Culture (in)civique
Illustration Alexandra Compain-Tissier
« Musée recherche assistant(e) collections. » L’annonce est publiée sur un site d’offres d’emploi dans le domaine culturel. La mission dure six mois et exige un profil des plus polyvalents puisque le candidat devra participer à une consultation auprès des habitants afin de valoriser les collections du musée, en faciliter l’accessibilité, animer des ateliers, mais aussi travailler sur les œuvres : manipulation, emballage, photographie, inventaire, recherche... La liste est longue. Aussi devra-t-il posséder de solides connaissances scientifiques, une expérience muséale, une bonne maîtrise de l’informatique et savoir
bernard hasquenoph Fondateur de louvrepourtous.fr
104 REGARDS ÉTÉ 2016
travailler en équipe… Un emploi en or ? Pas vraiment. Car le salaire mensuel tourne autour de cinq cents euros. Et encore, ce n’est qu’une indemnité car il s’agit en fait… d’un service civique. On se souvient que le dispositif a été institué en 2010 sous la présidence Sarkozy, à l’initiative de Martin Hirsch, ex-président d’Emmaüs France nommé haut-commissaire à la Jeunesse et aux Solidarités actives contre la pauvreté. Lequel prendra ensuite la direction de l’agence chargée d’en piloter l’application – lui succéderont François Chérèque, ancien leader de la CFDT, puis l’énarque Yannick Blanc. Unifiant sous un même statut différentes formes de volontariat, le service civique est plein de bonnes intentions. Son objectif : « Mobiliser la jeunesse face à l’ampleur de nos défis sociaux et environnementaux, explique le site officiel, et proposer aux jeunes un nouveau cadre d’engagement, dans lequel ils pourront mûrir, gagner en confiance en eux, en compétence, et prendre le temps de réfléchir à leur propre avenir, tant citoyen que professionnel ». Il entend aussi remplir le rôle dévolu à feu le service militaire obligatoire, favoriser le brassage social.
16 000 SERVICES CIVIQUES DANS LA CULTURE
S’adressant aux 16-25 ans, il leur propose d’accomplir une mission d’intérêt général de six à douze mois encadré par un tuteur dans une association, une collectivité territoriale ou un établissement public. Sans condition de diplôme ou d’expérience professionnelle, seule la motivation compte. Mais attention, ce ne doit pas être un emploi déguisé, le volontaire doit intervenir en complément de l’action de l’organisme d’accueil. Plus précisément, le service civique doit permettre « d’expérimenter ou de développer de nouveaux projets au service de la population, de démultiplier l’impact d’actions existantes en touchant davantage de bénéficiaires, ou de renforcer la qualité du service déjà rendu… » Le dispositif a été renforcé par la gauche revenue au pouvoir en 2012. Encore plus depuis les attentats de janvier 2015, après lesquels le service civique est devenu l’une des réponses du président Hollande « pour renforcer la citoyenneté et le vivre-ensemble » parmi la jeunesse. Tous les secteurs ont été mis à contribution. En mai, la