Capital Edition 28 - 01.06.11

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L’HOMME D’AFFAIRES EN QUÊTE DU MYSTIQUE

La spiritualité et les affaires sont deux mondes qui s’entrechoquent souvent. Pas chez Kamlesh Rampoortab, propriétaire de l’agence de voyages, R Link EDITION 28 – MERCREDI 1er JUIN 2011

LA DIFFÉRENCE, C’EST LE CONTENU

Votre hebdomadaire à Rs 15

SERGE RIVIÈRE : « LA RECHERCHE NOURRIT... »

ECO SUD À LA RESCOUSSE DU PARC MARIN

ALI PARKAR : “THE RECESSION, A BLESSING”

Ce chercheur émérite veut promouvoir la recherche culturelle, malgré le manque de visibilité des recherches réalisées dans le pays

Le parc marin de BlueBay est un lieu unique à Maurice. A ce titre, il mérite d’être protégé. L’ONG Eco Sud en a fait son cheval de bataille

The CEO of Star Knitwear group talks about the effects of a strong currency on our export industry, which thrives by constantly reinventing itself

Au moment même où ils faisaient leurs preuves en France, les plans NEXT et ACT étaient appliqués à Maurice. Les grandes lignes stratégiques étaient les mêmes : isoler l’employé et le forcer, grâce à divers moyens de pression, à accepter des changements imposés par la direction ou à s’en aller

MAURITIUS TELECOM

ISOLATION, PRESSION ET DÉMISSIONS

Des costumes qui vous subliment | A ne pas mettre entre toutes les mains | The shadow behind the curtain



RETOUR AU CHAMP DE MARS POUR LES BOOKIES Répondant à une interpellation de Nita Deerpalsing, députée travailliste du numéro 18, le Premier ministre a annoncé la relocalisation des maisons de jeu. Cette décision, semble-t-il, est basée sur les recommandations du

Ame et conscience

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n présentant le « Preliminary Enquiry Bill », l'Attorney General veut sans doute mettre en pratique un aspect important de la justice. C'est-à-dire que celle-ci doit non seulement être faite, mais surtout « seen to be done.» Dans cet esprit, il est indéniable que le facteur temps - pour que justice soit faite - demeure un élément important dans tout procès. Et comme on le dit souvent dans le milieu du judiciaire : « justice delayed is justice denied ». Dans le cas présent, l'intention du législateur est certes de donner plus de pouvoir au DPP, mais avec un objectif précis : trouver un moyen pour que la justice ne traîne pas les pieds, dans l'intérêt de tout un chacun. Nous parlons, au fait, ici, de racourcir le chemin de croix que représente une enquête préliminaire ou judiciaire – qui peut durer bien des années – et donner une liberté au DPP de prendre une décision, à son niveau, en son âme et conscience. Dans un cas de meurtre ou d'assassinat, comme c'est actuellement le cas, il y a trois possibilités : déférer le ou les prévenus aux assises, en cour intermédiaire, ou tout

| Billet de MORDICUS |

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comité technique institué pour revoir le secteur des jeux à Maurice. De plus, le Premier ministre a annoncé le retour au Champ de Mars des bookmakers qui ne pourront dorénavant opérer à l’extérieur.

éditorial de RUDY VEERAMUNDAR

simplement rayer les charges si un prima facie case n'a pas été établi. La loi que projette de faire voter Yatin Varma permettra non seulement d'arriver à une conclusion mais surtout dans un délai de temps raisonnable. Demeure l'inévitable question : comment le DPP est arrivé à telle ou telle conclusion ? La question avait fait débat en 2003, lorsque le DPP d'alors, Abdurafeek Hammuth, actuellement juge à la cour suprême, avait décidé de rayer les charges contre le leader du défunt Hizbullah, Cehl Fakeemeeah, alors que ce dernier avait été déféré aux assises dans l'affaire du triple assassinat de la rue Gorah Issac, en 1996. A cette époque, bon nombre de parlementaires, de même que des organisations de la société civile, avaient exprimé le souhait que les motivations des décisions du DPP soient rendues publiques. L'affaire Cehl Fakeemeeah – celui-ci est aujourd'hui parlementaire – pourrait en effet servir de case study par rapport aux débats que suscite le « Preliminary Enquiry Bill ». L'assassinat de la rue Gorah Issac remonte à 1996. Après une longue enquête policière, il y avait eu une première enquête prélimi-

naire en 1999, où un dénommé Bahim Coco figurait sur la liste des prévénus. Les charges devaient par la suite être abandonnées avant qu'il n'y ait les fameuses révélations du chauffeur de l'escadron de la mort, Hateem Oozeer. Bahim Coco et d'autres suspects avaient cette foisci choisi de se donner la mort en ingurgitant du cyanure. Après une deuxième enquête policière, une autre enquête préliminaire devait durer onze mois. En attendant la décision du DPP, Cehl Fakeemeeah avait été incarcéré pendant presque trois ans à la prison de haute sécurité de La Bastille. Et ne voit-on pas, ces jours-ci, que l'affaire Bernard Maigrot est bien partie pour être une bis repetita de l'affaire Gorah Issac. Mais le point central dans tout le débat autour du « Preliminary Enquiry Bill » demeure la confiance de l'opinion publique dans l'institution qu'est le bureau du DPP. C'est l'homme qui fait la crédibilité de l'institution. Non le contraire. Comme le demontre si bien Me Satyajit Boolell depuis qu'il est en poste comme DPP. Confiance dans les institutions. C'est ce que demande tout simplement la population.

La torpillle Soodhun

howkutally Soodhun méritait-il d’être nommé ministre du Commerce et de l’Industrie ? Méritait-il, en premier lieu, une place au Conseil des ministres ? Question fort légitime eu égard à sa piètre performance et ses nombreuses gaffes accumulées jusqu’ici. Soodhun est un fin courtisan du clan Jugnauth. C’est la seule qualification qui l’a propulsé à la viceprésidence du MSM. Toutefois, il faut dire, à la décharge des Jugnauth, que les évenèments politiques ne leur ont pas donné trop de choix. Soodhun s’est joint au MSM à un moment où la communauté musulmane s'était sentie persecutée par le gouvernement de Sir Anerood Jugnauth de 1983-1987. Et en 2000, quand les choses n’allaient pas trop bien pour le parti soleil, alors que Swaley Kasenally, Bashir Khodabux et Shakeel Mohamed désertent la barque orange, Soodhun choisit de rester

aux côtés de Sir Anerood. Certes, les mauvaises langues diront que contrairement à ses trois coreligionnaires, aucun parti n’était prêt à l’accueillir, mais le fait demeure que depuis son adhésion au MSM en 1987, après avoir quelques années auparavant aidé le pouvoir en place à briser l’unité syndicale, l’actuel ministre du Commerce a été un loyal serviteur de la famille Jugnauth. Il fut d'ailleurs récompensé par un portefeuille ministériel en 2000, et après la défaite de 2005, il se rapprocha de Navin Ramgoolam au point de devenir l’homme pont entre le leader rouge et la famille Jugnauth. Surtout lors de l’élection partielle de Quartier Militaire/Moka, en 2004. Dévouement qui lui valut un ticket au No 15, en 2010, au détriment du Dr Abu Kasenally, ayant réussi à faire comprendre aux leaders de l’Alliance de l'avenir qu’il n'y avait que la circonscription de La Caverne-Phoenix où il pou-

vait se faire élire. On lui pardonna aussi très facilement son écart de langage, quand il déclara, au lancement de la campagne électorale, que l’alliance bleu-blanc-rouge avait été concrétisée par le président de la République et que Pravind Jugnauth est l’héritier politique de Navin Ramgoolam ! Après la victoire, le Premier ministre nomma Soodhun à l’important ministère du Commerce et de l’Industrie. Mais, hélas, la fonction ne fait pas l’homme. Soodhun montra ses limites dès la toute première PNQ du leader de l’opposition. S'attirant par là-même des qualificatifs peu reluisants de Paul Bérenger qui, il faut bien le reconnaître, est passé maître dans cet art. A ses proches, Soodhun affirme que le ministère du Commerce est un « cadeau empoisonné » et que la hausse inévitable des prix le rendra très impopulaire. Quant à ses responsabilités envers l’Industrie, il ne les a jamais vraiment assumées

pour qu’on s’y attarde. Soodhun commandite un rapport sur le ‘hedging’ de la State Trading Corporation. Comme par enchantement, le document se retrouve entre les mains du leader de l’opposition et dans les salles de rédaction. A l’Assemblée nationale, il surprend tout le monde, y compris l’opposition, en refilant davantage d’informations que celles recherchées sur le petrolier Betamax des Bhunjun, tout en se montrant très sélectif quant aux rapports et autres documents qui l'inspirent pour son argumentaire. Showkutally Soodhun est-il aussi fin pour que Navin Ramgoolam ne découvre pas à quel jeu se livre son ministre du Commerce ? Pravind Jugnauth est peut-être dans ses droits en soutenant le vice-président de son parti à 200%. Mais si Soodhun était la torpille qui fera couler la barque MSM-Ptr ?

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ACTA PUBLICA MERCREDI 1er JUIN 2011

La bataille du port LA SITUATION dans le port commence à chauffer avec la guerre froide qui s’est installée entre les membres des différents syndicats. Depuis peu, la PortLouis Maritime Employees Union (PLMEA) est venue déranger le monopole de la Port-Louis Harbour and Docks Workers’ Union (PLHDWU). Un responsable syndical allègue ainsi avoir été tabassé alors qu'il se trouvait à son bureau à la Cargo Handling Corporation (CHC). Dans sa deposition, il avait allégué que cinq individus avaient fait irruption dans son bureau avant de l’agresser avec... une queue de raie, pour lui faire comprendre de partir. Or, selon nos renseignements, la raison de l'agression serait autre que professionnelle. Le syndicaliste tente d'ailleurs, depuis, de refaire son image. Il a ainsi été aperçu, récemment, tentant d’aborder le Premier ministre lors d’une fête culturelle.

Advance attire

L’ANNONCE du retour d’Advance suscite un engouement particulier auprès de plusieurs rédactions. Hormis le fait de devoir faire face à un compétiteur, un groupe de presse, qualifié de pro MMM, serait sur ses gardes afin d’empêcher une éventuelle vague de départs en direction d’Advance. En effet, plusieurs employés de ce groupe auraient approché discrètement les coordinateurs du projet pour leur offrir leurs services.

Grounded

UN MINISTRE et un de ses fidèles conseillers, aussi membre du conseil d’administration d’une des entreprises de l’Etat, devaient participer à une mission de prospection en Arabie saoudite en début de semaine. Mais, dans les couloirs du pouvoir, on affirme que le ministre en question a passé un mauvais quart d’heure dans le bureau du chef et que ce dernier lui aurait même interdit de s’adresser à la presse et, surtout, de prendre l’avion. Du coup, ministre et conseiller ont dû défaire leurs valises.

RÉDACTEUR EN CHEF Rudy Veeramundar CONSEILLER À LA RÉDACTION Manoj Nawoor CHEF D’ÉDITION Clency Lajoie RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT Roy Neeraye RÉDACTION Herrsha Lutchman-Boodhun Sindy Moonesawmy Dorina Krammer CONCEPTION GRAPHIQUE Knivel Goonmeter Ibrahim Atchia DIRECTEUR EXÉCUTIF Rajen Valayden RESPONSABLE DE MARKETING Cécile Antonio CHEF DE PRODUCTION Roland Nicolas Cheneya ADMINISTRATION Nishta Salandy Essane Auleear Vishesh Koonjobeeharry Une publication de Channel13 8, rue Mère Barthelemy, Port-Louis Tel : 213 1555 - Fax : 213 1552 Email : info@channel13.mu - Site web : www.channel13.mu Imprimé par Yukondale Ltd - Plaine Lauzun


CHAUD DEVANT POUR ROUSSETY

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ACTA PUBLICA MERCREDI 1er JUIN 2011

| Billet de RAJEN VALAYDEN |

Et tu Paul ?

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u fil des années, les Mauriciens cèdent de plus en plus volontiers à la fascination et à l’endoctrinement, voire à la foi aveugle dans les politiciens qui, au lieu de transformer ce peuple et de l’élever à la conscience rationnelle des intérêts supérieurs de la société, s’adonnent à la flatterie des passions vulgaires et à la démagogie. Ce que ce peuple peine à réaliser, c’est que chaque décision prise provoque une cascade de conséquences sur leur vie quotidienne, et que celles-ci sont souvent irréversibles. L’exemple de Mauritius Telecom est le plus flagrant qui soit. Après s’être précipité de conclure la vente de 40 % des actions de la compagnie dès son arrivée au pouvoir en 2000, Paul Bérenger, quelques années plus tard, exprimait ses inquiétudes sur les négociations avec Orange, filiale de France Télécom. Il devait même déclarer que « Mauritius Telecom fait partie de notre patrimoine » et que « Sir Anerood Jugnauth serait le mieux placé pour attester qu’il s’agit d’une institution de classe mondiale ». Quelques jours plus tard, il récidive et traite le projet de ‘rebranding’ sous la marque Orange d’« acte antipatriotique révoltant ». C’est pourtant ce même Paul Bérenger qui soutenait que le rachat de 40 % des actions de MT par France Télécom pour Rs 7 milliards - accord conclu en 2001 sous le précédent gouvernement MSM-MMM - était « un bon deal » dans le sens où, disait-il, cela avait permis au gouvernement de maintenir son contrôle sur MT. Il alla plus loin le 22 avril 2008 en affirmant que France Télécom aurait, depuis 2001, « saboté systématiquement » chaque proposition de MT d’étendre ses activités dans la région. Pour lui, loin d’être lié à des difficultés financières, ce refus ferait partie d’une stratégie délibérée d’attentisme de France Télécom, le temps que MT « rann lékor » à Orange, permettant ainsi à cette dernière d’opérer la percée régionale, alors que l’idée derrière le partenariat était justement de permettre à MT de conquérir des marchés régionaux. Alors que Didier Lombard, alors PDG de France Télécom, déclarait à la presse que l’accord conclu « ne concerne que les services de téléphonie mobile et d’Internet » de MT, Paul Bérenger avait riposté en déclarant ceci : « Il ne faut pas nous prendre pour des demeurés ! Nous savons tous que ce sont précisément la téléphonie mobile et l’Internet qui rapportent le plus, tandis que la téléphonie fixe prend la porte de sortie ! » Paul Bérenger voulait aussi d’un débat public sur les réserves qui se chiffraient à Rs 10 milliards, et que France Télécom voulait voir distribuer avec la complicité des cadres du ministère des Finances. Tous ces événements se déroulent alors que les tentacules de France Télécom aspirent les richesses de notre patrimoine national. Plans de retraite volontaire (VERS), licenciement des cadres, imposition des contrats à durée déterminée, licenciements de syndicalistes et remise en question de tous les droits acquis sont autant de précédents qui inspirent les autres secteurs. Jusqu’ici, Paul Bérenger s’est contenté de lancer des mots lors de ses rendez-vous hebdomadaires avec la presse. Il s’est abstenu d’utiliser le Parlement pour s’enquérir de la situation. Mais peut-être qu’il a déjà tout dit lors de cette fameuse rencontre qui aurait duré plus de trois heures, avec l’ancien PDG Thierry Breton, en 2004, alors que ce dernier était en visite privée à Maurice...

Par ailleurs, alors qu’il est déjà poursuivi en Cour intermédiaire suite aux allégations de Jean-Claude Pierre-Louis, Johnson Roussety pourrait de nouveau être inquiété par la commission anti-corruption sous peu. En effet, selon nos informations, les enquêteurs se

pencheraient sur de nouvelles allégations contre Johnson Roussety ayant trait à l’octroi de terrains à bail, ainsi qu’à d’autres transactions foncières. L’une des charges considérées par l’Icac dans cette nouvelle enquête serait ‘public official using office for gratification’.

PROCÈS ROUSSETY

Suresh Seeballuck assigné comme témoin à charge

L’ancien Chef commissaire de Rodrigues est poursuivi au criminel pour avoir abusé de son autorité dans le recrutement de 243 General Workers en 2009. L’Icac a assigné pas moins de cinq fonctionnaires comme témoins LE PROCÈS intenté à Johnson Roussety a débuté hier en Cour intermédiaire devant les magistrates Véronique Kwok et Bissoonauth. Une charge de « influencing public official » a été retenue contre l’ancien Chef commissaire de Rodrigues, en fonction de l’article 9 de la Prevention of Corruption Act (Poca). L’acte d’accusation se lit comme suit : « That in or about the 7th November 2009 at the Chief Commissioner’s Office, Port-Mathurin in the district of Rodrigues, one Johnson Roussety, 35 yrs, Chief Commissioner of the Rodrigues Regional Assembly and residing at Accacia, Rodrigues, did wilfully and criminally, exercise pressure by means of threat, upon a Public Official, with a view to the performnance, by that Public Official, of an act in the execution of his duties. » RECRUTEMENTS CONTESTÉS Dans la liste des témoins à charge figure le nom du Secretary to the Cabinet, Suresh Seeballuck, ainsi que les personnes suivantes : Jean-Claude Pierre-Louis, Island Chief Executive of the Rodrigues Assembly, Damad Peermamode, Officer in Charge, Fisheries, Nirmala Gobin-Bheenick, Secretary to the Public and Disciplined Forces Commission, Hansa Devi Bedaoee-Dindoyal, assistant secretary at ministry of Local government, Subhdrakumari Panchoo, ministry of Civil service affairs and Administrative reforms, et Monneron, investigator of Icac. Johnson Roussety avait été arrêté par l’Independent Commission against Corruption (Icac) en début d’année. Cette arrestation devrait intervenir

à la suite d’une plainte déposée par Jean-Claude Pierre-Louis concernant des recrutements effectués par la Public Service Commission. Selon la plainte de Jean-Claude PierreLouis, Johnson Roussety l’aurait approché en 2008, alors qu’il occupait les fonctions d’Island Chief Executive, pour lui « recommander » le recrutement de 243 personnes comme ‘general workers’ au sein du service public. Une telle pratique étant contraire aux procédures établies par la PSC, représentée dans l’île par l’Island Chief Executive, ce dernier aurait fait comprendre au Chef commissaire qu’il ne pouvait y souscrire et avait alors décidé de porter l’affaire devant la justice. Après qu’il eut logé la plainte, Jean-Claude Pierre-Louis devait apprendre que la PSC avait décidé de se passer de ses services comme Island Chief Executive. Il avait alors retrouvé son ancien poste au sein du ministère de l’Agriculture. Se sentant lésé, Jean-Claude Pierre-Louis avait porté plainte à la police de Port-Mathurin. L’affaire avait par la suite été portée devant l’Icac, qui, jugeant qu’il y avait là un ‘prima facie case’, a sollicité l’avis du directeur des Poursuites publiques (DPP). Le Chef commissaire avait contre-attaqué l’exIsland Chief Executive dans le cadre de cette affaire. Il avait notamment reproché à Jean-Claude PierreLouis d’agir en tant que « gouvernement parallèle ». Johnson Roussety avait aussi avancé d’autres arguments pour tenter de discréditer son dénonciateur.

Maurice conteste le juge Greenwood DANS UNE déclaration à l’Assemblée nationale hier, le Premier ministre a déclaré que Maurice voit d’un mauvais oeil la présence du juge britannique Greenwood sur le panel qui doit trancher le conflit entre les gouvernements mauriciens et britanniques sur le cas de Diego Garcia. Selon Navin Ramgoolam, le juge en question a collobaré avec le gouvernement anglais dans le passé et le gouvernement mauricien est

d’avis que l’indépendance du panel est, de ce fait, remise en question. « Judge Greenwood is an International Judge of great distinction and of impeccable reputation whom both the Government and I personally hold in considerable esteem. Therefore, it is with regret that we have concluded that we cannot submit to the appointment of Judge Greenwood without inviting the Tribunal to consider whether his continued tenure as a

member of the Arbitral Tribunal is compatible with the well-established principles of objective independence and impartiality applicable to all judicial and arbitral proceedings. Having taken advice from our legal advisers, Mauritius has decided to challenge Judge Greenwood’s appointment. We regret the delay that this will cause, but we see no alternative », a expliqué Navin Ramgoolam.


FLOU AUTOUR DE LA DÉCLARATION DES AVOIRS Rendre publique la déclaration des avoirs des ministres et députés ou pas demeure un casse-tête pour le gouvernement. Lors de la Private Notice Question au Parlement, hier, le Premier ministre a fait ressortir que la “Declaration of Asset Act” n’est pas claire,

ce qui fait que la question du leader de l’opposition, Paul Bérenger, est restée sans réponse. En ce qui concerne la déclaration des avoirs des hauts fonctionnaires, Navin Ramgoolam a laissé entendre que cela doit être considérée.

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LANGAGE VULGAIRE

LES RADIOS

SOUS SURVEILLANCE Alors que les licences des radios privées arrivent à leur premier terme, l’Independent Broadcasting Authority (IBA) compte bien se défaire de sa réputation de « bouledogue sans dents ». Les animateurs de radio usant de langage « vulgaire », de mots « dénigrants » et d’expressions « pouvant heurter la sensibilité des groupes ethniques » seront sommés de s’expliquer | HERRSHA LUTCHMAN-BOODHUN CELA FAIT un bon bout de temps déjà que les Compliance Officers du corps régulateur sont tout oreilles devant les émissions radios. Ils passent et repassent les enregistrements, n’hésitent pas à avoir recours au dictionnaire quand il le faut, confrontent leurs interprétations avant de lancer les procédures pour « écouter les explications » des animateurs. Certains risquent de se faire tirer les oreilles. On ne le cache pas à l’IBA, les radios sont sous surveillance. En prenant la peine de préciser qu’il n’y a pas de politique de deux poids, deux mesures, toutes les radios sont concernées, les radios privées comme les chaînes de la station publique. « Nous suspectons certains animateurs d’avoir agi en violation de la loi en ce qui concerne le langage utilisé sur les ondes. Nous avons noté des paroles que nous jugeons hors-propos, des mots et des expressions grossiers, pour ne pas dire vulgaires, voire des com-

mentaires dangereux pour l’harmonie sociale. Il est temps d’agir », soutient un haut cadre de l’IBA. Ainsi, il nous revient que des procédures ont déjà été enclenchées concernant des animateurs de RadioOne et de Top FM. Ceux de Radio Plus et de Kool FM (MBC) suivront. Les Compliance Officers se disent même « agacés » par les provocations d’un animateur de RadioOne, qui après sa convocation, « s’est permis de lancer à l’antenne que l’IBA les surveille ». « Il faut un minimum de respect pour une institution créée par un acte du Parlement », s’indigne un autre interlocuteur. RENOUVELLEMENT Cette opération « explications » survient à un moment où les permis des trois radios privées arrivent à expiration. Il se chuchote dans les couloirs de l’IBA que le renouvellement de ces permis ne passera pas comme une lettre à la poste. Il

semblerait que le corps régulateur tiendra compte du dossier de chaque radio dans cet exercice. « Certains veulent user et abuser de leur liberté de penser et animer en ignorant les dispositions de la loi. Ce n’est pas possible », s’insurge-t-on à l’IBA. Et de rappeler ce que dit le « Code of Conduct for Broadcasting Services » comme stipulé dans l’Independent Broadcasting Authority Act : “Broadcasting licensees shall — 1 (a) not broadcast any material which is indecent, obscene or offensive to public morals or offensive to the religious convictions or feelings of any section of the population or likely to prejudice the safety of the State or the public order or relations between sections of the population; (2) Subject to subsections (5) and (7), the Authority may revoke a licence where it is satisfied that — the licensee has failed to comply with the code of conduct spe-

Il y a des paramètres que les radios et télévisions doivent respecter. Nous ne sommes pas ici pour censurer qui que ce soit. Nous écoutons les programmes, de concert avec les Monitor Officers, pour veiller à ce que tout ce qui se dit soit justifié, reflète la réalité et ne mette pas en danger l’unité nationale comme nous le dicte la loi

cified in the Second Schedule.” VEILLER AU GRAIN Tout en disant « veiller au grain », Nanda Armoogum, Director of Broadcast Content, Sobhanund Seeparsad et Ajay Ramphul, Compliance Officers recrutés en janvier dernier, tiennent à préciser qu’il n’est pas dans l’intention de l’IBA de censurer. Le corps régulateur joue tout simplement son rôle : « Il y a des paramètres que les radios et télévisions doivent respecter. Nous ne sommes pas ici pour censurer qui que ce soit. Nous écoutons les programmes, de concert avec les Monitor Officers, pour veiller à ce que tout ce qui se dit soit justifié, reflète la réalité et ne mette pas en danger l’unité nationale comme nous le dicte la loi.» Nanda Armoogum se dit toutefois satisfait que « jusqu’à présent, ces personnes ont collaboré pleinement avec nous.»


CELLPLUS CÈDE LE PAS

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Les Mauriciens sont encore nombreux à s’en souvenir. Avant de passer à l’enseigne Orange, la division mobile de Mauritius Telecom opérait sous la marque Cellplus. La société, qui se lance dans les activités de téléphonie

mobile dans le milieu des années 1990, met en place le premier réseau GSM du pays. Lors du passage à Orange, les abonnés ont vu le nom de l’opérateur, sur l’écran de veille de leur portable passer de CELLPLUS à Oran-

ge. Désormais, tous sont familiers avec les deux couleurs emblématiques de cette marque britannique à l’origine, le noir et l’orange. Dans le sillage de ce changement d’identité, la compagnie a aussi lancé d’autres services.

Au moment même où ils faisaient leurs preuves en France, les plans NEXT (Nouvelle expérience des télécoms) et ACT (Anticipation et compétences pour la transformation) étaient appliqués à Maurice. Les grandes lignes stratégiques étaient quasiment les mêmes : isoler l’employé et le forcer, grâce à divers moyens de pression, à accepter des changements imposés par la direction ou à s’en aller

MAURITIUS TELECOM

ISOLATION, PRESSION ET DÉMISSIONS EN NOVEMBRE 2000, lorsque le gouvernement décide de vendre 40 % des actions de Mauritius Telecom à France Télécom, cette décision suscite de nombreuses interpellations parlementaires. Les syndicats sont également unanimes à dénoncer cet acte comme allant à l’encontre des intérêts du pays. Les raisons avancées à l’époque font référence à l’incompatibilité culturelle et la différence fondamentale dans les objectifs des deux entités, ainsi que dans les méthodes appliquées. Néanmoins, le nouveau régime MSM/MMM alors au pouvoir s’empresse de conclure la vente afin de générer des fonds pour financer le budget du pays. Bien que d’autres options étaient envisageables, tel que l’achat des actions par le Fonds national de Pension, des raisons géopolitiques furent secrètement évoquées dans les coulisses du pouvoir pour expliquer la voie choisie.

DÉSENGAGEMENT DE L’ÉTAT Le gouvernement, pour qui cette vente se situe dans le cadre d’un désengagement prescrit par le Fonds monétaire International, se réjouit également de l’apport technologique et stratégique de France Télécom. La compagnie nationale de télécommunications, alors de loin la plus profitable du pays, a déjà investi, à l’époque, dans plusieurs sociétés à fort potentiel dans la région, notamment à Madagascar, au Mozambique et au Kenya. Mais alors qu’il compte sur l’expertise de France Télécom pour accroître sa part


UN ZESTE D’ORANGE Le portail Internet de Mauritius Telecom, auparavant baptisé « Servihoo » est depuis 2009 passé à l’adresse www.orange.mu. Avec une interface revue en profondeur, avec le noir et l’orange comme couleurs dominantes, le portail, qui retient l’esprit de

son ancêtre, ressemble davantage aux sites Internet d’Orange en Europe ou ailleurs. Une homogénéisation qui s’explique par une volonté d’accroître la visibilité de la marque, et qui souligne aussi des enjeux qui vont bien au-delà du simple marketing.

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MANIFESTATION. Le licenciement de deux syndicalistes de Mauritius Telecom verra une forte mobilisation, à Maurice comme ailleurs, pour leur réintégration

du marché régional, Mauritius Telecom va entamer un net recul dans ce secteur. Pour France Télécom, la réalité est différente. Michel Bon, le PDG d’alors de France Télécom, devait même déclarer dans son discours, lors de sa visite à l’île Maurice, qu’il s’agissait là d’une aubaine à ne pas manquer. Ils n’y failliront pas. Le premier souci de France Télécom était de monopoliser l’approvisionnement de Mauritius Telecom en biens et services. Tous les achats allaient dorénavant automatiquement passer par la centrale d’achat française ‘Top Sourcing’, ce qui n’était pas forcément dans l’intérêt des actionnaires mauriciens. Mais le plus grand mal allait être le renversement des rapports de force au sein du personnel. Plusieurs cadres sont choisis pour être des collaborateurs du projet NEXT. Ils suivent alors des cours intensifs à la société Obifive sur les nouvelles méthodes préconisées. RELATIONS SYNDICALES Il est évident, dès le départ, que pour arriver à leurs fins, il leur faut créer un ensemble de conditions favorables, notamment la fragmentation des relations syndicales, des plans de retraite volontaire et une utilisation maximale du prochain exercice de révision salariale. A l’époque, des trois syndicats existant au sein de Mauritius Telecom, seule la Telecommunications Workers Union (TWU) se montre intransigeante. La Mauritius Telecom Employees Association (MTEA) est une opposition gérable, alors que la Telecommunications Employees and Staff Association (TESA) affiche une certaine complaisance qui s’explique par le fait que ses membres sont issus principalement des rangs des cadres administratifs. Contrairement aux pratiques précé-

Plan NEXT

France Télécom

Mauritius Telecom

Plan de retraite volontaire / Réduction des effectifs

Objectif : 22 000 emplois à supprimer

Plus de 500 départs depuis l’arrivée de FT

Sous-traitance Répressions syndicales Application de l’ACT Transfert des cadres sur une base de CDD* Réduction des cadres ingénieurs Regroupement des achats Suppression des droits acquis Imposition des objectifs de ventes Imposition des objectifs de performances

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* CDD – Contrat à durée déterminée

Contrairement aux pratiques précédentes, la direction décide de façon unilatérale de nommer un commissaire en charge des salaires, en l’occurrence Beejaye Coomar Appanah, l’ancien commissaire du Pay Research Bureau (PRB). Chose que conteste la TWU, car une telle nomination doit être collective

dentes, la direction décide de façon unilatérale de nommer un commissaire en charge des salaires, en l’occurrence Beejaye Coomar Appanah, l’ancien commissaire du Pay Research Bureau (PRB). Chose que conteste la TWU, car une telle nomination doit être collective. Ignorant les contestations, le directeur du département des ressources humaines, Shashi Puddoo, va de l’avant avec l’exercice de révision salariale. Comme indiqué par Beejaye Coomar Appanah dans le sommaire de son rapport, il reçoit alors les propositions de France Télécom, du Chief Operating Officer (COO), qui est de France Télécom, du Chief Financial Officer (CFO), lui aussi issu de FT, des membres de la direction de Mauritius Telecom, des deux syndicats MTEA et TESA, ainsi que de Shashi Puddoo, tous individuellement. Alors que le rapport du commissaire doit être publié début août, on assiste, le 29 du même mois, aux licenciements d’Indiren Carpanen, secrétaire de la TWU, et de Raj Rughoonath, président de la MTEA. Raison évoquée : communication illégale avec la presse. Profitant de la panique sans précédent chez les employés, la direction des

ressources humaines réussit un véritable coup de maître en publiant dans la foulée le fameux rapport Appanah. Elle donne une semaine aux employés pour remettre leur fiche d’acceptation. Forte de l’opinion publique, la TWU se lance alors dans une rude bataille de communication et parvient à rassembler les employés contre les dangers du rapport Appanah. Mais la direction dispose d’autres cartes. Elle s’appuie ainsi sur une demande de la TESA pour étendre le délai accordé, le temps qu’entrent en jeu les méthodes du plan ACT. Menaces, transferts, promotions et autres méthodes sont utilisés pour forcer les employés à accepter le rapport dans son intégralité. La TWU adresse alors une lettre à la direction pour faire part de ces abus et réclamer une enquête. Mais en bon élève, la direction des ressources humaines joue au sourd-muet. Effrayés par le sort des deux syndicalistes, Indiren Carpanen, réputé pour être un dur, et Raj Rughoonath, un habitué du 18ème étage, les employés céderont petit à petit aux pressions. Huit mois plus tard, suite aux manifestations au niveau national et international, le Conseil des ministres intervient pour ordonner la réintégration sans condition des deux syndicalistes. Commence alors le combat légal pour préserver les droits acquis remis en question par Beejaye Coomar Appanah. Mais la TWU connaît une importante défaite au tribunal d’arbitrage lorsque le cas est jugé recevable uniquement pour la minorité d’employés qui n’a pas épousé les recommandations du rapport Appanah. Cette situation fait qu’à quelques semaines du démarrage de la nouvelle révision salariale, plus d’une centaine d’employés attendent toujours de bénéficier de celle de 2008.


FRANCE TÉLÉCOM CHERCHE À RASSURER LES INVESTISSEURS

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Alors que France Télécom devait tenir mardi à Paris sa traditionnelle journée investisseurs, l’opérateur va devoir convaincre les analystes qu'il conserve toute sa flexibilité et sa capacité à réduire les coûts. Un vrai challenge.

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Car les analystes estiment que la marge de manœuvre de l’opérateur est étroite. Primo, parce que le régulateur ne relâche pas la pression alors même que l’arrivée de Free Mobile et de gros opérateurs virtuelsaccroît en-

core la concurrence sur le marché. Secundo, parce que la France est le pays record des taxes sur les opérateurs télécoms. Enfin, et surtout, la crise sociale rend désormais impossible toute mesure d’ajustement sur l’emploi.

Ashok Subron, animateur de CSG-Solidarité et de Rezistans ek Alternativ, nous livre, dans ce minientretien, son avis sur les contrats à durée déterminée (CDD), en passe de devenir la nouvelle norme dans le monde de l’emploi. Le syndicaliste regrette la « précarité » qu’engendre un tel système, surtout dans un pays où la sécurité d’emploi reste un facteur déterminant dans le choix d’un travail

ASHOK SUBRON

« LES CDD RENDENT L’EMPLOI PRÉCAIRE » ❚ Que pensez-vous des répercus-

sions du plan NEXT et de l’incidence des contrats à durée déterminée (CDD) sur le travail ? La philosophie du plan NEXT vise à contrôler le cerveau des travailleurs. C’est un retour vers un système qui a été banni depuis des siècles. L’introduction des CDD rend l’emploi précaire et instaure la volonté des puissants. Les emplois sur CDD nous rendent à la merci des décideurs au sein des institutions. Ce mode de travail n’est pas loin du système de ‘coolie’ ou même de l’esclavage qui prévalaient le siècle dernier. N’oublions surtout pas que le plan NEXT est issu d’un pays colonialiste. Le système CDD traduit la philosophie néolibérale qui fait que tout est dicté par la loi du marché, pour ne pas dire la loi de la jungle. La stabilité de l’emploi est à la merci des actionnaires capitalistes. C’est clair dans le cas de Mauritius Telecom que tous les recrutements se feront sur base de CDD. C’est aussi une conséquence directe de la privatisation que préconisent les partis politique traditionnels, que ce soit le MMM, le PTR, le MSM ou le PMSD. Comme nous l’avions prévenu, la privatisation a aidé à la détérioration des conditions de travail. ❚ Au niveau de CSG-Solidarité,

quelles sont les propositions pour pouvoir remettre le travailleur au centre du développement ? Nous avons soumis des propositions au gouvernement afin d’amender les lois qui régissent le travail. CSG-Solidarité réclame une limite définie sur le pourcentage des employés sur CDD au sein d’une entreprise. Dans un premier temps, il serait souhaitable de le référencer avec l’industrie sucrière. C'est-à-dire au maximum 20 % des employés. Deuxièmement, CSG-Solidarité préconise l’introduction du principe d’accumula-

Comment faire exploser la soupape

tion des contrats qui doivent culminer sur des contrats à durée indéterminée (CDI). De plus, on propose que tous les bénéfices dus aux employés sur contrat soient appliqués pro rata et non après 12 mois de travail. Cela aidera à contrer les abus répétitifs des grands patrons. CSG-Solidarité demande la mise sur pied d’un ‘redundancy board’ qui agira comme filet de protection contre les licenciements abusifs pour des raisons farfelues. Ces propositions sont seulement pour contrer dans le court terme les répercussions négatives de la prolifération des emplois contractuels. C’est primordial de proposer une alternative durable et saine qui donnera naissance à une nouvelle société. Les droits humains et le respect de la nature doivent primer sur la production des biens et de services, et non l’inverse. CSG-Solidarité s’aligne avec les militants de gauche de Rezistans ek Alternativ et du Mouvman Premye Me dans le ralliement des personnes qui s’indignent du système actuel et trouvent l’alternative dans un nouveau mouvement politique. Sûr que c’est difficile, mais il nous faut l’effort de tous.

❚ Quelle est votre opinion du

‘Performance Management System’ (PMS) ? Le PMS représente un nouveau système de ‘profiling’ des employés qui sont à la merci des cadres supérieurs. C’est le fouet aux mains des patrons. De plus, la façon dont on applique le PMS à Maurice pose de sérieux problèmes dans la mesure où les objectifs sont imposés unilatéralement et dans la plupart des cas sont humainement irréalisables. Dans le cas de Mauritius Telecom, les objectifs sont imposés sur des individus alors qu’en réalité, le travail se fait collectivement. Comment arrive-t-on à mesurer la performance ? En termes d’emploi, le PMS représente une régression considérable. On remet en question le principe de promotion et de l’augmentation sur base d’ancienneté. Le PMS repose sur le favoritisme et les services rendus aux patrons. Les cas de suicide à France Telecom et les preuves irréfutables et reconnus par l’Etat français témoignent du danger que pose le PMS.

C’était en 2006. Une femme, cadre supérieure chez France Télécom, entre comme une fusée dans le bureau de son supérieur hiérarchique : « Je te préviens, ici, il n’y a ni micros, ni caméras. Je suis mandatée au plus haut niveau pour te dire que tu n’as plus rien à attendre de l’entreprise. On fera tout pour que tu partes, sinon, on te détruira ! » Puis elle sort du bureau, laissant son chef, prénommé Christian, halluciné. A dater de ce jour, des cadres sous les ordres de Christian passent devant lui sans le regarder. Christian enquête alors sur les fameux stages où l’on a formé des milliers de cadres aux techniques pour mobiliser les employés et leur faire « accepter le changement ». Il parvient à récupérer les fiches pédagogiques d’Obifive, une société internationale de coaching en management qui mène le bal. Il découvre un curieux schéma. Un plan de la bataille d’Angleterre de 1940, qui vante la « précision » et la force de « l’exécution conforme » des avions de chasse allemands. Un matin de 2007, Christian est convoqué place d’Alleray, à Paris, le siège du groupe. Sur le courrier recommandé, aucun détail sur le motif de la convocation. Une fois sur place, il cogne à la porte du DRH du groupe, Olivier Barberot, qu’il connaît et qu’il tutoie. Mais Barberot ne le reçoit pas comme d’habitude. Il le vouvoie : « Monsieur, vous deviez vous présenter hier, vous ne l’avez pas fait. Cela nous contraint à engager une procédure disciplinaire. A moins que vous n’acceptiez de signer votre départ de l’entreprise. » Christian écoute le DRH, accompagné d’un assistant, lui vanter l’intérêt d’un départ à l’amiable. Ce directeur régional de France Télécom, qui dirigeait 13 000 personnes, a longtemps hésité avant de révéler à la presse tout ce qu’il a vu dans son entreprise, sur les pratiques au sein du groupe France Télécom-Orange.


COMPLICITÉS SYNDICALES La clé de la réussite de la stratégie de Mauritius Telecom repose sur la fragilité des relations intersyndicales et la récupération de certains syndicalistes. Ces derniers se sont vu offrir des voyages déguisés en missions offi-

cielles, des promotions, le recrutement de leurs proches, des emprunts sans précédent et, surtout, le luxe de ne pas travailler. Les recommandations du commissaire Appanah ont également été cruciales.

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RASHID IMRITH :

« Le PMS est une catastrophe pour la fonction publique » Mutations forcées, déqualifications, entretiens d’évaluation humiliants, objectifs professionnels inaccessibles… Tout cela est organisé avec deux objectifs : renforcer l’exploitation pour dégager plus de profits et casser l’emploi, et éradiquer l’esprit de service public. A ce titre, les fonctionnaires sont-ils des cibles à abattre ? Capital a posé la question à Rashid Imrith ❚ Quelle est votre opinion

sur l’introduction du Performance Management System (PMS) dans la fonction publique ? Nous devons prendre l’introduction du PMS dans un contexte général de libéralisation du monde du travail. Toutes les conditions acquises après des décennies de grandes luttes sont maintenant remises en cause, non pas pour les améliorer, mais plutôt pour les rendre conditionnelles et précaires, et donc au détriment de l’employé. Il faut aussi comprendre que le PMS n’est pas, comme on le présente, un outil utilisé pour récompenser les travailleurs. Les conditions de service de base de l’emploi vont dorénavant dépendre du rating du PMS. Le salaire de base, le ‘yearly increment’, les promotions, les bonis et toutes les autres conditions seront éventuellement tributaires du PMS. Le PMS tend vers la réduction de la partie fixe des rémunérations et l’augmentation de la partie variable. Il pousse vers l’individualisation du travail et rend l’employé vulnérable face à son supérieur, avec tout ce que cela comporte comme risques dans la fonction publique. Allez comprendre comment on va gérer les multiples intérêts partisans ou sectaires. Le PMS est un non-sens dans la mesure où il est exactement le contraire de ce qui se dit à tous les niveaux en matière de ‘team building’ et d’esprit d’équipe… Ce sera une catastrophe, non seulement pour la fonction publique, mais partout où il sera introduit.

(CDD) va-t-elle précariser l’emploi ? D’une façon générale, il faut se rendre compte que la promulgation de l’Employment Rights Act pousse tous les travailleurs vers une situation de précarité. Le champ est laissé libre aux employeurs de licencier comme ils veulent les travailleurs et ce n’est pas le ministre du Travail qui vous dira le contraire. Ajoutée à cela, dans le contexte de libéralisation du travail, la précarisation est devenue structurelle avec la généralisation des contrats à durée déterminée. Cette pratique asservit l’employé, le rend vulnérable, et l’assujettit à l’officier responsable ou à son employeur pour le renouvellement de son contrat. ❚ Peut-on considérer le

❚ La favorisation des con-

trats à durée déterminée

rapport Appanah sur la révision salariale à Mau-

Le PMS tend vers la réduction de la partie fixe des rémunérations et l’augmentation de la partie variable. Il pousse vers l’individualisation du travail et rend l’employé vulnérable face à son supérieur, avec tout ce que cela comporte comme risques dans la fonction publique. Allez comprendre comment on va gérer les multiples intérêts partisans ou sectaires

ritius Telecom comme un ‘test case’ ? M. Appanah a été au service du secteur privé dans cette tâche de libéralisation des conditions de travail. Il n’y a pas eu que Mauritius Telecom, mais aussi le Mauritius Sugar Industry Research Institute (MSIRI), entre autres. Sa mission a été tout simplement de réduire les droits acquis des travailleurs et de donner aux employeurs plus de pouvoirs. Ainsi, les conditions telles que les congés payés et le niveau de salaires ont été réduits. Et tout cela d’une façon très astucieuse : accorder aux employés en service une augmentation de salaire individuelle et les compenser pour la réduction de leurs congés, alors qu’en même temps, la structure des salaires est considérablement dépréciée. Ainsi, dans le temps, toute nouvelle recrue touchera des salaires peu élevés et des conditions moins favorables. Dans le cas de Mauritius Telecom, il a concocté ces mêmes changements rétrogrades qui ont été ensuite imposés sans négociation avec les syndicats. ❚ Le niveau de service of-

fert est-il affecté par cette situation ? Le mal-être dans le travail entraîne nécessairement une baisse dans l’engagement personnel de l’employé, et de ce fait, le service en souffre inévitablement. Mais il faut aussi tenir en compte que la fameuse politique de réduction des coûts et de « plus de profit à tout prix » provoque d’elle-même une dégradation automatique de la qualité des services, alors que trop souvent, celle-ci est injustement mise sur le dos des employés.

❚ Que pensez-vous de cette

nouvelle méthode de gestion basée sur la peur ? Elle est très proche du fascisme des années 30, car elle consiste à cultiver l’assujettissement et l’aliénation des employés par la peur pour répondre au besoin maladif de profits importants et rapides. L’isolation, la stigmatisation, la séquestration, le sentiment d’insécurité, l’humiliation, et les pressions quotidiennes sont autant de moyens mis en œuvre pour casser l’employé. Tout cela, comme nous avons trop souvent pu le voir ailleurs, et tout récemment chez nous, peut entraîner des pertes de vie humaine. Cette pratique doit être traitée comme un acte criminel sévèrement puni par la loi. ❚ Est-il possible de

généraliser le modèle élaboré par France Télécom ? Il n’est ni possible, ni souhaitable de le faire. Notre culture de travail ne tolérera jamais ces méthodes hautement préjudiciables aux travailleurs et au tissu social. Dans le concret, France Télécom, avec ses méthodes, n’a rien apporté de positif aux résultats de Mauritius Telecom. Le niveau de profit est resté pratiquement le même, ou a progressé naturellement. Par contre, des sommes énormes sont versées à France Télécom en termes de dividendes, d’achats d’équipements et de logiciels, etc. Il est temps que l’Etat, en tant qu’actionnaire majoritaire, fasse un audit des 10 ans de partenariat avec France Télécom, et qu’il en tire les conclusions nécessaires.


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L’ART DE « BRISER » LES EMPLOYÉS

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NOUS SOMMES à l’aube du 3ème millénaire. Les télécommunications constituent le socle sur lequel repose la mondialisation de l’économie. Ce secteur, à l’origine constitué de monopoles, devient de plus en plus concurrentiel, et les rares compagnies restant encore sous le contrôle de l’Etat doivent intégrer cette logique concurrentielle pour ne pas rater le train de la forte croissance de ce marché. C’est dans cette logique qu’en 1990, France Télécom a quitté le giron de l’administration en recevant une autonomie financière et de gestion. L’entreprise, qui a été transformée en société anonyme à conseil d’administration en 1996, était toutefois investie de missions de service public avant que l’Etat français ne décide de se séparer de 25 % de son capital et d’introduire le titre en bourse en 1997. Trois ans plus tard, France Télécom fait l’acquisition de l’opérateur mobile britannique Orange, au prix de 40 milliards d’euros, pour en faire une filiale nommée Orange SA et constituer alors le deuxième réseau mobile européen. C’était le début d’une folle série d’acquisitions de sociétés (GlobalOne, Equant, Internet Telecom, Freeserve, EresMas et... Mauritius Telecom) qui lui permettront de devenir le quatrième plus grand opérateur mondial. Finalement, en septembre 2004, l’Etat français cède une partie de ses actions et France Télécom devient une entreprise privée. NEXT : LE DÉBUT DE LA FIN Si au départ, les enjeux de l’ouverture du capital étaient de séduire les actionnaires, satisfaire les clients, fédérer les employés et soulager l’Etat, tout allait changer en 2005. Alors que presque tous les produits phares passent sous la marque Orange, les employés vont voir rouge avec l’arrivée de Didier Lombard à la tête de France Télécom. Dans ses valises, le fameux plan NEXT (Nouvelle Expérience de Télécommunications) destiné à couvrir la période 2006-2008. Pourtant, à la veille de la mise en œuvre du plan, la situation économique et financière de France Télécom s’était considérablement améliorée, avec même une croissance de 6,2 % du chiffre d’affaires. Le plan NEXT se caractérise par une stratégie de « convergence » qui vise à offrir au client un accès au service - qu’il soit fixe, mobile, internet ou TV – unique et intégré. Cette convergence passe par le regroupement des activités sous une marque unique, Orange. Le plan s’accompagne du lancement de nouveaux produits et de la recherche d’une nouvelle image pour la société afin d’améliorer le rendement, l’efficacité et la productivité du groupe. Il convenait aussi d’accroître la productivité de 5 % par an. Pour soutenir NEXT, la direction de France Telecom concocte le plan ACT (anticipation et compétences pour la transformation). Ce dernier prévoit un certain nombre d’objectifs à atteindre en

Dans le plan ACT, on expliquait aux stagiaires, en les mettant en situation,comment faire partir les employés. L’un des exercices consistait à pousser à la démission un employé dont la mère, qu’il va voir chaque jour,

est atteinte d’une maladie grave. Or, sa mutation doit l’envoyer à plus de 100 kilomètres. Après les suggestions des stagiaires, le formateur donnait la réponse : « Il faut faire comprendre avec humanité l’importance de ce choix :

soit le collaborateur emmène sa mère avec lui, soit il démissionne pour rester auprès d’elle. » Avant d’ajouter : « Ainsi culpabilisé, le collaborateur prendra lui-même la bonne décision : démissionner ».

Pourquoi une des plus grandes sociétés de la planète peut être tenue responsable de la mort violente de 60 de ses employés ? Quelles sont les répercussions de ces événements sans précédent sur le monde du travail à Maurice ? Quelles sont les leçons à tirer pour éviter qu’une telle tragédie ne se reproduise ? Autant de questions qui ont mené l’équipe de Capital à constituer un dossier sur les suicides au sein du groupe France Télécom | HERRSHA LUTCHMAN-BOODHUN

LA SOLUTION FINALE

ASPHYXIER LES EMPLOYÉS…

À MORT

Comme en témoignent divers rapports post mortem des événements qui allaient s’enchaîner à France Télécom, tout avait été prémédité. La direction de la boîte avait abordé les effets du plan NEXT/ACT sur la santé mentale des travailleurs et les bataillons de cadres impliqués dans cette mission étaient formés sur les résistances qu’ils allaient rencontrer et les moyens de faire céder les employés

LA COURBE DU DEUIL La « courbe du deuil » définit six étapes : l’annonce de la mutation, le refus de comprendre, la résistance, la décompression, la résignation et, pour finir, l’intégration du salarié. Le manager est averti : en phase 3, la « résistance », l’employé peut se livrer à des actes de sabotage. Puis, en phase 4, la « décompression », il va chuter dans le désespoir et la dépression. La légende, sous la courbe, conseille au manager de faire entendre à son employé dépressif que « l’évolution des besoins est à la source du changement ». La mutation est donc inévitable.


RENTABILITÉ EFFRITÉE Début mai, France Télécom faisait état d’un effritement de sa rentabilité au premier trimestre, alors que des pressions concurrentielles accrues en France ont pesé sur la marge de l’opérateur historique, sur sa part de

termes de gestion des ressources humaines, et en particulier le rajeunissement de la pyramide des âges, l’accroissement des mobilités, le déploiement des métiers face au client, la décroissance de certaines fonctions et le remplacement partiel des départs naturels. Objectif quantitatif du plan ACT : supprimer 22 000 emplois en trois ans, alors que plus de 43 000 emplois avaient déjà été supprimés en France de 1998 à 2006. En présentant le plan, Didier Lombard introduit son casting de choc : « Je vous préviens : les choses vont changer ! Je viens vous présenter ma nouvelle équipe. Elle va jouer dans un registre que vous ne connaissez pas : ça va être ‘le bon, la brute et le truand’. Le bon, il n’est plus là (faisant allusion à Michel Bon, l’ancien PDG). La brute, continue-t-il en désignant le numéro 2 du groupe, LouisPierre Wenes, c’est lui. Et le truand (pointant du doigt le DRH Olivier Barberot), le voici ! » Fait important à noter : le plan ACT et ses objectifs de mobilité et de départ des personnes sont implémentés suite à une décision unilatérale applicable à tout le groupe de France Télécom. Une prime de parcours de professionnalisation vers un poste stratégique ou prioritaire est par ailleurs mise en place afin de récompenser les travailleurs qui auront changé de poste et auront opté pour un poste stratégique ou prioritaire. Pour réaliser le plan NEXT, 10 000 cadres ont été choisis pour suivre des stages de formation intenses. Alors que les premiers cas de suicides chez France Télécom commencent à faire surface, Olivier Barberot, directeur exécutif des ressources humaines, bat le rappel des troupes et déclare que le rythme des suppressions d’emploi n’est pas suffisant. Il met alors en avant le ‘crash programme’ destiné à accélérer l’ACT et déclare : « Donc on ne va plus être sur la base d’un volontariat un peu mou. On va être beaucoup plus systématique ». C’est ainsi que les différents membres du groupe France Télécom sont passés d’une logique de planification à long terme dans un environnement stable à une logique d’adaptation permanente dans un environnement instable. LE MANAGEMENT PAR LA TERREUR Afin d’appliquer le plan ACT, plusieurs cadres des filiales sont convoqués en stages qui, selon certains témoignages faits auprès des enquêteurs du département du travail français, sont aussi effroyables que ceux de la Gestapo. Des stages où on fait du bourrage de crâne en comparant les concurrents de France Télécom à des avions allemands bombardant des villes anglaises. Les formateurs avaient aussi le devoir d’inculquer aux stagiaires le fait qu’ils étaient en guerre et que dans toute guerre, il y a des morts. Bouger, accepter le changement équivaut alors à la vie. L’arme fatale donnée à ces stagiaires était de fixer des objectifs inatteignables pour

marché dans le mobile et sur ses conquêtes dans le fixe. L’opérateur paie le prix d’une politique commerciale plus agressive sur son marché historique, où il est numéro un, destinée à faire face notamment au lancement d'une

nouvelle "box" par Free et aux turbulences liées au récent changement de taxation dans le secteur. Le groupe a néanmoins confirmé l’ensemble de ses objectifs, dont un cash flow organique de huit milliards d’euros en 2011.

Le 13/07/2009 Merci de diffuser cette lettre à mes collègues de travail et aux délégués du personnel. Je me suicide à cause de mon travail à France Télécom. C’est la seule cause. Urgence permanente, surcharge de travail, absence de formation, désorganisation totale de l’entreprise. Management par la terreur ! Cela m’a totalement désorganisé et perturbé. Je suis devenu une épave, il vaut mieux en finir. De plus, ils m’ont attribué récemment une augmentation de salaire plus importante que la majorité des autres personnes et étant très maladroit, je l’ai communiqué à mes collègues de travail par « transparence ». C’était très maladroit car beaucoup de personnes m’ont reproché ça (beaucoup de « zéro augmentation », ce que je ne savais pas). Mais moi je ne l’avais pas demandée, cette augmentation. Voila encore une conséquence de l’individualisation des salaires. Cela crée une mauvaise ambiance. C’est voulu par le management. Par ailleurs étant dans les derniers jours dans un état pitoyable, j’ai commis beaucoup d’autres maladresses qui ont pu être mal interprétées. Et je me suis mis moi-même dans une mauvaise situation, un piège. Mais à la base, j’insiste là-dessus, c’est bien le travail qui a provoqué ça et donc c’est France Télécom qui est responsable de mon suicide. Ils ont essayé d’impliquer ma soeur Véronique pour venir ce week-end. C’est moi qui lui ai dit de ne pas venir. Elle n’est donc pas du tout responsable. Michel Deparis PS : Je sais que beaucoup de personnes vont dire qu’il y a d’autres causes que le travail (je suis seul, non marié, sans enfant, etc.). Certains sous-entendent aussi que je n’acceptais pas de vieillir. Mais non, avec tout ça je me suis toujours bien débrouillé. C’est bien le travail l’unique cause.

GESTION. A son arrivée à France Télécom, Didier Lombard impose un nouveau style de management, non sans préciser aux employés qu’il s’agira d’un « nouveau registre »

pouvoir dire à l’employé : « Je suis désolé, mais là, on ne peut plus continuer avec toi ». Le tout appuyé par le visionnement consécutif de films ayant des messages ciblant le subconscient des stagiaires. Des techniques que même les pires agents de la Gestapo utilisaient uniquement dans les cas extrêmes. Comme en témoignent divers rapports post mortem des événements qui allaient s’enchaîner à France Télécom, tout avait été prémédité. La direction de la boîte avait abordé les effets du plan NEXT/ACT sur la santé mentale des travailleurs et les bataillons de cadres impliqués dans cette mission étaient formés sur les résistances qu’ils allaient rencontrer et les moyens de faire céder les employés. La théorie de positionnement du salarié lors du processus de mise en mouvement identifiait même des phases ap-

pelées « phases du deuil », par lesquelles les employés devaient passer avant d’accepter le changement qui leur était imposé. Parmi, une phase identifiée comme celle de décompression, qui se caractérise par la tristesse, l’absence de ressort, le désespoir et la dépression. Les atteintes à la santé mentale dues à la politique mise en œuvre par l’entreprise étaient donc déjà clairement identifiées. Chargée de mener une enquête sur les suicides chez France Télécom, l’inspection du travail français a remis, le 4 février 2010, au parquet de Paris, un rapport pour mise « en danger de la vie d’autrui » et « harcèlement moral ». C’est un document accablant contre l’exdirection de l’opérateur Dans ce rapport de 82 pages commandité en 2009, l’inspectrice du travail Sylvie Catala s’appuie sur l’enquête du cabinet Technologia et l’étude d’une

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quinzaine de cas de suicide, de tentatives de suicide ou de mal-être récents. Selon le rapport, le projet NEXT a été une réussite évidente sur le plan financier : rétablissement et consolidation des fondamentaux de gestion, désendettement de 25 %, augmentation de 40 % du dividende net versé par action. Cette réussite économique et financière va se faire néanmoins sur la base d’une accélération des changements et se traduire par une contraction de la population salariée et une dégradation des conditions de travail. Au total, entre 2001 et 2008, l’effectif de France Télécom se sera contracté de 30 %, avec une baisse de 39 % du nombre de fonctionnaires, ces derniers représentant 94 % de la baisse totale des effectifs sur la période. Cette population restreinte va être fortement sollicitée (individualisation, mobilité, nouveaux métiers, nouvelles technologies…). Le rapport souligne que la dégradation des conditions de travail est illustrée de manière importante par différents rapports d’expertises qui mettent ainsi en évidence : • Une montée du stress, des tensions et du mal-être au travail. • Une dislocation/fragmentation des collectifs de travail qui sont en recomposition quasi permanente. • Des routines organisationnelles qu’il faut sans cesse se réapproprier. • Des états de détresse pour le personnel. • Des pertes de repères. • Une défaillance des systèmes de prévention des risques psychosociaux. L’ENQUÊTE D’ENVOYÉ SPÉCIAL Le jeudi 30 septembre 2010, France 2 diffuse, dans l’émission Envoyé Spécial, une enquête qui confirme l’existence d’un management par la terreur à France Telecom. Le reportage fait ressortir que le management n’est pas suffisamment conscient des conséquences humaines des transformations (mobilités et réorganisations) qu’il pilote sur le terrain. Selon l’analyse documentaire, la crise sociale que vit le groupe aujourd’hui se traduit principalement par des suicides, et tentatives de suicide, mais également par d’autres symptômes : anxiété, dépressions, arrêts, absentéismes répétés ou de longue durée. De plus, de nombreux salariés ont perdu leur identité professionnelle par une mobilité souvent forcée ou encore en raison d’inadéquations flagrantes aux postes de travail. Ces charges de travail jugées trop fortes ou mal adaptées, ces pertes de repères font se poser cette question majeure sur le terrain, rapportée dans les documents : « Qui assume aujourd’hui la responsabilité humaine ? » Car, malgré les diverses interprétations du bilan de NEXT, l’unique vérité, c’est que 60 êtres humains ont été sacrifiées. Aucune réussite financière, aussi impressionnante soit-elle, ne pourra justifier une telle folie.


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PLANNING THE FUTURE

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ENTRETIEN MERCREDI 1er JUIN 2011

Star Knitwear group began its life in 1987 as Star Knitwear Ltd, with 200 workers. It is now fully integrated with knitting, fabric dyeing and finishing, garment washing and much more. The group’s future plan includes a Cone

Dyeing Plant equipped with FONG’S dyeing equipment and winding machines from Murata Machinery Limited of Japan, at City Textiles. A new building is being furnished at Star Knitwear to expand its design depart-

ment. Feasibility study for the expansion of its cutting/printing and embroidery divisions is completed and the group is looking for additional space to further expand its operations.

ALI PARKAR

“THE RECESSION MADE US MORE EFFICIENT” The Chief Executive and Chairman of Star Knitwear group has seen the ups and downs of the textile industry for more than twenty years. In the following interview, Ali Parkar talks about the effects of a strong currency on our export industry. An industry which moves on by constantly reinventing itself and where technology and exploiting niche markets are the way forward | HERRSHA LUTCHMAN-BOODHUN PHOTOS : MANOJ NAWOOR

VISION. Ali Parkar firmly believes that investment in technology, albeit costly, is the way forward for the textile industry ❚ The textile industry has had a

difficult few years. How does it present itself right now? Textile has gone through a difficult period for two years, mostly because the world went through a large recession, the biggest since the Depression. We are dependent on international trade because what we do is not used locally. So we could not be protected. We had to face the problems of the outside world. Our main markets are Europe. We export to America but in very small quantities. Europe went through serious recession. Our principal markets are UK and France for the entire textile industry, and both of these markets were depressed. However, we had to survive those years.

It forced us to look at ourselves and make ourselves more competitive, more productive, more efficient. When you go through difficult times, you start looking at your costs. Maybe we were wasteful. So we reduced our costs to be able to face the new challenges. This does not apply only to Star Knitwear Group, but to all companies who are now well-structured. And I look forward to a positive future for textile in Mauritius. The European market is also starting to resurface, which is a good thing, and it will pick up again. ❚ How did Star Knitwear manage

to remain competitive? We have updated quickly to

make ourselves competitive. One thing we have to remember is that the market is a global one. China is the largest exporter of garments in the world today. Bangladesh, Vietnam, Cambodia, India and Indonesia are big countries. So our capacity to match them is very limited. However, we have created a niche market. We can supply fashion in time because our lead time is between four and six weeks. China and India cannot do it. They need maybe three to four months. So we can supply fashion, which not everybody can. Countries like Turkey, which is now probably our biggest competitor, can. But Mauritius is very uniquely positioned to respond to the specialised require-

ments of fashion markets. We also have a great advantage compared to China in that we are halfway between it and Europe. Our air freights are halved, which make it possible for us to be even more competitive. But when it comes to basic, cheaper range, we cannot compete with Bangladesh or China because their labour costs are much less. ❚ Is this why Star Knitwear relies

heavily on a foreign workforce? Our labour costs are probably the highest in the region. When compared to China or India, we pay more than any of our competitors. We are not unhappy about it because we want to give our workforce


CHINESE TEXTILE HAS A BRIGHT FUTURE This is what is predicted for the Chinese textile industry, according to a research report carried out for 20102011. From the end of 2008 to 2009, Chinese textile industry was confronted with the toughest period of

a fair living wage. Yes, we do have foreign labour in our industry. They are well paid. Government looks after them. Foreign workers have a lot of benefits. They get free accommodation, free food, three meals a day, a return passage every 3 to 4 years, and they are paid the same wage as locals. It helps our country and our company because buyers today have special requirements that the garments are not made by children or an exploited workforce. Today, about 40% of our workforce is foreign, but I will not be surprised if, in 2 or 3 years, it rises to 50%. When I started 25 years ago, I had no foreign workers. They were only allowed in Mauritius as from 1992, when the local supply dried up. The government was pro-active to protect the industry. Even now, the government has a very positive attitude. We bring foreign workers because we need them. Today, if I have 1 500 workers, 600 are foreign. If I do not have foreign workers, there will be no factory. Then the 900 Mauritian workers will also lose their jobs. Foreign workers cost us 30% more. It is not because they are cheap. The moment a foreign worker lands here, he has the same rights as a local worker: sick leaves, local leaves, bonuses, medical facilities... ❚ You have had some problems

with foreign workers in the past… Sometimes, you must remember that these workers are not highly educated. They are subject to influences, and are sometimes misled. In Mauritius, the government has a very clear policy: you cannot go on strike unless you give the right notices. Otherwise, you will be deported. We had problems last year. We had 100 workers on strike, out of 700 foreign workers. We tried to explain things to them, but they were controlled by a few very difficult people who thought they could blackmail us. Those who did not listen were sent back home. It has had a positive influence on others. They know what should not be done. In the 25 years I have been here, we have never had a strike! ❚ Are Mauritians no longer wil-

ling to work in factories? I have seen the start of the industry. There was a large pool of female workers who had no jobs. About 40% of people were unemployed when I came here. Nowadays, people are unemployed because they want to become IT engineers, doctors, etc... Education has gradually changed things. Local workers are good, hard-working and quite loyal. It’s just that there is not enough of them since the young generations

production and operation. Though the international textile market recovers slowly, Chinese textile industry is still exposed to various problems: high raw material risk, great difficulty in recruitment and increasingly high labor

cost and growth of environmental protection cost. But given the perfect industry chain and huge market, it is forecast that Chinese textile industry will continue to lead the global market in the coming 5-10 years.

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ENTRETIEN MERCREDI 1er JUIN 2011

WORKFORCE. Textile industry might see an increase in foreign labour from 40% to 50% in the coming years

are going for better things. I am happy about it as far as I can bring in foreign workforce to minimise the impact. We are also investing in new technology, which is reducing the workforce we need. This is happening in all the factories. Though expensive, it is the way forward. ❚ Some experts have predicted the

end of the Mauritian textile industry. How do you feel about it? I believe the textile industry will be here for years to come. We are taking steps to keep ourselves ahead. I am very positive about the future. As I said, we have a special niche market. Mauritius can only be successful if we continue to do that. So we must be ahead in technology. What India, China or Bangladesh can offer is cheap labour. We do not have cheap labour. When I came in 1985, some people told me that the textile industry is finished. We hear this all the time. People say these things without understanding what our textile industry really is. We are reinventing it all the time; that is why we survive. Look at this factory: it costs maybe Rs 400 million. Would I invest if there was no future? It’s my money. I invested because I see ten years or more ahead. The only disadvantage is labour, but we counter it with technology. Our exports are now about Rs 30 billion a year. Any country which depends only on services will have problems. ❚ How far have you been affected

by the Euro-zone crisis? Let us put it this way: our biggest problem today is the strength of our currency. Our rupee, compared to other competitors, is too strong. If you look at China, they are fighting to keep the Yuan down, because it

gives them an extra advantage. They say the Chinese currency is undervalued by 40%. The Mauritian rupee is the strongest currency around. There are reasons why government is doing this but it affects us, and every export-based industry, and even tourism. Tourists have less money to spend. Currency is very critical for our industry. The government is aware of that. They are trying to do the balancing act, but they could improve the rate of currency, so we could be stronger in the industry. We have everything necessary for a successful export industry. We need only some help from the government for the currency. We understand it has to be balanced with the inflation and all, but I think we could do better. ❚ You also have to face the soaring

prices of raw materials… This does not worry us. If the price of cotton goes up, it goes up everywhere. It may affect companies with a cheaper rate more that others. When that happens, indirectly, there is a movement. You can benefit. We must have the supply, which we have. There was a little problem with India, which decided to ban exports of yarn, but then it was for a very short period. India is a major supplier of yarn for Mauritius. ❚ There has been talk about a di-

versification of the traditional market, and targeting countries in Scandinavia or the MiddleEast. How far has this been achieved? We have done diversification, but we have gone to South Africa, which has become a major market for our textile. In the last twelve months, it has taken a large share of our exports. A number of things happened, which helped us. First, Chinese goods have become more

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expensive, and China was the principal supplier to South Africa. Their costs have gone up, and so have their prices. Secondly, the South African government decided that free entry of Chinese goods was destroying their local industry. So they introduced a 45% duty on import of Chinese goods. Mauritian goods enter duty-free since we are part of the SADC. Immediately, the equation changes. Earlier, we could not compete, but now we are in a better position to do so. We are four hours’ flying time from South Africa. They can place orders every month! We are also trying to reach the United States, but it is not easy because of the distance. We have lots of demands but the distance poses problem. Whether we will supply to markets like India, I do not know. We believe that the fashion we make here can be sold in India, but we still have to finalise the trading arrangements so we can enter freely. ❚ As regards the African region, do

you think there is a need for a common currency? It will come eventually, but not now. These are ambitious projects. The problem is the different economies. You can have common currency when the economies are almost on the same level of development. Otherwise it is not possible. You may have common currency with South Africa or Botswana, but Tanzania or Congo are different. A common currency would kill their economies because it would be too strong. Look at Greece or Ireland. They have gone into a currency which is too high for them. Mauritius has a different formula, and we should preserve it. If we get into a common currency, we will get swamped.


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ECO SUD PRÔNE LE COMPOSTAGE

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Durant son combat contre le projet d’incinérateur, Eco Sud avait soutenu, à l’instar d’autres ONG, que le compostage est la meilleure des solutions au problème des déchets. « Maintenant on n’entend plus parler du projet d’incinérateur, mais il peut ressurgir à n’importe quel moment, comme CT

Power, dont on compte rouvrir le dossier. Pourtant, il y a des alternatives. Brûler des déchets est criminel. 70 % des déchets sont des déchets verts, humides, compostables. On peut recycler une autre partie – plastique, métal, papier. Ce qui reste, on peut finalement en disposer », affirme Doris Sénèque.

Des coraux qui se chevauchent, une eau claire et des bancs de poissons multicolores. Blue-Bay et son parc marin, c’est avant tout un lieu unique à Maurice. A ce titre, il mérite d’être protégé. Eco Sud, une ONG, en a fait son cheval de bataille. Un combat loin d’être gagné d’avance, faute de financement et d’une véritable conscience citoyenne | HERRSHA LUTCHMAN-BOODHUN

BLUE-BAY

ECO SUD À LA RESCOUSSE DU PARC MARIN FAIRE UNE randonnée dans le sud du pays sans faire escale à BlueBay ? C’est impossible pour plus d’un. Cette plage au sable fin, cette eau bleu turquoise si accueillante et si belle à voir... Au centre, un parc marin qui regorge d’une trentaine d’espèces de coraux, et d’une cinquantaine d’espèces de poissons. Détruire ne serait-ce qu’une infime partie de ce lieu féerique serait un péché. Eco Sud, organisation non gouvernementale fondée dix ans de cela, a compris le message. Cela fait des années qu’elle milite pour la préservation de l’environnement, et plus particulièrement du parc marin de Blue-Bay. Doris Sénèque, secrétaire d’Eco Sud, nous rappelle qu’au début, le groupe s’est constitué parce qu’à cette époque, il y avait la menace d’un grand projet hôtelier de Naïade Resorts sur l’île aux Deux

Cocos, qui se trouve au centre du parc marin. Depuis, l’organisation s’est fixé comme objectif de protéger le parc marin, mais aussi et surtout d’assurer qu’il y ait un équilibre entre le développement et le respect de l’environnement. « Pendant ces dix années, notre rôle a été plutôt celui de chien de garde et nous avons mené trois grands combats. Nous avons gagné celui contre le projet hôtelier à Blue-Bay. Nous avons aussi œuvré contre le projet d’autoroute dans la forêt de Ferney, et dernièrement, nous avons protesté contre l’incinération des déchets », explique la secrétaire de l’organisation. Un des projets phares d’Eco Sud à Blue-Bay demeure le « Lagon Bleu ». L’objectif global du projet est de promouvoir une gestion durable des zones marines et côtières de Blue-Bay et de Pointe

Eco Sud, organisation non gouvernementale fondée dix ans de cela, a compris le message. Cela fait des années qu’elle milite pour la préservation de l’environnement, et plus particulièrement du parc marin de Blue-Bay. Doris Sénèque, secrétaire d’Eco Sud, nous rappelle qu’au début, le groupe s’est constitué parce qu’à cette époque, il y avait la menace d’un grand projet hôtelier de Naïade Resorts sur l’île aux Deux Cocos, qui se trouve au centre du parc marin

d’Esny par une sensibilisation à la conservation de la biodiversité marine et côtière et la préservation des modes de pêche traditionnels. PATRIMOINE NATUREL « C’est un atout touristique pour nous, surtout à cause du parc marin. Si nous l’abîmons, ce sont les touristes qui ne seront plus intéressés. D’autant plus que c’est un patrimoine naturel qu’il nous faut léguer aux générations futures », affirme Doris Sénèque. Le projet s’étale sur deux ans, soit 2010-2011. Dans un premier temps, l’organisation bénéficie de l’aide financière de l’United Nations Development Programme (UNDP) sous le Small Grants Programme – Global Environment Fund (SGP-GEF). Cette aide équivaut à 50 % du montant requis pour assurer le bon déroulement du programme. L’UNDP a


RS 1 MILLION À LA MAURITIAN WILDLIFE aux divers projets que mène l’ONG sur l’Ile aux Aigrettes et l’Ile Ronde, dont une étude sur les tortues et les oiseaux. Le donateur avance que l’environnement demeure un des principaux piliers de sa politique de responsabilité sociale.

PHOTOS : MANOJ NAWOOR

L’établissement hôtelier One&Only Le Saint Géran a fait don d’un montant de Rs 1 million à la Mauritian Wildlife Foundation (MWF) pour marquer la Journée internationale de la biodiversité observée le 21 mai. Cette somme alimentera un fonds destiné

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LES PROJETS À VENIR Si l’argent demeure un obstacle aux projets d’Eco Sud, l’ONG ne reste pas pour autant les bras croisés. Ainsi, au mois de juillet, celle-ci organisera une table ronde sur la protection de l’environnement. L’organisation souhaite également mettre sur pied un Observatoire marin. « Un bateau patrouillera la région pour veiller à ce que personne ne fasse du tort à l’environnement. Nous n’agirons pas comme des agents de police, mais nous tenons simplement à dissuader les gens et à les sensibiliser », explique Doris Sénèque. Eco Sud veut également proposer aux pêcheurs une alternative à leur principale activité. « Si on leur demande de ne pas pêcher dans le lagon, il faut qu’on leur propose autre chose. On veut essayer de mettre sur pied un élevage de pieuvres artisanal », affirme la secrétaire d’Eco Sud. Quelque part dans le lagon, des morceaux de pylônes électriques ou de tubes seront placés au fond de l’eau dans l’espoir que les pieuvres y voient un lieu d’habitation accueillant. Ce sera alors plus facile pour les pêcheurs de les récupérer, et ce sans avoir à abîmer les récifs. Eco Sud aimerait également développer, en collaboration avec le ministère de la Pêche, un genre de plateforme flottant au-delà des récifs de Blue-Bay. Les algues y pousseront naturellement, ce qui y attirera poissons et ainsi assurera un lieu permanent de pêche.

TRÉSOR. Le parc marin de Blue-Bay abrite plusieurs espèces de coraux et de poissons concentrées en un seul lieu

débloqué les fonds dès décembre avancé qu’ils ne possèdent pas Silence total », affirme-t-elle. Pourtant, le parc marin de suffisamment de moyens pour 2009. Mais l’autre moitié de la mettre fin à cette pratique, vu que Blue-Bay, qui couvre une zone somme nécessaire est plus difficile les braconniers sont pour la plu- maritime de 353 hectares, a été à trouver. Doris Sénèque se mon- part des personnes qui ne font pas classé Parc National de la faune sauvage dès octobre 1997. Il a entre d’ailleurs très critique envers ce partie des pêcheurs enregistrés. Autre problème auquel fait face suite été déclaré zone de protecqu’elle considère être un manque de volonté des entreprises à aider à l’organisme : l’absence de dialogue tion marine et classé parc marin la préservation de l’environ- avec le ministère de l’Environ- en juin 2000. Pour la petite histoire, ce sont des sciennement. « Nous avions fondé tifiques canadiens qui, de gros espoirs sur le Corporate Social Responsibility (CSR), Nous avions fondé de gros espoirs sur le vingt ans de cela, avaient constaté la mais une grande majorité des Corporate Social Responsibility (CSR), richesse des eaux de la firmes que nous avons aprégion. Quand ils ont prochées jusqu’ici nous ont dit mais une grande majorité des firmes plongé dans le lagon de que le CSR met l’accent sur la que nous avons approchées jusqu’ici lutte contre la pauvreté. L’en- nous ont dit que le CSR met l’accent sur Blue-Bay, ils ont rapidement compris que le vironnement a été relégué au lieu méritait d’être prosecond plan, alors qu’au dé- la lutte contre la pauvreté. L’environtégé. part, il se trouvait sur la liste nement a été relégué au second plan, Ce qui fait la spécides domaines prioritaires », alors qu’au départ, il se trouvait sur la ficité du parc, c’est la soutient-elle. liste des domaines prioritaires concentration, en un L’absence de financement seul lieu, d’une se ressent également ailleurs. Si la soixantaine de membres qui nement. Auparavant, soutient trentaine d’espèces de coraux et de font vivre Eco Sud sont pour la notre interlocutrice, il y avait une plus d’une cinquantaine d’espèces plupart des bénévoles, l’ONG a bonne écoute du ministère. Des de poissons. Les coraux de Bluetout de même besoin, selon Doris séminaires étaient organisés Bay poussent les uns sur les autres, Sénèque, d’un Project Manager régulièrement pour promouvoir le ce qui les différencie des coraux de salarié pour mener à bien ses pro- partage d’idées. Maintenant, il y Balaclava, également parc marin, jets. Chose qu’Eco Sud ne peut se en a presque plus. « On ne sent pas qui y sont dispersés. « A Blue-Bay, beaucoup d’enthousiasme pour les c’est une curiosité. On ne voit même permettre pour le moment. L’autre épine que l’organisation ONG. Je n’entends pas beaucoup pas le fonds. Blue-Bay et Balaclava souhaiterait s’enlever du pied est parler du ministère de l’Environ- ont été décrétés parcs marins parce le braconnage, qui gagne du ter- nement. A l’époque du combat con- qu’à l’époque, les scientifiques ont rain dans la région. Selon Doris tre l’incinération de déchets, on n’a compris que cette richesse les rendait Sénèque, les garde-côtes ont rien entendu du ministère concerné. différents de ce qu’il y a ailleurs »,

lance notre interlocutrice. ACTIONS ÉTENDUES C’est pour préserver cette richesse qu’il ne faut pas, selon elle, qu’on se mette à développer Blue-Bay comme on l’a fait ailleurs : « La baie est petite et fermée. La flore et la faune sera en danger ». Les actions d’Eco Sud ne se limitent cependant pas à BlueBay. Elles s’étendent également à Pointe d’Esny/Pointe Jérôme, avec des zones humides (‘wetlands’) qui méritent d’être protégées. Ces lieux ont une utilité. Lors des grosses averses, ils aident à absorber l’eau. Pour les petits poissons et crabes, les zones humides et les mangliers agissent comme une nurserie. De plus, elles filtrent les impuretés et les mangliers agissent comme une protection contre la mer elle-même. « C’est malheureux que les gens ne connaissent pas l’importance de ces zones. Il faut les sensibiliser », affirme Doris Sénèque. Car la protection de l’environnement doit être le souci de tout un chacun, et non d’une poignée de personnes. Selon Doris Sénèque, le premier pas commence par soi, chez soi, avant de s’étendre aux autres.


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DHANJAY JHURRY ÉLU MEILLEUR SCIENTIFIQUE DE MAURICE

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Dhanjay Jhurry a été sacré lauréat de la première édition du ‘Best Mauritian Scientist Award’ . Pour ce chimiste de 47 ans, cette consécration vient couronner un travail de plus de 17 ans dans le domaine de la recherche sci-

entifique. Dans des entretiens accordés à la presse ces dernières semaines, il demande un plus gros investissement dans la recherche et appelle le secteur privé à s’investir davantage dans ce domaine. Détenteur

d’un doctorat en ‘Polymer Chemistry’ de l’université Bordeaux I, Dhanjay Jhurry a été décoré, en 2007, par l’Etat français, qui lui avait octroyé le titre de Chevalier de l’Ordre des Palmes académiques.

PROFESSEUR SERGE RIVIÈRE, CHERCHEUR

« La recherche nourrit l’enseignement tertiaire » Après plus de 40 ans passés à l’étranger, le Professeur Serge Rivière décide de poser ses valises au pays natal en 2008. Chercheur émérite, le Pr Rivière veut promouvoir, à Maurice, la recherche culturelle, en soulignant les obstacles qui se dressent sur la route des chercheurs et du manque de visibilité des travaux de recherche réalisés dans le pays | ROY NEERAYE ❚ Professeur Rivière, au vu de

votre parcours comme académicien, on peut dire que la recherche est un sujet qui vous tient à cœur. Quelle est votre appréciation de la recherche à Maurice ? Je peux commencer par vous parler de mon expérience personnelle en tant que chercheur. Après des années passées dans diverses académies de plusieurs pays, de l’Ecosse au Canada, en passant par l’Irlande, j’ai décidé de me poser à Maurice en 2008. Jusque-là, j’ai consacré la majeure partie de mes travaux de recherche au siècle des Lumières, à Voltaire en particulier. A mon retour au pays, j’ai commencé à m’intéresser aux voyages, surtout ceux du XIXe, et aussi aux voyages scientifiques. En 2005, lors d’un passage à l’université de Maurice en tant que professeur associé, j’ai découvert les premiers écrits francophones. Ce qui m’a poussé à publier deux ou trois livres sur l’histoire culturelle et l’histoire de l’île Maurice. J’ai donc publié les mémoires de La Bourdonnais sous le titre « La plume et l’épée ». J’ai aussi publié les mémoires de Matthew Flinders, quand il était prisonnier ici. Et j’ai ensuite publié un livre, que j’ai trouvé en manuscrit, à Canberra. Il s’agit d’un manuscrit de Huet de Froberville, plus connu comme l’auteur du roman « Sidner ou les dangers de l’imagination ». De retour à Maurice, j’ai eu une idée assez claire de ce qui se passe dans le monde de la recherche. Ce qui est intéressant, c’est que le ministre Rajesh Jeetah veut relancer la recherche en faisant du pays un ‘knowledge hub’ et une ‘knowledge economy’ au

niveau tertiaire. Dans ce but, la recherche est extrêmement importante parce qu’elle nourrit l’enseignement au niveau tertiaire. Il est vrai qu’on peut faire des cours sans faire de la recherche, mais l’enseignement est beaucoup plus riche si on fait de la recherche. Ça a été mon expérience pendant 40 ans. Je vois avec plaisir dans la presse que le Mauritius Research Council offre des bourses de recherche, non seulement aux étudiants, mais aussi aux chercheurs plus expérimentés. A ce propos, je dois dire que nous avons ici des chercheurs avec un profil international comme le Pr Ameenah Gurib-Fakim. Une autre personne qui m’a beaucoup impressionné est le Dr Dinesh Somanah, qui s’intéresse lui à l’astrophysique et qui a aidé à mettre en place l’observatoire de Bras d’Eau. Le domaine scientifique est, à mon avis, un domaine extrêmement vivant, qui va de l’avant, et le ministre Jeetah a raison de mettre l’accent sur cet aspect. Mais ce qui m’inquiète un peu, c’est que depuis quelque temps, on parle plus souvent de la recherche scientifique qu’on ne parle de la recherche dans les sciences sociales et dans le domaine de la culture. Pour moi, si l’île Maurice commence à dire qu’on va surtout donner priorité à la recherche scientifique, ce sera bien dommage parce que nos problèmes sociaux ne seront résolus que quand il y aura une connaissance des causes, des sources, des remèdes de ces problèmes. J’ai cette impression que le ministre de l’Education tertiaire s’intéresse un peu trop à la

recherche scientifique, mais pas assez à la recherche dans les sciences sociales. Ça m’inquiète un petit peu. J’aimerais ajouter un petit mot à ce sujet. Moi qui suis rentré à Maurice en 2008, je voudrais bien que nos chercheurs qui sont à l’étranger rentrent également au pays et participent à ce mouvement de

Je pense que la méthode qu’on utilise dans les collèges publics, sous le système du HSC, n’est pas à même d’encourager la recherche. Si on prend le programme du HSC, à part l’histoire, à part les lettres, est-ce qu’on encourage les jeunes à faire de la recherche ? Non ! C’est un système de ‘cramming’, de bourrage de crâne


LES MÉMOIRES DE MAHÉ DE LA BOURDONNAIS C’est en 2005 que paraît, aux Editions Le Printemps, « La plume et l’épée », ouvrage signé Serge Rivière. Il s’agit d’une analyse critique de deux écrits de La Bourdonnais réalisés entre 1740 et 1742. Sur le site de l’Association France-Mau-

recherche. Ils ont acquis des connaissances et des stratégies de recherche, ils ont acquis des outils dont on a besoin à l’île Maurice. Bien sûr, il y a des chercheurs qui sont extrêmement capables ici même, mais plus on attire ces expatriés mauriciens qui sont en France, en Australie ou aux Etats-Unis, mieux s’en portera la recherche. ❚ A votre avis, les autorités

consacrent-elles suffisamment de ressources à la recherche ? La première chose que je vous dirai, c’est qu’il y a eu une vision beaucoup plus progressiste sous le ministre Jeetah. Il a promis de mettre des fonds à la disposition des chercheurs et il commence à le faire. Mais quand on regarde les infrastructures, on constate qu’il y a énormément à faire. J’en veux pour preuve les Archives de Maurice qui, je regrette de le dire, sont dans un état déplorable. On a les connaissances, mais on n’a pas les moyens de réparer les documents qui remontent, par exemple, à Labourdonnais. Il n’y a pas de climatisation pour ces documents. Quand vous avez une bibliothèque comme la Carnegie, à Curepipe, qui contient des trésors, avec des ouvrages qui remontent à 1760, vous ne pouvez que faire ce triste constat. Ces livres tombent en miettes parce qu’il n’y a pas de climatisation appropriée faute de ressources et faute de spécialistes archivistes qu’il faut former pour s’occuper de ce genre de documents. Il faudrait une formation pour avoir des restaurateurs qui pourront s’occuper de nos documents. En deuxième lieu, il faut trouver le moyen pour mettre ces documents sous une forme numérique. Les vieux journaux d’autrefois, comme Le Cernéen de 1833, il faut absolument les mettre sous une forme numérique qui éviterait qu’on les manipule. ❚ S’agit-il des seules con-

traintes que peuvent rencontrer les chercheurs du pays ? Hélas, non ! Prenez l’exemple de Jean-Claude de l’Estrac, qui vient de lancer son ouvrage « L’an prochain à Diego Garcia… » (NdlR : samedi) Pour mettre au point un travail pareil, il lui a fallu faire appel à des chercheurs en Grande-Bre-

rice, l’auteur présente ainsi son ouvrage : « Cette lecture permet de mieux connaître l’administrateur génial, le marin intrépide, le meneur d’hommes, l’autodidacte, l’inventeur, mais surtout l’homme, vu par La Bourdonnais lui-même, à une période

tagne et aux Etats-Unis. Autrement, les chercheurs mauriciens doivent faire de longs voyages plusieurs fois pour se rendre dans les centres de documentation. Sans compter les coûts. Pour mon livre « No man is an island » j’ai fait des recherches en Irlande et en Anleterre. A l’époque, j’habitais l’Irlande. J’estime que ça aurait été impossible de faire ça d’ici. Il y a deux choses à faire pour éliminer cet obstacle. On doit d’abord préserver ce que nous avons déjà ici et ensuite faire venir sur supports numériques les documents dont les chercheurs ont besoin. Il y a autre chose que j’aimerais faire ressortir ici. Les collectionneurs privés et les chercheurs individuels doivent faire don, peut-être, de leurs archives à l’Etat. Par exemple, tout le matériel que j’ai collectionné pour mes livres, il faudra un jour que j’en dispose. Il faudrait que l’Etat encourage les individus à faire don de leurs travaux et il faudrait aussi quelque part qu’on rémunère ces personnes. Il faudrait dans le même temps faire des liens et établir des programmes d’échange avec les bibliothèques à l’étranger. Ça existe déjà, mais c’est peu répandu parce que les manuscrits, en général, ne sont pas disponibles au prêt. Il faut les acheter, ces documents. Ils ont un prix et il faut se résoudre à monnayer ces documents. C’est très souvent une question de ressources financières. On laisse les chercheurs se débrouiller tant bien que mal. En ce qui concerne la recherche historique, la recherche littéraire, il faut absolument que l’Etat donne un coup de main. Si on laisse les chercheurs sans soutien, on ne va pas avancer de beaucoup dans certains domaines de la recherche. ❚ En ce qui concerne l’éduca-

tion et la formation, pensez-vous que Maurice en fait suffisamment pour inculquer à nos jeunes cette notion de la recherche ? Je pense que la méthode qu’on utilise dans les collèges publics, sous le système du HSC, n’est pas à même d’encourager la recherche. Si on prend le programme du HSC, à part l’histoire, à part les lettres, est-ce qu’on encourage les jeunes à faire de la recherche ?

difficile de sa vie… Mémoires justificatifs et autobiographiques, ces écrits éclairent davantage la personnalité, les vertus, les faiblesses et les motifs, souvent contradictoires, du véritable fondateur des Isles de France et de Bourbon ».

Le domaine scientifique est, à mon avis, un domaine extrêmement vivant, qui va de l’avant, et le ministre Jeetah a raison de mettre l’accent sur cet aspect. Mais ce qui m’inquiète un peu, c’est que depuis quelque temps, on parle plus souvent de la recherche scientifique qu’on ne parle de la recherche dans les sciences sociales et dans le domaine de la culture. Il ne faut pas négliger le domaine des sciences sociales car, si on veut arriver à résoudre le problème de la pauvreté, le problème des analphabètes, par exemple, il faut de la recherche sur le terrain

Non ! C’est un système de ‘cramming’, de bourrage de crâne. Je compare ce système au baccalauréat international, comme il a cours au Bocage, où on encourage la recherche en première supérieure. Et ce n’est pas du bourrage de crâne car, il y a une méthode, une enquête à faire quand on écrit une dissertation et cette enquête encourage les gens à développer des stratégies, des méthodes qui servent de base à la recherche au niveau tertiaire. On encourage par exemple les jeunes, selon ces systèmes, à faire de la recherche en utilisant des outils comme Internet ou des ouvrages, et aussi parfois les archives. Pour moi, le système du HSC doit, tôt ou tard, céder le pas au bac international parce que, si on veut encourager la recherche, qu’elle soit dans le domaine scientifique ou pas, le bac international correspond mieux. Le système du HSC n’encourage malheureusement pas assez la découverte. Il y a des enseignants qui le font, bien entendu, mais ça reste malheureusement superficiel. ❚ En dehors de ce manque de

formation dans le domaine de la recherche, le pays dispose-t-il d’outils pour, par exemple, faire évoluer la recherche, notamment en tant qu’activité économique ? Je pense que oui, il y a des associations, des ONG qui permettent à des chercheurs de faire de la recherche une activité économique. Je pense par exemple à la Société d’histoire de l’île Maurice, qui ne regroupe malheureusement que des personnes d’un certain âge. Mais je pencherais davantage pour une académie de la recherche, un peu à la manière de l’Académie mauricienne qui

existait à l’époque de Camille de Rauville. Il y a l’émergence d’une académie de l’innovation scientifique, mais il nous faudrait une académie littéraire et culturelle. Il existe une Société royale des arts et des sciences, mais il s’agit là de l’effort de quelques personnes de bonne volonté. Cette société a, d’ailleurs, commencé sous Charles Telfair qui voulait, à l’époque, encourager la recherche scientifique. Or, aujourd’hui, on a un peu perdu de vue de telles initiatives car il me semble que la recherche n’est pas une priorité de la vie de tous les jours. Estce qu’on s’occupe des gens, ici à l’île Maurice, qui veulent faire de la recherche, publier des livres ? Il existe un ‘President’s Fund for Creative Writing’, c’est bien. Mais donne-t-on suffisamment de subsides pour couvrir les frais de publication ? Généralement, soit on publie à compte d’auteur, soit on trouve une maison d’édition que nos travaux peuvent intéresser. Pour publier, il m’a fallu parfois trouver des sponsors. Quand on n’est pas un auteur très connu, c’est difficile de publier un livre. Souvent, des gens viennent vers moi et me demandent combien peut coûter la publication d’un livre. Quand je leur réponds qu’ils doivent être prêts à dépenser jusqu’à Rs 100 000, ça les refroidit. Je leur conseille alors de trouver un parrainage. Heureusement qu’ils y a dans le secteur privé des mécènes, comme la MCB ou la compagnie Swan, qui acceptent de couvrir les frais de publication de certains ouvrages. ❚ A ce propos, ne faut-il pas

justement une plus grande collaboration du secteur privé pour promouvoir la

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recherche ? Il est clair que la recherche intéresse beaucoup le secteur privé. Je sais que certaines sociétés ont des rapports avec l’université de Maurice et engagent l’université à faire de la recherche en termes de ‘consultancy’. Il est clair aussi que le CSR (Ndlr : responsabilité sociale des entreprises) permet à des ONG de faire de la recherche sur le terrain et ça, c’est une solution possible. Par exemple, la recherche sur les enfants de rue peut se faire avec des fonds du CSR alloués aux ONG. Nous avons une responsabilité collective pour encourager la recherche. Et, le secteur privé a aussi son rôle à jouer. Mais, une fois encore, les ressources sont assez limitées. Et il faut des projets viables et fiables pour que les entreprises acceptent de parrainer certains travaux de recherche. C’est difficile pour certains petits chercheurs dans un tel cas de figure. C’est qu’il faut, c’est des grandes bourses, mais aussi des petites bourses pour les chercheurs individuels. Et ça vaut autant pour la recherche dans le domaine scientifique comme dans les sciences sociales. Il faut aussi une meilleure visibilité pour les recherches qui se font à Maurice. Les gens ne se rendent pas compte de la recherche qui se fait dans le pays. Souvent, les chercheurs travaillent à l’ombre et n’ont pas le soutien qu’ils méritent. ❚ L’implication du secteur

privé dans la recherche ne risque-t-elle pas d’amener une « industrialisation » de la recherche ? Il faut avoir, je pense, des centres, des académies de recherche où on essaie de voir « the big picture ». Si un aspect de la recherche est négligée, de telles académies peuvent canaliser les fonds vers des projets qui les nécessitent. Ça se fait déjà ailleurs. Il appartient cependant au gouvernement, avec la mise en place d’un comité, qui s’occuperait d’abord d’un recensement de ce qui se fait, de ce qui peut et doit se faire et avec quelles ressources, d’administrer tout cela. On pourrait établir un plan de cinq ans pour chapeauter les différents projets de recherche dans le pays.


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LE COSTUME, ÇA S’ENTRETIENT !

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BLING BLING MERCREDI 1er JUIN 2011

Le pressing est le meilleur moyen de nettoyer votre costume. Une telle pièce doit être remise entre les mains de professionnels. Vous y gagnerez car l'entretien de ce vêtement est laborieux. Mais n'apportez pas plus d'une ou deux fois

votre costume au pressing par an, afin de ne pas l’abîmer. Autre conseil utile : ne laissez jamais reposer votre costume sur un cintre en fil de fer. Remplacez ce dernier par des cintres adaptés qui n'abîmeront pas ce vêtement si cher payé.

QUI DIT mariages, soirées ou réceptions dit costards. Et comme l’habit, à défaut de faire le moine, attire inévitablement les regards, il est primordial de choisir le bon costume, celui qui sublimera votre allure. Et d’éviter en même temps de vous retrouver avec un complet trop grand, mal coupé ou démodé. Surtout quand l’ensemble en question peut vous coûter dans les Rs16 000. Pour Catherine Boyer, créatrice chez Blanche Création, il est important de faire la différence entre les costumes de mariés et les costumes de ville : « Si c'est votre grand jour, nous vous conseillons de choisir un costume en satin de soie. Ce sera un vêtement très chic. La vedette du jour pourra alors se distinguer des invités ». Blanche Création, magasin situé à Rose-Hill, existe depuis sept ans. Au départ, il était spécialisé dans le costume pour mariage. Puis petit à petit, les produits se sont diversifiés. Depuis un an et demi, les clients peuvent ainsi y trouver des costumes pour toutes les occasions. Il dispose en effet d'une panoplie de modèles qui sont fabriqués dans différentes matières.

Les hommes le savent : choisir le bon costume, quand on ne sait pas s’y prendre, est un véritable casse-tête. Il s’agit pourtant là d’un élément essentiel du garde-robe masculin. C’est pourquoi Capital s’est rendu chez Blanche Création afin de comprendre ce qu’il faut chercher ou éviter si on veut porter le costume idéal | D.B

BLANCHE CRÉATION

MARIAGE SUR LA PLAGE La matière a un rôle important à jouer lorsque vous choisissez votre costume. Pour savoir en quoi est fait le vôtre, vous devez vérifier l’étiquette. Elle doit toujours afficher au moins deux informations : le tissu dans lequel est cousu l'extérieur du costume et la doublure, dont la matière douce peut faire penser à de la soie, mais qui très souvent se révèle être du 100% viscose. Pour le tissu, le lin, qui est d'origine végétale et qui se porte en général seulement l’été (ou toute l’année dans les pays chauds), est en grande demande à Maurice. Très léger, ce tissu possède le grand avantage de libérer facilement la transpiration. Malheureusement, il se froisse bien vite. Catherine Boyer souligne que les costumes en lin donnent une allure un peu plus « sport » qu’un costume en laine fine, qui sera quant à lui plus raffiné. « Ce type de vêtements convient aux hommes dynamiques. Il donne une allure décontractée. Cet habit vous ira comme un gant si vous assistez à un mariage sur la plage », ajoute-t-elle. Comme le lin, le coton permet d’évacuer facilement la transpiration, mais reste un peu plus chaud. Une qualité que l’on retrouve également chez les laines épaisses, qui sont généralement utilisées pour les vestes dites « sport ». Les hommes préfèrent les porter en hiver ou pendant les soirées fraîches. Viennent ensuite les tissus synthé-

DES COSTUMES QUI VOUS SUBLIMENT


SMOKING OR NO SMOKING ? Il existe une belle diversité de costumes. Parlons d'abord du smoking. Ce n'est pas un vêtement de soirée mais de cocktail et est moins habillé qu'un costume trois pièces. Le spencer, quant à lui, est réservé aux militaires et aux maîtres d'hôtel. Pour ce qui est des

costumes de ville, ils se divisent en deux grandes catégories : les costumes croisés et les costumes droits. Ces derniers sont considérés comme les plus habillés. Un costume croisé doit toujours être boutonné, sauf pour le bouton du bas.

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BLING BLING MERCREDI 1er JUIN 2011

CHOISIR. Votre costume doit correspondre à votre style mais doit aussi respecter votre morphologie

tiques. Ils ont l’avantage de ne pas se froisser et d’être très peu onéreux. Malheureusement, vu qu’ils sont en une sorte de plastique, ils n’aident pas à évacuer la transpiration. Une des matières qui a souvent la cote est le poly viscose. Son tissu est composé de Polyester (généralement dans les 60%) et de viscose (40%). Son point fort : il est quasiment infroissable. De plus, son entretien est plus facile que pour un costume 100% laine ou 100% lin. Cependant, outre le problème d’évacuation de la sueur, la chaleur qu’il apporte en hiver est assez faible. Ainsi, si vous êtes sensible aux changements de température, il vous faudra probablement aller voir ailleurs. Parlant de la tendance 2011 pour les costumes, Catherine Boyer fait ressortir que chez Blanche Création, on suit ce qui se fait en Europe. Ainsi, cette année, la veste se porte moins ample que l'an dernier. Le costume de 2011 comprend deux boutons centrés et la veste, de style ‘slim’, est plus courte. Il est disponible en version mariage et en costume de ville. « Notre nouvelle collection est composée de plus d'une dizaine de modèles », ajoute-telle. Pas question cependant de choisir en aveugle ce qui se fait de nouveau. Il faut également tenir en ligne de compte sa morphologie, conseille Catherine Boyer. Si vous êtes grand et costaud, vous serez mieux mis en valeur dans un costume au tissu léger, sans La matière a un rôle important à jouer épaulettes. Une veste lorsque vous choisissez votre costume. Pour croisée ou un gilet saura savoir en quoi est fait le vôtre, vous devez habilement masquer les vérifier l’étiquette. Elle doit toujours afficher rondeurs du ventre et une redingote ou un costume au moins deux informations : le tissu dans trois pièces vous convien- lequel est cousu l'extérieur du costume et la dront parfaitement. doublure, dont la matière douce peut faire Pour ceux qui sont petits et minces, les vestes penser à de la soie, mais qui très souvent se longues sont à éviter, car révèle être du 100% viscose elles tassent la silhouette. Optez plutôt pour un costume cintré ette, et misez sur les couleurs sombres qui avec gilet, ou un costume trois pièces, affinent. Toutefois, rien ne vous empêche très élégant. Pour les hommes petits et de porter dessous un gilet coloré, avec costauds, privilégiez une veste à hauteur pochette assortie. Bien que Blanche Création ne propose des hanches, qui allongera votre silhou-

allure aussi. En outre, pour avoir du style, les manches de la veste doivent tomber nettement, sans plis ni cassures. Il faut également essayer votre costume avec les chaussures et la chemise que vous comptez porter le jour J, histoire de ne pas vous retrouver avec un assortiment de couleurs criardes ou un pantalon trop court.

que du sur mesure, lorsque vous essayez votre costume, il est important de savoir s’y prendre afin de ne pas, au final, choisir une veste trop grande. Pour ne pas faire cette erreur, posez votre main droite sur votre épaule gauche et vice-versa. Les manches du costume doivent vous permettre de croiser les bras sans problème. Levez ensuite les bras à l’horizontale et regardez la largeur de votre veste au-dessus de la taille, sous les côtes : s’il y a trop d’espace, votre veste est trop grande et pas assez cintrée. Il faut aussi savoir que votre veste doit arriver jusqu’au début de vos cuisses. Autre élément important : le col de la veste. Il doit impérativement coller à votre nuque, même lorsque vous bougez. Dans le cas contraire, le col baille et votre

CONSEILS UTILES Dernier astuce, et non des moindres : en enfilant votre veste, remplissez vos poches de tout ce que vous avez l’habitude d’y mettre. Téléphone, portefeuille, clé… Pas de mauvaise surprise au niveau des poches grâce à cette précaution utile ! Et même si vous n’avez pas jugé utile de suivre ces conseils et que vous vous trompiez de taille, l'avantage chez Blanche Création, c'est que s'il y a le moindre souci, on peut vite rectifier le tir. « Notre atelier est annexé au magasin. Les couturiers sont présents en permanence et quelques heures après, vous pouvez obtenir un costume qui vous mettra en valeur », avance Catherine Boyer. Quant à la couleur de votre costume, elle est à choisir en fonction de la saison. Sachez que le beige et le blanc sont à réserver pour l’été, alors que le gris se porte au boulot et le noir aux soirées habillées. Les costumes bleu marine se portent, eux, dans les deux cas. Mais avant de porter un costume, il faut avoir en tête qu'il est important de combiner au moins deux couleurs dans votre tenue. Une chemise de la même couleur que votre costume risque en effet de vous faire disparaître dans le décor. Qui dit qualité dit également prix important. Ainsi, chez Blanche Création, le costume en lin le moins cher se vend à Rs 10 500. Mais si vous voulez être encore plus classe, vous choisirez le modèle qui coûte Rs 16 000. La matière est satinée mat, avec des rayures ton sur ton. Les deux autres modèles en vente coûtent Rs 12 000 et Rs 14 000. A vous maintenant de trouver le costume qui correspond le mieux à votre style et qui respecte votre morphologie.


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UNE DÉFINITION IMPARFAITE

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C’est Cicéron qui a défini la religion pour la première fois. Pour lui c’est « le fait de s’occuper d’une nature supérieure que l’on appelle divine et de lui rendre un culte ». Il n’existe pas, aujourd’hui, de définition qui convienne

à tout ce que l’usage permet d’appeler religion. La religion peut être comprise comme une manière de vivre et une recherche de réponses aux questions les plus profondes de l’humanité. En ce sens, elle se rapporte à la philoso-

phie. Mais elle peut aussi être vue comme étant contraire à la raison et jugée synonyme de superstition. Elle peut être personnelle ou communautaire, privée ou publique, liée à la politique ou vouloir s’en affranchir.

KAMLESH RAMPOORTAB

L’HOMME D’AFFAIRES EN QUÊTE DU MYSTIQUE La spiritualité et les affaires sont deux mondes qui s’entrechoquent souvent. Pas chez Kamlesh Rampoortab, qui a su mener à bon port son agence de voyages, R Link, tout en restant fidèle, à chaque instant, à une spiritualité épurée de la notion humaine de religion. Capital l’a rencontré | DB

PHOTOS : MANOJ NAWOOR

TOUT LE monde court derrière le matériel. Qu’en est-il de l’âme ? Cette question turlupine Kamlesh Rampoortab. Dans quatre ans, cet homme d’affaires de renom prévoit de prendre sa retraite de R Link, son agence de voyages, pour mieux se consacrer à sa spiritualité. « Il faut chercher quelque chose pour l’âme. Le monde est trop matériel. Les humains ne sont pas conscients que rien ne nous appartient. On est venu sur cette terre les mains vides et on repartira de la même manière. Il faut savoir se détacher de ce monde matérialiste. Tout le monde doit posséder un pivot et le mien, c’est la spiritualité », affirme-t-il d’emblée. Avec son air décontracté, son polo, ses doigts ornés de bagues et son boucle d’oreille, on a du mal à croire que l’homme en face de nous attache autant d’importance au mystique. Mais l’apparence ne veut rien dire. Kamlesh Rampoortab, en fait, ne conçoit pas la vie sans la spiritualité. D’ailleurs, aussitôt que vous posez les pieds dans l’agence, vous tombez sur la statue de Ganesh. « C’est à lui qu’appartient mon entreprise. Dès que j’arrive le matin, je lui dis bonjour », précise-t-il d’un air sérieux. RECUL BIENFAITEUR Mais vous n’avez encore rien vu. Pour cela, il faut se rendre au premier étage de R Link. Vous y serez accueilli par la centaine de statuettes qui s’y trouvent. Des divinités hindoues, dont Shiva et Ganesh, y côtoient le Père Laval. Pour le maître des lieux, le créateur est le même, peu importe le nom qu’on lui donne : « Je trouve que le nom, ce n’est pas un problème. C’est la foi qui est primordiale. La religion, c’est un club. Dieu n’a pas créé la religion, c’est l’homme qui l’a fait. La religion, c’est comme l’équipe de Manchester, il n’y a pas que des Chinois ou des Hindous. La religion, c’est une association ». Dans un coin une bougie flambe en permanence. Et quelques mètres plus loin, ce sont des ‘sandales’ (bâtonnets d’encens) qui parfument la pièce. Car Kamlesh Rampoortab « pratique » la religion en permanence : « Même avec les clients, j’agis comme un prêtre. Je les aide et je suis sûr que je reçois en contrepartie des bénédictions ». Parfois, peu importe le moment de la journée, cet habitant de Port-Louis ressent le besoin de prendre un peu de recul vis-à-vis de sa vie active. Il laisse

CONVICTIONS. Kamlesh Rampoortab gère son entreprise en s’appuyant sur des préceptes spirituels


UNE SPIRITUALITÉ SANS DIEU Du latin ‘spiritus’, esprit, la spiritualité comporte aujourd’hui des acceptions différentes selon le contexte de son usage. Traditionnellement, elle se rattache à la religion dans la perspective de l’être humain en relation avec un

être supérieur (Dieu) et le salut de l’âme. La spiritualité se rapporte, d’un point de vue philosophique, à l’opposition de la matière et de l’esprit. Elle désigne également la quête de sens, d’espoir ou de libération et les dé-

marches qui s’y rattachent. La spiritualité peut également se comprendre comme dissociée de la foi en Dieu, jusqu’à évoquer une « spiritualité sans dieu ». Elle désigne parfois des aspects esthétiques en littérature.

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Parfois, cet habitant de Port-Louis ressent le besoin de prendre un peu de recul vis-à-vis de sa vie active. Il laisse alors derrière lui le boulot et s’égare dans la nature. Ses coins préférés demeurent les montagnes, les rivières ou les champs de cannes. « Il n’y a pas que la vie active qui est importante à mes yeux. Il est essentiel d’être en communion avec la nature » RELATION. R Link n’a pas de succursale, son fondateur ayant opté pour la proximité avec ses employés et ses clients

alors derrière lui le boulot et s’égare dans la nature. Ses coins préférés demeurent les montagnes, les rivières ou les champs de cannes. « Il n’y a pas que la vie active qui est importante à mes yeux. Il est essentiel d’être en communion avec la nature », nous confie-t-il. Et lorsque l’homme d’affaires a envie de prier, il met le cap sur le caveau du Père Laval, sur la chapelle de St Antoine de Padoue ou encore sur le temple de Camp Yoloff ou celui d’Albion. FONCEUR ET AGRESSIF Pour Kamlesh Rampoortab, il est important de prendre le temps de vivre. Et cela lui réussit visiblement. Alors qu’il est aujourd’hui âgé de 51 ans, on ne lui donne, à le voir, qu’une petite quarantaine d’années. Lorsque nous lui demandons son secret, il nous répond avec un large sourire : « Je n’ai pas de souci. Tout ce que je fais, c’est au nom de Dieu. Quand je suis face à une difficulté, je téléphone à Dieu et il me répond immédiatement ». Selon lui, c’est pour cette même raison qu’il connaît depuis toujours du succès sur le plan professionnel. Kamlesh Rampoortab a fait ses premiers pas dans le domaine de l’aviation à l’âge de 26 ans. « J’étais le plus jeune responsable d’une agence de voyage », indique-t-il fièrement. Trois ans après, il décide de mettre sur pied sa propre compagnie. C’est ainsi que R Link voit le jour à la rue Edith Cavell, à Port-Louis. A ses débuts, cette agence opérait avec trois employés uniquement. Maintenant, ils sont sept à travailler sous la houlette de Kamlesh

Rampoortab. Ce dernier nous confie d’ailleurs qu’il n’a pas voulu lancer d’autres succursales, car il adore le contact avec les clients : « J’ai confiance en mes employés. Cependant, quand je suis sur place, je peux mieux gérer les choses, car je prends le temps de parler avec mes clients. Ils deviennent vite mes amis ». Pour notre interlocuteur, c’est une manière d’être au service des autres : « Je les aide et je ne les laisse jamais tomber. Je suis un homme d’affaires fonceur ». D’ailleurs, nous confie-t-il, c’est ce trait de caractère qui a fait de lui un businessman de renom : « Je suis agressif sur tous les plans. Quand j’ai un projet, je mets un point d’honneur à ce qu’il se concrétise. Je fais tout pour voir la lumière au bout du tunnel ». Cette façon d’opérer a porté ses fruits. Kamlesh Rampoortab a en effet connu une riche carrière. C’est peut-être l’une des raisons qui l’ont mené à choisir de prendre une retraite prématurée dans quatre ans. Il sera alors âgé de 55 ans. Mais avant de tirer sa révérence, il souhaite assurer la relève au niveau de la direction de l’agence. « J’ai deux enfants. Ma fille Kavina est avocate et elle est déjà mariée. Mon fils Kavish, quant à lui, veut faire ses preuves en tant qu’homme d’affaires. Il gère déjà deux entreprises », nous confie-t-il. Si Kamlesh Rampoortab espère que son fils reprendra la barre de R Link après son départ, il ne compte pas lui forcer la main. Le businessman a toujours partagé, de son propre aveu, une relation amicale et remplie d’amour avec ses enfants. « Ils sont la prunelle de mes

yeux », ajoute-t-il. Lorsqu’on évoque la spiritualité, on pense souvent à la méditation ou au yoga. Or, Kamlesh Rampoortab n’est adepte ni de l’une, ni de l’autre discipline. Et malgré son physique jeune, il n’est pas un sportif. Comme exercice, il ne pratique ainsi que la marche. Chaque mois, il profite aussi d’un massage, principalement pour assurer une meilleure circulation sanguine.

Mais vous n’avez encore rien vu. Pour cela, il faut se rendre au premier étage de R Link. Vous y serez accueilli par la centaine de statuettes qui s’y trouvent. Des divinités hindoues, dont Shiva et Ganesh, y côtoient le Père Laval. Pour le maître des lieux, le créateur est le même, peu importe le nom qu’on lui donne

GRAND LECTEUR Mais ce n’est pas pour autant qu’il est sédentaire. Etant à la tête d’une agence de voyages, Kamlesh Rampoortab a eu la chance de pouvoir visiter de nombreux pays. Cependant, depuis quelques année, il ne voyage que 3 à 4 fois par an. Celui qui qualifie son corps de temple nous affirme qu’il en prend malgré tout grand soin. Il n’est pas du genre, par exemple, à faire la fête jusqu’à fort tard. Ainsi, lorsqu’il est à la maison, il adore se détendre devant la télévision ou lire un bon livre. La lecture occupe en effet une place prépondérante dans la vie du directeur de l’agence R Link. « Je lis tout ce qui me tombe sous la main. Pour moi, toutes les réponses à mes soucis se trouvent dans les bouquins », avance-t-il. Avant d’expliquer que lorsqu’il se retrouve confronté à un problème, il prend un livre. Il y pose alors sa main droite et réfléchit murement à la question. Il ouvre ensuite le livre à une certaine page. En la lisant, ditil, il trouve la solution à son problème.


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THE LOBBYING INDUSTRY

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In the sixties Hill and Knowlton again innovated by offering lobbying as a service to its clients. Within a few years its Washington DC office had multiplied its revenues by many times. Now all of the major PR companies have a 'public affairs' or 'government relations' practice.

In recent decades the PR and advertising industries have begun to consolidate. A small number of large conglomerates, such as WPP Group and Omnicom, have been buying up the largest players, offering integrated corporate communications services.

At the beginning of the 19th century, the rapid consolidation of wealth and power into the hands of big business paved way to systematic abuse of power which in turn led to an uprise of trade unions. In this hostile climate of public opinion, the corporate world found itself in need of friendly propagandists | RAJEN VALAYDEN

THE SHADOW B EH I N D T H E C U RTA I N

THE PRACTICE of Public Relations (PR) was pioneered and shaped by men such as Ivy Lee and Edward Bernays. Ivy Lee was a journalist who moved into handling press relations for Standard Oil and railroad companies. Until then companies faced with a crisis, such as a railway accident, had tended to do their best to cover up accidents and problems, engendering an oppositional attitude and hostility from the press. Lee innovated by allowing journalists supervise access to accident scenes, thus defusing press hostility and in the process exercising some influence over coverage. However, even in the early years however, PR practitioners were not above lying to promote their clients' interests.

A strong story placed in the newspaper, picked up by everybody else, will actually have more impact than an advertising campaign Edward Bernays was another of the early PR men who learnt his trade working at the Committee for Public Information (Creel Commission), Woodrow Wilson's pro-war propaganda outfit that coaxed the American public into supporting US involvement in World War One. After the war, Bernays opened his New York office in 1919 and worked for companies including Procter & Gamble, CBS, General Electric and Dodge Motors. Edward Bernays, a

nephew of Sigmund Freud, attempted to apply theories of social psychology to his work in mass communication. By contrast with Ivy Lee who claimed to be very open, Bernays was quite candid about the secretive and manipulative nature of his work , and was expert in the use of third party advocacy. Working for the manufacturers of Chesterfield cigarettes, he famously boosted sales of tobacco to women by persuading 1930s feminists to adopt smoking as a symbol of emancipation. STORIES IN THE MEDIA But it wasn't until after World War Two that the PR industry really began to take off. Larger companies began to emerge from an industry dominated by individual consultants. Companies such as Hill & Knowlton and Burson-Marsteller crossed the Atlantic in the 1950s becoming the first PR transnationals and quickly assembled global networks of offices. For the first time it became possible to coordinate corporate propaganda in both the US and Europe. Critics levelled against Public Relations impute that PR practices are having a deleterious impact on democratic processes and engage in deliberate deception on behalf of clients by developing deep unhealthy relationship with the press. Furthermore, by giving vested interests the opportunity to deliberately obfuscate, deceive, and derail public debate on key issues the public relations industry reduces society's capacity to respond effectively to key social, environ-

mental and political challenges. The other side of the coin depicts Public Relations as the practice of getting attention and shaping public opinion. Its tools include publicity, advertising, public affairs forums, lobbying public officials, and any and every other means that gets a message out to the public. Mostly however it is about placing stories in the media, getting newspapers, radio and television to accept stories or messages sourced from PR agencies. This gives the illusion that the client's message is simply the product of impartial journalism rather than advertising with which the consumer is more familiar and resistant. Sir Tim Bell, of Bell Pottinger, comments : “A strong story placed in the newspaper, picked up by everybody else, will actually have more impact than an advertising campaign.” INTELLIGENT MANIPULATION PR uses many of the tools of marketing and may be used to promote a particular product but often it is employed in pursuit of a slightly different goal. Marketing (including advertising and promotion) is about selling products and services whereas PR is often concerned with selling persons, government policies, corporations, and other institutions. In addition to marketing products, PR has been variously used to attract investments, influence legislation, raise companies' public profiles, put a positive spin on disasters, undermine citizens’ campaigns, gain public support for conducting warfare, and to

change the public perception of repressive regimes. As Edward Bernays, says : “The conscious and intelligent manipulation of the organized habits and opinions of the masses is an important element in democratic society. Those who manipulate the unseen mechanism of society constitute an invisible government which is the true ruling power. We are governed, our minds moulded, our tastes formed, our ideas suggested largely by men we have never heard of. This is a logical result of the way in which our democratic society is organized. Vast numbers of human beings must co-operate if they are to live together as a smoothly functioning society. In almost every act of our lives, whether in the sphere of politics or business, in our social conduct or our ethical thinking, we are dominated by the relatively small number of persons who understand the mental processes and social patterns of the masses. It is they who pull the wires that control the public mind.” Though PR is often also perceived as a merely wine and dine business, PR consultants are often called upon to assist in the design and management of crisis plans. In a world ever more competitive, the least negligence can prove to be costly. While the public does accept the fact that accidents are bound to happen, they certainly do not condone any mishandling of crisis. Let's look, on the opposite page, at two cases which are often used as reference in PR courses to illustrate the Do’s and Dont’s of PR.


CMD OPPOSES EFFORT TO GUT WHISTLEBLOWER PROTECTIONS The Center for Media and Democracy, Common Cause, the AFL-CIO, Citizens for Responsibility and Ethics in Washington, Public Citizen and other organizations have signed onto a letter to members of Congress opposing a draft bill that would weaken whistleblower protection. The bill seeks to strip

FORD MOTOR COMPANY During the late 1980s into the 1990s, Ford Explorers equipped with Firestone Wilderness tires were linked to nearly 150 deaths and more than 500 injuries in the United States alone. Concerned about the company’s bottom line and its reputation, Ford Motor Company employed what might be called an “ignore it and it will go away” approach to crisis communications. The lack of a cohesive crisis communications strategy, paired with poor management decisions, resulted in a stock price drop of $11.78 per share. Even greater was the damage to the company’s reputation. Today, the Ford/Firestone debacle is considered by many to be a textbook example of what not to do when facing a crisis. So what did Ford do wrong? ● They didn’t put customer safety and needs first. ◗ They covered up the safety defects for more than 10 years. ◗ They didn’t immediately recall the product once it started to fail. ● They had no crisis communications plan in place. ◗ And even when the situation continued drawing national and international attention, they held off on any formal plan. ● They were reactive, not proactive. ◗ Once committed to a recall, they were slow in approaching the public and media. ◗ They ignored a corrective engineering proposal to enhance the stability of the Explorer, cited among the worst vehicles for rollovers. ● They weren’t a resource for information on the situation. ◗ Ford CEO Jacques Nassar didn’t attend early House subcommittee hearings on the issue. ◗ They didn’t hold regular press briefings or press conferences. ◗ They didn’t provide a way, place or site for consumers to find the latest information on the tires, the Explorers or the situation. ◗ Consumers were left in the dark about how the company was going to fix the problem. ● They pointed fingers, rather than take responsibility. ◗ Ford Motor Company repeatedly blamed Firestone tires, in spite of the fact that crash statistics showed that the Explorer had a higher incidence of tirerelated accidents than other sport-utility vehicles, no matter the brand of tire. ◗ Ford released documents showing that Firestone had received a disproportionate amount of complaints about the Wilderness series since 1997.

CASE STUDIES

Ford v/s Tylenol Both of these cases bring to light the need for a well-thought out strategy in crisis situations. Today, Tylenol has regained its place in the marketplace and is considered one of the most trusted products in America. Ford continues to struggle with its reputation

Rather than focusing on fixing the problem, they tried to pass the buck.

TYLENOL In 1982, Johnson & Johnson (J&J) faced a major crisis that had the potential to send the company into financial ruin. Tylenol, the country’s most successful over-the-counter product, with over one hundred million users, was under attack. Sealed bottles were tampered with and extra-strength Tylenol capsules were replaced with cyanide-laced capsules. These bottles were then resealed and placed on shelves of pharmacies in the Chicago area. Seven people died as a result. Tylenol was called upon to explain why its product was killing people. The company first learned of the

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newly-enacted protections for whistleblowers who face retaliation for contacting enforcement agencies. It would also remove incentives for corporate insiders to inform regulators about wrongdoing and give lawbreaking financial firms a way to escape accountability for their actions.

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pany ordered a national withdrawal of every capsule. (This showed that no matter the cost to the company, customer safety was priority number one.) ● They were candid. J&J used both public relations and advertising to communicate their strategy, keeping customers informed and in the loop. ◗ They issued a national alert telling the public not to use the product. ◗ They set up a 1-800 phone line so people could call in with questions and concerns.

deaths from a local news reporter. A medical examiner had just given a press conference saying people were dying from poisoned Tylenol. Tylenol had to act fast.

What did Tylenol do right? ◗ ●

J&J put customer safety first. ◗ Company Chairman James Burke immediately formed a seven-member strategy team with the goal of determining how best to protect people, and then, how to save the product. Their first action was to alert consumers nationwide. ◗ They pulled all advertising and immediately stopped production of the product. ◗ After finding two more contaminated bottles, the com-

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They established a toll-free line for news outlets. This line also included taped daily updates. They held press conferences at corporate headquarters and set up a live television videofeed via satellite to New York. The chairman went on “60 Minutes” and the “Donahue” show to share the company’s strategy.

They offered answers. ◗ J&J presented an industry first triple-safety-seal packing that included a glued outer box, a plastic seal over the bottle’s neck, and a foil seal over the bottle’s mouth. Tylenol released the tamper-resistant packaging just six months after the crisis occurred.


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L’EMPIRE DU LIVRE

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La société Pearson, fondée en 1844, se distingue d’abord dans le domaine de la construction. Elle se taillera d’ailleurs une réputation mondiale dans ce secteur jusqu’au début du 20e, quand la compagnie rachète

plusieurs journaux en Grande-Bretagne. En 1957, elle rachète le Financial Times tout en prenant 50 % dans The Economist. Elle achète l’éditeur Longman en 1968 et Penguin en 1970. Aujourd’hui, Pearson est une entre-

prise comptant quelque 37 000 employés, avec un chiffre d’affaires de 1,3 milliard de livres sterling en 2010, qui opère dans divers secteurs, tous liés d’une manière ou d’une autre à l’éducation.

PROJET. Pearson, représentée ici par Euan Philipps et Sarah McLean, veut se frayer un chemin dans de nouveaux secteurs à Maurice

MANOJ NAWOOR

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Le glas ne sonne pas encore pour le livre Alors que le monde de l’édition est à la croisée des chemins, avec des bouleversements quasi perpétuels, Pearson, numéro un mondial, élabore de nouvelles stratégies pour se distinguer du lot. Sarah McLean, Africa Sales Manager, et Euan Philipps, Assistant Marketing Manager, nous parlent de ces nouvelles avenues et des attraits du marché mauricien pour le groupe britannique | RN A MAURICE dans le cadre du 6e Salon international du Livre organisé par les Editions Le Printemps, Sarah McLean nous en apprend un peu plus sur le rôle de Pearson. Alors que d’aucuns assimilent ce nom au seul domaine de l’édition, la Sales Manager pour la région Afrique nous éclaire sur les divers champs d’action de Pearson, à commencer par le domaine de

l’éducation. « Pearson est en fait le plus gros fournisseur mondial de solutions éducatives. Nous sommes dans le domaine de l’édition depuis de longues années, mais là n’est pas notre seul pôle d’activité », explique la Britannique. Ainsi, Pearson propose de la formation pour les enseignants, des systèmes d’évaluation, l’élaboration de cursus scolaires et aussi

des solutions d’eLearning (aussi appelé apprentissage en ligne). Les solutions Pearson, comme le soulignent les représentants de la firme, couvrent l’apprentissage du préprimaire au niveau professionnel. A Maurice, d’ailleurs, plusieurs de ces ouvrages sont utilisés par les étudiants dans diverses matières telle la comptabilité. Pearson, à travers sa

filiale Pearson Education, propose une solution en ligne, baptisée MyAccountingLab (www.myaccountinglab.com), qui se veut un outil complémentaire aux cours de comptabilité, à la fois pour les enseignants et pour les élèves. SOLUTIONS SUR ME SURE Les représentants ont profité de leur présence au Salon du

Livre pour présenter ce produit et se disent extrêmement heureux du retour qu’ils ont eu des différentes personnes qui y ont assisté. Pearson travaille avec les Editions Le Printemps depuis 40 ans déjà. La compagnie est surtout connue dans le pays à travers les éditions Longman, Heinemann, Dorling Kindersley, et gère aussi plusieurs insti-


LE RÉCIT D’UN « PEUPLE PERDU » Lancé samedi, dans le cadre du 6e Salon international du Livre, « L’an prochain à Diego Garcia… » est le cinquième ouvrage de Jean Claude de l’Estrac publié par les Editions Le Printemps. Présenté par son auteur comme le « récit d’un peuple perdu, de son exil », l’ouvrage a nécessité de longues

tutions connues mondialement comme Edexcel, institution chargée de la conduite d’examens tels le GCE et le GCSE. Les livres publiés par Pearson sont aussi disponibles dans d’autres librairies de Maurice comme les Editions de l’océan Indien. La compagnie, fondée en 1844, veut se frayer un chemin dans divers autres secteurs d’activités. Jusqu’ici, en effet, Pearson est essentiellement présente dans le domaine des manuels scolaires utilisés par l’éducation nationale à Maurice. Mais la compagnie veut investir dans d’autres secteurs, comme celui de la formation. Dans d’autres pays, à l’instar de la Chine, Pearson a investi dans des écoles du langage. « Notre but est de proposer des solutions sur mesure en fonction des besoins d’un marché. Et, notre constat à Maurice, c’est que Pearson peut faire bien plus que vendre certains de ses produits et fournir divers types de services liés à l’éducation et à la formation », déclare Sarah McLean. OPPORTUNITÉ À SAISIR Déjà, sans doute moins connus à Maurice, diverses solutions numériques signées Pearson sont disponibles, allant des tableaux numériques aux contenus sur support digital, en passant par ExamCafé, une suite d’outils d’aide à la révision. Les supports numériques sont vus par Pearson comme une opportunité bien plus qu’une menace. La compagnie s’est déjà embarquée dans un processus de mise à niveau technologique de ses produits. Une stratégie qui va de pair avec la vente des manuels scolaires. Comme le fait ressortir Sarah McLean, « plus nous vendons des livres, mieux nous pouvons proposer nos autres produits à ceux qui sont directement concernés par l’éducation ». Euan Philipps renchérit : « Le contenu est roi. Et aussi longtemps que nous pouvons fournir du contenu de qualité, peu importe le support privilégié, nous maintiendrons notre position sur le marché de l’édition ». Les solutions numériques sont d’ailleurs un élément clé des activités de Pearson. Même si Sarah McLean précise qu’à Maurice, comme en Afrique, d’ailleurs, le support papier est préféré aux solutions numériques. Cela dit, plus l’accès à la technologie sera rendue facile, plus les gens se tourneront vers les produits numériques. Pearson, explique Euan Philipps, ne

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recherches entreprises à Londres et aux Etats-Unis. Le lancement a eu lieu au Rajiv Gandhi Science Centre en présence de plusieurs personnalités, dont l’ancien président de la République, Cassam Uteem, et Pierre Livet, ancien président de l’Université de la Réunion.

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TENDANCE. Même si le livre électronique a déjà entamé sa percée, l’édition classique n’a pas dit son dernier mot

cherche en aucun cas à forcer les gens à adopter un support au détriment d’un autre. « Nous avons des produits qui correspondent aux besoins de chacun. Le client est donc libre de faire le choix qui lui convient le mieux. Nous avons la possibilité de lui offrir une large palette de produits, mais c’est lui seul qui décidera lequel il compte utiliser », dit-il. Pour illustrer leurs propos, les représentants de Pearson font références aux mémoires récemment publiés de Stephen Fry sur cinq supports différents, incluant une application pour l’iPhone. Cela montre bien, disent-ils, que Pearson est capable de répondre aux différents besoins de sa clientèle. FACILITÉ D’ACCÈS La vente de livres électroniques a, l’an dernier, supplanté celle des livres classiques en Grande-Bretagne. On nage effectivement en plein boom numérique et, de l’avis de Sarah McLean, tous les éditeurs, ainsi que les libraires, sont préparés afin de voir l’émergence du support numérique comme une opportunité à saisir. Cela dit, pour des marchés comme Maurice, l’eLearning connaîtra son essor si divers facteurs sont réunis. Si l’utilisation des nouvelles technologies dans les salles de classe a connu une avancée spectaculaire en 2005, la question de la facilité d’accès à ces outils technologies de-

Notre but est de proposer des solutions sur mesure en fonction des besoins d’un marché. Et, notre constat à Maurice, c’est que Pearson peut faire bien plus que vendre certains de ses produits et fournir divers types de services liés à l’éducation et à la formation UNE ACTIVITÉ QUI ENGLOBE MILLE AUTRES L’édition, explique Sarah McLean, est une activité qui englobe une multitude d’autres métiers. Pour Pearson, il s’agit par exemple de faire appel aux auteurs, maquettistes et correcteurs locaux, ce qui permet de proposer des produits mieux adaptés aux différents marchés. A Maurice, la société espère collaborer avec des compagnies et des auteurs locaux afin d’adapter ses produits au marché mauricien. Pearson pourra dès lors proposer des solutions taillées sur mesure, supports traditionnels et numériques compris. La compagnie, qui surfe sur l’engouement pour l’anglais, voit ses ventes de manuels scolaires augmenter dans le pays et elle compte travailler dur pour maintenir ses produits à un prix abordable pour la moyenne des Mauriciens.

meure. Si les coûts deviennent de moins en moins prohibitifs, sans compter d’autres facteurs, il ne fait pas de doute que tous adopteront les nouveaux supports. A titre d’exemple, souligne Euan Philipps, avec l’explosion de matériels de plus en plus portables (iPad, Kindle, Nook ou autres supports du même genre), les enseignants seront amenés à les adopter plus facilement, et bien entendu, les élèves ne se feront pas prier pour en faire autant. L’environnement familial est à ce titre très important selon les deux représentants de Pearson. Plus les gens auront des appareils comme l’iPad ou l’iPhone, plus ce sera normal pour les enfants de faire leur apprentissage en utilisant ces supports. Tous les acteurs concernés par l’enseignement et l’apprentissage devront ainsi s’adapter et évoluer en fonction de ces nouvelles donnes. Les imprimeries n’ont cependant pas de souci à se faire, estime Sarah McLean. « Le livre a encore de beaux jours devant lui. Surtout dans ces pays où la technologie n’a pas une forte pénétration. Dans ces marchés, les manuels scolaires ont encore la cote, de même que d’autres livres tels les romans », dit-elle. En tout cas, aussi longtemps que le matériel nécessaire au livre électronique ne sera pas à la portée de tous.

Pearson travaille avec les Editions Le Printemps depuis 40 ans déjà. La compagnie est surtout connue dans le pays à travers les éditions Longman, Heinemann, Dorling Kindersley, et gère aussi plusieurs institutions connues mondialement comme Edexcel, institution chargée de la conduite d’examens tels le GCE et le GCSE. Les livres publiés par Pearson sont aussi disponibles dans d’autres librairies de Maurice comme les Editions de l’océan Indien



MAURICE À LA VICE-PRÉSIDENCE DE LA WCO/ESA Maurice est vice-présidente de la World Customs Organisation (WCO) East & Southern Africa (ESA) Region, pour une période de deux ans. Le marteau symbolique a été remis à Sudhamo Lal, directeur général de la

Mauritius Revenue Authority (MRA), en présence du secrétaire général de l’organisation, Mikuriya Kunio, et de 70 autres participants de la région. Cette élection permettra à Maurice de siéger au sein du WCO Council.

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SYNDICATS

La PLHDWU contre toute action de grève A la veille de son quarantième anniversaire, la Port-Louis Harbour and Docks Workers Union veut reconquérir le port et retrouver la place qui était la sienne dans le paysage syndical. Car, depuis peu, un autre syndicat a commencé à faire parler de lui « IL FAUT rétablir les faits », clament les dirigeants de la PortLouis Harbour and Docks Workers Union (PLHDWU) qui rencontraient la presse la semaine dernière. Revendiquant plus de 1 200 adhérents 95,34% de travailleurs manuels et 86,16% de travailleurs employés dans la « bargaining unit » - la PLHDWU soutient avoir accueilli, ces derniers temps, de nombreux membres venus d’autres catégories, telles la Bag Sugar Storage Distribution (BSSD), les United Docks, la Mauritius Freeport Development (MFD) et la Seafarers Association. Alex Marie, président du syndicat, se réjouit également des demandes d’adhésion de l’Association des marins et pêcheurs et des travailleurs du secteur portuaire de Rodrigues. Prenant la parole lors de cette conférence de presse, Toolsiraj Benydhin, président de la Fédération des syndicats du service civil, à laquelle la PLHDWU est affiliée, s’en est pris aux syndicalistes qui, « même pas

INJUSTIFIABLE. Alex Marie est d’avis qu’il n’y a pas raison de faire grève

élus, pour satisfaire leurs ambitions personnelles, sont en train de semer la division pour hijack le syndicat ». Le syndicaliste a plaidé en faveur de l’unité des travailleurs : « Au lieu nou mett bann mur separation, nou bizin mett bann ponts pou unir travailleur. » Pour Toolsiraj Benydin, le « mushrooming » rend un mauvais service à la lutte des travailleurs,

car « ce n’est guère efficace, le patronat n’a pas de temps pour négocier avec chaque syndicat ». Il est d’avis qu’il faudrait « une législation plus sévère pour restreindre l’enregistrement d’un syndicat ». DIRECTION SUICIDAIRE Alex Marie, président de la PLHDWU, fustige les syndicalistes qui « engagent les travailleurs dans une direction suicidaire pour

un oui pour un non ». Ainsi, le syndicat ne compte nullement prendre part à des grèves, même si son histoire trouve son inspiration des premiers jours dans de nombreuses manifestations qui ont marqué les pages de l’histoire du syndicalisme mauricien. Car, soutient-il, « il n’y a, valeur du jour, aucun litige qui justifierait une telle orientation ». Ce qui fait dire à Rama Valaydon,

secrétaire général, que « c’est un fait aujourdhui, que les conditions de travail se sont tellement améliorées dans le port, qu’ils sont de plus en plus nombreux à chercher du travail dans la Cargo Handling Corporation Ltd qui est devenue presque l’égal de Mauritius Telecom ou d’Air Mauritius ». Précisant sa position par rapport à un partenaire stratégique dans le secteur portuaire, la PLHDWU dénonce également « le secteur privé qui n’est intéressé qu’à faire des bénéfices sans se soucier des conditions des travailleurs ». Rama Valaydon trouve que « si le secteur privé était vraiment efficace, il aurait dû reprendre la Development Workers Corporation (DWC), mais ils ne visent que les entreprises profitables ». La PLHDWU a décidé, également de consolider sa communication avec ses membres. A cet effet, une newsletter sortira sous presse dans les prochains jours, tandis que son website est en voie de création.

Experts étrangers pour une nouvelle stratégie de réforme LA RÉFORME de l’administration publique revient à l’ordre du jour. Une délégation de techniciens de la Banque mondiale et du Commonwealth Secretariat était à Maurice la semaine dernière pour définir la nouvelle stratégie dont le point focal devrait être la formation. Les experts étrangers ont eu plusieurs sessions de travail avec le management du ministère de la Fonction publique de même qu’avec le ministre de tutelle. La nouvelle stratégie de réforme de l’administration publique devrait être prête d’ici septembre prochain. Le ministre Ashit Gungah a proposé à la délégation et aux techniciens locaux de formuler une stratégie s’étalant sur une période de dix ans, comprenant des mesures à court terme et à long terme. Durant leur séjour, les techniciens des deux institutions internationales ont

procédé à une collecte d’informations sur les mission statements, les structures, les modes de fonctionnement des différents ministères et des agences publiques. Ils ont ainsi rencontré les secrétaires permanents et les responsables de départements des ministères pour un échange de points de vues et de propositions pour l’amélioration du service public dans le pays. La nouvelle stratégie comprendra, entre autres, la gestion des ressources humaines et la formation des fonctionnaires. Les discussions avec le ministre ont principalement porté sur la mise sur pied d’un Civil Service College. Le représentant du Commonwealth Secrétariat a affirmé être partant pour la concrétisation de ce projet. Il a toutefois souhaité à ce qu’il y ait un rapport de faisabilité sur la prochaine étape de DIX. C’est le nombre d’années sur lequel s’étalera la stratégie définie par les ce projet. experts étrangers


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L’ÉCOLE D’ADMINISTRATION PUBLIQUE CHERCHE UN DIRECTEUR

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Le ministère de la Fonction publique lancera sous peu un appel de candidatures pour le poste de directeur de l’École d’administration publique (Civil Service College). Le gouvernement,

selon nos informations, a opté pour un exercice d’appel d’offres national et international pour s’assurer qu’il y ait la meilleure compétence à la tête de cet établissement. Ashit Gungah, min-

istre de la Fonction publique, a déjà rencontré des représentants du Commonwealth Secretariat et de la Banque mondiale en vue d’avoir une aide financière pour ce projet.

ENTREPRISES

Go Life formalise son entrée en Bourse

C’est jeudi que la firme Go Life, qui s’est récemment installée à Maurice, a formalisé son introduction en bourse au cours d’une soirée à la Cybercité. Go Life, spécialiste de produits nutraceutiques (ou alicaments), veut, à travers cette démarche, augmenter sa visibilité internationale | RN MANOJ NAWOOR

GO LIFE, c’est avant tout une gamme de produits nutraceutiques, dont Carnigo, un produit qui permet de contrer les effets du diabète et toute une variété d’alicaments servant à diverses fins. Jeudi, l’accent a été mis sur l’introduction en bourse de Go Life International PCC, qui servira de base à la compagnie sud-africaine pour ses investissements en Asie et en Russie. PLAN D’EXPANSION Cette introduction en bourse, qui prend fin ce vendredi à la clôture du marché, fait partie de la stratégie de la compagnie sud-africaine dans son plan d’expansion internationale qui devrait voir une hausse de son chiffre d’affaires, avec des

100 USD. C’est ce que vous coûtera 1000 actions Go Life

prévisions de 13 millions USD en 2012, 24 millions USD en 2013 et 28 millions en 2014. La branche mauricienne devrait bénéficier de 45 % des profits ainsi engendrés. Jeudi, Ewan Seton, Executive Director de Go Life, a évoqué les raisons qui ont poussé sa compagnie à choisir Maurice comme marché d’opération et base d’expansion. Parmi figurent en bonne place la stabilité politique du pays et son climat propice aux affaires, avec les nombreuses mesures incitatives proposées par le gouvernement. Après son introduction en bourse, Go Life compte se concentrer sur la vente de ses produits, qui seront disponibles dans certaines grandes surfaces

Livres : le prix de la discorde L’OUVERTURE, JEUDI, du 6e Salon international du Livre, a été l’occasion pour les nombreux éditeurs ayant fait le déplacement de présenter divers titres de leurs catalogues. Ahmad Sulliman, le directeur des Editions Le Printemps, est d’avis que les libraires mauriciens font de leur mieux pour promouvoir une culture de la lecture dans le pays, mais que les Mauriciens ont trop tendance à se plaindre. Des propos que reprendra Sir Anerood Jugnauth, le président de la République, qui a procédé à l’ouverture de cette manifestation. ACCESSIBLES S’il est vrai que les livres de certaines maisons d’édition ont un prix relativement élevé, Ahmad Sulliman a déclaré que les libraires font de leur mieux pour négocier des prix accessibles à la moyenne des Mauriciens. Parmi les éditeurs présents à ce salon, plusieurs grands noms mondiaux, dont Pearson (voir pages 24-

CULTURE. Les initiatives visant à faire lire le Mauricien ne sont pas toujours efficaces

25), Gallimard, Hachette et bien d’autres. Plusieurs d’entre eux ont affirmé leur engagement de proposer leurs ouvrages à prix « mauricien ». Le 6e Salon international du Livre a pris fin dimanche avec une journée d’activités culturelles. Deux

ouvrages ont été lancés durant cette manifestation, un roman de Chintamanee Chummun et un ouvrage de Jean-Claude de l’Estrac sur Diego Garcia, un travail de recherche qui révèle bien des choses sur l’excision de cet archipel du territoire mauricien.

et éventuellement dans les pharmacies. La stratégie comprend aussi la mise sur pied d’une unité de production, bien que la direction de Go Life n’ait pas encore arrêté de date pour ce projet-ci. A noter que les transactions sur les titres Go Life débuteront à partir du 10 juin prochain, selon les documents émis par le Listing Executive Committee de la Stock Exchange of Mauritius. 200 millions d’actions de Go Life sont disponibles. Le public peut se les procurer, à raison de 1 000 actions pour un montant de 100 USD. C’est la société Bramer Asset Management qui a été chargée de gérer ce portefeuille d’actions.

Assurances : Jubilee entre en scène L’UN DES plus grands groupes d’assurances de l’Afrique orientale, Jubilee s’installe à Maurice avec la création de Jubilee Insurance (Mauritius) Ltd. La compagnie, qui existe depuis 1937, a des actifs totalisant 385 millions USD. Jubilee Insurance (Mauritius) Ltd sera placée sous la direction d’Azim Dawood, qui a auparavant Azim Dawood été Head of Life Insurance Business de Jubilee Kenya, où se trouve la maison mère de la compagnie. Jubilee Insurance détient 80 % de parts dans la filiale mauricienne. La compagnie a débuté comme un fournisseur de services financiers dans la ville portuaire de Mombasa. Au fil des années, la compagnie connaîtra une expansion importante, avec des branches en Afrique de l’Est, avant de se tourner vers la région, jusqu’en Inde et au Pakistan. Jubilee Insurance est cotée sur le marché boursier kenyan depuis 1973.


LE POULAIN DE OUATTARA GOUVERNE LA BCEAO Lors de la Conférence des Chefs d’Etat de l’Union économique et monétaire ouest africaine, tenue le 30 mai, à Lomé Kone, Tiémoko Meyliet a été conduit au poste de Gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). La candidature de Kone Meyliet était soutenue par le

président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara. Le président ivoirien connaît bien l’intéressé pour l’avoir eu comme collaborateur à la BCEAO et comme conseiller spécial chargé des questions économiques et monétaires.

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PLEIN RÉGIME MERCREDI 1er JUIN 2011

NIGERIA

GOODLUCK JONATHAN, L’AFRIQUE COMPTE SUR TOI LE NIGERIA possède de nombreuses ressources naturelles sous-exploitées comme le gaz, le charbon, l'or ou encore la bauxite, dont on extrait l'aluminium. Son secteur agricole, qui emploie environ 60 % de la population active, a un gros potentiel, les terres agricoles étant encore sous-utilisées. L'industrie, notamment manufacturière, produit cuirs et textiles, l'automobile est présente, mais aussi l'agroalimentaire. Son secteur des télécommunications a l'une des progressions les plus rapides au monde, avec de gros opérateurs locaux comme MTN, Etisalat ou encore Globacom. Enfin, le secteur financier est très développé et a su résister aux contrecoups de la crise financière mondiale.

VIOLENCE Alors que les importantes réserves de pétrole sont situées dans le Nord au delta du Niger, le Sud abrite Lagos, la capitale commerciale du pays. Mais l'économie nigériane est frappée par un ensemble de maux, y compris la violence et la rébellion, que certains experts et historiens considèrent comme le produit d'une économie de rente trop dépendante de ses richesses minières. La violence au Nigeria est nourrie par le chômage et la pauvreté Selon les experts et autres bailleurs de fonds, la situation au Nigeria est dune principalement au fait que le pétrole a pris une dimension stratégique décisive dans le paysage économique et fournit 95 % des recettes de changes extérieures et environ 80 % des recettes budgétaires. Malgré une croissance économique rapide et un développement visible dans certains Etats du pays et des recettes pétrolières considérables – presque 74 milliards de dollars en 2008 – 92 % des Nigérians vivent avec moins de 2 dollars par jour et 70 % avec moins d'un dollar. Dans certaines ré-

Deuxième économie du continent derrière l'Afrique du Sud, cinquième producteur de l'OPEP, avec 2,2 à 2,4 millions de barils de brut extraits chaque jour, le Nigeria est l'un des géants d'Afrique. Son pétrole, le sweet crude, de très haute qualité, est très recherché pour la production de carburant | RAJEN VALAYDEN

CRÉDIBILITÉ

PRÉCARITÉ. Malgré les ressources naturelles du Nigeria, ses habitants sont touchés par la pauvreté

gions, l'Etat n'offre ni eau, ni électricité, ni éducation. Le chômage, surtout parmi les jeunes, était répandu à 19,7 % en octobre 2010. Mais il faut reconnaître que sur les quinze dernières années, le Nigeria a fait des progrès significatifs dans certains secteurs économiques, notamment les banques, les télécommunications et l'industrie aérienne. Cependant, les deux secteurs pour lesquels il y a une énorme perspective et qui peuvent booster la croissance de l'emploi, à savoir l'agriculture et l'industrie, sont affaiblis par les déficiences des infrastructures, surtout l'énergie et les transports. INFRASTRUCTURES Bien que le PIB a progressé fortement en 2007-2010 à cause des prix élevés du pétrole en 2010, les infrastructures sont le principal obstacle à la crois-

Mais il faut reconnaître que sur les quinze dernières années, le Nigeria a fait des progrès significatifs dans certains secteurs économiques, notamment les banques, les télécommunications et l'industrie aérienne. Cependant, les deux secteurs pour lesquels il y a une énorme perspective et qui peuvent booster la croissance de l'emploi, à savoir l'agriculture et l'industrie, sont affaiblis par les déficiences des infrastructures, surtout l'énergie et les transports

sance. Le nouveau gouvernment de Goodluck Jonathan mise sur l'énergie qui inclut des privatisations des installations énergétiques détenues par l'Etat et travaille aussi à développer des partenariats public-privé plus forts pour la construction de routes. Selon une étude de l'Institut français des relations internationales (IFRI), « de considérables sommes d'argent issues du pétrole entrent dans les coffres de l'Etat pour en sortir rapidement, sans améliorer le niveau de vie de la population ». La pauvreté frappe notamment la région du Delta, qui est un désastre économique et écologique alors qu'elle produit, chaque année, l'équivalent des besoins énergétiques des Etats-Unis. L'espérance de vie parmi la population est inférieure à 45 ans avec un enfant sur dix qui meurt avant sa cinquième année.

Le discours d’investiture prononcé par le chef de l'Etat nigérian Goodluck Jonathan, élu à l'issue de la présidentielle du 16 avril dernier et qui a prêté serment le 29 mai à Abuja, représente un semblant d’espoir pour le peuple nigérian. Goodluck Jonathan affirme que « le temps des lamentations est derrière nous. Cette ère est celle de la transformation, celle de l'action ». Le président Jonathan promet également « un leadership transformateur » dans tous les secteurs-clé de l'économie par l'exploitation de la force de son peuple en citant l'éducation, l'énergie et la création d'emplois comme ses priorités. Le président Jonathan, qui a terminé le mandat de son prédécesseur, Umaru YarAdua, décédé l'année dernière, entame désormais son propre mandat de quatre ans, suite à son élection, avec 59 pourcent des voix, lors d'un scrutin qualifié par les observateurs nationaux et internationaux de « crédible ». Une vingtaine de chefs d'Etat africains étaient présents à la cérémonie d'investiture de Goodluck Jonathan, de même que le président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping, et plusieurs autres représentants d'organisations internationales et de gouvernements étrangers. Une pléiade de personnalités qui démontre l’importance stratégique du Nigeria dans le décollage de l’économie africaine.


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RECORD CONFIRMÉ

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C’est une excavatrice conçue par la firme allemande Krupp qui détient le record du plus grand véhicule au monde. Bagger 288 de son nom, cette excavatrice n’a jusqu’ici pas trouvé de concurrent à sa mesure, bien que le premier modèle date de 1978. Avec ses 240 mètres de long pour 96 de

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FAST LANE MERCREDI 1er JUIN 2011

haut, la Bagger – qui signifie excavatrice en allemand – pèse 13 500 tonnes. L’excavatrice est capable de déblayer jusqu’à 240 000 tonnes par jour. Des mensurations et une capacité qui lui vaudront une place largement méritée dans le Livre Guinness des Records.

INSOLITE

A NE PAS METTRE ENTRE TOUTES LES MAINS

Dans le monde de l’automobile, si certains sont férus de vitesse, d’autres ne jurent que par la taille. Ces amoureux du gros et du lourd ont de quoi se mettre sous la dent. A condition, bien entendu, d’avoir le physique qu’il faut pour manier ces engins | RN QUAND ON pense aux gros véhicules sur roues, la première image est généralement celle des poids lourds affectés à l’exploitation de carrières de pierre dont les pneus font, en hauteur, l’équivalent d’une maison à étage. Conçus par la firme Terex Corporation, ces véhicules sont essentiellement utilisés dans les mines et les carrières, vu leur capacité à transporter jusqu’à 320 tonnes de matériaux. Dans cette lignée, le ‘Titan’, ancêtre de ces mastodontes de fer, est encore un argument de taille pour Terex, entreprise qui opère sous la coupole de General Motors. Mais, soyons plus modestes et intéressons-nous à des véhicules de taille moins impressionnante, quoique… Ford a assis sa réputation dans la conception des pick-up, ces véhicules à mi-chemin entre la voiture et la fourgonnette. Le constructeur américain a à son catalogue, depuis la fin des années 1990, une gamme de pick-up ‘heavy duty’. Rien que cette appellation nous met sur la voie. Ces véhicules, le premier du genre étant le F-250 Super Duty, sont pour l’essentiel des utilitaires, mais certains, aux Etats-Unis surtout, les utilisent comme voiture principale. Ce qui doit donner des sueurs froides aux autres automobilistes appelés à côtoyer ces monstres de fer au détour d’une route de campagne bordée de platanes. GROS CONSOMMATEURS Si ces pick-up n’ont pas été commercialisés en dehors des States – à Maurice, on imagine mal un véhicule pareil circulant dans les ruelles de Port-Louis sans causer des perturbations à la circulation – il n’en demeure pas moins que leur succès a poussé le constructeur à faire évoluer son catalogue, avec plusieurs séries reprenant le même concept, jusqu’à aboutir au F-650 (voir photo), impressionnant autant par la taille que par un look agressif, sorti en 2000. Cette ligne existe encore de nos jours au catalogue de Ford, malgré moult révisions, au niveau de la motorisation surtout. Le hic avec ces pick-up, toutefois, est leur consommation en carburant. Il s’agit des véhicules les moins économiques disponibles sur le marché. Dans la catégorie des plus longues, c’est l’Allemand Mercedes-Benz qui surclasse tous les constructeurs, avec la série 600 sortie en 1964. Avec une longueur de 6,2 mètres, la 600 Pullman demeure

VEDETTE. La Bugatti Veyron est sans conteste la voiture qui aura su placer la barre haut dans plusieurs catégories

nent, la technologie a évolué à tel point qu’elle permet aussi des records dans l’autre sens, cela sans sacrifier au confort des occupants. Ainsi se présente, entre autres, la Lotus Elise. Voiture de sport de deux places, celle-ci est actuellement la voiture la plus basse au monde, avec une hauteur dépassant à peine le mètre.

MASTODONTE. La gamme ‘Super Duty’ de Ford, des véhicules aux mensurations impressionnantes taillés pour la route

aujourd’hui encore la plus longue voiture de luxe jamais conçue. Ce véhicules, à l’époque de sa sortie, rivalisait facilement avec les autres berlines de luxe telles Rolls-Royce, Cadillac ou encore Bentley. De nos jours, c’est la Maybach 62 qui détient le record de voiture la plus longue, avec 6,1 mètres. Marque la plus haut de gamme du groupe Daimler AG devant MercedesBenz, la Maybach présente des véhicules raffinés, construits pour durer et pour séduire une clientèle riche, mais qui aime aussi afficher de manière ostentatoire son fort pouvoir d’achat…

Cette tournée des records insolites du monde automobile nous conduit au Japon, chez le No. 1 mondial Toyota qui, depuis 2002, propose l’Alphard, aussi appelé Vellfire, un monospace qui présente une hauteur de presque deux mètres. Si l’Alphard a été conçu initialement pour le marché nippon, il connaît aussi sa gloire dans l’Asie du Sud-Est, de même que sur le continent, en Inde et en Chine, notamment. Le véhicule séduit surtout les familles nombreuses, avec un habitacle pouvant accueillir jusqu’à huit occupants, chauffeur compris. Mais, autant les grands impression-

VOITURE LA PLUS CHÈRE Et dans la catégorie de la plus courte, difficile de faire mieux que la Smart Fortwo qui, comme son nom l’indique, ne peut accueillir qu’un passager, en dehors du conducteur. Cette petite voiture de fabrication allemande, qui ne mesure que 2,7 mètres de long, a rencontré un grand succès en Europe, vu sa capacité à se faufiler dans la circulation, n’en déplaise aux valeureux gendarmes qui veillent au grain, mais surtout en raison de la possibilité de la garer dans des espaces autrement trop exigus pour une voiture. Nous terminons ce tour de piste des records insolites avec la Bugatti Veyron qui, en sus d’être la voiture la plus rapide, s’octroie le titre de voiture la plus large, avec une largeur de presque 2 mètres. La Veyron l’emporte aussi dans la catégorie des voitures les plus chères, avec un prix avoisinant les Rs 40 millions. Mais, ses heureux propriétaires, comme un certain Monsieur Tom Cruise, sauront vous dire pourquoi ils ont porté leur choix sur ce véhicule capable d’atteindre 408 km/h !


RUSSIE : PLUS D’EMBARGO SUR LES CÉRÉALES EN JUILLET La Russie va lever le 1er juillet son embargo sur les exportations de céréales décrété en août 2010 en raison d'une sécheresse sans précédent qui avait décimé les récoltes, a déclaré, samedi, le Premier ministre

Vladimir Poutine. Celles-ci étaient descendues à environ 60 millions de tonnes contre les 95 millions de tonnes prévues. L'embargo devait initialement expirer fin décembre, mais il a ensuite été prolongé

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GLOBE

SOURCE : INTERNET

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Le gouvernement d'Angela Merkel a confirmé qu'il renonçait à l'énergie atomique en se donnant 11 ans pour arrêter ses centrales nucléaires. Soit 12 de moins que la Suisse qui a annoncé la semaine dernière vouloir réaliser cet objectif d'ici 2034

ABANDON DU NUCLÉAIRE D’ICI 2022

MERKEL L'AVAIT promis peu de temps après la catastrophe de Fukushima, l'Allemagne fermera ses derniers réacteurs nucléaires en 2022, devenant ainsi la première puissance industrielle à renoncer à l'énergie atomique, a annoncé lundi le ministre de l'Environnement. La décision intervient moins d'une semaine après que la Suisse a elle-même programmé sa sortie du nucléaire d'ici 2034. La grande majorité des 17 réacteurs allemands ne sera plus en service d'ici fin 2021, et les trois derniers, les plus récents, fonctionneront jusqu'à fin 2022 au plus tard, a détaillé le ministre, Norbert Röttgen, qui a qualifié cette décision d' « irréversible », au sortir de négociations au sein de la coalition gouvernementale de la chancelière Angela Merkel. L'Allemagne compte 17 réacteurs nucléaires sur son territoire, dont huit ne sont actuellement plus connectés au réseau de production d'électricité. Ces huit sites ne seront plus réactivés, a précisé le ministre. COMPÉTITIVITÉ INDUSTRIELLE L'Allemagne devra trouver d'ici fin 2022 comment couvrir 22% de ses besoins en électricité actuellement couverts par ses centrales atomiques. Un arrêt définitif des 17 réacteurs nucléaires allemands aux alentours de 2022 est pratiquement un retour au calendrier fixé au début des années 2000 par une coalition sociaux-démocrates/Verts. La chancelière allemande avait pourtant fait voter fin 2010 un prolongement de 12 ans en moyenne de la durée légale d'exploitation des

LA GRÈCE lancera dans les « toutes prochaines semaines » le vaste programme de privatisations que l'UE et le FMI la pressent de mettre en œuvre, a indiqué samedi le Premier ministre grec, Georges Papandréou, après un entretien avec son homologue canadien, Stephen Harper. « Ma détermination est de continuer » la mise en œuvre du programme de sortie de crise. « Cela apportera la preuve à tous les catastrophistes que la Grèce et l'Europe peuvent s'en sortir, et s'en sortiront », a insisté Georges Papandréou, alors que l'ampleur de la dette grecque alimente les spéculations sur une restructuration à haut risque pour la zone euro. « J'ai toute confiance que nos partenaires grecs et européens peuvent régler, au bénéfice de l'économie mondiale » la crise actuelle, a pour sa part souligné Stephen Harper. Entamant à l'issue de sa participation au G8 en France une visite de deux jours en Grèce, centrée sur les échanges économiques, le

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jusqu'à l'été 2011. Une situation qui a favorisé la flambée des cours du blé, dont la Russie est l'un des premiers exportateurs mondiaux.

réacteurs du pays, contre sa propre opinion publique, provoquant ainsi une flambée du sentiment anti-nucléaire en Allemagne. qui s'est traduit par des vagues de manifestations massives, dont la dernière en date, samedi, a rassemblé 160 000 personnes dans 20 villes du pays. Mais confrontée à la catastrophe de Fukushima en mars, Mme Merkel avait immédiatement arrêté les centrales les plus vieilles et lancé une réflexion sur l'abandon du nucléaire civil, qui doit aboutir à une décision formelle lors du conseil des ministres du 6 juin. Le 23 mars, la chancelière avait même déclaré « plus tôt on sortira de l'énergie atomique, mieux ce sera ». La taxe sur le combustible nucléaire, créée au 1er janvier 2011, que la plupart des chrétiens-démocrates voulaient supprimer pour faciliter les investissements des groupes énergétiques dans les nouvelles technologies vertes, est maintenue. Son produit ne sera pas aussi élevé que prévu, du fait de l'arrêt de huit réacteurs, mais devrait encore s'élever à quelque 1,3 milliard d'euros par an (et non plus 2,3 milliards d'euros). Du côté des industriels, le patron de Daimler, Dieter Zetschke, a évoqué « des risques pour la compétitivité industrielle de l'Allemagne », si les coûts de l'électricité devaient s'envoler ou la sécurité d'approvisionnement être menacée. Les actions des groupes EON et RWE, les deux premiers groupes énergétiques du pays, ont ouvert lundi en baisse de près de 2 % à la Bourse de Francfort. SOURCE : INTERNET

DETTE GRECQUE

Athènes tente de rassurer Bruxelles Le Premier ministre grec assure qu'il lancera les privatisations exigées par l'UE et le FMI dans les « toutes prochaines semaines » dirigeant canadien a mis en avant le rôle de la diaspora grecque au Canada, forte de quelque 250 000 personnes, pour resserrer les liens. Athènes négocie le déblocage crucial, prévu en juin, de la cinquième tranche de 12 milliards d'euros du prêt de 110 milliards consenti en mai 2010 par la zone euro et le Fonds monétaire international pour la sauver de la banqueroute. « ENTENTE NATIONALE » Lui reprochant des retards dans les privatisations et des économies insuffisantes, ses bailleurs de fonds ont accentué la pression pour la mise en œuvre d'un nouveau plan combinant cessions en rafales et

Georges Papandréou

nouvelles mesures d'austérité, jusqu'à agiter ces derniers jours la menace d'un gel de la perfusion financière. « Nous croyons que nous prendrons la cinquième tranche, mais à condition que le gouvernement fasse ce qu'il a à

faire », a toutefois rassuré, samedi sur la télé grecque Méga, le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou. Georges Papandréou, qui a échoué vendredi à arracher un consensus a minima sur son nouveau plan de la part de son opposition de droite et de gauche, a réitéré qu'il poursuivrait ses efforts pour tenter d'obtenir une « entente nationale ». Son rival de droite, Antonis Samaras, avait invoqué, pour refuser de l'épauler, les hausses d'impôt prévues, qui menacent, selon lui, « d'asphyxier » une économie en pleine récession. Réclamé par les créanciers du pays pour obtenir des garanties sur la poursuite du programme

de redressement des finances indépendamment du vainqueur des prochaines élections, prévues en 2013, ce consensus donnerait « une voix forte à la Grèce pour négocier et retrouver sa crédibilité », a insisté Georges Papandréou. Stephen Harper a toutefois relevé, invoquant sa propre expérience, qu'il était « normal que l'opposition ne veuille pas coopérer avec le gouvernement ». Le commissaire européen aux Affaires économiques OlliRehn avait, pour sa part, déploré vendredi le blocage politique grec, avertissant Athènes que le « temps presse » pour mettre en route sa nouvelle batterie de mesures. SOURCE : INTERNET



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