Journal de médecine du travail 25

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Pathologie due à l’amiante dans la région de Sétif Boukerma Z., Behlouli A. L.

LE JOURNAL DE LA MÉDECINE DU TRAVAIL

Peut-on parler de souffrance au travail en Algérie ?

ORGANISATION DE LA COUVERTURE SANITAIRE DES GENS DE MER EN ALGÉRIE

BULLETIN OFFICIEL DE LA SOCIÉTÉ ALGÉRIENNE DE MÉDECINE DU TRAVAIL - SAMT

Idder Laib C., Kaced Benazzouz N., Haddar M.

Nafai D., Chibane L., Soufi L.

La prévention des risques professionnels et la productivité dans les petites et moyennes entreprises en Afrique. Revue de la bibliographie ISSN : 1112-2438

Exposition aux rayonnements ionisants dans un service de chirurgie dentaire

Nezzal Am. A. Mahdi, A. Rezak, H. Benmessaoud, A. Semid

Détection précoce de la BPCO par une mini spirométrie électronique dans le secteur bâtiments et travaux publics de la région de Sidi Bel Abbès

Kandouci C., Meflah F., Baraka F., Kandouci B. A., Ghomari O.

N° 25 - Janvier 2019


SOMMAIRE

Editorial (page 1 ) Dossier

J.M.T

Prévention et productivité Nezzal Abdelmalek (page 2)

Articles originaux Organisation de la couverture sanitaire des gens de mer en Algérie Nafai D., Chibane L, Soufi L. (page 11)

Le Journal de la Médecine du Travail Bulletin Officiel de la Société Algérienne de la Médecine du Travail (SAMT) N° ISSN : 1112 – 2498 N°25 – Janvier 2019 Directrice de la Publication BENMESSAOUD Hayette Rédactrice en chef OUAAZ Meriem Membres du Comité de rédaction BACHA Aichouche BELKHATIR Achouaq DAHMANI Lamia FERNANE Malika REZAK Amina Comité de lecture de ce numéro: AKIF Nora HADDAR Mustapha IDDER LAIB Cherifa KORICHI Said LIANI Nora Conception - Réalisation: Administration SAMT Impression: ON LINE ISSUU Site Web : https://samtalgerie.com Email : secretaireadjoint@samtalgerie.com secretaire@samtalgerie.com

Le journal de la médecine du travail janvier 2019– JMT N°25.

Peut-on parler de souffrance au travail en Algérie ? IdderLaib C., Kaced Benazzouz N., Haddar M.(page 16) Pathologie due à l’amiante dans la région de Sétif Boukerma Z., Behlouli Ahmed L. (page 27) Détection précoce de la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) par une mini spirométrie électronique (Piko- 6) dans le secteur bâtiments et travaux publics (BTP) de la région de Sidi Bel-Abbès Kandouci C., Meflah F., Baraka F., Kandouci B.A., Ghomari O. (page 35) Exposition aux rayonnements ionisants dans un service de chirurgie dentaire Mahdi A., Rezak A.,Benmessaoud H., Semid A. (page 45)

Thèses soutenues en santé et sécurité au travail (page 51) Agenda des congrès et manifestation scientifiques (page 56)


Organes de la Société Algérienne de Médecine du Travail BUREAU DE LA SAMT Président : Pr IDDER LAIB C. CHU Beni Messous Secrétaire Général : Pr. BENMESSAOUD H. CHU Bab El Oued Secrétaire Général adjoint : Dr OUAAZ M. - EPH Djamel Eddine Abed Rouiba Trésorier : Dr. KHEZZANE - CHU Annaba Trésorier adjoint : Dr. OUAGUADI A.- EPSP Touggourt Vice-président Région Ouest : Dr. DJAZOULI M.A. CHU Oran Vice-président Région Centre : Dr KORICHI S. EPH Jamel Eddine Abed Rouiba Vice-président Région Sud : Dr BABZIZ H.S. - Ouargla Vice-président Région Est : Pr NEZZAL A.M. CHU Annaba Président du Conseil Scientifique : Pr. HADDAR M EPH Rouiba Membre du conseil scientifique de la SAMT ARIB Amel , AKIF Nora , AZZOUG Malika , BAHLOULI Ahmed Lakhda , BEGHDADLI Benali , BELABED Assia, BENHADJ Ahmed , BELHADJ Zoubida , BENHASSINE Wissal ,BENMESSAOUD Hayette ,BOUCELMA Malika , BOUKERMA Ziadi , BOUHADIBA Fouzia , BOUKORTT Cherifa, CHACHOUR Hayet , CHAIB Samia , CHEMAA Farida , DJAKRIR Larbi , DJAZOULI Mohamed Amine , FRAGA Seid , GUEROUI Said , GHEZINI Younes , GHOMARI Othmane , HACHELAFI Hamid , HADDAD Mustapha , HADDAR Mustapha , HAMADOUCHE Mohamed, IDDER-LAIB Cherifa , KAMEN Faouzia , KANDOUCI Abdelkrim, KANDOUCI Chahrazed , KHATMI Slaiha , KHOUDOUR Zoubida , KORICHI Saied , LAMARA Mahamed, LIANI Nora , MEZIANE Zakia , NAFAI BOUTOUCHENT Dalila, NACERI Mustapha , NEZZAL Abdelmalek , OUAAZ Meriem , OUAREK Abdesslem, REZK-KALLAH Baghdad ,SELLAM Kamel , SEMID Abdelkader , SEKKAL Samira , TALEB Abdeslem , TIGHA Nadia , TOURAB Djamel , ZATOUT Ahmed Administration SAMT

Tél. / Fax : +213 38405148

Email : secretaire@samtalgerie.com

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Editorial JMT 25

Dans ce numÊro sont traitÊs des sujets aussi divers que : La prÊvention des risques professionnels et la productivitÊ dans les petites et moyennes entreprises, un secteur d'activitÊ important en AlgÊrie et très peu concernÊ par la prise en charge en terme de surveillance mÊdicale et ceci, malgrÊ les e orts de l'inspection du travail ces dernières annÊes. Cette revue de la bibliographie met en Êvidence l'Êtroite relation entre la santÊ au travail et une amÊlioration de la productivitÊ des PME, ce qui impacterait positivement le dÊveloppement Êconomique et le marchÊ du travail. NÊanmoins, il s'avère que très peu de chercheurs algÊriens en santÊ au travail publient autour de cette problÊmatique. La sou rance au travail est abordÊe d'une manière tout à fait originale, l'Êquipe qui a publiÊ cet article a partagÊ sa rÊ exion autour de cette question a n d'ouvrir le dÊbat autour de la santÊ mentale en milieu de travail et de l'Êmergence de nouvelles pathologies (burn out, dÊpression,. . . ) et leurs consÊquences (absentÊisme, arrêt maladie, licenciement, chômage. . . ) liÊes à l'organisation du travail et aux failles dans les nouveaux systèmes de management. Les facteurs de risque pour la santÊ quant à eux sont illustrÊs par deux articles tout à fait intÊressants dans la mesure oÚ il s'agit de facteurs dont l'utilisation a ÊtÊ rÊglementÊe depuis plus d'une dÊcennie dÊjà , il s'agit : De l'amiante dans une usine de fabrication d'amiante ciment, cet article rapporte les expositions et les a ections respiratoires prÊsentÊes par des anciens salariÊs ; celle ci a depuis ÊtÊ fermÊe du fait des dangers connus de l'amiante, les rÊsultats prÊsentÊs sont signi catifs. Et des rayonnements ionisants auxquels sont exposÊs les chirurgiens dentistes, cette exposition souvent banalisÊe dans les cliniques dentaires, mais qui n'en reste pas moins dangereuse et nÊcessite l'application d'une procÊdure de protection rigoureuse. En n la surveillance mÊdicale d'une corporation dans un secteur d'activitÊ peu ÊtudiÊ, celui des gens de mer, elle nous est prÊsentÊe avec toutes les exigences rÊglementaires ainsi que l'organisation sanitaire mise en place pour y rÊpondre en AlgÊrie. Je souhaite à tous nos lecteurs une bonne lecture, et surtout un feed back en direction des di Êrents auteurs pour les encourager à encore approfondir leurs recherches en santÊ au travail.

Pr Nezzal Abdelmalek 1


La prévention des risques professionnels et la productivité dans les petites et moyennes entreprises en Afrique. Revue de la bibliographie. NEZZAL Abdelmalek Université Badji Mokhtar, Faculté de Médecine, Annaba, Algérie Laboratoire de Recherche Santé Environnement Société Algérienne de médecine du Travail Résumé

Introduction : La prévention des risques professionnels est intégrée dans les systèmes de management des grandes entreprises et des PME par le biais des systèmes normatifs tels que ISO, BS-OHSAS, ILO. Des résultats non négligeables et mesurables à l’aide d’indicateurs tels que la diminution de la fréquence et de la gravité des lésions d’origine professionnelle, ont été ainsi obtenus. Qu’en est-il en Afrique. Objectif : Notre propos vise à faire le point sur les études publiés, à présenter les méthodes et outils utilisés dans la démarche participative d’évaluation des risques et d’intervention pour les réduire et/ou les éliminer et enfin à illustrer par des exemples publiés la faisabilité et les résultats obtenus par quelques entreprises. Méthode : Recherche bibliographique sur les principales bases de données en ligne. Résultats : Les démarches participatives mettent en valeur l’expertise des salariés pour évaluer les situations de travail. La formation, l’information et la motivation-engagement des salariés et des managers constituent des modes d’intervention efficaces. Le soutien matériel des états et des collectivités locales aux petites entreprises ; le contrôle et le suivi régulier sont importants pour la réussite des programmes de prévention. Les calculs sur le "coût bénéfice" réalisés par l’AISS évaluent le retour sur investissement dans le domaine de la prévention à raison de presque le double de l’apport initial ce qui est d’un rapport appréciable [3]. Conclusion : L’intérêt de la mise en place de programmes de prévention intégrés à un management participatif dans une approche d’amélioration continue se confirme régulièrement. Malgré leurs efforts les institutions et les collectivités en Afrique, doivent relever le défi dans un contexte difficile dominé par le travail en milieu "agricole", le travail "informel" et dans des microentreprises de type familiale. Mots clefs : OHS, WISE, SOBANE, ILO.

2


1

Introduction :

La prévention des risques professionnels est intégrée dans les systèmes de management des grandes entreprises et des PME par le biais des systèmes normatifs tels que ISO, BS OHSAS, ILO. . . . L’intérêt de cette démarche se justifie de jour en jour au regard des gains en productivité engendrés par une plus grande maîtrise des processus et une réduction des pertes. Cette démarche s’imposait du fait d’une concurrence féroce à l’échelle mondiale sur les prix, la qualité et les délais. Des résultats non négligeables ont été ainsi obtenus, mesurables à l’aide d’indicateurs tels que la diminution de la fréquence et de la gravité des lésions d’origine professionnelle. À tel point que dans certaines grandes entreprises le "risque zéro" accidents est affiché comme objectif et donc estimé comme réalisable. À la suite de ces succès, de nombreux outils opérationnels et simples d’utilisation ont été développés pour les petites entreprises et l’organisation internationale du travail (ILO) en a fait la promotion dans les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique dans des contextes où les ressources ne sont pas toujours disponibles, et où le travail agricole et l’économie informelle sont dominants. Nos objectifs sont à travers une recherche bibliographique de : — Faire le point sur les publications concernant la prévention et la productivité des entreprises en Afrique, — Décrire les coûts et les gains engendrés par les actions préventives, — Présenter les méthodes et outils utilisés dans la démarche participative d’évaluation des risques et d’intervention au sein des petites entreprises,

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réalisée sur Google Scholar : Les mots clefs utilisés : Africa AND small AND enterprises AND prevention AND productivity AND ILO –HIV. De 2012 à 2015 sur Google scholar le résultat est égal à 1730 références. En ajoutant le mot clef “occupational health safety” : Africa AND small AND enterprises AND prevention AND productivity AND ILO AND “occupational health safety” –HIV. De 2012 à 2015 sur Google scholar nous avons retrouvé 478 références. Et après traitement nous avons retenu 87 articles concernant exclusivement l’Afrique, dont 34 articles spécifiques et 53 articles concernant le management. Les gains liés à la prévention sont une synthèse de l’étude de l’association internationale de la sécurité sociale (AISS 2010, 2013) intitulée : « Calcul du rendement de la prévention pour les entreprises au plan international : coûts et avantages des investissements dans la sécurité et la santé au travail ».

3

Résultats :

3.1

Les publications :

L’analyse à partir des résumés des 87 articles sur le management, fait apparaître que les publications proviennent de 15 pays pour la plupart anglophones si ce n’est la totalité. Nous noterons que les chercheurs des pays du Maghreb dont l’Algérie sont absents de cette liste.

3.1.1

Nous pouvons regrouper les thèmes étudiés en 18 catégories :

1. Les systèmes de management de la santé et sécurité au travail.

Méthode :

2. Le travail informel et la SST.

Cet exposé est le fruit d’une recherche bibliographique sur Google scholar et d’une expérience de plus de quarante années dans le domaine de la prévention en entreprise. La recherche a été

3. Les petites entreprises et la SST. 4. Les indicateurs de performance et la SST.

3


5. 6. 7. 8. 9.

La culture et la SST. — Dans les 4 pays étudiés, les services de santé et sécurité au travail sont partagés Les ressources humaines et la SST. entre 3 ministères : la Santé, le Travail Les coûts et la SST. et les Mines ainsi que parfois l’environneLa perception des entrepreneurs de la SST. ment et l’agriculture. La réglementation en santé et sécurité au — Les 4 pays sont à des niveaux différents travail. de construction de leur arsenal juridique. 10. Les normes en SST. — L’inadéquation des ressources humaines et de l’expertise en santé sécurité au tra11. La satisfaction client et la SST. vail constituent les contraintes majeures 12. Les facteurs de risques professionnels. rapportées. 13. Les équipements de protection individuels. — L’Afrique du sud a un système plus ma14. La santé et sécurité au travail dans les secture que ceux du Zimbabwe, de la Zambie, teurs de la construction, les mines, l’abatet du Botswana. tage de volaille, la couture, les carrières, — L’insuffisance de formation spécialisée dans les fermes, la coiffure, les stations d’esles services de santé au travail, comme la sence, l’agriculture. formation spécialisée en médecine du tra15. Les troubles musculosquelettiques d’orivail, est rapportée comme un désavantage gine professionnelle. au Zimbabwe, en Zambie, et au Botswana. 16. Les affections pulmonaires d’origine professionnelle. Une revue de littérature concernant les 17. Les personnes âgées au travail et la SST. actions préventives dans les petites entre18. La formation en santé sécurité au travail prises : Peter HASLE and col in 2005 : — Il y’a eu une augmentation du nombre et environnement. d’études dans les PME ces dernières années. Table 1 – Les références selon les pays et le — La communauté de chercheurs est dissénombre. minée entre différentes disciplines et institutions. — L’évaluation de l’efficacité et applicabilité des études d’intervention est insuffisante. — Les travailleurs des PME sont exposés à des risques plus élevés que ceux des grandes entreprises. — Les PME ont des difficultés à contrôler les risques. — Les actions préventives les plus efficaces semblent être les plus simples et les moins coûteuses. — Elles sont diffusées par le biais de contacts 3.1.2 Nous présentons ci–après quelques personnalisés et directs. études : — Des recherches supplémentaires sont indiquées pour étudier l’ensemble du système Une revue de la littérature sur la santé préventif : intermédiaires, méthodes et réet sécurité au travail dans les économies sultats des actions préventives. émergentes : Le cas de l’Afrique du sud, DinCl 1 contractors HS regulations, contractor’s OSH management system, Compliance OHS Industries, OSH management qualification, CSR OHS mines, OHS construction workers, BSC safety construction, costs of construction accidents, indicators performance, Costs Accidents, Psychosocial risk, Manganese, Hazards Mining , construction electricity, Poultry Abattoir, Musculoskeletal Disorders, Safety fuel station, Silica Stoneworkers, Pulmonary , stress, early contractor involvement, sewing-machine operators, injuries 2 Factors inhibiting OHS Construction, health safety practices roof construction, Worker characteristics OHS, HS Practices Building Contractors, HS standards productivity, Non-Compliance HS Regulation Building, Human Resource HS, promoting construction HS, Safety Climate Learning , HS practices policies Electricity Company, Implications management, Building Construction, Safety tools building, Musculoskeletal, Health Street Vendors 3 Practices and Challenges OHS, Economic costs injuries, OHS construction, Older Workers, building construction, floriculture farm workers, injury and cement Hair Dressers, Occupational health safety, Cobble Stone Workers 4 Legal Framework OHS, OHS performance manufacturing, labour laws Small enterprises, OSH Employee Productivity, Occupational risk factors, OHS Electronic Media, OHS training injuries reduction, Key Performance Indicators Manufacturing Paint, Safety audit client satisfaction, Eye Safety, 5 Risk Management Manufacturing, organizational HS policies performance, ergonomics agricultural development, Safety Performance Construction, Safety Building Construction, Regulatory HS 6 Owner Managers’ perception Regulations 7 8 9 10 11 12 13 14 15

Pays Afrique du sud

Publications (Mots clefs Titre) OHS Informal Workers, OHS Street Vendors,

25 Ghana

OHS practices , OHS Organizational Commitment, Safety Culture Artisans,

18 Ethiopia

OSH practice accidents severity, Workplace innovation OSH,

12 Kenya

Management OSH Programmes, OSH programmes performance power,

12 Nigeria

Ergonomic port, Human resource performance ,

8 Tanzanie 2 Égypte Ouganda Zambie Mozambique Soudan Guinée Liban Botswana Gambie

Injuries Safety Climate Awareness HS farmers, Construction accidents Personal Protective Equipment Dust and quartz TQM OSH Strategic Management HSE Risks Contractor safety, health OHS management practices Risk factors occupational injuries

N

Pesticide Informal Sector ,

1 2 1 1 1 1 1 1 1

gani Moyo et col 2015 4


Une autre revue de la littérature s’est intéressée aux études réalisées depuis 1980 : Kassu Jilcha et col 2016. — Diverses caractéristiques de la santé et sécurité au travail sur les lieux de travail ont été déterminées comme résultant de l’absence d‘implication des employés aux actions préventives et de l’exposition aux sources de danger de l’environnement interne et externe. — De nombreuses recherches ont été limitées par l’absence d’une approche multidisciplinaire. — L’autre aspect est que les mécanismes de transfert du savoir sont perdus. — Quelques recherches se sont focalisées exclusivement sur la santé sans prendre en compte les autres aspects de santé et sécurité au travail.

activités d’amélioration. — Avec le support adéquat d’un réseau de formateurs entrainés à l’utilisation des outils, les approches participatives vont continuer à être le facteur clef pour un management proactif dans diverses situations de travail.

3.2

Les gains engendrés par la prévention.

En 2010 et 2013, l’Association internationale de la sécurité sociale (AISS) lance une étude internationale pour répondre à la question : l’adoption d’une stratégie de prévention en milieu de travail est-elle avantageuse sur le plan microéconomique ? Celle-ci est Intitulée : « Calcul du rendement de la prévention pour les entreprises au plan international : coûts et avantages des investissements Les autres études mettent l’accent sur d’autres la sécurité et la santé au travail ». La comptabilité de la prévention est utilisée dans aspects. — Les approches participatives sont en train cette étude qui utilise des mesures qualitatives et de gagner de l’importance dans divers sec- quantitatives, afin d’élaborer une analyse coûtbénéfices, l’indicateur clef de la performance est teurs. — Application de récentes expériences rela- le « Rendement de la prévention » (ROP). tives à la prévention et la promotion de la L’hypothèse retenue est que la prévention en miqualité de vie au travail particulièrement lieu de travail est envisagée globalement, sans tenir compte des mesures de prévention individans les PME. — L’accent mis sur la prévention primaire à duelles. De même, on ne prend pas en considéral’initiative des employés et des managers tion l’impact des avancées sociales et techniques, ni le coût intégré de la sécurité associée à l’achat est général. — Les étapes participatives construites sur d’équipements. les bonnes pratiques locales apportent de La méthode utilisée, est l’analyse des effets minombreuses améliorations sur les lieux de croéconomiques de la prévention au travail au travail particulièrement surtout lorsqu’elles moyen d’entretiens standardisés, menés auprès sont facilement réalisables et peu coûteuses. d’experts (par exemple : propriétaires d’entre— La conception et l’utilisation d’outils adap- prise, contrôleurs, agents de sécurité, membres tés localement jouent un rôle dans l’amé- du comité d’entreprise) dans les entreprises sélectionnées. lioration dans chaque situation. — L’efficacité des approches participatives avecOnt été sélectionnées 300 entreprises provenant ces outils est démontrée par leur diffusion de 15 pays sur un large échantillon. à plusieurs secteurs et par de nombreuses Les données ont été analysées de façon descriptive, afin d’établir un bilan intégré de prévention études d’intervention. — Dans le contexte local, un réseau de for- pour les sociétés participantes, mais aussi anamateurs est essentiel pour entretenir les lytique, afin d’identifier les corrélations statisti5


quement significatives.

Figure 3 – Rendement de la prévention (AISS 2010-2013). Figure 1 – Impact de la sécurité et la santé au Table 2 – Coûts et bénéfices de la prévention travail dans certaines branches d’activité (AISS pour les entreprises (AISS 2010-2013). Coûtprévention(entreprises) 2010-2013). Euros/Employé/An 2012 2013 Avantages prévention (entreprises) Euros/Employé/An Équipements individuels de protection Conseils sécurité soutien médical Formation prévention Examens médicaux préventifs Coûts organisationnels Coûts d’investissement Coûts initiaux Total des coûts

La prévention a été jugée particulièrement positive dans les branches d’activité où cette préoccupation est traditionnellement présente, à savoir la production, les transports et l’entreposage.

2012 168 278 141 58 293 274 123 1334

2013 159 251 142 56 235 241 116 1200

Economies prévention perturbations Économies prévention perte de temps Valeur ajoutée motivation satisfaction Valeur ajoutée qualité produits Valeur ajoutée innovations produits Valeur ajoutée image entreprise Coûts initiaux Total des coûts

566 414 632 441 254 632 0 2940

506 386 561 400 229 563 0 2645

Figure 4 – Types d’avantages signalés (AISS 2010-2013). Figure 2 – : Impact de l’accroissement des investissements en prévention sur les coûts d’ex- Les entreprises ont considéré que l’effet était particulièrement notable en ce qui concerne l’améploitation (AISS 2010-2013). lioration de la motivation et de la satisfaction des employés, ainsi que l’amélioration de l’image de l’entreprise. Pour conclure sur les gains : Les entreprises peuvent espérer un retour potentiel de 2,20 Dinars (ou toute autre monnaie) pour chaque Dinar (ou toute autre monnaie) investi dans la prévention, par année et par salarié.

Le rendement de la prévention (return on prévention, ROP), dont le ratio moyen s’établit à 2,2 pour l’ensemble des pays. Ce chiffre a été calculé par la méthode de la moyenne tronquée ( -5% plus élevé et plus bas). 6


Les entreprises ont économiquement intérêt à investir dans la prévention. La sécurité et la santé sont une obligation légale pour les employeurs, et sont bénéfiques pour les employés, mais constituent également un facteur de réussite de l’entreprise.

3.3

le personnel n’est pas impliqué du fait qu’il s’agit d’une approche descendante et qui peut à priori ne pas être participative [2].

Work Improvement in small entreprise (WISE). Développé par l’Organisation Internationale du Travail (OIT), pour offrir des « conseils pratiques et profitables » aux propriétaires et gestionnaires des PME. Elles pourront à travers des modifications utiles, simples et rentables améliorer les conditions de travail et augmenter la productivité, la qualité et les bénéfices, pour l’entreprise et les travailleurs. [5] Des méthodes telles que WIND (work improvement in neighbourhood) amélioration des conditions de travail dans le développement communautaire et WIIE (Work improvement informal economy) amélioration des conditions de travail dans l’économie informelle en dérivent. Des sessions de formation interactive présentent des outils et des techniques aux propriétaires et gestionnaires pour améliorer leurs entreprises. Cette méthode est fondée sur une approche positive d’apprentissage mutuel. Six principes guident cette méthode :

Les méthodes et outils utilisés

Le système de management intégré (QSE) : C’est la gestion intégrée des trois systèmes de management de la qualité (ISO 9001 version 2015), santé et sécurité au travail (OHSAS 18001 version 2007, projet ISO 45001, ILO-OSH 2001 ...) et environnement (ISO 14001 version 2015) [1]. La gestion est formalisée et adopte une approche systémique, par processus. La politique de la direction est affichée, les objectifs sont planifiés, les ressources sont mises à disposition pour la réalisation, des mesures et analyses et des vérifications sont régulièrement effectuées, avec des actions correctives et préventives, et enfin des revues régulières du système par la direction dans un mouvement global d’amélioration continue (planifier, réaliser, contrôler, agir) et la satisfaction des clients étant le but ultime. Les parties prenantes (propriétaires, employés, fournisseurs et sous-traitants) sont associées. 1. S’appuyer sur les pratiques locales. L’évaluation des risques et les mesures correc2. Recourir à l’apprentissage par l’action. tives et préventives sont réalisées à l’échelle de toute l’organisation et par chaque processus par 3. Encourager échange d’expérience. les pilotes et leurs équipes. 4. Lier les conditions de travail aux autres Des audits externes, vérifient la conformité à la objectifs. norme. La certification est renouvelée régulière5. Se concentrer sur les réalisations. ment. Les grandes entreprises et PME, quelque soit le 6. Favoriser la participation des travailleurs. secteur d’activité sont intéressées par la certifi- La formation WISE met l’accent sur la particication, qui en plus des avantages liés à l’amé- pation des entrepreneurs et des travailleurs sur la lioration du management qu’elle induit, et à la formulation d’idées, sur l’établissement de priorireconnaissance et l’image de marque qui en dé- tés d’amélioration et sur l’implantation de chancoule sur le marché par rapport aux concurrents, gements sur les lieux de travail. entraîne une modification positive de la culture La formation comprend des modules concernant d’entreprise au regard de la qualité, de la sécu- l’environnement physique et l’environnement sorité et de l’environnement. cial : Néanmoins des distorsions peuvent découler lorsque

7


1- SEIRI 2-SEITON 3-SEISOU 4-SEIKETSU 5-SHITSUKE

Environnement physique : 8 Modules 1. Manutention stockage. 2. Aménagement des postes de travail. 3. Sécurité et performance des machines. 4. Contrôles des matières dangereuses.

Trier Vérifier les besoins Éliminer le superflu

5. Éclairage.

TRIER ORDONNER BRILLER STANDARDISER MAINTENIR

SORT STRAIGHTEN SHINE STANDARDIZE SUSTAIN

Identifier et éliminer les gaspillages Ordonner Briller Déposer de façon optimale , Propreté Management visuel Identifier les contaminations Standards

Maintenir , Améliorer Standardiser Contrôle visuel Checklist Progresser

Maintenir Animer

6. Installation et services de bien-être. Qu’est ce que le LEAN ? La production est dite « Lean » ce qui en anglais veut dire « mince 8. Environnement. » parce qu’elle utilise les ressources avec économie : Heures travaillées, outils, espace. . . Le stoEnvironnement social : 7 Modules ckage est réduit à son maximum et elle veille à produire avec beaucoup moins de défauts. 1. Gestion du temps de travail Les 5 S constituent une organisation de l’espace 2. Climat de travail positif pour faire apparaitre les défauts et les éliminer. 3. Protection de la maternité C’est une méthode visuelle simple qui consiste à garder l’espace de travail dans de bonnes condi4. Organisation du travail 5. Supervision et motivation des travailleurs tions afin d’identifier facilement les gaspillages et les éliminer. 6. Conciliation travail famille Qu’est ce que les 5 S : Objectifs des 5 S 7. Salaires et avantages sociaux 1. Améliorer l’espace de travail, 7. Aménagement des locaux.

Cette méthode s’appuie sur la formation des em2. Mettre en place un système organisé pour ployeurs de petites entreprises, elle fait des remaintenir cet espace. commandations générales lors des formations, néan3. Améliorer les conditions de travail. moins les partisans de cette méthode qui n’est pas tout à fait participative rapportent des ré- Étapes nécessaires pour réussir son 5 S : sultats intéressants en Afrique, Asie et Amérique Bénéfices des 5 S : Pour les personnes : sécurité, environnement, molatine. tivation, maintenance. Pour la qualité : émergence des défauts, standarLes 5S Le Lean Manufacturing est originaire disation. du Toyota Production System : Toyota est fondé Pour la performance : Réduction des temps et en 1933, mais entre 1940 et 45 lors de la guerre délais, productivité, réduction des bris, réduction mondiale elle est en cours de faillite, entre 1950- gaspillage. 1960 Taiichi Ohni modifie le système de Produc- En conclusion, si l’idée est en elle-même attion, entre 1974-1985 Toyota devient 1er expor- trayante, des travaux menés dans des entreprises tateur, et en 1985 Toyota produit à l’extérieur en Lean ont montré que l’introduction brutale de certains changements inspirés du Lean peut produ Japon. voquer une recrudescence d’accidents et/ou de En 1990 naissance du Lean management [3] maladies professionnelles ...L’impact sur la sécu. rité est à redouter tant que les modifications de processus et de modes opératoires ne sont pas encore parfaitement assimilées par les salariés. De plus, les gains productifs à court terme attendus par la direction peuvent être à l’origine d’une 8


pression accrue de la part de la hiérarchie (ma- Lors des réunions, les aspects identifiés comme nagement par le stress) et d’une intensification étant non ou peu satisfaisants, font l’objet lors du travail pour les salariés. de réunions, avec les questions QUI fait QUOI pour améliorer la situation de travail, comme on SOBANE C’est une démarche de gestion des peut le voir sur cette fiche de synthèse sur les compétences, avec comme principe de base la accidents du travail : participation des travailleurs orientée dans un but de prévention, elle adopte dans sa démarche l’amélioration continue. Comme le montre la figure 6, sa dénomination découle des étapes de la démarche : (S) pour Screen, (OB) pour Observation, (AN) pour Analysis et (E) pour Expertise. Elle constitue une stratégie générale de gestion des risques. Le dépistage puis l’observation et l’analyse par Figure 7 – Qui peut faire, Quoi de concret et les équipes sur les lieux de travail permettront Quand ? d’identifier et de réduire ou éliminer une proportion importante des dangers, l’expertise externe Des guides par secteurs ont été développés, comme n’intervenant que pour étudier les problèmes non on le voit dans la Figure 8, il y’en a vingt- cinq. résolus dans l’entreprise [2].

Figure 5 – Guide de concertation Déparis.

Figure 8 – Guides par secteur d’activité.

La figure suivante introduit la checklist permettant de faire un screening simple des situations Comme on le voit dans la figure 9, quinze outils de travail, que les employés peuvent renseigner sont disponibles pour les niveaux d’observation et d’Analyse. en cochant des pictogrammes.

Figure 9 – Outils d’observation et d’analyse Figure 6 – Approche globale des conditions de En conclusion, il nous faut souligner que dans les travail. 9


secteurs d’activité, un secteur n’est pas couvert coûts et avantages des investissements dans à notre avis, c’est celui de l’agriculture bien que la sécurité et la santé au travail. AISS, 2010les métiers de jardinage soient pris en compte. 2013. Selon Malchaire lui-même, la démarche est plus [2] F. Gllet-Goinard. Bâtir un système intéorientée santé et sécurité, que qualité et environgré Qualité / Sécurité / Environnement De nement. la qualité au QSE. ISBN : 2-7081-3651-8. Néanmoins, c’est une méthode simple, particiGroupe Eyrolles, 2006. pative, orientée prévention, dans une approche [3] C. Hohmann. Lean management : outils, d’amélioration continue et elle s’appuie sur les méthodes, retours d’expériences, questionscompétences de l’entreprise en interne ; la forréponses. Éditions Eyrolles, 2012. mation concerne tous les intervenants et elle est [4] J Malchaire. Stratégie SOBANE et méthode contextualisée. de Dépistage DEPARIS, série stratégie SOBANE : Gestion des risques professionnels. 4 Discussion : SPF Emploi, Travail et Concertation Sociale, 2003. En conclusion l’intérêt de la mise en place de programme de prévention intégré à un manage- [5] OIT. Amélioration des conditions de travail dans les petites entreprises (WISE). OIT, ment participatif dans une approche d’améliora2007. tion continue n’est plus à démontrer. Malgré leurs efforts les institutions et les collectivités en Algérie ont à relever le défi dans un contexte où le travail en milieu "agricole" et "informel" et dans les microentreprises familiales sont dominants. La mutation des PME en Algérie constitue un véritable challenge à relever.

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conclusion

L’intérêt de la mise en place de programme de prévention intégré à un management participatif dans une approche d’amélioration continue n’est plus à démontrer. Malgré leurs efforts les institutions et les collectivités en Algérie ont à relever le défi dans un contexte où le travail en milieu "agricole" et "informel" et dans les microentreprises familiales sont dominants. La mutation des PME en Algérie constitue un véritable challenge à relever.

Références [1] AISS. Calcul du rendement de la prévention pour les entreprises au plan international : 10


Organisation de la couverture sanitaire des gens de mer en Algérie. Nafai D1 , Chibane L.1 , Soufi L.2 1 Service de médecine du travail CHU Mustapha Bacha Alger 2 EPSP Sidi Mhamed- Bouchenafa - Alger

Résumé

EPSP des 14 wilayas côtières algériennes. Toute personne titulaire d’un diplôme dans la filière maritime s’adresse à la station maritime territorialement compétente pour s’inscrire sur la liste des gens de mer sur la base d’un dossier comportant entre autres un certificat d’aptitude physique délivré par l’EPSP conventionné. Un fascicule de navigation maritime lui sera remis dés qu’elle est embauchée et sera suivie annuellement conformément à l’arrêté interministériel du 1/12/83 fixant les conditions d’aptitude physique pour l’exercice de la fonction de marin. Discussion : Les conditions d’aptitude physiques pour l’exercice de la fonction de marin fixées par la législation algérienne prennent en compte les critères des directives relatives aux examens médicaux des gens de mer de l’organisation maritime internationale. Conclusion : La couverture sanitaire des gens de mer en Algérie répond aux normes universelles, permet une prise en charge sanitaire complète, toutefois lui échappe le suivi médical des travailleurs informels.

Introduction : En Algérie, la santé au travail des gens de mer, exposés à divers risques professionnels spécifiques, est prise en charge par la « Consultation des gens de mer, santé maritime ». Cette dernière étant assurée au niveau des Établissements Public de Santé de Proximité (EPSP) conventionnés avec les organismes employeurs. Objectif : décrire l’organisation de la couverture sanitaire des gens de mer en Algérie. Méthodologie : Nous avons collecté et exploité les données concernant les gens de mer auprès de plusieurs institutions notamment : des EPSP, du Ministère de la pèche et des ressources halieutiques (MPRH), du Ministère du transport (MT) et du Ministère de la santé, de la population et de la réforme hospitalières (MSPRH) et des stations maritimes des gardes côtes. Résultats : La couverture sanitaire des gens de mer est gérée de la même manière aussi bien par le MPRH concernant certains métiers (pécheurs, plongeurs et personnel de l’aquaculture) que par le MT pour d’autres Mots clés : Gens de mer, sante au travail, métiers (personnel des navires de transport des voyageurs et des marchandises et celui organisation sanitaire.. des remorqueurs) et est assurée par 27 11


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Introduction

3 Méthodologie

En Algérie, le secteur maritime représente Nous avons collecté et exploité les une activité stratégique pour l’économie données concernant les gens de mer auprès algérienne. Il est représenté aussi bien par le de plusieurs institutions notamment : transport maritime, le secteur portuaire que la pêche. Deux grandes entreprises dominent — Les EPSP chargés de la prise en charge dans ce secteur, la Compagnie Nationale Algérienne de Navigation (CNAN) dont la médicale des gens de mer dans un preflotte assure 3% du transport des marchanmier temps afin de relever les modalités dises avec un effectif de 739 employés (année de cette prise en charge et ses résultats 2012) et L’Entreprise Nationale Maritime en termes d’organisation pratique sur de transport des Voyageurs (ENMTV) avec le terrain au niveau de la wilaya d’Al1231 employés dont 709 navigants (année ger, 2012). Toutefois, les gens de mer sont sous la — Le Ministère de la Pèche et des Restutelle de deux ministères : Le Ministère sources Halieutiques, de la Pèche et des Ressources Halieutiques — Le Ministère du Transport, (MPRH) : Pécheurs, plongeurs et person— le Ministère de la Santé, de la Popunels de l’aquaculture et le Ministère du Transport (MT) : Personnels des navires de lation et de la Réforme Hospitalière transport des voyageurs et des marchandises (MSPRH) pour nous informer de l’oret celui des remorqueurs. ganisation nationale de la couverture La santé au travail de ce personnel, exposé sanitaire des gens de mer et les stations à divers risques professionnels spécifiques, maritimes des gardes côtes qui superest prise en charge par la « Consultation visent cette prise en charge. des gens de mer, santé maritime ». Cette dernière étant assurée au niveau des Etablissements Publiques de Santé de Proximité Les données exploitées sont : (EPSP) conventionnés avec les organismes employeurs. — Fascicule de navigation maritime octroyé par le Secrétariat d’Etat à la Pèche et aux Transports Maritimes [2] ; — Certificat d’aptitude physique délivré 2 Objectif par les EPSP ; — La réglementation relative aux gens de mer nationale et internationale [[3], [2] Décrire l’organisation de la couverture sa,[1]] nitaire des gens de mer en Algérie. — Rapport des médecins du travail de l’EPSP de Sidi Mhamed, année 2015. 12


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Résultats

de prise en charge des pêcheurs rattaché à l’EPSP conventionné. L’objectif du MPRH 4.1 Gestion de la couverture sani- est qu’au sein de chaque port une « Consultaire des gens de mer tation des gens de mer, santé maritime » La couverture sanitaire des gens de mer soit implantée. est gérée de la même manière aussi bien par le MPRH (Pécheurs, plongeurs et le personnel de l’aquaculture) que par le 4.3 Surveillance médicale des gens MT (Personnel des navires de transport des de mer voyageurs et des marchandises et celui des 4.3.1 Avant l’embauche remorqueurs). Le MPRH délivre l’autorisation et le permis Toute personne titulaire d’un diplôme de pèche et assure la formation des pédans la filière maritime s’adresse à la stacheurs. Il est représenté au niveau de chaque tion maritime territorialement compétente wilaya, à travers une direction : « Chambres pour s’inscrire sur le matricule des gens de de pèche et des ressources halieutiques » mer sur la base d’un dossier administratif dont le premier responsable est chargé de comportant entre autres un certificat d’aptil’organisation de la couverture sanitaire. tude physique (certificat médical) délivré par Le MT délègue la responsabilité de signal’EPSP conventionné. Les stations maritimes ture des conventions à plusieurs organismes sont sous la responsabilité des services des employeurs entre autres : l’Entreprise Nagardes côtes, département des affaires maritional du Transport Maritime des Voyageurs times. Le certificat médical doit comporter : (ENTMV), la Compagnie National Algé— l’identification du médecin, rienne de Navigation (CNAN), l’entreprise — l’identification du postulant après de Transport des hydrocarbures et des confirmation de ses documents d’idenproduits chimique (hyproc-shipping) et des tité, entreprises portuaires de remorque (PME — les résultats des consultations d’ophprivées). talmologie (acuité visuelle et perception des couleurs) et d’ORL, — la décision quant à l’aptitude physique 4.2 Prise en charge de la couveret celle pour l’exercice des activités de ture sanitaire des gens de mer navigation maritimes. La couverture sanitaire est prise en Ce certificat atteste que le candidat remplit charge par 27 EPSP conventionnés dans le les conditions d’aptitude physique pour l’excadre de la médecine du travail, répartis au cercie de la navigation et qu’il est indemne de niveau des 14 wilayas côtières algériennes. toute affection le rendant inapte à l’exercice La « Consultation des gens de mer, santé de la fonction de marin ou qui comporterait maritime » est assurée par des médecins des risques pour la santé d’autres personnes spécialistes en médecine du travail. à bord des navires qu’ils soient membres de Certains ports abritent un centre médical l’équipage ou passagers. Il est remis à l’inté13


ressé ; Sa validité est de 6 mois pour les gens rielles [1]. de mer âgés de moins de 18 ans et de 12 mois pour ceux de 18 ans et plus.

5

4.3.2

Après l’embauche

Dés que le marin est embauché, un fascicule de navigation maritime [2] lui sera remis. Sa durée de validité est de 5 ans. Il porte les renseignements suivants : — Nom et prénom. — Date et lieu de naissance. — Nationalité. — Signalement et photographie. — Son lieu de domicile. — Signature et éventuellement empreinte digitale. — Mention de navigation pour laquelle le fascicule est valable. — Fonctions sanguines - Vaccinations Visites médicales périodiques. IL sera ensuite suivi conformément à l’arrêté interministériel du 1/12/83 [1] fixant les conditions d’aptitude physique pour l’exercice de la fonction de marin : — Un examen médical aura lieu en début de formation, dans l’établissement de formation maritime ; — Une visite d’embauche à la prise de fonction ; — Des visites médicales périodiques seront effectuées semestriellement jusqu’à l’âge de 18 ans puis annuellement et après un arrêt de travail de plus de 3 semaines pour maladie ou accident. L’inaptitude à la navigation peut être partielle ou totale, temporaire ou définitive. Le médecin des gens de mer en déterminera le degré en fonction de la liste des 22 groupes de maladies ou affections incompatibles avec les fonctions de marins et des normes senso-

Discussion

La description de l’organisation de la couverture sanitaire des gens de mer en Algérie, nous a permis à l’évidence, de constater que les conditions d’aptitude physique pour l’exercice de la fonction de marin fixées par la réglementation algérienne prennent en compte les critères « des directives relatives aux examens médicaux des gens de mer » de l’organisation maritime internationale [3]. Ces critères ont permis une prise en charge correcte en adéquation avec les directives internationales, par les secteurs sanitaires. A titre d’exemple au niveau de la wilaya d’Alger, année 2015, l’établissement public de santé de proximité a pris en charge 4408 marins dont 1500 pécheurs au niveau du port d’Alger avec un taux de couverture sanitaire de 100 %.

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Conclusion :

L’organisation de la couverture sanitaire des gens de mer en Algérie répond aux normes universelles, elle permet une prise en charge sanitaire complète toutefois lui échappe le suivi médical des travailleurs informels. Enfin, je me permets de citer cet adage que le Dr Soufi, Chef de Service d’un des EPSP d’Alger prenant en charge les gens de mer, m’a si gentiment rappelé « Il ya le monde des vivants, le monde des morts et le monde des gens de mer ». Cet adage résume bien la diculté de cerner cette catégorie de travailleurs à risques professionnels très élevés. 14


Références [1] SGG Algérie. Arrêté interministériel fixant les conditions d’aptitude physique pour l’exercice des fonctions de marin à bord des navires., 1983. [2] SGG Algérie. Arrêté relatif au fascicule de navigation maritime, 08 1983. [3] BIT. Directives relatives aux examens médicaux des gens de mer. https ://goo.gl/JqDahW, 12 2018.

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Peut-on parler de souffrance au travail en Algérie ? C. IdderLaib ; N. Kaced Benazzouz ; M. Haddar Service Universitaire de Médecine du Travail EPH-Rouiba

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Y-a-t-il quelque chose derrière les représentations du travail ?

La souffrance psychologique au travail est une notion nouvelle et les pathologies qui en découlent sont dites émergentes depuis quelques années. Dans l’imaginaire collectif des algériens il est « admis » que nos concitoyens ne travaillent pas, ne sont pas productifs et donc ne pourraient souffrir de quelque chose qu’ils ne font pas. Pourtant, les médecins du travail sont confrontés à des situations délétères pour la santé des travailleurs telles les situations de « stress professionnel » ou « violence au travail » ou encore « harcèlement », pouvant être à l’origine d’une souffrance mentale en milieu professionnel en Algérie. L’adage populaire en Algérie dit de l’Algérien qu’il « va au travail », pas qu’il « va travailler ». De cette dualité dans la représentation sociale de son attitude (passif/actif) par rapport au travail ; l’histoire, la sociologie et l’ethnologie peuvent apporter des réponses que je ne suis pas en capacité de développer. Mais la littérature nous donne à voir et à lire des exemples de recherches qui explorent le rapport des algériens au travail.

M. Saidia fait une analyse de la représentation du travail dans le proverbe algérien qui montre « une polarité entre le travail connoté positivement et le non travail rejeté dans le domaine de la négativité et de la mort » (M. Saidi, 1997), c’est donc qu’à une époque la valeur du travail équivalait à la vie. Ou cet autre auteur, D. Guerid, qui examine dans son étude la nouvelle figure de l’ouvrier industriel en Algérie. Il arrive à la conclusion, que ce dernier (l’ouvrier algérien) est le produit de l’industrialisation des années 1970, il est différent de « l’ouvrier classique », il est « hégémonique dans les ateliers et développe une stratégie de moindre adhésion dans l’entreprise publique» (D. Guerid, 1997), cette conclusion me fait penser que le comportement de l’ouvrier algérien ressemble à celui de « l’enfant roi ». L’article de M. Madani, consacré aux architectes urbanistes, nous révèle que dans cette profession « en pleine mutation » les interrogations sont multiples (le statut, les rapports avec les entrepreneurs, les détenteurs de la décision voire le citoyen),dépossédés de leur art, en conséquence de quoi, « ils renient leur produit » et se replient dans des « stratégies de défenses intellectuelles» (M. Madani, 1997), certaines« horreurs » qui nous entourent et polluent l’environnement lui donnent raison, n’est-ce-pas ? 16


Ce que l’imaginaire collectif retient ou que les études sociologiques retrouvent n’est que la partie visible de l’iceberg et le débat sur la fin de la retraite anticipée doit nous faire réfléchir. (On suivra avec intérêt la communication de l’équipe de Constantine : La retraite anticipée : l’alternative du soignant en détresse.) A une époque la réflexion et la décision étaient centralisées et étaient du seul ressort des institutions de l’Etat. Encadrement et ouvriers, les acteurs de l’entreprise, n’étaient que les exécutants des directives, injonctions, décisions de leur tutelle, même s’ils restaient chacun de « son côté ». Questions : ne pouvons-nous voir l’expression de rejet par rapport à ce que le travailleur y trouve et y vit ? Une organisation taylorienne poussée à l’extrême ? Les changements opérés et la décentralisation d’une partie de la décision pourra-t-elle aller dans le sens de l’appropriation par les protagonistes de l’entreprise de ce qui se passe dans l’entreprise, le travail et son organisation ? Les nouvelles organisations du travail, les privatisations, les nouveaux rapports dans le marché de l’emploi apportent-ils autre chose ? Et quoi ? La valeur et le sens qui sont donnés au travail restent-ils pour les travailleurs Algériens juste au stade de moyen de subsistance, sous payé de surcroît ? Les conclusions de l’étude effectuée par Omar Aktouf en 1981-1982 (O. Aktouf, 1986) peuvent nous aider à le comprendre. Il relève, en comparant deux entreprises identiques en tous points - sauf que l’une est

située à Alger et l’autre à Montréal - que « le travail est aussi ennuyeux, aussi pénible, aussi dur pour les nerfs et le moral et aussi monotone » à Alger qu’à Montréal, avec toutefois deux différences majeures : il est plus « stressant » plus « tendu » ou encore plus « forcé » par la cadence à Montréal qu’à Alger mais il est extrêmement sous payé à Alger. Dans les deux situations, le travail « n’a plus aucun autre sens que celui de modalité quelconque et indifférente d’assurer sa survie ». (O. Aktouf, 1986) Cette passivité apparente est peut être aussi l’expression de la « mobilisation psychique » pour se défendre contre les contraintes du milieu. La passivité qui peut envelopper le comportement est identifiée à un acte psychique défensif (Le Guillant, cité par Clot, in 1999d), qui peut s’organiser comme l’a démontré la psychodynamique du travail en « stratégie collective de défense ». (Dejours 1993) Alors, qu’en est – il du rapport de l’algérien au travail aujourd’hui ? Pour trouver un début de réponse, il nous faut donc parler de la rencontre entre sujet et travail dans les conditions concrètes qui la dessine, c’est à dire à travers l’activité.

2

Il y a d’abord eu la négation du sujet

Il y a d’abord eu la négation du sujet par le taylorisme qui l’a amputé de son pouvoir d’agir, réduit qu’il était au geste simplifié à exécuter. Même critiquée, la pensée de Taylor persiste encore. Avant Taylor, A. Smith (1723-1790) avait

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préconisé la division des tâches pour produire plus. C. Babbage (1792-1871) avait vanté le moindre coût du travail éclaté qui permettait l’achat de « l’exacte quantité et qualité de travail nécessaire pour la tâche précise » à effectuer pour produire plus et moins cher. F. W. Taylor (1856-1925) édifie son système, « l’organisation scientifique du travail ou OST», sur la division des tâches pour rationaliser le travail et augmenter la productivité et la rentabilité de l’entreprise en luttant contre la « flânerie » des travailleurs. Le taylorisme est en fait, selon O. Aktouf, « une combinaison de Smith et de Babbage. . . qui a apporté une contribution décisive aux principes de division technique du travail et de rentabilisation du moindre geste de l’ouvrier. . . Par « l’OST », il a apporté les méthodes et moyens pour transférer à la direction la détermination, par le menu détail, du travail de chaque ouvrier ». (F W. Taylor, 1912/1992. O. Aktouf 1999). Le taylorisme et les théories qui lui ont succédées (mouvement des relations humaines. . . ) ont continué à considérer les travailleurs comme des exécutants dénués de toute faculté d’analyse ou d’une quelconque capacité à penser. « Machine musculaire, animal économique attiré par le gain matériel ou « mécanique psychologique » plus ou moins manipulable, l’employé reste largement considéré comme un outil dont on se sert ou qu’on téléguide » (O. Aktouf 1999) Lorsque le fordisme y ajoute le travail à la chaîne, alors la division des tâches finit de « débiter » le travailleur pour le diviser lui-même en « tranches ». Il nous semble utile de rapporter ce fait repris par O. Aktouf (O. Aktouf 1999), qui

cite Alvin Toffler (1980) : « Henry Ford en 1927 décrit les 7882 opérations que nécessitait la construction d’une voiture modèle T et par qui elles pouvaient être exécutées donne la répartition suivante : 949 exigent des hommes vigoureux, robustes et pratiquement parfaits du point de vue physique, 3338 des hommes d’une force physique simplement « ordinaire », presque tout le reste peut être confié à des femmes et des grands enfants. . . 670 opérations peuvent être accomplies par des culs-dejatte, 2637 par des unijambistes, 2 par des hommes amputés des deux bras, 715 par des manchots et 10 par des aveugles. » le commentaire de A. Toffler : « Autrement dit, le travail spécialisé n’exigeait pas un homme entier : un fragment d’homme suffit ! ». « On ne vous demande pas de penser » disait Taylor et Ford de compléter, si on peut se permettre de le résumer : « on ne vous demande même pas d’être un corps entier ».

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Aujourd’hui, s’ajoute la frustration et l’aliénation

Aujourd’hui, s’ajoute la frustration et l’aliénation à la culture de la performance liées aux nouveaux modes d’organisation du travail qui engagent le travailleur à prendre des responsabilités sans avoir de responsabilité effective, l’amputant de ses mobiles, de ses pensées, de sa faculté de jugement, d’arbitrage et de délibération. Elle met le sujet au travail à l’étroit. Entre l’une et l’autre, la place à faire au sujet doit tenir compte de l’activité subjective 18


que les travailleurs déploient pour faire leur travail malgré tout. C’est, dans le langage de la clinique de l’activité d’Yves Clot, « à l’intersection de ses activités vécues ou non vécues ou même rêvées que le sujet agit, cherchant à les rendre compatibles, en leur donnant une contenance subjective. » (Clot 1999c). Le travail est donc pour celui qui travaille, au-delà de la possibilité d’assurer ses moyens de subsistance, un enjeu subjectif. Les travailleurs algériens ne diffèrent pas du reste des humains et pour eux aussi le travail est une épreuve subjective.

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La multiplicité des mots et la dilution des maux

La famille de «Nouveaux » risques regroupés sous l’acronyme « RPS » ou risques psychosociaux, multiplie les mots et dilue les maux, on y retrouve : le stress au travail (aigu et chronique), les violences externes (insultes, menaces, agressions physiques et psychologiques), les violences internes (harcèlement moral, harcèlement sexuel), le burn out, le stress post-traumatique, les addictions, le mal-être, etc. . . dans tous les cas ils ont en commun la souffrance au travail qu’ils engendrent. Et ce dernier mot lui-même peut renvoyer à différentes acceptions selon celui qui en parle, comme l’écrit Marc Loriol « Parler de « souffrance », de « burn out », de « stress », de « dépression », de « syndrome de fatigue chronique », ou à l’inverse de « conditions de travail inacceptables », de « dégradation des services publics », etc., ne renvoie pas aux mêmes conceptions sous-jacentes et peut

permettre de « classer » ceux qui emploient ces expressions. ». Il cite les résultats de ce sondage (mené en septembre 2008 en France (IFOP)) ; qui montre que « Les savoirs autour de la souffrance sont porteurs de conflits d’intérêt évidents. », sur « 1001 salariés et de 604 directeurs des ressources humaines, les salariés citent, dans l’ordre, comme causes des atteintes à la santé mentale, le manque de reconnaissance, l’augmentation de la charge de travail, la multiplication des contraintes dans le travail, l’inquiétude sur l’avenir professionnel et la baisse de solidarité dans les équipes. De leur côté, les directeurs des ressources humaines interrogés placent en première position, loin devant toutes les autres, « les problèmes dans la vie personnelle ». » (Marc Loriol, 2000) Et si on remonte dans l’histoire parmi les premiers mots utilisés on retrouve le terme neurasthénie utilisé en 1869par un médecin new-yorkais George Beard, (auteur en 1880 de l’ouvrage fondateur sur le sujet : A PracticalTreatise on Nervous Exhaustion) qu’il définit comme « tous les types d’épuisement nerveux ayant pour centre le cerveau ou la moelle épinière ». Beard décrit cette affection avec une soixantaine de symptômes et en fait une maladie de civilisation, plus précisément du mode de vie américain, à l’origine de sollicitations excessives du système nerveux. » (Marc Loriol, 2000) Pour nos contemporains la souffrance ou le plaisir au travail sont liés au pouvoir d’agir des individus et des collectifs sur leurs situations. Ricoeur, Y. Clot, P. Rabardel et Daniellou «associe la souffrance à la diminution du pouvoir d’agir» 19


(Y. Clot 2010, C. IdderLaib 2005).

milieu et sur leur situation de travail. Fort de ce constat, sommés par notre statut de médecin et par la loi de notre pays de ré5 La santé entre l’absence de pondre à la demande des travailleurs, nous avons développé une consultation spécialisée la maladie et le bien-être de psychopathologie du travail au SUMT de physique, mental et social Rouiba et nous avons vu augmenter progressivement le nombre de patients adressés pour Tout le monde s’accorde aujourd’hui sur des problèmes de souffrance psychologique à le fait que la santé n’est pas seulement l’ab- leur poste de travail. sence de maladie. L’ OMS définit la santé comme «le bien-être physique, mental et social». 6 Nous recevons Dans cette acception, préserver la santé des Des hospitaliers victimes de violences travailleurs, c’est leur assurer le bien-être au physique ou verbale, de burn out (d’épuitravail par nos actions au le cabinet médical sement professionnel)voire de dépression et en dehors, sur le milieu de travail. grave et de pathologies connexes (dermatose En Algérie, La loi 88/07 dans son article 12- récidivante, TMS, diabète, ulcère, HTA). Des alinéa 1 dit de la santé au travail 1 «De pro- cadres de grandes entreprises ou de filiales mouvoir et maintenir le plus haut degré de de multinationales qui, à l’occasion de bien être physique et mental des travailleurs restructuration et/ou de la crise actuelle, sont dans toutes les professions et en vue d’éle- «placardisés» et « harcelés » (conflits, ver le niveau des capacités de travail isolement, nomination de doublons moins et de création» qualifiés, refus d’explication de la situation, C’est à la capacité de création des tra- éviction des réunions. . . violences psycholovailleurs dans tous les sens du mot création giques). - que nous nous référons pour parler de la Des enseignants victimes d’épuisement santé au travail. professionnel, de dépression parfois La clinique médicale du travail, pour ré- profonde et grave. pondre à ses objectifs de préservation de la Des cadres moyens en entreprise ou dans santé mentale et physique des travailleurs se le secteur des services, victimes de hardoit d’élargir son champ d’action. cèlement moral, dépression et de pathologies Pour la clinique de l’activité, branche de la connexes (dermatose récidivante, TMS, diapsychologie du travail, la santé peut se défi- bète, ulcère, HTA). nir comme le pouvoir d’action sur soi et sur Des assistantes de direction, des paramédile milieu avec l’aide d’autrui. 1. Droit du travail Algérien. (2000) 2ème Partant de là, nous pouvons contribuer à la Édition INT. Loi 88-07 du 26 janvier 1988 reconstruction de la santé et à l’élévation du ni- lative à l’hygiène, à la sécurité et à la médeveau des capacités de travail et de création, cine du travail. JORA numéro 04 du 27 Janen secondant les collectifs dans leurs efforts vier 1988. pour redéployer leur pouvoir d’agir sur leur 20


caux et des femmes de ménage victimes de celui qui va prendre le relais (leur place) harcèlement sexuel et/ou de violences phy- de continuer le travail (téléphone portable, microordinateur, la voiture de fonction. . . ). sique et verbale. Tout s’écroule autour d’eux parce qu’on les informe en plus que la dernière marche La culture de la performance : vers « n » est impossible à franchir pour Cas des cadres moyens d’une eux maintenant. C’est la dépression qui s’installe, « finalement c’est tout ce que je multinationale valais, leurs outils qui me tenaient en laisse La performance n’est pas en soi un sont plus précieux que ma santé et ma vie » problème, c’est le cercle vicieux vers lequel finissent-ils par dire à la consultation. elle glisse quand dans un système d’organi- Cette réalité ne peut être niée et il faut y sation, l’évaluation de la performance et par faire face, on verra plus loin comment. la performance devient le but et le moyen par lequel on gère les hommes et les femmes qui travaillent. Dans une entreprise multinationale installée 7 Eviter les pièges de la « en Algérie, on recrute des jeunes au poste le psychologisation » plus bas de l’échelle du service commercial Mais notre attention et notre vigilance le poste de vendeur, auxquels on fixe des objectifs avec cette information « si vous doit rester en alerte. Nous découvrons à l’ocatteigniez vos objectifs ou les dépassiez, vous casion de ces demandes de prise en charge de évoluez dans la catégorie qui en comporte « travailleurs en souffrance, des dysfonctionnen » et vous pouvez atteindre « n » plus ou ments de l’organisation qui non seulement moins vite en fonction de vos performances. font prendre des risques « ordinaires » aux Le salaire, les responsabilités et les objectifs travailleurs par exemple une intoxication aux cytostatiques chez une aide soignante qui acaugmentent en parallèle évidement». C’est une invitation à faire des efforts pour complissait toutes les tâches d’une infirmière atteindre « n », sans arrêt, sans pauses, d’oncologie, mais aussi les mettent en difsans congés, disponibles à tout moment. . . ficultés, en manque de ressources pour réils les font à tel point qu’ils sont « cramés pondre à ce qui doit être fait. » (épuisement et malaise sur les lieux du Ou des situations où le médecin du travail travail, évacuation aux urgences, alerte s’égare en prenant des raccourcis pour éticardiaque, arrêts maladies, . . . ) juste avant queter « psy » une travailleuse qui présente une symptomatologie atypique, l’interrogad’arriver. Non satisfaite de cette situation qui désor- toire, le curriculum laboris et les examens ganise l’organisation, les travailleurs en complémentaires nous ont fait découvrir sa arrêt maladie reçoivent les e-mails et les comitialité, ses antécédents d’exposition aux coups de téléphone non pas pour demander solvants, d’autres examens complémentaires de leur nouvelles mais pour les sommer de en cours nous préciserons la suite de ce cas. restituer les outils qui vont permettre à Alors ni la fragilité personnelle ni l’indivi21


dualisation de la prise en charge de la souf- travail, et nous devons les aider à le faire. france ne doivent nous masquer la réalité Qu’ils doivent se réapproprier et/ou construire leur «pouvoir d’agir» sur les complexe des situations de travail. situations et le milieu de travail, en somme élargir les marges de manœuvres des indivi8 Une clinique médicale du dus et des collectifs. (Y. Clot 2008). De construire ou re-construire les collectifs travail renouvelée de travail garants de la prise en charge des Pour faire face, nous avons opté pour une questions du travail et de la santé. clinique médicale du travail renouvelée.C’est Que c’est le travail ou mieux «de ne pas pour nous l’identification de « la maladie pouvoir le faire correctement» et dans de du travail » pour « soigner le travail », bonnes conditions qui rend «malade.» (Y. c’est-à-dire faire de la clinique du travail Clot 2010) à partir du cabinet médical, à partir de la De mettre en place avec eux des dispositifs qui permettent de penser le travail, d’insclinique médicale du travail. C’est ce que nous avons développé depuis taurer une activité réflexive sur l’activité, de plus de 10 ans, une consultation où l’on donner du sens au travail. s’efforce de pratiquer une clinique médicale De se situer du côté de la riposte, «faire du travail tournée vers une «clinique de l’ac- quelque chose» de la souffrance que le tivité» et orientée de façon à aider le patient : travail «malade» engendre et transformer la souffrance en action et non en maladie. — À retrouver la capacité de penser son De situer la reconnaissance du côté du métier, translation qui évite la quête d’une travail, reconnaissance interpersonnelle et qui aide — De le voir autrement, — D’établir le lien entre ce qui lui arrive à l’exigence du travail bien fait. C’est reprendre la main pour transformer et ce qu’il fait, l’organisation du travail. ((Y. Clot 2008 ; C. — De se reconnaître dans ce qu’il fait, — De retrouver la capacité individuelle et Idder Laib 2005) collective d’agir sur sa situation, sa vie Les travailleurs doivent (sauve) garder les mécanismes du pouvoir d’agir sur leur et son milieu, milieu de travail avant, pendant et après les — De donner du sens à son travail Dit autrement, de retrouver son «pouvoir situations difficiles. d’agir.» (Y. Clot 2008) Quand on y arrive De re-penser notre rôle de médecin du avec lui (elle), ce sont des perspectives travail c’est-à-dire centrer nos actions sur d’action individuelle et souvent collective les collectifs de travail et leurs conditions et veiller à ce que l’organisation - désorganisaqui peuvent se construire. On accepte de changer de paradigme et tion du travail ne broie les individus et les considérer que ce sont ceux qui vivent les collectifs. situations de travail délétères pour leur De rester vigilant pour que le soutien santé qui se doivent de trouver des réponses psychologique ne se transforme pas en « aux conflits nécessairement présents au béquille », mais reste une aide ponctuelle à 22


la disposition des travailleurs Commencer c’est le pouvoir d’agir qui leur permet non toujours par soigner le travail pour faire de seulement de s’adapter aux situations mais de les changer. (Clot Y. Faita D. Fernandez la prévention. G. Scheller L. 2001b). Dans la perspective de la clinique de l’activité, la maladie est l’installation du sujet Se reconnaitre dans ce que l’on dans un « milieu de vie appauvri » [3], fait est le seuil en deçà duquel une norme de vie par la réduction de son action sur lui-même et son milieu par la santé se dégrade amputation de son pouvoir d’agir. Pour autant, la santé n’est pas la normalité C’est l’exemple du médecin qui vient vous que la défense préserve par l’adaptation à voir quand il ne peut plus faire se qu’il faut un milieu et à ses exigences.Mais la faire pour son malade, ou l’enseignant qui capacité de créer la norme « la atterrit à la consultation de psychopatholovariabilité des normes est humaine » [4] gie du travail au moment où il ne peut plus car, précise Clot, citant Canguilhem, « il « faire la classe » ou regarder les 50 élèves y a en nous, à chaque instant beaucoup qui lui font face dans les yeux « je ne peux plus de possibilités que n’en dit la plus rien pour eux » dit-il. physiologie [5] C’est la psychodynamique du travail qui » Cette reconnaissance se marque dans a révélé l’importance de la reconnaissance du travail comme moteur de la santé des tous les cas par la possibilité ouverte au personnel de contribuer, sur la base de son travailleurs. La santé est aussi une préoccupation de la expérience, à l’évolution de l’organisation clinique de l’activité qu’elle distingue des du travail. (P. Davezies, 1994). » La reconnaissance au travail, c’est la défenses. La santé, c’est réussir à s’affranchir des reconnaissance du savoir faire, de l’expertise défenses, c’est le dépassement des défenses de ceux qui vivent le travail, par eux-mêmes quand elles sont devenues « des normes de d’abord, par leurs pairs ensuite et, enfin, par l’organisation. vie rétrécies » (Clot, 2001a). Mieux, c’est être dans la créativité et la C’est peut être au-delà d’autrui et de l’organisation : « se » reconnaître dans ce riposte. qu’on fait. La « riposte créative grandit le sujet là où Ce qu’il faut, peut être, c’est de déplacer la la défense le protège seulement ». (Clot, reconnaissance vers le « genre professionnel 2001a). La santé des travailleurs réside dans la » , vers le « genre de métier ». capacité individuelle et collective qu’ils se Les algériens se reconnaissent-ils dans se donnent pour résister et riposter aux condi- qu’ils font ? Peu d’études se sont penchées tions qui leurs sont faites par l’organisation, sur la question. car « la santé se dégrade en milieu de travail Dans notre expérience, les algériens lorsqu’un collectif professionnel devient une collection d’individus exposés isolément »[2] ,

2. Clot Y. 2002, p 34 Clot, 1999a [3]

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connaissent les conditions et les situations que le travail leur fait vivre. Ils ont conscience de la fonction psychique de l’activité de travail puisque nous retrouvons cette passivité apparente comme une défense contre les situations délétères, nous retrouvons aussi les situations où ils en font une maladie, la souffrance ne trouve comme issue que l’expression pathologique. Mais quand on a réussi à mettre en place le dispositif pour que la parole circule entre les professionnels, ils se sont affranchis de la souffrance en développant la situation, l’individu ou le collectif. Ils reprennent la main sur la situation, sur leur destin individuel (de se séparer de leur employeur par exemple et de préserver leur santé mentale et s’en aller s’épanouir ailleurs), et collectif.

9

RPS (risques psychosociaux) et RPS (ressources psychosociales)

Les risques psychosociaux sont une réalité que nous côtoyons et nous avons des difficultés à les prendre en charge. Ce qui n’exonère pas l’organisation de ses obligations, c’est-à-dire de mettre les ressources à disposition pour que les travailleurs puissent faire ce qu’ils ont à faire. On ne peut que souscrire à l’idée qu’Il y a RPS et RPS, c’est à dire risques psychosociaux et ressources psychosociales pour les travailleurs, les premiers sont à combattre les second sont à développer (Y. 4 Clot, 2003, p 10 Canguilhem cité par Clot 2001a, p. 44 [5]

Clot 2010).

10

Conclusion :

A-t-on répondu à la question « Peut-on parler de souffrance au travail en Algérie ? », je ne sais pas, mais l’équipe à laquelle j’appartiens vous a livré un point de vue qui est peut être discuté. Nous avons partagé notre réflexion autour de cette question afin d’ouvrir le débat autour de la santé mentale en milieu de travail et de l’émergence de nouvelles pathologies (bun out, dépression,. . . ) et leurs conséquences (absentéisme, arrêt maladie, licenciement, chômage. . . ) liées à l’organisation du travail et aux failles dans les nouveaux systèmes de management. Pour tout acte ou prescription le médecin du travail est amené à étudier les situations de travail, c’est la base de l’activité en clinique médicale du travail. Etudier les situations de travail, c’est donc d’abord étudier toutes les possibilités de l’homme et donc les conditions de l’élaboration subjective de l’activité de travail. Nous pouvons les résumer avec F. Martini (1997), en quatre points : — Possibilité de transformer ou réaménager les méthodes de travail (se situer significativement, à ses propres yeux, au-delà de l’exécution ou de la stricte application des règles, normes ou procédures) — Pouvoir, dans un rapport de coopération, donner à voir la façon dont on travaille, la manière dont on résout une difficulté ou un problème, en transgressant ou modifiant les règles formelles 24


de travail. — Possibilité de rendre compte de son expérience, ce qui implique lui faire subir l’épreuve de la mise en mots (ce qui signifie à la fois l’appropriation des productions langagières spécifiques à certains milieux de travail et la capacité à exprimer les données prises en compte dans une action ; ceci demande d’avoir conscience de sa propre expérience, ce qui n’est pas, loin de là, toujours le cas). — Prise en compte de son expérience par ses pairs mais également, au sens large, par l’organisation. Nous pensons avec F. Martini « que la possibilité de dire son travail, de mettre en forme ce que l’on joue au travail, les formes concrètes de la mobilisation de l’intelligence qu’il suscite, c’est un vecteur puissant pour les sujets, d’intelligibilité des causes effectives de leur souffrance vécue et de pertinence dans leur compréhension des enjeux du travail au delà de leur situation ». (F. Martini, 1997, pages 171 à 190). L’analyse du travail par la méthode de la clinique de l’activité permet d’alimenter le dialogue professionnel qui offre un cadre d’expression et de verbalisation des situations de travail et qui permet d’outrepasser les limites qu’impose habituellement le contrôle social (Clot 1999b). Enfin je conclu par deux choses, la définition de la santé par Canguilhem « je me porte bien dans la mesure où je me sens capable de porter la responsabilité de mes actes, de porter des choses à l’existence et de créer entre les choses des rapports qui ne leur viendraient pas sans moi, mais qui ne seraient pas se qu’ils sont sans elles » Et que les «risques psychosociaux» fassent

débat aussi bien sur le plan médiatique, social, juridique que politique, n’est pas en soit une difficulté ; ce qui importe, c’est d’être partie prenante de ce débat au sein du monde du travail.

Références 1. Aktouf, O. (1986). Le travail industriel contre l’homme. Editions ENAG Alger 2. Aktouf, O. (1999). Le management entre tradition et renouvellement, 3ème édition, Gaïtan. Morin éditeur, Montréal –Paris. 3. Clot, Y. (1999a). Le normal et le pathologique en psychologie du travail. Colloque Canguilhem : Le normal et le pathologique 4. Clot, Y. (1999b). La fonction psychologique du travail, 1999. Éditions PUF 5. Clot, Y. (1999c). Le sujet au travail, in Intensité du travail et santé : quelles recherches, quelles actions ? Dossier documentaire journées d’études. Montreuil 1999. 6. Clot, Y. (1999d). Souffrance au travail, amputation du pouvoir d’agir, défenses et ripostes.Colloque de Namur, nov. 1999. 7. Clot, Y. (2001a). Psychopathologie du travail et clinique de l’activité, in clinique de l’activité et pouvoir d’agir, Education Permanente 146/2001-1, p 35-49. 8. Clot, Y., Faïta, D., Fernandez, G., Scheller, L. (2001b). Entretiens en autoconfrontation croisée ; une méthode en clinique de l’activité, in Clinique de l’activité et pouvoir d’agir, Education Permanente n 146/2001, p 17-25. 9. Clot, Y. (2002). Clinique de l’activité et répétition, in cliniques méditerranéennes n 66. 10. Clot, Y. (2003) préface de : Nous conducteurs de trains, G. Fernandez, F.

25


Gatounes, P. Herbain, P. Vallejo. Editions La Dispute. 11. Clot Y. « Travail et pouvoir d’agir », collection « le travail humain », Edition PUF 2008 12. Clot Y. « Travail à cœur : pour en finir avec les risques psychosociaux», Edition : la Découverte, 2010. 13. Davezies, P. (1994). Position du médecin du travail face aux dimensions cognitives, psychiques et relationnelles du travail, XXIII Journées Nationales de Médecine du Travail, Besançon 1994. 14. Dejours, C. (1993). Travail et usure mentale. De la psychologie à la psychodynamique du travail. Bayard Editions. 15. Guerid, D. (1997). L’ouvrier majoritaire. Eléments d’approche de la nouvelle figure de l’ouvrier industriel en Algérie. Revue Insaniyat n 1 printemps-1997, p7. Le travail : Figures et représentations. 16. IdderLaib C., « connaissance, reconnaissance du travail des cadres et stratégie d’action en phase de transition économique et sociale en Algérie ». Thèse 2005 17. Marc Loriol, Le temps de la fatigue. La gestion sociale du mal-être au travail, Paris, Anthropos 2000 18. Madani, M. (1997). Le travail de conception : les représentations des architectes/urbanistes, in revue Insaniyat n 1 printemps-1997, p63. Le travail : Figures et représentations. 19. Martini, F., (1997). Sujet en travail : histoire de rencontre, in Reconnaissance du travail : pour une approche ergologique sous la direction d’Y. Scwartz. Editions PUF 1997, pages 171 à 190. 20. Saidi, M. (1997). Représentation du travail dans le proverbe algérien, in revue Insaniyat n 1- printemps 1997, (en ARABE),

p24. Le travail : Figures et représentations. 21. Taylor, F W. (1909/1912/1992). La direction scientifique des entreprises, Edition ENAG.

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Pathologie due à l’amiante dans la région de Sétif. Boukerma Ziadi1 ; Behlouli Ahmed Lakhdar2. Université Farhat Abbas Sétif : 1. Laboratoire Santé Environnement des hauts plateaux Sétifiens. 2 Service de Médecine du Travail

Résumé Objectif : Déterminer la prévalence et les facteurs de risque de maladies dues à l’amiante dans une entreprise de fabrication d’amiante-ciment. Matériel et méthode : Il s’agit d’une étude rétrospective réalisée en 2010 après la fermeture définitive de l’entreprise de fabrication de fibrociment. L’étude a été réalisée sur dossiers médicaux de 367 personnes en contact de l’amiante (principalement du chrysotile). Au moment de l’étude, ces travailleurs avaient un âge moyen de 57,87 ± 10,54 ans (min : 25 max : 85 ans). Leur durée d’exposition est de 21,14 ans ± 5,88 (min 2 ans, max : 30 ans). L’exposition moyenne aux fibres d’amiante était de 14,01 fibres / ml / années ± 21,53 (min : 0,11 max : 106,31). 36,2% fument des cigarettes, avec en moyenne de 9,3 paquets-années ± 21,53 (min : 0 max : 60). L’étude statistique a été faite sur le logiciel SPSS 20 (test du Chi carré et régression logistique binaire). Résultats : 253 personnes (68,93%) présentent une pathologie liée à l’exposition professionnelle à l’amiante. La pathologie la plus fréquente est représen-

tée par la fibrose interstitielle diffuse (42,0%) suivie par les plaques pleurales calcifiées (9,8%), l’épaississement pleural (6,8%), la bronchopneumopathie chronique obstructive (5,44%), l’atélectasie ronde (1,4%) et la pleurésie (0,5%). Le cancer du poumon et le mésothéliome représentent respectivement 1,1% et 1,9% des pathologies diagnostiquées. Ils apparaissent pour des durées d’exposition > 20 ans (min : 20,75, max 22,29) et pour des concentrations de 20,31 et 18,36 fibres / ml / années. Le diagnostic de ces tumeurs a été fait lors d’un examen radiologique réalisé dans un autre contexte clinique. Mots clés : amiante, pathologies dues à l’amiante, la fibrose interstitielle, maladies pulmonaires obstructives chroniques, mésothéliome, épaississement pleural, plaques pleurales. Summary Objective : To determine the prevalence and risk factors of diseases due to asbestos at a manufacturing company of asbestos-cement. Material and method : It’s a retrospective study done in 2007 after the final closure of the plant fiber cement. 27


The study was made on medical files of 367 people who worked in contact with asbestos (mainly chrysotile) for an average of 21.14 years ± 5.88. At the time of the study (2007), these workers had a mean age of 57.87 years ± 10.54 (min : 25 max : 85). Their exposure time is 21.14 years ± 5.88 (min 2 years, max : 30 years). The average exposure to asbestos fibers is 14.01 fibers / ml / years ± 21.53 (min : 0.11 max : 106.31). 36.2% smoke cigarettes, with an average 9.3 pack-years ± 21.53 (min : 0 max : 60).The statistical study made by SPSS 17. (Chi square test, binary logistic regression). Results : 253 people (68.93%) present pathology in relation to the professional exposure. The most frequent pathology is represented by the diffuse interstitial fibrosis (42.0%) followed by the calcified pleural plaques (9.8%), pleural thickening (6.8%), the chronic obstructive pulmonary disease (COPD) (5.44%), the round atelectasis (1,4%) and the pleurisy (0,5%). Lung cancer and mesothelioma are respectively 1.1 % and 1.9 % of the diagnosed pathology. They appear for exposure times > 20 years (min : 20.75 max 22.29) and for concentrations of 20.31 and 18.36 fibers/ml/years. The diagnosis of these tumors was made fortuitously during a radiological examination.

1

Introduction

Le mot amiante vient du grec «amiantos» qui signifie imputrescible. Il s’agit d’un minéral naturel, fibreux à l’état pur de couleur grise ou quelquefois brune. De nombreuses études ont montrés que ce minéral entraine un large éventail de pathologies pleuropulmonaires, ce qui a entrainé progressivement l’interdiction de son utilisation dans de nombreux pays. Utilisé dans notre pays il y a quelques années de cela, et bien qu’il ne soit plus utilisé actuellement il a entrainé différentes pathologies que nous nous proposons d’étudier dans le cadre du suivit post-professionnel.

2

Matériel et méthode :

Étant donné que l’usine de fabrication d’amiante-ciment a été fermée depuis l’interdiction de l’utilisation de l’amiante en Algérie par le décret n0 09-321 du 8 octobre 2009, nous avons (dans le cadre du suivi post-professionnel) convoqué toutes les personnes qui ont travaillé dans cette entreprise pour évaluer les maladies diagnostiquées chez ces travailleurs. Les études ont été réalisées sur 367 personnes dont l’âge moyen (au moment de l’étude) est de 57,87 ±10,54 ans. Ces personnes ont toutes travaillés au contact de l’amiante (chrysotile) pendant une durée moyenne de 21,14 ±5,88 ans (tableau 1). La collecte de données a été faite d’une part lors de la consultation post-professionnelle Word keys : asbestos, asbestos diseases et d’autre part sur les dossiers médicaux diffuse interstitial fibrosis, chronic obstruc- de surveillance médicale des travailleurs du tive pulmonary diseases, mesothelioma, centre de médecine du travail de l’entreprise. Outre le diagnostic, les autres données pleural thickening, pleural plaques. collectées sont la date d’embauche, la date 28


3

de départ de l’entreprise ainsi que l’indice d’exposition cumulative à l’amiante exprimé en "fibres-ml-années". L’indice cumulatif d’exposition a été calculé sur la base des mesures annuelles faites par le service d’hygiène et sécurité de l’entreprise et consignées dans le dossier médical de chaque travailleur. Cet indice représente le niveau d’exposition de chaque individu lors de la fin de la période d’exposition et / ou au moment du diagnostic de la maladie. Chaque travailleur a au moins une radiographie pulmonaire et / ou un scanner chaque année. La lecture des radiographies a été faite en double aveugle par 2 médecins du service de Médecine du Travail, en complément de la lecture faite par le médecin radiologue du moment. Le diagnostic des maladies liées à l’amiante a été fait selon les critères « 2004 American Thoracic Society (ATS) ». Il repose sur trois critères que sont, les signes de pathologie structurale correspondant à une maladie liée à l’amiante documentée par imagerie, la preuve de causalité par l’amiante mise en évidence par l’historique, les marqueurs d’exposition par la récupération des corps d’amiante ou par d’autres moyens tels que l’analyse des fibres d’amiante dans l’air respirable [1]. L’analyse statistique qui a été faite par SPSS 20 comporte l’utilisation des tests du chi carré. Les associations statistiques entre les déterminants de l’exposition à l’amiante et la présence de fibrose interstitielle diffuse ont été étudiées par régression logistique binaire.

Résultats :

Les caractéristiques démographiques ainsi que celles de l’exposition des sujets étudiés sont présentées dans le tableau 1. Les personnes étudiées ont un âge moyen au moment de la consultation de 57,87 ±10,54 ans (min : 25, max : 85 ans) pour un temps d’exposition de 21,14 ±5,87 ans (min 2 ans, max : 30 ans). La latence moyenne, période allant de la première exposition au diagnostic de diverses maladies, est de 8,98 ±9,47 ans. Ces personnes ont été exposées à une moyenne de 14,01 ±21,53 fibres par an. 36,2% des travailleurs fument en moyenne 09,13 ±13,93 paquets-année. 253 personnes (68,93%) ont une relation avec la pathologie de l’exposition professionnelle à l’amiante. Maladie pulmonaire bénigne (tableau1, 3) : La pathologie pulmonaire bénigne est principalement représentée par la fibrose interstitielle diffuse, diagnostiquée chez Tableau 1 – Caractéristique de la population étudiée. n = 367 Age (années) Age à l’embauche Nombre total d’année d’emploi Latence Tabac (paquets-année) Fibres de Chrisotyle (fibres-ml-années)

Moyenne 57.87 ± 10.54 36.53 ± 10.38

Médiane 57.00 35.00

Min 25 20

Max 85 68

21.14 ± 5.88 8.98 ± 9.47

22.00 8.00

2 -

30 28

9.13 ± 13.93

0.00

0

60

14.01 ± 21.53

4.76

0.11

106.31

Tableau 2 – Pathologie diagnostiquée, durée d’exposition et âge. Durée d’exposition 0-10 11-20 20-30 P Age 25-44 45-64 64-85 P

29

n

FID

Epaississement pleural

Plaques pleurales

Pleurésie

Atélectasie

Mesothéliome

Cancer poumon

BPCO

26 138 203 -

3 46 105 0.000

1 9 15 -

1 8 27 -

1 1 0 -

0 4 1 -

0 1 6 -

0 2 2 -

0 6 4 -

46 173 148

3 66 85 0.000

1 15 9 -

2 15 19 -

0 2 0 -

0 5 0 -

0 4 3 -

0 0 4 -

0 8 12 -


154 (42%) sujets, elle est diagnostiquée en moyenne après 17,29 ±5,13 années d’exposition pour une concentration moyenne de 17,88 ±25,96 fibres / ml / an. Elle est asymptomatique dans 80% des cas, les signes cliniques, quand ils existent, sont représentés par la douleur thoracique dans 44% des cas, ainsi qu’une toux sèche dans 24% des cas. La fibrose pulmonaire a été diagnostiquée par radiographie standard et confirmée par tomodensitométrie. 90,9% des patients avaient une fibrose grade 1/1 selon la classification de l’Organisation Internationale du Travail. L’étude de la présence ou de l’absence de fibrose interstitielle diffuse (FID) par la régression logistique binaire (tableau 5,6) basée sur des variables indépendantes (âge, ancienneté dans l’entreprise, latence du début de l’asbestose, comptage des fibres- ml- année et nombre de paquet année de cigarette) montre que trois modèles sont significativement associés à la FID. Le premier modèle inclut la durée d’exposition, le second modèle inclut la durée d’exposition et l’âge. Le troisième modèle inclut trois cofacteurs qui sont la durée d’exposition, l’âge ainsi que le nombre de fibres-ml-année auxquelles la population est exposée. Ainsi, si le premier modèle peut expliquer 64,7% de la variance de la fibrose, les deuxième et troisième modèles peuvent expliquer respectivement 66,9% et 67,8%. Les autres pathologies bénignes rencontrées sont les plaques pleurales calcifiées (9,8%), les épaississements pleuraux (6,8%) ainsi que les atélectasies rondes (1,4%). Pathologies malignes (tableau 3) : Les maladies malignes sont représentées par le cancer du poumon et le mésothéliome. Ils représentent respectivement 1,1% et 1,9% des pathologies diagnostiquées. Ils apparaissent

Tableau 3 – Latence (délais d’apparition de la pathologie) FID Epaississement pleural Plaque calcifiées Pleurésie Atélectasie Mésotheliome Cancer poumon COPD

Moyenne (année) 17.29 ± 5.13 18.32 ± 4.07 18.86 ± 4.20 11.50 ± 3.54 17.80 ± 2.95 22.29 ± 4.46 20.75 ± 2.63 16.45 ± 6.16

Min- max 8 − 28 13 − 26 12 - 26 9 - 14 15 - 22 13 - 26 17- 23 8 - 26

Moyenne : Fibres-ml-année 17.88 ± 25.96 12.20 ± 20.93 11.63 ± 19.01 9.86 ± 5.29 18.36 ± 32.25 34.60 ± 44.41 20.31 ± 23.89 7.57 ± 6.37

pour des durées d’exposition > 20 ans (respectivement 20,75 ans et 22,29) et pour des concentrations respectives de 20,31 et 18,36 fibres-ml-année. Ces maladies sont cliniquement silencieuses et le diagnostic a été posé lors des examens radiographiques faits dans le cadre de la surveillance médicale annuelle des travailleurs. En dehors de cela, un cancer du rein, un cancer du foie et un cancer du pancréas ont étés diagnostiqués. Autres pathologies : parmi les autres pathologies, 20 cas de broncho-pneumopathies chroniques obstructives (BPCO) ont étés diagnostiqués. La prévalence de la BPCO dans la population étudiée est de 20,44%. Ces BPCO apparaissent après une période d’exposition moyenne de 16,45 années ±6,16 (min : 8 ans, max : 26 ans) pour des concentrations moyennes de 7,56 fibres-ml-année chez les travailleurs âgés de 47 ans ±13 ans, fumeurs à raison de 11,85 ±15,53 paquetannée. Cette pathologie est significativement associée (p = 0,032, OR = 2713) à la fibrose pulmonaire asbestosique.

4

Discussion

Fibrose interstitielle diffuse (FID) : Dans cette étude, la prévalence des maladies respiratoires (toutes maladies confondues) 30


chez les travailleurs de cette usine est de 68,93%. Les cas bénins représentent 65,93%. La pathologie bénigne est représentée en grande majorité (42,0%) par la fibrose pulmonaire asbestosique. Cette prévalence est similaire à l’étude menée en Espagne par Lopez-Areal Del Amo [2], qui trouve un pourcentage de 30% de fibrose interstitielle asbestosique. Durée d’exposition nécessaire à l’apparition de la fibrose (tableau 3). La latence, délai entre le début de l’exposition à l’amiante et les premiers signes de la maladie, peut être courte surtout lorsque les expositions sont importantes [3]. Inversement proportionnelle au niveau d’exposition, elle est généralement comprise entre 10 et 20 ans dans les diverses cohortes analysées en 1983 par Becklake [4]. Dans notre étude, la FID est diagnostiquée en moyenne à 62 ±9,40 ans pour une durée d’exposition de 22,63 ±4,95 ans et une latence moyenne de 17,29 ±5,13 ans (min : 8 ans, max 28 ans), cependant 11 personnes (7,14 %) ont une latence inférieure à 10 ans et une exposition moyenne de 24.50 fibre-ml-année (min : 10.80, max : 53.15). La proportion de sujets atteints de fibrose augmente significativement (p = 0,000, OR = 8,06) avec la latence quand elle dépasse 17 ans (tableau 4). Ceci a été trouvé dans diverses études en particulier celle de Koskinen [5] dans une étude transversale parmi plus de 18000 sujets professionnellement exposés à l’amiante. Cet auteur a rapporté que la proportion de sujets atteints d’asbestose radiographique augmente avec la latence quand elle est supérieure à 20 ans. Cofacteurs L’étude des cofacteurs par régression logistique a permis de retenir trois facteurs

Tableau 4 – Comparaison des moyennes : FID, BPCO et cofacteurs étudiés FID

Presence FID 62.27 ± 9.402 17.88 ± 25.96 10.52 ± 15.56

Age Fibre/ml/an Tabac (paquet année)

Absence FID 54.66 ± 10.182 11.22 ± 17.18 8.12 ± 12.53

P (OR) 0.000 0.000 0.115

≤ 17f iber − ml − year > 17f iber − ml − year

BPCO

Fibres-ml-année

107 309(34.62%)

47 58(81.03%)

0.000(8.06)

Age Fibres-ml-an Tabac (paquet année)

COPD+ 63.45 ± 9.26 7.56 ± 6.38 11.85 ± 15.53

COPD57.53 ± 10.53 14.39 ± 22.03 8.97 ± 13.82

P 0.012 0.001 0.426

Tableau 5 – Régression logistique binaire : Signification des modèles retenus R square Model 1 Model 2 Model 3

Nagelkerke Chi carré 0.647 0.669 0.678

dll 240.812 252.697 257.176

1 2 3

Sig 0.000 0.000 0.000

essentiels qui ont une relation statistiquement significative avec l’asbestose. Ces trois facteurs sont la latence, l’âge et le nombre de fibres-ml-années. A ce sujet 3 modèles ont été sélectionnés par la technique statistique. Le premier modèle inclut la latence, le deuxième modèle inclut la latence et l’âge et le troisième modèle implique trois cofacteurs (latence, âge et nombre de fibres-ml-année auxquels la population est exposée) (tableau 5 et 6). Si le premier modèle peut expliquer 64,7%

Tableau 6 – Régression logistique binaire : test de Wald et odds ratio. n Model 1 Model 2 Model 3

31

latence latence age latence age Fibre/ml/année

B 0.237 0.228 0.057 0.230 0.059 0.018

Wald 124.513 110.609 10.905 107.585 11.561 4.336

sig 0.000 0.000 0.001 0.000 0.001 0.037

OR 1.268 1.256 1.058 1.259 1.061 1.018


de la variation de la maladie, le deuxième et le troisième modèle peuvent expliquer respectivement 66,9% et 67,8%. Basé sur le modèle le plus significatif, en l’occurrence le troisième, le calcul de probabilité montre que si on augmente l’âge d’une unité, nous aurons une augmentation de la probabilité d’avoir une fibrose pulmonaire de 1,4%. Par ailleurs, si on augmente la durée d’exposition (latence) de 1 unité la probabilité d’avoir une fibrose augmente de 5.6%. De même la probabilité d’avoir une fibrose pulmonaire est augmentée de 4.3% si on augmente le nombre de fibre-ml-année auxquels la population est exposée. Ceci voudrait dire que les principaux cofacteurs qui agissent sur l’apparition de la FID sont essentiellement la durée d’exposition et le nombre de fibres-ml-année. Bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO) Les effets de l’exposition à l’amiante sur l’apparition des BPCO sont actuellement controversés [6,7]. En Algérie, il y a peu d’études sur la pathologie professionnelle causée par l’exposition à l’amiante et encore moins d’études sur les BPCO professionnelles. Cependant, à l’échelle international, , certains auteurs, dont Wang et al [8], ont décrit de petites lésions respiratoires dans l’exposition à l’amiante. Mais ceci est assez controversé. En effet cette pathologie, selon d’autres auteurs, pourrait être due à d’autres expositions. Ainsi, une récente étude de tomodensitométrie réalisée chez 600 travailleurs fumeurs, a montré que l’emphysème est plus fréquent chez les travailleurs atteints d’asbestose, ou qui ont été exposés à une forte exposition à l’amiante. Cependant, l’auteur a conclu que les anomalies obser-

vées pourraient être la conséquence d’autres expositions, en particulier de la silice, ce qui expliquerait les cas d’emphysème retrouvés [9]. Notre étude faite sur 367 personnes exposées au chrysotile, 20 (54,45%) montre que la BPCO est significativement associée à l’asbestose (p : 0,032, OR : 0,713). Cette constatation est en accord avec les conclusions de certains auteurs dont Belayneh A Abeja [10], qui, dans une étude réalisée en 2010, a comparé 277 travailleurs exposés au chrysotile avec 177 travailleurs non exposés. Cet auteur a conclu que l’exposition à l’amiante, en particulier lorsque des signes radiologiques sont présents, entraîne une diminution significative de la CVF, du VEMS et du DLCO. Une autre étude sur 23 hommes, examinés 1 mois et demi puis 8 mois après une exposition intense au chrysotile a montré l’absence de syndrome restrictif et respectivement la présence d’une pneumopathie obstructive chez 12 personnes lors du premier examen et 17 personnes lors du second examen [11]. Le rôle du tabac dans le développement de la BPCO chez les travailleurs exposés à l’amiante est également controversé. A ce sujet, Wright J et al [12], qui ont décrit l’inflammation et la fibrose des petites voies aériennes dans 64 autopsies de travailleurs exposés à l’amiante, pensent que fumer semble exercer un effet synergique avec l’amiante. D’un autre côté, d’autres auteurs pensent que l’amiante, en particulier le chrysotile, peut causer la BPCO indépendamment de toute interaction avec le tabac. Ainsi Belayneh A Abejie [10] en limitant l’analyse aux non-fumeurs, rapporte un nombre d’obstruction plus élevé chez les non-fumeurs exposés que chez les non-fumeurs non exposés. Keith W Harless [11] quant à lui rapporte que 32


parmi les 17 personnes qui ont développé une BPCO, 12 sont non-fumeurs ou fument moins de 10 paquets-années. Pour notre part sur 20 BPCO, 11 personnes sont totalement non-fumeurs et 2 fumeurs, fumant moins de 1 paquet-année. Certes, actuellement, les tableaux des maladies professionnelles, notamment en Algérie, n’incluent pas la BPCO comme maladie professionnelle qui pourrait être causée par l’exposition à l’amiante et ce en raison de l’absence de démonstration claire de l’existence d’un lien de causalité entre l’exposition à l’amiante et la BPCO. Il en va de même dans la plupart des autres pays sauf aux Etats Unis où un rapport officiel récent de l’American Thoracic Society [13] avait inclus la bronchopneumopathie chronique obstructive parmi les pathologies bénignes de l’amiante au même titre que l’asbestose et les pathologies pleurales.

5

Conclusion

La maladie pulmonaire due à l’exposition à l’amiante est principalement représentée par la fibrose pulmonaire, qui est asymptomatique dans 1/3 des cas et probablement la BPCO. Les principaux facteurs de risque sont le temps d’exposition, le nombre de fibres et l’âge.

Références 1- Guidotti TL, Miller A, Christiani D, et al. Diagnosis and initial management of nonmalignant diseases related to asbestos. Am J Respir Crit Care Med 2004 ; 170 :691–715. 2- Lôpez-Areal del.Amo, Enfermedades inducidas por el amianto y su prevenciôn.,

Prevenciôn. San Sebastien, Espagne,juil-sept 1979,n 69,pp.5-19.Illus. 3- Letourneux.M., Evaluation du risque de survenue de pathologies asbestosiques bénignes (relation dose-effet, relation temps-effet, cofacteurs)., Rev Mal respir, 1999,16 :1270-1277. 4- BECKLAKE MR : Occupational lung disease : past record and future trend using the asbestos case as an example. Clin Invest Med 1983 ;6 :305-37. 5- Koskinen.K., Zitting.A.,Tossavainen.A., et all. :Radiographic Abnormalities among Finnish construction, shipyard and industry wirkers. Scand J Work Environ Health 1998 ;24 :109-17. 6- Jones RN, Glindmeyer HW, Engr D, Weill H : Review of the kilburn and Warshaw Chest article. Airways obstruction from asbestos exposure. Chest 1995 ; 107 : 1727-9. 7- Smith DD : Failure to prove asbestos exposure produces obstructive lung disease. Chest 2004 ; 126 : 1000. 8- Wang XR, Yano E, Wang M, Wang Z, Christiani DC : Pulmonary function in long-term asbestos workers in China. J Occup Environ Med 2001 ; 43 : 623-9. 9- Huuskonen D, Kivisaari L, Zitting A, Kaleva S, Vehmas T : Emphysema findings associated with heavy asbestos exposure in high resolution computed tomography of Finnish construction workers. J Occup Health 2004 ; 46 : 266-271. 10- Belayneh.A.Abejie., Xiaorong Wang., Stefanos.N.Kales., David.C.Christiani. ; Patterns of pulmonary in asbestos workers : a cross-sectional study., Journal of Occupational Medecine and tpxicology,2010,5 :12. 11- Keith.W.Harless.,Suetaro Watanabe and Attilio.D.renzetti,Jr. the acute effects of chrysotyle asbestos exposure on lung

33


function. Environmental Research,volume 16,issues 1-3,1978,pages 360-372. 12- Wright J, Churg A. Severe diffuse small airways abnormalities in long term chrysotile asbestos miners. Br J Ind Med 1985 ; 42 :556–559. 13- American Thoracic Society documents : Diagnosis and initial management of non malignant diseases related to asbestos. Am J Respir Crit Care Med 2004 ; 170 : 691-795.

34


Détection précoce de la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), par mini spirométrie électronique dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP), de la région de Sidi Bel-Abbès. C.Kandouci1, F.Meflah1, F.Baraka1, B.A.Kandouci1, O.Ghomari1 1 Laboratoire de recherche en environnement et santé Université Djillali Liabes Sidi Bel-Abbès(Algérie) kchahrazed09@gmail.com

Résumé Contexte : Les études épidémiologiques portant sur la BPCO en milieu professionnel sont rares dans les pays en développement, en particulier en Algérie. L’objectif de cette étude était de dépister les sujets à risque de BPCO à l’aide d’une minispirométrie électronique (Piko-6) chez les travailleurs du secteur BTP de la ville de Sidi Bel-Abbès Matériel et méthodes : Une étude transversale de type descriptif a été menée dans le secteur BTP sur une période de six mois du Novembre 2015 à Mai 2016. La mesure des débits expiratoires par minispirométrie électronique a été proposée aux sujets âgés de plus de 40 ans présentant un tabagisme plus de 10 PA ou un tabagisme plus de 20 PA quelque soit l’âge ou des symptômes respiratoires chroniques. Pour toute valeur du rapport V EM S/V EM 6 < 0, 7, le dépistage de

BPCO était considéré comme positif. Résultats : Sur les 154 salariés interrogés lors des visites périodiques, quarante-quatre sujets (28,6 %) répondaient aux critères d’inclusion : dix salariés (22,7 % des sujets inclus) avaient un rapport VEMS/VEM6 inférieur à 0,8. La prévalence de la BPCO dépistée par minispirométrie chez la population à risque était de 11,3 %, soit 3,2 % de la population totale d’étude, pour le seuil du rapport V EM S/V EM 6 < 0, 7(5 salariés). Les facteurs de haut risque retrouvés étaient un âge supérieur à 60 ans (p = 0, 03), le tabac dans sa forme active (p = 0, 04), un tabagisme de plus de 20 PA (p = 0, 001), la présence de bronchite chronique (p=0,004) et l’ancienneté plus de 10 ans dans le secteur BTP (p = 0, 01). Conclusion : Un dépistage ciblé sur les facteurs de risque est réalisable en milieu professionnel. Le minispiromètre électronique est un outil de dépistage, fiable et peu coûteux. Mots clés : BPCO, dépistage, facteurs de 35


risque, minispirométrie, secteur bâtiments et travaux publics. Abstract : Background : The epidemiological studies relating to the COPD in professional environment are rare in the developing countries, in particular in Algeria. The aim of this study was to detect the subjects at the risk of COPD using an electronic minispirometry among the workers of building and public works industry (BPWI) of the city of Sidi Bel-Abbes. Methods : A descriptive cross-sectional study was conducted from November 2015 to May 2016 in BPWI. The measure of the expiratory flows by electronic minispirometry was proposed on the subjects whose age was more than 40 years presenting a tobacco addiction more than 10 pack-years or 20 pack-years regardless of the age or chronic respiratory symptoms. For any value of F EV 1/F EV 6 < 0, 7, the tracking of COPD were regarded as positive. Results : On the 154 employees questioned at the time of the periodic visits, forty-four subjects (28,6%) answered the criteria of inclusion : ten employees (22,7% of the subjects included) had a report FEV1/FEV6 lower than 0.8. The prevalence of the COPD detected by Piko-6 at the population at risk was of 11,3%, that is to say 3,2% of the total population of study, for the threshold of F EV 1/F EV 6 < 0, 7 (5 employees). The high-risk factors were the tobacco in its form activates (p = 0, 04), a tobacco addiction of more than 20 pack-years (P=0.001), presence of chronic bronchitis (p = 0, 004) and the seniority more than 10 years in sector BPWI (p = 0, 01). Conclusion : Targeted screening of pa-

tients with risk factors for COPD can be performed in professional environment. An electronic mini-spirometer is a realizable and inexpensive screening tool. Key words : COPD, Risk factors, Screening, Electronic mini-spirometry, Building and Public Works Industry.

1

Introduction

La BPCO est une maladie caractérisée par une obstruction chronique des voies aériennes incomplètement réversible. L’OMS estime que, dans les pays industrialisés, la BPCO figurera au cinquième rang des causes de mortalité les plus fréquentes en 2030 [1]. Les données épidémiologiques sur la BPCO sont peu nombreuses [2] et sa prévalence est difficile à estimer. Cette difficulté s’ex-plique par la pathologie elle-même, très long-temps asymptomatique, par la banalisation des symptômes de bronchite chronique par les fumeurs. Et encore plus, le diagnostic re-pose sur la spirométrie, très ardue à mettre en œuvre à large échelle, dans le cadre des études épidémiologiques [3]. La prévalence de la BPCO, confirmée par une spirométrie, se situe entre 4 et 15 % dans les pays développés [2,3], 7,5 % dans la population française âgée de plus de 45 ans [4]. Une pré-enquête en 2006 donnait une prévalence de la BPCO en Algérie, de 14,7% dans la commune de Chétaibi/ Annaba [5]. Une étude en 2011 de la prévalence de la BPCO, dans la wilaya d’Alger, a été évaluée à 4,9 % pour l’ensemble de la population âgée de plus de 21 ans, atteignant 9,2 % chez les plus de 40 ans [6]. Le tabagisme 36


est le facteur de risque principal des BPCO (plus de 8o%) [7] : 17 à 43% des fumeurs développeront cette maladie [8]. Des expositions professionnelles, environnementales ou domestiques à des polluants sont également retrouvées dans environ 15% des cas [9] ; l’association tabagisme - expositions professionnelles augmente le risque de développer une BPCO (effet synergique) [9, 10]. Les secteurs professionnels associés à un risque avéré de BPCO sont le secteur minier, les bâtiments et les travaux publics (BTP), le textile et le milieu agricole [9,10]. Une étude faite en 2011 en France dans trois secteurs dont la prévalence de BPCO était à 4,9 % dans le secteur BTP [11] "L’impact de la BPCO sur la santé des travailleurs invite à dépister les patients à risque pour agir à un stade précoce de la maladie" L’objectif de cette étude était de dépister les sujets à risque de BPCO à l’aide d’une minispirométrie électronique (Piko-6) chez les travailleurs du secteur BTP de la ville de Sidi Bel Abbès.

2

un taux d’erreur de 5%, et exprimée par la formule : n=

t2 xp(1−p) e2

Nombre des sujets à enquêter devrait être supérieur ou égal à 72 salariés. Un entretien avec les différents chefs d’entreprise était nécessaire afin d’expliquer les objectifs de l’enquête et d’obtenir leurs adhésions. Le support de l’enquête était inspiré du questionnaire ATS –DLD.78.A [12]) : (Ame-rican Thoracic Society – Division of Lung Disease. 1978. Adults). C’est un questionnaire standardisé, anonyme, établi par la société thoracique américaine (ATS) en 1978, adressé aux personnes adultes (version française validée en 1984), rempli par le médecin du travail lors des visites périodiques, après consentement du salarié, le questionnaire comprenait plusieurs volets : — Données sociodémographiques : L’âge, le sexe, le poids, la taille, l’IMC, situation matrimoniale, lieu de résidence (rural, urbain), le niveau d’études. — Habitudes de vie : Notion de consommation de tabac, tabac à chiquer, de narguilé et /ou de cannabis. — Antécédents familiaux respiratoires de BPCO, d’asthme et /ou une dilatation des bronches (DDB). — Antécédents médicaux respiratoires personnels de bronchite chronique, d’emphysème, de tuberculose pulmonaire, d’asthme ou une prise actuelle des médicaments. — Symptômes respiratoires : une dyspnée, une toux, une expectoration ou

Matériel et méthode :

Une étude descriptive de type transversal a été réalisée sur une période de sept mois (de Novembre 2015 à Mai 2016) auprès des salariés (quel que soit le type de leur contrat) appartenant à des institutions publiques et privées du secteur BTP de la daïra de Sidi Bel Abbès. Ces entreprises étaient conventionnées avec le service de médecine du travail du CHU SBA. Il s’agit d’un échantillon aléatoire dont la taille nécessaire était calculée à partir d’une prévalence de 4,9 %, selon une enquête française faite dans le secteur BTP [11], avec 37


SPLF (Société de Pneumologie de Langue une bronchite chronique. [19], NLHEP (National — Histoire professionnelle : le poste du Française) travail actuel, l’ancienneté, l’entreprise Lung Health Education Program) [20] : et des données sur les antécédents professionnels (travail poussiéreux, l’expo— L’âge ≥ 40ans et tabagisme actif ou sition à des gaz ou des fumées chinon ≥ 10P A, sur le plan épidémiolomiques). gique la prévalence de la maladie avant Le questionnaire était d’abord testé sur le l’âge de 40 ans est très faible dans les terrain auprès de quelques salariés (vingt), différentes études internationales [2]. il porte un numéro d’anonymat relevant — Le tabagisme actif ou non l’entreprise, et le numéro attribué au salarié ≥ 20P A(quel que soit l’âge). assurant ainsi la confidentialité des données. — Un sujet symptomatique (quel que soit l’âge) qui présente une dyspnée, Nous avons évalué la dépendance nicoune toux chronique, une expectoration tinique par le test de Fagerström simplifié chronique (c’est-à-dire plus de 2 à 3 en deux questions (le nombre de cigarettes mois). par jour et le délai entre le réveil et la Nous avons exclu de la mesure au Piko 6 1ère cigarette) [13]. Les réponses les salariés non consentants, ceux présentant variaient de moins de 10 cigarettes à un asthme connu (mentionné sur le dossier 31cigarettes ou plus, pour la première médical). question, et de moins de 5mn jusqu’à plus Les sujets présentant une pathologie infecd’une heure pour la deuxième question. tieuse aiguë étaient invités à revenir 2 mois Les résultats étaient interprétés comme suit : plus tard pour le test de dépistage (minispiromètre) [14], et ce après un traitement — 1-1 pas de dépendance, médical approprié. — 2-3 dépendance modérée, Le Piko6 est un appareil qui mesure le — 4-5-6 dépendance forte. volume expiratoire maximal en une seconde Ensuite nous avons procédé à un examen (VEMS), le volume expiratoire maximal en clinique complet, centré particulièrement 6 secondes (VEM6) et permet de calculer le sur l’appareil respiratoire, à la recherche rapport VEMS/VEM6. de signes respiratoires objectifs : râles La méthode de recueil consistait à effectuer trois mesures successives, l’appareil bronchiques. . . etc. La recherche du syndrome obstructif dans retenant le meilleur résultat du rapport la population à risque était réalisée à l’aide VEMS/VEM6. d’un mini spiromètre électronique portable Pour définir l’obstruction bronchique, on a utilisé le seuil du rapport (PIKO 6) [14, 15, 16, 17]. Nous n’avons inclus à la mesure du souffle V EM S/V EM 6 < 70% ; le VEM6 étant par le Piko 6 que les salariés qui répondaient accepté comme équivalent de la CVF avec aux critères de dépistage retenus par les une sensibilité de 84,4% et une spécificité de sociétés savantes : GOLD (Global initiative 100% [16, 17]. for chronic Obstructive Lung Disease) [18], Puis, nous avons classé les salariés en trois 38


groupes selon le rapport VEMS/VEM6 [14] :

— Groupe 1 : VEMS/VEM6 ≥ 80%(ce sont des sujets non dépistés), — Groupe 2 : 70 ≤ V EM S/V EM 6 < 80% (ce sont des sujets à risques), — Groupe 3 : V EM S/V EM 6 < 70% (ce sont des sujets dépistés).

3

Résultats :

Cent cinquante-quatre (154) salariés ont été interrogés lors de visites périodiques, leur âge moyen était de 39 ans avec des extrêmes de 18 ans et 72 ans, plus de la moitié (52 %) d’entre eux avaient plus de 40 ans, tous de sexe masculin. Près de la moitié des employés (48 %) avaient un niveau d’études moyen et plus de la moitié (55 %) d’entre eux habitaient en milieu urbain. L’IMC moyen était 23 ± 3, 4Kg/m2 , un salarié sur cinq (22,7) avait un IM C > 25. Le tabagisme était retrouvé chez plus des deux tiers de la populations (65%) dont 46 % des sujets étaient des fumeurs actifs avec une consommation moyenne quotidienne de 14 cigarettes, une ancienneté moyenne de 15 ans, et , un âge moyen de début du tabac de 21 ans. La moitié (49 %) des fumeurs avaient une dépendance tabagique modérée Tableau I. Un salarié sur cinq (20%) était un ancien fumeur avec une consommation moyenne quotidienne de 17 cigarettes, une ancienneté moyenne de 14 ans et un âge moyen d’arrêt du tabac de 42 ans Près de la moitié des fumeurs avaient une dose cumulée moins de 10 paquets/Année Le tabac à chiquer n’était retrouvé que chez 12 % des salariés

Pour les groupes 2 et 3, nous avons demandé une spirométrie standard de confirmation (un trouble ventilatoire obstructif est défini par un rapport V EM S/CV F < 70% [21]). Une fois le test confirmant l’obstruction bronchique réalisé, nous pratiquerons par la suite un test de réversibilité chez le pneumologue, la BPCO est un syndrome obstructif V EM S/CV F < 70% post bronchodilatateur incomplètement réversible. La non-réversibilité de l’obstruction bron-chique est définie par une augmentation du VEMS, après bronchodilatateurs inférieure à 12% de la valeur théorique, et à 200 ml [5]. Analyse des données : Les données du questionnaire ont été saisies et traitées par le logiciel SPSS version 22.0. Les variables quantitatives étaient principalement présentées en termes de moyenne et d’écart-type. Les variables qualitatives étaient présentées sous forme de fréquence et de pourcentage. Le Tableau 1 – Evaluation de la dépendance nitest de Khi 2 , et, si besoin le test exact de Fisher, ont été utilisés pour les croisements de cotinique chez les fumeurs actifs deux variables qualitatives. Le seuil de Test de FAGERSTRÖM N = 71 % significativité statistique a été fixé à p < 0, Dépendance légère 23 32,4 05, l’intervalle de confiance (IC) à 95%. Dépendance modérée 35 49,3 Dépendance forte 13 18,3

39


Un salarié sur 10 avait un ou plusieurs Tableau 3 – Détermination de la population signes respiratoires, la toux et l’expectoraà risque de BPCO tion ont été retrouvées chez 6 % des sujets. La bronchite chronique a été diagnostiquée chez 7 salariés avec une durée moyenne de 2 Variable N = 154 % ans, et, la dyspnée a été signalée chez 6 sala- Minispirométrie riés avec une durée moyenne de 2 ans aussi. Oui (population à risque) 44 28,6 Plus de la moitié des salariés occupaient les Non 110 71,4 postes de manœuvre et de maçon et 42 % de Facteurs de risque N=44 % la population avait une ancienneté de plus de Age ≥ 40ans 10 ans dans le secteur BTP Tableau 2. + Tabac ≥ 10P/A 18 40,9 T abac ≥ 20P/A Tableau 2 – Caractéristiques professionnelles quel que soit l’âge 16 36,3 des salariés Sujet symptomatique 10 22,7 Variable Postes de travail Manœuvre Maçon Ferrailleur Chauffeur/ Grutier Coffreur Soudeur Plâtrier Chef de chantier Electricien Autres Ancienneté < 5ans ≥ 5 < 10ans ≥ 10ans

N = 154

%

53 33 22 11 9 6 4 5 3 8

34,4 21,4 14,3 7,1 5,8 3,9 2,6 3,2 1,9 5,8

64 25 65

41,6 16,2 42,2

Parmi la population d’étude, 44 salariés avaient au moins un facteur de risque de BPCO, dont 41% avait un âge plus de 40 ans et une dose cumulée plus de 10 paquets/Année, 36% avaient une dose cumulée plus de 20 paquets/ Année, et, 23% étaient des sujets symptomatiques Tableau 3.

La population à risque avait bénéficié d’une mesure de souffle par le Piko 6, où les résultats étaient normaux (≥ 80%) chez plus des trois quarts (77,3%) des sujets à risque. Près d’un quart (22,5%) des salariés avaient un rapport V EM S/V EM 6 < 80% dont 5 salariés avaient un rapport compris entre 70 et 80 % et 5 autres avaient un rapport < 70% : donc considérés comme pathologique Tableau 4. Donc la prévalence de la BPCO après une mesure par mini spirométrie (Piko 6) était de 11,3 % pour la population à risque, soit 3,2 % de la population totale d’étude. Dans note étude, les facteurs de risque de BPCO étaient : avoir un âge de plus de 60 ans (p= 0,03), le fait d’être un fumeur actif (p= 0,04), avoir une consommation cumulée supérieure ou égale à vingt paquets/année (p= 0,001), souffrant d’une bronchite chronique (p= 0,004) et avoir une ancienneté dans de dix ans dans le secteur BTP. 40


Tableau 4 – Prévalence de la BPCO dépistée par minispiromètre électronique

Tableau 5 – Facteurs associés à l’augmenta-tion du % risque de BPCO (V EM S/V EM 6 < 0, 7) 77,3 22,7 11,3 11,3 Facteurs Cas N % p Tranche d’âge ≥ 60ans 2 5 40 0,03 < 60ans 3 39 7,6 Par contre nous n’avons trouvé aucun lien significatif entre les cas de BPCO dépistés, Habitat 3 21 14 ns l’habitat en milieu urbain et la dyspnée, Ta- Urbain Rural 2 23 9 bleau 5. Tabac Fumeurs 4 Discussion : actifs 4 17 23,5 0,04 Anciens Parmi les cent cinquante-quatre (154) fumeurs 1 22 4,5 salariés enquêtés, quarante-quatre (28,6 Consommation %) avaient un facteur de risque de BPCO. cumulée Parmi eux, dix (22,7 %) avaient un test ≥ 20P/A 514 35,7 0,01 par minispirométrie perturbé nécessitant < 20P/A 0 25 0 un avis pneumologique : dont cinq (11,3 Dyspnée %) chez qui le dépistage de BPCO était Oui 2 6 33 ns porté. Cette étude a été réalisée par un Non 3 38 8 médecin du travail n’ayant pas de formation Bronchite chronique spécifique en pneumologie. Les employés Oui 3 7 5,4 0,04 étaient interrogés et examinés au cours Non 2 37 8 des visites médicales périodiques ; ce sont Ancienneté dans secteur BTP des sujets en activité apparemment sains. ≥ 10ans 5 22 22,7 Auparavant, aucun dépistage de BPCO ne < 10ans 0 22 0 0,01 leur a été proposé. La méconnaissance de Total 5 14 11,4 la maladie ainsi que ses symptômes par ces salariés était retrouvée dans plusieurs études [4, 5, 19] : il serait donc possible que la prévalence de la BPCO soit sous-estimée dans cette étude. La littérature fait état d’une grande variaVariable VEMS/VEM6 ≥ 80% VEMS/VEM6 < 80% 80%<VEMS/VEM6 ≥ 70% VEMS/VEM6 < 70%

N = 44 34 10 5 5

41


tion de prévalence de la BPCO, à cause d’une hétérogénéité à la fois des méthodes d’enquête, des critères diagnostiques, des approches analytiques utilisées, mais surtout des populations étudiées [22]. Les données sur la prévalence de la BPCO dans la population générale en Algérie sont rares. En 2011, une étude a évalué la prévalence, dans la wilaya d’Alger et a retrouvé 4,9 % de BPCO pour l’ensemble de la population âgée de plus de 21 ans, atteignant 9,2 % chez les plus de 40 ans [15]. En milieu professionnel, une étude faite en 2011 en France dans trois secteurs a retrouvé une prévalence de 4,9 %dans le secteur BTP [8]. Dans notre enquête la prévalence de la BPCO après une mesure par mini spirométrie (Piko 6) était de 11,3 %pour la population à risque, soit 3,2 % de la population totale d’étude : cette prévalence a été établie uniquement par les mesures faites par minispirométrie effectuées par un investigateur entraîné à la méthode. La spirométrie standard et le test réversibilité par bronchodilatateurs n’ont pas été faits ; certains sujets avec une obstruction des voies aériennes pouvaient avoir un asthme non diagnostiqué. Les sujets dépistés ont été alors adressés systématiquement au service de pneumologie. La totalité de la population enquêtée était de sexe masculin, cela en rapport avec la spécificité de l’institution. Dans notre étude, la prévalence de la BPCO était de 23,5 % (p=0,04) chez les fumeurs de plus de 40 ans : ce qui confirme l’importance du tabagisme en tant que facteur déterminant de la BPCO. Les symptômes respiratoires chroniques correspondent aux manifestations classiques de la BPCO particulièrement la bronchite chronique (P= 0,004). Le rôle de l’exposition professionnelle en tant que facteur de risque pour la

BPCO est probablement mal évalué d’après l’American Thoracic Society, l’exposition professionnelle représenterait 10% à 20%des symptômes ou anomalies fonctionnelles compatibles avec une BPCO. Un autre facteur de risque a été retrouvé : c’est l’ancienneté de plus de 20 ans dans le secteur de BTP qui semblerait influencer la prévalence de la BPCO (P= 0,01). En pratique de médecine du travail, la mesure du débit expiratoire par minispirométrie est tout à fait réalisable durant le temps de consultation. Elle demande un entraînement préalable afin de faire des mesures fiables : une mauvaise technique due à l’opérateur ou au patient augmenterait la probabilité de faux-positifs comme de faux-négatifs . Pour notre étude, les mesures ont été effectuées par un seul opérateur en moins de trois minutes ; en testant environ 4 sujets par jour. Le médecin du travail pouvait identifier en moyenne un patient à risque de BPCO par semaine. Les limites de l’étude, comme l’ont montré Guérin et al. [13], étant la difficulté d’amener un salarié asymptomatique à faire des explorations chez le pneumologue pour vérifier le diagnostic. Une autre limite est représentée par la nécessité pour l’utilisateur de suivre une formation adaptée en minispirométrie afin d’obtenir des mesures fiables en un temps acceptable durant la consultation.

5

Conclusion :

La minispirométrie est un moyen peu coûteux et facile à utiliser pour réaliser un dépistage ciblé en médecine du travail. 42


médecins du TRAvail de Rhône- Alpes., volume Dmt n 126. INRS, 2011.

Une fois le dépistage établi et le diagnostic confirmé par spirométrie standard, le médecin du travail peut collaborer avec le pneumologue pour la prise en charge de la maladie, notamment en agissant sur les facteurs de risque, en premier lieu le tabagisme. D’où l’intérêt de sensibiliser les salariés sur la maladie et son dépistage à un stade précoce.

[7] G T Ferguson, P L Enright, A S Buist, and M W Higgins. Office spirometry for lung health assessment in adults : a consensus statement from the national lung health education program. Respir Care, 45(5) :513–30, May 2000. [8] Peter Frith, Alan Crockett, Justin Beilby, David Marshall, Robyn Attewell, Avnesh Ratnanesan, and Guy Gavagna. Simplified copd screening : valiR in primary care. dation of the piko-6 Prim Care Respir J, 20(2) :190–8, 2 p following 198, Jun 2011.

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Huchon. G. Définitions et classifications des broncho-pneumopathies chroniques obstructives., 2009. GOLD. Global initiative for chronic obstructive lung disease (gold). global strategy for the diagnosis, management, and prevention of chronic obstructive pulmonary disease. Technical report, GOLD, 2010.

[4] Société de Pneumologie de Langue Française. Actualisation des recommandations pour la prise en charge de la bpco — argumentaire. Rev [12] R J Halbert, J L Natoli, A Gano, E BaMal Respir, 20 : 4S5-4S68, 2003. damgarav, A S Buist, and D M Man[5] Weitzenblum E. Explorations foncnino. Global burden of copd : systemationnelles respiratoires dans la brontic review and meta-analysis. Eur Rescho pneumopathie obtructive., volume 6pir J, 28(3) :523–32, Sep 2006. 030-A-13. EMC, 2006. [13] Ameille J, Dalphin J C, Descatha A, and Pairon J C. [occupational chronic obstructive pulmonary disease : a poorly understood disease]. Rev Mal

[6] Guérin JC et al. Etude DEPISTRA : DEPIStage de la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) par des 43


Respir, 23(4 Suppl) :13S119–30, Sep [21] J Vandevoorde, S Verbanck, D Schuermans, J Kartounian, and W Vincken. 2006. Obstructive and restrictive spirometric [14] Ameille J Descatha A Pairon JC Dalpatterns : fixed cut-offs for fev1/fev6 phin JC. Broncho-pneumopathies chroand fev6. Eur Respir J, 27(2) :378–83, niques obstructives professionnelles., Feb 2006. volume 16-535-H-15. EMC, 2005. [22] P Vorilhon, J Deat, A Gérard, [15] R Khelafi, A Aissanou, S Tarsift, and E Laine, C Laporte, M Ruivard, F Skander. [epidemiology of chronic and H Vaillant Roussel. [screening obstructive pulmonary disease in alfor chronic obstructive pulmonary giers]. Rev Mal Respir, 28(1) :32–40, Jan disease by electronic mini-spirometry 2011. in general practice]. Rev Mal Respir, 31(5) :396–403, May 2014. [16] Colin D Mathers and Dejan Loncar. Projections of global mortality and burden of disease from 2002 to 2030. PLoS Med, 3(11) :e442, Nov 2006. [17] Roche N. Broncho-pneumopathie chronique obstructive. Rev Mal Respir., 19 : 3S35-3S50, 2002. [18] M Patout, M Zysman, C Raherison Semjen, T Perez, A Cuvelier, and N Roche. [epidemiology and copd screening in france. workshop from the société de pneumologie de langue française (splf)]. Rev Mal Respir, 31(8) :693–9, Oct 2014. [19] P Stang, E Lydick, C Silberman, A Kempel, and E T Keating. The prevalence of copd : using smoking rates to estimate disease frequency in the general population. Chest, 117(5 Suppl 2) :354S–9S, May 2000. [20] M P Swanney, R L Jensen, D A Crichton, L E Beckert, L A Cardno, and R O Crapo. Fev(6) is an acceptable surrogate for fvc in the spirometric diagnosis of airway obstruction and restriction. Am J Respir Crit Care Med, 162(3 Pt 1) :917–9, Sep 2000. 44


Exposition aux rayonnements ionisants dans un service de chirurgie dentaire. A. Mahdi, A. Rezak, H. Benmessaoud, A. Semid Service de médecine du travail, CHU de Bab El Oued, Alger

Résumé Objectif : Cette étude a pour objectif de répondre à la préoccupation du personnel d’un service de chirurgie dentaire sur la nécessité d’un suivi dosimétrique des chirurgiens-dentistes chargés des soins dentaires, ayant recours à l’imagerie médicale dans leur pratique. Matériel et méthodes : des visites des lieux avec observation des situations de travail et des entretiens avec le personnel médical ont été réalisés. Nous avons relevé les points concernant l’organisation du travail, le comportement du chirurgien-dentiste au cours de l’utilisation de la radiographie dentaire, l’utilisation des moyens de protection adaptés et l’observance des bonnes pratiques. Résultats : Un seul chirurgien-dentiste dans ce service a recours quotidiennement à l’imagerie médicale au cours des soins dentaires. La fréquence de prise de cliché est de quinze par jour (deux radiographies pour un soin sont parfois nécessaires). L’appareil radiologique utilisé peut délivrer une tension maximale de 70 KV. Il permet de réaliser des radiographies endo-buccales de type rétro-alvéolaire. Deux

situations d’exposition aux rayons X ont été observées lors de cette étude : — Exposition externe localisée à l’extrémité du doigt (rayonnement direct) en cas de maintien du film dans la bouche du patient. — Exposition externe du corps entier (rayonnement diffusé) et de toute personne présente dans la salle de soins sans protection adaptée. Le chirurgien-dentiste manipule la source à proximité du patient avec un tablier plombé comme seul moyen de protection. Conclusion : En l’absence d’une évaluation effective de l’exposition aux rayonnements ionisants, le chirurgien-dentiste a été classé (application du principe de précaution) à la catégorie "A", sur la base de l’évaluation des tâches réelles. Une surveillance dosimétrique et médicale, selon la réglementation en vigueur, a été mise en œuvre. Mots-clés : Radiologie dentaire endo-buccale, Radioprotection.

45


1

Introduction

La radiographie dentaire est un élément important dans le suivi de la santé buccodentaire et vient en complément de l’examen fait par le chirurgien-dentiste. Parmi les radiographies utilisées en cabinet dentaire, il y a la radiographie endobuccale de type rétroalvéolaire, qui est une radiographie de petite taille, où ne peuvent être enregistrées avec précision que deux à trois dents [1]. Cette radiographie permet de voir l’intérieur des dents, l’état de l’os de soutien, les traitements effectués (les obturations, les implants) et de détecter des caries ou des problèmes au niveau des racines [1].

2

sont parfois nécessaires. L’appareil radiologique utilisé (figure 1), permet de réaliser des radiographies endo-buccales de type rétro-alvéolaire. Il peut délivrer une tension maximale de 70 kV. Une commande reliée à l’appareil par un cordon de cinq mètres de longueur, permet une manipulation à distance ; elle est par ailleurs dotée d’une minuterie digitale qui permet de réduire la durée d’exposition aux radiations (figure 2).

Matériel et méthode :

Des visites des lieux avec observation des situations de travail et des entretiens avec le personnel médical ont été réalisés. Nous avons relevé les points concernant l’organisation du travail, le comportement du médecin au cours de l’utilisation de la radiographie dentaire, l’utilisation des moyens de protection adaptés et l’observance des bonnes pratiques en radioprotection.

Figure 1 – Radioscope, d’une puissance de 70 KV, la colonne mobile permet de placer le tube dans différentes positions.

Déroulement de l’examen radiographique : les différentes étapes de l’examen 3 Résultats : radiographiques (figure 3): 1. Lors de cet examen, un film auto — Un seul chirurgien-dentiste dans ce ser- développant est utilisé. L’emballage du film est vice a recours quotidiennement à l’ima- composé de deux parties gerie médicale au cours des soins dentaires. Il travaille de 09 h à 14 h depuis 15 ans. Il reçoit 10 patients par jour avec une fréquence de prise de cliché de quinze par jour. Deux radiographies pour un soin 46


Figure 2 – Commande à 05 m

(chambres) : chambre de développement contenant un fluide de traitement photographique et une chambre en amont attachée contenant le film (3x4 cm). 2. Le patient maintient le film au niveau de sa bouche, mais en cas de nécessité c’est le médecin qui le fait. 3. Le médecin porte un tablier plombé d’une épaisseur équivalente à 0.25 mm de plomb (Pb) et se place derrière le tube lorsqu’il appuie sur le bouton de la commande pour la prise du cliché.

Figure 3 – Etapes de déroulement de l’examen radiographique

4

Discussion et recommandations

Deux situations d’exposition aux rayons X ont été observées lors de cette étude : — Exposition externe localisée à l’extrémité du doigt (rayonnement direct) en cas de maintien du film dans la bouche du patient.

4. Après la prise du cliché, le médecin — Exposition externe du corps entier fait pression sur le liquide de traite(rayonnement diffusé) et de toute perment photographique pour le faire passonne présente dans la salle de soins ser vers le film à l’intérieur de l’embalsans protection adaptée. lage. Il frictionne l’ensemble pendant Le chirurgien-dentiste manipule la source de 30-45 secondes puis remet le liquide rayonnements ionisants à proximité du padans sa chambre de développement et tient, contrairement aux règles de bonnes retire le film de l’emballage. pratiques qui recommandent l’éloignement 5. Le médecin prend le film, le rince à du chirurgien-dentiste le plus possible du pal’eau courante puis l’assèche. Le film tient lors de la prise du cliché ; distance miniest prêt à être interprété. male recommandée de la longueur du cordon est d’environ deux mètres ; bien que dans le cas présent le cordon permet un éloignement 47


de cinq mètres, le chirurgien-dentiste ne respecte pas la règle de la distance recommandée. Toute présence dans le faisceau direct doit être exclue. Dans le cas où le praticien doit impérativement être à proximité du patient, il faut qu’il soit équipé d’un tablier plombé adapté [2,3]. Les tabliers plombés utilisés présentent en général trois épaisseurs de plomb : 0,25, 0,35 et 0,5 mm. Le pourcentage de rayonnements X arrêtés est fonction de l’épaisseur du tablier plombé et de l’énergie du rayonnement utilisé lors des scopies (kilovolt) [4]. Dans notre étude, la tension maximale de l’appareil radiologique utilisée est de 70 kV et le médecin portait un tablier plombé de 0,25 mm Pb, donc il y a 1,7 de rayons X qui passe à travers cette épaisseur de tablier plombé (tableau 1)[4]. Tableau 1 – Pourcentage de transmission des RX diffusés en fonction de l’épaisseur du tablier plombé et de la tension appliquée (kV) (représentant l’énergie des rayons X) Epaisseur de Pb (mm) 0,25 0,35 0,50

Transmission(%) 70 kV 1,7 0,9 0,3

80kV 4,5 2 1

90kV 8 4 2

100kV 13 6 3

Dans cette situation de travail analysée, un tablier plombé d’une épaisseur équiva-lente à 0,35 mm de Pb, permettra de dimi-nuer considérablement l’exposition (la transmission du rayonnement X diffusé passera de 1,7 % à 0,9%) lorsque le chirurgien-dentiste sera amené à rester à proximité immédiate du patient [2,4]. Il faut rappeler que la présence du

chirurgien-dentiste à proximité immédiate du patient ne doit être qu’exceptionnellement justifiée. Dans notre cas cette pratique doit être accompagnée des mesures de protection adaptées : — Délimitation des zones contrôlées et surveillées sur la base de l’évaluation du risque radiologique et sur les contrôles techniques d’ambiance [5,6] ; — Evaluation périodique du risque par les dosimètres d’ambiance et individuels. Le chirurgien-dentiste doit porter son dosimètre à hauteur de la poitrine ou, en cas d’impossibilité, à la ceinture, sous le tablier plombé [5,7]. L’évaluation de cette exposition professionnelle doit être limitée à une dose efficace de 20 mSv/an en moyenne sur cinq années consécutives sans dépasser les 50 mSv/an, une dose équivalente de 150 mSv/an (cristallin) et 500 mSv/an (extrémités ou à la peau). Il est à noter que cette évaluation ne doit pas dépasser une dose efficace de 1 mSv/an chez la femme enceinte à cause du risque tératogène lié à l’exposition aux rayonnements ionisants. Pour cela, toutes les mesures nécessaires doivent être prises pour que cette femme enceinte occupe un poste de travail plus adapté, afin que l’embryon ou le fœtus bénéficie du même niveau général de protection radiologique que celui qui est requis pour les personnes du public [5, 8]. — Assurer une surveillance médicale spéciale avec une périodicité d’au moins deux fois par an. Durant cette visite, le chirurgien-dentiste doit être informé sur les risques liés à l’exposition aux rayonnements ionisants, surtout pour 48


les femmes en âge de procréer et en cas de grossesse. Il doit également être sensibilisé sur la nécessité de se conformer aux règles de radioprotection et au respect de l’obligation de la surveillance médicale [5, 9]. — Réduction du risque d’exposition par l’éloignement de la source de rayonnements ionisants lors de la prise du cliché et l’utilisation de dispositifs ad hoc (porte film/ capteur) permettant de ne pas tenir le film ou le capteur pendant l’exposition aux rayons X. Il est également possible de faire tenir le film/ capteur par le patient [2,3] ; — Le changement du tablier plombé par un autre d’une épaisseur équivalente à 0,35 mm de Pb [2]. — Formation à la radioprotection du personnel.

5

Conclusion :

En l’absence d’une évaluation effective de l’exposition aux rayonnements ionisants, le chirurgien-dentiste a été classé (application du principe de précaution) à la catégorie "A", sur la base de l’évaluation des tâches réelles. Une surveillance dosimétrique et médicale, selon la réglementation en vigueur, a été mise en œuvre. L’acquisition d’un tablier plombé d’une épaisseur équivalente à 0,35 mm de Pb a été recommandée.

Références 1-Mutualité chrétienne. (2018). Les soins bucco-dentaires, La radiographie dentaire,

[en ligne]. https ://www.mc.be/votresante/corps/sante-dentaire/buccodentaire/radiographie 2- Gauron C. Médecine et rayonnements ionisants : fiche d’aide à l’analyse des risques en radiologie dentaire endobuccale et textes applicables. Doc Méd Trav 1 er trimestre 2009 ; 12 (117) : 9-14 3-Association santé travail AST 35. (Novembre 2016). Les rayonnements ionisants dans les cabinets dentaires, [en ligne]. http ://www.ast35.fr/files/9714/8475/5762/ast35rayonnement-ionisant-16-11.pdf 4-Véra P. Equipements de protection individuelle des utilisateurs de rayons X en milieu médical : Protections plombées. Université de liège. 5-Le Président de la République Algérienne. Décret présidentiel n 05-117 du 2 Rabie El Aouel 1426 correspondant au 11 avril 2005 relatif aux mesures de protection contre les rayonnements ionisants. Journal officiel, n 27, 13 avril 2005, 32p. 6- Le ministre de l’intérieur et des collectivités locales, le ministre de la santé, de la population et de la réforme hospitalière, le ministre du travail, de l’emploi et de la sécurité sociale. Arrêté interministériel du 15 Safar 1432 correspondant au 20 janvier 2011 fixant la signalisation particulière des zones réglementées contenant des sources de rayonnements ionisants. Journal officiel, n 17, 25 mars 2012, 1p. 7- Le ministre de la santé, de la population et de la réforme hospitalière, le ministre du travail, de l’emploi et de la sécurité sociale. Arrêté interministériel du 15 Safar 1432 correspondant au 20 janvier 2011 fixant les conditions d’utilisation des dosimètres individuels. Journal officiel, n 17, 25 mars 2012, 2p. 49


8- Fleutot J B. Les effets des rayonnements ionisants sur la sante. 1-129. Disponible à l’URL : http ://nucleairepf.net/wpcontent/uploads/2017/05/les-effets-desrayons-ionisants.pdf 9-Le ministre de la santé, de la population et de la réforme hospitalière. Arrêté du 27 Moharram 1437 correspondant au 10 novembre 2015 relatif à la surveillance médicale des travailleurs exposés aux rayonnements ionisants. Journal officiel, n 24, 24 avril 2016, 5p.

50


THESES SOUTENUES EN SANTÉ ET SECURITE AU TRAVAIL

ThĂŠsards

IntitulĂŠ

AnnĂŠe de soutenance

Directeur de thèse

1982

Pr Lakhdar

1-Keddari nĂŠe

Evaluation des risques professionnels dans une

Manamani Naciba

structure hospitalo-universitaire Ă Alger

2-Mohammed

ToxicitĂŠ du plomb en milieu professionnel

1984

Pr Robert

Dermatologie professionnelle

1985

Pr Jean marie la

4-Merah nĂŠe

ConsidĂŠrations sur les accidents de trajet dans

1985

Pr Djameleddine

Hadj-Salah Fatiha

le cadre de la lĂŠgislation relative aux accidents

Mokhtari

Brahim Brahim 3-Fyad

Lauwerys

Abderahmane

Chappelle Abed

du travail 5- Semid

Identi cation des maladies d'origine

abdelkader

professionnelle observĂŠes en AlgĂŠrie et

1986

Pr Djameleddine Abed

perspectives d'ĂŠvolution des tableaux des maladies professionnelles 6-Nezzal

AnthropomĂŠtrie de l'adulte AlgĂŠrien en milieu

Abdelmalek

de travail Application pour l'ĂŠtude de

1987

Pr Abdelhamid Aberkane

l'adaptation au poste de conducteur dans la rĂŠgion d'Annaba 7-Lamara

Étude des lombalgies chroniques chez les

Mahamed Amer

exĂŠcutants dans l'entreprise portuaire d'Alger

8-Abdennour

Aspects ĂŠpidĂŠmiologiques et cliniques des

Djameleddine

leptospiroses dans des populations de l'est

1987

Pr Djameleddine

1987

Pr Mohamed

Abed Benderrahmane

algeriens 9-Mokhtari Radia

Solvants et problèmes hÊmatologiques

1987

Pr Rose Marie

1987

Pr Jean Champex

1988

Pr Lakhdar

professionnels 10-Saad Malika nĂŠe Azzoug

Hamladji

Risque professionnel liĂŠ Ă l'utilisation d'amiante et des e ets pathologiques chez les travailleurs exposĂŠs : Mesures souhaitables de prĂŠvention et de rĂŠparation

11-Kandouci

IntĂŠrĂŞt des tests cycloergomĂŠtrique et des

Abdelkrim

enregistrements continus des frĂŠquences

Mokhtari

cardiaques en mĂŠdecine du travail 12-Tourab Djamel

ÉpidÊmiologie de la brucellose professionnelle

1988

Pr Ahmed Aouati

1990

Pr Abdelhamid

1993

Pr Lakhdar

1996

Pr Abdelhamid

dans la rĂŠgion d'Annaba 13-Haddad

A ections respiratoires chroniques liĂŠes aux

Mustapha

polluants en milieu industriel

14-Boukerma Ziadi

Étude sero-ÊpidÊmiologique de l'hÊpatite virale

15-Gueroui Said

HandicapĂŠs du travail : approche prĂŠventive et

Aberkane

B en milieu mĂŠdical Ă SĂŠtif

Mokhtari

de prise en charge dans une unitĂŠ industrielle

Aberkane

de Annaba 16-Rezk-kallah

Aspects ĂŠpidĂŠmiologiques et ergonomiques de

Baghdad

la lombalgie en milieu de travail

51

1999

Pr Brahim Mohamed Brahim


THESES SOUTENUES EN SANTÉ ET SECURITE AU TRAVAIL

ThĂŠsards

IntitulĂŠ

AnnĂŠe de soutenance 2000

17-Taleb

Exposition au bruit, stress, hypertension

Abdelslam

artĂŠrielle en milieu professionnel

18-Bouhadiba-

Étude de la neurotoxicitÊ des solvants chez des

Kamen

populations professionnellement exposĂŠs

Directeur de thèse

Pr Mohammed Brahim Brahim

2000

Pr Brahim Mohamed Brahim

Faouzia 19-Haddar

Asthme (l') professionnel : aspects

Mustapha

ĂŠpidĂŠmiologiques, cliniques et ĂŠvolutifs Ă

2001

Pr Rabea Alloua

2003

Pr Abdelkader

travers une enquĂŞte rĂŠalisĂŠe dans les unitĂŠs industrielles de la wilaya de Boumerdes 20-Nafai Dalila ĂŠp

AbsentĂŠisme (l') mĂŠdical en milieu hospitalier

Boutouchent

dans une circonscription urbaine du

Semid

gouvernorat du grand Alger annĂŠe 2000 21-Idder ĂŠp LaĂŻb

Connaissance, reconnaissance du travail des

Cherifa

cadres et stratĂŠgie d'action en phase de

2005

Pr El Hadj El Bachir Tebboune

Transition ĂŠconomique et sociale en AlgĂŠrie 22-Akif Nora

Étude des hÊpatites virales sÊriques B et C

2008

d'origine professionnelle rĂŠpertoriĂŠes par la

Pr Ameur Lamara Mahamed

caisse nationale des assurances sociales (C.N.A.S) de 1986 Ă 2002 23-Benmessaoud

Syndrome d'ĂŠpuisement professionnel "burn

Hayette

out" chez le personnel in rmier de deux

2008

Pr Ameur Lamara Mahamed

ĂŠtablissements hospitaliers : le centre hospitalo-universitaire d'Alger et le Centre Pierre et Marie Curie 24-Liani ĂŠp Taieb

Manipulation des cytostatiques et leurs e ets Ă

Nora

travers la pratique oncologique dans cinq

2008

Pr Ameur Lamara Mahamed

ĂŠtablissements hospitaliers 25-Chemaa Farida

Identi cation et analyse des facteurs de stress

2008

Pr Haddad

2008

Pr Bouziiane

professionnel chez le personnel soignant 26-Boudinar

Evaluation de l'ĂŠtats de santĂŠ buccodentaire

Lahouaria

chez les travailleurs exposĂŠs aux vapeurs de

Mustapha Djamila

mercure mĂŠtal 27-Ghomari

Les troubles musculo-squelettiques du membre

Othmane

supĂŠrieur en milieu industrie

28-Beghdadli

Les dĂŠchets hospitaliers : Mise en place d'un

2009

Pr Badredine Abdelkrim Kandouci

Benali

2009

Pr Badredine

système de gestion durable des dÊchets

Abdelkrim

produits par les activitĂŠs de soins au niveau du

Kandouci

CHU de Sidi Bel-Abbes 29-Chaib Samia

Troubles musculosquelettiques en milieu professionnel

2009

Pr Nezzal Abdelmalek

52


THESES SOUTENUES EN SANTÉ ET SECURITE AU TRAVAIL

Thésards

Intitulé

Année de soutenance

Directeur de thèse

30-Belhadj

Surdité d'origine professionnelle due à la co-

2010

Pr Badredine

Zoubida

exposition au bruit et aux agents ototoxiques

31-Ghezini Younes

Les cancérogènes, les mutagènes et les

Abdelkrim Kandouci 2010

reprotoxiques en milieu de travail. 32-Belabed Assia

Pathologie pulmonaire et nasosinusiénne liée à

2010

l'exposition professionnelle aux poussières de Accidents d'exposition au sang chez le

Hayet

personnel de soins : stratégie et prévention

34-Sekkal-

Troubles respiratoires et exposition

Baghdadi

professionnelle aux solvants

Pr Badredine Abdelkrim

bois chez les menuisiers et les ébénistes 33-Chachoua

Pr Fyad Abderrahmane

Kandouci 2011

Pr Haddad Mustapha

2011

Pr Taleb Abdesselam

Samira 35-Benhassine

Lombalgie et facteurs psychosociaux liés au

Wissal

travail chez le personnel Soignant de la wilaya

36-Kandouci

Exposition au stress psychocial en milieu

Chahrazed

professionnel 2010

2011

Pr nezzal Abdelmalek

de Batna 2011

Pr Badredine Abdelkrim Kandouci

37-Djafer Rachid

Évaluation de l'exposition professionnelle au

2011

Pr Azzouz

2012

Pr Ameur Lamara

benzène à Annaba 38-Zatout Mohand

Étude des accidents du travail et des maladies

Mohamed

professionnelles dans les entreprises de

Mahamed

l'électroménager, du bois, du bâtiment et travaux publiques (BTP) et de l'établissement de santé (CHU TO) de la wilaya de Tizi-Ouzou de l'année 2005 à 2007 39-Ouaaz Meriem

Les systèmes de management de la santé et de

2012

la sécurité au travail : Évaluation des mises en

Pr Mustapha Haddar

÷uvre dans trois entreprises de la région d'Alger (2009- 2010) 40-Djazouli Med

Risque Cardio-métabolique en Milieu du travail

2013

Amine

Pr El Hadj El Bachir Tebboune

41-Khatmi Saliha

Le handicap en milieu hospitalier

2013

42-Arib Amel

Étude des surdités professionnelles chez les

2013

travailleurs des entreprises nationales de

Pr Gueroui Said Pr Lamara Mahamed Ameur

l'électroménager ENIEM et de transformation du bois LEADER MEUBLE dans la wilaya de Tizi- Ouzou de 2009 à 2011 43-Naceri

Identi cation des facteurs d'absentéisme chez

Mustapha

le personnel hospitalier

53

2013

Pr Haddad Mustapha


THESES SOUTENUES EN SANTÉ ET SECURITE AU TRAVAIL

ThĂŠsards

IntitulĂŠ

AnnĂŠe de soutenance

Directeur de thèse

44-Hamadouche

Étude de l'e et de l'exposition professionnelle

2014

Pr Ziadi Boukerma

Mohamed

au plomb sur la fertilitĂŠ et les hormones

45-Behlouli

Impact des facteurs de risque professionnels

2014

Pr Ziadi Boukerma

Ahmed Lakhdar

sur le risque cardiovasculaire global

46-Djakrir Larbi

Travail sur ĂŠcran astreintes contraintes et

2014

Pr Naciba

sexuelles

rĂŠpercussions sur la santĂŠ

KeddariManamani

47-Korichi Saied

Les eczĂŠmas de contact allergiques

2014

professionnels (aspects ĂŠpidĂŠmiologiques,

Pr Mustapha Haddar

mĂŠdicaux-lĂŠgaux et prĂŠventifs) : enquĂŞte dans des unitĂŠs industrielles Ă risque de la rĂŠgion Est d'Alger 48-Benyahia Samia

Les marqueurs biochemiques des lĂŠsions rĂŠnales

2014

prĂŠcoces chez les travailleurs exposĂŠs au

Pr Benharkat sadek

mercure 49-Tigha Nadia

Risques liĂŠs Ă l'exposition aux cytostatiques

ĂŠp. Bouaziz

chez le personnel de santĂŠ

50-bouzbid sabiha

les cancers professionnels dans la rĂŠgion

2015 2015

d'Annaba 51-Fraga Seid

Pr Djamel Tourab Pr Nezzal Abdelmalek

Cancers de la vessie et risques professionnels

2015

EnquĂŞte dans deux rĂŠgions du Centre (2011-

Pr Mustapha Haddar

2014) 52-Khoudour

Étude de la prÊcaritÊ au travail en rapport

Zoubida

avec les contrats Ă durĂŠe dĂŠterminĂŠe au niveau

53-Chekirine

Allergie au latex naturel en milieu

Mansour

professionnel. ÉpidÊmiologie. Formes cliniques

2016

Pr Lamara Mahamed Ameur

du mĂŠtro d'Alger 2016

Pr Malika Azzoug

2016

Pr Abdelkader

2016

Pr Badredine

et aspects rĂŠglementaires dans la rĂŠgion Ouest d'Alger 54-Boukortt

Violence exogène à l'hôpital et e ets sur le

Cherifa

personnel de santĂŠ

55-Hachela

Harcèlements et clinique du travail

Semid

Hamid

Abdelkrim Kandouci

56-Meziane

Les allergies respiratoires et/ou cutanĂŠes chez

Lobyed Zakia

le personnel des ĂŠtablissements de soins de la

2016

Pr Abdesslem Taleb

ville de Tlemcen : PrĂŠvalence et facteurs de risque. 57-Benhadj Ahmed

Syndrome des batiments mals sains chez le personnel hospitalier : ĂŠpidĂŠmiologie, ergonomie et stratĂŠgie de prĂŠvention

54

2018

Pr Tebboune


THESES SOUTENUES EN SANTÉ ET SECURITE AU TRAVAIL

Thésards

Intitulé

Année de soutenance

Directeur de thèse

2018

Pr Haddar

58-Kaced-

Etude de la broncho-pneumopathie chronique

Benazzouz

obstructive en milieu professionnel dans des

Nadia

unités industrielles de la Région Centre

59-Abbassene Samia

Impact d'épuisement professionnel (BURNOUT) , étude descriptive auprès des médecins généralistes de la wilaya de Sétif.

55

Mustapha 2018

Pr Semaoune Boualem


Agenda des manifestations scientifiques

Nationales: XXI èmes Journées Nationales de médecine du travail Constantine les 6,7,8 Novembre 2019 https://samtalgerie.com

Internationales: - 30ème Congrès International Méditerranéen de médecine et santé au travail: 28 au 30 Août 2019 Faculté de Médecine de Reims, 51 rue Cognacq Jay – Reims – France - 104th American Occupational Health Conference (AOHC) taking place in Anaheim, Calif., April 28 - May 1, at the Disneyland® Hotel.

- 56èmes Journées Santé Travail du Cisme JST 2019 15 et 16 octobre 2019. https://goo.gl/hCcejs

- 35èmes Journées Nationales de santé au travail dans le BTP 22 au 24 mai Metz. https://goo.gl/Xp1MVq

- La 40e édition du Cours du GERDA se tiendra en 2019 à Paris, du 26 au 27 septembre, au Centre des Congrès de la Villette. https://goo.gl/LNMa9L

- Congrès international de toxicologie analytique et clinique 22 au 24 mai 2019 Lille https://goo.gl/W3ejEj

- Bruit et vibrations au travail Centre de congrès Prouvé, 1 place de la république à Nancy 9 au 11 avril 2019. https://goo.gl/n3RB8P

56


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Le journal de la médecine du travail - N°25 • Janvier 2019


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