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Expatriation ou travail en remote ?

L’expatriation ou le travail en full-remote ?

Avec la récente pandémie, le travail à distance s’est posé comme jamais auparavant. Avec cette obligation dans nombre d’entreprises, cela interroge la pratique de l’expatriation d’employés dans les très grandes compagnies. Avantages et inconvénients, deux responsables d’entreprise dressent un constat sur l’option choisie : l’expatriation pour Geert Aelbrecht (DRH de BESIX) et le full-remote pour Dario Spagnolo (président d’O’Clock).

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Besoin d’une expertise à l’étranger

Envoyer des employés travailler à l’étranger ne se fait pas pour le plaisir de ces derniers. « Recourir à l’expatriation, c’est avant tout assurer l’expertise, la connaissance et la qualité technique que nous ne trouvons pas chez nos partenaires ou nos soustraitants locaux. » Selon Geert Aelbrecht, il est indispensable de cocher trois cases avant de pouvoir envisager l’expatriation de ses employés : la technique (certains savoir-faire sont inhérents à une seule entreprise), la prise en compte de culture locale (la manière de réaliser les projets, d’assurer les contacts avec les locaux, la sécurité…) et la prise en compte de la carrière des individus (l’expertise accumulée dans différents pays par les employés envoyés sur place). Besoin d’accompagnement des employés

Si l’expatriation peut souvent être vue par l’employé comme une manière de changer d’air facilement et de multiplier les opportunités de carrière à l’intérieur d’une même entreprise, pour l’employeur, cela a également un certain coût. « En cas d’expatriation, l’employeur doit souvent offrir un accompagnement de A à Z à ses employés dans des zones où il n’existe parfois rien : mobilisation de toute la famille, prise en charge physique et psychologique, école, logement… », explique Geert Aelbrecht. « Des considérations que les employés eux-mêmes ne doivent pas avoir en tête afin de se concentrer exclusivement sur leur projet. » L’entreprise doit donc toujours s’assurer que la valeur ajoutée de son employé soit valorisée. Et ça, c’est un travail de soin quotidien, un « full-service » qui nécessite une équipe entièrement à l’écoute. La confiance, maître-mot de l’expatriation

S’il y a bien une erreur qu’il ne faut surtout pas commettre dans le processus d’expatriation, c’est bien le fait de revenir sur ses promesses. « Et croyezmoi, ce n’est pas simple ! » assure Geert Aelbrecht. « Imaginez-vous en tant qu’expatrié : vous êtes loin et difficilement joignable. Si votre lien d’appartenance envers l’entreprise s’estompe, cela peut mener à de gros problèmes sur place. » C’est pour cette raison que le DRH insiste sur le maintien constant de cette liaison entre l’entreprise et l’employé. « Par exemple, nous n’expatrions pas tout de suite nos nouveaux employés. Ils doivent passer un certain temps au siège de BESIX pour que ce lien d’appartenance se crée. » À cela s’ajoutent les visites régulières du management exécutif ou opérationnel sur le lieu de mission ou encore les nombreuses visioconférences.

Difficulté d’intégrer le télétravail intégral

Il existerait encore un déséquilibre au sujet du télétravail intégral sur le marché de l’emploi : ce dernier serait en effet plus demandé qu’il n’est proposé. « Entre 10 et 20 % de personnes souhaiteraient travailler en full-remote », explique Dario Spagnolo. Pourtant, intégrer cette manière de travailler dans une entreprise qui ne le pratiquait pas jusque-là peut occasionner de grosses difficultés aux managers. « Si l’ensemble des travailleurs est disposé à travailler de cette manière, cela ne pose généralement pas de problème. Par contre si cette mesure est vue comme imposée ou subie, c’est voué à l’échec. » Le manager de O’Clock estime également que l’adhésion du télétravail intégral dépend de deux choses : la taille de l’entreprise (plus spécifique à une PME) et le libre choix laissé à chaque employé de travailler de la sorte. Télétravail intégral, à bien réfléchir !

« Le travail de bureau n’a plus besoin d’être réfléchi. Il est issu d’une expérience inscrite dans la connaissance collective. » Mais selon Dario Spagnolo, ce n’est pas encore le cas du télétravail intégral. Il faut donc se poser énormément de questions et mettre notamment en place des outils adaptés à chaque situation. « Par exemple, vous ne pouvez pas laisser vos travailleurs s’organiser entre eux via WhatsApp. Cela ne fonctionnera pas ! » L’employeur doit établir une utilité et une hiérarchie (messages synchrones, semi-synchrones ou asynchrones) dans les outils de communication qu’il met en place dans son entreprise. « Et éviter de remplacer les interactions physiques par des réunions en visioconférence. Cela doit uniquement servir certaines étapes clés de la vie de l’entreprise. » Et on s’en doute, toutes ces considérations doivent faire l’objet de formations abouties ! Télétravail intégral, un gain de productivité ?

Proposer le télétravail intégral à ses employés, c’est accorder une certaine confiance qui fait du bien à toute l’entreprise. « Il y a davantage de calme et de concentration pour les employés. De plus, ça augmente la diversité des profils à attirer ! » En disant cela, Dario Spagnolo pense non seulement aux profils internationaux, mais aussi à ceux qui sont plus introvertis et qui trouveraient difficilement leur place au sein d’un bureau ou d’un open space. « Chaque profil a ses avantages. Il ne faut sousestimer personne. » Le télétravail doit également être vu comme un bon garde-fou contre un type de management obsolète ainsi qu’une manière d’abaisser les coûts. « Vous n’avez pas de bâtiment à entretenir, donc pas d’assurance, d’abonnement électricité ou internet. Il ne reste que le défraiement des employés. »

L’export, vecteur d’emplois !

La Wallonie est décidément un territoire atypique ! Si sa superficie s’avère réduite, voire étriquée, son paysage industriel, lui, regorge de pépites. Des pépites qui, pour grandir et se développer, doivent s’étendre au-delà des frontières. Mais l’internationalisation répond à des règles et compétences précises. Raison fondamentale de l’existence de formations et de coaching en la matière.

Le montant des exportations wallonnes en 2019 s’élevait à près de 50 milliards d’euros. Si on affine par secteur, on observe que ce sont les exportations de matériaux de construction (+55,4 %) et de matériel de transport (+47,7 %) qui affichent les progressions les plus spectaculaires ces dernières années, ainsi que, dans une moindre mesure, les exportations des instruments d’optique et de précision (+13,2 %), des produits agroalimentaires (+12,8 %) et des matières plastiques (+9,6 %). Mais c’est le secteur de la chimie et des sciences de la vie qui demeure le véritable moteur de ce record. Les exportations des produits pharmaceutiques représentent ainsi un tiers du total du business international Made in Wallonia.

« Alors, bien entendu, la crise du Covid a quelque peu ralenti l’internationalisation des entreprises wallonnes », précise Nicolas Ravenel, Coordinateur du programme « Explort » centré sur les apprentissages du business international, un des services de l’Awex, l’Agence Wallonne à l’Exportation. « Après, il est inéluctable que les choses reprendront sur la courbe entamée en 2019. C’est une devise que nous nous répétons souvent : “La Wallonie a besoin d’international comme l’humain a besoin d’eau”. L’AWEX a notamment la volonté de sensibiliser les jeunes sur l’importance des échanges commerciaux internationaux et sur l’enjeu que représente le commerce extérieur pour la Région wallonne. Après, rendre les entreprises plus performantes à l’exportation, c’est aussi mettre à leur disposition des collaborateurs compétents, formés aux techniques du commerce international. Raison pour laquelle est né un programme de formations et de stages en commerce international valorisant en termes d’emploi, et directement en adéquation avec les exigences du marché. Les stages sont réalisés pour le compte d’entreprises wallonnes qui bénéficient dès lors d’une aide concrète pour aborder des marchés étrangers et se développer à l’international. Les compétences acquises et les expériences de terrain constituent pour les jeunes un atout indéniable dans leur carrière professionnelle ». L’internationalisation fonctionne donc sur la très saine logique vertueuse du « win-win ».

Si ce type de programme de formation et de coaching propose des stages de fin d’études aux étudiants dans les domaines économiques ou commerciaux pour qu’ils puissent mettre en pratique leurs acquis théoriques, il existe également un dispositif destiné aux chercheurs d’emploi, peu importe leur profil académique. Il faut, de base, disposer d’un bagage linguistique, idéalement fait de l’anglais, indispensable dans ce business, et éventuellement de la langue véhiculaire du pays avec lequel on veut travailler. Pour le reste, la formation donnera à tous la boîte à outils du junior export manager prêt à tenter l’aventure. « Dans le secteur du business international au sens large, les possibilités de carrière sont nombreuses, car les professions du genre sont considérées comme des jobs en pénurie, renchérit Nicolas Ravenel. C’est dire qu’il y a de l’avenir. Enfin, que ce soit pour un étudiant ou une personne plus âgée, il faut aussi savoir qu’une formation à l’internationalisation permet d’acquérir d’autres atouts essentiels, comme une solide confiance en soi et un sens développé de la prise d’initiative. Puisque la personne, souvent seule sur le terrain, sera amenée à trouver des solutions face à des situations inattendues. Souvent, je croise des gens qui me disent : “Je ne pensais jamais arriver à un job international tel que j’en ai un aujourd’hui.” Ceci illustre bien la richesse de ce type d’emplois. »

Et les possibilités sont nombreuses, dans une Wallonie toujours très ouverte vers l’étranger. « Souvent, même », poursuit Nicolas Ravenel, « je trouve que les Wallons ne sont pas assez chauvins ! Régulièrement, je croise des gens tentés par l’international, qui regardent vers des multinationales étrangères en oubliant qu’il y a, tout près de chez eux, des sociétés qui ne demandent qu’à s’étendre au-delà de la Wallonie. Il faut absolument montrer à tous la richesse du tissu économique wallon ! »

Dans le secteur du business international au sens large, les possibilités de carrière sont nombreuses.

Nicolas Ravenel

Coordinateur du programme « Explort »

Explort est un programme de formations et de stages en commerce international mené par l’AWEX en partenariat avec le FOREM. Il apporte aux entreprises une aide concrète et financièrement très avantageuse. Grâce à ce programme, les entreprises wallonnes peuvent bénéficier des services d’étudiants ou de diplômés, polyglottes et mobiles, spécifiquement formés aux techniques du commerce extérieur et prêts à vous épauler, à toutes les étapes de votre développement international. Infos : www.explort.be

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