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Brèves

Dans l’enfer capitaliste de la certification en langues

Le recul partiel de la ministre Vidal sur l’obligation de détenir une certification en anglais pour valider sa licence nous donne l’occasion d’examiner ce qui se passe ailleurs Dans le monde anglophone, l’entreprise PeopleCert qui avait remporté le marché français en février 2021, dénoncé depuis par la ministre, est inconnue au bataillon Les universités américaines exigent le TOEFL pour les étudiants étrangers, même dans le cadre d’un programme d’échange Ce test coûte 250€ et a une durée de validité limitée à deux ans Car ce n’est pas un diplôme acquis pour la vie, c’est juste un « niveau » garanti par un organisme privé Au Royaume-Uni, les universités demandent plutôt le TOEIC Légèrement moins cher (125€), il est également la propriété de l’entreprise ETS Global, véritable machine à fric Le système universitaire britannique utilise la langue anglaise comme une rente Pour venir étudier depuis un pays étranger, il faut payer à toutes les étapes du processus : le TOEIC, le visa, les frais d’inscription (bien supérieurs à ceux, déjà très élevés, des étudiants du cru) Forcément, ce système génère de la fraude (mais peu importe pour le capitalisme, la fraude contribue aussi à la croissance) En 2014, une émission de la BBC a révélé une fraude massive au TOEIC L’entreprise ETS Global était au courant mais tenait l’information secrète Le gouvernement a donc annulé des visas (rien moins que 34 000), 2500 étudiants ont été expulsés, 7200 ont été contraints à partir En 2022, la BBC, encore elle, a révélé que jamais l’État britannique ne s’était soucié d’enquêter sur ces cas de fraude Les autorités se sont contentées de demander à ETS de régler l’affaire et de fournir une liste de noms de tricheurs Dans de très nombreux cas, peut-être la plupart, il s’agissait d’accusations sans preuve Des étudiants, parfaitement innocents, ont été expulsés pour rien Ils espèrent obtenir des excuses du ministère de l’intérieur…

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Adieu l’ISITE, petit ange parti trop tôt

Le naufrage de l’ISITE en 2021 nous rappelle celui de l’IDEX sous la présidence de Claude Condé en 2011 Depuis, le psychodrame continue au sein de la COMUE qui, sans l’ISITE, n’est qu’une coquille vide Cela se chamaille et s’enguirlande à qui mieux mieux entre Dijon et Besançon pour du vent Au moins, cela les occupe Ces disputes se déroulent dans l’indifférence complète des collègues sur le terrain et des étudiants qui ne savent même pas de quoi il s’agit En fait, la COMUE ne peut qu’engendrer des luttes de pouvoir sans fin On le constate partout L’ISITE, en lui-même, n’a de sens que dans une politique globale d’austérité et de mise en concurrence des établissements sur fond de marchandisation du savoir Sommes-nous mieux ou moins bien lotis sans l’ISITE ? Probablement mieux !

On a bien aimé

La série The Chair (Directrice en français), diffusée sur Netflix, offre un aperçu humoristique et très instructif du fonctionnement d’une université américaine La presse française a voulu y voir une critique cinglante de l’esprit woke qui serait devenu dominant sur les campus Bien sûr, il y a de ça mais la critique est plus riche qu’il n’y paraît Il y a aussi et surtout une illustration d’un enseignement supérieur totalement marchandisé dans lequel les étudiants sont des consommateurs qu’il faut attirer et fidéliser Les vieux professeurs de littérature anglaise ont plus de 70 ans et ne veulent pas partir à la retraite Comme les étudiants ne s’inscrivent pas dans leurs cours, il faudrait les virer Il y a une sorte de mercato où les universitaires se vendent au plus offrant tels des joueurs de football Le conseil de discipline est un tribunal fantoche où la sentence a été écrite à l’avance Et en fait, tout le fonctionnement de l’institution universitaire est régi par ce mélange de démagogie et de vénalité (mais l’humain résiste, fort heureusement) Chose étrange, ni Télérama ni le Figaro n’ont perçu cette caricature du clientélisme et de la marchandisation du savoir

Effectifs étudiants : les universités loin devant tout le reste

Source : Données tirées des Repères et références statistiques 2020