No 09 l'Ecole primaire, 1er Avril 1901

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xxe année

1900/1901

8 ~rnal, le ~odè(e des "cl~rnes tiqnes i, au ~en.~ ~1 ~oble ,<lu avait ce mot Jadis, quand 11 s 1gn1f1a1t « 1 homme de la maison» . Depui s 24 ans, .A.rnal est au service de la même famille, dévoué à ses maifres, aimé et honoré par eux. Homme de sang-froid et de décision ra pide, en 1870, il préserve le_château d'un incendi_e. En 1892, dans un terrible accident de clierurn de fer, li sa.uve le mécanicien par une prouesse dont le détail vous intéresserait el vous ferait frémir si j 'avais le loisir de vous la raraconter. A1·nal est populaire. Toute sa cornmune admire et recommande ce serviteur qui relève la condit ion par la manière dont il la comprend et par la qualité de sou âme qui est prob(>, fière et vaillante. Les bonnes servantes, mess1eurR, abondent comme toujours, parmi les personnes qui nous sont recommandées. :vrais, avant de vous parler d 'elles, je vons presenterai une de leurs grandes amies, Mlle Christine Richard, d'Orléans. Dès l'âge de 15 ans. pieuse, sensible, réfléchie, précoce clans le bien, tlflle Richard s'était émue en voyant des jeunes f illes en service, malheureuses et. perverties, et Plie s' ét a it clit : « J e me dévouerai à ces enfants du peuple, obligées de quitter leur famille pour gagner leur pain; je Jps a imerai. je les sa uverni. ,i Un peu plus tard, comprcua.nt mieux leurs souffrances et les dangers auxquels elles étaient exposées, elle conçut le plan de son œuvre. « li vaut mieux prévenir le mal, écriYait-elle, que le r éparer; je ferai une œune de préservation. ,i E t elle résolut d e prendre, à l a sortie <le l'école, les fillettes abandonnées ou du moins indigentes, de les préparer jus.Je m 'arrête, messieurs, bi en :1 vant d'avoir épuisé la liste clcs lauréats, qui sont au nombre cle 138. ~fais les bonnes actions fle ceux clont je n'tli pas parlé (elles n·en sont pas pour cela moins méritoires) offrent peu de ces traits pittoresques propres à piquer votre a ttentio11 . D'antre part, le catalogue de leur;;: noms, ;;ans nul cornmenUtire, Yous dinlit pcn lle cho,;.P. E t pourtant il pent :uriver que les personne:; les plus singulièrement méritantes !'le trouyeut parmi les plus modestement récompen..;ées et parmi celles dont je n'~ural pas prononcé les noms. Mais je me dis que leu r humilité ne s'en affligera point et que la perfection (le leur renoncem ent n'aura reçu aucune atteinte, puisque leur récompense même aura été obscure. Je louerai doue toutes ensemble les servan-

Iqui, Lc:;. qui out fa it plus l]lle leur rnde devoir; demeurées fidèles leurs maîtres dans à

la mauvaise f ortune, ont continué de les servir gratuitement, et leur sont restée,s soumises en deYenant leurs bienfa itrices: ce qui est puremen t admirable. Bonnes créatures qui J)ensent que servir est aimer (ce qui est; en effet, la façon noble de servir), cc servantes au grand cœm· », comme parle Baudelaire, - et pour qni Lamartine a fait cette «pris. re de la servante, ii que je veux vous lire, car j'ai peur q ue vous ne connaissiez pas cette page d 'une incomparable beauté morale, une des plus vraiment évangéliques qui aient été écrites chez nous. « Mon Dieu, faites-moi la grâ.ce de trouver la servitude ùouce et de l'accepter sans U1u1·. mure, comme la condition que vous nous avez imposée à tous en nous envoyan t dans ce monde. Si nous ne nous servons pas les uns les autres, uous ne servons pas Dieu, ca1· la vie lmma ine n'est qu'un service réciproque. Les plus h(>Ul'eux sont ceux qui ser vent leu, prochain sa n s gages, pour l'amour <le vous. Mais nou s n ut,es, pauvres servantPs, il faut b ien gagne, le pain que vous ne uous avez pas donné en uaissam:. Nous somrues peut-être pins agréables ii vos yeux pour cela, ~i nous savons comprendre notre état; car, outre IR pei'ne, nous avons l'humiliation lln salaire que nous sommes forcées de recevoir pour servir souvent ceux que nous aimons. cc Nous som mes de toutes les mai sons, et l es maisons peuveu t nom; fermcr leurs portes; nons sommes tle ton tes les .familles et toutes les familles peuvent nous 1·ejete r: nous élcvous les enfants comme s 'ils étaien t il nous, et, quantl nous les avons élevés, ils ne nous connaissent plu;; l)om· leurs mères; nous ·épargnorn; le bien du maître, et le bien que nous lui ayons épargné s'cu va à d ':1Utrcs qu'ü. nous. :'-lous nous attachons au foyer, il l'arbre, au 1rnits, au chien de la. cour, et le fo yer, l'arbre, le puits, le chien nous :;ont enJeyés quand il ])lait :l nos maitres ... Parentes sans parenté, familières sans famille filles sa11:,; mêre, mÈ'res saus enfan ts, cœurs qui se donn ent sam; étre reçus : voilà le sort de,s servan tes cleyaut vous. Acc:ordez-moi de connaitre les devon;, les peines et les consolat ions de lllOn état et, après avoir été ic:i !Jas une bonnc- ;;ervante !les hommes, d'être lit-ll11nt unP heu reuse sen-ante dn rua.ître parfait! )) FIN

REVUE PEDAGOGIQUE P U BLIÉE SOUS LES AUS P ICES DE LA

SOCIETE VALAISANNE ·D'EDUCATION L'Ecole primaire donne au moinl" 12 liwaisons de 16 pages chacune, sur deux colonnes, non compris la couverture et autant de suppléments de 8 à 16 pages penda.nt le cou rs scol;ire. Prix cl' abonnernent:

Suisse fr. 2.50

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Tout c c qui ccnccrne la pub licaticn doit être adressé èt l'éditeur, M. P . PIC'i:NAT, 1et· secrétaire èt l'instruction publique, èt Sion.

Veillez à ce que vos élèves prient beaucoup. (Recommandation ~ __,.__ de l'empereur d'Allemagne Guillaume II à des directèurs d'école.)


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