9 minute read

Panel d’experts : la e-santé en 3 questions

Next Article
12 22

12 22

La technologie au service de la santé

Les nouvelles technologies révolutionnent le secteur de la santé. De quelle façon influencent-elles la pratique médicale ? Nous avons posé la question à nos experts qui, chacun dans leur domaine, manipulent au quotidien les outils d’e-santé.

Advertisement

JACQUES ROSSLER. Directeur Information & Systèmes aux Cliniques universitaires Saint-Luc FRÉDÉRIC LEBEAU. Co-fondateur de la Startup Datavillage DR PAUL DE MUNCK. Médecin généraliste, Président du Groupement Belge des Omnipraticiens (GBO)

Selon vous, de quelle innovation en matière d’e-santé le professionnel de la santé ne pourrait-il plus se passer aujourd’hui ?

« Le professionnel de soins ne peut plus se passer d’un dossier médical intégré. Dans le passé, les informations du patient se retrouvaient dans des systèmes assez disparates et dispersés au sein d’une institution : à chaque service son propre système informatique. Depuis quelques années, on s’oriente de plus en plus vers une intégration de toutes ces informations afin que le professionnel de santé puisse avoir une vue complète du trajet de soins du patient, à savoir l’ensemble des informations liées à son état de santé et à sa prise en charge. Cela évite aussi au patient de devoir répéter plusieurs fois les mêmes infos et aux professionnels rencontrés, de les réencoder systématiquement. » « Un point de plus en plus sensible pour le patient est de s’assurer que seules les personnes autorisées ont accès à leurs informations. Les nouvelles technologies permettent de tracer avec exactitude qui a accédé à quoi. Et, évidemment, d’autoriser ou de ne pas autoriser l’accès au dossier médical du patient. Ce qui n’était pas possible avec le dossier papier. D’autre part, les appareils connectés, que certains considèrent comme des gadgets, permettent de récolter différents types de données. Si leur fiabilité n’est pas celle des appareils de mesure certifiés au niveau médical, ils peuvent donner des tendances, mettre la puce à l’oreille d’un médecin et l’encourager à creuser davantage. » « Dans tout ce qui concerne les prises de paramètres et de mesures chez le patient. Et aussi l’accès du patient, à un portail, pour dialoguer facilement avec son médecin, prendre un rendez-vous ou remplir un document. Le médecin s’attend, lui, à plus d’intégration afin de passer moins de temps derrière l’ordi et plus avec le patient. Enfin, la tarte à la crème, c’est l’intelligence artificielle, à savoir l’exploitation des données de façon à pouvoir tirer des statistiques et des prédictions sur l’évolution de l’état de santé d’un patient. Cette aide à la décision ne remplacera pas le médecin, mais lui permettra de cibler plus facilement les patients qui auraient besoin d’une prise en charge précoce. » « Force est de constater qu’aujourd’hui, l’utilisation de la donnée est devenue quelque chose d’essentiel dans la société et les entreprises, dans quasi tous les secteurs, y compris celui de la santé. Néanmoins, le domaine de l’e-santé n’en est encore qu’à ses débuts. De simples avancées, comme l’utilisation de la carte d’identité électronique liée au dossier médical, le fait de pouvoir consulter son historique Mutuelle à l’aide de son identifiant permettent déjà de faciliter les interactions entre le citoyen et les soins de santé. On voit aussi l’émergence de l’utilisation du Big Data dans l’analyse des informations cliniques, des pathologies, etc., même si elle reste pour le moment limitée en Belgique. » « Les avantages ont trait à tout ce que révèle ou peut révéler le traitement de ces données. L’une des prochaines étapes naturelles devrait être l’interopérabilité des données afin de permettre à un citoyen de rassembler, garder un historique et utiliser ses données de santé dans différents contextes avec différents services : vis-à-vis des médecins, des hôpitaux, mais aussi d’un coach sportif, par exemple, etc. À cela devrait s’ajouter l’accélération des objets connectés qui permettent de monitorer notre santé. Ainsi, les nouvelles technologies permettent aux personnes de devenir plus proactives que réactives par rapport à leur santé , avec une idée : ’’rester en bonne santé plutôt que d’être soigné’’. » « L’opportunité de la donnée personnelle de santé est énorme, mais le risque est qu’à l’instar de celles issues des réseaux sociaux et moteurs de recherche, elle devienne un atout commercial. Dans tous les domaines, et certainement celui de la santé, la donnée doit rester sous le contrôle de l’individu, tout en permettant une utilisation avancée de celle-ci par les organisations, à des fins d’intérêt général. En outre, avoir accès aux données est bien, mais les ‘‘faire parler’’ est mieux. Rendre les données intelligentes est la prochaine étape en matière d’e-santé. Présenter des données sous forme de graphes de connaissance permet d’enrichir ces données, de révéler des relations, de dégager des pistes… » « Le dossier médical informatisé (DMI) unique partagé. Parce que l’enjeu est d’améliorer la pratique multidisciplinaire, et la centralisation et l’accès aux données des patients y participent. C’est un progrès pour le patient qui peut consulter tous les documents le concernant via Masanté.be. Et pour le professionnel car cet outil améliore sa pratique et l’efficacité de ses soins. Une des grandes plaintes de la médecine générale était la difficulté d’accès aux examens pratiqués par la médecine spécialisée et aux protocoles de soins. Le DMI partagé et unique signifie qu’à terme, il n’y aura plus qu’un seul dossier que tous les soignants, sous certaines conditions bien évidemment,

Quels sont les avantages des nouvelles technologies vis-à-vis des données de santé ?

pourront consulter. » « Les datas médicales présentent de gros avantages. L’Administration de la Santé Publique doit avoir accès aux données liées à tous les problèmes de santé traités par des médecins généralistes (MG). Mais aussi à l’offre de soins : nombre de MG actifs, disponibilités, etc. Au niveau d’un pays, on doit avoir des vues macro, à condition que les données récoltées soient les mêmes, avec des sources d’approvisionnement et des accès identiques pour tous. Cela permet des comparaisons, au niveau national, puis européen et mondial. Une façon d’interroger sa pratique médicale pour voir où l’on se situe et comment l’améliorer. On devrait mettre en place en Belgique un vrai système d’information

Dans les années à venir, quelles sont ou seraient les innovations attendues/espérées ?

sanitaire de routine. » « Par rapport aux datas médicales, le gros enjeu est la protection du citoyen. La collecte et le traitement des données médicales doivent être bétonnés au niveau du règlement général de protection des données de vie privée et de santé, pour éviter leur utilisation à des fins commerciales ou marchandes. Il faut aussi continuer à développer des outils pour alléger la charge administrative du médecin généraliste, ainsi que le vaste domaine de la télémédecine (téléconsultation, télé-expertise, etc.). Sans oublier les applis qui augmentent l’autonomie et le rôle du patient dans le suivi de sa santé. Et, bien sûr, l’outil d’aide au diagnostic et à la décision thérapeutique intégré dans le DMI. »

Alcatel-Lucent Enterprise au chevet des soins !

Accompagner les hôpitaux, les centres de soins et le personnel médical pour l’avenir dans le développement de technologies telles que le Cloud, les chatbots, l’Internet des Objets (IoT) ou encore l’Intelligence Artifi cielle (IA)… Voici le défi relevé par Alcatel-Lucent Enterprise, qui a fait du secteur de la santé l‘une de ses priorités absolues.

Quand une entreprise passe le cap vénérable des cent ans, il n’est pas rare qu’elle s’enfonce dans une routine confortable, mais peu tournée vers l’avenir. Ce n’est pas le cas chez Alcatel-Lucent Enterprise, bien au contraire ! En quelques années, la compagnie s’est positionnée comme un acteur de poids dans le secteur de la santé, créant sa propre équipe mondiale dédiée, comme une garantie de sa réactivité et de la qualité de ses solutions. Jonas Larsen, Directeur de comptes Santé Belgique chez Alcatel-Lucent Enterprise, s’en explique : « grâce au changement d’organisation vers une structure davantage tournée vers certains secteurs, et à notre équipe dédiée, nous sommes en mesure de comprendre les besoins des hôpitaux et des centres de soins. Cela nous permet de proposer des solutions adaptées à chaque corps de métier du secteur médical. »

Dans cette optique, Alcatel-Lucent Enterprise procède à un subtil dosage entre technologies classiques et nouvelles technologies. « En résumé, ces dernières sont au nombre de quatre : le Cloud, les chatbots, l’Internet des Objets et l’Intelligence Artifi cielle », continue Jonas Larsen. Et l’envergure de la société permet à l’équipe dédiée à la santé, active dans le monde entier, de conclure des partenariats internationaux. C’est notamment le cas avec Philips pour l’Internet des Objets, ou avec Honeywell. « En pratique, nous aidons nos clients sur la base de leur technologie actuelle tout en regardant avec eux les possibilités offertes à court terme par la transformation digitale. Cette dernière offre des avancées signifi catives en matière d’accueil intelligent des patients ; mais aussi de communication unifi ée pour une communication optimale entre chacun des acteurs, professionnels et patients ; sans oublier la télémédecine et les intégrations de dossiers de patients, pour en faciliter l’accès à chaque personne impliquée tout au long du parcours de soins. »

Les réseaux informatiques sont devenus essentiels dans le secteur médical. D’autant plus que l’usage des appareils connectés et l’importance de la communication numérique vont continuer à croître d’une façon spectaculaire dans les prochaines années. « Il est donc de plus en plus important pour chacun de disposer d’une infrastructure-réseau performante », analyse Jonas Larsen. « L’écosystème des soins repose sur une quantité gigantesque de solutions et de partenaires. Notre rôle sera de garantir que des solutions déjà existantes puissent s’interconnecter avec ce que nous proposons pour l’avenir. Le tout en tenant compte des lois et règlementations, tant locales qu’européennes. »

Et bien entendu, impossible pour le moment d’aborder le sujet de la santé sans évoquer la pandémie actuelle. « Nous avons effectivement observé que la crise de la COVID-19 avait exercé une forte pression sur les services techniques », confi rme notre interlocuteur. Sur ce point, l’économie de temps sera cruciale. Un domaine dans lequel la technologie est d’un grand secours. « Un nombre croissant d’appareils sont reliés aux lits d’hôpitaux grâce à l’Internet des Objets. Cela ouvre de larges possibilités vers l’automatisation, partielle ou totale, d’une série d’actions, déchargeant le personnel médical. Prenons l’exemple du suivi d’équipements. Il s’agit de l’une de nos solutions récentes qui, grâce à la géolocalisation, permet la recherche rapide de plusieurs appareils ou personnes, requis pour une certaine opération, économisant ainsi du temps et de l’argent. »

Alcatel-Lucent Enterprise s’inscrit donc comme une valeur sûre au niveau de la communication. « Il faut bien comprendre que l’on croise une foule de profi ls différents dans les hôpitaux et les centres de soins », résume Jonas Larsen. « Cela va des patients aux médecins, souvent présents sur d’autres sites au moment où ils sont contactés en urgence, en passant par les infi rmiers et infi rmières ou par le management. Nous aidons ces différents acteurs à mieux communiquer. Cela permet à chacun de se concentrer sur ses tâches fondamentales quotidiennes sans être distrait par le reste. Le cœur de métier du personnel infi rmier, par exemple, est d’apporter des soins au patient, et non pas de passer du temps à chercher des contacts ou des informations. C’est de cette manière, très concrète, que nous contribuons à améliorer l’effi cacité des soins. »

This article is from: