23 comment renforcer l'autonomie associative

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Dans le contexte français, l’État est très centralisateur. Dès lors, ce qui est initiative citoyenne s’est fait historiquement par elle-même et contre l’État. Avec la décentralisation et l’émergence de la question de la démocratie de proximité, les associations et l'initiative citoyenne ont eu davantage de reconnaissance dans le rôle public. La légitimité des associations repose également sur leurs dimensions méritoires. Il existe plusieurs critères qui rendent le monde associatif "méritoire": sa capacité d'innovation, sa gratuité qui les situent dans une autre échelle de valeur davantage liée à l'engagement, etc. Pour celles qui disposent de salariés, la distinction entre bénévoles et salariés incarne la tension entre la professionnalisation nécessaire de l'action et l'engagement qui lui donne sens, et qui garantit la pérennité des valeurs associatives. La légitimité des associations exige une bonne articulation entre les principes et la pratique, c’est-à-dire l’éthique. La question se pose aussi du rôle tenu par les instances représentatives du monde associatif (la CPCA d’une part, et d’autre part par le Haut Conseil, qui constituent une architecture institutionnelle). De quelles possibilités de dialogue avec les pouvoirs publics ces instances disposent-elles, afin de légitimer le projet politique des associations, de promouvoir leur autonomie pour ne pas les transformer en prestataires de service? "La légitimité s’impose dans les démocraties occidentales par la souveraineté populaire, l’expertise, l’institutionnalisation, la conviction morale et l'efficacité."(Anne Marie Gingras)

Le bénévolat au cœur de la problématique associative Assistons-nous à une baisse du bénévolat ou simplement à un changement des formes d’engagement associatif ? Selon différentes enquêtes (notamment de Viviane Tchernonog), le bénévolat est en expansion continue, et augmente à un rythme soutenu. Selon ces études, il n’y a pas de crise du bénévolat, mais une forte croissance. Cependant, le bénévolat évolue. Il y a une trentaine d’années, le bénévolat était lié à l’idéologie et au militantisme. Ses trois foyers étaient : les syndicats, les mères de famille qui n’avaient pas d’emplois salariés, et enfin les séniors. Aujourd’hui, le troisième groupe est majoritaire : les bénévoles sont de plus en plus âgés, et les retraités jouent un rôle de plus en plus important au sein des associations. L’évolution du gisement du bénévolat pose actuellement question, et renvoie à la question fondamentale de l’engagement des jeunes. Comme l’illustre notamment l’exemple de Notre-Dame-des-Landes, les jeunes sont de plus en plus méfiants envers les institutions, préfèrent s’engager dans un cadre horizontal et peu formel (réseau), se mobilisent pour des causes ponctuelles, et adhèrent moins à des idéologies classiques globales. Il semblerait que les jeunes préfèrent ces modes d’action parce qu’ils sont plus individualistes et que ces fonctionnements préservent mieux leur liberté et leur individualité propre. Un enjeu important pour les associations consiste dès lors à comprendre et s’adapter à ces nouvelles formes d’engagement, pour pouvoir renouveler 69


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