Trimestriel automne 2015

Page 46

Au total, en dehors des guerres, il n’aura jamais Ă©tĂ© dĂ©truit plus de bĂątiments. individuel, les petits immeubles et la mixitĂ© sociale doivent sauver notre sociĂ©tĂ© malade de ses grands ensembles. Jean-Louis Borloo, ministre de la Ville, est chargĂ© de leur destruction. Tous les moyens de l’État convergent alors vers ces opĂ©rations labĂ©lisĂ©es. Pour les villes, c’est l’ANRU ou rien. Les communes parviendront plus ou moins Ă  s’écarter de la stricte application des prĂ©ceptes qui dĂ©cident de l’attribution des crĂ©dits. Elles nĂ©gocieront le nombre de dĂ©molitions, de reconstructions et la part de logements sociaux. Mais au total, en dehors des guerres, il n’aura jamais Ă©tĂ© dĂ©truit autant de bĂątiments. Les citĂ©s sont remplacĂ©es par de petits immeubles cernĂ©s de grilles avec digicodes. Les grandes pelouses et les halls traversants et ouverts disparaissent. C’est la “rĂ©sidentialisation”. UNE NORMALISATION DE LA BANLIEUE

Les premiĂšres dĂ©molitions furent l’objet de mises en scĂšne spectaculaires. Parfois, sur la musique de JeanMichel Jarre, la population est invitĂ©e Ă  assister Ă  l’implosion d’une barre ou d’une tour. Il s’agit d’ancrer dans la conscience de tous une haine de ce que furent les grands ensembles, ces constructions d’aprĂšsguerre. D’en terminer Ă  grand bruit avec une pĂ©riode unique, celle de la politique du logement pour tous. Le traumatisme vĂ©cu par les habitants spectateurs, leur effroi, leurs larmes, ont eu raison de ces sons et lumiĂšres. Mais le processus a continuĂ© : grignoteuses et pelleteuses se sont substituĂ©es Ă  la dynamite. Pour rendre acceptable ces destructions, l’État finance

46 REGARDS AUTOMNE 2015


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.