
5 minute read
Presque comme au ciel
«Là-bas, de l’autre côté, l’herbe est plus verte», dit-on parfois en parlant du paradis. Peut-être nous rendrons-nous tous compte un jour de la véracité de ces propos. Mais celui qui souhaite bénéficier de conditions quasi-célestes dans cette vie déjà n’a qu’à franchir l’océan et se poser au PGA Village. L’endroit est situé au nord de Miami, sur la côte est de la Floride, et il comblera tous vos vœux. Là-bas, de l’autre côté…de l’Atlantique, l’herbe est bel et bien plus verte qu’ailleurs. En hiver surtout, lorsque neige abondante et gel à pierre fendre privent les Suisses de toute possibilité de golf.
PGA: en matière de golf, ce sont là trois lettres magiques. C’est donc logiquement qu’un «PGA Village» suscite des attentes élevées. Et dans les faits, on en a pour son argent. Il n’y a en effet pas de meilleur endroit pour se mettre d’emblée dans l’ambiance et oublier le reste du monde. Naturellement, le vol transatlantique est plus long qu’un saut vers l’Algarve ou une quelconque destination méditerranéenne. Mais si l’on aspire au meilleur, on peut supporter un surplus de quelques heures, soit à peine plus qu’un parcours de 18 trous. Pour arriver au vrai paradis, n’est-ce pas toute une vie qu’il faut?
Advertisement
Mais foin de considérations philosophiques. Elles auraient peut-être un sens sur un links de la côte ouest de l’Ecosse, mais pas en Floride. Ici, en hiver, c’est à un grand rassemblement de golfeurs du monde entier que l’on assiste, dont un certain nombre de solides Helvètes.
Magie de la PGA
Le programme offert au visiteur est vraiment très complet. Le «resort» dispose de trois parcours difficiles. Il n’est pas rare qu’y soient organisés durant l’hiver des tournois pour les pros qui officient dans des clubs situés au nord et qui sont fermés durant la saison froide. Et l’on y rencontre aussi des pros suisses. Pas de problème, donc, pour jouer ici, à condition toutefois d’avoir réservé ses heures de départ suffisam- ment tôt. Pour les hôtes du Village, il est possible de le faire jusqu’à un an à l’avance.
On l’a dit, la Floride, c’est le monde du golf. Non seulement pour les touristes suisses, mais aussi pour des centaines de milliers d’Américains qui envahissent toute la presqu’île. Si, à partir de beaucoup d’hôtels, la distance est plus ou moins grande jusqu’aux parcours (l’Etat en compte quelque 1100), ceux du PGA Village sont en revanche rattachés au même club-house. Ici, la voiturette est de règle et malheur à celui qui, par principe, ne pratique son sport qu’à pied… Pour lui, le paradis des autres risquera d’être son enfer.
Mais il y a bien autre chose que les trois parcours. L’un des attraits du
PGA Village, c’est aussi le «Learning Center». Sous cette appellation se dissimule le terrain d’entraînement le plus parfait que l’on puisse imaginer. On peut jouer dans différentes directions sur un driving range immense, de manière à tester les effets du vent (avec, contre ou de travers). De nombreux drapeaux sont disséminés sur un terrain dont la configuration rappelle les fairways. Ce sont autant de buts que peuvent se fixer les golfeurs. Il y a aussi plusieurs putting et chipping greens, beaucoup de bunkers de toutes formes et contenant divers types de sable, un emplacement pour le petit jeu si vaste qu’on aurait pu facilement y construire un neuf trous. Et voici la cerise sur le gâteau: pour 15 dollars par jour, on peut s’entraîner tant que l’on veut, avec des balles normales Titleist qu’il n’y a qu’à puiser à volonté avec un bidon dans d’énormes caisses. Sur le driving range, on peut côtoyer aussi bien un frappeur du coin qu’un touriste du Massachusetts ou un joueur professionnel suisse. Raphaël de Sousa, Alex Chopard, Dimitri Bieri, Nora Anghern ou Jann Schmid sont déjà venus ici. Le visiteur prend généralement des heures de cours avec l’un des pros de l’endroit. Mais il n’est pas rare non plus que des groupes viennent ici avec le pro de leur propre club; ils disposent de secteurs particuliers et séparés où ils peuvent s’entraîner entre eux.
Après le golf…le golf

L’un des «swing analyser» les plus perfectionné du monde est intégré au
Learning Center. Le PGA Village l’exploite en collaboration avec Taylor Made. Plusieurs cameras high-speed filment le golfeur sous différents angles, les données sont évaluées par un programme complexe et le résultat projeté sur écran. Le «Swing Labor» ne permet pas seulement un fitting parfait, il est également utilisé pour les leçons. Celui qui le souhaite peut réserver deux heures au cours desquelles alterneront entraînement et fitting.

On peut donc enfin connaître toutes les facettes de son swing. Les cameras impitoyables et les senseurs que le joueur porte sur lui – au moyen d’une veste ou même d’une combinaison totale - permettent une mesure et une analyse complète du mouvement.
Nous nous demandions, lors de notre visite, si le golf ne devenait pas ainsi trop technique. «Bien au contraire», affirme le head pro Rick Martino, qui a expliqué à Golf Suisse quel est le but recherché avec une installation aussi sophistiquée. «Nous aidons chaque joueur à mettre en place tous les éléments de son swing, de telle manière à ce que, dans l’idéal, il puisse les oublier. Car les seules choses auxquelles il doit penser, ce sont sa position et son rythme. De cette manière, le golf devient un jeu facile!» Rick Martino est l’un des cinquante meilleurs pros des USA et il est aussi «director of instruction» de la PGA américaine. «Le cerveau n’est pas en mesure de penser selon le tempo du swing, dit-il. On doit donc l’éliminer du jeu». La double fonction de Martino démontre aussi que le Village, ses trois parcours et le Learning Center sont bel et bien dirigés par la PGA elle-même. Ce Resort, d’ailleurs, lui appartient.

Si Martino donne aussi des leçons au centre, ce n’est là, au demeurant, qu’une petite partie des activités dont il est responsable. Il s’occupe égale- ment de toute la formation, de base et continue, des pros aux USA (la PGA américaine compte 28000 membres).
Mais le golf n’est pas qu’une affaire de technique. Souvent, dit Bud Taylor, directeur au PGA Golf Club, les aspects purement physiques sont négligés. «Un individu normal est non seulement très mal préparé à une chose aussi complexe qu’un swing de golf, mais il risque encore de se blesser ou de voir apparaître des signes d’usure». Au Learning Center, il y a donc aussi un espace fitness dans lequel des spécialistes conseillent, sur demande, chaque client. Tous les aspects purement corporels (force, mouvement etc.) sont analysés et il en résulte un programme d’entraînement golfique individualisé. Selon Taylor, «cela améliore la santé, le swing et les scores!»

Diversion et distraction
C’est donc une bonne dose de théorie et de pratique qu’il faut s’efforcer de maîtriser, en plus des tours effectués chaque jour sur l’un ou l’autre des parcours (deux ont été dessinés par Tom Fazio et le troisième, de type links, est dû à Pete Dye). Il peut arriver que l’hôte en ait ras-le-bol et ne puisse plus voir une balle en peinture.
Le «PGA of America Historical Center» lui offrira alors diversion et distraction. Il peut aussi se rabattre sur Golf Channel, chaîne TV câblée disponible dans chaque chambre et chaque appartement: golf 24 heures sur 24 avec les meilleurs pros et les meilleurs enseignants. Et qui veut vraiment ne plus entendre parler de ce sport peut plonger dans la piscine chauffée ou s’attabler au bar le plus proche! Il prendra ainsi un peu de distance avec le paradis pour se retremper dans la banalité quotidienne de la Floride, où trafic intense et consommation débridée éclipsent tout le reste. Mieux vaut peut-être encore s’en tenir à la culture golfique, qui n’est nulle part aussi bien célébrée qu’ici. C’est pour elle, après tout, que nous sommes venus. Après un séjour ici, chaque golfeur sait que l’herbe y est plus verte. Plus verte qu’en hiver au centre de l’Europe. Presque comme au paradis.



Golf et voyage en Chine en toute simplicité!
