J’ai aussi promis de laisser le groupe tranquille dans leur cave de la rue Santerre, pour les dernières mises au point. Je bous d’avoir été mis à l’écart. Je calme mon envie en m’enfilant une série. Ça doit être ça « tuer le temps ». J’ai les yeux scotchés sur l’horloge de mon téléphone avec l’impression que rien ne s’écoule. Comme si le sablier était bloqué. Ça finit par me mettre sur les nerfs. Je suis à vif. Ma mère entre : – Rod, tu pourrais déposer quelques cartons ? J’entends son stress dans sa voix. Elle continue : – C’est comme d’habitude, tout le monde s’affole en même temps. Pas la peine qu’elle m’explique, les soldes commencent dans quinze jours et les boutiques attendent les sacs en papier, écologiques et équitables, que ma mère dessine et fabrique. Je ronchonne : – Je dois bientôt partir. Y a Nico qui doit passer. – Quand c’est pas les compétitions, c’est les copains, mais moi, j’aimerais bien que tu m’aides… – Oui, m’man, demain, promis. – Sans faute, je te prépare tout. Elle s’éloigne, contrariée. Elle s’enferme dans son atelier et les machines reprennent leur ronronnement. Dix-neuf heures, Nico et Cédric sonnent, enfin. C’est comme s’ils me libéraient. Ma mère entrebâille la porte de son atelier : 8