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L’e-santé, la technologie accélère

Tech et santé, un chemin à tracer au plus vite

Les avancées technologiques offrent un bel avenir au secteur médical. Encore faudrait-il pouvoir les intégrer le plus adéquatement possible en tenant compte des contraintes de financement.

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Un ancien rapport du cabinet de conseil Deloitte prévoyait que les dépenses mondiales en soins de santé augmenteraient de 4,1 % par an, entre 2017 et 2021. Quid de l’année 2020, année de la pandémie ? Alors que le secteur de la santé grignotait déjà plus de 10 % du PIB chez nous en 2019, il s’agirait de s’interroger sur la manière de gérer au mieux cette augmentation. Pour certains, cela doit inévitablement passer par une meilleure intégration des technologies modernes dans le système de santé, et plus encore depuis l’apparition de ce petit virus dont on commence à voir l’impact à l’échelle internationale. Les États-Unis (16 % du PIB en santé, 2019) plaçaient déjà avant la pandémie de grands espoirs dans l’intelligence artificielle qui, d’ici 2026, leur ferait économiser pas moins de 150 milliards de dollars. « C’est un fait, l’utilisation de l’IA en santé permet d’anticiper certaines maladies et leur évolution, diminuant par là même le nombre de consultations et d’intermédiaires pour un meilleur traitement des patients », explique Carole Absil en charge du secteur Health Tech chez Agoria.

Pour un problème de peau par exemple, un patient reproduira régulièrement un trajet de soins bien connu : rendez-vous chez un généraliste qui le redirigera vers un dermatologue dont c’est la spécialité. Puis ce dernier pourra éventuellement préconiser une biopsie ou une imagerie médicale. Entre la première et la dernière étape, plusieurs mois peuvent s’écouler diminuant ainsi l’efficacité de la démarche médicale. Or la numérisation des données, le big data, l’IA et ses applications permettraient dans certains cas de supprimer l’une ou l’autre étape.

L’industrie ne peut pas se substituer aux professionnels de la santé et à leur expérience de terrain.

— DAMIEN HUBAUX, CETIC

Il faut dire qu’aujourd’hui, nous disposons tous d’outils numériques qui nous permettent dans une certaine mesure, de suivre notre santé : le smartphone et ses nombreuses applications m-Health. En 2017, le Centre Jean Gol estimait que plus de 100 000 applications de ce type étaient disponibles sur le marché, elles auraient dépassé les 165 000 en 2020 ! « Si certaines sont de simples gadgets, d’autres sont vraiment des dispositifs médicaux en passe de changer notre vie », insiste Carole Absil. À l’heure actuelle, il est possible de détecter entre autres des problèmes d’arythmies, de procéder à une rééducation du genou après opération ou encore d’accompagner les patients souffrant de diverses maladies chroniques.

Pourtant, si les concepteurs évoquent ces innovations avec beaucoup d’engouement, ils le font souvent au temps futur. Les freins à cette évolution sont en effet nombreux. « La Belgique est un terreau intéressant pour tester ces applications, mais l’intégration de ces technologies dans le système de soins est complexe à cause de ses contraintes et de son organisation », évoque Damien Hubaux, directeur du CETIC (Centre d’Excellence en Technologie de l’Information et de la Communication). Alors, comment exploiter de nouvelles données utiles au travail du médecin ? Un spécialiste pourrait-il plébisciter une application mobile qui s’avère efficace, mais qui en même temps bouleverse, voire remplace des consultations classiques ? Il faut dire que la donne a changé en un an, et que ces questions sont plus que jamais à l’ordre du jour.

L’adaptation du cadre légal semble donc être indispensable pour intégrer au mieux l’innovation dans le secteur de la santé. Sans oublier la nécessité d’un changement des mentalités. « L’industrie a beau avoir de nombreuses idées d’adaptation technologique, elle doit les mettre en œuvre avec les professionnels de la santé. L’informatique doit efficacement les aider et compléter leur expérience de terrain », prévient Damien Hubaux. « C’est d’eux que doit venir le besoin de telles innovations. » Or, selon les experts, ce qui coince, c’est la peur que la machine remplace inexorablement l’homme dans sa pratique. « Si certaines spécialisations comme celle du radiologue sont vouées à disparaître, le jour où le robot médecin remplacera le médecin de chair est pourtant encore loin », concluait Philippe Marchal, rédacteur en chef du magazine NumeriKare.

Certaines spécialisations sont vouées à disparaître, mais le jour où le robot médecin remplacera le médecin de chair est encore loin.

— PHILIPPE MARCHAL, MAGAZINE NUMERIKARE

LA RIPOSTE AU COVID EST AUSSI INFORMATIQUE

Conception express d’une appli de télémonitoring pour surveiller l’évolution des patients covid non hospitalisés, développement de solutions facilitant et généralisant l’accès des citoyens à leurs résultats de tests PCR, le tout couplé à l’envoi, respectivement, de SMS d’alerte ou de notification… Le Réseau Santé Wallon (RSW) ne sera décidément pas resté les bras croisés face au défi du coronavirus !

Fin mars, pour armer les médecins traitants devant une maladie quasi inconnue, le RSW développait avec divers partenaires l’outil web « SafeLink ». Son principe ? Aider à tenir à l’œil les patients suspectés de covid-19 et placés en isolement à domicile. Près de 2.000 patients ont pu, durant la 1ère vague, bénéficier de cette télésurveillance.

SafeLink a logiquement tourné au ralenti durant l’été, mais a repris du service avec la 2ème vague. Son principe est inchangé. L’application s’appuie toujours sur l’automesure de paramètres pertinents (température, pouls, gêne respiratoire, taux d’O2, perte de goût/odorat…) par le patient, invité par des SMS réguliers à les encoder dans un questionnaire en ligne. Ces indicateurs sont analysés en temps réel par un algorithme qui définit un score de gravité : état stable, à risque ou critique. En cas de dégradation, le médecin généraliste est averti par SMS.

Les données des patients inscrits au RSW génèrent sur les serveurs de celui-ci un rapport synthétique. Le RSW a ouvert ce document aux infirmiers traitants du domicile, qui disposent ainsi d’indicateurs cliniques actualisés pour dispenser leurs soins.

Résultats à l’écran

Mi-septembre, le Réseau Santé Wallon a procédé, également en un temps record, à des développements permettant un accès rapide et simplifié au résultat des tests PCR de dépistage du covid, et ce, peu importe l’hôpital ou le laboratoire les ayant produits. Rapide car les résultats sont visibles en moyenne 30 minutes après leur mise à disposition par le laboratoire émetteur. Simplifié car on les atteint facilement, après authentification, via la page d’accueil www.rsw.be et son bouton « Mes résultats covid ». Soucieux de faire profiter le maximum de gens de cette facilité, le RSW l’a ouverte aux noninscrits, qui accèdent alors à une page spécifique temporaire.

Si les patients ont renseigné leur numéro de GSM lors du prélèvement dans les hôpitaux ayant activé ce service (soit une petite vingtaine d’établissements en Wallonie et une douzaine à Bruxelles), ils peuvent en outre recevoir une notification du résultat par SMS sécurisé.

Avec la mise en œuvre de ces dispositifs, le portail du RSW a été consulté par plus de 220.000 patients différents durant le mois d’octobre 2020.

Plus d’infos : www.rsw.be

LE CAP DES 100 MILLIONS DE DOCUMENTS EST FRANCHI !

A côté de ces innovations covid, le Réseau Santé Wallon continue sa progression tant en volume de données de santé partagées dans le cadre de la continuité des soins qu’en nombre d’usagers. Ce sont désormais plus de 100 millions de documents qui sont disponibles par son intermédiaire. Et, sous peu, 60% de la population wallonne sera inscrite.

Fin novembre, le compteur était à 100,17 millions de documents mis à disposition via le RSW. Il s’agit essentiellement de résultats de laboratoire, d’examens d’imagerie et de rapports de contact (consultation, hospitalisation…) avec le patient. Comme de plus en plus d’hôpitaux et de laboratoires privés adoptent une politique de publication avec accès aux patients,

un document sur deux publié sur le Réseau est

désormais lisible par les patients. On y retrouve aussi quasi 1,2 million de sumehrs, ces résumés du dossier médical tenu par le médecin de famille, que ce dernier exporte dans le « coffre-fort » du RSW.

Côté usagers, on recense actuellement près de 2,15 millions de citoyens inscrits. On peut prédire que, d’ici fin d’année ou début 2021, 6 Wallons sur 10 auront rejoint le Réseau. Quant au nombre de professionnels de santé qui y adhèrent, il approche à présent les 21.000. Parmi eux, une majorité de médecins (près de 14.000) tant en pratique hospitalière que privée, mais aussi de plus en plus d’autres professions : infirmiers, dentistes, kinésithérapeutes… Cette évolution reflète la volonté du RSW de s’inscrire dans une approche de plus en plus multidisciplinaire des soins de santé.

www.rsw.be

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les risques cardiovasculaires

Les maladies cardiovasculaires restent la première cause de mortalité en Belgique et demeurent plus que jamais un problème majeur de santé publique. Face au COVID-19 les observateurs scientifiques et les médecins pointent la plus grande vulnérabilité des patients cardiaques, hypertendus, diabétiques ou en surpoids.

Texte: Eliane Fourré, coordinatrice du FCC

Àcôté de du financement de la recherche académique, fondamentale et clinique, en cardiologie médicochirurgicale, le Fonds pour la Chirurgie Cardiaque (FCC) s’attache depuis 40 ans à promouvoir la santé du cœur par la diffusion auprès du grand public de brochures d’information et de prévention.

Tout récemment, afin d'offrir une information complète et mise à jour, l'asbl a entrepris la publication et la diffusion gratuite de la brochure de 80 pages "Le risque cardiovasculaire". Outre l’hypertension, le cholestérol, la sédentarité, l’obésité ou le diabète, d’autres facteurs requièrent notre attention: les liens possibles entre maladies parodontales et cardiovasculaires, la cigarette électronique comme aide au sevrage tabagique, les effets des microparticules diesel, ou encore les spécificités de la pathologie cardiaque chez la femme. Ce dernier sujet a d’ailleurs valu au projet d’édition de l’asbl de remporter le soutien de la Loterie Nationale ainsi que son «Gender Award».

Le cœur plus fragile des femmes Les maladies cardiovasculaires tuent bien plus de femmes que d'hommes, et des femmes de plus en plus jeunes. La méconnaissance des risques et symptômes de la maladie chez la femme entraîne actuellement un retard de diagnostic aux conséquences dramatiques.

La femme a un coeur plus petit et des artères plus étroites. A la ménopause, le risque cardiovasculaire tend à croître.

E-cigarette De nombreux fumeurs disent avoir réussi à se sevrer du tabac grâce à la cigarette électronique réputée moins toxique que la cigarette classique. Mais, il n’existe que peu de données sur l’impact sanitaire de cette nouvelle technologie. Depuis 3 ans avec le soutien du FCC notamment, le Dr Martin Chaumont (ULB) étudie les effets de l’e-cigarette sur les systèmes cardiovasculaire et respiratoire avec l'objectif de mieux orienter les patients qui entreprennent un sevrage. En effet, si l’impact est relativement négligeable sur le système cardiovasculaire, son utilisation perturberait les échanges d’oxygène entre les poumons et le sang.

Pollution aux particules fines Le lien entre exposition à la pollution atmosphérique et maladies cardiovasculaires est établi par bien des études épidémiologiques. Des recherches menées à l'ULB sous la direction du Pr Guy Berkenboom ont révélé les mécanismes d’action des particules fines sur le système cardiovasculaire et leur danger pour les personnes les plus à risque. Une somme d'informations qui accroissent nos possibilités d'action en faveur de la santé de notre coeur.

© Adobe Stock - nanihta

Distribution gratuite La brochure éditée par le Fonds pour la Chirurgie Cardiaque est disponible sur simple demande par mail info@ hart-chirurgie-cardiaque.org ou par téléphone au 02/644 35 44. Elle est également téléchargeable sur le site

www.fondspourlachirurgiecardiaque.be

LA SOLIDARITÉ PRÈS DE CHEZ NOUS

Caritas Secours Francophone est une ONG dont le champ d’intervention est l’action sociale de proximité à Bruxelles et en Wallonie. L’ASBL rassemble 5 délégations agissant, en lien ou non, avec les diocèses. Elle fédère les initiatives locales et récolte des dons destinés à faire reculer la pauvreté. Ces dons sont redistribués aux projets sociaux de proximité, portés par 115 associations en Belgique francophone. L’ASBL ne bénéficie d’aucune aide publique, d’aucun subside. Sa seule ressource : la solidarité et la générosité de tous.

Faites un don, un legs, une donation

Caritas Secours francophone

BE79 2100 67 91 75 33 www.caritassecours.be

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