Résonances, mensuel de l'école valaisanne, avril 2020

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Résonances MENSUEL DE L'ECOLE VAL AISANNE Les savoirs fondamentaux : toujours fondamentaux ?

N°7 • Avril 2020


cette longue la guerre. La éreuse.

es Rarogne ; même jusqu’à Guichard de usin l’évêque.

ême sous les s’enflammer. on historique (1415-1418) Guerres de ut un chacun

Rencontrer un nouvel ami, cela vous fait oublier le temps qui passe. Lorsque le soleil se met à décliner, et que je m’inquiète de retrouver mon petit troupeau, j’ai bien ri avec Théodore, et nous avons partagé aussi la tristesse d’être orphelins de mère. Mais j’ignore toujours qui est son père.

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Hésitante, je lui tends la main. Mais, toujours assis, il lève simplement la tête, son regard vert clair teinté de malice : « Puis-je connaître le nom de celle qui vient de me sauver la vie ? - Je m’appelle Mariane Reynard, ma famille vit à Sion. Je suis gardienne de chèvres au château de Montorge. Et toi, comment t’appelles-tu ? Quel sort t’a égaré dans ce vallon sauvage ? - Mon nom est Théodore. Je cours de-ci, de-là, pour semer mon vieux domestique, qui sinon ne me lâche pas d’une semelle. »

La sourde colère des Valaisans a éclaté au grand jour. Il fallait maintenant brandir la Matze pour se rassembler, se manifester et châtier l’évêque, son bailli et leurs alliés....

Auteurs : Geneviève Levine-Cuennet, texte

Alexandre Levine, illustrations

Geneviève Levine-Cuennet, licenciée en lettres, professeur de français. Alexandre Levine, peintre, décorateur d’origine russe, professeur de dessin, à l’origine de nombreuses expositions.

Format 210 x 297 mm, 80 pages

www.monographic.ch


ÉDITO

Une crise et des opportunités sur les fondamentaux La pandémie liée au coronavirus Covid-19, outre sa vitesse de propagation et sa menace sur certaines vies, est en train de tout révolutionner sur son passage. Si petit, mais bénéficiant de l’effet papillon, il bouscule nos certitudes dans de très nombreux domaines et impacte tant notre vie professionnelle que personnelle. Les questions se bousculent dans nos têtes sur le plan éducationnel, sociétal, environnemental, économique, numérique, etc. La perception de la dimension systémique devient évidente et les monomaniaques d’une cause sont certainement en train de réviser leur point de vue ou le feront bientôt. A l’origine, en préparant ce dossier sur les savoirs fondamentaux, avec le Conseil de rédaction de Résonances, nous pensions important d’inviter à repenser la question de la triade « Lire-écrire-compter », afin de lancer des pistes de réflexion en lien avec les transformations nécessaires de l’école à moyen ou long terme. Sauf que ce virus pourrait bien offrir des opportunités d’évolutions rapides. Au fond de soi, chacun sait bien que certaines choses ne sont plus en harmonie aujourd’hui, mais on peine à les modifier, par incapacité à démêler la pelote des défis qui se posent à la fois ici et là-bas, sachant que le local résonne souvent au niveau global et vice-versa. Après la crise, il va bien falloir s’atteler à ce questionnement collectif.

« [...] Il faut apprendre à cheminer dans l'obscurité et l'incertitude. » Edgar Morin

« Aucun de nous ne sait ce que nous savons tous, ensemble. » Euripide

Le propre d’un virus est de vivre des changements évolutifs et il nous embarque dans une révolution de nos modes de pensée. Espérons qu’il nous laissera tranquille tout soudain du point de vue sanitaire, mais « profitons » de ce temps de ralentissement de nos sociétés pour modifier certaines choses, et y ajouter notamment un peu de solidarité, de civisme… Comme notre monde tourne au ralenti, essayons de relier nos idées pour que demain soit encore mieux qu’hier et moins chahuté qu’aujourd’hui.

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Nadia

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Il y a fort à parier que l’école du futur ne sera de toute façon plus la même, après l’expérience de la continuité pédagogique à la maison et l’implication des parents durant cette période. Que faut-il enseigner ? Que faut-il apprendre ? Espérons que nous en tirerons le meilleur et réfléchirons alors sereinement aux fondamentaux de l’école… Affaire à suivre. Hélas personne ne connaît la suite de l’histoire de cette pandémie qui trouble tous nos repères en même temps… Souhaitons qu’après la pluie virale, le beau temps revienne vite et que nous ayons l’énergie collective du changement. Il y aura du boulot et il faudra oser un certain bouleversement après cette crise multifactorielle. Autrement le virus invisible, même si pas virtuel, l’aura emporté sur tous les plans.

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Sommaire ÉDITO

DOSSIER

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Une crise et des opportunités sur les fondamentaux N. Revaz

Les savoirs fondamentaux : toujours fondamentaux ?

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RUBRIQUES

16 Enseignants-parents 18 Réflexion 21 Livres 22 Réflexion 24 Réflexion 25 Sciences humaines et sociales 26 Ecole-culture 28 Ecole-culture 32 Echo de la rédactrice 33 Rencontre du mois 34 Recherche 37 Des chiffres ou des nombres 38 Français 39 1001 façons d’apprendre 40 Education musicale 41 Doc. pédagogique 42 Education physique 43 CPVAL 44 Revue de presse 46 Enseignants-parents

Des pistes pour mettre en œuvre la continuité pédagogique - Résonances La continuité pédagogique sous l’angle numérique - N. Revaz Regard d’Alain Bouvier sur l’impact de la crise Covid-19 sur l’école - N. Revaz La sélection du mois - Résonances Regard d’Eva Green sur les Mystères de la peur - N. Revaz Regard de Daniel Favre sur l’éducation à l’incertitude - N. Revaz Manque de temps en SHS et interdisciplinarité - A. Solliard Médiation culturelle et école : écho d’une journée d’études à la HEP-VS - N. Revaz Quelques pistes d'activités de médiation culturelle - Résonances S’adapter - N. Revaz Nicolas Kramar, directeur du Musée de la nature - N. Revaz Les enjeux de la scolarisation des enfants de requérants d’asile - CSRE Les grandeurs dans les MER et le cas de l’aire - I. Milli Des ateliers de motivation à la lecture… - V. Michelet Des gagnants valaisans lors de la Semaine des médias - N. Revaz Transmission du savoir aux familles (ou l’élève professeur) - J.-M. Delasoie et B. Oberholzer De la préhistoire à l’Antiquité : quelle histoire ! - C. Premand Les savoirs fondamentaux, toujours fondamentaux en EPS ? - V. Clivaz et L. Saillen La prévoyance au féminin et CPVAL - P. Vernier D’un numéro à l’autre - Résonances

INFOS

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Infos diverses

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Des nouvelles en bref - Résonances

Résonances • Avril 2020 Mensuel de l’Ecole valaisanne


Les savoirs fondamentaux, toujours fondamentaux ? 4

Quels savoirs fondamentaux pour l’école 20/20 ? A. Giordan

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Des savoirs fondamentaux fixes, dans un monde en pleine évolution ? A. Florin

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Entre idéal d’élévation et sémantique du soubassement O. Maulini

Tous les savoirs sont-ils fondamentaux?

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Quelle vision du monde choisir ? D. Favre

Beaucoup de questions et quelques éléments de réponses dans ce dossier printanier.

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Les savoirs fondamentaux sont-ils fondamentaux ? Faut-il se recentrer sur les savoirs fondamentaux ? Devrait-on plutôt y ajouter de nouveaux savoirs fondamentaux, comme penser, coder, dessiner, bouger… ? Les savoirs fondamentaux existent-ils vraiment ?

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Et si l’on faisait évoluer les concepts ? I. Capron Puozzo

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Trois fois oui à la trilogie « Lire, écrire et compter » R. Baldy

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Quels sont les apprentissages fondateurs de la scolarité ? A. Clerc-Georgy

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Quand savoir lire, écrire et compter ne suffisent plus ! T. Karsenti

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Grappillage thématique Résonances

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Bibliographie de la documentation pédagogique Médiathèque Valais

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Quels savoirs fondamentaux pour l’école 20/20 ? André Giordan généralement que pour celui qui l’a créée ! Difficile de faire entrer tous les enfants dans une seule et même approche. Ensuite, les livres dits « de lecture » ne sont pas toujours attrayants. Nombre d’élèves renoncent par manque d’intérêt pour leurs textes. En jouant avec les mots qui l’entourent, le très jeune apprend à lire par lui-même comme il a appris à marcher. Les parents ou l’école enfantine ont juste à le solliciter, l’interpeller et à l’accompagner. Par ailleurs, savoir lire ce n'est plus seulement savoir déchiffrer un texte, c'est en premier comprendre et partager un message. C'est encore être capable de traiter de multiples informations. Au quotidien, les élèves sont entourés de données multiples à décoder ; en permanence il leur est utile, faute de se perdre, de trier les informations. Avec les bases de données, les réseaux et les moteurs de recherche, il s'agit encore d'apprendre à lire en lecture rapide et en hypertexte. Pourquoi l'école n'en proposerait-elle pas quelques initiations ?

MOTS-CLÉS : SAVOIRS ACADÉMIQUES • VIVRE AVEC L’AUTRE Les politiques – et avec eux les parents – mettent en avant comme savoirs fondamentaux : « apprendre à lire, à écrire et à compter »... Il reste évident qu’apprendre à lire et à écrire demeure incontournable. C’est une ouverture sur le monde, sur la culture… Au-delà du simple slogan, il importe dans le contexte actuel de s’interroger sur leur sens et leur faisabilité.

De plus, apprendre à lire, c'est également apprendre à lire les images, fixes et animées. Enfin, apprendre à lire, n'est-ce pas encore s'interroger en permanence sur les sources, leur validité et leur pertinence ? D'où viennentelles ? Très tôt le jeune peut être sensibilisé à la place et aux fonctions des informations. Son esprit critique demande à être aiguisé.

ET LES MATHS…

Par exemple, pourquoi attendre les débuts de l’école primaire, c’est-à-dire l’âge de 6 ans pour apprendre à lire ? Cela avait de la pertinence quand l'école, seul lieu d'apprentissage, débutait à cet âge. Aujourd'hui, l'enfant est sur-stimulé en permanence par les mots dès 2-3 ans à travers les jeux éducatifs, la publicité, la télévision ou même internet et maintenant les smartphones. Très jeune, il ressent le désir de déchiffrer ces messages pour accéder par lui-même aux informations. Pourquoi ne pas le leur permettre dès cet âge ?

La prédominance des mathématiques à l’école interroge également. On pare cette discipline de toutes les vertus éducatives au point d’en faire un objet de sélection. Pourtant les programmes et l’enseignement des maths posent problème. Après le fiasco des « mathématiques modernes », l’enseignement des mathématiques a connu plusieurs « nouveaux programmes » successifs. Ils ont présenté différentes suppressions et différents ajouts qui ont conduit à un éparpillement des savoirs et des procédés. De sorte que, bien que les programmes soient allégés, ils semblent toujours trop lourds pour le temps imparti.

Pour ce faire, il faut dénoncer les discours sur son apprentissage : il faudrait « une » méthode. Celle-ci ne « marche »

Ce sont des programmes « en gruyère » qui constituent – sauf exception – un véritable dressage. On ne laisse pas

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DOSSIER le temps à l’enfant de voir concrètement, visuellement les questions en jeu, et à aller doucement vers l’abstraction. En les poussant à apprendre par cœur sans comprendre, c’est le début de la fin de « l’amour pour les maths ». L’élève apprend les rituels de base et les applique docilement en s’aidant de son formulaire. Aucune surprise ne l’attend jamais qui l’oblige à quitter un tant soit peu le chemin bien balisé. Il suffit très souvent d’ajouter un paramètre inutile dans l’énoncé pour que l’élève soit perdu. Tant il est conditionné par l’usage de tous les éléments pour trouver la solution.

encore apprendre toute sa vie ? Nombre de savoirs importants pour aujourd’hui ne sont pas à l’école. La connaissance de son propre corps par exemple reste très limitée et trop mécanique, les moyens de préserver sa santé sont rarement abordés. La transition écologique n’est prise en compte que par quelques enseignants militants. Pour vivre en société, des éléments du droit deviennent incontournables. Pour comprendre notre société mondialisée, encore faudrait-il mettre dans les programmes une première approche de l’anthropologie, de l’économie et des finances.

« L’apprendre à apprendre devient un objectif indispensable dans le cursus scolaire. »

Mais au-delà des connaissances, le désir d’apprendre devrait être favorisé par les programmes. Actuellement il se perd au cours de la scolarité. On fait de nos enfants des consommateurs de savoirs qui attendent que le professeur enseigne, alors qu’ils devraient s’approprier les outils pour apprendre par eux-mêmes. L’apprendre à apprendre devient un objectif indispensable dans le cursus scolaire. On souhaite que nos élèves apprennent leurs leçons, mais on ne les conduit pas à réfléchir sur les processus indispensables pour apprendre.

C’est là surtout que le bât blesse. On conditionne l’élève le plus souvent à trouver l’unique solution. On prive l’élève des éléments de logique qui lui permettrait d’aborder les questions d’aujourd’hui. En matière d’environnement ou de santé, il n’y a pas de solutions à certaines questions et surtout pas une seule. Il s’agit le plus souvent de trouver un moindre mal ou un optimum, et encore celui-ci dépend du contexte. On insuffle l’idée d’une logique binaire qui conduit à une dichotomie : vrai-faux, bien-mal et à une logique linéaire : « A est toujours A », «plus c’est mieux »… Cet enseignement mécanique ne développe pas la rigueur, l’esprit critique et la créativité. Il n’apprend même pas à poser les problèmes ; il se limite seulement à faire résoudre des questions standardisées… Au lieu d’en faire une panacée, voire un tabou, il serait très utile de les relativiser ou de les (re)penser…

EN AMONT DES SAVOIRS ACADÉMIQUES En amont des savoirs académiques, un fondamental pour aujourd’hui est d’apprendre à vivre avec l’autre. Vivre avec l’autre est notre expérience la plus quotidienne, la plus banale en somme. Pourtant, elle n’est pas, et de loin, ni aussi simple ni aussi évidente qu’il y paraît à première vue dans un monde mondialisé. Jusqu’à présent, elle se construisait largement dans les familles ou les associations en Suisse. L’école à mon sens doit prendre désormais le relais. Nous le savons tous d’expérience, les liens qui nous unissent peuvent, dans bien des cas également, nous détruire. Les bourreaux des camps de concentration allemands étaient tous des personnes très instruites. Il leur manquait les repères éthiques pour vivre avec les autres. Apprendre le civisme, la citoyenneté a toute sa place à l’école dans les fondamentaux. Se pose par ailleurs la question de quels savoirs un jeune doit disposer pour comprendre le monde, la société, l’autre, se comprendre, participer à la vie citoyenne, ou

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UNE CONFÉRENCE DE CONSENSUS Il est encore un tabou à clarifier en matière de fondamentaux : le processus pour les définir. Actuellement, les programmes de l’école sont confiés à des commissions de spécialistes autoproclamés. Il n’existe pas de conférence de consensus citoyenne pour en discuter. Il persiste des habitudes, il en résulte des modes où les lobbies disciplinaires sont très présents. Une conférence de consensus est un dispositif participatif visant à permettre l’expression du point de vue des citoyens en interaction avec des experts sur les enjeux d’une politique, ici scolaire. Tout le monde s’accorde pour souligner la qualité du travail fourni par ces conférences pour maîtriser des sujets complexes et en saisir tous les enjeux. L’approche des fondamentaux de l’école qui n’est pas une simple affaire d’experts, risque d’être renouvelée.

L'AUTEUR André Giordan Il est professeur à l’université de Genève et fondateur du Laboratoire de didactique et épistémologie des sciences, actuellement dirigé par Laurent Dubois. www.andregiordan.com

Référence

André Giordan (2015, 1re édition 1998). Apprendre ! Paris : Belin.

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Des savoirs fondamentaux fixes, dans un monde en pleine évolution ? Agnès Florin MOTS-CLÉS : INDISPENSABLES • COMPÉTENCES De quels « fondamentaux » parle-t-on ? Des savoirs indispensables à tous ? Des savoirs à acquérir en début de scolarité ? Des savoirs correspondant à une liste qui irait de soi, souvent représentée de manière ternaire par « lire, écrire, compter » (les 3 R en anglais : Reading, wRiting, aRithmetics), ou binaire : maîtrise de la langue et mathématiques ? Peuvent-ils rester fixes, d’un siècle à l’autre, dans un monde en pleine évolution ? S’il s’agit des indispensables, comment ignorer maîtrise de l’oral et apprentissage de plusieurs langues, compétences psychosociales et savoir vivre ensemble, accès aux œuvres humaines (musique, arts, etc.), quelques compétences numériques, l’apprentissage de méthodes de travail, les compétences pour la vie (pour se nourrir, prendre soin de sa santé, gérer ses ressources) ?

« Il faut viser une automatisation de certains apprentissages, mais pas seulement. » S’il s’agit des savoirs à acquérir en premier, il faut définir ce qui convient à l’âge des jeunes enfants et comment les aider à construire l’architecture de leurs savoirs ; c’est affaire de praticiens et de psychologues du développement. Parmi les pays de l’OCDE, la France assure beaucoup d’heures de cours à l’école primaire (864  h par an, soit 60 de plus que la moyenne OCDE) et encore plus au collège, et elle consacre plus de temps scolaire qu’ailleurs à ces fameux 3 R  qui représentent 58% du temps en primaire (OCDE : 37%). Pour autant, le niveau moyen des élèves français n’est pas très bon, d’après PIRLS ou PISA, avec beaucoup plus d’élèves en difficulté. Il ne suffit donc pas de consacrer plus de 50% de l’enseignement à ces fondamentaux-là ! On relègue le reste au second plan, en laissant aux familles le soin de s’en préoccuper, ce qui

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« Lire, écrire, compter » : il ne suffit pas de consacrer plus de 50% à ces fondamentaux.

renforce les inégalités sociales. Certes, il faut viser une automatisation de certains apprentissages (opérations arithmétiques, règles d’écriture ou d’orthographe), mais des enfants trop exposés à ces seuls apprentissages se démotivent, tout en ne bénéficiant pas des entrées culturelles qui montrent l’intérêt d’apprendre.

L'AUTEURE Agnès Florin Elle est professeure émérite en psychologie de l’enfant et de l’éducation, Université de Nantes. Elle est l'auteure de publications sur la qualité de vie des enfants, l’évaluation et la prévention des difficultés d’apprentissage, l’impact des enseignements plurilingues sur le développement.

www.univ-nantes.fr/florin-a

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DOSSIER

Entre idéal d’élévation et sémantique du soubassement Olivier Maulini MOTS-CLÉS : SOCLE • SOMMET Un élève ne déchiffre pas les jours du calendrier : peut-on passer aux mois, aux saisons ou aux années bissextiles sans le prendre de court et bientôt le submerger ? Nos mots de tous les jours disent assez notre crainte de nous précipiter : plus nous « avançons vite » dans le programme, plus certains enfants – loin de s’élever idéalement – peuvent se sentir « dépassés », « largués », « perdus », « noyés » ; plus nous risquons de les voir « s’enfoncer », « couler » ou « sombrer » scolairement, sans assise ou aspérité à laquelle « s’accrocher ». C’est pour leur éviter de « perdre pied » que l’école met en place des mesures de « soutien », d’« appui », d’« étayage », tout ce qui devrait rassurer – en les réassurant  – les écoliers « en difficulté ». Revenir à un substrat ferme et stable : quoi de plus évident devant l’impression de chuter ? Mais une évidence peut tromper. « Back to basics », « retour aux fondamentaux », « aux bases », à « un socle de connaissances et de compétences », à des « objectifsnoyaux »… Cette sémantique des soubassements exprime toujours la même idée : celle d’un repli sur quelque chose de passé, un point d’arrimage d’où rebâtir l’avenir brique par brique, voire repenser son développement de manière plus organique. Mais suffit-il de retrouver chaque fois pied pour mieux sauter, ou de vraies prises se trouvent-elles également vers l’avant, par tâtonnement, en direction de ce que des mains peuvent de leur côté saisir – changeons de métaphore  – parce qu’elles aspirent à le trouver ? Mal déchiffrer des mots n’empêche ni d’imaginer ni de dicter un texte à l’adulte : certains élèves ont justement besoin d’interagir avant d’entrer dans le langage écrit et codifié. D’autres peuvent peiner en calcul et en géométrie, puis progresser par « sauts » ou par « bonds » successifs en programmant une imprimante 3D. L’essentiel est (aussi) le désir d’apprendre si l’on croit en l’éducabilité. Peutêtre le bon recours n’est-il ni toujours derrière, ni devant uniquement : en route vers le sommet, tout grimpeur combine trois appuis sûrs et un membre en mouvement, et c’est autant en poussant sur ses jambes qu’en tirant sur ses bras qu’il escalade sa paroi. Et si, pour apprendre, la règle d’or était là encore de s’élever en combinant deux

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Le mur de grimpe, métaphore de l’apprentissage

facultés : celle de se propulser (depuis le fond) et celle de se hisser (par le haut) ? L’enseignement en serait peut-être moins simple, mais plus équilibré.

L'AUTEUR Olivier Maulini Il est professeur à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’Université de Genève et directeur du Laboratoire Innovation Formation Education (LIFE). www.unige.ch/fapse/life

Prolongements Baraër, M. (Ed.). Revenir aux fondamentaux pour bâtir les savoirs ? Dialogue, 168. https://bit.ly/2U4zGXC Perrenoud, Ph. (2006). Le socle et la statue. Réflexions pessimistes sur l’éducation fondamentale. Cahiers pédagogiques, 439, 16-18. https://bit.ly/2QfPOEw

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Quelle vision du monde choisir ? Daniel Favre

MOTS-CLÉS : COMPÉTENCES CLASSIQUES • FORMATION DU CITOYEN Deux visions du monde s’affrontent : celle où l’éducation est perçue comme le moyen par lequel des êtres humains vont pouvoir grandir, devenir autonomes, responsables, aptes à vivre ensemble, prenant soin des autres et de la biosphère et celle où mus par d'autres motivations a été adoptée comme valeurs : « toujours plus, tout de suite et pour moi d’abord ».

« Depuis la nuit des temps, la motivation d’innovation nous pousse à grandir. » L’avidité et la croissance sans fin dans une logique de court terme promouvant comme fin l’individualisme n’ont pas besoin d’êtres humains émancipés se positionnant comme des sujets, mais plutôt d’exécutants disposant de savoir-faire spécialisés, faciles à manipuler. Cette vision du monde confortée par la plupart des médias et servie par nombre de gouvernants est actuellement dominante et serait destinée à durer s’il n’existait pas en nous d’autres motivations que la motivation d’addiction. Minoritaires autrefois, nombreux sont ceux et celles qui, aujourd’hui en dictature ou pas, résistent et qui voient dans la croissance sans limites et la mise à sac des ressources de la planète un signe patent d’immaturité !

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Depuis la nuit des temps la motivation d’innovation nous pousse à grandir, à actualiser ce qui est potentiel en nous et elle s’oppose à désirer toujours plus de la même chose, des biens, du pouvoir sur les autres. Cette opposition entre ces deux visions du monde se reflète dans le débat pour savoir si l’Ecole doit, ou non, privilégier l’apprentissage des compétences classiques : lire, écrire, compter… ou la formation de la personne et du citoyen dans un monde complexe et fluctuant. Pour que ce débat ne reste pas stérile, il me semble qu’il faut choisir collectivement et décider quelle doit être la finalité de l’Ecole. S’agit-il de servir une ploutocratie mondiale en lui fabriquant les individus adaptés, consommateurs compulsifs, pour perdurer ou s’agit-il de former des adultes responsables et libres, résistant aux emprises idéologiques, religieuses, consuméristes ou complotistes, aptes à imaginer et construire leur avenir ?

L'AUTEUR Daniel Favre Il est professeur honoraire des Universités à Montpellier, docteur en neurosciences et en sciences de l’éducation et auteur entre autres de Cessons de démotiver les élèves et Eduquer à l'incertitude . Voir également le site compagnon de son livre : https://transformerlaviolencedeseleves.com

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DOSSIER

Et si l’on faisait évoluer les concepts ? Isabelle Capron Puozzo

Les soft skills ou capacités transversales

MOTS-CLÉS : COMPÉTENCES • CAPACITÉS TRANSVERSALES • ÉCONOMIE BLEUE Même si l’école reste aujourd’hui le lieu des apprentissages fondamentaux, elle est amenée à se transformer avec la complexité du monde et la rapidité du changement que nous vivons actuellement. Selon une prospective, 2/3 des élèves qui sont sur les bancs de l’école pratiqueront une profession qui n’existe pas encore. Comment les préparer à ce phénomène pour leur permettre d’être heureux dans cette société en mouvance ? Le philosophe Michel Serres parle de cette génération Petite Poucette ; celle dont le savoir, elle l’a dans la poche ! Ce qui fera qu’un futur employé se distinguera d’un autre, ce n’est plus tant les hard skills (compétences) qui feront la différence, mais c’est essentiellement les soft skills (capacités transversales) qui permettront de changer le monde. Ces soft skills sont multiples, comme la créativité, la collaboration, l’empathie, etc. Elles sont nécessaires non seulement pour leur permettre d’évoluer plus sereinement au sein de cette complexité, mais aussi pour agir de manière responsable en tant que citoyens du monde. La responsabilisation sociale de trouver des solutions innovantes, éthiques et justes à des problèmes de notre société ne pourra s’enclencher sans une véritable prise de position au niveau politique et au niveau des établissements scolaires vers un leadership orienté humain qui encourage et donne les conditions cadres pour le développement des soft skills. Alors pensons à présent différemment et faisons évoluer les concepts. Je vous propose de voir le monde sous l’angle

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de l’innovation bleue, en référence aux travaux de Gunter Pauli sur l’économie bleue basée sur le biomimétisme. Comme dans la nature, tout se recycle et chacun a une place et un rôle à jouer. Les idées doivent circuler et sont accessibles à travers une brochure en ligne1 qui donne des pistes concrètes pour développer les soft skills. Si vous souhaitez contribuer avec toutes ces nombreuses personnes engagées dans cette magnifique aventure humaine de changer le monde, alors n’hésitez pas à prendre ce chemin à l’école. L’innovation bleue est en marche avec vous. Notes https://bit.ly/3aF5lp2

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L'AUTEURE Isabelle Capron Puozzo Elle est professeure associée à la Haute école pédagogique du canton de Vaud. Elle mène des recherches dans le domaine des capacités transversales et est spécialiste de la pédagogie de la créativité.

Références Capron Puozzo, I. (2020). Programme école_soft skills. [Document pédagogique]. https://bit.ly/39GUWcD

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Trois fois oui à la trilogie « Lire, écrire et compter » René Baldy les autres, s’adapter aux nouvelles technologies, devenir un citoyen responsable, etc. Et les savoirs artistiques par exemple, qui peuvent apparaître superflus, portent souvent toute la richesse du système. Il ne faut donc rien négliger.

Les savoirs artistiques portent souvent toute la richesse du système…

MOTS-CLÉS : COMPÉTENCES MOBILISABLES • SAVOIRS UTILES « Lire, écrire et compter » est une trilogie familière à ceux qui s’intéressent à l’école. Elle est rabâchée depuis deux siècles et pourtant on ne sait pas bien ce qu’elle recouvre. Vous avez donc raison de l’interroger. Vous posez trois questions auxquelles j’ai envie de répondre trois fois oui. Il faudrait proposer une définition élaborée de ces trois verbes. Ce n’est pas le lieu. Même en restant dans l’implicite et au risque d’apparaître un peu réac, je pense que savoir « lire, écrire et compter » : c’est fondamental ! Pour plusieurs raisons : ces savoirs se transmettent avec des adaptations d’une génération à l’autre depuis des millénaires, ils nourrissent et scandent le développemental intellectuel de l’enfant « Ça y est ! Je sais lire ! », ils conditionnent les apprentissages scolaires ultérieurs et ils dotent les personnes de compétences mobilisables « quoi qu’elles fassent » tout au long de leur vie. Bien sûr, beaucoup d’autres savoirs sont utiles pour comprendre le monde d’aujourd’hui, communiquer avec

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Mais enfin, nous ne parlerions pas de ces savoirs, « lire, écrire et compter », s’ils n’étaient pas source d’échec et ce, dès l’entrée au cours préparatoire. Et on sait que les déterminismes socio-économiques pèsent fortement sur ces échecs. Alors, je ne sais pas si l’école doit se recentrer sur ses fondamentaux, comme disent les sportifs en difficulté. Mais elle ne doit surtout pas les négliger. Deux aspects me paraissent importants : l’école maternelle doit doter tous les élèves d’un potentiel d’apprentissage suffisant pour bien apprendre à lire, écrire et compter et, parce qu'ils sont fondamentaux, ces savoirs doivent être enseignés par des enseignants formés à la lumière des travaux scientifiques actuels dans le domaine.

L'AUTEUR René Baldy Il est professeur honoraire des Universités (Université Paul Valéry de Montpellier). Spécialiste du dessin enfantin, il a écrit de nombreux articles et publié plusieurs livres sur ce thème.

L E D O S S I E R E N C I TAT I O N S Concepts essentiels

Sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur 1. Les cécités de la connaissance: l’erreur et l’illusion 2. Les principes d’une connaissance pertinente 3. Enseigner la condition humaine 4. Enseigner l’identité terrienne 5. Affronter les incertitudes 6. Enseigner la compréhension 7. L’éthique du genre humain

Edgar Morin in Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur » (Seuil, 2015, 1re édition 1999) https://bit.ly/2YU7a0e

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DOSSIER

Quels sont les apprentissages fondateurs de la scolarité ? Anne Clerc-Georgy MOTS-CLÉS : POSTURE • SAVOIRS « INVISIBLES » Dans une classe de 4H, les élèves doivent copier et compléter la phrase : pendant les vacances, je suis allé(e)… Après un collectif durant lequel les élèves échangent des idées pour réaliser cette tâche, chaque élève retourne à sa place et s’applique à copier la phrase. En visite ce jour-là, je passe vers les élèves, les observe et les questionne. Julie, élève considérée par l’enseignante comme ayant de la facilité, réalise rapidement son travail et écrit : pendant les vacances, je suis allée au zoo. Curieuse, je lui demande si elle a apprécié cette visite. Elle me répond : mais non, je ne suis pas allée au zoo, mais, zoo, je sais écrire ! Je poursuis mes observations et m’arrête auprès de Gustave, un élève pour lequel l’enseignante se fait du souci. Gustave a les bras croisés et semble ne pas vouloir réaliser la tâche. Dans l’intention de l’aider, je lui demande ce qu’il a fait durant ses vacances. Il me répond : je n’ai rien fait et je ne veux pas que les autres le sachent ! Que nous apprend cette histoire ? que Gustave ne sait pas écrire alors que Julie oui ? Certainement pas ! Cette situation nous montre comment Gustave et Julie ont compris ce que l’école attendait d’eux, les postures qu’il convenait d’adopter à l’école. Gustave écoute la maîtresse et tente de répondre à ses demandes. Il comprend qu’elle souhaite savoir où il a passé ses vacances et se trouve dans l’incapacité de réaliser le travail demandé. Julie, au contraire, a compris que l’enseignante ne s’intéressait pas réellement à ses vacances, mais qu’elle cherchait à vérifier sa capacité à produire (compléter) une phrase en respectant l’orthographe des mots. Julie adopte un rôle, elle fait semblant de raconter ses vacances en restant attentive aux exigences de la langue. Julie sait que le « je » de l’école n’est pas nécessairement synonyme de « moi », elle joue avec les règles du jeu de l’apprentissage scolaire. Ce bref détour nous rend attentifs au fait que ce qui fait la différence entre Julie et Gustave, ce sont des savoirs pas toujours identifiés ni prescrits par les plans d’études et rarement enseignés à tous les élèves. Ces savoirs permettent à Julie de « réussir » à l’école et manquent encore à Gustave, ce qui le met en difficulté. Ce sont des

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En inventant une histoire pour répondre à la consigne, Julie joue avec les règles du jeu de l’apprentissage scolaire.

savoirs de ce type qui sont fondateurs de la possibilité même d’apprendre à l’école. La posture requise par l’apprentissage scolaire évoquée ci-dessus n’est qu’un exemple de ce que peuvent être les apprentissages fondamentaux. Nous aurions pu en évoquer d’autres, comme la capacité à adopter différents registres langagiers, la maîtrise du langage comme outil pour réfléchir et pour apprendre, la capacité à se projeter, à s’investir volontairement dans des apprentissages imposés, l’imagination ou encore l’autorégulation. Nombreux sont ces savoirs « invisibles » qui mériteraient d’être identifiés, proposés dans les plans d’études et faire l’objet d’un enseignement. C’est à ce prix que les difficultés de Gustave pourraient être surmontées.

L'AUTEURE Anne Clerc-Georgy Elle est professeure à la HEP du canton de Vaud. Elle dirige l’unité Enseignement, apprentissage et évaluation. Membre du Groupe d’Intervention et de Recherche sur les Apprentissages Fondamentaux (GIRAF) et du Laboratoire Lausannois Lesson Study (3LS), elle mène des recherches sur la formation des enseignants et sur les apprentissages dans les premiers degrés de la scolarité, et participe au développement d’une didactique des apprentissages fondamentaux.

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Quand savoir lire, écrire et compter ne suffisent plus ! Thierry Karsenti

MOTS-CLÉS : COMPÉTENCE NUMÉRIQUE • INTELLIGENCE ARTIFICIELLE • REGARD CRITIQUE • CRÉATIVITÉ Pourquoi savoir lire, écrire et compter ne suffisent plus ? Parce que si l’on regarde la mission de l’école : instruire, socialiser, qualifier, on se rend compte rapidement que même si lire, écrire et compter demeurent des compétences essentielles, elles ne suffisent plus. Parce qu’il est, selon moi, de notre devoir, d’amener les jeunes que nous formons à participer activement à édifier la société de demain où les technologies seront plus que jamais omniprésentes. Il est donc nécessaire de voir le développement de la compétence numérique des jeunes, à l’école, comme un besoin tout aussi fondamental. Qu’est-ce que développer la compétence numérique des jeunes ? C’est bien plus que de leur apprendre la maîtrise de certains outils. Il faut d’ailleurs distinguer compétences

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numériques d’apprentissage de l’informatique. Ce n’est pas la même chose. La compétence numérique, c’est beaucoup plus vaste. Elle peut être définie par un ensemble d’aptitudes relatives à l’utilisation confiante, critique et créative du numérique pour atteindre des objectifs liés à l’apprentissage, au travail, aux loisirs, à l’inclusion ou à la participation à la société.

« Au Québec, la compétence numérique comporte 12 dimensions jugées essentielles. » En 2020, l’école doit amender tout apprenant à développer son autonomie lorsqu’il utilise le numérique dans un contexte pédagogique, professionnel ou social. La maîtrise de la compétence numérique devrait aussi permettre à l’apprenant d’avoir la capacité de faire face aux innovations technologiques qui se concrétiseront

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DOSSIER dans les années à venir, notamment les avancées en matière d’intelligence artificielle. Développer la compétence numérique de l’apprenant, c’est aussi lui apprendre à poser un regard critique sur ces innovations tout en lui montrant à être pleinement capable de se les approprier et de les utiliser s’il juge qu’elles peuvent lui être utiles. Cette habileté est primordiale dans le contexte actuel marqué par les innovations technologiques transformant le marché de l’emploi et les compétences recherchées par les employeurs. En ce sens, il est nécessaire d’adapter la pratique enseignante et d’ajouter la compétence numérique dans les programmes éducatifs, afin de préparer les futures travailleuses et les futurs travailleurs, dès aujourd’hui, aux défis de demain. Au Québec, la compétence numérique comporte 12 dimensions jugées essentielles : 1. Agir en citoyen éthique à l’ère du numérique. 2. Développer et mobiliser ses habiletés technologiques. 3. Exploiter le potentiel du numérique pour l’apprentissage. 4. Développer et mobiliser sa culture informationnelle. 5. Collaborer à l’aide du numérique. 6. Communiquer à l’aide du numérique. 7. Produire du contenu avec le numérique. 8. Mettre à profit le numérique en tant que vecteur d’inclusion et pour répondre à des besoins diversifiés.

9. Adopter une perspective de développement personnel et professionnel avec le numérique dans une posture d’autonomisation. 10. Résoudre une variété de problèmes avec le numérique. 11. Développer sa pensée critique à l’égard du numérique. 12. Innover et faire preuve de créativité avec le numérique. Dans un contexte où le numérique est certes un domaine des plus intéressants, mais qui est aussi très vaste et, par moments, complexe, une telle conception de la compétence numérique ne pourra qu’être bénéfique aux membres du personnel enseignant, et donc, ultimement, à l’ensemble des apprenants.

L'AUTEUR Thierry Karsenti M.A., M.Ed., Ph.D. est directeur de la Chaire de recherche du Canada sur le numérique en éducation et professeur titulaire à l’Université de Montréal. Membre de l’Académie des sciences du Canada (Société Royale), ses réalisations ont été reconnues par de nombreux prix nationaux et internationaux. Au cours de sa carrière, il a publié de nombreux livres et articles scientifiques portant sur le numérique en éducation.

L E D O S S I E R E N C I TAT I O N S

L E D O S S I E R E N C I TAT I O N S

Guide inspirant

Références éducatives

Que transmettre en priorité ? « Face à la diversité des savoirs, savoirfaire, savoir-être, valeurs, expériences que nous pourrions transmettre à l’école, que choisissons-nous de privilégier pour une école adaptée aux besoins actuels et futurs : Que transmettre de nos jours ? Pourquoi ? Quel est notre projet de société ? D’humanité ? De quoi les enfants ont-ils besoin en priorité individuellement ET collectivement ?

Isabelle Servant (dir.) in Transmettre l’essentiel à l’école (et à la maison) pour construire un monde sain, heureux et solidaire (Eyrolles, 2019)

Prochain dossier

Parution début mai 2020 : Carrière des enseignants

(en lien avec les possibilités d'évolution professionnelle, les pistes pour nourrir sa motivation sans changer de poste et l'impact de la reconnaissance)

www.resonances-vs.ch

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Pour affronter les savoirs fondamentaux « Pour affronter sereinement l’apprentissage des savoirs fondamentaux un enfant doit être capable : d’admettre ses manques ; de supporter d’attendre ; de respecter des règles  ; d’affronter un moment de solitude. Ce sont ces quatre grandes compétences qui font les bons élèves. »

Serge Boimare in Retrouver l'envie d'apprendre : Comment en arriver à une école de la réussite pour tous ? (Dunod, 2019) Analyse argumentée

Lire, écrire et compter… seulement ? « Lire, écrire, compter est essentiel mais ne constitue pas l’essentiel, puisqu’il y a autre chose de tout aussi important. […] La mission principale de l’éducation, au-delà de celle de la transmission des savoirs, est de permettre à l’enfant de devenir un homme libre. »

Gérard De Vecchi in Ecole : sens commun… ou bon sens ? – Manipulations, réalité et avenir (Delagrave, 2007)

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Le dossier en grappillage u L’interdisciplinarité, pas en opposition aux compétences fondamentales « Certains pays sont moins monolithiques que le nôtre […] et assurent, dans le scolaire et en premier cycle universitaire, des formations génériques aux sciences ou aux humanités. Je pense qu’ils ont raison, et qu’on a tout intérêt à mettre en place cette approche dès le primaire, avant de la développer dans l’enseignement secondaire. Aider un enfant à comprendre les différentes dimensions d’un problème l’aidera bien plus que cela ne le troublera. S’il est capable d’établir des liens autour d’un sujet, il pourra bien plus facilement consolider ce qu’il a compris sur ce sujet. Il faut à la fois lui montrer les méthodologies propres à chaque discipline et en même temps l’éveiller à la complexité des sujets, qui peuvent être regardés par différentes disciplines. Je ne suis pas seul à le penser. C’est en effet exactement ce que font les pays qui obtiennent les meilleurs résultats lors de la plus connue des évaluations internationales (PISA), à la fois en compréhension de la langue mais aussi en compréhension scientifique ou mathématique : Finlande, Canada, Corée, Singapour, etc. Ils ont compris qu’il n’y a pas d’âge minimum pour pratiquer l’interdisciplinarité et qu’elle ne s’oppose pas, au contraire, à l’acquisition des compétences fondamentales – ce que nous résumons, en France, par “lire, écrire, compter”. » François Taddei in Apprendre au XXIe siècle (CalmannLévy, 2018)

u Interdisciplinarité et champs disciplinaires « Deux mots essentiels : il faut que l'homme apprenne à penser la complexité. Qu'il s'agisse aujourd'hui du climat, de la génétique, du cerveau, des pandémies, de la démographie, de l'économie, ce n'est plus le donné de nature ou la fatalité qui s'imposent, mais bien ce que révèle l'investigation scientifique. Or elle traite désormais de systèmes souvent non linéaires, aux multiples degrés de liberté, couplés, organisés sur un emboîtement d'échelles d'espace et de temps – de la femtoseconde des réactions chimiques aux milliers ou millions d'années de l'évolution climatique terrestre. Les conditions

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sont remplies pour compliquer à l'extrême l'analyse des causes et des effets, pour rendre difficiles la prévision et donc les remèdes. Les champs disciplinaires traditionnels se chevauchent, aucun de ces champs ne peut, à lui seul, saisir la complexité du problème. » Pierre Léna in Enseigner, c’est espérer (Le Pommier, 2012)

u Le savoir surabonde « Pourquoi Petite Poucette s'intéresset-elle de moins en moins à ce que dit le porte-voix ? Parce que, devant l'offre croissante de savoir en nappe immense, partout et toujours accessible, une offre ponctuelle et singulière devient dérisoire. La question se posait cruellement lorsqu'il fallait se déplacer pour découvrir un savoir rare et secret. Désormais accessible, il surabonde, proche, y compris en volumes petits, que Petite Poucette porte dans sa poche, sous le mouchoir. La vague des accès aux savoirs monte aussi haut que celle du bavardage. » Michel Serres in Petite Poucette (Le Pommier, 2012)

u L’enseignant fondamental « Les maths ou la littérature nous avaient toujours ennuyés, puis, une année, un maître est entré dans la classe et ces disciplines sont devenues passionnantes. Tel est le miracle de l’école. Un bon professeur peut captiver les classes rétives et rendre vivants les enseignements les plus mal conçus. Il peut tout sauver. » François de Closets in Le bonheur d'apprendre ou comment on l’assassine (Seuil, 1996)

u Socle commun et réflexion transversale « Développer la réflexion pédagogique, autour des grandes pratiques d'enseignement bousculées par l'introduction du socle commun, est une action qui a rarement été jugée prioritaire ces dernières années, quand on a plutôt essayé de gérer une urgence de plus en plus contraignante. Les établissements qui se sont cependant accordé ce temps de réflexion sont maintenant les plus avancés dans la mise en œuvre pédagogique et effective

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DOSSIER du socle commun. C'est un temps qui existe rarement tel quel dans les établissements, parce qu'on a pris l'habitude de la discussion pédagogique en formation disciplinaire, encadrée par des formateurs ou des inspecteurs, et non en équipe de classe, au sein même de l'établissement. Or c'est bien ce changement d'éclairage qu'exige le socle commun, et c'est bien une réflexion globale et transversale, autour de l'acte d'apprendre, d'enseigner et d'évaluer qu'il faut enclencher dans les équipes sur le terrain. » Céline Walkowiak et Francis Blanquart in Réussir l'école du socle : En faisant dialoguer et coopérer les disciplines (ESF, 2013)

u Vidéo sur les apprentissages fondamentaux

« Lire, écrire, compter, respecter autrui » = les seuls fondamentaux de l'école ? Les universitaires Claude Lelièvre, Eveline Charmeux, Joël Briand, Anne ClercGeorgy et Patrice Gourdet expliquent lors de l'Université d'automne 2019 du SNUipp-FSU combien l'ensemble des apprentissages contribuent à la formation des futurs citoyens et citoyennes. Vidéo de 4’24. https://youtu.be/nh_hkzK59cY

uVidéo sur lire, écrire, compter et coder Savoir coder, est-ce la nouvelle compétence indispensable au XXIe siècle ? Et à partir de quel âge peut-on commencer à apprendre la programmation informatique ? Eléments de réponse dans ce nouveau numéro de Learning World. Vidéo de 10’29. https://youtu.be/6J4WimrpkHY

Bibliographie de la Documentation pédagogique Le secteur documentation pédagogique de la Médiathèque Valais de Saint-Maurice livre quelques suggestions de lecture pour aller plus loin dans ce dossier. Tous les documents proposés sont bien sûr disponibles à la Médiathèque Valais de SaintMaurice (cf. cotes indiquées) et pour certains à Sion également.

Toulouse, Presses universitaires du Midi, 2017 Cote : 371.214(4) PROG

BALDY, RENE., Dessiner, lire, écrire, calculer : un regard neuf, Paris, In press, 2018 Cote : 371.3 DESS

Pour aller plus loin Pearltrees (sites internet, vidéos…) en lien avec la thématique https://bit.ly/2U2slc8

GAUTHIER, ROGER-FRANCOIS., Crise des programmes scolaires : vers une école de la conscience ?, Boulogne-Billancourt, Berger-Levrault, 2019 Cote : 37.014(44) GAUT

VERGNOLLE MAINAR, CHRISTINE., Programmes et disciplines scolaires : quelles reconfigurations curriculaires ?,

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DESJARDINS, JULIE., Comment changent les formations d’enseignants ? – recherches et pratiques, Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, 2017 Cote : 371.13 COMME

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> ENSEIGNANTS-PARENTS

Des pistes pour mettre en œuvre la continuité pédagogique Pendant cette période de continuité pédagogique à la maison, il est possible de puiser des idées dans de nombreuses ressources existantes (certaines sont exceptionnellement mises à disposition gratuitement durant une période limitée ou tout le temps de la fermeture des écoles). A noter aussi que des projets, parfois un peu bricolés dans l’urgence, mais souvent très créatifs, viennent compléter l’offre printanière.

L'école à la maison ? ABC de pédagogie pour temps d'épidémie

Vade-mecum à télécharger De A comme Autonomie à Z comme Zut, en passant par D comme Dessin ou S comme Sciences (définition du coronavirus) ou encore Y comme Yoga, ce petit ABC de pédagogie (pour temps d’épidémie), rédigé par Olivier Maulini de l’Université de Genève, s’adresse à toutes les personnes soucieuses, mais aussi curieuses de ce qu’elles peuvent personnellement trouver et offrir comme repères dans cette période troublée, en faisant confiance au travail et aux consignes des enseignants, mais en cherchant – comme le reste de l’année et comme l’école les y invite accessoirement – les meilleurs moyens de compléter l’action des professionnels. www.unige.ch/fapse/life

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contenus éducatifs sont proposés par RTS Découverte sur le digital et RTS 2. Tania Chytil anime l’émission Y’a pas école ?, du lundi au vendredi de 15 h à 16 h. www.rts.ch Chaîne TV France 4 Pas d’école ?

Maintenir son niveau avec RTS Découverte et les émissions de la RTS Les écoles sont fermées. Mais avec RTS Découverte, on continue d'apprendre à la maison ! Le site éducatif de la RTS (Radio télévision suisse) se mobilise pour proposer aux enseignants, aux parents et aux écoliers ses dossiers pédagogiques. Retrouvez de nombreux dossiers en lien avec le Plan d'études romand, classés par domaines disciplinaires et en fonction de l'âge des élèves. Infographies, explications animées, reportages de la RTS… www.rts.ch/decouverte

RTS

Programmes ludiques et éducatifs Répondant dans l’urgence aux préoccupations du public, la RTS adapte ses programmes. Des émissions consacrées aux enfants et adolescents sont également diffusées, comme Brouhaha en radio, et des

Programmes pédagogiques France 4, de France Télévision, modifie sa programmation pour diffuser en direct des cours dispensés par des professeurs de l'Education nationale. La chaîne propose ainsi des cours donnés par des professeurs pour tous les scolaires du lundi au vendredi : 9 h -10 h pour les CP - CE1 : 30 min de lecture et 30 min de maths 10 h - 11 h programmes ludo-éducatifs pour les pré-scolaires 13 h 30 -14 h C'est toujours pas sorcier, notamment pour les 8 -12 ans 14  h - 15  h pour les collégiens  : 30 min de français et 30 min de maths 15 h -16 h pour les lycéens (notamment les premières et les terminales) : 1 h de Français, Maths, Histoire-Géo, Anglais ou Philo 16  h - 16  h  50 La maison Lumni pour les 8 -12 ans et plus spécifiquement pour les CM1 - CM2 www.france.tv/france-4 Plateforme Lumni

De quoi réviser La plateforme Lumni, mise en place par France TV, Arte, Radio France, RFI, l'INA ou encore le Réseau Canopé, propose des vidéos, de l'audio, des jeux ou encore des articles,

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RUBRIQUES

en accès libre et gratuit. Enseignants et éducateurs sont invités à piocher dans plus de 10 000 contenus, classés par niveaux et disciplines. www.lumni.fr

dans certains pays, les personnes soient invitées à rester chez elles, il n’est pas impossible de se rendre aux musées, du moins virtuellement. En effet, plusieurs institutions ayant numérisé partiellement, ou totalement, leurs collections, rendent accessibles gratuitement leurs contenus en ligne. Tour d’horizon de 16 musées à visiter depuis son canapé. https://bit.ly/2QzGN9w Musée Pompidou

Mon œil, web-série pour les enfants Un concentré de création à découvrir chaque mercredi grâce à la nouvelle web-série du Centre Pompidou « Mon œil » (dès 5 ans) ! https://youtu.be/jPt2_ZMYIqM

Les fondamentaux

Des films agités pour bien cogiter sur Canopé Sur le site du réseau Canopé (réseau français de création et d’accompagnement pédagogique), découvrez plus de 400 films d’animation pour apprendre, de façon ludique, les notions fondamentales de l’école élémentaire en français, mathématiques, sciences, technologie, enseignement moral. www.reseau-canope.fr/lesfondamentaux Voir aussi les ressources Canopé pour faire l’école à la maison www.reseau-canope.fr

Espace des inventions

Activités à faire à la maison  En cette période propice à la créativité, l’Espace des inventions, à visiter d’ordinaire à Lausanne, propose quelques idées d'expériences scientifiques et techniques à faire à la maison. https://bit.ly/2J1lCsK

en restant chez soi (activités dès 4 ans). A signaler tout particulièrement les techno goûters (capsules vidéos) de la HES-SO Valais pour curieux et curieuses en situation de confinement qui peuvent se réaliser avec un ordinateur et une connexion internet (avec ou sans le robot Thymio). https://bit.ly/2wqJt2n https://youtu.be/3eH5fEn3o88 Comparaison des systèmes scolaires francophones

Par exemple 6H = CM1 en France A quoi correspond la 6H (6e HarmoS) en France, en Belgique ou au Canada ? Vous trouverez via le site de Première rentrée un tableau qui récapitule toutes ces informations précieuses pour s’y retrouver dans les différentes ressources. Et vous trouverez aussi un tableau comparatif des cantons romands, puisque chacun continue d’avoir des spécificités. https://bit.ly/2WJ7WuL

Et aussi pour les enseignants… Plan d’études romand - Ressources numériques https://bdper.plandetudes.ch/ressources www.ciip-esper.ch/# La Plattform, ressources numériques à caractère pédagogique https://laplattform.ch/fr/login

Résonances à votre service Musées du monde

Visites virtuelles depuis son canapé

Robotique à la maison

En raison de la pandémie de coronavirus, pléthore de musées et d’institutions culturelles ont fermé leurs portes à travers le monde. Bien que

Vous trouvez dans cette newsletter, qui a été anticipée d'une semaine, un premier groupe de 18 idées pour explorer la robotique et la technologie

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Newsletter EPFL

Aimeriez-vous que Résonances aborde l’une ou l’autre thématique ? Dans ce cas, n’hésitez pas à communiquer vos souhaits. Et n’oubliez pas que vous avez une rubrique carte blanche à disposition… www.resonances-vs.ch

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> ENSEIGNANTS-PARENTS

La continuité pédagogique sous l’angle numérique

MOTS-CLÉS : SIMPLIFIER • RALENTIR Quels conseils pourraient s’avérer utiles à certains enseignants et/ou parents qui doivent faire un saut vers le numérique quelque peu vertigineux, avec la continuité pédagogique à la maison en cette période d’épidémie Covid-19  ? Afin d’en partager quelques-uns, nous avons questionné Dominique Aymon, responsable du pôle pédagogique pour la scolarité au sein du Centre ICT-VS, Corinne Ramillon, chargée d’enseignement et responsable francophone pour l’éducation numérique à la HEP-VS, ainsi que Christian Fantoli, professeur associé en technologies éducatives à la HEP-VD, mais aussi chef de projet

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et social manager du service de la Banque de ressources pédagogiques des enseignants vaudois (BDRP rassemblant 3762 ressources en date du 20 mars 2020).

« Nous devons être attentifs à ne pas créer des inégalités avec la continuité pédagogique à la maison. » Dominique Aymon

Pour nos trois spécialistes de l’éducation du numérique, les mots-clés du moment, au niveau de l’accès aux nouvelles technologies pour les enseignants et les parents, sont : simplification et ralentissement. Ainsi que l’explique Dominique Aymon, « il s’agit de partir de modes de communication

basiques, incluant le courrier postal et pas seulement l’e-mail, et de ce que les élèves savent déjà faire avec le numérique, en enrichissant très progressivement ». Et d’ajouter : « Nous devons être attentifs à ne pas créer des inégalités avec la continuité pédagogique à la maison. » Corinne Ramillon va dans le même sens, précisant que ce sont les outils les plus simples et accessibles à tous les élèves dans leur environnement familial qui doivent être privilégiés. « Si la RTS met en place des programmes éducatifs comme France 4, en plus du site internet RTS Découverte, cela offrira aux enseignants des occasions de scénariser aussi la télévision », confie la spécialiste du numérique à la HEP-VS. Christian Fantoli reprend pour sa part les suggestions déposées par Amaury Daele, professeur HEP associé à la

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RUBRIQUES HEP-VD, sur la BDRP. Dans un document intitulé « 10 activités pour l’enseignement à distance », ce dernier évoque trois questions que l’enseignant pourrait se poser dans cette situation particulière1 : « Quels sont les éléments à aborder dès maintenant et quels sont ceux que je peux reporter ? Quels sont les éléments que les élèves peuvent aborder en autonomie et quels sont ceux pour lesquels ils/elles ont absolument besoin de moi ? Et y a-t-il des moments nécessairement synchrones et d’autres qui peuvent être organisés de façon asynchrone ? »

« Tout le monde a envie de bien faire, mais il faut éviter de se surinvestir et plutôt y aller par petites touches. » Christian Fantoli

Corinne Ramillon suggère de mettre en place une organisation familiale du lundi au vendredi au niveau de l’utilisation des outils numériques : « Il faut organiser un tournus, et lorsque les parents sont en télétravail, leur activité professionnelle, avec ses contraintes horaires, doit évidemment primer. » Concernant les tâches des élèves à la maison, elle estime que le temps devant les écrans (d’ordinateur ou de tablette, mais pas de smartphone, dont l’utilisation régulière serait préjudiciable à la santé des enfants et des ados) ne doit absolument pas dépasser trois heures par jour (et pour les plus petits, c’est naturellement moins), à répartir en plusieurs moments dans la journée (par exemple, le matin pour récupérer ce que les enseignants transmettent, une visioconférence ou un travail en ligne l’après-midi et le dépôt des documents pour l’enseignant le soir). « L’essentiel du travail de l’élève à la maison se fait hors numérique, avec ce qui l’entoure au quotidien, et de manière ludique », insiste-t-elle. Elle conseille également aux parents de

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vérifier si les documents transmis par l’enseignant ne se retrouvent pas dans le matériel scolaire, de façon à éviter une utilisation excessive des imprimantes.

collègues et entre élèves, même si pour ces derniers il sait qu’ils ont l’habitude de garder le contact à distance.

L’ENSEIGNANT, LIEN AVEC LES ÉLÈVES ET LES PARENTS

« La force du numérique c’est de pouvoir maintenir ce lien, avec le danger pour l’enseignant de vouloir démultiplier les contacts individuels avec les élèves, jusqu’à l’épuisement, et il est fondamental de veiller à ne pas placer trop d’attentes sur les parents qui ont leur travail au quotidien à gérer », commente Dominique Aymon. Le risque de surcharge inquiète également Christian Fantoli qui pense essentiel de ne pas donner trop d’activités aux élèves et de ne pas aller vers une aide individualisée de la part de l’enseignant. « Tout le monde a envie de bien faire, mais il faut éviter de se surinvestir et plutôt y aller par petites touches », prévientil. De l’avis de Corinne Ramillon, « les enseignants doivent comprendre qu’il ne s’agit pas de faire l’école à la maison, mais de permettre aux enfants de consolider l’existant, en préconisant des jeux et en ne fixant pas de nouveaux objectifs d’apprentissage, de façon à ce que les familles puissent vivre en paix. »

Du fait de la fermeture des écoles et de la continuité pédagogique à la maison, l’école et la famille sont étroitement reliées pour entourer l’enfant-élève, chacun conservant toutefois son rôle, car il n’est en aucun cas attendu que le parent enseigne, cette tâche étant celle de l’enseignant à distance. Comme le note Dominique Aymon, « ce qui est nouveau, c’est d’avoir à communiquer simultanément avec les parents et les élèves ». Pour lui, le principe de simplicité vaut aussi dans la manière de dialoguer avec les familles, sachant que toutes n’ont pas de solides connaissances et compétences numériques, même si les écarts tendent à se réduire, en particulier au niveau des équipements à disposition. Pour gérer cette situation inédite, le responsable du pôle pédagogique du Centre ICT-VS observe que les enseignants – qui eux-mêmes n’ont pas une maîtrise du numérique homogène, tant au niveau individuel qu’institutionnel – cherchent les meilleures solutions pour assurer cette continuité. Ainsi que le souligne Christian Fantoli, « l’enseignant doit s’approprier de nouvelles démarches pour enseigner à distance, dès lors il est primordial que les parents lui donnent le droit à l’erreur, sachant que des ajustements vont se faire ». Au niveau des bonnes pratiques numériques pour nourrir la motivation des élèves et maintenir le lien grâce au numérique, Dominique Aymon cite l’exemple d’enseignants qui ont envoyé des petites vidéos de soutien et d’accompagnement à leurs élèves et continueront à le faire, de façon à essayer d’éviter le piège de l’isolement et du décrochage. Pour Christian Fantoli, il est important que l’échange se déroule aussi entre

« L’essentiel du travail de l’élève à la maison se fait hors numérique. » Corinne Ramillon

Dominique Aymon, Christian Fantoli et Corinne Ramillon ont en outre quelques craintes concernant la robustesse des réseaux, avec toutes ces activités de télétravail des grands et des petits, potentiellement perturbatrices, et promeuvent une utilisation responsable de la fibre. C’est aussi une façon de préparer l’aprèscrise. « Si à la maison les élèves à distance, en particulier les ados, passent trop de temps devant les écrans, ils n’auront pas envie de retourner à l’école », analyse Corinne Ramillon. Et de poursuivre : « Avant la réouverture des classes, il est impératif que l’on ait mesuré les dimensions où le

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numérique apporte une plus-value pédagogique en lien avec cette expérience d’apprentissage à distance et à grande échelle. » Via cette collaboration entre enseignants et parents, pour la suite de nouveaux espaces de collaboration avec les familles seront à imaginer. Autre élément réjouissant, il semble que les échanges de compétences s’opèrent au niveau intercantonal, même si l’urgence cantonale pour l’heure prime. Et relevons aussi l’élan de solidarité qui incite de nombreux sites à ouvrir les accès à leurs ressources pédagogiques gratuitement. Les défis de la continuité pédagogique sont nombreux, mais, comme le relèvent nos trois spécialistes du numérique à l’unisson, grâce au professionnalisme des enseignants et des directions ainsi qu’à la bonne coopération avec les parents, ils devraient être surmontés de manière graduée, grâce aux mots-clés du moment, à savoir simplicité et ralentissement. Nadia Revaz Notes 1 https://bit.ly/3bfgDRh

Site d’animation pédagogique à distance www.hepvs.ch/animation-pedagogique-a-distance

Bib numérique Bibliothèque numérique de la Société pédagogique valaisanne (SPVal) www.spval.ch/bibliotheque-numerique

Ressources romandes BDRP Banque de ressources pédagogiques des enseignants + page Facebook BDRP #ContinuitePedagogique www.bdrp.ch

Learnflow Plateforme de création, suivi et partage de parcours d’apprentissage numériques en ligne www.learnflow.ch Des groupes facebook pour les enseignants romands (et d’ailleurs !) Enseignants romands Covid-19 Enseignants des années 1 à 4 HarmoS Enseignants des années 5 à 8 HarmoS Enseignants des années 9 à 11 HarmoS

Bon pour la tête

La lettre d’un directeur à ses élèves Le site du média suisse en ligne Bon pour la tête a publié la lettre d’un directeur de lycée milanais à ses élèves au moment où les écoles ont fermé à Milan. Prenant appui sur Manzoni, Domenico Squillace, directeur du lycée technique Volta à Milan, a écrit à ses élèves. Sa lettre a fait le buzz. « Un délicieux antidote à la panique », comme le souligne Anna Lietti. A lire ou à relire. https://bit.ly/3akzIBL

Pour aller plus loin Arbre à perles (pearltrees.com) rassemblant des sites internet, des vidéos… en lien avec la thématique de la fermeture des écoles et de la continuité pédagogique. https://bit.ly/2wsZZ1L

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EN RACCOURCI Crise actuelle du coronavirus

Questionnement autour de l’enseignement à distance

La crise actuelle du coronavirus permet d'entendre qu'il serait possible d'enseigner à distance aussi bien à l'école primaire qu'au lycée et au collège grâce en particulier au CNED. Bruno Devauchelle, spécialiste du numérique à l’école, met en avant dans un article du 3 mars dernier sur « l’expresso » du Café pédagogique les préparations nécessaires du côté des professeurs et des élèves pour y parvenir, sachant « qu’il ne suffit pas d'aligner des vidéos, des textes, des animations, des applications pour réaliser un enseignement à distance de qualité ».  https://bit.ly/32M4AYL

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RUBRIQUES > RÉFLEXION

Regard d’Alain Bouvier sur l’impact de la crise Covid-19 sur l’école MOTS-CLÉS : INÉGALITÉS • APRÈS-CRISE Alain Bouvier, entre autres ancien recteur d'académie et actuel rédacteur en chef de la Revue internationale d’éducation de Sèvres, avait écrit en 2009 un texte intitulé « L’école après la grippe porcine »1 qui résonne hélas avec l’actualité. Petite explication de texte. En redécouvrant votre article d’anticipation écrit en 20091, que modifierez-vous pour évoquer la crise actuelle due au Covid-19 ? Sur le fond, hélas rien n’a changé, même si je me suis trompé parce que j’imaginais alors – tout en espérant avoir tort – que nous serions touchés par des pandémies et qu’elles bouleverseraient l’école plus tôt. Onze ans plus tard, j’observe que la situation est légèrement différente, en raison d’une généralisation des outils numériques, même si l’école demeure en retard. Pour ce qui est des inégalités, craignez-vous toujours qu’elles se creusent après une période de continuité pédagogique à la maison ? C’est ma principale inquiétude. En raison des différences économiques et culturelles des familles, elles ne peuvent pas toutes apporter le même niveau d’aide à leur enfant et ceux qui en ont les moyens n’hésiteront pas à acheter des services supplémentaires. L’impact sur ce creusement des inégalités dépendra principalement de la durée de la fermeture des écoles.

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Le système éducatif était insuffisamment préparé à ce choc… Oui, mais comment reprocher quoi que ce soit à qui que ce soit, d’autant que cette impréparation est générale. En France, nous avons le CNED, spécialisé dans l’enseignement à distance, qui s’ajoute à ce que font les établissements, mais le défi reste de taille. Utiliser des outils adaptés à des situations ordinaires devient de toute façon vite complexe à grande échelle. Que se passera-t-il lorsque les élèves retrouveront le chemin de l’école ? Certains parents et enfants auront des envies de poursuivre l’école à la maison, et cette problématique, même si marginale, se posera. Par ailleurs, les élèves qui auront travaillé essentiellement avec des outils numériques ne seront pas prêts à retourner dans une école qui ne propose pas a minima des dispositifs hybrides. A partir de la situation actuelle, à quoi faut-il être attentif désormais ? Le plus important, c’est de penser rapidement à la sortie de crise, car, si elle n’est pas préparée, elle engendrera une autre crise d’un autre type. Il n’y aura pas de coup de sifflet pour arrêter la fin de la mi-temps permettant de tout reprendre là où on était avant. Dans votre texte de 2009, vous releviez que les parents chercheraient de nouveaux équilibres avec les enseignants… Après une longue période où il n’y a plus de frontière entre l’école et les congés scolaires, ce sont les

Alain Bouvier

parents, et eux seuls, qui ont les clés du système éducatif, même si les enseignants interviennent en appui. Lorsque les écoles sont fermées, les familles ont besoin des enseignants et vice-versa, mais ensuite le dialogue devra se poursuivre. La crise contient-elle aussi une opportunité pour faire évoluer la machine scolaire ? Oui, je le crois, à condition que très vite et collectivement le milieu pédagogique essaie de bien préparer la sortie de crise. Le métier d’enseignant va-t-il se transformer ? Aujourd’hui, en France comme en Suisse, on ne peut pas dire que le corps enseignant est très à l’aise avec un usage pédagogique des nouvelles technologies, et là l’innovation sera plus rapide et massive. Après, il est impossible de savoir comment s’écrira l’avenir. Propos recueillis par Nadia Revaz Note 1 https://bit.ly/2wdXgtc

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> LIVRES

La sélection du mois d’autres relèvent davantage du mythe. L’ouvrage vise à aider à comprendre ce qu’il se passe au cœur de l’enseignement. Collectif « Didactique pour enseigner » (2020). Enseigner, ça s’apprend. Paris : Retz.

Enseigner, ça s’apprend Un nouvel ouvrage vient compléter la collection « Mythes et réalités », pour déconstruire l’idée largement répandue qu’enseigner ne s’apprend pas et qu’il suffirait de bien apprendre un contenu disciplinaire pour bien enseigner. De cette vision découle un certain nombre d’idées qui gravitent autour du terme « enseigner ». Chapitre 1 : Evaluer, c'est mesurer les progrès des élèves. Chapitre 2 : ll faut différencier ! Chapitre 3 : Enseignement constructiviste ou enseignement direct : il faut choisir. Chapitre 4 : Pour enseigner, il faut obtenir l'attention des élèves. Chapitre 5 : Maîtriser les savoirs suffit pour enseigner. Chapitre 6 : Enseigner, c'est faire le programme. Chapitre 7 : Les élèves ne peuvent apprendre s'ils n'ont pas les « bases ». Chapitre 8 : A l'école, on n'apprend pas en imitant. Chapitre 9 : Pour mieux enseigner, il faut s'appuyer sur les résultats de la recherche. Si certaines de ces idées ont une part de réalité,

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Citation extraite de l’ouvrage « […] enseigner, ça s'apprend et ça s'enseigne. La démonstration de cette assertion nous permettra de contribuer, nous l'espérons, à l'avènement d'une profession de professeur heureusement émancipée de son passé de semi-profession. Notons également que le passage d'une semi-profession à une profession, pour le métier de professeur du primaire et du secondaire, réclame selon nous le changement drastique d'une autre profession, celle de chercheur en éducation, qui peut jouer un rôle majeur dans ce passage. »

Tel Icare, nous pouvons nous brûler les ailes dans l'utilisation des solutions numériques, au point d'y perdre notre vie. Mais nous pouvons aussi suivre l'exemple de son père Dédale qui trouve la juste distance entre ciel et terre, et faire émerger une posture d'équilibre qui nous permette de tirer le plein potentiel des solutions technologiques tout en cultivant notre nature d'être humain. »

Restez zen, vos enfants sont connectés Le numérique est incontournable. A nous d'apprivoiser le dragon pour éduquer intelligemment les enfants ! Nombreux sont les parents et les enseignants désemparés face à des enfants happés par les mondes virtuels. Comment éviter les effets néfastes d'une trop longue exposition aux écrans ? Comment lutter contre l'addiction aux jeux vidéo ? Comment surmonter l'avalanche de sollicitations sur Internet, source d'inattention ? Bref, comment garder le contrôle ? Science de la conscience, le yoga donne les clés d'un savoir-être au monde qui pourrait inspirer les enfants à faire bon usage du numérique : sortir d'une bulle virtuelle pour renouer avec l'entourage, développer l'esprit critique contre les fake news ou l'empathie contre le cyberharcèlement, dompter son mental pour augmenter l'attention et la concentration, mieux apprendre… Sophie Flak, membre du Conseil national du numérique, professeure à Sciences Po à Paris et présidente de l'Association RYE (Recherche sur le yoga dans l'éducation), et Jacques de Coulon, ancien recteur, président du Conseil de l'éducation en Suisse ayant participé à la fondation du RYE, proposent une réflexion en 14 chapitres (de l’hygiène numérique, reboiser son intériorité pour apprivoiser le savoir, Numericus apprend à se concentrer…) et 40 exercices (j’allonge mon souffle, l’énergie s(c)olaire, une séquence numérique vraiment vécue…). Sophie Flak et Jacques de Coulon (2020). Restez zen, vos enfants sont connectés – Comment le yoga aide les enfants à garder le contrôle à l’ère numérique. Paris : Payot & Rivages. Citation extraite de l’ouvrage « Le numérique porte en germe des risques de dissolution de soi tout comme de formidables possibilités de lien à autrui.

La classe flexible La classe flexible, on en entend beaucoup parler... mais on ne sait pas trop comment ça fonctionne et comment en appliquer les principes. Ce guide s’appuie sur les fondements pédagogiques (Maria Montessori, en l'occurrence) et neuroscientifiques de la classe flexible. Renaud Keymeulen, Justine Henry et Alix Longlez (2020). La classe flexible : je me lance ! Cycles 1, 2, 3 et secondaire. Louvain-la-Neuve : De Boeck Supérieur, collection Clés pour enseigner et pour apprendre. Citation extraite de l’ouvrage « L'aménagement d'une classe flexible repose souvent sur la bonne volonté d'un enseignant qui puise dans son porte-monnaie pour financer un ou deux ballons et quelques coussins. Dans ce

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RUBRIQUES cas-là, nous parlerons de classe “semi-flexible”. Nous vous proposons de travailler le concept de classe flexible. Il ne s'agit pas de vous contenter de changer quelques assises, mais bien de transformer votre classe en créant des espaces qui donneront aux élèves la possibilité d'apprendre dans un environnement différent : par son mobilier, par le matériel mis à disposition, par la tâche proposée. etc. »

Précis d’ingénierie pédagogique Cet ouvrage propose une théorie de l'ingénierie pédagogique en 3 actes : l'acte d'apprendre, l'acte d'enseigner et l'acte de concevoir un enseignement. Cette théorie est ensuite appliquée à 11 disciplines et niveaux d'enseignement très diversifiés. Véritable précis d'ingénierie pédagogique qui s’inscrit dans une double continuité par rapport à l'ouvrage Comment concevoir un enseignement ? , à savoir préciser les bases théoriques de l’ingénierie pédagogique et fournir de nombreux exemples pour soutenir sa mise en œuvre. Exemples présentés faisant écho à la « théorie des 3 actes » : 1. Enseigner les expériences totalitaires dans l'entredeux-guerres (Histoire, collège). 2. Enseigner l'écriture d'un poème (Français, collège). 3. Enseigner le concept de « Technologie au collège » (Technologie, collège). 4. Enseigner l'écoute musicale (Musique, collège).

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5. Enseigner le système de numération (Sciences de l'ingénieur, lycée). 6. Enseigner le dosage spectrophotométrique (Chimie, lycée). 7. Enseigner le schéma cinématique (Technologie, lycée). 8. Enseigner l'accord mets-vins (Hôtellerie-restauration, lycée). 9. Enseigner le calcul littéral (Maths, université L1). 10. Enseigner la résolution de problèmes de mécanique (Sciences de l'ingénieur, Formation des maîtres). 11. Enseigner l'ingénierie pédagogique (Université Master, Formation d'Enseignants).

tout son organisme. Le neuroscientifique Jerzy Vetulani explique comment notre cerveau fonctionne. Il explicite ce qui le façonne et souligne l'impact de tout ce que nous apprenons, pensons, fabriquons ou consommons sur notre développement intellectuel et émotionnel.

Manuel Musial et André Tricot (2020). Précis d’ingénierie pédagogique. Louvain-la-Neuve : De Boeck Supérieur, collection Pédagogies en développement.

Jerzy Vetulani, Maria Mazurek et Marcin Wierzchowski (2019). Le rêve d’Alice ou comment le cerveau fonctionne. Bâle et Lausanne : Helvetiq. A partir de 8 ans.

Citation extraite de l’ouvrage « Ce qui caractérise fondamentalement l'ingénierie pédagogique, c'est que les décisions y sont prises de manière consciente et rationnelle : ce qui implique notre capacité à remettre en cause notre mode de pensée rapide, plutôt impulsive et intuitive, et à convoquer notre mode de pensée lente, caractérisé par la réflexion et la logique. Autrement dit, l'ingénierie pédagogique est fondée sur notre scepticisme, qui questionne les pensées et les actes, à première vue séduisants, suggérés par notre système de pensée rapide. »

Le rêve d’Alice ou comment le cerveau fonctionne

Citation extraite de l’ouvrage « Par exemple, le complexe amygdalien est responsable de la colère, de la peur et de l’agressivité. Les scientifiques l’appellent aussi dans leur jargon l’amygdale, car c’est son nom latin (et le latin, chère Alice, contrairement à ce qu’on peut dire aujourd’hui, est une langue tout à fait compréhensible, pour qui veut bien se donner la peine de l’étudier). »

Alice dort après la journée passionnante qu'elle vient de vivre. Mais pendant qu'elle se repose et récupère, ses neurones continuent de fonctionner à toute vitesse. Alors que ses organes se disputent pour L’île de Victor savoir lequel est le plus important, le cerveau d'Alice emmène la Après Les yeux jeune fille dans un rêve inhabituel, qui la guide à travers de Bianca, album destiné à faire Apprendre est un jeu d’enfant connaître la La suggestion du mois de Daphnée malvoyance, L’île L’auteur, Christian Flavigny, est Constantin Raposo, de Victor offre pédopsychiatre et psychanalyste. Il nous enseignante un éclairage pour emmène dans un monde parallèle à celui mieux comprendre de l’éducation, un monde fait de tant et approcher la différence liée d’enjeux existentiels. Il nous invite à les déceler derrière les apprentissages fondamentaux que sont lire, écrire et compter. à l’autisme aux enfants. Cet album pour la jeunesse, écrit Par exemple, un enfant ne peut apprendre à compter que s’il par Marie Sellier et illustré par compte suffisamment pour ses parents. « Il convient d’insérer Catherine Louis, contient en l’apprentissage dans la dynamique psychoaffective de outre des pistes pédagogiques. développement de l’enfant », nous convainc-t-il. Partir du jeu, c’est allumer l’étincelle qui fait démarrer le moteur. Le jeu va permettre à l’enfant d’accéder à la symbolisation nécessaire à l’entrée dans l’écrit, à l’abstraction ou à la communication. Ce point de vue est innovant et très intéressant. Il met en mots les intuitions des professionnels de la petite enfance. Il définit la place essentielle du jeu dans la formation des enfants dès leur plus jeune âge. Dr Christian Flavigny (2019). Apprendre est un jeu d’enfant. Paris : Editions In Press.

Marie Sellier et Catherine Louis (2020). L’île de Victor. Lausanne : LEP. Citation extraite de l’ouvrage « Il est bizarre, il est étrange, il fait même parfois un peu peur, Victor. Et nous aussi, il nous trouve bizarres, étranges… Nous aussi, nous lui faisons peur. »

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> RÉFLEXION

Regard d’Eva Green sur les Mystères de la peur Absolument, elle résume bien la situation que nous vivons. Le virus, invisible en tant que tel, induit néanmoins une peur profonde, car on sait qu’il est dangereux. Le « envahit tout » a plusieurs significations, dans le sens où l’on est bombardé d’informations à son propos, mais aussi parce que notre quotidien, avec la fermeture des écoles et le télétravail généralisé, a brutalement et drastiquement été modifié.

MOTS-CLÉS : PSYCHOLOGIE SOCIALE • SOLIDARITÉ Les Mystères de la peur, écrit par Bruno Pellegrino, avec la collaboration de différents spécialistes de cette émotion, a été publié en partenariat avec l’Université de Lausanne, à l’occasion des Mystères de l’UNIL de 2019 sur les émotions. Eva Green, professeure de psychologie sociale à l’Université de Lausanne, y avait apporté son regard à la lumière de sa discipline. Eva Green, de quelle façon s’est déroulée votre collaboration avec l’auteur ? J’ai longuement discuté avec Bruno Pellegrino pour évoquer mes recherches sur la peur de l’autre dans les sociétés multiculturelles. Son livre de fiction contient aussi un encadré théorique sur cette thématique. « Comment vaincre une peur qui n’a ni forme ni couleur et envahit tout? » Cette question, présente dans le livre, a-t-elle un écho particulier dans le contexte actuel ?

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Il y a une autre phrase du livre qui interpelle, à savoir « Nous avons plus peur que nécessaire, et la société entière nous y encourage. ». Avons-nous vraiment plus peur que nécessaire ? D’un côté la peur est normale, mais de l’autre le fait qu’il soit question du virus partout amplifie l’angoisse, ce qui est surtout difficile à vivre pour des personnes vulnérables se trouvant dans des situations précaires et fragilisées. Les enfants manifestent leur besoin de parler d’autre chose. Même s’il faut mettre des mots sur les peurs, les adultes doivent veiller à ce que cette peur ambiante ne soit pas trop envahissante et laisse place à la confiance. Il faut aussi dire aux enfants que les scientifiques, le personnel médical et les politiciens travaillent tous ensemble pour gérer la situation. La peur de l'autre, pour cause de virus, ne risque-t-elle pas d'être paralysante? Par moments, la méfiance envers l’autre augmente, en particulier dès que l’on sort de chez soi puisque l’on doit veiller à garder ses distances avec tout le monde. Mais à d’autres

instants, nous vivons tous ensemble des actions de solidarité intenses, même à distance. Le lien social me semble renforcé, sans pouvoir pour autant présager de l’avenir. En tant que professeure de psychologie sociale, quels conseils donneriez-vous pour gérer la peur ? Il est important de ne pas porter la peur seul et de partager des moments qui nous relient aux autres. Les enfants, via les appels vidéos ou les réseaux sociaux, peuvent échanger à distance avec leurs grands-parents, leurs cousins et leurs amis. Comme nous luttons tous ensemble contre ce virus, de tout petits gestes collectifs permettent de se détourner de la peur. Propos recueillis par Nadia Revaz

A propos du livre Pour tenter d’apprivoiser l’émotion de la peur qui lui échappe, Lou a rendez-vous à l’Institut P.É.T.O.C.H.E. (Peurs, Epouvantes et leur Traitement Organisé, Ciblé et Hautement Efficace)… Bruno Pellegrino et Rémi Farnos (2019). Les Mystères de la peur. Genève : La Joie de lire. A partir de 10 ans. https://bit.ly/3afYyCz Avec l’accord de la maison d’édition, quelques pages du livre sur www.resonances-vs.ch

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RUBRIQUES > RÉFLEXION

Regard de Daniel Favre sur l’éducation à l’incertitude

Daniel Favre

MOTS-CLÉS : PENSÉE NON DOGMATIQUE • HUMOUR Daniel Favre, professeur honoraire des Universités à Montpellier et docteur en neurosciences et en sciences de l’éducation, a non seulement rédigé un article dans le dossier du mois (cf. p. 8), mais il est aussi et surtout l’auteur d’Eduquer à l’incertitude et de Cessons de démotiver les élèves. Au vu des circonstances particulières liées au coronavirus Covid-19, il semblait évident de l’interroger en lien avec l’éducation à l’incertitude. A noter encore que Daniel Favre a côtoyé Edgar Morin dans sa formation de 1984 à 1987, ce qui a fait évoluer son modèle des motivations dans le sens de la complexification. Avec la crise actuelle, comment ne pas se réfugier dans des certitudes ? Les mesures prises engendrent la peur. Certains se disent que s’il faut aller aussi loin, c’est qu’on ne nous dit pas tout. Face à l’incertitude, je propose de recourir aux règles de

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la pensée non dogmatique, en allant chercher les contre-évidences. Pourquoi nous parle-t-on de 75 % de contamination inévitable en France, alors qu’en Chine il y a, en date du 18 mars, environ 80'000 cas confirmés sur 1,4 milliard d’habitants, avec une courbe descendante ? Il s’agit de prendre conscience que l’on n’a pas les moyens de certaines affirmations et d’être capable de percevoir les discours contradictoires. Faire un parallèle avec la grippe espagnole sans fondement, c’est favoriser le phénomène de transe hypnotique collective. En quoi consiste la THC ? Ce phénomène, étudié par Adam Crabtree, empêche de penser autrement. Plus nous avons peur, plus nous sommes dans la THC et plus nous allons avoir un besoin addictif de certitudes. Nous le voyons bien avec les chaînes d’informations qui ont un pouvoir hypnotique, en redonnant en boucle les mêmes infos.

« Face à l’incertitude, je propose de recourir aux règles de la pensée non dogmatique. » Admettre la complexité du monde réel n’est pas toujours chose aisée… Certes, mais la simplification a pour effet d’engendrer des émotions qui à leur tour vont nous priver de notre liberté de penser de manière autonome. Peut-on dire qu’éduquer à l’incertitude, c’est s’entraîner à prendre du recul ?

Oui et pour ce faire, il faut des informations sur des sources fiables, en essayant de les recouper. Face à certaines interrogations, et pour lesquelles nous n’avons pas de réponse, nous devons apprendre à vivre avec ces incertitudes-là, du moins pour le moment. Que conseilleriez-vous aux enseignants ou aux parents qui souhaitent éduquer à l’incertitude environnante ? L’important à mon sens est de faire entrer les jeunes dans la pensée non dogmatique, à savoir tenir compte de ce qu’ils ressentent, parce que la peur est là, pour très vite prendre de la distance avec certaines affirmations et accepter l’incertitude. Compte tenu du grand nombre d’inconnues dans l’équation, il s’agit de ne pas se rebeller contre les consignes décidées par les autorités, sans pour autant céder à la panique. L’humour est-il un ingrédient supplémentaire pour éviter cette panique ? Absolument, le rire et la pensée non dogmatique vont bien ensemble, l’un intervenant au niveau émotionnel et l’autre sur le plan rationnel. Ce virus aura-t-il des conséquences positives selon vous ? Assurément, car il aura ébranlé un certain nombre de dogmes dans bien des domaines. L’après Covid19 ne ressemblera pas tout à fait à l’avant. Le monde éducatif, comme d’autres, va probablement davantage réfléchir en termes de valeurs. Propos recueillis par Nadia Revaz

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> SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES

Manque de temps en SHS et interdisciplinarité MOTS-CLÉS : CYCLE 2 • EXEMPLES D’ACTIVITÉS Si je songe à mes années d’enseignement passées, j’avoue avoir toujours eu un « léger » problème à gérer le temps ! Que ce soit à la sortie de l’Ecole normale, après 20 années d’expérience et l’illusoire certitude de maîtriser le sujet ou à l’approche de mes dernières années d’enseignement, ce fameux « manque de temps » m’a toujours donné l’impression de passer à côté de belles aventures didactiques ! Ce désagréable sentiment de ne pas avoir permis à mes élèves d’aller jusqu’au bout de leurs découvertes était particulièrement fréquent dans les branches dites d’environnement. « Comment pouvoir couvrir tout le programme demandé avec 45 ou 50 minutes de géographie par semaine ? » « Le temps que mes élèves retrouvent leur livre et leur dossier et j’ai déjà perdu 10 minutes du cours ! » « Si seulement nous avions eu le temps et les moyens financiers de nous rendre à Martigny pour visiter la Fondation Gianadda et les ruines romaines ! » « Quel dommage d’avoir manqué cette belle exposition sur les insectes à la Maison de la nature ! » « Proposer à notre Commune plusieurs projets d’aménagements pour la parcelle laissée en friche derrière l’école… quelle chouette activité concrète pour mes élèves ! Dommage que ce soit resté une idée ! »

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Et pourtant, déjà lors de notre formation initiale, une solution nous était proposée pour trouver du temps. Les « anciens » de ma génération l’appelaient activité-cadre ; les plus jeunes préfèrent le terme d’interdisciplinarité ! Quelle idée… évidente et…

géniale ! Un seul problème ? Ça prend du temps pour le préparer ! Encore ce maudit temps qui file ! Malgré cette nécessité de « prendre son temps pour en gagner par la suite », voici quelques idées qui auront peut-être le mérite de capter votre intérêt.

Géographie 7-8H HM2 Jusqu’où va la ville ? Auteur : Anne-Loïse Lattion Degen, enseignante AC&M à Savièse Objectif de l’activité : Utiliser les connaissances acquises en SHS pour réaliser collectivement la maquette d’une ville ou d’un village futuriste, en s’inspirant des œuvres de l’artiste Bodys Isek Kingelez

Histoire 5-6H Vie quotidienne au Paléolithique Temps à disposition : 5 périodes conception du projet   une période d’institutionnalisation au terme de l’étude du Paléolithique recherche des matériaux naturels   une période d’éducation physique construction de la maquette   trois périodes d’ACM Objectif de l’activité : utiliser les connaissances découvertes durant l’étude d’une période préhistorique pour réaliser une maquette montrant la vie quotidienne des hommes

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RUBRIQUES

Histoire 5-6H Organisation sociale au Néolithique / Arts Auteur  : Coline Pilloud, enseignante en 5H à Savièse Objectif de l’activité : utiliser les connaissances découvertes durant l’étude d’une période préhistorique pour créer un décor rupestre à l’entrée de la classe

Géographie 7-8H LM1 Comment peut évoluer une petite localité touristique ? Document de base : Ressource numérique disponible sur la plateforme du PER   Le Snow-up dans les FranchesMontagnes (RN LM1-1) Objectif de l’activité : utiliser un document numérique des SHS pour travailler la compréhension de l’oral en L1

Ce ne sont que quelques exemples, mais bien d’autres possibilités d’activités interdisciplinaires existent et n’attendent que d’être concrétisées. Actuellement, un groupe d’animatrices

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et animateurs pédagogiques travaillent sur toute une série de projets qui seront progressivement déposés sur le site de l’animation de la HEP-VS. Si ce concept vous intéresse, n’hésitez

pas à vous y rendre de temps en temps pour découvrir les nouveautés. Alexandre Solliard enseignant et animateur SHS

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> ÉCOLE-CULTURE

Médiation culturelle et école : écho d’une journée d’études à la HEP-VS médiation numérique et médiation in situ, tout en soulignant leur complémentarité. Isabelle Milli, notamment directrice de l’IUFE et directrice de l'équipe de recherche en didactique des arts et du mouvement (DAM) à la Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation (FPSE) de l’UNIGE, a évoqué, sur un ton un brin provocateur, le fonctionnement compliqué du couple médiation culturelle et enseignement. Elle a surtout montré que leurs champs professionnels respectifs demeurent flous, alors que les actes de médiation et d’enseignement gagneraient à être mieux articulés.

Jérôme David, co-directeur du Bodmer Lab, lors de sa conférence

MOTS-CLÉS : ENSEIGNANT • MÉDIATEUR CULTUREL • RÔLE La journée sur les liens entre médiation culturelle et école, organisée à la HEP-VS le 4 mars dernier, a réuni un public regroupant des enseignants, des étudiants de la HEP-VS et des acteurs culturels, dont des médiateurs. Conférences, ateliers et table ronde étaient au programme. Jérôme David, co-fondateur et co-directeur du Bodmer Lab, mais aussi professeur de littérature à la Faculté des lettres ainsi qu’à l’Institut universitaire

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de formation des enseignants (IUFE) de l’Université de Genève (UNIGE), a présenté quelques aspects de la médiation au Bodmer Lab. Ce projet de recherche, fruit d'un partenariat entre l’UNIGE et la Fondation Martin Bodmer, visant à constituer une bibliothèque numérique de la littérature mondiale, est particulièrement intéressant dans la mesure où il s’inspire de la mutation des musées et des bibliothèques au niveau matériel et immatériel. Jérôme David a distingué les besoins spécifiques des trois publics du Bodmer Lab, à savoir les milieux académiques, le monde scolaire et les amateurs, et il a mis en évidence certaines différences entre

La troisième conférence du matin, par les voix de Séverine Debons Arlettaz, cheffe de la section publics et médiation aux Musées Cantonaux, Denis Reynard, archiviste aux Archives de l'Etat du Valais, Aline Héritier, responsable de la médiation culturelle à la Médiathèque Valais, et Hélène Joye-Cagnard, cheffe de la section de l’encouragement des activités culturelles, a permis de faire un tour d’horizon des propositions destinées aux écoles en Valais. Les quatre intervenants ont présenté une sélection de projets issus des trois institutions cantonales que sont les Musées cantonaux, la Médiathèque Valais avec ses divers sites, dont celui virtuel de l’emédiathèque, et les Archives cantonales ainsi que le programme de soutien cantonal Etincelles de culture à l’école. L’après-midi a permis aux participants de découvrir des exemples concrets de médiation culturelle

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RUBRIQUES dans l’un des trois ateliers proposés. Une table ronde, animée par Fabio Di Giacomo, co-directeur de la HEP-VS, a ensuite été l’occasion de revenir sur quelques éléments abordés au fil de la journée. Cette journée a été perçue comme une réelle opportunité pour autant qu’il y en ait d’autres, comme le relèvent plusieurs participants, dont Evelyne Nicollerat, bibliothécaire à la Médiathèque Valais à Saint-Maurice et responsable de la Documentation pédagogique à la Médiathèque Valais pour le Valais romand, et Xavier Gaillard, directeur du CO de Derborence à Conthey. « C’est une très bonne initiative de réunir des partenaires de l’école et de la culture pour mieux se connaître afin de collaborer plus efficacement », commente Evelyne Nicollerat, qui retient de cette journée un début de clarification des différents publics afin de mieux cibler les actions de médiation. Et elle ajoute : « Un partenariat ne pourra toutefois se mettre en place qu’en prenant le temps nécessaire et en tenant compte des contraintes spécifiques de l’école, avec le PER, et du monde culturel, avec son propre rythme de programmation. » Quant à Xavier Gaillard, il souligne que « les complémentarités entre enseignement et médiation culturelle deviendront assurément évidentes avec une réflexion commune, indispensable pour convaincre davantage d’enseignants de l’enrichissement à ce contact avec la culture et décloisonner un peu les branches, car toutes sont concernées ». Le directeur du CO met en avant un autre point : « Il s’agirait de réfléchir à la définition de l’objet culturel ou de patrimoine, car la médiation devrait aussi pouvoir sortir des institutions pour accompagner les enseignants au niveau local, sachant que toutes les écoles n’ont pas la chance d’avoir à deux pas un lieu d’exposition et un théâtre. » Evelyne Nicollerat et Xavier Gaillard pensent que l’invitation pour une future édition devrait être lancée plus

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Stefania Pinnelli, directrice du théâtre Alambic, lors de son intervention dans l’un des ateliers

largement, de façon à intégrer l’ensemble des directions d’école, les animateurs pédagogiques et d’autres acteurs culturels, dont les bibliothèques scolaires et communales du canton. Vivement la prochaine journée mise sur pied par la HEP-VS pour avancer dans la mise en place de ce partenariat…

INTERVIEW DE BARBARA SIEGRIST Barbara Siegrist, collaboratrice au Bodmer Lab pour la recherche, a présenté les Fables de Jean de la Fontaine en lien avec le numérique dans l’un

des ateliers. Tout en étant enseignante de français au cycle d’orientation à Genève, elle travaille dans le champ de la didactique de la littérature à la Faculté des Lettres et à l’IUFE de l’UNIGE, en étant assistante de Jérôme David, co-fondateur et codirecteur du Bodmer Lab. Avez-vous utilisé les Fables de la Fontaine numérisées dans vos classes ? Je vais les expérimenter prochainement dans ma classe de 9e année, avec des élèves plutôt scolaires, mais je l’ai déjà fait, alors que j’étais étudiante à l’IUFE, dans une classe de 11e année, composée de profils a priori moins scolaires. J’avais découvert cette thématique de l’enseignement de la littérature à l’ère du numérique, dans un cours donné à l’époque par Jérôme David et Chloé Gabathuler, ce qui m’a donné l’idée de mon sujet de thèse. Qu’est-ce qui est le plus intéressant avec cette approche de la littérature ? Entre le français, qui est une discipline traditionnelle, et le numérique, il y a

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du XVIIe siècle, les élèves vont développer, si l’on se réfère au PER, des compétences transversales liées aux MITIC en cours de français. Pour eux, cette approche offre une réelle plusvalue, bien au-delà du côté motivationnel de la tablette, en apprenant à tisser des liens entre les savoirs d’hier et d’aujourd’hui. Ce tissage de liens est-il motivant également pour les enseignants ? Je pense que pour certains il faut du temps pour oser sortir de la dimension du texte indépendamment de son support. Ceux qui franchissent le pas constatent que les élèves ne le perçoivent plus comme une abstraction.

Conte interculturel à deux voix dans le cadre du projet Pépites d’or

divers questionnements à exploiter en classe. Ce projet « La Fontaine à l’école numérique » a du reste été retenu par le Département de l’instruction publique, de la formation et de la jeunesse genevois dans le cadre d’un appel à projets pour l’innovation pédagogique dans le domaine numérique. Avec une équipe constituée de six enseignants du secondaire 1 et 2, dont je fais partie, nous exploitons le potentiel numérique de ces Fables pour l’articuler avec l’enseignement au cycle d’orientation et au collège. Les séquences élaborées dans ce cadre sont actuellement expérimentées dans certaines classes ou vont l’être bientôt. Que peuvent apprendre les élèves à travers cette démarche ? Avec ma classe, je vais me centrer sur les documents littéraires numérisés en tant que nouvel objet. L’idée, c’est de montrer aux élèves que s’ils cherchent une Fable de La Fontaine sur internet, ils découvriront quantité d’informations pas forcément fiables et qu’ils devront faire preuve d’esprit critique pour les trier, réfléchir à la question de la propriété intellectuelle, etc. Via les Fables de La Fontaine, datant

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Une fois les séquences testées, seront-elles disponibles en ligne ? Après un bilan et les adaptations nécessaires, l’objectif est de les rendre accessibles à tous les enseignants intéressés via le site du Bodmer Lab. En ayant participé à cette journée, quelle est votre impression ? J’ai trouvé particulièrement intéressant de travailler de manière conjointe avec les acteurs de la médiation culturelle. Comme j’enseigne le français, je fais régulièrement des sorties, par exemple au théâtre de Carouge, et je profite de l’offre de médiation culturelle, via les dossiers

pédagogiques ou en invitant la médiatrice dans la classe, avant d’aller voir la pièce, de visiter les coulisses, etc. Aujourd’hui, le savoir est accessible en ligne, aussi les rôles de l’enseignant et du médiateur culturel sont amenés à évoluer et nos élèves pourraient profiter d’une collaboration encore mieux définie.

INTERVIEW CROISÉE Fabio Di Giacomo, co-directeur de la HEP-VS, Isabelle Milli, avec ses différentes casquettes universitaires, et Chloé Gabathuler, étant à la fois du côté de la HEP-VS et du Bodmer Lab, ont accepté de croiser leurs regards au terme de la journée. Quel est votre commentaire global sur cette journée ? Chloé Gabathuler : L’objectif de réunir différents acteurs de la médiation culturelle et de l’enseignement est atteint. Nous pensions que chacun travaillait un peu trop isolément et les discussions de cette journée ont montré que notre hypothèse était fondée. Fabio Di Giacomo : Ce qui est apparu avec cette journée, c’est combien les rôles de la médiation sont méconnus dans le monde de l’enseignement et vice-versa. Le mérite de la conférence d’Isabelle a été de faire émerger les conceptions des uns et des autres. Isabelle Milli : Cette journée ouvre des pistes pour des activités culturelles

Fabio Di Giacomo, Chloé Gabathuler et Isabelle Milli

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RUBRIQUES

Table ronde avec Jean-Michel Baconnier, Isabelle Milli, Yann Vuillet et Jacques Cordonier

aboutissant à de réels apprentissages, évalués selon des critères définis et non pas en fonction de l'émotiomètre. Au niveau du couple médiation-enseignement, le problème se situe au niveau des structures symboliques, en lien avec la notion de contrat.

« Cette journée a été perçue comme une réelle opportunité. » Y a-t-il un moment que vous retenez plus particulièrement ? Isabelle Milli : Ce que j’ai trouvé particulièrement intéressant, c’est le rapport à l’activité des deux musiciens venus présenter les Symphonistes d’Octodure dans l’un des ateliers. Ce projet est selon moi tout à fait exemplaire, du fait qu’ils pensent en termes d’activité et non pas de décryptage, tout en proposant un séquençage sonore. Ils travaillent sur les thèmes musicaux et sur les questions d’orchestration et de transcription qui sont des savoirs musicaux, en y ajoutant la culture générale et le storytelling, additionnant ainsi les forces de l’enseignement et de la médiation. Fabio Di Giacomo : Cette dimension didactique des activités culturelles me semble aussi fondamentale. Cette journée dans son ensemble confirme la nécessité de collaborer au niveau cantonal. Pour moi, le moment fort de la journée, c’est lors de la table ronde, lorsque Jacques Cordonier a invité la HEP-VS à mener des

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Quelques propos tenus lors de la table ronde Jean-Michel Baconnier, professeur de didactique des arts visuels à la HEP-VS et également artiste « Il faudrait regarder ce qui bloque certains étudiants à aller eux-mêmes en tant qu’individus au musée et à percevoir ce lieu comme possibilité d’acquérir un certain nombre de savoirs en côtoyant des œuvres, alors que c’est essentiel pour qu’ils soient ensuite à l’aise dans leur posture d’enseignant avec les médiateurs culturels. » Isabelle Milli, notamment directrice de l’IUFE à Genève « Pour avoir interrogé des élèves de CFPT à Genève, qui se préparent au CFC ou à la maturité professionnelle, ils sont absolument enchantés quand ils peuvent avoir accès à des aspects de médiation culturelle qui les amènent dans des activités inédites en étant accompagnés. … On va bien y arriver quand même aussi avec ce public-là. » Yann Vuillet, responsable de la didactique dans la filière secondaire à la HEP- VS « Les enseignants n’ont qu’une représentation vague de ce que font les médiateurs culturels et vice-versa et je pense que la recherche peut essayer de produire des catégories pour comprendre l’activité de chacun et à travers la formation les diffuser pour qu’on puisse faire en sorte qu’il y ait une réelle rencontre. » Jacques Cordonier, chef du Service de la culture de l’Etat du Valais « Si j’ose une suggestion à la HEP-VS, vous avez un terrain de recherche qui permettrait de savoir pourquoi la moitié des élèves privilégient le théâtre ou la musique et les résultats d’une telle étude intéresseraient grandement les milieux culturels qui essaient d’abattre les frontières qui peuvent bloquer à d’autres propositions. Pour ma part, je lirais avec beaucoup d’intérêt cette étude sur les représentations des étudiants de la HEP-VS en matière culturelle. » recherches pour donner des pistes à la médiation culturelle. Chloé Gabathuler : C’est aussi ce moment que je retiens, car je pense que la recherche peut vraiment contribuer à relier l’enseignement et la médiation culturelle. Cela permettrait assurément de nouer ensuite un partenariat plus efficace, avec une meil-

leure définition des attentes et des champs de chacun, sans avoir à réinventer la roue à chaque fois. Isabelle Milli : Et là il y aurait un contrat qui pourrait évidemment ensuite être rediscuté, car sans cela, on reste seulement en dialogue. Propos recueillis par Nadia Revaz

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> ÉCOLE - CULTURE

Quelques pistes d'activités de médiation culturelle Tout au long de la journée sur la médiation culturelle qui s’est déroulée à la HEP-VS le 4 mars dernier (cf. pp. 28-31), des pistes concrètes de médiation culturelle ont été évoquées. Voici un échantillon de ce qui a été présenté lors des conférences et ateliers.

Contenus pédagogiques pour les classes de 7-8H http://archives.mobiletic.com

Offre des musées cantonaux Médiation culturelle dans les musées cantonaux. www.musees-valais.ch > Accueil des publics > Visite des classes https://bit.ly/2wXSrUz

Offre de la Médiathèque Valais

Offre « Etincelles de culture »

Visite de la Médiathèque avec une tablette (quiz sur Actionbound). https://en.actionbound.com Mallettes pédagogiques, lectures suivies, etc. www.mediatheque.ch/fr/pedagogie-50.html Divers prix littéraires (Chronos, RTS Littérature Ados, Prix littéraire des collégiens, etc.). www.mediatheque.ch Concours de slam dans les CO du Valais, avec la collaboration du Service de l’enseignement (la prochaine édition débutera à l’automne 2020). https://slamvs.wordpress.com

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Offre des Archives cantonales Ateliers pour les classes du secondaire 2 (découverte des archives et de l’histoire du Valais, écriture et langues anciennes, ateliers spécifiques autour du latin…). Travaux de maturité, en partenariat avec le Lycée-Collège de la Planta à Sion. www.vs.ch/web/culture/aev

Propositions pour les classes de la 1H au secondaire 2 général et professionnel. Des activités pour les élèves, avec des offres gratuites des Musées, Archives et Médiathèques du canton et des offres à tarif préférentiel « Etincelles de culture  », un dispositif de soutien financier pour monter ou diffuser un projet, un service de conseil, des contacts et des outils (liste de professionnels de la culture désirant collaborer avec l’école, lien vers le portail web de la Plateforme Culture Valais). Domaines culturels soutenus : Littérature ; Arts visuels, design et architecture ; Musique ;

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RUBRIQUES Arts de la scène (théâtre, danse, cirque, marionnettes, conte) ; Cinéma et vidéo ; Sciences et patrimoine (patrimoine bâti, archéologique, naturel). www.etincellesdeculture.ch www.culturevalais.ch

Les Symphonistes d'Octodure forment un nouvel ensemble instrumental de 17 musiciens professionnels, placé sous la direction musicale de Damien Luy et parrainé par le pianiste martignerain Olivier Cavé. Offre figurant dans les projets soutenus par Etincelles de culture, ils proposent un concert pédagogique et interactif, La Symphonie du Nouveau Monde, avec un orchestre « micro symphonique ». https://bit.ly/33dv9Gm https://youtu.be/QVKzqaGijRc Contes Pépites d’or Association fondée par Izabella Mabillard et proposant des contes à deux voix (une première voix est donnée par la femme migrante dans sa langue d’origine, soutenue par la voix d’une conteuse professionnelle francophone). www.ateliermedialog.ch

Offre autour de Martin Bodmer à Genève Bodmer Lab  : une bibliothèque numérique de la littérature mondiale. https://bodmerlab.unige.ch/fr Bodmer Lab : enseignement et numérique (Fables de la Fontaine). https://bit.ly/2TQdTnP Fondation Martin Bodmer à Genève  : bibliothèque et musée, avec une offre de médiation pour les scolaires et les enseignants. https://bit.ly/2WkiccG

Actions de promotion de la lecture « Ribambelle », « Virus lecture » et « Virus+ » sont des actions de promotion de la lecture soutenues par l’ISJM (Institut suisse Jeunesse et Médias). https://bit.ly/39YTYZa Un auteur dans ma classe Article présentant le projet avec un jeune auteur romand, Auguste Cheval, dans le numéro hors-série exclusivement en ligne de Résonances https://bit.ly/3d3w7cL

Et un projet

Offre diverse Les Symphonistes d'Octodure

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Projet pilote d’agents culturels «  Des agents culturels pour des écoles créatives  » est un projet lancé et soutenu par la Fondation Mercator Suisse, en collaboration avec les cantons de Berne, de Fribourg, du Valais et de Zurich. En Valais le projet pilote a démarré en août 2018 dans deux écoles haut-valaisannes. https://bit.ly/2w3IdlC

Echo de la rédactrice S’adapter Boucler un numéro de Résonances, c’est forcément faire face à de légers imprévus et jongler avec les pages. Reste que là, avec la fermeture des écoles, le sommaire a été en partie bousculé. Il était prévu de faire écho à des événements scolaires se déroulant après la mi-mars, et patatras, les décisions intervenues le vendredi 13 au niveau national et cantonal ont tout emporté… Face à une telle situation, il aurait été possible de remplacer ces articles simplement par certains qui n’ont jamais été publiés faute de place, mais le choix de l’adaptation a été privilégié. Ainsi certaines pages de cette édition collent à l’actualité et pourraient être un tant soit peu utiles face à cette situation scolaire inédite. C’est pourquoi vous trouverez des articles sur la gestion de l’incertitude et des peurs ainsi que quelques pistes pour assurer la continuité pédagogique à distance. Ce numéro contient aussi toute une série de suggestions pour découvrir les activités de médiation proposées par diverses institutions culturelles, en lien avec l’écho d’une journée thématique organisée par la HEP-VS. Ce ne sera vraisemblablement pas pour tout de suite, mais comme vous avez peut-être un peu plus de temps pour lire en ce moment, vous pourrez ainsi sélectionner des idées pour sortir avec vos classes en des jours meilleurs. Se priver un temps des musées, médiathèques et autres lieux de culture permettra assurément de mesurer leur rôle essentiel dans les ponts entre les savoirs, nous fournissant des clés pour comprendre le monde. Nadia Revaz

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> RENCONTRE DU MOIS

Nicolas Kramar, directeur du Musée de la nature menée par Marie-Claude Morand, ancienne directrice des musées cantonaux, et poursuivie par son successeur Pascal Ruedin.

MOTS-CLÉS : SCIENCES • PÉDAGOGIE • MÉDIATION • TOUS DEGRÉS Nicolas Kramar est directeur-conservateur du Musée de la nature du Valais à Sion depuis avril 2013. Son parcours atypique, mêlant sciences, recherche, pédagogie, médiation et numérique, et son vaste réseau scientifique dépassant les frontières de la Suisse, sont particulièrement étoffés. Nous l’avons rencontré afin d’en savoir plus sur sa vision muséale, mais aussi pour évoquer deux projets de partenariat du Musée de la nature avec la HEP-VS, et la collaboration plus spécifique de Sylvia Müller et Samuel Fierz. Après avoir obtenu sa maturité au Lycée-Collège de l’Abbaye de SaintMaurice, Nicolas Kramar a opté pour des études en géologie et minéralogie à l’Université et à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Titulaire d’un doctorat ès sciences en géochimie isotopique et cristallographie, il est aussi détenteur d’un master 2 de recherche en didactique des sciences de l’Université de Lyon. Son expérience professionnelle est vaste : il a notamment été ingénieur pédagogique à l’UNIL puis chercheur associé à EducTice (usage du numérique dans l’éducation et la formation scientifiques) à l’Ecole normale supérieure (ENS) de Lyon. Il a en outre donné des cours de géologie à des accompagnateurs en moyenne montagne et à des guides du patrimoine en Suisse et en France. Son parcours est également lié à la médiation scientifique, en collabora-

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INTERVIEW

tion avec Michel Marthaler (n.d.l.r. : auteur du livre Le Cervin est-il africain ? ). A l’Université de Genève, il a suivi des cours d’André Giordan (cf. article dans ce numéro en pages 4 et 5), alors professeur de didactique et épistémologie des sciences à l'Université de Genève, histoire de nourrir sa curiosité en matière de didactique. Depuis 2019, à côté de son activité de directeur-conservateur à 80 % , Nicolas Kramar collabore au Laboratoire d’innovation pédagogique (LIP) de l’Université de Fribourg. A signaler encore qu’il est président du Groupe de travail sur l'Anthropocène1 du Comité international des musées et collections d'histoire naturelle (ICOM NATHIST). S’il a postulé à la direction du Musée de la nature, c’est parce qu’il trouvait l’approche des musées de Sion très originale, grâce à la réflexion

Quelle a été la motivation initiale dans vos choix de formation ? Alors que j’avais quatre ans et demi, j’ai perdu mon père, ce qui a certainement influencé mon parcours. Très jeune, probablement en lien avec cet événement marqué par un avant et un après, je me suis interrogé sur la question du temps. A côté de cela, j’avais de la curiosité pour les sciences naturelles. A 8 ou 9 ans, j’ai découvert un livre passionnant qui présentait les dinosaures de façon chronologique ainsi que d’autres animaux incroyables du tertiaire, comme les tigres à dents de sabre ou les mammouths, jusqu’à l'Homo sapiens. J’ai alors compris qu’il y avait une Terre sans les hommes et plus tard que la géologie permettait de remonter le temps. A cette époque, je pensais toutefois faire un boulot sérieux, par exemple devenir ingénieur. Et vous n’êtes pas devenu ingénieur… En 2e année du CO, je n’ai pas voulu aller au collège, car je manquais de confiance en moi. J’ai donc effectué la 3e année, pensant plutôt m’orienter vers un apprentissage d’électronicien puis, comme il n’y avait pas

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RUBRIQUES encore les HES, suivre l’Ecole technique à Yverdon. Le passé de mon père, né dans un petit village en Croatie et devenu un brillant intellectuel, m’a alors rattrapé. J’ai finalement opté pour le Collège, puis pour l’Université, grâce à une professeure de français, Anne-Marie Martin, absolument géniale qui m’a convaincu de poursuivre des études, même si j’étais assez peu scolaire. Elle me disait que dans mes dissertations j’allais loin dans le versant social, ce qui est relié à la dimension éducative, au partage de connaissances et de compétences, à la communication et à la médiation. Comment avez-vous découvert la médiation scientifique ? Pendant mes études à l’Université, j’ai été amené à accompagner des visites. Et là, n’ayant pas encore intégré la dimension réflexive, j’avais une démarche proche du prosélytisme, avec à tout prix l’envie de défendre la géologie, souvent considérée comme une sous-discipline scientifique. Progressivement, j’ai perçu que la géologie avait un potentiel culturel extraordinaire, car elle peut raconter des histoires très en décalage avec les représentations communes, ce qui est presque plus intéressant que les savoirs en eux-mêmes. Travaillant avec Gilles Borel, actuel directeur du Musée cantonal de géologie à Lausanne, et comme j’avais le besoin de mieux comprendre le fonctionnement de la médiation qui met en relation des mondes, il m’a parlé des cours d’André Giordan. En le rencontrant, j’ai tout de suite eu un profond respect pour sa personnalité et son travail. Qu’est-ce qui vous plaît dans la vision de la didactique des sciences d’André Giordan ? Comme lui, je pense que la science s’intègre dans un cadre culturel et qu’il faut en tenir compte. Je suis persuadé de l’impact sur la motivation lorsque l’on donne du sens aux savoirs scientifiques, avec le risque évidemment d’introduire un

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peu de relativisme. Grâce à André Giordan, j’ai découvert la pensée d’Edgar Morin avec laquelle je me sens très compatible. Je partage sa vision de l’enjeu éducatif en général consistant à développer une pensée complexe qui aide à affronter l’incertitude. Et dans le même temps, l’école et la médiation doivent aussi transmettre des savoirs stables, par conséquent apprendre à jouer sur les deux tableaux.

« Je pense que la science s’intègre dans un cadre culturel et qu’il faut en tenir compte. » J’imagine que tout le monde ne s’entend pas sur ce rôle accordé à la médiation scientifique… Evidemment non. Une année après ma thèse, j’ai fait une présentation dans le cadre d’un colloque à Nice, devant un public allant d’enseignants de la maternelle à l’Université, qui avait déstabilisé certaines personnes. J’expliquais qu’en médiation je proposais à mon public un modèle pour interpréter la temporalité du paysage alpin, sachant que par l’observation, avec des critères de recoupement, chacun peut très bien comprendre qu’un événement est plus ancien ou plus jeune qu’un autre. Par exemple, si vous avez des couches géologiques et qu’on vous dit qu’elles se déposent à l’horizontale les unes sur les autres, vous comprenez que si elles sont pliées, le pli est plus jeune que les couches. C’est donner des clés pour mettre la personne en position d’interpréter par elle-même, en devenant productrice de connaissances dans d’autres contextes et en effectuant un raisonnement de type scientifique. Didactiquement, ce qui est intéressant, c’est que ce modèle ancien, ayant une validité limitée, ne permet évidemment pas de tout expliquer. C’est particulièrement efficace du point de vue de l’apprentissage, car chez l’apprenant, quand ça ne

marche pas, naît alors la demande d’un nouveau modèle, plus riche et plus complexe. Bien sûr, il ne deviendra pas expert d’un domaine, et du reste personne ne l’est vraiment, mais il apprendra à penser par lui-même. Lors des visites de musées, que peut apporter la médiation ? Au musée, comme dans d’autres institutions culturelles, nous n’avons pas les contraintes pédagogiques de la classe, avec ses temporalités, ce qui nous permet une autre approche. Le contrat didactique est différent et je pense que nos missions peuvent être complémentaires à celles de l’école. Le Musée de la nature étant un lieu de référence scientifique, nous sommes légitimes par rapport à certains savoirs et pouvons de plus jouer un rôle au niveau de la démarche réflexive, sachant que c’est une fonction de base de la culture. De quelle manière définiriez-vous le rôle de votre musée ? Le musée doit non seulement faire le lien avec les connaissances scientifiques, mais proposer une approche critique, et même philosophique du concept d’Anthropocène, en intégrant le caractère sans cesse évolutif des savoirs. Dans une société, tout groupe humain se fonde sur les mythes et récits. Et c’est aussi le cas de la science elle-même. Derrière le problème de l’écologie, il y a notre relation à la nature et à l’environnement, aussi j’estime pertinent de s’interroger sur ce qui est au cœur des mythes et récits à ce propos. Dans la modernité, pour reprendre les mots de certains scientifiques, nous avons développé une culture qui nous place plus dans le monde qu’au monde. Nous avons l’impression que nous avons été posés dans la nature, en étant différents de tout ce qui est autour de nous et que l’environnement se réduit aux questions climatiques. L’approche muséale offre des clés pour comprendre que cette manière de « faire monde »

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pose problème et combien il est nécessaire d’enrichir les approches et d’aborder les choses plus globalement si l’on veut mieux saisir les enjeux dans leur ensemble. Sans aucune dimension moralisatrice, si on en est là, c’est parce que l’on pense comme cela. Et n’oublions pas les progrès, avec l’allongement de la vie, une meilleure alimentation, des évolutions sociales, une amélioration de la place des femmes dans la société, etc. Tous ensemble, nous devons entrer dans une phase de remise en question, sans vouloir tout déconstruire, afin de créer quelque chose de nouveau. En quoi consiste le projet Play, impliquant la HEP Valais, la HES-SO, le Musée de la nature, l’Alimentarium et le Laboratoire d’innovation pédagogique, destiné aux usages du numérique en éducation et rattaché à l’Université de Fribourg ? Le projet Play, qui bénéficie d’une subvention du Fonds national suisse de la recherche scientifique, a été initié de par ma collaboration avec Eric Sanchez, d’abord à l’ENS puis au LIP. C’est la médiation des musées cantonaux qui est partie prenante de ce projet, et pour ma part je demeure un référent scientifique. Avec les divers partenaires, l’objectif consiste à créer un jeu, dit numérique, pour les classes qui viennent au musée, dans lequel la technologie sert seulement à guider et à organiser les activités, dont l’une ou l’autre sera en réalité augmentée pour les besoins des constructions des énigmes. Via des parcours écosystémiques, les élèves pourront par exemple découvrir que le vivant n’est pas uniquement régi par la prédation. Dans ce projet Play, il y a tout un volet sur les croyances épistémiques qui consiste à s’intéresser aux représentations individuelles dans le domaine des sciences et sur lequel j’ai travaillé lorsque j’étais à l’Université de Lausanne en tant qu’ingénieur pédagogique. En collaborant avec des enseignants, nous allons relier le dispositif de mé-

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diation scientifique avec les objectifs du PER qui sont bien pensés. Est-il exact que l’autre projet concerne tout le secondaire 2 ? Oui, nous souhaitons proposer une exposition itinérante à destination des écoles du secondaire 2 général et professionnel. Avec la HEP-VS, nous réalisons ensemble une sorte d’adaptation de l’exposition « Objectif Terre : Vivre l’Anthropocène » qui avait été présentée en 2016 au Musée de la nature et avait été appréciée des enseignants. Cette exposition remettait en question la dichotomie nature/culture, croisait les savoirs en sciences naturelles, en géographie, en histoire, en philosophie, etc. Au final, le résultat ne sera ni tout à fait une exposition, malgré son aspect muséal, ni entièrement une ressource pédagogique, mais nous serons entre deux.

« Mon rêve serait que les ados viennent par eux-mêmes au Musée de la nature. » Quel sera le thème de la prochaine exposition majeure du Musée de la nature ? Il y a encore des incertitudes, mais je peux toutefois dire que ce sera en lien avec la géologie. Le projet ne cherche pas à expliquer les mécanismes géologiques de la formation des Alpes, mais offre une entrée culturelle, puisque, par exemple, le regard des gens de l’Himalaya est différent du nôtre sur les chaînes de montagnes. De cette manière, davantage de personnes comprendront l’importance de la géologie et quelques-uns voudront ensuite savoir ce qu’est un rift ou une subduction. Serait-ce une manière de donner envie aux étudiants de la HEP-VS qui ne vont de loin pas tous dans les musées, afin que plus tard ils y emmènent régulièrement leurs élèves ?

Je me dis que si les musées donnent davantage de sens aux expositions, en offrant des occasions de décentration culturelle, cela attirerait davantage les futurs enseignants et de manière plus large les jeunes. Mon rêve serait que les ados viennent par eux-mêmes au Musée de la nature. Propos recueillis par Nadia Revaz Note 1 Période actuelle des temps géologiques, où les activités humaines ont de fortes répercussions sur les écosystèmes de la planète (biosphère) et les transforment à tous les niveaux. (Source : dictionnaire Larousse).

Musée de la nature Institution de référence pour le patrimoine naturel du Valais, le Musée expose une mince partie de ses « trésors ». Ses collections sont constituées de mammifères, d’oiseaux, d’insectes, de plantes, de minéraux et de fossiles, qui témoignent de la richesse et de la variété de la faune, de la flore et de la géologie régionales. L’Académie suisse des sciences naturelles (SCNAT) a remis le Prix Expo 2016 au Musée de la nature du Valais pour son exposition « Objectif Terre : Vivre l’Anthropocène », en saluant le « courage du Musée d’aborder sans sensationnalisme l’Anthropocène, un thème difficile et encore débattu ». https://bit.ly/33icyca

A propos du projet Play https://bit.ly/38RNCcW

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RUBRIQUES > RECHERCHE

Les enjeux de la scolarisation des enfants de requérants d’asile Les questions de l’accueil, de l’intégration des enfants primo-arrivants peu ou non scolarisés antérieurement et des implications sur le travail socio-éducatif restent encore peu documentées. La présente contribution de recherche fait partie du projet FNS « L'intégration des élèves en contexte hétérogène. [...] »1, qui porte sur l’implémentation et l’analyse de mesures innovantes pour améliorer l’accueil et la prise en charge des élèves issus de la migration, de l’asile et de la mobilité internationale. L’article illustre comment la question de la scolarisation de ces enfants met à l’épreuve l’institution scolaire et suscite l’engagement des acteurs au niveau de l’implication des professionnels en place et au niveau des initiatives prises par des intervenants extérieurs. Pour le recueil des données, une trentaine d’entretiens semi-directifs ont été réalisés dans une école primaire à Genève qui reflète un haut degré de la diversité sociale, culturelle et linguistique et dans trois autres écoles proches des centres de requérants du canton. Les entretiens retenus pour cet article, issus d’un corpus plus large, portaient sur les représentations et pratiques des différents acteurs professionnels engagés dans la scolarisation des enfants hébergés dans des Foyers de requérants d'asile. Ils ont été complétés par une dizaine d’observations ponctuelles lors des périodes d’enseignement et de devoirs surveillés. L’analyse a permis de dégager des ressources et des dispositifs mis en place ainsi que des défaillances du système (par exemple un

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manque de coordination entre les différents services de l’Etat). Le rôle de l’école implique une complexification des tâches et une redéfinition des rôles des professionnels. Il y a aussi de nouveaux intervenants qui signalent des besoins encore insuffisamment couverts. Les auteures suggèrent que les contraintes institutionnelles imposées par la politique d’asile fragilisent le droit inconditionnel des enfants à l’éducation. Institution : Université de Genève, Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation, Section des sciences de l'éducation Chercheurs : Margarita SanchezMazas, Prof. ord.  ; Geneviève Mottet, Dr  ; Changkakoti Nilima, Dr

MAGAZINE CSRE # 1 | 2020 Le premier numéro du Magazine CSRE 2020, avec des informations sur 26 projets de recherche et un portrait de Margarita Sanchez-Mazas, professeure ordinaire à la faculté de Psychologie et des Sciences de

l’éducation de l’Université de Genève et à l’Institut universitaire de formation des enseignant-e-s (IUFE) et des formations continues, vient de paraître. www.skbf-csre.ch https://bit.ly/2Z6GMiK Note 1 https://bit.ly/2WuhwkZ

EN RACCOURCI Forumlecture

Revue suisse de pédagogie spécialisée

Parcours vers la littératie

Numéro de mars avec un nouveau design

Les contributions du numéro 1/2020 de Forumlecture cherchent à examiner, tout en les discutant à partir de différentes conceptions et modèles, les manières dont les jeunes enfants, dans des contextes comme l’école et les institutions de la petite enfance, peuvent être accompagnés et soutenus dans leur chemin vers les littératies. www.forumlecture.ch

Le numéro 1 de mars 2020 de la Revue suisse de pédagogie spécialisée, éditée par le Centre suisse de pédagogie spécialisée (CSPS), consacre son dossier à la participation citoyenne des personnes avec une déficience intellectuelle. A noter que la revue se présente sous un nouveau design https://bit.ly/38BKkKx

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> DES CHIFFRES OU DES NOMBRES

Les grandeurs dans les MER et le cas de l’aire MOTS-CLÉS : HARMONISATION • CYCLE 1 C’est le mois d’avril ! Alors pendant que les érables refleurissent, nous, on introduit cette fois les MER 4H. Et comme on présentait les MER 1-2H il n’y a pas si longtemps que ça, il est temps de regarder dans le rétroviseur et de boucler la boucle du cycle 1. A l’époque, cherchant les nouveautés, on s’était penché sur « Un peu d’Aire » (1-2H) dans laquelle on souhaitait « comparer deux ou plusieurs objets selon l’Aire » (AV 2, Grandeurs et Mesure) en se demandant « Quelle forme (rectangle) utilise le plus de papier ? Le moins de papier ? » Quelques milliers de découpes et de confettis plus tard, on avait pu apprécier le travail effectué sur la comparaison de grandeurs sans passer par des aspects numériques. En effet, parmi les mandats donnés aux rédacteurs figurait celui de reprendre le PER et d’en respecter l’arborescence. Et notamment, pour Grandeurs et Mesure, l’injonction de travailler sur les grandeurs sans recourir à la mesure – ce qui nécessitera d’effectuer une distinction entre les deux. Deux ans plus tard, en ouvrant les MER 4H et les Apprentissages Visés de cet axe thématique, on retrouve « Comparer deux ou plusieurs objets selon l’aire avec une transformation licite (superposition après un découpage et recollement) ». Et, en 3H, on avait « Comparer deux ou plusieurs

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Découpes et confettis…

objets selon leur aire (par comparaison directe ou avec une transformation licite (superposition après un découpage et recollement) ». Le tout témoigne donc d’une certaine fluidité dans les AV au fil du curriculum. C’est d’ailleurs probablement cette volonté d’harmonisation entre les cycles d’enseignement qui a conduit à ce choix de terminologie. Car si on était dans un débat animé d’une de nos soirées du mercredi avec Robert et Larousse, on pourrait pinailler que l’aire est la mesure d’une surface… (ou un endroit en bordure d’autoroute où nos kids se pâment devant un toboggan délavé et canard en plastique monté sur un ressort). Ou que, en géométrie, l’aire est la mesure d’une surface (c’est pas moi qui le dis, c’est Larousse qui s’en mêle et qui nous ramène abruptement sur notre distinction entre grandeurs et mesure). Dès lors, en évitant de recourir à la mesure au premier cycle, on travaillerait plutôt sur les grandeurs en « comparant deux ou plusieurs objets selon leur surface ». Mais, bien entendu, là n’est pas l’essentiel.

Cette fluidité entre les années scolaires, elle se décline aussi avec les consignes des différentes activités. En 3H, on trouve « Quelle forme utilise le plus (ou le moins) de papier ? » (Les Formes) et, en 4H, « Classez les cartes de celle qui utilise le plus (ou le moins) de papier à celle qui en utilise le moins (ou le plus) » (Les cartes classées). Avec un regard de matheux (désolé, on ne se refait pas), on s’aperçoit d’un phénomène didactique intéressant : une transitivité et donc une relation d’ordre sur les surfaces, pour autant que l’antisymétrie soit verbalisée, apparaissent en 4H, et ce sans avoir eu recours au nombre. Avec ce travail sur l’antisymétrie qui n’est pas anodin, on pourrait construire des classes d’équivalence et ainsi travailler sur des représentants. Et si on ne tenait pas là une piste originale pour (ré)introduire le nombre, autrement que par des collections ou un aspect cardinal ? Ismaïl Mili larpem@hepvs.ch

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RUBRIQUES > FRANÇAIS

Des ateliers de motivation à la lecture… MOTS-CLÉS : ENTRÉE DANS LA LECTURE • ARDON • RENCONTRES Les années 3-4H marquent l’entrée de l’élève dans la lecture autonome. Acquisition des lettres, de la correspondance entre phonèmes et graphèmes, déchiffrage, travail sur la compréhension : le programme est chargé et l’étape cruciale. Certains enfants, sans avoir de difficultés particulières, négocient plus difficilement le virage de la lecture. Or, un démarrage difficile ou retardé peut avoir des conséquences sur les futurs apprentissages, la lecture demeurant le véhicule privilégié de la culture scolaire. Pour ces élèves, il suffit parfois d’une stimulation différente de celle de l’école pour que le déclic se fasse. Développer un rapport positif à l’écrit est le pari que s’est fixé, depuis 3 ans, le centre scolaire d’Ardon, en proposant aux enfants qui en ont besoin des ateliers individualisés de lecture. La formule est simple : de septembre à juin, l’enfant rencontre chaque semaine un jeune du village pour 30 minutes de plaisir partagé autour des livres. Les ateliers ont lieu en principe au domicile de l’enfant et visent à développer l’envie et la curiosité par rapport aux livres, tout en travaillant les objectifs établis en concertation avec l’enseignant. Au terme de l’année scolaire, les enfants reçoivent leur diplôme de lecteur dans une cérémonie réunissant parents, jeunes et enfants à la bibliothèque municipale. Emilie Varone, actuellement en formation d’enseignante spécialisée,

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Les ateliers ont lieu au domicile de l’enfant

a participé à l’aventure les deux premières années. Enthousiasmée par le projet, elle a rédigé une brochure de conseils à l’usage des accompagnants, afin de rappeler l’esprit des ateliers et de soutenir leur engagement auprès des lecteurs débutants. Suivons la guide pour mieux comprendre le projet !

« Donnez à l’enfant l’envie de lire ! » Emilie, qu’apportent ces ateliers aux lecteurs débutants ? Les accompagnants à la lecture offrent aux élèves et à leur famille un nouveau départ avec la lecture. Un départ plus positif et plus solide. Avez-vous quelques conseils pratiques à donner aux jeunes qui voudraient accompagner un lecteur débutant ?

Ayez du plaisir, soyez impliqués, motivés et créatifs ! N’hésitez pas à aller chercher des informations ou des idées sur internet. Sortez de la manière traditionnelle et trouvez d’autres moyens de lire que de simplement présenter un nouveau livre à chaque atelier. Parfois, marchez dans la rue et lisez des panneaux ensemble, faites des dessins puis complétez-les avec des mots, lisez une carte de restaurant, les paroles d’une chanson… Donnez à l’enfant l’envie de lire ! Un coup de cœur par rapport à ces ateliers ? Mon coup de cœur est le concept des ateliers de lecture en lui-même. Il offre des moments de partage, de rire et de magie. Chaque enfant m’a étonnée à un moment ou à un autre et tous ont découvert le plaisir de lire. Valérie Michelet valérie.michelet@hepvs.ch

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1001 FAÇONS D’APPRENDRE

Des gagnants valaisans lors de la Semaine des médias MOTS-CLÉS : CONCOURS DE UNES• CONCOURS RADIO Près de 100 élèves et enseignants ont pris part à la remise des prix des concours de la 16e Semaine des médias à l'école le mercredi 29 janvier 2020, au studio 15 de la Radio Télévision Suisse (RTS) à Lausanne. Deux concours avaient été proposés aux classes romandes, lors de cette édition mise sur pied du 25 au 29 novembre 2019 par le Secrétariat général de la Conférence intercantonale de l'instruction publique de la Suisse romande et du Tessin (CIIP). « L'information sans frontières ? » était le thème 2020. Le concours de Unes de journaux a suscité 73 projets. Dans la catégorie Cycle 2 (5e − 8e année HarmoS), la classe de Fabrice Thétaz (Monthey) a décroché le 2e prix. Pour le concours d’interviews radio, la classe de Mathieu Moser (Martigny-Combe) a reçu les 1er et 2e prix. A lire et à écouter sur www.e-media.ch.

TROIS QUESTIONS À FABRICE THÉTAZ Vous participez depuis plusieurs années à la Semaine des médias, et vos classes figurent régulièrement dans le trio de tête de leur catégorie. La première fois, qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans cette aventure ? C’est une collègue qui m’a embarqué dans ce concours que je ne connaissais pas. J’ai tout de suite accroché, parce que c'est une occasion de sortir des sentiers battus, tout en ne perdant pas de vue le PER.

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Fabrice Thétaz et sa classe lors la remise des prix à la RTS La Une de la Classe de Fabrice Thétaz

Quels sont pour vous les principaux atouts du concours ? Produire des Unes permet de mobiliser différentes disciplines, puisque les élèves font du français en rédigeant les textes, de la citoyenneté en s’intéressant à l’actualité, etc. Les élèves doivent par ailleurs apprendre à travailler en groupe, faire preuve de créativité, etc. Et comme ils vont sur le terrain prendre des photos en dehors de la classe, ce projet suscite l’intérêt des parents d’élèves. Cette année, nous avions envoyé quatre productions de la classe et en avoir une parmi les

gagnantes, c’est la cerise sur le gâteau, puisque nous sommes allés à la RTS, avons pris le train et le M2, ce qui leur laissera des souvenirs. Avez-vous déjà été tenté le concours radio avec vos élèves ? J’ai vraiment envie de découvrir cette catégorie pour changer, mais il faut que je me forme préalablement, car je ne suis pas sûr d’avoir toutes les compétences nécessaires pour coacher les séquences radio des élèves. Propos recueillis par Nadia Revaz

Et du côté de Mathieu Moser Mathieu Moser, enseignant, directeur-adjoint des écoles de MartignyCombe et collaborateur pédagogique au centre ICT-VS est, tout comme Fabrice Thétaz, un habitué de la Semaine des médias. « J’ai commencé par faire participer mes élèves au concours de Unes, parce que c’était plus facile à rattacher au programme et depuis quelques années j’ai opté pour la catégorie radio », explique l’enseignant. Et d’ajouter : « Ce travail permet de donner du sens, via un apprentissage vrai, à la séquence de français abordée en classe sur le thème de l’interview ». Mathieu Moser rappelle aux enseignants intéressés qui ne se sentiraient pas suffisamment à l’aise sur le plan technique que le centre ICT-VS est là pour partager ses compétences.

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RUBRIQUES > ÉDUCATION MUSICALE

Transmission du savoir aux familles (ou l’élève professeur) MOTS-CLÉS : APPRENTISSAGES MUSICAUX • PARTAGE Nos dernières réflexions étaient confinées à la classe, voire à l’établissement, voire, aussi, aux manifestations de plus grande envergure. Nous vous avons aussi proposé de rendre l’élève plus actif par rapport à ses apprentissages.

INNOVATION Les propos ci-dessous vont dans le même sens, mais sortent du schéma ci-dessus. Il nous paraît intéressant de nous focaliser sur la famille quelle que fût sa composition. Car nous imaginons que ce lieu de vie permet un rayonnement intéressant des apprentissages musicaux scolaires, plus motivants, sûrement que les tâches à domicile traditionnelles. Et si, au moins une fois par semaine, on remplaçait les tâches à domicile par des échanges musicaux élèves versus familles. Nous sommes conscients des limites de notre proposition, notamment, si l’élève a quelques difficultés personnelles à appréhender la musique. Mais cela vaut la peine d’essayer. Les retours des élèves en classe concernant cette démarche permettraient sûrement d’ajuster les apprentissages nécessaires.

PARTAGE Ainsi pourrait-on imaginer une grille d’évaluation ainsi libellée :

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Partage musical en famille, avec le sourire et quelques fausses notes

Je partage avec ma famille ce que j’ai appris.

LA CHANSON Je chante les chansons. Je montre différents accompagnements (pulsation, rythme, ostinato...). Je chante une phrase, je pense la suivante (audition mentale). Je chante avec des nuances. Je montre la chorégraphie (le cas échéant).

L’ÉCOUTE

(souvent, les œuvres ou extraits d’œuvres sont disponibles sur YouTube ou autres plateformes facilement accessibles) Je fais découvrir les instruments de musique ou groupe d’instruments. Je cherche des renseignements sur le compositeur. Je fais découvrir les nuances.

D’AUTRES ACTIVITÉS On peut imaginer que l’élève montre quelques exercices de respiration par exemple ou quelques exercices de percussion corporelle.

UTOPIE ? La posture de l’enseignant vis-à-vis de la musique prend alors une autre dimension. Demander aux élèves d’apporter la « bonne nouvelle, la bonne voix » à ses proches est probablement favorable à la motivation. Cela peut aussi donner à la musique à l’école une visibilité qu’elle n’a pas nécessairement. Elle pourrait ainsi sortir de son statut de branche « secondaire » ou, plus prosaïquement, de « pas dommage ». C’est notre souhait le plus cher. Jean-Maurice Delasoie Bernard Oberholzer https://animation.hepvs.ch/ musique

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> DOC. PÉDAGOGIQUE

De la préhistoire à l’Antiquité : quelle histoire ! MOTS-CLÉS : HISTOIRE • DOCUMENTATION Dans le Plan d’études romand, un des objectifs en histoire pour le cycle 2 est d’identifier la manière dont les Hommes ont organisé leur vie collective à travers le temps, ici et ailleurs…1 Il y est demandé pour les 5e et 6e années d’étudier les périodes de la Préhistoire à la fin de l’Antiquité. C’est autour de cet objectif qu’ont été choisies les références présentées ici. La Médiathèque Valais de SaintMaurice met à disposition Histoire 5e-6e : l’atelier de l’histoire, moyen officiel d’enseignement. Un exemplaire des fiches didactiques de l’élève, du guide didactique et du manuel de l’élève sont en libre-accès (cote : 94(3) (075) HIST). Ils sont également intégrés dans notre vitrine du dépôt scolaire que peut consulter tout enseignant. En complément, d’autres ressources didactiques sont également empruntables, telles que : CHAPIER-LEGAL, Geneviève  ; GOASDOUE, Youenn ; LESTONNAT, Hélène. – La Préhistoire et l'Antiquité : cycle 3. – Paris : Belin, 2013. (ToutenDoc). Guide pédagogique + manuel de l’élève Cote : 93(072) CHAP Histoire. Cycle 3. - Morières-lèsAvignon : Ed. Jocatop, [2007?]. – 2 vol. Tome 1 : De la préhistoire à la fin de l’empire romain : 5 poésies à

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dire pour partir à la découverte de l'Histoire : 5 chapitres comprenant des fiches Lecture ressource, recherches, Exercices-jeux et leurs corrections pour s'évaluer Cote : 930(072) HIST

Pour conclure, de multiples documentaires sur la Préhistoire et l’Antiquité sont également à découvrir parmi nos collections pour la jeunesse. Venez faire votre choix !

CLIVAZ, Bruno ; CONNAISSANCE DE l’ENVIRONNEMENT. – Préhistoire : fac-similés d’objets préhistoriques : paléolithique, néolithique et bronze. – Sion : ODIS, [date de publication non identifiée] Cote : 903 PREH Cette mallette contient 15 objets préhistoriques (fac-similés) (2 en silex, 5 en pierre, 3 en os, 1 en céramique et 4 en bronze), 1 dossier pédagogique.

Carole Premand Note Source : www.plandetudes.ch/web/ guest/SHS_22

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Pour en savoir plus :

www.mediatheque.ch https://bit.ly/2QXIcY6 https://explore.rero.ch/fr_CH/vs

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RUBRIQUES > ÉDUCATION PHYSIQUE

Les savoirs fondamentaux, toujours fondamentaux en EPS ? MOTS-CLÉS :SOCIÉTÉ • EFFORT PHYSIQUE L’éducation physique, comme toute autre discipline, évolue avec les fonctions et les objectifs du système éducatif, mais également avec la société. En effet, l’évolution de la société impose de nouveaux savoirs fondamentaux, de nouvelles compétences, et rend ainsi le métier d’enseignant d’éducation physique passionnant. L’enseignant doit, de ce fait, faire évoluer ses formes d’enseignement, innover pédagogiquement, voire même « rénover l’éducation physique », afin de s’adapter au public que la société lui impose. Bien que l’objectif général reste le même depuis fort longtemps, soit amener les élèves vers une santé physique, mais aussi mentale et sociale, la discipline évolue en fonction des transformations de la société. L’un des virages qu’a pris l’enseignement de l’EPS est l’enseignement de savoirs fondamentaux à travers des disciplines modernes. Nous en évoquerons quelques-unes ci-dessous : Le « parkour » complète merveilleusement bien les agrès pour amener un peu de fun et d’adrénaline à la discipline. Les « new games », tels que Kinball ou smollball, permettent de développer autant de capacités que le traditionnel football ou basketball. Avec ce virage, l’enseignement de l’éducation physique a donc été « mis à jour », afin de continuer à développer les compétences de base fondamentales et de redonner une dynamique, un élan à la discipline. Les compétences de base à développer

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à travers l’éducation physique ont peu changé ; mais aujourd’hui l’enseignant est forcé d’adapter son enseignement aux capacités de base des élèves, qui elles, ont diminué dans cette société où tout effort physique tend à être assisté. Les compétences fondamentales doivent donc rester fondamentales ! Prenons l’exemple de l’équilibre qui nous accompagne durant toute notre vie. Il s’avère important de le travailler constamment, progressivement en tenant compte de l’âge. Pour ce faire, une réflexion autour de cet apprentissage psychomoteur a été réalisée. Elle repose sur une panoplie d’exercices progressifs qu’il faudra découvrir, entraîner, stabiliser, ajouter de la différenciation, de la créativité pour l’entretenir le plus longtemps possible. Un autre exemple : autour d’une pratique sportive (PER CM13-23-33) comme la natation qui s’avère essentielle. « Apprendre à nager à tous les élèves » est une priorité inscrite dans le socle commun de connaissances et de compétences à réaliser. Toutefois, cet enseignement nécessite des équipements de base tels que bassin de natation, plages horaires & transports… Ce savoir fondamental est vraiment tributaire des infrastructures. Dans le cadre des mesures de confinement, l’éducation physique ne

Les compétences fondamentales doivent rester fondamentales !

peut plus se faire à l’école... ALORS ? Pour continuer à bouger… ? Nous vous proposons la rubrique « un Champion à la maison »1. Cette personnalité vous aidera à rester en santé, avec votre famille, à mobiliser votre corps, se sentir bien, s’entraîner et répéter malgré tout… dans une optique de lutte contre la sédentarité gravitant autour des compétences fondamentales. Virginie Clivaz et Lionel Saillen Animation pédagogique HEP-VS Note 1 www.hepvs.ch/animation-pedagogiquea-distance - https://bit.ly/3dsaEuy

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> CPVAL

La prévoyance au féminin et CPVAL MOTS-CLÉS : INDÉPENDANCE FINANCIÈRE • RETRAITE CONFORTABLE Chez CPVAL, les femmes présentent plus souvent que les hommes des lacunes de cotisation. Il importe donc pour elles, pour bien assurer leur retraite, de repenser assez tôt leur avenir. 57% de l’effectif de CPVAL est constitué de femmes. Elles représentent même 75% de l’effectif enseignant primaire et secondaire 1. Et ces dernières sont toujours plus nombreuses à s’intéresser aux questions financières à long terme. Il est par conséquent urgent et fondamental qu’elles puissent définir les objectifs de leurs finances et les planifier, ceci afin d’assurer leur indépendance financière à la retraite et de conserver une marge de manœuvre en cas d’événements imprévus. On le sait, les femmes gagnent en moyenne moins que les hommes durant leur vie active, mais ont une espérance de vie plus élevée. Cela signifie que leur capital de prévoyance doit absolument être optimalisé puisqu’il devra couvrir une plus longue période. Aujourd’hui CPVAL, pour le deuxième pilier, permet d’agir dans ce sens, soit à travers des rachats, soit à travers des cotisations volontaires de l’assuré.

NE PAS DÉLÉGUER CES QUESTIONS À SON PARTENAIRE On constate aussi qu’elles ont tendance à être assez prudentes en matière de finances et de privilégier des stratégies de placement défensives, ce qui n’est pas sans impact sur l’évolution

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Diverses études montrent que les femmes n’ont pas une considération très élevée de leurs propres capacités dans le domaine financier.

de leur capital épargne. Cependant, malgré leur intérêt marqué pour ces questions financières, elles sont étonnamment peu nombreuses à assumer leur situation personnelle.

« Les femmes gagnent en moyenne moins que les hommes durant leur vie active. » Des sondages menés par l’UBS révèlent que près de 70% d’entre elles délèguent ces questions à leur partenaire masculin. Ce sondage montre également que ce constat s’applique aux femmes jeunes comme plus âgées. CPVAL encourage ces dernières à s’impliquer davantage dans la planification à long terme de leur capital

et à y réfléchir avec leur partenaire. Car nombre d’entre elles sont confrontées à des surprises financières après un divorce ou le décès de leur conjoint. A travers des présentations principalement destinées aux femmes, à travers des conseils personnalisés plusieurs fois organisés par notre Caisse, nous essayons de les rendre attentives à ce qu’elles pourraient déjà entreprendre en matière de prévoyance professionnelle.

IL N’EST JAMAIS TROP TÔT… L’indépendance financière et une retraite confortable sont, pour beaucoup, les objectifs principaux de la prévoyance. Comme les femmes présentent plus souvent que les hommes des lacunes de cotisation dans le système des trois piliers, elles doivent

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RUBRIQUES dès lors prévoir une épargne supplémentaire. Il vaut donc la peine de s’y prendre assez tôt, afin de conserver sa liberté financière et sa qualité de vie à la retraite. La conception d’un tel plan est basée principalement sur trois axes : tout d’abord, une analyse avec elles au sujet de leur situation actuelle en matière d’épargne ainsi que d’autres aspects financiers et non financiers. Cette analyse doit être effectuée par le conseiller financier de la personne, mieux à même de pouvoir prendre en considération l’ensemble de la situation de la personne. Après cela, il s’agit de déterminer leurs attentes concernant le moment du départ à la retraite et de leurs objectifs durant celle-ci. Cette discussion peut être menée également avec CPVAL qui peut apporter des éléments de réponse à travers

des simulations de prestations à la retraite.

… IL N’EST JAMAIS TROP TARD Cela constitue les bases du plan de prévoyance. A l’étape suivante, il importe de fixer les mesures destinées à atteindre et à assurer le capital de prévoyance nécessaire. Il s’agit alors de définir un concept de placement avec l’horizon temporel correspondant. Dans ce cadre, il est possible de mettre en œuvre plusieurs stratégies pour différents éléments de fortune, en fonction des besoins personnels. A ce stade également, le conseiller financier est le partenaire idéal pour apporter des réponses à ces questions. Il est très important d’accorder l’attention voulue aux thèmes de la

EN RACCOURCI La Confédération en bref 2020

Mythe dans la recherche en éducation

En version électronique ou sur papier

Présentation et discussion de quelques mythes

La nouvelle édition de la brochure La Confédération en bref contient de nombreuses informations relatives à la démocratie suisse, aux différents acteurs politiques et à des thèmes d’actualité à l’échelon national. Chaque année, la Chancellerie fédérale publie la brochure La Confédération en bref dans les quatre langues nationales et en anglais et les écoles peuvent l’utiliser durant les cours d’éducation civique. Grâce à l’application CH info, elle peut être consultée sur les téléphones portables et les tablettes. La nouvelle application comporte également des vidéos explicatives consacrées à la politique suisse. Informations, téléchargement et commande : https://bit.ly/31ZHwW7

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Un document en ligne, signé par Philippe Dessus et Christophe Charroud, présente et discute quelques mythes présents dans la littérature de recherche en éducation, plus particulièrement : Les styles d’apprentissage, ou la manière dont on prête attention au monde qui nous entoure. Les intelligences multiples, ou les types de développement de l’intelligence humaine. Le cône de l’expérience de Dale, ou la hiérarchie d’expériences auxquelles on est confronté et leur effet sur la mémoire ou l’apprentissage. La zone proximale de développement de Vygotski, ou les effets de l’aide de plus experts sur le développement intellectuel et la réalisation d’une tâche d’apprentissage. Les digital natives, ou les natifs numériques, grands utilisateurs des objets numériques. https://bit.ly/2vL1lot

retraite et de la prévoyance. Hommes et femmes doivent y réfléchir ensemble et assez tôt. Il n’est jamais trop tôt pour s’y intéresser, afin de prendre les bonnes décisions. Mais il n’est jamais trop tard non plus pour corriger et optimiser une situation. Diverses études montrent que les femmes n’ont pas une considération très élevée de leurs propres capacités dans le domaine financier. Il y a pourtant un constat que nous faisons au sein de notre travail chez CPVAL : dès le moment où elles commencent à s’intéresser à ce domaine, elles se montrent passionnées et veulent élargir leurs connaissances. Patrice Vernier

www.cpval.ch

C'était écrit il y a 100 ans Lien vers le numéro https://bit.ly/39BBa22 Lien vers les archives complètes www.resonances-vs.ch https://bit.ly/2qPNOoZ

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> REVUE DE PRESSE

D'un numéro à l'autre Trouble de l’apprentissage

Quelles sont les ressources de l’école ? Le pourcentage d’élèves présentant des troubles de l’apprentissage va grandissant en Valais. Un constat normal selon Guy Dayer, chef de l’office de l’enseignement spécialisé : « Les connaissances scientifiques sont aujourd’hui plus développées à ce sujet. On compte beaucoup de littérature, de sites internet, d’associations qui permettent de faire circuler l’information. » Mais le risque de stigmatisation n’est jamais loin, pour la famille comme pour l’enfant. Comment instaurer une pédagogie qui se base sur les besoins des élèves en difficulté et qui puisse, simultanément, servir l’ensemble de la classe ? C’est là tout l’enjeu de la réflexion. Le Nouvelliste (22.01) https://bit.ly/2TjdnhL

encouragé, capable d’y arriver, pas celle où la compétition est féroce, où il importe d’avoir les meilleures notes et où l’élève se retrouve systématiquement moins bien noté que les autres.  The Conversation (2.03) https://bit.ly/3cLcqqe

Education physique

Hors-la-loi Selon le droit fédéral, la grille horaire dans les gymnases de l’ensemble de la Suisse demande qu’il y ait trois heures de sport par semaine. Et ce sur les trois années du gymnase (3-3-3). Or, certains établissements n’en proposent que deux sur une ou même plusieurs années. Les écoles professionnelles ne sont pas mieux loties. La question est toutefois revenue à la surface, lors des récents JOJ. La conseillère d’Etat Cesla Amarelle semblait particulièrement préoccupée par la situation. Il manque une trentaine de salles pour les élèves du postobligatoire. 24 Heures (3.03) https://bit.ly/3aHT2IO

Embauche

Ils coachent les futurs apprentis

La Jeune Chambre internationale de CransMontana (JCICM) s’engage auprès des élèves de dernière Education année du cycle d’orientation de Mettre son enfant dans Crans-Montana grâce au projet une « bonne classe » Fit4Jobs (prêt pour le travail) De nombreux travaux en qui offre aux futurs apprentis sciences de l’éducation ont une aide pour préparer leur souligné l’influence de la classe recherche d’apprentissage. ou de l’école fréquentée sur les Depuis cinq ans, plus d’une apprentissages des enfants. Sur centaine de futurs apprentis y ont participé. Il faut effectivement la base de ces recherches, on rappeler que pour la grande majorité des élèves, il s’agit d’une tend généralement à considérer première expérience de recherche d’emploi. que le fait d’être dans une Le Journal de Sierre (6.03) école ou une classe de « bon » https://bit.ly/32WntIs niveau a des conséquences plutôt positives tant sur les Transmission performances scolaires, les Une mémoire vive de la Shoah aspirations d’études et de Cheveux blancs tirés en arrière, lunettes métalliques dorées, carrière que sur la motivation costume gris trois-pièces, l’homme de 91 ans témoigne pour la de l’élève. Oui, mais les choses première fois en Suisse dans huit écoles genevoises. Mais cela fait sont-elles aussi simples ? Ne vingt-cinq ans que Claude Bloch parcourt les collèges français. Dans faut-il pas considérer d’autres un récit d’un peu plus d’une heure, il rappelle l’ascension au pouvoir paramètres ? Parfois, la d’Hitler, l’antisémitisme naissant, la France occupée et le sort des « meilleure » classe est celle où enfants d’Izieu, soit 44 enfants juifs réfugiés dans une maison l’élève se sent en confiance,

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de l’Ain qui ont été arrêtés et exterminés à Auschwitz. Puis il retrace son propre vécu, bénéficiant de l’oreille attentive des écoliers. Une initiative nécessaire pour préserver la mémoire. Le Courrier (5.03) https://bit.ly/2TLtwg2

Cameroun

Bibliothèque virtuelle A travers l'initiative Youscribe, ils auront désormais accès à près de 2 millions de livres, d'audio livres et de journaux pour leur formation. L'entreprise Camrail filiale du groupe Bolloré a sélectionné 100 étudiants de la faculté de génie industriel (fgi) et de l'école supérieure des sciences économiques et commerciales (SSEC) sur la base de leur mérite pour leur donner accès à cette bibliothèque virtuelle. Une initiative que le professeur Joly Assaka Assako, vice-recteur chargé des études du partenariat et du développement des technologies de l'information, a félicitée non sans demander à ses bienfaiteurs du jour de voir dans quelle optique on pouvait l'ouvrir à plus d'étudiants. Camer.be – AllAfrica (6.03) https://bit.ly/2PYDNmQ

Mathématiques

Et si on s’y prenait mal ? Marathons, expositions, poésie, jeux d’échecs, bridge… Inscrite dans le cadre de l’Année des mathématiques, la Semaine des mathématiques s’est déroulée du 9 au 15 mars 2020 dans les écoles, collèges et lycées. L’événement vise à donner une image « actuelle » « vivante » et « attractive » à

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RUBRIQUES cette discipline mal-aimée des Français. Stella Baruk, chercheuse en pédagogie des mathématiques et autrice de plusieurs ouvrages de référence, explore depuis plus de quarante ans les émotions qu’offre la langue des nombres. Comment faut-il s’y prendre, donc ? « On doit leur apprendre à lire les chiffres comme des signes, et non comme des choses. Le problème aujourd’hui, c’est que les nombres ne parlent pas le moins du monde aux enfants. » Telerama.fr (7.03) https://bit.ly/3awUlu2

Lecture

Silence, on lit Une meilleure concentration, un vocabulaire enrichi et plus d’aisance rédactionnelle : les bénéfices de la lecture sont légion. Ce constat remporte l’unanimité au sein du collège des Platanes, à Bienne. Depuis deux semaines, l’école a instauré un quart d’heure de lecture obligatoire une fois par jour, dans toutes les classes. « Même le concierge doit jouer le jeu! », précise la vice-directrice Carole Paroz, pas peu fière de cette action qui durera jusqu’aux vacances de Pâques. Les discussions se poursuivent ensuite dans la cour de récré, quand les élèves n’ont pas tout simplement décidé de rester en classe pour terminer leur chapitre le plus vite possible. Le Journal du Jura (9.03) https://bit.ly/2U54bMW

Scolarité

Cours de gymnastique La gymnastique à l’école, bien qu’elle soit essentielle, pose problème à plusieurs écoliers… et écolières. Les élèves sont confrontés à une certaine promiscuité, en salle et dans les vestiaires. Des jeunes qui ont un rapport délicat avec leur corps, leur apparence, peuvent mal le

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vivre. Pour certains, la salle est aussi synonyme de dangers : prendre une balle, tomber, se blesser. Autant de raisons qui peuvent pousser à « courber » la gym. Coopération (10.03) https://bit.ly/2IDFe67

Ecole à la maison

Les parents valaisans jouent le jeu Pour le premier jour de fermeture des classes lundi, très peu d’entre eux ont amené leurs enfants à l’école. « Cela montre qu’il y a eu un bon travail des directions d’écoles et du Service de l’enseignement en amont. Les enseignants se sont aussi mobilisés pour informer durant le week-end les parents et pour s’assurer des canaux de communication », se réjouit Jean-Philippe Lonfat, chef du Service de l’enseignement. Même enthousiasme pour Christophe Darbellay, chef du Département de la formation. « On a vu une capacité d’adaptation exceptionnelle de la population valaisanne que je remercie. » Le Nouvelliste (16.03) https://bit.ly/2WRxgif

Coronavirus

Quand les professeurs font cours Pour continuer à faire cours, certains enseignants choisissent de migrer sur le logiciel informel Discord. « C’est un élève qui m’en a donné l’idée et qui a organisé la mise en place », explique Philippe Watrelot, professeur de SES au lycée JeanBaptiste Corot, à Savigny-sur-Orge. Sur Discord, les élèves et le professeur se retrouvent sur un « serveur », soit une conversation privée. L’enseignant peut guider de vive voix ses élèves en leur fournissant le support du cours (diaporama par exemple) par mail. Cet outil suppose de la part des élèves une prise en main rapide d'un logiciel qu’ils ne maîtrisaient pas, pour la plupart. Sur les 35 élèves de la classe, entre 3 et 5 connaissaient Discord.

L’école ailleurs Etudier au Liban

L’avenir n’est plus aussi sûr A l’âge où les jeunes ne pensent qu’à vivre l’insouciance de leur jeunesse, les étudiants libanais, eux, luttent pour survivre face à une crise économique qui les a frappés de plein fouet, perturbant souvent leurs études et leur vie quotidienne. Si beaucoup ont vu leurs rêves s’évaporer avec le début de la crise économique, d’autres la vivent à travers l’inquiétude de leurs parents qui font face à d’énormes difficultés financières. Souvent contraints de restreindre leurs dépenses et leurs sorties, du fait du pouvoir d’achat, les étudiants surmontent très difficilement ce cap dans leur vie quotidienne. L’Orient Le Jour (29.02) https://bit.ly/2wYx4CD

Mais selon les témoignages d’élèves de terminal, inquiets car ils passent leur BAC à la fin de l'année, ce logiciel n'est pas l'idéal pour apprendre. cnews.fr (17.03) https://bit.ly/2IVJCh2

UNESCO

Un enfant sur deux privé d’école Selon l'UNESCO, 102 pays ont ordonné la fermeture totale des établissements scolaires, dont la France. Onze pays ont procédé à des fermetures localisées. Au total près de 900  millions d'enfants sont aujourd'hui impactés. Partout dans le monde, les autorités en charge de l'éducation cherchent à pallier les fermetures d'établissements par des solutions d'enseignement à distance pour éviter notamment le décrochage scolaire. Pour organiser la réponse mondiale, l'UNESCO a annoncé la semaine dernière la création d'un « groupe de travail d'urgence Unesco-Covid-19 ». Il aura pour but d'apporter son soutien aux réponses de chaque pays et de partager les réponses politiques jugées efficaces « en se concentrant sur les pays les plus vulnérables ». Les Echos (18.03) https://bit.ly/2wkVZAs

Coronavirus et écoles valaisannes

Plate-forme d’enseignement à distance Les élèves valaisans des écoles primaires disposent désormais d’une plateforme d’enseignement à distance. « Dans l’ensemble, cela s’est bien passé. Nous avons réussi le défi de mettre en place la plateforme d’enseignement à distance @home lundi après-midi pour les écoles qui ne travaillaient pas avec Office 365. La mise en route est progressive. Cette semaine, il faudra encore réajuster des choses ; il y aura sans doute beaucoup d’échanges entre les parents et les enseignants pour stabiliser la situation », souligne Jean-Philippe Lonfat, chef du Service de l’enseignement. Le Nouvelliste (24.03) https://bit.ly/3drkXyP

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i NFOS DIVERSES

Des nouvelles en bref

as « Ne cherchez p ts n fa n à éviter à vos e e la vie, les dif ficultés d tôt lu apprenez-leur p r. » à les surmonte Louis Pasteur

Le zoom santé du mois Service de la culture Réseau d'écoles21

Exemple de bonnes pratiques du réseau à l’EPASC à Martigny Un grand nombre d’élèves des classes des sections d’accueil (SCAI) de l’école professionnelle artisanale et service communautaire de Martigny (EPASC) souffrent de stress post-traumatique, cette problématique complexe a des incidences sur la scolarité de ces jeunes élèves issus de la migration. Fort de ce constat alarmant, un projet innovant a été mis sur pied par la médiatrice de ces classes SCAI, Carole Jacquemin, afin de donner des outils concrets à ces élèves pour mieux gérer ce stress. L’EPASC fait partie du Réseau depuis le début de l’année 2020. Le RE21 regroupe les écoles du canton soucieuses de développer un politique de promotion de la santé au sein de leur établissement de manière durable. Plus d’infos sur ce projet de l’EPASC :

www.promotionsantevalais.ch/re21

Audiovisuel et cinéma en Suisse romande

Renforcement décidé par la CIIP Réunie le 5 mars 2020 en séance extraordinaire avec les directeurs en charge de la culture des cantons, la Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande et du Tessin (CIIP) a pris acte des activités de la Fondation romande pour le cinéma Cinéforom et approuvé sa stratégie pour les années 2021-2025. Les cantons se sont engagés à maintenir avec leurs partenaires institutionnels leur soutien annuel pour un budget de 10 millions de francs de Cinéforom et à augmenter dans la mesure de leurs possibilités leur contribution pour que la Fondation puisse disposer d’un budget de 11 millions de francs en 2025. La Fondation romande pour le cinéma Cinéforom a été créée il y a dix ans à l’initiative de la CIIP par les cantons de Fribourg, Genève, Jura, Neuchâtel, Valais et Vaud ainsi que les villes de Genève et Lausanne. www.ciip.ch > Communiqués

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Nouvelle cheffe Le Conseil d’Etat a nommé Anne-Catherine Sutermeister à la tête du Service de la culture du canton du Valais. Elle entrera en fonction le 1er septembre 2020 et succédera à Jacques Cordonier qui a fait valoir son droit à la retraite. www.vs.ch > Communication et médias

Résonances ANNE ECOLE VAL AIS M E N S U E L D E L’

Résonances

Résonances Du temps pour…

ANNE ECOLE VAL AIS M E N S U E L D E L’

Tous les PDF de Résonances en libre-accès

SANNE 'ECOLE VAL AI MENSUEL DE L

Et si les élèves n’avaient pas d’étiquette?

Images des professions et des formations

Tous les PDF de Résonances, votre mensuel de l’Ecole valaisanne, sont en libre-accès sur le site et via l’App (cherchez Résonances sur l’App Store ou sur Google Play). En cette période de continuité pédagogique à la maison, comme certains enseignants souhaitent notamment pouvoir donner l'accès à des articles de l’animation pédagogique aux parents, tous les PDF des numéros sont exceptionnellement accessibles en ligne sans avoir besoin de mettre un code d'abonné. www.resonances-vs.ch N°5 • Février 2020

N°4 • Décembre

2019

N°6 • Mars 2020

EN RACCOURCI Photo Roulette

Article sur le site ICT-VS Une nouvelle application fait son arrivée dans les cours d’école : Photo Roulette. Si à la base c’est un jeu entre amis, ce qui pose problème, c’est la diffusion d’informations personnelles et de contenus touchant parfois à l’intimité. A découvrir pour en parler en classe : https://huit.re/photoroulette

Résonances • Avril 2020 Mensuel de l’Ecole valaisanne


IMPRESSUM

Résonances MENSUEL DE L'ECOLE VAL AISANNE

fait parler de vous ! Pour vos annonces  :

Résonances La revue Résonances, qui fait suite à L'Ecole valaisanne parue de 1956 à 1988, à L'Ecole primaire publiée de 1881 à 1956 ainsi qu'à L'Ami des Régens dont le premier numéro date de 1854, est éditée par le Département de l'économie et de la formation (DEF), via le Service de l'enseignement (SE). Edition, administration, rédaction DEF / SE – Résonances – Place de la Planta 1 Case postale 478 – 1951 Sion – Tél. 027 606 42 18 www.resonances-vs.ch Rédaction Nadia Revaz – nadia.revaz@admin.vs.ch – Tél. 079 429 07 01

Technopôle – 3960 Sierre info@schoechli.com Tél. 027 452 25 25

RESTER CONNECTÉ Accès aux numéros en ligne 1. Sur www.resonances-vs.ch, cliquer sur « Se connecter » 2. A l'invite, entrer votre nom d'utilisateur = le numéro d'abonné (sur l'emballage de la revue ou sur demande auprès de la rédaction) 3. Entrer le mot de passe unique : Reso2016 Les numéros, sauf les derniers, sont accessibles en libre accès. Sur le site, vous avez aussi la possibilité de découvrir les enrichissements audio ou vidéo, de consulter l'agenda ou de commander un numéro à l'unité via le magasin en ligne.

Conseil de rédaction Laura Deladoëy, AVPES – www.avpes.ch Alexandra Zwahlen, AVECO – www.aveco.ch Bashkim Ajeti, Ass. Parents – www.frapev.ch Daphnée Constantin Raposo, SPVal – www.spval.ch Elodie Lovey, CDTEA – www.vs.ch/scj Gilles Fellay, AVEP – https ://avep-wvbu.ch David Hischier, HEP-VS – www.hepvs.ch Responsable des illustrations Jacques Dussez Parution Le 1er de chaque mois, sauf janvier, juillet et août. Délai de remise des textes Délai pour les textes : le 5 du mois précédant la parution. Abonnements Cf. encadré séparé ISSN 2235-0918

Accès à l'application Résonances sur tablette ou smartphone 1. Télécharger l'app sur App Store ou sur Google play 2. Entrer le nom d'utilisateur unique : Reso2016 3. Entrer le mot de passe = le numéro d'abonné

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Suisse romande / Tessin

Suisse alémanique

Suisse alémanique

Service pédagogique Pour aider gratuitement le personnel enseignant de tous niveaux à dispenser des cours d’activités créatrices les plus originaux, économiques et écologiques possible. Nos prestations de formation continue sont reconnues par les autorités cantonales. Les cours d’une demi-journée durent au minimum trois heures et traitent d’un seul thème à choix.


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