9 minute read

Révolution et statu quo

Lorsque le patron du Tour américain, Tim Finchem, avait présenté la FedEx Cup fin 2006, tout le monde s’était excité à l’idée de cette révolution au niveau du calendrier et de la formule de play-off. Pendant la saison, les commentaires et les critiques sont allés bon train et n’ont fait qu’augmenter à l’approche du dénouement. Au final, Tiger Woods s’est imposé, comme de coutume…

Aux Etats-Unis, la notion de spectacle n’est pas un vain mot et en matière de sports, les Américains sont très créatifs. Ils ont développé un principe qui a fait ses preuves dans le football, le hockey sur glace, le basket-ball, le baseball, la Nascar, bref, dans tout ce qui passionne le public pendant l’année: les play-offs! En résumé: on prend les meilleurs en fin de saison et on les laisse s’entre-déchirer… Non seulement le public est friand de cette période de lutte décisive, mais les sponsors aussi et les télévisions davantage encore. Ce sont donc des considérations purement financières qui ont amené Tim Finchem et son staff à plancher l’an dernier sur un système de play-offs pour l’US PGA Tour, afin notamment d’éviter la confrontation en automne avec le début du championnat de football américain et la perte d’audience télévisée qui en résulte obligatoirement. FedEx ayant donné son accord pour financer l’événement, il n’a pas été trop difficile de motiver les sponsors des quatre tournois concernés à augmenter leur effort, pour ce qui aurait dû être un feu d’artifices de birdies, de rebondissements, d’intensité, bref, d’émotions.

Advertisement

Mais revenons sur l’organisation de cette FedEx Cup. Le calendrier habituel n’a reçu qu’une légère modification, finalement très appréciée du public pour le timing qu’elle a donné au circuit. En plaçant le Players Championship en mai, le circuit a en effet pu offrir une épreuve capitale d’avril à août: l’US Masters en avril, le Players Championship – considéré comme le cinquième majeur – en mai, l’US Open en juin, le British Open en juillet et l’US PGA Championship en août. Cadencé, le calendrier a pris de la vitesse dès la fin du mois d’août, avec le fameux playoff de la FedEx Cup.

Mais qui était qualifié pour ce play-off? Tout en conservant le classement aux gains qui faisait foi jusque-là, le Tour a instauré un système de points un peu particulier pour chaque épreuve, en fonction de son importance. Chaque semaine, à l’issue des tournois, il suffisait d’additionner les points pour établir le nouveau classement de la FedEx Cup, qui, en définitive, différait relativement peu du classement aux gains. Le 19 août, à l’issue de la dernière épreuve qualificative, les 144 meilleurs ont été conviés à participer aux play-offs, qui débutait avec The Barclays, à Westchester. Fort de sa première place qualificative et des points y relatifs, Tiger Woods estimait qu’il pouvait faire l’impasse sur cette première étape…

Trois tournois ont suffi

Alors que les observateurs restaient assez modérés dans leurs propos jusqu’à cette défection, les commentaires fusaient de toutes parts pour fustiger, qui les responsables du circuit, qui le numéro un mondial, qui le système de points, etc. A l’issue de la compétition, remportée par l’étonnant Steve Stricker, le classement était adapté et les 100 meilleurs étaient invités pour la seconde étape, le Deutsche Bank Championship à Boston. Phil Mickelson s’imposait devant un Tiger Woods enfin présent, mais bien hésitant au putting; il usait pourtant de cette faculté qui lui est propre: bien scorer en jouant mal. Les 70 meil- leurs se déplaçaient alors à Lemont dans l’Illinois, pour l’avant-dernière épreuve des play-offs, le BMW Championship. Et là, Tiger remettait les pendules à l’heure en produisant un golf d’une beauté et d’une efficacité dignes de ses meilleures années. Il s’imposait autoritairement, reprenant du même coup la tête des play-offs et ne laissant planer qu’un petit doute sur l’issue de la FedEx Cup. Pour la dernière épreuve, le Tour Championship disputé à Atlanta, il ne restait en lice que les 30 premiers du classement, comme c’était d’ailleurs le cas les années précédentes pour cette même épreuve. A la grande différence près que nous nous trouvions en septembre et pas en novembre! Woods élevait encore son niveau de jeu d’un cran et remportait la dernière étape de la FedEx Cup avec 8 coups d’avance sur Zach Johnson. La messe était dite. La logique a donc été respectée, puisque le numéro un mondial a dominé l’exercice 2007, comme les précédents. Il a habilement profité d’une fin de saison tonitruante pour affirmer sa position au classement mondial, pour être le premier à remporter la FedEx Cup et, accessoirement, pour empocher 10 millions de dollars de bonus, qui double ses gains en tournois sur la saison. Ce bonus a d’ailleurs été un sujet de conversation très animé au sein des joueurs et des médias. Si les bourses des boxeurs peuvent être astronomiques, cette somme est la plus grande jamais versée dans le sport pour un résultat. Mais le plus original vient du fait qu’elle ne peut être encaissée immédiatement! Elle va être placée sous forme de caisse de retraite et Tiger en profitera dans une quinzaine d’années, avec les intérêts… Si Woods s’est montré très détaché de ces considérations financières, les autres joueurs ont été moins emballés et certains même très agacés par le principe. Steve Stricker, heureux gagnant d’un bonus de 3 millions pour sa seconde place à la FedEx Cup, aurait certainement préféré palper son chèque immédiatement!

Une saison plus courte

Est-ce que la FedEx Cup et son play-off sont vitaux pour le développement du golf? Certainement pas. Est-ce qu’ils ont stimulé l’intérêt du public? Carrément oui! Bien installé dans une routine confortable pendant des années, le circuit américain «new style» a eu le mérite de provoquer le débat, de susciter des questions, de titiller la curiosité. Certes, Tiger a démontré qu’il n’était pas nécessaire de disputer les quatre épreuves des play-offs pour s’imposer, mais il aurait aussi très bien pu se «planter», s’il n’avait affiché une telle domination à cette période précise. Etaitil sûr de son niveau de forme ou se fichait-il éperdument de la FedEx Cup, qui n’est après tout pas un tournoi du Grand Chelem? On sait que Tiger Woods ne joue pas pour l’argent, mais seulement pour la gloire. Seules les 18 victoires majeures de Jack Nicklaus l’excitent encore. Avec un petit frisson pour les 82 victoires de Sam Snead sur l’US PGA Tour. On peut donc estimer que le père de Sam Alexis – née en juin dernier – a principalement trouvé dans la FedEx Cup le moyen de mettre un terme à sa saison prématurément! Même si le calendrier l’a obligé à disputer six tournois en 9 semaines – ce qui ne correspond pas à son rythme habituel, plutôt tranquille – il a pour ainsi dire gagné deux mois sur son programme. L’an dernier, c’est en effet à l’issue du Tour Championship, disputé alors en novembre, qu’il avait remisé les clubs. La pause hivernale du joueur noir, entrecoupée peut-être de quelques exhibitions ou tournois à l’étranger, est d’ailleurs le nouveau sujet qui passionne la presse spécialisée. Est-ce que Tiger Wood va pouvoir conserver cette forme exceptionnelle jusqu’en janvier prochain, date de la reprise du circuit américain? Va-t-il démarrer sa saison à Hawaï avec le Mercedes-Benz Championship ou attendre le Buick Invitational qui se dispute en Californie trois semaines plus tard, comme il l’a fait cette année? Comment va-t-il occuper son temps libre?

La constatation est limpide: le golf vit au rythme de Tiger Woods. C’est lui qui fait le succès du circuit américain et c’est donc lui qui a donné à la FedEx Cup l’importance que nous lui accordons aujourd’hui. La domination du numéro 1 mondial a éclipsé les Falls Series. Encore une invention de Tim Finchem? Exactement! Après le Tour Championship, sept épreuves étaient encore au programme du circuit américain, mais uniquement pour permettre aux seconds couteaux de travailler, d’engranger de l’argent, donc des points précieux pour conserver leur carte de l’US PGA Tour en vue de 2008. Des épreuves, privées évidemment de vedettes pour raison de surmenage – exception faite d’une apparition de Mickelson en Arizona. Même l’infatigable Vijay Singh s’est montré très di-

Tiger a «presque» tout gagné pendant les play off - il a juste laissé une victoire à Phil Mickelson, qui a eu l’air de s’en contenter…

Padraig Harrington a remporté le British Open - sa première victoire dans un tournoi majeur et la première d’un Européen depuis Paul Lawrie en 1999, sur ce même parcours de Carnoustie.

scret pendant cet «automne de la dernière chance». Le soufflé est donc bien retombé, seuls les plus fanatiques s’intéressant au sort de Joe Durant, Ryan Palmer ou Brett Quigley…

Le poids des majeurs

Pendant toute cette saison d’une FedEx Cup «obnubilante», l’attention des observateurs n’a été troublée qu’à quatre reprises: par les tournois du Grand Chelem. Cela prouve bien que la tradition et l’histoire du golf restent incontournables, ce que d’ailleurs Finchem n’a jamais contesté. L’US Masters aurait dû revenir à Woods, si son putting avait simplement été décent pendant le dernier tour, où il avait brièvement pointé en tête du leaderboard. Cette «grenouille de bénitier» de Zach Johnson n’en demandait pas tant et son jeu hyper solide faisait le reste.

A Oakmont, sur un parcours monstrueux, Tiger était peut-être déconcentré par la naissance imminente de sa fille. Son épouse Erin avait beau lui faciliter la tâche en attendant le lendemain du dernier tour pour accoucher, Woods ne parvenait pas à élever le niveau de son jeu lors des 9 dernier trous et il échouait à deux coups de l’Argentin Angel Cabrera, que l’on n’aurait jamais imaginé à pareille fête.

En juillet, sur le parcours fantastique et terrifiant de Carnoustie, le numéro un mondial cherchait à récupéré un peu du sommeil que Sam Alexis perturbait joyeusement depuis un mois. Peut-être déconnecté des exigences du golf par son nouveau statut de père, Tiger allait assister mollement au cavalier seul de Sergio Garcia… pendant 71 trous! Padraig Harrington avait beau plonger dans l’obstacle d’eau du 18 – Jean Van de Velde a dû apprécier! – il décrochait quand même sa place dans le play-off. Pour priver ensuite Sergio d’un premier titre en Grand Chelem amplement mérité.

A Southern Hills, il a fait chaud en août. Certains en ont perdu leur latin. Pas Tiger Woods, qui a conservé son titre dans l’US PGA Championship d’une manière incontestable, pour porter son total de titres majeurs à 13. Et ceux qui pensaient que le mariage et la paternité allaient l’adoucir et lui limer les dents en sont pour leurs frais. Jack Nicklaus les avait d’ailleurs prévenus: expérience faite, le bonheur de la famille est un puissant stimulant sur les greens. Et s’il y en a un qui est convaincu que le prodige noir dépassera les 18 titres majeurs, c’est bien lui! Comme il effacera certainement Sam Snead et ses 82 victoires des tabelles de l’US PGA Tour. A l’issue de cette saison et à quelques jours de célébrer son 32ème anniversaire, son compteur affichait déjà le chiffre de 62 titres.

Seul au monde

Si Tiger occupe tout l’écran, il faut quand même mentionner les «figurants»… Il y a deux ans à peine, on parlait beaucoup des «Big Five», à savoir: Tiger Woods, Phil Mickelson, Vijay Singh, Ernie Els et Retief Goosen. On sait ce qu’il en est du premier, mais où étaient les autres en 2007? Phil (2ème sur la Money List) a changé d’entraîneur et a montré au printemps certaines velléités, qu’une blessure au poignet a peut-être tué dans l’œuf. Vijay (3ème) a également entrepris un travail pour changer son swing, au lieu de consacrer l’essentiel de son temps à un putting toujours aussi fragile. Ernie (20ème) n’a toujours pas retrouvé la confiance qui était la sienne avant son accident au genou et Retief (77ème) a tout bonnement disparu de la circulation.

Pendant la FedEx Cup, la résistance a été menée par Steve Stricker, revenu du diable vauvert après des saisons de galère. Difficile de dire à l’heure actuelle si ce fut un feu de paille ou un retour durable. Jim Furyk bien discret, K.J. Choi opportuniste, Rory Sabbatini irrégulier, Zach Johnson un peu tendre encore, Sergio Garcia incapable de conclure, Aaron Baddeley trop sollicité par son public féminin, qui sera capable de s’opposer à Woods plus d’une semaine par an?

On l’a trouvé! C’est John Smith. Qui est-il? Un garçon athlétique, élancé, avec un coup d’œil perçant, une grande coordination, un sens inné de la discipline grâce à un père coach de basket dans une Université, de la volonté, de l’énergie et de la passion pour l’histoire du golf. Il a toutes les qualités intrinsèques pour devenir le rival de Tiger. Le seul problème? Il va sur ses 8 ans…

■ Jacques Houriet

56 Golf Suisse Reportage www.remax.ch

Quel que soit le lieu et le bien immobilier recherchés, nous trouvons pour vous, appartements, maisons de vacances, villas, terrains à bâtir, immeubles commerciaux ou de rendement de toutes dimensions et dans toutes les fourchettes de prix. Vous désirez vendre un bien immobilier en Suisse ou à l’étranger, nous trouvons l’acquéreur potentiel qui correspond le mieux à votre objet. Avec la collaboration active des courtières et courtiers RE/MAX présents sur tout le territoire suisse, votre rêve devient réalité.

Swiss PGA Championship au GC La Largue

This article is from: