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Des entreprises plus durables

La transition énergétique : le remède miracle face aux crises ?

S’adapter pour survivre, repenser sa manière de fonctionner, envisager son avenir de façon pérenne : les enjeux auxquels font face les entreprises sont nombreux face aux défis climatiques et à la crise énergétique.

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Il est grand temps pour les entreprises de se tourner vers un “business model” durable et de concevoir des stratégies sur le long terme combinant à la fois écologie, équité, transparence et gain d’énergie. Les crises que nous traversons, qu’elles soient sanitaires, écologiques ou encore socio-économiques, sont autant de rappels de la nécessité de la transition énergétique. Pour Fawaz Al Bitar, Directeur Général d’EDORA (fédération des énergies renouvelables), il faut l’envisager de manière réfléchie. « Nous devons booster le développement des énergies renouvelables et penser au bouquet énergétique de demain. Il faut développer ces filières de manière concomitante car elles sont complémentaires. Vous n’allez pas réussir à garantir notre approvisionnement grâce à une seule technologie. L’éolien et le photovoltaïque sont météorologiquement complémentaires, tandis que la biomasse et l’hydroélectricité sont, par essence, contrôlables car elles ne dépendent pas de la météo. » En outre, nous devons développer notre capacité de stockage et de gestion de la demande. Al Bitar recommande la création d’un réel “marché de la flexibilité” incitatif. Couplé à une approche tarifaire encourageant la flexibilité, il récompenserait les entreprises vertueuses qui ne font pas fonctionner leurs machines aux heures de pointe de la consommation.

Chez Plastics Wauters, entreprise spécialisée dans la vente de matériaux de construction et de rénovation à base de matières plastiques, on a pour ambition d’atteindre zéro émission de carbone grâce à un nouveau siège social qui sera inauguré en 2025 à Gosselies. « Notre bâtiment sera équipé d’environ 1.500m² de panneaux photovoltaïques. Les bureaux et une partie des pièces réservées au stockage vont être chauffés grâce à des pompes à chaleur. Nous souhaitons également trouver des solutions logistiques pour permettre l’automatisation de nos portes. En effet, elles font 4m de large sur 6m de hauteur, et quand elles restent ouvertes, elles provoquent d’importantes pertes de chaleur », détaille Bastien Wauters, Responsable Commercial.

Recourir aux innovations est indispensable. Le BIPV, à savoir les modules photovoltaïques intégrés aux bâtiments (fenêtres, façades, tuiles), constitue un pas supplémentaire dans la bonne direction. La Tour des finances de Liège ou encore le site de Tour & Taxis à Bruxelles, en sont des exemples concrets. La domotique peut également nous aider à atteindre des objectifs qui ne reposeraient pas uniquement sur la sobriété énergétique. Le DG d’Edora prône “un décloisonnement des secteurs et une interconnectivité des différentes sources d’énergie permettant aux entreprises de devenir énergétiquement plus indépendantes.” Combiner des panneaux solaires avec une pompe à chaleur s’avèrerait donc plus intéressant et performant.

Plastics Wauters n’a pas hésité à prendre des initiatives. Par exemple, avec l’installation de capteurs pour ses lumières intelligentes sur le site de Marcinelle. « Elles ne s’allument que lorsque quelqu’un travaille dans le magasin. Cela nous permet de ne pas éclairer les 8.000m² de notre site toute la journée », explique Bastien Wauters. Un changement évident pour l’entreprise qui estime « avoir fait preuve de bon sens car l’écologie est un enjeu important en soi, mais également primordial économiquement parlant pour les entreprises. »

Il ne fait aucun doute que la transition énergétique est une réponse concrète aux enjeux actuels. « C’est un secteur à très haute valeur ajoutée qui participe à l’enrichissement du pays. Il tire véritablement le PIB vers le haut », conclut Al Bitar.

Changer, c’est faire preuve de bon sens, car l’écologie est un enjeu important en soi, mais également primordial économiquement parlant pour les entreprises.

— Bastien Wauters, responsable commercial chez Plastics Wauters

Les entreprises au cœur de la crise énergétique

En Belgique, les entreprises sont responsables d’un tiers des émissions de CO2. Face à la crise climatique et énergétique actuelle, il devient crucial qu’elles revoient leur mode de fonctionnement et agissent simultanément sur le court et le long terme. Qu’est-ce qui est mis en place en Wallonie ?

Àl’horizon 2030, la Belgique se classe en 5ème position des pays les plus performants en matière de développement durable. Mais cela ne signifie pas pour autant que nos efforts en matière d’énergie et climat suffisent. Atteindre nos engagements 2020 pour la contribution aux objectifs 3*20% européens a d’ailleurs relevé du challenge ! Pour rappel, cet objectif européen se décline différemment par état membre. Ainsi, pour la Belgique, il consistait à réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre, à améliorer de 18% l’efficacité énergétique et de porter à 13% la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique. « Ces objectifs n’ont pas été accomplis facilement. La part de renouvelable a été atteinte grâce à l’achat de quotas à l’étranger, et malgré la forte baisse de consommation liée à l’arrêt d’activités en 2020, nous n’avons pas atteint la cible en consommation d’énergie finale » précise Valérie Pevenage, attachée, experte en efficacité énergétique au SPW. Avec l’arrivée de la législation européenne “Fit for 55” visant 55% de réduction des émissions à l’horizon 2030, 40% de réduction de la consommation et une part de renouvelable de 40% également, les contributions devront être d’une ampleur bien plus importante pour 2030…

Comment atteindre ces objectifs ? « Pour le court terme, le comportemental est la seule solution. À moyen et plus long terme, investir dans des équipements et des bâtiments performants pour réduire nos besoins ainsi que dans le renouvelable est indispensable. Les pouvoirs publics se sont d’ailleurs dernièrement engagés en mettant en place diverses actions. Par exemple, en éteignant les éclairages la nuit sur les autoroutes, en investissant dans le photovoltaïque sur les bâtiments publics et dans certaines villes, en diminuant la température moyenne dans les bureaux. » explique Valérie Pevenage. Les entreprises sont inévitablement également concernées, puisqu’elles sont responsables d’un tiers des émissions de CO2. Et l’augmentation des factures d’énergie les pousse à davantage s’impliquer. Dès lors, comment peuvent-elles agir pour réduire leur facture et contribuer aux objectifs ?

« La première étape est de réfléchir à leurs besoins en énergie en faisant le point sur quand et comment elles consomment. L’objectif est de réduire la consommation énergétique là où elle n’est pas toujours nécessaire et d’apprendre à consommer mieux. » détaille Valérie Pevenage. Pour ce faire, des gestes quotidiens peuvent être adoptés, comme éteindre les lumières des vitrines durant la nuit, diminuer la température des locaux ou fermer les portes des commerces. Pour aller plus loin, les entreprises peuvent également obtenir des aides telles que la venue d’un facilitateur pour les accompagner dans les solutions et financements à leur portée. En Wallonie, les PME bénéficient de subvention de 75% pour réaliser un audit. Les grandes entreprises, elles, ont l’obligation légale d’en effectuer un tous les 4 ans. « Il permet de les informer sur les sources potentielles d’amélioration et de réduction de la facture et sur les investissements à prioriser », précise Valérie Pevenage. Il s’agit donc d’un outil réellement utile pour les entreprises désireuses d’améliorer leur consommation et d’augmenter leur rendement. Elles peuvent aussi bénéficier de subventions et d’aides au financement, pour autant qu’elles présentent un plan d’action sur le long terme.

En conclusion, malgré les efforts déjà opérés par certaines entreprises et leur motivation à lutter contre la crise énergétique grâce aux aides octroyées, elles doivent prendre des mesures plus structurelles et agir sur le long terme.

Pour le court terme, le comportemental est la seule solution. À moyen et plus long terme, investir dans des équipements et des bâtiments performants pour réduire nos besoins ainsi que dans le renouvelable est indispensable.

Valérie Pevenage

Attachée, experte en efficacité énergétique

Chacun peut contribuer à faire diminuer la consommation d’énergie fossile de la Wallonie grâce à une utilisation rationnelle de l’énergie et au recours aux sources d’énergie renouvelables. Le SPW Énergie participe à la définition et au développement des politiques dans ces matières et coordonne les actions menées pour encourager les bonnes pratiques, aussi bien dans le secteur résidentiel que dans l’industrie et le tertiaire. Le soutien à la recherche et à l’innovation vise aussi à réduire la consommation d’énergie et à développer à moindre coût le recours aux sources d’énergie alternatives. Le SPW Énergie veille par ailleurs à la bonne organisation des marchés régionaux de l’énergie. Pour plus d’info sur les aides disponibles : jediminuemafacture.be, section « je suis une entreprise ».

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