Comment nous définissons le travail 4.0

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Ça c’est syndicom! syndicom est la force syndicale déterminante dans les branches Poste/Logistique, TIC et Médias/IGE. Notre syndicat défend une économie au service des citoyens. Il négocie des conventions collectives de travail, soutient les représentations du personnel dans leur travail et conseille les membres. De plus, syndicom influe sur la législation pour obtenir de meilleures conditions de travail et une meilleure protection de ses membres. Par ton affiliation, tu bénéficies en outre des prestations suivantes: – Protection juridique professionnelle: informations et conseils gratuits sur toutes les questions liées aux conditions et rapports de travail, aux assurances sociales, au droit contractuel, au droit de participation et à l’égalité. – Formation continue et perfectionnement: participation gratuite à des cours «Movendo» dans le domaine de la formation continue syndicale et professionnelle. Soutien financier à la formation continue et au perfectionnement. – Conditions préférentielles et rabais attrayants pour l’assurance protection juridique Coop (protection MULTI), les chèques Reka, l’assurance Mobilière, la caisse maladie CPT, la banque Coop, les stations service Agip et l’Hotelcard.

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Une étude du syndicat syndicom

Comment nous définissons le travail 4.0 - Tendances liées à l’économie numérique - Champs d’application pour le syndicat

Une étude du syndicat syndicom


Comment nous définissons le travail 4.0 - Tendances liées à l’économie numérique - Champs d’application pour le syndicat


Table des matières

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Préface Aperçu

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1. Transformation de l’économie La numérisation dans l’histoire de la technique Bases de l’économie numérique Catalyseurs de l’économie numérique

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2. Politique CCT et de branche Evolution des professions et qualifications Flexibilité des rapports de travail et leur protection Complexité et participation Les médias et leur rôle dans la démocratie Commerce en ligne et services financiers

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3. Politique de société Différenciation et diversité des perspectives Réseaux d’infrastructure et approvisionnement de base Travail, impôts et leur répartition Big data et démocratie des données Chômage et apprentissage à vie

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Perspectives


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Un chef d’entreprise et une présidente du syndicat visitent une fabrique d’automobiles aux processus fortement robotisés, dans laquelle seules quelques personnes travaillent. Le chef d’entreprise demande à la syndicaliste avec un sourire narquois: «Comment comptes-tu amener mes robots à faire la grève pour ton syndicat?» La syndicaliste lui sourit en retour: «Et comment penses-tu convaincre tes robots d’acheter tes voitures? Anecdote américaine sur l’économie numérique


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Préface Compétence syndicale numérique Pour l’avenir de syndicom et de ses membres, la numérisation du monde du travail revêt une importance capitale. Cette brochure nous permet de prendre en main notre avenir. Ces derniers mois, syndicom s’est penché plus que tout autre syndicat sur les questions relatives à la numérisation et a donc élargi ses compétences numériques. Dans un premier temps, syndicom a commandé une étude à l’expert Internet Leo Keller pour définir les fondements de la numérisation, ses principaux moteurs et ses fonctions de base. Il lui a aussi demandé de montrer quel est l’impact de la numérisation sur la chaîne de valeurs ajoutées dans les différentes branches de syndicom: TIC (technologies de l’information et de la communication), logistique, Poste / PostFinance, médias, industrie graphique ou commerce du livre. Les conséquences de la numérisation sont importantes pour différents groupes de personnes, tels que les femmes, les employés jeunes et âgés, les migrants ou les indépendants. Le comité directeur de syndicom s’est appuyé sur les constats de l’étude pour formuler 13 thèses sur le travail syndical. Elle concernent non seulement la politique CCT et de branche, mais aussi les positions syndicales adoptées avec les différents groupes de personnes. Simultanément, la numérisation entraîne aussi des adaptations internes au syndicat, des restructurations et de nouveaux processus de travail.


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Le syndicat a discuté de ces 13 thèses avec des membres et des spécialistes lors d’une conférence sur la numérisation et les a ensuite présentées au comité central. A l’assemblée des délégués en novembre 2016, les thèses ont été complétées et adoptées. Sur la base de ces 13 thèses, syndicom a développé le thème de la numérisation. Nous avons dégagé les tendances principales dans le monde du travail numérique – et défini les champs d’action syndicaux concrets qui en découlent. Nous vous souhaitons une lecture instructive.

Le comité directeur, mars 2017


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Aperçu Les technologies numériques transforment l’économie et la société. Quel est l’impact de cette évolution pour syndicom? Qu’en est-il pour les travailleurs actifs dans les branches de syndicom? Situation initiale La révolution numérique a des conséquences sur l’économie et la société dans tous les secteurs. Et elle modifie aussi le travail. Les transformations du monde économique et professionnel ne peuvent être surmontées que si tous les acteurs y participent. Il faut empêcher que Google ou Facebook deviennent tout puissants. Quand l’économie et le travail se transforment radicalement, les syndicats jouent un rôle important dans ce processus. syndicom est particulièrement confronté à la numérisation dans ses branches. La branche TIC est considérée comme le moteur de la numérisation, qui a déjà gagné la branche des médias et les domaines de La Poste. Objectif syndicom ne veut pas se contenter d’accompagner la numérisation de l’économie, mais il tient aussi à la façonner. Il compte rendre accessibles à tous les chances de la numérisation et reconnaître à temps les dangers qu’elle comporte. Car le bouleversement dû à la numérisation fulgurante de l’économie présente à la fois des risques et des opportunités. Concrètement, cela implique de tenir compte dans notre politique CCT et de branche des évolutions découlant de la numérisation. Nous avons déjà initié cette démarche dans notre étude «Délimitation du travail», mais aussi dans l’étude sur le travail dans les centres de contact et d’appel.


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Car tant la délimitation du travail que les transformations dans la branche des call centers sont directement liées à la numérisation. La numérisation nous sert donc de concept général, duquel dérivent de nombreux aspects que nous étudierons en détail pour formuler nos positions. La numérisation avance à un rythme différent selon les branches et comporte plusieurs dimensions et niveaux d’exigence. C’est pourquoi syndicom doit comprendre si possible parfaitement les processus spécifiques à la numérisation dans ses branches, afin d’influencer ces processus en faveur des employés.

La discussion est ouverte Les thèses et les champs d’action ont été discutés lors d’une conférence sur la numérisation avec les membres et des spécialistes. Ils ont ensuite été présentés au comité central en vue de les faire adopter par l’assemblée des délégués. Ils sont désormais concrétisés dans cette brochure sous une forme consolidée et élargie.



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1. Transformation numérique

«Les nouveautés techniques ne constituent pas encore une révolution à elles seules. La véritable innovation réside dans les possibilités presque infinies de leur combinaison.» Leo Keller, Auteur de l’étude commandée par syndicom


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La numérisation dans l’histoire de la technique

On cherche à inscrire la numérisation de l’économie dans un contexte historique: la quatrième révolution industrielle. La première révolution industrielle remonte à 1784, à l’époque de l’invention du premier métier à tisser mécanique, actionné par la force hydraulique. La deuxième révolution industrielle, dès 1879, voit l’apparition du travail à la chaîne qui permet une production de masse basée sur la division du travail; ensuite le fordisme s’est développé grâce à l’énergie électrique et fossile. La troisième révolution industrielle a débuté dès 1969 avec les premiers systèmes de mémoire et de programmation qui ont permis ensuite l’automatisation des processus grâce à l’électronique et aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. La quatrième révolution commence désormais: l’extension des ces technologies à l’ensemble de l’industrie de transformation et de la production conventionnelle contribue à brouiller les frontières entre le monde réel et virtuel pour évoluer vers des systèmes cyber-physiques 4 révolution (CPS). Par CPS, on entend industrielle des réseaux de machines «sociales», qui sont organisés de manière similaire 3 révolution industrielle aux réseaux sociaux sur Internet. Pour simplifier, il s’agit d’associer les IT à des parties mécaniques et électroniques interconnectées sur un réseau («Internet des objets»). e

e

2e révolution industrielle

1er révolution industrielle


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L’industrie 4.0 se caractérise comme suit: 1. Mise en réseau verticale de fabriques et produits intelligents, mais aussi de la logistique, de la production, du marketing et des prestations de service. L’accélération de la production permet de réagir rapidement aux dysfonctionnements ou aux variations des flux de commande. Les données de mesure permettront une exploitation plus rentable des ressources: planification optimale de la main-d’œuvre ou calcul du moment où un mandat peut être exécuté avec des coûts d’énergie minimums. 2. Intégration horizontale de nouveaux réseaux de création de valeurs: p. ex. de partenaires commerciaux et de clients ou au moyen de modèles de coopération qui dépassent les frontières nationales et continentales. Ces réseaux permettent d’obtenir une visibilité complète sur la chaîne de création de valeurs – de la logistique d’entrée, en passant par le stockage, la production, le marketing et la distribution, jusqu’à la logistique de sortie et aux prestations en aval. Il en résulte une grande flexibilité pour réagir de manière coordonnée aux problèmes et dysfonctionnements sur un nombre illimité de sites. 3. Ingénierie continue tout au long de la chaîne de création de valeurs: p. ex. pour la recherche, le développement et la production de nouveaux produits et prestations – partant des données, des modèles et prototypes et jusqu’aux produits, les processus peuvent être conçus de manière plus flexible et efficace. Y compris pour de petites quantités. 4. Accélération via des technologies qui ne sont pas vraiment nouvelles, mais qui peuvent être utilisées pour l’exploitation de masse, grâce à la réduction des coûts et grandeurs, ainsi qu’à l’augmentation exponentielle de la puissance de calcul. Ces technologies agissent comme des accélérateurs ou catalyseurs de processus de production et permettent de fabriquer des produits individualisés à des coûts avantageux. Exemple: l’impression 3D, qui ouvre de nouvelles prestations de marché et simplifie les processus d’approvisionnement. Cela favorise des modèles commerciaux disruptifs, donc des modèles à croissance rapide et avec un impact puissant.


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Bases de l’économie numérique «Tout ce qui peut être numérisé est numérisé». Voilà le principe de l’économie numérique. Sur quoi se fonde-t-il? Internet Au travers de l’Internet, nous utilisons le World Wide Web, des e-mails, des moteurs de recherche, des shops en ligne, des horaires CFF, Wikipedia, etc. Nous pouvons consulter presque partout Facebook, lire des journaux en ligne ou regarder des vidéos sur des appareils mobiles. L’internet, relié aux réseaux de données mobiles des opérateurs TIC, permet de télécharger des services, de produire soi-même des données et de les diffuser partout dans le monde. En plus Exemples d’utilisation: des ordinateurs portables ou des smart– évaluer les e-mails quasiment en phones, d’autres appareils feront bientôt temps réel et les contrôler pour leur entrée sur le marché: les robots, détecter des activités terroristes. imprimantes 3D, mini-ordinateurs por– analyser des documents scientifiques tables (wearables), frigos intelligents ou pour détecter les effets secondaires voitures sans conducteur. Les machines à une substance active – et évaluer de production de l’industrie peuvent diales résultats au niveau quantitatif et loguer avec d’autres machines via l’Interqualitatif. net: celles des propriétaires, fournisseurs, – évaluer les CV d’une banque de donutilisateurs, clients, etc. nées d’emplois selon certaines caracIntelligence sémantique téristiques de qualification et établir L’intelligence sémantique a pour objectif une liste sélective des candidat-e-s. que les ordinateurs «comprennent» des – évaluer des textes de loi et des ortextes, au niveau d’un enfant de dix ans, donnances en lien avec une question dans pratiquement toutes les langues sans juridique et rédiger un rapport. aide humaine. Grâce à cette intelligence, – comprendre des e-mails de clients, les ordinateurs peuvent lire des rapports y répondre en deux secondes ou les d’évaluation et des textes, répondre à des transmettre aux spécialistes ad hoc. questions ou conduire des dialogue simples


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– mais aussi évaluer un nombre exponentiel de données, souvent mieux et surtout plus rapidement que les humains. Intelligibilité du discours Grâce à la reconnaissance vocale assistée par ordinateur, on peut aujourd’hui déjà ou dans un avenir proche: – reconnaître la langue dans laquelle un document est écrit – grâce au recours à tous les dictionnaires du monde. – traduire un texte numérique automatiquement dans une autre langue – grâce à divers concepts logiciels et technologies sémantiques, tels que des dictionnaires, comparaisons de textes, ou le concept de l’apprentissage automatique (un système artificiel apprend à partir d’exemples et peut les généraliser après la phase d’apprentissage). – transcrire une langue humaine en un texte numérique ou à l’inverse produire un texte parlé. – combiner reconnaissance vocale, analyse sémantique et réponse vocale (p. ex. Siri d’Apple). – faire communiquer ensemble des humains et des robots. – sous-titrer automatiquement des vidéos et des émissions télévisées. – transcrire automatiquement des discussions en procès-verbal. – exécuter un grand nombre de travaux de secrétariat. – répondre automatiquement à des questions adressées au service-clientèle ou au centre de contact.

Exemple Siri Le logiciel combine les techniques de la reconnaissance vocale, de l’analyse sémantique et de la réponse vocale et sert d’assistance personnelle.


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L’homme-machine (robot) Un autre cas d’application de capteurs: des combinaisons robotisées ou des squelettes électroniques promettent de supers pouvoirs à ceux qui les portent. Pour que les humains deviennent presque aussi performants que les robots. Et puissent si possible conserver leurs emplois plus longtemps.

Capteurs Grâce à eux, des robots peuvent prendre des décisions en toute autonomie et élargir considérablement leurs possibilités d’application. Aujourd’hui déjà, les robots peuvent reconnaître des textes, images, langues et bien plus. Et ils peuvent aussi mesurer. Par exemple des distances (aussi de nuit), des vitesses, des facteurs climatiques, des poids, pressions ou radiations. Comme la vitesse de calcul augmente rapidement, les capteurs deviennent toujours plus performants. La Exemples d’application des capteurs miniaturisation des puces, simultanément – Robotique /Cobotique (aussi sous à la réduction des coûts, permet de les forme de combinaisons robotisées à insérer dans des systèmes toujours plus revêtir) petits, ce qui ouvre de nouvelles possibili– Internet des objets tés pour les capteurs. – Voitures sans conducteur – Drones – Caméras et systèmes de technique intelligents


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Reconnaissance d’images La reconnaissance d’images ouvre de nombreux processus: – reconnaître et inscrire certains objets dans de grandes banques de données d’images. – reconnaître des objets ou fractions d’image et les attribuer à certaines personnes, marques, lieux, produits, documents, etc. – reconnaître des modifications dans les images (analyse d’erreurs). – reconnaître des visages. – reconnaître des caractéristiques comportementales en séquences d’images (vidéos). – reconnaître des formes/marques de repérage – et leurs écarts. – reconnaître des légendes – et les transcrire. Intelligence artificielle L’intelligence artificielle imite l’intelligence humaine à l’aide de méthodes, concepts et algorithmes. Elle automatise l’intelligence humaine en programmant un ordinateur de sorte qu’il puisse traiter ces problèmes et prendre des décisions. Plus l’analyse du langage et des images se développe, plus l’intelligence artificielle et donc les compétences langagières et sensorielles des systèmes intelligents et des robots deviennent performantes.

L’intelligence artificielle bat le champion d’Europe de go Le développement des programmes informatiques capables de jouer au go s’est avérée plus difficile que dans le cas d’un jeu d’échecs: le programme AlphaGo développé par Google DeepMind a gagné pour la première fois en octobre 2015 contre Fan Hui, plusieurs fois champion européen, et en mars 2016 (quatre fois sur cinq) contre Lee Sedol, réputé être l’un des meilleurs joueurs au monde.


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Catalyseurs de l’économie numérique

L’économie numérique évolue à un rythme effréné. D’où vient cette dynamique? Loi de Moore Dans sa forme populaire actuelle, on sait que le nombre de transistors sur un microprocesseur double quasiment tous les deux ans. C’est une loi empirique datant de l’époque de la technique des semi-conducteurs et largement confirmée dans la pratique jusqu’à présent. Les prestations par processeur ou chip se multiplient sans cesse, alors que simultanément leurs coûts baissent drastiquement. Il est bon marché d’enregistrer, d’analyser et de transmettre une quantité gigantesque de données, aussi parce que les processus s’accélèrent mutuellement. La miniaturisation semble toutefois bientôt toucher à ses limites économiques et techniques. Open Source Le mouvement du «logiciel libre» est un mouvement numérique politique, qui a été considérablement renforcé par l’internet. Comme fonctionne-t-il? L’utilisateur peut utiliser gratuitement le logiciel, copier des données, les distribuer, les modifier et les améliorer. Conséquences: le mouvement contourne les «catégories de propriété» de l’industrie classique du logiciel, mais il accélère aussi le développement et amplifie l’utilisation. La

Richard Stallman En 1983, Stallman a créé le mouvement du logiciel libre. Ce logiciel permet à tous les utilisateurs de recopier, diffuser, analyser, modifier et améliorer ses contenus librement.


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Un potentiel gigantesque Il n’existe pratiquement plus aucun obstacle à l’évaluation d’énormes volumes de données produits très rapidement à partir des sources les plus diverses. Et ceci presque en temps réel.

majeure partie des logiciels qui assurent l’existence de l’Internet reposent sur la philosophie de l’«open source». Sans elle, l’Internet ne serait pas devenu un «espace numérique public». De nombreux programmes et systèmes d’exploitation fondamentaux ont pu être développés dans la «community» et par l’intelligence collective. La plupart des start-ups recourent entre-temps à de gigantesques bibliothèques de logiciels accessibles gratuitement et n’auraient pas pu être créées sans elles.


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Big data Le terme magique big data décrit la nouvelle technologie innovatrice de traitement des données qui a dû être développée pour traiter de gigantesques volumes de données non structurées. Les volumes de données tels qu’ils apparaissent aujourd’hui sont beaucoup trop lourds, trop complexes et trop déstructurés. De plus, ils évoluent trop rapidement pour pouvoir être évalués avec les méthodes traditionnelles du traitement des données. Le big data comprend aussi les technologies nécessaires à la collecte de ces données, issues de sources et médias les plus divers. Il s’agit de tous les canaux Internet existants (websites, news en ligne, réseaux sociaux), de banques de données (d’entreprises, d’universités ou d’administrations) ou de systèmes de mesure et d’enregistrement. Parfois, le concept de «smart data» est aussi utilisé pour faire la distinction entre l’évaluation et la collecte des données, mais aussi pour détourner l’attention du volume inouï de données récoltées et l’orienter vers des utilisations intelligentes. Les technologies du big data permettent de franchir des barrières qui empêchaient jusqu’à présent de regrouper facilement des données d’origine et de structure différentes.


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Les avantages du cloud – pas de coûts de maintenance ni de dépenses administratives – capacités infinies de stockage de données – capacités pratiquement illimitées d’analyse – bas coûts limités à l’utilisation effective

Cloud computing (informatique en nuage) Il y a 10 ans, il était courant que des entreprises et des privés doivent acheter leur propre équipement informatique pour stocker et traiter leurs données. Aujourd’hui, c’est plutôt l’exception. De nombreuses entreprises mettent à disposition dans un «nuage» (cloud) de d’innombrables serveurs avec d’énormes capacités de stockage et de calcul. Le cloud permet ainsi de sauvegarder des volumes gigantesques de données sur un ordinateur (ou un réseau d’ordinateurs) qui n’est pas installé localement. Mais aussi d’évaluer ces données. Seules les prestations effectivement utilisées doivent être payées. Les coûts sont donc beaucoup moins élevés que s’il fallait évaluer les données sur des ordinateurs en entreprise, que l’on ne peut que rarement exploiter à plein régime. Ainsi, des services de logiciels habituellement chers (p. ex. CRM, ERP, Office-Programme etc.) peuvent être utilisés avantageusement – à tout moment et partout, par des personnes privées, des entreprises ou des réseaux globaux.


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Economie de réseaux Dans le langage scientifique, Facebook et d’autres réseaux sociaux sont qualifiés de «systèmes dotés d’une rétroaction positive»: chaque nouvel acteur sur la plateforme – clients ou opérateurs –, contribue à augmenter l’utilité pour tous les participants. Cela entraîne des effets de réseaux (loi de Metcalfe). Alors que l’utilisation d’un système L’exemple Facebook de communication croît proportionnelPlus je rencontre d’amis (potentiels) lement (puissance au carré) au nombre sur Facebook, plus le réseau devient de connexions possibles entre les parimportant pour moi et plus je suis prêt ticipants, les coûts augmentent seuleà générer des contenus ou à les parment proportionnellement au nombre de tager. Facebook démontre une chose: participants. quand les usagers du réseau produisent eux-mêmes des contenus, l’effet de réseau est renforcé.


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Technologie de base «Blockchain» En 2009, la monnaie numérique Bitcoin a initié cette évolution. Alors que l’unité monétaire était discréditée, la technologie Blockchain – basée sur le Bitcoin – a été assimilée à la nouvelle technologie numérique de base. Son potentiel est presque illimité. Pour simplifier, la «Blockchain» est une banque de données numérique décentralisée, qui est utilisée pour la gestion d’un nombre sans cesse croissant de données. Les informations sont sauvegardées simultanément sur différents serveurs, de manière décentralisée. Cela garantit leur transfert rapide, qui est en outre considéré comme non manipulable. La technologie Blockchain pourrait rendre superflus un grand nombre d’intermédiaires (dépositaires, banques commerciales ou bourses financières) dans la branche de la finance. D’un autre côté, elle offre aux instituts financiers des possibilités de traitement plus efficaces, plus avantageuses et quasiment sans risques (p. ex. pour le négoce des titres).

Evolution ou révolution? Les technologies numériques contribuent au développement par leur effet synergique.



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2. Politique CCT et de branche

«Les droits humains sont intouchables. En tant que créative indépendante, je cherche à défendre les professions intellectuelles et la culture conceptuelle. La rapidité des processus et la diversité numérique et technologique marquent notre époque. Il s’agit dès lors de défendre intellectuellement l’humain et de reconnaître sa valeur. C’est la seule manière d’intégrer au mieux le numérique dans le monde du travail. On évite ainsi que des tendances nuisibles prennent le dessus, que la quantité et la qualité soient reléguées au second rang, que tout devienne toujours meilleur marché. Les idées doivent être payées (#leideesipagano).» Patrizia Pfenninger créative indépendante, présidente du groupe Communication visuelle de la section Tessin de syndicom


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Evolution des professions et qualifications Tendance La numérisation de l’économie fait perdre du terrain à des métiers et domaines entiers. En revanche, on constate l’essor de nouvelles professions dans les entreprises et les branches. Le déclin ou l’essor de certaines branches ou métiers constituent une constante de l’économie. La révolution numérique dynamise ces processus, comme les révolutions industrielles précédentes. Ainsi, en 1850, plus de la moitié des salariés en Suisse travaillaient encore dans l’agriculture. Aujourd’hui, cette proportion n’atteint plus que 3%. A l’inverse, le secteur tertiaire employait env. 10% de main-d’œuvre en 1850. Aujourd’hui il en comptabilise à lui seul les trois quarts. Dans quels secteurs serons-nous occupés dans vingt ou trente ans? Probablement davantage dans le secteur public. Les transformations technologiques modifient et mettent en péril certains postes de travail. En même temps, de nouveaux emplois sont créés, généralement avec un certain retard et parfois un déplacement géographique. Cette transformation dévalorise d’anciennes professions et compétences. En revanche, elle en crée de nouvelles qui sont nécessaires au développement du pilotage de drones ou de systèmes de gestion pour les véhicules sans conducteur. La Poste Suisse teste des robots-livreurs et des voitures postales sans conducteurs. Qu’adviendra-t-il des facteurs et des conducteurs de voitures postales? En tant que moteur de la numérisation, la branche TIC se voit elle-même confrontée à une multitude de dangers et d’opportunités. Quand les technologies deviennent obsolètes, les spécialistes de ces technologies risquent de perdre leur emploi. C’est actuellement le cas des


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Exemple de La Poste Suisse Les robots devront remplacer les postiers et conducteurs en charge de la livraison de colis. Dans cinq à dix ans, des drones pourront aussi être utilisés à cette fin.

experts de technologies analogiques dans la branche TIC. En résumé, les connaissances professionnelles deviennent de plus en plus rapidement obsolètes, dans toutes les branches. Les employeurs, les salarié-e-s et leurs syndicats doivent donc se préparer à affronter le virage numérique.


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Champ d’action Il faut des mesures pour que les employé-e-s des domaines en déclin soient qualifiés pour les domaines et professions en essor. Ces mesures ne peuvent être concrétisées qu‘en inscrivant un droit clairement défini à la formation et au perfectionnement dans les CCT. Pour tenir compte de l’évolution numérique, les concepts de développement du personnel ne suffisent pas. Les syndicats et les employeurs doivent développer les professions et les conditions de travail au même rythme que l’évolution technologique – pour le bien des employé-e-s. Il faut recenser systématiquement les qualifications qui deviendront obsolètes à brève échéance et qu’il s’agira de consolider. Cela nécessite donc une planification stratégique dans une logique paritaire. La formation et le perfectionnement doivent faire place au principe «Hire and Fire». Dans les circonstances d’une économie numérique, les employé-e-s doivent bénéficier d’un droit garanti au perfectionnement durable, et pas seulement de quelques jours par année – qui sont perdus à la fin de l’année s’ils ne sont pas utilisés.

Exemple Ericsson Entre 2013 et 2015, Ericsson a p. ex. supprimé 34’000 emplois et engagé en parallèle 32’000 nouveaux collaborateurs. Parce que l’entreprise n’a pas su se préparer à temps à de nouvelles tâches.


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Les droits à la formation et au perfectionnement doivent être inscrits dans les conventions collectives de travail (CCT). Et très concrètement sous forme de temps, d’offre et d’argent. Ces droits ne doivent pas s’éteindre à la fin de l’année, mais être transférés sur des comptes de perfectionnement individuels et cumulables. L’avoir peut être utilisé ultérieurement pour un perfectionnement complet et approfondi, p. ex. une formation post-grade, afin de maintenir ou d’améliorer sa compétitivité sur le marché du travail. Important: pour que le perfectionnement soit fructueux, une réduction rapide et simple du taux d’occupation doit être possible. Il faut un changement de culture dans les entreprises. Qu’est ce que cela signifie concrètement? – Les employé-e-s doivent être sensibilisés à la formation et au perfectionnement pour adapter constamment leurs compétences professionnelles aux développements techniques et économiques. – Les supérieurs hiérarchiques doivent être tenus de remplir les objectifs suivants: développer le potentiel de leurs employé-e-s et utiliser l’intégralité des budgets de perfectionnement. – Les discussions sur l’évolution de la carrière professionnelle doivent être plus qu’un simple exercice alibi. – Si l’entreprise a omis de prendre des mesures de perfectionnement adéquates, il faut qu’il soit difficile et coûteux pour elle de licencier en raison du développement technologique.


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Flexibilité des rapports de travail et leur protection

Tendance La numérisation favorise les rapports de travail à durée déterminée, qui sont limités à des projets (par exemple au travers de plateformes). Toujours plus d’entreprises considèrent les travailleurs non pas comme des employés, mais comme des professionnels exerçant une activité lucrative indépendante. Ou comme faisant partie d’un réseau social. La numérisation décloisonne les frontières spatiales et temporelles du travail. Pourtant cette liberté est trompeuse. Car de nombreuses personnes sont souvent devenues indépendantes contre leur gré et se retrouvent donc fréquemment dans des conditions de travail précaires. La notion de «crowdsourcing» est tirée des mots «crowd» (essaim, foule) et «outsourcing» (externalisation). Cette étymologie explique la différence entre le crowdsourcing et la conception traditionnelle de l’outsourcing. Le crowdsourcing définit le transfert de tâches vers une masse indéfinie de personnes, généralement via un appel d’offres sur une plateforme internet spécialisée. Exemple de «99designs» «99designs» est une plateforme sur laquelle on peut commander 99 designs, mais où un seul est payé. Les designs sont réalisés par des indépendants du monde entier. Le client ou la cliente sélectionne au final un seul des projets. La personne sélectionnée reçoit une modique rétribution, mais doit encore verser à la plateforme jusqu’à 40% de taxes. Les 98 graphistes restés sur le carreau ne sont pas rémunérés pour le travail fourni!


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Les défis qui en découlent en matière de droit du travail concernent aussi les branches de syndicom. Les rapports de travail deviennent toujours plus précaires. De plus, ils sont limités dans le temps et liés à la durée d’un projet. La conclusion de mandats entre les entreprises et les salarié-e-s incitent ces derniers à devenir de faux indépendants. Les indépendant-e-s dans l’économie numérique mènent un dur combat pour leur survie: – Ils ne reçoivent pas de contrat de travail. L’approbation des conditions générales intervient par un simple clic. – Le volume de travail ne consiste parfois qu’en mini-travaux («taylorisme numérique»). Ce qui implique qu’il faut obtenir de nombreux mandats pour joindre les deux bouts. – Les indépendant-e-s sont exposés à une concurrence quasi globale et à la lutte impitoyable des prix. Ils touchent des salaires de misère. – Ils font l’objet d’une évaluation unilatérale et sont donc livrés en pâture aux donneurs d’ouvrage pour améliorer leur «réputation» et obtenir d’autres contrats. – Il est difficile pour eux de revendiquer leurs droits, p. ex. en ce qui concerne leur propriété intellectuelle ou lorsque des travaux exécutés ne sont pas payés. Le for juridique n’est souvent pas clair. – Ils n’ont pas de rapports de travail collectifs, ni d’organisation de travailleurs pour représenter leurs intérêts. De plus, ils n’entretiennent aucune relation directe avec les employeurs, mais uniquement avec la plateforme. – Lorsqu’ils dépendent de ces plateformes, l’auto-exploitation les guette rapidement. – L’accès aux assurances sociales (assurance-chômage, prévoyance vieillesse, perte de salaire en cas de maladie) n’est pas garanti.


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Champ d’action Il faut instaurer des conditions-cadres fiables pour réglementer les rapports de travail précaires en matière de salaires (salaires minimaux), d’assurances sociales ou d’horaires de travail (disponibilité). Le travail mobile hors de l’entreprise doit aussi être limité dans le temps. Le crowdworking, l’économie de plateforme et d’autres formes d’exploitation de l’économie numérique font peur à beaucoup de gens. Même les standards minimaux du droit du travail menacent de s’effriter. La numérisation permet aux entreprises de diminuer leurs coûts, mais risque aussi de nuire à leur réputation. Les cas de violation des droits humains ou d’exploitation de la main-d’œuvre font très rapidement le tour de la planète sur l’Internet. Les entreprises actives dans le monde entier sont amenées à introduire et appliquer des directives éthiques. Elles sont contraintes d’assumer leur responsabilité sociale («Corporate Social Responsibility») pour éviter d’être dénoncées par l’opinion publique numérique et de perdre des parts de marché.

Clés pour le travail syndical Les syndicats doivent exploiter la fragile réputation des entreprises dans l’opinion publique numérique pour leur arracher des concessions et les obliger à assurer des rapports de travail équitables. Il faut de toute urgence introduire des réglementations pour protéger ces nouveaux rapports de travail. Aussi bien dans la législation que dans les conventions collectives de travail.


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Comment protéger les rapports de travail? – Il faut des systèmes de certification pour les plateformes de crowdworking. Celles-ci doivent au moins s’engager à respecter les directives de l’Organisation internationale du travail (OIT) et à prendre des mesures contre le travail au noir. – Les crowdworkers qui travaillent pour des entreprises suisses doivent être rémunérés correctement et être couverts par les assurances sociales. Si possible conformément aux conditions usuelles dans la région et la branche. En l’absence de CCT, ces conditions doivent être contraignantes. – syndicom doit établir avec les entreprises des règles, afin que qu’elles ne recourent au crowdworking que si d’autres solutions n’entrent pas en ligne de compte, et pour une bonne raison. Dans l’ordre de priorités suivant: 1. Solutions Inhouse 2. Création de nouveaux postes 3. Crowdworking seulement sur des plateformes certifiées

«La flexibilité sans sécurité signifierait que les humains rechignent à s’engager dans des processus d’apprentissage compliqués. La sécurité sans flexibilité empêcherait l’émergence d’un climat créatif nécessaire aux innovations. C’est pourquoi les deux sont indispensables: la flexibilité et la sécurité. Notre politique CCT est axée sur ce principe.»

Giorgio Pardini, Responsable du secteur TIC de syndicom


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Complexité et participation Tendance Les processus de production et les relations clients deviennent toujours plus complexes. Pour rester compétitives, les entreprises doivent innover de plus en plus rapidement. Même la survie de celles qui sont bien établies sur le marché est menacée. Le rythme effréné de la numérisation accélère aussi la complexité des processus. Quiconque veut suivre le rythme de l’innovation ne cesse de devoir se réinventer; il faut être prêt à se débarrasser des technologies dépassées pour en tester de nouvelles. Ceux qui ne le font pas resteront sur le carreau à moyen et à long terme. La rapidité à laquelle les entreprises perdent leur position sur le marché ne cesse d’augmenter. D’après une évaluation de l’économiste américain John Hagel, la durée de vie moyenne des entreprises s’élevait en 1940 à 75 ans. Aujourd’hui, elle est de 15 ans. Pression à innover Les innovations de produits, de prestations et de processus doivent s’opérer en un temps record. Or peu d’entreprises réussissent à établir des cultures d’innovation vivantes. Comment combler ce fossé? Qu’est ce qui distingue aujourd’hui – et demain – les produits, les services, les organisations et les mondes économiques innovants? En tant que championne mondiale de l’innovation, la Suisse est bien équipée pour affronter le futur numérique. Pour conserver cet atout, l’inventivité des employé-e-s doit être sollicitée.


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Exemple de Kodak Pendant des décennies, aucune autre entreprise n’a supplanté Kodak en matière d’équipement photographique. Conforté dans son succès, Kodak a commis l’erreur de sous-estimer la photographie numérique et s’est intéressé trop tard à la transformation numérique du marché. Si bien que l’entreprise a fait faillite en 2012. Cet exemple est aussi significatif pour les syndicats: il est inutile d’empêcher le développement d’entreprises performantes pour défendre des groupes professionnels traditionnels. Les syndicats et les employeurs doivent développer les professions et les conditions de travail au même rythme que l’évolution technologique – pour le bien des employés.


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Champ d’action Les entreprises peuvent surmonter la pression à l’innovation seulement si elles renforcent la participation des employés en leur conférant plus de responsabilités (empowerment) et plus de pouvoir de codécision. La numérisation de l’économie confère aujourd’hui une nouvelle urgence à une requête syndicale traditionnelle, à savoir la participation des employé-e-s. On parle aujourd’hui aussi d’«empowerment»: 1. Les employé-e-s doivent être qualifiés pour répondre aux exigences croissantes. 2. Des compétences et des capacités d’action doivent leur être attribuées conformément aux qualifications. 3. Les employé-e-s doivent être en mesure d’assumer une responsabilité pour le bien-être de l’entreprise.

«Empowerment» Il nécessite un nouveau style de conduite participatif. La direction doit céder une partie du contrôle et renforcer la responsabilité des employé-e-s. L’«empowerment» ne doit pas entraîner l’auto-exploitation des employés et nécessite un changement de la culture d’entreprise: du principe traditionnel «top-down» au «bottom-up», donc de bas en haut.


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La question est la suivante: comment poser des jalons pour un travail convivial, où la technique ne doit pas asservir l’humain, mais au contraire lui servir? Les transformations technologiques ne peuvent réussir que si les employé-e-s participent au processus. C’est pourquoi le syndicat allemand DGB a lancé l’initiative «Offensive Mitbestimmung», portée par trois principes: 1. Seul le travail codécidé est du bon travail. 2. Une bonne conduite d’entreprise est une conduite codécidée. 3. La codécision constitue la démocratie active dans l’économie.

Il faut renforcer la participation – Les rôles des acteurs doivent être définis plus clairement, notamment concernant la mutation des profils professionnels et de leurs tâches, les processus de travail, les modèles de temps de travail, les prélèvements sur les bénéfices, les investissements, etc. – Les militants syndicaux et les représentants du personnel doivent être mieux protégés et obtenir suffisamment de temps pour assumer leur rôle de participation – aussi pendant leur temps de travail. – De plus, ils doivent être formés et suivre régulièrement des perfectionnements.


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Les médias et leur rôle dans la démocratie Tendance Le bon journalisme est en péril. Les pratiques monopolistiques menacent la démocratie. Depuis des années déjà, le secteur des médias est numérisé: les annonceurs et les consommateurs de médias se désintéressent des médias imprimés et se tournent vers les médias numériques, où la consommation d’informations y est meilleur marché ou gratuite. Les moteurs de recherche internationaux tels que Google et les réseaux sociaux comme Facebook revendiquent une part toujours plus grande du gâteau, tout en refusant de dépenser pour les prestations journalistiques, les recherches ou les contenus. Les modèles commerciaux ont radicalement changé. Auparavant, les entreprises de médias vendaient de la publicité et des abonnements pour produire des contenus onéreux et de haute qualité. Aujourd’hui, elles produisent des plateformes publicitaires, sur lesquelles elles cherchent à drainer le plus grand nombre possible de personnes et à placer des contenus produits si possible à bas prix. Les prestations journalistiques risquent ainsi de ne plus être payées et les droits d’auteur des journalistes d’être sapés. Alliance dans la publicité Google et Facebook détiennent à eux seuls 85% du marché publicitaire numérique dans le monde entier. Pour leur offrir la parade, Ringier, Swisscom et SSR ont créé en Suisse une plateforme commune pour commercialiser la publicité (Admeira).


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Les entreprises de médias reportent la pression des coûts sur le personnel et comptabilisent les recettes des plateformes numériques directement en tant que bénéfices du groupe (p. ex Tamedia ) – au lieu de les investir dans les produits médiatiques et le personnel. Il existe aussi d’autres dérives: – Les postes fixes sont comprimés, tout comme les honoraires des free-lances. Même dans des quotidiens renommés, les honoraires payés pour des articles de série d’une page entière ou pour des photos de couverture suffisent à peine à couvrir les coûts. Les possibilités de publication (rétribuées) sont aujourd’hui peu nombreuses, car les médias établis se font rares en raison de la concentration des médias. – Les services de piquet ne sont souvent pas dédommagés ni compensés. – Le temps de travail n’est fréquemment pas enregistré, bien que la loi l’exige; les journalistes accomplissent systématiquement des heures supplémentaires, qui ne peuvent pas être compensées. – Les stagiaires travaillent gratuitement la plupart du temps. Un stage payé n’est octroyé qu’aux personnes ayant terminé leurs études et acquis de l’expérience professionnelle. Car on attend des jeunes diplômés qu’ils aient réalisé auparavant plusieurs stages. Ces derniers ne sont souvent pas ou très mal rémunérés. «Il règne depuis 12 ans un vide conventionnel en Suisse alémanique et au Tessin. Une convention s’impose de toute urgence pour assurer la codécision du personnel et la participation des syndicats, ainsi que pour garantir les droits des journalistes et de bonnes conditions de travail.»

Roland Kreuzer, responsable du secteur Médias/IGE de syndicom


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Champ d’action Les médias doivent être reconnus comme les piliers de la démocratie et continuer à fournir du journalisme de qualité. De plus, il faut garantir que les professionnels des médias soient correctement rémunérés pour leur travail et que leurs droits d’auteur ne soient pas usurpés. Les syndicats doivent absolument agir dans la branche médiatique. Il faut sensibiliser le grand public au rôle fondamental des médias dans les sociétés démocratiques: en tant que «quatrième pouvoir» dans l’Etat, en tant qu’instance critique et de diffusion. Un journalisme indépendant, fiable et diversifié doit former le socle de la démocratie et faire partie du service public. Outre la radio-télévision publique, qui doit offrir des prestations attrayantes, approfondies et équilibrées, l’aide directe à la presse doit aussi être accordée à des entreprises de médias privées, pour autant qu’elles ne recherchent pas prioritairement le profit. Voici comment nous pouvons améliorer les conditions de travail des professionnels des médias: – Salaires minimaux obligatoires adaptés aux années d’expérience, y compris pour les stages. – Limitation, enregistrement et contrôle du temps de travail. – Honoraires minimaux pour les journalistes indépendant-e-s, correspondant au temps de travail accompli. – Amélioration des droits d’auteur des professionnels des médias. – Droit au perfectionnement, en particulier pour l’acquisition de nouvelles technologies de diffusion.

Les éditeurs doivent être indemnisés pour l’utilisation et la diffusion de leurs offres médiatiques par Google, Twitter, Facebook ou des agrégateurs de nouvelles comme «News360». L’amélioration des conditions de travail dans les maisons d’édition doit aller de pair avec une amélioration de la rémunération des professionnels des médias et de leurs droits. Il appartient aux syndicats de l’exiger. Le lien de cause à effet est évident: un bon journalisme au service de la société exige de bonnes conditions de travail et la protection des droits d’auteurs. L’importance des médias en tant que service public nécessite une meilleure protection de celles et ceux qui le fournissent. A cet effet, il faut d’ur-


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gence réintroduire une CCT des médias en Suisse alémanique et au Tessin, après 12 ans de vide conventionnel. L’UE prévoit d’octroyer aux éditeurs des droits en justice (droits voisins) relatifs à l’utilisation en ligne de leurs publications d’information. Cela concernera aussi les «snippets», c’est-àdire les extraits et fragments d’articles utilisés par exemple par Google News. – Selon le premier projet, les contenus seront protégés durant 20 ans. – Sur la base de ces droits, les éditeurs pourront autoriser ou interdire la reproduction ou la diffusion de ces publications. – En s’appuyant sur le nouveau droit de la propriété intellectuelle, les éditeurs pourront négocier un modèle d’indemnisation avec des utilisateurs tels que Google. Si des droits voisins sont introduits en Suisse, les journalistes et les auteurs de ces œuvres doivent aussi obtenir une part des recettes. Dans la révision actuelle du droit de la propriété intellectuelle, il faut en outre introduire un droit fondamental à la rémunération pour l’utilisation en ligne des œuvres par des privés, comme l’exigent les syndicats.

«Les médias en Suisse sont devenus si médiocres que la démocratie directe est menacée. Les citoyennes et citoyens peinent à y participer, faute d’une information suffisante.»

Moritz Leuenberger, ancien conseiller fédéral, ancien ministre des médias de Suisse


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Commerce en ligne et services financiers Tendance La progression du commerce numérique est très forte. Le commerce en ligne gagne des parts de marché et e­ ntraîne une transformation de la distribution et de la fabrication. Secteurs particulièrement concernés: l’habillement, le commerce du livre et les banques. Sur Internet, le choix de produits est infini – tout comme les possibilités de comparaison des prix. Les plateformes en ligne comme Amazon ou Zalando attirent de plus en plus de clients sur leurs plateformes. Ceux-ci apprécient non seulement les prix avantageux, mais aussi le confort d’utilisation (convenience). La procédure de transaction est simplifiée. D’un point de vue d’économie d’entreprise, le commerce en ligne présente l’avantage de pouvoir être exploité de manière très efficace avec une forte courbe de croissance, au moyen d’un petit nombre d’employé-e-s qui sont souvent exploités par les employeurs, alors que le commerce stationnaire a une très faible croissance, car les nouvelles filiales impliquent des coûts importants en personnel et en loyers. La transformation numérique est particulièrement avancée dans le commerce du livre. Alors qu’autrefois les livres étaient presque tous imprimés et publiés par des maisons d’édition et vendus par des librairies, la part de marché du commerce du livre stationnaire n’est plus que de 75% aujourd’hui. Le chiffre d’affaires du commerce du livre en ligne a connu une forte croissance au début, mais il stagne depuis quelques années (env. 20% du marché). La part de marché des livres électroniques (e-books) se situe aux autours des 5%. En raison de la diminution de leurs parts de marché, le commerce du livre stationnaire et les éditeurs ont aussi perdu une partie de leur pouvoir de marché. Autrefois, les éditeurs


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décidaient quels livres étaient préfinancés, imprimés, diffusés et finalement vendus. Aujourd’hui, les auteurs peuvent se passer des éditeurs et des libraires, puisqu’ils peuvent produire, diffuser et commercialiser leurs livres en ligne. L’exemple d’Amazon Quant aux clients, ils peuvent également Amazon illustre parfaitement la s’informer eux-mêmes sans restriction sur technologie de plateforme. La recette: les produits existants. Amazon propose des millions de proDans le commerce du livre stationnaire, duits, y compris des livres peu demanla numérisation modifie en particulier la dés ou de collection. Les clients n’ont gestion de la demande. La composition ainsi aucune raison de consulter une de l’assortiment et le réapprovisionneautre plateforme. En payant ses emment sont centralisés et automatisés, du ployés au lance-pierres, Amazon peut moins dans les grandes entreprises. D’où économiser sur la commercialisation le risque d’une perte de compétences et des produits, mais aussi sur les loyers de postes de libraires dans le commerce élevés des surfaces commerciales. stationnaire. L’expédition est exécutée principalement dans des régions à bas salaires. En outre, Amazon refuse à ce jour de conclure des conventions collectives de travail.


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Postfinance est mis au défi A ce jour, la branche de la finance a subi de moins grandes transformations que le commerce du livre en raison d’une législation relativement stricte. Mais d’aucuns affirment que la transformation n’a été que reportée et qu’elle sera d’autant plus radicale. Contrairement aux produits commerciaux physiques tels que les livres, les produits financiers peuvent être intégralement numérisés. Ce défi concerne également fortement PostFinance. Selon les pronostics, la numérisation met en péril 30 à 50% du bénéfice au sein d’une banque universelle, contre plus de 50% pour PostFinance en tant que qu’entreprise de retail.


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Champ d’action Pour survivre face à des entreprises du web telles qu’Amazon, le commerce du livre stationnaire doit développer ses compétences numériques sans perdre ses atouts traditionnels. L’écart entre commerce en ligne et commerce stationnaire commence à se combler. Le principe du «multicanal» («Omnichannel») s’applique à tous les canaux de vente où s’établissent des relations avec la clientèle, que ce soit le magasin, le web ou les réseaux sociaux. Cela modifie un certain nombre de choses, y compris dans les magasins. Le magasin/le point de vente, où sont stockés tous les produits, se mue en showroom, dans lequel certains produits spécifiques sont mis en lumière et proposés en combinaison avec différentes variantes d’exécution et de livraison. Ce showroom sert à fidéliser les clients. On s’y rend pour se faire une idée du produit, le toucher, l’essayer – et pour y rencontrer des personnes qui partagent les mêmes goûts et intérêts. Il ne s’agit donc pas d’une surface de vente froide et austère dans de coûteux centres villes, mais d’un lieu d’échanges et d’interaction sociale. Pour soutenir la concurrence avec le commerce en ligne, les librairies stationnaires doivent donc proposer leurs accès en ligne et leurs produits de commerce électronique d’une manière attrayante et renforcer leur rôle de conseil. Le commerce du livre doit conserver ses forces, telles que la proximité avec le client, ses compétence de conseil, son assortiment pointu et son enthousiasme pour le livre. Les employé-e-s qui travaillent en collaboration avec les libraires dans les rédactions internet ou les divisons marketing veillent à faire la distinction, au niveau de la qualité et du contenu, entre les libraires et les commerçants en ligne – qui ne peuvent offrir que des critiques/évaluations de clients. Communiquer cette plus-value aux clients reste toutefois une tâche difficile.


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Pour répondre à ces exigences, le commerce du livre doit renforcer et développer ses compétences numériques selon différentes stratégies, en fonction de la taille et de l’orientation de l’entreprise. Les coopérations (comme les plateformes e-book) et la livraison commune via des centres de distribution sont importantes pour la survie des petites entreprises, car le commerce en ligne n’est rentable qu’à partir d’un certain volume commercial.

Commerce du libre: il faut une offensive de perfectionnement à l’échelle de la branche La numérisation rend le travail dans le commerce du livre plus exigeant et spécifique. Les libraires doivent avoir accès à de nouveaux domaines d’activité dans le e-commerce. Il en découle de nouvelles possibilités de développement au sein de la branche. Le perfectionnement en entreprise est décisif pour assurer la transformation numérique. Comme les revenus dans le commerce du livre sont bas, les employeurs doivent non seulement garantir, mais aussi contribuer financièrement à la formation et au perfectionnement. Sur le plan international, les syndicats doivent lutter pour que les conventions collectives de travail deviennent la norme pour tous les acteurs du commerce en ligne. De plus, il faut mener une offensive en faveur du perfectionnement dans l’ensemble de la branche et vérifier dans quelle mesure la formation de base de libraire est adaptée aux exigences de la numérisation et comment elle peut être élargie.


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Plan de développement stratégique dans le domaine de la finance Dans le secteur de la finance aussi, les relations avec la clientèle sont essentielles. Dans le banking numérique, elles deviennent plus impersonnelles – et s’appuient par conséquent de plus en plus sur des produits qui peuvent être individualisés, sur l’accès aux informations et sur des surfaces d’utilisation attrayantes pour la clientèle. Le big data, l’intelligence artificielle et l’open source permettent de mieux comprendre les besoins des clients, d’adapter individuellement les offres et d’évaluer précisément la gestion des risques. Ces innovations exigent de la part des responsables clients qu’ils acquièrent de nouvelles compétences et surtout une compétence IT beaucoup plus élargie des services spécialisés des back-offices. Le développement du personnel est un enjeu exigeant pour les banques. Il faut un nouveau plan de développement pour l’ensemble des processus clients Frontend et Backend, auquel doivent être associés les partenaires sociaux. Car les systèmes doivent être adaptés à la fois aux besoins des clients et à ceux des employé-e-s. Faute de quoi, ils ne résisteront pas à l’épreuve de la pratique.



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3. Politique de société

«La transformation numérique est une opportunité pour remodeler notre société. Si nous voulons tirer le meilleur parti de cet immense potentiel économique et social, il nous faut de toute urgence une sorte de programme Apollo pour les systèmes d’information et de communication, afin de préparer les institutions et les infrastructures nécessaires à la société numérique de demain.» Dirk Helbing, Professeur de sociologie, ETH Zurich


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Différenciation et diversité des perspectives Tendance La numérisation de l’économie constitue un défi pour tous les êtres humains. Les chances et les dangers ne sont pas les mêmes pour tous les groupes de population et de travailleurs. Il y a beaucoup à gagner dans le monde du travail numérique: une plus grande liberté de choix, de nouvelles perspectives professionnelles et d’avenir, plus de participation et de codécision. Mais il y a aussi beaucoup à perdre: des emplois et des bases existentielles, la sécurité sociale et la prévoyance vieillesse, des perspectives d’avenir et des espaces de liberté, des contacts sociaux ou la santé psychique. Ainsi, de nouvelles inégalités sociales risquent de se creuser. Notre rapport à l’évolution numérique varie selon nos connaissances informatiques et notre utilisation des réseaux sociaux. Nos rythmes de vie et nos possibilités d’adaptation sont différentes. Mais une chose est sûre: plus la numérisation prend de place dans nos vies, plus le mouvement de résistance croît. Les risques et les opportunités ne sont pas les mêmes pour tous: la numérisation touche différemment les jeunes et les personnes âgées, les femmes et les hommes, les migrant-e-s, les indépendant-e-s ou les employé-e-s fixes.


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L’apprentissage permanent, aujourd’hui indispensable, risque d’aggraver les discriminations à l’égard des femmes. Plusieurs études de l’Office fédéral de la statistique montrent que les entreprises octroient plus de temps et d’argent à leurs collaborateurs qu’à leurs collaboratrices pour qu’ils puissent se perfectionner. Les femmes sont donc doublement désavantagées. Les indépendant-e-s sont tout particulièrement confrontés aux enjeux de l’économie numérique. Comme leurs conditions de travail et leurs contrats ne sont pas suffisamment protégés, ils servent souvent de «tampons de travail» aux entreprises.

«Parallèlement aux tâches multiples que remplissent les femmes – activité professionnelle, éducation, ménage – elles doivent désormais faire face à l’exigence du perfectionnement permanent et de la joignabilité constante. Il faut trouver ici des solutions adéquates.»

Patrizia Mordini Responsable de l’égalité à syndicom


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Champ d’action Les conséquences de la numérisation doivent être analysées sous différents angles, afin de prendre des mesures ciblées, adaptées aux différents groupes de la population. Quels sont les risques et les opportunités de l’économie et de la société numériques pour les femmes et les hommes? Les jeunes et les personnes âgées? Les personnes handicapées? Les personnes issues de la migration? Les réponses peuvent être très différentes. C’est pourquoi il faut considérer sous différentes perspectives l’évolution numérique, aussi bien dans le cadre de la discussion publique qu’au sein du syndicat et des entreprises. Egalité des genres et égalité des chances La numérisation offre aussi des opportunités pour l’égalité des sexes. Les modèles de travail flexibles ou le télétravail permettent de mieux concilier l’activité professionnelle et la garde des enfants ou les soins aux proches. Simultanément, elle comporte aussi de nouveaux dangers, notamment pour les femmes: ce sont elles qui, aujourd’hui déjà, sont confrontées aux tâches multiples. L’exigence du perfectionnement permanent et de la joignabilité constante accroîtra encore la pression sur les femmes.

Par conséquent, il est important que les syndicats continuent à défendre avec fermeté les revendications liées à l’égalité dans l’économie numérique: travail à temps partiel et job-sharing pour les femmes et les hommes, y compris dans les positions de cadre, possibilités de garde suffisantes et à un coût abordable, égalité des salaires, bonne sécurité sociale et bonne prévoyance vieillesse. Tout ceci ne va pas de soi, comme le montre cet exemple: la prévoyance vieillesse dépend du taux d’occupation. Or les salarié-e-s qui effectuent de petits pourcentages chez plusieurs employeurs sont pénalisés. Et les femmes seront sans doute les principales concernées à l’avenir aussi. La déduction de coordina-


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tion servant au calcul des cotisations LPP leur est prélevée pour chaque nouveau rapport de travail. Au bout du compte, leur rente ne suffit plus à couvrir leurs besoins vitaux si les syndicats n’imposent pas des mesures appropriées. Dans l’économie numérique, le risque de précarisation est particulièrement grand, aussi pour les migrant-e-s. Ils tendent à être employés de plus en plus souvent auprès de sous-traitants avec de mauvaises conditions de travail et sans convention collective de travail – et non pas dans des entreprises principales dotées d’une CCT. Les salariés âgés, qui n’apprennent plus aussi facilement, seront particulièrement touchés par l’exigence de l’apprentissage à vie. Les syndicats doivent donc contraindre les entreprises à soutenir efficacement le perfectionnement des employés âgés par des mesures de coaching ou de généreux budgets-temps pour les formations et les perfectionnements.

Approche diversifiée pour éviter les discriminations Afin que l’évolution numérique soit favorable au plus grand nombre possible de personnes et de groupes de population, il faut s’appuyer sur une approche diversifiée. Les chances et les risques de la numérisation doivent être analysés avec soin pour en déduire ensuite des revendications spécifiques. La diversité des perspectives stimule aussi l’innovation et la productivité d’une entreprise. Lorsque des personnes au parcours différent (quant à leur formation ou leurs origines, par exemple) sont amenées à collaborer, la probabilité qu’elles trouvent des solutions innovantes augmente, tout comme la productivité. Les processus participatifs ancrés dans des modèles de travail progressistes permettent aussi d’améliorer la satisfaction et la santé des employé-e-s.


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Réseaux d’infrastructure et approvisionnement de base

Tendance Des réseaux de télécommunication et logistiques performants sont un facteur de compétitivité primordial dans l’économie numérique. Ils sont tout importants pour l’exploitation efficace des ressources. Les entreprises, comme les ménages privés, ont besoin de réseaux de télécommunication et logistiques performants. Les entreprises en dépendent pour offrir de nouvelles solutions-clients et optimiser les processus. Les ménages privés y recourent pour accéder à de nouvelles offres de divertissement et de formation et travailler à domicile. De plus, des réseaux performants sont indispensables à la gestion efficace des ressources. Ils pourraient contribuer à transformer l’ère de la numérisation en une ère de l’écologie: – par une utilisation efficace des ressources au lieu d’une production de masse énergivore; – par des prestations immatérielles au lieu d’une consommation de masse nuisible à l’environnement; – par des données propres au lieu du pétrole polluant.

«Au niveau mondial, la Suisse est à la pointe en matière d’infrastructures. Sa force d’innovation et d’investissement, ainsi qu’un excellent service public, sont déterminants pour l’avenir de notre pays.»

Daniel Münger, Responsable secteur Logistique de syndicom


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Champ d’action La Suisse a besoin d’un réseau de télécommunication et logistique hautement performant. syndicom insistera en ce sens dans le cadre des discussions sur le service public et les processus législatifs. La construction d’une infrastructure performante pour l’avenir exige une vision à long terme. Ainsi qu’une certaine indépendance vis-à-vis des actionnaires, qui ne visent que le profit à court terme. C’est pourquoi syndicom s’engage avec détermination contre une privatisation de Swisscom. La privatisation complète de Swisscom ne profiterait qu’aux actionnaires et compromettrait les investissement dans les réseaux et par conséquent dans l’avenir. «Cargo Sous Terrain» Les partenaires Swisscom, La Poste et les CFF projettent de former un consortium pour construire d’ici 2030 une forme de poste pneumatique souterraine. Par rapport aux formes traditionnelles de transport, elle doit permettre de diminuer jusqu’à 80% les émissions de dioxyde de carbone et de réduire jusqu’à 20% le trafic sur l’autoroute A1.


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La vente de Swisscom à une entreprise active à l’échelle internationale pourrait inciter le géant bleu à se concentrer uniquement sur les agglomérations au détriment des régions périphériques et rurales. Or seul sous contrôle de l’Etat, Swisscom est en mesure de construire un réseau d’infrastructures numériques performant pour l’avenir. Non seulement dans les régions rentables fortement peuplées, mais aussi en périphérie. Tout comme les réseaux logistiques, les réseaux de télécommunication constituent des biens d’intérêt public – qui permettent une utilisation efficace des ressources. Par conséquent, l’Etat doit veiller à ce qu’ils respectent les standards écologiques et d’autres intérêts publics. Aucune discrimination ne doit être créée à l’égard des ménages privés, ni envers les entreprises – en particulier en ce qui concerne l’accès aux dernières technologies. La couverture du réseau et l’utilisation efficace des ressources sont au cœur du service public dans une société numérique.

A la vitesse de la lumière Seuls les réseaux de fibre optique offrent les capacités nécessaires pour transporter à l’avenir des volumes de données suffisamment rapidement.


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Travail, impôts et leur répartition Tendance Selon un scénario de l’économie numérique, le volume du travail rémunéré pourrait baisser drastiquement. Les impôts payés par les entreprises globalisées, quant à eux, ont déjà diminué. La productivité augmente en raison de la densification constante du travail, due notamment aux technologies numériques. C’est ce que montre l’étude réalisée par syndicom sur la «Délimitation du travail». Le volume de travail est réparti sur un nombre de personnes de plus en plus restreint. Beaucoup de salarié-e-s ne se réjouissent même plus à la perspective des vacances, sachant qu’ils retrouveront encore plus de travail à leur retour. Entre 1940 et 1990, la durée hebdomadaire de travail en Suisse a passé de 48h à 42h en moyenne. Aujourd’hui, 25 ans plus tard, elle s’élève toujours à 41,7 heures – malgré l’augmentation considérable de la productivité. Cette évolution s’explique par l’horaire de travail basé sur la confiance: le travail n’est plus mesuré selon le temps de travail

Durée de travail illimitée? Les entreprises qualifient volontiers la saisie du temps de travail d’obsolète. Or elle est au contraire plus importante que jamais dans l’économie numérique.


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accompli, mais selon les performances. Or les exigences relatives aux performances, contrairement au temps de travail, sont extensibles à l’infini. Alors que la productivité et les profits qui en résultent pour les entreprises ne cessent d’augmenter, les impôts versés par les entreprises diminuent de façon souvent scandaleuse. Il est bien connu que des multinationales exploitent des niches fiscales pour éviter de payer des impôts, malgré les milliards de bénéfices qu’elles engrangent. Elles ne commettent rien d’illégal, mais ne font qu’exploiter les conditions-cadres mises en place par les milieux politiques favorables aux entreprises. Si les chiffres de l’emploi devaient diminuer de manière dramatique dans l’économie numérique, les recettes fiscales provenant des ménages et les déductions sociales rétréciraient elles aussi. Alors que les dépenses pour l’assurance-chômage et l’aide sociale augmenteraient en parallèle. Si ces phénomènes se combinent, des tâches fondamentales de l’Etat ne pourront plus être financées de la même manière qu’aujourd’hui.

Le scandale Apple En automne 2016, la commissaire européenne à la concurrence Margrethe Vestager a provoqué bien des remous en interdisant, au nom de la commission européenne, une convention fiscale entre l’Irlande et le géant technologique Apple. En 2014, Apple n’avait pas payé plus de 0,005% d’impôts sur les bénéfices cumulés réalisés en Europe et en Irlande.


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Champ d’action Le travail doit être réparti sur un plus grand nombre de personnes et le financement des tâches de l’Etat doit être garanti. L’augmentation de la productivité n’est pas seulement due aux nouvelles technologies, mais également aux performances des employé-e-s. Il est donc grand temps que les travailleurs en profitent eux aussi. Pas seulement par des augmentations de salaire, mais aussi par une diminution du temps de travail. Les entreprises, qui engrangent d’énormes bénéfices grâce à l’amélioration de la productivité, doivent payer des impôts proportionnels, adaptés à leurs bénéfices.

Réduire le temps de travail, répartir le travail Certains souffrent d’une charge de travail excessive, alors que d’autres perdent leur emploi. Il faut donc répartir le travail sur le plus grand nombre possible de personnes et délimiter clairement la durée du travail. Pour cela, l’enregistrement du temps de travail est indispensable, non seulement en entreprise, mais aussi pour le travail mobile ou le télétravail. C’est la seule façon de mieux répartir le travail.

Lutter contre la perte de recettes fiscales Pour mettre fin au transfert des bénéfices des entreprises et à l’évasion fiscale des super riches, les Etats doivent abolir d’urgence les niches fiscales. Il faut introduire une imposition internationale uniforme des entreprises et des bénéfices en bourse.


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Big data démocratie des données Tendance La collecte et l’évaluation des données sont un facteur déterminant de réussite et de pouvoir dans l’économie numérique. Dan l’économie numérique, celui qui a le pouvoir est celui qui détient les données et peut les évaluer. Y compris les données des clients ou des employé-e-s, récoltées par exemple à travers les offres gratuites et les sondages sur Internet. Ces offres, qui ne sont gratuites qu’en termes de prix, occultent les recettes promises à long terme en termes de données personnelles. Scénario positif La masse d’informations n’est pas utilisée uniquement par les entreprises, mais est mise à la disposition de tous. Les performances des processeurs et les volumes de données croîtront ainsi de façon exponentielle, ainsi que les innovations et la diversité des produits et prestations.

Scénario négatif Un nombre toujours plus restreint de grandes sociétés amassent toujours plus de données et tentent d’accroître ainsi leur contrôle sur les processus économiques, politiques et sociaux. Elles cherchent ainsi à étendre leur pouvoir sur les individus. Ce scénario est tout à fait réaliste, mais il conduit à des conflits sociaux et à un chômage de masse – faute de participation et de transparence.


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La progression globale et ultra-rapide des technologies de communication les plus modernes, qui implique la mise en réseau numérique systématique de toutes les chaînes de création de valeur, génère un volume de données colossal et complexe, qui ne cesse de croître. Toutes les données, issues de tous types de sources, peuvent être stockées, traitées et évaluées.

Chances et dangers de l’évolution Les technologies actuelles permettent de rassembler des données de provenance et de structure différentes. De nouvelles possibilités économiques et politiques considérables s’ouvrent ainsi aux puissants et aux grandes sociétés. Pour les individus, ces transformations comportent de nouvelles opportunités d’emploi, mais aussi des risques.


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Champ d’action Comment empêcher les monopoles de données et les abus de pouvoir? Comment garantir que les données soient utiles à la société? Et comment améliorer la protection des données personnelles? syndicom doit apporter des réponses à ces questions fondamentales. Dans l’économie numérique, la protection des données revêt une nouvelle dimension. Les conditions-cadres légales suffisent-elles à répondre aux enjeux du «big data», resp. du «smart data»? Voulons-nous laisser tout le pouvoir des données à de grands groupes privés? Voulons-nous leur laisser carte blanche pour rassembler, traiter et évaluer des données sans aucun contrôle démocratique? Ce que Facebook et Google sont capables de faire, des entreprises suisses le peuvent aussi. Comment empêcher que des monopoles de données entraînent des abus? La classe politique doit intervenir: il faut adapter en profondeur la législation sur la protection des données en tenant compte des conditions-cadres de l’économie numérique. La législation est en retard sur la technique La loi fédérale sur la protection des données a été introduite 1992. L’Internet venait à peine d’être créé et les technologies et moyens de communication actuels n’étaient guère répandus. La révision actuelle doit prendre en compte les problèmes liés à l’ère numérique.


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Voici comment adapter la protection des données pour le futur – Dans la discussion sur la protection des données, il faut rappeler que le droit à la sphère privée est un droit humain. Le droit de disposer de ses propres données doit donc constituer un droit fondamental, selon le principe: «Mes données m’appartiennent.» – Les directives sur la protection des données qui concernent le personnel doivent être élaborées et développées de façon paritaire. – Il faut introduire des réglementations claires pour empêcher l’utilisation abusive de données personnelles. Il convient d’étudier la création d’un label de protection des données, basé sur une charte. Le controlling ne doit pas reposer uniquement sur des interviews et des rapports. Il doit intervenir via des logiciels appropriés. – Les entreprises ne doivent pouvoir évaluer des données personnelles qu’avec l’accord express des employé-e-s – et seulement dans un délai déterminé. Il faut interdire la saisie des données physiologiques des employé-e-s, hormis pour des mesures de prévention approuvées par une commission paritaire. – Les employé-e-s doivent à tout moment avoir accès à leurs données personnelles. – La séparation des données privées et professionnelles doit être garantie. Cela concerne l’utilisation professionnelle des appareils électroniques privés, tout comme l’utilisation privée de l’équipement électronique de l’entreprise. Cela concerne aussi la communication électronique et l’archivage des données. – Les données de localisation des employé-e-s qui servent aux processus d’entreprise ne peuvent être saisies et évaluées que durant le temps de travail.


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Chômage et apprentissage à vie Tendance Tous les employés ne parviennent pas à suivre le rythme effréné de l’évolution numérique. Or quiconque perd pied dans le monde du travail ou interrompt sa carrière pour se consacrer à des tâches éducatives ou à du travail d’assistance risque de sombrer dans la précarité. Le marché du travail tend à se fragiliser. Les personnes qui ratent leur entrée dans le monde professionnel, en particulier, courent des risques, ainsi que celles qui interrompent leur carrière pour accomplir des tâches éducatives ou du travail d’assistance. Car la roue tourne toujours plus vite. Dans ces circonstances, il est difficile de suivre l’évolution technique. Et quiconque quitte provisoirement le marché du travail risque d’en rester définitivement exclu. La nouvelle ère numérique met à l’épreuve non seulement les capacités d’adaptation de la technique, mais aussi celles des humains. Il s’agit donc d’armer – et de maintenir en forme – une nouvelle génération pour qu’elle puisse appréhender la numérisation. Exemple Europe du Sud Après la crise financière et économique de 2008, le taux de chômage juvénile a augmenté de presque 50%. On parle d’une génération perdue. En Suisse aussi, le chômage structurel est élevé chez les jeunes. Et il ne diminue pas, même en période de croissance. Cette situation pourrait encore se dégrader si aucune contre-mesure n’est prise.


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Champ d’action Quand le marché du travail tend à se fragiliser, il faut y réagir en prévoyant davantage d’incitations pour l’apprentissage à vie. La transformation numérique de l’économie met l’accent sur le savoir. Comment inciter les gens à se familiariser avec les nouvelles possibilités techniques – et éviter qu’elles les asservissent? Qu’entend-on par compétence numérique? Comment définir les concepts d’activité rémunérée et de travail dans la société du savoir? Recettes pour un apprentissage à vie On parle depuis longtemps déjà d’apprentissage à vie. Mais jusqu’à présent, peu de faits attestent d’une mise en œuvre effective. Les mesures suivantes sont nécessaires: – L’Etat doit élaborer des mécanismes pour anticiper l’évolution et introduire à temps des mesures. – Les bourses doivent être mieux dotées. – Les prestations de l’assurance-chômage doivent être développées pour financer des perfectionnements après une perte de travail. – Il faut introduire des déductions fiscales simples et d’autres instruments d’incitation. – Temps partiel de formation avec emploi garanti, cofinancé par l’Etat.

Pour obtenir des réponses à ces questions, on doit aussi remettre en cause le principe sacro-saint de la «formation». Un solide transfert du savoir reproductible suffira-t-il encore à l’avenir? Dans l’économie numérique, la société ne doit pas seulement répartir différemment le travail, mais aussi l’apprentissage. Une formation professionnelle ne suffit plus. L’apprentissage à vie devient indispensable pour que les humains puissent suivre le rythme effréné de l’évolution.


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Perspectives Cette brochure ne donne pas une définition définitive de la stratégie numérique de syndicom. Le syndicat et ses membres doivent continuer à travailler à son élaboration. Ensemble. Participation Un constat essentiel est que les entreprises ne peuvent survivre dans un environnement numérique que si elles associent les compétences et capacités de leurs employé-e-s à l’évolution entrepreneuriale. Ce constat est aussi valable pour les syndicats en relation avec leurs membres. «Bottom-up» syndicom a lui aussi besoin de structures «bottom-up» pour s’affirmer dans l’économie numérique. Il veut élaborer une stratégie de numérisation réussie, fondée sur les échanges avec ses membres. Ces derniers connaissent au mieux l’impact de la numérisation dans leurs entreprises et sur leurs lieux de travail. Et ils sont conscients des chances et des dangers que comporte la numérisation. Peser dans la discussion Les tendances et les champs d’action décrits dans cette brochure méritent d’être approfondis, concrétisés et appliqués. Aussi bien dans la politique CCT et de branche qu’au niveau politico-social. syndicom veut participer à la discussion publique: il veut prendre part aux études, assemblées et workshops de la Confédération, mais aussi entretenir des contacts avec les militants syndicaux au Parlement, afin de pouvoir représenter de manière compétente les intérêts des employé-e-s dans les commissions.


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Réussir Malgré tous les dangers qu’elle comporte, la numérisation présente un potentiel immense que le syndicat et ses membres doivent exploiter ensemble. En développant des stratégies syndicales au niveau national et international. Car dans l’économie numérique aussi, une seule devise s’applique: nous sommes forts ensemble – le futur nous appartient si nous le façonnons ensemble!

L’union fait la force Si le syndicat et ses membres se consultent, les différentes perspectives viennent se compléter pour former une unité. Ce potentiel doit être exploité, précisément pour développer la stratégie de numérisation.


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Informations complémentaires La numérisation de l’économie et de la société nous concerne tous. syndicom rassemble à ce sujet des documents et des liens importants sur son site www.syndicom.ch/numerisation.


Impressum Éditeur Responsabilité politique

Rédaction

Concept, Texte & mise en page Photos

Traduction Impression Tirage

syndicom – syndicat des médias et de la communication Monbijoustrasse 33, 3011 Berne Giorgio Pardini, responsable du secteur TIC & membre du comité directeur de syndicom Christian Capacoel, Daniel Hügli, Roland Kreuzer, Roland Lamprecht, Patrizia Mordini, Daniel Münger, Giorgio Pardini, Franz Schori komform GmbH, Liebefeld, www.komform.ch Couverture: alphaspirit/Fotolia; page 15: Alamy; page 16: Lockheed Martin; page 17: Wikimedia; page 18: Richard Stallmann; pages 19, 22, 29, 34, 36 57, 61, 62 et 67: fotolia; page 21: flickr; page 27: Schweizerische Post; page 28: getty images; page 30: Shutterstock; page 32: tashatuvango; pages 33, 39, 51, 54: Sam Buchli; page 41: Dominique Meienberg; page 43: SN/APA (DPA)/ Jan Woitas; pages 46, 58: AP; page 48: Sam Rentmeester; page 53: Wikimedia; page 55: Loglay/Nitin Design/Keystone; page 56: Jens Friedrich; page 59: ARD (Screenshot); page 64: ALVARAD/ SIPA Alexandrine Bieri & Laurence Strasser gdz SA, Zurich 2500 exemplaires Berne, mars 2017


Ça c’est syndicom! syndicom est la force syndicale déterminante dans les branches Poste/Logistique, TIC et Médias/IGE. Notre syndicat défend une économie au service des citoyens. Il négocie des conventions collectives de travail, soutient les représentations du personnel dans leur travail et conseille les membres. De plus, syndicom influe sur la législation pour obtenir de meilleures conditions de travail et une meilleure protection de ses membres. Par ton affiliation, tu bénéficies en outre des prestations suivantes: – Protection juridique professionnelle: informations et conseils gratuits sur toutes les questions liées aux conditions et rapports de travail, aux assurances sociales, au droit contractuel, au droit de participation et à l’égalité. – Formation continue et perfectionnement: participation gratuite à des cours «Movendo» dans le domaine de la formation continue syndicale et professionnelle. Soutien financier à la formation continue et au perfectionnement. – Conditions préférentielles et rabais attrayants pour l’assurance protection juridique Coop (protection MULTI), les chèques Reka, l’assurance Mobilière, la caisse maladie CPT, la banque Coop, les stations service Agip et l’Hotelcard.

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