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Elégance et puissance

Chez les amateurs, Caroline Rominger est la meilleure joueuse de Suisse, et ceci pour la deuxième fois consécutive. Elle a gagné l’ordre du mérite 2007 de manière encore plus nette qu’en 2006. Nous l’avons rencontrée pour une conversation et un petit défi au GC de Sempachersee. Car début novembre, on ne peut plus jouer en Engadine…

Pour le golf amateur féminin helvétique, tout ne va pas actuellement pour le mieux et Caroline Rominger le sait bien. Elle est membre et leader d’une équipe nationale qui a plutôt déçu cette année lors des Championnats d’Europe. Si ses propres résultats ont été relativement bons (13e rang individuel), il y a de grandes différences de performances entre les six meilleures Suissesses qui composent cette équipe.

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«Mes scores, durant cette saison, se sont situés aux alentour du par, avec quelques variations en plus et en moins. Mais je suis tout de même parvenue à faire de nombreux tours en dessous. Sur l’année entière, cela donne une moyenne de 1,1 au-dessus du par». La sœur de Martin Rominger résume ainsi ses prestations d’ensemble. Pour savoir comment elle joue en ce moment, je l’ai invitée à un match play sur neuf trous, scratch, mais avec un départ identique pour les deux. Jaunes ou bleus? «Je préfère les bleus, avoue-t-elle: ce sera ainsi un bon entraînement pour les Championnats internationaux de Suisse!» Ceux-ci auront lieu en effet à Sempachersee, début août 2008. Le suspens devrait être entier: le nouveau «Woodside Course» est le plus long parcours du pays et c’est donc une plate-forme idéale pour nos meilleurs joueurs. Depuis les back tees, il totalise 6600 mètres et des bleus 5541 mètres. Voilà qui devrait me convenir parfaitement pour «allumer» ma partenaire, pensai-je, tout en sachant que cela ne resterait probablement qu’un rêve. Caroline me toise de son côté avec, sans doute, des réflexions identiques à mon sujet, elle qui n’a encore jamais joué de match play contre un journaliste.

Elle a un swing long, coulé, très en rythme et son coup de départ va bien au-delà de la marque des 200 mètres. Sur ce premier trou cependant, elle rate le fairway et doit jouer dans le rough en mauvaise position. «C’est l’un de mes points forts», dit-elle à ce propos, ce qui ne change rien au fait qu’en l’occurrence sa balle n’atterrit pas sur le green. Elle perd le trou.

Une grande frappeuse

Chez les ladies, au niveau international, la tendance est aussi à la domination des grandes frappeuses. Les proettes deviennent, comme les hommes, toujours plus athlétiques et elles atteignent des distances avec lesquelles Caroline ne peut pas encore tout à fait rivaliser. «Dans les tournois amateurs internationaux, je fais partie de celles qui ont les plus grandes longueurs au départ. En règle générale, cela signifie que j’utilise ensuite un fer moyen pour atteindre le green. Et sur les par 5, j’ai souvent une chance d’être sur le green au deuxième coup. Mais chez les pros, cela ne serait pas encore suffisant».

Lors du championnat suisse du plus long drive, elle a atteint 250 mètres et s’est adjugée le deuxième rang. Dans notre partie amicale, ses longueurs de départ et celles du rédacteur de Golf Suisse sont approximativement les mêmes. Mais, après le couac du premier trou, elle se place désormais au milieu du fairway, cependant que je dois me livrer à des coups de recentrage depuis le rough, ces fameux coups dont je sais qu’ils sont sa force.

Souhaite-t-elle passer tôt ou tard chez les professionnelles? Caroline hésite. Tout véritable sportif éprouve une sorte d’attirance magique à franchir ce pas et cela aurait un côté incontestablement excitant. Mais l’aventure com- porte aussi, évidemment, des risques. «Je me trouve présentement dans la dernière année de ma formation dans le domaine du tourisme. Au printemps, je devrai rendre mon travail de diplôme et subir, en juin, mes examens finaux. J’ai grande envie aussi de chercher ensuite un bon job dans la branche que j’ai choisie. Et là, bien jouer au golf ne pourra que me servir!» Se sent-elle, en tant que joueuse, suffisamment forte pour «monter» chez les pros? «On ne sait jamais cela à l’avance. Je peux aussi imaginer qu’après mon diplôme, je me voue un certain temps au golf, en gardant ouverte l’option d’un retour possible en tout temps à ma profession».

Un jeu serré

C’est au septième trou que le jeu va prendre une tournure décisive (soit dit en passant, nous sommes square à ce moment-là). Son drive est, comme de coutume, au milieu du fairway de ce par 5, à proximité du piquet bleu-blanc des 200 mètres. Et la voilà qui pose sa balle, avec un bois de parcours, à deux mètres du drapeau. Je me demande quel attirail elle a pris avec elle, dans son sac. «J’ai un Driver Srixon, un bois 5 HiBore Cleveland, des fers X 20 Tour Callaway, des wedges Cleveland et un putter Scotty Cameron». Elle me confie en outre qu’elle doit acheter elle-même tous ses clubs. Une participation à l’équipe nationale n’implique en effet aucun avantage en ce qui concerne le matériel (contrairement à ce qui se passe pour la

Club: Samedan

Naissance: 15.05.1983

Joue au golf depuis 12 ans

Domicile: Pontresina

Meilleure performance golfique: le cut au Ladies Swiss Open 2007, 44e rang final.

Coach: Marcos Moreno

Victoires en tournois: Championnat du Tessin, Omnium suisse, Championnat de StGall, Championnat Des Grisons

Autre exploit 2007: 2e place aux Championnats internationaux de France

Moyenne des scores 2007: 73,16

Hcp: +2.0 plupart des pros, qui ont des contrats avec des équipementiers).

Elle entre tranquillement le putt pour eagle sur ce Numéro 7 et je remarque à quel point ce parcours, qui s’est ouvert cet été seulement, commence à lui plaire. Au prochain trou, un par 3 de 165 mètres, j’entre un putt de six mètres pour birdie et j’égalise. Le verdict tombe donc au dernier trou, qu’elle gagne souverainement, à nouveau avec un birdie. Par ce magnifique après-midi d’arrière automne –ciel bleu acier, air frais, fairways roulants, feuillages jaune-or et parcours désert – ce tour n’aurait pu nous procurer un plus grand plaisir.

Comment, cela étant, peut-on devenir une bonne joueuse lorsque l’on vit en Engadine, où la saison est courte? «Ce n’est pas vraiment simple. Je passe beaucoup de temps dans le nord de l’Italie, mais cet hiver je devrai me faire à l’idée de vivre sans golf pendant plusieurs semaines ou même plusieurs mois. Les examens que j’ai en vue et mon travail de diplôme vont restreindre drastiquement mes voyages. Peut-être le camp d’entraînement national en février…mais sinon?»

A-t-elle du plaisir à évoluer avec cette équipe nationale, au sein de laquelle la plupart des autres joueuses ont moins de 20 ans? «Nous sommes depuis des années ensemble: Sheila, Mélanie, Stéphanie, Natalia – toutes sont aussi mes amies. Ce n’est pas étonnant, car lorsque l’on fait des tournois internationaux, on est longtemps absentes de la maison et le cercle des proches tend à se réduire. Je suis donc particulièrement heureuse que nous nous comprenions si bien et que nous nous aidions les unes les autres.»

Mais Caroline sait aussi que l’équipe nationale reste bel et bien capable, à l’occasion, d’un exploit.

Ces dernières questions, c’est au bar à café du nouveau club-house de Sempachersee que je les ai posées à ma partenaire. Avant que les nuages ne reviennent et que le sac de golf de Caroline ne disparaisse pour quelque temps dans une cave de l’Engadine.

■ Urs Bretscher

Coup De Ma Tre

L’équipe suisse (de g. à dr.) : Reto Aeberhard, Prisca Ineichen, Phil Harrison, Jusuf Hecimovic avec John Stout (organisateur, à dr.) et les caddies.

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