21 Mutualiser des expériences d'éducation citoyenne

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N° 21

Les fascicules

Mutualiser des expériences d'éducation citoyenne Guide pratique et de méthode

Élaborer des références communes Mutualiser des méthodes et des outils Rédaction Samuel Bonvoisin en collaboration avec les membres du groupe Mutualisation des Expériences

Prix : 5 euros 1


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Introduction

Ce document est le fruit d'un travail de dix ans de mutualisation d'expériences et de méthodes d'éducation citoyenne, mené par le Réseau des Écoles de Citoyens. La période de crise que nous traversons marque les limites d’un fonctionnement de l’économie clos sur lui-même, et d’une conception de la société tournée vers le profit à court terme. Elle va se traduire dans les prochaines années par une aggravation de l'urgence sociale, notamment chez les jeunes, les personnes et les groupes les plus fragiles. Dans ce contexte, comment transmettre l'espoir, et l'envie d'agir pour une société plus juste ? Une observation fine de notre société montre que de nombreuses expériences porteuses de changement sont déjà mises en œuvre sur le terrain et dessinent ensemble les contours d'une société à finalité plus humaine. Mais ces expériences restent cloisonnées, peu connues et pas toujours valorisées. L’idée centrale de ce fascicule est de développer une pratique de mutualisation d'expériences et de méthodes d'éducation citoyenne, afin de mieux connaître ces initiatives, de les valoriser et de les mettre en réseau pour que chacun puisse agir dès maintenant à son niveau pour répondre à ses besoins fondamentaux, devenir acteur de sa propre vie et citoyen d’un monde solidaire. Ce fascicule reprend et approfondit le contenu du guide du butineur dont la première version a été réalisée en janvier 2006 par Kémi Fakambi et Julie Banzet s'appuyant sur le travail du groupe « Quelles Références ? ». Depuis sept ans le travail de mutualisation des expériences a considérablement évolué, notamment grâce aux personnes qui ont donné de leur temps et de leur énergie au service du groupe de mutualisation des expériences et des méthodes de RECit. Que tou(te)s ces butineur(se)s soient ici remercié(e)s.

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Première partie : Découvrir la mutualisation des expériences et des méthodes

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1 Quelques éléments pour comprendre

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Quelle éducation citoyenne ? L'éducation citoyenne est une éducation émancipatrice qui met au premier plan les valeurs et a pour finalités la responsabilisation et l'engagement des citoyens dans l'action. Être une école de citoyens : •

C'est proposer les outils nécessaires et les éléments de conscience pour que chacun puisse comprendre le monde.

C'est favoriser l'esprit critique. Cette éducation conduit chacun à penser, à décider et agir par lui-même.

C'est développer l'enthousiasme, pour cultiver l'espérance et la fraternité et replacer l'humain au centre de nos choix.

La méthode est un aspect essentiel de l'éducation citoyenne. Elle privilégie: •

L'échange d'expériences pour une confrontation directe à la réalité.

Le travail de groupe pour créer plus de solidarité.

La créativité pour initier de nouvelles voies du « faire ensemble ».

L'exercice du débat pour préparer les acteurs d'une démocratie vivante.

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Qu'est-ce que le butinage d'expériences ? « Si l’abeille disparaissait de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre. » - Albert Einstein

Nous sommes tous des butineurs ! Tout comme les abeilles qui commencent à sortir de la ruche pour récolter le nectar de la colonie, parfois à l'occasion d'une rencontre, ou d'une soirée entre amis, nous questionnons ces personnes sur la nature de l'action qu'ils mènent et qui, intuitivement, nous semble « aller dans le bon sens ». La démarche initiée voici dix ans au sein de RECit s'inspire de ce constat, et tend à l'organiser -un peu- et à le généraliser -autant que possible -. Nous allons essayer de mieux préciser ces actions, que nous appelons « expériences ».

Qu'appelle-t-on expérience ? Par expériences porteuses d'éducation citoyenne nous entendons des actions qui contribuent à émanciper les personnes par rapport aux multiples conditionnements que leur inocule la société, permettant une prise de conscience individuelle et collective, et visant la transformation sociale. Ces actions permettent de : •

Expérimenter : ce n’est pas figé, c’est un tâtonnement, c’est une démarche dynamique.

Comprendre les grands enjeux du monde d'aujourd'hui, du local au global.

Préciser les valeurs communes qui fondent l'action collective (laïcité, dignité, bien commun, unité et diversité, réciprocité, partage...) au delà des raisons d'agir de chacun.

Acquérir des comportements en accord avec ces valeurs (lucidité, écoute, coopération, respect des différences...) afin de pouvoir construire et participer.

Développer des méthodes, des outils, des savoir-faire pratiques (s'informer, animer, monter un projet, communiquer...). 9


Organisation versus expérience Le travail sur les pratiques et les méthodes part du concret, de ce qui a été fait par un acteur dans une situation donnée, pendant un temps donné, et aboutit à une réflexion transposable sur le contexte, les conditions de l'action, les points forts et faibles. C'est pourquoi nous considérons comme expérience non l'entité qui agit – une association, un collectif, un individu, une collectivité – mais bien une action qu'il considère intéressante pour construire la réflexion. Cette action, cette expérience, peut être déroulée ponctuellement (une fête de quartier, un film sur la consommation responsable) ou, plus souvent, sur la durée (un groupe de parole sur la santé, un lieu de valorisation et d'apprentissage de savoir-faire traditionnels par les populations immigrées). Il découle de cette approche qu'une même structure peut être porteuse de plusieurs expériences. Ces expériences seront alors décrites et réfléchies indépendamment. Présentées ensemble, elles représenteront la diversité d'actions d'une entité, et conduiront à une véritable réflexion dynamique et fouillée de son travail.

Revenons-en aux abeilles... Nul besoin d'une observation assidue de ces insectes hyménoptères pour comprendre que notre rôle de butineur est très proche de celui de l'abeille. Cela nous conduit naturellement à filer la métaphore. L’abeille butine « au hasard » des fleurs différentes pour produire un miel de qualité. Le butineur consacre de son temps à découvrir différents lieux, dynamiques, projets ; de cette découverte, il tire le « nectar » qu'il restitue au groupe sous la forme de compte-rendus, fiches, vidéos, etc. L’abeille rend service à la fleur et à la société, en jouant le rôle de pollinisateur. Le butineur , de son côté, fait bénéficier à l'expérience qu'il visite de son savoir, lié à l'observation des autres expériences butinées. Il permet de valoriser l’initiative et contribue ainsi indirectement à sa réussite. L'abeille sécrète des hormones pour communiquer avec ses congénères lorsqu'elle repère un terrain propice au butinage. Le butineur participe à construire un savoir collectif en communiquant avec d’autres butineurs et porteurs d’initiatives. Il transmet aussi son « savoir butiner » à des butineurs moins expérimentés que lui.

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Décrire, donner de la valeur Le butinage consiste à décrire, le plus fidèlement possible, une expérience. Il ne s'agit pas de faire de la publicité, mais plutôt d'évaluer, au sens de « donner de la valeur ». En soulignant les forces, mais aussi les faiblesses de l'expérience en question, on renforce la capacité pour d'autres personnes de se l'approprier, de la reproduire ,en l'adaptant, (ou) de la soutenir.

Mettre en lumière, transmettre l'espoir En valorisant ces expériences, le butineur permet à chaque citoyen de prendre conscience que « c'est possible », que des personnes agissent autour de lui, qu'il n'y a pas de fatalité : « je ne suis pas seul ». Il contribue à cet éveil des consciences citoyennes qui mène à l'indignation, au refus des inacceptables, et au dépassement de la vision du monde proposée -imposée?) - par les médias dominants.

Un enrichissement mutuel Il est essentiel d’aller au-delà de ce que l’on peut apporter et de ce que cela va nous apporter : de sortir des comportements traditionnels « Se rencontrer pour se rencontrer » ! Le butineur prend de son temps mais en prend aussi au porteur d’initiative. Le butinage procède finalement d'une pollinisation croisée : il développe la curiosité, permet la prise de recul sur une expérience, aiguise notre regard sur les alternatives, et tisse le maillage d'un réseau dense d'expériences, qui, toutes ensembles, font émerger cet « autre monde » auquel nous aspirons.

Assumer une part de subjectivité Le problème de la subjectivité : en allant à la rencontre d’une personne dans une École de Citoyens, nous allons connaître son point de vue subjectif sur l’expérience dont on parle. Cette subjectivité va se mêler à la nôtre. Bien sûr, il est possible d’aller rencontrer plusieurs personnes pour parler de la même expérience – nous allons tâtonner pour préciser la démarche. Tout est ouvert mais il faut garder en tête qu'il n'existe pas d'objectivité dans ce domaine.

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Une fenêtre -entr'- ouverte sur la ruche Depuis l’origine, RECit a beaucoup travaillé autour des échanges d’expériences. Nous estimons en effet que les très nombreuses actions qui se mènent sur le terrain sont porteuses d’alternatives à la logique dominante, et permettent d’inventer des solutions à des problèmes insolubles au niveau global. L’échange d’expériences constitue également un puissant outil de mobilisation et d’éducation citoyenne. Il permet aux acteurs de terrain de mieux cerner la portée et le sens des actions qu’ils mènent, à condition de relier la théorie et la pratique, la réflexion et l’action. Constituer petit à petit une base d'expériences A mesure que se tisse le réseau, une base de données des expériences d'éducation citoyenne - BDE - se construit. Cette base d'expériences se présente concrètement comme un grand tableau contenant les informations de base concernant chaque expérience recensée : identifiant unique, titre, description, contact, date de mise à jour, etc.... Les expériences de la BDE sont associées à des mots clés thématiques : démocratie, écologie, éducation, économie, etc...et géographiques : régions françaises, pays, etc.... Au cœur du processus de capitalisation : les butineurs d'expériences Depuis 2005, l'équipe des butineurs organise l'action de capitalisation au sein de RECit. Ces butineurs ont deux missions principales : 1/ La mise à jour de la Base des Expériences (BDE) : RECit a développé un base contenant environ 800 expériences à l’heure actuelle. Une partie de la BDE est présente sur le site et dans les fascicules de RECit sous la forme de fiches-expériences d’environ 15 à 20 lignes avec une photo et un contact. La rédaction de ces fiches est suivie d’un travail de validation auprès des porteurs de l’expérience avant publication. 2/ Accompagner la préparation des événements organisés par RECit. Il s’agit de fournir aux organisateurs des contacts, des informations, des outils, des méthodes. En retour ceux-ci fournissent des comptes-rendus, photos, fiches... pour alimenter la BDE.

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2 Les différentes formes d'échanges d'expériences

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Pourquoi des échanges et mutualisations d'expériences ? RECit organise un réseau réciproque d'échanges et de mutualisation sur les pratiques afin de les faire connaître à d'autres acteurs. Ces échanges poursuivent plusieurs objectifs : •

Échanger les pratiques et les faire connaître : constituer un répertoire d'expériences pour mettre en évidence la réalité d'une éducation porteuse d'émancipation et de transformation sociale.

Dégager par une réflexion collective les enjeux et les valeurs sous-jacentes, et mieux définir la démarche et les méthodes (en analysant les conditions de réussite et les causes de difficultés ou d'échec, les points communs qui se retrouvent à travers des expériences très diverses) ; vérifier la cohérence des principes d'action et les méthodes entreprises.

Par l'échange avec d'autres acteurs de terrain, permettre de sortir de l'isolement, de trouver des réponses à leurs questions, valoriser leur travail, réfléchir sur sa propre action, se poser la question du sens et de la finalité de l'action.

Apprendre les uns des autres et de manière réciproque en matière de savoir-faire, de comportements et de valeurs, échanger entre praticiens et avec les participants pour collaborer et construire des références collectives.

Formaliser pour que nos expériences soit utiles à des personnes qui ne sont pas encore familières à ce champ d'action, pour qu'elles puissent s'approprier l'expérience et inventer leurs propres solutions à partir de repères et de balises élaborés avec l'aide de regards extérieurs.

L'objectif n'est pas de fournir des solutions toutes faites, mais d'identifier des points de repères pour agir, de permettre à chacun d'inventer ses propres solutions, à partir des savoirs, de ses questions et des échanges entre acteurs.

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Faire connaître la multitude d'expériences Le travail de repérage des expériences porteuses d'éducation citoyenne est crucial, afin d'alimenter le répertoire d'expériences, et de donner à voir la richesse des initiatives citoyennes mises en places sur nos territoires. Ce répertoire a pour but de favoriser une connaissance mutuelle et permet de diffuser des références collectives. Il montre la diversité des initiative dans tous les domaines (démocratie, écologie, santé, solidarités...). Le répertoire est maintenant riche de plus de 800 expériences, dont certaines ont été visitées à plusieurs reprises, lors de rendez-vous de l'éducation citoyenne (voir troisième partie) et sont présentées sous la forme de récits d'expérience plus détaillés. Les résumés et récits d'expériences sont classés et accessibles dans la rubrique « expérience » du site internet de RECit. Le site internet est un outil essentiel pour tous les membres du réseau. Il est à la fois un outil internet, pour faire circuler les réflexions et les idées, et à la fois un puissant outil de diffusion des expériences présentées. On peut consulter les expériences par mot-clés thématiques, par régions ou pays. On y trouve un résumé de l'expérience, une photo, des contacts. Chaque butineur est invité à s'approprier le site internet, que l'on peut alimenter via le logiciel SPIP. Une petite formation de 3h est organisée régulièrement pour présenter la logique de fonctionnement de SPIP et ses différentes fonctionnalités.

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Des temps d'analyse plus approfondis Au-delà du travail de capitalisation et de diffusion des expériences (répertoire d'expériences, récits...), c'est bien la rencontre entre les personnes et le croisement de différents regards qui font la richesse du travail de mutualisation. Il s'agit : •

d'interroger les pratiques,

d'observer les actions pour dégager les lignes de force et les invariants d'une éducation émancipatrice,

de réfléchir aux valeurs portées, aux méthodes employées et aux conditions de réussite.

Pour cela, plusieurs démarches sont proposées :

Les rendez-vous de l'éducation citoyenne (Voir troisième partie, page 26)

Des analyses de groupe A l'occasion de la rencontre et/ou visite d'une expérience (au cours d'un parcours des alternatives par exemple – voir fascicule n°22), il est proposé d'analyser collectivement cette expérience au regard de questions posées à l'avance (quelles sont les conditions de réussite ? de transférabilité?). Une condition pour démarrer un tel travail : une personne qui s'engage préalablement à effectuer le travail de synthèse.

Le suivi d'une expérience dans la durée Un observateur extérieur passe du temps avec les porteurs d'une expérience, participe à leurs actions, s'approprie les méthodes pratiquées en gardant un regard critique. Une restitution est organisée à destination d'un public plus large d'acteurs.

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Deuxième partie : De l'échange d'expériences au butinage...

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Aller à la rencontre d'une expérience Comment choisir une expérience ? Comment entrer en contact ? Le choix d'une expérience peut être le résultat de plusieurs démarches, souvent menées simultanément : •

La démarche la plus simple, (et) la plus intuitive, est celle qui consiste à capitaliser au hasard des rencontres que nous faisons, des articles que nous lisons, etc. C'est un processus qui présente l'avantage d'être complètement focalisé sur les centres d'intérêts et le relationnel du butineur.

Une démarche plus construite et collective, consiste à réunir un groupe de butineurs, puis de se répartir les expériences à butiner à partir d'une liste réalisée collectivement. Ainsi chacun se nourrit des connaissances des autres, et on peut se donner une « stratégie » de butinage thématique, géographique...

D'autres formes de butinage sont envisageables : c'est à vous de les inventer ! Actuellement RECit expérimente la mise en place de cycles courts (3 mois) de butinage sur différents thèmes : participation des jeunes, éducation non-genrée, afin d'impulser la mise en place de groupes de réflexion thématiques pour prolonger la démarche de butinage.

La prise de contact avec une expérience se fait souvent de la manière suivante : après avoir consulté les documents dont vous disposez sur l'expérience en question - plaquette, site internet.., vous prenez par téléphone rendez-vous avec la structure porteuse ou le ou les individus concernés. N'oubliez pas de prendre votre appareil photo !

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Où chercher des idées d’expériences à butiner ? Quelques pistes Adapter sa recherche au thème ! Exemple : initiatives de jeunes = réseau de jeunes = étudiants et développement

Magazine Kaizen L’âge de faire Silence L’esprit Village Transrural Initiatives

Courrier international Alternatives internationales Altermondes Journaux locaux

Internet Base de données des initiatives économiques et solidaires (BDIS), développé par le Mouvement pour l’Economie Solidaire : http://www.la-bdis.org/spip.php Kiagi, les acteurs du changement, développé par e-graine : http://www.kiagi.org/ Ritimo, http://www.ritimo.org/ Ecobioinfo, espace d'échange et de partage depuis 1999 http://www.eco-bio.info/ Le site des initiatives citoyennes http://www.place-publique.fr/ Initiatives de développement local et expérience de démocratie directe http://populaction.com/ Le site de l’écologie http://www.reporterre.net/ Le portail des copains http://rezo.net/ Site d’actu mais on y trouve quelques initiatives Le site de vos initiatives positives http://www.onpassealacte.fr/ Génération Solidarité http://gensol.arte.tv/les-initiatives/ Le média de toutes les solidarités http://www.youphil.com/ Média des possibles dans le Grand Sud http://www.frituremag.info/ Blog « Même pas mal », partage d’alternatives pour mode de vie en temps de crise http://alternatives.blog.lemonde.fr/ Site Economie positive http://www.ecoplus.tv/ 19


Sites de réseaux associatifs ; éventuellement thématiques en fonction de la recherche (par exemple Vivacités…)

Internet via des listes de diffusion L’auberge de la solidarité Liste des butineurs de RECit

Réseau des Territoriales Economie http://rtes.fr

collectivités pour une Solidaire

Radio France Inter : du lundi au vendredi à 12h30 à 12h45 « Carnet de campagne » de Philippe Bertrand, le samedi à 7h « Un monde qui change » de Jean Lebrun

Événements inter-associatifs Foire associative (ESS, écolo…) Université d’été de réseau Forum social local et mondial Forum des outils de l’éducation populaire Saint Denis (93) Et bien d'autres lieux encore !!

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Collecter des informations Quelles informations cherchons-nous à collecter ? En résumé nous cherchons à savoir QQOQCP (qui ? quoi ? où ? quand ? comment ? pourquoi ?) Pour cela nous avons besoin de quelques informations sur l’action : • L’historique • Les objectifs • Le contenu de l’action • Qui sont les acteurs, et avec quelques partenaires ? • Quels sont les obstacles rencontrés ? • Quelle est la portée et le sens de cette action ? Nous souhaitons également mentionner : • Une personne contact pour ceux qui souhaitent établir des liens • Une page Internet pour en savoir plus le cas échéant. Intérêt de l’action et sa portée, avec un ou deux exemples Nous avons besoin de donner de la chair à notre fiche en citant un ou deux faits concrets, une ou deux phrases significatives, et en soulignant la portée globale de cette action par rapport à des enjeux de société, ou par rapport à des enjeux locaux, ainsi que le sens que peut lui donner notre interlocuteur. Il est donc nécessaire d’interroger celui-ci pour qu’il fournisse des exemples et la façon dont il ressent l’utilité de son action. Quelle est la dimension éducative de cette action ? Le parti pris de RECit est de considérer que l'éducation est un levier puissant pour changer le monde, et la société. La plupart des actions menées par des citoyens sur les territoires sont porteuses d'une dimension éducative, explicite ou non. Il s'agit de l'identifier, de la qualifier, et de décrire ses effets. En quoi cette expérience est-elle porteuse d'alternative ?

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Quelles sont les conditions de réussite et de transférabilité de l'action ? Qu'est-ce qui facilite la réussite de l’action, qu'est-ce qui la freine, qu'est-ce qui l'arrête ? Qu'est-ce qui fait que ce type d'expérience marche ou ne marche pas ? Quelle alchimie fait le succès de l’expérience pendant un temps donné, qu'est-ce qui fait que cette expérience a une fin ? Cette expérience est-elle transférable ou exceptionnelle ? D'une manière générale, diriez-vous que cette expérience est autonome ? Quels sont les limites de son autonomie ?

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Un format unique pour la rédaction des fiches expériences Il est important que le format soit le même pour chaque fiche expérience, afin de permettre au lecteur de naviguer confortablement entre les différentes fiches. a. Un titre explicite Le titre doit permettre de situer l'expérience de plusieurs manières : dans une thématique - environnement, lutte contre les discriminations, etc...-, géographiquement - une région, une ville, un quartier, etc...- , en restant court (1 ligne maximum). Il est nécessaire de choisir un titre évocateur pour l'expérience décrite. Cela facilitera son référencement et aidera le visiteur à se repérer. Pas trop long, ni trop court, mais avec des mots qui qualifient bien le contenu de l'action menée. b. Description de l'action menée Il s'agit de donner un aperçu de l'historique de l'expérience, ses objectifs, les actions menées, les résultats. Quelles sont les difficultés rencontrées les résultats obtenus ? Quelle est la durée nécessaire pour obtenir des résultats ? Il ne s'agit pas de décrire exhaustivement le détail des actions rencontrées mais de noter les des éléments significatifs. L'ensemble doit tenir en (2/3) deux tiers d'une page (3000 signes). Nous avons besoin de donner de la chair à l’article en citant un ou deux faits concrets, une ou deux phrases significatives, et en soulignant la portée globale de cette action par rapport à des enjeux de société, ou par rapport à des enjeux locaux, ainsi que le sens que peut lui donner notre interlocuteur. Il est donc nécessaire de l'interroger pour qu’il fournisse des exemples et la façon dont il ressent l’utilité de son action. c. Un contact Il doit être le plus précis possible : un Nom, un prénom, une adresse, un téléphone, un email, un site internet. d. Une photo ou illustration

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Le cas particulier des outils et des méthodes Comme pour les expériences, il est important que le format soit le même pour chaque fiche méthode, afin de permettre au lecteur de naviguer confortablement entre les différentes fiches. a. Un titre explicite Le titre doit permettre de situer la méthode de façon précise. S'il existe plusieurs intitulés à la méthode, ou s'il n'y a pas de nom déterminé, il est nécessaire de choisir un titre évocateur pour la méthode décrite. Cela facilitera son référencement et aidera le visiteur à se repérer. Pas trop long, ni trop court, mais avec des mots qui qualifient bien la méthode. b. Description de la méthode Il s'agit de donner un aperçu du contexte d'utilisation de la méthode, ses objectifs, les différentes étapes, les résultats. Quelles sont les situations qui se prêtent au choix de cette méthode ? Sans décrire exhaustivement le détail de la méthode il s'agit de noter les des éléments significatifs. L'ensemble doit tenir en (2/3) deux tiers d'une page (3000 signes). c. Si c'est un outil : où le trouver ? Mentionnez le nom et l'adresse du ou des lieux (centre de ressources par exemple) où l'on peut emprunter/louer/acheter l'outil en question. d. Contact Il est nécessaire de mentionner au moins une personne - ou association ou collectivité ou entreprise - pratiquant la méthode décrite. Le contact pour chaque personne doit ensuite être le plus précis possible : un nom, un prénom, une adresse, un téléphone, un email, un site internet.

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Troisième partie : Organiser un rendez-vous de l'Êducation citoyenne

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Les RDV de l’Éducation Citoyenne, un moment d'échanges mutuels C’est la rencontre entre les personnes et le croisement de regards différents qui font la richesse des échanges d’expérience. RECit propose depuis quatre ans une formule de rencontres pour échanger nos expériences et approfondir collectivement une thématique… en partant d’une expérience concrète, plutôt que de la théorie. Les RDV de l'éducation citoyenne mêlent des personnes d'expérience et d'autres qui découvrent et s'informent, se forment en même temps. Un acteur de la vie citoyenne, structure ou individu, ouvre ses portes une journée ou soirée pour présenter son travail autour d’une thématique qu’il a choisie. Tous ceux qui le souhaitent, engagés dans des expériences similaires ou non, se déplacent pour participer aux échanges. Le groupe ainsi formé, construit une expertise collective. Chacun apporte, à travers son témoignage, ses questions, un autre éclairage sur la thématique, une autre expertise de vie quotidienne. Cet échange mutuel permet de se remettre en cause, pour avancer sur certaines questions, et partager son travail et ses outils. La rencontre est basée sur l’écoute mutuelle des participants, en acceptant les remarques de l’autre, dans un climat de confiance, pour dépasser les freins. Il ne s’agit donc pas d’une évaluation externe, mais d’un travail en commun pour dégager le sens de nos actions. Lors d’un RDV de l’Education Citoyenne, chacun vient : - Faire écho aux questions et remarques de la structure, le plus sincèrement possible, pour enrichir ses perspectives, avec bienveillance, et trouver des éléments de réponse à des questions quotidiennes. - Interroger et échanger sur nos pratiques et aiguiser notre regard pour approfondir nos perspectives. - Dégager collectivement les lignes de force et les invariants d’une éducation émancipatrice, pour se les réapproprier (valeurs portées, méthodes pratiquées, conditions de réussite…)

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La préparation du RDV Premier contact C’est fait ! Vous avez eu un premier contact téléphonique avec l'expérience visée, et les personnes avec qui vous serez en contact tout au long de l’aventure. L'idée d'organiser un RDV de l'éducation citoyenne a été validée. Nous allons maintenant nous découvrir. Définition de la problématique

Au sein de la structure Le RDV va s’articuler autour d’une question transversale qui fera résonance avec d’autres contextes d’action (ex.: la question de l'exclusion par rapport à un groupe se pose au sein de l'école, dans des lieux d'accueils de personnes en difficulté, pour une association qui travaille en santé mentale, etc.). Pour que le RDV reflète ce que vous êtes, c’est vous qui allez définir quelle problématique est au cœur de votre travail, au moment du RDV ou depuis longtemps auparavant, et construire le RDV autour de cette question. Qu’est-ce qui, dans l’historique de l’expérience, a posé problème, question ? Qu’est-ce qui a été résolu et comment ? Quelles sont les questions auxquelles nous souhaiterions avoir une réponse aujourd’hui ? Ce moment de définition, entre vous et les porteurs de l'expérience, est très riche : c’est une occasion de faire le point collectivement sur les questionnements actuels, avec l’équipe, les usagers, etc. C’est, en soi, un temps fort de cette démarche qui accompagne une réflexion et une prise de distance. Cette étape permet de dégager une grande thématique qui servira de base au RDV, avec deux ou trois sous-questions, qui pourront être traitées en sous-groupe, le cas échéant. Cette thématique doit être ouverte pour permettre aux regards extérieurs des visiteurs de venir se croiser avec la perspective proposée par les porteurs de l'expérience.

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Clarification en va et vient avec les porteurs de l'expérience C’est parfois difficile d’y voir clair dans des questionnements internes, ou dans sa propre histoire. En tant que butineur, vous allez jouer le rôle de « miroir » extérieur à la vie de l'expérience. Comment comprenez-vous, sans être impliqué dans l'expérience, sa problématique ? Vous parle-t-elle ? Ou pourrait-elle être plus explicite ? Vous inviterez par vos questions, remarques, à clarifier, affiner, préciser, la problématique. C’est un travail en aller-retour, qui servira de base de discussion lors du R.D.V. Élaboration du programme de la journée Le R.D.V. sera un va-et-vient entre la présentation de votre travail, en évoquant les outils, les actions, les questions, les freins rencontrés, etc., et une réflexion plus générale à laquelle les participants viendront contribuer par leur propre expérience. C’est ce va-et-vient qui permet d’amener chacun à d' autres points de vue, à d’autres perspectives à la fin de la journée. Pour introduire le R.D.V . vous pourrez présenter brièvement RECit ainsi que la démarche de butinage. Les porteurs pourront ensuite présenter l'expérience dans ses grandes lignes, afin d'illustrer la problématique de la journée, autour de faits, d’actions concrètes mises en œuvre. Cette présentation n’a donc pas besoin d’être chronologique ou exhaustive. Il est aussi possible de proposer de participer à des ateliers en lien avec les activités habituelles de l'expérience, pour illustrer concrètement ce qui est réalisé, et permettre un autre type de lien, informel, avec les participants du R.D.V. Selon la forme et la problématique que vous choisirez, le rendez-vous peut durer une demi-journée, une soirée ou une journée entière... Un exemple, en page suivante, donne une idée de la diversité : partager une visite du quartier, proposer une représentation de théâtre de l’opprimé, organiser un atelier habituel de la structure... Les invitations Nous vous conseillons de lancer les invitations trois semaines environ à l’avance pour permettre à ceux qui veulent participer de fixer la date.

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Vous rédigerez le texte d’invitation ensemble, avec les porteurs de l'expérience, qui l’enverront à leurs propres contacts et nous la diffuserons ensuite largement au réseau. L’invitation inclura par exemple : La présentation de la structure : le nom et trois ou quatre lignes de présentation sur la structure – et en pièce jointe une brève description d’une page la thématique de la journée, détaillée et le programme les modalités pratiques - la date, le lieu - les choses à apporter pour déjeuner, - demander aux participants de s’inscrire pour avoir une idée du nombre de participants à l’avance, etc. Relance conseillée Nous vous conseillons, par expérience, de lancer une seconde invitation de rappel une semaine environ avant le R.D.V. en reprécisant la thématique, le lieu, la date et le déroulement de la journée… et nous relaierons. Enfin, il peut être utile de faire une petite campagne de relance téléphonique des contacts proches. Vous pourrez ainsi appeler d’autres acteurs, pour être plusieurs à pouvoir témoigner de certains points, et nous proposerons d'inviter les personnes nous paraissant pouvoir apporter un éclairage intéressant sur la question.

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Le RDV : le jour J - Animation de la journée Selon ce que vous préférerez, des bénévoles de RECit peuvent animer avec vous ou pas. Nous sommes là en soutien et si vous le souhaitez, donner, des pistes et outils pour l’animation des échanges. Nous pouvons aussi proposer des questions, et aider à rechercher ensemble l’essentiel.

Le compte-rendu et les suites Nous nous rencontrerons après le R.D.V. pour faire un bilan. Que retirons-nous chacun de cette journée ? Que voudriez-vous en dire ? Comment transmettre à ceux qui n’étaient pas là le contenu des échanges ? Cette rencontre permettra d’établir ensemble un premier jet de compte-rendu, que vous pourrez compléter (avec notre soutien,) à partir de vos notes et des nôtres. C’est important d’avoir précisé avant le début qui prend des notes. Vous pourrez éventuellement vous inspirer pour cela du modèle de la trame de lecture d’expérience, présentée ci-dessous, et d’autres exemples que nous pourrons vous proposer. Ce compte-rendu n’est pas une fiche descriptive des débats, mais davantage une fiche qui décrit l’expérience à travers les problématiques évoquées. Loin d’être une étape annexe, il fait partie du processus de réflexion, de mise en forme du questionnement et de l’approfondissement. Ce compte-rendu sera publié sur le site de RECit, et permettra de faire connaître, dans l’ensemble du réseau, l'expérience visitée ainsi que les questions soulevées ce jour-là. C’est un lien avec d’autres lecteurs, qui pourra leur servir et enrichir à leur tour des échanges.

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Conclusion Un R.D.V de l'éducation citoyenne est donc une aventure conjointe entre l'expérience visitée, RECit, et tous les participants à cette journée. RECit propose donc d’accompagner la mise en place de ces RDV depuis la clarification de la thématique jusqu’au compte-rendu, en suggérant des méthodes développées pour faciliter les échanges. RECit diffuse l’information, : invitation, présentation de l’expérience, etc. et fera profiter le réseau de l’ensemble des réflexions dégagées collectivement pendant le RDV. Il s’agit de donner mutuellement, en faisant connaître ce que l’on fait, d’accepter de recevoir, à travers les regards et les remarques des participants, des éléments pour avancer. C’est l’ensemble de ces petites remises en question qui aboutiront à un compte-rendu de la rencontre. Cette journée participe aussi à l’évolution des outils proposés, qui restent ouverts et flexibles, et pourront être réutilisés par chacun. L’expertise co-construite pendant cette rencontre pourra ensuite servir à d’autres… Les butineurs pourront inviter les porteurs de l'expérience à participer aux autre rendez-vous proposés par RECit dans le cadre de sa démarche de butinage d'expériences.

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Troisième partie : Quelques réflexions sur l'élaboration de références

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L'éducation citoyenne : entre émancipation et participation L'émancipation : pour lutter contre l'individualisme, et l'aliénation Dès les origines, RECit s'est opposé à une vision de l'éducation qui consiste à « transmettre des connaissances à des gens qui n'en auraient pas, ou fournir des recettes et des outils à des personnes qui les absorberaient comme des buvards1 ». Pour nous, l'objectif est de favoriser une émancipation des personnes, de permettre à chacun d’agir solidairement, de passer de l'état de « consciences dominées » à celui de « consciences libérées »2. de retrouver une qualité de sujets libres -et non d'objets- RECit a rapidement fait sienne la maxime de Paulo Freire : « Personne n'éduque autrui, personne ne s'éduque seul, les hommes s'éduquent ensemble par l'intermédiaire du monde.» L'émancipation est le fil conducteur de notre action. En février 2003 nous écrivions ainsi : « Nous sommes dans des situations d’aliénation, où la plupart des gens sont conditionnés par la vision d'eux-mêmes que leur impose la société3. Ils portent cette vision en eux-mêmes alors qu’elle leur est étrangère. Ils ne subissent pas des situations d'oppression physique et morale comme au Brésil, au Mexique ou en Algérie. Mais il s’agit quand même d’une oppression, plus ou moins librement consentie, presque toujours subie, d’une barbarie douce.4 ».

1

« Quel projet pour une éducation citoyenne ? », RECIT, février 2003

2

Paulo Freire : Pédagogie des opprimés, Ed La Découverte

3

Le budget de la publicité (2 500 milliards par an) est supérieur à celui de l'État. Les principales chaînes de télévision et aujourd'hui 75% de l'édition des livres sont entre les mains de firmes d'armement ou de BTP 4

La Barbarie douce - La modernisation aveugle des entreprises ou de l'école, Jean-Pierre Le Goff, éd. La Découverte (Paris, 1999)

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La participation, ou comment permettre à chacun de reconnaître ses propres capacités et de les mettre en jeu Une pédagogie de la découverte permet à ceux qui sont dominés, qui se croient ignorants, de découvrir leurs capacités, de prendre conscience de leurs propres savoirs et de leurs questions (leurs manques), et de se savoir capables d'imaginer d'autres possibles. L'expérience montre le potentiel que peut avoir la valorisation des savoirs et une pédagogie qui s'appuie sur les centres d'intérêt de chacun, ses questions, au lieu de dispenser un savoir uniforme5. Cette pédagogie parie sur le positif, la qualité de l'être humain, la richesse qu'il a en lui, et non sur sa peur ou son intérêt. Elle s'adresse à l'intelligence des personnes, elle repose sur la rencontre de deux sujets, sur la participation active de chacun à sa libération. Là où l’oppresseur instaure la division, elle cherchera à établir l'union. Loin de manipuler l'autre, elle lui donne des clés pour s’organiser et agir en commun. Il est plus essentiel d’apprendre à comprendre que d’apprendre à apprendre. Cette pédagogie s’adresse à tous, et pas seulement à ceux qui ont été dès l’enfance, dans leur famille, habitués à manier des connaissances théoriques .

5

Marie Danielle Pierrelée "Pourquoi vos enfants s'ennuient en classe" coll. Pocket 2000. L'analyse va bien au delà du collège et concerne toute la société.

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Des actions porteuses d'éducation citoyenne aux actions porteuses d'alternatives Quand on lit transversalement les finalités poursuivies par chacune des expériences, on constate que toutes ensemble elles dessinent les contours d'une alternative globale. Bien sûr, il ne s'agit que d'un tracé en pointillé, mais il est important de discerner la cohérence et la complémentarité de ces différents éclairages. Cela est porteur d'espoir et d'une nouvelle motivation pour tous ceux qui veulent entreprendre.

Des modes de consommation et d'échanges cohérents avec les valeurs de la société à construire. Tous les projets visant une consommation responsable visent à répondre à des enjeux globaux de la société et à l'émergence d'autres logiques économiques : - un commerce équitable reposant sur l’échange et la coopération, et non le profit maximum, - des échanges non marchands, évalués par une monnaie locale ou gratuits. - une nourriture saine, de proximité - l'amorce alternative à la grande distribution, en développant des circuits courts et des rapports de solidarité avec l'ensemble de la filière, du producteur au consommateur. À noter que le succès des circuits courts commence à poser le problème de la logistique et de plate-forme de répartition des produits dès lors que la gamme se diversifie. Il commence également à susciter des réactions de la part du pouvoir.

Restaurer le lien social, affirmer l'égale dignité de tous et le pouvoir de chacun sur sa propre vie. Avec l'émergence d'une société solidaire, il va falloir beaucoup réparer. Il faudra plusieurs générations pour effacer les blessures construire un nouveau lien social, fait de confiance et de fraternité. Les expériences actuelles montrent la voie de ce qu'il faudra faire à grande échelle.

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On a vu que certaines actions permettent aux personnes de retrouver un pouvoir sur leur propre vie, par un travail individuel et collectif. Pour cela, il s'agit de créer les conditions matérielles et relationnelles pour que chaque personne retrouve son autonomie. Cela va de pair avec la construction du lien social. Des actions comme celle d'Advocacy ou de la Pension de famille Saint-Joseph montre comment on peut faire : aider les personnes à identifier leurs propres problèmes et à trouver des solutions ; lutter contre les discriminations et pour le respect des personnes ; restaurer la dignité à travers la responsabilité, la solidarité et la capacité à agir concrètement sur le terrain. De même, l'association espace créer dans le cadre de ses chantiers d'insertion tournés vers l'environnement de nouveaux métiers, porteur de relations humaines et de pratiques de qualité. Mais cette insertion n'est pas seulement professionnelle, elle est aussi sociale, culturelle et humaine, avec la conviction que chacun peut partager une vie sociale fraternelle et riche, même s'il se trouve en situation d'exclusion.

Préserver l'agriculture et l'environnement La préservation de l'agriculture, de l'espace et de l'environnement est également un objectif principal. Il est intéressant de voir l'importance de cet objectif pour des citadins, de plus en plus conscients de la nécessité d'un équilibre global - à noter la préoccupation de mères de famille disant leurs efforts pour introduire des aliments bio dans les cantines scolaires - . Il s'agit de maintenir une agriculture « paysanne, locale, intelligente, respectueuse de l'environnement ». « Il faut sauver d’urgence les paysans ». Pour certains il ne s'agit pas seulement de maintenir mais d'accroître l'emploi paysan avec d'autres systèmes de production. Les préoccupations écologiques débouchent aujourd'hui sur les actions d'envergure qui montre la voie d'une autre gestion de l'espace. L'expérience d'Espaces, à Meudon, démontre que la mise en oeuvre de projets à taille humaine peut déboucher sur la reconquête d'espaces naturels laissés en déshérence, comme les berges de la Seine à l'ouest de Paris, tout en aidant les plus déshérités à retrouver une activité professionnelle et une vie sociale.

Un autre développement territorial. Face aux projets technocratiques comme celui du Grand Paris, qui traduit l'accélération du pillage des territoires par les intérêts économiques et 37


financiers, on voit émerger au niveau local des projets alternatifs qui cherchent à promouvoir un développement participatif, durable et solidaire. Ces projets partent souvent des besoins fondamentaux des habitants, des usagers du territoire et essaye de développer une approche globale, proche de celle du développement local ou des agendas 21. L’Île-De-France n'est sans doute pas la région la plus propice à l'essor des démarches territoriales. L'émergence de ces actions n'en est que plus remarquable. L’initiative peut provenir d’associations, comme pour le plateau de Saclay, ou des collectivités en zone rurale comme avec l'agenda 21 de Bessancourt, ou d'ensembles urbains importants comme celui de Plaine Commune. Dans ces différents cas, les principes de base sont relativement proches : partir des besoins des habitants, mener une approche globale, c'est-à-dire économique, sociale, culturelle et environnementale, voire large pour mieux travailler localement.

Des associations et des entreprises solidaires écoles de démocratie Les associations vivantes rencontrées ont aussi un rôle d'éveil citoyen. À travers les débats, les échanges, les projets partagés, une image renouvelée de la démocratie apparaît, comme projet partagé de relations humaines. Il en est de même des initiatives économiques solidaires. Ces actions construisent aussi des contre-pouvoirs qui contribuent à renouveler le politique. Pour certains, il s'agit de construire un pouvoir associatif qui constitue une autre forme d'action politique permettant de sortir du monopole des parties. Pour d'autres, il s'agit de trouver une complémentarité entre l'initiative des citoyens et la démocratie représentative, même si celle-ci doit être améliorée.

La renaissance de la pensée Une des principales sources d'étonnement de ce travail a été de constater que toutes les expériences insistent sur l'importance du travail intellectuel, notamment celles dont les acteurs sont des personnes en difficulté, ou exclus. Ce travail peut prendre des formes très diverses : - création d'une bibliothèque (foyer du XVIIIème) - discussions philosophiques (Advocacy) 38


- partages de lecture (groupe de La Défense) - débats d'idées sur les valeurs de la République (Juris Citoyens) - débat autour des valeurs portées par le projet (Intermèdes, CEAN, AMAP de Viroflay) Cette renaissance de la pensée est importante. Elle renoue avec les origines de l'éducation populaire et préfigure ce que pourrait être un partage des idées dans une société solidaire et participative.

L'expression littéraire et artistique, construction d'un autre imaginaire et reconnaissance de ses propres richesses On est également frappé par l'importance de l'expression littéraire et artistique dans les différentes expériences : - Atelier de discussion philosophique, pièce de théâtre, films, danse africaine (Advocacy) - écriture collective à partir des échanges le parcours de vie, écriture collective à partir des échanges de parcours de vie, ou de carnet de bord de voyage, qui peuvent prendre une forme poétique ou comporter des illustrations. (Groupe de la Courneuve) - pièce de théâtre créée par les résidents d'un foyer de travailleurs maliens à partir de leur aventure : Immigration, maltraitance, souffrance, exclusion…, intitulée « Toungaranké » et jouée par les acteurs eux-mêmes. La démarche artistique de création théâtrale est une démarche de citoyenneté à part entière : être sur scène, c’est être en vie, devant les autres, être visible, qu’on ait ou pas dans sa poche des « papiers », dialoguer avec les autres, exprimer ce qui est trop lourd pour être dit, dire « moi aussi je suis là » (AARAO) - création d'un ciné-club et d'un atelier de création vidéo (AARAO) - libération de la parole sous toutes ses formes, en encourageant les artistes qui vivent en banlieue, avec des spectacles dont les textes et le contenu sont apportés par les habitants eux-mêmes (Collectif Fusion à Villiers-le-Bel) L'expression littéraire et artistique retrouve un rôle de construction d'un autre imaginaire, d'expression collective, de sublimation du quotidien des événements, de reconnaissance de ses propres richesses.

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À noter que les résidents comprennent l'intérêt qu'ils ont à apprendre de l'autre, de l'étranger, de notre civilisation si différente. Une réflexion est menée pour discerner quels sont les éléments de connaissance de savoir qu'il faut exporter au village pour les adapter au mieux. Ce travail de discernement par rapport à la culture dominante est essentiel non seulement pour des étrangers, et pour chacun d'entre nous : que faut-il retenir et valoriser de la culture dominante d’aujourd'hui pour construire une autre culture ?

Une nouvelle solidarité internationale Plusieurs des expériences menées localement débouchent sur une nouvelle solidarité internationale. Par exemple, les préoccupations d’AFIC Coparents, partant de l'évolution de la situation des immigrés, ont évolué vers les questions de l'alphabétisation, de la polygamie, de l'excision, des différentes oppressions sur les femmes, l'éducation des enfants nés en France et au Mali, le racisme et la discrimination, les expulsions, la santé. Ces actions s'adressent à la fois à ceux qui sont en France et ceux qui sont au Mali. Elles créent du lien entre les 2 pays Par exemple, l'association a soutenu soutenu la création de l'association malienne des expulsés basés au Mali. Elle prépare un projet d'école des énergies renouvelables, afin de faire face à l'immense pénurie d'énergie et aux problèmes que cela engendre pour l'eau, les cultures et la vie courante. De même, l’action d’Umagnyterre, née d'un voyage fait en 2006 par 11 jeunes en difficulté de Magny les Hameaux à Madagascar pour construire une école, a débouché sur une prise de conscience beaucoup plus large, associant dans une action autonome d'autres jeunes de Magny les Hameaux, mais aussi des étudiants de Saint-Quentin-en-Yvelines et des jeunes des communes environnantes et un nouveau projet au Cameroun.

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Plus d'autonomie pour les citoyens : en attendant le renouveau de l'action publique Les associations constituent l'un des piliers de notre société. Elles représentent 80 % des emplois de l'économie sociale et solidaire. Mais sur 1 300 000 associations, seules 165 000 associations sont employeuses, la plupart avec un ou deux salariés. Les 30 000 associations qui comptent plus de 10 salariés et concentrent 85 % des emplois. Ce sont ces dernières qui intéressent aujourd'hui les pouvoirs publics. Une très grande majorité des associations sont de petites associations locales. Celles-ci constituent des espaces de confiance, de réciprocité, d'éducation citoyenne et de solidarité qui donnent une vie plus pleine à 16 millions de bénévoles, dans une logique de faire ensemble, de don et de réciprocité. Elles ne se contentent pas alors de répondre à l'intérêt commun de leurs membres, mais contribuent de façon plus large à faire la société. Malgré la très grande diversité de leurs actions, elles ont en commun de jouer un rôle essentiel pour le respect des droits fondamentaux inscrits dans la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 (dignité, égalité, droit d’expression, d’habiter, droit à l’éducation, etc…). Plus la crise globale s'aggrave, plus ces associations citoyennes sont indispensables pour résister, inventer des alternatives. La reconstruction d'une société solidaire nécessitera le développement de relations de coopération à tous les niveaux. Et pourtant, cette action associative si nécessaire est aujourd'hui remise en cause. Dans ce contexte, de nombreuses associations sont dans l'impasse, car elles ont remplacé l'engagement bénévole par du travail salarié et sont devenues totalement dépendantes des financements publics qui parfois les ont fait naître. La crise associative résulte aussi parfois de facteurs internes : répétition à l'identique d'actions dont on a plus ou moins perdu le sens, vieillissement et insuffisance de renouvellement des dirigeants, prise de pouvoir par la technostructure, inadaptation des formes de la vie associative au renouvellement des générations. Cependant, on observe également un renouveau de l'action associative. Dans de nombreux domaines, face aux difficultés, l'autonomie associative se développe. A côté de la crise du monde associatif qui s'aggrave, l'émergence d’un nouvel élan associatif : des associations et des citoyens entendent agir par eux-mêmes pour le respect des droits fondamentaux et

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l'émergence d'une société humaine. De même qu'au cœur de la société féodale sont apparues les premières expériences capitalistes, de même on voit émerger aujourd'hui les actions qui permettront peut être, le moment venu, le dépassement du néolibéralisme qui nous écrase. Cependant, tout n'est pas possible sans moyens publics. Par exemple, la lutte contre le sida, l'animation rurale, l’éducation populaire pour tous constituent des besoins essentiels qui nécessitent des moyens publics. C’est pourquoi les associations citoyennes doivent à la fois compter sur leurs propres forces pour agir autrement quand les moyens publics font défaut, et se battre pour un renouveau de l'action publique et l'instauration de nouvelles régulations. Quelles sont les conditions associative retrouvée ?

et

les

formes

de

l’autonomie

Ces associations dépassent une façon souvent très classique et très limitée de s’inscrire dans le droit d'association, le droit à l'initiative, et l'exercice de la responsabilité. Elles sont souvent moins attachées aux aspects formels, à la hiérarchie des fonctions. L’organisation associative est basée sur la priorité donnée au bénévolat et à l'engagement citoyen, l'ouverture aux non adhérents, la participation de tous à la vie associative et aux décisions. C’est souvent alors l’occasion d’un retour un projet politique de l’association. Celui-ci est redevient l’objet d’un questionnement, il est alors amené à évoluer. Ces actions retrouvent spontanément une dimension politique qui avait parfois été perdue, avec une dimension d'éducation populaire et une exigence de transformation, d’émancipation des individus. Elles qui elles associations ? expériences ? ré- inventent des réseaux pour construire des synergies nouvelles, mutualiser, se regrouper pour échanger leurs idées, leurs pratiques, de manière à construire à travers leurs actions et leur démocratie interne une réelle alternative solidaire. Elles interrogent leurs relations avec les pouvoirs publics, leurs membres et partenaires au regard d’un « triangle de l'éthique associative » (selon P. Davreux) : attestataire, prestataire, protestataire.

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Annexes Aperรงu du travail produit par le groupe des butineurs Depuis 2003

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Un exemple de guide d'entretien pour la rencontre de butineurs avec une expérience Objectifs Le compte rendu des observations répond à trois objectifs : - transmettre les informations collectées sur l'historique, les objectifs, les actions menées. - donner des éléments d'analyse sur les difficultés rencontrées, les résultats obtenus, le caractère alternatif des actions et leur transférabilité. Ces éléments serviront lors de la mise en commun à faire une lecture transversale des expériences pour esquisser les contours d'une alternative globale. - permettre à ceux qui le souhaitent de prendre des contacts, tisser des liens et constituer une amorce de réseau Pour cela, l'expérience des premières fiches de compte-rendu montre que le plus simple est de rédiger un texte de façon « littéraire », en ayant à l'esprit quelques éléments qu'on doit retrouver, sans pour autant remplir un tableau. Renseignements pratiques Il est nécessaire de noter en tête de la fiche la composition du groupe, le titre de l'expérience, la date de l'entretien, les personnes rencontrées et de décrire la forme de la rencontre. Principaux éléments qu'on peut retrouver à travers le texte NB. Il n'est pas nécessaire de répondre à toutes ces questions, ni de les traiter dans l'ordre. Nous cherchons ici à donner une idée du type d'interrogation qu'on peut se poser quand on se pose la question de l'élargissement des actions alternatives, ce qui est notre objectif final. Quelle est l'action menée ? Historique, objectifs, actions menées, résultats. Quelles sont les difficultés rencontrées et les résultats obtenus ? Quelle est la durée nécessaire pour obtenir des résultats ? Il ne s'agit pas de décrire exhaustivement le détail des actions rencontrées mais de noter les éléments significatifs.

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Qu'est-ce qui facilite la réussite de l’action, qu'est-ce qui la freine, qu'est-ce qui l'arrête ? Qu'est-ce qui fait que ce type d'expérience marche ou ne marche pas ? Nous nous sommes interrogés au cours de la mise en commun des premières expériences sur ce qui fait le succès d'une action pendant un temps donné, avec quelle alchimie, et ce qui fait que cette expérience a une fin. Quelle est la portée globale de cette action ? En quoi elle répond à des enjeux globaux de la société et à l'émergence d'autres logiques, En quoi cette action est-elle transférable ? Est ce le contenu, tels ou tels éléments de méthodes, tel ou tel aspect particulier ? Pour quelles raisons cette expérience peut être considérée comme susceptible d'être porteuse d’alternatives ? NB. Ces questions peuvent servir de point de départ pour un entretien avec les auteurs de l'expérience, mais une partie déterminant des réponses peut provenir de l'observation des pratiques, voire de la participation aux actions.

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Un compte-rendu de RDV de l'éducation citoyenne Vendredi 3 et samedi 4 février 2006 Rendez-Vous de l’Education Citoyenne avec l’association En Vie-Théâtre de l’Opprimé

CONTEXTE Ce premier Rendez-Vous du collectif Nord-Pas de Calais de RECIT était l’occasion de questionner l’expérience d’En Vie-Théâtre de l’Opprimé : s’agit-il d’aider les participants à mieux supporter leurs difficultés ou de leur donner les outils pour s’organiser collectivement et transformer leurs conditions de vie ? Comment évaluer la portée réelle de ces actions ? Au sein des institutions, du système politique dans lequel nous intervenons, servons-nous la paix sociale ou la révolte sociale ? …Ce rendez-vous a été proposé en deux temps : Vendredi soir : cas pratique Les participants étaient invités à un spectacle de Théâtre de l’Opprimé à Lens, « La misère : ras le bol ! », par les membres de l’association « Droit Au Travail » de Lens. Emotions fortes face à des situations dramatiques, jouées par les protagonistes eux-mêmes, devant un public connaissant les mêmes difficultés. Après chaque scène, l’animatrice invite le public à venir remplacer l'un des comédiens, pour tâtonner ensemble, expérimenter des solutions. Des personnes se lèvent, rejoignent les comédiens, refusent de se laisser marcher sur les pieds. Certes, ce n'est pas facile, certains crient leur révolte dans la salle, mais n'osent pas monter sur scène. D'autres, la majorité, reste spectateurs. Mais comment passer du pansement à la véritable prise en main de son destin ?(1) Le lendemain à Lille, le Rendez-vous se poursuit sur cette question… Samedi matin : réflexion collective Samedi matin, deuxième étage de la MNE à Lille, quinze inconnus marchent dans tous les sens et de plus en plus vite, poussés par un barbu criant : « Occupez au mieux l’espace ! »... 46


Pas de panique, c’est Jean François Martel accueillant les participants par un jeu de théâtre de l’opprimé ! Après la présentation de l’association En Vie-Théâtre de l’Opprimé de Lille, trois groupes sont formés pour approfondir la problématique de la matinée (synthèse ci-dessous). Le tout s’est fini en une joyeuse auberge espagnole !

SYNTHESE DES ECHANGES Question du rapport au théâtre (rapport de classe, rapport d’illégitimité etc.) : Le théâtre est assimilé généralement à une culture de classe plutôt moyenne ou bourgeoise. Proposer du théâtre à des publics de milieux populaires demande avant tout de dépasser cette barrière mentale avant les interventions d’En Vie. L’association DAT a dû pour ce faire user de ruse et présenter des saynètes par surprise lors d’une réunion habituelle des membres. Question sensibilisation :

de

l’impact

du

théâtre–forum

en

terme

de

La capacité du théâtre-forum à remettre en cause des situations d’oppression dépend de l’adaptation des saynètes au public présent : si l’on présente une scène sur laquelle les spectateurs n’ont pas de pouvoir réel, quel est l’impact sur eux ? N’est-il pas justement de les décourager ? Prenons l’exemple d’un théâtre – forum créé par des enfants de CM2 autour des oppressions au sein de la famille. Ce théâtre-forum a été joué devant d’autres enfants. Le changement de cette oppression ne leur appartient pas. Alors pourquoi ne pas inviter les parents pour être les spect’acteurs de cette scène ? Ne faut il pas inviter des spectateurs connaissant la situation de l’oppresseur afin de pouvoir aller plus loin dans le débat sur les solutions? Un autre théâtre-forum axé sur des humiliations pendant la récréation a pu déboucher sur une action concrète. Suite à ce jeu, une solution proposant plus de maîtres surveillants a été émise et adoptée.

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Questions sur les objectifs et les réussites du TO : N’y aurait-il pas à revoir les finalités et objectifs du TO en fonction des moyens, des techniques, et des moments ? En effet, les réussites du TO semblent sous-estimées du fait d’un décalage entre les objectifs affichés et les moyens… Le théâtre–forum est-il un outil de recherche de formes nouvelles de contestation, de lutte ? Vise-t-il dans l’immédiat l’action collective ? Dans le cas de DAT, d’une part les solutions proposées sont déjà connues de l’association, d’autre part c’est par l’association que les participants arrivent au théâtre, mais le mouvement inverse ne s’est jusqu’à présent pas produit (que des personnes ayant découvert le TO (ex : assister à un théâtre-forum) se soient impliquées ensuite au sein du TO ou de DAT). Le théâtre–forum n’est-il pas plutôt un outil de prise de conscience de la nécessité de la contestation et de l’action collective ? (objectif qui semble atteint). Les objectifs « opérationnels » ne seraient-ils pas : 1- sensibiliser aux formes d’oppression, 2- rendre visibles des situations d’oppression que les « spect’acteur-es » vivent et ressentent de manière isolée, 3- permettre une prise de conscience que ces oppressions sont des phénomènes réels et partagés par d’autres, créer une solidarité à la base de l’action collective. Le théâtre-forum serait alors une étape nécessaire mais non suffisante vers le passage à l’action collective. Ces questions soulignent la nécessité de structures, de réseaux, de moyens permettant de relayer le débat et surtout l’action (comme l’association Droit Au Travail à Lens). Synthèse : Christine Masounabé, Jessy Cormont, Hélène Grave-Ferhat et Camille Lenancker Flandrin

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Un extrait de la Base des Expériences (BDE) E83 Les ateliers 3 mémoire : un récit de vie à la fois personnel et collectif E83 Une coopérative 4 d'élèves dans l'école primaire CESARI à Milan

Sous notre arbre à palabre, on commence par so'ffrir des mots oralement. La population migrante est porteuse de recits, de parcours personnels donc de différents modes de vie qui mérientent d'être connus au cours d'échanges interactifs.

Citoyennet Valeurs et é sens

La coopérative Pandora de Milan a élaboré une méthode en cinq Education Education tout C étape, correspondant au cinq classes de l'école élémentaire, pour au long de la permettre aux enfants de se donner des objectifs et d'élaborer des vie projets à l'aide d'outils coopératifs, jusqu'à la création d'une véritable coopérative qui réalise les objectifs que les élèves se sont fixés : la méthode s'appelle "Giocooperiamo".

En cours de rédaction

E83 A Rennes, un 5 "espace parents" qui favorise la réussite scolaire

Un projet est lancé à l’école Trégain dans le quartier de Maurepas, Education Formation « pour que l’école tourne mieux, que des parents en grande initiale difficulté sociale puissent avoir accès à l’école », explique la directrice, Danièle Buttifant. Le pari : si un dialogue est établi avec ces parents, peut-être que l’enfant se sentira mieux à l’école.

A

Sur le site

E83 Les ateliers du 6 citoyen à Toulouse

Chaque personne possède des savoirs et une capacité d'expertise, Démocratie Participation notamment sur la vie quotidienne, le quartier où il habite, le et liberté citoyenne fonctionnement des institutions et peut devenir un peu plus acteur du changement et co-producteur de l'action publique, s'il est préparé à la prise de parole en public, si existent des moments de partage d'information et enfin des rencontres avec les différents décideurs, rencontres orientées vers la co-construction commune. Il s'agit donc d'une démarche participative allant de bas en haut, même si les décideurs sont pleinement informés dès le départ du déroulement global. La séparation de plusieurs étapes et une pédagogie de la participation appropriée à chacune d'entre elles essayent de permettre la réussite de la démarche.

C

En cours de rédaction

E83 Construire avec 7 eux une place pour tous les jeunes : le parrainage à la Mission locale de l'arrondissement de Saint Omer

Sous la forme d’un parrainage, voilà plus de 10 ans que 5 « professionnels seniors », membres de l’association ECTI donnent de leur temps pour rendre, à de jeunes volontaires de la Mission Locale de St Omer (62), confiance en leur avenir. Leur souci constant est de leur permettre de pouvoir prendre ou reprendre pied dans l’entreprise.

Dialogue, lien A social

En cours de rédaction

Société

A

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Sur le site


Un exemple de fiche expérience : Construire avec eux une place pour tous les jeunes - le parrainage à la Mission Locale de l’arrondissement de Saint-Omer E837 Sous la forme d'un parrainage, voilà plus de dix ans que cinq « professionnels seniors », membres de l'association donnent de leur temps pour rendre, à de jeunes volontaires de la Mission Locale de St Omer (62), confiance en leur avenir. Leur souci constant est de leur permettre de pouvoir prendre ou reprendre pied dans l’entreprise. Que ce soit au travers de la relecture de leur C.V. ou de leur lettre de motivation, ils apportent une écoute et ceci afin qu’ils intègrent au mieux les attentes et les besoins de futurs recruteurs tant dans le domaine des services publics que du privé. Cette phase de rencontre, parrain-filleul(e), peut durer de quelques mois à un an voir deux ans. Environ 50 à 60 jeunes sont accompagnés dans le cadre de ce dispositif chaque année. Les membres du dispositif « Parrainage » de la Mission Locale de Saint-Omer (parrains et référents) ont souhaité évoquer, à travers la rédaction d'un livret, le groupe, son parcours, ses actions, ses façons de faire, ses réflexions et ses doutes parfois. Le livret « le parrainage à la Mission Locale de l’arrondissement de Saint-Omer » est accessible par téléchargement gratuit sur le site www.capacitation-citoyenne.org qui raconte leur expérience est, pour les rédacteurs, une forme d’auto-évaluation collective. Il est pour les lecteurs, que vous serez peut-être, l’histoire structurée d’une action concrète de solidarité intergénérationnelle. Contact : Groupe Parrainage de la Mission Locale de l’arrondissement de Saint-Omer Rue du Quartier de la Cavalerie 62 500 Saint-Omer Tél : 03 21 93 99 00 Site internet : www.mlaudo.asso.st

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Un extrait de la Base des Outils et des Méthodes (BDOM) M044

En application de la loi n° 2002 -276 du 27 février 2002 A relative à la démocratie de proximité, les villes de plus de 80 000 habitants sont dans l’obligation de créer des Conseils de quartiers. De nombreuses villes de plus petites tailles ont par ailleurs fait le choix de créer des Conseils de quartiers, que ce soit suite à cette loi ou auparavant. Le Forum Ouvert Le but du Forum Ouvert est de mettre en place en peu de A (Open-Space temps avec un grand nombre de personnes une ambiance Technology) propice à la créativité et à l'action autour d'un thème complexe et d'approfondir ce dernier. Les sous-parties des thèmes vont être discutées de façon innovante, et orientée sur la recherche des solutions pour qu'il en résulte des projets concrets.

Fiche validée

M046

Organiser une conférence avec Skype

Fiche valisée

M047

Mutualiser les expériences

Le contexte de crise dans lequel nous sommes nous incite à A modifier nos façons de communiquer afin de rendre l'engagement associatif possible pour toutes celles et ceux qui le souhaitent. Depuis le début des années 2000, les logiciels de VOip (Voix sur Ip, c.a.d communication vocale par internet) ont fait leur apparition dans notre quotidien. Nous avons choisi de nous attarder sur Skype qui est de loin la solution gratuite la plus complète. Les très nombreuses actions qui se mènent sur le terrain sont A porteuses d'alternatives qui permettent d'inventer des solutions à des problèmes insolubles dans le cadre administratif et / ou politique actuel. Répertorier une expérience, c’est faciliter sa mutualisation , c’est donc créer un puissant outil de mobilisation et d'éducation citoyenne.

M048

Rédiger un communiqué de presse

Le communiqué de presse est un outil de travail destiné au A journaliste. Ni une plaquette publicitaire, ni un argumentaire marketing, ni non plus un article. Il doit être fait dans l'esprit « document proposé à titre d'information à la presse » et non comme un article rédigé à l'attention des lecteurs d'un journal (un journaliste aime qu'on l'aide, pas qu'on se susbitue à lui). L'idéal étant de rédiger le communiqué de presse le plus professionnellement possible afin que le journaliste n'est plus qu'à s'en inspirer.

Fiche validée

M045

Créer un conseil de quartiers

Fiche validée

Fiche validée

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Un exemple de fiche méthode : Le World Café M049 I. DÉFINITION Le ‘World Café’ est un processus créatif qui vise à faciliter le dialogue constructif et le partage de connaissances et d’idées, en vue de créer un réseau d’échanges et d’actions. Ce processus reproduit l’ambiance d’un café dans lequel les participants débattent d’une question ou d’un sujet en petits groupes autour de tables. À intervalles réguliers, les participants changent de table. Un hôte reste à la table et résume la conversation précédente aux nouveaux arrivés. Les conversations en cours sont alors ‘fécondées’ avec les idées issues des conversations précédentes avec les autres participants. Au terme du processus, les principales idées sont résumées au cours d’une assemblée plénière et les possibilités de suivi sont soumises à discussion. II. QUAND L’UTILISER Le processus du World Café est particulièrement utile: •

Pour faire participer de vastes groupes (plus de 12 personnes) à un processus de dialogue authentique (des groupes de 1.200 personnes ont été organisés!)

Lorsque vous souhaitez générer des idées, partager des connaissances, stimuler une réflexion novatrice et analyser les possibilités d’action par rapport à des sujets et des questions de la vie quotidienne

Pour faire participer des personnes à une conversation authentique, qu’elles se rencontrent pour la première fois ou qu’elles aient déjà noué des liens

Pour mener une analyse approfondie de défis et d’opportunités stratégiques majeurs

Pour approfondir les relations et l’appropriation mutuelle des résultats au sein d’un groupe existant

Pour créer une interaction significative entre un orateur et le public.

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Le World Café est moins utile lorsque: •

Vous vous engagez vers une solution ou une réponse déjà déterminée

Vous souhaitez transmettre des informations de manière unilatérale

Vous élaborez des plans de mise en œuvre détaillés

Vous disposez de moins de 12 personnes (dans ce cas, il est préférable d’utiliser un cercle de dialogue plus classique, un comité ou une autre approche destinée à favoriser une conversation authentique).

Plus d'information dans le guide complet du « World Café », extrait de la publication « Méthodes participatives. Un guide pour l’utilisateur », une coédition de la Fondation Roi Baudouin et du Vlaams Instituut voor Wetenschappelijk en Technologisch Aspectenonderzoek (viWTA). http://www.recit.net/IMG/pdf/m049_le_world_cafe_le_guide_complet_.pdf

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Les publications de RECit Un certain nombre de publications de RECIT sont disponibles sous forme de fascicules. Ils peuvent être commandés à RECIT, 108, rue Saint-Maur 75011 PARIS, (frais de port selon le poids de 1 à 3 € ) ou par mail à erika@recit.net NB : nous n'avons retenu ici que les fascicules ayant un lien avec notre démarche de capitalisation et de mutualisation. Pour consulter la liste complète, rendez-vous sur notre site internet : http://www.recit.net/ N° 5 Répertoire d'expériences porteuses d'éducation citoyenne en Nord-Pas de Calais, Collectif, novembre 2004, 159 pages. Epuisé – disponible sur demande en format électronique. N° 7 Répertoire de 25 expériences porteuses d'éducation citoyenne, Camille Lenancker-Flandrin et Kèmi Fakambi, février 2005, 116 pages, 7 € N°11 Plateforme Internationale de l’Education Citoyenne : Regards croisés sur l’éducation citoyenne, coordination Julie BANZET, septembre 2007, 149 pages, 6€ N°14 Répertoire d’actions envisageables sans moyens, Comment des petites équipes peuvent agir localement en comptant sur leurs propres forces, Collectif, 2ème édition, janvier 2012, 36pages, 4€ N° 15 Organiser un parcours du citoyen. Guide pratique et de méthode. Coordination Denise Mail, mars 2009. 52 pages 5 € Hors-Série 68 réalisations associatives et citoyennes, coordination « Mairie Conseils », 89 pages, Gratuit – disponible sur simple demande. N° 17 Répertoire d'expériences porteuses d'éducation citoyenne en Lorraine. Pierre Cauquil, Pauline Mercuri, Colette Spire. 123 pages, octobre 2010 4€ N° 19 Organiser un parcours des alternatives. Le guide pratique de méthode. Coordination Didier Minot, rédaction Samuel Bonvoisin. 58 pages, 5 €

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Table des matières Introduction............................................................................................3

Première partie : Découvrir la mutualisation des expériences et des méthodes....................................................5 1 Quelques éléments pour comprendre.................................................7 Quelle éducation citoyenne ?.................................................................8 Qu'est-ce que le butinage d'expériences ?..............................................9 Une fenêtre -entr'- ouverte sur la ruche................................................12 2 Les différentes formes d'échanges d'expériences............................13 Pourquoi des échanges et mutualisations d'expériences ?....................14 Faire connaître la multitude d'expériences...........................................15 Des temps d'analyse plus approfondis..................................................16

Deuxième partie : De l'échange d'expériences au butinage...................................................................................17 Aller à la rencontre d'une expérience...................................................18 Où chercher des idées d’expériences à butiner ?.................................19 Collecter des informations...................................................................21 Un format unique pour la rédaction des fiches expériences................23 Le cas particulier des outils et des méthodes.......................................24

Troisième partie : Organiser un rendez-vous de l'éducation citoyenne.................................................................................25 Les RDV de l’Éducation Citoyenne, un moment d'échanges mutuels.................................................................................................26 La préparation du RDV........................................................................27 Au sein de la structure.....................................................................27 Clarification en va et vient avec les porteurs de l'expérience.........28 Le RDV : le jour J - Animation de la journée......................................30 Le compte-rendu et les suites...............................................................30 Conclusion............................................................................................31

Troisième partie : Quelques réflexions sur l'élaboration de références................................................................................33 L'éducation citoyenne : entre émancipation et participation................34

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Des actions porteuses d'éducation citoyenne aux actions porteuses d'alternatives.........................................................................................36 Des modes de consommation et d'échanges cohérents avec les valeurs de la société à construire....................................................36 Restaurer le lien social, affirmer l'égale dignité de tous et le pouvoir de chacun sur sa propre vie.............................................................36 Préserver l'agriculture et l'environnement......................................37 Un autre développement territorial.................................................37 Des associations et des entreprises solidaires écoles de démocratie ..........................................................................................................38 La renaissance de la pensée............................................................38 L'expression littéraire et artistique, construction d'un autre imaginaire et reconnaissance de ses propres richesses..................39 Une nouvelle solidarité internationale............................................40 Plus d'autonomie pour les citoyens : en attendant le renouveau de l'action publique...................................................................................41

Annexes...................................................................................43 Un exemple de guide d'entretien pour la rencontre de butineurs avec une expérience......................................................................................44 Un compte-rendu de RDV de l'éducation citoyenne............................46 Un extrait de la Base des Expériences (BDE)......................................49 Un exemple de fiche expérience : Construire avec eux une place pour tous les jeunes - le parrainage à la Mission Locale de l’arrondissement de Saint-Omer......................................................................................50 Un extrait de la Base des Outils et des Méthodes (BDOM).................51 Un exemple de fiche méthode : Le World Café.....................…..........52 Les publications de RECit....................................................................54

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Mutualiser des expériences d'éducation citoyenne Ce document est le fruit d'un travail de 10 ans de mutualisation d'expériences et de méthodes d'éducation citoyenne, mené par le Réseau des Écoles de Citoyens. La période de crise que nous traversons marque les limites d’un fonctionnement de l’économie clos sur lui-même, et d’une conception de la société tournée vers le profit à court terme. Elle va se traduire dans les prochaines années par une aggravation de l'urgence sociale, notamment chez les jeunes, les personnes et les groupes les plus fragiles. Dans ce contexte, comment transmettre l'espoir, et l'envie d'agir pour une société plus juste ? Une observation fine de notre société montre que de nombreuses expériences porteuses de changement sont déjà mises en œuvre sur le terrain et dessinent ensemble les contours d'une société à finalité plus humaine. Mais ces expériences restent cloisonnées, peu connues et pas toujours valorisées. L’idée centrale de ce fascicule est de développer une pratique de mutualisation d'expériences et de méthodes d'éducation citoyenne, afin de mieux connaître ces initiatives, de les valoriser et de les mettre en réseau pour que chacun puisse agir dès maintenant à son niveau pour répondre à ses besoins fondamentaux, devenir acteur de sa propre vie et citoyen d’un monde solidaire. Achevé de rédiger le 10 mars 2013

5 euros

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