L'Ecole primaire, octobre 1921 annexe no 08

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C'est rsurtout lorsqu'il s'agit ,d'appJ.iécier les dli~posttiorrs des efli'fants visà-vis de l'autorité, qu'une erreur de perspective peut être désastreuse. En les j·urgea:nt d'aprèS! leurrs actes et Id' arPrrès 1eurrs ipa'Poles, nouSI c11oY1ons. ètre obj:ecti'fs, •a'lor11S qu'en trléaJlité tl!O'UJS y mrêlons une foule d'éléments . subjectifs; ·nrous iia.ISions inoonsdemment une subs· tif!utilon die nou:s-mêmes ,amx eniialllts. •PélJI1Ce que nous..1miêmes, n!ous expdmeri-ons une .ceri'aine disrposition tP·ar telle ipélll'01·e lOU i:.el -aote, •rJIOUISI ISUrpi1JrO'Si.'mSI q.ue cet ade et œ tte <paTole chez l'·en.fant oot l•a même !Slignificatrofli: il n'en est !Tien. Suor ce rpoirn, elle est très su:g~gestive la rpa·ge de l'Emile, où Rous·seau 'fait Œ1essortk œs ·err:eurrs de jug•erments: ,auxlquels. noUJs eX'posent l·es paroles: et iles !31des .de l'enfant: «·Le ·chroses. qu~ d'it u.rt eniial!lt ne sont tJ)as ,pour 'lui oe qu'elles sont i]JOUI1 rlllou·s.; il n'y joint rpas' les mêmes .idées. •Les idées, si tant est qu'il en ·ait, n~ont 'dianrs sa ~ête 'ni suite, ni liai~ so•n; lf.i-en de fixe, 'fien d'<llsisurr;é dla.ns tout œ qu'il rpense. iUil! instant :vours dirr.i:ez: !C'est un génie! et l'inst<~~nt ~d'a­ l):>rès: dest uil.li :sot! 'VIO'UJS 'VIOurSI trlo!I1lp'efi.ez ~ou~rour11S: c'est un enifant! » 1En if~gle gléntêrale, Ies enfants nê s!orrt ni ,aUissri mléoh1ainrll& ni aussi ma:l intenHoil!nrés ·qu'ils tp31TaiSISent. 'Il est de l·eur à~e d'èwe pri1omiPfsr 'à .céder à l'entraînrernent .et de iSUibir !fadement l'influence 'd'un ·C~mla'1.1ade -caba'leurr, mais c'est ~à .de la· fatibrlesse pl'l]tôt 'que de la méchlanceté. 1{1 est de l'eUII1 âg:e ,d'·êbœ 'estPiègles, de jouer mille toms .poUir ifJeu .que la faiiblestsre et ·La malaidœsse 'de lell'r~ maî:lœes les y encoumgetnt; ils sembLent même léprorurver une j10ie 'crueltle de l'imIPUisSiaDJce 'et de P.em!ba!l1na:s rde ·ceux-ci: « œt .â·g:e esrt: :s ans pi;tié ». Gest .vrai, mais :pouŒ1qUJoi est-il sans .pitié? pa11ce qu'il est incapable, faute de réflexion, rde OOOl!PrOO~e la peine rprrdfionde que l'espiègl·erie a:>eut rcausex là •son maître..

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Il esir de lell!T· âge de se montrer Ïlrreflédhis et entêtés et d'arr.iver, ,pour peu •qu'ilsrsloient 1pourssés à bout, à l'eXJtreme 'o'bstinaüon Ici à 1'eX'hrême insolence, par. œ 1qu'ilsr sont incéllpa!Mes 'd e mesmer les .oons~quenoes de leurs ractes et de se 'rendl;e ooffi[Jite des extrr:émitês .auxqurel!les lelllrs fa.u~es peuvent raoouler leull's parents oUJ leurs ma1.Wes. 'Il est ·de Leur àge d'êtœ prompts à s'emporter, mais de revenir fac.ilement de leurs emportements. l'ls oubl~ent facilement la peine qu'ils ont fatte aux autres, parce que sans doute ils n'ont pas ,senti vraiment que leur conduite faisait de la peine; aussi, leur tenir riaueur 'd'un oubli de ce genre - non ;as momentanément, car enfin, il faut bien qu'ils s'aperçoivent qu'ils ont manqué - mais d'une fa,çon persistante, ce serait encore traiter l'enfant en homme, qui s'est rendu compte, par !e menu, de l'importance et des consequence~ de ses actes. ;

(L.a (i11~ wu p!·ochain numéro.)

La beauté à l'école Tous les efforts de la pédagogie moderne tendent à réaliser une école où l'enfant puisse se dév·elopper nor~a­ lement, s'épanouir librement et plemement. Une des conditions de cet épanouissement, c'est la beauté, ou, si l'on préfère, l'harmonie. L'enfant possède, plus ou moins précis, plus ou moins conscient, le désir du beau. Une salle sombre, des murs tristes, un mobilier usé lui causent une sorte d'effroi; dans son imagination sans cesse en éveil, ces objets grimacent, le provoquent. Un air maussade, irrité ou simplement indifférent le glace. Pour l'éclosion de sa petite âme, il faut ·du soleil, de la lumière, des horizons riants, des sourires, des paroJes douces; de~s actions bonnes. Oh! sans

doute, tout cela il le sent vaguement, confusément et pourtant il en a besoin pour vivre. S'il mène une pauvre existence dans un intérieur sordide, ses inventions suppléent à la réalité, son imagination transforme en merveilles les choses les plus ordinaires de la vie,. il aime savourer ses rêves pleins d'enchantements. C'est donc tin devoir de l'école de se rendre attrayante et belle. Que Fenfant éprouve non de l'effroi mais du plaisir à pénétrer dans un bâtiment clair, aux couleurs gaies qui charment l'œil, avec un vaste préau où il s'ébrouera à l'heure de la récréation, avec aussi, un jardin fleuri, ·car l'enfant aime naturellement les fleurs; oui, il faudrait un jardin pour les écoliers: la grande cour nue et les façades monotones leur don'nent par avance l'idée qu'à l'école on doit s'ennuyer et être malheureux. .'ft puis, la salle où l'écolier passe une bonne partie de ses journées pendant sept ou huit ans! Là encore des objets rébarbatifs: des cartes de géographie, des tableaux de poids et mesures recouvrent souvent la presque totalité des murs, ou bien ce sont des quantités d'images didactiques défraî,chies, jaunies, ternes, ennuyeuses. Oh! f!UÎ dira la nostalgie des écoliers confinés dans une salle humide, privée de soleil où tout est commun., vieux, sans couleur, avec pour horizon les façades tristes des maisons d'en face! Au contraire, quel souvenir lumineux 'laissera une salle ensoleillée et spacieuse, bien meublée et heureusement ornée; oui, un souvenir lumineux en dépit peutêtre des devoirs pénibles. 'L'ornement d'une classe est chose très importante. Je crois qu'il est bon de réduire au strict minimum cartes géographiques et tableaux d'enseignement accmchés aux murs. Qu'on, roule les premières, qu'on serre les seconds dans une annoire pour les en sortir au

besoin. Ils sont indispensables pour l'enseignement, mais ne constituent pas un élément de beauté dans la décoration d'une chambre et il n'importe pas, par conséquent, que l'enfant les ait ohaque jour sous les yeux. Qu'il voie plutôt des images qui le touchent, qui lui parlent, des scènes familiales, des tableaux de la vie champêtre, simples et de bon goût, des fleurs et des fruits. j'aimerais trouver, dans nos classes, de bonnes aquar~lles, de bons pastels, de vrais t•ableaux à l'huile, à défaut .d'excellentes reproductions, de réelle beauté et à la portée de l'enfant. Celuici sans doute n'en jouira pas comme nous, n'importe, il en jouira quand même et surtout apprendra à en jouir. 'Les élèves ont du plaisir et de l'intérêt à voir leurs dessins affichés à la muraille; c'est une occasion de 'les stimuler et d'exercer leur jugement. Les leçons de dessin comme celles d'écriture, de lecture, de récitation, de composition, de chant sont particulièrement indiquées pour le développement du sens esthétique; que ces leçons soient pleines de vie, qu'on présente à l'enfant un idéal de beauté même dans les choses les plus simp'les de telle sorte qu'il y prenne goîtt et ne travaille plus machinalement. Il y a là pour le maître tout un champ de travail lent et ardu· surtout au début, mais d'un réel profit pour la majorité des élè:ves. Il est une harmonie plus grande, si j'ose dire, que celle du mobilier et de l'ornement d'une salle, d'un . dessin, d'un poème, d'un chant; elle réside dans le ton de la voix, dans la conduite, dans toute la manière d'être de la classe et surtout du maître ou de la maîtresse. Oh! qu'die est grande à cet égard la responsabilité de oeux-ci. Ici tout s'enseigne par l'exemple. Le maître montrera qu'il tient beaueoup à l'ordre et à la propreté et attirera l'attention des élèves sur le bien-1être


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L'Ecole primaire, octobre 1921 annexe no 08 by Résonances, mensuel de l'Ecole valaisanne - Issuu