier, Galerie d’art Nader vous donne rendez-vous à une grande réjouissance pour les yeux. Les journalistes ont un formidable moyen pour sensibiliser le public à un sujet. Voilà un événement à placer sous les projecteurs de l’actualité à côté d’une mine de stress qui nous saute à la gorge. Tout en continuant à creuser le — 32 —
Dans cette courte parenthèse ouverte au début de l’année, accordons-nous une bouffée d’oxygène. Cette bouffée souffle des couleurs aux tons différents, des tracés, des formes sur divers supports de différentes dimensions. Ce sont des œuvres artistiques à Galerie d’art Nader. Ces œuvres nous parlent.
Publié le 2021-01-15 | Le Nouvelliste
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DIPLOMATIE
Le nouveau Représentant permanent d’Haïti présente ses lettres de créance Viard était, de novembre 2019 à juillet 2020, Consul général d’Haïti à Boston, aux États-Unis. Il a auparavant été Chef de poste au Consulat général d’Haïti à Montréal (Canada), de mai 2016 à juillet 2017, après avoir été Consul général d’Haïti à Montréal de 2012 à 2015. M. Viard a également travaillé dans le secteur bancaire privé, ainsi que dans l’enseignement universitaire haïtien, où il a été professeur de droit des affaires de 2005 à 2007. M. Viard est en outre inscrit au barreau de Port-auPrince depuis octobre 2000. Le nouveau Représentant permanent est notamment titulaire d’une maîtrise de gestion de l’Institut d’administration des entreprises de l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, d’un diplôme de troisième cycle en banques et systèmes financiers du Centre d’études financières, économiques et bancaires de Marseille et d’un diplôme en sciences juridiques de la Faculté de droit et de sciences économiques d’Haïti. Outre le créole, M. Viard maîtrise le français et l’anglais. M. Justin Viard a présenté aujourd'hui à Mme Tatiana Valovaya, Directrice générale de l’Office des Nations Unies à Ge-
nève, les pouvoirs l'accréditant comme Représentant permanent d’Haïti auprès de l'Office. Avant cette nomination, M. — 33 —
https://www.ungeneva.org/fr
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MESSAGE DE LESLY CONDÉ À L’OCCASION DU
« MOIS DE L’HISTOIRE DES NOIRS » Chers concitoyens et amis de partout, J'ai l'insigne privilège de vous saluer très chaleureusement alors que nous accueillons tous ce mois de février 2021 avec tous ses défis et toutes ses appréhensions. Ce mois qui est le plus court de l'année, est aussi le Mois de l'Histoire des Noirs. C'est une période au cours de laquelle on parlera de la contribution relativement récente de certaines personnes de race noire, dans divers domaines. Comme nos systèmes éducatifs omettent de souligner clairement ces contributions, le Mois de l'Histoire des Noirs constitue une parenthèse condescendante, souvent agréablement surprenante. Je dois dire, en tout premier lieu, que le mois de février de chaque année est loin de suffire pour couvrir tous les aspects de l'expérience de la race noire sur cette planète. Je crains que ceux qui ont pensé à dédier ce mois à
l'histoire des Noirs n'aient commis l'erreur de croire que l'histoire de cette race a commencé avec l'esclavage. Si l'Afrique est le berceau de l'humanité, si les arts, la science et les sociétés organisées prirent naissance sur le continent africain, l'histoire des Noirs ne peut tout simplement pas être l'affaire d'un mois. L'histoire des Noirs est, en effet, une histoire que la colonisation et l'esclavage ont savamment falsifiée pendant des siècles. Aujourd'hui, les preuves scientifiques ont établi au-delà de tout doute que l'Égypte du temps des pyramides fut noire. Ce genre d'information a sa place dans nos salles de classe. L'histoire des Noirs est, hélas, une histoire de patrimoines usurpés, et de braves visionnaires lâchement assassinés. Pour se retrouver, ce peuple noir a besoin de découvrir sa vraie histoire, et d'y croire. On ne peut pas parler de l'histoire des Noirs sans — 34 —
mentionner Haïti, le premier État noir du Nouveau Monde . Notre identité n'est pas célébrée à travers le monde, mais nous savons qu'elle est précieuse, et nous y tenons. En terminant, je vous souhaite à tous un mois de février plaisant et sécuritaire. Prenez soin les uns des autres. Quoi que vous fassiez, pensez à HAÏTI. Distinguished compatriots and friends everywhere, It is, for me, a distinct privilege to greet you very warmly, as we all welcome this month of February along with its challenges and worries. This month, the shortest in the year, is also Black History Month. It is a period of time when we will be reminded about some relatively recent contributions by black folks around the world in various fields. Since our educational systems do not put a clear emphasis on those contributions, Black History Month comes as a
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condescending parenthesis with some pleasant surprises. First and foremost, I must say that the month of February is far from providing enough time to cover all aspects of the experience and contribution of the black race on this planet. I am somewhat concerned that those nice people who thought of dedicating this month to the history of the black race, might have made the mistake of believing that said history began with colonization and slavery. If Africa is the cradle of humanity, if art, sciences and organized societies were born on the african continent, Black history simply cannot fit inside one month. Black people ´s history is, indeed, a history that colonization and slavery have methodically falsified for centuries. Today, science has proven beyond every doubt that the Egypt of the pyramids was black. This kind of information belongs in every school book and every classroom now. The history of the black race is, obviously, a painful story of stolen achievements, and relentlessly murdered brave visionaries. Black people need to discover their history, and believe in it in order to get their selfesteem back. We cannot talk about black history without mentioning Haiti, the New World's first black State. Our identity is not celebrated throughout the world, but we know how precious it is, and we are clinging to it. In closing, I wish you all a
safe and pleasant month of February. Take care of yourselves. Look out for one another. Whatever you do, remember HAITI.
Frè m, sè m ak zanmi m yo toupatou, Se yon gwo kokenn chenn privilèj pou mwen pou m Salye nou avèk tout kè m pandan n ap akeyi mwa fevriye a avèk tout defi li, tout kè site li. Mwa sa a ki se mwa ki pi kout nan ane a, se Mwa Istwa Moun Nwa. Se yon peryòd kote nou pral tande pale de kontribisyon moun nwa fè nan plizyè domèn, sitou nan tan resan yo. Kòm sistèm edikasyon nou yo pa bay kontribisyon sa yo plas yo merite a, Mwa Istwa Moun Nwa a se yon favè yo fè nou. Nou ka aprann kèk bagay ki ankourajan. Anvan m ale pi lwen, fò m di mwa fevriye a poko prèt pou l sifi pou l kouvri tout aspè eksperyans moun nwa sou planèt la. Mw gen enpresyon moun ki te deside chwazi mwa fevriye a kòm Mwa Istwa Moun Nwa a, te konsidere istwa moun Nwa tankou yon istwa ki kòmanse avèk kolonizasyon epi esklavaj. Sa se bon erè. Si Afrik se bèso limanite, si lasyans, travay atis epi sosyete òganize te pran nesans sou kontinan afriken an, istwa ras nwa a pa kapab yon ti bagay pou yon mwa. Istwa ras nwa a se yon istwa esklavaj avèk kolonizasyon pran tout tan yo pou yo falsifye l pandan plizyè syèk. Jodi a, lasyans pwouve nou Ejipsyen ki t ap viv nan tan piramid yo te moun nwa. Pa gen dout nan sa. — 35 —
Enfòmasyon konsa dwe gen plas li nan tout lekòl. Istwa ras nwa a se istwa anpil patrimwann yo vòlè epi anpil vizyonè vanyan yo ansasinen san pitye. Fò pèp nwa sa a aprann vrè istwa l pou l ka repran bonjan respè pou tèt li. Nou pa kapab pale sou istwa ras nwa san nou pa mansyone Ayiti, premye Eta nwa nan Nouvo Mond la. Yo pa selebre idantite nou an toupatou soulatè, men nou konnen li presye epi nou fyè de li. Pou m fini, m ap swete nou tout yon bon mwa fevriye. Pran swen tèt nou.Youn veye sou lòt. Kèlkeswa sa n ap fè, sonje AYITI. MERCI DE VOTRE ATTENTION! THANK YOU FOR YOUR ATTENTION! MÈSI POU ATANSYON NOU!
Lesly Condé Ex-Consul Général d’Haïti à Chicago (26 août 2004 - 25 mai 2018)
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VENDREDI 15 JANVIER 2021 | MARTIN LUTHER KING JR. DAY 2021
JOUR DE MARTIN LUTHER KING My dear compatriots and friends,
Mes chers compatriotes et amis,
Frè m ak sè m yo,
Today January 15, the United States of America and the whole world are saluting the anniversary of the birth of the Reverend Martin Luther king Jr. That man who dedicated his whole existence to the struggle against injustice, and for human emancipation, still speaks to us. The life of Reverend Martin Luther king Jr is a shining example of courage and self-respect that must guide us as we pursue his noble dream.
Aujourd'hui 15 janvier, on commémore aux États-Unis d'Amérique et partout dans le monde, l'anniversaire de la naissance du Révérend Martin Luther King Junior. Cet homme qui dédia son existence à la lutte contre l'injustice et en faveur de l'épanouissement humain, nous interpelle encore. La vie de Martin Luther King Junior est cet exemple d'amourpropre et de fermeté qui doit nous guider tous dans notre marche vers la conquête de son noble rêve.
Jodi 15 janvye a, Etazini avèk tout rès mond la ap poze pou yo komemore anivèsè nesans Reveran Martin Luther King Junior. Gason vanyan sa a ki pase tout egzistans li ap goumen kont enjistis epi pou emansipasyon tout moun, ap pale avèk nou jis kounye a. Lavi Reveran Martin Luther King Junior se yon kokenn chenn egzanp amoupwòp avèk fèmte ki dwe akonpaye nou pandan n ap pouswiv bèl rèv li a.
Message de Lesly Louis Condé
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COMMEMORATING MARTIN LUTHER KING JR. The Editors, The Old Farmer’s Almanac Reverend Martin Luther King Jr. was born on January 15, 1929. He was a Baptist minister and leader of the civil rights movement, championing justice and equality from the mid-1950s until his death by assassination in 1968. As he said, “Injustice anywhere is a threat to justice everywhere.” Dr. King was also a strong advocate of change through nonviolent civil actions based on his Christian values. He was a great speaker, and his powerful words still resonate with us today. “Our lives begin to end the day we become silent about things that matter.” –MLK (1929–68)
WHEN IS MARTIN LUTHER KING JR. DAY? The third Monday in January is Martin Luther King Jr. Day (often abbreviated to “MLK Day”). It has been a federal holiday since 1986. This means that it is an observed holiday for federal employees, as well as for many schools and businesses. This also means that the holiday does not always fall on Martin Luther King Jr.’s true birth date, January 15. This year, Martin Luther King Jr. Day was observed on Monday, January 18, 2021.
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MARTIN LUTHER KING JR DAY DATES Year MartinL K Jr. Day 2021 Monday, January 18 2022 Monday, January 17 2023 Monday, January 16 2024 Monday, January 15 WHO WAS MARTIN LUTHER KING JR.? Martin Luther King Jr. was born in 1929 in Georgia into a Christian family. His grandfather was a church pastor, his father became a pastor, and then he became a pastor. “We may have all come on different ships, but we’re in the same boat now.” –MLK (1929–68)
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AND THE CIVIL RIGHTS MOVEMENT Graduating from high school at the age of 15, Martin Luther King went on to receive his B. A. degree in 1948 from Morehouse College. After 3 years of theological study at Crozer Theological Seminary in Pennsylvania, he was elected president of a predominantly white senior class and awarded the B.D. in 1951. After winning a fellowship at Crozer, he enrolled in graduate studies at Boston University, completing his residence for the doctorate in 1953 and receiving the degree in 1955. In Boston he met and married Coretta Scott, and they started a family.
In 1954, Martin Luther King Jr. had become pastor of a church in Montgomery, Alabama. Always a strong worker for civil rights, King believed in nonviolence, following Gandhi’s philosophy. “Our scientific power has outrun our spiritual power. We have guided missiles and misguided men.” –MLK (1929–68) The Fight Against Segregation In 1955, he began his struggle to persuade the U.S. government to declare the policy of racial discrimination unlawful. He led the first large nonviolent demon— 39 —
stration against segregated buses. However, racists responded with violence to his nonviolent initiative. “Peace is not merely a distant goal that we seek, but a means by which we arrive at that goal.” –Martin Luther King Jr. (1929– 68) In Birmingham, Alabama, in the spring of 1963, King’s campaign to end segregation at lunch counters and in hiring practices drew nationwide attention when the police turned dogs and fire hoses on the demonstrators. King was jailed along with large numbers of his supporters, including hundreds of school-
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children. His supporters did not, however, include all the black clergy of Birmingham, and he was strongly opposed by some of the white clergy who had issued a statement urging African Americans not to support the demonstrations. From the Birmingham jail, King wrote a letter of great eloquence in which he spelled out his philosophy of nonviolence:
In 1957, King was elected president of the Southern Christian Leadership Conference. He led according to his beliefs from Christianity, with nonviolent influences from Gandhi. He traveled greatly, wrote five books and numerous articles, and led many initiatives to campaign for the proper voter registration of people of color. “I Have a Dream”
“You may well ask: “Why direct action? Why sit-ins, marches and so forth? Isn’t negotiation a better path?” You are quite right in calling for negotiation. Indeed, this is the very purpose of direct action. Nonviolent direct action seeks to create such a crisis and foster such a tension that a community which has constantly refused to negotiate is forced to confront the issue.” In December 1956, the Supreme Court declared bus segregation unconstitutional.
On August 28, 1963, King directed a march of 250,000 demonstrators to Washington, D.C., where he gave his famous “I Have a Dream” speech, delivered on the steps of the Lincoln Memorial. Martin Luther King Jr.’s dream was that the inhabitants of the United States would be judged by their personal qualities and not by the color of their skin:
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“I have a dream that one day this nation will rise up and live out the true meaning of its creed, ‘We hold these truths to be self-evident: that all men are created equal.’ The following year, President Johnson signed a law prohibiting all racial discrimination. In 1964, Martin Luther King Jr. was awarded Nobel Peace Prize at the young age of 35 for his peaceful campaign against racism. He turned over the prize money of $54,123 to support the civil rights movement. Here is his acceptance speech. “Peace is more precious than diamonds or silver or gold.” –MLK (1929–68) On April 4, 1968, King was assassinated by a racist while speaking in Tennessee in support of the struggling garbage
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workers of that city. It had been only 4 years earlier that he had received the Nobel Peace Prize for his nonviolent campaign against racism. HOW WE OBSERVE MLK DAY Americans are often encouraged to observe this day not simply as a day off from work, but also as a “Day of Service” to others through appropriate civic, community, and service projects. Think of Martin Luther King Jr. Day as an opportunity to give to others in any way you can— whether it’s a community project or simply being kind to others in your community. Visit www.MLKDay.gov to find Day of Service projects across the country. “Sooner or later all the people of the world will have to discover a way to live together in peace … “ –MLK (1929–68)
This lesson introduces students to the philosophy of nonviolence and the teachings of Mohandas K. Gandhi that influenced Dr. Martin Luther King, Jr.'s views. After considering the political impact of this philosophy and viewing videos about each man, including Dr. King discussing Gandhi's influence, students explore its relevance to personal life and contemporary society. — https://www.neh.gov/
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9 FACTS ABOUT MARTIN LUTHER KING JR.
LEARN ABOUT DR. MARTIN LUTHER KING JR., A The Editors. January 15, 2921 — The Old Farmer’s Almanac
He was named Michael, not Martin! The civil rights leader was born Michael King Jr. on January 15, 1929. When he was only five-years-old, his father— a pastor at Atlanta’s Ebenezer Baptist Church—traveled to Germany and became inspired by the Protestant Reformation leader Martin Luther. (His father changed his own name as well as his son’s name.) Martin was a gifted student! He entered college at the age of 15. He skipped grades 9 and 12 before enrolling at Morehouse College, the alma mater of his father and maternal grandfather, in 1944. Although he was the son, grandson, and great-grandson of Baptist ministers, he considered becoming a doctor or a lawyer instead. He later decided that the Bible had “many profound truths which one cannot escape” and entered the Crozer Theological Seminary in Pennsylvania, graduating with his PhD at the age of 25. He was a harder worker! It’s hard to believe now, but Martin got a C in public speaking during his first year at seminary. By his final year, he was receiving straight As and had become the valedictorian of his class.
When Martin won the Nobel Peace Prize in 1964, he was the youngest person to do so, at age 35. (Malala Yousafzai now holds the record, winning the 2014 prize at age 17.) His recording of “Why I Oppose the War in Vietnam” won a Grammy for Best Spoken Word Album for 1971. He was jailed 29 times, often on trumped-up charges such as driving 30 miles per hour in a 25-mph zone in Alabama in 1956. In a speech on April 3, 1968, he told the audience: “I’ve seen the Promised Land. I may not get there with you. But I want you to know tonight, that we, as a people, will get to the Promised Land.” He was assassinated the next day. He is the only person born in the United States whose birthday is a federal holiday. (George Washington was born before the United States came to be.) It was President Ronald Reagan who signed a bill in 1983 which named the third Monday in January as the holiday observance “Martin Luther King Jr.’s Birthday.” — 42 —
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A REVOLUTIONARY CIVIL RIGHTS LEADER
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IN MEMORIAM
Vernon Jordan, Civil Rights Activist and Lawyer
Vernon Jordan with President's Bill Clinton and Barack Obama
Vernon Jordan, who grew up in the segregated South and became an influential leader in the American civil rights movement, Washington politics, and Wall Street has died at the age of 85. Jordan grew up in the housing projects of Atlanta and was the only Black person in his class at DePauw University in rural Greencastle, Indiana. He earned a law degree from
Howard University and returned to Atlanta to work for a civil rights attorney. He later worked for the NAACP and the United Negro College Fund before becoming the head of the National Urban League in 1971. Jordan was close to President Jimmy Carter, who reportedly offered him cabinet jobs in the 1970s. Jordan eventually became critical of Carter, saying — 44 —
he had not delivered on his economic promises to Blacks. In the 1980s Jordan was badly wounded by a white supremacist sniper in Fort Wayne, Indiana, as he exited the car of a white woman who was an Urban League member. Joseph Paul Franklin, a former Ku Klux Klansman, admitted to the ambush but was acquitted. Jordan's role as a Washington insider took him all the way to the White House, where he was a close friend, golfing buddy, and advisor to President Bill Clinton. Jordan never held a formal government job, but it was said that no one knew better than Jordan how favors, access, and requests worked in Washington. Clinton called him a "wonderful friend," and instrumental in desegregating the University of Georgia in 1961 among his accolades. Vernon Jordan worked well into his 80s and died peacefully "surrounded by loved ones," his daughter Vickee Jordan said in a statement.
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HISTORY
Why this Dominican dictator ordered the execution of thousands of Haitians in 1937, and then kept it a secret About 84 years ago, a massacre on the border between Haiti and the Dominican Republic led to the deaths of tens of thousands of Haitians, a tragedy felt by both countries to date. The racially motivated massacre became known as the Parsley Massacre as Dominican soldiers who carried out the executions held a sprig of parsley and would ask people they suspect of being Haitians to pronounce the Spanish word for it: “perejil”. Those who had their first language being Haitian Creole found it hard to pronounce the word correctly, and this led to their deaths. Historians say about 20,000 Haitians were killed in the Dominican Republic during the Parsley Massacre of October 1937. Even Dominicans who looked dark enough to be Haitian were not spared. And these executions were carried out thanks to Dominican dictator Rafael Trujillo. Seizing power in a military revolt in 1930, he would rule the Do-
minican Republic for more than 30 years in what is seen as one of the most brutal periods in the history of the Caribbean nation. Remaining in absolute control of the Dominican Republic through his command of the army, anyone who dared to oppose him was either imprisoned or killed. But he helped modernize the Caribbean nation and ensure economic prosperity for many while at the same time working to keep his numerous heinous crimes secret, including the killing of the thousands of Haitians on the border dividing the island of Hispaniola between Haiti and the Dominican Republic. Born Rafael — 45 —
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Leonidas Trujillo Molina, Trujillo was born to working-class parents in San Cristobal, Dominican Republic, on October 24, 1891. The third of 11 children, he received an elementary education and worked as a telegraph operator and a guard on a sugar cane plantation, according to historical accounts. In 1916, the U.S. government began its military occupation and the administration of the Dominican Republic which would last until 1924. Trujillo joined the Constabulary Guard and was trained by U.S. Marines. He rose through the military ranks to be named Commander in Chief of the National Army in 1927. In 1930, when a group of rebels planned to overthrow thenDominican President Horacio Vasquez for “disregarding the constitution by extending his presidential term,” their leader Rafael Estrella Urena met with then-General Trujillo about the plan. Thus, when the revolt to get Vasquez removed began, Trujillo did not release his troops and would later assume power after getting rid of his political rivals and winning a “rigged” presidential election in 1930. Then came a powerful hurricane that wreaked havoc in the Dominican Republic in early September 1930, killing some 2,000 people. Trujillo soon started rebuilding the city but then, turning out to be a narcissist, he renamed the capital city including many streets and landmarks after himself. Though he helped bring some prosperity to the Caribbean nation during his reign, providing roads, hospitals and schools, it was large-
ly his family and supporters who benefited from the increase in economic prosperity. Sources say he ensured an increase in the general standard of living for the Dominican people, but the Dominican people had to pay for this prosperity with the loss of their civil and political liberties. And Haitians living in the Dominican Republic were those who suffered most. These Haitian migrants had for many years crossed the border region in the north of the island of Hispaniola to work as laborers in the sugar plantations of the Dominican Republic, a BBC report noted. However, during the Great Depression, the Dominican Republic began to witness a decline in economic activity, and immigrants were largely blamed for that. Trujillo had at this time began encouraging anti-Haitian sentiments. As NPR said in a report: “He was also said to be obsessed with whitening the country and allegedly powdered his face to have a more Spanish appearance. And according to historians, he was fixated on the idea of controlling the border, which people more or less crossed freely at the time.” After the 1937 Parsley Massacre in which he ordered the killing of thousands of Haitian immigrants, he denied his government’s involvement, claiming that it was just “local Dominican farmers rising up against Haitian cattle thieves.” Yet, Trujillo was pressured by the United States, Mexico and Cuba, to pay a paltry $525,000 in 1938 to the Haitian government as punishment for the — 46 —
killings that the U.S. described as “a systematic campaign of extermination”. A portion of the money was used to set up colonies for refugees from the massacre, NPR reported. The 1937 massacre dented Trujillo’s image but it was only after his failed assassination attempt on Venezuelan President Romulo Betancourt in 1960 that the Organization of American States (OAS) finally voted to sever relations with him. Trujillo had then accused Betancourt of “plotting to undermine his regime.” Attempting to kill him angered many world leaders such that economic sanctions were also imposed on the Dominican Republic. A year later, amid domestic opposition and the loss of support from the army, Trujillo was killed by a group of rebels while he was driving to his San Cristóbal farm. It’s been many decades since the Parsley Massacre, yet its wounds are still raw in both countries. More than a million illegal Haitian migrants live in the Dominican Republic, according to data. “After 1937, the Dominican culture became exclusive,” said Edward Paulino, a member of Border of Lights, a group that has been marking the anniversary of the incident. “On a local level, people could work together and could accept that we have a society that’s mixed, of which Dominicans of Haitian descent are a part.” “But at the state level, there’s still this sense of rejection of darkskinned Haitians.”
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SOCIETE
Un professeur d’université en Belgique appelle la communauté internationale à regarder les problèmes d’Haïti en face Un professeur de l’Université Catholique de Louvain en Belgique appelle la communauté internationale à sortir des aides conventionnelles pour regarder les problèmes d’Haïti en face. Marc Maesschalck est Professeur de philosophie à l’UCLouvain et directeur du Centre de philosophie du droit.
Rezo Nodwes - 26 février 2021
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ace à l’état de déliquescen ce avancé dont sont victi mes les haitiens, Marc Maesschalck, Professeur de philosophie à l’UCLouvain et directeur du Centre de philosophie du droit, appelle la communauté internationale à sortir des aides conventionnelles pour regarder les problèmes en face. — 49 —
La crise politique autour de la fin du mandat présidentiel de Jovenel Moïse a ramené Haïti à la une. Il aura aussi fallu que disparaisse l’ombre des élections américaines et que la vaccination Covid semble annoncer des jours meilleurs pour que la situation haïtienne puisse retrouver un peu d’attention, car l’an dernier, l’an-
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niversaire des dix ans du terrible tremblement de terre a été complètement occulté par la pandémie. Ce n’est pourtant pas faute d’événements majeurs en Haïti. À commencer par la contestation contre le président sortant. Poussé au pouvoir par son prédécesseur, Michel Martelly, Moïse a répété tous les travers du pouvoir haïtien de ces vingt dernières années : corruption, fraude, grand banditisme, massacres classés sans suite, drogue, déstructuration des institutions démocratiques, police, justice, parlement. Moïse n’a dû sa survie qu’à un soutien aveugle des positions de Trump sur la scène régionale. Au quotidien, cette situation se
traduit essentiellement par une insécurité endémique, une inflation incontrôlée et une absence totale de politique sanitaire malgré une augmentation des cas de Covid. À côté du business florissant des kidnappings et du trafic de la drogue, les détournements de fonds publics sont devenus un sport national, malgré les rapports accablants de la Cour des comptes. La presse canadienne faisait écho récemment de la propriété acquise en cash par l’épouse d’un sénateur haïtien, pour plus de 4 millions de dollars… Toutefois, il est impossible dans un tel contexte d’envisager une issue en se voilant la face et en examinant uniquement des éléments ponctuels. Comme nous l’a
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appris le Liban à ses dépens, l’ampleur d’une catastrophe n’élimine pas les causes profondes d’une situation dans l’impasse. C’est vers ces causes qu’il faut se tourner. Un long processus de déliquescence Haïti, c’est d’abord et constamment l’oubli d’une population qui survit au jour le jour et qui est abandonnée par tous les cadres quels qu’ils soient, de droite ou de gauche, au pouvoir ou dans l’opposition, d’un parti ou d’un mouvement. La population sert d’alibi quand on en a besoin pour produire un changement de pouvoir et mettre en place un nouveau statu quo.
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Last year, following the senseless murder of George Floyd, every major American city exploded in solidarity with Black Lives Matter. Protest caught like wildfire across the globe. The spontaneous outpouring of grief and outright anger against racism did not go unnoticed in the UK; it hit a nerve. It was no surprise. They too were ripe and ready for action: to register their discontent against a system that has dehumanized minorities for centuries on a global scale and even in their neck of the woods. Earlier this month, Oprah Winfrey and HarpoProductions exposed a centuries-old tradition that has been festering unapologetically behind the gilded walls of British royalty unimpeded for 1200 years. It's all about bloodline. She was interviewing a royal couple who had pulled off an incredible escape. They walked away from royal titles, perks, and privileges and turned their backs on a system that denied them equity with their white counterparts in the royal family. Harry felt that his father, Prince Charles, and older brother, William, belong to an inescapable system that expected their perpetual participation. Harry was told that infant son, Archie was denied security protection and an official title by the Institution that conducts the British royal family’s protocol and stewardship. "All I need is enough money to pay for my family's security to keep them safe," said Harry. Twenty million dollars bequeathed by his mother Diane
made the break away from the monarchy possible. Movie mogul Tyler Perry also provided the distraught couple with a home in California and security protection for several months. Interest in the young couple’s plight erupted since Buckingham Palace announced on February 19, 2021, that they would not return as working members of the royal family. They had moved to Canada in late 2019 with plans to continue serving the Queen. Sunday evening primetime broadcast captivated a collective viewership of 17 million Americans. The next day, 11 million Britons tuned in to its explosive content now considered to be the worst crisis to rock the British monarchy in decades. The soon to be former Duchess of Sussex chronicled her harrowing experiences with the shadowy 'Institution' that led to her unthinkable contemplation of suicide. The 'Institution' sometimes referred to as the 'Firm' is a secret cabal of advisors to the royal family that runs the business of the monarchy. Markle's candid and revealing testimony represented a sad and timely unraveling of the British monarchy juxtaposed against the opening salvo of a blockbuster trial in the US. Both steeped in deep racial undertones. Defense attorneys for Minnesota'sex-police officer Derrick Chauvin are presently combing through potential jurors for the upcoming George Floyd murder trial. "I just didn't see a solution...I didn't want to be alive anymore, Meghan Markle told Oprah in her bombshell revelation. "It was a — 51 —
clear and real frightening constant thought. I thought it would solve everything for everyone." She approached the Institution about seeking help for her failing mental condition. They advised her not to seek help; that it would not be good for the Institution. She felt her situation was overwhelming and almost unsurvivable. "You cannot call an Uber...when I joined that family, that was the last time I saw my passport, driver'slicense and keys." And there was more. Concern about how dark her son's skin tone would be at birth, an abrupt financial cutoff in the first quarter of 2020, the removal of personal bodyguards and security protection, the unceremonious return of her husband's honorary military titles to the Queen and the withdrawal of royal patronage all cascaded into mental anguish for Meghan Markle. There was no official cover against the onslaught of brutal attacks by the tabloids. When ordinarily the institution would defend the royal family from trivial, unfounded stories, no such courtesy was forthcoming for the mixed couple. They were hounded daily by a barrage of blatant racism, sexism, and vitriol spewed relentlessly by the British tabloids. “I don't know how they could expect that after all this time we would still just be silent if there's an active role that the Firm is playing in perpetuating falsehoods about us,” said Meghan. "At a certain point you gonna See The Great Escape On Page 56
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IMMIGRATION
Jamaicans Among Hundreds of Immigrants Recently Deported Under Biden Administration
February 2, 2021
(AP Photo/Emilio Espejel, File)
President Joe Biden’s administration has deported hundreds of immigrants in its early days despite his campaign pledge to stop removing most people in the U.S. illegally at the beginning of his term.
A federal judge last week ordered the Biden administration not to enforce a 100-day deportations ban. In recent days, U.S. Immigration and Customs Enforcement has deported immigrants — 52 —
to at least three countries: 15 people to Jamaica on Thursday and 269 people to Guatemala and Honduras on Friday. More deportation flights were scheduled on Monday. It’s unclear how many of
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those people are considered national security or public safety threats or had recently crossed the border illegally. The Department of Homeland Security recently issued new guidance to enforcement agencies, saying that these categories of persons were priority for deportation. Some of the people put on the flights may have been expelled — which is a quicker process than deportation — under a public health order that former President Donald Trump invoked during the coronavirus pandemic and that Biden has kept in place. Both Biden and Vice President Kamala Harris vocally opposed the Trump administration’s immigration priorities during the presidential campaign. In October 2020, Harris stated that on the issue of immigration, “there couldn’t’ be a bigger difference between a Biden/Harris approach and a Donald Trump approach.” “Donald Trump has been horrendous. Look at the policy which has been about putting babies in cages and separating children from their parents at the border. He also broke his promise to the DREAMers, some of which are coming from Caribbean countries.” ICE said Friday that it had deported people to Jamaica and that it was in compliance with last week’s court order. The agency did not respond to several requests for further com-
ment on additional deportation flights. Officials in Honduras confirmed that 131 people were on a deportation flight that landed Friday. Another flight that landed in Guatemala on Friday had 138 people, with an additional 30 people expected to arrive Monday, officials there said. Last week, U.S. District Judge Drew Tipton banned the Biden administration from enforcing a 100-day deportation moratorium that had gone into effect Jan. 22. Tipton said the Biden administration had violated the federal Administrative Procedure Act in issuing the moratorium and had not proven why a pause in deportations was necessary. Tipton’s ruling, however, does not require deportations to resume at their previous pace. Immigration agencies typically have latitude in processing cases and scheduling removal flights. A statement from the White House said that despite the court ruling, President Biden remained committed to the cause. “President Biden remains committed to taking immediate action to reform our immigration system to ensure it’s upholding American values while keeping our communities safe,” the White House said.
HOUSTON (AP) — — 53 —
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IMMIGRATION
Les Etats-Unis ont déporté beaucoup plus d’Haïtiens au cours des 4 dernières semaines que sur l’ensemble de l’exercice 2020
Du 1er au 26 février 2021, l’administration Biden a renvoyé 981 personnes en Haïti, dont au moins 270 enfants. Au cours de l’ensemble de l’exercice 2020 (octobre 2019-septembre 2020), l’administration Trump a renvoyé 895 personnes en Haïti par le biais des opérations de mise en application et de retrait de l’ICE. Trump a expulsé 700 Haïtiens supplémentaires au début de l’exercice 2021, mais même dans ce cas, le rythme des renvois n’était pas aussi élevé que celui
que nous voyons actuellement. Que se passe-t-il? La réponse courte est que l’administration Biden continue d’appliquer une ordonnance du Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC) qui bloque le traitement des demandes d’asile à la frontière. L’ordonnance du CDC a été émise en mars 2020 et a fourni la justification du ministère de la Sécurité intérieure refusant aux personnes l’accès au traitement des demandes d’asile ou à d’autres secours. Autorité revendicatrice — 54 —
en vertu du «titre 42» des ÉtatsUnis code, l’ordonnance du CDC ordonne aux agents frontaliers d’expulser les personnes le plus rapidement possible vers le dernier pays de transit ou, si cela n’est pas possible, de placer brièvement les personnes en garde à vue jusqu’à ce qu’elles puissent être expulsées vers leur pays d’origine (ou tiers). En vertu de cet arrêté, 460 000 personnes ont été expulsées depuis le 20 mars 2020 (au 31 janvier 2021).Pour les Haïtiens, un renvoi immédiat vers le
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Mexique n’est pas censé avoir lieu – même si c’est le cas. Ce qui signifie que la plupart des déménagements du Titre 42 vers Haïti se font par avion. Nous ne savons pas combien d’Haïtiens l’administration Trump a sommairement expulsé vers le Mexique, ni combien ont été expulsés de cette façon depuis que Biden a pris ses fonctions. Mais nous savons que cela se produit – le 3 février, par exemple, 76 Haïtiens (en plus du nombre ci-dessus) ont été expulsés par la patrouille des frontières à Ciudad Juarez, la plupart sans papiers et leurs effets personnels, tous portant les sandales qui leur ont été délivrées aux États-Unis. Centre de détention de la patrouille des frontières avant leur expulsion. Les Haïtiens ont toujours été mal traités par les autorités de l’immigration aux États-Unis. La détermination de l’administration Reagan de détenir les demandeurs d’asile d’Haïti, plutôt que de les libérer comme cela était généralement le cas pour les autres personnes cherchant une protection, a conduit à la naissance du système moderne de détention des immigrants. Bush et Clinton ont interdit des dizaines de milliers d’Haïtains en mer, la plupart sont rentrés immédiatement en Haïti, d’autres ont été détenus à Guantanamo jusqu’à ce qu’ils puissent être expulsés. L’administration Obama a lancé un système de comptage à la frontière entre Tijuana et San Diego en 2015 pour ralentir l’entrée des demandeurs d’asile haïtiens, tout en relançant les expulsions vers Haïti (suspendues après le tremblement de terre de 2010) afin de dissuader davantage d’Haïtiens d’essayer de ve-
nir. La liste continue. Chacune de ces étapes a finalement conduit à une érosion des droits de tous ceux qui recherchent une protection à nos frontières. Le comptage, par exemple, a été élargi par Trump et, dans un virage tordu, sous-tend la logique des protocoles de protection des migrants qui ont forcé 72,000 personnes en quête d’asile à attendre au Mexique leurs audiences d’asile.Le fait que les Haïtiens soient généralement traités plus durement est un sous-produit de l’idée que la dissuasion est un cadre important pour les mesures d’appli-cation de la loi en matière d’immi-gration. De diverses manières, la dissuasion a été la pierre angulaire des États-Unis. Politique d’immi-gration depuis des décennies. Certes, emprisonner des Haïtiens demandeurs d’asile visait à décourager les autres d’essayer. La même «logique» a été utilisée par Obama pour justifier le système de comptage et les expulsions élargies.Bien entendu, la dissuasion vise finalement tout le monde. Trump a détenu tous les deman-deurs d’asile, pour dissuader davantage de venir, et son administration a explicitement cité la dissuasion comme raison de la politique de séparation des enfants utilisée en 2018. Le protocole de protection des migrations a été suivi par l’interdiction de transit, qui a refusé aux personnes l’accès à l’asile si elles traversaient un pays tiers avant d’arriver aux États-Unis frontière sans deman-der l’asile au préalable. Le message partout: n’essayez pas de venir ici, vous n’entrerez pas du tout.C’est mal— 55 —
heureusement le même message que Biden envoie actuellement. Le secrétaire d’État Antony Blinken a déclaré vendredi dernier: «À quiconque envisage d’entreprendre ce voyage, notre message est le suivant: « ne le faites pas. Nous appliquons strictement nos lois sur l’immigration et nos mesures de sécurité aux frontières ». La frontière est fermée à la migration irrégulière. Le secrétaire à la Sécurité intérieure offre un message similaire. Du NY Times: M. Mayorkas a reconnu que les États-Unis continuaient de s’appuyer, pour l’instant, sur une mesure au cœur de l’approche de M. Trump: une règle de santé publique qui oblige les agents frontaliers à expulser rapidement les frontaliers vers le Mexique sans avoir la possibilité de demander l’asile. « Ils doivent attendre », a déclaré M. Mayorkas à propos des demandeurs d’asile potentiels. « Il faut du temps pour reconstruire le système à partir de zéro.» Biden d’expulser les Haïtiens à ce rythme est inadmissible. Il y a de nombreux efforts en cours pour mettre fin aux expulsions vers Haïti, ainsi que des efforts pour mettre fin à l’application du titre 42 et aux expulsions plus généralement. Comme pour l’équipe DHS de Trump, celle de Biden semble insensible à ces efforts. L’indignation du Congrès, les éditoriaux du New York Times et du Washington Post, et même une simple raison ne semblent pas avoir beaucoup d’importance. Pendant ce temps, l’administration de Biden semble craindre les brûlures quotidiennes qu’elle reçoit sur Fox News. Si la prési-
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Pour l’équipe Biden, ce message est justifié par deux choses: 1. COVID-19 est toujours une menace et donc l’ordre CDC doit rester en place. 2. Biden s’est engagé à réformer la politique frontalière mais, note-t-il, cela «prendra du temps». En attendant, son administration craint que la libéralisation trop rapide des règles ne conduise à une «poussée» d’immigration. Il y a un certain nombre de problèmes avec ces arguments. L’ordre du CDC a été un coup de force politique dès le début, pas une mesure sérieuse de santé publique. Une augmentation du nom-
bre de personnes cherchant à entrer est certainement possible, en raison de la détérioration continue des conditions dans les pays que les gens fuient plutôt que d’une mauvaise interprétation de la générosité de Biden. L’idée que traiter les gens avec humanité entraîne une mauvaise politique est en effet une notion étrange. Mais aucun de ces arguments ne signifie grand-chose pour les Haïtiens. Les Haïtiens appréhendés sont pour la plupart placés en détention jusqu’à ce qu’ils puissent être expulsés, ce qui signifie qu’ils peuvent être testés, sont en fait mis en quarantaine, etc. Il n’y a aucune raison de leur refuser une procédure
régulière, certainement pas un argument de santé publique. L’argument dissuasif, généralement erroné au départ, n’a pas non plus de sens pour les Haïtiens – dont la plupart ont quitté Haïti il y a des années et arrivent maintenant via le Brésil, le Chili et le Pérou. Ils essaient sans aucun doute de lire au mieux la situation à la frontière, afin de pouvoir décider quand il est préférable d’essayer de traverser. Mais la dissuasion a peu d’impact sur la décision de milliers de milliers de personnes de voyager. Compte tenu de tout ce qui précède, et compte tenu de la crise politique actuelle en Haïti, la décision de l’administration.
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go, can you guys just tell the truth. We haven't created this monster machine, in terms of click bait and tabloid fodder...," said Meghan."You allowed this to happen. My son needs to be safe." The couple felt defenseless and trapped. They were told by a senior palace staff that, "This is how it is and we can't change it." "This is not gonna end well," Harry responded. How is this imaginable when the royal family hosts special holiday parties for the tabloids and participates jointly in killing and dispelling unfounded stories? You'd naturally expect better press once you wine and dine the press. Obviously there was no such consideration for black members of the royal family. With no royal family support for the young couple, 70 members of Parliament
Queen Sophia Charlotte of Mecklenburg-Strelitz & Meghan Markle, Duchess of Sussex
called out the tabloids for their 'colonial undertones.' Harry is still dumbfounded how his wife could not be seen as an added benefit to the royal family, as a true reflection of the real world. Meghan thought of herself as an important representation of the British Commonwealth which is 60 to 70% of color. "How inclusive is that?" — 56 —
"She should be considered one of the greatest assets of the Commonwealth the royal family can ever ask for," implored Harry. "If you see it, you can be it," Meghan quoted from her twoyear-old's book. Markle envisioned her fairytale journey as an inspiration for children all around the world. But Meghan Markle may not be the first black member of the
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British royal family to endure undue attention. Belizean historian, Mario De Valdez y Cocom, in the 1996 Frontline documentary 'Secret Daughter' contends that Queen Charlotte, wife of George III, may fit that billing. Valdez who moved to Boston began his research in 1967 on her black lineage in the Portuguese royal family. Critics of that era were just as brutal and callous when describing her. Great Britain is now facing a changing world. Recently, Barbados became the first Caribbean nation to exit the British Commonwealth. Besides neglect, Chinese huge bankroll capital and her rising influence in the Caribbean provided the wedge that made the rift possible. In March 2020, an independent review found former PM Theresa May's administration showed ignorance and thoughtlessness when they made irrational demands of Caribbean immigrants
to prove legal residency.The Windrush Scandal, as it was labeled named after the first ship shuttling Caribbean immigrants to England, resulted in 83 wrongful deportations. It was a clear indication that racial undertones were creeping into British public policy. In time, any whiff of racism in the harsh treatment of Meghan, Harry, and infant son Archie will be snuffed out by the "Institution." Already, Meghan's father, Thomas Markle, has publicly dispelled any notion that racism exists in the royal family. The Queen in an official statement two days after the interview, noted that the whole family is saddened to learn the full extent of how challenging the last few years have been for Harry and Meghan.The issues raised particularly that of race are concerning. While some recollections may vary, they are taken very seriously and will be addressed by the family privately. Harry, Meghan, — 57 —
and Archie will always be loved by the royal. family. “I respect my grandmother's decision," said Harry who is awaiting a final exit agreement with her and the royal family at the end of March. Coincidentally, about the same time on March 29th is the start of the George Floyd trial. "We are thriving....it's just the beginning," said Meghan.Their new media company Archwel and business deals with Spotify and other companies have unleashed even more tabloid derision calling them “money-grabbing royals.” The sun never sets on the British Empire. Even a symbolic monarchy cannot ignore the winds of change fanning a prevalent firestorm against racism worldwide. But the royal family with its enormous wealth and global outreach will find a way to survive yet another crisis.
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Jamaica’s Private Sector to Help Government Supply COVID-19 Vaccine
In this July 27, 2020, file photo, nurse Kathe Olmstead prepares a shot that is part of a possible COVID-19 vaccine, developed by the National Institutes of Health and Moderna Inc., in Binghamton, N.Y. Moderna said Monday, Nov. 16, 2020, its COVID-19 shot provides strong protection against the coronavirus that's surging in the U.S. and around the world. (AP Photo/Hans Pennink, File)
February 2, 2021 Some Jamaican citizens may end up having to pay for the COVID-19 vaccine later this year. The private sector organization on the island says it wants to team
up with the ministry of health to vaccinate up to 70 percent of the population this year. The ministry of health and wellness had plans to provide the shots free of cost to 16 percent of the population in 2021. — 58 —
The proposed public-private partnership sees the private sector groups assisting the ministry in sourcing, storage and transportation of approved vaccines; administering training; marketing and public relations; as well as the
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vaccination of private-sector workers and staff. The private sector has also recommended that it be allowed to import vaccines with the approval of the MOHW. “To facilitate this vaccination of the workforce, we recommend that the private sector be allowed to purchase and import its own supply of vaccination for deployment, under the supervision and guidance of the MOHW in the same manner as non over the counter drugs are now handled,” said Christopher Zacca, President and CEO of Sagicor Group Jamaica, and a former president of the Private Sector Organisation of Jamaica (PSOJ). “We are attempting to reach herd immunity through this partnership in the shortest possible time…I believe the Ministry views that as 60 to 70 percent of
the population, so that would be in the region of one and half to two million people,” Zacca said. The private sector plans could see many Jamaicans having to pay for the shot if they choose not to wait on free inoculation from the government. Dr Christopher Tufton, the Minister of Health, says he is on board with the initiative as it means Jamaica would sooner be over the hump of COVID-19. “Whatever private entity decides that they want to take some in, pay for it and administer it, for example, to their employees, then I think the more the merrier and I would certainly encourage it, but it will not impact or affect the Government’s responsibility to provide a vaccine,” he said. “There may be some that can afford to pay for it — and they should and I would encourage it
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frankly speaking.” The health minister stressed that “paying won’t hurt the process” as there was no chance of persons needing the vaccine and not being able to access it. He said that the ministry of health has an obligation to provide the vaccine free of cost to the country’s citizens. Prime Minister Andrew Holness has also praised private sector entities for the initiative. “I was informed that many private sector companies are seeking to ensure that they can get supplies of COVID-19 vaccines for their staff,” he said. The Prime Minister said this demonstrates that they are “not just waiting on the Government,” but are being proactive by taking steps to source vaccines.
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SOCIETY
BY KARL VILLANUEVA
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t's becoming a trend in Republican politics late ly. That is, leaving people behind for dead. Recently, a reputable British medical journal puts the blame for 40% of the coronavirus deaths in the United States squarely at the feet of former President Donald J. Trump. His inaction and gross failure of leadership is responsible for at least 200,000 deaths. At its present pace, epidemiologists are projecting 600,000 deaths within a couple months. But oddly, just a few days ago a Republican Senator took an ill-advised flight to Cancun, Mexico with his family in tow on a vacation getaway smackdab in the middle of a humanitarian crisis back home.
Among the tragic deaths that ensued an 11-year-old child froze to death in a mobile home while an elderly man perished from the bitter cold in his recliner. EvenTed Cruz' (the Senator in question) family dog Snow Flakes was left behind. Across the Lone Star state, 28 people perished as an artic blast paralyzed an unprepared electrical grid. The extreme temperatures froze natural gas wells, wind turbines, nuclear and solar sensors that were not weatherized for the cold freeze. Because Texas' electrical grid is designed as a standalone, it does not share its electricity with other states to avoid federal tampering, oversight or regulations. It came — 61 —
close to a total, debilitating shutdown. Restoration of power would have taken months. The Electric Reliability Council of Texas controls 90% of the state’s power production and distribution. El Paso which is a part of the Western Grid experienced no blackouts. Water pipes froze and busted in thousands of homes, and streets and highways remained impassable for days. Up to Friday, residents with containers joined long queues to fetch water. The death toll continues to rise. But the most historic 'left for dead' event this year has been the siege on the Capitol where a sitting Republican President unleashed a sedi-
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tious mob on lawmakers. One perturbed Texan lawmaker who prosecuted Trump as an impeachment manager testified that his fellow lawmakers were "left for dead" by the President. Were it not for the bravery and cunning of an undermanned Capitol and DC Metro Police many lawmakers would have perished. One officer told NPR that some insurgents acted deranged. For their peacemaking efforts, one officer was
killed, another lost an eye, several were stabbed with steel pipes, and it is alleged that suspected brain injuries led to the suicides of two other officers. In total, 140 officers suffered injuries. Should we forget Puerto Riicans abandoned after Hurricane Maria with no electricity, food or water; an inundated US Virgin Islands, in desperation, begging for help. Hundreds of deaths in the wake of Hurricane Katrina in New Orleans and no — 62 —
emergency help for days. The common thread to each of these instances of people dying or left to die is that there is no accountability. We have come to expect Republican leaders to wash their bloody hands with another conspiracy theory or point to another frozen windmill or in the case of Ted Cruz just blame the damn kids.So much for prolife.
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CARIBBEAN MUSIC WORLD
On the passing of
U-Roy Martin's International sends condolences to the family and friends of Daddy U-Roy, a reggae icon who recently made his transition. U-Roy and some of reggae's most outstanding royalty including Hon. Rita Marley, Spice, Beenie Man, Capleton, Bounty Killer, Koffee, Tony Rebel, and other superstars rocked the 37th IRAWMA (International Reggae and World Music Awards) in Jamaica in 2019. U-Roy re— 63 —
ceived his final IRAWMA's honor, a Reggae50 Special Award. On behalf of Martin’s International, the IRAWMA (International Reggae and World Music Awards ), and the reggae and world music family our deepest and sincerest condolences to the family, friends, and associates of reggae legend, and the master of Rapping, toasting, reggae foundation icon, Daddy U-Roy.
Rita Marley (center) at the IRAWMA 37
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Daddy U-Roy is a multiwinner of several IRAWMA over the last 39 years. He was an Inductee to the IRAWMA Hall of Fame/Lifetime Award, and a recipient of “TheReggae50”, Award. Mr. Ephraim Martin, President of Martin's International and the producer for the annual IRAWMA, said "This is one of the biggest losses in the reggae community in
the last ten years.” Since the 1980s, he captured several of our IRAWMAs, through the years. As we were preparing for the 37th IRAWMA at the Pegasus Hotel, where we presented him with his Reggae50 honor. While sitting at lunch, he said to me, "you have to get me back to the Festival of Life in Chicago," I promised him that I would work on it; but unfor— 64 —
tunately, that was not to be. URoy to me was like more than a friend, he was like a big brother whenever we spoke. He was loved by all in the music industry, and, he will be missed by all. Born: September 21, 1942 (Kingston, Jamaica) Full name: Ewart Beckford Died: February 17, 2021
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Sculptor François Sanon is available for presention and shows. Please contact Mr. Catts Robert Pressoir at (224) 361-5287 — 65 —
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COIN D’HISTOIRE
Par Charles Dupuy
1 - Gérard Viau 2 - Me Alfred Viau, assis au premier plan à côté de Louis Déjoie pendant la campagne électorale de 1957. — 66 —
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S
ous la présidence d'Estimé, les élites du pays vivaient en factions irréconciliableset parmi les nombreux événements accumulés au cours de cette période mouvementée, aucun ne pourra mieux illustrer le persistant climat de rivalité sociale et de haine de classe qui prévalait à Port-au-Prince que la célèbre affaire Viau. Les faits à l’origine de ce funeste épisode se situent au moment où, après la proclamation des résultats de la faculté de droit de Port-au-Prince, on apprit que c’était un étudiant mulâtre, Gérard Viau, qui devenait le récipiendaire d’une bourse d’études à Paris accordée par le gouvernement français. À la surprise générale, le ministre de l’Éducation, M. Maurice Laraque, écarta le jeune Viau pour favoriser nul autre que son propre fils, Ernest Laraque. Le père de l’étudiant débouté, Me Alfred Viau, avocat réputé du barreau de Portau-Prince, dénonce alors le népotisme, la mesquinerie et l’indécence du ministre dans un retentissant article publié par Le Nouvelliste. Aussitôt, La République, un journal progouvernemental, donne la réplique à Me Viau, l’invitant à ne pas se poser en protecteur de la morale publique puisqu’il était parfaitement normal que le ministre, agissant en bon père de famille, pense lui aussi à l’avenir de son garçon, surtout lorsque l’on sait, ajoutait-il, que les mulâtres ont eux-mêmes suffisamment abusé de tels pas-
se-droits par le passé. La polémique s’engageait donc sur le ton batailleur et l’esprit militant qui convenaient bien à cette époque d’affrontements passionnés sur les thèses coloristes, quand elle entra soudain dans une spirale sanglante assez révélatrice de la violence des sentiments quant à la question de classe durant la présidence d’Estimé. Le jeune Viau, s’étant secrètement armé du revolver de son père, alla à la rencontre de Jean Rémy, le directeur de La République. Ce matin du 6 juillet 1948, après avoir conduit Henri, son aîné, à l’Institut Saint-Louis de Gonzague, Rémy était resté dans sa voiture devant l’Imprimerie de l’État, ses enfants Nicole et Raymond installés sur le siège arrière quand, ivre de colère, Viau l’interpella, lui demanda si c’était bien lui le directeur de La République. Après un bref dialogue, Gérard Viau vida le contenu de son chargeur en tirant à bout portant sur son ennemi. Sans même tenter de s’échapper, il se laissa maîtriser par les employés de l’imprimerie et par la foule des curieux qui s’amassaient sur les lieux du drame. Pendant que des soldats sortaient du proche Pénitencier national afin d’appréhender Viau et le conduire en cellule, on transportait Rémy à l’Hôpital général où, très vite, il succomba à ses blessures. Le président alla visiter cet ami afin de lui apporter un témoignage public de considération, d’af— 67 —
fection et de soutien.Quand les nouvelles parvinrent à Estimé, nous dit Lyonel Paquin, il répondit instantanément «L’assassin est-il encore vivant?» (Les Haïtiens, politique de classe et de couleur, p.103) Peu après, Gérard Viau était reconduit menotté sur les lieux de l’attentat. C’est là que l’attendait un groupe de jeunes militants estimistes surexcités qui l’écharpèrent sauvagement avec les armes les plus hétéroclites: couteaux de cuisine, pics à glace, poignards et coups-depoing américains. Le jeune Viau s’effondra sous les coups et mourut sur le trottoir, sans que les dizaines de soldats qui l’entouraient, aient même tenté de faire un geste pour le protéger. L’affaire Viau permettait de prendre la juste mesure de la déchirure profonde, de la situation conflictuelle permanente dans laquelle évoluaient les élites port-au-princiennes, en plus d’apporter une éloquente démonstration de la polarisation extrême de leurs sensibilités, de leurs rivalités passionnelles et de leur antagonisme social. L’assassinat de Rémy suivi du lynchage de Viau, leurs funérailles simultanées, réveillèrent toutes les haines recuites, toutes les vieilles rancunes mesquines entre la bourgeoisie traditionnelle et les membres de la classe, suscitant au passage une chaîne de querelles partisanes autour de la délicate question de couleur. (L’éloge funèbre de Viau fut prononcé
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par le sénateur Alphonse Henriquez et celui de Rémy par Fernand Prosper.) Se sentant menacé, Me Alfred Viau s’exila avec femme et enfants en République dominicaine. Là, Trujillo lui ouvrit les micros de la radio officielle
où il s’interrogera sur l’autorité morale d’Estimé qu’il dénonçait comme l’inspirateur clandestin, l’auteur intellectuel du meurtre de son fils. Me Alfred Viau reviendra à Port-au-Prince en 1957 pour se porter candidat à la présidence de la Ré-
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publique. Aspirant mineur à la fonction, il s’exila de nouveau à Santo-Domingo après son échec. Alfred Viau est mort à New-York en 1969.
Charles Dupuy coindelhistoire@gmail.com (514) 862-7185
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POLITICS
February 2, 2021
Caribbean American Congresswoman Yvette Clarke Appointed to Top Post
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aribbean American Democratic Congress woman Yvette Clarke announced on Monday her appointment to chair of the United States House of Representatives’Homeland Cybersecurity, Infrastructure Protection and Innovation Subcommittee, under the jurisdiction of the House Committee on Homeland Security.
The Cybersecurity and Infrastructure Protection Subcommittee legislates and oversees programs and issue areas of the US Department of Homeland Security’s (DHS) mission in cybersecurity, infrastructure protection and promoting security technologies. “It will enhance greater collaboration on cybersecurity across the 16 critical infra— 69 —
structure sectors and the sharing of cyber threat information between the private sector and federal, state and local partners”, said Clarke, the daughter of Jamaican immigrants. She said the subcommittee will seek to increase DHS’s ability to protect federal networks, improve the protection of the nation’s critical assets, and ensure the essential devel-
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opment of technology solutions for emerging threats. “I am honoured to serve as chair of the Homeland Cybersecurity, Infrastructure Protection, and Innovation Subcommittee,” said Clarke, who represents the 9th Congressional District in Brooklyn, New York. “The salient issue of cybersecurity encompasses everything that pertains to protecting our nation’s sensitive data, intellectual property, data and governmental and industry information systems from theft, tampering, and damage. “Fundamentally, our society is more technologically reliant than ever before and the spread of false, deceptive or misleading statements, information, acts or practices, amplified by the use of technology and social media, threatens the integrity of democratic institutions, and the rule of law which form the foundation of our democracy,” she added. “I look forward to working with my colleagues and the Biden-Harris administration to advance and fortify our nation’s cybersecurity, infrastructure protection and innovation”, Clarke continued. Congressman Bennie Thompson, chairman of the House Committee on Homeland Security, said he was “glad Congresswoman Clarke will be leading our committee’s Cybersecurity, Infrastructure Protection and Innovation Subcommittee this Congress.
“After the previous administration failed to make cybersecurity a top priority in the face of growing and evolving threats, we will have to make up for lost time,” he said. “As we continue to learn more about the wide-spread cyber campaign targeting federal networks and certain critical infrastructure, there will be a great deal of work ahead to mature our federal network security programs, implement robust chain risk management practices, and evolve the partnership between the Federal government and the private sector,” Thompson added. “I have every confidence Rep. Clarke is the right person for the job.” Clarke, who has been in the US Congress since 2007, is a senior member of the House of Representatives’ Energy and Commerce Committee and a senior member of the Committee on Homeland Security.
Le livre de l’historien
Charles Dupuy est disponible... (514) 862-7185 coindelhistoire@gmail.com
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COVID-19
Le MCC Rend Hommage Aux Professionnels de La Santé en Haïti
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e Ministère de la Cul ture et de la Commu nication, rend hommage aux professionnels de la santé en Haïti. Port-au-Prince , Haïti .- Le Ministère de la Culture et de la Communication, à l’aube de ce nouvel an 2021, rend hommage, dans un communiqué publié le premier jour de l’an, aux professionnels de la santé dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. “A l’heure de la Covid-19, les professionnels de la santé se sont bel et bien sacrifiés en effet, pour soigner, ici et là, des millions de victimes de la pandémie sur l’ensemble de la planète. Si la terre entière tourne autour de 48 millions de cas
guéris de la Covid-19, ceci n’est certainement pas sans inclure, par exemple, Haïti, notre pays où, à cette date, l’on enregistre avec un certain bonheur, près de 9000 guérisons, aux côtés des 236 décès et des 10000 cas d’infections qu’il — 71 —
faut malgré tout absolument déplorer”, lit on dans ce communiqué. “Il y a de cela 217 ans, soit plus exactement, un 1er janvier 1804, Haïti devenait indépendant. Cela n’a été possible que suite à une guerre acharnée,
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menée pendant longtemps contre la France coloniale”, rappelle au passage le ministre dans ce communiqué qui profite de cette occasion pour envoyer une pensée spéciale pour les pères et pour les mères de la patrie haïtienne dont l’immortelle Marie-Claire Heureuse Bonheur qui participa en fait activement à la guerre de l’indépendance nationale, en tant qu’infirmière. “Elle prodiguait ainsi des soins nécessaires aux soldats de son temps, devenus avec le temps, nos héros d’aujourd’hui”, poursuit le ministre qui célèbre tant les héroïnes et les héros de ce temps-là que celles et ceux de notre temps actuel à savoir les professionnels (les) de la santé.” Aussi, la pandémie de la COVID-19 a mis en lumière le rôle « poto-mitan », le rôle extraordinaire de ces femmes et de ces hommes qui ont choisi d’être des disciples d’Esculape pour évoluer ainsi dans un secteur où les défis sont légions. “Tandis que le monde entier faisait, tout au début, la con-
naissance de l’ennemi invisible, les hôpitaux en Haïti étaient jusque-là sous-équipés, en manque de tout. Et les professionnels de la santé n’avaient alors ni déserté le champ de bataille, ni manqué à leur devoir.” Pas de doute qu’ils incarnent donc le bien commun en prenant en charge les patients (es) présentant les symptômes de la nouvelle maladie, souligne le ministre Pradel Henriquez. “Ils éduquent, ils assistent, ils traitent souvent avec peu de moyens à leur disposition. Ils incarnent à la fois la résilience et la résistance qui sont des constantes de notre histoire quotidienne.” En ce 1er janvier 2021, où nous avons tout un souvenir spécial pour nos ancêtres, le Ministère de la Culture et de la Communication croit nécessaire, tout compte fait, de penser à ces femmes et à ces hommes qui n’ont pas peur d’être contaminés pour nous soigner, qui n’ont pas peur non plus, de s’exposer à tous les dangers pour nous redonner la vie.
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POLITICS
Haitian-America, Karen André Appointed As Special Assistant to President Joe Biden
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aitian-American attor ney and political advi sor Karen André was recently appointed as special assistant for presidential personnel in the Joe Biden/Kamala Harris administration. With her appointment, Andre joins the slew of Caribbean Americans in the White — 73 —
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House, alongside Karine JeanPierre, Kristen Clarke, Susan Rice, and of course, Vice President Kamala Harris. Andre is the first person of Haitian descent to hold this position. The Biden/Harris team said Andre joins “a historic and barrier-breaking White House and the administration that looks like America and is ready to deliver results for working families on day one.” The Haitian American was born in New York to Haitian immigrant parents but was raised—and attended school and college—in Florida. She has served as a state-level political operative in various roles since 2004 but her real mission was to find a way to help Black people in meaningful ways. Andre said that during her first semester at Florida International University, her priority was to find a major “that would empower me to help Black people.” She eventually graduated with a Bachelor of Arts in psychology. Andre then went on to pursue a law degree at the University of Miami School of Law. She said she was inspired by legal giants such as Thurgood Marshall, the first Black U.S. Supreme Court Justice and Nelson Mandela, who started out as an attorney. Upon graduation from law school in the late 1990s, she worked with legislators and stakeholders to help lobby and pass the Haitian Refugee Immigration Fairness Act of 1998.
Next, she practiced immigration law in Miami, Florida before returning to work in the political field. Between 2003 and 2004, she worked as a community outreach director for Congressman Peter Deutsch in Florida, after which she served as the political director for the SEIU Florida Healthcare Union. While working in law, Karen Andre used her degree to advocate for immigrants in the Haitian-American community nationwide. She says one of her proudest moments came in 2008 when she organized a multicultural group of pro bono attorneys to successfully represent 28 high school students facing criminal felony charges stemming from a disturbance between students and police at a high school in Miami. After a massive earthquake devastated Haiti in 2010, Andre also co-chaired the Miami Haitian Relief task force. Under her guidance, the task force helped to organize a humanitarian airlift of muchneeded food, water and medical supplies to Haiti. Andre later co-founded Konbit Haiti, a non-profit organization geared at helping with the postearthquake redevelopment of Haiti. During President Obama’s first election campaign, Andre closed her law offices to serve as a field organizer for the ‘Obama for America’ campaign in the poorest parts of Miami. In 2011, she worked with his — 74 —
campaign for a second time as the Florida deputy political director. She stayed close to the Obama administration and was later appointed to serve on the 57th Presidential Inaugural Committee for Obama’s second inauguration in 2013. From 2014 to 2017, Andre served as a presidential appointee in the Obama-Biden administration as the White House Liaison to the U.S. Department of Housing and Urban Development. After President Obama exited the White House, she served as senior advisor to Andrew Gillum in his primary campaign which led to his nomination as the Democratic candidate for governor of Florida in 2018. In the most recent presidential election, Andre worked as a senior advisor to the BidenHarris Campaign in Florida and for the campaign’s National Faith Outreach. Prior to her role on the campaign, she served as a political director of Organizing Together 2020 in Florida. Karen Andre, who is also a public speaker and author, is currently the president of People First Strategies, where she establishes and maintains partnerships in the public, private and philanthropic sectors. She is one of the founding members of the Haitian Ladies Network and remains proactive among the Caribbean-American community in Florida.
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L’HONORABLE JOSEPH LAMBERT, SÉNATEUR DU SUD-EST, A ÉTÉ ÉLU DE NOUVEAU, PRÉSIDENT DU SÉNAT DE LA RÉPUBLIQUE
Une coïncidence a voulu qu’il soit élu une troisième fois à la Présidence du Sénat, le jour même du 11ème anniversaire du tremblement de terre du 12 janvier 2010. Rappelons que le Sénateur Lambert se trouvait ce jour-là dans l’enceinte du Parlement, et avait été épargné. Dans son premier tweet comme nouveau Président du Sénat, il a déclaré: «En me renouvelant leur confiance, mes collègues ont fait de moi le Président du Sénat de la République. La maison des élus doit être un lieu de décision et d’action. Le dialogue national est indispensable.» Le nouveau bureau de quatre membres est composé des Sénateurs: Joseph Lambert, Président; Kedlaire Augustin, Vice-président; Garcia Delva, 1er Secrétaire; Jean Marie Ralph Féthière, Questeur. Le poste de 2ème Secrétaire sera comblé ultérieurement. Le tiers restant au grand corps est composé de: Joseph Lambert (Sud-est), Patrice Dumont (Ouest), Pierre François Sildor (Sud), Jean Rigaud Bélizaire (Grand’Anse), Kedlaire Augustin (Nord-ouest) Wanique Pierre (Nord-est), Jean Marie Ralph Féthière (Nord), Rony Célestin (Centre) Garcia Delva (Artibonite) et Denis Cadeau (Nippes). Ils sont avec le Chef de l’Etat les seuls élus de la République.
Lesly Condé — 76 —
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COIN D’HISTOIRE
Hôtel Vincent Ogé au Dondon vers 1950. Cette maison appartient aujourd'hui à la paroisse qui en a fait une école presbytérale.
Marc Antoine député du peuple
Marc Antoine est né au Dondon, le 15 juin 1910. Il devait avoir quelque 16 ans lorsque mourut prématurément son père, Albert Antoine. Faute de ressources, l’adolescent abandonna ses études au Collège Notre-Dame pour aller aider sa mère, née Louise Ménard, dans ses activités de commerce. Notons que Marc Antoine se définira toujours comme un com-
merçant, une carrière qu’il exercera jusqu’à la fin de ses jours. Au fil du temps, on le verra élargir amplement ses champs d’activité dans ce domaine. C’est ainsi qu’à l’époque où florissait le commerce de la figue-banane en Haïti, Marc Antoine deviendra détenteur d’une sous-agence de la Standard Fruit pour l’achat de la figue-banane destinée à — 77 —
Par Charles Dupuy coindelhistoire@gmail.com
l’exportation. Travailleur infatigable, il montait presque au même moment une petite usine à traiter le café en cerises jusqu’à le rendre apte à l’exportation. C’est en 1937, sous la présidence de Vincent, qu’il s’engagea en politique. Il n’avait que 27 ans lorsque mourut subitement le député de la GrandeRivière-du-Nord. Dès l’annon-
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ce de nouvelles élections, Marc Antoine se porta candidat à la députation. Triomphalement élu, il renouvellera son mandat et siégera ainsi à la Chambre des députés jusqu’à la chute de Lescot. Au fil des années il tissera des liens d’amitié durables avec ses collègues parlementaires qu’il quittera toutefois sans amertume pour retourner à ses activités de commerce au Dondon, ce cher petit patelin qui restera toujours au cœur de ses pensées. Toujours en 1937, il construisait au centre de Dondon une imposante bâtisse qui abritera à la fois sa résidence, son commerce et un hôtel, l’hôtel Vincent Ogé (1). Juste en face, il aménagea un joli parc public avec un petit kiosque en son milieu que, prudemment, il baptisa Parc Sténio Vincent. C’est parce qu’il faut savoir qu’en Haïti les détenteurs du pouvoir sont des gens plutôt chatouilleux et Marc Antoine ne voulait plus commettre d’impair. Je vous explique. Au moment de la construction de sa résidence au Dondon, les ouvriers qu’il avait engagés se rendirent dans les environs du village afin de trouver les pierres nécessaires au chantier. C’est ainsi que par le plus grand des hasards, ils découvrirent une grotte indienne avec une profusion d’objets taïnos, d’artefacts abandonnés par
les premiers habitants de l’île, les indiens arawaks (2). La découverte de cette grotte fit grand bruit dans les journaux de l’époque et c’est bien fièrement que le député Marc Antoine se rendit au Palais national afin d’annoncer lui-même la nouvelle au président Vincent. Après avoir amplement dé-
s’attendait tout naturellement à ce que la grotte portât son nom. Il apprit donc sa leçon et ne renouvela pas la faute quand il fallut trouver un nom pour le parc qu’il venait d’aménager en plein cœur de son village, ce fut, bien entendu, le parc Vincent. Bien des années plus tard,
crit la grotte au chef de l’État, celui-ci demanda au député quel nom il comptait lui donner. Tout naïvement, celui-ci répondit que la grotte portait déjà son nom, Marc Antoine. Ce ne fut que lorsqu’il eut quitté le bureau du président que, tout soudainement, Marc Antoine se rendit compte qu’il y avait oublié son chapeau. Lorsqu’il retourna dans le bureau de Vincent pour reprendre son couvre-chef, celui-ci dira au visiteur qui l’avait suivi: «comme vous le voyez, cet homme a une grotte qui porte son nom». Marc Antoine comprit alors que, sans le vouloir, il venait de causer une petite blessure d’orgueil au président qui
quand il apprit le décès de Vincent, Marc Antoine quitta précipitamment le Cap où il habitait pour se rendre à l’enterrement du président. C’était en 1959. Alors qu’il s’attendait à trouver une foule très dense aux funérailles, l’ancien député du Dondon eut la surprise de se retrouver avec les trois seuls autres citoyens qui s’étaient déplacés pour conduire Sténio Vincent en sa dernière demeure. Il s’agissait de Léon Laleau, son ancien ministre; d’Ernest Chauvet, le directeur du Nouvelliste et enfin d’Arnaud Merceron, qui fut le chef de sa maison militaire. Dans sa livraison du lendemain, Le Nouvelliste ne manqua pas de fustiger la conduite ingrate
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de la société de Port-au-Prince à l’égard de cet homme qui avait dirigé les destinées de la nation pendant plus d’une décennie. C’est que la classe politique craignait de déplaire à Duvalier, un noiriste déclaré, en allant assister aux funérailles d’un chef d’État mulâtre. Notons en passant qu’afin de récompenser Arnaud Merceron pour cette belle marque de fidélité, Duvalier le nomma aussitôt ambassadeur d’Haïti en Espagne. Peu avant son élection à la présidence par les députés et sénateurs, Élie Lescot se fit un devoir de rencontrer ces derniers un à un et en tête-à-tête. C’était pour s’assurer de leur vote et négocier ce à quoi ils s’attendaient en échange. Dernier parlementaire à être reçu, Marc Antoine exprima le vœu que sa ville natale, le Dondon qu’il représentait, soit doté d’un dispensaire dont la commune était encore, hélas, privée. «Cette demande vous honore! s’écria Lescot. Vous êtes le premier à m’adresser une requête qui ne soit pas personnelle. Regardez, dit-il, en montrant ses notes, tous vos collègues n’ont fait jusqu’ici que solliciter des emplois pour leurs parents et leurs amis. Comptez sur moi, mon cher ami, Dondon aura son dispensaire!» Cinq ans plus tard, Lescot était chassé du pouvoir et Dondon n’avait toujours pas de dispensaire. Élie Lescot et Marc Antoine resteront bons amis malgré tout. C’est ainsi qu’au moment
de son exil, alors que le gouvernement haïtien refusait de verser sa pension à l’ancien président Lescot, Marc Antoine, dans le but de secourir la famille Lescot dans son malheur, prit personnellement l’initiative d’organiser une collecte de fonds auprès des amis capois de Lescot. C’était bien sûr avec l’autorisation de ce dernier qui prit d’ailleurs la peine de bien faire comprendre à ses éventuels donateurs qu’il ne sollicitait pas l’aumône, puisqu’il était entendu que, le temps venu, il remettrait leur argent à tous les généreux souscripteurs. Quelques années plus tard, en effet, Marc Antoine retournait les valeurs avancées à chacun de ces amis de Lescot avec les remerciements empressés de celui que seul son honnêteté avait acculé à de tels expédients. Il faut signaler cependant que le montant de cette collecte fut plutôt maigre. Marc Antoine dut même en ajouter de ses propres deniers pour la rendre décente. On aura compris qu’au fil des années, les époux Lescot étaient devenus très proches de la famille Antoine. Chaque fois qu’il se rendait au Cap, c’est toujours chez Marc Antoine que séjournait l’ancien président Lescot. Marc Antoine est mort à Philadelphie le 6 juin 1980. Il laissait dans le deuil une nombreuse descendance (dont sa fille l’ex-première ministre, Claudette Werleigh). Ses funérailles furent chantées en la cathédrale du Cap-Haïtien. — 79 —
Notes (1)
Cette maison a été remise par les héritiers de Marc Antoine à la paroisse du Dondon qui en a fait une école presbytérale.
(2)
Cette fameuse grotte et son contenu d’une valeur inestimable aurait été vandalisé au fil des années.
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OPINION
The Second Coming BY KARL VILLANUEVA
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e is the most im peached President in US history. But prominent and influential GOP leaders are already heralding Donald J. Trump's ascension to the Oval Office next time around. On Thursday, Senate Minority Leader Mitch McConnell (R. Kentucky) publicly pledged
his absolute and unequivocal support for Trump as the GOP's anointed 'Messiah' in 2024. It is a crusade that is well underway. Even Trump's punching-bag and constant thorn in his side Sen. Mitt Romney (R. Utah) is conceding that the nomination is Trump’s for the taking. In so many words, the writing is on — 81 —
the wall. No other candidate exists, at least for now, who can muster adequate support or consideration to oppose or replace the disgraced demagogue -Donald J. Trump. It's full speed ahead. At the Conservative Political Action Committee Conference (CPAC) this week a golden life-size statue of Trump
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was wheeled into the main ballroom. On Sunday, Trump delivered the Keynote Address to deep-pocket conservative activists who salivate at the prospect of Trump being restored to his old stumping ground. His delusional promise of a third successful run for the Presidency was met with expected applause. In recent polls, more than 60% of GOP voters still do not recognize President Joe Biden as their legitimate President. Proud Boys leader, Enrique Tarrio, boasted this week that when President Trump in a preJanuary 6th. debate told white supremacists to 'stand down and stand by' his membership doubled. At Insurrection hearings on the Hill this week, Sen. Ron Johnson (R. Wis.) read an eyewitness testimony that antiTrump elements and provocateurs were responsible for the mayhem that was unleashed at the Capitol. Initial estimates of damage to the Capitol and other liability exceed $30 million. Johnson testified that the President's supporters proceeded to the Capitol in a festive mood. Because of ongoing omi-
nous chatter on the internet, including one that threatened to blow up the Capitol with every lawmaker inside, barricades have remained in place since January 7th. Biden's upcoming State of the Union Address fits the pro-
archists. At least 28 former and current members of the military face serious felony charges including conspiracy for sedition. One in five rioters arrested in connection with the events of January 6, 2021 are either current US military personnel or
file that would present a major concern for national security planners. Even on March 4rd the Capitol went dark to protect lawmakers from Qanon’s threatened inauguration of Trump to the presidency. So entrenched is blind support for Trump throughout the country that even the Pentagon is scrambling to vet their own ranks to weed out potential an-
bona fide veterans. Even religious organizations have not been spared the outreach of Trump's cult-like conscription. Churches are now fertile breeding grounds for Q-anon's conspiracy theory proponents. There are members of the church hierarchy and their flock who worship the very ground Trump walks on be-
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cause of his anti-abortion politics and his successful nationwide installation of ultra-conservative judges to the bench. In the vast urban and rural hinterlands of Americana, gunloving so-called patriots target every liberal Democratic candidate as the enemy and are enamored by Trump's 2nd Amendment stand as the only mortal who can defend their Constitutional right to bear arms. In this trigger-happy wasteland thrive white supremacists, and anti-immigration hotheads who depend on tattoos etched on their bodies to declare their manifesto and colors. These are dangerous people. Members of one militia group is languishing in jail awaiting trial faced with felony charges for conspiring to kidnap and execute a state Governor. It is a tinderbox. Even for Trump himself. These militarized robots depend on his direct programming and are prepared to turn on him instantly if he turns down the vitriole. When more than 200 Capitol insurrectionists face a judge in the upcom-
ing months, it will be revealing if the 'Trump let me do it defense' will get them off the hook or endanger Trump even further. But nowhere does Trump's magnanimous presence commands more reverence than on Wall Street where huge tax breaks and COVID-19 largesse have enriched so few so quickly. Not to mention, $162 billion in profits in a single month by a handful of mega-corporations. Mega churches and mega corporations worship at the same table when it comes to Trump. Truly, Trump can do no wrong. Imprison CentralAmerican migrant toddlers; no problem. Incite violence on the Capitol; no problem. Defy the Feds for revealing his lecherous proclivities and scandalous tax records; no problem. Usurp election results to hold on to office; pardon me please; he's only stopping the steal. On the flip side, despite almost 80% approval for Biden's version of COVID-19 relief, Republicans are squarely dugin behind Trump's clones in Congress who vociferously oppose Biden's rescue plan. Some Republican legislators, like Sen. Leslie Graham (R. S. Carolina.) who immediately expressed outrage at home-grown citizens storming the Capitol, are now fully engaged in instant-packaging doublespeak. They are dutiful— 83 —
ly blocking on offense for Trump as he broods quietly at the omelet bar at Mar-a-Lago. Meanwhile, back in the House, Kevin McCarthy Republican Minority Leader just back from a Trump ass-kissing visit to Florida, Jim Jordan ( R. Ohio), Steve Scalise (R. Louisiana), and a troop of hi-octane Trumpsters continue to shut down sane, democratic governance in every conceivable way possible to bid time for Trump. "Trump ain't going nowhere," declared Sen. Ted Cruz (R. Tex) jubilantly at CPAC on Friday. At 74, if Trump can stay healthy and his intimidating political infrastructure does not cannibalize or crucify him before 2022, then, on a current wave of unwavering Republican support, Trump appears to be a shoe-in for the GOP Presidential nomination. And so, another war for the soul of American democracy is in the making. If Biden expects to prevail, he will need much more help than he garnered the last time around. If Trump's goons are in jail, it will be a welcome blessing. But it is evident that this upcoming war will be won by winning over the psyche of the American people who are assailed daily by a constant barrage of conspiracy theories. Biden needs another vaccine. One that can inoculate American voters against lies and alternate facts.
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OPINION
Ces monarchies qui nous ont spoliés, violés, ruinés… Par Max Dorismond Il est de ces lectures ou de ces nouvelles qui viennent déranger
pour chasser l’ennui. Quelle ne fut ma surprise d’apprendre de la bouche du couple Meghan-Harry d’Angleterre, devant Oprah Win-
compris ou c’est un mauvais rêve. Réveille-toi, Max ! Je ne crois ni mes yeux ni mes oreilles ! Ce n’est pas le premier scan-
votre quotidien et vous laissent sans voix, au point de crier votre frustration, à fendre l’âme. En pleine nuit, suite à une carence de sommeil, j’ai ouvert mon iPad
frey, que « la famille royale s’inquiétait de la couleur de la peau des bébés à venir… Que ces derniers ne seraient jamais princes » ! Répétez pour moi ! Ai-je bien
dale à secouer l’empire. Souvenons-nous de l’abdication de l’arrière-grand-oncle du prince Harry, le duc de Windsor, le roi Édouard VIII, pour se marier avec la belle
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actrice américaine, Wallis Simpson. Ce scandale avait incité Hitler à mijoter l’idée de jouer sur la frustration de ce dernier pour l’utiliser comme épouvantail, ou comme marionnette, en cas de victoi-
chiens fidèles de toutes les couleurs, se cabrent dans les coins à l’idée de voir leur clan contaminé par le surplus de mélanine de Meghan, « ce poison » infiltré par amour dans le cortège royal.
qui conduira le monde entier vers un métissage accéléré. Cette réalité inévitable empêche plusieurs de dormir, à l’instar de la vieille reine d’Angleterre, quant à la marche de la nature
re de l’Allemagne sur l’Angleterre en 1940. Ces rapaces, qui encadrent, dirigent, conseillent le Commonwealth1, un ramassis d’anciennes colonies, qui constituaient, aux siècles passés, leur patrimoine, leur abreuvoir, leur richesse, pour en faire aujourd’hui des rentiers éternels, s’inquiètent de la couleur de la peau de leur progéniture ! Sont-ils sur la même planète que nous ? Vivent-ils à notre époque ? Ces parasites, qui n’ont jamais travaillé de leur vie, qui font embrasser leurs fesses à longueur de journée par des petits
Devant de telles attitudes, on ne peut s’étonner que des sujets de sa Majesté se soient congratulés quand Donald Trump parlait de revenir à l’Amérique d’antan, avec son fameux slogan : MAGA2. On peut aisément deviner qu’il dansait le Set carré3, au Buckingam Palace, en hommage à l’odieuse prétention de cet hurluberlu de Trump. En secret, ils admiraient les Proud Boys, le Klu-klux-klan, les Oath Keeper… qui maintiendraient la pression populaire pour torpiller ce qu’ils appréhendaient le plus : le « Grand Remplacement », le « Grand Reset » ou le Grand Brassage des peuples (en français), cette crise existentielle,
dans l’extinction normale de certaines races, celle des Caucasiens, par exemple. Cette caste de crocodiles, qui a réalisé toute sa fortune sur le dos des Noirs, des Arabes et des Asiatiques, se rebiffe aujourd’hui à la pensée que sa race puisse être souillée par le poison des peuples « pauvres », qui l’ont nourrie, de puis des temps immémoriaux. Ingratitude, quand tu nous inspires! Comment se sentirait-elle demain matin en allant visiter les amis du Commonwealth ? Je remarque encore ces crocodiles hypocrites, un sourire narquois au bord des lèvres, et une bouteille de Sanitizer4 sous la chaise, pour se désinfecter les doigts en attendant la grande ablution ou le bain.
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Car, pour eux, la Covid-19 existait depuis le XVIIIe siècle. Dans leur pensée, le roi africain ou arabe d’en face revient tout droit des chiottes sans se laver les mains. Je comprends pourquoi la Mama porte toujours des gants immenses, même à 40 degrés Celsius. Ils se cachent, tous, derrière le paravent du protocole. Mon œil ! Cette saga me rappelle le texte « Déculturation et renaissance » à la page 104 de mon livre « Les mots pour conjurer nos maux », dans lequel j’analysais la tergiversation de certains métis de SaintDomingue, en 1804, déchirés devant le dilemme de rester dans la nouvelle nation fraîchement créée, pour évoluer en vrais Haïtiens, maîtres chez eux, ou de rentrer en France, ou en Louisiane, pour vivre dans l’humiliation, avec le risque de retourner dans les fers. À titre d’exemple, j’avais rapporté plusieurs cas de déchéances, tels que celui de Thomas de la Pailletterie, le futur Alexandre Dumas, arrivé dans la région de
Caux, en France, avec son père, le Marquis de la Pailletterie, un ancien colon, en compagnie d’une servante. Les notables de la région ne se gênèrent nullement pour affubler ces nouveaux venus de tous les noms, au point où l’un d’entre eux, fatigué de voir quelques métis éméchés festoyer au château éponyme, déclara : « …On en vient à jalouser ces insolents mulâtres, produits des amours déréglées de vieillards libidineux et dévoyés avec des filles si noires, que le cher Voltaire, luimême, affirme sérieusement qu’elles pourraient descendre du singe... Il faut en conclure, continue-t-il, que les mulâtres ne doivent pas corrompre le sang fran— 86 —
çais. Car, une seule goutte impure suffit à empoisonner des générations entières… Mais quand on connait leur lubricité, forcément bestiale, on est contraint d’admettre que la meilleure solution serait de les renvoyer chez eux. Aux îles, en Afrique, chez les singes, mais pas ici5 ».
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Toutefois, le mal est fait. Alea jacta est ! Colorés nous sommes, colorés nous resterons! Quelle que soit la nuance, ils ont construit leur monde pour nous exploiter jusqu’à l’os sous toutes formes de prétextes. En nous divisant, l’un et l’autre, ils ont bien joué leur jeu, jusqu’à l’arrivée de Meghan, pour découvrir leur vraie face. Ce n’est nullement la première fois. Combien de nos métis ont vécu humiliation après humiliation, sans avoir le courage de les dénoncer. Ils sont légion à végéter dans la honte pour avoir succombé à ce désir volage, pour avoir opté pour
ce choix déchirant. Personnellement, je vous le dis, chères victimes, ne vous blâmez pas. Le temps de ces dinosaures, de ces croquemorts, est révolu. Ne rougissez point ! Le chapître de ces monarchies est farci d’anecdotes racistes. Plusieurs têtes couronnées d’Europe
sont tombées en pâmoison à la vue du sexe noir, et des enfants métis sont nés de ces bacchanales. Cherchez à connaître l’histoire de Nabo, ce serviteur noir à la cour de Louis XIV en France, et vous découvrirez le roman caché de Sœur Louise Marie Thérèse, La Mauresse de Moret, la fille noire de ce Roi, enfermée incognito dans un couvent. Vous trouverez aussi un certain Mohamed Abdul Akim au service de la reine Victoria, et vous m’en direz tant. Il y a tant d’historiettes. Même si les intéressés avaient le pouvoir de museler la presse, ils ne pouvaient tordre le cou à la vérité. Elle est têtue et incompressible. Elle résiste curieusement au temps pour émerger au moment où on s’y attend le moins. Nous ne sommes plus au XVIIe siècle. Il leur revient de faire des mea culpa et de demander pardon en restituant les milliards et les milliards de livres sterlings qu’ils ont extraits de la gorge des plus mal pris de la terre. Quand on les voit se déplacer comme des ombres d’eux-mêmes, désarticulés, et parlant peu, ce n’est qu’une technique de marketing pour mieux nous endormir. Ce sont des vampires, toujours assoiffés de richesses. Ce sont des sauvages sans — 87 —
scrupules, qui jouent aux vierges offensées. Dénoncez-les pour les remettre à la place où ils devraient se trouver : Au Musée. Or l’Histoire commence à balbutier. Meghan ne serait pas la première Noire à s’introduire dans la Firme, si l’on en croit la série « Bridgerton » sur Netflix, ou encore « La folie du roi Georges » (1994). Offrons nos bras au jeune couple. Il ne doit ni abdiquer ni rougir. D’ailleurs, indépendante de fortune, de l’argent non tacheté de sang, des dollars honnêtement gagnés, Meghan n’a point besoin de partager la gamelle de ces bâtards pour vivre. Son talent peut nourrir Archie, Harry, le bébé à venir et elle-même, sans nul souci, en attendant le « Grand remplacement ». Max Dorismond NOTE 1 – Le Commonwealth ou Commonwealth of Nations : organisation intergouvernementale composée de 54 États membres qui sont presque tous d’anciens territoires de l’Empire britannique. Il a émergé au milieu du XXI” siècle pendant le processus de décolonisation. (Src. Wikipédia) 2 –MAGA : “Make America Great Again”. 3 –Set Carré: Danse folklorique d’origine Américaine, arrivé au Québec au XIXe siècle. 4–
Ce sont des solutions hydro-alcooliques aseptisantes pour l’hygiène des mains (Src. Wikipédia)
5 –Voir le livre « Alexandre Dumas – les dragons de la reine » de Claude Ribe.
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SANTE
Insuffisance rénale : les soins de dialyse sont hors de prix en Haïti
Pour avoir accès au soin de dialyse en Haïti, le patient doit pouvoir payer 1600 à 1800 dollars américains mensuellement. Interrogé à ce sujet le mercredi 24 février, le docteur Jean Hénold Buteau admet que le revenu des Haïtiens est trop faible pour couvrir des soins de dialyse extrêmement coûteux. — 88 —
«
L’accès au soin de santé est difficile en Haïti, mais pour le service de dialyse, c’est encore plus tragique» se désole le docteur Buteau qui admet que beaucoup de patients ne peuvent se payer ces soins dans le privé. L’alternative, dans ce cas-ci, est l’hôpital de l’université d’État d’Haïti communément appelé Hôpital général. Dans cet établissement, les services sont gratuits. De plus, les in-
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ternes intéressés par ce service peuvent se mettre à contribution. Cependant, la direction de l’hôpital de l’UEH préfère rester muette et ne tient pas à parler de son service de dialyse. Elle n‘a pas l’autorisation du ministère de la Santé publique et de la Population pour parler des malades souffrants d’insuffisance rénale, s’excuse la responsable. Le service de dialyse de l’hôpital général dispose de 5 à 6 machines de dialyse, nous confie le docteur Buteau qui travaille également dans le public. Mais s’il faut parler des soins que nécessitent l’insuffisance rénale dans le privé, un malade a besoin, d’au moins, 1600 à 1800 dollars américains pour avoir ac-
cès à un dialyseur pour se faire épurer le sang. Le docteur Buteau a également parlé des dépenses que nécessite ce soin dans un hôpital. Le prestataire dépense, au moins, 128 dollars américains par séance de dialyse sans compter les médicaments, les frais de maintenance des appareils et bien plus encore. Toujours en regard de la situation des malades souffrant d’insuffisance rénale, le docteur Buteau explique que ce service est inexistant dans les villes de province, mis à part le Cap dans le Nord et les Cayes, dans le Sud qui disposent d’un service de dialyse. Et, un des deux ne fonctionne pas. Dans ces cas-là, les patients
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du docteur Buteau doivent se déplacer pour se faire dialyser. Les suivis médicaux se font par téléphone. Entre l’inaccessibilité et la cherté des soins de santé en Haïti, notamment des soins de dialyse, la prévention a toute son importance. Le néphrologue a également parlé des malades atteints de diabète, d'hypertension qui sont plus aptes à développer l’insuffisance rénale. Le plus grand défi d'un spécialiste en néphrologie c'est de permettre à un malade en insuffisance rénale précoce de se rétablir. Geneviève Rose Murdith Joseph LE NATIONAL
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HISTORY
The U.S. Occupation of Haiti From 1915 to 1934 Responding to near-anarchy in the Republic of Haiti, the United States occupied the nation from 1915 to 1934. During this time, they installed puppet governments, ran the economy, military and police, and for all intents and purposes were in absolute control of the country. Although this rule was relatively benign, it was unpopular with both the Haitians and the citizens of the United States and American troops and personnel were withdrawn in 1934.
By Christopher Minster Updated January 14, 2020
Haiti’s Troubled Background
Body of Charlemagne Péralte, whose body was nailed up to a door in the town of Hinche following his killing by members of the USMC. Image taken by US forces and published to demoralise Péralte's remaining followers.
Since gaining independence from France in a bloody rebellion in 1804, Haiti had gone through a succession of dictators. By the early twentieth century, the population was uneducated, poor and hungry. The only cash crop was coffee, grown on some sparse bushes in the mountains. In 1908, the country totally broke down. Regional warlords and militias known as cacos fought in the — 90 —
Christopher Minster, Ph.D., is a professor at the Universidad San Francisco de Quito in Ecuador. He is a former head writer at VIVA Travel Guides. Minster, Christopher. "The U.S. Occupation of Haiti From 1915 to 1934." ThoughtCo, Feb. 16, 2021, thoughtco.com/haiti-the-us-occupation1915-1934-2136374.
streets. Between 1908 and 1915 no less than seven men seized the presidency and most of them met some sort of gruesome end: one was hacked to pieces in the street, another killed by a bomb and yet another was probably
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poisoned.
The United States and the Caribbean Meanwhile, the United States was expanding its sphere of influence in the Caribbean. In 1898, it had won Cuba and Puerto Rico from Spain in the Spanish-American War: Cuba was granted freedom but Puerto Rico was not. The Panama Canal opened in 1914. The United States had invested heavily in building it and had even gone to great pains to separate Panama from Colombia in order to be able to administer it. The strategic value of the canal, both economically and militarily, was enormous. In 1914, the United States had also been meddling in the Dominican Republic, which shares the island of Hispaniola with Haiti.
Haiti in 1915 Europe was at war and Germany was faring well. President Woodrow Wilson feared that Germany might invade Haiti in order to establish a military base there: a base that would be very close to the precious Canal. He had a right to worry: there were
many German settlers in Haiti who had financed the rampaging ?cacos with loans that would never be repaid and they were begging Germany to invade and restore order. In February of 1915, pro-US strongman Jean Vilbrun Guillaume Sam seized power and for a while, it seemed that he would be able to look after US military and economic interests.
The US Seizes Control In July of 1915, however, Sam ordered a massacre of 167 political prisoners and he was himself lynched by an angry mob that broke into the French Embassy to get at him. Fearing that antiUS caco leader Rosalvo Bobo might take over, Wilson ordered an invasion. The invasion came as no surprise: American warships had been in Haitian waters for most of 1914 and 1915 and American Admiral William B. Caperton had been keeping a close eye on events. The marines that stormed the shores of Haiti were met with relief rather than resistance and an interim government was soon set up.
Haiti Under US Control Americans were put in charge of — 91 —
public works, agriculture, health, customs, and the police. General Philippe Sudre Dartiguenave was made president in spite of popular support for Bobo. A new Constitution, prepared in the United States, was pushed through a reluctant Congress: according to a debated report, the author of the document was none other than a young Assistant Secretary of the Navy named Franklin Delano Roosevelt. The most interesting inclusion in the constitution was the right of whites to own land, which had not been permitted since the days of French colonial rule.
Unhappy Haiti Although the violence had ceased and order had been restored, most Haitians did not approve of the occupation. They wanted Bobo as president, resented the Americans’ highhanded attitude towards the reforms and were indignant about a Constitution that was not written by Haitians. The Americans managed to irk every social class in Haiti: the poor were forced to work building roads, the patriotic middle class resented the foreigners and the elite upper class was mad that the Americans did away with the corruption in government spending that had previously made them rich.
The Americans Depart Meanwhile, back in the United States, the Great Depression hit and citizens began wondering why the government was spending so much money to occupy
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an unhappy Haiti. In 1930, President Hoover sent a delegation to meet with President Louis Borno (who had succeeded Sudre Dartiguenave in 1922). It was decided to hold new elections and begin the process of withdrawing American forces and administrators. Sténio Vincent was elected president and the removal of the Americans began. The last of the American Marines left in 1934. A small American delegation remained in Haiti until 1941 to defend American economic interests.
Legacy of the American Occupation For a while, the order established by the Americans lasted in Haiti. The capable Vincent remained in power until 1941 when he resigned and left Elie Lescot in power. By 1946 Lescot was overthrown. This marked the return to chaos for Haiti until 1957 when they tyrannical François Duvalier took over, beginning a decadeslong reign of terror. Although the Haitians resented their presence, the Americans accomplished quite a bit in Haiti during their 19-year occupation,
including many new schools, roads, lighthouses, piers, irrigation and agricultural projects and more. The Americans also trained “La garde d'Haïti”, a national police force that became an important political force once the Americans left.
https://www.thoughtco.com/haiti-the-usoccupation-1915-1934-2136374
L’art de Jean-Salomon André
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SOCIETY
Remember the Father of the People
Jesuit Father John J. Stochl died November 6, 2016, in St. Louis. Remembered for his lifelong service in the small Central American country of Belize, he was 92 years old, a Jesuit for 75 years and a priest for 62 years. Born in St. Louis on May 8, 1924, he was one of four sons of John J. Stochl and Marguerite Martini
Stochl. Preceded in death by his parents and his brother, Joseph Stochl, he is survived by two brothers, James Stochl of House Springs, Mo., and Thomas Stochl of Fallston, Maryland, as well as his brothers in the Society of Jesus. He attended Little Flower School and St. Louis University High — 95 —
School, graduating in 1941. He entered the Society of Jesus at St. Stanislaus Seminary, Florissant, Missouri, on August 17, 1941. After First Vows, he studied at Saint Louis University, where he earned a Bachelor of Arts in English. He served his regency – or practical experience – at St. John’s College in Belize City, Belize.
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After studying theology at St. Mary’s College in St. Marys, Kansas, he was ordained on June 16, 1954. He earned a Master’s in Education with a concentration in guidance from Loyola University New Orleans in 1969 and pronounced his final vows on December 8, 1975. Fr. Stochl spent his entire apostolic life in Belize, the Central American country he fell in love with during his regency. He was likely one of the last Jesuits to travel to Belize on a “Banana Boat” from New Orleans, and his impact on the country and its people is immeasurable. His first assignment was to teach at St. John’s College, but he developed a special interest in Belize’s Garifuna (Carib) ethnic group and began to put together a dictionary of their language, echoing a great Jesuit tradition. He provided a basis that was later expanded upon by others. He returned to Belize after being ordained to teach at St. John’s College in Belize City and as weekend missionary to small rural villages. He founded and developed St. John’s Extension College, which provided the equivalent of high school education to many adults. For years, he taught classes at the College during the day, then biked down to the Ex-
tension Department for evening classes, putting in long hours. In this work, he developed relationships with many of the city’s poor. Always available for whatever was needed, he became headmaster of St. John’s High School; this expanded his contacts with some who would become and still are leaders in Belize. Fr. Stochl was the first American Jesuit to become a Belizean citizen. When he became Mission Superior (197783), he traveled the country extensively and was active with other Jesuit superiors of the Englishspeaking Caribbean in coordinating the Jesuit apostolic work in Jamaica, Guyana and Belize. He began the efforts to bring Jesuit novices from several provinces to Belize for their experiential formation. For many Belizeans, Fr. Stochl was the priest who led them in prayer at the beginning of each day; for more than 25 years, he had a morning devotional program on Radio Belize. At the age of 80, he undertook a new pastoral ministry at the Belize Prison and helped in the reformation of the country’s whole prison system, utilizing the large network of his former students in both political parties to do so. Fr. Stochl taught many of the privileged members of Belizean soci-
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ety, but also the poorest of the poor. As much as he loved teaching English, his greatest joy was serving as pastor at St. Martin de Porres Parish in Belize City and being chaplain in the Belize Prison. All his educational skills, his pastoral skills, and his human ability to connect with the other were put to full use. It was said that if a riot ever broke out in the Belize Prison, the one person who could walk through unharmed was “Padre Jack.” Fr. Stochl had many friends and was known for staying in touch with all of them. He was always ready to help at a moment’s notice. He spent his life going to those on the margins, as both Popes Benedict and Francis have reminded Jesuits that the Church counts on them to do. Those who encountered him never forgot him and, most important, they knew that he never forgot them. Truly a Belizean hero, a servant of the people. and a master teacher of the English language.
Rudolph Bowman Belize National Historical Society https://www.facebook.com/groups/ 589353442017044/permalink/ 772517680367285/?sfnsn=mo
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AVAILABLE / DISPONIBLE Robert Berrouët-Oriol info.robertberrouet.oriol2@gmail.com / CIDIHCA (1) 514.845.0880 — 97 —
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HOMMAGE
Première édition des trophées « Ôla » :
Carole Borna lauréate L
’association «Ilé ya africa» vient de dévoiler le lauréat de la première édition des trophées Ôla récompensant l’évolution et la carrière exceptionnelle d’une femme dans son domaine, l’art. Carole Borna, actuel conseiller technique aux Arts du ministre du Tourisme, de la Culture et des Arts du Bénin est l’heureuse élue. Il faut comprendre la philosophie autour des trophées «Ôla» de l’association « Ilé ya africa» pour savoir pourquoi la distinction à l’occasion de cette première édition est allée à une femme de métier qui aura donné tout ou presque au secteur des arts et de la culture. «Ôla» signifie en yorouba la volonté. «Celle de l’Afrique mère de l’humanité, cette volonté dont la force contribue à hisser la femme», précise Erick Ahouansou, artiste plasticien et président de «Ilé ya africa». Pourquoi alors ce premier trophée échoue-t-il entre les mains de Carole Borna? Tout simplement parce qu’elle est une femme déterminée à aller toujours le plus loin possible dans son évolution et dans sa carrière.
Elle est une «femme d’exception et de parcours», conviennent les organisateurs. Mais pour qui connait Carole Borna, difficile de ne pas s’accorder avec les initiateurs d’un tel projet sur les qualités de l’actuel conseiller technique aux Arts du ministre du Tourisme, de la Culture et des Arts du Bénin. Dans le très masculin milieu des arts et de la culture au Bénin, Carole Borna a réussi à inscrire son nom comme l’une des rares femmes galeristes, si on n’oublie pas qu’elle est artiste quand l’envie la tient. On peut citer à son profit, de nombreuses expositions et évènements de promotion et de valorisation des arts — 98 —
et de la culture. De l’ombre, elle est vite passée à la lumière non seulement en s’imposant, mais aussi en imposant son espace galerie d’art Abc de Cotonou. L’autre pan de son action, pour ne pas dire de son engagement à la cause de la culture, c’est que Carole Borna œuvre pour le partage des connaissances et la transmission des savoirs, en intéressant les plus jeunes, particulièrement les enfants, à l’histoire de l’art et à l’expression de leur créativité. Parcours exceptionnel Depuis plusieurs années, la lauréate des trophées «Ôla» s’investit aussi dans la préservation et la
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valorisation du patrimoine culturel béninois ainsi que dans la promotion de la culture du pays. Elle tient également une place de choix dans le processus de restitution des biens culturels du Bénin. Elle y travaille activement depuis le début du processus, notamment en tant que membre du groupe de travail chargé de la mise en œuvre du Programme de travail commun entre le Bénin et la France. Très active dans le milieu associatif culturel national et à l’international, Carole Borna apporte aussi son expertise au ministère en charge de la Culture depuis 2016. Elle a occupé successivement les fonctions de directrice adjointe du Patrimoine culturel puis de directrice du Patrimoine culturel avant d’être nommée depuis conseiller technique aux Arts sous le ministre Jean-Michel Abimbola. Formée à la Parson’s School of Design de New-York et titulaire d’un Master en coopération artistique internationale, Carole Borna a toujours opté dans ses choix professionnels pour le brassage des cultures et pour la diversité des expressions culturelles. Elle est à la tête de Abc Productions depuis 2008. Une structure devenue entre-temps virtuelle mais qui collabore avec des galeries d’art, des institutions et des associations à caractère social et culturel en Afrique et en Europe, dans le but de créer des passerelles pour le dialogue des peuples, pour découvrir des talents originaux dans les domaines des arts plastiques et des arts vivants afin de les présenter au grand public. Elle recevra son trophée à l’occasion d’un vernissage intitulé « Célébrer l’Afrique ».
Par Josué F. MEHOUENOU 10 mars 2021 www.lanationbenin.info
Carole BORNA : une vie au service du BON’ART
E
lle a la discrétion de ces érudits qui ne prennent la parole que quand ils pensent avoir quelque chose de pertinent à dire. Elle arbore en permanence ce sourire qui semble agir sur son visage comme un élixir de jouvence. Comme un tableau de Van Gogh ou, tout près, de Tchiff, Carole Borna est de ce genre de curiosités qui, sans avoir rien fait dans ce sens, ne passent jamais inaperçues. Ceux qui l’ont côtoyée à la Parson’s School of Design de New-York (où elle a été formée) peuvent-il dire aujourd’hui qu’ils ont réussi à percer le mystère qui entoure la relation d’amour qu’elle entretient avec les beaux-arts en général ? Recommençons. Au-delà du 8 mars, tout ce mois consacré à bon droit aux droits de la femme, est aussi un élégant prétexte pour mettre en lumière ces femmes qui, au quotidien, dans leur secteur d’activités, œuvrent à rendre notre monde meilleur. Pour céder à cet effet de mode qui ne se démode pas, nous avons voulu mettre en lumière, dans cette rubrique culture, une femme du secteur. Titulaire d’un master en coopération artistique internationale, ancienne Directrice Adjointe du Patrimoine Culturel (2016 – 2018), — 99 —
Directrice du Patrimoine Culturel (2018 – 2019), Conseiller Technique aux Arts (CTA) du ministre en charge de la culture (depuis 2019), le choix de Carole Borna s’est, tout logiquement, imposé à notre esprit. Ceux qui l’ont connue bien avant 2016, notamment à travers ses expositions d’art plastique entre Nice, Paris, Cotonou et autres, disent de Carole Borna qu’elle maîtrise l’art de laisser des traces partout où elle passe. En faisant des recherches complémentaires d’informations pour rédiger ce papier, nous ne sommes même pas surpris d’apprendre que l’association artistique et culturelle présidée par Erick Ahouansou (artiste plasticien), ILE YA AFRIKA. Organise cette année la première édition du Trophée ÔLA (Femme & Parcours d’exception) dont la lauréate. Révélée le 8 mars dernier, n’est autre que … Carole Borna ! La collaboratrice de Jean Michel Abimbola sera ainsi distinguée le 20 mars prochain, au cours d’un vernissage fort justement intitulé « Célébrer l’Afrique ».
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