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il faut être prêt à tout donner

Depuis le 1er janvier 2011, Timo Karvinen est le nouveau coach national des équipes Hommes et Boys et remplace Graham Kaye qui s’en va après 16 années passées au service de l’ASG. Le Finlandais, meilleur amateur de son pays en 1990 et ancien coach de l’équipe nationale finlandaise, veut guider les joueurs suisses vers le sommet.

Vous êtes le coach national depuis deux mois. Quelles sont vos premières impressions?

Le système de soutien suisse aux golfeurs est bien structuré. Même si il ne faut cependant pas oublier que les jeunes joueurs n’ont pas de modèles de référence. Un modèle comme Roger Federer au tennis déclencherait un vrai boom parmi la jeunesse.

Quels sont vos objectifs sur trois ans?

Sur le court terme, nous devrons placer nos talents de façon durable dans les Top 8 d’Europe. À plus long terme, nous voulons former des joueurs qui jouent sur les tours.

Est-ce un objectif réaliste?

C’est tout à fait réaliste, les Suisses vont gagner sur les tours du PGA ces dix années à venir.

Vous avez aussi le mode d’emploi?

Normalement il faut 10 ans aux amateurs pour atteindre un niveau top et encore 10 ans pour gagner sur les tours du PGA. Cela demande énormément d’endurance et d’humilité. Nous pouvons les aider à s’orienter et se préparer de façon réaliste à une carrière de profi ultérieurement. Mais nos top amateurs doivent apprendre à connaître les limites de leurs capacités avant de devenir profi. Il existe tant de jeunes talents ambitieux au monde qui prennent le même chemin, il faut persévérer pour se sortir du lot. Peu importe le prix.

Quelles vont être les conséquences des Jeux Olympiques sur votre travail?

C’est un grand honneur de faire partie de la famille olympique. Cela devrait nous ouvrir beaucoup de portes surtout dans le domaine des sciences du sport. A l’avenir nous pourrons faire appel de façon ciblée à des spécialistes en ce qui concerne le physique, le mental, la nourriture et la biomécanique. C’est un pas vers plus de professionnalisme dans l’entraînement.

Quels en sont les risques?

Quand plusieurs entraîneurs travaillent ensemble et rassemblent des idées qui ne sont pas à 100% les mêmes, il est possible de faire fausse route. Tous nos efforts devraient se concentrer sur les besoins de nos joueurs pour qu’ils deviennent des athlètes top. Et pour ça, on a le bon système même si il y a encore quelques détails à régler.

Le succès est-il simplement une question d’argent?

D.G.: Certainement pas, on ne pourra jamais former un sportif qui n’est pas doté d’un certain talent pour en faire un champion olympique. D’autre part, il n’est pratiquement plus possible d’avoir du succès sans argent, surtout dans notre civilisation développée, où le sport n’est pas forcément lié à un moyen d’ascension sociale, par opposition aux pays plus pauvres en Afrique, en Amérique du Sud ou en Asie. La prédisposition à «supporter l’effort» est nettement moins élevée dans notre société que dans d’autres pays. Il est cependant connu que les sports financièrement plus onéreux comme le ski, le hockey sur glace ou le golf, ont beaucoup plus de peine à générer la relève. C’est l’une des recettes qui font la gloire du football. Pour y jouer, un ballon et quelques mètres de terrain suffisent. Même pas besoin de chaussures.

Dans votre livre, vous parlez de la position privilégiée de la Suisse sur la scène sportive internationale. Citez-nous en les points-clés et leur impact sur la scène du golf?

D.G.: La Suisse est trop petite pour être comparée à la scène internationale. Nous brillons avec des sportifs d’exception comme Roger Federer, et remportons des médailles dans des sports relativement nouveaux ou pas très répandus. Nous avons enregistré rapidement des succès dans des sports récents comme le triathlon, le snowboard ou le mountain bike, parce que nous disposons des moyens financiers pour soutenir ces sports. Mais dès qu’ils prennent de l’importance et deviennent plus lucratifs, nous perdons du terrain. C’est tout à fait logique: la Suisse n’a guère que 8 millions d’habitants, l’Allemagne près de 80 millions et la Chine 1,3 milliards. Il est normal qu’un talent d’exception émerge plus souvent d’une telle masse humaine. Pour en revenir à Roger Federer, soulignons qu’il est un phénomène absolument exceptionnel. Ni vous ni moi ne connaîtrons un jour une autre star mondiale d’origine suisse d’une telle envergure.

Des voix s’élèvent toujours et encore pour que l’Association Suisse de Golf modernise sa structure afin que la Suisse ait l’opportunité de briguer des médailles lors des Jeux Olympiques. De vraies chances de médailles serait la condition pour un soutien de la part de Swiss Olympic. Avec vos compétences, quel est votre point de vue sur ce sujet? Parle-t-on vraiment du sport en tant que tel?

D.G.: Je ne connais pas assez le programme de formation de l’Association Suisse de Golf pour répondre à cette question. Une chose est sûre: Swiss Olympic a modifié sa stratégie du sponsoring. Sous la férule de son nouveau président Jörg Schild, l’association a promu des sports qui plaisent au public et qui peuvent apporter un potentiel de médailles olympiques, comme le ski. C’est une orientation que l’on pourrait prendre. Malgré tout, j’ai été étonné du flegme avec lequel les membres des associations d’athlétisme ou de natation ont approuvé ce projet. Pourtant, à l’avenir, ces sports recevront un soutien financier beaucoup moins élevé de la part de Swiss Olympic, en raison de ses nouvelles lignes directrices. Je ne sais pas si les responsables financiers de ces associations sportives n’ont pas encore réalisé ce changement de cap ou s’ils l’acceptent tout simplement. En tout cas, l’Association Suisse de Golf ne peut pas s’attendre à recevoir un soutien nettement plus important de la part de Swiss Olympic malgré son nouveau statut olympique.

Daniel Germann est journaliste sportif auprès de la Neue Zürcher Zeitung. En 2003, il a reçu le prix de journalisme de Zurich pour ses révélations relatives à une affaire de commissions au sein de la Fédération Suisse de hockey sur glace. Il est l’auteur du livre «Milliardenbusiness Sport: Wer kassiert – wer verliert» (Editions Orell Füssli, Zurich 2010, ISBN 978-3-280-05367-6)

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