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LE DROIT AU FÉMININ La profession légale à Maurice a longtemps été un domaine exclusivement masculin. Mais c’était compter sans la détermination de certaines, comme Angélique Desvaux de Marigny EDITION 39 – MERCREDI 17 AOÛT 2011

LA DIFFÉRENCE, C’EST LE CONTENU

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RÉFORMES ÉLECTORALES : LE CHEMIN DE CROIX

« LES TIC BIENTÔT PRINCIPAL PILIER DE L’ÉCONOMIE »

UNE HISTOIRE D’AFFAIRES DISCRÈTE ET... INTERNE

La classe politique est en plein débat. Si une fois de plus, il n’y a pas de consensus, on attendra une autre cassure... ou dix ans encore

Le ministre Tassarajen Chedumbrum-Pillay, fait le point sur ce secteur relativement jeune et évoque les ambitions du gouvernement

Ils ont opté pour le « corporate ». Leur terrain d’opération : la finance, la taxe, l’arbitrage, les lois sur les compagnies, les lois maritimes

COMMERCE ILLÉGAL DE BOIS DE ROSE

L’ICAC ET L’ADSU SUR LES TRACES D’UN POLITICIEN MAURICIEN Deux Mauriciens ont été identifiés dans le trafic de bois de rose et une conversation téléphonique a même été interceptée. Un ministre de Madagascar était récemment à Maurice pour consigner, officiellement, une déposition à l’Icac « Le biodiesel, une mauvaise solution » | Collectivism : Industrial Relations | Cadre mystique, massage authentique


LES IMPRESSIONS DE SOODHUN

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L’ancien ministre Showkutally Soodhun a passé presque toute la matinée de mardi dans les locaux de l’Independent Commission Against Corruption. Appelé à répondre à certaines allégations visant le Premier ministre dans

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l’affaire MedPoint, Showkutally Soodhun a déclaré aux enquêteurs que les « informations » qu’il avait partagées avec le Dr Zouberr Joomye étaient le fruit « d’impressions » dégagées à la suite d’une conversation alléguée avec

| Billet de RAJEN VALAYDEN |

POLITIQUE

Les bleus

Pravind Jugnauth : « Je ne crains pas une alliance PTr-MMM » Plus d’une semaine après la cassure avec le Parti travailliste, le leader du MSM prévient qu’il ne compte pas faire de cadeau à ses anciens alliés. Lors d’une conférence de presse mardi après-midi au Sun Trust, Pravind Jugnauth a déclaré que le MSM ne connaîtra pas le même sort politique qu’ont connu l’IFB des Bissoondoyal ou le CAM de Razack Mohamed. Le MSM ne craint rien, a-t-il dit. Qu’il s’agisse d’une PTr-MMM ou même des élections générales anticipées, le parti soleil est confiant de briller à nouveau « ATTENDONS VOIR ». À plusieurs reprises, Pravind Jugnauth s’est servi de cette phrase pour éviter de se prononcer sur une éventuelle alliance avec le MMM. Toutefois, l’on aura retenu aucune critique contre le parti mauve. Par contre, Pravind Jugnauth dira être prêt à démissionner du Parlement si le Parti travailliste et le PMSD en font autant. « Il faut rendre le pouvoir au peuple car il avait choisi l’Alliance de l’Avenir et, comme l’alliance n’existe plus, il faut retourner le pouvoir au peuple pour que ce dernier décide ». Pravind Jugnauth a démenti toutes les affirmations du Premier ministre lors d’un point de presse samedi dernier. « Je ne négociais pas avec le MMM avant les dernières élections. Pensez-vous que si vraiment le MMM m’avait offert 30 tickets, j’aurais choisi les 17 proposés par Navin Ramgoolam » a-t-il lancé. Le chef de file du MSM dément avoir exigé le poste de vice-Premier ministre ou la place hiérarchique de Xavier-Luc Duval dans le gouvernement. Il s’en est pris aux travaillistes qui, selon lui, « n’ont aucun principe ». Et contrairement ce qu’il avait dit fin juillet, l’affaire Maya Hanoomanjee n’est pas la raison de sa démission et de celle des autres ministres MSM.

Pravind Jugnauth parle de manque de leadership de son ancien patron au conseil des ministres et traite les travaillistes d’accapareurs et de gens qui ne pensent qu’à eux : « Ils travaillent pour eux et les petits copains et copines ». Le leader du MSM est conscient que le mercato politique est ouvert afin de déstabiliser son parti. « On leur met la pression, on leur propose des millions pour que [les membres du MSM] changent de camp ». Pravind Jugnauth affirme que Navin Ramgoolam n’a jamais trouvé le temps de lui parler pendant toute la durée de la crise politique de fin juillet. « On était dans le même aéroport à Heathrow, à Londres mais Navin Ramgoolam n’a pas trouvé une minute ne serait-ce que pour m’appeler ». Pravind Jugnauth a donc décidé de déclarer la guerre à son ancien partenaire. « Il nous a traité de petit parti mais pourquoi avoir consacré deux heures à la télé à un petit parti. Bientôt, il faudra plus de deux heures pour [le PM] de justifier beaucoup de choses ». Le leader du MSM a laissé entendre qu’il reviendra sur les projets Jin Fei, Neotown, et les affaires Bel Ombre et Palmar.

Prakash Maunthrooa reste loyal au MSM PRAKASH MAUNTHROOA a soumis sa démission comme directeur général du Board of Investment (BOI), poste qu’il occupait depuis l’arrivée au pouvoir de la désormais défunte Alliance de l’Avenir. Candidat du Mouvement socialiste militant (MSM) à la partielle de 2003 au No. 7, Prakash Maunthrooa fait partie des nominés du MSM ayant choisi de quitter leurs postes suivant le passage de leur parti dans l’opposition. Ancien directeur de la Mauritius Ports Authority, Prakash Maunthrooa n’a jamais caché ses affinités politiques. Et c’est sans surprise qu’il remplace au pied levé le candidat initial du MSM à l’élection partielle au No 7, en 2003, provo-

le Premier ministre. Showkutally Soddhun avait, entre autres, déclaré que Navin Ramgoolam aurait reçu à son bureau le Dr Kishan Malhotra, gendre de Sir Anerood Jugnauth, et ancien propriétaire de MedPoint.

quée par le départ de Sir Anerood Jugnauth au château du Réduit. Si certains autres nominés oranges ont plié bagages aussitôt après l’annonce de la démission comme ministre de Pravind Jugnauth et de cinq autres membres du MSM, Prakash Maunthrooa a, lui, attendu avant de prendre sa décision. Au cours de la conférence de presse qu’il animait mardi aprèsmidi, Pravind Jugnauth a souligné que Prakash Maunthrooa est de ceux qui ont juré fidélité et loyauté au MSM. Le leader du MSM a déclaré avoir parlé à l’ancien directeur général du BOI, qui a réitéré son appartenance au parti. Prakash Maunthrooa s’est

surtout illustré en 2003, quand il a accepté de remplacer le candidat initial du parti soleil, Prakash Hurry, à l’élection partielle de Piton/Rivière-du-Rempart. Il affrontera un certain Rajesh Jeetah, alors novice en politique, dans cette joute électorale qui verra sa défaite. A l’époque, dans un entretien accordé à la presse, Prakash Maunthrooa avait justifié sa décision de s’engager dans cette partielle en invoquant sa proximité avec Sir Anerood Jugnauth, avec qui il a travaillé durant de longues années. C’est Ken Poonoosamy qui assurera la suppléance au poste de directeur général du BOI en attendant la nomination d’un titulaire.

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a marmite politique est parfois très drôle. Alors que le leader de l’opposition s’est acharné sans relâche sur Navin Ramgoolam et Pravind Jugnauth depuis le début de leur concubinage politique, voilà qu’il dirige soudainement ses foudres vers Xavier Duval, devenu, depuis la défection du MSM, la nouvelle coqueluche du Parti travailliste. Cet amour si brusque des rouges pour les bleus dépasse largement la compréhension des communs de la rue. L’affection retrouvée de Nita Deerpalsing pour un colistier qu’elle critiquait ouvertement il y a à peine un an, dégage un parfum de déjà-vu. Se dirige-t-on vers une répétition de l’épisode du MSM ? Et si telle est l’inquiétude du moment chez les rouges, la revalorisation du petit allié qu’est le PMSD permettra-t-elle d’assurer la survie de l’alliance, donc du gouvernement ? L’autre actualité qui fait réfléchir est cette « détente » opportune qui suit le froid qui prévalait entre les leaders politiques. Dans cette mystérieuse quête de chaleur, ces derniers s’adonnent à toutes sortes de ‘coustiks’ risibles. Ils tentent de nous faire avaler leur théorie absurde que la priorité de toutes les priorités demeure la réforme constitutionnelle, dont dépendrait le sort même de nos enfants, évinçant ainsi au passage nos soucis quotidiens, les fléaux qui menacent notre société, les enjeux économiques et surtout la fragilité de notre environnement naturel. Nous prenant pour des cons, et sachant que la grande majorité de Mauriciens souffrent de masochisme ou de passivité aiguë, certains espèrent que nous ne serons pas conscients que les appels lancés par Paul Bérenger vise à faire de la place pour une alliance nationale. Contrairement aux dires, le MMM n’est pas mieux loti que les autres mouvements politiques. Bien au contraire. Avec une vieille garde en préretraite, Paul Bérenger n’est pas à l’abri des contestations internes. La seule façon de stabiliser la barque, c’est de la mener rapidement au pouvoir. L’histoire nous rappelle en effet que depuis 1976, aucun parti n’a pu tenir plus de sept ans à l’écart du pouvoir. Ce besoin de se ressourcer politiquement et financièrement est impératif pour la stabilisation des dirigeants. Le changement dans les rapports de forces entre les quatre partis a certes légèrement renforcé le MMM. Mais cela s’est fait au détriment du MSM, et non du PTR, qui jouit toujours d’une assise confortable, surtout en région rurale. Quant au PMSD, il n’a pu se renforcer de par le fait que l’ossature du parti est toujours composée du clan Duval, et que le travail de terrain n’est pas le fort de bleus. Malgré les multiples déclarations de Xavier Duval sur la satisfaction de se voir attribuer le ministère de l’Intégration sociale, on sait pertinemment bien que ce fut pour lui un passage au goulag. Navin Ramgoolam devait d’ailleurs dire que la nomination du leader du PMSD au ministère des Finances était le fruit de sacrifices. Si ce ministère s’avère être le dernier échelon accessible à Xavier Duval, on peut facilement deviner la prochaine étape. Comme dirait Diana Evans, cette jeune écrivain anglo-nigériane, « le bonheur est une sensation qui vient du ciel. Ça monte et ça descend, et parfois ça fait des bleus ».


DEUX CONSEILLERS DE MOKA/FLACQ QUITTENT LE MSM Est-ce l’hémorragie au MSM ? C’est ce que laissent présager les départs en série enregistrés ces dernières 48 heures. Après Nitin Soonarane, conseiller de Beau-Bassin/Rose-Hill, ce sont deux membres du conseil des districts de Moka/Flacq, Ved Golam et Vidoorat Purbutteea,

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es évènements de ces derniers jours a propulsé une personne au-devant de l’actualité. Il s’agit de Pravind Jugnauth, le leader du Mouvement socialiste militant (MSM). Politiquement jeune, ce dernier a repris le flambeau du leadership de ce parti de son père. Mais il est bien légitime de se demander s’il l’a hérité ou mérité. La première option expliquerait pourquoi ce qui se passe au niveau de son parti sur la scène politique n’a rien de nouveau. Hier au sein du gouvernement, aujourd’hui dans l’opposition, hier ami, aujourd’hui ennemi, hier loyal, aujourd’hui transfuge, hier « frangin », aujourd’hui « crétin ». La pratique des stratèges politiques est restée la même depuis l’époque pré-indépendance. On surfe sur la même façon de faire que nos aînés, un peu comme ces orchestres amateurs - qu’on retrouve lors des mariages ou des cérémonies religieuses - qui n’ont jamais changé de répertoire depuis 50 ans, et qui continuent de survivre en capitalisant sur la demande d’un marché attaché au traditionnel. S’ils n’ont jamais pensé à innover, c’est que la recette originale marche toujours. C’est sans doute pour cette même raison que ce sont souvent les pères que l’histoire retient en tant que

qui ont claqué mardi la porte du parti soleil. La raison de leur départ : la décision du MSM de se retirer du gouvernement central. Les deux hommes vont désormais siéger en conseillers indépendants, mais rien ne dit qu’ils ne rejoindront pas les rangs des travaillistes...

Dear Pravind... réformateurs, pionniers ou rebellles, alors que les fils ne sont évoqués qu’au titre... de fils à papa. N’empêche qu’ils entrent, eux aussi, dans l’histoire. C’est peut-être cela la différence : la façon dont on veut marquer les mémoires. Or, ce sont nos actes d’aujourd’hui, bonnes ou mauvaises, qui deviendront ces souvenirs de demain, qui feront de l’un un personnage incontournable, et de l’autre, une insignifiance. Ce qui nous ramène au cas Pravind Jugnauth. Il est indéniable qu’il a grandi avec un nom très lourd à porter depuis ses premiers pas en politque. Il est le fils de Sir Anerood Jugnauth, le père du succès économique de Maurice. De l’homme de fer solidement installé au poste de Premier ministre pendant treize années consécutives. D’un visionnaire qui a dépêtré Maurice de ses vestiges coloniaux en donnant au pays le statut de République. D’un patriote qui a cru juste qu’il revienne à un pur-sang travailliste – Sir Veerasamy Ringadoo – d’être le premier président du pays. Du stratège qui allait marquer le paysage politique mauricien en permettant à un membre d’une communauté minoritaire de devenir le chef du gouverne-

ment en 2003. Du chef d’Etat, finalement, qui terminera sa carrière comme président de la République. Le parcours de son père devrait suffire pour faire comprendre à Pravind Jugnauth qu’il lui reste du chemin à faire... beaucoup de chemin. Ou peut-être l’a-t-il déjà compris, lui qui a sans doute commis la grossière erreur de vouloir faire de la politique comme son père, en oubliant au passage qu’il fallait convaincre, sur la durée, l’électorat. Monter sur des caissons de camion pour déverser sa haine sur son ennemi du jour à travers des expressions de bas étage ne se résume qu’à une banalité archi-répétée lors des rassemblements publics. Lorsqu’on est le fils du très respecté Sir Anerood Jugnauth, on a le devoir de ne pas prêter le flanc pour se faire traiter de « ti crétin », de ne pas tomber dans la bassesse en traitant son oncle de « gros fey » et de ne pas prendre du plaisir à ces jeux idiots. Si Pravind Jugnauth croit que la façon dont son père a fait de la politique est répétable, il a tort ! Les actions de SAJ en 1982 et 1983 étaient, à cette époque, révolutionnaire. Il avait choisi de se démarquer d’une culture, tout comme il l’avait fait en

Elle sera, selon certaines sources, nommée dès ce matin ministre de la Femme. Mardi, Mireille Martin s’est fendue d’un commiqué pour annoncer son départ du Mouvement socialiste militant (MSM) et son ralliement au Parti travailliste A aucun moment Mireille Martin ne s’est-elle rapprochée de ses camarades du MSM. Juste avant son départ de la soirée, le Premier ministre n’a pas manqué de saluer la députée MSM en lui gratifiant d’un ‘namasté’. L’absence de la députée à la conférence de presse donnée mardi après-midi par le leader de son parti a apporté de l’eau au moulin de ceux qui prédisaient déjà un rapprochement avec le Parti travailliste. Même si le leader du MSM a tenté de justifier l’absence de Mireille Martin en évoquant une gastro dont souffrirait la jeune femme, d’aucuns s’étaient déjà fait leur opinion sur la question. Avec son départ du MSM, la députée du No. 4 vient conforter la majorité gouvernementale. Depuis la démission des six mi-nistres MSM, un seul membre de ce

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éditorial de RUDY VEERAMUNDAR

Un maroquin pour Martin DEPUIS LUNDI déjà, les rumeurs allaient bon train sur son éventuelle défection du MSM. Son attitude à réception donnée par le hautcommissaire indien Madhusudan Ganapathi, lundi soir au Centre Swami Vivekananda, n’aura pas manqué d’alimenter la machine à rumeurs. Drapée dans un sari rouge, la députée du Mouvement socialiste militant (MSM) est restée à l’écart du petit groupe constitué de Pravind Jugnauth et d’autres membres du parti soleil présents lors de cette soirée marquant les 64 ans d’indépendance de la Grande péninsule. A un moment, le ministre Rajesh Jeetah s’est approché de Mireille Martin pour un brin de causette. Autrement, elle a passé presque toute la soirée aux côtés d’un conseiller du Premier ministre.

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parti avait jusqu’ici rejoint les rangs de la majorité gouvernementale. Il s’agit de Jim Seetaram, qui a été nommé ministre des Affaires, de l’Entreprise et des Coopératives, portefeuille qu’occupait précédemment son ancien camarade du MSM, Showkutally Soodhun. Mireille Martin en est à son deuxième mandat comme parlementaire. Elue en 2005 sous la bannière du MSM au No. 17, Mireille Martin ira briguer les suffrages aux législatives de 2010 au sein de l’Alliance de l’Avenir. La jeune femme, connue pour avoir été présentatrice à la station de radio-télévision nationale, devrait, selon les informations obtenues de diverses sources, prêter serment ce mercredi comme nouvelle ministre de la Femme et de l’Égalité des Genres.

quittant l’Independent Forward Bloc (IFB) ou encore, par la suite, le Mouvement militant mauricien (MMM), donnant ainsi naissance à son propre parti, le MSM, qui se permettrait même de dominer la grande force historique qu’est le Parti travailliste. Tout au long de sa carrière, SAJ a adopté des mesures avant-gardistes, et cela dans l’intérêt national. En choisissant de faire de la politique, il convenait à Pravind Jugnauth d’apporter un souffle nouveau dans la façon de procéder, et de développer sa propre identité. S’entourer de dinosaures tels que Showkutally Soodhun pour s’engouffrer dans une méthode qui date de Mathusalem ne pouvait être qu’un faux départ. Pravind Jugnauth a grandi et a été bercé par le pouvoir et l’argent. Il n’y avait donc aucune raison pour qu’il soit à la recherche de ces deux éléments. S’il veut vraiment servir son pays, il serait peut-être temps qu’il pense à ranger ce costume de politicien entouré de « meter choula » et d’opter pour la posture plus élégante des patriotes visionnaires et modernistes. Car à l’heure où nous en sommes, il n’y a, pour l’histoire, qu’un seul Jugnauth : Sir Anerood.

Le téléphone pleure SUITE À la visite effectuée par un nouveau ministre au sein d’un corps parapublic, un messenger s’est vu coller un avertissement formel,par le responsable des ressources humaines. La raison évoquée : le téléphone de l’employé s’est mis à sonner pendant la rencontre avec le personnel, ce qui n’a pas plu au CEO par intérim. Certains qualifient cette décision d’inhumaine, d’autant que le ministre en question est réputé pour ses discours sur les droits de l’homme et la démocratisation, et que l’appel venait du… ministère.

RÉDACTEUR EN CHEF Rudy Veeramundar CONSEILLER À LA RÉDACTION Manoj Nawoor CHEF D’ÉDITION Clency Lajoie RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT Roy Neeraye RÉDACTION Herrsha Lutchman-Boodhun Leevy Frivet Dorina Krammer CONCEPTION GRAPHIQUE Knivel Goonmeter Ibrahim Atchia DIRECTEUR EXÉCUTIF Rajen Valayden RESPONSABLE DE MARKETING Cécile Antonio CHEF DE PRODUCTION Roland Nicolas Cheneya ADMINISTRATION Nishta Salandy Essane Auleear Vishesh Koonjobeeharry Une publication de Channel13 8, rue Mère Barthelemy, Port-Louis Tel : 213 1555 - Fax : 213 1552 Email : info@channel13.mu - Site web : www.channel13.mu Imprimé par Yukondale Ltd - Plaine Lauzun


ENTERPRISE MAURITIUS RECRUTE

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COMMERCE ILLÉGAL DE BOIS DE ROSE

L’ICAC ET L’ADSU SUR LES TRACES D’UN POLITICIEN MAURICIEN Au moins trente Malgaches ont été mis en prison dans l’affaire de saisie de six conteneurs de bois de rose à Maurice en juin dernier. Mais le service des renseignements malgaches aurait découvert que deux Mauriciens - un hommes d’affaires et un politicien très connu - seraient respectivement l’expéditeur et le commanditaire de la marchandise. Port-Louis et Tananarive se concertent pour les coincer. L’Icac et l’Adsu ont été mises sur le coup | RUDY VEERAMUNDAR et LEEVY FRIVET

UNE CONVERSATION téléphonique les aurait trahis. C’est en se basant sur cet appel que les enquêteurs malgaches enquêtant sur le trafic illégal de bois de rose ont identifié deux Mauriciens, dont un personnage connu de la scène politique locale, qui seraient étroitement liés à la cargaison valant la coquette somme de Rs 24 millions saisie en juin dernier. L’affaire est prise au sérieux par les autorités malgaches. « Nous avons alerté la commission anti-corruption mauricienne (Ndlr : l’Icac) afin qu’elle enquête sur le commerce de bois de rose, étant donné qu’il y a des suspects mauriciens dans cette affaire. » C’est ce qu’a déclaré le général malgache Faly Rabetrano à Capital, hier après-midi, au téléphone (voir hors-texte). Il a aussi été porté à notre connaissance que la ministre des Affaires étrangères de Madagascar, Yvette Sylla, a fait le déplacement à Maurice, le mois dernier, pour consigner, officiellement, une déposition à l’Icac.

Alors que Madagascar est sanctionnée par la communauté internationale et qu’un embargo existe sur plusieurs produits d’exportation, le bois de rose est devenu l’enjeu d’un commerce illicite impliquant les paysans pauvres des régions forestières, les braconniers et ceux au pouvoir


LA ROUPIE SE DÉPRÉCIE FACE À L’EURO La roupie a atteint son niveau le plus bas face à l’euro en trois semaines. Cette nouvelle dépréciation intervient dans un contexte particulièrement difficile, alors que la croissance chez notre principal

Si celle-ci se concentre essentiellement sur l’aspect de blanchiment d’argent, l’Anti Drug and Smugling Unit (Adsu) de Port-Louis se penche quant à elle sur le trafic de bois de rose. Il est fortement soupçonné que des cargaisons ont été débarquées à Maurice avant d’être exportées, illégalement, vers plusieurs pays, dont la Chine. Une partie de la cargaison aurait cependant été commercialisée sur le sol local, pour le compte d’un homme politique très influent, qui a même été parlementaire à un moment donné. Ce dernier serait le commanditaire des six conteneurs de bois de rose saisis à Maurice en juin dernier, alors que S.U., un businessman de la capitale opérant dans le secteur des pièces de réchange pour voitures et motos, en serait l’expéditeur. L’homme d’affaires aurait fait le va-et-vient entre Maurice et Madagascar pour le compte du politicien, confie une source proche du dossier. Il nous revient ainsi que de décembre 2010 à juillet 2011, S.U. aurait effectué cinq voyages. Selon certaines informations, les enquêteurs malgaches seraient en possession de l’enregistrement d’une conversation entre le businessman et le politicien, lors du séjour du premier dans la Grande île, du 8 au 31 juillet 2011. Le service de renseignements malgache, souvent critiqué pour sa médiocrité, aurait intercepté l’appel téléphonique effectuée depuis Tananarive. La conversation étant en créole, l’officier qui l’a l’intercepté devait faire appel à un collègue qui maîtrise notre langue. Ce dernier comprend rapidement qu’il s’agit d’un hommes d’affaires qui appelle un politicien. Le contenu tournerait autour de la phrase suivante : « Tou korek. Nou inn fini gagne li... Cargaison la pé monté la ». L’APPEL DE VITAL À DUVAL Selon certaines sources, c’est à partir de cet élément d’information que les enquêteurs malgaches cherchent à remonter vers le commanditaire et le businessman mauriciens, et ce à travers l’Icac et l’Adsu. Un colonel des

partenaire commercial, l’Europe, tourne ces jours-ci au ralenti. Entretemps, le nouvel homme fort des Finances, Xavier-Luc Duval, a eu une rencontre avec le gouverneur de la Banque de Maurice, Rundheersing

services de renseignements malgaches a d’ailleurs été dépêché chez nous afin de mener une enquête sur les Mauriciens impliqués dans ce trafic illicite. Les deux pays affichent une réelle volonté de mettre la main sur ces trafiquants, nous a affirmé l’un des enquêteurs. La partie malgache veut aussi arrêter les membres de ce réseau, qui auraient exercé des pressions sur le gouvernement transitoire menée par

Un homme politique très influent, qui a même été parlementaire à un moment donné, serait le commanditaire des six conteneurs de bois de rose saisis à Maurice en juin dernier, alors que S.U., un businessman de la capitale opérant dans le secteur des pièces de réchange pour voitures et motos, en serait l’expéditeur. L’homme d’affaires aurait fait le va-et-vient entre Maurice et Madagascar pour le compte du politicien Andry Rajoelina. Ce dernier, ainsi que le Premier ministre, Camille Vital, ont affirmé qu’ils se montreront intransigeants envers ceux impliqués dans ce trafic. C’est ce dernier d’ailleurs, qui, suite aux informations fournies par le service de renseignements malgache, avait transmis l’information à son bon ami, le ministre Xavier-Luc Duval. La cargaison, qui selon les documents de douane, était destinée pour la Chine, avait alors été minitueusement contrôlée à Port-Louis. LE TRAFIC DATE DE 2009 Le trafic de bois de rose n’est pas nouveau. En 2009, un navire transportant une cargaison de bois de rose avait quitté le port de Toamasina

FALY RABETRANO : « DES MAURICIENS SONT DANS LE COUP » Le général Faly Rabetrano, directeur du Bureau Indépendant Anti-Corruption malgache (BIANCO), nous a déclaré, hier, qu’il a informé l’Independent Commission Against Corruption (Icac) de la connection mauricienne dans l’affaire de saisie de six conteneurs de bois de rose, fin juin, à Maurice. Le général Rabetrano affirme que si à Madagascar, plusieurs personnes ont été arrêtées dans cette affaire, celles impliquées à Maurice se la coulent doucent. « A mon avis, des Mauriciens sont impliqués, parce qu’il s’agit d’un circuit restreint. Le conteneur, selon les documents de douane, contenait une cargaison à destination de la Chine, mais il est fort probable que ce soit un document frauduleux et que le port de transit indiqué - Maurice - était

en fait la destination finale. Des fois, les exportateurs affirment que le lieu du transit est le Kenya, l’Inde etc., alors que la destination réelle est omise pour qu’il n’y ait pas de contrôle. Heureusement que cette foisci, la douane mauricienne a effectué un contrôle rigoureux, car les exportateurs avaient déclaré que les conteneurs abritaient des haricots. Il faut coincer les coupables. Les autorités malgaches sont là pour aider à cela », a-t-il déclaré à Capîtal. A noter que le BIANCO est l’organisme malgache chargé de combattre la fraude, la corruption et le blanchiment d’argent dans la Grande île, et qu’à ce titre, des information circulent régulièrement entre cet organisme et l’Icac.

Bheenick. Il a été question lors de cette entrevue de la politique monétaire du pays. Il s’agit de la première rencontre entre les deux hommes depuis la nomination de Xavier Duval aux Finances.

(Tamatave) en direction de Maurice. Intercepté en cours de route par la police malgache, il avait dû faire demi-tour. L’enquête dans cette affaire avait été close sans qu’elle ait abouti. La même année a vu un changement brusque et violent intervenir à Madagascar, avec un coup d’Etat qui a fait des centaines de mort. L’exploitation du bois de rose est alors devenue un moyen facile de se faire de l’argent dans un pays où il n’y avait plus de gouvernement reconnu. Alors que Madagascar est sanctionnée par la communauté internationale et qu’un embargo existe sur plusieurs produits d’exportation, le bois de rose est devenu l’enjeu d’un commerce illicite impliquant les paysans pauvres des régions forestières, les braconniers et ceux au pouvoir. L’année 2009 aura été exceptionnelle pour cette filière. Entre tourmente politique et lobbying efficace, entre campagne médiatique et appétit des acheteurs chinois, le bois de rose aura beaucoup fait parler de lui. Ce qui a poussé les organisations écologiques malgaches à tirer la sonnette d’alarme. L’ONG Madagascar Conservation & Development a ainsi publié une étude intitulée « Bois de rose de Madagascar : entre démocratie et protection de la nature ». Les conclusions de l’étude pointent un doigt accusateur vers la Chine, principal importateur de bois de rose, mais implique également l’Allemagne, les Etats-Unis et même Maurice, puisqu’avant la saisie de juin 2011, un conteneur de bois de rose avait déjà fait son chemin jusqu’à chez nous. Selon ce rapport, la compagnie impliquée dans cette affaire serait Sunover Size Ltd, entreprise basée à Port-Louis. Mais les autorités malgaches ont du mal à croire les documents de leur propre département de douane, où les cas de fraude ne sont pas rares. La police mauricienne n’avait d’ailleurs trouvé aucune trace de la compagnie en question.

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LA MALÉDICTION DES VERTUS MÉDICINALES Le bois de rose, dont l’exportation remonte à l’époque de la colonisation française, soit en 1899, figure actuellement dans le répertoire des espèces menacées de l’UNESCO. La conservation de cet arbre dans les forêts malgaches est aussi cruciale car c’est l’habitat des lémuriens malgaches. Or, les braconniers qui pillent les zones forestières épargnent très rarement l’animal. A ce titre, l’exploitation du bois de rose, qui prend une centaine d’années pour grandir, est désormais interdite dans la Grande île. Des autorisations d’enlèvement des déchets ont été attribuées, à titre exceptionnel, à des opérateurs, afin de leur permettre de se débarrasser des déchets des arbres abattus lors du cyclone qui a ravagé la partie nord-est de Madagascar en 2007. Sa raréfaction a aidé le prix du bois de rose à augmenter de manière exponentielle. A part la fabrication de meubles, le bois de rose, qui est aussi solide que le fer, doit sa valeur à ses vertus médicinales. On sait en effet que certaines personnes élaborent des mixtures à base de bois de rose pour traiter des infections parasitaires telles que la cysticercose, la bilharziose, ou encore la toxoplasmose…

TRIBUNAL SPÉCIAL ET PEINES PLUS SÉVÈRES Les trafiquants ne seront pas jugés en cour de justice, mais par le gouvernment malgache. La décision a été validée par la Haute Cour Constitutionnelle de Madagascar et le gouvernement malgache a publié officiellement l’ordonnance No. 2011-001, portant sur la répression des infractions relatives aux bois de rose et d’ébène. Le texte constate la détérioration progressive et accélérée de l’environnement et des forêts à cause du pillage des bois précieux. Il explique également que les peines fixées par la législation en vigueur concernant l’exploitation, la mise en circulation et la vente de ces bois précieux est remarquablement faible, rendant les peines non dissuasives. Cette ordonnance se veut ainsi une réaction énergique contre ces trafics, notamment à travers une aggravation des peines dont écoperont tous ceux qui auront coupé, exploité, transporté ou fait transporter, stocké, vendu ou acheté du bois de rose ou d’ébène. Toute tentative de le faire sera également soumise au même régime de sanctions, qui consiste en une peine d’emprisonnement de deux à cinq ans et en une amende d’un montant équivalent au double de la valeur commerciale des produits provenant de l’infraction. L’ordonnance prévoit également la suppression des circonstances atténuantes et de la faculté accordée aux juges d’ordonner le sursis à exécution des peines d’emprisonnement ou d’amende à l’égard des individus coupables. Enfin, elle consacre définitivement la mise en place de la juridiction spéciale chargée de la poursuite et du jugement des infractions en cas de trafics de bois de rose et d’ébène. Celle-ci sera implantée dans la capitale malgache et statuera en premier et en dernier ressort en la matière.

LA CHINE MEILLEUR CLIENT Selon le rapport de Madagascar Conservation & Development, la Chine reste le pays qui consomme le plus de bois de rose. Tous les acheteurs identifiés par l’organisme sont chinois, sauf trois : une entreprise allemande, une américaine et une mauricienne. Le rappport parle de Theodor Nagel, société hambourgeoise connue pour fabriquer des instruments de musique et qui importe également du bois d’ébène en faible quantité. Depuis de longues années cependant, et ce dans le cadre d’un contrat d’approvisionnement régulier, elle a réexporté son bois façonné vers l’Europe et les ÉtatsUnis, comme en témoignent les démêlés de la société américaine Gibson (fabricant de guitares) avec la justice de son pays. Gibson est en effet soupçonnée d’avoir importé aux États-Unis des pièces en bois malgache d’origine illégale, via l’Allemagne.


CEHL MEEAH S’OPPOSE À TOUTE RÉFORME ÉLECTORALE

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Le leader du Front Solidarité Mauricien (FSM) ne veut pas entendre parler de la réforme électorale. Pour lui, il faudrait d’abord que le pays amorce sa sortie de la crise politique qui l’ébranle depuis quelques se-

maines. Cehl Meeah a souligné, lors d’un point de presse mardi, que son parti est prêt à répondre à tout appel politique qui irait dans ce sens. Il dira que le FSM n’attend qu’un signe du Premier ministre pour rejoindre le

gouvernement. « C’est au Premier ministre de décider s’il tiendra la population en otage ou s’il ouvrira la porte pour sauver l’île en cette période difficile », a-t-il dit, présentant son parti comme le ‘joker’ du jour.

DÉBAT

RÉFORMES ÉLECTORALES : LE CHEMIN DE CROIX La cassure à peine consommée que la scène politique est plongée dans un débat profond : la réforme électorale. En attendant la lumière qui se fait attendre depuis des décennies, place aux discussions. Si, une fois de plus, il n’y a pas de consensus, on attendra... une autre cassure pour discuter à nouveau | HERRSHA LUTCHMAN-BOODHUN EN PLEINE tempête politique, un consensus a été dégagé, non pas en ce qui concerne les alliances, mais par rapport aux réformes électorales. Du moins, c’est un sujet qui occupe le Parti travailliste (PTr), le Mouvement militant mauricien (MMM) et le Mouvement socialiste militant (MSM) avant la rentrée parlementaire. Si, pour le citoyen lambda, c’est du latin, la réforme électorale est un sujet très complexe où le voeu du peuple est au centre des débats, alors que certains sont d’avis que parler de changement sans toucher le Best Loser System n’équivaut à rien. Les avis de nos deux invités, Mes Maneesh Gobin et Veda Baloomoody, divergent. L’analyse balance entre offrir du vent au peuple et établir les différences entre le système actuel et celui proposé lors de la réforme électorale. Après la cassure entre le PTr et le MSM, les débats entourant la réforme électorale sont revenus sur le tapis. Le leader du PTr et le MMM ont toujours été pour cette réforme, alors que le MSM avait, dans le temps, exprimé des réserves sur quelques propositions. Mais, après la cassure, le leader de ce parti, Pravind Jugnauth, semble engagé dans un dialogue sain avec le leader de l’opposition pour aboutir à cette réforme. FLAGRANTE HYPOCRISIE La réforme électorale engage des changements concrets au niveau de la Constitution. Comme nous explique Me Veda Baloomoody, qui a siégé au sein du Select Committee présidé par Ivan Collendavelloo à l’époque, notre système actuel ne représente pas le voeu du peuple : « Nous n’avons pas une représentation comme il se doit selon le ‘ballot box’. On sait tous que lors de certaines élections, le MMM avait obtenu 40 % des suffrages mais n’était pas représenté au Parlement. Ce fut

recommandations concernant le Best Loser System (BLS). « Il n’y a pas à sortir de là. Le BLS est contraire aux traités internationaux dont Maurice est signataire, plus particulièrement sur les droits civils et politiques », fait ressortir Me Gobin. Pour lui, le législateur mauricien se croit tout puissant, mais il y a certains fondamentaux qui passent outre le pouvoir du législateur. Tout comme nul ne peut traiter deux citoyens mauriciens de façon discriminatoire, même si c’est pour des besoins électoraux. « Le BLS charcute ce pays en quatre, détruit la nation mauricienne et gangrène notre système électoral. Une fois le jugement tombé, le législateur mauricien sera obligé de faire une vraie réforme électorale », soutient Me Gobin.

également le cas pour le Parti travailliste en 1982, et le MSM en 1985 avec 30 % des suffrages. Ce n’est pas correct, surtout quand nous avons un système où il y a de grands leaders. Mais il ne faut pas oublier qu’en 1983, le MMM avait eu presque 50 % des votes, mais son leader – Paul Bérenger n’était pas au Parlement. Le PTr avait eu 30% des votes en 1982, mais son leader, Sir Seewoosagur Ramgoolam, ne siégeait pas au Parlement. En 1995, le parti de SAJ avait obtenu entre 25 et 30 % des votes, mais il ne siégeait pas. » Mais pour Me Maneesh Gobin, ce débat entourant la réforme électorale, que ce soit entre « grand parti » ou « petit parti », voire entre groupuscules, ne serait qu’un écran de fumée pour berner le peuple déjà à moitié assoupi. Pourtant, dans

le fonds, la réforme devrait assurer une meilleure représentation des électeurs à l’Assemblée ; mais c’est sans compter, à son avis, le fait que la réforme électorale n’est discutée que du bout des lèvres, avec une flagrante hypocrisie. Il va même plus loin en avançant qu’à un moment donné, les débats concernaient la réforme d’une partie du système électoral, et à une autre époque, ils touchaient une autre partie. Pour l’homme de loi, il n’y a jamais eu de discussion globale sur le sujet. D’où la Commission Sachs qui avait pour tâche de “make proposals regarding representation in Parliament on a proportional basis within the existing electoral system” (extrait du rapport du Select Committee, février 2004). Toutefois, la Commission n’était pas habilitée à faire des

“PROPORTIONATE REPRESENTATION” La question se pose donc : quels changements devra-t-on apporter pour aboutir à cela ? Nos deux interlocuteurs sont d’avis que le système actuel n’est pas parfait et comporte plusieurs lacunes, surtout avec le ‘First Past the Post System’. Selon Me Baloomoody, si nous maintenons le système actuel – ‘First Past the Post’ – avec trois députés élus par circonscription et deux pour Rodrigues, et la nomination de Best Losers, en ajoutant 30 députés proportionnels, le pays aboutira à un meilleur système. « Ainsi, l’électeur aura 2 bulletins – il vote d’abord pour les trois députés par circonscription et, dans le deuxième bulletin, il note son parti de préférence. Là, on verra le pourcentage qui est attribué à chaque parti, et on nomme proportionnellement à partir de la liste de 30 députés qui sera présentée à l’électorat. En tout, il y aura 60 candidats sur le terrain, et 30 sur la liste. Ce sont ces trente qui seront choisis à travers la proportionate representation », souligne-t-il. Ce système encouragera les leaders

à être plus présents à l’Assemblée, et on se servira des 30 députés sur la liste pour s’assurer qu’il y ait représentation féminine proportionnelle. Le MMM propose un candidat masculin, un féminin, un masculin et ainsi de suite. Ou sur trois députés dans la liste, un élément féminin, voire deux. La réforme électorale dont on fait état actuellement implique également une délimitation des circonscriptions. Si Me Baloomoody avance tout simplement que le rapport de l’Electoral Boundaries Commission n’a pas été présenté par le Premier ministre au Parlement « parce qu’il n’a pas cru bon venir de l’avant avec », Me Gobin est plus catégorique : nous perdons dix années de notre existence puisque l’organisme présente un rapport tous les dix ans, et le dernier, en 2009, a été rejeté. « On ne parle jamais dans sa globalité du sujet électoral en prenant en considération les Electoral Boundaries. Le citoyen perd son droit de vote ! » Dossier épineux et qui implique divers thèmes à traiter. Le Premier ministre s’est prononcé, lors de son point de presse samedi dernier, en faveur de ladite réforme : « Nous voulons un système où tout le monde se sent à l’aise, et qui élimine le communalisme. Le MSM abonde dans le même sens et le MMM a toujours été pour la réforme électorale. S’il y a de la bonne volonté, on peut toujours trouver l’unanimité. D’autant plus que Navin Ramgoolam a soutenu qu’il est important d’aboutir à la réforme avant les élections. Le gouvernement actuel a déjà passé plus de 14 mois au pouvoir. Il est temps de passer à cette étape dans les mois à venir. A ce moment, on pourra l’appliquer dès la tenue des prochaines élections générales. Le grand travail a déjà été abattu. Tout est question de bonne volonté et de courage politique », lance Me Veda Baloomoody.


LES CHASSEURS DE POSTES Après la démission de Prakash Mauthrooa de son poste de directeur général du Board of Investment (BOI), plusieurs personnes ont déjà entamé un intense lobbying afin de réclamer ce poste. Parmi figure ce haut cadre du BOI qui convoitait déjà le poste de CEO d’En-

ME VEDA BALOOMOODY

❚ Notre actuelle Constitution est

inspirée d’autres pays. N’est-il pas temps que Maurice développe sa propre Constitution en fonction de ses spécificités ? Notre Constitution est inspirée du Westminster System. Il faut savoir que plusieurs pays sont en train de revoir leur système, y compris la Grande-Bretagne récemment. Les autorités ont évoqué un référendum. Cinq ans de cela, il y a eu un Select Committee pour revoir le système au Canada. Avec l’expérience, on constate que le système de ‘First Past the Post’ ne reflète pas le voeu du peuple. ❚ Il est donc temps que Maurice ait

❚ Vous évoquez la notion de deux-

ième République. Eclaircisseznous sur ce point. C’est revoir les institutions, leur composition et leurs pouvoirs pour aboutir à l’amendement de la Constitution. On garde tout de même la base principale de la démocratie. Revoir la Public Services Commission, le Parlement, le pouvoir du président et du Premier ministre, le rôle du vice-président, la Human Rights Commission, l’embauche des officiers... Tout ceci avec l’idée d’améliorer les institutions et amener plus de transparence et d’accountability, tout en renforçant la démocratie. Nous espérons que c’est bien l’idée que se fait le Premier ministre à propos de la deuxième République. ❚ Un des aspects phares des dif-

férents rapports touche au financement des partis politiques. Quels moyens avons-nous à Mau-

L’impression qui se dégage en ce temps de discussions autour de la réforme est que certains ont peur d’elle. Qu’y a-t-il à craindre ? Les chasses gardées tout simplement, dira Me Maneesh Gobin. Ça fait peur aux groupes dits socioculturels, et aux partis politiques dépendant de ces groupes. Pour notre interlocuteur, c’est tout un ‘mindset’ qu’il faut changer. « Ce ne sont certainement pas nos leaders politiques actuels qui pourront amener cette réflexion en

rice pour apporter un véritable contrôle à ce niveau et permettre l’émergence de nouveaux partis et d’individus sur la scène politique ? Sur ce point, je vous réfère à un Select Committee présidé par Emmanuel Anquetil dans le temps. Là encore – faute de temps parce que le Parlement allait être dissous – nous n’avons pu aboutir à grand-chose. C’est bien d’avoir un contrôle, pour la transparence, au niveau de tous les partis. La question principale est qui finance les partis politiques. Est-ce que l’Etat doit contribuer ? Dans certains pays, c’est déjà le cas. Le secteur privé, oui, mais en toute transparence. Donc, nous sommes pour le financement politique transparent. Si le parti de l’ex-Alliance de l’Avenir a gagné les élections, c’est à cause de l’argent, et bien sûr le rôle de la MBC-TV. C’est une institution qu’il faut revoir. Est-ce que la MBC peut pratiquer ce qu’elle a fait lors des dernières élections générales ? Est-ce démocratique ?

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Laissé aux oubliettes pendant plus de cinq ans, le débat entourant le brûlant dossier de la réforme électorale n’a fait que refaire surface. Cette fois-ci, les trois principaux partis politiques semblent bien accorder leurs violons et démontrent même un intérêt pour voir aboutir la réforme tant souhaitée. Outre les dialogues qui ont repris entre le MMM et le MSM à ce sujet, Me Baloomoody fait ressortir que la réforme a toujours figuré au programme du MMM depuis 1983. « La première occasion que nous avons eue, parce qu’on croyait qu’on avait la majorité nécessaire, était à l’époque de l’alliance MSM-MMM. Nous avons mis sur pied la Commission Sachs, et un Select Committee présidé par Ivan Collendavelloo. Mais nous n’avons pu avoir la majorité. A l’époque, le PTr était pour cette réforme. Dans le Select Committee, il y avait trois membres du MMM, trois du MSM et deux du PTr – Siddick Chady et Madan Dulloo. Ce n’est que le MSM qui s’était prononcé contre », explique l’homme de loi. Amender la Constitution sera une autre façon de renforcer la démocratie. Pour le parti mauve, il est important d’apporter ce changement et revoir le ‘First Past the Post’, qui est à l’opposé de ce que veut le peuple. Le rapport du Select Committee est également accompagné d’un ‘Draft Bill – Proposed Amendments to the Constitution’. Toutefois, le ‘Draft Bill’ n’a pas été déposé au Parlement, le cabinet n’ayant pu trouver un consensus.

❚ C’est un constat qu’il y a un

manque d’engagement et une défaillance culturelle de la part des jeunes par rapport à la chose politique. Quelles solutions apporter pour donner forme à cet engagement ? Je ne suis pas trop d’accord avec vous, surtout quand je vois l’aile jeune du MMM fonctionne merveilleusement bien et fait des propositions très intéressantes. Au niveau du MMM, on note que les jeunes sont à l’écoute de la chose politique. Notre jeunesse militante est dynamique et nous donne du courage. Cela donne espoir qu’il y aura des successeurs au MMM. Il est toutefois vrai qu’il y a une certaine réticence surtout lorsqu’on voit le cas des transfuges... C’est dégoûtant. Mais pour dire que tous les politiciens sont pareils, et que les jeunes ne sont pas intéressés, ce n’est pas vrai. On travaille beaucoup avec les jeunes ; ils sont actifs dans le parti. La liste d’adhésion qu’on a eue pour les élections municipales est énorme. La grande

UN CHANGEMENT QUI FAIT PEUR profondeur », s’exclame-t-il. Ce sont les citoyens qui en ont marre du « système pourri », ou certains « élus », ou même des ministres qui se trouvent à l’Assemblée nationale pour des raisons purement ethniques qui devront approfondir cette réflexion, en faisant jouer soit le vote communal, soit le Best Loser System, voire une combinaison des

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UNE RÉFORME QUI NE DATE PAS D’HIER

« Maurice doit développer sa propre Constitution »

son propre modèle... Nous ne sommes pas contre cette idée. Il faut tout de même se mettre d’accord dessus. Le Premier ministre parle d’une deuxième République. Je ne sais pas ce qu’il a en tête concernant cela. Il est normal pour un pays démocrate de revoir sa Constitution.

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terprise Mauritius. Il semblerait que le poste de directeur général du BOI est l’un des plus prisés après ceux de Mauritius Telecom, d’Air Mauritius et de la State Bank of Mauritius. La rémunération pour ces postes dépasse largement celle du Premier ministre.

deux : « La réforme est déjà en marche. Elle viendra une fois que l’Etat mauricien sera débouté dans l’affaire Bloc 104 v/s State of Mauritius. Je salue bien bas les 104 membres de ce collectif ». Pour Me Baloomoody, il n’y a aucune raison d’avoir peur, surtout si c’est pour obtenir un Parlement qui représente le voeu du peuple. Le sys-

majorité est composée de jeunes, de professionnels, d’activistes... ❚ Dans le temps, le MMM voulait

éliminer le communalisme. On a l’impression que le parti a dévié de son principe et a fini par adopter un système où on place X candidat à cause de X communauté. Nous ne pratiquons pas le communalisme, mais une politique réelle. N’empêche qu’il faut que tout parti politique reflète les communautés de Maurice. On ne fait que s’assurer que nos membres reflètent cette réalité. Nous serons toujours contre le communalisme. C’est pourquoi nous ne sommes pas populaires auprès des associations socioculturelles. Pratiquer une politique qui reflète Maurice n’est pas du communalisme. On a été victime, à chaque élection, de campagnes communalistes.

tème actuel, ajoute-t-il, est dangereux. Maurice a connu deux 60-0. C’est une situation qui peut mener à la dictature. Pour le premier 60-0, certains avaient parlé de « coup d’Etat ‘by the ballot box’ ». Il n’y avait pas d’opposition et ce n’est pas démocratique. « Si vous êtes forts, vous êtes représentés au Parlement, au lieu d’avoir 30 % et ne pas être représenté. Comme ce fut le cas pour le PTr et le MSM. En 1995, le MSM avait presque 30 % des votes, mais pas un député au Parlement. Par

contre en 1982, on avait nommé trois ‘Best Losers’ en la personne de Clarel Malherbe, Michael Glover et France Roussety. » En 1995, le leader du MSM n’est pas élu. En 1991, le MMM/MSM obtient 55,36 % des votes, donc 57 sièges, ce qui représente plus de 90% des sièges. La même année, le Hizbullah, avec 2 % des votes, obtient un siège à travers le ‘Best Loser System’. En 1991, le PTr obtient presque 40 % des votes, et seulement trois sièges au Parlement.


ARVIN BOOLELL AU SOMMET DE LA SADC

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Le ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration régionale, Arvin Boolell, a participé au conseil des ministres de la Southern Africa Development Community (SADC), lundi à Luan-

da, capitale de l’Angola. Cette réunion a précédé le Sommet des chefs d’Etats et de gouvernements de l’organisation, qui se tient les 17 et 18 août. Le Sommet de la SADC a pour thème «Consolidating the

Foundations of Regional Integration», et réunira plus de 600 participants, dont des délégués, ministres, chefs d’Etats et de gouvernements venant des pays membres.

RAPPORTS INTÉRIMAIRES

BILANS AIGRE-DOUX POUR NOS COMPAGNIES Plusieurs entreprises mauriciennes ont présenté leurs bilans financiers pour la période janvier-juin. La crise de la zone euro, les prix des billets d’avion, la force de la roupie ont grandement influencé les chiffres. Tour d’horizon LE SECTEUR touristique a été particulièrement affecté. Tout comme New Mauritius Hotels Ltd, qui a affiché une perte de Rs 124 millions, il en est de même pour le groupe hôtelier Sun Resorts, qui a enregistré une baisse de 42 % au niveau des profits (avant impôt). Cela est dû à une diminution des arrivées touristiques de l’Europe et à la compétition qui perdure en cette période de basse saison. La crise de la zone euro a joué un rôle majeur dans l’industrie touristique, alors que cette dernière contribue à hauteur de 10 % au Produit intérieur brut (PIB), les touristes européens représentant deux tiers des arrivées. « The trading environment has been very difficult as the industry was faced with negative factors affecting the traditional markets, namely the resurfacing of the euro zone debt crisis, the increase in room capacity and high airfares out of Europe », peut-on lire dans le rapport de Sun Resorts. Ainsi, les profits avant impôt ont atteint Rs 40,9 millions, tandis que les revenus ont atteint Rs 1,7 milliard, soit une hausse de 9,1 %. Le groupe fait ressortir que Long Beach, qui a remplacé Coco Beach depuis avril, est toujours en phase de lancement positif, et que le nouvel établissement devrait générer des contributions positives après une année d’opération. Toutefois, les conditions seront d’autant plus difficiles pendant le troisième trimestre. «Avec la vente de chambres au niveau de Long Beach, nous nous attendons à ce que l’année se termine sur une note positive», avance le groupe. DOUBLE NOTE POUR HAREL FRÈRES Le groupe Harel Frères Ltd a enregistré des profits avant impôt de Rs 900 000, soit 31 915 USD pendant la première moitié de l’année finan-

cière. Ce qui représente une nette amélioration à la suite des pertes (avant impôt) de Rs 70,2 millions enregistrées l’année dernière. L’unité de production d’énergie du groupe a largement contribué à ces recettes. Ainsi, quelque 20 % de l’énergie du pays sont générés à partir de la bagasse. Dans son rapport intérimaire, Harel Frères souligne que les profits avant impôt générés par la production d’énergie ont connu une hausse, passant à Rs 99 millions de janvier à juin dernier, contre Rs 52,5 millions l’année précédente. Toutefois, au niveau de la production sucrière, le groupe a enregistré une perte avant impôt de Rs 216,3 millions, en comparaison à la perte de Rs 222,3 millions pendant la même période, l’année dernière. Le groupe avance toutefois qu’il pourrait pallier cette perte grâce à une hausse au niveau du prix du sucre pour la récolte 2011. Pour rappel, le Mauritius Sugar Syndicate a avancé que les producteurs recevront Rs 15 000 par tonne de sucre à partir de cette année, alors que le prix était de Rs 13 535 auparavant. « We would expect overall performance for 2011 to be better than last year. The profitability of our energy and commercial activities should improve, while losses suffered to date by our sugar activity will be substantially reduced during the crop season," avancent les directeurs du groupe. COMME EN 2010 POUR ROGERS Les résultats devraient être plus ou moins les mêmes que ceux de l’année dernière. C’est ce qu’a fait ressortir le groupe Rogers dans son rapport publié la semaine dernière. Les profits ont connu une hausse de 1,1 % pour le premier semestre de 2011. Les résultats positifs dans l’agro-business et le secteur de l’immobilier ont contribué aux

RÉSILIENCE. Malgré un contexte difficile, les profits de Rogers depuis début 2011 ont connu une hausse

We would expect overall performance for 2011 to be better than last year. The profitability of our energy and commercial activities should improve, while losses suffered to date by our sugar activity will be substantially reduced during the crop season profits avant impôt qui sont passés à Rs 439,6 millions. «Despite an increase in tourist arrivals at national level, the hotel operators, particularly those in the upper segment, are facing a difficult low season», fait ressortir le groupe. La force de la roupie contre le dollar a également affecté les activités globales du groupe. Quant aux revenus, une hausse de 13,4 % a été enregistrée, en comparaison à la même période l’année dernière,

pour atteindre Rs 8 milliards. Toutefois, le revenu par action sera maintenu à la baisse jusqu’à la fin de l’année. Les profits avant impôts sont passés de Rs 16,1 à 46,7 millions. BRILLANTE PERFORMANCE POUR HAREL MALLAC Les revenus du groupe Harel Mallac & Co Ltd ont augmenté de 12 % pendant le deuxième trimestre, et de 9 % pour les six mois se terminant au 30 juin. Selon le rapport intérimaire du groupe, plus de 50 % de la croissance provient du programme d’acquisition et d’une amélioration de revenus de ses Strategic Business Units. Les profits de Harel Mallac ont également augmenté, de 32 % pour le deuxième trimestre, et de 12 % pendant les six premiers mois de 2011. Toutefois, le rapport fait ressortir que la profitabilité a été affectée pendant les deux premiers trimestres puisque le business est saisonnier. Ce qui n’empêche pas le groupe de continuer son mouvement d’expansion régionale et d’acquisition. Harel

Mallac est même très optimiste quant aux résultats d’ici la fin de l’année financière. LA FORTE COMPÉTITION AFFECTE AUTOMATIC SYSTEMS La société Automatic Systems Ltd est impliquée dans l’organisation de paris sur les courses hippiques et sur les matchs de football étrangers. Pour le trimestre prenant fin le 30 juin, les revenus du groupe tournent aux alentours de Rs 401 millions, en comparaison à Rs 435 millions pendant la même période en 2010. La raison : les deux segments d’opération n’ont pas fait particulièrement fureur auprès des principaux intéressés, en raison d’autres sources de jeux plus intéressantes. La compétition est féroce dans le domaine. Cependant, malgré cette baisse, les profits après impôt se situaient à Rs 6,4 millions (Rs 6,1 millions en 2010), soit une hausse de 5 %. Autres raisons derrière cette chute, analysent les directeurs : la taxe qui a été revue à la hausse et les restrictions sur les publicités.



PÉNURIE DE GAZ MÉNAGER À RODRIGUES

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A Rodrigues, la fête de l’Assomption n’aura pas été de bon augure pour une bonne partie de la population. Lundi, en effet, plusieurs centaines de personnes se sont retrouvées face à une pénurie de gaz ménager. Une situation provoquée par le retard dans la livraison des bouteilles de gaz. Un problème

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qui, si l’on en croit les habitants, serait assez récurrent depuis quelque temops. La livraison dans les points de vente se ferait au compte-gouttes, selon certains propriétaires de boutiques. Ils affirment ne pas disposer de bonbonnes de gaz en quantité suffisante pour répondre à la demande des clients.

‘Best for Quality of Life’. Maurice est la grande gagnante de cette catégorie au classement African Countries of the Future 2011/2012 qui vient d’être rendu public. Notre pays surpasse cette fois-ci l’Egypte. Somme toute, Maurice démontre une très bonne performance au niveau d’autres catégories de cette compétition saine pour les pays d’Afrique | HERRSHA LUTCHMAN-BOODHUN

QUALITÉ DE VIE

Maurice occupe la première place en Afrique SATISFAISANTE. La performance de Maurice au niveau de l’Afrique vient encore une fois accentuer le niveau de développement du pays. C’est ainsi que Maurice s’est retrouvé à la tête du classement de la catégorie ‘Best for Quality of Life’. Ce classement découle de l’initiative de fDi Intelligence, une division spécialiste de Financial Times Ltd qui aide les industries à avoir un aperçu des performances et de la mondialisation. Intitulé ‘African Countries of the Future 2011/2012’, le classement a été rendu public cette semaine par le prestigieux fDi Intelligence Magazine à la suite de relevés touchant 59 pays africains. Les informations ont été divisées en six catégories: potentiel économique, ressources humaines, coût, qualité de vie, infrastructure, facilité pour les affaires. Ainsi, Maurice a détrôné l’Egypte, passant de la 4e position à la 3e, et se classe dans le Top 10 pour d’autres catégories. Dans la catégorie Best FDI (Foreign Direct Investment) Strategy, Maurice occupe la 2e place après le Maroc. Le jury indépendant de FDI a été impressionné par la FDI Strategy soumis par le Maroc, ce qui lui a valu le top du classement de la catégorie, suivi de près par Maurice. Les critères retenus pour la Best for Quality of Life sont : l’index de qualité de vie, la prévalence du VIH/Sida, les arrivées internationales dans le pays, et le pour-

BEST OVERALL 1. Morocco 2. South Africa 3. Mauritius 4. Egypt 5. Ghana 6. Seychelles 7. Tunisia 8. Namibia 9. Ethiopia 10. Kenya

BEST INFRASTRUCTURE 1. Morocco 2. Egypt 3. Nigeria 4. Tunisia 5. Cape Verde 6. Seychelles 7. Réunion (department of France) 8. Algeria 9. Mauritius 10. Kenya

BEST BUSINESS FRIENDLINESS 1. Réunion (department of France) 2. South Africa 3. Egypt 4. Tunisia 5. Mauritius 6. Ghana 7. Rwanda 8. Botswana 9. Morocco 10. Cape Verde

BEST HUMAN RESOURCES 1. Egypt 2. South Africa 3. Algeria 4. Morocco 5. Nigeria 6. Libya 7. Tunisia 8. Kenya 9. Mauritius 10. Tanzania

ATTITUDE. La qualité de vie à Maurice se reflète tant dans la vie sociale de la population que dans le monde professionnel

centage de risque qui prévaut dans le pays. Pour la FDI Strategy, l’organisation a pris en considération les principales initiatives pour attirer les investisseurs, le nombre d’officiers dédiés à ce domaine, les informations qu’offre le pays au sujet des potentiels d’investissements, et la présentation des projets d’infrastructure, entre autres. En ce qui concerne le Busi-

ness Friendliness, le panel a tenu compte du nombre d’emplois créés par le FDI, le nombre de jours requis pour démarrer un business, le niveau de high-tech dans le pays, et la perception de corruption... Les autorités concernées ont pris plus de quatre mois pour compiler les données des 59 pays concernés.

BEST FDI STRATEGY 1. Morocco 2. Mauritius 3. South Africa 4. Ghana 5. Ethiopia 6. Kenya 7. Namibia 8. Seychelles 9. Saint Helena (territory of the UK) 10. Swaziland

2G Scam : le CBI enverra une deuxième commission rogatoire à Maurice SELON LE Central Bureau of Investigation de l’Inde, des documents reçus de l’île Maurice dans le cas de l’escroquerie 2G ont révélé que les propriétaires de Delphi Investment Ltd étaient basés en Suisse, et non pas à Maurice. L’agence va maintenant envoyer une commission rogatoire en Suisse pour en savoir plus sur l’entreprise, son bilan, son régime de propriété et d’autres détails. Le CBI compte envoyer une nouvelle commission rogatoire à

Maurice pour chercher d’autres détails dans cette affaire d’escroquerie. « Le quartier général de Delphi est situé à Port-Louis, mais les documents montrent que ses propriétaires sont en Suisse. Nous vérifions tous les documents reçus de l’île Maurice et nous avons obtenu une piste très importante pour la ‘charge sheet’, qui sera déposée avant le 31 août », ont déclaré les autorités indiennes. Le CBI avait déjà eu recours à une commission rogatoire à Mau-

rice, et une équipe avait même visité le pays en vue d’obtenir plus d’informations sur les investissements de Delphi Limited, ainsi que d’autres sociétés, dont Maavi Investments Ltd, Global Capital Ltd, Black Lion Ltd, Inditel Holdings, Deccan Asian Infrastructure, Aidtel Holding, Kaif Investments, Electro Investments Ltd et Palab Investments. Les autorités indiennes soupçonnent ces entreprises d’avoir servi de couverture au détournement d’argent.

QU’EST-CE QU’UNE COMMISSION ROGATOIRE ? Dans un procès civil ou commercial, lorsque dans le cadre de la mise en état, le juge estime qu’il est nécessaire d’ordonner une mesure d’instruction en dehors du siège de la juridiction saisie de l’affaire, par exemple pour entendre un témoin, ce magistrat qui a une compétence territoriale limitée au ressort de la juridiction auprès de laquelle il a été nommé, envoie à un autre juge ou à une autre autorité située dans le ressort du lieu où le témoin a son domicile ou sa résidence, une délégation qui est appelée « commission rogatoire ». Des commissions rogatoires peuvent être envoyées à un juge étranger, soit en exécution d’une convention internationale, soit en vertu d’un traité de coopération judiciaire, soit en utilisant la voie diplomatique.



SANS FIL CONDUCTEUR

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Le Wi-Fi est un ensemble de protocoles de communication sans fil. Un réseau Wi-Fi permet de relier sans fil plusieurs appareils informatiques (ordinateur, routeur, décodeur Internet, etc.) au sein d'un réseau informatique afin de permettre la

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transmission de données entre eux. Dans la pratique, le Wi-Fi permet de relier des ordinateurs portables, des machines de bureau, des assistants numériques (PDA), des objets communicants ou même des périphériques à une liaison haut débit.

Ainsi, des fournisseurs d’accès à Internet peuvent établir un réseau Wi-Fi connecté à Internet dans une zone à forte concentration d’utilisateurs (gare, aéroport, hôtel…). Ces points d’accès sont appelés bornes Wi-Fi ou ‘hotspots’.

❚ Les différents gouverne-

ments qui se sont succédé depuis la fin des années 90 ont tous affiché l’ambition de faire des TIC le 5e pilier de l’économie. En 2011, où en est-on au juste ? Je peux vous affirmer que les TIC sont déjà le 5e pilier de l’économie. Et, pour illustrer mes propos, je vais me référer aux chiffres disponibles. Juste après les dernières élections générales, la contribution des TIC au Produit intérieur brut (PIB) était de 5,7 %. On avait fait une prévision de 6,1 % pour la fin de 2010, mais on a fait mieux : on est arrivé à 6,4 %. Je peux vous dire que d’ici la fin de l’année en cours, nous allons traverser la barre des 7 %. Si vous vous rendez compte, le tourisme, qui est un secteur dont le développement remonte à plusieurs décennies, en est actuellement à 8 % du PIB. Ce qui montre la rapide progression des TIC et la réussite des ambitions du gouvernement. Nous faisons tout pour atteindre cet objectif de 7 % du PIB d’ici à la fin de l’année. Et mon souhait, c’est que, d’ici la fin de notre mandat en 2015, les TIC deviennent le principal pilier de notre économie. On travaille dans cette direction et, d’ici 2015, on doit atteindre une contribution à deux chiffres en ce qui concerne la part des TIC au PIB.

Malgré des contraintes liées à l’exiguïté du marché, au déploiement de certaines infrastructures et au manque de main-d’œuvre, le gouvernement entend bien atteindre son objectif de faire de la télécommunication et des nouvelles technologies un pôle majeur de l’économie. Tassarajen Chedumbrum-Pillay, ministre des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), fait le point sur ce secteur relativement jeune et évoque les ambitions du gouvernement pour en faire le principal pilier économique du pays | ROY NEERAYE

❚ Pour atteindre ces objectifs,

sur quelles stratégies le gouvernement mise-t-il ? Laissez-moi vous dire une chose : quand vous regardez ce que disent des firmes comme Gartner (NdlR : cabinet américain d’études et de conseil en nouvelles technologies) ou des institutions comme le World Economic Forum sur Maurice, en ce qui concerne les TIC, il y a eu partout une progression. Seule la main-d’œuvre posait problème. Mais, tout récemment, on a présenté un papier au cabinet pour la création d’une ICT Academy. C’est un projet qui va grandement contribuer à la bonne marche du secteur dans la mesure où les cours ne seront pas exclusivement académiques, mais viendront répondre aux besoins du secteur des TIC. L’ICT Academy aura un peu le même fonctionnement que l’École hôtelière, qui forme les jeunes en fonction des besoins du secteur de l’hôtellerie. L’ICT Academy sera un

TASSARAJEN CHEDUMBRUM-PILLAY

« Les TIC sont en passe de devenir le principal pilier de notre économie » ‘PPP Project’, c’est-à-dire un projet en partenariat avec le secteur privé, et on a déjà eu le soutien de la Chambre de Commerce et d’Industrie de France et de l’Agence française de Développement, qui nous a fait un don de 500 000 euros, pour démarrer le projet. Entre-temps, on s’est déjà tourné vers l’International Telecommunications Union (ITU) Council pour faire une demande d’accréditation pour notre ICT Academy afin d’en faire un centre d’excellence dans la région. On a déjà soumis le projet, qui est

Le projet de carte à puce pour la carte d’identité nationale est toujours en voie. Nous avons signé un accord de principe avec une agence singapourienne en octobre 2008 et pour la mise en œuvre, nous avons retenu la technologie ‘smartcard’

actuellement à l’étude à l’ITU Council, et d’ici octobre prochain, je pense qu’on obtiendra cette accréditation. Voilà un peu où on en est avec la formation de la maind’œuvre. Actuellement, de gros opérateurs, il faut le reconnaître, n’arrivent pas à remplir tous les postes vacants vu le manque de main-d’œuvre formé. L’ICT Academy viendra pallier ce problème, avec des cours taillés sur mesure. ❚ Quand cette ICT Academy

va-t-elle démarrer ses opérations ?

Vous savez, on met les bouchées doubles pour que d’ici septembre, cette ICT Academy soit opérationnelle. On a déjà commencé à travailler sur le plan stratégique pour les TIC pour la période 2011 à 2014. On a vu un peu les faiblesses et les manquements de l’ancien plan stratégique et, en fonction de cela, on a commencé à préparer le plan stratégique 2011 à 2014 dont la mise en œuvre se fera en plusieurs phases. Il y aura donc des projets dans la durée. Vous savez, pour en revenir


LA LUMIÈRE AU BOUT DU… CÂBLE Une fibre optique est un fil en verre ou en plastique très fin qui a la propriété de conduire la lumière et sert dans les transmissions terrestres et océaniques de données. Elle offre un débit d’informations nettement

❚ En termes d’infrastructures,

que ceux de Mauritius Telecom. Maintenant, quand les ‘corporates’ achètent moins chère la bande passante, leurs coûts d’opération seront automatiquement revus à la baisse. D’autant que, avec l’Open Access Policy, d’autres opérateurs pourront acheter de la bande passante, non seulement de Mauritius Telecom, mais aussi avec des opérateurs étrangers. Ce qu’on est en train de faire, c’est amener plus de compétition. Ça va grandement contribuer à atteindre cette contribution à deux chiffres au PIB, comme nous souhaitons le faire. Je tiens aussi à souligner que d’ici décembre, Maurice sera raccordé au câble LION 2, ce qui augmentera la capacité de bande passante dont nous disposons actuellement. En sus de cela, au niveau de mon ministère, nous sommes en train de travailler pour voir si nous ne pouvons pas faire venir le câble SEACOM à Maurice. ❚ Du point de vue des utilisa-

teurs, seul l’opérateur historique est en mesure de proposer des services de télécommunication. Comment faire pour rendre le marché plus compétitif, avec, notamment, l’arrivée de nouveaux opérateurs ? Actuellement, vous avez

que nous sommes bien sommes-nous prêts à effecdesservis. En outre, il faut que tivement accueillir de noules opérateurs existants travailveaux investisseurs ? lent dans un climat compétitif. Récemment, une panne sur Il faut que le ‘feel good factor’ le réseau de Mauritius Telesoit là. com a privé le pays de l’accès à Internet plusieurs heures ❚ On a parlé durant… de l’accès gratuit Nous avons mis en place des technologies Quand on parle de à Internet grâce la démocratisation de à la technologie afin de protéger les utilisateurs d’Internet. l’espace informatique, sans-fil Wi-Fi. C’est un espace assez difficile à contrôler, cela se voit dans la praConcrètement, mais nous voulons que les Mauriciens, en tique avec la présence est-ce un projet particulier les enfants, soient à l’abri de plusieurs opéraréalisable ? teurs. Autrefois, ce n’é- de toute tentative de nuire de la part Il y a une tait pas le cas. J’ai chose qu’il faut des cybercriminels moi-même présenté bien prendre en un papier au cabinet considération. sur une politique d’accès ouLe projet de création des Wi-Fi Mauritius Telecom, Orange, verte (NdlR : ‘Open Access zones est un projet pilote. Il Emtel et MTML qui proPolicy’) aux réseaux existants. faut qu’il y ait une certaine coposent des services d’accès à En vertu de cette politique, il hérence dans ce que nous Internet. Il y a une chose qu’il n’est plus désormais nécessaire faut prendre en considération : voulons faire. Durant la campour une société de prendre de les projets doivent non seulepagne électorale de 2010, nous la bande passante de Mauritius ment être réalistes, mais aussi avons fait mention de l’InterTelecom. L’opérateur détient et surtout réalisables. Il faut net comme un ‘basic citizens’ une partie du câble SAFE. voir une chose. Nous avons right’. Nous voulons faire de Mais grâce à l’Open Access une population d’environ 1,3 Maurice le pays le mieux conPolicy, Emtel a acheté ce qu’on million. Si on compte trois necté au monde. Nous avons appelle du IRU (Indivisible opérateurs sur le marché, ça dit que nous allons améliorer Rights of Use) de l’opérateur vous fait environ 450 000 per- notre accès au savoir, que nous historique et se positionne sonnes par opérateur. Pensezallons révolutionner notre sysmaintenant comme ‘grossiste’ vous que ça vaut le coup tème d’éducation. Nous pour revendre de la bande pas- d’introduire d’autres opéravoulons réduire la fracture sante à ses clients. Cela permet teurs ? Avec un tel marché, il numérique. une concurrence en ce qui sera difficile pour un opérateur Si vous y regardez de plus concerne le prix, avec Emtel de rentabiliser ses investisseprès, vous verrez qu’il y a déjà proposant aux ‘corporates’ des ments. Je crois que le marché l’Internet gratuit dans les tarifs jusqu’à 44 % moins chers est trop petit. De plus, j’estime écoles primaires, dans les col-

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développé dans les années 1970. La fibre optique, grâce aux performances avantageuses qu’elle permet, est utilisée de plus en plus à l’intérieur des réseaux de télécommunications, même dans les applications militaires.

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à votre première question sur le projet de faire des TIC le premier pilier, j’aimerais souligner qu’il faut que les indicateurs montrent qu’on répond à toutes les exigences du secteur. On a vu ce qui se passe dans le nord de l’Afrique. Là-bas, les investisseurs veulent délocaliser. Nous croyons fermement que nous avons tout le potentiel pour attirer ces investisseurs. Déjà, la démocratie est ancrée dans tous nos systèmes. Nous sommes politiquement stables, nous avons un régime fiscal propice aux affaires, et nous avons une population intelligente, jeune et bilingue. Tout cela va nous aider à atteindre nos objectifs. C’est bon de noter aussi que nous sommes le pays francophone le moins cher pour les investisseurs. Quand vous regardez un peu le classement de Maurice, n’allez pas croire que les institutions nous placent parmi les meilleurs pour nos beaux yeux. Ces classements reflètent notre rigueur et notre stratégie fiable. We really mean business.

supérieur à celui des câbles coaxiaux et supporte un réseau « large bande » par lequel peuvent transiter aussi bien la télévision, le téléphone, la visioconférence ou les données informatiques. Le principe de la fibre optique a été

que même ceux qui n’ont pas de PC pourront bénéficier de ce projet, que je souhaite voir mis en place avant la fin de l’année. Rodrigues sera aussi concerné par ce projet de création de ‘Wi-Fi Zones’. Donc, nous pouvons dire que notre volonté de faire de l’Internet un droit du citoyen est en train de prendre forme. It is in the making. Pour aller plus loin, nous comptons introduire une autre technologie, la fibre optique. Il s’agit de traduire dans la réalité la vision du gouvernement de démocratiser l’accès à Internet. Ce qui va se passer, c’est que l’autoroute de l’information va passer devant votre porte. D’ici décembre prochain, une partie sera déjà connectée à la fibre optique. Et, selon moi, en août de l’année prochaine, le pays en entier pourra bénéficier de ce service. Avec cette technologie, les débits seront décuplés. Avec la fibre optique, nous allons commencer avec des débits de 10 Mbps. N’est-ce pas déjà une révolution ? ❚ Dans cette logique de dé-

lèges et à l’université. Maintenant, dans tous les bureaux de poste, nous sommes en train de proposer un accès gratuit à l’Internet. Pour qu’on puisse mieux faire, je suis venu avec un projet pour la création de 150 clubs informatiques à travers le pays. Avec ces clubs informatiques, qui ont déjà été mis en place dans certaines régions, les enfants qui n’ont pas un PC à la maison peuvent se rendre dans les centres communautaires pou utiliser l’outil informatique. Ces clubs s’adressent aussi aux ménagères, aux personnes pauvres, aux personnes âgées. On veut faire plus que ça. Nous voulons que la pénétration de l’outil informatique et de l’Internet soit encore plus considérable. C’est là que nous sommes venus avec le projet de création des ‘Wi-Fi Zones’. Les conseils de district et les municipalités, dans un premier temps, seront concernés par ce projet. Ils auront la responsabilité de sa mise en œuvre. Ce projet est entièrement financé par le Universal Service Fund. L’appel d’offres sera lancé très prochainement. Les opérateurs qui seront appelés à mettre en place les antennes de transmission auront à respecter une condition : la fourniture de Net PC. Ce qui veut dire

mocratisation des nouvelles technologies, il y a eu récemment la tenue de la première ICT Expo dans le sud du pays. Y a-t-il d’autres projets dans ce sens ? La philosophie du gouvernement, et celle du Premier ministre en particulier, c’est de « put people first ». En introduisant la technologie dans la vie de tout un chacun, c’est justement ce que nous sommes en train de faire. Ce qui est important, alors que le salon Infotech va fêter ses 18 ans, c’est d’aller s’aventurer là où la technologie est rare. Nous avons voulu sensibiliser davantage de Mauriciens sur le choix technologique disponible. Il y a une certaine résistance de la part de certaines personnes qui refusent de se servir de l’outil technologique, croyant que c’est difficile ou que c’est trop cher. Nous voulons réduire la fracture numérique, mais aussi pousser nos entreprises à adopter les nouvelles technologies pour réduire les coûts d’opération et pour améliorer la qualité de nos produits. ❚ Justement, les Petites et

moyennes entreprises (PME) sont-elles consuite en page 14


SANKORÉ : LE MARIAGE DU NUMÉRIQUE ET DE L’ÉDUCATIF

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Du nom d’une des plus anciennes universités au monde, le projet Sankoré, à l’origine un logiciel libre permettant le partage du savoir entre étudiants d’Afrique et du monde, se veut l’outil le plus efficace pour la transmission

de la connaissance sur supports numériques. Maurice a adopté ce projet panafricain dans le but d’optimiser les ressources technologiques disponibles à la fois pour les enseignants et les élèves. Concrètement,

ce projet met l’accent sur l’utilisation de supports technologiques modernes tels les tableaux numériques. Il permet en outre d’interconnecter les adhérents pour un partage d’expérience sur une plate-forme commune.

LEXIQUE

scientes que l’adoption de nouvelles technologies a une incidence sur la production et sur la productivité ? Les PME sont condamnées : pour réussir, il n’y a pas à sortir de là, il leur faut ces nouvelles technologies. Si on veut bien réussir, il faut impérativement se tourner vers ces outils. Récemment, mon ministère a organisé l’exposition Pro IT, à Mer Rouge. L’idée était d’exposer les PME aux outils disponibles sur le marché afin qu’elles puissent améliorer leurs opérations. ❚ Il y a aussi dans le pays

cette perception que la technologie reste un luxe. Même si le prix des ordinateurs a beaucoup baissé, une partie de la population ne peut toujours pas se permettre de s’offrir ces outils. Y a-t-il des plans d’aide, en dehors de celui que propose la Banque de Développement, pour aider les gens à s’équiper ? J’ai fait une recommandation au ministère des Finances dans le cadre du prochain budget pour réduire au minimum les taxes sur ces produits. Cela va grandement aider à cette mouvance qui veut que l’outil informatique soit le plus accessible possible au plus grand nombre. ❚ Qu’en est-il du projet ‘one

laptop per child’ ? C’est un projet sur lequel nous avons beaucoup travaillé. Mais, ce n’est un secret pour personne que le monde traverse en ce moment une période économique trouble. On ne peut pas prêter un ordinateur à un élève de Lower VI et s’attendre à ce qu’il le rende une fois qu’il change de classe. Pour plusieurs raisons, d’ailleurs. D’une part, même en Upper VI, l’enfant aura besoin de cet ordinateur. On veut révolutionner notre système éducatif et on ne peut viser que le Lower VI. Pour aboutir à un système éducatif qui repose sur l’utilisation des nouvelles technologies, nous devons offrir cet ordinateur et non pas le proposer en emprunt. Cela dit, le projet n’a pas été abandonné. Après la pluie, il y a le beau temps. Quand la situation économique le permettra, on va faire avancer ce projet. Comme je l’ai souligné avant, il s’agit d’être cohérents dans ce que nous faisons. Cela dit, dans le domaine de

l’éducation, Maurice est partie prenante du projet Sankoré, qui a déjà été mis en place avec l’utilisation de l’outil informatique et de tableaux interactifs.

permettre une plus grande interconnexion entre les différents services du gouvernement. ❚ Et quid des parcs tech-

❚ En ce qui concerne les

autres projets liés aux TIC, comme la carte d’identité numérique, où en sommesnous, valeur du jour ? Le projet de carte à puce pour la carte d’identité nationale est toujours en voie. Nous avons signé un accord de principe avec une agence singapourienne en octobre 2008 et pour la mise en œuvre, nous avons retenu la technologie ‘smartcard’. Cette technologie est plus fiable et plus sécurisée. En outre, elle nous permettra d’avoir une carte à usages multiples. Une étude de faisabilité a déjà été réalisée par rapport à ce projet. D’ici juillet 2012, nous serons en mesure d’émettre la première carte d’identité numérique. Même si, dans un premier temps, toutes les fonctionnalités ne seront pas disponibles, nous comptons à terme optimiser les capacités d’une telle carte. ❚ Il a aussi souvent été ques-

tion du projet GOC (Government Online Centre). Peut-on dire, aujourd’hui, que ce projet a abouti ? Nous avons déjà mis en place plusieurs projets liés au GOC. Nous sommes en train de doter le GOC de structures nouvelles pour répondre aux nouvelles exigences de la société mauricienne. On va bientôt passer à la deuxième étape, avec divers outils technologiques, pour

nologiques ? Je dois admettre qu’Ébène a connu un peu un développement sauvage. On s’y gare un peu n’importe comment et c’est devenu un véritable bazar. Quand j’ai pris ce dossier en main, j’ai fait un constat de lieux et je me suis rendu compte qu’il y a pas mal de choses qui n’ont pas été faites comme il le fallait. J’en ai fait part au cabinet et le gouvernement a décidé d’instituer un comité interministériel comprenant le ministère de l’Environnement, le ministère des Terres et du Logement, le ministère des Infrastructures publiques et celui des TIC. Ce comité a déjà soumis son rapport pour dire quelles sont les faiblesses dans les travaux qui ont été effectués à Ébène et, vous allez voir, très prochainement, un embellissement des lieux pour donner à la cybercité la dimension de ce que nous voulions en faire au départ. De plus, nous allons bientôt nous concentrer sur le parc technologique de Rose-Belle. Deux compagnies ont déjà commencé à mettre sur pied leurs bâtiments dans ce parc technologique. Une fois de plus, ce sera le concept d’une cybercité avec une diversité d’entreprises qui graviteront autour. ❚ La question de cybersécu-

rité revient souvent dans l’actualité. Comment le

gouvernement s’y prend-il pour lutter contre la cybercriminalité ? Nous avons mis en place des technologies afin de protéger les utilisateurs d’Internet. C’est un espace assez difficile à contrôler, mais nous voulons que les Mauriciens, en particulier les enfants, soient à l’abri de toute tentative de nuire de la part des cybercriminels. A ce titre, nous avons mis en place une technologie, la Centralised Online Content Filtering Solution. Autrefois, n’importe qui pouvait accéder aux sites prohibés comme ceux contenant de la pédopornographie. Maintenant, avec cet outil, nous protégeons les utilisateurs. ❚ Un autre problème à Mau-

rice est le piratage de logiciels. Comment faire pour circonscrire ce phénomène ? Au fur et à mesure que nous ouvrons l’espace informatique, les cybercriminels seront aux aguets. Ils fonctionnent comme de vrais professionnels. Mais on essaie, avec les autorités, comme l’Information and Communication Technologies Authority et le National Computer Board, de venir à bout de ces pratiques criminelles. Ces institutions abattent un travail énorme et leurs efforts méritent d’être salués. ❚ Pouvons-nous désormais

dire que Maurice est un pays ‘computer literate’ ? Nous ne voulons pas que les étudiants seuls bénéficient de l’apprentissage et de la maîtrise de l’outil informatique. Avec les cours IC3, nous voulons toucher plus de Mauriciens,

SAFE - Le câble SAFE (acronyme de ‘South Africa – Far East’) est un câble sousmarin de dernière génération reliant par fibre optique Melkbosstrand, en Afrique du Sud, à Penang, en Malaisie. Commandé en 2002, ce câble de 13 104 kilomètres de long qui traverse l’océan Indien fait la paire avec un autre qui relie l’Europe et l’Afrique de l’Ouest à l’Afrique australe par l’océan Atlantique. Il permet donc de relier le Vieux continent à l’Asie du Sud-Est et peut donc servir de voie de délestage ou de secours en cas de rupture ou de saturation des câbles traversant le Moyen-Orient. Le câble SAFE touche terre à plusieurs endroits dont Baiedu-Jacotet, à Maurice. Il a été construit par Tyco Submarine Systems, entreprise américaine. Sa capacité actuelle est de 10 gigabits par seconde et pourra être portée à 130 gigabits par seconde à terme. LION - Le LION, ou ‘Lower Indian Ocean Network’, est un câble sous-marin en cours d’installation par France Télécom dans le sud-ouest de l’océan Indien. Il doit relier, à moyen terme, Madagascar à l’île Maurice en passant par La Réunion. Ce faisant, il doublera le SAFE entre les deux îles des Mascareignes et connectera la Grande île à cet autre câble qui jusqu’ici l’évitait, mettant un terme à sa dépendance aux liaisons satellitaires. Il sera ensuite prolongé de Madagascar à Mombasa, au Kenya, en desservant Mayotte au passage. Un prolongement de Maurice à l’Asie est par ailleurs envisagé. Composé de quatre fibres optiques, le LION touche terre, à La Réunion et Maurice, à Sainte-Marie et Terre Rouge respectivement. SEACOM - Le SEACOM est un câble sous-marin de l’océan Indien reliant l’Afrique du Sud au Kenya. Le projet a pour but de réduire le coût de la bande passante tout en offrant de meilleurs débits que les câbles sous-marins existants.

même ceux qui ont déjà quitté l’école et qui n’ont pas forcément atteint un haut niveau d’éducation. C’est un projet réussi, à la hauteur de nos ambitions, et je suis heureux de constater que même des personnes âgées apprennent aujourd’hui à se servir de l’outil informatique. Ce qui, encore une fois, s’inscrit dans cette logique de démocratisation des nouvelles technologies.


FACEBOOK : DES COMMENTAIRES QUI PEUVENT COÛTER CHER Il ne fait pas bon laisser des commentaires désobligeants sur sa page Facebook. Et encore moins les expédier à tout vent. Harish Boodhoo, l’homme fort de Belle-Terre, fait actuellement l’objet d’une plainte, déposée par l’au-

torité de régulation, pour avoir posté sur Facebook des commentaires jugés diffamatoires à l’encontre du Premier ministre Navin Ramgoolam. L’ICTA a demandé à la police de prendre les actions nécessaires contre Harish Boo-

dhoo, qui risque une amende de Rs 1 million et une peine d’emprisonnement de cinq ans s’il est trouvé coupable. Les commentaires postés sur le réseau social ont trait à la vie privée du Premier ministre.

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ICTA

Garantir la compétitivité malgré les limites du marché Voilà dix ans que la libéralisation est effective. Dans le sillage de ce projet d’envergure, le gouvernement a mis en place une autorité de régulation, l’Information and Communication Technologies Authority (ICTA), dont la mission est de créer un environnement propice au développement des télécoms et un marché compétitif qui soit bénéfique à la fois aux opérateurs et aux utilisateurs MALGRÉ LES limitations inhérentes à son statut de petit État insulaire, l’île Maurice peut se targuer d’avoir une infrastructure de télécommunications moderne et fiable. Mais, sans un cadre régulateur approprié, les infrastructures ne sont rien. C’est là où l’ICTA entre en jeu. Mise sur pied suivant la promulgation de l’Information and Communication Technologies Act fin 2001, l’ICTA est née dans un contexte particulier, avec l’avènement du haut débit, grâce à la technologie ADSL, dans le pays. En effet, Telecom Plus, une filiale de Mauritius Telecom passée depuis à l’enseigne Orange, venait de lancer ses premières offres ADSL. Quelques années plus tard, d’autres opérateurs se lanceront dans les prestations liées à Internet, dont la Poste et Data Communications Ltd. Dans tous les cas, les opérateurs achètent de la bande passante de Mauritius Telecom. De nos jours, bien que le haut débit ait gagné du terrain, de rares opérateurs sont en mesure de proposer des offres qui répondent aux besoins accrus d’une population dont le quotidien repose en grande partie sur les télécommunications. SUS AU MONOPOLE Valeur du jour, nous apprend le Dr Krishna Oolun, Executive Director de l’ICTA, un seul câble connecte Maurice au reste du monde. Mais, avec l’arrivée du câble LION, le pays sera raccordé à un autre point, le Kenya, ce qui amènera une redondance tant souhaitée au niveau de l’infrastructure. Car, valeur du jour, Mauritius Telecom est en situation de quasi monopole en ce qui concerne la bande passante, au grand dam d’autres opérateurs qui demandent à ce que les autorités interviennent. « Vous savez, on entend très souvent parler du monopole de Mauritius Telecom. Mais, il y a des réalités à prendre en considération. La compagnie a investi gros dans les infrastructures et elle est en droit de s’attendre à un retour sur investissement. Qui plus est, au niveau de l’ICTA, on fait tout pour s’assurer que les concurrents de Mauritius Telecom puissent avoir l’accès à l’infrastructure du câble sous-marin déjà en place, c’est-à-dire le câble SAFE », fait ressortir le Dr Oolun.

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RÉGULATION. Le Dr Oolun, directeur exécutif de l’ICTA, est d’avis qu’il y a de nouvelles voies à explorer dans les TIC à Maurice

Il faut donc reconnaître que Maurice est dans une situation assez particulière. Car, pour pouvoir offrir certains services, les opérateurs sont contraints de passer par l’opérateur historique qui offre également ces mêmes services, soit à travers une filiale, soit sous la forme d’un bouquet de services. Cependant, Maurice n’est pas le seul pays à faire face à une telle situation, comme le souligne le Dr Oolun. Pour ce qui est des consommateurs, le point noir reste le prix des services d’accès à Internet. « Les gens ont souvent tendance à comparer avec l’Europe. Or, il faut tenir compte de certaines réalités et de certaines spécificités », nous dit le Dr Krishna Oolun. En effet, la mise en place des infrastructures pour proposer les divers services de télécommunications demande des investissements massifs. Il est normal que les opérateurs pratiquent des tarifs leur permettant d’amortir les coûts. Cependant, fait ressortir notre interlocuteur, Maurice est malgré tout souvent cité en exemple comme l’un des pays avec un tarif des télécommunications – du moins en ce qui concerne la téléphonie fixe, la téléphonie mobile et

EMTEL ET MAURITIUS TELECOM SE PARTAGENT LEURS ANTENNES-RELAIS Ennemis d’hier, amis d’aujourd’hui, seraiton tentés de dire après la signature d’un accord entre l’opérateur Emtel, pionnier de la téléphonie mobile à Maurice, et son principal concurrent, Orange, filiale de Mauritius Telecom. L’accord, signé jeudi dernier, porte sur le partage des antennes-relais des deux opérateurs, qui disposent chacun de 275 structures permettant de relayer les appels téléphoniques dans différentes régions du pays. Cet accord a pour but de limiter la prolifération d’antennes-relais dans le pays, mais aussi d’améliorer la couverture du réseau des deux opérateurs dans les régions où le signal a jusqu’ici été relativement faible en raison de l’éloignement de ces structures de certaines zones. Emtel, comme Orange, propose divers services allant de la communication-voix aux connexions à Internet en utilisant des réseaux permettant des débits importants. Pour ce faire, les opérateurs doivent opérer des antennes capables d’émettre le signal pour couvrir un maximum d’utilisateurs, peu importe la région où ces derniers se trouvent.

les appels vers l’étranger – parmi les moins élevés au monde. « Un SMS coûte 60 sous. Ce qui est rien quand vous comparez aux tarifs qui sont pratiqués ailleurs », souligne le Dr Oolun. SERVICES NOVATEURS Quant aux services, le directeur exécutif de l’ICTA est d’avis que les opérateurs sont appelés à se montrer très innovateurs en proposant une multitude de prestations sur les infrastructures existantes. Ce faisant, les opérateurs pourront mieux rentabiliser leurs investissements tout en offrant des services à des coûts réduits. Pour le Dr Oolun, le paysage mauricien des télécommunications est appelé à évoluer dans des voies jusqu’ici peu ou pas exploitées. « Je pense aux opérateurs virtuels, comme il en existe dans plusieurs pays déjà. C’est un modèle qui a fait ses preuves. Car, le consommateur, après tout est plus concerné par les services que par l’opérateur », déclare le directeur de l’ICTA, qui parle de faciliter l’entrée d’opérateurs alternatifs afin d’aller dans ce sens.


UNE RÉFÉRENCE EN AFRIQUE

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On aura beau critiquer le secteur des télécommunications local, mais sur le continent africain, Maurice se classe souvent dans le Top 5 des différents rapports traitant de la progression des TIC. Des organismes comme le World

Economic Forum soulignent régulièrement la performance du pays dans le domaine des TIC. Maurice est aussi cité en exemple, au niveau des pays d’Afrique et des petits États insulaires en développement, pour les prix com-

pétitifs de ses services de télécommunications. Le coût des SMS à Maurice, par exemple, sont parmi les plus bas au monde. Idem pour le coût des appels mobiles et des appels internationaux.

LIBÉRALISATION

UNE FINE TRANCHE DE GÂTEAU POUR LES PETITS OPÉRATEURS Quand on évoque le secteur des télécoms à Maurice, deux noms, celui de l’opérateur historique Mauritius Telecom et celui d’Emtel, reviennent presque de facto. Pourtant, le marché est partagé avec d’autres opérateurs, certains plus connus que d’autres, à l’instar de Data Communications Ltd, un petit opérateur qui tente tant bien que mal de faire face aux mastodontes du secteur DANS LE monde des télécoms, Data Communications Ltd (DCL) fait figure du petit village d’irréductibles gaulois qui résistent encore et toujours… Car, malgré la libéralisation, le secteur des télécommunications reste aujourd’hui encore largement dominé par l’opérateur historique. Et ce n’est pas Ganesh Ramalingum, Executive Chairman de DCL, qui nous dira le contraire. « La libéralisation des télécoms est effective dans le pays depuis 2003. Toutefois, depuis 2001, certains opérateurs avaient profité des prémices d’une libéralisation pour se lancer dans des prestations d’accès à Internet », se remémore Ganesh Ramalingum, le No. 1 de DCL. Toutefois, soulignet-il, en 2001, il n’y avait pas de réelle régulation du secteur et les quelques rares FAI (fournisseur d’accès à Internet) qui s’étaient lancé dans la course avaient dû se démener pour survivre. L’ARRIVÉE DES PETITS FAI Ce n’est qu’en 2004 que les petits FAI arrivent à capitaliser sur la libéralisation. Entre-temps, en 2003, plusieurs opérateurs se lancent dans l’ILD (International Long Distance), en proposant des services d’appels téléphoniques vers l’étranger selon la formule des cartes prépayées. Mais, autant sur papier, les affaires s’annoncent propices, dans la réalité, la situation de ces petits opérateurs est tout autre. « Il faut se poser la question. Ces opérateurs évoluent-ils dans un climat qui favorise la pérennité et la profitabilité de leurs opérations ? Je suis convaincu que non », nous déclare Ganesh Ramalingum, qui en veut pour exemple le fait que tout FAI


A BAS, LE BAS DÉBIT Avant l’ère ADSL, il y a eu l’accès par ligne commutée, communément appelé ‘dial-up’. Avec des taux de transfert ne dépassant pas les 56,6 Kbps, le ‘dial up’ aura malgré tout fait le bonheur des premiers utilisateurs d’Inter-

net à Maurice. L’utilisateur se connecte grâce à un modem branché à l’ordinateur, et relié à une ligne téléphonique, pour composer le numéro du fournisseur d’accès à Internet et établir une liaison point à point, qui

est alors routée vers Internet. Ce type d’accès a été supplanté au début des années 2000 par les accès à haut débit. Selon les statistiques, plusieurs foyers à Maurice utilisent encore le ‘dial up’ pour l’accès à Internet.

DCL : 15 ans au service des TIC La compagnie DCL a été à l’origine de plusieurs innovations dans le domaine des TIC à Maurice. Elle fut la première, en l’an 2000, à lancer une plate-forme de vente électronique, à la manière de sites marchands tel Amazon.com. Mais, l’intérêt pour les télécoms commence avec les essais entrepris par Mauritius Telecom pour la mise en place d’un réseau de téléphonie mobile reposant sur la technologie CDMA. Nous sommes en 1997. DCL fournira les équipements pour ces essais. Plus tard, la compagnie sera responsable de

la création du logiciel de facturation qu’utilise Cellplus (opérateur de téléphonie mobile passé depuis 2008 sous la coupole d’Orange). En 2001, DCL tente l’aventure du numérique en se positionnant comme FAI, et en 2003, commence à proposer des services d’appels à l’international. Avec une équipe de 75 personnes, DCL, qui a commencé avec pour tout effectif que l’actuel Executive Chairman, Ganesh Ramalingum, saura maintenir le cap dans un environnement qui ne fait guère de cadeau aux petits opérateurs.

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Aujourd’hui, 50 % des opérations de la compagnie sont orientées sur les services. DCL, qui mène aussi des activités de revendeur de produits informatiques, s’est engagée depuis quelques années dans des prestations ciblées comme la sécurité d’entreprise et le développement de logiciels dédiés, aussi appelés progiciels, qui ont déjà été déployés dans plusieurs firmes du pays. La compagnie ne compte pas s’en tenir là. Ainsi, nous explique Ganesh Ramalingum, en 2012, DCL compte proposer des services de consulting en informatique et télécommunications. La formation dans le domaine des TIC figure aussi à l’agenda de la compagnie.

MANOJ NAWOOR

ADSL : LA DÉBÂCLE DES PETITS FAI Il fut un temps où l’ADSL n’était pas l’apanage de Mauritius Telecom et de sa filiale Orange. Nous sommes en 2003. Au lendemain de la libéralisation du secteur des télécommunications, plusieurs opérateurs décident de proposer le haut-débit, jusque-là chasse gardée de Telecom Plus. Data Communications Ltd (DCL) fera partie de ces rares FAI à proposer l’ADSL à ses clients. L’opérateur atteindra une base de quelque 3 000 clients. Mais l’aventure ne durera pas. Ganesh Ramalingum souligne que le ‘business model’ imposé aux FAI voulant proposer le haut-débit n’était tout simplement pas viable, ne serait-ce que sur le moyen terme. Un autre opérateur, qui n’aura toutefois pas fait long feu dans le paysage local des télécoms, fut, à cette époque, la Poste. Celle-ci avait en effet mis sur pied une filiale, Mauripost.Net Ltd, avec le dessein de proposer l’ADSL aux particuliers comme aux entreprises. Mauripost.Net Ltd obtiendra son permis d’opération en décembre 2003 et commencera ses opérations peu après. Mais, quelques années plus tard, alors que Mauritius Telecom lance son offre MyT, un bouquet de services qui comprend, entre autres, la télévision numérique et l’accès à Internet via l’ADSL, les autres opérateurs devront se rendre à l’évidence. Bientôt, seuls l’opérateur historique et sa filiale, Orange, seront en mesure de proposer l’ADSL. La Poste, malgré une campagne assez ciblée et le dynamisme de sa jeune équipe, ne saura résister aux pressions financières qui pèseront sur ses épaules en tant que FAI. L’offre ‘Clickpost’, comme elle était connue, disparaîtra malgré les promesses de services de qualité. Quant à DCL, elle a tôt compris que les opérateurs des télécoms peuvent difficilement faire le poids face à la machinerie Mauritius Telecom. La compagnie se recentrera alors sur ses activités en se concentrant sur le monde ‘corporate’ et en poursuivant ses activités de revendeur de produits informatiques. Le pays compte, valeur du jour, sept fournisseurs d’accès à Internet, incluant l’opérateur historique et sa filiale Orange. Parmi ces opérateurs, plusieurs sont en mesure de proposer des lignes dédiées avec des débits pouvant atteindre jusqu’à 10 Mbps. Vu leurs prix, ces offres ne concernent pour l’heure que les entreprises. Les particuliers devront, pour leur part, attendre le déploiement de la fibre optique pour pouvoir bénéficier de tels débits.

OPÉRATEUR. La Poste n’aura pas fait long feu en tant que FAI malgré des offres alléchantes

doit acheter de la bande passante de Mauritius Telecom, à des prix trois fois supérieurs à ceux qui sont pratiqués ailleurs. « Indirectement, les petits opérateurs sont en train d’aider Mauritius Telecom à accroître sa profitabilité alors qu’eux-mêmes doivent se contenter de miettes », fait ressortir notre interlocuteur. Serait-on dans l’impasse alors, dix ans seulement après la libéralisation ? Non, répond Ganesh Ramalingum, mais ce qu’il faudrait, c’est un dégroupage des services qui permettra aux petits FAI d’évoluer. SITUATION INÉQUITABLE Or, aujourd’hui, seul Mauritius Telecom peut faire de l’ADSL car le réseau cuivré du pays est sous son contrôle, ajoute le patron de DCL. Il trouve la situation d’autant plus inéquitable que l’opérateur historique a « hérité du réseau ‘copper’ mis en place par le gouvernement ». « Il est temps que l’autorité de régula-

Actuellement, nous sommes raccordés au reste du monde à travers un unique point, le câble SAFE. Il suffit qu’il y ait une panne sur ce câble pour que le pays soit coupé du reste du monde. Il faudrait donc créer une certaine indépendance vis-à-vis de l’opérateur historique pour ce qui est de la bande passante

tion s’attaque au ‘unbundling’ du réseau cuivré. On pourrait, pour cela, s’inspirer de la libéralisation des ondes. Le gouvernement a racheté le réseau des antennes émettrices de la MBC et a confié leur gestion à une entité indépendante vers laquelle les autres opérateurs peuvent se tourner. Si le gouvernement s’engage dans cette voie,

d’autres opérateurs que Mauritius Telecom pourront alors proposer de l’ADSL, ce qui, au final, sera bénéfique pour l’ensemble de la population », estime Ganesh Ramalingum. Pour lui, un organisme indépendant pour gérer les infrastructures existantes serait une voie à considérer pour rendre la libéralisation encore plus efficace et effective. Car, la présence d’autres opérateurs sur le marché sera bénéfique non seulement en termes de frais d’accès, mais aussi en termes de services. L’innovation viendra avec la compétition et, une fois de plus, c’est le Mauricien qui en sortira gagnant, explique le No 1 de DCL. Ganesh Ramalingum parle aussi de l’importance de désenclaver Maurice. « Actuellement, nous sommes raccordés au reste du monde à travers un unique point, le câble SAFE. Il suffit qu’il y ait une panne sur ce câble pour que le pays soit coupé du reste du monde. Il faudrait donc créer une cer-

taine indépendance vis-à-vis de l’opérateur historique pour ce qui est de la bande passante », dit-il afin d’amener une réelle compétition avec, à la clé, des baisses de tarifs. PAS DE CHANGEMENT À L’HORIZON L’arrivée du câble LION comme annoncé par le ministre Tassarajen Chedumbrum-Pillay (lire interview pg 12-14) est donc une bonne chose, mais Ganesh Ramalingum émet là encore quelques réserves : « Le raccordement au câble LION ne changera rien. Car, comme pour le câble SAFE, c’est le même opérateur qui a le contrôle de la bande passante de ce câble. Il n’y aura donc pas de baisse de prix ». Pour Ganesh Ramalingum, il est difficile de parler, dans ce contexte, de réelle libéralisation des télécoms. « Nous en sommes en situation de monopole de l’opérateur historique et c’est ce dernier qui décide de la manière dont le secteur doit opérer », dit-il.


LES PREMIÈRES AVOCATES

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Fille de notaire, Jeanne Chauvin est la deuxième femme de France à obtenir une licence de droit en 1890, soutient son doctorat en 1893 et se présente à la Cour d’Appel de Paris, quatre ans plus tard, pour prêter serment. Mais elle devra attendre trois ans, à la suite de pressions féministes, pour qu’une loi

vienne permettre aux femmes d’accéder pleinement au barreau avec accès à la plaidoirie. Aux EtatsUnis, Myra Bradwell, de l’Etat de l’Illinois, épouse d’un avocat, deviendra la première femme à pouvoir exercer la profession, en 1892, là également après une longue lutte.

Exercer comme juriste et ne jamais avoir à se présenter devant une cour de justice, c’est possible. Le secteur «corporate» mauricien s’annonce prometteur. Quoique loin du vocabulaire des crimes, des viols, des poursuites en diffamation, des divorces, il est aussi exigé des avocats d’affaires sang froid, rigueur et courage. Les intérêts de leurs clients se comptent, parfois, à coups de milliards | LEEVY FRIVET

CORPORATE LAWYERS

Une histoire d’affaires discrète et... interne

SPÉCIALISTE. Les légistes qui évoluent dans le monde ‘corporate’, à l’instar de Me Tawheen Choomka, doivent beaucoup bûcher sur les dossiers qui leur sont confiés

ILS ONT opté pour le « corporate ». Leur terrain d’opération : la finance, la taxe, l’arbitrage, les lois sur les compagnies, les lois maritimes, les lois internationales commerciales, la législation bancaire. Loin des postes de police, des laboratoires d’échantillons d’ADN ou de pièces à conviction, des plaidoiries et des réquisitoires devant des magistrats ou des juges, se trouve une catégorie d’hommes et de femmes de lois qui pratiquent leur métier différemment. Discrètement. PAS DROIT À L’ERREUR Maître Tawheen Choomka fait

partie de cette catégorie de juristes, à la différence qu’elle s’est mise à son propre compte en ouvrant un cabinet. « Quand on étudie le droit, on ne sait pas trop dans quoi on va se spécialiser. C’est après avoir prêté serment que je me suis lancée dans la filière ‘corporate’, peut-être par goût pour la compatabilité depuis le collège », confie-t-elle. Une filière en nette expansion qui s’explique par une sophistication du développement économique, ces vingt dernières années, et qui a vu l’émergence d’un secteur offshore et l’implantation de nombreuses entreprises internationales. « Les investis-

L’avis légal pour un projet est crucial aux yeux d’un investisseur. Un ‘corporate lawyer’ doit pouvoir aider son client sur les points stratégiques comme les lois de la propriéte, des compagnies, de citoyenneté, mais aussi sur le régime fiscal

seurs sont, au départ, rassurés par la stabilité politique, économique et sociale du pays, mais c’est surtout sur le plan légal qu’ils insistent pour être éclairés, et le meilleur éclaireur à ce niveau, est le ‘corporate lawyer’ », explique la jeune avocate. La compétence des hommes et des femmes de loi est très prisée par les investisseurs étrangers, observe Tawheen Choomka. L’avis légal pour un projet est crucial aux yeux d’un investisseur. Un ‘corporate lawyer’ doit pouvoir aider son client sur les points stratégiques comme les lois de la propriéte, des compagnies, de citoyenneté, mais


UN MÉDECIN FRANÇAIS ACCUSÉ D’EUTHANASIE Le docteur Nicholas B était soupçonné d’euthanasie active sur au moins quatre patients du service des urgences de l’hôpital de Bayonne, en France. Les décès suspects concernent des personnes âgées admises aux urgences et classées « en fin de vie ». C’est la mort, le 3 août dernier, d’une

aussi sur le régime fiscal. L’avocat d’affaires, dans la majorité des cas, a pour clients des sociétés. Il exerce aussi, souvent, dans des cabinets spécialisés. Mais travailler cloîtré dans son bureau, ne pas connaître l’agitation professionnelle, parfois avec médiatisation, de ses collègues du pénal ne veut pas dire que la vie professionnelle de l’avocat d’affaires est un long fleuve tranquille. Loin de là. C’est un travail qui exige rigueur au risque de causer d’énormes préjudices à leurs clients. Quand on réalise, aujourd’hui, la valeur d’un simple investissement, à coup de dizaines de millions, on n’a pas droit à l’erreur. L’avocat d’affaires est partie prenante du projet, il faut tout faire pour aider à sa réalisation. Une mauvaise interprétation d’une clause légale peut coûter des millions, voire des milliards à l’investisseur, sans compter le temps perdu.

patiente de 92 ans, arrivée à l’hôpital dans le coma, qui éveille les soupçons. Le 9 août, la direction de l’établissement est alertée par des agents soigants et aides-soignants des pratiques présumées du médecin qui est ensuite arrêté. Il a été libéré sous contrôle judiciaire.

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l’on fera appel pour les procédures de recouvrement de créances, comme les mises en demeure, les injonctions ou oppositions à payer, les demandes de délais de paiement, les procédures de saisie etc. C’est avant tout une opinion légale que le juriste est appelé à prodiguer, tout en réclamant prudence et discernement à son client et s’excluant de toute responsabilité en cas de non conclusion de la transaction. Inutile de dire que l’avocat payé à la commission fait doublement attention, car toute perte sera partagée entre lui et le client. COMPÉTENCE ET CRÉDIBILITÉ Même s’ils sont très peu médiatisés, de par la nature du travail, la réputation des ‘corporate lawyers’ se fait dans les millieux financiers, bancaires, offshores et industriels. Leurs activités sont suivies de très près par les agences spécialisées des institutions internationales comme la Banque mondiale. Derrière les grandes firmes basées à Maurice, se trouvent d’excellents juristes de renom international. Même si on ne trouve leur nom dans les rubriques judiciaires des journaux, ils gagnent en réputation à chaque transaction réussie de leur client. Maître Tawheen Choomka ajoute que, bien qu’un investisseur soit satisfait du système légal d’un pays, il voudra aussi s’assurer de la compétence, de la crédibilité et de la réputation des instances, des cabinets ou des hommes et des femmes qui font fonctionner le système. Beaucoup de raisons expliquent le choix des membres du barreau vers le secteur ‘corporate’. Outre l’avantage d’avoir un salaire fixe, et une sécurité d’emploi, ce qui n’est pas

PRUDENCE ET DISCERNEMENT Application et rigueur. Comprendre la législation, se tenir au courant des précédents. Il faut être en permanent devant son ordinateur à consulter les courriels, prendre connaissance des directives des clients. Certains étant basés en Australie ou au Brésil, le décalage horaire impose à l’avocat ‘corporate’ d’être ‘corporate’. Ils doivent également ‘on the alert’ en permanence, maîtriser les juridictions des pays de disponible parfois 24 heures sur 24. leurs clients. Tout est sur papier et La clientèle étrangère demande tout se joue sur des documents en cas aussi une autre approche. L’investisde litige. seur étranger venant souvent avec ses C’est le développement du secteur connaissances des lois, des pratiques offshore qui a permis celui des ‘coret des procédures de son pays d’origporate lawyers’. L’offshore concerne ine, la confrontation avec les dispodes milliers de compagnies étrangères sitions légales mauriciennes ne se fait qui utilisent Maurice comme platepas toujours sans douleur. forme pour leurs activités et qui sous La plupart des cabinets spécialisés contractent des ‘Management Comont une équipe à leur disposition. panies’ pour les réprésenter. Ces Un avocat d’affaires peut, bien sûr, derniers retiennent, à leur tour, les défendre des présumés criminels ou services d’experts-comptareprésenter d’autres parties bles et de juristes. si le contrat le liant avec Mais, contrairement au son client dans le domaine pénal et au civil, il ne faut ‘corporate’ le lui autorise. Les investisseurs sont, au départ, rassurés pas s’attendre à de grands afCertains sont payés à base par la stabilité politique, économique et entre avocats du de commission, d’autres sociale du pays, mais c’est surtout sur le plan frontements secteur ‘corporate’. sur une base fixe. D’ailleurs, une comparution Une entreprise peut légal qu’ils insistent pour être éclairés, et le en cour est chose très rare. avoir besoin d’être assistée meilleur éclaireur à ce niveau, Pour beaucoup, la seule fois dans le cadre de la forma- est le ‘corporate lawyer’ où ils ont eu à paraître en tion, de l’exécution et de la cour, c’était pour prêter serrupture de ses relations contractuelles avec ses partenaires négligeable, les ambitieux trou- ment devant le chef juge. La réflexéconomiques. Le ‘corporate lawyer’, veront, dans ce créneau, de grands ion de l’écrivain anglais Charles de manière générale, assiste aux défis. C’est certes un millieu res- Dickens, à l’effet que « personne ne phases pré-contentieuses, d’expertise treint, mais très compétitif, nous in- gagne devant un tribunal, sinon les et au cours des procédures con- dique Maître Choomka. Exigeant avocats », résume parfaitement le tentieuses, plus spécifiquement dans aussi ; il faut maîtriser les législations secteur des avocats d’affaires en les domaines tels que la négociation, spécifiques, comme la Companies général, à Maurice comme ailleurs. La confrontation en justice dela rédaction des contrats commerci- Act, la Securities Act, l’Income Tax aux. L’avocat intervient donc au Act, la Trust Act, les Financial Ser- meure la toute dernière option des stade de la formation, de l’exécution vices Guidelines, les clauses du code avocats d’affaires. Ils préfèrent de et de la rupture des contrats com- civil traitant les contrats, la Palmer’s loin la recherche d’arrangement ou merciaux. Company Law. Mais il n’y a pas de de solution par arbitrage ou médiaC’est aussi à l’avocat d’affaires que frontières pour les avocats du secteur tion.

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A LA TÊTE DE CHAMBERS À 23 ANS Aux âmes bien nées, l’intelligence n’attend pas le nombre des années. A 23 ans, Tawheen Choomka a déjà son diplôme d’avocat, le LLB, et son master, le LLM, de même qu’un diplôme de comptabilité. Un parcours scolaire exceptionnel. Etudiante au collège Maurice Curé, elle prend part aux examens du School Certificate (SC) alors qu’elle n’est qu’en Form IV. A 17 ans, elle détient déjà son Higher School Certificate (HSC). Entre-temps, elle entame des études de comptabilité tout en faisant des études de droit par correspondance. Elle n’en a fait qu’une bouchée et n’a jamais échoué à un seul examen. A 23 ans, elle ouvre son propre cabinet, Choomka Chambers. Aucun souci de recrutement à se faire, quatre de ses sept soeurs ayant choisi la filière légale et viendront bientôt prêter main forte à ses chambers.

Quand on réalise, aujourd’hui, la valeur d’un simple investissement, à coup de dizaines de millions, on n’a pas droit à l’erreur. L’avocat d’affaires est partie prenante du projet, il faut tout faire pour aider à sa réalisation. Une mauvaise interprétation d’une clause légale peut coûter des millions à l’investisseur, sans compter le temps perdu


APPROACHES TO INDUSTRIAL RELATIONS

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INDUSTRIAL RELATIONS constitute one of the most delicate and complex problems of the modern industrial society. This phenomenon of a new complex industrial set-up is directly attributable to the emergence of ‘Industrial Revolution’. The pre-industrial revolution period was characterized by a simple process of manufacture, small scale investment, local markets and small number of persons employed. All this led to close proximity between the manager and the managed. Due to personal and direct relationship between the employer and the employee it was easier to secure cooperation of the latter. Any grievance or misunderstanding on the part of either party could be promptly removed. Also, there was no interference by the State in the economic activities of the people. Under such a set-up industrial relations were simple, direct and personal. This situation underwent a marked change with the advent of industrial revolution – size of the business increased needing investment of enormous financial and human resources, there emerged a new class of professional managers causing divorce between ownership and management, and relations between the employer and the employer became entranged and gradually antagonistic. This new set-up rendered the old philosophy of industrial relation irrelevant and gave rise to complex, indirect, and impersonal industrial relations. Industry today is neither viewed as a venture of employers alone nor profit is considered as its sole objective. It is considered to be a venture based on purposeful cooperation between management and labour in the process of production and maximum social good is regarded as its ultimate end and both management and employees contribute in their own way towards its success. Similarly, labour today is no more an unorganized mass of ignorant works ready to obey without resentment or protest the arbitrary and discretionary dictates of management. The management has to deal with employees today not as individuals but also as members of organized social groups who are very much conscious about their rights and have substantial bargaining strength. Hence, the objective of evolving and maintaining sound industrial relations is not only to find our ways and means to solve conflicts to resolve differences but also to secure the cooperation among the employees in the conduct of industry. But maintaining smooth industrial relation is not an easy task. Almost all the industrialized countries of the world face the problem of establishing and maintaining good management worker relationships in their industries. Each country has sought to find out solution, depending upon its economic, social and political environment. However, industrial conflict still arises and therefore establishment and maintenance of satisfactory industrial relations forms an important plank in the personnel poli-

Industrial conflicts are the results of several socio-economic, psychological and political factors. Various lines of thoughts have been expressed and approaches used to explain his complex phenomenon. According to critics “An

economist tries to interpret industrial conflict in terms of impersonal markets forces and laws of supply demand. To a politician, industrial conflict is a war of different ideologies – perhaps a class-war. To a psycholo-

gist, industrial conflict means the conflicting interests, aspirations, goals, motives and perceptions of different groups of individuals, operating within and reacting to a given socio-economic and political environment”.

COLLECTIVISM

INDUSTRIAL RELATIONS 150 years ago people worked 6 days a week, 12 hours a day or more with no provision for sick and casual leaves and many other rights. There was no protection for children who were often a form of cheap labour, or were sold into slavery. Our society has come a long way since, largely due to ‘collectivism’ and the formation of labour unions, which led to the subjugation of the individual to a group, whereby race, class or religious belief does not matter and entails collective thought and action for the sake of common good cies of modern organization. IMPORTANCE OF INDUSTRIAL RELATIONS Maintenance of harmonious industrials relations is on vital importance for the survival and growth of the industrials enterprise. Good industrial relations result in increased efficiency and hence prosperity, reduced turnover and other tangible benefits to the organization. The significance of industrial relations can be summarized as below: 1. It establishes industrial democracy: Industrial relations mean settling employees problems through collective bargaining, mutual co-operation and mutual agreement amongst the parties i.e., management and employees’ unions. This helps in establishing industrial democracy in the organization which motivates them to contribute their best to the growth and prosperity of the organization. 2. It contributes to economic growth and development: Good industrial relations lead to increased efficiency and hence higher productivity and income. This will result in economic

The trade unions have a crucial role to play in maintaining smooth industrial relations. It is true that the unions have to protect and safeguard the interests of the workers through collective bargaining. But at the same time they have equal responsibility to see that the organization does not suffer on account of their direct actions such as strikes, even for trivial reasons. They must be able to understand and appreciate the problems of managements and must adopt a policy of ‘give and take’ while bargaining with the managements

development of the economy. 3. It improves morale of the work force: Good industrial relations, built-in mutual co-operation and common agreed approach motivate one to contribute one’s best, result in higher productivity and hence income, give more job satisfaction and help improve the morale of the workers. 4. It ensures optimum use of scare resources: Good and harmonious industrial relations create a sense of belongingness and group-cohesiveness among workers, and also a congenial environment resulting in less industrial unrest, grievances and disputes. This will ensure optimum use of resources, both human and materials, eliminating all types of wastage. 5. It discourages unfair practices on the part of both management and unions: Industrial relations involve setting up a machinery to solve problems confronted by management and employees through mutual agreement to which both these parties are bound. This results in banning of the unfair practices being


TRADE UNION Of all the definitions of a trade union, the classic definition of the Webbs has been most popular: “A continuous association of wage-earners for the purpose of maintaining or improving the condition of their working lives”. Since this definition does not cover all the extensions of trade union activi-

PRINCIPLES OF GOOD INDUSTRIAL RELATIONS • The willingness and ability of mana-

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ROLE OF TRADE UNIONS IN MAINTAINING INDUSTRIAL RELATIONS

used by employers or trade unions. 6. It prompts enactment of sound labour legislation: Industrial relations necessitate passing of certain labour laws to protect and promote the welfare of labour and safeguard interests of all the parties against unfair means or practices. 7. It facilitates change: Good industrial relations help in improvement of cooperation, team work, performance and productivity and hence in taking full advantage of modern inventions, innovations and other scientific and technological advances. It helps the work force to adjust themselves to change easily and quickly CAUSES OF POOR INDUSTRIAL RELATIONS Perhaps the main cause or source of poor industrial relations resulting in inefficiency and labour unrest is mental laziness on the part of both management and labour. Management is not sufficiently concerned to ascertain the causes of inefficiency and unrest following the laissez-faire policy, until it is faced with strikes and more serious unrest. Even with regard to methods of work, management does not bother to devise the best method but leaves it mainly to the subordinates to work it out for themselves. Contempt on the part of the employers towards the workers is another major cause. However, the following are briefly the causes of poor industrial relations: 1. Mental inertia on the part of management and labour; 2. An intolerant attitude of contempt towards the workers on the part of management. 3. Inadequate fixation of wage or wage structure; 4. Unhealthy working conditions; 5. Indiscipline; 6. Lack of human relations skill on the part of supervisors and other managers; 7. Desire on the part of the workers for higher bonus or DA and the corresponding desire of the employers to give as little as possible; 8. Inappropriate introduction of automation without providing the right climate; 9. Unduly heavy workloads; 10. Inadequate welfare facilities; 11. Dispute on sharing the gains of productivity; 12. Unfair labour practices, like victimization and undue dismissal; 13. Retrenchment, dismissals and lockouts on the part of management and strikes on the part of the workers; 14. Inter-union rivalries; and 15. General economic and political environment, such as rising prices, strikes by others, and general indiscipline having their effect on the employees’ attitudes.

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ties in modern times, a trade union with some modification may be redefined as “a continuous association of wage-earners or salaried employees for maintaining the conditions of their working lives and ensuring them a better and healthier status in industry as well as in the society”.

The trade unions have a crucial role to play in maintaining smooth industrial relations. It is true that the unions have to protect and safeguard the interests of the workers through collective bargaining. But at the same time they have equal responsibility to see that the organization does not suffer on account of their direct actions such as strikes, even for trivial reasons. They must be able to understand and appreciate the problems of managements and must adopt a policy of ‘give and take’ while bargaining with the managements. Trade unions must understand that both management and workers depend on each other and any sort of problem on either side will do harm to both sides. Besides public are also affected, particularly when the institutions involved are public utility organizations.

REASONS WHY EMPLOYEES ADHERE TO TRADE UNIONS •

PARTNERSHIP. Synergy and cooperation between trade unions have helped reverse major decisions in many cases

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gement and trade unions to deal with the problems freely, independently and with responsibility. Recognition of collective bargaining. Desirability of associations of workers and managements with the Government while formulating and implementing policies relating to general economic and social measures affecting industrial relations. Fair redressal of employee grievances by the management Providing satisfactory working conditions and payment of fair wage. Introducing a suitable system of employees education and training. Developing proper communication system between management and employees. To ensure better working conditions, living conditions and reasonable wages. To develop employees to adapt themselves for technological, social and economic changes. To make positive contributions for the economic development of the country.

ROLE OF MANAGEMENT IN INDUSTRIAL RELATIONS Management has a significant role to play in maintaining smooth industrial relations. For a positive improvement in their relations with employees and maintaining sound human relations in the organization, management must treat employees with dignity and respect. Employees should be given ‘say’ in the affairs of the organization generally and wher-

ever possible, in the decision-making process as well. A participative and permissive attitude on the part of management tends to give an employee a feeling that he is an important member of the organization – a feeling that encourages a spirit of co-operativeness and dedication to work. • Management must make a genuine efforts to provide congenial work environment. • They must make the employees feel that they are genuinely interested in their personal development. To this end, adequate opportunities for appropriate programmes of training and development should be provided. • Management must delegate authority to their employees commensurate with responsibility. • They must evolve well conceived and scientific wage and salary plan so that the employees may receive just compensation for their efforts. They must devise, develop and implement a proper incentive plan for personnel at all levels in the organization. • There must be a well-planned communication system in the organization to pass on information and to get feedback from the employees. • Management must pay personal attention to the problems of their employees irrespective of the fact whether they arise out of job environment or they are of personal nature. • They must evolve, establish and utilize appropriate machineries for

One of the main reasons of employees joining a trade union has been their belief to get wages increased and maintained at a reasonable standard through collective action and their realization that individual bargaining was utterly useless for this purpose. Since the employee, as an individual, feels specially weak, he prefers to join an organization that will provide an opportunity to join others for the achievement of those objectives that he considers as socially desirable. The employees may join the union to ensure a just and fair dealing by management. Through collective strength, they restrain the management from taking any such action which may be irrational, illogical, discriminatory or contrary to their general interests. Another reason of employees joining some union may be the broader realization on their part that unions fulfill the important need for adequate machinery for proper maintenance of labour-management relations. Employees may join the unions because of their belief that it is an effective way to secure adequate protection form various types of hazards and income insecurity such as accident injury, illness, unemployment etc. The employees may join the unions because of their feeling that this would enable them to communicate their views, ideas, feelings and frustrations to the management effectively. Individuals may join the unions in the hope of securing a promotion through their influence in the company management.

speedy redressal of employees grievances. • Management must provide an enlightened leadership to the people in the organization. An environment of mutual respect, confidence, goodwill and understanding on the part of both management and employees in the exercise of their rights and performance of their duties should prevail for maintaining good industrial relations.


LE MOTEUR DIESEL : UN EUROPÉEN DE 110 ANS !

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L’Allemand Rudolf Diesel (1858-1913) a mis au point, en 1893, le moteur qui porte depuis son nom (diesel). Conçu voici plus d’un siècle, il séduit aujourd’hui près de 50 % des Européens qui achètent une voiture neuve ! Une pro-

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portion qui continue de croître, non sans raison : le moteur diesel n’a cessé d’innover depuis sa création, en termes d’agrément de conduite, comme de réduction de la consommation et d’émissions de polluants.

MICHAEL CHAN

« LE BIODIESEL, UNE MAUVAISE SOLUTION » Si d’autres voient dans le biodiesel le remède idéal contre les carburants dont les prix prennent l’ascenseur, Michael Chan parle d’un carburant plus néfaste que bénéfique. Une opinion remarquable pour cet expert en ingénierie automobile, dont la voiture tourne à l’huile de cuisson depuis six ans et qui a été un pionnier dans ce domaine à Maurice « JE SUIS très bavard, je vous le dis d’avance », nous prévient Michael Chan. Une disposition qui n’est jamais aussi vraie que lorsque cet ingénieur de 55 ans parle de biodiesel. Prenant beaucoup d’experts à contre-pied, il affirme d’emblée qu’il n’y voit pas la solution idéale pour les véhicules modernes. « Le biodiesel n’aidera jamais à protéger l’environnement. Il causera plus de dégâts que de bénéfices, parce qu’il contient des éléments toxiques comme la soude caustique ou le méthanol. Son prix sera également plus élevé, car il faut des équipements de haute technologie pour sa fabrication. Du côté de votre véhicule, il faudra aussi changer tous les raccords du moteur, même les plus complexes, car le biodiesel les abîmera certainement », avance-t-il. À L’HUILE VÉGÉTALE Question biodiesel, Michael Chan en connaît un rayon, lui qui a peutêtre été le premier à utiliser de l’huile de cuisson comme carburant pour son véhicule à moteur diesel. L’idée lui est venue à l’âge de 18 ans, alors qu’il faisait des études en génie automobile en Grande-Bretagne. Il avait en effet appris, durant ses cours, que le moteur diesel, créé par l’Allemand Rudolf Diesel en 1893, fonctionnait avec de l’huile végétale. « A l’époque, les tracteurs étaient équipés de moteur diesel. Pour aider les agriculteurs, le moteur était conçu pour opérer avec de l’huile d’arachide, donc de l’huile végétale », précise notre interlocuteur. De retour à Maurice, il décide d’appliquer ce qu’il a appris. En janvier 2006, Michael Chan commence ses expérimentations: « Alors que le prix du diesel grimpait, j’ai décidé de mettre mes connaissancea à profit. Alors que le diesel se vendait à Rs 28,50 le litre, je fabriquais mon carburant à partir d’huile de cuisson qui ne coûtait que Rs 20 le litre dans les supermarchés. C’est de cette manière que j’ai créé mon prototype ». Mais la période d’essai allait mettre sur sa route des obstacles. « Bien sûr, au début, tout n’était pas aussi facile. Je n’étais pas satisfait parce que je n’obtenais pas le résultat souhaité. J’ai fait du ‘trial and error’ jusqu’à ce

EXPÉRIMENTATION. Au bout de plusieurs essais peu concluants, Michael Chan (à droite) finira par trouver le bon dosage qui lui permet aujourd’hui de faire tourner son véhicule à l’huile de cuisson

que je rencontre le succès ». C’est cette détermination qui lui permettra de finir troisième au concours Innovation Award décerné par la Mauritius Research Council (MRC) en 2006. En toute modestie, il déclare : « Je m’étais inscrit à ce concours parce que j’avais à cœur la protection de l’environnement et parce que je suis asthmatique. Je ne visais pas une place sur le podium. Tout ce que j’avais en tête, c’était partager cette solution alternative avec les autres pour aider à protéger l’environnement ». Le Mauritius Research Council le contactera d’ailleurs pour qu’il élabore l’utilisation de l’huile de cuisson à la place du diesel. Avec succès, puisque cela fait presque six ans maintenant que Michael Chan utilise ce carburant pas comme les autres. Pour pouvoir aspirer à l’imiter, vous aurez cependant à effectuer tout un travail d’installation et de modification au niveau du moteur diesel. Afin de pouvoir alterner entre le diesel et l’huile végétale, il vous faudra installer un robinet sélecteur manuel, alors que pour l’utilisation permanente de l’huile végétale, un réservoir auxiliaire

Le biodiesel n’aidera jamais à protéger l’environnement. Il causera plus de dégâts que de bénéfices, parce qu’il contient des éléments toxiques comme la soude caustique ou le méthanol. Son prix sera également plus élevé, car il faut des équipements de haute technologie pour sa fabrication. Du côté de votre véhicule, il faudra aussi changer tous les raccords du moteur, même les plus complexes, car le biodiesel les abîmera certainement

doit être installé. Au niveau du moteur, quelques modifications sont également nécessaires, surtout au niveau de l’Electric Fuel Valve Selector, le Viscosity Reducer, le Diesel Fuel Pump and Filter et le Vegetable Oil Pump and Filter.

TROIS ÉTAPES PRINCIPALES L’ingénieur explique également les trois étapes principales à être suivies avant l’utilisation de l’huile de cuisson comme carburant : « Premièrement, il faut la filtrer, parce qu’elle contient des impuretés qui peuvent endommager le moteur. Ensuite, il faut la laisser reposer pendant au moins quatre semaines. Finalement, l’huile doit être pompée pour être mise dans le véhicule ». Toute l’opération, précise-t-il, demande peu d’électricité, et peut même se faire manuellement. L’hôtel Hilton Resorts and Spa s’est également lancé dans l’aventure en essayant ce carburant économique. L’huile de cuisson générée par l’hôtel est d’abord filtrée avant d’être convertie en carburant. D’après un rapport du MRC, l’hôtel aurait depuis fait des économies annuelles d’environ Rs 300 000 par véhicule sur le coût du carburant. A noter également que d’autres établissements hôteliers, dont Belle Mare Plage et ceux du groupe Sun Resorts, ont converti leurs véhicules pour pouvoir utiliser de l’huile végétale.


OMNICANE SPONSORISE ‘CUREPIPE STARLIGHT’ Certains sponsors ne désespèrent pas et continuent à croire dans le football mauricien. Ainsi, le Curepipe Starlight Sporting Club se voit offrir un chèque de Rs 500 000 par l’Omnicane Foundation, l’antenne CSR de la

compagnie sucrière du sud Omnicane. La cérémonie officielle marquant ce soutien financier aura lieu au siège du club curepipien ce mercredi. C’est Jacques M. d’Unienville, Chief Executive Officer

d’Omnicane, qui remettra le chèque aux dirigeants du Curepipe Starlight Sporting Club. Cette équipe a réalisé de très belles performances ces dernières années au niveau des championnats de diverses disciplines.

AUDIT ÉNERGÉTIQUE

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Où sont-ils ?

QU’EST-CE QUE L’AUDIT ÉNERGÉTIQUE ?

souligné que la conservation de l’énergie est l’une des priorités du gouvernement et que ce cours de formation sur l’audit énergétique est une mesure positive qui contribue à orienter le pays vers le concept de Maurice Ile Durable (MID). « Assurer l’efficacité énergétique est l’une des façons de réduire la quantité d’énergie dont nous avons besoin », a-t-il fait ressortir. Ce dernier s’est appesanti sur le fait que dans le souci de faire la promotion des technologies vertes, le MITD est la première organisation éducative à installer des panneaux photovoltaïques sur un de ses bâtiments, soit le centre de formation qu’elle opère à PortLouis. Vasant Bunwaree a également ajouté que le MITD va bientôt se lancer dans un projet à Ville-Noire, Mahébourg, où un centre de formation totalement vert sera mis en place. Le cours de formation était organisé sous l’égide du projet « Removal of barriers to energy efficiency and energy conservation in build-

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| CLIN D’ŒIL DE HERRSHA BOODHUN |

Comment économiser l’énergie dans les bâtiments non-résidentiels en visant une meilleure efficacité dans son utilisation. Tel était l’élément central de l’atelier sur l’audit énergétique organisé au MITD PENDANT CINQ jours, plus d’une cinquantaine d’auditeurs énergétiques ont bénéficié d’une formation autour de l’audit des bâtiments non-résidentiels. L’atelier, qui a débuté mercredi dernier, au Mauritius Institute of Training & Development (MITD), était organisé en collaboration avec le ministère de l’Energie et celui des Utilités publiques, ainsi que le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD). Des représentants du Central Electricity Board (CEB), du MITD, du ministère des Infrastructures publiques, de la National Development Unit, du Mauritius Standards Bureau et de l’Institut Supérieur de Technologie y ont pris part. L’objectif de l’atelier était de sensibiliser les participants à l’importance de l’énergie et aux moyens d’économiser l’énergie au niveau des bâtiments non-résidentiels. Dans son allocution, le ministre de l’Energie, Rashid Beebeejaun, a rappelé que la question de production et de consommation d’électricité est devenue, ces cinq dernières années, une composante essentielle de l’efficacité énergétique. « Il est important de former les officiers en matière de vérification énergétique, tout en éduquant les jeunes quant à la nécessité d’économiser l’énergie. Le secteur de l’énergie regorge de potentiel, ce qui fait qu’il est important de former les gens pour répondre aux besoins de développements futurs », a-t-il ajouté. Pour sa part, le ministre de l’Education et des Ressources humaines, Vasant Bunwaree, a

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Il s’agit de l’inspection effectuée dans le but d’assurer la conservation de l’énergie dans un bâtiment. C’est un processus qui vise à réduire la quantité d’énergie absorbée dans le système sans affecter négativement la production. Pendant leur formation à venir sur le Mauritius Building Energy Audit Tool, les participants bénéficieront d’explications détaillées et de démonstrations sur l’utilisation de l’énergie. Ils auront également des sessions de formation sur les meilleures pratiques d’audit énergétique des bâtiments non résidentiels s’appuyant sur des cas spécifiques, ainsi que des séances pratiques. A la fin de la formation, les participants recevront un certificat d’assiduité et devront passer un examen pour devenir vérificateurs d’énergie certifiés.

ings », et a été financé par le Global Environment Fund, le PNUD et l’Agence française de Développement (AFD). Le PNUD a ainsi fait appel à l’expertise du Building Research Establishment, une société basée au Royaume-Uni, pour développer un programme de gestion et d’audit d’énergie ; le Mauritius Building Energy Audit Tool, un manuel d’audit énergétique et un schéma de mécanisme de conformité. Le consultant devra également présenter un programme de certification pour l’audit énergétique et une feuille de route afin de permettre l’accréditation d’un organisme, à Maurice, par un organisme d’accréditation international reconnu.

L’

île a été bien arrosée pendant la semaine dernière. La nature respire, les plantes aussi. On aurait pu s’attendre à une amélioration au niveau de la situation dans nos réservoirs, mais ce n’est pas le cas. A vendredi, Mare-aux-Vacoas était à 35,2% de sa capacité, alors que Piton-du-Milieu et Midlands étaient à 81,9% et 86,2% respectivement. La situation est toujours aussi critique. En mai, alors que Mare-aux-Vacoas était à 38,6%, les responsables de la Central Water Authority (CWA) et du ministère des Utilités publiques avaient convenu de réintroduire la ‘Drought Period Regulation 2011’ si la situation ne s’améliorait pas. Depuis, silence radio. Une apathie d’autant plus remarquable que fin 2010, alors qu’on s’accordait tous à dire qu’il s’agissait là d’une période de sécheresse sans précédent, ces restrictions, qui concernent surtout le lavage des véhicules, des murs et des sols, avaient été imposées pour éviter tout gaspillage d’eau. Ceux pris en faute risquaient une amende ne dépassant pas Rs 200 000 et une peine maximale de six mois de prison. Afin de s’assurer que la loi était respectée, la brigade anti-fraude et les officiers de la CWA sillonnaient l’île. Il aura suffi de quelques grosses averses, en février, pour que ces restrictions salutaires soient levées. Nos réservoirs, pourtant, étaient toujours mal en point : Mare-aux-Vacoas 44 %, Piton-duMilieu 95 % et Midlands 57 %. Depuis, ces chiffres n’ont fait que baisser. Tout comme la réalisation, chez le Mauricien, que le pire de la sécheresse est certainement à venir. Il suffit de voyager un peu pour constater que certaines personnes munies de tuyaux d’arrosage, inconscientes de la valeur du précieux liquide, lavent à grande eau tout et n’importe quoi, y compris le bitume devant leur portail. Nous ne sommes qu’à la mi-août. Les grosses pluies d’été ne sont pas pour bientôt. Et pourtant, personne ne peut dire si la CWA compte réintroduire ces restrictions et dédier une équipe d’inspecteurs à la traque des inconscients. Mais même si elle le faisait, ce ne serait pas suffisant. Car ne serait-ce pas là l’occasion de conscientiser les gens au problème de gestion responsable de l’eau, leur faire comprendre qu’il s’agit d’une attitude à adopter plutôt que de lois à respecter. Mais pour cela, il faudrait d’abord que la CWA le comprenne, elle qui se contente de lancer des publicités « Save Water » à l’approche de périodes critiques. Cette même CWA qui a jugé bon de ne pas répondre à nos questions, envoyées dès jeudi au responsable de la communication...


LA MCB INVITE AU RESTAURANT

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PARCOURS MERCREDI 17 AOÛT 2011

La promotion “MCB Visa Dining” ouvre les portes des meilleurs restaurants de l'île aux détenteurs des cartes Visa. Cette promotion leur donnera droit à des prestations supplémentaires offertes par les restaurants participant dans le projet. Parmi ceux-ci ; l'Abalone et le Bastide, situés au

Legend Hotel, et Beau-Rivage à Belle-Mare. Une bouteille de vin offerte à plus 10% de remise est offerte par l'Abalone tandis que le Bastide et Beau-Rivage offrent 10% de remise sur les desserts. Offre est valable du 16 août au 31 décembre.

« JE SUIS une perfectionniste. » Cette phrase, Me Angélique Coquet Desvaux de Marigny la répète avec le sourire. Pour cette avocate qui a un petit penchant pour les affaires commerciales et civiles et le droit international privé, il est hors de question de faire les choses à moitié. Étudiante, elle a bossé dur. Au fil du temps, cette détermination s’est transformée en une qualité indissociable. Aujourd’hui encore, alors qu’elle jongle avec son rôle de mère de famille, elle consacre de nombreuses heures à une profession devenue son sacerdoce. Sans pour autant se négliger. Très chic dans son tailleur marron et beige, cette jeune femme cadre parfaitement avec le décor de son bureau à la Chancery House, à Port-Louis. Son étude, Angélique Coquet Desvaux de Marigny la partage avec quelques-uns des plus grands noms du judicaire, Maxime Sauzier, Patrice Doger de Spéville et Bala Padiachy. Des confrères, mais aussi des mentors. « Lorsque j’ai un souci personnel ou professionnel, je fais appel à leur expertise. J’ai aussi des amis plus jeunes avec qui je discute souvent. Car, dans ce domaine, il faut toujours s’astreindre à s’améliorer. » Et Me Angélique Desvaux de Marigny s’assure à mettre toutes les cartes de son côté avant de plaider une affaire. Elle nous avoue qu’elle consacre beaucoup de temps à la préparation d’un procès. Premièrement, elle rencontre le client et, si besoin est, elle contacte l’avoué avec qui elle travaille de concert. L’avocate fait aussi de nombreuses recherches juridiques. Elle s’inspire en outre des précédents qui ont déjà été présentés devant un juge ou un magistrat et prend également en considération les écrits des académiciens. NE RIEN LAISSER AU HASARD Quelques heures avant le jour-J, place au peaufinage et au polissage. « Je ne laisse rien au hasard. Je m’entête jusqu’à un niveau qui me semble acceptable. » Comme de nombreuses personnes, notre avocate n’aime pas perdre. Elle nous avoue quand même qu’elle est bonne joueuse. « L’important, après tout, c’est que je puisse me regarder dans le miroir et me dire que je sais que j’ai tout mis en oeuvre et que j’ai fait mon maximum... Alors, je relativise. » Viser la perfection fait partie intégrante de la vie de Me Angélique Desvaux de Marigny et pas uniquement sur le plan

ANGÉLIQUE DESVAUX DE MARIGNY

LE DROIT AU FÉMININ

La profession légale à Maurice a longtemps été un domaine exclusivement masculin. Mais c’était compter sans la détermination de quelques femmes qui ont su prouver que le droit peut parfaitement se conjuguer au féminin. Angélique Coquet-Desvaux de Marigny fait partie de celles qui se sont affirmées dans la profession avec une bonne dose de volonté et un sens aigu de la perfection | DB


LA SÉCURITÉ ET LA SANTÉ AU TRAVAIL DISCUTÉES À ISTAMBUL Orgnisé tous les trois ans depuis 1955, le 19ème Congrés international sur la Sécurité et la Santé au Travail (SST) se tiendra du 11 au 15 septembre 2011 à Istanbul, en Turquie. Elle est l'une des plus

importantes manifestations internationales tenues dans le domaine de la sécurité et la santé. Il contribue à la prévention des accidents et des maladies professionnelles et à la protection de la santé des

travailleurs en fournissant une plateforme pour l'échange de bonnes pratiques, de connaissances, de nouvelles technologies et les efforts de coopération parmi les chercheurs et les praticiens de la SST.

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PARCOURS MERCREDI 17 AOÛT 2011

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professionnel. Sa famille demeure la prunelle de ses yeux. Mère de deux enfants en bas âge, notre interlocutrice, qui habite à la campagne, fait son maximum pour passer beaucoup de temps en compagnie de ses petits. Elle avoue que c’est un défi mais, en bonne organisatrice, elle sait gérer son temps. « J’ai des heures flexibles. Parfois, je travaille à la maison. Cependant, lorsque je suis au bureau, c’est souvent de 8h45 à 18h30. » Mais vu qu’elle adore son métier, elle voit rarement le temps passer. Cette profession, Angélique Desvaux de Marigny a toujours voulu la pratiquer. Elle nous raconte que, dès son adolescence, elle voulait faire partie du barreau. Elle travaille alors très dur pour réaliser son rêve. Son parcours académique débute à l’école primaire Lorette de Vacoas. Elle intègre ensuite le collège Lorette de Quatre-Bornes où elle sera sacrée lauréate. Munie de cet excellent bagage académique, elle s’envole vers l’Angleterre et s’inscrit au King’s College de Londres. Pour se perfectionner, elle fait un saut à l’université Paris I (PanthéonSorbonne) et se familiarise avec le droit français. ENCADREMENT Elle retourne ensuite à Londres pour passer le BVC (Bar Vocational Course) au Lincoln’s Inn, avant de mettre le cap sur Maurice, où elle effectue son pupillage à l’étude de Me Maxime Sauzier. « C’est un ami de mes parents, et il m’a beaucoup encadré dans mes études », dit-elle avec le sourire qu’elle a gardé tout au long de l’entretien. En 2001, Angélique Desvaux de Marigny prête serment. Elle reste chez Me Sauzier pour apprendre les rouages du métier. « Au début, je plaidais toutes sortes d’affaires. Ma première affaire fut un procès au pénal. Plaider en cour comporte souvent une bonne dose d’adrénaline et cet état d’esprit m’incite à donner le meilleur de moi-même », dit-elle, ajoutant qu’elle est très exigeante et critique envers ellemême et adore évoluer. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui l’ont poussée à intégrer le groupe CIEL en 2007. Elle occupe alors le poste de Head of Legal Affairs. « Ce fut une belle expérience. Cette parenthèse m’a aidé à me consolider, à la fois sur le plan humain et professionnel. J’ai côtoyé des gens intéressants et participé à la mise en oeuvre de certains projets d’envergure. » L’autre aspect qui a plu à Me

RIGUEUR. Un sens inné de la discipline et de l’organisation a permis à Me Angélique Desvaux de bâtir sa réputation dans la profession

Angélique Desvaux de Marigny durant ce passage au groupe CIEL, c’est de faire partie d’une équipe et de contribuer à la réalisation d’un projet. « Je vois d’ailleurs de plus en plus d’entreprises qui emploient ou font appel à un juriste pour s’occuper de leurs affaires afin de parer au maximum les litiges. C’est une belle initiative », affirme la jeune femme. Deux ans après, Me Desvaux de Marigny préférera mettre fin à cette nouvelle expérience. Elle retourne à son bureau de la Chancery House pour continuer à plaider et à conseiller ceux qui font appel à ses services. Elle nous révèle que, jusqu’à présent, elle se consacre principalement à des affaires commerciales et civiles et s’intéresse tout particulièrement au droit international privé. Concernant la profession légale, Me Angélique Desvaux de Marigny souligne que le marché des services juridiques est restreint à Maurice si l’on se cantonne au barreau. « Fort heureusement, il y a plusieurs filières possibles qui permettent d’éviter la saturation. Par exemple, de plus en plus d’entreprises emploient un conseil légal. Il y a aussi le secteur offshore qui nécessite les services de juristes. » A ceux qui sont tentés par la profession, Me Angélique Desvaux de Marigny précise qu’ils peuvent choisir de faire le ‘vocational training’ en Grande-Bretagne ou

suivre des cours au Council of Legal Education. Malheureusement, la majorité des candidats de cette institution échouent, probablement parce que cet examen s’apparente davantage à un concours avec des places limitées à la clé. Me Angélique Desvaux de Marigny dira aussi que, pour être un bon juriste, il faut être un intellectuel, avoir beaucoup de rigueur et de résilience, être un grand bosseur et aimer les livres et les mots. DES ANNÉES DE DÉFIS Et quelles sont les qualités requises pour être un bon avocat ? « Je n’ai que dix ans d’expérience. Et je considère que je suis toujours en phase de construction. Alors, je vais me priver de donner des leçons. Mais je dois dire que ces dix ans ont été des années remplies de défis. Elles ont filé à vive allure et elles n’ont pas été monotones. Car on rencontre beaucoup de gens de différents bords et j’aime ça. » Son bonheur est encore plus grand lorsque, dit-elle, on bûche sur un argument juridique compliqué et qu’on voit que le magistrat ou le juge adhère à son point de vue. Et bien évidemment, elle ressent une immense satisfaction lorsque son client est satisfait. « Parfois, même si nous perdons un procès, plusieurs d’entre eux me remercient, car ils savent que j’y ai mis tout mon cœur. » Malheureusement, ajoute Me Angélique Desvaux de Marigny,

Je dois faire ressortir que lorsque je plaide une affaire, je me fais un devoir de m’abstenir de juger le client en me basant sur mes convictions et mes principes moraux personnels. Je me dissocie de tout cela quand je suis dans l’exercice de mes fonctions, parce que je me suis engagée à défendre mes clients de manière équitable. Par contre, le code de déontologie est primordial. Il m’accompagne tous les jours

certaines personnes ont parfois du mal à saisir le rôle de l’avocat. Elles se demandent comment elle peut être l’avocate du diable. « Je dois faire ressortir que lorsque je plaide une affaire, je me fais un devoir de m’abstenir de juger le client en me basant sur mes convictions et mes principes moraux personnels. Je me dissocie de tout cela quand je suis dans l’exercice de mes fonctions, parce que je me suis engagée à défendre mes clients de manière équitable. Par contre, le code de déontologie est primordial. Il m’accompagne tous les jours. » Lorsque Me Angélique Desvaux de Marigny n’a pas le nez collé dans le code civil, elle écoute de la musique. Mais ce qui la passionne davantage, ce sont l’équitation et le jardinage. Notre avocate a en effet la main verte et, tenez-vous bien, elle ne cultive que du bio. La récolte est tellement intéressante qu’elle la partage avec ses proches et ses amis. Une femme qui mène avec succès la vie sur plusieurs fronts, à la fois avocate renommée, mère attentive et jeune femme bien dans sa peau, Me Angélique Desvaux de Marigny est sans conteste l’incarnation de la ‘working girl’ moderne. Un modèle sans doute pour de nombreuses jeunes filles qui rêvent d’exercer le métier d’avocat et une fierté pour une profession qui s’est trop longtemps conjuguée au masculin…


LES SACRIFICES PORTENT LEURS FRUITS

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ENTREPRISE MERCREDI 17 AOÛT 2011

En 1997, alors qu’elle a des contrats dans quatre hôtels de l’île, Nivedita Nathoo tombe enceinte. « Deux semaines après mon accouchement, j’ai dû reprendre le travail. Toutes les trois heures, je venais à la maison pour allaiter ma fille. Puis, je la laissais avec ma mère pour aller bosser à nouveau. Je faisais

ce va-et-vient plusieurs fois par jour », nous confiet-elle. Depuis, elle a un peu levé le pied : « Lorsque j’ai commencé à travailler, je voulais un business florissant, des voitures, une maison… Mon rêve s’étant concrétisé, je consacre beaucoup plus de temps à mes enfants maintenant ».

L’univers des spas est en pleine expansion à Maurice. Mais cela n’a pas toujours été ainsi. Nivedita Nathoo, directrice de Surya Ayurvedic Spa, est de ces pionniers qui se sont lancés dans le domaine avant qu’il ne soit connu des Mauriciens. Une expérience jalonnée de difficultés, mais aussi de découvertes et d’innovations sans cesse renouvelées. Capital l’a rencontrée | DB

SURYA AYURVEDIC SPA

CADRE MYSTIQUE

MASSAGE AUTHENTIQUE EN SIX ans, le Surya Ayurvedic Spa s’est bâti une belle réputation. Pour Nivedita Nathoo, la directrice du centre de beauté situé à Péreybère, hors de question malgré tout de se reposer sur ses lauriers. Pour preuve, elle propose depuis peu de nouveaux soins à ses clients. Ces derniers sont pour la plupart des touristes. Néanmoins, depuis quelque temps, davantage de Mauriciens profitent des 40% de rabais auxquels ils ont droit au Surya Ayurvedic Spa pour se laisser chouchouter par les masseuses. C’est d’ailleurs avec cette idée

en tête que Nivedita Nathoo a fait son entrée dans le domaine du spa en 2005. C’est en grandes pompes et en présence du Premier ministre, Navin Ramgoolam, que le Surya Ayurvedic Spa a été inauguré. Un nom qui s’explique par le fait que ‘surya’ signifie soleil en sanskrit. La compagnie, qui emploie une quarantaine de personnes, doit sa réussite à la persévérance de sa directrice, qui n’a ni froid aux yeux, ni la langue dans sa poche. Cette dernière croit fermement que si on n’innove pas, on meurt. Et elle n’a aucune-

ment l’intention de périr. C’est pourquoi deux nouveaux massages viendront s’ajouter, d’ici quelques jours, à la longue liste de services déjà proposés par l’équipe de Nivedita Nathoo. Il s’agit du massage « Bambous » et du massage relaxant « Kizhi », qui est pratiqué à partir des ‘potli’, qui contiennent des herbes.

RECHERCHE D’INNOVATION Pour trouver des idées nouvelles, la directrice bouquine, surfe sur la toile, fréquente les spas de renom quand elle voyage et bosse assidûment. Con-

sciente de l’importance de la publicité, elle a recours à du emailing, offre régulièrement des promotions et gâte ses clients pour leur anniversaire. Une recherche d’innovation qui avait fait de Surya Ayurvedic Spa l’une des pionnières dans le domaine des massages inspirés de la médecine traditionnelle indienne. Cependant, la concurrence s’est vite installée et les spas poussent maintenant comme des champignons. « Certains de nos clients sont partis dans d’autres centres, mais sont vite revenus chez nous, parce que nous sommes

synonymes d’authenticité, de sincérité et de service haut de gamme. C’est d’ailleurs pour offrir ce service que je forme moimême mon personnel, et que, de temps à autre, je fais appel à des masseuses indiennes », nous confie Nivedita Nathoo. Une exigence qui trahit une personnalité forte chez cette femme chef d’entreprise ayant bâti sa carrière professionnelle à la sueur de son front. Elle nous confie ainsi, d’une voix nostalgique, qu’après ses études secondaires, elle ne pouvait pas se rendre à l’étranger pour étudier, car ses parents n’en avaient pas


DON DE RS 5 MILLIONS À LA SOMALIE L'ONU a récemment tiré la sonnette d'alarme pour mobiliser les pays du monde entier pour apporter de l'aide à la Somalie, confrontée à la pire sécheresse depuis 60 ans et frappée par une crise alimentaire sans précédent. Dans un élan de solidarité, le gouvernement mauricien a décidé de

faire don d'une somme de 5 millions de roupies, soit 167 000 dollars, à ce pays africain dont le taux de mortalités chez les enfants ne cesse de s'accroitre en raison de la famine qui y fait rage. Un télédon est également en préparation au ministère des collectivités locales.

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ENTREPRISE MERCREDI 17 AOÛT 2011

PHOTOS : MANOJ NAWOOR

Pour surprendre ses clients, elle fait pousser dans les jardins du centre de la citronnelle. Lorsque vous lui rendez visite, vous aurez ainsi la chance de goûter à une boisson à base de cette plante, qui nous a d’ailleurs conquis. Au point d’en demander la recette à Nivedita Nathoo. Une familiarité de trop, puisque la jeune femme se ferme comme une huître BIEN-ÊTRE. Le massage à base d’huiles essentielles est l’une des particularités de Surya Ayurvedic Spa

les moyens. Elle décide alors de suivre des cours à Maurice tout en prenant de l’emploi, à 18 ans, à l’hôtel Royal Palm. Sept ans plus tard, elle décide de voler de ses propres ailes. Elle loue un emplacement à GrandBaie et baptise son salon de beauté Anaïs. Les affaires marchent bien. C’est alors que Nivedita Nathoo décide de se lancer dans le spa. Pour ce faire, elle suit des cours à temps partiel en Inde. A partir de 1994, elle offre ses services à plusieurs hôtels. Dans un premier temps, la plupart d’entre eux refusent. Certains établissements, lorsqu’ils découvrent qu’il s’agit d’un marché florissant, décident de lancer leur propre spa. Quatre d’entre eux ont cependant recours aux services de Nivedita Nathoo. Mais l’intérêt des touristes pour ce genre de services ne cessant de croître au fil du temps, deux d’entre eux décident de mettre un terme au contrat les liant à la jeune femme. Amère, celle-ci ne baisse pas pour au-

tant les bras. Bien au contraire, puisqu’elle a déjà lancé, à l’époque, son école de formation. La Complexions School of Theraphy, sise à Quatre-Bornes, où notre interlocutrice partage son savoir-faire, avait en effet vu le jour en 1992. Partager fait presque partie intégrante de la vie de Nivedita Nathoo. Malgré son emploi du temps chargé, elle a été, en 1996, présidente du National Women Council. « Pendant deux ans, j’ai mis en place plusieurs projets pour les femmes. Je leur ai donné la chance de participer à plusieurs formations pour qu’elles réussissent dans leur business. J’ai également lancé le projet d’incubateur pour femmes à Phoenix et à Triolet », expliquet-elle. ORIGINALITÉ Mais deux ans après, le contrat de Nivedita Nathoo ne sera pas renouvelé. « Je pense que je faisais trop bien. Dans certains cas, il faut être médiocre et moins grande gueule. Je me suis fait beaucoup d’ennemis au National

Women Council », lance-elle avec un sourire narquois. En dépit de cette mauvaise expérience, elle occupe le poste de directrice du conseil d’administration de la National Empowerment Foundation depuis 2008. Inspirée par un projet similaire en Angleterre, son cheval de bataille actuel est le projet « Fair Trade ». Notre interlocutrice nous avoue en effet qu’elle aime bien être informée de ce qui se passe à travers le monde. C’est pourquoi elle participe régulièrement aux salons internationaux sur le spa. Elle y puise des idées qu’elle adapte par la suite, car elle aime faire les choses à sa manière. Pour preuve, elle procède personnellement aux mélanges des huiles de massage qu’elle utilise. Idem pour les produits organiques de la marque Surya. « Chaque mixture est personnalisée par rapport aux besoins du client », confie la directrice de ce centre de beauté. Nivedita Nathoo pousse encore plus loin la carte de l’originalité. Pour surprendre ses

La compagnie, qui emploie une quarantaine de personnes, doit sa réussite à la persévérance de sa directrice, qui n’a ni froid aux yeux, ni la langue dans sa poche. Cette dernière croit fermement que si on n’innove pas, on meurt. Et elle n’a aucunement l’intention de périr. C’est pourquoi deux nouveaux massages viendront s’ajouter, d’ici quelques jours, à la longue liste de services déjà proposés par l’équipe de Nivedita Nathoo

clients, elle fait pousser dans les jardins du centre de la citronnelle. Lorsque vous lui rendez visite, vous aurez ainsi la chance de goûter à une boisson à base de cette plante, qui nous a d’ailleurs conquis. Au point d’en demander la recette à Nivedita Nathoo. Une familiarité de trop, puisque la jeune femme se ferme comme une huître. Mais pas pour longtemps, puisque la voilà repartie sur ses projets à venir, notamment celui d’élargir la gamme de produits de beauté Surya. Autre développement futur : l’obtention de la certification ISO. La femme d’affaires souhaite également construire un centre ayurvédique : « J’ai fait une demande de terrain depuis 2001. J’attends toujours, mais je gère le tout avec sérénité. Je crois que si on mérite quelque chose, on finit par l’obtenir. Si je connais une si riche carrière, c’est grâce à Dieu, qui me guide ». Ne dit-on pas, après tout, que tout vient à point à qui sait attendre…


DES LIENS ANCESTRAUX SOLIDES

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Le nom Madhvani est devenu une marque de référence en Ouganda. Alors que le patriache, Muljibhai Madhvani, repose en paix dans le mausolée construit par ses enfants à Kakira, la relève est assurée avec ses petits-enfants. Le lien avec leur terre ancestrale, l'Inde, demeure

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PLEIN RÉGIME MERCREDI 17 AOÛT 2011

toujours important : la petite-fille du patriarche, Nimisha, est haut-commissaire de l’Ouganda en Inde, tandis qu’une autre membre de la famille, Natasha, a épousé une vedette de Bollywood, Fardeen Khan, lui-même fils de Feroz Khan, une référence du septième art indien.

LES MADHVANI

LE RÊVE AFRICAIN D’UNE FAMILLE D'IMMIGRÉS Alors que les entrepreneurs opérant dans le Green Business dominent le classement des 500 personnalités (selon le magazine Africa 24) qui dirigent l’économie africaine, on constate également la montée de plusieurs entreprises appartenant à des familles d'immigrés. Pleins feux sur l'une d'entre elles : le groupe Madhvani LE GROUPE Madhvani est l’un des holdings les plus importants d’Afrique de l’Est. Il réalise plus de 200 millions de dollars de chiffre d’affaires, emploie 10 000 personnes, fait vivre indirectement quelque 100 000 individus, et possède des ramifications en Afrique du Sud, en Tanzanie, au Kenya, au MoyenOrient, en Inde et en Amérique du Nord. Mais le groupe est célèbre aussi pour sa politique sociale qui, par l’entremise de sa fondation, a investi des sommes considérables dans la construction de logements, d'écoles et d' hôpitaux pour ses employés. DIVERSIFICATION La société lancée par Muljibhai Madhvani (1894-1958) a marqué l’histoire de l’Ouganda moderne et représente l’une des plus fabuleuses réussites de l’immigration mondiale. Le rêve, qui avait commencé dans une petite boutique sur les rives du lac Victoria, prendra forme avec l’achat de 300 hectares de terre à Kakira, à des propriétaires blancs qui avaient peur de la mouche tsé-tsé. Sur ces terres, la famille Madhvani va cultiver la canne à sucre. En 1930, elle lance une

sucrerie qui reste, en 2011, la plus importante du pays et le fleuron du groupe . Aujourd’hui, le Kakira Sugar Group emploie 8 000 personnes, occupe 9 500 ha et produit 153 000 tonnes de sucre par an, dont une bonne partie pour l’exportation. La transformation de la bagasse permet également de produire 22 MW d’électricité par jour, suffisant pour alimenter la sucrerie tout en vendant ce qui reste à l’Etat. L'entreprise familiale va connaître des avancées spectacu-

laires grâce à une diversification intelligente dans des produits de première nécessité et dans l’agro-industrie. Le secret a aussi été cette profonde différence avec les autres Indo-Pakistanais. Ces derniers allaient placer leurs économies à l’étranger, alors que la famille Madhvani continuait à réinvestir ses profits dans la diversification de ses activités et bénéficier, au passage, du développement économique du pays, qui allait donner naissance à une classe moyenne. Mais la saga des Madhvani a

La société lancée par Muljibhai Madhvani (1894-1958) a marqué l’histoire de l’Ouganda moderne et représente l’une des plus fabuleuses réussites de l’immigration mondiale. Le rêve, qui avait commencé dans une petite boutique sur les rives du lac Victoria, prendra forme avec l’achat de 300 hectares de terre à Kakira, à des propriétaires blancs qui avaient peur de la mouche tsé-tsé

pays. Aidé par des prêts de la Banque mondiale et d'autres institutions, le clan Madhvani parvient à remettre sur pied la sucrerie et ses autres activités. Comme partout en Afrique, la famille doit se préserver de toute discrimination, et le groupe finance quelques partis politiques, en Ouganda et dans les pays voisins. Mais sa réussite, elle le doit aussi à la politique sociale adoptée envers ses employés, qui ont bénéficié, au fil du temps, de 3 400 logements, 9 écoles, 3 crèches, ainsi que de soins de santé gratuits. La Fondation Madhvani, créée en 1962, gère également un hôpital pour enfants de 75 lits et une école d’agriculture à Jinja, et offre des bourses d’études à quelque 150 étudiants chaque année.

aussi connu ses heures sombres. Ainsi, en 1971, lorsque Idi Amin Dada ordonne l’expulsion des Indo-Pakistanais, les Madhvani quittent le pays et leurs entreprises sont confisquées. Ce n’est qu’en 1985, soit six ans après la chute du dictateur, qu’ils sont autorisés à rentrer au

Karenjy : le retour de l’auto « Made in Mada » C’est tout un symbole. Après dix-sept années d’absence, les voitures de la marque malgache Karenjy, « la vadrouilleuse », arpenteront à nouveau les routes de la Grande île

SI FERRARI a son étalon, Karenjy, lui, a son zébu. Les véhicules de la marque malgache sont de retour grâce à un projet économique et social mis en place par « Le Relais Madagascar », entreprise d’aide à la réinsertion créée en 2007. Celle-ci a en effet décidé de reprendre les ateliers abandonnés du constructeur automobile, situés à Fiaranantsoa. De ceux-ci sortiront trois modèles : l’Irika, la Mazana, modèle 4x4 diesel décliné en versions cabriolet et berline, et la camionnette Faoka. Les mythiques voitures au zébu ont vu le jour grâce à Rabearivelo Andriamalagasy, ingénieur et proche de l’ancien président malgache Didier Ratsiraka, et ont connu leur moment de gloire de 1985 à 1993. Au début, Karenjy, qui fabriquait ses véhicules à partir de pièces de Renault, visait les particuliers et les entreprises publiques. Mais en 1993, le changement de régime allait marquer l’arrêt des opérations et la faillite de Karenjy. Pour Le Relais Madagascar, l’année 2010 a été marquée par la remise en route de l’outil industriel et la formation des équipes.

D’après les dernières prévisions, d’ici deux ans, une centaine de véhicules devraient être assemblés sur la base d’un châssis mécanosoudé, d’une carrosserie en fibres, ainsi que de travaux d’électricité, de capitonnage et de sellerie faits localement.


T. P. SEETHARAM SUCCÈDE À MADHUSUDAN GANAPATHI Lundi, la réception donnée par le haut-commissaire indien Madhusudan Ganapathi aura été sa dernière fonction officielle dans le pays. Le haut-commissaire, en poste à Maurice depuis septembre

2008, sera remplacé par T. P. Seetharam. Ce dernier présentera ses lettres de créance durant la semaine au président de la République. Quant à Madhusudan Ganapathi, il regagne la Grande

péninsule où il occupera les fonctions de ForeignSecretary au ministère des Affaires étrangères. Né à Chenna en 1952, Madhusudan Ganapathi a eu une longue carrière dans la diplomatie indienne.

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GROS PLAN MERCREDI 17 AOÛT 2011

CÉLÉBRATION

L’Inde moderne fête ses 64 ans PHOTOS : MANOJ NAWOOR

Le haut-commissaire indien Madhusudan Ganapathi a donné lundi une réception, au Centre Swami Vivekananda, dans le cadre des 64 ans d’indépendance de la Grande péninsule. Plusieurs invités, parmi lesquels le président de la République, Sir Anerood Jugnauth et le Premier ministre Navin Ramgoolam, y avaient été conviés. Seul le leader de l’Opposition manquait à l’appel

Jean-Claude de l’Estrac, Anil Gayan et Madan Dulloo, tous trois anciens chefs de la diplomatie

Le haut-commissaire indien offrant un toast à Sir Anerood Jugnauth sous le regard du Premier ministre

Sir Bhinod Bacha, conseiller du Premier ministre, accueilli à son arrivée à la réception

Madhusudan Ganapathi et son épouse Uma. Ils regagnent bientôt l’Inde où le haut-commissaire prendra de nouvelles fonctions

La députée Mireille Martin aux côtés d’Alain-Gordon Gentil, conseiller au bureau du Premier ministre

Mathieu Laclé en compagnie d’Yves Chan Kam Long, membre de la Public Service Commission

Sir Anerood Jugnauth en compagnie de son fils Pravind Jugnauth et d’autres membres du MSM

Le Premier ministre engageant la conversation avec SAJ et l’homme d’affaires Dawood Rawat

Ganesh Ramalingum, Executive Chairman de DCL, en compagnie de son épouse


WORLD BANK PRAISES AUSTRALIAN ECONOMY

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MARKET MERCREDI 17 AOÛT 2011

World Bank President Robert Zoellick has declared Australia to be in a “better position” than most other countries to withstand global economic troubles. His praise came as Treasurer Wayne Swan urged ministers to talk

up Australia’s strong position and Prime Minister Julia Gillard said there was “no country on Earth you’d rather be (in) than Australia”. Mr Zoellick warned the world was “entering a new danger zone” because of economic

woes in the United States and Europe. “Overall, Australia is in a better position than other developed countries in part because Australia undertook a lot of the structural reforms that need to be taken elsewhere,” he said.

STOCK MARKET

WHAT DO THE INDICES STAND FOR?

The stock exchange market is a complicated one, especially if the terms used are unknown to us. We regularly talk about market capitalisation, or even SEMDEX or SEMTRI. What do these indices stand for? For the amateur of stock exchange, here we go with a list of indices which will help in further understanding this field of the SEM-7. These meetings are held on the first Tuesday (or nearest Mauritian business day after that day) of January, April, July and October. The inclusion or exclusion of a constituent in the SEM -7 is at the discretion of an independently constituted Index Management Committee.

A STOCK exchange is an entity that provides services for stock brokers and traders to trade stocks, bonds, and other securities. To be able to trade a security on a certain stock exchange, it must be listed there. Listing requirements are the set of conditions imposed by a given Stock Exchange Market (SEM) upon companies that want to be listed on that exchange. Such conditions sometimes include minimum number of shares outstanding, minimum market capitalization, and minimum annual income. In Mauritius, the SEM operated two markets: the Official Market and the Development & Enterprise Market. Hence the different indices. SEMDEX – INDEX OF PRICES The SEMDEX is the index of prices of all listed shares and each stock is weighted according to its share in the total market capitalisation. Thus, changes in the SEMDEX are influenced by changes in the prices of shares with relatively higher market capitalisation. In its computation, the current value of SEMDEX, is expressed in relation to a base period, which is chosen as the 5 July 1989, with an index value of 100. The SEMDEX formula is as follows: Current Market Value of All Listed Shares x 100 Base Market Value of All Listed Shares

where the market value of any class of shares is equal to the number of shares outstanding times its market price. The base value of listed shares is adjusted to reflect new listings, rights issues and other capital restructurings. THE SEM-7 – MARKET CAPITALISATION The SEM-7 comprises the seven largest eligible shares of the Official List, measured in terms of market capitalisation. Only shares which meet liquidity and investibility criteria are eligible for inclusion in the SEM-7. Maintenance of the index is ensured by an independent Index Management Committee. The Committee (composed of stockbrokers, fund managers, academics, and officials from the Stock Exchange of Mauritius) ensures that the process of building and maintaining the SEM-7 is as interactive as possible. To be eligible for inclusion in the SEM7, a company must be incorporated and

resident for tax purposes in Mauritius. Any other company is ineligible. The share must be listed on the Official Market. Investment Funds (whether companies, trusts or partnerships) are excluded from the SEM7. Only ordinary shares are included in the SEM-7. The constituents of the SEM-7 for the quarter starting July 06, 2011 are: ❚ Mauritius Commercial Bank Ltd ❚ State Bank of Mauritius Ltd ❚ New Mauritius Hotels Ltd ❚ ENL Land Ltd ❚ Harel Frères Ltd ❚ Rogers and Company Ltd ❚ Sun Resorts Ltd On the Reserve list are found the following companies: ❚ Ireland Blyth Ltd ❚ Gamma Civic Ltd ❚ Omnicane Ltd To preserve the historical continuity of the SEM-7, adjustments have to be made to ensure that the SEM-7 reflects price movements solely due to the trading activity and is not affected by non-market events. The adjustments are required when there are changes in capitalisation (market value) of the constituents resulting from corporate actions, or from changes in the constituents of the SEM-7. The Index Management Committee meets quarterly to review the constituents

SEMTRI – PERFORMANCE MEASUREMENT The Stock Exchange of Mauritius (SEM) has launched a Total Return Index in 2002, the SEMTRI, whose main purpose is to provide domestic and foreign market participants with an important tool for performance measurement of the local market. Besides capturing the price movements of listed stocks, common to the already published all-share index SEMDEX, the Total Return Index, SEMTRI, incorporates the added feature of providing investors, in general, and long-term investors like pension funds, in particular, a good measurement of total return which combines both capital gains/losses on listed stocks and gross dividends obtained on these stocks since the inception of the local stock market on 5 July 1989. Gross dividends are assumed to be re-invested in the stocks underlying the capital index, SEMDEX. The maintenance of and operational adjustments to the SEMTRI in respect of corporate events, such as new listings or delistings, rights issues, bonus issues etc will be done in accordance with the rules governing the maintenance of the underlying capital index, SEMDEX. SEMTRI PROVIDE INVESTORS WITH THE FOLLOWING BENEFITS: ❚ It constitutes a very good indicator of the performance of the overall stock market and provides a dynamic yardstick of the local stock market’s evolution overtime. ❚ It captures the two forms of return that a stock market investment generates, namely, capital appreciation and dividend payments. ❚ It will provide investors, in general, and long-term institutional investors, in particular, a useful benchmark to undertake cross-market and cross-instrument performance measurements. ❚ It will enable the SEM to regularly publish the list of top performing companies in terms of capital growth and dividend payments.

MARKET CAPITALISATION In finance, a company’s market capitalization refers to its total value, as measured by its stock. Market capitalization, or market cap for short, is equal to the price of one share of stock, multiplied by the number of shares in existence. For example, if the XYZ company has 15 million shares of stock, each valued at $7.50 U.S. Dollars (USD) per share, then XYZ’s market capitalization is $112.5 million USD. Investors use this value as one way to determine the value of a company. Of course, this value fluctuates from day to day, and from moment to moment during trading hours, as the price of the stock changes.

TRADING VOLUME Trading volume, sometimes simply referred to as volume, refers to the number of shares or contracts of a security traded during a defined time period. Most commonly, trading volume is measured daily, but depending on the security that is being traded, volume may be measured on longer timelines such as a week or a month. For example, if Investor Bob has purchased 5,000 shares of stock from XYZ Corporation, he has increased XYZ’s volume by 5,000 for the day. If Investor Bob would have sold 5,000 shares of XYZ Corporation, he would have also increased their volume by 5,000 for the day.


BUYING IS CHEAPER THAN RENTING Home prices have taken such a beating and demand for rental units has increased so much that it’s now cheaper to buy a two-bedroom home than to rent one in most major U.S. cities. According

to real estate web site Trulia, buying was cheaper than renting in 74% of the country’s 50 largest cities in July. In just 12% of the cities, renting was cheaper. In the remaining 14% of cities, renting

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was less expensive but close to the cost of buying. Prices there have plunged more than 59% from their August 2006 peak, according to the S&P/Case-Shiller home price index.

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MARKET MERCREDI 17 AOÛT 2011

EXCHANGE RATES

Weekly Overview EUR/USD The Euro rose sharply against the Greenback on Monday supported by the risk-on mood and expectations of a positive outcome of Tuesday’s Merkel/Sarkozy meeting. EUR/USD rose to an almost 3-week high of 1.4476 but then lost momentum and eased to the 1.4440 region along with stocks pullback. According to ana-

lysts, the EUR/USD was showing a strong bullish momentum that could extend gains over upcoming sessions. AUD AND CAD The so-called commodity currencies like the AUD, the CAD advanced against the Greenback underpinned by positive market sentiment that also boosted stocks and oil prices

early this week despite soft US data. AUD/USD rose over 80 pips, breaking above 1.0450 and hitting a 10day high at 1.0488 so far. The Canadian dollar also strengthened against the Greenback, supported by firmer oil prices. USD/CAD failed to hold above 0.9900 and dropped over 80 pips to the 0.9825 zone where it set a 3-day low.

COMMODITIES

WORLD NEWS COMMODITIES PUSH PAYS OFF FOR DEUTSCHE BANK Strong trading positions in gas, precious metals and oil boosted Deutsche Bank’s second quarter commodity revenues to their second highest on record. The German bank has made a major play for the commodities business in recent years, becoming one of the world’s top 10 commodity houses. STUDY GIVES BACKING TO HIGH SPEED TRADING High frequency trading has a positive impact on the structure and performance of global capital markets by adding liquidity and reducing price volatility, according to recent academic research that allays some of the popular and political concerns over the trading strategy. STOCK FUTURES OFF ON GERMAN GDP DATA Stock index futures fell sharply on Tuesday after data showed sluggish German growth hobbled the euro zone, rekindling fears about a stagnant global economy. The German economy slowed between April and June to its weakest quarterly growth rate since 2009, fueling concerns about an European economy already weakened by a fiscal crisis. German stocks fell 2.6 percent. HIGH PRESSURE ON SARKOZY-MERKEL TALKS The leaders of France and Germany meet for high-pressure talks on Tuesday to discuss what further measures they can take to shore up investor confidence in the euro zone following a dramatic market sell-off last week. President Nicolas Sarkozy and German Chancellor Angela Merkel are under pressure to show financial markets they are in agreement on doing more to shore up the embattled currency union -- or risk watching the euro zone unravel. Many experts believe the only way to ensure affordable financing for the bloc’s most financially distressed countries would be for the euro area to issue joint euro bonds.

WEEKLY HIGHLIGHTS BRENT Market players are still worried about the state of the U.S. economy amid the rating downgrade and a string of weaker macro-economic data. Concerns over the debt situation in Europe are also pressing oil prices as a slowdown of the global economy would mean lower demand for oil. GOLD Gold prices eased on Monday as stock markets and cyclical assets such as industrial commodities continued to recover from a rout they suffered early last week, diverting investment away from the precious metal. Gold hit a record USD 1,813.79 an ounce on Thursday and posted its biggest weekly gain since April 2009 as European stock markets fell to two-year lows, hit by concerns over Euro Zone debt levels. Investors flocked to gold as a haven from risk. A reversal in appetite for assets seen as higher risk has led the precious metal to retreat, however. BASE METALS At the close on Friday most of the metals were in negative territory showing losses of between 0.1 percent and 0.7 percent. However, tin managed to hold on to a gain of 3.1 percent. The fact the metals were down despite strong equities and better than expected US retail sales is noteworthy. Rallies are likely to be sold into.

TERM OF THE WEEK: PUBLICLY-TRADED FUND A fund with a fixed number of shares outstanding, and one which does not redeem shares the way a typical mutual fund does. Publicly-traded funds behave more like stock than open-end funds: closed-end funds issue a fixed number of shares to the public in an initial public offering, after which time shares in the fund are bought and sold on a stock exchange, and they are not obligated to

issue new shares or redeem outstanding shares as open-end funds are. The price of a share in a publicly-traded fund is determined entirely by market demand, so shares can either trade below their net asset value ("at a discount") or above it ("at a premium"). It is also called closed-end investment company or closed-end fund.

This report has been prepared by Nishal Babooram of Island Premier Traders FX Ltd. (FOR MORE INFORMATION, PLEASE VISIT OUR WEBSITE: HTTP://WWW.ISLANDPREMIERTRADERS.COM)

BANK OF MAURITIUS EXCHANGE RATES TUESDAY, 16 AUGUST 2011 Country AUSTRALIA CANADA EMU JAPAN N. ZEALAND SINGAPORE SOUTH AFRICA SWITZERLAND U.K. U.S.A.

Buying Currency AUD 1 CAD 1 EUR 1 JPY 100 NZD 1 SGD 1 ZAR 1 CHF 1 GBP 1 USD 1

TT 28.7943 27.9886 39.5667 35.7332 22.8532 22.8336 3.8717 35.0107 44.8961 27.4173

Selling Notes TT/DD/Notes 28.299 30.2616 27.3874 29.4312 39.0439 41.4249 34.6529 37.5645 22.3228 23.9767 22.4308 24.0104 3.7473 4.0951 34.5614 36.709 44.5319 47.0203 27.2485 28.7137

DD 28.5979 27.7876 39.3282 35.3749 22.7027 22.7197 3.8306 34.8098 44.6857 27.3285

GOLD COINS TUESDAY, 16 AUGUST 2011 Denomination

Weight(gm)

Diameter(mm)

Price (Rs)

3.41

16.5

6955

100 250

8.51

22

16910

500

17.03

27

33625

1000

34.05

32.69

66860

MARKET ACTIVITY TUESDAY, 16 AUGUST 2011 Market Capitalization

Rs 177,635,525,217.70

Total Volume Traded

553,273

Total Value Traded

Rs 30,219,158.50

TOP 5 Symbol

Open

Latest

% Change

ASL

115.00

120.00

4.35

1.80

1.85

2.78

ENL LAND LTD (P)

44.00

45.00

2.27

ENL COMMERCIAL

24.50

25.00

2.04

OMNICANE LTD

71.50

72.50

1.40

Symbol

Open

Latest

% Change

MEI

84.00

76.00

-9.52

MCFI

46.50

46.00

-1.08

SUN RESORTS

57.00

56.50

-0.88

CAUDAN

BOTTOM 5

MOST ACTIVE Symbol CAUDAN MCB ENL COMMERCIAL NMH SBM

Volume 205,101 59,214 57,100 56,965 36,951

DISCLAIMER: Publication of the above figures has been done with reasonable care and diligence. However, Capital makes no representations, gives no warranty and disclaims all liability in respect thereof and shall not be held liable for any damage, loss or costs incurred resulting from any error in the information or any use of the said information. Appropriate independent advice should be obtained before making any investment decision.



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