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ARGENT ET BONHEUR

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AVANT-PREMIÈRE

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Lors du 5e Forum GOLFSUISSE à Berne, l’argent et le bonheur étaient au centre des débats. Voici en résumé quelques moments forts de la rencontre de deux jours.

STEFAN WALDVOGEL

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Toutes les golfeuses et tous les golfeurs suisses connaissent l’Omega European Masters de Crans-Montana. Yves Mittaz, directeur du tournoi, a dévoilé une foule de détails intéressants qui se déroulent dans les coulisses du grand évènement. «Plus de sept cents personnes sont engagées et payées par nous pendant le tournoi», a-t-il dit. Et plus d’une centaine de contrats de sponsoring sont nécessaires pour réunir la somme de sept millions de francs de la part des partenaires publicitaires.

Doté d’un budget global de douze millions, l’Omega European Masters de Crans-Montana fait partie des manifestations exceptionnelles dans notre pays. En 1939, le «Swiss Open» a eu lieu pour la première fois en Valais. Aujourd’hui, il s’agit du deuxième plus ancien tournoi au monde – après le Masters d’Augusta – ayant toujours lieu au même endroit.

Transformations Co Teuses

Le parcours de golf, pratiquement au centre du village, a été considérablement transformé au cours des dernières années avec un investissement global de 16 millions de francs, précise Yves Mittaz. Actuellement, quatre trous sont en train d’être complètement refaits. Rien que cette étape coûte quatre millions de francs et devrait être terminée début juin. «Nous devons nous améliorer chaque année pour satisfaire les sponsors et assurer leur fidélité», explique le directeur du tournoi, responsable de ce grand évènement depuis déjà 32 (!) ans. Grâce à l’inscription précoce de stars de la trempe de Rory McIlroy ou Sergio García, la prévente de billets a doublé par rapport à l’année dernière, se réjouit Yves Mittaz. Le modérateur du Forum, Rainer Maria Salzgeber, a voulu savoir combien Omega, le sponsor en titre, doit débourser pour la présence d’un Rory McIlroy. «Normale- ment, cela coûte un million de dollars mais grâce, entre autres, au fait que nous l’avions déjà invité lorsqu’il était un jeune pro peu connu, le prix est plus abordable cette fois-ci», précise Yves Mittaz, rappelant que la star nord-irlandaise ne jouera que deux fois en Europe cette année: «Lors du The Open en Irlande du Nord et chez nous en Valais.» Ce fait démontre aussi la disparité actuelle entre l’European Tour et le PGA Tour américain, nettement plus coté. Cette différence serait surtout due à une question de droits TV. «Sur l’European Tour, la télévision rapporte environ un million d’euros par tournoi, sur le PGA tour c’est sans doute cinq fois plus.» Mais dans l’ensemble, il y aurait «trop d’argent dans le golf professionnel, et cela ne pourra pas continuer éternellement à ce rythme», prédit-il.

«UNE ROLLS AU PRIX D’UNE COCCINELLE»

Au Forum de Berne, on avait déjà parlé argent plus tôt, à propos de la gastronomie, un «thème de discussion permanent» selon Urs Messerli, qui a dirigé le restaurant du Golfclub Blumisberg pendant de longues années. Pour résumer, les membres voudraient «commander une Rolls mais payer le prix d’une Coccinelle». Les besoins des clients sont devenus si diversifiés qu’il est aujourd’hui pratiquement impossible de satisfaire tout le monde, estime Urs Messerli.

Le manager du Golfclub Lipperswil, Ian Gibbons, a déclaré pour sa part qu’en vingt ans on n’a jamais vu un résultat équilibré dans le restaurant du club. Plus de la moitié des recettes viennent déjà aujourd’hui de non golfeurs, par des banquets par exemple. Et Lipperswil ne veut pas engager un locataire pour gérer le restaurant et tient à garder le contrôle de la gastronomie du club. Mais il ne fait pas de doute: «Le restaurant ne peut pas survivre uniquement avec les membres.» Au Golfclub Wylihof, la situation n’est pas très différente puisque 60 % des recettes sont désormais générées par des clients externes, précise le restaurateur Felix Brüderli, qui exploite depuis quinze ans le grand restaurant doté de cinq cents places à Wylihof. Avec des concerts open air, des tournois de jass et bien d’autres manifestations, il cherche à offrir des expériences nouvelles et spéciales aux membres et aux hôtes. Le succès semble lui donner raison: «La soirée du réveillon est pratiquement complète dès le printemps.»

Karin Frick, spécialiste de «trends» et directrice de la recherche à l’Institut Gottlieb Duttweiler de Rüschlikon, a évoqué, entre autres, l’hyper-individualisme actuel qui peut mener jusqu’à la solitude. Et pourtant, on sait que l’interaction sociale est plus importante pour la santé que l’activité physique. Pour cette non golfeuse et marathonienne passionnée, les clubs de golf offrent une combinaison idéale entre de belles expériences et une vie sociale active. Le restaurant du club joue un rôle central à cet égard. Selon elle, la digitalisation modifiera toutefois considérablement notre comportement en matière de loisirs, le bonheur deviendra «mesurable» et les gens auront le choix entre une offre de plus en plus riche. Selon la formule de Karin Frick: «Les loisirs deviennent polygames et utiliser devient plus important que posséder.»

Un Avenir Commun

Le 5e Forum GOLFSUISSE à Berne a été organisé conjointement par Swiss Golf, l’ASGI, Migros GolfCard et d’autres partenaires. Les représentants de l’ASGI et de Migros GolfCard ont présenté leurs plans de soutien en faveur du golf suisse. Chacune des deux organisations prévoit d’investir environ un million de francs dans divers projets. Les clubs peuvent soumettre leurs idées aux deux organisations de golf public, afin d’obtenir un financement pour l’un ou l’autre projet. Les responsables de Swiss Golf, de l’ASGI et de Migros, respectivement Barbara Albisetti, Pascal Germanier et Hans-Peter Schild, se sont pour la première fois prêtés ensemble au jeu des questions du public. Tous les trois ont souligné la grande importance du compromis négocié par les trois organisations. «Tout le monde est gagnant», a résumé Pascal Germanier.

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