Résonances, mensuel de l'école valaisanne, hors-série janvier 2020

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Résonances M E N S U E L D E L’ E C O L E V A L A I S A N N E Pépites de l'école valaisanne

N°Hors-série • Janvier 2020


Cet ouvrage propose une découverte du Valais à travers treize rencontres avec des femmes et des hommes attachés à leur terre, à leur métier.   En vente au prix de

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14.04.16 16:21


ÉDITO

L’école valaisanne, version patchwork Résonances « Au ciel, plein d’attention, ici la terre raconte ; son souvenir la surmonte dans ces nobles monts. » Rainer Maria Rilke in Quatrains valaisans

Et si quelques pans de l’école valaisanne vous étaient contés… Ce numéro exclusivement en ligne se veut un peu différent. Ce hors-série autour de l’école valaisanne est à découvrir en pièces détachées. Au menu de ce bonus patchwork très incomplet : divers petits textes, des souvenirs, des idées, des photos de quelques projets scolaires de ces trois dernières années, des citations… Et un test ludique pour évaluer vos connaissances sur le sujet. Bref, un peu de légèreté pour bien commencer l’année. Consacrer un dossier dans la version papier à l’école valaisanne dans son ensemble aurait rapidement été mission impossible, au vu de la diversité des projets menés dans les classes et les écoles d’un bout à l’autre du Valais romand. Là, en ligne, on pouvait imaginer une approche véritablement pointilliste, sans possible comparaison avec d’autres éditions, puisque c’est une première. Il nous fallait toutefois pouvoir ranger le PDF de cette édition sur le site compagnon de Résonances et sur l’App éponyme. De fait, l’une des principales forces de la revue pédagogique valaisanne, ce sont ses archives PDF depuis L’Ami des Régens, lancé par Charles-Louis de Bons en 1854, permettant de tisser des liens entre passé, présent et avenir. Cette édition spéciale est pour moi l’occasion de dire combien c’est un bonheur d’être la rédactrice de Résonances. J’ai la chance de rencontrer tant d’acteurs et de partenaires de l’école valaisanne qui se passionnent pour leur métier et qui cherchent à faire de la classe un lieu où les enfants et les adolescents s’épanouissent en exerçant leur métier d’élève. Evidemment le tableau de l’école n’est pas toujours rose, car l’humain est un mélange d’émotions contrastées. De plus, la classe est souvent chahutée, en devant s’adapter quelque peu à la société, sans pour autant s’y soumettre. Ce tiraillement constant rend la mission de l’enseignant parfois délicate et votre revue se doit aussi de montrer ces facettes-là de l’école. Tout en espérant que vous ferez de belles découvertes via ces miscellanées autour de l’école valaisanne et tomberez même sur l’une ou l’autre pépite, je vous souhaite une année 2020 scintillante, avec de la curiosité, de la fantaisie et de l’émerveillement au programme.

Résonances • Janvier 2020 Mensuel de l’Ecole valaisanne

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Sommaire ÉDITO

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Pépites de l'école valaisanne

L’école valaisanne, version patchwork Résonances - Nadia Revaz

DOSSIER

03 04

L’école valaisanne d’hier, entre tradition et modernité - Danièle Périsset « Si j’étais » Version David Rey

05 06 07

Un pan de mon école valaisanne - Daphnée Constantin Raposo

08

« Si j’étais » Version Alexandra Zwahlen Version Gilles Fellay

09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24

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Chers enseignants, - L’équipe du BEL Double regard sur l’Ecole valaisanne - Patrice Moret Retour en 1954 à Martigny-Bourg Trois petites notes de musique…

Acrostiche scolaire valaisan - Laura Deladoëy Lecture en mouvement - Lionel Saillen O Captain ! My Captain ! - Chloé Gabathuler et Julia Franzetti Trois idées en lien avec le site Ecole-Economie - Stéphane Dayer Goûtons ce fromage ! - Francine Fallenbacher-Clavien Trois souvenirs scolaires Version Gérard Aymon De Montréal à St-Maurice… - Ismaïl Mili Forces et marges d’amélioration Version Olivier Solioz Version Aline Châtillon L’Ecole valaisanne, entre montagne et vallée, entre villages et villes… - Corinne Ramillon Quatre focus du Centre ICT-VS L’école ? Des étincelles de culture ! - Jacques Cordonier N’est pas héros qui croit… et la croyance choit ! - René-Pierre Clivaz Subtile éco(le)système - Samuel Fierz Une grande famille - Yviane Rouiller Ça se passe dans notre école… - Philippe Theytaz Regards sur l’éducation musicale Version Mathias Reynard Version Serge Rey

Résonances • Janvier 2020 Mensuel de l’Ecole valaisanne


DOSSIER

L’école valaisanne d’hier, entre tradition et modernité Danièle Périsset Lorsque l’enseignement programmé rencontre l’usage des becs à plume en acier et encriers traditionnels…  Le Valais aime se targuer d’être à la fois traditionnel et moderne. Mais ses élites ont longtemps été farouchement conservatrices, ne s’ouvrant à la modernité que lorsqu’il n’était plus possible de faire autrement, s’intéressant certes aux idées nouvelles, mais peu à leur réalisation. Une anecdote de 1965 l’illustre dans le domaine de l’éducation.

« 1965 : la fin des becs de plume en acier et encriers traditionnels dans l’école valaisanne. » Dès 1950, la « pédagogie américaine » fait l’objet de rapports auprès du DIP valaisan. Les travaux de John Dewey, repris par le Genevois Robert Dottrens dans son livre L’Enseignement individualisé, le relèvent : ils ont été diffusés ici dès 1940 par les professeurs de l’Ecole normale des garçons pour les examens du brevet d’instituteur. Et en 1962 est adoptée la « loi du siècle » qui modernise l’école valaisanne, la démocratise, prolonge sa durée annuelle, la dote d’une école enfantine, instaure l’école secondaire, permet d’améliorer le salaire de ses maîtres, leur formation, etc.

Pourtant, la Conférence des inspecteurs du 9 décembre 1965 traite (entre autres) de points qui montrent comment des siècles différents cohabitent dans le Vieux Pays. La réunion s’ouvre avec un exposé sur l’enseignement programmé, par le directeur de l’ODIS qui revient d’un séminaire romand. Puis on passe aux sujets qui touchent de près l’école valaisanne et les discussions s’animent, car une question traitée est d’importance : faut-il maintenir les becs de plume en acier et encriers traditionnels, qui seuls permettent aux élèves de calligraphier correctement ou permettre, comme ailleurs en Romandie, l’introduction du porte-plume moderne à réservoir qui induit la disparition de l’écriture anglaise ? Deux inspecteurs sont chargés d’étudier le problème et de soumettre leurs conclusions au chef du DIP à qui la décision finale appartient. A regret sans doute – mais y a-t-il moyen de faire autrement – il sera décidé que c’est avec le porteplume moderne, à réservoir, qu’écriront désormais les écoliers valaisans.

L'AUTEURE Danièle Périsset Professeure à la Haute Ecole pédagogique du Valais

Un souvenir, un projet

La plume, sujet de débat en 1965

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Initiation à la robotique, avec Thymio, dans les écoles valaisannes © Résonances, décembre 2018 - www.resonances-vs.ch

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« Si j’étais » Version David Rey Si j’étais un personnage de l’école valaisanne ? Je ne vois pas de personnage qui mérite à mes yeux une distinction toute particulière. J’aurais plutôt envie de mettre en évidence le travail de TOUS les enseignants du canton qui œuvrent à faire avancer notre belle école. Si j’étais une date? Automne 1974, introduction du CO en Valais… Sinon je ne serai pas en train de répondre à ces questions. Si j’étais une réforme scolaire ? Je ne sais pas si on peut parler de réforme scolaire, mais la gratuité de l’école induit des enjeux qu’il ne faut pas négliger. Je citerai également la volonté de faire de l’école valaisanne une école inclusive. Si j’étais une branche au programme ? SHS, rien de mieux pour comprendre et appréhender le monde, les sociétés qui nous entourent et interagir avec ces dernières. Si j’étais une branche à ajouter ou à retrancher? Toutes les branches actuelles ont leur place dans la grille horaire. Elles permettent à chacun d’exprimer au mieux ses compétences. Le numérique a clairement sa place dans la grille horaire. Si j’étais une faute d’orthographe pas si grave ? Elles méritent toutes mon indulgence si elles sont comprises et corrigées ! Mais j’avoue que je pardonne volontiers les erreurs commises sur quelques archaïsmes de la langue française.

Si j’étais la principale qualité de l’élève idéal ? Sans la moindre hésitation, je dirai curieux. Curieux de tout savoir et de tout découvrir. Si j’étais une technique d’apprentissage ? Apprendre de ses erreurs et ne jamais baisser les bras. Si j’étais un projet d’établissement ? Permettre aux élèves d’exprimer leur passion dans le cadre de l’école. Si j’étais une sortie scolaire ? Qu’importe, pourvu que les élèves prennent du plaisir à sortir de la classe. Dans le cas contraire, la sortie scolaire ne sert à pas grand-chose. Si j’étais un souvenir d’école ? Un cliché énorme, mais je me souviens encore de tous ces enseignants dans mon coin de vallée qui m’ont donné le goût de la profession. Si j’étais un souvenir de récréation ? Les premiers amis, les premiers amours, les premières bêtises… il y a tant de bons souvenirs, mais je n’oublierais jamais les moments passés à décorer la cour d’école en lançant des craies de couleur par la fenêtre.

David Rey Enseignant au CO de Derborence à Conthey Président de l'AVECO

Un souvenir, un projet Journée des inventeurs autour d’explore-it à Viège © Résonances, mai 2019 www.resonances-vs.ch

Un dossier de Résonances en lien avec la curiosité datant de 2010

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DOSSIER

Un pan de mon école valaisanne Daphnée Constantin Raposo L’école valaisanne est, pour moi, un riche méli-mélo. Les enseignants ont été formés soit à l’Ecole normale, soit à la HEP ou ailleurs encore, et cela marque leur singularité. Ils utilisent certes tous le PER, visent les mêmes objectifs, mais y ajoutent leur touche personnelle, se réfèrent à des méthodologies diverses et à des techniques variées. Les élèves viennent, eux aussi d’horizons fort différents, ils ont bien sûr leur personnalité propre. Les mélanges sont parfois harmonieux, parfois détonnant. Cependant, les oppositions sont de magnifiques sources d’enrichissement. Ce patchwork chatoyant reflète les sourires complices des enfants en confiance, les succès quotidiens, fierté de tous, ou plus simplement la satisfaction d’avoir bien travaillé. Evidemment, les efforts sont indispensables à la réussite, le stress des évaluations à tout-va et des délais sont également omniprésents.

« L’école valaisanne est un riche méli-mélo. » Grâce aux découvertes en neuropsychologie, à la prolifération de recherches pédagogiques prometteuses, les difficultés d’apprentissage sont mieux prises en compte.

Les étiquettes ne sont plus des handicaps, car chacun peut avoir sa chance, mais est-ce une aubaine pour tous ? Chaque année, des changements importants donnent une teinte nouvelle à nos programmes. Est-ce mieux ? Ou moins bien ? Pourquoi renier ce qui marchait jusque-là ? Ainsi, les enseignants font bien souvent un panachage qui leur convient. Le risque est alors de passer à côté de l’essentiel, d’improviser sans structurer. Souvenons-nous de mettre le bon sens et l’empathie au centre et notre école sera une rosace gracieuse. Et tant que les enseignants seront encouragés et soutenus par leurs supérieurs, ils seront motivés et enthousiastes. Ils verront de joyeuses étincelles dans les yeux des élèves et coloreront l’efficacité reconnue de l’école valaisanne de paillettes de plaisir.

L'AUTEURE Daphnée Constantin Raposo Enseignante en 1H-2H à Grimisuat Membre du Conseil de rédaction de Résonances

Un souvenir, un projet

Les arbres, au centre de l’attention à Vernayaz © Résonances, octobre 2019 www.resonances-vs.ch

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s, Chers enseignant ngère n’est d’une langue étra t en em gn ei ns L’e uatre têtes sinécure. Vingt-q pas toujours une s qui vous fixent, s yeux écarquillé blondes avec leur s réponses à vous attendez de muets, alors que gré vos heures de el désespoir ! Mal Qu h. sc ut De f au , des activités en vos questions… e et authentique qu di lu l ie ér dans la at m le silence règne préparation, un logie innovante… do us lui ho ét vo e m e qu un ve la main et interaction, e (oh bonheur) lè s ! èv ai él nç un fra d an en qu répond… classe ! Et le, voici qu’il vous par ro nt pa so la t es en èv m él s re vo passez fiè ettez à rêver : m us vo es us vo je e s qu nt avec de un C’est à cet instant te, communique et bl ta e un nt de va ue de r la lang groupes de trois du plaisir à parle olent, prennent rig , ns té. Ils attendent sa ai ivi al ct -v l’a ut ha interrompre us pl nc do à l’idée t en ul sont tout excités Goethe et ne ve cours de langue, in pour ha nt oc le pr el le rp e te nc ils vous in avec impatie urs camarades et le s de de tte es ce ttr re , le s ns de so de recevoir rtenaire (chan pa sse cla la ec ériel av échanger du mat lles, etc.). : éatrices et manue cr s ité us qu’une chose  tiv ac cuisine, ne souhaitent pl ils s, el tu En vir !   es te an ng ha é naiss Après quelques éc olider cette amiti spondant et cons rre et acquérir de co ur ue le xiq r le tre ur on le renc pour élargir nt ite llic so us vo conséquence, ils s types. nouvelles phrase échappée. it de cette belle élève vous extra un is, éc réalisait ? pr se t ve en que ce rê A ce mom osait l’échange et on Si ?   on pour vous iti ité os al sp ré di Mythe ou s est à votre ue iq ist re. gu Lin es hang e nouvelle aventu Le Bureau des Ec ur commencer un po r lle ei ns co us vo accompagner et L’équipe du BEL

Un souvenir, un projet Atelier créatif lors du projet « Deux langues, ein Ziel » au CO de Vouvry © Résonances, mai 2019 www.resonances-vs.ch

Pour en savoir plus Bureau des Echanges Linguistiques Sandra Schneider, responsable du BEL www.vs.ch/bel bel-bsa@admin.vs.ch 027 606 41 30

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DOSSIER

Double regard sur l’école valaisanne Patrice Moret

Retour en 1954 à Martigny-Bourg

Trois petites notes de musique…

En 1954, les enseignants de Martigny-Bourg demandent une augmentation du temps scolaire. Dans une lettre adressée à la Commission scolaire, M. Joseph Emonet, Président de la Commune de Martigny-Bourg, demande un rapport concernant le vœu émis par le personnel enseignant d’une prolongation de la scolarité d’un mois (9 mois au lieu de 8).

Ces 20 dernières années, nous avons beaucoup entendu parler de recentrage des programmes sur les compétences de base en français et mathématiques : l’orthographe et les mathématiques, c’est important à l’école obligatoire. Soyons plus sérieux car le niveau des élèves baisse ! Dans la grille horaire hebdomadaire, les disciplines artistiques (musique, chant, théâtre, dessin, travaux manuels) ont perdu en minutes et en considération. Beaucoup d’évaluations mais moins de notes de musique ! Est-ce un bon calcul à l’heure où le monde professionnel demande de la créativité et de la souplesse ? Quel adulte cherche encore un mot dans le dictionnaire ou effectue une opération en colonne en 2020 ? L’étude menée en parallèle du projet « Un violon dans mon école » montre que la musique a un effet positif sur tous les apprentissages scolaires, certains le savaient déjà depuis longtemps ! Trois petites notes de musique, ont plié boutique Au creux du souv’nir. C’en est fini d’leur tapage, elles tournent la page Et vont s’endormir. Mais un jour sans crier gare, elles vous reviennent en mémoire…

Voici la réponse datée du 3 mai 1954 de M. Alfred Vouilloz, avocat et notaire, Président de la Commission scolaire : Nos instituteurs et institutrices souhaitent une prolongation de la scolarité « pour le plus grand bien des élèves ». Malgré l’affection que je leur porte et l’admiration que plusieurs méritent, je ne crois pas que ce vœu soit désintéressé. En 1946, lors de l’élaboration de la loi sur l’enseignement, M. Prosper Thomas déclarait au Grand Conseil que le moyen le plus sûr de réaliser «l’école active » était précisément l’organisation que nous connaissons en Valais qui oblige le personnel enseignant de rester en contact étroit avec le réel pour gagner leur vie en dehors des mois de scolarité. Il précisait que cette remarque, il la faisait en tant qu’inspecteur scolaire, connaissant le régime des cantons voisins. Cet avis me paraît plein de bon sens, je crois que ce serait une erreur de transformer nos instituteurs en fonctionnaires qui, dans aucun pays du monde, ne se sont jamais signalés par une activité pleine d’initiative.

L'AUTEUR Patrice Moret Directeur des écoles communales (1H-8H) de Martigny

Un souvenir, un projet

Des élèves guides lors de l’exposition itinérante Anne Frank à Martigny (ici, Aurélie, avec Sylvie Rossoz, professeure de français au CO d’Octodure) © Résonances, mars 2019 www.resonances-vs.ch

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Le projet « Un violon dans mon école » à Martigny © Résonances, décembre 2016 www.resonances-vs.ch

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« Si j’étais » Version Alexandra Zwahlen Si j’étais un personnage de l’école valaisanne ? Michel Délitroz (chef de l’Office de l’enseignement spécialisé de 2001 à 2016). Si j’étais une date ? Le 10 décembre 2014 (le concept cantonal sur la pédagogie spécialisée). Si j’étais une réforme scolaire ? Joker. Si j’étais une branche au programme ? Le français. Si j’étais une branche à ajouter ou à retrancher ? Ajouter une branche « stratégies ». Si j’étais une faute d’orthographe pas si grave ? Participe présent vs adjectif verbal, indulgeant vs indulgent. Si j’étais la principale qualité de l’élève idéal ? La capacité d’adaptation. Si j’étais une technique d’apprentissage ? La métacognition. Si j’étais un projet d’établissement ? La soif de nouveauté. Si j’étais une sortie scolaire ? Une activité de team building. Si j’étais un souvenir d’école ? Une gommette (la seule, un cygne blanc dans un étang).

Alexandra Zwahlen Enseignante spécialisée au CO de Collombey-Muraz Membre du Conseil de rédaction de Résonances

Un souvenir, un projet

« Et si l’école… », un dossier de Résonances en octobre 2016

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Version Gilles Fellay Si j’étais un personnage de l’école valaisanne ? Maurice Troillet, promoteur de l’Ecole d’agriculture, parce que chacun a droit à la meilleure formation possible, quel que soit le métier. Si j’étais une date ? 1962 : ouverture du Centre professionnel de Sion Si j’étais une réforme scolaire ? N’importe quelle initiative favorisant le bilinguisme par immersion dans l’autre partie du canton. Si j’étais une branche au programme ? L'histoire. Si j’étais une branche à ajouter ou à retrancher ? Tout ce qui encourage les talents manuels et créateurs mériterait une part plus importante : le savoir passe aussi par la main. Si j’étais une faute d’orthographe pas si grave ? Les adjectifs en –gu, lorsqu’au féminin le tréma se déplace faussement sur le u, comme un clin d’œil à une langue allemande trop peu aimée… Si j’étais la principale qualité de l’élève idéal ? L’enthousiasme. Si j’étais une technique d’apprentissage ? « L'ennui naquit un jour de l'uniformité », disait à raison le poète. Si j’étais une sortie scolaire ? Une visite de Berne, avec Parlement fédéral, cathédrale et fosse aux ours. Gilles Fellay Maître professionnel à l’EPCA de Sion Membre du Conseil de rédaction de Résonances

Les écoles primaires ont exposé en recyclant des objets © Résonances, octobre 2019 - www.resonances-vs.ch

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DOSSIER

Acrostiche scolaire valaisan Laura Deladoëy

Exprimer l’école en Valais Conter le terreau riche et vrai Où la flamme toujours élève L’esprit qui y puise sa sève Et cette tradition féconde Savoir vivant pour têtes blondes Valeurs humanistes transmises Apprenti n’a qu’une devise Léguer l’héritage présent A tous les futurs étudiants Il se nourrit et s’étourdit L'AUTEURE

S’instruit, écrit, lit et grandit

Laura Deladoëy Enseignante au Collège des Creusets Membre du Conseil de rédaction de Résonances

Accédant à l’identité N’oubliant pas l’altérité Nouvelle personnalité

En ligne

Enrichie d’un précieux savoir

Court texte de Florian Evéquoz sur le numérique à l'école.

Saura transmettre la mémoire

Un souvenir, un projet

Semaine romande de la lecture, une idée pour les classes valaisannes www.semaine-romandelecture.ch

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Apprendre à la belle étoile au Dôme qui est installé dans les jardins du Lycée-Collège des Creusets à Sion © Résonances, novembre 2018 - www.resonances-vs.ch

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Lecture en mouvement

en de leur « Trouver le moy lire ; si j’y donner le goût de de nt s progrès, parviens, ils fero . » j’en suis persuadé

Lionel Saillen Histoire de ne pas rester focalisé sur votre écran, nous vous suggérons de lire ce texte debout sur une jambe, en percevant les sensations kinesthésiques qui vous envahissent. La Confédération maintient le cadre légal qui rend obligatoire le sport à l’école. A l’école obligatoire, le nombre minimal de périodes d’éducation physique est de trois par semaine. Aujourd’hui, l’EPS se reflète toujours au travers des manuels fédéraux et d’autres ouvrages clés (Fiches EPS). Ceux-ci contiennent des concepts théoriques réfléchis tels que : la rosace des sens, les étapes d’apprentissage, les styles d’enseignements, les formes d’organisation, la sécurité. Nous relevons l’importance aujourd’hui de donner du sens à nos actions. Pourquoi apprendre à nager au Cycle 1-2 ? Pourquoi travailler l’équilibre en ce moment... ? Pour éviter une crampe : changez de jambe  !

Germain Clavien s in Aux quatre vent

élève-école ». La diversité des régions nous oblige à faire preuve de différenciation, de flexibilité et de souplesse et de compréhension. A l’image de l’équilibre, qualité importante qu’il sera essentiel de développer dès son plus jeune âge et qui nous accompagnera tout au long de notre vie. Le développement de cette qualité ne pourra se satisfaire de situations en équilibre instable. Si ces situations sont intéressantes pour améliorer la stabilité des articulations, elles ne permettent pas d’accéder aux niveaux de sollicitations neuromusculaires spécifiques des gestes sportifs. C’est donc bien dans la variété, la complexité et la spécificité des situations qu’il faut chercher les solutions pour nous amener à gagner en efficience et en sécurité. Fin de l’exercice.

L'AUTEUR

« En Valais, la diversité des régions nous oblige à faire preuve de différenciation. »

Lionel Saillen Animateur/enseignant à la HEP-VS

Sur les hauteurs, malgré la rigueur de l’hiver et parfois le peu de soleil présent, aucun problème pour ces enfants de se rendre sur une patinoire extérieure à 7 h 30 déjà alors qu’ailleurs quelques gouttes de pluie suffisent à augmenter drastiquement le nombre de « voitures

Référence A.Broussal, L.Delacourt : La proprioception, le développement des qualités neuromusculaires au service de l’équilibre (2015, Editions 4Trainer).

Un souvenir, un projet

Virginie Clivaz et Lionel Saillen testent le gainage. https://youtu.be/0-A6LuFQDQg

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Escale des auteurs de la tournée BdL (Bataille des livres) en 6H à Granges - ici Sylvie de Mathuisieulx © Résonances, avril 2017 - www.resonances-vs.ch

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DOSSIER

O Captain ! My Captain !

compose « On arrange et on de façons, les mots de tant riverait-on mais comment ar  ? » à égaler une rose

Chloé Gabathuler, Julia Franzetti Nous gardons tous en mémoire des scènes cinématographiques dans lesquelles un enseignant captive ses élèves, leur fait prendre conscience de l’importance de la littérature dans la construction de soi, leur fait vivre des expériences esthétiques. Par son enthousiasme et sa passion, l’enseignant révèle en eux le sens de leur vie. L’éducation accomplit alors son idéal : permettre à l’élève de construire sa personnalité et de devenir la meilleure version de lui-même. Certes, le cinéma nous fait rêver, mais dans la pratique quotidienne d’un enseignant, l’enthousiasme et la passion sont-ils suffisants à l’activation de telles expériences ? Comment concrètement faire naître en eux l’appréciation de la littérature, susciter leur attention, développer leur sens critique, tout en tenant compte des objectifs des programmes d’étude ?

« Les apports d’activités dites de médiation culturelle… » Ce sont ces interrogations qui ont conduit Julia Franzetti, étudiante à la HEP-VS, à imaginer un dispositif d’enseignement particulier. Confrontée au quotidien à des élèves peu motivés par la lecture, elle projette d’inviter un jeune auteur romand, Auguste Cheval, dans sa classe. Par cette rencontre, elle souhaite réduire la distance qu’éprouvent les élèves vis-à-vis de la littérature. Sa séquence d’enseignement prévoit plusieurs étapes :

Rainer Maria Rilke in Vergers

la lecture d’un récit de cet auteur ; une première rencontre avec l’auteur lors de laquelle les élèves pourront lui poser des questions sur son livre, ainsi que sur son métier d’écrivain ; la rédaction par les élèves de textes à partir d’une thématique proposée par l’auteur ; une seconde rencontre avec l’auteur qui prendra la forme d’un atelier d’écriture. La séquence sera expérimentée en classe après les vacances de Noël et les leçons en compagnie de l’auteur seront filmées et analysées par l’étudiante et la formatrice afin de déterminer a posteriori la pertinence d’un tel dispositif didactique. Ces analyses serviront de point de départ à une réflexion plus large sur les apports d’activités dites de médiation culturelle dans la construction d’un rapport esthétique aux textes littéraires en classe.

LES AUTEURES Chloé Gabathuler Professeure en didactique du français à la HEP-VS Julia Franzetti Etudiante à la HEP-VS et enseignante au CO de la Tuilerie à St-Maurice

Un souvenir, un projet

Nous gardons tous en mémoire des scènes cinématographiques dans lesquelles un enseignant captive ses élèves (ici, le Cercle des poètes disparus).

Résonances • Janvier 2020 Mensuel de l’Ecole valaisanne

Les 10 ans du Parlement des enfants de l’Institut Sainte-Agnès au Grand Conseil à Sion © Résonances, décembre 2018 - www.resonances-vs.ch

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Trois projets en lien avec le site Ecole-Economie « Moins de déchets, plus de tri » Lancée lors de la dernière année scolaire, cette campagne s’étend désormais à l’ensemble du canton, particulièrement dans la scolarité obligatoire. S’inscrivant dans le cadre des activités liées au développement durable, l’idée de base est de sensibiliser les jeunes à l’importance de la gestion des déchets, mais surtout de susciter des comportements concrets et réguliers basés sur les actions suivantes, à savoir, dans l’ordre, Réduire, Réutiliser, Remplacer, Réparer, Recycler. Des supports d’information (affiches, propositions d’activités) sont disponibles sur le site Ecole-Economie.

« J’m bouge pour l’énergie » Les actions liées à la sensibilisation aux économies d’énergie ne sont pas nouvelles, mais une mise à jour importante de la démarche a été effectuée et testée lors de la dernière année scolaire. De nouveaux moyens (flyers, supports de cours…) sont disponibles et utilisables directement par les enseignants 7H-8H et 11 CO. De plus, à leur demande, des personnes spécialisées dans le domaine peuvent être appelées dans les classes. A ce jour, près d’une centaine de classes sont déjà inscrites. Il est

possible de télécharger les nouveaux supports sur le site Ecole-Economie.

Economie régionale, des classes du CO de Montana sur le terrain L’économie constitue un domaine très peu connu des élèves. Afin de les sensibiliser aux activités de leur région, le CO de Montana vient d’organiser deux demi-journées pour 80 élèves de 11 CO afin de leur permettre de découvrir les activités de 21 entreprises du Haut-Plateau. Outre la visite proprement dite, les groupes de 4 à 5 élèves ont pu s’entretenir directement avec les responsables des entreprises qui les ont accueillis. Ceci sur la base d’un questionnaire précis et préparé en classe. Un compte rendu des groupes est prévu sous différentes formes.

Référence Stéphane Dayer Chargé des projets Ecole-Economie 079 220 33 67 www.ecole-economie.ch

Un souvenir, un projet

https://bit.ly/2S7khGK

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Graines d’entrepreneurs: entrepreneuriat pour enfants et ados - © Résonances, septembre 2018 - www.resonances-vs.ch

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DOSSIER

Goûtons ce fromage !

professeurs « Il n’y a de bons subsiste que ceux en qui ve. » la révolte de l’élè

Francine Fallenbacher-Clavien Des générations d’élèves ont récité Le Corbeau et le Renard, avec des gestes, des intonations et parfois sans doute, des blancs tétanisant. Mais que reste-t-il de cet apprentissage de la poésie ? Les plus optimistes diront qu’il reste le souvenir d’un grand texte mémorisé sur le bout des doigts et que, vingt ou trente ans après la fin de son école primaire, on peut encore réciter… Les plus réalistes conviendront qu’ils sont restés sur leur faim, comme le corbeau de l’histoire ! L’élève est resté spectateur du texte sans pouvoir en devenir acteur. Nos étudiants, futurs enseignants, seraient très peu habitués à exprimer leurs réactions affectives au poème, leurs expériences poétiques s’inscrivant, aux côtés de la récitation, dans une lecture analytique des textes (Emery-Bruneau, 2018).

Edmond Gilliard vie co in L’é le contre la

Comment lire, dire, écrire la poésie ? Et à partir de là, comment l’enseigner ? Ce sont ces questions qui ont été au cœur de l’élaboration des séquences de poésie. En miroir, il faut susciter chez les élèves un plaisir de découvertes poétiques, rendre les tâches d’enseignants opérantes et leur permettre de reproduire les activités, tout en se permettant de les adapter. Reste que ce long travail se poursuit au sein d’une petite équipe de recherche de la HEP1. Enrichies et testées dans des classes, elles seront mises en ligne sur le site de l’animation pédagogique de la HEP, pour les enseignants du Cycle 2, dès la rentrée 2020. Notes

« Faire l’expérience de la poésie. » En réaction à ce constat, nous proposons à la HEP Valais de renouveler l’approche de la poésie, en tentant des expériences plus esthétiques. Un projet intégré à la formation initiale a permis aux étudiants de créer des séquences de poésie pour les enseignants du Cycle 2. Il ne s’agissait pas d’adapter des théories sur la forme poétique, mais de faire l’expérience de la poésie, en d’autres termes de goûter enfin au fromage de la fable. Ce sont les pratiques d’étudiants autour des textes qui les ont conduits à des savoirs collectifs sur la poésie et non l’inverse.

https://animation.hepvs.ch/francais

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L'AUTEURE Pour le Groupe L1 de la HEP-VS : Francine Fallenbacher-Clavien

Référence Judith Emery-Bruneau (2018). « Expériences poétiques d’étudiants en formation initiale », In Language and Literacy, 20, 20-39.

Un souvenir, un projet

Goûter au fromage de la fable de Jean de La Fontaine

Résonances • Janvier 2020 Mensuel de l’Ecole valaisanne

La danse et des mots comme trait d’union au Lycée-Collège de la Planta à Sion © Résonances, février 2018 - www.resonances-vs.ch

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Trois souvenirs scolaires

Version Gérard Aymon Souvenirs d'élève Ce ne sont pas des chagrins, mais plutôt de bons souvenirs et des amitiés avec les copains et copines de la classe. J’adorai les moments de collaboration (travaux de groupe, ateliers) et de sport (EPH). Je trouvais chouette de jongler avec les chiffres en mathématiques.

sont beaucoup plus vastes. J’adore retourner dans les classes pour remplacer ou accompagner des collègues. Le team-teaching durant mon année d’échange au Québec était incroyablement enrichissant.

Souvenirs de directeur

Souvenirs d’enseignant

Un 40e anniversaire de toute beauté avec des enseignants du CO engagés comme jamais et un spectacle inoubliable. Egalement de très bons souvenirs lors des remises de diplômes et notamment un slam mémorable à deux voix qui m’a donné la chair de poule et qui remerciait sincèrement le travail des professeurs et l’ambiance de l’école.

De très bons souvenirs et des moments de grand bonheur lorsque des enfants avaient les yeux pétillants en venant de découvrir quelque chose de merveilleux ou en réussissant un geste sportif difficile. Je préfère le sport aux mathématiques car les possibilités didactiques

Gérard Aymon Directeur du CO et des écoles primaires du Val d’Hérens Président de la CLACESO (Conférence latine des chefs d’établissement de la scolarité obligatoire)

Un souvenir, un projet

Chouette de jongler avec les chiffres

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« Plantons made in St-Guérin » : un projet en classe d’adaptation à Sion - © Résonances, septembre 2019 www.resonances-vs.ch

Résonances • Janvier 2020 Mensuel de l’Ecole valaisanne


DOSSIER

De Montréal à St-Maurice… Ismaïl Mili « Oui, mais l’année prochaine, ce sera plus facile, nous n’aurons QUE 80 étudiants ».

posent des idées aussi chouettes que pertinentes, c’est un tout autre casse-tête qui se présente :

La doyenne (de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal), qui me fixe tout en prenant note de mes inquiétudes, est pourtant très sérieuse : l’année prochaine, « ce sera plus facile car nous n’aurons des amphis remplis QUE de 80 étudiants ».

comment identifier au mieux les besoins de formation (étant donné qu’on nous fournit les ressources pour y répondre) ? comment proposer une architecture de formation cohérente (vu qu’on nous fait confiance pour monter des dispositifs novateurs) ? comment rendre le tout cohérent avec les mandats et les besoins du Service de l’enseignement (vu qu’on a le luxe de pouvoir échanger sans passer par moult administrations ou commissions interposées) ?

« Cinq ans plus tard et 5.966,08 kilomètres plus loin… » Cinq ans plus tard, je repense au vertige qui avait suivi cet entretien, au casse-tête qu’il avait généré : comment proposer des dispositifs de formation qui sortent des sentiers battus, qui mettent les futurs enseignants en activité, qui permettent des analyses de pratiques et de gestes professionnels, qui laissent une place au soutien et à l’autonomisation des étudiants avec SEULEMENT 80 étudiants (par groupe, sachant qu’il y a 5 groupes dans une volée) ? Cinq ans plus tard et 5.966,08 kilomètres plus loin, si je repense à cette scène (véridique) et si les locaux de StMaurice me semblent parfois si petits, je me dis que c’est aussi parce qu’ils n’accueillent QUE trente enseignants en formation à la fois… Et là, comme on peut de surcroît compter sur une équipe plurisectorielle composée de personnes motivées qui pro-

Un souvenir, un projet

A bien y réfléchir, entre les deux casse-têtes, moi, je prends le second, pas vous ?

L'AUTEUR Ismaïl Mili Professeur-formateur en didactique des mathématiques et coordinateur de l’équipe de didactique des mathématiques à la HEP-VS larpem@hepvs.ch

de de son ignorance, « Qui lit se libère en couvre lui-même sa naïveté. Il se dé »   s. x meilleur se comparant au rmatten

Maurice Ze l’adieu ur in Po prolonger

Des élèves de Bramois sur un globe géant pour les droits de l’enfant © Résonances, mars 2019 – www.resonances-vs.ch

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Forces et marges d’amélioration Selon Olivier Solioz

Selon Aline Châtillon

Une force de l’école valaisanne ? Les écoles gardent un lien avec la vie sociale qui les entoure. Les enseignants s'impliquent fortement dans leurs tâches de formation et d'éducation. Les nouvelles pédagogies, méthodologies et approches scientifiques sont proposées mais non imposées comme un dogme à appliquer par et pour toutes et tous. Une marge d’amélioration ? Pour viser une école intégrative, les ressources humaines et les moyens financiers nécessaires doivent être attribués dès la 1H et s'adapter ensuite aux niveaux scolaires. Lors de l’introduction de moyens d'enseignements, le temps d'expérimentation fait parfois défaut et des erreurs de jeunesse doivent être corrigées après coup. Une force personnelle ? J'essaie d'aller à l'essentiel des objectifs du PER en gardant une marge pour des projets ponctuels, qui font interagir les élèves de manières différentes. Je pense pouvoir m'adapter aux nouvelles situations scolaires d'une manière assez sereine. Une marge d’amélioration personnelle ? Avec ma fonction de président de la SPVal, je dois partager mon emploi du temps entre les impératifs scolaires et associatifs. C'est donc d'avoir encore plus de temps disponible pour les échanges avec ma collègue et les autres enseignants du centre scolaire.

Une force de l’école valaisanne ? Les élèves ont globalement un bon niveau à la fin de la 8H. Comme j’ai toujours travaillé avec le PER, je n’ai toutefois pas la possibilité de comparer avec les connaissances et compétences des élèves selon un autre plan d’études. Une marge d’amélioration ? Pour atteindre tous les objectifs, surtout en maths, j’estime que l’on survole parfois certaines notions centrales. De plus, j’ai l’impression que le programme ne nous laisse pas suffisamment de temps pour des conseils de classe ou des projets. L’autre difficulté est liée à l’école inclusive qui nécessiterait davantage de moyens. Une force personnelle ? Dans mes classes, j’essaie de mettre en avant la communication. A mes yeux, cette capacité transversale est centrale. Si les enfants s’écoutent les uns les autres, ils s’entraident plus facilement. Une marge d’amélioration personnelle ? Cette année, j’ai plus de mal à faire en sorte que les élèves respectent les adultes et le matériel. Je dois travailler sur ces points avec eux et trouver d’autres stratégies pour les inciter à ce respect.

Olivier Solioz Enseignant en 6H à Ardon - Président de la SPVal

Aline Châtillon Enseignante en 7H à Vouvry

Un souvenir, un projet

Le PER, trait d’union de l’école romande

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Prix RTS Littérature Ados, deux membres du jury valaisan © Résonances, mars 2019 - www.resonances-vs.ch

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DOSSIER

L’école valaisanne, entre montagne et vallée, entre villages et villes… Corinne Ramillon Arrivée de Genève, canton-ville où toute la vie se trouve condensée sur un territoire fort étroit entre deux chaînes de montagnes, l’une ancienne, le Jura, l’autre plus jeune et en mouvement, les Alpes, qui respire au gré des vents qui le traversent et du Léman, pour débuter un nouveau challenge professionnel, celui de la Formation initiale des enseignants du canton à la Haute école pédagogique du Valais, j’ai découvert, par le biais de ma fonction de superviseur de nos étudiants lors de leurs stages dans les classes, un monde nouveau, celui de deux écoles, l’une montagnarde avec ses valeurs et ses traditions villageoises bien ancrées dans le patrimoine rural valaisan, l’autre citadine, mêlant culture et racines du canton et des villes et culture internationale de par les apports des élèves d’autres horizons, bien plus nombreux en plaine.

« Ce sont ces deux écoles qui forgent le caractère si riche du Valais. » Ce sont ces deux écoles qui forgent le caractère si riche du Valais, les élèves découvrant selon leur lieu d’apprentissages, leurs enseignants et leur lieu de vie familiale, toutes les facettes qu’offrent les racines valaisannes : allant des histoires racontées par les anciens des villages,

travaillées lors d’une leçon de lecture ou d’histoire, aux chants en patois des différentes vallées, que l’enseignant ou le stagiaire présente lors d’un cours de musique, des représentations de la vie d’antan aux représentations du Valais du futur, rencontrées dans les couloirs des écoles lors d’expositions des travaux des élèves développés durant les activités créatrices et manuelles, une richesse telle qu’il est impossible de ne pas s’y intéresser et de vouloir en connaître plus.

L'AUTEURE Corinne Ramillon Chargée d’enseignement et Responsable francophone pour l’Education numérique à la HEP-VS www.facebook.com/CorinneRamillon

ver aître et me retrou nn co re t es c’ e ir « L illais dans tous comme si je m’éve e et les paysages qu les personnages et tures m’apporte le souffle des écri çon ont existé. » qui de quelque fa

Maurice Chappaz n pays in Journal intime d’u

Un souvenir, un projet

L’école valaisanne est citadine et montagnarde, ce qui étonne vu de certains cantons.

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Institut Sainte-Agnès et Radiobus au CO de St-Guérin à Sion © Résonances, juin 2017 - www.resonances-vs.ch

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Quatre focus du Centre ICT-VS Scolarité obligatoire Le numérique : entre ouverture et clôture Les objets d'apprentissage et donc d'enseignement, dans notre culture ouverte vers la vie et l’avenir, visent une compréhension des personnes et des choses de notre monde. Ces objets s'appuient sur une culture et donc un langage commun à notre société. Le numérique en fait partie et vient soutenir cette compréhension par l’ouverture inédite de champs d’informations et de savoirs. S’en priver n’est pas sans conséquence sur notre inscription dans la société. Paradoxalement, la multiplicité des intérêts qui s’y déploient demande de retrouver l’élément de clôture nécessaire au travail de la pensée et de se concentrer.

Secondaire 2 Et si on …. Moodle Depuis une année, le Centre cantonal ICT-VS propose aux écoles du S2 une version de Moodle revue et allégée. Nous assurons le processus d’installation et le maintien à jour et les formations pour assurer la prise en main. Cet outil permet de diversifier sa façon d’enseigner et, notamment, d’accroître l’interactivité. Vous avez accès à la suite H5P avec ses activités1 allant de l’apprentissage en arborescence à la juxtaposition d’images, ou encore Learning Apps2 pour créer différents exercices en s’inspirant des exemples ou des créations d’autres d’autres enseignants (exemple de cours3). Un exemple de site Moodle pour les écoles du S2 : https://moodle.ict-vs.ch.

Technique L’après Educanet2 Fin 2020, Educanet2 s’arrêtera après 16 ans d’activités. Le pôle technique est en charge d’accompagner les éta-

blissements scolaires dans la transition d’Educanet2 vers Office365. Afin d’y parvenir, une adresse de messagerie et un espace de stockage seront fournis à l’ensemble des acteurs de l’éducation. Pour permettre aux enseignants d’apprivoiser au mieux les futurs outils numériques mis à leur disposition, nous travaillons sur la création de capsules vidéo et de tutoriels. A la rentrée scolaire 2020, vous serez prêts ! Vous pourrez utiliser sereinement les outils O365 !

Prévention Opération Fake News Avec le soutien de l’Association de la presse valaisanne, des journalistes et des enseignants ont élaboré un module de formation aux Fake News. Le centre de compétences ICT-VS a participé à l’élaboration du projet. Destiné aux élèves de 10H, ce module se promènera cette année et l’année prochaine dans tous les CO du Valais romand. Nul doute que ce travail donnera lieu à de nombreuses réflexions et prises de conscience tant chez les élèves que chez les enseignants ; une possibilité d’aider à développer un esprit critique dans un univers médiatique chaque jour plus touffu. L’équipe du Centre ICT-VS Notes https://h5p.org/content-types-and-applications https://learningapps.org 1 https://moodle.ict-vs.ch/login/index.php 1 1

Centre ICT-VS www.ictvs.ch

Un souvenir, un projet

Information et démocratie au cœur de la 7e Semaine culturelle du Lycée-Collège de la Planta à Sion © Résonances, mai 2019 www.resonances-vs.ch

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DOSSIER

L’école ? Des étincelles de culture ! Jacques Cordonier différente de celle que ses camarades et le prof le voient. Après nous avons discuté avec les comédiens, des vrais pros qui vivent de leur travail, lui il est de Sion et elle de Chippis. Ils nous ont expliqué comment, pour préparer le spectacle, ils ont travaillé pour mettre en ordre leurs idées qui partaient aussi dans tous les sens. La semaine prochaine avec le comédien nous ferons la même chose. Je me réjouis, parce que cela va parler de moi, mais avec des mots riches, forts. Jacques Cordonier 6 HarmoS + 53

« Nous avons discuté avec les comédiens. » Ça partait dans tous les sens ! Le comédien a souri et dit que c’était bien car pour lui, la plupart du temps, cela se passe de la même manière, les idées fusent sans ordre et tout le corps se met à réfléchir, pas seulement la tête. Nous avons fait des exercices pour bien les sentir partout, les idées qui circulent. « Il est important de perdre le temps pour aller au fond de soi chercher ce qui s’y trouve caché, comme un trésor ». Alors on y est allé, à fond ! Le comédien nous a ensuite proposé de découvrir un spectacle dans un théâtre. Le spectacle parlait de ce qui se passe lorsqu’un élève ne se sent pas à sa place dans la classe, lorsque la manière dont il se sent est trop

©Olivier Maire

Ce matin un comédien est venu en classe nous parler du projet de spectacle que nous allons réaliser, tous, ensemble. Comédien, c’est son métier, il le pratique ici. Il nous a parlé de la pièce qu’il a créée récemment en réunissant ses anciens collègues d’école primaire. J’étais étonné de penser que mes jours d’école pourraient servir à écrire une pièce, dans trente ans ! Il nous a rassurés en disant que nous n’allions pas attendre si longtemps et nous nous sommes mis à chercher dans nos souvenirs, récents, ce que nous pourrions mettre dans le spectacle.

L'AUTEUR Jacques Cordonier Chef du Service de la culture du Canton du Valais

marche moi, c’est une dé ur po e, ur it cr ’é L «  lle, spontanée, tout à fait nature n, aussi quand io comme la respirat , c’est comme si re ri éc s pa je ne peux s respirer. » je ne pouvais pa

erview accordée Corinna Bille in Int / RTS à Elisabeth Brindisi

Un souvenir, un projet

Les étincelles de culture à l’école, un dispositif valaisan www.etincellesdeculture.ch

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Projet du CRAC autour du cirque à Crans-Montana et à Lens © Résonances, mars 2019 – www.resonances-vs.ch

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N’est pas héros qui croit… et la croyance choit ! René-Pierre Clivaz On pense aux enseignants comme à des héros méconnus de l’éducation… Heureusement ce métier procure une satisfaction à long terme malgré un manque de reconnaissance !

ment de cette histoire. Il s’inscrit dans le changement, et appelle au changement pour créer l’image du renouvellement. Il est l’espoir personnifié qui de sa présence et de ses actions sauve par conversion.

Acteurs essentiels, au cœur du processus d’apprentissage, ils forgent esprit, mémoire et curiosité. Ils véhiculent les connaissances. Un rôle crucial dans la vie de chaque personne. Les enfants peuvent apprendre et progresser si vite grâce à leurs enseignants. Réalité d'un métier exigeant, ils exercent de tout temps un métier difficile et complexe tentant de s’adapter continuellement au gré des courants !

L’enfant, figure principale, endosse le masque du héros… l’enseignant, celui de passeur ! Pour que ce premier puisse exister, encore faut-il que le second lui rende sa place… A chacun son masque et la pièce sera bien jouée ! Et puis remettre l'éducation au centre de nos sociétés en revalorisant le métier et en lui accordant une authentique priorité.

« Les enseignants forgent esprit, mémoire et curiosité. »

Reconnaissez qu’élève autant que maître sont les acteurs essentiels d'une société moderne. Ils suscitent respect et considération. Ils méritent d'être écoutés !

Nous avons une dette à leur égard. Mais en réalité, ne seraient-ils pas plutôt « les éveilleurs » de l’histoire ? N’est-ce pas grâce à l’aide du maître, sous le regard éclairé d’un guide ou soutenu par un mentor, que le héros évolue en faisant preuve d’adaptation, d’innovation, de mutation… voire de révolution ? Le héros tient le rôle principal. Il se transforme, se métamorphose et grandit au fur et à mesure du déroule-

L'AUTEUR René-Pierre Clivaz Artiste peintre Enseignant des Activités Manuelles Créatrices et des Arts Visuels dans les écoles primaires Animateur des Arts Visuels des cycles 1 et 2 à la HEP-VS

Un souvenir, un projet

A chacun son masque et la pièce sera bien jouée !

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Flashmob avec des jeunes d’origine diverses au Lycée-Collège de la Planta à Sion - © Résonances, avril 2019 www.resonances-vs.ch Résonances • Janvier 2020 Mensuel de l’Ecole valaisanne


DOSSIER

Subtil(e) éco(le)système Samuel Fierz Je vois notre école comme une alchimie subtile où tous les acteurs travaillent ensemble avec leurs différences et leur intelligence propre. Avec prudence, j’ose la métaphore avec le modèle biologique d’écosystème1. Pris isolément, chaque acteur n’est rien. Une vérité de La Palice, mais vérité quand même. Que serait un enseignant sans élèves ? Des parents sans école ? Une école sans directeur ? Un spécialiste sans généraliste, et réciproquement ?

« L’école n’échappe pas à la règle du changement et de l’adaptation. » Interdépendants, tous ont pourtant un rôle spécifique. Enseigner, apprendre, organiser et mettre à disposition les ressources, former la relève, gérer des situations complexes… Chacun a ses propres défis, ses analyses, son ressenti, ses efforts, ses difficultés, ses espoirs. Il y a communauté de destin. Aucun ne peut prétendre son action plus importante que celle de l’autre. La valeur ne se mesure pas au budget, aux années d’expérience, au titre académique. Dans un mystérieux effet papillon, ce qui se joue dans chaque situation quotidienne participe du tout.

gement et de l’adaptation. Evidemment, elle privilégie aussi le maintien du statu quo le plus longtemps possible, souvent par pragmatisme, parfois par habitude. Les questions restent entières. L’observation des écosystèmes a permis de comprendre le « comment » de la vie sur terre mais jamais le « pourquoi ». Et dans ce regard porté sur notre école, je reste là (parfois las) avec mes questions : Pourquoi des élèves réussissent et d’autres pas ? Pourquoi n’a-t-on ou ne prend-on pas le temps ? Pourquoi confiance et méfiance sont-elles si souvent entrelacées ? Au-delà de ces questions, je garde une profonde admiration pour tout membre de notre éco(le)sytème - élèves compris - qui chaque jour choisit l’engagement plutôt que la démission. Notes Pour le clin d’œil : objectif Unité et Diversité du Vivant, PER MSN 18-28-38

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L'AUTEUR Samuel Fierz Formateur HEP-VS

L’adaptation est permanente. Le propre de la vie est d’évoluer. Et l’école n’échappe pas à la règle du chan-

Un souvenir, un projet

L’interdépendance des acteurs de l’école

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Démarche pédagogique en lien avec les castors © Résonances, septembre 2016 - www.resonances-vs.ch

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Une grande famille Yviane Rouiller « Tonton, t’as reçu une demande d’absence pour Lucie vendredi prochain ? » « J’en ai une pour Damien mais pas pour Lucie ! Ah ce Jacques, il en a toujours fait à sa tête, mais alors depuis son divorce c’est la cata… Faut dire qu’elle en a supporté Isabelle, ça lui pendait au bout du nez… Et en plus, voilà qu’ils ne peuvent pas venir avant 17 h 30 pour l’entretien mardi, mais moi j’ai les vaches, y croient quoi ! Ah complexes parfois, les sacs de nœuds et de cadeaux à démêler au fond de certaines de nos vallées. Le prof de sciences peut être le père de la prof de français alors que celui de 5H est l’oncle de la jeune enseignante qui vient de débuter en 2H ! Tout bon natif qui enseigne ici depuis 40 ans a vu séjourner tous les enfants du village sur les bancs de sa classe et les discussions en salle des maîtres, concernant fréquemment la vie privée des habitants du village, peuvent sembler irréelles pour quelqu’un qui arrive de la capitale ou du bout du lac.

« Les discussions en salle des maîtres peuvent sembler irréelles pour les citadins. » Il y a des biais certes dans cette situation, et combien ! Mais n’y a-t-il pas aussi de nombreux avantages, lorsqu’on sait les repérer et les dompter ? Lorsqu’on a compris que le PER et les MER ne sont pas si universels

que ça, qu’il s’agit d’arrondir les angles avec rigueur et douceur pour préserver les petits trésors de vie que nos contextes offrent au bord des chemins ? « Tiens, la petite Amandine passe devant le raccard de Simone ! Cette puce de sept ans chemine presque tous les jours à travers le village en jouant de la flûte pour venir à l’école. Regarde ! Elle s’arrête vers Lulu. Elle lui demande sûrement des nouvelles de son chien.  Elle est pas belle la vie en haut chez nous ? »

L'AUTEURE Yviane Rouiller Professeure/chargée d'enseignement HEP-VS, après un parcours diversifié dans l'enseignement et la recherche (GE, VD, VS)

lais] où l'on parle « Car ce pays [le Va voie et de France, lui de Sa deux langues : ce magnes ; ntons et des Alle Ca ze ei Tr s de i lu ce urtant té si forte est po ni l'u nt do , ys pa ce de la es, ce pays frappe faite de contrast gnes, ta on s et barbares m tête, de ses âpre »   ie jà le ciel d'Ital . un ciel qui est dé ynold

Gonzague de Re isses in Cités et pays su

Un souvenir, un projet

La vie, belle, en Valais (un air de Valais/Wallis Promotion)

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#MOICMOI, un projet santé qui avait été développé et mené à l’ECCG de Monthey © Résonances, juin 2018 - www.resonances-vs.ch

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DOSSIER

Ça se passe dans notre école… Philippe Theytaz L’école valaisanne, c’est mon école. Depuis l’usure de mes fonds de culotte et jusqu’à celle de ma retraite (sans qu’elle en soit vraiment une aujourd’hui), j’y suis encore dans cette école, et j’y reste, tant que la lucidité et la motivation me le permettent. J’accompagne, en effet, dans leur cheminement, des élèves, des enseignants, des parents et même des responsables pédagogiques et des directeurs. Il y a comme un attachement à nul autre pareil à mon école… un peu ressemblant à celui d’un vieux couple dont la fidélité demeure, mais qui se donne la liberté de manifester son humeur, d’exprimer ses critiques, de se plaindre l’un de l’autre… et de s’aimer quand même. J’aime mon école… lorsque l’enseignant se penche sur moi pour m’expliquer, j’aime le prof qui se fait petit et se met à ma hauteur pour mieux me comprendre quand je n’réussis pas. J’aime l’école… lorsque le maître ou la maîtresse croit que je suis capable d’apprendre, même quand je n’sais pas, que je n’comprends pas, que je vois mal, que j’entends mal et que je rêve. Il me dit alors que ça n’est pas grave, que je suis là pour apprendre et que ça ira de mieux en mieux. Il me rappelle alors comment c’était lorsque j’ai réussi à faire la fiche avec seulement une erreur : je me sens aussitôt tout léger, je souris, mon corps se détend et mon cœur bat comme jamais. Je sens les forces revenir en moi, je commence à croire que je peux être capable : mes pensées, comme une baguette magique, transforment alors mes peurs, mes colères et mes tristesses pour devenir du courage, de la sérénité et de la joie : tout ce qu’il faut pour être en confiance et retrouver l’envie d’apprendre. Je n’aime pas mon école… lorsque l’enseignant me veut tellement du bien qu’il me fait mal. Il me dit toujours que

c’est pour mon bien qu’il me gronde et me fait refaire à la maison les fiches que je n’ai pas pu finir en classe. Ils disent que je suis lent, mais je n’sais pas comment faire et j’aimerais pouvoir compter sur eux, les profs et les parents, pour que ça change… car j’aimerais bien que ça change. Le prof a dit à mes parents que même à mon âge, si je continue comme ça, je vais redoubler et qu’à l’avenir, lorsque je serai grand, ce ne sera pas brillant. Mes parents sont surpris et choqués ; ils me regardent comme un enfant qui n’est pas comme les autres. En fait, ils m’aiment toujours et pensent que c’est le prof qui exagère. Ils parlent alors d’une autre école, une école qui ne ferait pas redoubler, qui accompagnerait chaque élève à son rythme. J’ai même entendu qu’ils discutaient avec d’autres parents pour que ça change. « On ne tire pas sur l’herbe pour la faire pousser. » J’aime mon école… celle qui a conscience de ses lacunes, de ses manques, de ses erreurs et qui se donne les moyens d’apporter les remédiations qui s’imposent : une école qui pratique une évaluation formative et qui différencie, une école adaptée aux « bons » comme aux « moins bons » élèves, une école de la formation plutôt qu’une école de la sélection. Une école de la réussite… avec exigences, fermeté et bienveillance.

L'AUTEUR Philippe Theytaz Docteur en sciences de l’éducation, consultant en relations humaines et coach, avec une longue expérience comme enseignant, directeur d’établissement scolaire et chercheur

Un souvenir, un projet

Histoires d’amour - et parfois de désamour - avec l’École valaisanne

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Les écoles de Savièse ont fait un travail autour du portrait et de l'identité pour une exposition © Résonances, mai 2019 - www.resonances-vs.ch

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Regards sur l’éducation musicale Version Mathias Reynard Comme les autres disciplines artistiques et culturelles, l’éducation musicale est essentielle et doit être défendue. Alors qu’augmentent les pressions politiques pour une école au service de l’économie, qui forme de futures salariées et de futurs salariés rentables, il nous faut défendre une éducation au service de l’humain et du vivre-ensemble.

« Il nous faut défendre une éducation au service de l’humain. » L’école doit former de futures citoyennes et futurs citoyens à l’esprit critique, à l’écoute des autres, créatifs et capables de ressentir et d’exprimer ce qu’il y a de poétique dans le monde et en eux. L’éducation musicale y participe fortement !

L'AUTEUR Mathias Reynard Enseignant au CO de Savièse Conseiller national

Pour aller plus loin Pearltree thématique Biblio de la Documentation pédagogique https://bit.ly/2Z1Zd5E

Version Serge Rey A l'école primaire, parallèlement à l'axe principal formé par trois branches : français, maths et langues, l'éducation physique, les arts visuels et la musique ont un rôle de développement personnel, d'ouverture, presque de détente. En éducation musicale, les activités qui marchent bien sont celles qui impliquent une participation physique de l’élève : percussions corporelles, instruments, danses, mais aussi chants lorsqu'ils sont bien choisis et débouchent sur une production devant spectateurs. Même si elles sont nécessaires, la partie connaissances théoriques et les activités d'écoute ne semblent toucher qu'une faible part des élèves, ceux qui y sont déjà sensibilisés par leurs parents ou qui pratiquent une activité musicale extérieure à l'école. Que faire ? Tout au long de mon parcours d'enseignant, je n'ai vu s'esquisser que des adaptations, mais pas vraiment de solution. D'ailleurs, y en a-t-il vraiment une ? Et l'école doit-elle absolument tout rendre ludique ?

L'AUTEUR Serge Rey Enseignant retraité et écrivain

Test ludique de connaissances Quel est votre degré de connaissance de l'école valaisanne? www.resonances-vs.ch

Un souvenir, un projet

La comédie musicale « Le Soldat rose » au Sacré-Cœur à Sion © Résonances, mai 2019 - www.resonances-vs.ch

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« Un violon dans mon école », à Martigny et aussi à Monthey © Résonances, mai 2019 - www.resonances-vs.ch

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Résonances M E N S U E L D E L’ E C O L E V A L A I S A N N E

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Résonances La revue Résonances, qui fait suite à L’Ecole valaisanne parue de 1956 à 1988, à L’Ecole primaire publiée de 1881 à 1956 ainsi qu’à L’Ami des Régens dont le premier numéro date de 1854, est éditée par le Département de l'économie et de la formation (DEF), via le Service de l’enseignement (SE). Edition, administration, rédaction DEF / SE – Résonances – Place de la Planta 1 Case postale 478 – 1951 Sion – Tél. 027 606 42 18 www.resonances-vs.ch Rédaction Nadia Revaz – nadia.revaz@admin.vs.ch – Tél. 079 429 07 01

Technopôle – 3960 Sierre info@schoechli.com Tél. 027 452 25 25

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Conseil de rédaction Laura Deladoëy, AVPES – www.avpes.ch Alexandra Zwahlen, AVECO – www.aveco.ch Bashkim Ajeti, Ass. Parents – www.frapev.ch Daphnée Constantin Raposo, SPVAL – www.spval.ch Elodie Lovey, CDTEA – www.vs.ch/scj Gilles Fellay, AVEP – https://avep-wvbu.ch David Hischier, HEP-VS – www.hepvs.ch Responsable des illustrations Jacques Dussez Parution Le 1er de chaque mois, sauf janvier, juillet et août. Délai de remise des textes Délai pour les textes: le 5 du mois précédant la parution. Abonnements Cf. encadré séparé ISSN 2235-0918

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Données techniques Surface de composition: 170 x 245 mm Format de la revue: 210 x 280 mm Impression en offset en noir et une teinte vive, photolithos fournies ou frais de reproduction facturés séparément pour les documents fournis prêts à la reproduction. Délai de remise des annonces Délai pour les annonces: 15 du mois précédant la parution. Régie des annonces Schoechli impression & communication SA – Technopôle 3960 Sierre – Tél. 027 452 25 25 – info@schoechli.com Impression – Expédition Schoechli impression & communication SA – Technopôle 3960 Sierre – Tél. 027 452 25 25 – info@schoechli.com


« Oui j’aime les vaches », clame Philippe. « Je suis un éleveur de Reines au quotidien! » Itinéraire d’un enfant « du coin », nourri par la passion de son père. Mis en images par le photographe Jean Margelisch. CHAPITRE 2 :

« L’alpage, c’est être proche de l’essentiel. » Cette passion, plutôt neuve, Sébastien l’immortalise avec son appareil de photos, seul avec le troupeau. Venu de France, il découvre par hasard ce monde, surpris et impressionné par la capacité de cette race à combattre. « J’aime cette vache, sa manière d’être, son caractère. » CHAPITRE 3 :

L’Hérens, du néolithique à nos jours, les petits et grands événements de son histoire, sont détaillés par Jean-Yves Gabbud, qui a également cerné les témoignages de Philippe et Sébastien. D’une seule voix ils expriment l’attachement aussi fort que mystérieux qui les relient à cette vache, objet de fascination, à la limite de la sacralisation dans notre région.

Philippe, Sébastien, Jean-Yves.

DES REINES ET DES HOMMES

eurs 3 6 s jour 4 s

CHAPITRE 1 :

Trois hommes. Trois regards. Trois façons de vivre la vache d’Hérens. Philippe, Sébastien, Jean-Yves. Trois hommes. Une seule passion. Trois regards. Trois façons de vivre la vache d’Hérens. Une seule passion.

NES DES REI ES ET D S hOMME S 364

R ...LEU JOURS UTRES

A

En vente au prix de

978-2-88341-314-6

9 782883 413146

CHF 35.–

EDITIONS MONOGRAPHIC

Format 210 x 210 mm, 180 pages

www.monographic.ch


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