Au total, en dehors des guerres, il nâaura jamais Ă©tĂ© dĂ©truit plus de bĂątiments. individuel, les petits immeubles et la mixitĂ© sociale doivent sauver notre sociĂ©tĂ© malade de ses grands ensembles. Jean-Louis Borloo, ministre de la Ville, est chargĂ© de leur destruction. Tous les moyens de lâĂtat convergent alors vers ces opĂ©rations labĂ©lisĂ©es. Pour les villes, câest lâANRU ou rien. Les communes parviendront plus ou moins Ă sâĂ©carter de la stricte application des prĂ©ceptes qui dĂ©cident de lâattribution des crĂ©dits. Elles nĂ©gocieront le nombre de dĂ©molitions, de reconstructions et la part de logements sociaux. Mais au total, en dehors des guerres, il nâaura jamais Ă©tĂ© dĂ©truit autant de bĂątiments. Les citĂ©s sont remplacĂ©es par de petits immeubles cernĂ©s de grilles avec digicodes. Les grandes pelouses et les halls traversants et ouverts disparaissent. Câest la ârĂ©sidentialisationâ. UNE NORMALISATION DE LA BANLIEUE
Les premiĂšres dĂ©molitions furent lâobjet de mises en scĂšne spectaculaires. Parfois, sur la musique de JeanMichel Jarre, la population est invitĂ©e Ă assister Ă lâimplosion dâune barre ou dâune tour. Il sâagit dâancrer dans la conscience de tous une haine de ce que furent les grands ensembles, ces constructions dâaprĂšsguerre. Dâen terminer Ă grand bruit avec une pĂ©riode unique, celle de la politique du logement pour tous. Le traumatisme vĂ©cu par les habitants spectateurs, leur effroi, leurs larmes, ont eu raison de ces sons et lumiĂšres. Mais le processus a continuĂ© : grignoteuses et pelleteuses se sont substituĂ©es Ă la dynamite. Pour rendre acceptable ces destructions, lâĂtat finance
46 REGARDS AUTOMNE 2015