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LE MAGAZINE DE LA PREMIÈRE JOURNÉE DU DIGITAL

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Suisse

21 NOVEMBRE 2017

4.0 La numérisation modifie la vie de chacun d’entre nous. La Suisse fait face à la quatrième révolution industrielle. Notre pays est-il équipé pour affronter l’avenir?

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ACCÉLÉRER LE COURS DU TEMPS. LA BMW i VISION DYNAMICS.


Editorial

V

ous tenez entre les mains un magazine qui parle de numérisation sous ses aspects les plus divers. Selon Wikipédia, la notion de numérisa­ tion décrit «de manière générale, la modification de processus, d’objets ou d’événements, qui in­ tervient du fait de l’usage croissant d’instruments numériques. Au sens large (et désormais courant), la notion représente globalement la transformation en processus numériques à l’aide des techno­ logies de l’information et de la communication.» A bien des égards, la place éco­ nomique suisse figure aujourd’hui aux premiers rangs mondiaux. Diverses études établissent que notre pays occupe la tête en ma­ tière d’innovation, d’entrepre­ neuriat et de compétitivité. Donc, le pays se porte bien. Et nous, les citoyennes et citoyens, nous en bénéficions dans ce pays. Nous risquons toutefois de perdre cette première position si nous ne réussissons pas à figurer parmi les meilleurs du monde en matière de numérisation. Au­ jourd’hui, nous n’y figurons pas. Trois exemples tirés d’une étude récente de l’IMD à Lau­ sanne: en comparaison internatio­ nale, nous avons de manière géné­

rale nettement moins de femmes diplômées des hautes écoles. Ensuite, il est toujours beaucoup trop compliqué de fonder une entreprise en Suisse. Et troisième­ ment, nous ne sommes pas bons en matière d’e-participation, autre­ ment dit de mise en œuvre de services en ligne en vue d’une communication simplifiée entre le citoyen et les autorités. C’est pour cette raison qu’a été lancée il y a bientôt trois ans l’initiative Digitalswitzerland. Désormais, 80 des plus grandes entreprises et des plus impor­ tantes institutions de Suisse en sont membres. Il va de soi que Digitalswitzer­ land ne constitue pas le seul effort dans ce domaine. Mais l’union des forces entre, d’une part, les grandes entreprises et, de l’autre, des insti­ tutions telles que l’EPFZ, l’EPFL, l’Université de Zurich et l’associa­ tion économique faîtière econo­ miesuisse est unique en son genre. Tous ensemble, par-delà nos activités, nous travaillons dur à devenir meilleurs dans des do­ maines tels que la recherche et la formation, les infrastructures et les données, la réglementation, la cybersécurité, les écosystèmes numériques, l’information de la société et son acceptation.

Photo: Gian Marco Castelberg

Chère lectrice, Cher lecteur

La Journée suisse du digital aura lieu mardi prochain, la première de son genre en Europe. Avec la présidente de la Con­ fédération, Doris Leuthard, les conseillers fédéraux Johann Schneider-Ammann et Alain Berset, ce sont trois membres du gouvernement qui – nous les en remercions – s’engagent pour cette journée unique. Depuis toujours, la Suisse est une «Willensnation», une nation née de la volonté de ses citoyens. Ceteris paribus, faire de la Suisse un site européen leader de la numérisation est un effort de volonté de toutes et tous. Dans ces pages, vous trouverez des exemples passionnants, par­ fois spectaculaires, de personnes et d’entreprises qui ont déjà fourni cet effort de volonté. Et bien sûr, vous trouverez en page 54 le pro­ gramme de la Journée suisse du digital du 21 novembre, à laquelle Digitalswitzerland vous invite cordialement. www.journeedudigital.swiss

Marc Walder Initiateur Digitalswitzerland CEO Ringier AG

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Plus de courage! C’est ce que Doris Leuthard demande à la Suisse.

  Impressum Ce magazine spécial de la Journée suisse du digital paraît comme supplément du «Temps», du «SonntagsBlick», de la «Schweizer Illustrierte», de la «Handels­ Zeitung» et d’«il caffè». Editeur et rédaction: Ringier AG, Brühlstrasse 5, 4800 Zofingue Rédaction en chef: Fabian Zürcher (Brand Studio) Production: Alice Massen (Brand Studio) Conception: Claude Sturzenegger, Zuni Halpern, Dominique Signer Rédaction images: Christof Kalt Publicité: Admeira AG Responsable des partenariats contenu et marketing: Thomas Passen Directeur exécutif de la publication: Beniamino Esposito Impression: Swissprinters AG, 4800 Zofingue Indication des participations importantes selon l’article 322, al. 2 CPS: cash zweiplus ag, DeinDeal AG, Energy Schweiz Holding AG, Energy Bern AG, Energy Zürich AG, Geschenkidee.ch GmbH, Infront Ringier Sports & Entertainment Switzerland AG, JobCloud AG, JRP Ringier Kunstverlag AG, MSF Moon and Stars Festivals SA, Ringier Africa AG, Ringier Axel Springer Media AG, Ringier Digital AG, Ringier Digital Ventures AG, SMD Schweizer Mediendatenbank AG, The Classical Company AG, Ticketcorner Holding AG, Ringier France SA (France), Geschenkidee D&A GmbH (Allemagne), Ringier (Pays-Bas) B.V. (Hollande), Ringier Pacific Limited (Hong Kong), Ringier China (Chine), Ringier Vietnam Company Limited (Vietnam), IM Ringier Co., Ltd. (Birmanie)

Titre: Getty Images; Montage Brand Studio; Foto: Gian Marco Castelberg/13 Photo, F. Scott Schafer/Contour by Getty Images, Thibault Camus/AP/Keystone, ABB, Microsoft, Shutterstock

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80 Plus de Suisse Comment les entreprises d’ici changent le monde.

Sommaire page 18

page 36

Folie plus que génie

Hédonisme en ligne

Pourquoi dans la Silicon Valley les fondus de la tech se pètent au LSD et au sang juvénile.

Comment les médias sociaux agissent sur nos vies et entraînent parfois le surmenage.

page 20 Demain, l’électromobilité Peter Schwarzenbauer, du directoire de BMW, évoque les avantages et les risques de l’électromobilité et affirme ne pas croire à la mort du moteur à combustion.

page 28 Le robot à l’étable Le paysan Marc Binder fait traire ses vaches par un robot. Et se rapproche ainsi des cycles naturels.

page 40 La vallée où poussent les bitcoins A Zoug, la Crypto Valley devient un acteur majeur dans le paysage international des blockchains.


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Plus d’amour? Caroline Fux, l’experte en relations amoureuses dit tout des rendezvous en ligne.

Plus de sagacité Quand l’intelligence artificielle nous surpassera-t-elle?

32 Plus d’humanité Les effets de la numérisation sur le monde du travail.

page 44 Il ne traîne pas à la cafétéria

YuMi, le robot à deux bras d’ABB, exécute sans peine les travaux de bureau ennuyeux. Mais il sait aussi diriger un opéra de Verdi, avec sensibilité.

page 53 Made in Switzerland

Comment l’initiative Digitalswitzerland s’est développée en un mouvement embrassant tout le pays.

page 54 L’avenir, c’est le 21.11. Tout ce qui vous attend pendant la première Journée suisse du digital. Tout le programme sur www.journeedudigital.swiss

page 62

56 Plus de pouvoir Les objectifs de Facebook, Google & Cie

page 88

Le médecin à quatre bras

En sécurité sur la Toile

A l’Hôpital du Triemli, à Zurich, c’est le robot Da Vinci qui règne en salle d’op. Le vrai chirurgien, lui, est assis à 2 mètres du patient.

Comment protéger vos données malgré les failles du sytème.

page 70 Quand le facteur ne sonne plus Les solutions numériques proposées par La Poste aujourd’hui et comment elles allègent notre quotidien.

page 92 Réfléchir, ça aide! Le philosophe Ludwig Hasler décrit les effets de la numérisation sur l’homme et la société.

page 100 Lexique

KI, VR, LTE, NFC: les notions numériques essentielles en un coup d’œil.

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«En Suisse, nous devrions être plus ouverts à la nouveauté» Propos recueillis par Sermin Faki et Fabian Zürcher

Selon Doris Leuthard, la présidente de la Confédération, la Suisse est bien positionnée pour faire face à la révolution technologique. Mais elle doit tout de même se montrer plus audacieuse tout en montrant ses inquiétudes. Madame la conseillère fédérale, nous réalisons cette interview par écrit. Ce n’est plus vraiment la mode. Pourquoi pas par Skype ou Facetime? Cela tient à mon agenda chargé de présidente de la Confédération. Une interview par Skype ou Facetime exigerait quand même que nous fixions un rendez-vous.

C’est quoi, au fond, cette numérisation pour vous? Autrefois, les gens achetaient leur journal au kiosque de la gare, aujourd’hui, ils le lisent sur une appli de leur smartphone ou de leur tablette. Nous utilisons des technologies numériques pour remplacer des produits physiques par des produits électroniques et générer de nouveaux processus. Que ce soit à la Confédération – par exemple pour éviter aux citoyens de devoir se rendre au guichet pour obtenir une attestation – ou dans l’industrie – par exemple pour des imprimantes 3D permettant d’usiner des pièces d’avion en beaucoup moins de temps – ou encore dans les services – qui peuvent souvent, désormais, être à disposition du client 24h/24. En deux mots, la numérisation modifie de fond en comble notre façon de vivre, d’apprendre et de travailler. C’est pourquoi le Conseil fédéral a développé

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Regard d’avenir: la conseillère fédérale Doris Leuthard avec des lunettes RV à l’Olma 2017.

une stratégie à ce propos et convié la société, l’économie, la science, la recherche et le politique à s’impliquer dans le débat par des suggestions, des questions et des projets, ou d’exprimer leurs inquiétudes. Nous devons aborder ouvertement les risques et les opportunités. Tout changement fait des gagnants et des perdants. Nous devons donc travailler ensemble.

A propos d’opportunités, comment la Suisse est-elle préparée à la 4e révolution industrielle? Voilà des années que la Suisse figure en tête des rankings internationaux de la compétitivité et de la capacité d’innovation. Nous avons des entreprises remarquables.

Avec nos EPF et nos universités, nous jouons également en ligue A. Avec notre système de formation professionnelle, nous disposons d’un instrument très performant pour préparer les jeunes gens au monde de l’économie et les intégrer au marché du travail. Il s’agit donc prioritairement d’identifier les possibilités du progrès technique, de former et perfectionner les gens, de remettre en question à temps les modèles d’affaires et de les repenser. En Suisse, nous devrions nous montrer un peu plus courageux et ouverts face à la nouveauté, notamment en ce qui concerne l’utilisation des données. En la matière, les Américains sont plus audacieux et gagnent beaucoup d’argent, quand bien même leurs réseaux de télécoms sont moins bons. En plus, le fédéralisme est parfois un obstacle. Il n’y a pas besoin d’une solution IT propre à chaque commune ou chaque canton, ni pour chaque office de la Confédération. Nous devons développer davantage de plateformes communes.

Question personnelle: à quelle heure avez-vous votre premier contact avec l’univers numérique? A quelle heure le dernier? Le matin à 6h je lis les nouvelles sur mon


la ministre de l’Energie, y compris sur le plan privé? Pour moi, la maison intelligente représente la qualité de l’habitat, la qualité de vie, la sécurité et l’utilisation efficace de l’énergie. Ce sont des perspectives séduisantes, tant pour l’individu que du point de vue éco­nomique. Dans leur environnement domestique, les personnes âgées peuvent bénéficier abondamment des appareils connectés et des processus automatisés, parce qu’ils leur permettent de vivre plus longuement de manière autonome. D’un point de vue énergétique, il n’y a aucun sens à chauffer à fond une maison toute la journée quand ses habitants travaillent à l’extérieur. Un lave-vaisselle peut tourner la nuit, de manière à lisser les pics de consommation de courant. L’efficacité énergétique est essentielle dans notre Stratégie énergétique 2050. Je m’y implique aussi en privé.

Photos: Marc Wetli, Gian Ehrenzeller/Keystone

L’Internet des objets est sur toutes les lèvres. Que contiendrait en tout cas votre frigo?

«Un robot repasseur serait pratique» selon Doris Leuthard.

smartphone – pour les analyses plus approfondies, je lis les journaux mais toujours de préférence sur papier. S’il me reste du temps le soir, je laisse parfois tomber le téléphone et préfère regarder la TV, mais souvent en différé, donc pas de façon linéaire.

La numérisation, c’est aussi la robotique. Quelles activités délégueriez-vous volontiers à une machine? En matière de robotique, la Suisse a de l’avance – pour le bénéfice de nous tous. Il est bien moins dangereux et plus sensé de charger des robots de désactiver des mines. Un robot de repassage et de vaisselle serait également pratique. Mais

au jour le jour, le débat ne se déroule pas en termes de «ou bien-ou bien». Il vaut mieux se demander où et comment des robots peuvent nous assister au mieux, afin que nous puissions nous concentrer sur ce qui est créatif et sur les activités où la réflexion indépendante, le bon sens et les contacts sont essentiels – par exemple dans les soins aux malades et aux personnes âgées ou dans la formation.

Vous avez réduit la taille de votre chauffeeau. Ce n’est pas encore le nec plus ultra en matière d’économie d’énergie. Les maisons intelligentes (smart houses) en font bien plus: est-ce que cela intéresse

Du fromage, de la viande séchée, des yoghourts et du Prosecco.

Parlons d’intelligence artificielle: quand aurons-nous la première présidente de la Confédération numérique? Jamais, Dieu merci! Afin que l’intelligence artificielle fonctionne et que les robots puissent réagir à la manière des humains, ils doivent être entraînés sans relâche. Mais même ainsi, il devrait être difficile de réagir à l’imprévu. Or, c’est ce que vous devez faire sans cesse en tant que présidente de la Confédération. Même si l’intelligence artificielle fera assurément encore d’énormes progrès, les humains ont besoin d’humains – et le peuple a besoin d’un contact humain avec le politique!

Quand mettez-vous votre smartphone hors service? En tant que présidente de la Confédération, je suis toujours en service. Je ne peux donc jamais m’isoler entièrement du monde extérieur.

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Qui a peur d'elle? Par Fabian Zürcher

Que sait faire l’intelligence artificielle aujourd’hui? Et que saura-t-elle faire? Nous sommes curieux, mais aussi un peu effrayés.

N

ous sommes cernés: Siri chuchote dans le téléphone, le Gmail Account analyse les courriels et propose des réponses, nos voitures sauraient en faire bien davantage que ce que la loi leur permet sur la route. Le logiciel de reconnaissance vocale Siri et sa sœur de Microsoft Cortana ne sont pas encore très futés (voir interview ci-après). Mais ils s’améliorent grâce à l’apprentissage automatique. Ce que peut réaliser l’intelligence artificielle (IA) est impressionnant mais surtout très pratique. Mais, pour l’humain, tout cela paraît louche. Une récente étude allemande de l’agence de marketing digital Syzygy montre que l’IA suscite l’intérêt de 52 % des gens, de l’espoir chez 16,5 % d’entre eux, mais du scepti-

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cisme chez plus de 57 % et de la méfiance chez 45 % des personnes interrogées. Suivent les sentiments d’inquiétude (36,9 %), de menace (15,8 %) et même de peur (9,1 %). Le grand souci à propos de l’IA concerne les postes de travail. Le fait est que, dans le sillage de la numérisation, des emplois dis­ paraissent. Les travaux de bureau simples et une bonne partie des travaux manuels seront à l’avenir exécutés par des robots. Mais il y aura aussi des créations d’emplois: 270 000, estime-t-on, rien qu’en Suisse, d’ici à 2025. Partout où de la créativité et des compétences sociales sont requises. Reste que 16,4 % des gens redoutent que l’IA ne prenne le contrôle à la manière de Matrix (1999). Cette peur estelle fondée? il y a déjà eu débat à ce propos en

Californie: Elon Musk, patron de Tesla, a averti: «J’ai accès à l’IA la plus moderne. Et je crois que les gens devraient se faire du souci à ce propos.» Le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, a rétorqué: «Argumenter contre l’IA, c’est argumenter contre les voitures sûres et contre de meilleurs diagnostics pour les malades. Je ne vois vraiment pas comment on pourrait faire ça en toute bonne conscience.» Qui a raison? Aujourd’hui déjà, l’IA dispose d’un QI de 47 (l’homme atteint en moyenne 100). Les experts tablent sur le fait que, d’ici à 2050, l’intelligence de la machine aura dépassé celle de l’homme. L’IA aura alors atteint ce qu’on appelle la singularité technologique, soit un point d’emballement aux effets imprévisibles.


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Verra-t-on pour autant des robots tueurs arpenter nos villes? L’idée que nous fabriquons davantage que ce que nous pouvons imaginer est du philosophe Günther Anders (1902-1992). Elon Musk demande des règles claires. Il faut définir, selon lui, avec quels paquets de données on peut raisonnablement alimenter une IA. Le futur doit rester entre nos mains, même si, un jour, nous ne serons plus les plus malins de la planète. Que faire? Le meilleur exemple est la conduite autonome et ses questions éthiques: «Vous roulez en voiture autonome. La voiture décrit une courbe et reconnaît un passage pour piétons avec cinq enfants engagés. Elle freine, mais la chaussée est étonnamment

glissante, ce qui allonge notablement la distance de freinage. L’auto calcule: si elle continue de freiner, elle tuera à coup sûr les enfants. Le seul moyen de les sauver, c’est de dévier vers la falaise en vous emmenant vers une mort certaine.» Peut-on confier de telles décisions à une machine? Bien sûr que non. D’ailleurs, la question est mal posée: les voitures autonomes n’apprennent pas à décider comme l’humain. Elles apprennent à déduire en fonction des décisions prises par l’humain. Même si l’on partage les réticences d’Elon Musk à propos de l’IA, dans 90 % des cas d’accident de voiture c’est l’humain qui est la cause. Ce qui plaide pour la vision des choses façon Zuckerberg.

Photos: Microsoft, Ralph Crane/The LIFE Picture Collection/Getty Images, Mercedes, Gregory Bull/AP/Keystone, Google (2),Seth Wenig/AP/Keystone, VCG via Getty Images

Le visage derrière la voix: c’est ainsi que se présente Cortana, l’application vocale de Microsoft.

∆1967 MacHack VI

Un ordinateur remporte pour la première fois un tournoi d’échecs. MacHack VI s’illustre contre un amateur au championnat du Massachusetts.

∆1970 Shakey

Shakey fut le premier robot mobile piloté par intelligence artificielle. Il lui fallait une heure pour parcourir deux mètres.

∆1987 VaMoRs

La première voiture autonome aura été un fourgon Mercedes de 5 tonnes, dont le volant, le papillon des gaz et les freins sont pilotés à distance par ordinateur.

∆1998 Furby

Le jouet, mélange entre chien, souris et hibou, comprenait ce que l’utilisateur faisait et réagissait par des bruits, des gestes et des phrases.


L’appli de reconnaissance vocale a été une percée technologique. La maîtrise de la langue s’améliore sans cesse grâce à l’IA. Siri a suivi en 2011.

∆ 2011 Watson

Lors de l’émission de questions-réponses Jeopardy, l’ordinateur d’IBM l’emporte contre les meilleurs de tous les temps. De nos jours, on recourt à Watson en oncologie, notamment.

∆2014 Google Car

Google présente sa voiture autonome Firefly. Le groupe y a travaillé cinq ans. Une septantaine de prototypes ont vu le jour.

∆2016 AlphaGo

En mars 2016, le nouveau logiciel AlphaGo bat la star du jeu de go Lee Sedol 3 à 0. Les experts ne prévoyaient une telle victoire que dans dix ans.

Propos recueillis par Fabian Zürcher

La Silicon Valley ? Non, le Val Vedeggio. Au Tessin, Jürgen Schmidhuber apprend à des machines à réfléchir. Il passe pour le père de l’intelligence artificielle moderne. D’abord les machines nous ont battus aux échecs, puis au Jeopardy et, l’an dernier enfin, au très complexe jeu de go asiatique. Sommes-nous toujours les plus intelligents de la planète? Oui. Bien sûr, n’importe quelle calculette multiplie mieux que nous. Mais la multiplication, les échecs et le jeu de go sont des «syndromes du savant». Le football est autrement plus difficile parce qu’il implique beaucoup de choses: la reconnaissance de forme rapide dans le monde réel, bien plus complexe qu’un jeu de table; la détermination affinée d’un processus de mouvements compliqués dans un environnement partiellement contrôlable,

Photo: Claudio Bader / 13 Photo

∆2008 Google Voice

«Matrix et Terminator sont ineptes l'un comme l'autre!»


etc. Aucun robot ne peut rivaliser, même de loin, avec un bon footballeur humain. Quand bien même cela ne durera pas éternellement.

A partir de quand ne serons-nous plus les rois de la Création? Que manque-t-il? Du point de vue de l’humain, on y sera au plus tard lorsque l’intelligence artificielle (IA) aura dépassé l’homme dans tout ce qui lui paraît important et quand les plus importants vecteurs de décision du système solaire seront des IA. A mon avis, ce sera le cas dans quelques décennies.

Et après? Serons-nous réduits en esclavage, comme dans «Matrix»? Bien sûr que non! Car les humains constitueraient des esclaves misérables pour des IA qui peuvent aisément se fabriquer des robots-esclaves bien plus efficaces. Certes, pour l’époque, Matrix était impressionnant et l’acteur principal portait un beau manteau noir. Mais l’intrigue était ridicule: les IA y vivaient peut-être effectivement de 30 watts par cerveau humain. La centrale à charbon nécessaire pour maintenir l’homme en vie engendre beaucoup plus d’énergie. En réalité, en tant qu’humain, il vaut mieux s’inquiéter d’autres humains qui nous ressemblent plus que des IA et qui peuvent anéantir notre civilisation sans IA mais avec des bombes H.

Nous sommes surclassés: Jürgen Schmidhuber avec un robot.

C’est l’homme qui a créé l’IA. L’homme n’est pas parfait, il a par exemple peur de ce qu’il ne connaît pas. C’est ainsi que le chatbot Tay de Microsoft est vite devenu un monstre raciste et sexiste. N’est-ce pas un danger? A mon grand dam, j’ai appris que le Tay de Microsoft reposerait sur les procédures LSTM (ndlr: long short term memory) de deep learning développées chez nous. Tay a été abusé par des gens qui ont remarqué qu’on pouvait l’inciter au non-sens. Alors Microsoft a immédiatement déconnecté les fonctions d’apprentissage de Tay. Mais, hélas, les armées utilisent aussi la LSTM pour, par exemple, piloter des drones. L’IA, c’est comme le feu: ça peut simplifier la vie et ça peut mettre le feu à la maison.

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«

L’intelligence artificielle, c’est comme le feu: ça peut simplifier la vie, mais ça peut aussi mettre le feu à la maison.»

Des machines peuvent-elles apprendre la créativité et l’empathie?

Quelle est l’intelligence de Siri, Cortana et Alexa?

Oui. Ma théorie formelle du plaisir permet d’implémenter de la curiosité et de la créativité artificielles, afin de créer des savants et des artistes artificiels rudimentaires. Et nos agents apprenants se comportent depuis longtemps déjà comme s’ils avaient des sentiments: ils essaient de maximiser les signaux de récompense et apprennent à éviter les signaux négatifs de senseurs de douleur (par exemple quand on bute sur un obstacle) ou de senseurs de faim (quand la batterie est presque vide). Si quelqu’un ne cesse de frapper un robot apprenant, il lui instille la peur et l’incite à se cacher la prochaine fois derrière le rideau. En principe, l’émotion s’explique de manière parfaitement rationnelle.

Ils sont encore un peu ignorants mais, en partie, déjà très amusants et, avec le temps, ils deviendront finauds. Car ils ne cessent d’apprendre. Et c’est vrai que la plupart de ces agents populaires recourent à notre LSTM, développée ici, au pied des Alpes.

Comment l’intelligence artificielle apprend-elle? Un tout petit peu comme le cerveau. Votre cerveau a environ 100 milliards de neurones, chacun d’eux connecté à une moyenne de 10 000 neurones. Certains sont des neurones d’entrée qui alimentent les autres de données (ouïe, vue, toucher, douleur, faim). D’autres sont des neurones de sortie qui mobilisent les muscles. La plupart des neurones sont entre deux, là où se produit la réflexion. Tous apprennent en modifiant les connectivités qui déterminent avec quelle force les neurones s’influencent

«Resté coincé au Tessin.» Le professeur Jürgen Schmidhuber travaille depuis plus de vingt ans à l’IDSIA (Istituto Dalle Molle di Studi sull’Intelligenza Artificale) à Manno, près de Lugano.

mutuellement. C’est pareil pour nos réseaux neuronaux artificiels, qui apprennent mieux que les anciennes méthodes à deviner une langue, une écriture ou une vidéo, à minimiser une douleur, à maximiser un plaisir, à conduire des voitures simulées, etc. L’algorithme d’apprentissage est très court, à peine cinq lignes. Mais il créera peut-être un réseau gigantesque fait de milliards de connexions.

Votre LSTM se trouve dans 3 milliards de smartphones. Quel sentiment cela procure-t-il? C’est rigolo. Où que je voyage, il y a déjà un petit bout de nous.

∆En personne Le professeur Jürgen Schmidhuber est le direc­ teur scientifique du laboratoire suisse d’IA ID­ SIA (USI & SUPSI). Il s’est vu décerner de nom­ breux prix internationaux et on le décrit souvent comme le père de l’IA moderne. Les réseaux neuronaux profonds (Deep Learning, LSTM) de son groupe de recherche à l’Ecole polytech­ nique de Munich et à l’IDSIA ont révolutionné l’apprentissage automatique; ils figurent désor­ mais dans 3 milliards de smartphones et sont

quotidiennement mis à contribution des mil­ liards de fois, notamment pour la traduction automatique sur Facebook, la reconnaissance vocale de Google, etc. Ils ont été les premiers à obtenir des résultats de reconnaissance de formes visuelle surhumaine, notamment im­ portante pour la détection précoce de cancers. Il est le cofondateur et le chief scientist de l’entreprise NNAISENSE, qui entend créer la première IA pratique multi-usage.

L’IA est-elle l’invention la plus importante de l’humanité? L’agriculture, l’écriture et l’imprimerie furent tout aussi importantes. Sans ces inventions, on n’aurait pas d’IA. Mais la véritable IA sera le grand sujet de ce millénaire et le dernier développement significatif de l’humanité. L’IA sera le moteur du progrès.

Qu’est-ce que l’IA change? Tout. Tous les cinq ans, l’ordinateur devient dix fois moins cher. Si la tendance se poursuit, de petits ordinateurs pourront bientôt en faire autant que le cerveau humain et, cinquante ans plus tard, autant que 10 milliards de cerveaux réunis. Le logiciel adapté, qui apprend tout seul, n’est pas loin. Tout va changer. Non seulement de multiples IA obéiront aveuglément aux ordres humains, mais elles se fixeront avec curiosité de nouveaux objectifs et découvriront le monde, comme elles le font déjà à petite échelle dans mon laboratoire. Comme l’espace, très hostile à la vie humaine mais accueillant pour les robots, propose bien plus de ressources que la fine couche de biosphère de la Terre, beaucoup d’IA émigreront et la plus grande partie de l’écosystème IA qui se répandra, après avoir éprouvé une fascination initiale pour la vie biologique, perdra largement son intérêt pour l’humanité. Au gré de leurs fabriques de robots auto-répliquantes, elles coloniseront et transformeront d’ici quelques millénaires toute la Voie lactée et, au bout de quelques milliards d’années, l’ensemble de l’univers atteignable, bridées uniquement par la vitesse de la lumière


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«

J’attends de pouvoir prendre ma retraite. Les IA apprendront à résoudre tous les problèmes que je ne saurais régler moi-même.»

– les AI voyagent volontiers par ondes, d’émetteur à récepteur, dont hélas le premier raccordement prend du temps.

Nous en sommes toutefois encore assez éloignés. De quel changement vous réjouissez-vous le plus? Comme je le disais déjà enfant: de pouvoir prendre ma retraite tandis que les IA apprendront à traiter tous les problèmes que je ne sais pas résoudre.

Vous préférez «Matrix» ou «Terminator»? Ce sont deux films à peu près aussi ineptes l’un que l’autre. Indépendamment du fait que les films de science-fiction ont en général des décennies ou des siècles de retard sur la littérature SF. Exemple: en 1816 déjà, E. T. A. Hoffmann décrivait dans son roman L’Homme au sable les relations compliquées avec une belle humanoïde: il faisait la différence entre des automates androïdes mâles et femelles.

La Silicon Valley passe pour la Mecque de la recherche. Vous travaillez au Tessin … Cet emploi s’est présenté en 1995: directeur du Laboratoire d’intelligence artificielle suisse IDSIA, à Lugano. A l’époque, personne n’y pigeait rien, l’IA n’était pas un sujet de conversation et j’ai commencé par penser que je n’y ferais que quelques années. Mais avec mon codirecteur Luca Maria Gambardella, pionnier de l’intelligence en essaim, j’ai rapidement pu renforcer l’institut et, en 1997, nous figurions déjà parmi les 10 meilleurs laboratoires d’IA du monde recensés par BusinessWeek. Et ce n’était que le début. Aujourd’hui, vingt ans plus tard, notre IA irrigue le monde moderne. Comme tout a très bien marché, je suis resté ici.

«En principe, l’émotion s’explique de façon tout à fait rationnelle» Jürgen Schmidhuber.

Quelle est la caractéristique humaine que vous préférez?

Et la caractéristique mécanique que vous préférez?

L’imagination et l’inventivité de beaucoup de gens.

L’imagination et l’inventivité de bien des machines.

Sommes-nous intelligents parce que nous savons développer l’intelligence artificielle ou pas très intelligents parce que l’intelligence peut être artificiellement développée ? Bonne question. Les deux thèses ont du sens.

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C'est un robot Par Claudia Mascherin

Prévisions du temps, résultats sportifs, communiqués de police: les robots crachent de brèves nouvelles en quelques fractions de seconde. Le lecteur ne voit pratiquement pas la différence avec les informations fournies par des journalistes. Mais l’intelligence artificielle est encore loin de savoir remplir les pages culturelles.

Aujourd’hui, le plus souvent nuageux avec averses éparses, température maximale de 8 degrés. Ce matin, il faut s’attendre à des pluies spora­diques avec une température proche de 5 degrés. Pendant la journée, le ciel sera en général très nuageux ou couvert et les températures maximales se situeront autour de 8 degrés. Mais le temps restera majoritairement sec. On aura en général des vents modérés, avec quelques rafales fraîches du nord. Le soir, on verra quelques pluies par une température de 8 degrés. La nuit prochaine, par ciel changeant, parfois très nuageux on pourra voir des averses, surtout en seconde partie de nuit. Les températures seront autour de 7 degrés. Demain, le temps sera changeant, avec parfois des pluies, pour une température maximale de 8 degrés.

I

Il n’est jamais en retard, ne se plaint de rien, ne revendique pas et, en plus, il est le plus rapide de l’équipe: le robot-journaliste est vraiment le collaborateur modèle. Du coup, il est de plus en plus demandé dans les agences d’informations et les rédactions en ligne. Il est évidemment tout faux d’imaginer un homme de fer-blanc assis à son bureau, qui salue ses collègues par: «Je.vous.souhaite.une. bonne.journée.» Un journaliste-robot n’est rien qu’un logiciel qui génère des textes à partir de données. Les prévisions météo font partie de ses tâches les plus aisées. Mais désormais le répertoire des robots-texteurs s’étend au remplissage de textes lacunaires. «Tout texte peut être différent et le logiciel sait développer un style d’écriture personnel», dit Philipp Renger, directeur marketing et PR chez AX Semantics. L’entreprise de Stuttgart fait partie des prestataires de ce genre de robots texteurs. Ils rédigent des communiqués de police, des informations sur les people et des comptes rendus de football. Reste que le robot ne sait faire que ce qu’un humain lui a inculqué. Un journa-


qui signe l'article liste l’alimente de textes originaux et lui présente des modèles, des variables et des contextes: des adjectifs interchangeables, des verbes, des formulations. Plus on l’alimente, plus il devient autonome et sait écrire des textes dont même le style est bon. La question reste de savoir si cet effort d’entraînement vaut la peine. Car il y a des limites: un journaliste robot ne sait apprendre que ce que l’on peut standardiser. Si par exemple un bonhomme tout nu («streaker») traverse le terrain de football, il faut l’ajouter manuellement. Et un robot ne sait pas pondérer, expliquer. Et surtout pas ajouter un sarcasme. Philipp Renger. «Un robot texteur ne peut pas faire un article de fond sur des événements politiques. En revanche, il livre à une vitesse record les résultats du dimanche de votations.» Et qu’en est-il de la proportion d’erreurs? Là aussi, le robot dépend de celui qui l’a nourri. La qualité des données est décisive. «Si on le nourrit de m …, il recrache de la m …» Mais si l’interaction entre le journaliste et le robot fonctionne, la machine s’impose comme un être humain. Un humain peu doué pour les états d’âme.

Football: SuS trackholt contre VfB Uplengen: résultat 2-3 en faveur des visiteurs Ligue de Frise orientale: SUS Strakholt contre VfB Uplengen, 27.05.2017, 16.00 Pour la 34e journée de la ligue de Frise orientale, le SuS Strackholt recevait le VfB Uplengen. Le match s’est conclu par une victoire par 2:3 pour VfB Uplengen. SuS Strackholt a pris l’avantage à la 39e minute. A la 61e minute, Malte Sandersfeld a égalisé à 1:1. A la 67e minute, le 1:2 a suivi par Carsten Gründel pour le VfB Uplenden puis, à la 77e minute, Marco Zimmermann a égalisé à 2:2. Marko Terviel a enfin marqué dans les 11 mètres pour le 2:3. Avec 24 points, l’équipe de l’entraîneur Jürgen Zimmermann se retrouve au 17e rang du classement. L’équipe de l’entraîneur Dieke Hausmann compte désormais 60 points.


Mauvais trip dans la Silicon Valley Par Claudia Mascherin

Photo: Drew Angerer/AFP

Le génie est culte dans la Silicon Valley. Les passionnés de technologie du nord de la Californie ont des idées qui changent le monde. Mais certaines idées sont plus proches de la folie que du génie. UNE PINCÉE DE LSD On doit d’abord se faire à l’idée qu’au petit-­ déjeuner, en plus du thé et du café il y a un petit peu de LSD. Le microdosage de dix microgrammes ne suffit pas à faire un trip, mais doit stimuler l’imagination et augmenter la productivité. Les programmateurs et créateurs, qui en ingèrent tous les trois à quatre jours, disent découvrir une nouvelle manière de penser et avoir plus d’endurance pour résoudre les problèmes techniques.

JEÛNE EXTRÊME Pour les débutants, il est difficile de renoncer à un repas. Dans la Mecque de la branche high-tech américaine, ils sont nombreux à essayer le jeûne extrême en renonçant à manger jusqu’à une semaine. Dans ce qui se nomme le bio-hacking, les avantages sanitaires ou de perte de poids sont secondaires. Les passionnés de technologie cherchent ainsi à augmenter leurs performances. En cas de jeûne, le foie transforme les graisses

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En quête de sang frais: A 50 ans, le conseiller de Trump et fondateur de PayPal Peter Thiel se fait injecter le sang d’un donneur plus en forme et plus jeune.

en corps cétoniques, des pourvoyeurs d’énergie considérés comme des nutriments du cerveau particulièrement propres et efficaces.

sanguin. Dans la vallée des millionnaires, il trouve suffisamment de clients prêts à payer.

TRANSFUSION SANGUINE

Les criquets envahissent le cœur de l’industrie internationale high-tech: cuits en biscuits, en chips ou en bâtons énergétiques. C’est intelligent, et cela fait longtemps que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle à consommer des insectes, qui contiennent beaucoup de protéines, d’acides gras bénéfiques et de sels minéraux. Mais c’est pour une autre raison que les bruits de croustilles augmentent dans les salles de pause de la Silicon Valley. Les snacks aux insectes sont généralement gratuits pour les meilleurs cerveaux de la planète. Les fabricants utilisent les techniciens pour faire accepter socialement leurs produits.

Les génies aussi désirent rester éternellement jeunes. Dans une clinique privée de la côte Pacifique, des gens fortunés de la branche informatique se font injecter dans les veines le sang de jeunes adultes. Le business du vampirisme repose sur une série de tests en partie concluants avec des souris. Mais le traitement sur l’humain est contesté par les chercheurs et jusqu’ici insuffisamment documenté. Le fondateur de start-up Jesse Karmazin est un vampire qui réussit. Il demande 8000 dollars pour la cure de rajeunissement et un litre et demi de plasma

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«Il n'y aura plus d'accidents»

Propos recueillis par Peter Hossli

Membre du directoire de BMW, Peter Schwarzenbauer évoque la location de voitures à la minute et le plus grand défi de toute l’histoire de l’automobile. Qu’est-ce que vous avez contre les films d’action américains? Pourquoi suis-je censé avoir quelque chose contre?

BMW construit toujours plus de voitures électriques. Leurs moteurs ne font pas de bruit et, lors des courses-poursuites, ils n’explosent pas. Dans les films d’action, la plupart des scènes corsées viennent aujourd’hui déjà de l’intelligence artificielle née de l’ordinateur.

«Fast and Furious» en BMW électrique est en effet difficilement imaginable. Dans les films, à l’avenir, les voitures iront encore plus vite. Potentiellement, un moteur électrique accélère plus fort qu’un moteur à explosion.

La grande majorité des nouvelles voitures sont encore à essence ou à diesel. Quand les e-voitures serontelles majoritaires? C’est une question à 100 milliards de dollars. Tout dépend de l’accueil fait à cette technologie, de l’autonomie des batteries, de l’infrastructure et des prix. C’est de ces éléments que résulte ce qu’on appelle le «tipping point», le point de basculement.

Votre pronostic? Difficile à dire. Mais d’ici à 2025, la part des véhicules électrifiés se situera sans doute entre 15 et 25 %.

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Dans le sud de l’Allemagne, l’industrie est axée depuis des décennies sur le moteur à combustion. Comment un tel bouleversement peut-il réussir? Nous ne nous contentons pas d’appuyer sur l’interrupteur. Le processus prend des années. L’étape essentielle est de pouvoir construire sur les mêmes chaînes de production des voitures électriques et à moteur à combustion. Il est décisif de pouvoir réagir vite mais avec souplesse.

Le constructeur américain Tesla a misé depuis le début sur l’électromobilité et ne doit pas chambarder cent ans de technologie. Quel est le risque qu’il incarne l’avenir plus vite que BMW? Nous prenons des entreprises comme Tesla au sérieux. Ce qu’elle a fait pour l’électromobilité est impressionnant. Mais le fait est qu’il y aura ces prochaines années un énorme besoin d’investissement, non seulement pour l’électromobilité mais aussi pour la conduite autonome, l’intelligence artificielle, la numérisation. C’est le plus grand défi de l’industrie automobile. BMW peut régater avec ses fonds propres. D’autres ne dégagent pas encore de profit ou n’ont pas les moyens de tels investissements.

Sauf Google et Apple: leurs caisses débordent d’argent. Que se passera-t-il si l’un de ces géants se met à construire des voitures? On verra bien si les sociétés technologiques


En collaboration avec BMW

de la Silicon Valley entendent construire des voitures. Je suis sûr qu’elles veulent développer des technologies permettant la conduite autonome, mais je doute qu’elles veuillent toutes devenir des constructeurs automobiles.

Donc, pas de danger en provenance de la Silicon Valley?

«BMW est en train d’apprendre à devenir une firme technologique.» Peter Schwarzenbauer, membre de la direction.

BMW est justement en train d’apprendre à devenir une société technologique. Cela implique que nous devons faire plein de choses plus vite. Les entreprises techs de la Silicon Valley, de leur côté, doivent apprendre à construire des voitures, ce qui est encore bien plus complexe.

Les entreprises techs veulent rendre les constructeurs d’automobiles et de machines dépendants de leurs logiciels. Comment vous défendez-vous contre ces chevaux de Troie? Les clients doivent se poser deux questions. D’abord, chez qui mes données sont-elles à l’abri? Avec les données, nous optimisons la mobilité, tandis que les autres en font de l’argent. Ensuite, à qui fais-je davantage confiance pour construire une voiture-robot sûre? A celui qui construit une voiture pour la première fois ou à celui qui démontre depuis cent ans qu’il sait construire des engins sûrs?

Les jeunes ont grandi avec Apple et Google. Ils ont confiance en ces entreprises. Ne sous-estimez pas la demande de véhicules d’un certain niveau. Tout le monde ne veut pas rouler dans un carton à chaussures. Il y a des gens prêts à mettre le prix pour un véhicule meilleur, plus agréable.

Photo: Tim Wegner/laif, BMW

Avec Uber, je peux rouler en voiture dans la plupart des villes du monde. Uber contredit l’argument du luxe. Pourquoi existe-t-il Uber Berline (ndlr: UberBLACK)? Si vous ne voulez que vous déplacer d’un point A à un point B, UberX suffit. Mais UberBLACK a quand même une part de marché de 15 %. C’est une erreur de croire que votre mobilité repose sur votre smartphone. Tant que nous ne pouvons pas nous téléporter, il faut

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En collaboration avec BMW

qu’apparaisse une voiture là dehors, qui nous emmène quelque part.

Que se passera-t-il quand une voiturerobot aura pour la première fois tué un piéton?

Comment serons-nous propriétaire de notre véhicule à l’avenir?

Chaque accident est un accident de trop. Les Etats-Unis dénombrent 30 000 morts de la route chaque année. Selon des études, avec les voitures autonomes ce carnage se réduira à 5000 morts. C’est déjà bien mieux que ce que nous avons aujourd’hui.

Il y aura une différence entre la ville et les régions plus périphériques. A la campagne, les gens conduisent leur propre voiture. En ville, la mobilité sera disponible comme l’eau potable et Internet. Ces prochaines années, on verra un déplacement accru de la propriété vers la simple utilisation. L’idée du partage devient de plus en plus intéressante pour nous.

Qu’est-ce à dire? Autrefois, on achetait sa voiture en payant comptant chez le marchand. Puis est arrivé le leasing et le marché automobile a explosé, surtout dans le segment premium. Tout à coup, grâce au paiement mensuel, on s’offrait quelque chose de mieux. Si, à l’avenir, nous vendons des voitures premium et de luxe à la minute, le marché sera beaucoup plus vaste qu’aujourd’hui.

Parce que n’importe qui pourra s’offrir une BMW Série 7? Pas tous les jours. Mais peut-être que deux fois par mois, après être allé au cinéma, on s’achète sur le téléphone une balade en BMW Série 7.

Et ainsi vous augmentez votre chiffre d’affaires? Quand vous acquérez une voiture en leasing, vous payez un montant mensuel pour l’utiliser. En ce moment, nous recevons de vous, disons, 790 francs par mois pour une voiture. Si je vends la même voiture à la minute toute la journée, elle me rapporte beaucoup plus.

D’ici à 2021, BMW entend fabriquer des voitures autonomes en série. N’y perd-on pas le plaisir de conduire? Lorsque vous êtes dans un embouteillage à Zurich, il n’y a pas de plaisir. Le plaisir revient quand vous partez en montagne durant le week-end. Avec la conduite autonome, nous réorganisons les temps morts. Au lieu

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Peter Schwarzenbauer, 58 ans, est membre du directoire de BMW AG et responsable de MINI, Rolls-Royce, BMW Moto, Expérience client et Digital Business Inno­vation de BMW Group.

d’avancer mètre par mètre et d’attendre, vous pouvez utiliser votre temps plus efficacement. Si vous voulez éprouver le plaisir de conduire le week-end, vous le pourrez.

Vous n’enlevez pas le volant? Nous faisons exprès de laisser le volant. Avec nos véhicules entièrement autonomes, il sera possible de faire une belle excursion le week-end. Le client doit pouvoir décider s’il veut conduire lui-même ou se laisser conduire.

On se représente malaisément que des voitures autonomes et non se côtoient sur les mêmes routes. Il n’est pas possible d’avoir simultanément dans le trafic urbain des voitures stupides et des voitures intelligentes. Les villes devront sans doute définir des secteurs où vous ne pouvez rouler que de façon autonome.

Qui est responsable lorsqu’une voiture guidée par l’intelligence artificielle cause un accident? Cela peut se résoudre financièrement. Nous pouvons par exemple verser quelques centimes dans un fonds à chaque trajet. S’il se passe quelque chose, c’est ce fonds qui paie.

Qui prendra la tête de cette évolution technologique? Les Américains ou les Européens? J’ai appris à la Silicon Valley la notion de «frenemy». Un mot-valise fait de «friend» et d’«enemy». Nous sommes client de Google, nous faisons de la pub sur Google. Dans certains domaines, nous partageons les mêmes intérêts. Nous voulons tous deux développer drastiquement le réseau 5G, car sans la 5G, pas de conduite autonome. Mais si Google s’embarque dans la mobilité, nous devenons concurrents.

Les villes n’en seront pas encore là en 2021.

La numérisation fait peur à beaucoup de gens. Cent vingt-cinq mille personnes travaillent aujourd’hui pour BMW. Seront-ils plus ou moins nombreux au fil des mutations?

La phase d’introduction durera des années. Mais, d’ici là, il y aura des villes qui auront défini des quartiers entiers réservés à la conduite autonome.

Je ne saurais le dire. Mais l’histoire indique que chaque changement a toujours généré davantage de postes de travail qu’il en a coûté.

Ce n’est pas une question de technique mais bien de psychologie des clients. Ils doivent être prêts à confier leur vie à un robot.

Depuis plus de quarante ans, j’entends la radio me parler d’embouteillages. Quand résoudrez-vous enfin le plus grand problème de la mobilité?

Il faut une approche progressive. Les jeunes abordent le sujet différemment de nous, ils grandissent dans un univers numérique et font davantage confiance à la technologie.

Lorsque, en ville, toutes les voitures rouleront de manière autonome, le problème sera résolu. Alors il n’y aura plus d’embouteillages ni d’accidents.


Participez à la Journée du digital avec les CFF. Rendez-nous visite le 21 novembre 2017 à bord de la voiture numérique et dans les gares de Zurich, Genève, Lugano et Coire. Façonnez avec nous la mobilité de demain! www.journeedudigital.swiss/fr/cff/


Mit Vollgas in Pleins gaz die Zukunft vers l'avenir L

’automobile au fil du temps: trente ans se sont écoulés entre le régulateur de vitesse et les premiers freinages assistés. Le développement actuel progresse presque chaque mois. Les systèmes assistés aidant les conducteurs dans les situations les plus

2007

2005

Connecté intelligemment L’avenir digital débute avec la mise en réseau de conducteurs, de véhi­ cules et de l’environne­ ment. En 2004, BMW présentait Connected­ Drive, dont le mot clé est informations: ce sont des senseurs qui les fournissent, la commu­ nication qui les transmet et l’intelligence qui les traite. Plus le conducteur délègue, plus il se dé­ place de manière sûre et confortable. BMW a été le premier constructeur à mettre en réseau des systèmes d’information et de communication assistés. 24  www.journeedudigital.swiss

diverses se multiplient. La connexion via ConnectedDrive veille à la sécurité, à la détente et au confort. Les moteurs électriques complètent les moteurs conventionnels et offrent une alternative pour la mobilité de demain. Bientôt, nos voitures se conduiront

Googliser en conduisant Pionnier, BMW propose d’effectuer des re­ cherches sur Google dans son véhicule. Pour la première fois, des in­ formations locales peuvent être deman­ dées directement sur Internet. Sur simple pression, les résultats sont donnés sur le navi­ gateur. Le système reconnaît seul le lieu et le but, et indique les résultats dans un péri­ mètre, avec adresse, téléphone et distance.

2010

Plan en cinq étapes BMW a vite compris que ces dix prochaines an­ nées les véhicules et la technique vont plus rapidement changer que lors des trente der­ nières années. Raison pour laquelle il travaille sur des standards, des plateformes et un back end pour la future conduite automatisée, pour laquelle cinq ni­ veaux ont été définis. Le niveau 2 (actuel) propose des systèmes de conduite assistée, en prélude à la conduite automatisée. On devrait atteindre le niveau 5 à la mi-2020: la voiture conduit de manière au­ tonome et le conduc­ teur s’assied sans au­ cune tâche à effectuer. Science-fiction? Plus pour longtemps.

seules lorsque nous le leur demanderons. Ce n’est qu’un début. Le calendrier suivant illustre le chemin numérique de BMW étape par étape, y compris là où conduit le voyage digital et électronique dans l’avenir automobile.

2010

Contrôle intelligent La voiture est comman­ dée à distance: grâce à l’appli My BMW Remote, des fonctions sont exé­ cutables depuis l’exté­ rieur du véhicule, sans que l’on doive se trouver à proximité. L’appli pour iOS disponible de­ puis 2010 permet le verrouillage et le déver­ rouillage, le contrôle de la climatisation ou la localisation du véhicule à distance. Disponible pour Android depuis 2012.

2011

Tête haute BMW est le premier constructeur européen à avoir adapté à de grandes séries des affi­ chages tête haute, utili­ sés dans l’aéronautique depuis des décennies. Depuis 2004, le système assisté est disponible en tant que partie du ConnectedDrive dans la 5e série de BMW. En 2011, il s’est généralisé chez le constructeur: les affichages tête haute développés et optimisés sont des options dis­ ponibles dans presque toutes les séries. Ils affichent des limites de vitesse, des routes ou des signaux d’alarme.


En collaboration avec BMW

L’avenir de l’e-mobilité? La BMW i Vision Dynamics devrait proposer une autonomie de 600 kilomètres et une vitesse maximale de plus de 200 km/h.

2012

Intelligemment urbain En 2012, au Congrès mondial sur les systèmes de transport intelligents à Vienne, BMW expose les possibilités d’une mise en réseau intelligente dans l’espace urbain. ConnectedDrive permet des innovations qui rendent le trafic urbain plus sûr, efficace et confortable. Le stand de BMW expose des applis, des fonctions embarquées de routing et des systèmes de sécurité, ainsi que des solutions de mobilité sur deux roues.

2015

2013

Le petit innovant L’i3 ouvre une nouvelle ère pour BMW. Produit de manière durable, l’élégant petit e-BMW est bourré de nouvelles technologies permettant de gérer le quotidien. Il réunit la dynamique de conduite à la durabilité, le design du futur connecté au sentiment urbain. A l’instar de la voiture de sport i8 lancée en 2014, l’i3 constitue la base pour la suite de la digitalisation.

2015

De beaux gestes Le développement des systèmes assistés avance à un rythme soutenu. En 2015, la 7e série de BMW inaugure de nouvelles références en matière de sécurité, notamment les innovations comme le contrôle des gestes, la commande touch, les alarmes sur le trafic transversal, des assistants de gestion de la circulation et de guidage sur voie, la protection latérale active contre les collisions, la vue des alentours en 3D et le parking télécommandé.

Parking automatique BMW présente ses derniers produits lors du Consumer Electronic Show à Las Vegas: grande flexibilité dans la réservation digitale de services avec le ConnectedDrive Store, évitement de collision à 360 degrés, parking complètement automatisé dans les bâtiments et nouveaux affichages des cartes de navigation du service «ici».

2015

Chargement par montre Avec l’appli i Remote de BMW, l’échange entre conducteurs, véhicules et environnement atteint un niveau supérieur. En première mondiale, l’appli permet le contrôle et le pilotage à distance de certaines fonctions (état des batteries, processus de charge) des i-modèles de BMW. L’appli i Remote de BMW est disponible sur la nouvelle montre Apple, sortie au même moment. www.journeedudigital.swiss  25


En collaboration avec BMW

2018 2016

Regard vers l’avenir A Las Vegas, BMW présente le cockpit du futur. Le concept car BMW i Vision Future Interaction donne à voir des écrans haute résolution s’adaptant à la situation. Et en première mondiale: le pilotage des fonctions par les gestes et le nouvel AirTouch, qui reconnaît les mouve­ ments de main, aussi en bas, via des senseurs. L’avenir a rarement été si proche.

Mode de vie digital Les systèmes assistés ne se limitent pas à la sé­ curité. Dès 2018, l’assis­ tant parlant d’Amazon, Alexa, sera entièrement intégré à toutes les BMW et tous les modèles MINI. L’intégration de l’assis­ tant parlant permet de proposer de nombreux services, de divertisse­ ment ou de possibilités de shopping, par simple interaction verbale.

2018

2017

Robots et assistants Le futur est en marche non seulement dans les voitures mais aussi dans leur production. En 2013 déjà, le groupe BMW a mis en service le premier robot léger (baptisé «Miss Char­ lotte» à l’interne) à côté de ses employés sur la chaîne de montage dans l’usine américaine de Spartanburg. Cer­ tains collaborateurs portent des exosque­ lettes, qui renforcent par exemple les gestes du haut du bras. Dans la production de véhi­ cules, ils sont assistés par 60 robots légers.

26  www.journeedudigital.swiss

Offensive raisonnable Dès 2018, BMW va poursuivre son offen­ sive dans le domaine de l’électrification. L’i8 de BMW offre une plus grande capacité en batterie, et donc d’auto­ nomie. D’ici à 2025, 25 modèles doivent avoir une propulsion électrique, dont 12 en­ tièrement électriques. Meilleure vente de BMW, la X3 sera bientôt l’un de ces 12 modèles en­ tièrement électriques. La Gran Coupé Concept BMW i Vision Dynamics avec 600 km d’auto­ nomie sera aussi bien­tôt produite en série.

2030

2021

«Next, please!» INext va hisser la mobi­ lité de BMW à un niveau supérieur. Il sera pour la première fois possible de partager les respon­ sabilités de la conduite entre le conducteur et le véhicule. Sur les au­ toroutes, le conducteur peut s’occuper d’autres activités pendant de longues périodes (yeux fermés). Mais il doit rester en mesure de re­ prendre les commandes en quelques secondes.

En avant vers l’avenir La réalisation de véhi­ cules conduisant de manière autonome est imaginable entre 2020 et 2030. Dans cette décennie, BMW devrait réaliser ses premiers projets pilotes de véhi­ cules autonomes. A cette étape 5, les véhicules n’ont besoin ni de volant ni de pé­ dales. Avec le concept BMW Vision Next 100, BMW a montré en 2016 à quoi un tel véhicule pouvait ressembler. Mais la réalisation dépend aussi de fac­ teurs externes tels que la législation.

2050

Facile et adaptable Les experts estiment qu’en 2050, 75% des personnes vivront en ville. Les embouteil­ lages ou le manque de places de parking ne sont que deux exemples d’obstacles qu’il faut dépasser au niveau de la mobilité urbaine. Le groupe BMW Mobilité pense donc bien plus loin que le produit, et complète son offre par des technologies, des services et des presta­ tions. La vision d’avenir du groupe BMW est de rendre la mobilité facile, toujours disponible, et adaptable indivi­ duellement.


Il roule Classe verte Par Kaye Anthon

D

’ici cinq à dix ans au plus tard, on trouvera des stations de recharge pour voitures élec­ triques dans tous les immeubles urbains», estime le Dr Peter Staub, CEO de pom+. Il est censé le savoir: promoteur immobilier, il se penche sur l’avenir de la branche immo­ bilière. Accessoirement, il développe pour des clients comme Roche et UBS les bâtisses du futur: bâtiments connectés, durables, qui économisent l’énergie. La branche de l’immobilier et celle de l’automobile se développent main dans la main: la station de recharge domestique en est un exemple. Notre conception de la mobi­

Photos: Thomas Buchwalder

Comment nous déplacerons-nous à l’avenir? BMW et les CFF entendent le découvrir avec l’EPFZ et observent 150 conducteurscobayes. Le Dr Peter Staub est l’un d’eux. lité change, nous choisissons le transport individuel ou public comme ça nous chante sur le moment.

Seul jusqu’à la gare, en transports publics jusqu’au bureau: l’abonnement Green Class CFF a séduit le Dr Peter Staub.

Peter Staub vit aujourd’hui déjà le modèle du futur: grâce à l’abonnement Green Class des CFF et de BMW, une i3 Protonic Blue est stationnée dans l’allée de sa villa de Win­ disch (AG) où se trouve aussi une élégante station de recharge. A son bord, le CEO roule en général tous les matins jusqu’à la gare de Brugg, dépose l’électromobile sur un parking CFF et va en train, 1e classe, jusqu’à Zurich. De là, Peter Staub se rend à pied ou en tram jusqu’au Technopark, là où il a fondé il y a vingt ans son entreprise pom+, un spin-off de l’EPFZ. «C’est une combinaison idéale, s’enthousiasme-t-il. La voiture est sympa: con­ fort de conduite, équipement et accélération excellents. Puis dans le train je peux travail­ ler sur mon ordinateur.» La combinaison Green Class CFF est con­ vaincante: «Même lorsqu’il tombe des cordes, j’arrive à pied sec au bureau.» Mais ce n’est pas seulement d’avoir les pieds au sec qui intéresse Peter Staub, c’est l’efficacité qui compte. C’est ainsi que la famille Staub prend le train pour ses vacances au Tessin et, au sud des Alpes, l’attend une voiture Mobility, «mais hélas pas forcément une BMW», ajoute-t-il avec un clin d’œil. Et vraiment très rarement une voiture électrique. Sa devise est d’avancer pas à pas. Peter Staub en est persuadé: «La numéri­ sation comporte plus d’avantages que d’inconvénients.» Des modèles comme l’abonnement Green Class CFF peuvent par exemple donner un élan supplémentaire à l’économie du partage. «Tout ce qui est lié à la numérisation et à l’innovation me passionne», assure-t-il. Sa motivation pour l’innovation est née lorsque, après ses études à l’EPFZ, il a fondé son entreprise pom+. «Nous avons fait preuve de durabilité en passant d’une société de deux employés à la dimension actuelle de 70 collaborateurs dans tout le pays, sans le moindre centime emprunté.»

pom+ exploite à l’Europaallee le LAB100 avec CFF Immobilier et le Swiss Life Lab. Lors de la Journée du digital, les intéressés pourront se plonger dans les univers des réalités virtuelle et augmentée.

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Le paysan devient futé Par Gabi Schwegler

La numérisation ne recule pas face à l’agriculture: paysan dans l’Oberland zurichois, Marc Binder, 43 ans, fait traire ses 64 vaches par un robot.

L

a vache holstein noir et blanc traverse la barrière à fond de train, le museau bientôt dans le bidon de pellets de maïs, les sabots placés à gauche et à droite du caniveau. Le robot de traite la reconnaît tout de suite: 59 Evelin. Sur la base de son rendement habituel, il attend d’Evelin 12,2 litres de lait ce matin. Evelin est l’une des 64 vaches laitières de la ferme de Marc Binder, 43 ans, située un peu à l’écart d’Illnau, dans l’Oberland zurichois. Et Marc Binder est l’un de ces paysans suisses pour qui les solutions numériques font décidément partie du quotidien. A l’instar du robot de traite, qui est justement en train de nettoyer les trayons d’Evelin, puis d’ajuster les quatre gobelets à l’aide d’une caméra. On peut déjà lire sur l’écran de contrôle la quantité de lait et le débit par trayon. Evelin mâchonne paisiblement pendant que, derrière elle, 28 Circus tend déjà la tête vers les lamelles de plas-

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L’assistant numérique permet une grande économie de temps: avec le robot de traite et le robot repousse-fourrage, le paysan Marc Binder économise huit heures de travail par jour.

tique: il y a foule autour du robot de traite qui travaille 24 heures sur 24. «Cela peut paraître bizarre, mais avec le robot nous sommes beaucoup plus proches de la nature de l’animal», lance Marc Binder. Car au lieu de devoir se conformer aux heures de traite fixées par le paysan, les vaches décident elles-mêmes quand elles ont envie d’être


Photos: Martin Guggisberg

«Avec le robot, nous sommes beaucoup plus proches de la nature de l’animal», professe le paysan Marc Binder, 43 ans.


Ajustage précis: le robot positionne les gobelets à lait à l’aide d’un laser et d’une caméra. Les 64 vaches de Marc Binder décident elles-mêmes quand elles sont prêtes pour la traite.

La traite simultanée des quatre trayons ne dure que cinq minutes.

traites. «Au pâturage, un veau va boire sous sa mère trois ou quatre fois.» Et grâce au robot, le paysan gagne quatre heures de travail. Le soleil bas de l’automne luit à travers l’étable ouverte sur le côté. On entend un bipbip: c’est le robot repousse-fourrage qui, aux heures programmées, approche le mélange d’herbe et de foin des mangeoires des vaches. Cet assistant-là, Marc Binder ne se l’est procuré qu’au printemps dernier, après avoir calculé à quel tarif horaire il déplaçait tout seul 2,5 tonnes de foin à la fourche tous les jours: quatre heures de boulot à 7,50 francs l’heure. «Outre le fait que c’est un travail physiquement très éprouvant, ce tarif n’est tout simplement pas tolérable.» C’est pourquoi il a opté pour un investissement de 18 000 francs dans le robot. Autre avantage: les vaches ont accès au fourrage toute la journée, «notamment les bêtes de rang inférieur qui, souvent, doivent se contenter des restes lors des nourrissages périodiques».

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Les paysans plus âgés et les citadins le chambrent sans arrêt, lui demandant s’il n’a plus envie de travailler et préfère flemmarder. «Robots ou pas, j’ai évidemment toujours beaucoup à faire. Mais je consacre le temps gagné aux soins aux bêtes et aux travaux d’entretien et je peux répartir de manière beaucoup plus souple les travaux des champs et ceux à l’étable.» Il surveille son troupeau depuis son poste de contrôle, un bureau avec banquette fixe et piège à mouches. Il déroule des tableaux avec ses vaches marquées de jaune, de vert et de rouge. «En un clic, je sais quelle vache devra être bientôt inséminée ou laquelle n’est plus allée au robot de traite depuis un moment.» En outre, les valeurs de laboratoire puisées directement dans le Marc Binder vérifie l’écran du robot de traite: les valeurs de laboratoire directement mesurées dans le lait lui permettent de détecter précocement d’éventuelles maladies chez ses bêtes.

lait l’aident à détecter précocement d’éventuelles maladies. Pour lui, qui gère la ferme en association avec un autre paysan, il y a un autre «grand plus», comme il dit: «Ces solutions numériques facilitent la standardisation des processus de travail et donc une telle collaboration.» Marc Binder a sous les yeux le catalogue des taureaux, qu’il étudie toujours soigneusement. Mais même dans ce cas, il pense au robot de traite: il insémine ses vaches avec du sperme de taureaux dont l’arbre généalogique promet des trayons bien distants les uns des autres. S’ils sont trop proches, le bras préhenseur du robot peine à placer les gobelets. Un peu plus loin, la porte métallique s’ouvre et Evelin trotte jusque dans l’étable. L’écran indique 12,1 litres.


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L'aspect plus L

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Quelles tâches seront automatisées? Administration publique, santé et social

17%

Information et communication

19%

Autres prestations de services Services financiers et d’assurance Professions indépendantes, services scientifiques et techniques Industrie de transformation Commerce, transport et entreposage Construction

22%

61%

13%

22%

68% 23%

55%

29%

37%

32%

35%

23%

47%

51%

Agriculture et sylviculture

44% 22%

49%

Immobilier

32%

23%

28%

21%

28%

60%

25% 76%

Part des personnes employées avec probabilité d’automatisation:

16% 12%

élevée

moyenne

12% basse

Source : Office fédéral de la statistique, Frey et Osborne (2013), Deloitte

Photo: Getty Images/Science Source

’employé de commerce est un peu l’incarnation du salarié helvétique: bien formé, fiable, le reflet d’un pays qui, au fil de ces deux cents dernières années, a évolué de contrée agricole à site industriel, puis à société de services. Et un apprenti de commerce soucieux de suivre des formations complémentaires pouvait même accéder aux étages directionnels des entreprises du pays. Peu avant le tournant du millénaire, un diplômé en comptabilité, en informatique, en gestion de clientèle ou en ressources humaines pouvait en tout cas envisager en toute bonne foi que, grâce à sa solide formation, il n’aurait pas de problème d’emploi durant sa carrière professionnelle. Puis, la numérisation a déferlé comme un tsunami sur la planète entière et elle a déclenché ce que l’économiste autrichien Joseph Schumpeter identifiait, au milieu du XXe siècle déjà, comme le dommage collatéral de toute mutation technologique: la destruction créatrice de l’existant, qui anéantit l’ancien et fait naître le nouveau. Au beau milieu de ce cyclone: l’employé de commerce. La pro-

Les employés de bureau sans formation supérieure sont sous forte pression: il existe actuellement 31 000 emplois de ce genre en Suisse. Selon le cabinet de conseil aux entreprises Deloitte, 97 % d’entre eux seront victimes de la numérisation. Dans l’agriculture et l’exploitation forestière, ce sont 71 % des emplois qui tomberont. Mais simultanément, grâce à la numérisation, 270 000 nouveaux emplois seront créés en Suisse d’ici à 2025, surtout dans des métiers hautement qualifiés, là où les nouvelles technologies contribuent à une efficacité accrue. Dans notre vie professionnelle, une formation continue permanente deviendra cruciale.


humain se fait important Par René Lüchinger

De multiples activités de bureau, qui occupent des employés de commerce, peuvent être réalisées mécaniquement grâce à la numérisation. Forcément, ces derniers doivent s’y adapter.

fession reste la plus convoitée en Suisse, avec ses quelque 10 000 apprentis débutants chaque année. Mais voici venir la numérisation: «Jusqu’à 100 000 emplois de commerce menacés en Suisse», titrait le Tages-Anzeiger l’an dernier. A l’ère de l’automatisation numérisée et de la robotisation, l’employé de commerce est-il une espèce professionnelle menacée, peut-être même en voie d’extinction? A l’instar, éventuellement, du conducteur de tram ou du pilote de locomotive, qui pourraient être les victimes des véhicules autonomes? Ou du facteur, qui devra peut-être bientôt céder la place aux drones pour distribuer ses lettres? Il est incontestable que de multiples activités de bureau, qui occupent des employés de commerce, peuvent être réalisées mécaniquement grâce à la numérisation. Les travaux de secrétariat, par exemple, ou dans le domaine de la finance, où des robots financiers peuvent se charger des conseils financiers standardisés. Face à de telles évolutions,

la Société suisse des employés de commerce a confié à la Haute Ecole d’économie de Zurich (HWZ) le mandat de l’étude «La numérisation et l’avenir des profils professionnels commerciaux». On y lit notamment: «Dans la décennie à venir, la numérisation ira au-delà de l’automatisation des processus de travail, en raison des développements en matière de robotisation humanoïde. D’une part, les machines deviennent de plus en plus humaines, de l’autre les humains intègrent

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toujours plus les machines dans leur vie et leur travail de tous les jours.» Mais le profil de la profession d’employé de commerce n’est pas tourmenté par la seule machine, il l’est aussi par de nouveaux profils professionnels exigeant des connaissances numériques spécifiques. Par les médiamaticiens, par exemple, une formation qui réunit des compétences en informatique, en marketing, en multimédia, en administration et en gestion de projet. Ou par les spécialistes des technologies de l’information et de la communication (TIC), parmi lesquels les experts en logiciels, en banques de données et autres réseaux. L’employé de commerce ordinaire a-t-il encore la moindre chance face à l’arrivée sur le marché du travail de ces nouveaux venus numériques? Si l’on en croit les experts de la HWZ: oui, il en a une, absolument. Un robot financier peut certes développer un portefeuille standard, mais ce sera toujours un humain digne de confiance qui devra établir la relation avec le client. Un médiamaticien dispose certes d’un vaste bagage numérique et technologique mais, pour réussir dans la vraie vie, il aura toujours besoin de l’aptitude la plus humaine qui soit: la compétence sociale. Les auteurs de l’étude de la HWZ donnent ainsi aux employés de commerce actuels et futurs un conseil clair sur la manière de s’imposer dans l’univers numérique: «Pour se distinguer des diplômés d’autres formations professionnelles, les diplômés de commerce devront se profiler surtout par des fonctions d’interface coordinatrice, combinée avec une orientation client claire, à la manière d’«entrepreneurs interprètes». La pensée interdisciplinaire et les compétences dans l’utilisation des outils numériques (pas la programmation) continuent de gagner en importance en raison des tâches de coordination.»

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Photo: Getty Images

L’immeuble terminé est virtuellement sous vos yeux: la réalité augmentée modifiera la vie professionnelle.

Voici ce que sera votre job à l'avenir D

e nouveaux métiers naissent, des métiers existants se modifient. Dans le bâtiment, par exemple: un ouvrier est informé que la pression augmente dans un tuyau. Pendant qu’il regarde, il reçoit des informations live sur ce qu’il doit faire. Un architecte observe le bâtiment dans le paysage avant qu’il ne soit construit. Grâce à ses lunettes, toutes les informations importantes lui sont indiquées – la hauteur prévue est-elle autorisée à cet endroit? – et, bien sûr, le commanditaire peut lui aussi faire un tour virtuel de la situation. La réalité augmentée (AR) rend cet examen possible: elle enrichit le contexte d’informations supplémentaires. La médecine bénéficie également de telles possibilités. Un patient est dans l’ambulance, suspicion d’infarctus du myocarde. Les informations du moniteur cardiaque apparaissent dans les lunettes de l’ambulancier et sont transmises avec des images vidéo à l’hôpital, où un spécialiste intervient en live et soutient l’ambulancier dans le traitement du patient. Autre scénario: un technicien en chauffage n’a plus besoin de venir nous trouver à la maison, il lui suffit de

donner des consignes que nous lisons incrustées dans nos lunettes. Avec toutes ces possibilités, nous restet-il encore un emploi? «Il est clair que je peux travailler dans le train ou même à la piscine, mais le bureau reste essentiel, à cause du sentiment d’appartenance, des contacts sociaux et de l’infrastructure. Peut-être que, simplement, nous serons moins souvent assis au bureau. Ce dernier devient avant tout un lieu de rencontre, ce qui pose de nouvelles exigences à la culture d’entreprise et aux cadres dirigeants», explique John Rice, Innovation Manager chez Swisscom. Aujourd’hui déjà, 50 % des travailleurs suisses peuvent fonctionner de façon mobile, sans être liés à un lieu; 28 % travaillent en home office et, parmi les 72 % restants, un tiers voudrait le faire. Autre tendance: l’autonomie. En Suisse, 25 % sont des indépendants et la tendance est à la hausse. Un surcroît de flexibilité dans l’emploi est souhaité, aussi bien pour ce qui concerne le poste de travail que les horaires et l’état d’esprit. Une formation continue tout au long de la vie devient essentielle pour la sécurité de l’emploi.


DÉCIDEZ QUAND ET OÙ VOUS RECEVEZ VOTRE COURRIER Grâce à l’application Post-App pratique, vous décidez à chaque fois de ce qui doit advenir de votre courrier entrant. Si nous devons par exemple le déposer devant votre porte, ou le livrer à un autre endroit ou à un moment ultérieur. Vous trouverez de plus amples informations sur la Post-App et d’autres services pratiques sur maposte.ch


Numéro un: la chanteuse Selena Gomez est suivie par 128 millions de fans sur Instagram.

#FOMO #YOLO #FOJI #MOMO Les jeunes adorent les réseaux sociaux. WhatsApp, Instagram, Facebook, Snapchat et YouTube sont en Suisse les applications préférées sur le smartphone des «digital natives». Mais quels effets psychologiques les médias sociaux ont-ils sur nous?

V

ous êtes vautré devant la télé, à vous détendre après une dure journée. Jusqu’à ce que le smartphone se mette à vibrer. C’est le message WhatsApp d’un copain qui envoie une photo de lui en train de manger une pizza et il vous y avait invité. Sur Facebook, vous apprenez combien de vos amis Facebook s’éclatent ce soir avec les Rolling Stones au Letzigrund. Et d’un coup votre moment de repos sur le canapé n’a plus aussi relaxant que ça. Une pizza avec les copains ou le concert des Stones n’auraient-ils pas été un meilleur choix?

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Vous connaissez à coup sûr ce sentiment aussi abrégé FOMO («fear of missing out»). La crainte de manquer quelque chose nous accompagne depuis toujours. Mais ces dernières années cette peur s’est multipliée du fait de l’avènement des réseaux sociaux et des moyens de communication mobiles. Les médias sociaux nous permettent d’avoir un regard plus direct et plus rapide sur la vie de nos amis et de nos proches. Vu les incessantes mises à jour des statuts sur Facebook, Instagram, Snapchat et autres, on est constamment au courant de tout. Il y a toujours plus de nombrilistes qui mettent en scène

Photo: Jeff Vinnick/Getty Images for Free The Children

Par Sven Ruoss

leur vie sur un ton plus coloré, plus intéressant. L’hédonisme chronologique est une réalité. On ne rate aucune occasion, dans l’ici et le maintenant, pour y prendre du plaisir puisqu’on ne le vit qu’une fois (abrégé YOLO, pour «you only live once»). FOMO et YOLO sont des frères. YOLO est le narcissique rigolo, FOMO est l’inquiet qui se soigne, qui veut faire tout juste en termes de gestion du temps. Mais il existe encore le personnage esseulé et timoré appelé FOJI (pour «fear of joining in»). Celui-là ne sait pas quels contenus il est censé publier sur les médias sociaux. Il craint de ne pas sus-


citer de followers ou que personne n’aime ou ne commente ses contenus. Quand on est FOMO ou YOLO, il devient de plus en plus difficile de jouir de l’instant présent. Pour résumer: ils sont nombreux à se contenter d’attendre de vivre un grand événement pour le faire connaître à leurs amis via les réseaux sociaux. Mais que faire contre FOMO? Simplement mettre le smartphone dans un tiroir et renoncer à suivre la vie numérique de ses copains? Hélas, ce n’est pas une thérapie. Car le fait de ne pas savoir ce qui se passe est bien pire que de louper quelque chose. La crainte de manquer quelque chose

parce que les autres ne partagent plus est baptisée MOMO («mystery of missing out»). Lorsque nos propres amis sur les médias sociaux ne postent plus rien, l’anxiété se fait jour. Les fantasmes prennent le dessus: les copains vivent-ils un moment tellement exceptionnel qu’ils oublient même de le partager sur les médias sociaux? Et cela sans moi? Une bonne alternative est JOMO («joy of missing out»), le bonheur démonstratif. Là, il s’agit de tout louper consciemment, jouir du fait de rester à l’extérieur. JOMO est la tendance opposée à FOMO et fonctionne en partie comme un appel au secours en ces temps de

surmenage numérique. On apprécie une soirée en solitaire sur le canapé. Si on en a l’envie, on peut même faire une photo de son vieux pantalon de survêtement et de ses chaussettes et la poster sur Instagram avec le hashtag JOMO. A propos de l’auteur: Sven Ruoss est Head of Product & Business Development au Groupe Blick et directeur d’études CAS en gestion de médias sociaux à la Haute Ecole d’économie de Zurich (HWZ). Il travaille principalement dans le secteur des médias depuis six ans et s’investit dans la transformation numérique de Ringier.

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Demain, est-ce ainsi que les vêtements établiront nos bilans médicaux? Inventez l’avenir de votre entreprise avec nous. La numérisation ouvre des perspectives fascinantes. Nous vous aidons à évaluer les chances et les risques pour que votre entreprise appartienne aux gagnants de demain. www.swisscom.ch/avenir Bienvenue au pays de tous les possibles.


08:00

Je suis doucement réveillée au fin moment quand, dans mon logement intelligent (smart home), les stores montent lentement et que le haut-parleur diffuse des bruits de la nature. Je me lève, vais à la salle de bains et lis dans le miroir mon agenda du jour, le temps qu’il fait et les principales nouvelles. Pendant que je me brosse les dents, un smiley m’indique dans le miroir par un pouce levé que la cadence et la pression de la brosse sont les bonnes.

08:30

Le foutoir dans mes vêtements? Pas de problème, ma penderie intelligente me propose trois tenues adaptées à mon programme et à la météo. Je me décide, j’ai faim. Petit déj!

08:45

Le four-table a préparé un bagel et un œuf au plat, la machine à café emplit déjà un gobelet de voyage. Je prépare mon sac à dos et je sors.

09:00

Je fais signe au premier taxi autonome libre venu. La première vidéoconférence se déroule pendant le déplacement. Je suis assise dans la voiture avec trois personnages holographiques et discute de notre prochain projet. J’oublie presque que les trois personnes autour de moi ne sont pas physiquement présentes.

09:10

Une fois au bureau, le travail s’oriente sans problème vers les préférences enregistrées et attribuées. Mon vanilla latte est prêt à côté de mon clavier, l’écran est déjà allumé. Je dépose mon smartphone dans

12:00

C’est midi! Mon assistant intelligent s’annonce via mon smartphone. Les conditions atmosphériques et la météo sont idéales pour un jogging. Mon assistant intelligent me propose un parcours et dresse une playlist

besoin d’un coup de main pour analyser des données. Je remets mes lunettes AR/VR et je la connecte sur vision transparente: ainsi je vois non seulement les infos mises en évidence dont j’ai besoin mais aussi l’environne-

Une journée en

2027 Armoire intelligente, partenaire holographique, lit préchauffé. Arijana Walcott, vice-présidente de Consumer Business Development pour Swisscom à la Silicon Valley, dresse un petit inventaire.

la station d’accueil et c’est parti. A l’aide de mes lunettes AR/VR, j’étudie les plans d’un nouvel immeuble et me déplace à travers les espaces. En passant, j’arrange ce qui ne me plaît pas: je déplace des éléments ou je les interchange. Terminé! Je demande l’assentiment d’un collègue qui, aujourd’hui, travaille à la maison et chausse lui aussi des lunettes AR/VR.

adaptée à mon humeur. Au retour, il commande mon plat préféré à la cantine, qui est prêt au moment où j’arrive.

13:15

Douchée et rassasiée, je me réinstalle à mon poste de travail. L’expresso quotidien est prêt quand une collègue de notre bureau de Genève appelle: elle a

ment réel autour de moi. J’explique à ma collègue où se situe l’erreur et je savoure mon expresso.

17:00

Assez travaillé. L’heure et aux amis et à la famille. Mon assistant intelligent me rappelle le concours scolaire de robotique de mon fils et me demande s’il doit déjà commander le taxi autonome. Dans le

taxi, je continue de travailler jusqu’à ce que j’arrive sur les lieux. Je porte mes lunettes AR/VR, l’assistant intelligent me conduit à travers le campus jusqu’à la salle où se déroule le concours. Je ne trouve pas mon fils parmi les 200 personnes présentes, mais mon assistant le déniche: interrogé, il m’indique par une flèche l’endroit précis. Tout fier, mon fils me montre ce qu’il a fabriqué avec l’aide de son ami AI: un joli robot qui saura jouer au foot avec lui.

19:00

Retour à la maison. Devant la porte se trouvent les denrées alimentaires que le frigo intelligent a commandées le matin pour notre dîner. Nous décidons de jouer encore une partie de Murder Mystery avant de manger, en réalité virtuelle (VR), bien entendu, avec mon frère qui, lui, vit à Los Angeles.

22:00

Tandis que je suis au lit à dormir, mon assistant intelligent collecte avec zèle des données afin de pouvoir me demander demain matin si ma nuit a été vraiment reposante et où se trouve mon programme d’optimisation.

00:00

Pendant que je suis au lit en train de dormir, mon Smart Assistant collecte avec zèle des données, afin de pouvoir me dire le matin à quel point ma nuit fut effectivement reposante et s’il reste un potentiel d’optimisation.

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New Kids on the Blockchain Par Marc Badertscher

Bitcoin, blockchain & Cie: le canton de Zoug devient le centre névralgique de l’univers des nouvelles monnaies numériques.

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les classiques capital-risqueurs et une entrée en bourse ultérieure. Rien qu’en 2017, de tels projets ont ratissé un total de plus de 2 milliards de francs. Cet argent doit être géré quelque part pour assurer à long terme le développement des projets de blockchains. Avec sa légis­ lation des fondations et sa sécurité générale du droit, la Suisse s’y prête parfaitement. Les autorités zougoises ont compris la tendance précocement et aidé de leurs conseils les premiers projets. Depuis lors, on voit même des conseillers fédéraux visiter la Crypto Valley et demander comment ils pourraient aider. La grande percée a eu lieu en 2014, quand le créateur de la blockchain Ethereum a opté pour Zoug et y a créé une fondation qui fait progresser le développemenwt de cette deuxième blockchain en importance et en gère les finances. Cela eut valeur de signal. Depuis lors, d’autres projets se sont installés dans la région, désormais à un rythme mensuel, parfois presque hebdomadaire. Les uns développent une nouvelle app Messenger, d’autres un site de gestion des nouveaux avoirs numériques, d’autres encore une plateforme de commercialisation de films et autres produits médiatiques, et il y en a enfin qui veulent simplifier le commerce de

Crypto Valley Zoug Bitcoin (Suisse) et Monetas ont été parmi les premières sociétés du secteur à s’installer à Zoug. Depuis, une trentaine d’entreprises du secteur blockchain sont domiciliées dans le canton.

Infographie: Swisstopo. © BILANZ-Grafik / BrandStudio

L

ongtemps, en Suisse surtout, nul n’a remarqué combien la région de Zoug se repositionnait en une sorte de Crypto Valley. Une percée. Et un message qui sous-entend que la région est ouverte à tout ce qui est nouveau, surtout si c’est en lien avec les nouvelles cryptomonnaies telles que le bitcoin et l’ether. Et donc, forcément, avec la technologie blockchain. Crypto Valley est devenu une marque internationale. Tous les sites d’information importants sur le bitcoin et les blockchains relatent régulièrement dans le monde entier ce qui se passe autour du lac de Zoug et non loin de Zurich. Et ils ont de bonnes raisons de le faire. Des dizaines d’entreprises effectives ou de projets dans le monde inédit des blockchains se sont installés dans la région. La cause principale de leur venue à Zoug est d’ordre financier. Car les projets de ce qu’on appelle Initial Coin Offerings (ICO) se financent différemment des startup. C’est une sorte d’entrée en bourse d’un nouveau genre, par laquelle les investisseurs reçoivent de la monnaie numérique en échange de ce qu’ils ont placé. Et l’une des différences les plus déterminantes consiste en ce que ces nouveaux projets attirent beaucoup d’argent beaucoup plus vite que via


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Monetas

Plateforme de transactions pour actifs de smartphone à smartphone

Bitfinitum

Société de technologie blockchain

Gare

ShapeShift

Plateforme de transactions instantanées de bitcoins et autres cryptomonnaies

Blockchain Source

Zoug

Organisation de recrutement et de manifestations pour la cryptofinance (bitcoin, blockchain)

Sapphire Innovation

Solutions basées sur le cloud pour optimiser le working-capital et prévoir le cash-flow

Tezos

Nouvelle blockchain et plateforme d’apps. Grâce à une langue de programmation simplifiée, les futures apps seront plus sûres

Patria Digitalis

Services cloud axés sur l’autodétermination numérique, les standards internet ouverts

Lac de Zoug

Fondation Energy Web

Melonport

Plateforme pour gérants de fonds sur laquelle des portefeuilles d’avoirs numériques sont traités. Les coûts sont plus réduits que dans l’univers des fonds habituel

Promotion des protocoles blockchain pour le secteur de l’énergie. Gestion du smart grid et acquisition autonome du courant par des appareils intelligents

iProtus

Développement de logiciels, de solutions de bitcoins et de blockchains

Walchwil

Golem

Cloud-computing pour tous. La capacité de processeur superflue peut être mise à disposition contre indemnité même pour un simple desktop. Ce serait même moins cher qu’Amazon

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Comment fonctionne

la blockchain?

La personne A veut transférer de l’argent à la personne B

La transaction apparaît sur la Toile comme un bloc de données Le bloc de données est accessible à tous les participants de la blockchain

Les participants vérifient la conformité du bloc

L’argent de A est transféré à B Le bloc de données est ajouté à la blockchain

l’énergie. Dans tous les cas, il s’agit d’exploiter les nouvelles opportunités de la technologie blockchain. En général, cela signifie rapprocher le producteur et le consommateur et tenter d’évincer les intermédiaires – banques, moyens de commercialisation médiatiques, distributeurs d’énergie et entreprises de médias sociaux telles que Facebook. Certaines équipes se concentrent sur la mise en place de l’infrastructure nécessaire de cette nouvelle économie peer-to-peer et développent des protocoles de rémunération de prestations et solutions pour la gestion d’identités en ligne. Tout est encore en phase d’expérimentation. Et peut-être que certains de ces projets ne verront finalement pas le jour. Reste qu’un notable écosystème

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s’est constitué autour de Zoug. Des conférences internationales spécialisées y sont régulièrement organisées et de nouvelles associations font leur apparition, à l’instar de la Crypto Valley Association et de l’association pour la gestion des avoirs numériques, MAMA. Les avocats se sont spécialisés à leur tour. En particulier l’étude MME, qui a énormément étoffé ses effectifs et favorise les ICO de nombreux projets en les rendant conformes à la législation. Zoug est également le siège de Bitcoin (Suisse). Encore jeune, l’entreprise emploie déjà plus de vingt personnes et opère dans le secteur du courtage des cryptomonnaies. Le volume de ses ventes atteint des centaines de millions

de francs tous les mois. Ces derniers temps, bon nombre d’ICO ont partiellement passé par Bitcoin (Suisse). En dépit de l’euphorie régnante, la Crypto Valley devra cependant encore faire ses preuves. Car la concurrence veille et Singapour fait de gros efforts pour devenir un hub à son tour. En plus, le nombre de nouveaux postes de travail créés à Zoug n’est pas astronomique. La gestion des finances et parfois la direction des nouvelles start-up en forment l’essentiel. Le développement effectif des apps, des nouveaux logiciels, se réalise en général ailleurs dans le monde. Berlin, notamment, est un des centres. Et bien sûr la Silicon Valley, qui a inspiré le surnom de Zoug: Crypto Valley.


Croquis du sinistre

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Votre nouveau collègue Par Max Fischer

YuMi est le premier robot sensible, qui travaille main dans la main avec des êtres humains.

C

e que nous savons faire, YuMi le fait souvent encore mieux que nous, par exemple les travaux routiniers, monotones et ennuyeux. Le robot à deux bras est «né» il y a deux ans, à l’issue de dix ans de gestation au sein du groupe technologique leader ABB. Il a été spécialement développé pour le montage de petites pièces dans l’industrie électronique, comme les montres, les tablettes ou les téléphones mobiles. Avec ses deux bras robotisés, YuMi (de «you and me») travaille de manière si précise qu’il peut même passer un fil dans le chas d’une aiguille. YuMi est le complément parfait de l’homme. Il n’est jamais fatigué ni malade, ne s’ennuie jamais au travail et ne commet jamais d’erreur. Le petit robot est même sympathique. Ce que nous connaissions par la science-fiction devient maintenant réalité: YuMi peut travailler au même poste de travail que son collègue humain, sans mesures de protection supplémentaires, avec lui et sur la même tâche. Dans le langage spécialisé, ça s’appelle «un robot collaboratif». Lorsqu’il s’agit d’effectuer un

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Le collègue idéal: YuMi effectue les travaux de routine monotones et ennuyeux.

Capable d’appren­tissage, infaillible et incroyablement polyvalent: dix ans de développement se cachent derrière YuMi.

Bas les pattes: Angela Merkel montre un respect évident envers le CEO d’ABB, Ulrich Spiesshofer (2e depuis la g.), travailleur assidu.


En collaboration avec ABB

mouvement plus exigeant, de méca­ nique fine, ou d’avoir un contact cor­ porel, l’être humain peut reprendre la tâche. Cette collaboration, soutenue par l’offre digitale d’ABB Ability, permet une accélération du processus de tra­ vail, améliore les produits et rend les postes de travail plus sûrs et plus intéressants. Pour les travaux monotones, il y a YuMi. Les pays dont l’industrie recourt le plus aux robots, comme l’Allemagne, le Japon et la Corée du Sud, ont les taux de chômage les plus bas. «Le nouveau monde du travail exige davantage de sa­ voir et surtout plus de créativité, de sou­ plesse et d’envie de changer», affirme Ulrich Spiess­ hofer, CEO d’ABB. La quatrième ré­ volution indus­ trielle boulever­ sera les relations professionnelles et les modes de travail tra­ ditionnels. Dans cette pers­ pective, nous devons nous équiper, et pas seulement techniquement, selon Ulrich Spiesshofer: «A l’avenir, nous changerons complètement de travail trois à quatre fois dans notre vie. Ce développement doit être pris en compte dans les politiques de formation.» Pour le professeur de robo­ tique à l’EPFL Roland Siegwart, c’est clair: «L’automatisation amé­ liore le niveau de vie. L’activité dans des mines plusieurs kilomètres sous terre n’est pas digne de l’être humain. Ce sont des robots qui devraient s’en charger.» Des robots comme YuMi, qui ont l’air de former

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Photos: Laura Lezza/Getty Images, Jeff Kravitz/Getty Images

Maestro YuMi: le robot a dirigé à Pise l’orchestre philharmonique de Lucca et le célèbre ténor Andrea Bocelli.

Robot & diva: Lady Gaga chante en mémoire de David Bowie, avec un piano dansant grâce à la robotique d’ABB.

un cortège humanoïde. Nous avons plusieurs stratégies pour continuer à apprendre. De la même manière, YuMi ne reste pas les bras croisés, il fait de apprentissage automatique. On peut prendre le sympathique robot par la main comme un petit enfant, et lui montrer les procédures souhaitées, étape après étape. Il les exécute déjà sans faire d’erreur. Cet automne, au Théâtre Verdi de Pise, YuMi a dirigé le chanteur Andrea Bocelli et l’orchestre philharmonique de Lucca. Il a dirigé le célèbre ténor, qui interprétait

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dans le Rigoletto de Verdi «La Donna è mobile», habilement et avec sensibilité. YuMi a eu besoin de dix-sept heures pour l’apprendre. C’est Andrea Colombini, chef de l’orchestre philharmonique de Lucca qui a préparé YuMi au concert. Il a été enthousiasmé par sa haute technologie. «L’interaction entre les coudes, les avantbras et les poignets du robot s’est bien passée. Grâce à sa souplesse, il a aussi réussi avec brio à lancer le morceau et à battre la mesure, affirme-t-il. La gestuelle fine d’un chef d’orchestre a été reproduite à un niveau jusqu’ici considéré comme impossible.» Il n’y a pas que YuMi qui est fait pour la scène. Lorsque, en 2016 aux Grammy Awards de Los Angeles, la superstar Lady Gaga a rendu hommage au caméléon de la pop qui venait de décéder, David Bowie, le piano dansait. Dans cette technologie enfichable d’ABB, les robots sont quasiment des clones de YuMi. L’homme et la machine jouent aujourd’hui main dans la main.

YuMi bientôt ∆derrière le comptoir?

Avec YuMi, ABB a inauguré une nouvelle génération de robots, qui fait réfléchir, pour la première fois, à les utiliser dans certaines branches. Dans un supermarché à l’Expo de Milan, YuMi a distribué les fruits du futur aux visiteurs. Environ mille demandes de personnes intéressées ont été enregistrées, dont la moitié de la part d’entreprises qui n’avaient jusqu’ici pas pensé à engager des robots. Certaines proviennent de l’industrie alimentaire: peutêtre verra-t-on bientôt YuMi assister les boulangers.


En collaboration avec ABB

Quand le moteur demande de l'aide par SMS Par Max Fischer

Nombreuses sont les personnes à contrôler leur pression sanguine, leur pouls, leur sommeil, leur consommation de calories et leurs pas via des fitness trackers. Et les premières «bandes fitness» pour moteurs industriels sont arrivées.

C

’est un repère dans l’histoire de l’entretien des moteurs. Jusqu’ici, la surveillance et l’entretien prenaient beaucoup de temps et coûtaient très cher. C’est de l’histoire ancienne: le «senseur intelligent» développé par ABB fournit notamment des informations sur les vibrations, la température ou la surcharge. L’ensemble des données est traité par des algorithmes, qui procurent une vision détaillée de la santé du moteur. Les données sont chargées par voie hertzienne dans l’application d’ABB Ability, placée sur le cloud. Avec Ability, ABB offre une plateforme interentreprises et plus de 180 solutions digitales. Les données sont analysées dans l’application et transformées en feedback. Lorsque l’ampoule est verte, «tout est ok». L’ampoule jaune signifie qu’il y a un problème, mais que l’entretien peut

Comment puis-je aider? Un technicien contrôle les annonces du «moteur intelligent».

attendre le prochain service. Et l’ampoule rouge indique qu’un problème critique exige des mesures immédiates. Ces informations peuvent être consultées depuis un smartphone, une tablette et un ordinateur de bureau. Quand il y a un pro-

Le tube parlant de la machine: le senseur intelligent d’ABB sur un moteur industriel.

blème, le senseur automatique envoie une alarme au technicien. La solution innovante en format de poche peut être installée sur des moteurs anciens ou neufs, elle n’est pas limitée aux machines d’ABB et la connexion est possible via l’Internet des objets. Cette nouvelle ère du diagnostic à distance offre d’énormes avantages: l’efficience énergétique augmente jusqu’à 10 %, et la durée de vie d’un moteur s’allonge jusqu’à 30 %. Et les temps d’arrêt imprévus peuvent être réduits de près de 70 %. Grâce aux énormes économies, l’investissement est amorti en moins d’une année. Cette nouvelle technologie transforme des moteurs simples en moteurs intelligents, qui deviennent un élément important de la quatrième révolution industrielle. Car ils nous parlent à leur manière.

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Vivre plus futé Par Max Fischer

Les assistants numériques révolutionnent nos quatre murs: l’habitat devient plus confortable et écologique.

L

a bonne ambiance en pressant simplement sur un bouton: des solutions domotiques permettent de créer une lumière adaptée aux besoins, que ce soit pour travailler ou pour traîner devant la télévision. Le nec plus ultra: le système parle via Alexa, une assistante d’Amazon. Elle ne comprend pas ­seulement qu’il faut «allumer toutes les ­lumières», elle répond «OK, toutes les ­lumières sont allumées». Et elle réagit à des questions telles que: «Les lumières sontelles encore allumées?» Un interrupteur de confort offre des fonctions inédites: il allume et éteint indépendamment la lumière dès qu’il détecte un mouvement. On peut choisir l’intensité et la durée de la lumière. Lorsqu’une personne passe de nouveau dans le couloir ou dans la salle de bains, le minuteur se remet à zéro. C’est pratique et sûr. Pour améliorer encore le confort, la fonction Astro ferme automatiquement les stores au coucher du soleil et les ouvre au lever, ou lorsqu’on le désire.

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Avertisseur

Des détecteurs connectés annoncent les dangers de façon sonore.

Eclairage

La lumière réagit aux paroles et aux mouvements.

La salle de bains devient spa, la cuisine se mue en centrale de communication. L’entrée et le plat principal sont prêts précisément à l’instant où l’habitant sort de sa douche. Il n’y a pas de raison de chauffer à fond la maison lorsqu’elle est vide. Avec l’offre digitale Ability d’ABB, les habitants peuvent définir le profil de chauffage selon

leurs habitudes quotidiennes, indépendamment pour chaque chambre, ce qui ménage le porte-monnaie et l’environnement. Chaque degré de moins permet d’économiser 6 % d’énergie. De plus, la maison du futur fonctionne de manière parfaitement autonome. Elle n’a pas besoin de courant externe, elle en fabrique avec l’énergie solaire et géothermique.


En collaboration avec ABB

Energie

La maison autonome tire tout son courant des énergies solaires et géothermiques.

Détecteurs de lumière

Température

Le profil individuel de chauffage permet d’économiser de l’énergie.

Et elle est aussi sûre que Fort Knox: des détecteurs de fumée sont pourvus d’une alarme acoustique, la vidéocommunication permet de voir qui sonne à la porte… Et fonction très pratique: les habitants peuvent tout régler à distance, depuis leur bureau ou pendant leurs vacances, via leur smartphone ou leur tablette. «Home sweet home» avec la domotique!

Vidéo

Qui est à la porte? La commu­ni­cation par vidéo renforce la sécurité. Sa maison en format de poche: la maison intelligente est contrôlée et dirigée à distance.

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Photos: Thinkstock, ABB

Les stores s’ouvrent et se ferment au lever et au coucher du soleil.


En collaboration avec ABB

Photos: Jean Revillard/Rezo, ABB

Cadeau du ciel

Prestation aérienne pionnière: Solar Impulse vole au-dessus de San Francisco.

Par Max Fischer

L’esprit pionnier réalise l’impossible: le tour du monde de Solar Impulse donne lieu à des innovations révolutionnaires dans le domaine de l’e-mobilité.

C

’est avec la seule énergie solaire que Bertrand Piccard et André Borschberg ont réalisé leur tour du monde en volant jour et nuit. Comment est-ce possible? Avant et pendant la mission, ABB a suivi des pistes visionnaires avec un mot magique: les microréseaux. Ces réseaux d’énergie autonomes sont alimentés par le soleil et le vent et disposent d’une alimentation d’urgence par piles. Ils peuvent changer de source d’énergie en quelques secondes. Solar Impulse est l’un de ces microréseaux volants. «Ces prochaines années, les microréseaux vont changer la vie de millions de gens», affirme le CEO d’ABB, Ulrich Spiesshofer.

L’offre digitale Ability permet à des usines de s’implanter dans des régions sans alimentation en électricité, ou à des communes non reliées au réseau électrique de se fournir en énergie. D’autres innovations sont à signaler dans le domaine de l’e-mobilité, par exemple le système de chargement Blitz, désormais utilisé pour des bus électriques. A la fin de cette année, il sera utilisé sur la ligne genevoise numéro 23, desservie par un bus électrique Tosa. La technologie la plus rapide du monde nécessite moins d’une seconde pour que le bus soit relié à la station de recharge. Ensuite, pendant que les passagers montent et descendent, le bus est chargé E-Tiger en chargement: la technologie de recharge la plus rapide est utilisée sur la ligne de bus de l’aéroport de Genève, ABB étant leader du marché des colonnes de charge.

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de 600 kilowatts en quinze secondes. A titre de comparaison, il faut autant d’énergie pour allumer 10 000 ampoules de 60 watts à la fois. Au total, 13 stations de recharge rapide sont installées aux arrêts conventionnels le long de la ligne de banlieue. Le système transforme les villes en centres moins bruyants, moins embouteillés et moins pollués. A Genève, la production de dioxyde de carbone baissera de 1000 tonnes par an, par ­rapport aux véhicules diesel actuels. L’infrastructure de recharge rapide pour véhicules individuels est encore plus avancée: ABB a livré près de 200 stations au fournisseur d’énergie allemand EnBW pour développer le réseau de stations de recharge sur les autoroutes de ce pays. L’entreprise de technologie est leader mondial avec plus de 6000 systèmes de recharges installés à travers le monde. Une bonne centaine d’années après l’électrification des CFF par l’ancienne BBC, ABB a une longueur d’avance dans le domaine de l’e-mobilité de la quatrième révolution industrielle.


L’usine intelligente rendue possible grâce au capteur ABB Ability™ Smart Sensor.

— Ça se passe ici et maintenant: l’avenir de la production industrielle.

Découvrez comment ABB et la Suisse ouvrent la voie à une nouvelle ère d’innovation numérique sur abb.com/ch. Let’s write the future. Together.


Nous sommes

Kanton GraubĂźnden Chantun Grischun Cantone dei Grigioni

LeRĂŠseau.ch


50% 65%

des revenus sont menacés par un changement du comportement de consommation. des enfants exerceront des métiers qui n’existent pas encore aujourd’hui.

Le temps que nous passons quotidiennement sur un appareil électronique

8 heures 48 min

6%

11%

portent un moniteur d’activité physique

utilisent une smartwatch

90%

31%

possèdent un smartphone

ont une TV connectée

digitalswitzerland

Un mouvement D

e zéro à cent en deux ans, c’est énorme! En 2015, à l’initiative de Marc Walder, CEO de Ringier, Corine Mauch, maire de Zurich, et Ruedi Noser, conseiller aux Etats zurichois, ont lancé DigitalZurich2025 avec une bonne douzaine de chefs de grandes entreprises suisses. Née à Zurich, cette initiative s’est répandue à toute vitesse dans le pays, s’appuyant fortement aussi sur la Suisse romande. Aujourd’hui, 90 entreprises et institutions renommées du monde de la science font partie de Digitalswitzerland, qui entretient également des liens étroits avec le politique.

∆Dr Christian Wenger Partenaire Wenger & Vieli, cofondateur et président de Digitalswitzerland

Quels sont nos objectifs?

1. Nous aspirons aux meilleures conditions-cadres politiques pour notre pays et nos concitoyens dans le monde numérique. 2. Nous nous engageons pour que les habitants de la Suisse reçoivent une formation et une formation continue qui leur assurent d’excellentes opportunités professionnelles dans la révolution numérique. Nous voulons donner aux meilleurs talents en Suisse une formation de grande qualité et faire venir les meilleurs talents en Suisse. 3. Nous encourageons les start-up. La Suisse devient la Mecque des jeunes entreprises numériques. 4. Nous soutenons les entreprises, y compris les PME, dans leurs compétences numériques. 5. Nous montrons au public ce que signifie concrètement la numérisation et quelles opportunités elle ouvre à chacun d’entre nous et à la Suisse en tant que telle lorsqu’on sait en tirer profit. La Suisse offre les meilleures conditions pour ce faire.

Dans le cadre de ces objectifs, nous avons identifié 25 projets que nous mettons en œuvre nous-mêmes au sein de Digitalswitzerland ou que nous soutenons financièrement. En font partie la Journée du digital, le plan d’action digital de l’économie, de l’administration et du politique, le développement d’Educationdigital (plateforme pour la formation et la formation continue dans les métiers numériques) et un programme de développement accéléré de jeunes entreprises. Nous vivons et travaillons tous en pleine mutation numérique et sommes donc les témoins d’une époque historique. Mais on attend de nous que nous développions une société numérique enviable, dans laquelle tous les humains trouvent leur place. Si nous omettons de le faire, nous nous dirigeons tête baissée vers une société à deux vitesses de gagnants et de perdants. La transformation numérique exige de nous tous de la solidarité et une disponibilité à nous adapter et à évoluer sans cesse. Voilà à quoi nous nous engageons.

Les principaux projets de Digitalswitzerland Conditions-cadres politiques ∆ Création d’un environnement juridique et réglementaire durable

Formation et talents ∆ Hausse du volume et de la qualité de la formation numérique ∆ Promotion des talents

Encouragement aux start-up ∆ Financement et promotion de l’innovation et de l’économie

Promotion de l’entreprise ∆ Projets pionniers interdisciplinaires ∆ Conférences phares

Dialogue avec le public ∆ Renforcement de la prise de conscience du public

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Les temps forts du Digitalday ­ écouvrez le 21 novembre les opporD tunités qu’offre la numérisation. Lors de cette première Journée du digital, 40 entreprises et institutions de toute la Suisse présentent leur vision. Berne

Coire

Gare du Wankdorf 08:00-18:00 Pas besoin de marcher pour visiter le siège central de La Poste, la navette autonome de Car Postal, normalement à Sion, emmène les visiteurs de la gare du Wankdorf à l’immeuble de La Poste.

Gürtelstrasse 14 08:00-20:00 Aux Grisons, les étroites vallées compliquent le développement économique. Mais la numérisation supprime les distances et rassemble les vallées. Comment exactement? Le Canton l’expliquera à la Gürtelstrasse 14, à Coire.

RUAG 09:00-20:00 Il est rare que le groupe d’industrie et d’armement Ruag ouvre ses portes. Les visiteurs verront notamment comment Ruag forme des spécialistes de la défense contre les cyberattaques. La Poste 10:00-18:00 Visitez le siège central de La Poste suisse, accueillis par des drones et des robots. Le géant jaune montrera aux visiteurs comment on développe de telles initiatives. Il y aura en outre, sur les divers stands, des présentations de dix minutes sur les nouvelles technologies.

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Genève Gare de Genève Cornavin 06:32-20:35 Un wagon spécialement aménagé des CFF circule entre Genève et Saint-Gall: des invités issus du politique et de l’économie voyageront dans un wagon numérique unique. Mais il y aura aussi des sièges libres pour ceux qui s’y intéressent. On y présentera notamment les futures formes de collaboration.

Härkingen (SO) Centre de tri des colis et des lettres 08:00-17:00 Le commerce en ligne a déclenché à La Poste un tsunami de colis.

Genève Cornavin: 06:00-20:00

A quoi sert la numérisation dans les airs? La compagnie Swiss présente à la gare de Genève Cornavin les nouvelles technologies utilisées en particulier dans les avions de série C.

Comment maîtrise-t-on le tri et la distribution ? Les visiteurs verront le centre de tri des colis de Härkingen (SO). Portes ouvertes également dans les centres de tri de Daillens (VD) et de Zurich-Mulligen.

Kloten, aéroport 18:00-19:00 Les sociétés Flughafen Zürich AG et Swiss proposent une incursion exceptionnelle dans les coulisses de l’industrie aéronautique. Les visiteurs apprendront ainsi comment les équipages se préparent avant un décollage, comment ils se font assister par le FlyPad numérique et à quoi ressemble la cabine du nouveau Boeing 777-300 ER – tout cela grâce aux lunettes de réalité virtuelle.

Nidau (BE) Aarbergstrasse 5 09:00-17:00 Que savez-vous du darknet, le domaine d’Internet qu’on n’arrive pas à atteindre via Google et où se traitent aussi des transactions illégales? La Haute Ecole bernoise montre ce qu’il s’y passe.

Saint-Gall Swisscom Shop 10:00-18:00 Ici, les intéressés bénéficient d’un cours rapide d’utilisation du smartphone. Il y aura des cours semblables dans les SwisscomShops de Genève, Lausanne, Neuchâtel, Baden, Bâle, Berne, Lucerne, Winterthur et Zurich.


Lugano 09:00-18:00

Credit Suisse invite à une excursion dans l’univers numérique de l’argent. Il y aura un parcours pour petits et grands avec divers postes allant des lunettes de réalité virtuelle à l’achat par smartphone en passant par la rencontre avec un robot. Le même programme se déroulera également dans les filiales du CS de Genève, Bâle, Berne, Winterthur et dans un pop-up-store de la gare de Zurich.

Zurich HB: 08:00-20:00

Lors du Digital Day il y aura des manifestations dans tout le pays, mais la vaste halle de la gare de Zurich en sera le cœur. De multiples entreprises y sont représentées, qui présenteront leurs projets numériques. Les gares de Genève, Lugano et Coire seront d’autres centres d’attraction.

Zurich, gare centrale 08:30-19:30 Lutter contre les refroidissements grâce à la technique moderne? Migros montre comment ça marche à l’aide de son site de santé iMpuls. 09:30-18:30 Avez-vous l’expérience de la réalité virtuelle? Le groupe Blick et Valora vous montrent comment vous pouvez vivre des vidéos différemment.

Visitez la newsroom de Blick, prenez place dans un avion de combat ou jouez au tennis avec Belinda Bencic. 13:00-19:30 Nous vivons de plus en plus longtemps, grâce notamment aux nouvelles technologies. Cela a de grandes répercussions sur la pro­ fession, la famille et la société. L’assurance vie Swiss Life présente 44 scénarios réalistes pour l’avenir.

08:30-19:30 Expérimentez une visite à travers la gare centrale organisée par les CFF, mais à l’aide de la réalité augmentée. 08:30-19:30 Sans doute avez-vous déjà entendu parler de la devise virtuelle bitcoin et de la technologie blockchain. Le cabinet de conseil EY montre comment fonctionne une blockchain.

Photos: Cemil Erkoc, Thomas Lüthi/HEG, mauritius images/Dino Fracchia/Alamy

08:30-19:30 Dossiers électroniques de patients, ordonnances sur smartphone, puces salutaires sous la peau: ce ne sont là que les premières étapes de la numérisation de la santé. Le cabinet de conseil PwC organise un remueméninge public sur le sujet. 08:30-19:30 Piloter l’ordinateur par la pensée. De la science-fiction? Non, c’est possible. Dans un jeu vidéo, la Haute Ecole des arts de Zurich et l’EPFZ montrent comment ça se passe. Testez vous-même! 08:30-19:30 La numérisation a chambardé le paysage des médias. SRF, BILANZ, BLICK, la HandelsZeitung et la Schweizer Illustrierte montrent comment ils affrontent la mutation. 08:30-19:30 Noël arrive. Cuisez aujourd’hui déjà vos biscuits à l’aide de l’imprimante 3D! Au stand Swisscom vous pouvez dessiner vos propres formes de biscuits et les faire imprimer immédiatement. 12:30-17:45 Viktor Giacobbo grimpe sur un ring de boxe numérique. Dans le rôle du critique de la numérisation, il assure des échanges verbaux avec les CEO de La Poste (Susanne Ruoff), de Ringier (Marc Walder), des CFF (Andreas Meyer) et de Swisscom (Urs Schaeppi).

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Ami en Par Peter Hossli

Ils prétendent améliorer nos existences tout en étendant leur empire sur la planète. Faut-il maudire ou bénir Facebook, Google, Amazon et les autres?

Amazon Selon le classement Forbes actuel, l’homme le plus riche du monde (90,6 mia de dollars) est Jeff Bezos, 53 ans, fondateur d’Amazon.

D

eux milliards d’humains se bous­ culent sur Facebook. Pour son pa­ tron Mark Zuckerberg, 33 ans, ce n’est pas encore assez. Il entend réunir tous les citoyens de la terre sur sa plateforme sociale. Ils doivent se rassembler, for­ mer des groupes et s’entraider à gérer leur existence. Car selon lui, «ce n’est qu’ensemble» que l’on saisira les oppor­ tunités et que l’on résoudra les pro­ blèmes. Sous-entendu: ensemble avec Facebook. Zuckerberg n’est pas le seul milliardaire à se la jouer missionnaire. Le patron d’Amazon, Jeff Bezos, 53 ans, simplifie les emplettes numériques ou physiques. Les fondateurs de Google, Sergey Brin et Larry Page, 44 ans tous les deux, diffusent le savoir mondial. Ce que promettent les géants de la Silicon Valley ne coûte souvent rien mais cela a son prix. Ils n’empochent pas des dollars ni des francs mais quelque chose de beaucoup plus précieux de nos jours:

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des données personnelles. A chaque clic, à chaque recherche, à chaque like, nous nous dévoilons. Les algorithmes de Google et Facebook traitent nos don­ nées et reconnaissent qui aime quoi, quand, où et pourquoi. Du coup, les annonceurs peuvent insérer des publi­ cités ciblées: ceux qui affectionnent les chaussettes blanches ne verront jamais de la pub pour des chaussettes colorées. Les conservateurs ne recevront des nou­ velles que de politiciens conservateurs. Les prospecteurs de données califor­ niens sont devenus riches et puissants. Leurs imitateurs n’auront pas les mêmes chances, pas plus que jadis les cher­

cheurs d’or de la seconde vague, morts de froid durant la ruée vers l’or. Facebook et Google s’arrogent 70 % du gâteau publicitaire. L’an dernier, le duopole s’est assuré 89 % de la croissance de la pub numérique. Pour David Chavern, président et CEO de l’association d’édi­ teurs américains News Media Alliance, les géants de la Silicon Valley menacent les médias, donc un pilier de la démo­ cratie. «Ils s’attaquent à notre capacité de produire de vraies informations, a-t-il affirmé à Bild. Il faut que cela cesse!» Des mots. Cinq groupes technolo­ giques paraissent irrattrapables. Apple, Google, Amazon, Facebook et Microsoft ont pris davantage de valeur en bourse que les trente plus grandes entreprises allemandes, leurs départements R&D donnent le ton, leurs caisses sont pleines. Ils achètent en un tournemain d’éventuels concurrents en germe et toutes les bonnes idées. «Il est ridicule


ou nemi? Facebook A 33 ans, Mark Zuckerberg est convaincu que Facebook contribue à résoudre les plus grands problèmes de l’humanité.

d’imaginer qu’en 2075 Facebook, Google et Apple ne seront plus là, avertit Steve Wozniak, 67 ans, fondateur d’Apple. Ils sont tellement riches qu’ils peuvent investir dans n’importe quoi.» Ils s’attaquent à tous les secteurs. Selon des analystes de la banque HSBC, ils ont maintenant la santé dans le collimateur. Google, Apple et Microsoft tentent de faire de leurs systèmes d’exploitation des standards pour la construction de machines, l’industrie automobile et la production d’énergie. Ils attaquent de l’intérieur les industries traditionnelles, à la manière de chevaux de Troie. Ils se chamaillent entre eux pour les clés du futur. Deux domaines sont visés: pour la réalité virtuelle, Apple est en tête; pour l’intelligence artificielle, Google, Facebook et Amazon mènent le bal. Ils interconnectent tous des ordinateurs et des robots pour développer des assistants intelligents qui comprennent les voix,

conduisent des voitures, soignent les malades et remplissent les frigos vides. Les patrons des industries traditionnelles réclament à cor et à cri de nouvelles règles. Les législateurs sont priés d’intervenir. S’ils restreignent par trop le droit des plus forts, ils entraveront certes la toute-puissance américaine mais freineront aussi le progrès. Les dirigeants des géants technologiques se fichent des nouvelles règles. Ils se voient en bons monarques dans des démocraties farcies de mendiants. A l’aide de leurs milliards, ils influencent la politique et la société. Leurs logiciels déterminent comment les enfants apprennent, comment les Etats fonctionnent, comment les industries s’organisent. On attribue à Mark Zuckerberg des vues sur la Maison-Blanche. Quand bien même il ne serait alors président que des Etats-Unis, plus de la planète entière.

Fondé en Californie en 1998, Google a ouvert en 2004 un premier bureau en Suisse. Désormais, le géant possède à Zurich le plus grand centre de recherche et de développement hors des Etats-Unis. Ses 2200 salariés venus de 75 pays sont surnommés Zooglers. Ils bricolent le site d’hébergement YouTube, ils développent Gmail et Google Maps pour l’Europe, le Proche-Orient et l’Afrique. Google a annoncé en 2016 vouloir étoffer son effectif zurichois à 5000 personnes d’ici à 2021. Apple s’établit également à Zurich. Un étage entier a été loué dans le Kreis 5. Pour quoi faire? C’est secret. Mais tout laisse à croire qu’il s’agit du secteur «computer vision», donc de la possibilité pour les ordinateurs et les objets de percevoir leur environnement. Apple a débauché il y a peu une équipe spécialisée en robotique à l’EPFZ et acheté il y a deux ans l’entreprise zurichoise Faceshift, experte en réalité virtuelle. Et Facebook, ou plutôt sa filiale Oculus, construit aussi à Zurich. Nulle part, excepté aux Etats-Unis, l’entreprise ne mobilise autant de spécialistes de vision numérique qu’à Zurich. C’est un domaine particulier où l’EPFZ dispose de la plus grande densité d’enseignants. Pour les géants technologiques, cela vaut de l’or. Pour Zurich aussi.

Photos: Mackenzie Stroh/Contour by Getty Images, F. Scott Schafer/Contour by Getty Images

∆Silicon Zurich


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«E-voting» et esprit de clocher Par Olalla Piñero Trigo

Lentement mais sûrement, le Conseil fédéral veut introduire le vote électronique dans deux tiers des cantons d’ici à 2019.

E

n Suisse, l’e-voting prend de l’ampleur: Genève, Berne, Lucerne, Bâle-Ville, Argovie, Saint-Gall et Neuchâtel offrent déjà cette possibilité pour certaines votations. Les Suisses de l’étranger sont prioritaires en la matière. Le vote électronique doit s’établir comme troisième canal ordinaire, en plus du vote dans l’urne et par poste. C’est en 1998 que la question du vote électronique a été posée pour la première fois. En 2000, la Confédération et les cantons ont mis sur pied le groupe de travail «Avant-projet de vote électronique». Dans ce cadre, les tests suisses d’e-voting effectués par les cantons pionniers de Genève, Neuchâtel et Zurich ont reçu un appui financier à hauteur de 80 %. Depuis 2004, 14 cantons ont effectué environ 200 essais. Résultat: plus de 60 % des électeurs qui avaient accès au canal d’e-­voting ont opté pour cette procédure de vote. Les autorités fédérales ont donc décidé d’étendre progressivement le système. Le Conseil fédéral souhaite que deux tiers des cantons puissent proposer l’e-voting pour les élections fédérales de 2019. Mais dans la Suisse fédéraliste, de grandes différences existent en matière de vote électronique. Certes, le Conseil fédéral fixe le cadre légal pour l’exercice des droits politiques, mais la mise en œuvre

Aujourd’hui

on vote et la procédure de vote incombent aux cantons. Il y a donc des précurseurs comme Genève, Neuchâtel et Zurich, et d’autres un peu à la traîne comme Vaud, le Jura et le Valais. Actuellement, deux systèmes coexistent: CHVote, développé par le canton de Genève, et le système e-Voting de La Poste. Chaque fournisseur de système livre une véri­table bataille pour convaincre les nouveaux partenaires des avantages de son système actuel. Alors que la plupart des cantons optent pour CHVote (Berne, Lucerne, Argovie, Saint-Gall), Bâle-Ville a introduit le système du géant jaune début 2017, rejoignant ainsi Neuchâtel et Fribourg. Certains cantons sont réticents et craignent les lacunes sécuritaires et les pi-

rates informatiques. Le troisième rapport du Conseil fédéral exige que, en 2018, les systèmes permettent la traçabilité à 100 % pour garantir que les votes aient bien été notés et enregistrés. Mais l’e-voting a de nombreux avantages: il prend moins de temps et pourrait faire augmenter la par­ ticipation. L’e-voting coûterait en outre bien moins cher puisqu’il économise les frais de port et exige moins de personnel pour compter les voix. Les citoyens aussi sont séduits par la rapidité et le confort, et semblent prêts à faire le pas vers le futur avec l’e-voting: une enquête réalisée en 2016 par le Centre pour la démocratie à Aarau (ZDA) montre que plus de deux tiers des personnes interrogées sont partisanes du vote électronique.

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Des gadgets qui on Par Lorenz Keller

Le monde numérique évolue à une vitesse vertigineuse. Avant l’iPhone, les téléphones intelligents étaient un phénomène marginal, et c’était il y a à peine dix ans. Voici les découvertes qui ont été innovantes.

1968 Télévision moderne à tube cathodique: Sony Trinitron

Sony a contribué à la percée de la télévision couleur. Le Trinitron était le premier à n’avoir qu’un tube, à être petit et bon marché.

1977

1979

1982

Console de jeux: Atari 2600

Lecteur portable de cassettes: Sony Walkman

Ordinateur grand public: Commodore 64

Toujours actuelle, la console a provoqué le premier boom de jeux vidéo.

1986 Pager grand public: Motorola Bravo Le Motorola Bravo a fait partie des meilleures ventes et a été le premier pager pour un public large. Il pouvait enregistrer cinq messages de 24 signes chacun.

1996

Ecouter de la musique au casque en se déplaçant, c’était une révolution à une époque où le vinyle dominait le marché. Sony a vendu 200 millions d’exemplaires, le Walkman est devenu le symbole de tous les lecteurs portables de musique.

1998

Ordinateur de poche à écran tactile: Palm Pilot Ecran tactile (monochrome) et applications comme le calendrier ou le carnet d’adresses: les assistants personnels numériques (PDA) sont les ancêtres des téléphones intelligents. Palm en a vendu des millions.

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PC le plus vendu, le Commodore est pour beaucoup d’amateurs la porte d’entrée dans le monde de l’ordinateur.

1989 Console portable: Nintendo Game Boy Nintendo a vendu 200 millions de Game Boy. Soudain, tout le monde y jouait, tout le temps et partout.

2001

2004

E-mobilité: Segway Le véhicule à essieu unique auto-équilibré est devenu le symbole de l’électromobilité.

Premier lecteur MP3: Diamond Rio PMP300

Le premier lecteur MP3 réussi avec 32 Mo de mémoire ainsi qu’un slot est arrivé sur le marché en même temps que les premiers magasins de musique en ligne.

Navigateur portable: TomTom Go Le premier navigateur GPS tout en un n’est plus un produit de luxe, la navigation devient abordable pour tous.


t changé le monde 1970

1972

Calculatrice de poche: Calculator Canon Pocketronic

Montre digitale: Hamilton Pulsar

1983

1984

Téléphone mobile: Motorola Dynatac 8000x

PC avec souris et surface graphique: Apple Macintosh

La calculatrice Canon coûtait l’équivalent de plus de 2000 francs actuels. Cinq ans plus tard, le prix de la calculatrice de poche tombait en dessous de 100 francs.

Le premier vrai téléphone mobile pesait 800 grammes et coûtait l’équivalent de 10 000 francs actuels.

La première montre digitale avec LED, qui passait pour futuriste, a été utilisée dans le film de 007 «Vivre et laisser mourir».

Certes, Apple n’a pas envahi le marché du PC, mais des innovations comme la souris ou l’interface utilisateur ont vite été copiées par tout le monde.

1994 Console de jeux: Sony Playstation Sony domine le marché de la console depuis plus de vingt ans, également pour les adultes.

2007

2008

2010

Téléphones intelligents: iPhone

Premier téléphone Android: HTC Dream

Tablette grand public: Apple iPad

2012

2016

Drone grand public: DJI Phantom 1

Lunettes de réalité virtuelle: Oculus Rift

L’iPhone avec ses applications et sa commande par écran tactile n’était pas le premier téléphone intelligent, mais a changé et dominé toute la branche.

Les drones transforment la photographie, la vidéo et le film. Les engins volants se sont imposés avec la série Phantom de DJI, également pilotables et finançables par les amateurs.

Le Dream a été le premier appareil à fonctionner sous Android. Les notifications et l’inté­gration des services Google constituaient les grandes nouveautés.

Apple n’était pas non plus pionnier en matière de tablettes, mais le premier fabricant à bien les fabriquer. L’iPad domine toujours le marché.

Lancé par financement participatif, Oculus Rift inaugure le boom de la réalité virtuelle.

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Le médecin à qui l'on se fie Par Gabi Schwegler

A l’Hôpital du Triemli, à Zurich, un assistant numérique fait partie de l’inventaire fixe de la salle d’op. Mais la réussite d’une intervention dépend quand même du chirurgien, assure le médecin-chef, Michael Müntener. 62  www.journeedudigital.swiss


∆En personne

Le Zurichois Michael Müntener, 47 ans, est depuis cinq ans médecin-chef de l’urologie à l’Hôpital municipal du Triemli, à Zurich. Il a étudié la médecine à l’Université de Zurich, puis travaillé à l’Hôpital Limmattal, pratiqué la recherche à Baltimore, puis l’urologie durant cinq ans à l’Hôpital universitaire de Zurich. La chirurgie assistée par robot est une de ses spécialités.

«Les patients veulent vraiment être opérés à l’aide de la technique la plus moderne», assure le médecin-chef Michael Müntener.

C

’est une sorte de théâtre de marionnettes 2.0: Michael Müntener, médecin-chef de l’urologie à l’Hôpital du Triemli, guide de ses mains des instruments chirurgicaux dans le corps d’un patient et, de ses pieds, il règle la caméra et l’éclairage. Le médecin est assis à une console, les yeux rivés à deux œilletons de caméra. Le patient est couché à deux mètres de lui sur la table d’opération, sous les quatre bras en forme de tentacules de pieuvre du robot Da Vinci, qui traduisent les mouvements du médecin en une dimension dix fois inférieure. Ça a l’air compliqué, «mais ce n’est pas plus difficile que de conduire une voiture, assure le praticien. Le pi-

lotage des instruments est conçu de manière tellement simple que le chirurgien peut se concentrer entièrement sur l’opération.» Dans cet hôpital, les interventions urologiques sont presque toutes assurées à l’aide du robot. Ce sont des opérations très peu invasives, au cours desquelles des instruments chirurgicaux et une caméra sont introduits par quelques petits trous dans la paroi abdominale. Ce type d’intervention se prête particulièrement à la résection de tumeurs de la prostate, des reins ou de la vessie. Il va de soi que Da Vinci ne travaille pas tout seul: il est piloté par un chirurgien. «De par ses connaissances et son expérience, ce der-

nier reste déterminant pour la réussite de l’intervention», expose le médecin. Au sens strict, Da Vinci n’est donc pas vraiment un robot mais plutôt un instrument de chirurgie très développé. Mais, comme sa désignation exacte de «télémanipulateur» est compliquée, Da Vinci est associé à un robot dans la langue populaire. «Ce simple mot a une forte influence sur la perception du patient, poursuit Michael Müntener dans son bureau avec vue sur la ville. Les robots passent pour quelque chose de nouveau, or ce qui est nouveau est vu comme meilleur. C’est ancré dans l’inconscient de beaucoup de gens.» A l’Hôpital du Triemli, le nombre d’opérations du cancer de la prostate avait diminué avant l’installation de Da Vinci en salle d’op. «Sans cette machine, on ne peut plus pratiquer d’opérations en urologie en Suisse», estime Michael Müntener. Les patients veulent être opérés avec les techniques les plus modernes.» Mais en 2016 une étude de la célèbre revue médicale The Lancet a remis en cause

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l’utilité de Da Vinci: il n’y aurait aucune différence entre les patients opérés classiquement et ceux opérés à l’aide de Da Vinci, aussi bien du point de vue de la guérison d’un cancer que de celui de la préservation de la continence. Dans l’article, il était question du «recul des robots en salle d’opération». Or, selon Michael Müntener, des résultats importants de cette même étude ont été escamotés: pour les opérations réalisées à l’aide d’un robot, l’hémorragie a été trois fois plus réduite, les patients avaient nettement moins mal après l’opération et ont séjourné moitié moins de temps à l’hôpital. L’urologue ne croit pas pour autant qu’un jour le robot remplacera entièrement le chirurgien. «L’objectif doit être de tirer le meilleur des deux univers: le savoir et l’expérience de l’humain, la précision et la puissance de calcul de la machine.»

Le chirurgien pilote depuis sa console les instruments de chirurgie et la caméra à l’intérieur du corps du patient.

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Cœur né de l'imprimante 3D I

l y a deux qualificatifs dont le monde de la recherche rêve: longtemps et en bonne santé. C’est pourquoi Google a créé en 2013 l’entreprise de biotechnologie Calico qui, à en croire son site, «entend décrypter le processus du vieillissement, un des plus grands mystères de la vie». Calico veut développer des méthodes qui aident à comprendre la biologie et permettent à l’homme de vivre plus longtemps et en meilleure santé. Une intention que le géant de l’Internet partage avec d’autres entreprises et chercheurs. Quatre exemples illustrent à quoi ressemblera la prévention en matière de santé à l’avenir.

Puces et portables Les bracelets de fitness et les montres intelligentes – ce qu’on appelle les wearables, soit les portables – font aujourd’hui déjà partie de l’équipement standard de beaucoup de gens. Nous nous mesurons nous-mêmes afin de nous rapprocher autant que possible de notre moi vital rêvé. Aux Etats-Unis, on a déjà testé des pansements électroniques qui mesurent les fonctions du corps et transmettent les données. A l’aide de ce pansement intelligent, des chercheurs ont réussi à établir des valeurs telles que température de la peau, rythme cardiaque et teneur en oxygène du sang. Le développement ultérieur d’un tel pansement, c’est la micro-puce médicale implantée sous la peau pour enregistrer les fonctions et les activités corporelles.

Photos: Jürg Waldmeier

Récompenses aux assurés Si les gens vivent de manière plus saine, les coûts de la santé diminuent. Rien d’étonnant, par conséquent, que les assureurs maladie s’affichent en précurseurs de la promotion de la santé. La CSS, par exemple, récompense de 40 centimes par jour les assurés qui font au moins 10 000 pas chaque jour. C’est 12,40 francs de primes de moins chaque mois. Les utilisateurs de l’appli Helsana+ peuvent quant

à eux collectionner des points en nageant régulièrement, en fréquentant des cours de nutrition ou en s’engageant dans un club sportif. Ils peuvent ensuite changer les points gagnés (jusqu’à un maximum de 300 francs par an) en argent comptant ou bénéficier de rabais dans des entreprises partenaires.

Lentilles intelligentes La joint-venture avait suscité l’intérêt: en 2014, Google et Alcon, une filiale de Novartis, se sont mis à travailler sur des verres de contact intelligents. A l’époque, le CEO de Novartis, Joe Jimenez, disait espérer que les lentilles soient sur le marché dans les cinq ans. La recherche porte sur des verres de contact à focalisation automatique pour des personnes affectées d’hypermétropie ou de presbytie et sur des verres qui mesurent le taux de glycémie dans le liquide lacrymal des diabétiques et dont les valeurs sont ensuite transmises à un terminal mobile. A la fin de l’an passé, les deux entreprises ont fait savoir que les tests sur l’être humain allaient se prolonger en raison de la complexité de la technologie. Mais elles continuent à travailler sur la «smart lens», qui pourrait constituer un jalon essentiel en ophtalmologie.

Organes nés de l’imprimante 3D Les imprimantes 3D permettent la fabrication de pièces de rechange telles que des pro­thèses de hanche. Avec l’accélération de leur développement, l’impression d’organes et de cellules souches gagne en importance, ce qui pourrait pallier le manque de donneurs. Des cellules de foie fonctionnelles ont déjà été imprimées; un patient du pays de Galles s’est vu implanter un maxillaire issu d’une imprimante 3D. Mais le chemin sera long jusqu’à ce que des organes entiers, disposant de leurs réseaux de vaisseaux sanguins et de nerfs, puissent être implantés. Les optimistes tablent sur une dizaine d’années.

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Ça matche! Par Caroline Fux

En quelques années, les online dating ont pris une importance considérable. Psychologue et conseillère en sexualité pour «Blick», Caroline Fux explique l’attrait de Tinder et ce qui pourrait nous attendre en matière de rencontres.

L

es rencontres en ligne ont longtemps donné l’image de permettre des rendez-vous entre personnes qui ne seraient jamais entrées en contact sinon. Et longtemps personne n’a eu envie d’avouer avoir trouvé l’être cher (ou un partenaire sexuel) via Internet. Aujourd’hui, quasiment tous les célibataires s’intéressent à ces sites et le disent. Conseillère en sexualité de Blick, je constate une augmentation des questions sur l’amour et le Net. Le manque d’engagement qui semble aller de pair avec les rencontres en ligne est ce qui préoccupe le plus les hommes et les femmes. L’intimité est vite établie, mais aussi rapidement rejetée, ce qui blesse. En matière de «dating», Tinder passe pour le prodige actuel, mais aussi pour le parfait exemple de superficialité virtuelle. L’app ne recourt pas aux longs formulaires, mais aux images et aux brefs portraits. Si on n’aime pas quelqu’un, on le pousse à gauche. La personne qui plaît est glissée à droite, recevant ainsi un «j’aime». On ne peut chat-

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ter avec une personne que si elle nous a aussi mis un «like», un principe génial. Tinder provoque parfois de la jalousie dans le couple. Où ailleurs peut-on si confortablement et sans risque influencer le destin (amoureux) de tant de personnes d’un simple clic? Tinder ne fait pas que plaisir, l’application est sans pitié. Le mauvais hobby, une posture triviale ou un t-shirt stupide suffisent à se faire pousser à gauche, et donc à voir la porte se fermer. Tinder a réussi à devenir l’app convenable de rencontres en ligne, tout en provoquant un dégât d’image: trop d’étalage des corps, pas assez de personnalité. Mais en fin de compte, la recette du succès de Tinder, c’est ce cocktail de sentiments composé d’émotion, d’espoir, d’envie, de pouvoir et de nostalgie. Tinder offre du frisson comme aucun autre portail. Avec tout mon respect envers les valeurs internes, même le plus beau «match» (comme on appelle le partenaire qui nous correspond sur Tinder) avec un haut degré de congruence a un goût fade

lorsque l’apparence de l’interlocuteur ne nous convient pas d’entrée. Ça n’a pas dû être facile d’établir un concept de dating permettant à Tinder de tenir le haut du pavé. Les technophiles jurent que bientôt chaque prestataire disposera du meilleur algorithme, permettant de mener au bon profil de candidat. En tant que psychologue, je reste sceptique. J’aime le travail fondé sur des données, les statistiques m’intéressent


∆Caroline Fux

Depuis cinq ans, la Zougoise est la conseillère sexuelle du «Blick». Caroline Fux, 36 ans, a étudié la psychologie et accomplit maintenant un master en sexologie.

du point de vue des sciences sociales et, comme utilisatrice critique, je suis impressionnée de constater à quel point les offres électroniques peuvent déjà être adaptées aux

Ava, la «smart doll» espagnole, est «sexuellement intelligente». Elle réagit différemment aux attouchements intimes si on lui a d’abord massé la main. Si l’homme jouit rapidement, elle jouira aussi plus vite la prochaine fois. Elle sait pousser des gémissements et simuler un orgasme. Il semble qu’il existe un marché pour ça: 52 % des hommes allemands peuvent très bien imaginer faire l’amour avec un robot, tandis que 68 % des femmes verraient ça comme une trahison.

Photos: Getty Images, Maurice Haas

∆desL’avènement robots sexuels

clients. Mais je constate aussi que peu de gens sont prêts à suivre la raison des probabilités mathématiques, en particulier en matière de dating. Dans la recherche du partenaire, il y a aussi un certain romantisme, pour certains c’est l’aspect chasse, pour d’autres l’aspect conquête, d’autres encore suivent un code différent. L’essentiel est qu’il y ait de la place pour le désir et l’imagination. Je conseille aux célibataires ne trouvant pas de partenaire de revenir au concret, en laissant de côté l’univers numérique. Selon mon expérience, les personnes qui ont du succès sur le marché du dating sont celles qui vivent une réalité satisfaisante en dehors de leur smartphone. Car le flirt digital ne fait plaisir que s’il y a autre chose une fois déconnecté. Je suis aussi convaincue que les enfants du numérique sentent lorsqu’une personne virtuellement au top est un flop dans la vraie vie. Les plateformes permettant de flirter tout en se divertissant marqueront des points. Car le grand amour ne se programme pas, il est imprévisible.

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En collaboration avec LA POSTE

«La Poste doit et veut façonner le futur» «Oser la nouveauté demande plus de courage que de s’en tenir aux vieux modèles», écrit la directrice générale de la Poste Susanne Ruoff.

N

ous vivons à une époque où le monde change vite. Mais les nouveautés réveillent souvent des craintes, qui peuvent conduire à refuser de lâcher les choses familières. La Poste a toujours connu cela: lorsque, à l’époque, les diligences postales ont été remplacées par les bus postaux, ça a donné lieu à de violentes discussions. Peutêtre vous souvenez-vous des débats provoqués par l’introduction du premier bancomat en Suisse il y a juste cinquante ans? Aujourd’hui, ça nous fait sourire. Mais la révolution digitale est plus globale que tout ce que nous connaissions jusqu’ici. Elle traverse tous les domaines de la vie. Nous lisons les nouvelles en ligne, nous nous faisons envoyer un billet d’avion sur notre téléphone intelligent et nous nous attendons à pouvoir faire nos achats dans le monde entier avec des moyens de paiement électroniques. Mais lorsque les habitudes ou les choses qui nous procuraient jusque-là un sentiment familier, de tradition ou de sécurité changent, on peine à se faire à la nouveauté. Même s’il est clair qu’on ne peut pas remonter le temps. Les diligences postales ne circulent plus que pour des courses nostalgiques. A Sion,

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un bus navette circulant de manière autonome est l’objet d’un projet suivi dans le monde entier. Et les innombrables bancomats? Eux aussi seront bientôt dépassés: nous réglons toujours plus nos affaires bancaires via Internet ou payons avec Twint. Mais avec toutes ces évolutions techno­ logiques, il ne faut pas oublier que la digitalisation n’est pas tombée «simplement» du ciel sur le monde globalisé: le téléphone intelligent et de nombreuses autres technologies ont constamment bouleversé notre quotidien et notre comportement de consommateur. Ils nous offrent de nouveaux services et produits que nous ne nous serions pas imaginés il y a quelques années, mais qui coulent de source aujourd’hui et qui nous simplifient la vie. Sinon, nous ne serions pas toujours plus nombreux à demander ces offres. La Poste suisse s’engage depuis toujours pour la fiabilité, la sécurité et la stabilité. Elle est un bout de Suisse. Parallèlement, la Poste s’est engagée massivement dans la révolution technologique. Les e-mails remplacent les lettres, le shopping en ligne fait augmenter le volume des paquets, de nouveaux concurrents apparaissent sur le marché.

La Poste doit trouver des réponses à de nombreux défis. Elle le fait en suivant les besoins changeants de la clientèle, qui doit pouvoir utiliser les produits digitaux de la Poste de manière individuelle, indépendante et simple. Par exemple, en lui offrant la possibilité de retirer des paquets 24 heures sur 24 aux automates My Post ou de faire suivre les livraisons à une autre adresse via le service «Mes envois». Un coup d’œil vers l’avenir nous montre que notre activité de base – le transport de personnes, de biens et d’informations – va continuer à changer. La Poste doit être active et explorer de nouvelles possibilités, raison pour laquelle nous testons des drones pour des livraisons spéciales, par exemple entre hôpitaux. Avec le bus navette intelligent de Sion évoqué auparavant, nous montrons clairement que la Poste entend jouer un rôle actif dans la conception et le développement du marché suisse de la mobilité. La Poste comme messagère d’infor­ mations fiables n’étant pas contestée, elle est prédestinée à assumer ce rôle également dans le monde digital. Avec notre solution numérique de e-voting par exemple, qui permet aux électeurs et électrices de participer aux votes ou élections. Ou dans le domaine de la santé électronique: comme principale prestataire, la Poste offre des solutions individuelles en matière de santé avec un système modulaire. Mais pas tout ce qui est faisable


techniquement doit être fait par une entreprise comme la Poste suisse. Ce ne sont pas les gadgets techniques qui nous intéressent, mais être forts là où c’est le plus utile pour notre clientèle. Nous y travaillons jour après jour. Je suis donc particulièrement fière que nous ayons gagné cette année le Digital Transformation Award. Ce prix est aussi un compliment à nos 62 000 collabora-

Photo: Die Schweizerische Post AG

trices et collaborateurs s’occupant de la transformation technologique de nos offres et de notre entreprise. Comme employeur pleinement responsable, nous les soutenons dans leur carrière professionnelle, via des programmes de formation et de formation continue orientés vers le futur. Cela nous tient à cœur. Comme nous le savons tous, oser la nouveauté demande plus de courage que de

s’en tenir aux vieux modèles. Tester des nouveautés, lancer des projets, que ce soit seule ou avec de forts partenaires de coopération, c’est dans l’ADN de la Poste, et cela le restera. La Poste ne peut pas rester à la traîne des développements technologiques, elle doit être au front. Ou pour le dire encore plus clairement: La Poste doit et veut façonner le futur.

La Suisse digitale  69 www.journeedudigital.swiss 69

Fotos:

Susanne Ruoff, 59 ans, directrice générale de la Poste depuis septembre 2012.


C'est parti pour la Poste

∆Robots de livraison

En Europe, la Poste est l’une des premières entreprises à tester des robots de livraison pour les envois dans un environnement proche. Ils pèsent 23 kilos, roulent sur six roues à une vitesse de 3 km/h et sont équipés de neuf caméras. Après l’essai pilote réussi avec Jelmoli au centre de Zurich, la série de tests se poursuit en collaboration avec des par­tenaires choisis de divers endroits. Les clients reçoivent peu avant l’arrivée du robot de livraison un lien par SMS, qui permet d’ouvrir le compartiment de transport. www.poste.ch/robotsdelivraison

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Photos: Die Schweizerische Post AG, Keystone/Peter Klaunzer,

Sur scène comme en coulisses, la Poste est digitale et moderne. C’est avec des drones, des robots, des bus autonomes et des plateformes en ligne qu’elle accompagne ses clients vers l’avenir.


En collaboration avec LA POSTE

∆Drones

Des envois spéciaux qui restent bloqués dans les embouteillages? Grâce aux drones, cela pourrait bientôt faire partie du passé. Entre deux hôpitaux, les drones postaux transportent les envois prioritaires comme les échantillons de laboratoire de manière rapide et sûre. Ils volent à près de 40 km/h sur un itinéraire prédéfini et atterrissent de manière très précise grâce à un signal infrarouge. www.poste.ch/drones

∆Centres colis

Chaque jour, environ 450 000 paquets sont triés sur les tapis roulants des centres colis à Härkingen (SO), Frauenfeld (TG) et Daillens (VD), et transportés vers leur zone de livraison. Cela fait longtemps qu’il n’est plus possible de gérer ces opérations classiques sans les technologies digitales. En service depuis 1999, les trois centres colis permettent de diriger les paquets vers les différentes tournées des facteurs. www.poste.ch/centrecolis

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∆SmartButton

«L’Internet des objets» fait partie des expressions importantes à l’ère digitale. Les objets du quotidien sont interconnectés et communiquent via Internet, sans intervention humaine. Le bouton intelligent de la Poste est un premier pas dans cette direction: une pression suffit et la commande prédéfinie est directement effectuée et livrée par la Poste, qu’il s’agisse de commandes de produits de consommation dans un hôpital, de dépannage de machines à café ou de livraison rapide d’eau minérale, actuellement testée dans un projet pilote. www.poste.ch/service-on-demand

Centres ∆courrier

∆YellowCube

C’est un énorme cube qui permet ce que souhaitent un grand nombre de commerçants en ligne et à distance: l’externalisation de tous les services logistiques, du retrait au stockage en passant par l’emballage et l’envoi, sans oublier la gestion des retours. Chez YellowCube à Oftringen (AG), à dix kilomètres seulement du centre de paquets d’Härkingen (SO), la marchandise est stockée dans des conteneurs empilables et amenée en quelques secondes au personnel par des robots, qui s’occupent de commissionner les paquets. www.poste.ch/yellowcube

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Un centre courrier de la Poste est une entreprise performante équipée de la technique la plus moderne. Dans les trois centres courrier, les installations de tri parmi les plus modernes au monde valent la visite. Que ce soit à l’arrivée des marchandises, lors du tri, du commissionnement ou au départ des marchandises, la Poste utilise les dernières technologies dans chaque secteur de la chaîne du processus. Les employés veillent quotidiennement à ce que plus de 18 millions d’envois parviennent à leur destinataire et que la haute qualité de la distribution de la Poste suisse reste d’actualité. www.poste.ch/centres-courrier


En collaboration avec LA POSTE

∆E-Voting

La possibilité de voter et d’élire électroniquement est la conséquence logique d’une société toujours plus digitale. Avec sa solution d’e-voting, la Poste contribue de manière importante à une démocratie vivante et moderne; en fin de compte, le transport d’informations fiables fait depuis toujours partie de l’activité principale de la Poste. Des technologies de cryptage très développées sont utilisées pour transmettre les bulletins de vote de manière sécurisée. Avantage: on vote d’où l’on veut et quand on veut. L’époque des bulletins mal remplis et des signatures oubliées et révolue. www.poste.ch/e-voting

∆SmartShuttle

Photos: Die Schweizerische Post AG , Keystone/Sedrik Nemeth, Keystone/Lukas Lehmann

Les navettes autonomes de PostAuto sont connues dans le monde entier, et sont les tout premiers bus automatisés utilisés dans les transports publics. Deux d’entre eux sont en service depuis juin 2016 à Sion. Tout le monde peut monter. Jusqu’ici, plus de 30 000 personnes ont testé, sans compter les 30 000 passagers supplémentaires lors de foires spécialisées et d’événements en Suisse et à l’étranger. Le test à Sion s’étend: les navettes vont désormais jusqu’à la gare. Et les pendulaires expérimenteront comment le bus postal autonome s’y prend au feu rouge, sans que personne appuie sur les gaz ou les freins. www.carpostal.ch/smartshuttle

∆E-Health

La Poste relie les processus de traitement et de logistique avec une «plateforme électronique de santé» modulaire, en permettant l’échange sûr de données électroniques de patients, entre patients, hôpitaux, médecins, soins à domicile, EMS, pharmacies et autres partenaires du domaine de la santé. Le secret de la Poste est de transmettre numériquement ces données sensibles et de garantir le transport physique de produits médicaux. Avec la plateforme e-health et ses solutions logistiques, la Poste contribue à organiser efficacement les processus en matière de santé et à économiser des frais. www.poste.ch/e-health

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La Poste digitale où que vous soyez L

e cadeau de dernière minute pour votre belle-mère sera livré ce matin à la maison, mais vous avez une séance importante au bureau? Après l’achat de souvenirs lors d’un séjour à l’étranger, vous aimeriez vérifier l’état de votre compte mais n’avez accès à aucun ordinateur? Vous voulez aller faire les courses, mais devez attendre l’inconnu qui vous a acheté des disques via Internet? Pas de problème, grâce aux offres et prestations digitales de la Poste, on peut en dehors des horaires du facteur ou d’ouverture des guichets envoyer et recevoir des lettres et des paquets, ainsi qu’effectuer des opérations bancaires. «En chaussant sans arrêt les lunettes du client, nous voyons ce que notre clientèle attend de nous et pouvons donc y réagir», affirme la directrice du groupe Susanne Ruoff. Les offres digitales complètent les horaires et lieux fixes: pour la clientèle de

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la Poste, l’avenir est individuel, confor­table et indépendant. Notamment grâce à la possibilité de piloter les paquets de manière individuelle, même lorsque l’envoi est déjà en route, ou grâce à l’offre «My post 24» disponible en tout temps, les points PickPost permettant la réception et l’envoi flexibles. Le changement numérique ne s’arrête pas non plus devant les opérations financières: l’app Mobile banking de PostFinance a été la première en Suisse à permettre à la clientèle d’effectuer des opérations bancaires en route. PostFinance reste fidèle à cet esprit pionnier et à la soif d’innovation: elle a donc créé en été 2014 la société sœur Twint, qui développe le portefeuille digital de la Suisse. Et le bon vieux timbre? A l’avenir, les timbres web permettront de transmettre des messages par vidéo. L’aspect interpersonnel est donc pris en compte par la Poste digitale.

∆Pick Post

Plus de 2400 points PickPost dans toute la Suisse offrent la possibilité d’envoyer et recevoir des paquets et des lettres recommandées de manière souple. Vous disposez d’horaires d’ouverture plus étendus, dans des endroits facilement accessibles comme des commerces de détail, des stations-service ou des gares. Lors de la commande, la clientèle peut indiquer le point PickPost désiré et reçoit une annonce lorsque l’envoi est arrivé, avec un délai de 7 jours pour venir le retirer. www.poste.ch/pickpost

Photos: Die Schweizerische Post AG

La clientèle doit pouvoir utiliser les prestations digitales de la Poste suisse de manière individuelle, indépendante et simple.


En collaboration avec LA POSTE

∆My Post 24

Ce point d’accès est disponible à toute heure et 7 jours sur 7. La clientèle décide quand et où elle souhaite retirer, expédier ou renvoyer ses paquets et lettres recommandées. Lorsque votre envoi est arrivé dans l’un des 85 automates de My Post 24, vous recevez une annonce avec un code, et allez le chercher quand cela vous convient. Les compartiments des automates peuvent aussi être utilisés comme consignes, par exemple pour livrer des produits issus d’enchères électroniques. Il suffit de s’enregistrer une fois à l’adresse www.poste.ch/espace-clients. www.poste.ch/mypost24

∆Twint à la maison

En collaboration avec d’autres grands établissements bancaires, PostFinance offre avec Twint le portefeuille digital à la Suisse, qui permet des virements en temps réel de smartphone à smartphone, des paiements rapides dans les magasins en ligne et des paiements sans contact à la caisse. Les membres de la communauté Twint peuvent en outre payer à la livraison de manière simple et rapide en scannant les codes QR sur le pas-de-porte. www.twint.ch

Des timbres faits ∆maison, et animés

∆Mes envois

Sorte de miroir de la société toujours plus mobile et individuelle, l’offre «Mes envois» est disponible partout. Alors que le paquet est en route, la clientèle peut décider en ligne via le centre de services du site de la Poste, quand, où et comment elle souhaite recevoir son paquet. Elle peut choisir le jour, une livraison de bonne heure ou le soir, ou encore une livraison à une autre adresse. De plus, la livraison étant annoncée à l’avance par sms, les clients peuvent s’organiser pour sa réception. www.poste.ch/mesenvois

Cela fait longtemps qu’un timbre est davantage qu’un bout de papier préimprimé. En ligne, la clientèle de la Poste peut fabriquer elle-même ses timbres, que ce soit avec une photo d’un nouveau-né, un gâteau d’anniversaire ou la photo préférée du voyage en Australie. Mais ce n’est pas tout: on peut désormais attacher un message vidéo à un timbre web: faire une vidéo, la télécharger et l’imprimer comme étiquette ou directement sur l’enveloppe selon le mode d’envoi souhaité. Le client ne paie que la valeur effective du timbre, sans coûts supplémentaires. www.poste.ch/webstamp

digital ∆etBanking mobile Pour PostFinance, il a vite été clair que les prestations financières devaient être disponibles en ligne comme les autres offres. En automne 2010, elle a donc lancé une app gratuite pour téléphone intelligent, avant tous les autres établissements bancaires en Suisse. Aujourd’hui, cette app est utilisée par plus d’un million d’utilisateurs, qui ont en tout temps un aperçu de leur solde et des mouvements sur leur compte. Ils peuvent aussi virer de l›argent simplement depuis un numéro mobile, acheter des biens de prestataires tiers (Netflix, Apple, Google, Spotify, Playstation, Xbox, etc.) et payer des factures en scannant les bulletins de versement. www.postfinance.ch

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Fintech – c'est la ruée vers l'or Par Michael Heim

Photo: Shutterstock; Montage: Brand Studio

Ils n’étaient qu’assistants. Programmateurs ou bricoleurs sachant écrire des logiciels restaient pourtant hors du secteur financier.

P

ersonne ne connaissait des gens comme Christian Vetsch ou Daniel Eckstein, de l’entreprise zurichoise Abrantix, quand bien même ils concevaient des machines et caractérisaient des standards avec lesquels on travaille toujours aujourd’hui. A l’époque,

Le taureau se fait appli. Les fintechs à la conquête de la branche financière.

seuls les informaticiens s’intéressaient au traitement électronique des données et aux systèmes bancaires. Il en va tout différemment aujourd’hui. Depuis deux ans, on ne parle plus que de fintech, de technologie financière. Et là où, naguère, les investisseurs ne prêtaient pas l’oreille, l’argent afflue désormais dans les start-up. Il y a une ambiance ruée vers l’or, comme lors de la bulle des «dotcom» à la fin des années 1990. Et, comme à l’époque, il est difficile

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de distinguer le bon grain de l’ivraie dans le paysage des fintechs. La carte des fintechs suisses publiée à intervalles réguliers par Swisscom est devenue illisible: 211 entreprises réparties en neuf catégories, la plupart de création récente. Les vieux briscards comme Abrantix sont signalés en marge avec la mention «incumbents» (en place). Cela paraît banal, mais Internet a bouleversé beaucoup de choses. Si les développeurs de logiciels étaient autrefois des sous-traitants, les signes annonciateurs suggèrent aujourd’hui le contraire, comme l’illustre à merveille le trafic des paiements, autrefois décrit comme ennuyeux. Des décennies durant, les activités de cartes de crédit n’ont pratiquement pas varié: contrôlé par les banques, il était hautement lucratif. Le secteur bancaire a connu son moment de gloire fintech alors que le terme n’existait même pas: le système de paiements PayPal, acquis en 2002 par eBay puis introduit en bourse, déclencha pour la première fois ce que l’on qualifie aujourd’hui de «disruption». Grâce à PayPal, des gens du monde entier pouvaient soudain transférer de l’argent, gratuitement et en un clin d’œil, avec guère plus qu’une adresse courriel. A l’époque, les virements bancaires coûtaient encore très cher. Désormais, PayPal a 200 millions de clients qui peuvent aussi payer leurs achats dans les magasins grâce à l’appli sur leur smartphone. La Chine illustre le phénomène: Wechat, qui était autrefois un banal moyen de communication, enregistre presque un milliard d’utilisateurs. Les Chinois utilisent


aujourd’hui son appli pour transférer de l’argent, réserver un voyage ou une table au restaurant. Cela a chambardé pas mal de secteurs économiques. La Suisse en est encore loin. Autrement dit, le potentiel de développements disruptifs est grand. Et précisément dans les secteurs de la banque et de l’assurance, ils sont nombreux, les prestataires, à se disputer les faveurs des utilisateurs. On voit fleurir presque chaque mois des banques-robots qui vantent la gestion de patrimoine tout automatique. Les applis prétendent faciliter les paiements, l’investissement, la comparaison des prix. Et à Zoug, un véritable hub de développeurs s’est créé dans la technologie du bitcoin et de la blockchain. Là, il reste malaisé de distinguer le bon grain de l’ivraie. Exemple: le «peer-to-peer lending», autrement dit l’octroi d’un crédit hors banque. Alors

que le joint-venture de PostFinance avec Lendico n’a guère enregistré de transactions jusqu’ici, Loanboox a déjà servi à des emprunts pour plusieurs milliards de francs. La différence: chez Loanboox, ce sont les communes et les cantons qui sollicitent les investisseurs et les banques investissent aussi chez Loanboox. Autrement dit, l’outsider devient partenaire de la branche. Entre-temps, les grands prestataires se sont réveillés. Des banques de la taille d’UBS investissent beaucoup d’argent dans leurs propres applications fintechs, pour ne pas perdre des clients au profit de start-up innovantes. Les assureurs se font les muscles avec des simulations d’exercices ou attaquent la concurrence à l’étranger avec des succursales en ligne. A l’aide d’incubateurs et d’accélérateurs comme le F10 zurichois, les grands prestataires d’hier cherchent le contact avec

les cerveaux de demain. L’UE devrait être à l’origine du prochain essor. Avec sa directive PSD2, elle entend forcer les banques à ouvrir des interfaces. Chaque fintech pourrait relier ses applis et ses systèmes directement à des comptes bancaires pour déclencher des versements et des paiements et éplucher l’état des comptes. Des prestataires tiers pourraient alors occuper les interfaces pour des clients qui restent aujourd’hui sous le contrôle des banques. On ne sait pas encore quand cette directive, qui entre en vigueur en janvier 2018, s’appliquera aussi aux banques en Suisse. Mais vu la forte intégration du trafic des paiements en Europe, il est peu probable que la Suisse puisse s’y soustraire. Du coup, toutes les banques travaillent déjà en toute discrétion pour se préparer à cette nouvelle concurrence, d’où qu’elle vienne.

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Star à clics Par René Haenig

Narcissisme? Quête d’autoreprésentation? Pas toujours. La DJ Tanja La Croix utilise les médias sociaux pour se rapprocher de ses fans et préserver son authenticité.

A

35 ans, Tanja La Croix fait partie des DJ les plus demandés. L’ancien modèle se produit dans les clubs les plus branchés d’Ibiza, de Majorque, Moscou, Monaco, Beyrouth et Dubaï. La Suissesse, qui a commencé sa carrière musicale internationale en 2006, s’assure depuis plus de dix ans aux platines que son public s’éclate sur la piste de danse. Elle a des fans dans le monde entier, et ils sont présents où qu’elle aille. La «DJ lady» fait participer sa communauté à sa vie trépidante que ce soit via Facebook, Instagram, Snapchat ou Twitter. Et ceux qui ne peuvent pas la suivre en live retrouvent ses sons sur le canal Spotify, SoundCloud ou YouTube. «Les médias sociaux me rapprochent de mes fans», affirme Tanja La Croix. Sa devise, «toujours être authentique», implique parfois pour la musicienne de se montrer de bonne heure le matin peu après le réveil, pas maquillée. Elle a commencé par un profil Facebook «probablement en 2008». Quelqu’un lui parle du réseau social après un concert à Istanbul. De retour en Suisse, elle crée un compte et découvre vite les limites. «J’avais tellement de demandes

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d’amitié de fans que ça n’allait plus», se souvient Tanja. Elle passe du profil privé à la page de fans, qui compte aujourd’hui plus de 111 000 abonnés. «Une dimension que je ne me serais jamais imaginée au début.» L’animatrice suisse de soirées compte près de 55 000 abonnés à son profil Instagram. Dans le choix de ses contributions, Tanja agit aussi bien spontanément qu’avec stratégie, qu’elle poste des photos ou des vidéos. Elle communique à l’avance ses shows radiophoniques sur Facebook, mais photographie et poste spontanément les photos de repas avec ses amies. Même lorsqu’elle part une semaine en vacances avec sa mère, Yvonne, comme elle l’a fait récemment, elle le communique à sa communauté de fans. Elle ajoute quelques photos de vacances: Tanja avec maman à la plage de Protaras, à Chypre. Tanja sur un matelas pneumatique et le dos de Tanja plein de crème solaire et un cœur dessiné. «C’est ma mère qui a les meilleures idées et fait les photos pour Instagram», souligne la star en riant. Tanja La Croix produit une grande partie de ses vidéos chez elle, à Wallisellen,

Ceux qui n’ont pas pu venir danser ont pu suivre le méga événement sur Facebook le lendemain.

dans le canton de Zurich. Sa console de DJ trône dans un coin de sa chambre, accompagnée d’une perche à selfies avec trépied intégré … le tournage peut commencer. En plus de son smartphone, elle


Photos: Joseph Khakshouri/Schweizer Illustrierte, instagram/tanjalacroix, Facebook/djtanjalacroix

Tanja La Croix sait comment prendre le sefie parfait: «Le secret, c’est la lumière».

1775 likes pour des vues de dos sexy: «Les photos de vacances sont les plus consultées.»

utilise un appareil photo reflex et une caméra GoPro. Elle monte les clips sur son ordinateur portable, avant de les télécharger sur Facebook ou YouTube. Elle emporte toujours son équipement lors

Les stars ont aussi du cœur: Tanja avec le footballeur Breel Embolo à la Charity Cup.

de ses déplacements, une charge qu’elle justifie de la manière suivante: «Avec mes exigences de qualité, l’iPhone ne me suffit pas pour filmer et photographier.» Elle a appris que «pour les selfies, le plus important, c’est la lumière». En tant que personne visuelle, elle veille toujours à ce que ses photos apparaissent avec la lumière idéale. «Je l’ai appris en étant modèle», dit-elle en rigolant.

Y a-t-il des limites à ce que Tanja La Croix montre? «Oui, je ne me montre jamais dans des poses trop intimes et je ne posterais jamais tout ce qui concerne la maladie.» Et comment une «DJ lady» connue internationalement obtient-elle un maximum d’écho? «Avec des images dans la nature et en voyage, bien sûr.» Mais c’est derrière sa console, en concert, que les fans préfèrent la voir et l’entendre.

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L’homme derrière «Mask»: Tej Tadi, 36 ans, fondateur et CEO de Mindmaze.

Leonardo DiCaprio et sa licorne suisse


Par Gabi Schwegler

Photos: Gian Marco Castelberg/13 Photo, Kirk McKoy/Contour by Getty Images

Mindmaze est la start-up suisse la plus couronnée de succès, avec une valeur de marché de plus de 1 milliard de dollars. Même Leonardo DiCaprio s’y est intéressé. Voici trois entreprises suisses qui changent le monde.

Indice de confiance: l’oscarisé Leonardo DiCaprio s’est engagé auprès des Lausannois.

L

e club des licornes est le plus exclusif de la planète. Ce n’est pas une assemblée de personnages fabuleux mais le cercle des start-up les plus prometteuses, ces jeunes entreprises non cotées en bourse qui ont une valeur de 1 milliard de dollars au moins. Selon l’américaine CB Insights, il existe actuellement 217 licornes, dont deux proviennent de la Health Valley des bords du Léman. ADC Therapeutics en fait partie depuis début octobre, Mindmaze depuis début 2016 déjà. C’est alors que le Hinduja Group indien a acheté près d’un tiers de la société pour 1 milliard. Tout a commencé par le travail de doctorat de Tej Tadi à l’EPFL. «Je travaillais à l’interface entre la neurologie et la mobilité humaine,

explique le fondateur et CEO de Mindmaze. A partir de là, ce fut une étape naturelle de chercher le moyen de contribuer à la réha­ bilitation de patients victimes d’AVC.» C’est ainsi qu’est née la méthode de thérapie interactive 3D Mindmotion. Le système reproduit en temps réel les mouvements du patient et lui permet ainsi d’améliorer ses aptitudes motrices. Tadi, qui est issu d’une famille de médecins, et son équipe ont travaillé dix ans sur cette technologie. «Les exigences strictes du système de santé nous ont contraints à viser la meilleure combi­ naison entre réalité virtuelle et réalité augmentée, apprentissage machine et sciences neurologiques.»

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La révolu

Grands projets: Tej Tadi veut développer l’interface cerveau-machine ultime.

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Photos: Gian Marco Castelberg/13 Photo, Kristian Skeie/Sophia Genetics

Et ce savoir a conduit Mindmaze à une autre percée: Mask. Une technologie qui synchronise le corps avec un avatar numérique. Le masque perçoit les expressions du visage et les reproduit en temps réel. «Cela crée une expérience fondamentalement nouvelle des contenus, souligne Tej Tadi. C’est intéressant non seulement pour la santé mais aussi pour l’industrie du divertissement, du sport et du jeu vidéo.» Mask est tellement convaincant que Leonardo DiCaprio, 42 ans, la star de Hollywood, s’est engagé cet automne chez Mindmaze en tant qu’investisseur et conseiller. «Nous sommes immensément heureux de cette marque de confiance. Elle stimule plus que jamais notre arrivée dans la branche du divertissement.» Comme il se doit pour un entrepreneur innovant et scientifique passionné, Tej Tadi entend repousser d’autres limites. «Notre idée est de créer la meilleure interface cerveau-machine, une sorte de MindOS. Nous entendons pousser les ordinateurs assez loin pour qu’ils sachent déchiffrer et traduire immédiatement le cerveau humain.» L’aventure magique de la première licorne helvétique se poursuit dans l’univers numérique.

«Grâce à Sophia, tout le monde devient plus intelligent», assure le CEO Jurgi Camblong, 39 ans.


tion sage A Lausanne, Sophia Genetics révolutionne la santé publique. L’intelligence artificielle relie des hôpitaux du monde entier, permettant ainsi des diagnostics plus efficaces.

L

a porte qui mène à la révolution de la prévention de la santé est grande ouverte. Si les antibiotiques ont donné un coup de fouet à la médecine au début du XXe siècle, c’est aujourd’hui le séquençage de l’ADN, soit la décomposition du génome humain, qui en prend la succession. Cette méthode permet d’investiguer sur les maladies héréditaires et de comprendre des modifications minimes dans les gènes. «C’est le développement le plus important depuis cent ans», estime Jurgi Camblong, 39 ans, qui a fondé avec deux autres chercheurs la start-up Sophia Genetics à Lausanne. Il y a dix ans, un séquençage de l’ADN coûtait encore 100 000 francs, aujourd’hui on le réalise pour moins de 1000 francs. L’exploitation de plus en plus efficace de cette technologie entraîne une accumulation de données. Et c’est là que Sophia Genetics entre en jeu: «Le décryptage du génome a été un premier pas. Maintenant, il s’agit d’élaborer les données collectées et de les connecter», explique le spécialiste de biologie moléculaire. Ses collaborateurs, désormais au nombre de 140, stimulent la «démocratisation de la médecine» et la «création d’un savoir collectif», comme ils le disent. «Tout le monde doit avoir accès à ce système, de manière à ce que les données d’un patient mexicain puissent servir à un patient du Nigeria.» L’intelligence artificielle Sophia – le mot grec pour «sagesse» a été délibérément choisi par les trois cofondateurs – est une plateforme d’analyse d’ores et déjà alimentée par des données anonymisées de patients, venues de 360 hôpitaux dans 55 pays. Sophia est pour l’instant utilisée surtout en oncologie, car c’est avec le sé-

quençage de l’ADN que les mutations du patrimoine génétique causées par des tumeurs sont le plus efficacement découvertes et circonscrites. Après prélèvement selon une procédure standardisée, on recherche des modifications dans l’ADN et ces profils sont saisis chez Sophia. L’entreprise en compte 140 000 à ce jour. En procédant à des comparaisons dans la banque de données, les diagnostics peuvent être posés plus vite et avec plus de précision. «Ce réseau constitue le premier pilier, explique Jurgi Camblong, originaire du Pays basque français mais qui a étudié à Lausanne, à Genève et à Oxford. Ensuite, nous entendons savoir quel traitement les patients obtiennent et dans quelle mesure ces traitements ont du succès.» Dans la Technology Review 2017 du fameux Massachusetts Institute of Technology (MIT), Sophia Genetics a été qualifiée d’«évangéliste de la médecine fondée sur les données» et occupe le 30e rang des 50 Smartest Companies, même devant le constructeur automobile Tesla. «Ce n’est pas le chiffre d’affaires qui compte mais notre mode de croissance. Grâce à Sophia, tout le monde devient plus intelligent», ajoute Jurgi Camblong. Quand bien même Sophia Genetics a son siège à Lausanne, seuls 3 des 60 millions de francs de son budget proviennent d’ici. «En Suisse, ce n’est pas un problème d’argent mais de mentalité», déplore le CEO. Il reste une marge de rattrapage. «Car les investisseurs publics ou privés ne peuvent qu’y gagner: primo, les technologies de start-up sont encore bon marché au début et, secundo, il serait bon pour chaque entreprise de remettre en question ses propres pratiques avec les idées neuves d’une start-up.»

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Savoir interconnecté Les grandes entreprises comportent un immense savoir-faire dont personne ne se doute. A l’aide de l’intelligence artificielle, le logiciel de la start-up Starmind rend ce savoir accessible et exploitable.

Photo: Starmind

Les pères du super cerveau Starmind: Marc Vontobel, 33 ans et Pascal Kaufmann, 39 ans.

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ls se sont connus au laboratoire d’intelligence artificielle de l’Université de Zurich: l’informaticien de gestion Marc Vontobel, 31 ans, et le neuroscientifique Pascal Kaufmann, 39 ans travaillaient dans l’équipe du professeur Rolf Pfeifer, retraité depuis, sur des robots humanoïdes. «Nous avons vite compris que nous ne pourrions jamais assimiler tout le savoir nécessaire pour développer un tel robot, explique Marc Vontobel. Nous aurions atteint 70 ans avant d’avoir pu visser le premier boulon du robot.» C’est ainsi qu’est née l’idée de Starmind, un logiciel qui, par l’intelligence artificielle,

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connecte les détenteurs de savoir au sein des grandes entreprises. «On y trouve, dans les cerveaux des collaborateurs, un immense savoir qui reste inutilisé parce que les entreprises ne peuvent pas y avoir accès. Starmind veut rendre ce savoir visible, accessible et utilisable.» Le chercheur a expliqué Starmind à sa mère comme suit: on rédige une sorte de courriel comportant une question sans devoir mentionner de destinataire. Starmind comprend de quoi il est question et sait qui, au sein de l’entreprise, est expert en la matière et peut donner la réponse. «Ce n’est donc pas

celui qui pose la question, mais la question elle-même qui trouve la personne idoine. C’est une énorme économie de temps.» Désormais, Starmind est utilisé dans 70 pays déjà, notamment par de grandes entreprises comme Nestlé, Swisscom, SwissRe et Six Group. Lorsque Starmind est introduit en entreprise, c’est encore un cerveau de bébé. A la manière de «trial and error», par tâtonnements, Starmind cherche beaucoup au début: si l’on ne sait pas répondre, il demande qui d’autre pourrait avoir la réponse. «L’intelligence artificielle apprend ainsi à connaître les gens et sait quelles expertises et quels intérêts ils ont. Après deux ou trois mois seulement, nous avons un cerveau d’adulte parfaitement fonctionnel.» En ce moment, Starmind trouve la bonne réponse à 94 questions sur 100. «Il va de soi que nous visons 100 % de bonnes réponses», assure Marc Vontobel. On y travaille intensivement à Zurich, le cœur de Starmind. Mais la société a ouvert d’autres bureaux à Francfort et New York. Et les deux fondateurs songent déjà à la suite: l’intelligence artificielle pourra bientôt mettre sur pied des équipes de projet dont les membres se complètent parfaitement. Et ce n’est de loin pas la fin: «Le potentiel de notre technologie, qui est née au début de nos propres besoins, est immense.» Starmind a constitué un réseau propre à l’occasion du Digital Day du 21 novembre. Commencez par télécharger l’app Star­­­­mind sur l’App Store d’Apple ou sur Android et scannez le code au stand de la gare de Zurich. Vous aurez alors accès au réseau et pourrez poser des questions au «cerveau». Des experts vous répondront.


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Programmer plutôt que tricoter Par Petar Marjanovic

Les écoliers en primaire à Zumikon (ZH) vivent déjà l’avenir numérique.

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n les appelle «digital natives», enfants du numérique. Une appellation qui n’émeut guère ces écoliers de primaire. Le numérique, pour eux, c’est juste normal. La technique moderne? Une affaire de tous les jours. Depuis la naissance. «J’ai toujours le droit jouer avec le smartphone», insiste Matthias, 12 ans, lorsqu’il parle de numérisation avec ses copains. Quand nous leur rendons visite à l’école primaire de Zumikon (ZH), il n’est cependant pas question de jouer. On est en plein cours et il y a matière à apprendre, même si l’intitulé du cours est «Bricoler et inventer». «Nous bricolons ici un robot-brosse», explique Liselotte, 12 ans, élève de 6e. Leur tâche est de fabriquer de leurs mains un robot qui récolte un tas de points sur un terrain de jeu. «Et il doit aussi être beau», souligne Liselotte. Cela ressemble à du jeu et à de la rigolade et c’en est, dit la maîtresse Bettina Waldvogel, 49 ans. Mais pour commencer ils doivent bosser: «Les élèves apprennent ce qu’est un QRCode, comment on alimente un

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scanner 3D.» Par le biais du robot-brosse, il s’agit d’acquérir des compétences en matière de motricité fine et de créativité, tout ce qu’il faut aussi dans l’univers numérique. En la personne de Bettina Waldvogel, les élèves bénéficient d’une experte. Elle est enseignante et chercheuse dans la formation en médias et informatique. Son directeur, Philipp Apafi, 57 ans, témoigne son estime: «La numérisation est un défi pour les écoles. Pour nous, Mme Waldvogel est providentielle!» L’enseignement dans le bâtiment scolaire d’à côté donne la mesure de la complexité de ces nouvelles branches d’enseignement. Les enfants de la 4e à la 6e y apprennent l’algorithmique, une matière qui fait transpirer bien des étudiants d’informatique en EPF. A l’aide du langage de programmation XLogo, ils doivent dessiner des formes géométriques. Des pré-ados comme Anna et Felicia, 11 ans toutes les deux, cassent sans peine sur leur clavier le code crypté. «Nous devons dessiner le drapeau de la France»,

Bettina Waldvogel s’engage pour l’enseignement précoce des compétences digitales.

explique Felicia. Ça se passe très aisément avec des commandes du genre setpc 12, pu, rt 90 (voir encadré), que des abréviations de l’anglais qui dictent à une tortue symbolisée sur l’écran ce qu’elle doit faire. C’est là qu’on voit le potentiel pour l’économie nu-


Le plus tôt est le mieux: la compréhension de base du monde digital est déjà enseignée à l’école primaire de Zumikon (ZH).

Du plaisir en apprenant: des robots nés de brosse, de laine et de fil.

Les digital natives au travail: en 6e, ils apprennent le langage de programmation XLogo.

mérique: «Chaque élève trouve sa propre approche des tâches de programmation», constate la maîtresse Livia Gmür. Elle a remarqué que les écoliers qui ont de la peine avec le calcul revivent et résolvent de manière créative les problèmes de programmation.

Tandis qu’elle explique, Matthias, 10 ans, appelle du fond de la classe: «Quel est le code de la couleur verte?» «Tu veux peindre l’Italie? Le vert foncé a le code 11!», réplique Emir, 12 ans. La maîtresse rit: «Moi, j’aurais dû chercher.» Pas les digital natives.

Vingt et un cantons alémaniques ou multilingues harmonisent leur plan d’études sous le nom de Lehrplan 21. A l’avenir, les élèves d’un même niveau auront le même niveau d’apprentissage dans tous ces cantons, du jardin d’enfants à la 9e. La nouveauté de ce plan est que ce sont les compétences à acquérir par les écoliers qui décrivent la mission d’enseignement des écoles. Le module médias et informatique acquiert du poids. Lea cantons décident quand et par qui il est dispensé. Le module permet un enseignement interdisciplinaire. A l’aide de leurs ordinateurs, tablettes ou smartphones, les élèves résolvent des exercices de maths, écrivent et programment des rédactions. Du coup, ils apprennent les principes de base de l’informatique, tel le traitement automatisé, la sauvegarde et la transmission d’informations. Ce qui importe n’est pas uniquement la transmission de savoirs et de méthodes mais aussi la découverte autonome d’approches de solution. Dès la prochaine année scolaire, neuf cantons introduiront le Lehrplan 21.

Photos: Siggi Bucher

Lehrplan 21 mise ∆surLel’informatique

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Maîtrisez-vous vos données? Par Chantal Imfeld-Matyassy

Petit mode d’emploi pour le traitement de vos informations personnelles.

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ite télécharger la dernière photo de la petite sur Instagram, laisser un commentaire sur la page Facebook d’un copain, envoyer quelques infos WhatsApp, avoir un bref échange Facetime avec une amie, commander une nouvelle montre sur la boutique en ligne, chercher (et trouver) un joli restaurant pour un dîner sympa via le moteur de recherche. Vous vous reconnaissez? Pour bon nombre d’entre nous, l’univers numérique va tellement de soi que, parfois, nous ne remarquons plus combien l’empreinte numérique que nous laissons est visible. Nous révélons des données et des informations que – à y réfléchir – nous ne publierions jamais avec autant de légèreté dans la vie réelle. Iriez-vous dès l’aube sur la place publique en pyjama pour raconter à tue-tête ce que vous avez mangé au petit-déjeuner? Improbable. C’est pourquoi nous vous proposons un petit mode d’emploi pour le traitement de vos données dans l’univers numérique.

Vous décidez En premier lieu, vous devez être conscient que vos données vous appartiennent. Vous êtes seul à décider à qui vous les rendez accessibles et qui a le droit de les utiliser. Assumez la responsabilité de vos données

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et informez-vous sur ce qui peut advenir de vos données dans l’univers numérique.

Comportement sur les médias sociaux Vous postez régulièrement des avis et des photos sur les réseaux sociaux? Prenez conscience que tout ce que vous postez peut devenir public. Suivant la configuration de votre compte, la photo de votre fillette sur Facebook peut être copiée sans problème par l’ami d’un ami, reproduite et retransmise à votre insu. Vos commentaires inadéquats (vous étiez en colère) à une contribution ou une photo peuvent vous être attribués et utilisés contre vous. Par conséquent, vérifiez soigneusement les paramétrages de votre compte. Et avant de publier quoi que ce soit, demandez-vous qui verra votre contribution, photo ou commentaire, et si vous le souhaitez vraiment. Postez en observant cette devise: moins, c’est plus!

Surfer sur la Toile Si vous surfez régulièrement sur Internet, vous connaissez la situation. Inopinément, lors d’une nouvelle visite sur un site, on vous salue par votre nom ou alors vous recevez de la publicité correspondant aux mots que vous avez entrés précédemment

dans le moteur de recherche. En surfant sur la Toile, vous laissez toujours des traces, bien plus que ce que vous pouviez penser. Car votre ordinateur transmet une quantité de données à votre insu. Dès que vous accédez à un site, le serveur de ce site connaît votre adresse IP. A l’instar de l’adresse de votre domicile dans la vie réelle, une adresse IP est l’adresse de votre appareil, ordinateur ou smartphone sur le réseau. Ainsi votre appareil devient atteignable sur le réseau et peut être retrouvé. L’adresse IP est attribuée à votre routeur par le fournisseur d’Internet, ce qui permet de déduire votre lieu de domicile. Certes, on ne pourra pas savoir avec exactitude dans quelle rue vous habitez, mais tous les sites que vous visitez apprendront quel est à peu près votre domicile et peuvent en tirer des conclusions.


«Publiez selon la devise moins c’est mieux»


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Photo: Shutterstock, Getty Images; Montage: Brand Studio

«Utilisez un mot de passe séparé et unique pour chaque compte e-mail et chaque compte sur les réseaux sociaux»

Outre votre adresse IP, votre ordinateur transmet aussi, par exemple, des informations sur le système d’exploitation, la définition de votre écran, vos plug-in de navigateur (une extension optionnelle de votre logiciel) et les polices de caractères installées. A l’aide de ce que l’on appelle des cookies, on vous reconnaît sur les sites web. Les cookies sont de courts fichiers textes enregistrés sur votre appareil qui servent à analyser l’utilisation d’un site ou d’une application mobile. Il est donc possible d’établir un profil détaillé de vos habitudes quand vous surfez. Pour éviter que les pages que vous visitez habituellement ne soient analysées, il convient de réduire le nombre d’informations transmises. Eteignez régulièrement les données de navigation, installez votre navigateur de telle manière que les cookies soient en principe rejetés et surfez anonymement en modifiant par exemple votre adresse IP à l’aide d’un programme d’anonymisation. Si vous voulez encore plus de discrétion, vous pouvez aussi passer à des services internet moins populaires. Il existe


des moteurs de recherche qui n’enregistrent ne semble-t-il pas d’informations d’utilisateurs. Mais de façon générale, ne fournissez que les données indispensables.

Gestion des mots de passe et données de login Fidèle à la devise «Un pour tous, tous pour un», vous utilisez le même mot de passe pour iCloud. Facebook et tous vos comptes e-mail? Afin de ne pas oublier vos données d’accès, vous les avez bravement reportées sur des petits billets, dont un coup collé sous le bureau, un caché dans notre porte-monnaie et un confié à votre meilleur ami? Félicitations! Vous avez vraiment tout fait pour que vos données d’accès finissent entre les mains de personnes non auto­ risées qui pourront ainsi se procurer l’accès à votre vie privée sur la Toile. Dans votre propre intérêt, utilisez un mot de passe séparé et unique pour chaque compte e-mail, chaque compte sur les réseaux sociaux. Remplacez les petits billets – que vous perdrez fatalement – par un gestionnaire de mots de passe qui vous aidera non seulement à gérer vos divers mots de passe mais aussi à générer des logins sûrs.

Protégez vos appareils Protégez les appareils à l’aide desquels vous vous baladez dans le monde numérique contre des attaques ou la perte de données. Repoussez les malwares et spywares de votre ordinateur, tablette ou téléphone. Ils peuvent causer d’impor-

protéger ∆vosComment données Ordinateur: une protection antivirus et des mises à jour régulières s’imposent. Un backup vous protège contre les pertes de données. Evitez d’installer des programmes de source inconnue et gare aux courriels suspects! Téléphone mobile: sécurisez votre téléphone par un mot de passe ou une empreinte digitale. Pour le compte mobile, activez l’authentification à deux facteurs. N’installez pas d’applis douteuses mais uniquement des programmes de l’App Store officiel. Comptes et login: pour les services internet importants, utilisez chaque fois un mot de passe unique différent. Un gestionnaire de mots de passe vous aide à les gérer et génère des logins sûrs. Installez éventuellement une deuxième adresse électronique pour des comptes moins importants, cela évite les spams. Surfer sur la Toile: éteignez régulièrement les données du navigateur et surfez de préférence en mode «privé» ou «incognito». Utilisez éventuellement un moteur de recherche autre que Google. Médias sociaux: partez de l’idée que tout ce que vous postez peut devenir public. Par conséquent, évitez autant que possible de publier des données privées.

tants dommages et vous espionner. Pour ce faire, utilisez des programmes antivirus et actualisez régulièrement les programmes installés. Pour vous protéger contre la perte de données, vous devez créer des back-up réguliers sur un disque dur externe. Soyez prudents en installant des programmes dont vous ne connaissez pas la source ou le fabricant et n’ouvrez jamais les e-mails suspects. Mêmes règles pour le smartphone. Tous les téléphones peuvent être infectés par des programmes nuisibles, si bien que vos données personnelles seront espionnées, modifiées ou supprimées, les fonctions de votre smartphone altérées ou bloquées. Par conséquent, installez ou activez un programme antivirus aussi sur votre téléphone. Ne téléchargez que des applications fiables et n’installez que des programmes reconnus. Sécurisez votre téléphone contre des utilisations malveillantes par un mot de passe séparé, une empreinte digitale ou la reconnaissance de l’iris et, pour les comptes mobiles, activez une authentification à deux facteurs. Cela signifie bien sûr qu’outre votre mot de passe vous devez encore saisir un PIN, mais au moins vous serez sûr que nulle personne non autorisée n’aura accès aux données personnelles de votre téléphone.Vous trouverez davantage de renseignements à ce propos sur les pages y relatives d’Internet.

A propos de l’auteure: Chantal ImfeldMatyassy est responsable de la protection des données chez Ringier SA.

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Photos: Philippe Rossier

«Je crains que de très nombreuses personnes n’utilisent même pas un milliard de leur 87 milliards de neurones», selon le philosophe et publiciste Ludwig Hasler.

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«Nous ne pilotons plus, nous sommes les passagers» Propos recueillis par Gabi Schwegler

Avec les solutions numériques, l’humanité prétend à la perfection. Mais elle trouve le bonheur dans ses propres insuffisances – et dans un verre de whisky. C’est du moins l’avis du philosophe Ludwig Hasler, 73 ans, qui appelle de ses vœux une nouvelle symbiose entre l’homme et la machine.

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«

L’homme doit abandonner le volant et la pédale des gaz. Alors le trafic se déroulera de manière absolument sûre et raisonnable.»

Le monde entier recherche des solutions numériques qui nous facilitent la vie. Or on voit de plus en plus de gens sous pression. Qu’est-ce qui cloche? Nous avons quelques problèmes avec la modernité. La société se disait que les choses iraient toujours mieux, qu’il y aurait toujours plus, que tout deviendrait plus marrant. Pour ma génération, les choses sont bel et bien toujours allées crescendo. Mais maintenant, nous remarquons que ça coince. Cette année, par exemple, nous constatons à Venise, à Dubrovnik et à Barcelone qu’avec le tourisme rien ne va plus. Il est fait de masses, ne coûte guère plus et s’est plus ou moins démocratisé, et cela nous remplit d’amertume. C’est la dialectique du progrès.

En matière de santé numérique, nous nous soumettons à une sorte d’autocontrôle. Il y a des applications pour dormir assez, compter ses pas, dénombrer les calories. Pourquoi faisons-nous ça? L’homme est l’ambiguïté personnifiée. Nous voulons sans cesse devenir plus parfaits et, avec les auxiliaires numériques, nous le faisons toujours mieux. Cela peut signifier que nous nous transformons en une machine parfaitement fonctionnelle, que nous devenons transhumains. Mais nous savons en même temps que cela ne nous rendra jamais heureux.

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Qu’est-ce qui nous rend heureux? Nos insuffisances. Nous ne sommes pas heureux de boire de l’eau pure mais un whisky. Or l’homme est un être composite, sans cesse déchiré par la tension entre le spirituel et l’animal.

Notre cerveau peut-il tenir le coup face à la vitesse d’un quotidien numérisé? Le cerveau humain est capable de bien plus que ce que nous en faisons. Nous avons 87 milliards de neurones, or je crains que bien des gens n’en utilisent moins d’un milliard. Notre cerveau serait prêt à faire les choses les plus dingues.

  En personne Ludwig Hasler, Lucernois de 73 ans, a étudié la physique et la philosophie. Il a enseigné cette dernière branche aux universités de Berne et de Zurich, il a œuvré dans les rédactions en chef du «St. Galler Tagblatt» et de la «Weltwoche». Depuis 2001, il est chroniqueur et enseignant en haute école. A son propos, «Die Zeit» écrivait qu’il était sans doute le conférencier le plus demandé de Suisse. Ludwig Hasler aime aussi s’investir concrètement, notamment dans le groupe d’accompagnement Numérisation d’economiesuisse.

Mais alors nous faisons tout faux: j’ai une quantité d’applications destinées à soulager mon cerveau! Une tendance de la mutation numérique consiste à édifier un monde dont l’homme ne serait plus qu’un membre passif. Ne serons-nous plus que les animaux de compagnie d’algorithmes exploités dans la Silicon Valley? Ou sommes-nous encore maîtres chez nous? Tendanciellement, nous sommes plutôt les passagers que les pilotes de la mutation numérique. Reste qu’il y a des domaines où cela a du sens.

Par exemple? L’exemple éclatant est la mobilité. Les voitures autonomes rendent le trafic beaucoup plus rationnel, plus sûr et plus économique. Importun, l’homme doit abandonner le volant et la pédale des gaz. Alors le trafic se déroulera de manière absolument sûre et raisonnable. Mais reste la question de savoir comment ça marchera dans d’autres domaines. Par exemple quand nous prétendons créer un «smart body» avec plein de puces et 150 000 applis de santé. De conquérants du monde, nous nous muons en comptables de l’état de notre corps.

Vous écriviez un jour que la technologie maintient le monde au plus profond de lui-même. Que voulez-vous dire? La numérisation n’est pas de la magie. C’est simplement l’interconnexion de tout avec tout. Il en naît quelque chose comme un


«La numérisation n’est pas de la magie»: Ludwig Hasler dans sa maison de Zollikon (ZH).

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«

Si nous voulons un monde humain, nous devons occuper le temps gagné par les machines avec des activités spécifiquement humaines.»

système nerveux entre les choses, les gens, les entreprises. Nous avons édifié un monde où tant de choses sont si complexes que nous devons laisser à d’autres le soin de calculer. Pensez à la gare de Zurich à l’heure de pointe: le fait que ce ne soit pas le chaos tient à des ordinateurs ultrarapides. Le réseau numérique est une sorte de partition de la vie au XXIe siècle. A nous de savoir comment en jouer. S’asseoir à la plage avec une bière, bénéficier d’un revenu minimum inconditionnel et être membre passif de tout ce cinéma? Pour moi, c’est de la capitulation.

Quel serait le contre-projet? Mon espoir est que naîtra une symbiose jusqu’ici inconnue entre l’homme et la machine. Que nous mettrons les machines à notre service sans nous y soumettre. Prenons un menuisier: de nos jours, il programme avant tout des machines, il est pratiquement un informaticien. Mais les menuisiers assurent que le pire serait que l’on se contente de les former à l’informatique. Parce qu’ils sont supérieurs à la machine uniquement par leur formation manuelle. Ils alimentent la machine avec leur connaissance du bois. Ce serait là un modèle pour de multiples professions.

Mais l’intelligence artificielle permettra aux machines d’apprendre. Et alors? Il est indubitablement vrai que nous n’avons plus affaire à des robots indus-

triels monomaniaques. Les machines apprennent, se régulent et se pilotent toutes seules. Mais, pour moi, leur apprentissage se borne à intégrer de nouveaux signaux dans leur mode de fonctionnement. Et c’est là que se situe la grande différence: le robot n’a pas été mis au monde, il n’a pas de maman, pas de biologie. En revanche, vu que l’homme produit sans cesse des incohérences,

  En questions Quelle est pour vous la plus belle expérience analogique? Le flirt. Quelle invention jugez-vous superflue? Le bagage à roulettes. Quelle notion nouvelle ne comprenez-vous pas? Le slack. De quelle innovation vous réjouissez-vous? D’applis économiques plus décisives, qui ne proposent pas seulement un service mais s’avèrent productives. De quoi avez-vous peur? Des tendances transhumanistes. Quel est le penseur le plus exceptionnel? Robert J. Gordon, l’économiste sceptique.

il cherche toujours de nouvelles approches, de nouvelles solutions.

Est-ce là le moteur de l’innovation? Tout juste. Au cœur de tout cela, il y a la conscience de sa propre finitude. Cette constellation est la condition de l’innovation, de la création, de l’animation et de l’inspiration.

Comment pouvons-nous utiliser ça? Prenons les soins. Bientôt un soignant entrera dans la chambre du malade accompagné d’un robot. Le robot aère les draps et refait le lit de la personne alitée, range la chambre, nettoie la salle de bains, procède à la toilette intime. Et au lieu de nous demander à quoi peut encore bien servir un soignant, il nous faut bien l’admettre: il peut enfin faire tout ce pour quoi il n’avait pas le temps jusqu’alors: l’attention, la conversation. Autrement dit ce qui compte vraiment.

C’est justement dans la santé que les coûts explosent. Les robots seraient un moyen bienvenu d’économiser. Il ne le faut pas. Si nous voulons un monde humain, nous devons consacrer le temps gagné à des activités spécifiquement humaines. Nous nous trouvons dans un moment parfait pour révolutionner l’économie, de manière à ce que nous puissions, à l’avenir, nous occuper de ce qui compte.

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Photos: FC Basel 1893, Suzi Pratt/Getty Images

Le FC Bâle est aussi e-champion Par Andrea Cattani

Naguère, tous les gamins voulaient devenir footballeurs; aujourd’hui, tous les gamins veulent devenir gamers de foot. Luca Boller est l’un d’eux.

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ur la fin, c’est un contre rapide qui décide de l’issue du championnat: Dimitri Oberlin est lancé par une passe en chandelle, il se présente seul devant le gardien lucernois et propulse sobrement le ballon dans l’angle inférieur. Le FC Bâle l’emporte par 4-2 et devient champion suisse. Ou plutôt Luca Boller, 23 ans, est devenu champion suisse. En octobre, le jeune homme de Fehraltorf (ZH) a défendu son titre à la foire du jouet Suisse Toy, à Berne. «Lubo», comme on le surnomme dans le milieu, fait partie de la corporation croissante des e-sportifs. Il n’a pas remporté sa victoire sur le gazon mais sur une PlayStation. Il y a quelques années encore, on se moquait de gens comme Luca Boller. Or, son succès cache un dur labeur: lorsqu’il y a des tournois en perspective, il s’entraîne au jeu de la FIFA six ou sept heures par jour. «C’est mon module standard d’entraînement.» Depuis l’été, il est sous contrat avec le FC Bâle. Le club qui engrange succès sur succès depuis des années dans le vrai football, mise désormais aussi sur la carte de l’e-sport et se trouve ainsi en excellente compagnie. Des clubs de l’élite européenne comme le Paris Saint-Germain, Schalke 04 et Besiktas Istanbul ont eux aussi découvert l’intérêt d’entretenir leurs propres équipes de gamers. Dans le cas de Luca Boller et du FCB, c’est bénéfique pour les deux parties: avec son gamer professionnel, le club touche un tout nouveau groupe cible qui, sinon, se préoccupe

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Une activité prête ∆à générer des milliards Des montants de transferts à six chiffres, des salaires de base de 25 000 euros, des dotations en millions: lors du DOTA2Event «The International» (un jeu d’action imaginaire multijoueurs), les primes versées s’élèvent à 25 millions de dollars, plus que pour l’US Open de tennis. Daniel Luther, expert en e-sport chez ESB Marketing Netzwerk et au FC Bâle: «Les clubs, les ligues et les entreprises ne peuvent pas ignorer l’e-sport s’ils entendent s’adresser aux jeunes.» L’an dernier, le secteur de l’e-sport a réalisé un chiffre d’affaires de 700 millions d’euros. La barre du milliard devrait être franchie en 2018.

peu de football; et par son engagement, «Lubo» peut assouvir sa passion au plus haut niveau et constitue un encouragement pour le milieu de l’e-sport helvétique. En comparaison internationale, la Suisse reste à la traîne. La dotation des tournois ne

suffit pas à faire vivre des joueurs comme Luca. Aussi travaille-t-il aussi à temps partiel comme employé de banque. C’est grâce à son père qu’il est le meilleur joueur de FIFA-game du pays. «Il m’a permis de jouer avec lui quand j’avais 6 ans. Depuis, j’ai été contaminé, au point que ma mère devait toujours veiller à ce que je ne me plante pas à l’école.» A la maison, aujourd’hui, il reçoit tout le soutien nécessaire à sa carrière d’e-sportif. Pas étonnant, puisque l’on prédit un brillant avenir aux compétitions numériques. On voit surgir comme champignons après la pluie des tournois de gamers dans le monde entier. De puissants sponsors entrent en scène (voir encadré). Lors de la rencontre des 32 meilleurs FIFAgamers du monde à Londres, l’été dernier, la dotation était de 200 000 dollars. Et en Suisse ça bouge aussi: outre le FC Bâle, des clubs comme Lausanne et Saint-Gall ont également des joueurs sous contrat. Le public commence lui aussi à montrer son intérêt. «On m’aborde même déjà pour des photos et des autographes», glisse Luca Boller dans un sourire. Il est sûr que l’e-sport, encore activité de niche, attirera bientôt les foules. Et il rêve que le championnat suisse des FIFA-gamers se déroulera un jour devant des milliers de spectateurs au stade Saint-Jacques, là où un vrai Dimitri Oberlin pousse un vrai ballon dans les filets.


Six à sept heures d’entraînement par jour: Luca «LuBo» Boller au stade SaintJacques.


Glossaire numérique

11. Disruption

Le développement numérique avance à grands pas. De nouveaux termes techniques naissent presque tous les jours. Les vingt notions suivantes vous guident dans la jungle numérique.

Tous ceux qui dirigent une start-up numérique rêvent de disruption. Cela signifie qu’un modèle d’affaires existant est relayé ou même annihilé par une innovation. On l’a vu notamment avec le service de voitures Uber qui, avec son app, a secoué la branche des taxis classiques.

1. Apps (ou applis)

12. E-Health

Par Bastian Heiniger

Les miniprogrammes restent la clé servant à utiliser son smartphone sur Internet. Navigateur, courriels, horaire CFF en ligne ou médias sociaux, il existe une app pour tous les besoins. Mais certaines pourraient disparaître car des groupes comme Google et Facebook travaillent sur des assistants intelligents qui assument les tâches des apps (voir point 6: bot).

2. Réalité augmentée (AR) Dans la réalité augmentée, des images numériques se superposent à l’environnement réel et le complètent. Cela se fait avec le smartphone et des lunettes connectées. L’utilisateur peut, par exemple, braquer son téléphone sur un immeuble et voir sur son écran des informations supplémentaires à son sujet.

3. Big Data

Dans l’univers numérique, on dit que les données sont le nouvel or noir. Car chacun de nous laisse une quantité de données derrière lui lors de presque chaque activité. L’ensemble de ces données est nommé Big Data. Des entreprises les utilisent pour mieux cibler leurs offres à la clientèle.

4. Bitcoin

Le bitcoin est une devise numérique, sans pièces ni billets, qui n’existe que sur Internet. Les bitcoins sont utiles notamment comme

moyen de paiement anonyme ou pour la spéculation. Pour s’en procurer, on peut télécharger sur l’app adéquate un bitcoin-wallet (portefeuille de bitcoins) qui servira de porte-monnaie numérique.

5. Blockchain

La blockchain est pratiquement un registre numérique qui enregistre les transactions entre un consommateur et un fournisseur. Le réseau stocke toutes les informations cryptées dans des blocs de données liés les uns aux autres dans un ordre chronologique. Cette techno­ logie est notamment utilisée pour les bitcoins.

6. Bot

Un bot est un robot numérique, soit un programme informatique qui sait accomplir seul un certain nombre de tâches. Les bots à commande vocale sont de plus en plus populaires. Avec ces assistants vocaux, l’utilisateur peut par exemple passer des commandes, se faire lire les prévisions météo ou piloter sa maison intelligente (smart house).

7. Cloud

Sans cesse croissantes, les quantités de données ne peuvent pratiquement plus être enregistrées sur des disques durs. Aussi les délocalise-t-on sur Internet via le Cloud (nuage). L’utilisateur peut dès lors repêcher en tout temps ses propres données sur divers appareils. Le pro-

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blème est la sécurité, car Internet est vulnérable aux attaques.

8. Codage

Codage se dit aussi programmation. Lorsqu’on maîtrise les diverses langues de programmation, on est en mesure de fa­ briquer ses propres programmes informatiques. Une capacité de plus en plus essentielle à l’ère numérique pour résoudre des tâches à l’aide d’un logiciel individualisé.

9. Cybersécurité

Plus une entreprise est numérisée, plus le risque augmente qu’elle soit attaquée. Le vol de données, l’espionnage, le sabotage et l’extorsion favorisés par des cyberattaques menacent tous les secteurs, institutions publiques et infrastructures critiques. C’est pourquoi la demande de spécialistes IT capables de protéger le cyberespace contre les attaques ne cesse de croître.

10. Darknet

Il existe dans l’internet des zones que l’on ne peut atteindre via le navigateur ou Google. La Toile sombre est une sorte d’arrière-boutique pour initiés. Elle n’est pas composée d’un serveur central mais d’un réseau de beaucoup d’ordinateurs. Les données y sont cryptées, les utilisateurs surfent de manière anonyme. Le darknet a mauvaise réputation car on s’y livre souvent à des opérations illégales.

L’E-Health (e-santé) est un terme générique pour les solutions numériques dans le domaine de la santé. De nos jours déjà, les données de la santé peuvent être transmises directement au médecin via une app. Et l’utilisateur est averti si ses données deviennent inopinément critiques.

13. Fintech

Des robots assument des tâches bancaires. Du moins dans le secteur des fintechs où des services financiers sont associés à de la technologie, devenant ainsi plus efficaces et meilleur marché.

14. Influenceur

Un influenceur (ou plus souvent une influenceuse) est pratiquement une star des réseaux sociaux. Il ne sait pas forcément grandchose mais, par le nombre de ses followers il est attrayant pour les entreprises qui, par son biais, font de la pub pour leurs produits.

15. Internet des objets

Internet of Things (IoT) signifie que des objets, des appareils ou des machines sont connectés à Internet pour décharger l’humain. Si, par exemple, le frigo constate qu’il n’y a plus de lait, il en commande automatiquement.

16. Intelligence artificielle (AI)

Grâce à l’intelligence artificielle (artificial intelligence, AI), les ordinateurs

deviennent aussi intelligents que l’être humain. Les machines apprennent à percevoir leur environnement, à en tirer des conclusions et à s’adapter au monde réel.

17. Long Term Evolution (LTE)

La LTE désigne la téléphonie mobile de 4e génération (4G). Elle permet une navigation mobile plus rapide. La 5G est en cours d’élaboration, qui permettra une plus grande stabilité du réseau et une transmission beaucoup plus rapide des données. On parle d’un débit de données cent fois plus élevé et d’une capacité mille fois plus élevée pour une consommation électrique 90 % plus basse.

18. Near Field Communication (NFC)

Vous payez avec votre carte de crédit sans contact? Alors, vous avez déjà utilisé la tech­ no­­logie NFC. Elle permet l’échange de données quand deux terminaux sont à une distance maximale de 10 ou 20 centimètres.

19. Smart Home

Votre maison, votre appartement deviennent intelligents. Grâce à l’Internet des objets, toujours plus d’appareils peuvent être interconnectés et pilotés, par exemple, le chauffage, les fenêtres, les stores, l’éclairage.

20. Réalité virtuelle

A la différence de l’AR (cf. point 2), l’utilisateur plonge ici dans une réalité entièrement virtuelle (VR). C’est possible notamment avec les lunettes VR. La VR est appréciée pour les courtsmétrages et les jeux vidéo. Facebook et des éditeurs tels que Ringier, qui édite «Le Temps», travaillent à donner accès à la VR au grand public.


Google Play et le logo Google Play sont des marques de Google Inc.

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Le premier cyborg Par Claude Jean Sturzenegger

Il a une puce implantée dans la tête, qui lui permet d’entendre les couleurs. Selon son passeport, Neil Harbisson est Britannique. Mais aussi un cyborg.

L

es chercheurs sont convaincus qu’en 2022 nous porterons des puces dans le corps. Cela ouvre des opportunités toutes nouvelles au diagnostic. En cas d’urgence, les symptômes, l’âge, les antécédents et le domicile du patient pourront être pris en compte par l’intelligence artificielle, si bien que le meilleur traitement possible sera proposé. Pour certaines personnes, toutefois, ça ne va pas assez vite. Et surtout pas assez loin. L’une d’elles se nomme Neil Harbisson, 33 ans. Ce Britannique qui a grandi à Barce­ lone est le premier être humain à porter une antenne implantée dans le crâne. Et le premier cyborg officiellement reconnu. L’histoire de l’homme-machine Harbisson débute en 2004. Cette année-là, il se fait implanter un Eyeborg, une antenne munie

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d’un senseur. L’appareil transforme les couleurs en sons. Il faut dire que, jusque-là, Neil Harbisson ne les voyait pas: il souffre d’achromatopsie, et pour lui le monde est en noir et blanc. L’idée d’Eyeborg lui vient

Petite mais puissante: quelque 50 000 per­ sonnes portent déjà une puce dans le corps.

lors d’une conférence sur la cybernétique. «Ce fut le plus grand changement dans ma vie.» Voir la technologie non comme un outil mais comme une partie de soi. Il a fallu cinq mois pour que le cerveau s’habitue au corps étranger. «Beaucoup de gens appellent ça un appareil ou disent que je porte une antenne. Mais je ne porte pas un nez ou une oreille: j’ai un nez et, de même, j’ai une antenne.» La première couleur que l’artiste a entendue fut le rouge. Sa première visite au parc Güell de Gaudi, dans sa ville natale, fut une sym­ phonie. Depuis lors, Neil Harbisson n’a jamais enlevé l’Eyeborg. Même pas quand il voulut renouveler son passeport. Les autorités britanniques refusèrent sa photo passeport avec un zinzin électronique. Harbisson se battit pour son Eyeborg et obtint gain de


Photos: Dan Wilton, Morten Watkins/Splash/Dukas, Adelboden Tourismus

La vogue de la pause numérique

cause. C’était la première fois qu’un cyborg était reconnu par un gouvernement. En 2010, il crée la Cyborg Foundation qui, assure-t-il, s’engage en faveur des droits des cyborgs. Neil Harbisson est un exemple extrême. Mais on estime qu’il y a de par le monde environ 50 000 personnes qui vivent avec une puce dans le corps. Elle permet de déverrouiller une porte d’entrée ou son téléphone ou encore de payer – mais pour l’instant seulement en bitcoins. Pour les transhumanistes, ce n’est qu’un début. Ils pensent qu’un jour ou l’autre l’homme dépassera les limites de son corps grâce à la technologie et pourra faire ainsi progresser l’évolution de son propre gré. Les contempteurs, eux, pensent qu’ainsi l’homme risque de perdre ce qui le rend humain.

Atteignable en tout temps, connecté en permanence? Dans la société du smartphone, le contre-courant s’amorce.

L

e dernier regard le soir est pour le smartphone, le premier regard le matin est pour le smartphone. Cela a des répercussions. La médecine recense désormais le text neck (syndrome de sur­ sollicitation de la tête, maladie des accros au SMS), qui entraîne des difficultés d’en­ dormissement, de la myopie et surtout une exposition accrue au stress, au burn out et à la dépression. On ne sait plus débrancher sans se sen­ tir exclu. Rien d’étonnant à ce que ce soit dans la Silicon Valley que la vogue de la digital detox trouve son origine. Des par­ ticipants à des camps sans smartphone évoquent une expérience «libératrice». Le premier camp Digital Detox a été organisé depuis en Suisse, dans l’Engstligental, près d’Adelboden. Programme: randonnées au lieu de moniteur d’activité physique, bavar­ dages au lieu de chats, embrassades au lieu de likes. «Une réponse actuelle au stress de promiscuité et à la saturation numérique», décrit Urs Pfenninger, responsable du tou­ risme à Adelboden. La branche a flairé une lacune du mar­ ché. Que ce soit dans un hôtel de luxe en

Abstinence du téléphone et pratique du yoga: au camp Digital Detox d’Adelboden (BE).

Engadine ou dans une grange sur l’alpage, la digital detox est partout et pour tout le monde – même pour les enfants. Mais constitue-t-elle un remède de cheval? Georg Bauer, de l’Institut d’épidémiologie, de biostatistique et de prévention de l’Uni­ versité de Zurich, est sceptique: «Pour les gens qui font un usage excessif de leur téléphone, il est bien sûr positif d’expéri­ menter des moments d’indépendance, d’essayer un comportement différent, de se concentrer sur soi-même. Mais c’est comme avec les régimes zéro calorie, le risque de rechute est important. C’est pourquoi je trouve préférable de se fixer un comportement ciblé, quotidien, sur le long terme. Il est possible de l’apprendre sans abstinence totale mais il apporte des avantages en matière de santé.» Le secret réside donc dans l’auto­­dis­cipline. Et dans quelques astuces. Par exemple s’offrir un réveil, afin que le smartphone ne soit pas sur la table de nuit. Et une montre. Prévoir des pauses smart­ phone régulières. Pour ceux à qui tout cela semble trop dur, il existe bien sûr aussi des applis spécifiques qui les aideront!

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Penser la Suisse avec le digital Par Stephan Sigrist

Une numérisation réussie nécessite davantage que de la technologie et la célébration de nouveaux gadgets. Au fond, elle a surtout besoin de nous, les humains. En Suisse aussi.

e sujet de la digitalisation est devenu omniprésent avec l’éclosion de la révolution digitale et la promesse d’une transformation de toutes les branches. Les conférences et initiatives se multiplient de par le monde, afin de rendre cette transformation tangible. Les start-up fournissent les composants de cette future chaîne de valeur digitale. Mais les nouveaux produits et offres ne peuvent pas remplacer le débat de fond sur les conditions-cadres économiques et sociales résultant de la digitalisation. Plus important encore: quel avenir désirons-nous? Pour ça, il faut un débat différencié. Les bases de la digitalisation fournissent des progrès technologiques permettant de générer des données, par la mesure de notre comportement ou de notre infrastructure, à l’aide d’algorithmes d’intelligence artificielle, de les enregistrer dans le cloud ou une blockchain, et de les transmettre à grande vitesse via le réseau 5G. Le vrai potentiel ne réside pas dans la technologie, mais dans les possibilités qui s’offrent aux organisations et aux individus dans quatre champs d’application: l’automatisation des processus quotidiens ou d’entreprise, les réalités virtuelles fournissant de nouvelles expériences et formes de communication,

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la connexion d’êtres humains dans des réseaux sociaux ou des machines dans l’Internet des objets et la possibilité de réaliser soi-même de petites choses avec des imprimantes 3D ou des logiciels. Concrètement, cela signifie que nous avons de nouvelles possibilités de nous simplifier la vie et de nous réaliser par

∆Dr Stephan Sigrist

Le Zurichois de 42 ans est fondateur et directeur du think tank W.I.R.E. Il s’occupe des conséquences de la digitalisation dans les domaines des sciences de la vie, des services financiers, des médias et de la mobilité.

Photo et Graphique: W.I.R.E.

L

des idées innovantes. Mais ces changements impliquent aussi des défis: certaines tâches que nous accomplissions nousmêmes jusqu’ici étant désormais prises en charge par des ordinateurs ou des robots, la crainte de voir des postes de travail disparaître a augmenté, ce qui influence passablement le débat. Malgré le potentiel certain de la digitalisation, nous avons aujourd’hui tendance à sous-estimer la vitesse du changement. Le développement de l’intelligence artificielle en est encore à ses balbutiements et la capacité des algorithmes à résoudre des problèmes dans des situations complexes de la vie quotidienne est limitée. Plus important encore: tout ce qui est techniquement faisable n’est pas souhaitable ou n’apporte pas de plus-value réelle à l’utilisateur. Les systèmes d’information automatisés peuvent nous abreuver de nouveaux faits chaque seconde, mais le cerveau humain n’est pas en mesure d’en faire quelque chose d’utilisable. Aujourd’hui déjà, l’hyper-stimulation par trop d’informations croît et, même s’il est théoriquement possible d’être conduit par une voiture autonome au col du Gothard, il n’est pas encore certain que cela corresponde à un besoin de la population.


Comprendre et approfondir la numérisation

C ONSÉQUENCES SUPPL ÉMEN TA IRES Economie

Société

Individu

Connecter

Automatiser

En septembre, 3,6 millions de Suisses étaient actifs sur Facebook: 25 % de moins par rapport à l’année précédente chez les moins de 19 ans, 17% de plus chez les moins de 40 ans. (source: Facebook AdPlanner & IGEMdigiMonitor 2016 REMP)

A Lugano, deux hôpitaux testent des drones autonomes. Ce sont eux qui pourraient à l’avenir transporter des analyses de laboratoire. Le drone vole à 40 km/h et supporte une charge de 2 kilos.

A P P L I C AT I O N S

Virtualiser

Réaliser

Des neuroscientifiques et informaticiens de l’EPFL testent des applications de VR (réalité virtuelle) pour traiter les phobies. Les patients agoraphobes peuvent ainsi pénétrer dans de petits espaces virtuels, ceux affectés de vertige escalader une simulation de tour.

A Dübendorf, l’EPFZ édifie la DFAB HOUSE qui sera construite presque uniquement à l’aide de processus de développement et d’usinage numériques tels que des imprimantes 3D et des robots autonomes.

Génération de données

Traitement de données

90 % des données numériques ont été générées ces deux dernières années. Par les courriels, photos, recherches sur le Net, mobiles intelligents, il en naît 2,5 trillions de bytes (env. 1,5 mégabyte/s.) par habitant de la Terre. (source : IBM)

«Piz Daint», l’ordinateur du Centre suisse de calcul scientifique (CSCS) de Lugano, est le plus puissant du monde, excepté l’Asie. Sa capacité théorique de calcul est de 25,3 PetaFLOPS, soit 25,3 millions de milliards d’opérations à la seconde.

Vu les changements fondamentaux qui vont marquer notre économie, notre société et notre vie à tous ces prochaines décennies, le débat sur la digitalisation est inévitable. Au lieu de considérer notre avenir comme le destin d’un tsunami technologique nous dépassant, il faut être actif et organiser la Suisse digitale, le monde de demain. Aller plus loin que l’imitation des success stories de la Silicon Valley ou que l’adoption de la «stratégie du mouton» lorsque les entreprises suisses imitent les idées des grandes entreprises du Net. L’homme et la société doivent être remis au centre, non par orgueil ou par obsession suisse, mais parce que l’innovation durable est davantage que la programmation d’apps ou la création de nouvelles plateformes internet,

Stockage de données

T ECHNOLOGIE

Transmission de données

L’EPFZ travaille sur des dispositifs de stockage qui cryptent les données numériques en un ADN artificiel. Ce qui devrait permettre le stockage pendant plus d’un million d’années. Les données sur les clés USB ont une durée de vie de dix à vingt ans.

et parce que la prochaine phase de la digitalisation sera marquée par l’innovation. La Suisse a l’opportunité de se distinguer face à la concurrence internationale de l’économie digitale, et de transposer ses forces traditionnelles au XXIe siècle. Dans un monde digital, le sens de la coopération et de la proximité entre groupes, PME, start-up et think tanks, hautes écoles et ONG qui existe déjà en Suisse croît. Le développement de réseaux d’innovation ou d’«écosystèmes» s’occupant non de solutions individuelles, mais de prestations en réseau dans le domaine de la santé, des services financiers, de l’alimentation ou de la mobilité fait partie des facteurs de succès. L’Etat joue ici un rôle essentiel: en décelant précocement les changements

Le réseau à haut débit 5G permet des vitesses de transfert jusqu’à 10 Gbit/s, dix fois plus vite que par un câble en fibre de verre. Les opéra­teurs de téléphonie mobile envisagent de construire le réseau en Suisse à partir de 2020.

technologiques et en créant les conditions-cadres, il fait rapidement de la place aux nouvelles idées pour les tester. Parallèlement, posons-nous les questions de fond: comment créer une économie de marché basée sur des informations, où les personnes décident qui accède à leurs données? Comment réagir lorsque nous découvrons précocement des dispositions génétiques? Comment créer un système fiscal lorsque de plus en plus d’entreprises ne sont plus localisées géographiquement, mais travaillent de manière virtuelle? C’est ici que commencent les tâches dont nous devons nous occuper aujourd’hui, et qui concernent non seulement les entreprises, mais aussi la science, la politique et chacun d’entre nous.

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Photo: James Cheadle/Solent News/Dukas

Dans le désert, des scientifiques simulent une expédition sur Mars. Où est le guide?

Les métiers de l'avenir Par Manuel P. Nappo

Avec la mutation numérique naîtront de nouvelles professions. A quoi ressemblera notre univers professionnel dans trente ans? Voici huit profils à la fois essentiels et imaginatifs de métiers d’avenir. Fossoyeur numérique Vous rigolez, mais des pompes funèbres numériques vont s’avérer indispensables à l’avenir. Qui se préoccupe des profils d’uti­ lisateurs défunts de Facebook, Twitter ou Instagram? Qu’advient-il des photos de fournisseurs de Cloud tels qu’iPhoto ou Google Drive? Des professionnels chargés d’inhumer les identités numériques ne sont pas invraisemblables d’ici à vingt ou trente ans.

Hologram Retail Display Designer A tous les amateurs d’holographie: peutêtre pourrez-vous admirer bientôt de véritables hologrammes dans vos boutiques préférées. Car à l’avenir les magasins de vente au détail, aidés par des designers d’Hologram Display, n’exposeront plus des vêtements en tant que simples objets dans leurs vitrines mais les projetteront sous forme d’hologramme.

AI Voice Developer «Alexa, commande-moi une pizza napolitaine avec supplément de mozzarella, s’il te plaît!» Des outils comme Alexa, d’Amazon,

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ne sont qu’un début. A l’avenir, les entreprises miseront davantage sur l’intelligence artificielle. Pour cela, il faudra des voix et des réponses qui conviennent à chaque entreprise. Un AI Voice Developer fait en sorte que les assistants personnels nous fournissent des réponses adéquates et utilisables.

Virtual Reality Editor Que ce soit dans les jeux vidéo, les conférences ou au cinéma, la réalité virtuelle s’insinue lentement mais sûrement dans notre quotidien. Ce qui est encore un jouet pour la plupart deviendra bientôt pour d’autres une activité professionnelle. Un Virtual Reality Editor s’avère absolument nécessaire: qui d’autre que lui créera sinon notre randonnée virtuelle en montagne?

Martian Trip Advisor Elon Musk entend atterrir sur Mars en 2022. Dès lors, vous aussi aurez l’opportunité de vous lancer dans un aventureux voyage dans l’espace. Il faudra bien que quelqu’un, alors, vous indique où se situent les meilleurs sites pour un selfie et où se trouvent les cap-

sules-chambres à coucher les mieux chauffées. Fiez-vous pour tout cela au Martian Trip Advisor, il s’y connaît.

Nostalgologue «Ben oui, c’était tellement mieux avant!» Pour les nostalgiques qui évoquent mélancoliquement le bon vieux temps, on verra bientôt accourir un nostalgologue. Il saura par exemple redessiner votre appartement, recréer des espaces avec des meubles et accessoires de naguère. Bienvenue dans le passé numérique!

Détective d’influenceurs Il existe déjà des «fake followers» et il y a donc, sans doute, des «fake influenceurs». Sauf si l’on recourt au détective d’influenceurs. Ce détective du futur sera chargé par des marques et des réseaux sociaux d’espionner les profils des influenceurs et de démasquer les arnaques.

Robot avocat Les robots envahissent notre société. Ce n’est donc qu’une question de temps jusqu’à ce que nos doubles électroniques se mettent à tomber amoureux, se disputer et, dans le pire des cas, divorcer. Il faut dans ce cas des avocats patients qui connaissent et comprennent les points de vue et les attentes des robots. A propos de l’auteur: Manuel P. Nappo est responsable du MAS Digital Business à la HWZ (Haute Ecole d’économie à Zurich).


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