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Le stress du bunker

On pourrait penser que les coups de bunker sont faciles à réaliser puisque l’on n’est même pas obligé de toucher la balle pour la mettre sur le green! Cela reste quand même une angoisse pour beaucoup de joueurs amateurs, qui sont particulièrement crispés dans cette situation. La plupart du temps, le joueur ne finit pas son geste, bloque sa rotation et ne transfert pas le poids. Le club touche le sable trop tôt, trop loin derrière la balle. Il en résulte soit une quantité de sable trop importante qui réduit la distance du coup, soit un rebond du club qui vient ensuite «toper» la balle. Dans les deux cas, le contrôle de la dis- tance et de la trajectoire est impossible. «Mon conseil est de contrôler votre divot dans le sable, en vous concentrant sur un bon transfert de poids et un bon finish. Je vous propose de tracer une ligne dans le sable avec votre club et de placer des balles sur cette ligne, avant de faire vos sorties. Idéalement, le divot doit être plus long après la ligne qu’avant, ce qui indique que vous avez touché le sable à l’endroit idéal, quelques centimètres derrière la balle. En passant correctement sous la balle, le club provoque une trajectoire haute et vous permet de contrôler la distance.»

La faute classique: le club prend trop de sable, parce que le joueur est figé en arrière, n’a pas transféré ni finit son coup.

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Conseil: placez des balles sur une ligne tracée dans le sable et jouez-les successivement. La ligne permet de contrôler l’endroit où le club touche le sable par rapport à la balle.

Résultat: un bon transfert de poids et un bon finish prouvent qu’il y a eu une rotation: le coup est parfait, avec un bon contrôle de la trajectoire et de la distance.

Le premier divot est trop «en arrière». Le second est parfait puisqu’il est plus long après la balle qu’avant.

Laurent Mudry est membre de la Swiss PGA depuis 1983, ancien entraîneur des équipes Dames & Girls, pro à Leuk depuis 2002, où il a lancé la Golf Academy Valais avec Christian Mittaz.

Les golfeurs suisses d’élite après une saison ratée

L'avis du coach national

Les collaborateurs de l'ASG branchés sur la performance sportive – commission sportive, commission juniors – et les athlètes concernés eux-mêmes ont entamé la saison 2007 avec certaines ambitions. Hélas, les résultats n'ont pas été à la hauteur des attentes, ils sont même en dessous de ce que pronostiquaient les plus pessimistes. Cette année ne restera donc pas dans les annales, sinon comme une sorte de Waterloo. En fin de compte, ce n'est peut-être pas si grave. Mais ces résultats vraiment décevants nous ont donné l'occasion de poser quelques questions critiques au coach national Graham Kaye. L’entretien s’est déroulé au club-house du Golf Club de Lausanne, par un après-midi pluvieux de mi-septembre.

Golf Suisse: Graham Kaye, est-ce que cela va vraiment mal pour notre golf d’élite?

Graham Kaye: A mon avis, la saison qui s'achève a été complètement ratée. Les quatre équipes suisses aux Championnats d'Europe en juin – Hommes, Ladies, Boys et Girls – sont restées très en dessous de ce que l'on attendait. Et les pros, surtout les jeunes, n'ont pas non plus atteint leurs buts. Là, les qualifications de cet automne peuvent encore nous réserver quelques heureuses surprises, on verra. Mais l'impression générale n'est pas bonne.

Le golf étant ce qu'il est, il n'est cependant pas possible que tout soit allé de travers. Il doit bien y avoir quelques points positifs!

Si l'on y regarde de plus près, on détecte en effet quelques lueurs. Chez les pros, il y a Martin Rominger, mais aussi Damian Ulrich sur l'EPD Tour, le come-back de Julien Clément qu'on attendait depuis longtemps et dont on espère qu’il se confirmera la saison prochaine, ou encore Florence Lüscher, qui s'est bien battue sur le Telia Tour. Chez les amateurs, on a enregistré quelques bons parcours et même un excellent résultat: la victoire d’Andy Chris Orsinger aux Championnats internationaux Juniors d'Italie. Mais sur l’ensemble de la saison, ce n'est vraiment pas beaucoup.

Définir le problème, c'est a fortiori faire des propositions pour améliorer la situation. Qu'est-ce qui doit changer pour éviter de si médiocres prestations?

Je ne crois pas que nous devions changer beaucoup de choses. Chaque golfeur sait qu'il faut de la patience dans ce sport. Lorsque la balle n'entre pas, il n'y a rien d'autre à faire que d'attaquer le prochain trou et d'essayer de réaliser un birdie. Nous avons beaucoup fait ces dernières années en Suisse et nous avons aujourd'hui, dans le sport de pointe, des structures qui sont absolument convaincantes. Des associations étrangères nous disent souvent qu’elles sont exemplaires. Je pense qu’il ne faut pas se de- mander si l’on peut en attendre de bons résultats, la question est de savoir quand le succès interviendra.

Vous accomplissez depuis dix ans un travail de reconstruction et nous n'avons toujours aucun joueur sur l'European Tour.

Lorsque j'ai entamé mon mandat de coach national, le golf d’élite en Suisse était dans un triste état. Les nombreux bons joueurs des années 60 et 70 n'étaient plus opérationnels depuis longtemps à l’échelon supérieur. La génération suivante, à laquelle appartenaient des gens comme Paolo Quirici, André Bossert, Steve Rey, Dimitri Bieri, Christophe Bovet et d'autres avaient déjà franchi le pas du professionnalisme. Le golf amateur avait atteint, sur le plan international, une densité et un niveau proches de celui des professionnels. Les meilleurs amateurs de la seconde moitié des années 90 (par exemple Chopard, Zimmermann, de Sousa, Clément, Châtelain) n'ont pas pu s'imposer chez les professionnels comme souhaité, ce qui a créé un vide dans les tournois de cette catégorie. Nous n’avons effectivement toujours pas, à tout le moins, de joueurs qui puissent rivaliser avec ceux de l'European Tour.

Malgré tout, des équipes suisses ont réalisé de très bons résultats ces dernières années lors de confrontations internationales: quatrième place des hommes aux championnats du monde 2004 et médaille de bronze de la même équipe aux Championnats d'Europe 2005. Pourquoi une telle dégringolade maintenant?

Ces résultats prouvent, justement, que nous sommes sur le bon chemin. Mais l’évolution démontre aussi à quel point la situation du golf amateur est difficile avec une élite aussi réduite. Je n'ai aujourd'hui plus aucun des joueurs que vous mentionnez à disposition. Ces dernières années, j'ai dû à chaque saison laisser partir la moitié de l'équipe amateur chez les pros. Une telle saignée ne peut être surmontée que si des jeunes arrivent et poussent der- rière en beaucoup plus grand nombre qu’actuellement en Suisse. Nous sommes un petit pays et si nous nous trouvons en ce moment dans un creux de vague, cela me semble assez normal. De l'équipe des Championnats d'Europe 2005 par exemple (Tino Weiss, Roger Furrer, Damian Ulrich, Martin Rominger, Nicolas Sulzer, Sandro Tan-Piaget), il n'y a que Tan-Piaget qui soit encore amateur, les cinq autres s’efforcent de percer chez les pros.

Comment pouvez-vous dire que nos structures pour promouvoir la relève sont bonnes alors qu'il n'y a toujours pas assez de bons joueurs pour que nous figurions en bonne place en Europe? Nous sommes actuellement au niveau de la Tchéquie, du Portugal et de la Slovénie! Cela ne correspond certainement pas à ce que l'on souhaite au sein de l'ASG?

Naturellement pas. Les structures dont on parle ont été solidement améliorées voici deux ans, notamment avec la désignation de deux coaches régionaux à plein temps. Ils veillent à ce que, dans les clubs aussi, le travail avec les jeunes golfeurs soit intensifié. Nous avons désormais deux cadres régionaux (à l’ouest et à l’est) et nous constatons déjà qu'en maints endroits la qualité de la collaboration avec les professeurs de clubs commence à s'améliorer. Ce sont ces pros qui, dans la plupart des cas, dirigent l'entraînement de la relève. Je me réjouis aussi des efforts considérables faits par la Swiss PGA pour améliorer leurs compétences. Dans les programmes de formation continue («Further Education Programm»), ils acquièrent beaucoup de connaissances qui auront aussi des répercussions sur la qualité du travail qu'ils accomplissent avec les Boys et les Girls.

Quelles ont selon vous les points forts des structures actuelles de l'ASG dans le sport de pointe? Je peux en mentionner plusieurs: • Nous travaillons depuis longtemps avec la même équipe. A côté des coaches nationaux (moi-même et Régine Lautens), il y a, au secrétariat de l'ASG, Simin Hofstetter Öz et Johnny Storjohann.

• Markus Gottstein, le président de la commission sportive, est lui-même un ancien joueur de haut niveau. Il a été longtemps membre de l'équipe nationale et en tant que collaborateur de l’Association, il en connaît d’expérience tous les rouages essentiels. Il s'engage à fond pour le sport de pointe, dont les besoins et les intérêts sont ainsi bien compris et bien soutenus au sein du comité.

• Nous nous efforçons de ménager à nos meilleurs joueurs le maximum de possibilités de départs dans les compétitions internationales. Nous pouvons même offrir aujourd'hui aux cadres régionaux des occasions semblables de faire des expériences importantes.

Il y a un thème qui reste souvent tabou tant au sein de l'association que dans les conversations entre les spécialistes et les «profanes», c'est celui des bases techniques de nos meilleurs joueurs. Ils viennent de nombreux clubs différents, disséminés dans tout le pays. Chacun a sa propre histoire, a été influencé par son entraîneur, son coach, son pro et d'autres intervenants plus ou moins sérieux. Ces jeunes talents se retrouvent quelque part dans un cadre régional, plus tard même dans une équipe nationale ou passent professionnels. En tant que rédacteur en chef de Golf Suisse, je suis souvent en contact avec eux. Lorsque je les vois swinguer, je me pose certaines questions. Je ne citerai pas ici d'exemples concrets, mais dans la catégorie des Boys et des Girls, de 14 à 18 ans, ils sont nombreux à jouer à un niveau que l'on peut qualifier d'ordinaire; ils ont un handicap bas mais ne disposent manifestement pas d'un mouvement suffisamment robuste et solide pour pouvoir prétendre accéder au niveau supérieur. Le coach national doit aussi s'exprimer là dessus! Ce sont là des constatations parfaitement justes. Mais on doit aussi savoir combien il est délicat d'intervenir auprès d'un sportif de pointe encore en devenir ou, mieux, d'un jeune talent. Il faut en effet judicieusement prendre en compte sa croissance, l’état de ses forces et y adapter la technique et le coaching. En général, les enfants acquièrent vite un assez bon swing et peuvent donc jouer «normalement». Les résultats des 14+under le montrent très bien. Mais lorsqu'ils deviennent adolescents, l’augmentation de la taille ralentit et c'est le développement de la puissance et de la masse corporelle qui est alors au premier plan. La coordination s'en ressent, raison pour laquelle on doit y aller prudemment avec la pure technique d'entraînement.

D'autre part, aucun joueur ne peut effectivement obtenir de résultats dans la durée sans bases techniques solides. Nous le savons bien. Je vais dès maintenant chercher, avec mes coaches régionaux Christophe Bovet et Patrick Kressig, à exercer une influence plus directe et plus marquée sur la technique des membres de nos cadres régionaux. Pour cela, nous devrons voir plus souvent les joueurs nous-mêmes, mais aussi travailler plus étroitement avec leurs entraîneurs de clubs. Nous organiserons davantage de camps d'entraînement. Souvent sur un week-end seulement. Il nous faudra aussi être plus présents en tant qu'observateurs dans les tournois où jouent les jeunes. Je voudrais encore ajouter, en réponse à votre question, que le niveau de jeu de notre relève est déjà en passe de s'améliorer.

Les nouveaux buts que vous vous fixez sont-ils compatibles avec le fait que le coach national habite sur les bords du Léman?

C'est un problème. C'est pourquoi j'ai déjà proposé de déplacer mon domicile vers le centre de la Suisse. On ne peut définir des perspectives et ne pas en tirer les conséquences pour soi-même. Je ne rêve pas d'un «Golf national suisse» ou quelque chose de semblable. Je vois plutôt la solution, étant moi-même au centre du dispositif, dans l'utilisation d'installations régionales existantes. De petits parcours de neufs trous conviendraient parfaitement, pour autant qu'ils aient de bonnes infrastructures d'entraînement. Ainsi les membres des cadres pourraient travailler plus souvent avec moi ou les coaches régionaux sans avoir de grandes distances à parcourir.

Cela s’approche des conditions existantes en Suède ou en France.

Je ne pense pas que nous irons si loin. Je ne veux pas dire par là que les «conditions existantes en Suède ou en France» soient inadaptées. Les deux pays ont «produit» nombre de joueurs de premier plan. Pour moi, il s’agit d'abord de mettre à disposition des golfeurs, de manière optimale, mes connaissances propres et celle de mes collaborateurs. Je les vois souvent, je les connais bien et je suis très flexible en tant que professeur; je ne suis pas adepte d’une théorie particulière comme Leadbetter, Hamon ou d'autres. On doit aider nos joueurs à mieux se connaître eux-mêmes. Il faut cependant aller au-delà de ce qu’ils sollicitent eux-mêmes, nous montrer créatifs et intervenir activement lorsque nous avons l'impression que c'est nécessaire.

Parlons, pour finir, encore une fois des pros. Julien Clément a de bonnes chances de retrouver son meilleur niveau après une traversée du désert. Les prestations de Martin Rominger sur l'Asian Tour sont bonnes. Damian Ulrich a très bien joué sur l'EPD Tour allemand. Raphaël de Sousa passe pour un excellent frappeur. André Bossert joue depuis des années à un niveau constant. Tino Weiss a fait des progrès réguliers lors de ses études aux EtatsUnis et est devenu maintenant professionnel. On a l'impression que ce n'est qu'une question de temps jusqu'à ce que l'un ou l'autre – ou plusieurs d'entre eux – passe vraiment l'épaule.

Vous pouvez me citer: je prédis qu'au cours de ces douze prochains mois il adviendra quelque chose de grand de la part de nos pros. J'ai même le ferme sentiment qu'on en est proche. Je ne sais pas qui, je ne sais pas quand. Mais je me sens comme le cavalier dont la monture tire fiévreusement sur les rennes. Je suis très optimiste pour le proche avenir!

«ASG GolfCard»: discussions dans les régions

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