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Les histoires finissent mal... d’amour
…en général! Une relation coach/sportif n’est pas à priori une histoire d’amour, mais elle s’en rapproche par bien des points: complicité, attachement, partage des émotions, fréquence des rencontres, objectifs communs, projets, etc. Parfois, le coach prend plus de place dans la vie d’un athlète qu’un conjoint. Demandez un peu à Laure Manaudou ce qu’elle en pense! Philippe Lucas, l’entraîneur aux bijoux de rappeur, aux épaules de bodybuilder et aux légendaires coups de gueule, prenait infiniment plus de place dans la vie de la nageuse qu’un petit ami. Elle vient d’ailleurs de faire un échange standard et de «s’enfuir» en Italie, où l’eau des bassins est peut-être plus chaude!
Les sportifs les plus performants entretiennent souvent des relations fortes avec leur coach. Très fortes même, car elles sont jalonnées d’effort, de sueur, de colère, de frustration, de crises, mais surtout de victoires, de succès et d’estime. Le coach se consacre entièrement à son élève et ce dernier lui fait une confiance aveugle; aucune chance que cela fonctionne autrement. Mais ces «liaisons» ont une durée de vie limitée. La passion use et, avec le temps, une série d’échecs gangrène la confiance réciproque. Arrive un moment où les conseils du coach n’ont plus le même impact et le «couple» tourne en rond. Le sportif est démotivé, peut-être déçu et il est temps de mettre un terme au contrat. Car depuis quelque temps, on ne parle vraiment plus d’amour ou de relation…
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Roger Federer s’est séparé de Tony Roche, avec beaucoup de classe et avec un minimum de tapage médiatique. Tiger Woods en avait fait de même il y a quelques années avec Butch Harmon. Raison officielle invoquée: le numéro 1 mondial n’apprenait plus rien et il savait à l’avance ce que le coach allait lui dire. Officieusement, Woods reprochait également à Harmon de faire la promotion de son école et de ses produits dérivés sur son dos. Tiger a donc trouvé un autre entraîneur et sa collaboration avec Hank Haney a porté ses fruits, puisqu’ il a décroché pas moins de quatre Majeurs avec ce nouveau swing, depuis deux ans. Ces changements de coaches sont habituels dans tous les sports et notamment dans le golf. Ce qui l’est moins, c’est quand le Numéro 2 mondial s’en va chercher l’ex-mentor du Numéro 1… Car c’est bien ce que vient de faire Phil Mickelson en congédiant Rick Smith et en engageant Butch Harmon. Ils travaillent ensemble depuis quelques semaines et les résultats ne se sont pas fait attendre: le gaucher californien vient de remporter The Players, le tournoi considéré comme le 5ème Majeur et qui se disputait sur le parcours revu et corrigé du TPC Sawgrass. Plus impressionnant, il l’a fait en appliquant immédiatement les conseils de celui qui a souvent été désigné comme le meilleur entraîneur des Etats-Unis: en raccourcissant son backswing pour mieux contrôler ses coups de départ et toucher plus de fairways. Même en puttant mal, Mickelson s’est imposé! Le reste de la saison risque donc d’être passionnant, avec les deux meilleurs joueurs du monde en pleine forme, grâce à des coaches dont l’influence n’a pas encore été remise en cause. Ce qui va également être amusant, c’est d’observer si Phil Mickelson va pouvoir exploiter ce changement sur un plan psychologique pour déstabiliser le Tigre. Certes, ce serait bien le premier à y parvenir! Mais en même temps, on sait que Woods peut être chatouilleux et susceptible, notamment quand il s’agit de Mickelson; le choix du gaucher doit certainement l’agacer. Et il est peu dire que la victoire de son meilleur «ennemi» en Floride ne l’a pas enchanté, lui qui a une nouvelle fois subi la loi du très sélectif parcours de Sawgrass et terminé péniblement au-delà de la 30ème place. Dans ce contexte, le prochain US Open qui se dispute à Oakmont ces jours peut être considéré comme le terrain idéal pour un véritable duel. Un supplément d’excitation pour un tournoi qui ne manque jamais de suspense!
■ Jacques Houriet, rédacteur