Cyclo Magazine n° 7

Page 1

CYCLO MAGAZINE CULTUREL MONTHEY SEPTEMBRE — DÉCEMBRE 2016



ÉDITO

« QUEL ARTISTE, CELUI-LÀ !» SOMMAIRE

................................ CARTE BLANCHE LUDOVIC CHAPPEX Pp. 2–3 ÉDITO P. 3 AU PAYS DE L’ENFANCE Pp. 4 –7 VOUS AVEZ DIT «CULTURE» ? DANIELLE BERRUT Pp. 8 –9 HIK ET NUNK 2.0 Pp. 10 –13 TITEUF FAIT SES DÉBUTS SUR LES PLANCHES Pp. 14 –15 MÜNCHHAUSEN ? Pp. 16–17 LA GANDINI JUGGLING COMPANY, BIEN PLUS QUE DU JONGLAGE ! Pp. 16–17 AGENDA P. 20

ERRATA DANS LE DERNIER NUMÉRO DU CYCLO (JANVIER–JUIN): — La carte blanche a été annoncée de manière erronée dans la table des matières. Il s’agissait non pas d’une «Carte blanche Nancy Huston» mais d’une «Carte blanche Nancy Huston et Guy Oberson». — Les aquarelles de la page 15 étaient de Guy Oberson.

Qui n’a pas entendu ou utilisé l’expression: «quel artiste, celui-là ! », voulant signifier par là un type pas sérieux, sympa mais un peu hurluberlu, dans son monde, un original qui n’aura pas fait grand-chose de sa vie ? Il en va de l’artiste comme de l’enfant, dit-on, tous deux ne vivent pas dans le monde réel, entendu le monde des adultes. L’auteur dramatique Emile Fabre l’exprimait à sa manière, voici un siècle : « Tous les hommes naissent comédiens et le sont, au moins dans leur enfance.» Ce qui réunit sans doute la plupart des artistes est leur rapport à l’enfance, leur capacité à se relier au temps du jeu, à l’expérimentation et aux innombrables questions que le monde leur inspire. Mais le temps de l’enfance n’est pas celui de l’inconscience ni de la liberté absolue. L’artiste qui n’arrive pas à boucler ses fins de mois ne vit pas cette situation avec plaisir. Et il ne jouit pas de davantage de liberté que le comptable quand il s’agit d’être précis dans son œuvre. C’est un hasard mais ce numéro de Cyclo a pour fil conducteur l’enfance de l’art : Léonard Gianadda, que nous sommes très heureux de recevoir en tant qu’artiste à la Galerie du Crochetan, est fasciné dans ses voyages par les enfants qu’il photographie à travers le monde. Nous parlons aussi d’un spectacle de jonglage, Smashed, qui à partir d’une forme très enfantine va chercher des émotions plus dramatiques. Le Festival Hik et Nunk, deuxième du nom, est réalisé dans un esprit d’amusement proprement enfantin qui prend la ville comme terrain de jeu, un espace rempli de cachettes, de balades, de surprises et d’évènements insolites. Puisse ce numéro démontrer encore une fois que l’art et les artistes sont au cœur de la société et de la ville ! Lorenzo Malaguerra Directeur du Théâtre du Crochetan ILLUSTRATION – LUDOVIC CHAPPEX

Chambre 18 — Pastel, craie, crayon.

(voir page 2)

Ludovic Chappex, né à Monthey en 1983, débute en autodidacte dans l’illustration jeunesse en 1999 aux Éditions Eiselé à Lausanne. Il est diplômé de l’école des Arts Appliqués de Genève en 2004, puis travaille comme graphiste dans plusieurs ateliers entre Sion, Zürich et Monthey. Il étudie parallèlement le dessin académique à l’École de Vitrail & Création dès 2009. Peintre et illustrateur indépendant, il a exposé une série de ses affiches au Malévoz Quartier Culturel de Monthey en été 2016.

................................................................................................... IMPRESSUM Responsable de la publication Lorenzo Malaguerra Comité de rédaction Emmanuel Colliard, Emmanuelle Es-Borrat, Sarah Grau, Julia Hountou, Lorenzo Malaguerra, Mélisende Navarre Secrétariat de rédaction Sarah Grau Graphisme Alain Florey – Spirale Communication visuelle Impression Montfort SA Tirage 2000 exemplaires

©CRÉDITS PHOTOS Page de couverture Claudine Quinn / Page 2 Ludovic Chappex Pages 4 – 7 Léonard Gianadda, Lanqing Zhu, Jiehao Su Pages 8 – 9 Christian Berrut / Page 11 Nici Jost, Crochetan mobile – D.R. Page 12 Mascha Jansen, Aline Fournier / La Fouinographe Page 13 Le Lieu Unique, Crochetan mobile – D.R., Yimmy Yayo Page 14 Grégory Batardon, Sébastien Anex / Page 15 Sébastien Anex Pages 16 – 17 Elisabeth Carecchio / Pages 18 – 19 Ludovic des Cognets, Isabelle Chapuis, Alexandre Galliez, Olivier Gachet (LTDanse)

3


..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

AU PAYS DE L’ENFANCE ..

..

..

— Texte de Julia Hountou, Commissaire de la Galerie du Crochetan —

..

PHOTOGRAPHIES DE LÉONARD GIANADDA

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

.

...................................................................................................

EXPOSITION 15 DÉCEMBRE 2016 — 22 FÉVRIER 2017 VERNISSAGE PUBLIC : JEUDI 15 DÉCEMBRE, 18H (avant le spectacle de Alonzo King LINES Ballet) GALERIE DU CROCHETAN Entrée libre

«La Galerie du Crochetan propose de (re)découvrir l’univers photographique de Léonard Gianadda, le temps d’une exposition. Au gré de ses rencontres et de ses voyages, il partage sa vision singulière du monde, nous offrant un aperçu de la vie d’autrui. Nous verrons ainsi comment, il parvient à capter les moments décisifs pour surprendre notamment les enfants des rues débordant de vitalité, qu’ils soient graves ou facétieux. Chacun, à travers ses vêtements, sa pose, son expression et son regard, nous raconte son histoire avec une spontanéité et une franchise désarmantes. En regardant ces clichés, nous avons été immédiatement frappés par leur intensité.» 1 ...................................................................................................

Commissaires de l’exposition : Sophia Cantinotti, Julia Hountou et Jean-Henry Papilloud. Exposition en collaboration avec la Fondation Pierre Gianadda.

« Je donnerais tous les paysages du monde pour celui de mon enfance.» Emil Michel Cioran, Histoire et utopie Le Caire, 1956

1 2 3 4

Julia Hountou Sophia Cantinotti Jean-Henry Papilloud Editions demoures – TSR, 2002, 94 p. 18 juin – 20 novembre 2016, Fondation Pierre Gianadda, Martigny.

«La photographie joue un rôle important dans le parcours de Léonard Gianadda. Elle est, dans les années 1950, son premier moyen d’expression artistique. Et, lorsque, cinquante ans plus tard, ses reportages sortent de l’oubli, l’étonnement est général devant la qualité et l’originalité des clichés. Grand admirateur du travail photographique d’Henri Cartier-Bresson, le jeune reporter prend un réel plaisir à aller à la rencontre des gens et à les photographier dans leur monde, leur quotidien. (…) Peu importe les origines et les langues, il réussit à gagner la confiance des personnes, dans des échanges que l’on devine vrais. Dans ses clichés, on retrouve des parentés certaines avec les approches des grands photographes de l’époque, mais aussi un regard personnel légèrement décalé sur le monde qui l’entoure.» 2 ...............................................

4


Lanqing Zhu — Les Diablerets

Syrie, 1960

Entretien entre Jean Clair (ancien directeur du Musée Picasso et membre de l’Académie française depuis 2008) et Julia Hountou

— Julia Hountou — En tant qu’ami, auteur notamment de la préface du livre «Léonard Gianadda – Un bâtisseur converti à l’art» 3 et commissaire de plusieurs expositions à la Fondation Gianadda, quel regard portez-vous sur les photographies de Léonard Gianadda ? — Jean Clair — «Lors du vernissage Picasso – L’œuvre ultime – Hommage à Jacqueline 4 à la Fondation Gianadda, j’ai dit à Léonard : «Dans quarante ans, lorsque l’on reverra les œuvres que la Fondation Gianadda a montrées, une bonne moitié des grands noms qui y ont été si généreusement exposés sera certainement en partie oubliée. En revanche, les photographies que tu as faites à vingt ans, alors jeune journaliste, en particulier en Russie, constituent des documents si étonnants qu’ils vont acquérir énormément d’importance au fil des années.»

Jiehao Su — Snowy Pine Tree

LE REGARD DE DEUX PHOTOGRAPHES CHINOIS SUR LES MONTAGNES DU VALAIS — LANQING ZHU ET JIEHAO SU EXPOSITION

Ces témoignages sont en effet très émouvants de par la générosité qu’ils expriment. La véracité du propos et la bienveillance du regard sont deux qualités rarement réunies ; ainsi j’ai été très frappé lorsque j’ai découvert ses clichés. De surcroît, l’homme qui les a réalisés fait montre d’une grande réserve et d’une extrême modestie : il a toujours refusé de se considérer comme un photographe et encore moins comme un grand photographe. Plus le temps passe et plus je pense que son caractère tempétueux, extraverti, parfois tonitruant, ainsi que le formidable éclat de vie qu’il manifeste en permanence composent en fait un masque de pudeur qui le protège et l’empêche de se découvrir plus intimement.

4 SEPTEMBRE AU 22 OCTOBRE 2016 En collaboration avec SMArt / FDDM GALERIE DU CROCHETAN Entrée libre (lu-ve de 9h à 12h et 14h à 18h) L’exposition montre le travail de deux artistes chinois qui ont bénéficié chacun d’une résidence de trois mois, au printemps 2016, dans le Haut et le Bas-Valais. A peine arrivé en Valais, Jiehao SU, le jeune photographe s’est rendu à Rarogne sur la tombe de Rainer Maria Rilke – un poète qui le touche profondément et l'influence artistiquement. Peut-être est-ce l’esprit de Rilke qui l’a amené à abandonner son projet de montrer les impacts positifs et négatifs des activités humaines sur le paysage de montagne – idée avec laquelle il était arrivé en Valais. Il a finalement voulu explorer et se saisir délicatement de l'âme invisible du lieu grâce à son appareil photographique. De son côté, à travers son regard neuf, Lanqing Zhu nous fait découvrir l’atmosphère vaporeuse des «montagnes mélancoliques», tout en délicatesse. (plus de détails, p. 6)

Au fond, l’aspect probablement le plus intéressant de son parcours de vie est ce qu’il a accompli lui-même – sa propre œuvre – et qui avec le temps commence à apparaître de façon éclatante. L’ardeur que dégage ce personnage flamboyant vise à cacher une profonde sensibilité, comme en témoignent les trésors de reportages photographiques qu’il a réalisés dans l’Europe des années 50, en particulier l’Europe de l’Est. Il y révèle son regard candide, sincère, direct et surtout empli d’une belle humanité et d’un altruisme inaltérable, qui ont retenu mon attention. Habituellement, les images prises à cette époque par d’autres Occidentaux sont un peu caricaturales, idéologiques et dénonciatrices. En revanche, grâce au point de vue de Léonard, on découvre la pauvreté de ce pays puissamment dirigé qui sort de la guerre mais surtout la beauté et la force du peuple russe. Ses photographies – remarquables en qualité et en quantité – nous touchent .. et dénotent en outre une admirable maîtrise technique.» .

..

..

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. ... . . . . . . . . . . .

..

..

..

..

5

..

.


Gare de Nyiregyhàza, Hongrie, 1957

Entretien entre l’artiste Sam Szafran et Julia Hountou

LES MONTAGNES MÉLANCOLIQUES LANQING ZHU Lanqing Zhu prête «attention à la façon dont la nature ou la force de l’environnement géographique, façonnent et influencent la société». Aussi Lanqing Zhu s’immerge-t-elle dans les Alpes valaisannes et vaudoises pour photographier VillarsGryon, Leysin, Les Diablerets, Verbier, Saas-Fee, Zermatt... Evitant les sites connus et les thèmes ressassés, elle réalise des images dont chacune dévoile une facette de la montagne telle qu’elle la perçoit. Avec délicatesse et réflexion, elle appréhende la nature majestueuse dont tout semble avoir été dit et montré, pour en saisir au final le substrat plus secret mais néanmoins emblématique. Elle cherche à dépeindre avec une sensibilité à fleur de peau les variations de temps et les sentiments que ces paysages nouveaux lui inspirent. Elle crée des images profondément personnelles, relevant d’une forme de solitude introspective. (v. encadré p. 5)

— Julia Hountou — Vous et Léonard Gianadda êtes liés par une solide et longue amitié. Vous vous êtes rencontrés, via Henri Cartier-Bresson et son épouse Martine Franck. En 1999, Léonard Gianadda vous offre votre première exposition muséale à la Fondation. En tant que complice de longue date, pourriez-vous me faire part de votre regard sur les photographies de Léonard Gianadda ? — Sam Szafran — «Suite à la tragique disparition de son frère puis à la perte de ses parents, Léonard avait totalement occulté ses photographies jusqu’au jour où il les a redécouvertes. Curieusement, c’est lui-même qui s’est alors redécouvert. De façon extraordinaire, ses clichés ont rencontré un succès immédiat. Léonard nous a offert un regard neuf sur nos contemporains. Travaillant en osmose avec son Leica, il a révélé ce que l’on ne voyait pas en Suisse à l’époque : la misère, la faim… La série qu’il a réalisée notamment en Russie relève du génie ; son point de vue comporte une forme de nouveauté d’autant plus remarquable qu’en ces temps régnait dans ce pays une terrible censure. En dépit de cette reconnaissance, Léonard a mis un terme à la photographie en raison des circonstances. Immensément doué, il aurait pu en faire son métier ; il a tant de cordes à son arc ! Outre la construction d’immeubles, il a choisi de s’atteler à édifier la Fondation en hommage à son frère disparu. En fait, qu’il ait cessé d’exercer cet art m’arrange, car il est devenu mécène (rires) !

6

..

.

. ..

.

. ..

.

.

. ..

.


Comme chez nombre de grands photographes, l’influence d’Henri Cartier-Bresson est perceptible dans ses images. Cela m’amuse car Henri – un ami de plus de trente ans – était très intimidé par Léonard, qui a réalisé plusieurs expositions de ses travaux. Henri était un grand bourgeois français, tandis que je suis un petit juif polonais né dans le quartier des Halles à Paris, et je n’ai que faire de la bourgeoisie ; aussi, un jour, je lui ai lancé en riant : «Toute ta vie, tu as fait clic-clac avec ton petit doigt, tu pourrais faire un effort et portraiturer Léonard.» Et il l’a fait.

..

. ..

..

. ..

..

. ..

..

. ..

.

. ..

Rue de Naples, 1957

. ..

.

. ..

..

Au Goum, grand magasin d’Etat, Moscou, 1957

En 2004, après le décès de votre ami Henri Cartier Bresson (1908-2004), vous décidez de donner votre extraordinaire collection . . de photographies de Cartier Bresson à la Fondation Pierre Gianadda. .. Ces deux cent vingt-six clichés en noir et blanc témoignent d’une . . . longue amitié entre trois familles – la vôtre, celle de Cartier-Bresson .. . et son épouse Martine Franck ainsi que Léonard et Annette Gianadda – . nourrie de dialogues passionnés, de repas partagés, de balades dans Paris… — SZ — En effet, après l’enterrement de Cartier-Bresson en 2004, j’ai annoncé à Lilette, ma femme, qui m’attendait à la gare de Lyon, que je voulais faire don de ces clichés à la Fondation. J’ai ainsi offert toute ma collection photographique de Cartier-Bresson. Cela m’apparaît comme un juste retour des choses, un témoignage de gratitude envers Léonard pour sa fantastique générosité, digne du vrai grand mécène qu’il est, pétri de talents. — JH —

Enfin, dans le cadre de nos relations avec Henri Cartier-Bresson, je tiens à vous raconter une petite anecdote qui devrait vous faire sourire. Voici quelques années, Léonard et moi avions déjeuné chez lui. Après le délicieux repas très arrosé, nous avons décidé de faire une bonne sieste dans l’hôtel parisien de Léonard. Lorsque nous nous sommes réveillés, celui-ci m’a dit : «C’était bien.» Ce à quoi j’ai répondu : «Je n’en suis pas certain. Je crois que je suis enceinte » car j’avais trouvé aux Puces de Vanves trois Bibendums en fonte pour son musée de l’automobile. Lorsque je les lui ai fait parvenir, j’ai joint un petit mot indiquant : «Je te rends les trois enfants que nous avons eus au cours d’une sieste ; je suis incapable de les nourrir…». Comme vous pouvez le constater, lorsque nous sommes ensemble, nous nous amusons tels deux gamins.»

Bogota, Colombie, 1961

Souk, Tunis, 1957

7

.


VOUS AVEZ DIT «CULTURE» ? Carte blanche à Danielle Berrut

............................................... C’était du temps des uniformes dans nos écoles, des « bleus de travail ». Pour les pensionnaires de l’Internat, un fourreau à longues manches, fermé par une rangée de boutons. A midi les portes du réfectoire s’ouvraient, dévoilant de longues rangées de tables où trônaient des carafes d’eau. Quelques minutes de brouhaha à l’entrée des élèves, puis une station debout, silencieuse, dévolue à la prière avant les repas, et enfin le raclement des chaises et le va-etvient des cuillers dans les assiettes à soupe. J’étais du nombre et, fort heureusement, assise en face d’un petit tableau accroché au mur. Représentant une maisonnette au toit pointu, isolée dans un paysage de neige. Et c’est alors que je m’évadais, à l’insu des surveillantes ! En une seconde j’enjambais du regard le cadre doré pour m’ébattre dans les allées enneigées. D’écolière anonyme j’étais redevenue un être unique, disposant de sa liberté.

8


La culture – sous forme de sensibilité aux arts, ici à la peinture – a le privilège d’ouvrir une fenêtre sur une réalité autre et d’offrir un espace de liberté illimité. En étant à la portée de tous. Pour ceux que la perspective de rentrer dans un musée rebute ou intimide, nul besoin de faire cet effort. Il suffit d’ouvrir les yeux. La culture est aussi porteuse de sens. Comment oublier Sarajevo, ses maisons bombardées, les hurlements des sirènes et les tirs des snipers embusqués dans les immeubles en ruines ou sur les collines avoisinantes ? Pourtant sur cette terre qui n’était plus celle des hommes, un petit homme muni de son violoncelle a bravé chaque matin la peur et l’apparente absurdité de son acte pour faire vibrer son instrument et rappeler aux survivants terrés dans les restes de leurs maisons que la vie avait encore un sens et qu’un ordre supérieur existait qui triompherait un jour ou l’autre. Si elle est porteuse de sens, la culture est aussi propice aux liens entre les hommes. L’un est blanc, l’autre est noir. L’un est fils de la vieille Europe chrétienne, l’autre de l’Afrique profonde. Kala Jula, c’est leur nom. Djembé, zena et guitare chantent dans leurs mains. Ils se regardent parfois, sourient, les yeux illuminés de joie, tandis que leur musique, originale, fruit de deux personnalités si différentes, embrase le corps des femmes qui se mettent spontanément à danser dans le public. Mais la culture dans son sens le plus large et que l’UNESCO considère comme « l’ensemble des traits distinctifs, spirituels, matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social » ne relie pas seulement les hommes, mais aussi les peuples. La Fête de la Diversité qui a animé l’Esplanade du Crochetan les 4 et 5 juin en est un bon exemple. Déambulant entre les stands, le public était sous le charme des différentes cultures. Alléché tour à tour par l’odeur des kebab, feijoada, raclette ou couscous, il se laissait bercer par les musiques du monde ou le souffle continu du didgeridoo tout en admirant la beauté des costumes et des danses. Sans parler de la variété des types

humains et de leur fierté légitime d’appartenir à un groupe déterminé. Peut-être serait-on tenté d’assimiler cette fierté à un repli identitaire… Mais, a-t-on jamais vu un arbre profondément enraciné craindre vents ou tempêtes ? La conscience de son appartenance ne peut que rendre plus fort, plus compréhensif à l’égard de ce sentiment chez les autres et par conséquent plus généreux et plus ouvert. Un mot encore sur le projet de Simon Rattle avec la Philharmonie de Berlin : intégrer des jeunes défavorisés de tous milieux à la chorégraphie du Sacre du Printemps. A force de travail et de discipline, ils parvinrent à réaliser un spectacle inoubliable dont le film, en 2004, eut un immense succès. « La danse peut changer votre vie ! » leur répétait le chorégraphe. Et c’était vrai, car grâce à cette expérience ils apprirent la tolérance et la solidarité, leur capacité à relever un défi et ils découvrirent aussi la beauté de la musique. Pour les philosophes, la culture est un trait caractéristique de l’humanité. C’est vrai qu’elle donne de l’âme à la vie et dévoile un niveau de réalité supérieur. Qui sait ? Peut-être sera-t-elle seule à nous distinguer des robots toujours plus performants que nous préparent les scientifiques ! ...............................................

DANIELLE BERRUT Née en Valais (1951) Danielle Berrut est titulaire d’une Licence en Lettres de l’Université de Fribourg. Après avoir enseigné les langues vivantes, elle a publié deux recueils de nouvelles, A fleur de nuage (Xénia 2013) qui a reçu le Prix du Village du Livre de Saint-Pierre-de-Clages, La pierre d’amour (Xénia 2014) et un roman : Aymon de Savoie, un prince secret (Pierre Philippe 2016).

9


...

...

...

HIK ET NUNK 2.0 ...

...

«Derrière une porte, dans un appartement ou un hangar transformé en cabinet des curiosités, découvrez les gens qui font de Monthey ce qu'elle est : une ville, extraordinaire et unique comme La fantast’hik balade qui vous fera ouvrir grand les yeux, les oreilles et même vos papilles gustatives. La tête dans le cosmos ou les pieds sur la grande scène du Théâtre du Crochetan, il s'agit à chaque fois de se livrer à une expérience unique et porter un autre regard sur ce qui est tout proche.» Pascal Viglino, directeur artistique de La fantast’Hik balade, artiste, percussionniste et Prix d’encouragement culturel du canton du Valais (2015)

10

...

...

..

Le festival des arts vivants offre l’opportunité aux spectateurs d’ici et d’ailleurs d’expérimenter le « nomadisme artistique » à l’occasion de sa deuxième édition du 17 au 18 septembre 2016 ... à Monthey. ..

— Texte de Karolina Ufa — Originaire de Pologne, Karolina Ufa est en stage pour un an au Théâtre du Crochetan, dans le cadre du Service volontaire européen. Impliquée notamment dans l’organisation du Festival Hik et Nunk, elle nous en donne ses impressions.

............................................... Traditionnellement, les «pratiques artistiques » étaient l’apanage des institutions publiques, guidées par un groupe restreint de professionnels et par le marché de l’art et du spectacle. Quant à la culture contemporaine ou simplement actuelle, elle est souvent perçue par le grand public comme enfermée dans une tour d’ivoire, déconnectée de la réalité et finalement peu accessible. Des institutions culturelles et des artistes tentent ainsi de s’affranchir de cette étiquette élitiste et cherchent à reconquérir un public parfois déçu, désintéressé voire peu concerné par cet art qui paraît encore trop souvent hors de portée.

...

...

...

...

...

...

. . . et culCes nouvelles «pratiques artistiques turelles» prennent leurs quartiers dans des espaces physiques (zones urbaines ou rurales, villes ou villages, quartiers, etc.), sociaux (quartiers défavorisés, lieux d’accueil de populations spécifiques, écoles, etc.) et même symboliques selon la nature des créations artistiques. En délaissant des espaces traditionnels de création et de diffusion, les artistes et institutions développent des projets «nomades», à savoir qu’ils dissolvent les frontières qui prévalent entre différentes disciplines, entre les artistes et le public, entre le public et la population. Ainsi rapprochés, artistes, population et lieux de représentation participent ensemble à un élan créatif hors du cadre traditionnel. C’est la culture du « ici et maintenant », du latin hic et nunc, le «nomadisme artistique» qui s’épanouit hors du cadre spacio-temporel et sociologique usuel. Vivre une expérience au présent Au travers le Festival Hik et Nunk, plusieurs institutions culturelles montheysannes prennent le parti, pour la deuxième fois cette automne, de participer à cet révolution culturelle en marche et propager l’art, « ici et maintenant ». Car le Festival Hik et Nunk est une invitation à tout un chacun d’ouvrir grand ses yeux et ses oreilles et plonger tout entier dans des instants de culture actuelle créés l’espace d’un weekend, à l’échelle d’une ville entière. Ainsi, le Festival investit des espaces habituellement non dédiés à l’art, tels qu’un bar (Marly’s Bar), une ancienne halle industrielle


La Grande Gynandre

vité, les sociétés locales sont elles aussi embrigadées dans le programme haut en couleurs et en surprises du Festival.

Erika Stucky

(Le Mésoscaphe), un balcon, un appartement, l’Église de Monthey, une Esplanade, un immeuble laissé à l’abandon, un bus, la colline de l’Hôtel-de-Ville et l’école de vitrail. D’autres lieux plus «orthodoxes» participent également aux festivités, à savoir le Pont Rouge, Le Kremlin, le Théâtre du Crochetan ou encore la Salle de la Gare. En s’emparant de lieux de vie courante, le Festival tend à se rapprocher plus encore de son public et l’embarquer dans un voyage à travers les arts vivants. Hik et Nunk propose également un programme à large spectre, à savoir qu’il touche une large palette d’arts vivants. Il ne s’arrête pas aux frontières de genres. Se côtoient ainsi sur deux jours concerts, spectacles de danse, théâtres, moments de gourmandise et de créativité, le tout complété par les performances aussi inspirées qu’insolites des sociétés locales. Car en plus du public qui est partie intégrante du weekend de festi-

Quelques créations «nomades» La Grande Gynandre propose aux spectateurs de fêter le 100e anniversaire de la naissance de l’artiste-poétesse valaisanne Pierrette Micheloud dans un endroit «nomade» par définition… un bus. Un spectacle original qui porte à la scène les poèmes et le trajet de vie de cette artiste exceptionnelle dans un cadre intimiste qui invite au voyage, à la réflexion et embarque les spectateurs dans une virée poétique et musicale à tout moment de la journée étant donné que le spectacle sera joué toutes les trois heures, pendant vingt-quatre heures. La chanteuse et musicienne Erika Stucky est par définition une artiste «nomade», en ceci qu’elle dépasse les frontières et les genres musicaux. D’origine valaisanne, née en Californie, elle propose un concert qui va du yodel post-moderne au blues en passant par le rock’n’roll texan et le jazz d’avant-garde. Le Lieu Unique, scène nationale de Nantes, se définit comme «un lieu de frottements, un espace d’exploration artistique, de bouillonnement culturel et de convivialité qui mélange les genres, les cultures et les

PROGRAMME SAMEDI 17 SEPTEMBRE 11h et 17h La fantast’Hik Balade Départ sur l’Esplanade du Crochetan 13h et toutes les 3h jusqu’à di 10h Les 24h de la Grande Gynandre Esplanade du Crochetan 14h Battle de discours politiques Esplanade du Crochetan 15h et 18h30 Bazil Félix Chapelle ardente 15h30 Il faut le boire Salle de la gare 17h Carte Blanche au Lieu Unique Le Kremlin 18h Serico & Fanzine / Street art Pont Rouge 19h Marina Rollman École de vitrail 21h30 Pandour Pont Rouge 23h Odezenne Pont Rouge 00h45 Louisahhh 02h45 Qlons Pont Rouge

11


..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

Erika Stucky

publics ». Nul doute qu’il fera bon usage de sa carte blanche au Kremlin pour emmener les spectateurs sur un terrain musical passionnant. La fantast’Hik balade La fantast’hik balade propose 1h40 de déambulation dans Monthey, au fil des incursions et surprises concoctées par des artistes, des professionnels, des amateurs et des associations locales d’horizons divers. Ensemble, ils joueront avec les sens des participants, feront de leur savoir-faire un art et revaloriseront le « patrimoine urbain » de recoins méconnus de Monthey.

Beatrice Berrut

12

Les 17 et 18 septembre prochains Monthey sera traversée par un « souffle de culture actuelle». Deux journées ininterrompues qui engageront tous les participants, artistes et publics, dans un programme « étanchecuriosité » et une transfiguration collective de la ville.

..

..


Le Lieu Unique

Louisahhh

PROGRAMME DIMANCHE 18 SEPTEMBRE

..

..

..

10h (joué toutes les 3h depuis samedi 13h) Les 24H de la Grande Gynandre Esplanade du Crochetan

..

..

..

..

10h Lovely Sunday Le Mésoscaphe

..

..

13h Olympiades Le Mésoscaphe

Prière de ne pas diffamer

..

15h Bist du frei ? Foyer du Théâtre du Crochetan

Interview de Caroline Dayen, Directrice de Monthey Tourisme

17h Prière de ne pas diffamer Marly’s bar

— Karolina Ufa — Qu’est-ce que ce festival apporte à Monthey? — Caroline Dayen — Ici, nous aimons être un peu différents, originaux, insolites. Monthey Tourisme a organisé Les Balades des Chantiers (visite des coulisses des gros œuvres) en 2013, et l’année dernière, un toboggan géant à l’avenue de la Gare ; deux succès ! Hik et Nunk, c’est aussi ça : un concept qui interpelle de par son nom et son contenu hétéroclite, mais aussi des moments de rencontre et de convivialité entre le public et les artistes, des valeurs chères aux Montheysans. Cette année, le festival prend ses quartier dans tout le centre-ville, pourquoi ? — CD — La ville est riche en lieux culturels, autant en profiter pour les faire découvrir au public en dehors de leur saison habituelle. De plus, Monthey s’est refait une beauté. Nous avons naturellement décidé d’en profiter. L’Esplanade du Théâtre sera ainsi le point central de la journée du samedi.

18h30 Erika Stucky Théâtre du Crochetan 20h Choréoké / Grillades La colline de l’Hôtel-de-ville 22h30 Beatrice Berrut Esplanade du Crochetan

— KU —

Quelle est la vision commune de Monthey qui existe entre la culture et le tourisme ? — CD — D’un point de vue touristique, la richesse culturelle de la ville en fait son point fort et la rend incontournable au niveau romand. Les collaborations sont nécessaires et profitables pour chacun. Ce projet en est un bon exemple. — KU —

..

..

..

Plus d’informations : www.hiketnunk.ch

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

..

13

..

.


TITEUF FAIT SES DÉBUTS AU THÉÂTRE *

.............................................................................. Des planches dessinées aux planches des théâtres romands, il n’y avait «qu’un» pas (ou plus) que Karim Slama a décidé de franchir il y a plus de trois ans. A quelques jours de la première, il revient sur l’aventure de Titeuf, le pestacle qui réunit comédiens et doubles en mousse autour du célèbre personnage de bande dessinée, Titeuf.

..............................................................................

..

..

..

..

..

..

..

— Entretien réalisé par Sarah Grau, responsable communication du Théâtre du Crochetan —

...................................................................................................

TITEUF, LE PESTACLE * MERCREDI 5 ET JEUDI 6 OCTOBRE À 19H HUMOUR THÉÂTRE DU CROCHETAN Plus d’information sur : http://titeuf-le-pestacle.ch *librement adapté de la série dessinée Titeuf

CIE ALIAS ISLANDS MERCREDI 7 SEPTEMBRE À 20H DANSE THÉÂTRE DU CROCHETAN La compagnie associée au Théâtre du Crochetan présente sa dernière création Islands, inspirée des paysages islandais.

14

La quarantaine approchant, Karim Slama nourrissait l’envie de se lancer dans l’aventure d’un spectacle d’envergure, inspiré par les grandes revues et Fabrikk auquel il venait de prendre part. Il souhaitait aussi « rendre la pareille à Jean-Luc Barbezat », avec qui il partage la mise-en-scène, lui qui lui avait permis d’intégrer de grands spectacles dès ses débuts. L’univers bien connu du personnage de BD lui donne la possibilité de «créer quelque chose de populaire». Et puis Karim Slama avoue être «attaché à l’artisanat suisse». Titeuf ayant été imaginé par un Suisse, il trouvait intéressant que sa libre adaptation sur scène soit faite « à la maison». Mais au-delà de l’idée, il a fallu intéresser Zep et les Éditions Glénat qui le publient. Sans trop y croire, il s’investit «à fond». Il imagine les choses en grand – décors imposants, comédiens et marionnettes sur scène, projections, scénographie innovante, musique live – à l’image de son personnage traduit dans 25 pays. Il fait bien. Le projet qu’il imagine convainc Zep. L’aventure est lancée. Le projet est malgré tout ponctué de quelques moments de doutes. En septembre 2015 encore, il manque d’être abandonné. Karim Slama se heurte à l’épineux problème

du financement de ce spectacle à 1.2 millions de francs. Aujourd’hui, c’est une petite «PME de 38 personnes», comme il le dit avec amusement, qui fourmille autour du projet. Tout au long de l’aventure, il a pu compter sur le soutien discret de Zep, qui pour autant lui a octroyé une grande liberté de création et l’a poussé à «trouver une nouvelle forme d’histoire pour utiliser au mieux le médium théâtre et dépasser le simple hommage». Il suit toutefois une règle que s’était lui-même donnée Zep : «ne pas rire au détriment des enfants, ne pas rentrer dans la satire, l’humour noir ou des sujets politiques auxquels les enfants n’auraient pas pu adhérer. Pour autant, le spectacle n’a pas été écrit pour des enfants uniquement ». Ainsi « l’histoire est complètement nouvelle mais se déroule dans un écrin, un décor et avec des personnages connus du public ». En juin 2016, les premières répétitions ont lieu au Théâtre du Crochetan - coproducteur du spectacle. Pour Karim Slama, ce sont deux semaines extrêmement productives qui permettront de tester la dynamique du texte, la pratique du décor en tulle et des vidéos et effectuer un filage complet. Il garde de Monthey un souvenir de «colonie de vacances».

..

..

.


..

..

..

.

..

..

..

..

Nadia et Jade Amstel

..

Titeuf et Karim Slama

Il faut dire que la troupe montée pour le spectacle a des allures de grande bande de copains. Oui, les comédiens ont été choisis pour leur ressemblance physique avec les personnages qu’ils campent, mais Karim Slama a mis un point d’honneur à privilégier «l’esprit de groupe, la fraîcheur et l’envie de découvrir et s’amuser». Il évoque Jade Amstel qui a connu le projet à ses prémisses et dont la ressemblance avec le personnage Nadia est édifiante. Ou encore Marc DonnetMonay dont l’interprétation du Père semblait une évidence, pour Zep également. Une belle brochette de comédiens qui ont dû, sous la houlette de Karim Slama et Jean-Luc Barbezat, s’approprier leur(s) personnage(s), apprivoiser les marionnettes «à la limite de la tendinite parfois », façonner leurs voix le plus souvent sans avoir écouté le dessin

..

..

..

..

..

..

..

..

animé. «Il s’agit de trouver sa voix sans forcer le trait ni tomber dans la caricature ». Pour ce qui est des marionnettes, si Karim Slama avait dans un premier temps imaginé des répliques des marionnettes des Guignols de l’info, leur manipulation délicate, le maquillage quotidien que nécessitait leur visage de latex et leur coût ont fini par l’orienter vers le travail de Pierre Monnerat, dont le prototype de Titeuf l’avait laissé sans voix. Dans quelques jours, les vacances d’été seront terminées. Les écoliers reprendront le chemin de l’école et comédiens et marionnettes celui des scènes de Suisse Romande. Avec appréhension certainement, tout comme un certain Zep qui s’est jusqu’à présent laissé la surprise du texte. ...............................................

Titeuf, c’est d’abord le petit garçon à la mèche imaginé et dessiné par le genevois Zep dès 1992. Comme le mentionne l’auteur sur son site internet, avec Titeuf « il arrache la bande dessinée enfantine des faubourgs proprets où Boule et Bill gambadent depuis des décennies». Le succès est fulgurant. Karim Slama a connu le Titeuf des premiers albums et continue à suivre ses aventures au travers ses enfants. Il s’attache à ce personnage qui parle autant aux petits qu’aux grands et exorcise avec humour et fraîcheur les questions existentielles auxquelles il se confronte. « Titeuf parle comme je parle aux gens dans mes one-man shows, à savoir qu’il met en mots son observation du monde au quotidien ».

15


MÜNCHHAUSEN ? — Texte de Mélisende Navarre, responsable des relations avec les publics au Théâtre du Crochetan —

...............................................

MÜNCHHAUSEN ? VENDREDI 2 DÉCEMBRE À 20H THÉÂTRE THÉÂTRE DU CROCHETAN Création – coproduction Théâtre Am Stram Gram Genève, Le petit théâtre de Lausanne, L’Ensemble Contrechamps Genève, Llum Teatre D’après l’œuvre de Rudolf Erich Raspe et Gottfried August Bürger Texte et adaptation Fabrice Melquiot Mise en scène Joan Mompart

1

Extrait des notes d’intention, 2015 (date de création de la mise en scène de Joan Mompart de Münchhausen ? au Théâtre Am Stram Gram) 2 Le Théâtre Am Stram Gram-Genève est à Monthey en 2016-2017 avec Münchhausen ? et le dispositif Le théâtre, c’est (dans ta) classe que le Théâtre du Crochetan accueille depuis sa création.

16

C’est l’histoire d’un jeune homme («Moi») confronté à la maladie de son père (« Münchhausen ») puis à sa mort. Triste ? Point du tout ! «Explique à Ton seul pote que le lien qui nous unit considère la mort comme un détail» demande le fantôme de Münchhausen à son fils. C’est qu’avec le baron, les oppositions binaires commme maladie/santé ; vie/mort ; réalité/fiction ne sont que foutaises. Dans cette version des aventures du baron intiluée Münchhausen? (avec un point d’interrogation), l’auteur et directeur du Théâtre Am Stram Gram-Genève 1 questionne notre rapport à l’imaginaire : «Qu’est-ce qu’une société assujettie au réel, à la logique et à la raison ? En quoi l’imagination, le fantasme, le mensonge (peut-être) sont-ils les premiers outils de vérités à


UN PROJET ÉCOLE-THÉÂTRE EN PLUSIEURS ÉTAPES Projet mené en 16-17 par le Théâtre du Crochetan, le Cycle d’orientation et les 7H de l’école primaire de Collombey-Muraz — Ateliers dans chaque classe pour présenter la pièce, le personnage de Münchhausen, se frotter à l’écriture de F. Melquiot et au jeu théâtral donnés par le service de médiation culturelle et Théâtre et l’équipe artistique du Llum Teatre — Atelier de pratique artistique avec l’équipe du Llum Teatre au Théâtre du Crochetan — Représentation scolaire au Théâtre du Crochetan — Travail d’écriture en classe et en collaboration avec le service de médiation culturelle du Théâtre du Crochetan via les MITIC pour inventer «Les nouvelles aventures du baron de Münchhausen» — Ateliers jeu et représentations au Théâtre du Crochetan

ATELIER DE PRATIQUE ARTISTIQUE AVEC L’ÉQUIPE DE MÜNCHHAUSEN ? SAMEDI 26 NOVEMBRE DE 10H30 À 12H ET DE 13H30 À 16H30 THÉÂTRE DU CROCHETAN Atelier théâtral sur le thème de l’inouï avec Joan Mompart et la cie Llum Adultes et enfants dès 7 ans Inscriptions jusqu’au 16 novembre à crochetan-inscriptions@monthey.ch

venir ? Et si ce qui est imaginé aujourd’hui est prouvé demain, comment transmettre aux enfants, à la jeunesse, le goût de l’invention, cette faculté d’agir au-delà de lois préétablies, de protocoles identifiés, de cadres étouffants ? » 2. C’est ce goût que le Théâtre du Crochetan tentera de transmettre aux jeunes du Cycle d’orientation et les 7H de l’école Primaire de Collombey-Muraz autour d’un projet école-théâtre qui se déroulera sur toute l’année scolaire. L’audace d’imaginer, de partir à la conquête de nouveaux espaces avec le baron - cousin de Pantagruel, Don Quichotte, Cyrano et Big Fish - sans avoir peur du ridicule, le poing levé. «Grimpe et lève le poing!» lance Münchhausen à son fils dès l’ouverture de la pièce, tel un révolutionnaire prêt à mener le combat

pour ne pas se laisser mener par les étriqués de ce monde. La jubilation de Münch c’est aussi celle de l’écriture de Fabrice Melquiot qui s’amuse avec le langage, brouille les frontières entre récit et dialogue, introduit du théâtre dans le théâtre, joue avec les références littéraires. C’est aussi celle de Joan Mompart qui transfigure l’espace scénique, au gré des aventures du baron. Artisanat théâtral et technique scénique alternent, permettant à la magie d’opérer. Contagieuses jubilations ! ...............................................

LE PROCHAIN RENDEZ-VOUS DES ATELIERS DE PRATIQUE ARTISTIQUE : DU MOUVEMENT À LA VIDÉO, ALLER-RETOUR SAMEDI 27 AOÛT DE 13H30 À 17H LE RACCOT Avec Rafaële Giovanola et l’équipe artistique de la Cie CocoonDance, autour de No BODY but me.

17


LA GANDINI JUGGLING COMPANY BIEN PLUS QUE DU JONGLAGE !

— Texte de Lorenzo Malaguerra, Directeur du Théâtre du Crochetan —

SMASHED

GANDINI JUGGLING COMPANY MARDI 20 DÉCEMBRE À 20H CIRQUE THÉÂTRE DU CROCHETAN Direction Sean Gandini


................................................................................................... Quand on réalise une programmation, il existe des compagnies que l’on connaît déjà, d’autres dont on nous parle et dont on voit les spectacles. Il y a quelques années, la réalité du métier de programmateur faisait qu’il était pratiquement impossible de tomber par hasard sur un très beau spectacle sans en avoir déjà entendu parler avant, à moins d’écumer tous les pays du monde. Avant, le choix des spectacles se limitait au fond à un périmètre restreint, à un réseau de connaissances, à quelques festivals incontournables et à l’éternelle capitale : Paris. Aujourd’hui, par la force d’internet, l’ensemble des productions des compagnies du monde entier se retrouve sur la toile, pour autant bien sûr qu’elles aient pris soin d’en faire une captation filmée. C’est de cette façon, en me baladant sur l’écran de mon ordinateur comme souvent, que j’ai découvert cette fantastique compagnie anglaise de jonglage, la Gandini Juggling Company. Il faut savoir que c’est sans doute la seule compagnie de jonglage à avoir eu les honneurs de la Royal Opera House, ce haut-lieu de l’opéra à Londres. Il faut dire que Smashed, le spectacle que le Théâtre du Crochetan présente, a porté haut les couleurs de cet art qu’on associe plutôt à la rue ou au cirque. Le spectacle rend hommage à la grande Pina Bausch. Sur le plateau, neuf jongleurs virtuoses transcendent des scènes du quotidien, des séquences qui explorent le conflit, les relations tendues et l’amour perdu. On y

reconnaît des moments de vie à la fois totalement décalés et empreints d’une grande humanité, si typiques de la chorégraphe allemande : ainsi, une tea-party très british vire au sauvage alors que 80 pommes se livrent à un ballet aérien. L’image de la pomme fait immanquablement penser à Newton et à la découverte de la gravité : pour le jongleur, l’ennemi est la chute, l’objet qui tombe au sol. La pomme renvoie aussi au jardin d’Eden, au fruit défendu et relate bien le jeu du désir qui se tisse dans le spectacle comme dans la vie entre les femmes et les hommes. Les fondateurs de la compagnie, Sean Gandini et Kati Ylä-Hokkala, sont mondialement connus pour avoir renouvelé l’art du jonglage, en y insufflant une dimension théâtrale et dansée. Disposant d’une inspiration sans limite, ils ne peuvent croiser un objet dans la rue sans imaginer la façon de jongler avec lui. Il n’est donc pas surprenant de les voir jouer avec un service à thé, comme dans Smashed. Mais davantage que la performance technique – qu’ils maîtrisent à la perfection – ils explorent les relations entre les mouvements du corps et les objets, comme si ces derniers étaient des espèces de prolongement des bras, des jambes, du torse. Depuis sa fondation, la Gandini Juggling Company a parcouru pas moins de 50 pays et réalisé 5000 représentations, dans des Musées d’art contemporain, sous des tentes, dans de grandes institutions théâtrales comme dans des festivals. En ce sens, elle est représentative de l’évolution des arts de la scène, dont les cloisonnements ont tendance à disparaître au profit de productions métissées, tout terrain, qui exploitent des niches d’originalité et d’insolite. Le cirque a connu une évolution semblable, passant de l’éternel chapiteau à la scène des Théâtres, abandonnant les animaux au profit de performances très techniques et opérant une transition entre une suite de numéros sans lien à des spectacles déployant une véritable narration. Cette évolution passionnante est à découvrir dans Smashed, bien plus que du jonglage.

YAEL NAIM & QUATUOR DEBUSSY MARDI 15 NOVEMBRE À 20H MUSIQUE THÉÂTRE DU CROCHETAN Victoire de la musique 2016, Yael Naim se produit à Monthey accompagnée du Quatuor Debussy. L’opportunité d’entendre ses titres sous un éclairage nouveau, dans des arrangements pour cordes et piano.

LES 7 DOIGTS DE LA MAIN VENDREDI 14, SAMEDI 15 ET DIMANCHE 16 OCTOBRE À 20H CIRQUE THÉÂTRE DU CROCHETAN La célèbre troupe revient à Monthey dans un programme – Cuisine & Confessions – qui allie cirque, haute voltige et gastronomie.

ALONZO KING LINES BALLET JEUDI 15 DÉCEMBRE À 20H DANSE THÉÂTRE DU CROCHETAN L’une des plus prestigieuses compagnies de danse de la Côte Ouest américaine propose un programme organique : Biophony & Sand.

............................................... 19


L’AGENDA .......................................... PLAY Mercredi 24 août à 20h Danse / Musique > Théâtre du Crochetan .......................................... ATELIER DE PRATIQUE ARTISTIQUE Samedi 27 août à 13h30 Du mouvement à la vidéo, aller-retour > Le Raccot – Malévoz Quartier Culturel .......................................... LUNATIC PARK En cours jusqu’au jeudi 20 octobre Exposition collective > Parc de Malévoz .......................................... “FIGMENTS“ Jeudi 3 septembre au jeudi 20 octobre Vernissage samedi 3 septembre à 17h Exposition collective > Galerie du Laurier – Malévoz Quartier Culturel .......................................... SMART Dimanche 4 septembre au samedi 22 octobre Exposition Lanqing Zhu / Jiehao Su > Galerie du Crochetan .......................................... NOVECENTO Dimanche 4 septembre à 19h Théâtre > Théâtre du Crochetan .......................................... CIE ALIAS (Islands) Mercredi 7 septembre à 20H Danse > Théâtre du Crochetan .......................................... NO BODY BUT ME (Cie CocoonDance) Jeudi 8 septembre Danse / Répétition publique > Le Raccot – Malévoz Quartier Culturel .......................................... CONCERT / VERNISSAGE Samedi 10 septembre à 19h Musique / Stalker de Yannick Barman > Le Raccot – Malévoz Quartier Culturel .......................................... FESTIVAL HIK ET NUNK Samedi 17 et dimanche 18 septembre Arts vivants > Divers lieux de Monthey .......................................... LA SOIRÉE DIAPOS Mercredi 28 septembre à 20h Humour > Théâtre du Crochetan .......................................... VALÉIK – BACH Jeudi 29 septembre à la tombée du jour Musique > Le Mésoscaphe / Site Gessimo .......................................... VINCENT BARBONE Vendredi 30 septembre à 20h Musique > Théâtre du Crochetan .......................................... LES ARRIVISTES/TAULARD Samedi 1er octobre à 20h Concert dessiné et synthpunk > Le Kremlin .......................................... CONTERIE POUR ENFANTS Mardi 4 octobre à 16h45 Contes > Médiathèque de Monthey ..........................................

ATELIERS BRICOLAGES D’AUTOMNE Vendredi 7, Samedi 8, Vendredi 14, et samedi 15 octobre > Médiathèque de Monthey .......................................... TITEUF, LE PESTACLE Mercredi 5 et jeudi 6 octobre à 19h Humour > Théâtre du Crochetan .......................................... PIERRE ET LE LOUP (Benjamin Cuche) Samedi 8 octobre à 11h et 15h Théâtre / Musique > La Bavette – P’tit théâtre de la Vièze .......................................... LES 7 DOIGTS DE LA MAIN Cuisine & Confessions Vendredi 14, samedi 15 et dimanche 16 octobre à 20h Cirque > Théâtre du Crochetan .......................................... NO BODY BUT ME (Cie CocoonDance) Mercredi 19, vendredi 21 à 20h, samedi 22 à 19h et dimanche 23 octobre à 17h Danse > Théâtre du Crochetan .......................................... CONCERT AU CHÂTEAU Dimanche 23 octobre à 17h Musique / Brahms > Château de Monthey .......................................... CYTOMÉGALOVIRUS – JOURNAL D’HOSPITALISATION Vendredi 28 à 20h, samedi 29 à 19h et dimanche 30 octobre à 17h Théâtre > Le Raccot – Malévoz Quartier Culturel .......................................... PETIT BISCUIT Vendredi 28 octobre à 20h Musique électronique > Pont Rouge .......................................... « MONSTRES ET SORCIÈRES » Mercredi 2, jeudi 3 et vendredi 4 novembre Ateliers > La Bavette – Médiathèque de Monthey .......................................... VOYAGE À TOKYO Jeudi 3 novembre à 20h Théâtre > Théâtre du Crochetan .......................................... L’EPAC & LE OH ! FESTIVAL VOUS HABILLENT Jeudi 3 novembre au vendredi 2 décembre Vernissage jeudi 3 novembre à 18h Exposition > Galerie du Crochetan .......................................... CETTE ÉTRANGE PETITE VILLE Dimanche 6 novembre à 10h Théâtre > La Bavette – Médiathèque Monthey Dimanche 13 novembre à 11h et 15h > La Bavette – Maison du Monde .......................................... CONTERIE POUR ENFANTS Mardi 8 novembre à 16h45 Contes > Médiathèque de Monthey ..........................................

SHIRLEY & DINO (Opération Vadrouilleurs) Jeudi 10 novembre à 20h30 Humour > Théâtre du Baladin .......................................... NUIT DU CONTE Vendredi 11 novembre à 19h30 Contes > Médiathèque de Monthey .......................................... DAKH DAUGHTERS Vendredi 11 novembre à 20h Musique > Théâtre du Crochetan .......................................... YAEL NAIM & QUATUOR DEBUSSY Mardi 15 novembre à 20Hh Musique > Théâtre du Crochetan .......................................... PRÉSENTATIONS DE COUPS DE CŒUR DE L’AUTOMNE Jeudi 17 novembre à 19h30 Conférence > Médiathèque de Monthey .......................................... WILLIAM SHELLER Jeudi 17 novembre à 20h Musique > Théâtre du Crochetan .......................................... CONCERT / VERNISSAGE Vendredi 18 et samedi 19 novembre à 20h Musique / Phantom Limb de Alice Torrent > Le Raccot – Malévoz Quartier culturel .......................................... SIRENIA Samedi 19 novembre à 19h Musique / Métal symphonique > Pont Rouge .......................................... CONCERT AU CHÂTEAU Dimanche 20 novembre à 17H Musique / Mozart et Prokofiev > Château de Monthey .......................................... CHRISTOPHE Mardi 22 novembre à 20h Musique > Théâtre du Crochetan .......................................... FABRICATION D’UNE EAU FLORALE Mercredi 23 novembre Ateliers > Médiathèque de Monthey .......................................... SIGA VOLANDO Jeudi 24 novembre à 20h Musique > Foyer du Crochetan .......................................... PROJECTIONS & DÉBATS MADE IN MONTHEY Vendredi 25 novembre à 19h30 Conférence > Le Raccot – Malévoz Quartier Culturel .......................................... LAST TRAIN Vendredi 25 novembre à 20H30 Musique / Rock > Pont Rouge .......................................... L’Ô Samedi 26 à 17h et dimanche 27 novembre à 11h Théâtre > La Bavette – Pont Rouge ..........................................

ATELIER DE PRATIQUE ARTISTIQUE Samedi 26 novembre à 10h30 et à 13h30 Sur le thème de l’inouï > Théâtre du Crochetan .......................................... SOIRÉE PROHIBÉE : NOUVELLE OBJECTIVITÉ Samedi 26 novembre à 20h Cabaret crapuleux > Le Kremlin .......................................... 2001, L’ODYSSÉE DE L’ESPACE Jeudi 1er décembre à 19h30 Ciné-concert > Le Kremlin .......................................... MÜNCHHAUSEN ? Vendredi 2 décembre à 20h Théâtre > Théâtre du Crochetan .......................................... WEEK ‘ND ARTS Vendredi 2, samedi 3 et dimanche 4 décembre Exposition et ateliers > Médiathèque de Monthey .......................................... CONTERIE POUR ENFANTS Mardi 6 décembre à 16h45 Contes > Médiathèque de Monthey .......................................... VALÉIK – CONCERT DE GRANDS POUR LES PETITS Mardi 6 décembre à 19h30 Musique > Le Raccot – Malévoz Quartier Culturel .......................................... JEAN-LOUIS DROZ Vendredi 9 décembre à 20h Humour > Théâtre du Crochetan .......................................... ADIEU BIENVENIDA Samedi 10 décembre à 15h Théâtre / Marionnettes > La Bavette – P’tit théâtre de la Vièze .......................................... ELINA DUNI Mardi 13 décembre à 20h Musique > Foyer du Crochetan .......................................... AU PAYS DE L’ENFANCE Léonard Gianadda Vendredi 15 décembre au mercredi 22 février Vernissage jeudi 15 décembre à 18h Exposition > Galerie du Crochetan .......................................... ALONZO KING LINES BALLET Biophony & Sand Jeudi 15 décembre à 20h Danse > Théâtre du Crochetan .......................................... AVRAC ON TOUR Samedi 17 à 19h et dimanche 18 décembre à 17h Humour > Théâtre du Crochetan .......................................... SMASHED Mardi 20 décembre à 20h Cirque > Théâtre du Crochetan ..........................................


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.