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Chronique : Stéphanie Fellen

Stéphanie Fellen Et si l’économie circulaire réconciliait liberté et écologie ?

Qu’on soit une multinationale ou une PME, on peut faire de l’économie circulaire et en tirer profit. À l’appui, nos missions de terrain qui prouvent que "durable" et "circulaire" riment aussi avec "rentable".

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Alpha Innovations commercialise pour les PME wallonnes des solutions d’alimentation électrique et de monitoring, où l’économie circulaire consiste à avoir une politique d’achats durables pour ses composants mais aussi de travailler sur l’éco-conception de ses produits pour qu’ils consomment le moins possible chez leur client. Elneo, spécialiste en air comprimé et fluides industriels compte reconditionner et proposer des compresseurs d’occasion, propose aussi l’air comprimé comme un service et non comme un produit. Au golf et hôtel du Naxhelet, l’économie circulaire permet de tenter la valorisation de 100% des déchets alimentaires, mais aussi d’être le premier golf à ne pas utiliser d’eau de ville pour son green. Même un cabinet d’avocats peut rendre son empreinte numérique circulaire.

Si c’est si beau, pourquoi toutes les entreprises ne se lancent-elles pas ? Premier frein : la méconnaissance de l’économie circulaire. Pour pouvoir l’utiliser comme outil et levier, il faut encore et toujours passer par la sensibilisation et la vulgarisation. Former les jeunes, les moins jeunes, les salariés, les dirigeant(e)s, les conseils d’administration, mais aussi nos élus. Deuxième frein : l’économie circulaire est considérée comme une mode. Presque toujours de la bouche de "boomers" qui ont peur qu’on leur interdise de faire du rallye le week-end, de prendre l’avion ou de manger un bon steak au resto. Pourtant, la question n’est pas là. Tant qu’on pensera qu’agir pour ralentir le réchauffement climatique est source de contrainte et de privation de liberté, le débat sera dans les mains des politiques et non des entreprises. Non, travailler durablement ne privera pas de liberté, ni de croissance de chiffre d’affaires. Au contraire, faire de l’économie circulaire donne justement la liberté de s’affranchir des hausses de prix et des pénuries de matières premières, de réfléchir intelligemment à la conception des produits, et de maîtriser ses coûts.

Et si on gagnait les années à venir, plutôt que de les subir ? Il est temps de former massivement à l’économie circulaire, et de réconcilier les mots “liberté” et “écologie”. Et si on allait chercher des records de circularité plutôt que des records de températures ? Le record de belges formés à l’économie circulaire, le record de matières premières recyclées, le record de chiffre d’affaires issu de sources durables, le record de produits d’occasion reconditionnés par nos PME.

Les entreprises doivent prendre conscience de leur rôle et de leur immense pouvoir. Oui il faut du courage pour battre des records, mais les athlètes vous le diront : ce n’est pas tant le fait d’avoir battu le record qui les excite, c’est le chemin pour pouvoir y arriver. Alors là, on tiendra peut être quelque chose de durable, qui fera tourner notre monde plus rond, (ou plus circulaire).

Et si on poursuivait des records de circularité plutôt que des records de températures ?

Par Stéphanie Fellen, Managing Founder & CEO Smart2Circle

Réparer pour mieux et moins consommer

Avec un peu plus de 650 000 tonnes de déchets produits chaque année en Belgique, le secteur de la construction pèse lourd dans la balance écologique. De la production et du transport jusqu’à l’optimisation des déchets, choisir ses outils et matériaux pour la rénovation ou la construction constitue un enjeu essentiel pour réduire l’empreinte environnementale des chantiers.

Et si on tentait, au maximum, de réparer nos équipements plutôt que de les mettre à la poubelle ou de les emmener à la déchèterie lorsqu’ils peuvent être réparés et obtenir une seconde vie ?

Pour Sandy Van Der Vreken, Marketing Manager chez Festool, une société spécialisée dans l’outillage professionnel, proposer des solutions comme la réparation pour donner une seconde vie aux outils est une étape décisive pour sortir du modèle classique de production et de consommation (extraire, produire, consommer, jeter). « Pour nous, le succès durable et l’ancrage régional ont toujours été évident. C’est pourquoi le recours prioritaire à la réparation et au recyclage est crucial. En tant qu’entreprise, le remplacement des équipements serait plus avantageux d’un point de vue financier. Pour autant, ce mode de fonctionnement nous semble impensable. »

À la fois écologique et économique, la réparation est une étape importante de la décarbonisation de l’industrie et participe à l’économie circulaire. En effet, cette solution, qui permet de prolonger la durée de vie des produits et équipements, encourage la réduction des consommations de ressources, production de déchets et émissions de gaz à effet de serre liées aux activités de production, transport et stockage. « Pour nous, la durabilité implique d’offrir aux générations futures les mêmes possibilités que celles dont dispose la génération actuelle. D’ailleurs, dans cette démarche, le respect des dispositions légales ne constitue à nos yeux qu’une mesure minimale. Il faut aller plus loin et déployer ses efforts au maximum. D’une infrastructure de production verte à un emballage de produit recyclable, une longévité optimisée et la possibilité de réparer son équipement localement, agir n’est pas une option, c’est un choix », rappelle Sandy Van Der Vreken.

Réparer, c’est se battre contre la société du “tout jetable” et la manière dont nous consommons. Par le biais de cette simple action qui consiste à modifier ses habitudes en recherchant une aide qualifiée ou l’acquisition de nouvelles compétences au travers de tutoriels, assistance à distance ou repair cafés, chacun peut minimiser son empreinte écologique et préserver les ressources limitées de notre planète.

Et sur la route vers la durabilité, les alternatives sont nombreuses ! De la réparation au choix du reconditionné en passant par la location, les alternatives à disposition des citoyens et professionnels existent bel et bien. Vous hésitez encore ? Rappelez-vous le dicton populaire “il faut être riche pour acheter bon marché” et ajoutez-y une nuance durable. En étant conscient du rapport prix/qualité des produits convoités et des services proposés autour de ceux-ci, vous faites le premier pas vers un comportement écoresponsable qui invite à une solution qui coûte peu, mais apporte beaucoup à notre environnement: la réparation.

Sandy Van Der Vreken

Marketing Manager

Festool est une entreprise familiale allemande de troisième génération, une marque de référence dans l’outillage électroportatif spécialisé pour la peinture, le travail du bois, la construction ou encore la carrosserie automobile. Fondée en 1925 par Albert Fezer et Gottlieb Stoll, cette entreprise traditionnelle entretient une culture d’entreprise orientée vers l’ancrage régional, l’exigence élevée, le succès durable, l’estime de ses collaborateurs et un sentiment d’appartenance commune.

Pour les médicaments comme pour les piles usagées, la collecte est clé

Vous avez des médicaments inutilisés ou périmés? Une seule adresse: la pharmacie de votre quartier. En collaboration avec tous les acteurs de la chaîne, des producteurs aux consommateurs en passant par les grossistes et les pharmaciens, la fédération sectorielle pharma.be entend promouvoir plus activement la collecte des anciens médicaments, au bénéfice de notre santé et de l’environnement.

En 2016, nous avons rapporté 639 tonnes de médicaments périmés ou inutilisés en pharmacie. Ce chiffre est certes en augmentation. L’année dernière, il s’élevait à 658 tonnes, mais trop de médicaments non utilisés finissent encore dans la poubelle, les toilettes ou les égouts. C’est pourquoi la fédération sectorielle pharma.be promeut depuis des années la collecte sélective et la destruction. Car les médicaments ne sauraient être assimilés aux autres déchets : ils peuvent nuire à l’environnement et à la santé publique.

« Tout au long du cycle, de la recherche à la production en passant par l’utilisation et la destruction des médicaments, on s’efforce très consciemment d’éviter toute pollution de l’environnement», avance Ann Adriaensen, directrice Santé publique au sein de la fédération sectorielle pharma.be. « Pour cela, une collaboration harmonieuse avec tous les acteurs de la chaîne est cruciale. L’environnement n’est pas le seul bénéficiaire de ces actions, qui contribuent également à l’efficacité, à la qualité et à la sécurité des médicaments dans l’armoire à pharmacie. Le dernier maillon et le plus important de cette chaîne est bien sûr le consommateur lui-même : nous souhaitons le sensibiliser davantage. La quantité de médicaments non utilisés ou périmés qui ne sont toujours pas collectés et détruits est très difficile à estimer. De nombreux consommateurs conservent de vieux stocks dans leur armoire à pharmacie et cette dernière mériterait d’être régulièrement triée. »

Dangereux

Pour la collecte, le choix s’est logiquement porté sur les pharmacies, des lieux particulièrement accessibles. « Le pharmacien conserve les médicaments retournés dans une boîte spéciale, qui est collectée par les grossistes/distributeurs lors de la tournée de livraison des nouveaux médicaments », détaille Ann Adriaensen. « Ensuite, l’ensemble des médicaments anciens ou périmés est emporté à l’incinérateur. La facture est payée par toutes les entreprises pharmaceutiques de notre pays. » Les blisters (emballages-coques) qui contiennent encore quelques comprimés, les flacons comprenant des restes de sirops, de sprays ou de pommades en tube sont les bienvenus à la pharmacie. Seules les aiguilles (collectées séparément), les boîtes en carton et les notices ne sont pas couvertes par ce règlement.

« Il faut éviter à tout prix de verser les restes de bouteilles ou de flacons dans les toilettes ou dans l’évier. Car ils finissent dans les égouts ou les eaux souterraines, ce qui peut avoir un impact majeur sur l’environnement. En tant qu’industrie et fédération sectorielle, notre mission est de l’éviter à tout prix. Mais jeter les comprimés non utilisés ou les tubes entamés dans les ordures ménagères n’est guère plus judicieux. On ne sait jamais où ils terminent leur course, et ils peuvent même être dangereux. »

Ann Adriaensen

Secretary General & public health director

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