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L’oncle Picsou du golf suisse…

C’est lui qui a les clés du coffre! Trésorier honoraire du comité de l’ASG, Jean-Louis

Matthey n’a pas le profil d’un comptable austère. Systématiquement souriant, jovial même, il est d’abord passionné de golf et des rencontres que ce dernier provoque.

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Portrait de ce grand voyageur du monde de la chimie.

Le rendez-vous avait été pris à Domaine Impérial, le club de Jean-Louis Matthey. Après dix ans au comité de l’ASG, il était bien temps que Golf Suisse présente l’homme qui gère les comptes de l’association! Le contact facile, le sourire large, ce Suisse, originaire du Locle, où il n’a d’ailleurs jamais vécu, dispose aussi de la nationalité française par sa mère. Mais là n’est pas le sujet au moment de planter son tee sur le trou No1 du magnifique parcours de Gland: un swing élégant, sobre et la balle du trésorier de l’ASG se retrouve au milieu du fairway à plus de 200 mètres. En marchant sur le gazon moelleux, on a tout le temps de bavarder: «je suis né à Paris, où j’ai fait mes études, jusqu’à l’obtention d’un diplôme d’ingénieur chimiste. Je crois que j’avais été séduit par l’image dynamique de cette industrie, dont mon père assurait certaines grandes compagnies. J’ai décroché mon premier job dans la chimie bâloise en 1971, avant de partir en Grande-Bretagne (1974) puis en Indonésie pour quatre ans (1975). Je suis rentré ensuite et j’ai eu envie de développer ma carrière vers le commercial, si bien que j’ai pris une année sabbatique pour passer un MBA à Lausanne, en 1979. Je me suis alors tourné vers le domaine de la parfumerie, à Genève, pour rejoindre finalement la maison Firmenich (1998) pour laquelle j’occupe la place de Vice Président Sales Marketing, dans les matières premières fabriquées par le groupe.»

Un oncle président de la FFG

Joueur rapide, grâce à une éducation golfique très britannique comme on va le voir, Jean-Louis n’aime pas perdre son temps sur les fairways et la partie va bon train. Son jeu de fers est brillant. «Le golf est une histoire de famille, du côté de ma mère. D’ailleurs, le frère de celle-ci, mon oncle, Philippe Martin, a été président de la Fédération Française de Golf (FFG) de 1996 à 2003! C’est mon grand-père qui m’a initié au golf vers l’âge de dix ans, lorsque nous passions les vacances dans notre maison des Landes. J’ai beaucoup joué à Hossegor, mais uniquement en vacances. Mon grand-père avait eu la chance de profiter de l’enseignement des professeurs basques de légende qu’étaient les Hausseguy et les Saubaber!» En dehors des vacances, le jeune Matthey s’adonnait plutôt aux sports d’équipe, comme le rugby, ce qui a développé chez lui la vocation du capitanat. «J’ai véritablement donné de l’importance au golf quand je suis arrivé à Bâle, en 1971. J’ai beaucoup aimé mon passage au Golf Club de Bâle» En deux mois, il récupéra son handicap de 18! qu’il avait eu trois ans auparavant. «En 1974, j’ai énormément joué en Grande-Bretagne: j’étais membre du club de Moortown près de Leeds et j’organisais de temps en temps des voyages en Ecosse pour mes copains de Bâle. J’ai de merveilleux souvenirs de ces week-ends de découverte des links, notamment à Muirfield où j’avais bénéficié d’une lettre d’introduction de Moortown! Le colonel qui dirigeait le club était un personnage intimidant qui nous avait à l’œil et qui avait voulu contrôler notre comportement sur les 9 premiers trous avant de nous donner le feu vert pour les 9 derniers. Mes amis se demandaient dans quel piège je les avais attirés! En fait, en Grande-Bretagne, j’étais une sorte de bête curieuse: le Suisse qui jouait au golf…»

Jean-Louis est au bord du green et il sort de son sac un objet bizarre: un chipper sans âge, forgé à St. Andrews et dénommé «stroke saver»: «ce club appartenait à mon grand-père. Il avait un grip carré qui était toléré à l’époque, mais que j’ai dû changer. J’en ai sauvé des coups avec ce club et même gagné des tournois», s’amuse notre hôte en chippant tout près du trou!

La partie continue au rythme des souvenirs du trésorier de l’ASG: «en Indonésie, on jouait très tôt le matin, vers 6h, pour faire 9 trous avant la chaleur. C’est à cette époque que j’ai atteint mon meilleur handicap: 8. J’étais à Jakarta et c’est là-bas que j’ai rencontré ma femme. Une Schwytzoise», éclate de rire notre jeune sexagénaire, père de trois enfants.

Revenu en Suisse romande et nanti de ce précieux sésame que peut être un MBA, il s’installe à Nyon en 1980, où il devient membre du Club de Divonne. «J’ai rejoint Domaine Impérial à l’ouverture en 1987 et j’en apprécie toujours autant le parcours. En fait, ce que j’aime dans le golf, c’est le jeu, mais surtout le contact avec les joueurs. Comme toujours dans ma vie, je recherche la convivialité, les échanges humains. C’est pour ça que j’ai autant voyagé: pour découvrir les autres. Ma femme dit d’ailleurs que je n’ai pas de racines et que je pourrais vivre n’importe où sur le globe. Pour ma retraite, je pense d’ailleurs aller m’installer à Schwytz, le canton d’origine de ma femme et comme je n’ai jamais accepté le principe du «Rösti Graben», j’apprécie la Suisse en temps qu’entité».

Vocation associative Confronté à une sortie de bunker, Jean-Louis Matthey nous la joue à la Gary Player, manquant de la mettre directement dans le trou: «J’adore les bunkers. Je pense que cela vient du fait que j’ai beaucoup joué à Hossegor. Mes autres points forts sont les longs coups de fers. Je me rappelle que j’ai même eu un fer 1 pendant un moment. Je suis aussi assez régulier au putting et au chipping, avec l’outil magique de mon grand-père. En revanche, je suis plutôt faible sur les approches à moyenne distance et sur les bois de parcours. J’en mets dans tous les coins», se réjouit-il! Installé au bar après cette partie éclair, il termine son CV: «sur le plan associatif, j’ai été capitaine au Domaine Impérial de 1994 à 1997 et ensuite président du club jusqu’en 2001. Quant au comité de l’ASG, je l’ai intégré en 1997 et je vais me retirer en 2009 après mon quatrième mandat. J’ai toujours occupé le poste de trésorier honoraire, que j’avais repris suite au départ d’Alain Perrot, l’ancien président du Golf de Genève. En fait, j’adore les chiffres, je suis un vrai matheux!» Sa fonction au comité de l’ASG n’est certainement pas la plus «sexy», mais il l’apprécie particulièrement: «je suis là pour vérifier qu’il n’y a pas de dépenses stupides, pour que les fonds rentrent et que l’attribution des subventions soit correcte. C’est surtout un travail de contrôle, réalisé avec le président, qui définit le budget.» En fait, Jean-Louis Matthey est une sorte de paradoxe: avec une personnalité riche, gaie, ouverte, il accomplit le mandat le plus… carré! «Peut-être que je donne l’image d’une personne très libérale, mais je suis extrêmement rigoureux et stricte dans mon travail. Cela ne me semble d’ailleurs pas du tout incompatible.» Quel bilan tire-t-il de ces années de comité? «Ce que je peux dire des finances de l’ASG, c’est qu’elles sont bonnes! Mais surtout, ce que j’ai vécu, c’est le développement de l’association, avec un nombre de clubs qui a pratiquement doublé en dix ans. Lorsque je jouais à Bâle en 1971 il n’y avait que 25 clubs, pour près de 100 aujourd’hui… Eh bien, avec tous ces nouveaux clubs et les risques de ce boom du golf, je n’ai jamais été confronté à de mauvais payeurs!»

Merci pour cette agréable conversation, Jean-Louis, et bonne saison 2008.

■ Jacques Houriet

Finale des circuits juniors à Montreux

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