The Red Bulletin CF 03/24

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La méthode en trois temps de Lars Forster pour réussir en compétition et dans la vie

SUISSE, 3,80 CHF 03/2024 ABONNE-TOI DÈS MAINTENANT getredbulletin.ch PLUS KYLIE MINOGUE / SANDRA STÖCKLI / HIT THE ROAD / GIRLI / LEO KHALIFA
PAGES VÉLO – STARS , MATOS , D E S EMENÉVÉ,SNOITANITSTN – SRATS , SOTAM , D E STINATIONS,ÉVÉNEM E NTS
KING OF CROSS COUNTRY 39

Elle est petite. Elle est puissante. Elle est arrivée.

La nouvelle Volvo EX30 100% électrique.

Notre SUV le plus compact à ce jour séduit par ses performances puissantes, son design innovant et l’empreinte carbone la plus faible de toutes les Volvo. Souvent, la petitesse s’accompagne de grandeur.

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volvocars.ch/ EX30
Volvo EX30, E60 Twin, Electric, 428 ch/315 kW. Consommation moyenne d’électricité: 16.3 kWh/100 km, Emissions de CO₂: 0 g /km. Catégorie d’efficacité énergétique: A.

Contributions

JB LIAUTARD

Le photographe français a une prédilection pour les sports d’action. Non seulement il tient un appareil photo entre ses mains depuis l’âge de 13 ans, mais il est lui-même très attiré par le cyclisme. Un atout de taille pour la séance photo avec le vététiste de cross-country Lars Forster pour notre article de couverture. Page 36

GUNTHER MÜLLER

Musicien et auteur, l'Autrichien aime échanger avec des personnes qui font des choses très diférentes de lui dans leur vie. Pour ce numéro, il fait le portrait d'Arnaud Psarofaghis, skippeur d'Alinghi Red Bull Racing : « Un sportif humble et focus, étonnamment relax avant de relever le plus grand déf de sa carrière. » Page 20

OLIVIA EL SAYED

La Zurichoise écrit des livres et des programmes scéniques. Avec beaucoup d’humour, elle explore les distorsions linguistiques dans notre chronique littéraire On a Positive Note ‒ qu’elles soient dues à l’apprentissage d’une langue ou à la fatigue causée par l’insomnie. Page 96

À VOS VÉLOS !

L’arrivée des beaux jours est l’occasion d’explorer de nouveaux horizons, page 73. Alors pourquoi ne pas le faire à vélo, à diférentes altitudes, aux quatre coins du pays... et avec le bon équipement, page 88 !? Pour la motivation, toquons à la porte de Lars Forster, page 36. Avant d’atteindre l’élite mondiale, le vététiste suisse de cross-country a dû pédaler dur, sur le terrain bien sûr, et aussi mentalement, pour surmonter les épreuves. Quant à l’inspiration, allons voir Sandra Stöckli. Pour elle, le handbike, qui n’était pas un choix premier, s’est révélé salvateur, comme elle le raconte page 48. Enfn, comme tout efort s’accompagne d’une bande-son stimulante, on se branche sur celle de Girli, page 64, digne héritière de Kylie Minogue, page 16 ! Et on termine avec le famboyant portfolio pop de Greg Noire qui nous met des paillettes plein les yeux, page 22 !

Fini la routine, par ici l’aventure !

ÉDITORIAL
THE RED BULLETIN 3 JB LIAUTARD (COUVERTURE), FRANZISKA LIEHL
C’est le biker qui décide ! Lars Forster a mis la main à la pâte pour préparer le terrain de notre séance photo. Page 36

16

L’icône de la pop conquiert la Gen Z. Le génie est intemporel et multiforme...

HIT THE ROAD 18

Ce duo déjanté explore des lieux impraticables du monde à des hauteurs folles et de manière aventureuse.

ARNAUD PSAROFAGHIS 20

Le skippeur veut mener Alinghi Red Bull Racing à la victoire de l’America’s Cup.

PORTFOLIO

Le photographe US Greg Noire montre les émotions sans fltre dans les coulisses et sur la scène.

SUJET DE COUVERTURE

L’ART DE REBONDIR 36

Lars Forster a toujours été rapide. Seule sa tête le gênait. Pour accéder à l’élite mondiale du cross-country, il a dû changer de mentalité.

HANDBIKE

Un accident bête, un combat difcile. Aujourd’hui, la para-cycliste Sandra Stöckli est en tête de course.

VÉLO

L’AMOUR DU RISQUE 56

Ces événements barjes mettent les rayons, les suspensions et les nerfs à rude épreuve.

MUSIQUE

JUST A GIRL 64

Girli fait du rock, sur scène et au skatepark. Un entretien sur le féminisme, les peurs et son nouvel album.

64 56 GALERIE 6 L’ADDITION SVP ! 12 HYPE CHECK 14 HÉROS
HÉRO Ï NES KYLIE MINOGUE
&
POP POP POP 22
VOIE RAPIDE 48
C’EST PARTI ! VOYAGE 73 BIOHACKING 78 PLAYLIST 80 GAMING 81 MONTRES 82 FITNESS 84 MATOS 88 AGENDA 94 MENTIONS LÉGALES 95 ON A POSITIVE NOTE 96 CLAP DE FIN 98 4 THE RED BULLETIN JOSE DUCH/RED BULL CONTENT POOL, AMANDA FORDYCE
CONTENUS
510 PARIS/RED BULL CONTENT POOL DAVID PESENDORFER

Paris, France

LE DIEU DU STADE

L’histoire ne dit pas en combien de temps Sasha Zhoya a efectué cette course de haies, mais à quelle altitude : 46 mètres. Car le talent français d’exception sprinte ici sur le toit du Stade de France, le temple du football parisien. Cet été, le Champion d’Europe junior de course de haies tentera de décrocher une médaille aux Jeux olympiques, 46 mètres plus bas. Instagram : @sasha.zhoya

THE RED BULLETIN 7

Teahupo’o, Polynésie française

PERFECT BLUE

« Cette journée fut exceptionnelle, s’exclame Ben Thouard, fnaliste du Red Bull Illume (catégorie Masterpiece by Sölden) grâce à cette photo saisissante. Les conditions à Teahupo’o étaient excellentes : pas un nuage dans le ciel au lever du soleil, pas de vent… L’eau était limpide, on pouvait voir à travers la vague. » Et derrière le voile d’eau salée ? C’est Kauli Vaast, né à Tahiti, un surfeur de 22 ans qui n’a pas que sa planche mais un bel avenir à ses pieds. redbullillume.com

8 THE RED BULLETIN BEN THOUARD/RED BULL ILLUME, EISA BAKOS/RED BULL CONTENT POOL

Lavaux, Suisse

C’est sur les vignobles en terrasse millénaires du Lavaux, bâti par les moines, que l’Écossais Kriss Kyle a tracé ses lignes de BMX, en pionnier ! Les viticulteurs et viticultrices lui ont donné libre accès à leurs terrains privés. Dans le village de Saint-Saphorin, le photographe Jan Cadosch immortalise le trick le plus difcile : un open loop. redbull.com/krisskylelavaux ; eisabakos.com

ACCÈS VIP

Castle Valley, Utah, USA

FINALEMENT

« Ma soif d’outdoor vient de l’enfance, dans le Wyoming, au bord de la chaîne de Wind River, relate l’Américain Jeremiah Watt, pour qui cette photo est une longue histoire. De multiples tentatives sur cinq ans m’ont permis d’obtenir des images standard, mais le vent, une lumière inadaptée et des chutes de drones rendaient la prise de vue aérienne ingérable. Au printemps 2023, j’y suis arrivé, avec le grimpeur Rob Pizem et son franchissement entre l’arête et la fssure en prime. » Déter !

redbullillume.com

THE RED BULLETIN 11 JEREMIAH WATT/RED BULL ILLUME

ÉMOTIONS ANIMÉES

Pixar, c’est le succès assuré. Le long métrage Vice-versa 2, dernier-né des studios, démontre que les personnages générés par ordinateur peuvent aussi faire preuve de sentiments profonds.

23

Oscars remportés par les studios Pixar, dont 11 dans la catégorie Meilleur long métrage d’animation.

59

personnes sont responsables de l’animation des personnages dans Vice-versa 2, 52 autres des efets visuels.

6

flms Pixar font partie des cent flms les plus réussis sur le plan commercial : Les Indestructibles 2, Toy Story 4, Toy Story 3, Le Monde de Dory, Le Monde de Nemo, et Vice-versa

4,5

millions de francs payés par Steve Jobs, le fondateur d’Apple, en 1986, pour le studio d’animation de George Lucas, The Graphics Group, rebaptisé Pixar.

157

millions : le nombre de vues de la bande annonce du nouveau flm Pixar dans les 24 heures suivant sa sortie sur Youtube et TikTok. Un record pour un flm d’animation.

151 000

ordinateurs ont été utilisés pour produire Élémentaire, en 2023. Chacune des images du flm a nécessité jusqu’à mille heures de travail.

130

secondes : la durée de Luxo Jr., premier flm d’animation de Pixar en 1986. La petite lampe de bureau est ensuite devenue la mascotte de l’entreprise.

9

émotions sont vécues par Riley, le personnage principal, et incarnées dans le flm actuel : la joie, la tristesse, la colère, la peur, le dégoût, l’inquiétude, l’envie, la lassitude et l’embarras.

45 000

CHF : la somme touchée par Tom Hanks pour prêter sa voix au personnage de Woody dans Toy Story (1995). Pour la deuxième partie (1999), le centuple.

6,6

milliards de francs en actions : c’est la somme totale investie par Disney dans Pixar en 2006.

L’ADDITION S’IL VOUS PLAÎT ! 12 THE RED BULLETIN ADOBE STOCK, GETTY IMAGES (3), IMAGO, UNIVERSAL HANNES KROPIK CLAUDIA MEITERT

Le vélo électrique. Réinventé par Decathlon.

CHANGEMENT DE VITESSES AUTOMATIQUE

Nouveau LD 920 E avec un moteur révolutionnaire pour un pédalage plus fluide.

L’EMPIRE DES SENS

Du tir de fusil aux senteurs de la forêt : le boîtier GameScent identife ce qu’il se passe dans le jeu vidéo grâce à une IA intégrée et difuse l’efuve appropriée. Kirafn faire la tendance…

Kirafin s’appelle Jonas Willbold, 29 ans. Il divertit son 1,2 million de followers sur TikTok avec des formats loufoques. En parallèle, il partage sa fascination pour la technologie, les produits et les tendances. Pour nous, il passe au crible les hype actuels.

L’OBJET

« “Une expérience de jeu encore plus intense”, promet le fabricant : l’intelligence artifcielle analyse le son de la situation de jeu et libère le parfum approprié. Déjà disponible : tir à la carabine, explosion, racing, tempête, forêt. En projet : zombie. Après la fn du jeu, la fonction Clean-Air assainit l’air de la pièce. »

LA VAGUE DE HYPE

« Sur TikTok, les joueurs restent accrochés aux vidéos, car la fonctionnalité est une nouveauté sur le marché. La vidéo la plus réussie (1,5 million de vues) a été réalisée par JampackSam. Des créateurs allemands comme AlexiBexi se consacrent également à cet objet. »

Ambiance !Ces dégagentpulvérisateurs les odeurs

L’AVIS

« Le gadget coûte 180 CHF, ce qui est correct pour une nouveauté mondiale. Toutefois, la précision peut être améliorée. De temps en temps, le GameScent émet la mauvaise odeur. Le fabricant doit continuer à développer ce point. »

PARFAIT...

... pour les stakhanovistes de gaming qui rêvent de tester des nouveautés.

À ÉVITER...

... dans les espaces partagés : pour le son, il y a des écouteurs, les odeurs, elles, sont imparables. Bilan

HYPE CHECK
14 THE RED BULLETIN

SUBARU OUTBACK 4×4 À PARTIR DE CHF 45 900.–

La Subaru Outback est un crossover exceptionnel : stylé et élégant sur la route, puissant et robuste sur le terrain. Cette Outback est la plus sûre et la plus avancée sur le plan technologique jamais construite. Ce SUV polyvalent convainc par son espace exceptionnel et son équipement complet. Profitez d’une adhérence au sol exceptionnelle grâce à la meilleure traction 4×4 au monde, au centre de gravité bas du moteur boxer, au système proactif d’assistance à la conduite EyeSight et à l’X-Mode pour une traction et un contrôle encore plus performants.

Modèle présenté : Outback 2.5i AWD Luxury, 169 ch, catégorie de rendement énergétique F, émissions combinées de CO2 193 g/km, consommation combinée de carburant de 8,6 l/100 km, CHF 52 800.– (peinture métallisée comprise). Outback 2.5i AWD Advantage, 169 ch, catégorie de rendement énergétique F, émissions combinées de CO2 193 g/km, consommation combinée de carburant de 8,6 l/100 km, CHF 45 900.– (peinture Crimson Red Pearl). Prix nets conseillés sans engagement, TVA comprise. Sous réserve de modifications de prix.

subaru.ch

KYLIE MINOGUE

a séduit la génération Z avec son tube entêtant Padam Padam. Mais qu’est-ce qui rend cette icône de la pop si intemporelle ? Les good vibes de Las Vegas, son dancefoor perso et le surf sur les ondes.

« J’entends mes collègues dire qu’il ne faut surtout pas rester trop longtemps ici, sinon on perd la tête, dit Kylie Minogue en riant. Par « ici », l’icône pop australienne veut dire Las Vegas, et par « plus longtemps », les six mois au cours desquels elle se produit en résidence dans ce paradis de néons au milieu du désert. Avec sa série de concerts au club Voltaire jusqu’en mai, Kylie se présente aux côtés de légendes de la musique et résident·e·s de longue date, d’Elvis à Lady Gaga. En mars, la reine de la pop remportait le BRITS Global Icon Award et performait à cette occasion, en live, le single Padam Padam, issu de l’album Tension. C’est ce titre d’ailleurs qui attiré l’attention de la génération TikTok, et est devenu un hit mondial sur les pistes de danse. Mais comment fais-tu pour faire bouger la Gen Z, Kylie ?

l’idée d’acheter un domaine viticole français est déjà un de mes fantasmes. Je devrais cependant aussi y installer un studio d’enregistrement, ce qui ferait de moi défnitivement une pop star typique – Bono et Sting ont également leurs propres domaines viticoles.

Ton single Padam Padam est devenu un succès énorme. Tu t’y attendais ?

À LA LOUPE

Ado

Elle était déjà célèbre en tant qu’actrice dans la série anglaise culte Neighbours

Gloire

Avec 35 singles classés dans le top 10 britannique, c’est la chanteuse pop la plus populaire au Royaume-Uni après Madonna.

the red bulletin : Ta carrière dure depuis trentesix ans. Te sens-tu aussi dynamique qu’au début ? kylie minogue : Je me pose parfois la question et je me dis : « C’est bon, j’ai fni, je dois arrêter. » Et à chaque fois tout le monde dans mon équipe lève les yeux au ciel et me répond : « On sait bien que tu ne vas pas arrêter. » Je fais tout ça parce que j’ai soif de créativité. Et j’adore quand ça bouge !

On a tous été surpris par l’ampleur globale et le fait que les jeunes l’adorent. La nouvelle génération est très ouverte et sans aucuns préjugés. Quand j’avais vingt ans, je considérais les quarantenaires comme des vieillards. Mais je pense que les jeunes vivent plein de choses aujourd’hui et ont appris à quel point les préjugés sont nuls. Notre attitude face au vieillissement doit changer, à mon avis. Et heureusement, c’est en train de se passer.

Être en résidence à Vegas a toujours été l’un de tes grands objectifs ?

Avoirs

Ayant ses propres marques de vin, de parfum et de linge de maison, elle est une icône du savoir-vivre.

Las Vegas, c’est nouveau pour moi, c’est un déf productif. Pour une artiste, c’est un peu comme un rite de passage, et c’est là que réside tout le charme de la ville. Mais dans mon spectacle, il s’agit plutôt de l’intimité de l’ancien Las Vegas – donc tout le contraire de ce à quoi la plupart des gens s’attendent.

qu’on n’avait pas de téléphones portables – on était simplement là. Les plus jeunes doivent probablement en avoir marre que nous, les plus âgés, nous extasions toujours sur cette époque, mais elle était incroyable. Il m’arrive de plus en plus souvent ces derniers temps de me mettre à danser spontanément. Quand on monte le son après le dîner, on pousse les meubles contre les murs et tout d’un coup, on se retrouve dans la meilleure boîte du monde !

Qu’est-ce que tu as ressenti en retournant dans le dernier épisode de la série télévisée Neighbours, qui t’a rendue célèbre dans les années 80 ?

Ça a été un petit plaisir. Depuis Neighbours, j’ai continué à jouer un peu, et j’aime vraiment être sur un plateau. Je suis toujours un peu nerveuse, mais d’un autre côté, je me sens chez moi sur les tournages de flms et de télé, car c’était mon quotidien pendant deux ans et demi dans ma jeunesse. J’aime le fait que tout le monde doive travailler ensemble, en équipe – c’est pourquoi je ne suis probablement jamais devenue une « diva ». Je connais trop bien les caprices du showbiz, donc je sais à quel point il est important de garder une certaine normalité.

Et ensuite ?

Tu as déjà ta propre marque de vin... Envisages-tu d’acheter un domaine viticole en France et de t’y installer ? Je suis loin d’être une experte en vin, je l’ai toujours dit aussi en rapport avec « Kylie Minogue Wines ». J’aime le bon vin. Mais

Beaucoup de tes chansons sont des classiques sur le dancefoor. Vas-tu encore souvent en boîte ? Honnêtement, plus tellement. Ma période clubbing la plus dingue était au milieu des années 90, quand c’était juste normal. Je glorife de plus en plus cette époque, parce

J’ai l’impression de surfer sur une vague parfaite. De temps en temps, je dois pagayer un peu, mais ça aussi j’adore. D’ailleurs, je ne suis pas surfeuse, mais j’ai déjà surfé –c’est pourquoi je sais ce que c’est que d’aller prendre la prochaine vague. Et c’est précisément ce moment-là que j’aime.

Instagram : @kylieminogue ; kylie.com

HÉROS & HÉRO Ï NES
16 THE RED BULLETIN
« Quand j’avais vingt ans, je considérais les quarantenaires comme des vieillards. »

Kylie Minogue, 55 ans, a trouvé « rafraîchissantes » les réactions de ses jeunes fans à propos de son nouveau titre.

THE RED BULLETIN 17

HIT THE ROAD

Exploration, grimpe urbaine, et parkour : ainsi se défnit le duo français, constitué de Clément Dumais et Paul Rdb, auprès de leurs 837 K abonné·e·s YouTube, à qui ils font découvrir dans les endroits les plus fous au monde.

Duo sans faille qui ne connaît pas le vertige, Clément Dumais, athlète de parkour et réalisateur, finaliste de sept éditions de Ninja Warrior et champion du monde 2019 de Chase Tag, et Paul Rdb, athlète de parkour, réalisateur et photographe, ont commencé leur aventure en 2010, en arpentant « les plus hauts toits, en infiltrant des profondeurs interdites, et en explorant des lieux secrets dans plus de vingt pays à travers le monde ». Depuis leur création, ils n’ont cessé de se surpasser, à petit pas, en abordant challenge après challenge dans le but de toujours proposer des contenus de qualité à leur audience. En pleine préparation de leur nouvel objectif, le Dakar 2026, nous avons rencontré Paul Rdb.

En 2015, vous avez fait une rencontre qui a donné un nouveau sens à votre pratique du parkour ?

À LA LOUPE

Résidence

Lisbonne, Portugal, pour toutes les activités nature à dispo

Oui, c’était quand nous étions en Ukraine. Nous avons rencontré un gars, Sol, qui était connecté à la communauté du parkour, mais qui était surtout à fond dans l’exploration. Il explorait des sites comme Tchernobyl ou des vieux bunkers de la guerre froide, cachés en pleine ville. C’est lui qui nous a initiés à ce que l’on fait aujourd’hui. 2015 est une année charnière pour Hit The Road, on s’est vraiment servi de nos entraînements parkour pour accéder à des endroits normalement impossibles. On était très curieux des vestiges de l’URSS, de trouver de vieilles bases.

Influences

the red bulletin : Comment a commencé votre aventure avec Clément ? paul rdb : On habitait le même petit village en banlieue parisienne, c’est le parkour qui nous a réunis. En 2012, on a pris la décision de partir à la rencontre d’autres pratiquants à travers l’Europe. On partait pour un mois avec juste un sac à dos et un pass Interrail en poche et on allait de métropole en métropole, en dormant sur les toits ou chez les gens. On était vraiment dans une approche communautaire du parkour pour partager des histoires de vie, des aventures et des techniques. On a sillonné toute l’Europe durant quatre étés et on faisait des vidéos. Et en parallèle, on a commencé à faire des prods vidéo, notamment de la pub et pas mal de photos.

David Belle, le roi du parkour, et la vague anglaise avec Sébastien

Foucan et Storm Freerun

Vidéo la plus improbable

Paul a fait une session parapente avec Mojo, son chien

Mentorat parapente @leo.flynazare

C’est dans cette dynamique que vous devenez Hit The Road ?

Absolument, car chaque année, on sortait des vidéos sur YouTube, sous le nom de parkour hits the road soit le « parkour qui prend la route », puis on s’est détaché un peu du parkour et c’est devenu « Hit The Road ». On aimait bien la notion de frapper la route au sens littéral parce qu’il y a beaucoup d’impact dans le parkour, ça faisait un petit jeu de mot, mais on favorise malgré tout l’exploration.

Une exploration plutôt physique… À quelle fréquence vous entraînez-vous ? Quand on était à fond dans le parkour, on s’entraînait tous les jours. Aujourd’hui ça dépend des projets, de même pour l’escalade. Depuis que nous sommes plus à fond dans le parapente, le speed flying ou la moto, on essaie de s’entraîner dès qu’on n’est pas derrière l’ordi. En janvier, on a

commencé une formation e skydiving. Ce qui est dur, c’est qu’on reste une boîte de production, on a des tournages à organiser, donc il faut arriver à conjuguer le boulot qui crée les images et l’entraînement qui permet d’avoir du contenu. C’est un peu le challenge du moment.

Avec tout ça, vous vous êtes dit : « Et pourquoi pas réaliser un rêve de plus comme le Dakar en 2026, à moto » ?

Le Dakar, on se donne vraiment les moyens pour pouvoir en profiter et ne pas le subir… Si on arrive à voir l’objectif final sans en faire une montagne, en le décomposant en petits morceaux et en avançant chaque jour vers le but, ça devient plus accessible mentalement. C’est un gros challenge, mais avec les bons moyens, ça peut se faire. Rien n’est jamais gagné, il faut toujours s’accrocher. Par exemple, Clément n’avait jamais fait de moto avant notre premier Enduropale du Touquet en 2022 (course de motos historique, ndlr).

Comment Red Bull vous accompagne au quotidien dans votre formation accélérée pour participer à un rallye ?

En cumulant un max d’expérience avec des courses comme la Baja, une épreuve de rallye sans navigation. Prochainement, on va rencontrer Luc Alphand et Cyril Despres, ainsi que Camille Chapelière et Benjamin Melot. On va faire des stages avec eux pour apprendre à naviguer avec un road-book, et aussi à rouler correctement. C’est un très gros budget donc en plus des formations, Red Bull nous aide à financer tout ça, notamment les courses.

YouTube : @HitTheRoad

HÉROS & HÉROÏNES
TEXTE MARIE-MAXIME DRICOT PHOTO HIT THE ROAD
18 THE RED BULLETIN
« Le Dakar, on se donne vraiment les moyens pour pouvoir en profiter et ne pas le subir. »
Aux yeux

de

Paul, 31 ans,

Hit The

Road est une invitation au dépassement de soi et à croire en ses rêves.
THE RED BULLETIN 19

ARNAUD PSAROFAGHIS

est un skippeur prêt à tout pour emmener l’équipe

Alinghi Red Bull Racing à la victoire lors de la prochaine America’s Cup – avec son sens de la discipline et la force que lui procure sa famille.

On peut dire sans exagérer qu’Arnaud Psarofaghis a la voile dans le sang – et dans les gènes. D’abord parce qu’il est né près de l’eau, à Corsier, au bord du lac Léman, mais aussi parce que ses parents et son oncle, tous trois passionnés de voile, vont l’initier très tôt aux joies de ce sport : « Je suis monté sur un voilier pour la première fois à l’âge de trois ans. Mon père et mon oncle m’ont appris très tôt les manœuvres de base », se souvient Arnaud. Le garçon observe, et apprend vite. Il a sept ans lorsqu’il participe à son premier stage de voile estival – en impressionnant les moniteurs et les monitrices par ses capacités : « Je rêvais déjà de participer un jour à une régate en tant que skippeur et de vivre de cette passion », raconte-t-il. Presque trente ans plus tard, le voilà skippeur de l’équipe Alinghi Red Bull Racing, qu’il veut mener à la victoire en octobre prochain, lors de la prochaine America’s Cup. Un destin tout droit sorti d’un scénario hollywoodien : pourtant, la route qui l’a mené vers le succès ressemble davantage à une longue odyssée qu’à une croisière tranquille. En grandissant, Arnaud passe chaque minute de son temps libre sur un voilier : « Le bateau était le seul endroit où je me sentais vraiment bien, et la vie ne prenait vraiment de sens que lorsque je faisais de la voile. » C’est à cette époque que le jeune Suisse, d’un abord souriant et discret à la fois, remarque qu’il préfère naviguer en équipe – ce qui est sans doute la première des qualités chez un skippeur. « Je n’aime

À LA LOUPE

Originaire de Corsier sur le lac Léman

Naissance 14 septembre 1988

pas être sur le devant de la scène, je préfère laisser parler les autres lors des rendez-vous médias », concède-t-il. De quelles autres qualités un skippeur a-t-il besoin ? « Il doit avoir un œil sur tout, assumer des responsabilités et prendre parfois des décisions inconfortables – comme par exemple sélectionner, sur une équipe de quinze marins, les huit qui participeront à la course. Ce qui importe, c’est que tout le monde joue le jeu et coopère. Je me nourris de la motivation des autres, et inversement. »

Fait de la voile depuis qu’il a trois ans Plus gros succès Champion du monde 2019 en classe GC32

Plat préféré Un burger – au moins une fois par semaine Hobbies ?

Le wakeboard et les roadtrips

Connaître son bateau sur le bout des doigts Jusqu’à récemment, il n’y avait que le sport qui comptait à ses yeux : mais depuis deux ans et la naissance de son fls, tout a changé dans la vie d’Arnaud : « Ça a bouleversé ma façon de voir la vie. L’entraînement me prend beaucoup de temps, mais j’aimerais aussi passer le plus de temps possible avec ma famille », dit celui qui a été élu « Navigateur suisse de l’année » en 2014. Si le talent et la motivation sont deux conditions essentielles, elles ne sufsent pas à s’assurer une carrière pro dans le monde de la voile : pour vivre de sa passion, Arnaud Psarofaghis est devenu dessinateur de voile – et a travaillé pour North Sails pendant quinze ans. « J’ai pu ainsi passer beaucoup de temps sur des bateaux, dans le cadre de mon travail et pendant mon temps libre. Cela m’a beaucoup appris sur les aspects techniques et les qualités des diférents modèles. Cette expérience s’est avérée très précieuse pour la poursuite de ma carrière. » Assez tôt, ses talents de régatier sont également repérés et c’est en tant que barreur sur un Moth à foil qu’il rafe son

premier titre de champion d’Europe. Deux ans plus tard, à 23 ans, il commence même à gagner de l’argent mais préfère rester dans la production de voile. Jusqu’en 2016 où il entre chez Alinghi Red Bull Racing : un pas important dans sa vie. Il arrête tous ses autres boulots pour se concentrer sur la régate. Les premiers succès ne se feront pas attendre : depuis qu’il est entré dans l’équipe, Alinghi a remporté plusieurs titres, notamment plusieurs trophées en D35 et un titre de champion du monde lors du GC32 Racing Tour. Et en octobre, la discipline reine de la voile devrait couronner cette série de succès : l’America’s Cup.

Force mentale

Mais pour avoir le droit de participer à la course, il faudra d’abord remporter les Challenger Series organisées en août : « Le plus gros déf, c’est que nous ne savons pas encore avec quels bateaux et quelle stratégie les autres concurrents vont s’engager dans la course. Tout est tenu secret jusqu’au dernier moment », explique le skippeur.

Si Alinghi Red Bull Racing remporte les Challenger Series, l’équipe afrontera en octobre l’équipe néo-zélandaise, défenseuse du titre. Un tel déf signife non seulement un entraînement assidu, mais aussi une grosse pression mentale. Arnaud acquiesce : « Il s’agit de trouver un équilibre entre concentration et détente. » Et s’il n’a pas de rituel particulier à suivre avant une course, il nous confe l’un de ses petits secrets : « Quand je veux me concentrer, je pense tout simplement à mon fls. C’est ça qui me donne le plus de force. »

Instagram: @ arnaud_psaro ; @alinghiredbullracing

HÉROS & HÉRO Ï NES
20 THE RED BULLETIN JOERG MITTER/ALINGHI RED BULL RACING/RED BULL CONTENT POOL
« Ce qui importe, c’est que tout le monde coopère. »
Arnaud Psarofaghis, 35 ans, sur l’esprit d’équipe des régatiers.
THE RED BULLETIN 21

LOVE IS IN THE AIR

Tobe et Fat Nwigwe, Austin (Texas), 2022

En couple sur scène et à la ville, le duo de rappeurs Tobe et sa femme Fat Nwigwe se complètent bien, l’énergie de Fat sur scène faisant écho à la retenue de son époux : « J’ai éclairci le fond pour faire ressortir la présence de Fat. »

DANS L’ŒIL DES IC Ô NES

Drake, Miley Cyrus, Rosalía, Travis Scott – le photographe américain Greg Noire sait capter comme personne les plus beaux moments de leurs concerts. Une petite sélection.

THE RED BULLETIN 23
TEXTE SIMON SCHREYER PHOTOS GREG NOIRE
24 THE RED BULLETIN

UNE SOIRÉE EN ENFER

Travis Scott, festival Lollapalooza (Chicago), 2018 Ce cliché fait partie d’une série où Travis Scott fait face au photographe, émergeant d’une nébuleuse rougeoyante de fumées et d’efets de lumière. Greg a pourtant choisi de montrer Travis de dos : « Cette photo a quelque chose d’onirique. »

« Mon conseil de pro ? Il faut comprendre ce vers quoi le regard nous guide. »

Big Freedia, Nouvelle-Orléans, 2019

« Quand j’ai devant moi un groupe de personnes, j’essaie de ne pas me placer au centre, mais légèrement décalé, afn de rendre un peu plus de profondeur. Ici, cela a pour efet d’attirer le regard sur la chanteuse Freedia. »

GLAMORAMA
THE RED BULLETIN 27

DE TOUTES SES DENTS

Little Simz, Austin, 2022

« Je n’ai pas l’habitude de parler de mon travail ainsi, mais j’avoue que j’aime beaucoup cette photo.

C’est la perfection que je recherche : on dirait un portrait studio, mais je l’ai prise pendant que la rappeuse britannique Little Smiz revenait sur scène pour les rappels. »

SHEEESH !

Lil Uzi Vert, Miami (Floride), 2021 Véritable bête de scène, Lil Uzi Vert est un rappeur américain qui cherche le contact du public : « C’est comme s’il cherchait à comprimer son énergie. »

ROSALIAN RHAPSODY ?

Rosalía, Barcelone (Espagne), 2023 Parfois, c’est ce qui se passe au fond de la scène qui attire Greg : « J’adore Rosalía en tant qu’artiste, mais lors de ce concert, j’ai été captivé par ces quatre hommes qui se tenaient derrière elle. Des danseurs d’une incroyable précision et pourtant hyper cools. »

THE RED BULLETIN 29
« Ce qui m’inspire, c’est l’énergie des artistes, le contraste des couleurs ou encore un détail en particulier. »

GÉANT ROSE

Drake, Austin, 2016

« Le premier concert de sa tournée Summer Sixteen se déroulait non loin de ma ville, Houston. Cet été-là, je ne gagnais pas encore d’argent avec mes photos, mais j’étais absolument déterminé à devenir un artiste. »

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ALLUMER LE FEU

Tyler, The Creator, Austin, 2021

« Comme j’avais déjà vu Tyler sur scène lors du premier week-end du Limits Festival à Austin, j’ai pu me préparer pour photographier son deuxième concert : en retravaillant l’image après coup, j’ai voulu accentuer les refets dorés de l’arrière-plan. »

RAINBOW WARRIOR

Miley Cyrus, Las Vegas (Nevada), 2019 « Dès que j’ai quelque chose qui scintille devant les yeux, c’est plus fort que moi : j’ajoute un fltre étoile, cross screen, sur mon objectif. Ces fltres ont pour efet de créer des étoiles, ou starburst, autour des sources de lumière. »

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UPSIDE DOWN

Cette photo montrant Kenny porté par la foule a été retournée à 180 degrés. Le noir et blanc utilisé par Greg a un efet minimaliste qui contraste avec l’énergie de l’instant : « De cette façon, les expressions du visage de Kenny nous parviennent directement. »

Kenny Hoopla, Austin, 2021

GUERRIER DU CIEL

Kodak Black, Miami, 2021

Ce cliché de Kodak Black, éclairé par un refet rouge sur un fond de nuages bleu-gris, est l’un des préférés de Greg Noire : « Ce jour-là, le ciel orageux de Floride avait quelque chose de théâtral. Kodak me fait penser ici à un guerrier dans la savane africaine. »

Greg Noire a découvert sa passion en travaillant au rayon photo d’un grand magasin. Inspiré par les pellicules de la clientèle, il s’achète un petit appareil numérique (un FinePix de Fujiflm) et commence à prendre 500 photos par jour. En 2009, il photographie un concert du duo hip-hop Clipse : « J’ai tout de suite adoré ce boulot, alors que je n’y connaissais rien. »

Cinq ans plus tard, il travaille pour la première fois au festival Lollapalooza. Depuis 2019, le photographe américain est l’un des plus demandés aux États-Unis. Ses client· e · s ?

Drake, Travis Scott, Chance the Rapper, Kendrick Lamar,

Childish Gambino ou Demi Lovato, entre autres. Son amour de la photo en noir & blanc ainsi que pour le genre du flm noir (notamment Citizen Kane) lui a inspiré son nom d’artiste. Parmi ses infuences, il cite des pointures comme Chi Modu, Gordon Parks, Devin Allen, Bruce Talamon. Ses photos de concert donnent l’impression d’avoir été travaillées en studio selon un concept précis – alors que Greg opère à l’instinct, spontanément, préférant attendre le bon moment pour prendre un cliché plutôt que de shooter au hasard. Résultat : des portraits inspirés, tout en force et en intimité. gregnoire.com

NOIRE 34 THE RED BULLETIN
LE PHOTOGRAPHE
GREG

DES AIIILES POUR L‘ÉTÉ.

NOUVEAU

Curuba-Fleur de Sureau

STIMULE LE CORPS ET L’ESPRIT.

TOMBER POUR MIEUX SE RELEVER

PHOTOS JB LIAUTARD
TEXTE SAMUEL WALDIS
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À bloc ! Las Forster sur son parcours de trail local à Wangen, dans le canton de Schwytz. En terrain familier Le trail de Buchberg, avec une vue imprenable sur le lac d’Obersee n’a plus de secret pour Lars.

Doute, débâcle, détente...

Le chemin de Lars Forster vers les sommets n’a pas été simple, mais il a enfn réussi à faire taire les bruits parasites dans sa tête. Désormais, il envisage les courses en termes de portions.

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Focus Lars Forster se prépare pour une séance d’entraînement

Tout au fond du parking souterrain, un citronnier en haut d’une étagère en bois collée au mur difuse une ambiance chaleureuse. Lars n’y gare pas seulement sa voiture, mais y nettoie aussi ses vélos après ses sorties en forêt derrière chez lui. Son propriétaire lui a installé une arrivée d’eau et Lars a monté un enrouleur de tuyau au mur. La crasse coule vers le caniveau au milieu du garage. Certains voisins n’apprécient pas trop, mais il faut bien que Lars nettoie ses vélos quelque part. Vêtu d’un pantalon de jogging et d’un tee-shirt, pieds-nus dans ses sandales, Lars s’empare d’un des trois vélos accrochés au mur. Il est d’un noir étincelant même si Lars ne l’a encore jamais lavé, et pour cause : c’est le petit nouveau, celui que Lars emportera au Brésil pour le début du calendrier de Coupe du monde en avril.

À 30 ans, Lars fait partie des meilleurs coureurs cyclistes au monde. Champion d’Europe en 2018 et 2021, il a gagné plusieurs courses de Coupe du monde, remporté le Cape Epic (Afrique du Sud), l’équivalent du Tour de France en VTT, et a été quelque temps en tête du classement mondial en 2023. Il habite sur les hauteurs de Rieden, dans le canton de Saint-Gall, à la pointe la plus à l’est du lac de Zurich. Il entasse ses neuf vélos dans le garage ainsi que dans deux autres pièces du soussol : VTT, vélo d’enduro et vélo de cyclo-cross, vélo électrique, vélo de piste, vélo de route et même un

vieux vélo de ville avec changements de vitesse sur le cadre, une antiquité qu’il emporte quand il prend le train pour Uznach, car il ne peut pas vraiment se permettre de laisser un de ses autres vélos à 10 000 francs suisses à la gare. Depuis peu, il s’est mis au parapente. Là aussi, il faut bien ranger son matos quelque part. La place commence certes à manquer mais on ne peut rêver meilleur emplacement : c’est grâce à ces journées passées à s’entraîner sur les trails derrière chez lui qu’il a connu sa meilleure année professionnelle en 2023. Mais il a soufert pour en arriver là.

Albstadt (Allemagne), mai 2019, début de la Coupe du monde de VTT. Il pleut, mais Lars adore ce genre de conditions météorologiques. Ce jourlà, il porte le maillot blanc de champion d’Europe et tout va bien jusqu’à un virage à droite, dans un pré. Lars fait une chute « de rien du tout », comme il dit. Il remonte en selle mais retombe un peu plus tard en pleine descente et est projeté à dix mètres de son vélo. Il se redresse, ramasse ses lunettes de soleil, ses jambes fageolent. Si Lars avoue ne plus se souvenir de cet épisode, il sait maintenant que c’est le moment où il aurait dû jeter l’éponge. Mais il repart. Troisième chute, toujours en descente. Il gît au sol dans la forêt au bord du trail, son maillot blanc et son visage maculés de boue. La chute a été si violente qu’il doit s’appuyer sur un secouriste pour marcher.

En fait, Lars était en pleine forme, mais une seule course a suf pour que tout s’écroule, comme il l’expliquera plus tard : « Ça a commencé par quelques doutes, et fnalement j’ai perdu toute confance en moi. » Après cette course, qu’il considère comme la pire de sa carrière, Lars passe des journées entières sur son canapé. La reprise est dure, mais il arrive à nager un peu. De retour sur le circuit de Coupe du monde, il réalise qu’il n’est plus capable de rester dans le groupe de tête. Il faudra attendre

Il a commencé à voir les choses autrement après « une petite chute de rien du tout ».
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Virages serrés

Désormais, Lars pense les courses en les segmentant, et les calcule au millimètre près.

la fn de la saison pour que ça revienne et qu’il remporte sa première course de Coupe du monde aux États-Unis. S’il fait aujourd’hui partie des meilleurs, c’est avant tout grâce à son mental et à la manière dont il a assemblé les pièces maîtresses de ce puzzle cérébral.

Le chemin vers la force mentale

Lars est attablé, les montagnes et le lac d’Obersee dans le dos et une tasse à café devant lui. Au fond, le marc est déjà desséché. Il fait tourner la tasse dans ses mains puis la pose sur la table pour illustrer son petit cours de théorie. Il pointe ses deux index sur la table, l’un représentant lui-même, le cycliste, et l’autre l’endroit au loin sur le trail vers lequel il dirige son regard en roulant. Les deux doigts se promènent autour de la tasse qui symbolise un virage. Lars enchaîne : « Parfois, on ne voit pas ce qui arrive à cause de la descente ou du virage en amont. Il faut y aller au feeling. » Lars mémorise l’endroit à l’avance, puis s’y lance à l’aveuglette tout en se focalisant sur la prochaine étape : « Pour que ça passe, il faut être très détendu sur son vélo. »

Et il faut avoir la certitude d’en être capable. C’est la seule manière de pouvoir récupérer pendant les descentes. Pas le choix. S’il investit toute son énergie en descente, il n’aura plus aucune chance de gagner. Mais comment fait-il pour récupérer dans ces pentes où il frôle parfois les 50 km/h ? Quand Lars parle, il fxe son interlocuteur et fait régulièrement des pauses dans son discours. Il réféchit à certaines questions pendant 27 secondes avant de répondre. Un silence qui en dit long sur son calme. Pour le maintenir en compétition, Lars a passé ces

deux dernières années à travailler sur son mental avec Sandro Stäheli, ancien directeur d’une banque cantonale devenu coach mental. Ils se sont connus lors d’une course de ski de randonnée où ils avaient fait équipe pour l’ascension. « À la fn, je suis parti en solo », raconte Lars. Avec l’aide de Sandro, Lars a réussi à défnir trois aspects mentaux essentiels. Premièrement : faire le vide autour de soi. Avant, en compétition, Lars se demandait sans cesse qui le précédait ou qui le poursuivait, ou si le résultat fnal serait sufsant pour se qualifer aux Championnats du monde. Des pensées incessantes et toujours plus pesantes. Son coach mental l’a aidé à les réduire. L’une des méthodes consiste à penser en portions de course. Lars se fxe des objectifs intermédiaires : mon objectif est de monter cette côte pendant 30 secondes ; mon objectif suivant est de rouler pendant 20 secondes jusqu’à la lisière de la forêt ; mon objectif suivant est de descendre à bloc entre les racines pendant 15 secondes. Lars ne fait plus de courses mais des portions de courses. Une méthode qui lui permet de se recentrer. Les coureurs qui le suivent ou le

« Parfois, on ne sait pas ce qui nous attend sur le parcours. Il faut y aller au feeling. »
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précèdent disparaissent de son esprit et il arrive ainsi à se concentrer uniquement sur les facteurs qu’il peut contrôler, soit sa propre performance sur cette portion qu’il en train de parcourir. À ce moment précis, il n’y a plus que Lars.

Dans le temps, il passait complètement à côté de certaines courses. Désormais, il obtient presque toujours de bons résultats, même dans les mauvais jours. Une régularité telle qu’il s’est souvent retrouvé en tête du classement mondial l’an dernier. Autre année déterminante dans son chemin vers les sommets : 2014. Cette année-là, Lars intègre l’école de recrues sportives de Macolin (canton de Berne). Appel du matin, exercices de tir, marches militaires, rien de plus normal. Mais Lars ajoute : « Ce n’était pas l’école de recrues classique, c’était plus une version de luxe. » Il a le droit de s’entraîner autant qu’il veut, ce qui lui permet de remporter sa première Coupe du monde chez les moins de 23 ans quelques mois plus tard. « C’est là que j’ai décidé d’arrêter de travailler pour tenter ma chance en tant que cycliste professionnel. »

À la même époque, il rencontre Stefanie Thalmann lors d’une course par étapes. Elle est masseuse médicale et le prend en charge. Désormais, elle s’appelle Stefanie Forster, va chercher des légumes à la ferme une fois par semaine pour le ménage et s’entraîne avec Lars. Parfois, elle prend son vélo électrique pour le suivre lui sur son vélo normal. Il leur arrive de passer trois heures ensemble ainsi, ou de faire du ski de randonnée. Des séances d’entraînement qui ne ressemblent pas à de l’entraînement, comme dit Lars.

Répétition, répétition, répétition

Nous voilà au second aspect mental auquel Lars s’est confronté ces dernières années : il a besoin de se détendre. Lars a appris à respirer de manière plus

consciente, plus concentrée, et a découvert l’entraînement autogène, cette méthode qui le met dans une sorte d’autohypnose. Comme il l’explique : « Ça me permet de ne pas me noyer dans mes pensées avant une course. Je me détends, je me retrouve, je me façonne un sentiment intérieur de sécurité et de bien-être. Je préfère ne pas penser trop à la course avant le départ, puis je me mets en piste et j’écrase les pédales, tout simplement. »

L’idéal est d’être tellement détendu qu’il ne se met en mode course que dans le dernier quart d’heure avant le départ, dans les stands. Dans cette zone fermée, il échaufe ses jambes sur son vélo posé sur des rouleaux, l’esprit désormais tourné vers la course. Quand vient son tour, il se rend sur les starting-blocks, et au coup de feu du départ, la détente fait place à l’action.

Dans le temps, les compétitions de VTT duraient plusieurs heures. En 2023, Lars a remporté la Coupe du monde de Leogang en moins d’une heure et vingt minutes. Les courses sont devenues plus techniques, notamment parce qu’elles se déroulent sur des parcours dont la géographie naturelle a été modifée spécialement pour les besoins de la compétition.

Les modèles de vélos ont eux aussi été transformés en conséquence. Avant, on favorisait plutôt des modèles légers, mais maintenant, les cyclistes cherchent surtout des vélos qui encaissent le terrain : on ne gonfe plus les pneus à bloc, on préfère garder de la marge pour éviter les contrecoups sur les petits obstacles. Cela permet aux pilotes de

Pause avec vue

Très attaché à ses racines mais aussi prêt à repousser les limites vers l’inconnu du Brésil, Lars Forster profite d’une vue magnifique depuis Wangen au-dessus de l’Obersee.

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Objectif par séquences : montée, 30 secondes.

« Puis descente à bloc entre les racines pendant 15 secondes. »

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Méthodique

Pendant des heures, Lars envisage les courses comme un road-book : un virage, une côte, une descente.

« J’ai de bonnes jambes. » Mémo vocal de Lars pour lui-même.

Fin de l’entraînement

Juste avant de rentrer chez lui, les montagnes et l’Obersee en arrière-fond offrent un décor d’une autre époque.

laisser le pneu absorber les chocs plutôt que de lever le guidon à chaque racine. Et les modèles actuels sont équipés de suspensions avant et arrière, de roues plus grandes et de pneus plus larges.

Lars a installé un petit atelier dans le garage à vélos, une sorte d’établi à côté des vélos des voisins et des tricycles de leurs enfants. Cela lui permet de réparer le plus important. Le reste est pris en charge par les mécanos de son équipe, Thömus Maxon. L’un d’eux a déclaré un jour : « Pour Lars, tout est uestion de précision. Il est sensible au moindre millimètre et au moindre réglage. » Lui-même mécanicien de formation, Lars en connaît un rayon en technique. Comme il avait des problèmes avec l’un de ses vélos de cyclocross à cause de la patte de dérailleur (la pièce qui relie la transmission au cadre) qui n’arrêtait pas de se tordre ou de se casser, il a fni par en construire une lui-même. « Ça marchait du tonnerre », raconte-t-il.

Une compréhension de son outil de travail quasi encyclopédique qui l’aide à se persuader que tout va bien se passer. Ce qui nous amène au troisième aspect mental qu’il a travaillé ces dernières années : rester optimiste ! L’une des méthodes qu’il utilise

à cet efet est celle des mémos vocaux : Lars écoute les messages de son coach mental avant de s’endormir ou enregistre ses propres messages sur son smartphone ainsi que des mantras du genre « J’ai de bonnes jambes » qu’il se repasse en boucle dans les oreilles. Répétition. Répétition. Répétition.

Et désormais, il arrive à visualiser des expériences de courses positives pendant ses séances d’entraînement. « J’ai ressenti les mêmes choses quand j’ai gagné ma deuxième course de Coupe du monde à Leogang en 2023. J’ai ressenti les mêmes choses quand j’étais numéro 1 mondial en 2023. » Au moment de monter en selle, il embrasse toutes ces émotions. Grâce à elles, il a réussi à poser les bases de cet état mental synonyme de succès presque garanti sur les trails.

Alors que Lars continue de nous parler de ces diférentes méthodes, l’aiguille tourne. Il est bientôt midi. Une heure avant le déjeuner, il repart vers le parking souterrain et le citronnier. Il a troqué son pantalon de survêt pour un cuissard, enfonce un casque sur ses cheveux en bataille et enfourche son nouveau vélo, le noir, celui qu’il emmènera au Brésil pour la première course de Coupe du monde, puis part faire une petite séance d’entraînement par intervalles.

Une semaine plus tard, Lars se blessera à la jambe au cours d’une chute. La coupure est profonde, jusqu’à l’os, et nécessitera onze points de suture. Quatre jours plus tard (et quatre jours passés à s’entraîner sur son home trainer), il se dit que le moment est venu de retourner pédaler dans les bois derrière chez lui.

Instagram : @larsrace

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Home, sweet home

Lars a aménagé un espace pour ses vélos dans le parking souterrain de son immeuble à Rieden (commune de Gommiswald).

Globe-trotteuse

Sandra Stöckli est allée en Australie pour un Championnat du monde UC.

Photographiée ici à Henley, près d’Adélaïde.

Avant de tutoyer l’élite mondiale et de viser les Championnats du monde de paracyclisme à Zurich, Sandra Stöckli était dans le déni. Accepter la réalité brute l’a fnalement menée au sommet.

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TEXTE CHRISTOF GERTSCH PHOTOS BEN COOK

FORCE PURE

Lorsque Sandra Stöckli rentre chez elle six mois après son accident, elle n’a qu’une seule envie : se terrer dans sa chambre pour ne plus jamais en ressortir. Alors âgée de quinze ans, elle redoute le regard des gens du village quand elle se montrera à nouveau après une si longue absence, non plus debout, mais assise dans un fauteuil roulant. Elle entend déjà les questions insistantes et blessantes qu’on va lui poser. Mais aussi la pitié qui se cachera derrière. La pitié, c’est vraiment ce qu’elle redoute plus que tout.

Si, fnalement, elle ne tarde pas à reprendre contact avec le monde extérieur, c’est grâce à sa mère qui semble se faire de plus en plus distraite à cette époque, ne s’apercevant souvent qu’une fois arrivée à la maison qu’elle a oublié quelque chose lors de ses courses du matin. « Quelle étourdie je fais », se plaint-elle alors, puis, s’adressant à Sandra : « Pourrais-tu retourner au supermarché pour moi, s’il te plaît ? À la boulangerie ? Chez le boucher ? »

Aujourd’hui, Sandra sait bien que sa mère le faisait exprès. Mais à l’époque, ça la mettait en colère. Elle était plutôt du genre têtu à l’adolescence, surtout après l’accident. « J’étais vraiment pénible comme patiente », dit-elle. Quand les kinés, les médecins et les ergothérapeutes du

Centre des paraplégiques de Nottwil (LU) voulaient lui faire faire des exercices en fauteuil, elle leur demandait : « Mais pour quoi faire ? » Il fallait qu’elle s’entraîne à s’installer seule dans son fauteuil, à franchir un trottoir, à utiliser un escalator, mais elle, elle se disait : « Je n’ai pas besoin de tout ça ! » Elle était persuadée qu’elle pourrait bientôt remarcher. Elle pensait que sa paralysie était temporaire et que son accident, certes dramatique, n’avait rien changé à sa vie.

L’accident « bête »

Avant de poursuivre l’histoire de Sandra, le mieux serait peut-être de commencer par expliquer comment elle est devenue paraplégique. On a souvent tendance à penser qu’une blessure grave a forcément une cause spectaculaire. Sandra a donc dû se blesser en faisant du ski, du parapente ou dans un accident de la route. Mais ce n’est pas le cas. En rééducation, elle a rencontré des personnes devenues paraplégiques simplement en ayant trébuché sur un fl électrique chez elles. « Beaucoup sont en fauteuil à cause d’accidents tout bêtes », dit-elle. Son accident à elle ? Il était un peu bête aussi.

C’est arrivé pendant une séance de kiné. Elle y allait pour une scoliose dont elle soufrait depuis l’enfance, c’est-à-dire une déformation latérale de la colonne vertébrale. Le jour de l’accident, elle était déjà passablement épuisée par sa séance, mais elle voulait absolument terminer son exercice. Elle n’avait aucune ambition sur le plan sportif, mais elle aimait bouger, et si on lui disait de faire quelque chose, elle voulait le faire correctement.

Personne ne sait vraiment comment l’accident s’est produit. A-t-elle fait un malaise ? Ou avait-elle simplement les mains moites ? Toujours est-il qu’elle était accrochée à l’espalier –et puis, tout d’un coup, elle ne l’était plus. Elle a glissé, elle est tombée sur le sol où il n’y avait pas de tapis et a été immédiatement paralysée à partir de la première vertèbre lombaire.

Pour la petite explication, on parle de paraplégie lorsque les nerfs de la moelle épinière sont partiellement ou totalement sectionnés. Avec le

Au top

Sandra Stöckli s’est battue pour sortir du gouffre, et elle fait aujourd’hui partie de l’élite mondiale.

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« J’ai dû tout réapprendre tout au long de ma vie. »

L’engin

Il n’y a pas de limites pour cette athlète d’exception. Le vélo sur mesure de Sandra à Henley Beach en Australie, où elle a participé à la Coupe du monde en début d’année.

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« Mon “bagage” est juste un peu plus visible avec le fauteuil. »

cerveau, la moelle épinière fait partie du système nerveux central, c’est en quelque sorte le prolongement du cerveau dans le corps. Entourée d’un liquide, elle est bien protégée dans le canal rachidien. Suivant l’endroit où la moelle épinière est lésée, la paralysie ne touche que les jambes ou également le tronc et les bras. Les membres supérieurs de Sandra n’ont pas été atteints et son tronc seulement en partie. Elle ne peut en revanche pas bouger les jambes et n’a aucune sensibilité à ce niveau.

Sandra se rappelle à quel point elle se sentait mal quand elle a dû commencer la rééducation après son accident. Un énorme chantier lui faisait face. « Enfler mes chaussures, aller aux toilettes, me doucher – j’ai dû tout réapprendre, comme une enfant. Il y avait tant de choses, que je ne savais pas par où commencer. »

Au pied du mur

Elle a donc préféré ne rien commencer du tout. Les exercices de muscu pour renforcer le haut de son corps, elle ne les faisait qu’à moitié, fuyait tout ce qui lui demandait un efort, était dans le déni. « Je saisissais toutes les opportunités pour éviter de travailler », concède-t-elle. Au bout d’un moment, Sandra n’avait plus que la peau sur les os. « Je pesais quarante kilos, on aurait dit un squelette. » Mais ce n’est même pas cela qui a tout fait basculer. Il fallait qu’elle touche le fond, qu’elle atteigne le point le plus bas possible, un trou noir d’où l’on ne voit plus aucune issue. Les paraplégiques passent souvent par-là. Par ce trou noir où il faut faire un choix. Celui d’abandonner. De renoncer à soi-même. Ou de commencer à se battre. Pendant sa rééducation, Sandra Stöckli a côtoyé des personnes qui n’ont jamais retrouvé le goût de vivre. Il y en a qui se sont suicidées, d’autres qui ont sombré dans l’alcool. Elle, elle s’en est sortie, même si cela lui a pris des années. Elle compare sa guérison psychique à l’escalade d’une paroi rocheuse, entourée de personnes qui, comme autant de prises, l’ont aidée dans cette épreuve. Ses parents. Les thérapeutes de Nottwil, qui l’ont supportée malgré sa mauvaise humeur. Et aussi ce jeune athlète

en fauteuil roulant, qu’elle a également rencontré en rééducation. C’est lui qui l’a poussée à se mettre au sport. (Vu le niveau de résistance dont Sandra faisait preuve au début, il mériterait une médaille pour sa patience.)

Quand on la voit aujourd’hui, à 38 ans, on a du mal à croire, au premier abord, que Sandra Stöckli revienne de si loin. Elle qui a l’air si détendue, si heureuse et si libre aussi. Si elle est tout cela, ce n’est pas en dépit de son parcours difcile, mais plutôt grâce à lui. Ce n’est pas malgré les défs que la vie lui a lancés, mais bien grâce à eux qu’elle est aujourd’hui l’une des handbikeuses les plus performantes au monde, qu’elle a terminé première au classement général de la Coupe du monde 2022, qu’elle a remporté plusieurs médailles aux Championnats du monde et qu’elle est devenue la fgure de proue des Championnats du monde de cyclisme et de paracyclisme qui auront lieu à Zurich cet automne. Elle pourrait passer des heures à parler de son sport, de son handbike, un engin sur mesure dont elle, la perfectionniste, a personnellement sélectionné chacune des vis. De ces courses d’une heure et demie à deux heures et demie, au cours desquelles elle fle sur l’asphalte à une vitesse moyenne de 35 km/h. De la chaleur qui règne souvent si près du sol, de ses adversaires du monde entier : Corée du Sud, Norvège, Canada. Si cela ne tenait qu’à elle, Sandra Stöckli ne parlerait que de cela. Ce que nous venons de faire – raconter l’histoire de son accident –elle préfère s’en passer. C’est précisément pour cela qu’elle aime tant le sport : parce que ce qui compte, ce sont les performances, ce sur quoi on a une infuence. Il n’y est question ni du passé, ni de l’avenir, seulement du moment présent. Elle estime que tout le monde a un bagage à porter, « le mien est juste un peu plus visible à cause du fauteuil ». Elle ne fait pas du handisport. Elle fait du sport. Son handbike est peut-être son outil de travail, mais elle refuse d’être défnie par lui. C’est par ses performances que Sandra Stöckli veut se démarquer.

Grande reine Sandra s’entraîne le long de Henley Beach.
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Le relâchement comme mantra Pause détente pour Sandra sur le ponton de pêche de Henley Bay, sur la côte australienne.

C’est aussi pour cela que les Championnats du monde de cet automne à Zurich représentent tant pour elle : à ses yeux, ce n’est pas seulement un Championnat à domicile (elle vit toujours à Rapperswil-Jona, dans le canton de Saint-Gall, tout près de la frontière zurichoise), c’est aussi le premier Championnat du monde qui réunit cyclisme et paracyclisme. Pour la toute première fois, cyclistes et paracyclistes s’afronteront pour des médailles de Championnat du monde devant le même public, au même moment et en partie sur les mêmes parcours. C’est en quelque sorte l’inclusion poussée à son paroxysme, une chose rare, et pas seulement dans le sport.

Une voie exigeante

Pendant longtemps, les courses de handbike dans la catégorie de Sandra n’ont pas suscité beaucoup d’enthousiasme, car elles étaient presque courues d’avance : la Néerlandaise Jennette Jansen, 56 ans, survolait la compétition ces dernières années. Elle était tellement supérieure à ses adversaires qu’aucune d’entre elles n’osait ne serait-ce qu’envisager de décrocher la première place. Aucune, sauf Sandra, il faut le dire. C’est elle qui, au fl du temps, a fait évoluer les mentalités dans le peloton, renforçant non seulement sa propre confance en elle, mais aussi celle de ses concurrentes. Aujourd’hui, les courses sont un véritable spectacle, quel que soit le pays ou le parcours. Sandra est devenue une globe-trotteuse grâce à son sport. Les courses se déroulent aussi bien en Belgique qu’en Australie, dans de grandes villes japonaises, que dans les plaines du Canada, dans des régions vallonnées, que sur des parcours très plats. Elle adore ces voyages, elle en profte à fond. Quand elle enfle sa tenue de course et s’aligne sur la ligne de départ dans le siège en carbone de son handbike, quand elle met son casque et contrôle une dernière fois son dérailleur, le plus dur est déjà fait. C’est peut-être la plus grande fausse croyance à propos du sport : de penser que les jours de compétition comptent plus que tout. Bien sûr, pour gagner, il faut être en mesure de déployer ses performances pendant la compétition. Mais pour déployer quelque chose, il faut s’y être entraîné au préalable. Au préalable signifant, en l’occurrence : à l’entraînement. Ce

constat, Sandra l’a compris plus que quiconque. À chaque session, elle se donne à fond et exige d’elle-même le plus grand engagement et la plus grande rigueur. Elle prend ses entraînements tellement au sérieux qu’elle a intégré une fonction d’arrêt automatique à son capteur de puissance : dès qu’elle s’arrête au feu rouge ou à un passage à niveau, ce temps est déduit de la durée d’entraînement dans ses statistiques. Elle efectue ainsi vingt heures de handbike par semaine, auxquelles s’ajoutent deux à trois séances de musculation à la salle de sport.

Les entraînements fractionnés sont les plus éprouvants, ceux qui consistent à alterner de courtes phases d’efort intense avec des phases de récupération tout aussi courtes (sufsamment pour que le corps ne puisse pas récupérer totalement). Sandra se prête à ces séances avec une discipline de fer et les prépare aussi rigoureusement que d’autres le feraient pour la compétition.

Cohérence et relâchement

Quand elle sait qu’elle va bientôt soufrir, qu’elle va devoir se faire violence, elle se réfugie dans un coin calme et met ses écouteurs. Mais pas pour écouter de la musique. Elle se repasse des phrases et de courtes séquences, enregistrées par son entraîneur et son psychologue, afn de l’aider à garder en tête les points auxquels elle va devoir être attentive.

L’un des mots-clés qui reviennent, c’est « rigueur ». « Il y a un moment dans l’entraînement, nous explique Sandra, généralement assez tôt, où tout devient douloureux. Mon corps me crie d’arrêter, et moi aussi je me dis : “Allez tous vous faire voir, je n’en peux plus !” Et c’est justement pour lutter contre cette impulsion qu’il faut faire appel à la rigueur. » Le « relâchement » est un autre de ces mots-clés. Sandra nous en dit plus : « Plus l’efort est intense, plus il y a de risques de se crisper. Les épaules se tendent, on ne pédale plus de manière dynamique, mais plutôt de façon saccadée. Cela se répercute automatiquement sur les performances. Le plus difcile, c’est de rester zen malgré la pression. »

Poursuivre son entraînement avec rigueur, tout en gardant un certain relâchement : une belle lapalissade, en somme. Et en voici une autre : pour réussir, il faut faire les petites choses correctement, ne pas se contenter de rabâcher les lapalissades, mais les appliquer à la lettre. De toutes les prises de conscience que Sandra Stöckli a eues quand elle s’est battue pour sortir du goufre pendant sa rééducation à Nottwil et dans les années qui ont suivi, c’est peut-être la plus importante.

Instagram : @sandra_stoeckli ; sandrastoeckli.ch

« Le plus difficile : rester zen malgré la pression. »
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Les épreuves cyclistes les plus dingues en live : voici les événements qui vont mettre les freins, les pneus et les nerfs à rude épreuve en 2024.

VÉLO À GOGO

L’amour du risque donne des ailes : l’Espagnol Bienvenido Aguado a remporté trois prix lors du Red Bull Rampage 2023, dont celui du Best Trick.

TEXTE ALEX LISETZ
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RÉBELLION SUR LA

PLAN È TE MARS

« Le plus grand événement de toute l’histoire du VTT », c’est ainsi que le prestigieux BikeMag décrit le Red Bull Rampage, rassemblement de la crème des riders et rideuses. Introduite en 2001, cette Ligue des Champions du VTT invite chaque année une liste d’athlète VIP dans le désert de l’Utah avec un petit twist mi-fgue, mi-zinzin : chaque concurrent·e conçoit et construit sa propre ligne. Génial pour la créativité, moins pour l’énergie. Creuser trop longtemps, c’est risquer d’être cramé dès la ligne de départ… Premier Autrichien à y participer l’an dernier, Clemens Kaudela a dû abandonner sur chute et revient cette année avec la rage au ventre.

Où et quand ? St. George, Utah (USA) le 11 octobre et en direct sur redbull.tv Catégories Freeride, Enduro

RED BULL RAMPAGE
CHRISTIAN PONDELLA/RED BULL CONTENT POOL

CHAMPIONNAT DU MONDE UCI DE VTT

LE RENDEZ-VOUS

INCONTOURNABLE

Certes, 13 ans se sont écoulés entre l’invention du VTT (1977) et la première Coupe du Monde de VTT (1990) organisée par l’UCI. Mais depuis, la compétition réunissant les meilleurs athlètes au classement ofciel en est déjà à sa 25 e édition. Un calendrier au format légèrement raccourci cette année avec quinze week-ends de course répartis sur dix pays d’Europe, Amérique du Nord et du Sud. Six nouveaux sites au programme cette année : deux au Brésil et en Suisse, un en Pologne et aux États-Unis.

Regards braqués sur Nino Schurter (SUI, XCO), dix fois champion du monde et neuf fois vainqueur du classement général de la Coupe du monde UCI ; la championne du monde en titre Vali Höll (AUT, DH) ; le vainqueur d’étape du Tour de France Tom Pidcock (GBR, XCO)

À ne pas manquer MTB World Series Crans-Montana

Où et quand ? du 21 au 23 juin à Crans-Montana

Catégories Descente, Enduro

Avance rapide

Rachel Atherton, gagnante l’an dernier à Lenzerheide, un parcours considéré comme l’un des plus rapides de l’année.

Couteau suisse

Champion olympique de VTT, Tom Pidcock est capable d’aller chercher la victoire sur route ou en cyclocross comme ici à Hulst (Pays-Bas).

Prête pour la fête

En plus de sa victoire sur le circuit de Loudenvielle (France), l’Autrichienne Vali Höll vise un 3e titre mondial en 2024.

58 THE RED BULLETIN BARTEK WOLINSKI/RED BULL CONTENT POOL (2), TWILA FEDERICA MUZZI/RED BULL CONTENT POOL
THE RED BULLETIN 59

Qui freine perd Fraîchement couronné, l’Irlandais Rónán Dunne

teste ses limites sur le Maydena Bike Park (Tasmanie).

RED BULL HARDLINE ROCK & ROLL

L’épreuve de descente la plus dure au monde nous vient des frères et sœurs les plus redoutés du VTT. C’est au Pays de Galle que Rachel, Gee et Dan Atherton ont construit un parcours qui ferait passer les descentes de Coupe du monde pour une balade dominicale. Rien qu’à voir les drops de 10 mètres et les sauts de 30 mètres de long, on a déjà des sueurs froides. Gagner ici (dernier et plus jeune vainqueur : le Canadien Jackson Goldstone) impose plus de respect que n’importe quelle victoire de Coupe du monde. En 2024, les Atherton ont décidé d’exporter l’événement : l’Irlandais Rónán Dunne a remporté la première édition australienne en février dernier.

Où et quand ? Vallée de Dyfi (Pays de Galles) et en direct sur redbull.tv les 1 er et 2 juin prochains

Catégorie Descente

BRETT HEMMINGS/RED BULL CONTENT POOL
THE RED BULLETIN 61

Et de douze !

Emil Johansson a battu un nouveau record avec sa 12e victoire aux Crankworx l’an dernier.

CRANKWORX WORLD TOUR

TOUT, TOUS, TOUTES

Les Crankwork series, un circuit en quatre étapes encore plus coloré que la vitrine d’une boutique vintage autant par l’ampleur des disciplines proposées, du Speed & Style au Pumptrack en passant par l’Enduro et le Dual Slalom, que par la diversité des formats, allant des courses sur invitation pour les plus reconnus, aux challenges pour la relève de demain. Nouvelle catégorie inaugurée cette année : le slopestyle féminin. Six rideuses se disputeront le premier prix de ces Championnats du monde de slopestyle Crankworx FMBA exclusivement féminin dont la somme sera équivalente à celle décernée aux hommes. Pour la huitième fois, l’unique étape européenne de l’événement aura lieu à Innsbruck. Regards braqués sur Szymon Godziek (POL) alias le roi du comeback, Emil Johansson (SWE) alias le recordman, et Erik Fedko (GER) alias l’homme-orchestre Où et quand ? du 12 au 16 juin à Innsbruck

Catégories DH, Freeride, Slopestyle, Enduro, Pumptrack

TOUT LE MONDE DESCEND

Tourisme urbain alternatif : le Red Bull Cerro Abajo, c’est un festival de descentes pour riders et rideuses prêt·e·s à en découdre avec le réseau urbain. Au menu : marches raides, wallrides, rampes en bois, lignes droites éclairs, ruelles étroites et sinueuses. Après deux éditions dans la ville de Valparaíso (Chili) classée au patrimoine mondial de l’UNESCO puis dans la légendaire métropole de l’argent de Guanajuato (Mexique), c’est l’Italie qui accueillera la première édition européenne du Cerro Abajo.

Où et quand ? Le 20 octobre en Italie pour l’édition européenne, à retrouver en direct sur redbull.tv

Catégorie Descente

Le style à l’honneur Robin Goomes (NZL) et Tomas Lemoine (FRA) ont remporté le Speed & Style Award l’année dernière à Innsbruck.

Scanne le code pour plus d’infos !

Chaud devant !

Le Colombien Sebastian Holguin teste le parcours urbain lors de l’édition mexicaine en mars dernier.

RED BULL CERRO ABAJO
62 THE RED BULLETIN BARTEK WOLINSKI/RED BULL CONTENT POOL (2), JOSE DUCH / RED BULL CONTENT POOL
THE RED BULLETIN 63

L’EFFRONTÉE

Que sa mine angélique ne vous trompe pas : la chanteuse Girli n’est pas faite pour les ballades sirupeuses. Douée d’un franc-parler incisif et d’une rare lucidité, l’artiste londonienne signe, avec l’album Matriarchy, un hymne électro-pop en hommage à la puissance des femmes.

TEXTE LOU BOYD PHOTOS AMANDA FORDYCE
64 THE RED BULLETIN
Haute en couleur Pour voir Girli en live cet été : le 6 juin à Paris (La Maroquinerie) et le 16 juin à Zurich (Exit). Double face Girli nourrit ses deux passions : sa planche de skate et sa ville, Londres.
AL’univers de la scène dans les gènes : ses parents, grands-parents, oncles, tantes, etc. –toutes et tous artistes !

melia Toomey est un véritable bonheur pour les photographes : manifestement très à l’aise devant l’objectif, la chanteuse londonienne se prête avec plaisir à l’exercice incontournable (et parfois redouté des artistes) de la séance photo. À peine trente minutes après son arrivée, elle a déjà troqué ses baskets et son jean baggy de skateuse contre une robe moulante orange vif et des stilettos, enchaînant les poses et les mimiques avec un naturel déroutant. Il faut dire qu’Amelia Toomey a de qui tenir, elle qui fréquente le monde du spectacle depuis qu’elle est toute petite : « Mes parents étaient comédiens de théâtre, mais aussi mes grands-parents, mes tantes, mes oncles, mes cousins… C’est quelque chose qui nous a toujours attiré, allez savoir pourquoi, dit-elle. J’ai quasiment grandi dans les coulisses des théâtres. » C’est pourtant la musique qui va devenir sa plus grande passion – et pas n’importe quel genre : elle s’enfamme d’abord pour la musique punk, si caractéristique de son Angleterre natale, avec ses textes bruts et ses sons explosifs. Un amour de jeunesse qu’elle va toutefois accommoder à sa propre sauce : accents pop et électro, textes traitant de sa vie amoureuse (elle se dit volontiers pansexuelle) et look hybride à mi-chemin entre la flle girly aux cheveux pink-platine et la skateuse grungy à l’aise dans ses baskets. « Être sur scène a toujours été quelque chose de très naturel, avec ma créativité propre, mon style à moi et mon art », nous dit-elle pendant qu’elle enfle son jean XXL de skateuse sur un petit tee-shirt qui lui dégage le nombril. La voilà parée pour la deuxième phase de cette séance photo : direction le Stockwell Skatepark au sud de Londres, l’un des endroits préférés des skateur·euse·s londonien·ne·s. « Quand tu grandis en ville, tu fnis tôt ou tard par te mettre au skate, avoue-t-elle. Ça se fait naturellement ! Mais j’adore aussi aller dans la nature pour faire du surf ou du snowboard. »

De toutes les facettes que Girli est capable d’embrasser, il y a chez elle une constante, un élément qui ne la quitte jamais : la couleur de ses cheveux – un rose fuo bien assumé. Elle a dix-sept ans lorsqu’elle commence à faire parler d’elle, avec un premier single sorti en 2015,

THE RED BULLETIN 67

So You Think You Can Fuck with Me Do Ya?. Bien plus qu’un simple délire d’adolescente, on y retrouve déjà une verve exubérante, un style bien personnel que la chanteuse va aiguiser et embellir avec les années en gagnant, à chaque étape de sa carrière artistique, des fans toujours plus nombreux. La consécration arrive en 2021 avec le single More than a Friend, où elle raconte être amoureuse d’une de ses amies : “So we kept in touch, because I wanted to touch her ” Le titre va engendrer en un temps record 58 millions de streams sur Spotify et faire décoller sa carrière – du jour au lendemain, elle devient le symbole de toute une génération, d’une jeunesse décomplexée qui veut assumer sa sexualité, mais aussi sa fragilité et ses doutes.

C’est dans cette même volonté de célébrer sa pansexualité qu’a été écrit son deuxième album, « Matriarchy » : une ode au féminisme et à la puissance des femmes, écrite dans une période difcile de sa vie, alors qu’elle vivait la fn d’une relation amoureuse et la perte de son contrat avec sa maison de disques. De ces ruptures involontaires sont nés des morceaux particulièrement puissants, comme des cris de rage qu’elle pousse pour mieux afrmer la personne qu’elle est devenue. L’énergie punk des premières années est toujours là – la maturité en plus : « Cet album traite surtout des blessures que l’on apprend à guérir et de la place que l’on veut prendre dans le monde, en tant que femme. »

Quelques jours avant d’entamer sa tournée mondiale, Girli s’est livrée pour The Red Bulletin, le temps d’un entretien et de quelques photos, sur sa vie d’artiste, ses désirs et ses doutes.

the red bulletin : Tu as commencé à écrire tes premiers textes relativement jeune. Le fait d’avoir grandi dans une famille d’artistes n’y est certainement pas pour rien… girli : J’ai commencé à écrire quand j’étais ado et j’ai très vite su que c’était ce que je voulais faire. Évidemment, j’avais en même temps conscience, avec l’exemple de mes parents, de toutes les difcultés liées au métier d’artiste indépendant, et c’est pour cela que j’ai un peu hésité au début – mais ma famille m’a encouragée à suivre ma voie. En fait, j’avais grandi avec cet amour de la littérature, de la langue, de la créativité et de l’art de se produire devant un public : des choses tout à fait normales pour ma famille. Faire passer des émotions, ça relève d’une espèce de magie, et je voulais moi aussi essayer de me l’approprier.

À dix-huit ans, tu es repérée par une grande maison de disques…

J’étais vraiment décidée à devenir musicienne et à produire mes chansons, et comme l’école que je fréquentais était spécialisée dans les carrières musicales, on y recevait régulièrement des gens travaillant dans ce milieu. Dès qu’ils fnissaient leur exposé, je leur courais après en leur demandant d’écouter ma musique et de venir à mes concerts. Il n’y avait pas encore TikTok à l’époque, on n’avait donc pas d’autre choix que de harceler les gens et de faire de la scène jusqu’à ce qu’on nous remarque. Et c’est ce que j’ai fait.

À quoi ressemblaient tes concerts ?

Franc-parler

« Je serais du genre à raconter ma vie aux gens quand j’attends le bus. » Girli assume son côté (très) expansif.

Comme j’étais encore ado et mineure, personne ne voulait me prendre sous contrat. J’ai donc fait la tournée des scènes ouvertes à Londres : ce sont des endroits où tu peux monter sur scène devant un public et chanter ce que tu veux. J’ai chanté des trucs que j’avais produit le jour-même dans le studio de mon école. Et un soir, on m’a efectivement remarquée – exactement ce que je voulais !

Cette première expérience avec une grande maison de disques ne s’avère pourtant pas très positive… Que s’est-il passé ?

J’étais tout simplement trop jeune : je ne savais pas encore que les majors n’ont aucunement l’intention de t’aider à construire ta carrière. Ce qu’elles veulent, c’est voir des résultats le plus vite possible, elles te mettent donc une pression de dingue pour sortir un hit. Cette maison s’était fait une image de moi à laquelle je ne correspondais pas.

C’est-à-dire ?

Je me suis retrouvée dans une de leurs réunions, devant tous ces vieux types en costard, pour leur chanter quelques-unes de mes chansons : ça parlait de ma vie d’adolescente et du chaos qui va avec. Ils ont secoué la tête et ont tranché : « Ça ne peut pas passer à la radio, on va changer ça. Il faut que tu deviennes un peu plus soft. » Et moi, j’avais peur de ces mecs-là : j’avais peur qu’on se moque de moi ou qu’on me dise que mes émotions étaient ridicules.

Comment as-tu réagi ?

C’était très dur. Je n’avais pas confance en moi, et voilà que ces adultes me racontaient comment je devais me comporter et comment ça fonctionnait, dans ce milieu – faire du fric, fréquenter les bonnes soirées et 2 3

« C’est en écrivant cet album que j’ai compris : je suis enfin capable d’aimer la personne que je suis devenue. »
68 THE RED BULLETIN
« Patti

Smith et Sofia

Coppola montrent la force qui émane de la douceur et de la fragilité. »

tel le qu’on est et de ne pas vouloir être parfait e à tout moment. Ça demande du courage d’admettre ouvertement, à soi et aux autres, qu’un e artiste sur scène reste un être humain comme les autres, qui est là pour communiquer, par sa musique, sur sa vie, ses pensées et ses sentiments.

Matriarchy traite aussi de la difculté de vivre la fn d’une relation amoureuse : cet album serait-il fnalement un cas classique de projet « post-rupture » ?

Figure de style

Amelia Toomey est une habituée du Stockwell Skatepark, au sud de Londres.

ce genre de trucs. Alors forcément, je me suis mise à sortir beaucoup, à boire beaucoup d’alcool, à manger de moins en moins parce qu’on fait très attention au physique. Ça m’a vraiment fait du mal : j’ai développé un trouble dysmorphique (le fait de trop focaliser sur un défaut physique réel ou imaginaire, ndlr) et ma santé mentale déclinait elle aussi.

Et le contrat en question ?

Ils y ont mis fn – ce qui a été la meilleure chose qui ait pu m’arriver ! Ça paraît bizarre, parce que le fait de se faire planter par sa maison de disques peut être franchement fippant, mais pour moi, ça a été une véritable libération. Ils auraient très bien pu m’interdire de continuer à produire de la musique ! Heureusement, ma maison de disques actuelle est un label indépendant qui me comprend et qui estime mon travail.

Pourquoi avoir intitulé cet album Matriarchy ?

Pour moi, ce mot contient bien plus que sa défnition initiale, à savoir le pouvoir des femmes. Il symbolise un espace dans lequel tout le monde peut se sentir libre, y compris toutes celles et ceux qui sont rejeté·e·s par notre société patriarchale : les femmes, la communauté LGBTQIA+ et toutes les autres minorités. Mon album se conçoit comme un refuge, un « safe space », pour toutes les personnes qui ont le sentiment que cette société ne leur convient pas. C’est dans la musique que j’ai toujours pu exprimer mes sentiments comme je le souhaitais.

Tu as dit que tu voulais également, par ta musique, ouvrir un nouveau regard sur la féminité. Quelles sont les femmes qui t’inspirent ?

Toutes celles qui ne se soumettent à aucun diktat, aucune prescription, et qui sont ouvertes à l’expérience, à la nouveauté. Et toutes les artistes qui ne conçoivent pas leur travail comme un business, qui ne visent pas un public particulier et qui ne cherchent pas à vendre leur créativité à tout prix. Patti Smith et les Riot Grrrls m’ont inspirée dans le sens où elles ont cassé les codes de la société. Ou encore la réalisatrice Sofa Coppola : j’adore la façon qu’elle a de représenter les femmes, parce qu’elles font preuve, dans leur douceur et leur fragilité, d’une grande force. C’est cette force que je veux montrer dans ma musique.

La force dans la fragilité ? Difcile à comprendre ! Il s’agit justement de montrer tout ce qui est fragile et vulnérable en nous, de ne pas craindre de se montrer

Oui, évidemment. J’y parle d’une rupture sentimentale et de toute la merde que ça te fait vivre. Ce n’est pas simplement la perte d’une personne, c’est aussi le fait de devoir réapprendre à vivre seule. Dans cette situation, c’est facile de tout remettre en question, y compris soi-même. Sur certains morceaux de l’album, j’ai voulu exprimer comment retrouver sa santé mentale et comment apprendre à se fxer des limites.

Comment t’est venue l’idée d’écrire Be with Me, une des chansons de Matriarchy qui traite de la relation qu’on peut développer avec soi-même ?

En travaillant sur cet album, j’ai compris que pour la première fois depuis longtemps, je pouvais vraiment ressentir du bonheur à être seule. On a souvent besoin, après une séparation, de s’entourer de gens, parce qu’on ressent un vide intérieur qu’on a besoin de remplir ; et parce qu’on recherche le regard et la reconnaissance des autres pour se sentir vue, reconnue, aimée. Mais en écrivant l’album, j’ai compris que j’étais enfn capable d’aimer la personne que je suis devenue. Be with Me traite de l’importance de passer du temps avec soi-même pour guérir d’une blessure.

Tu disposes désormais d’une fan base très fdèle –on pourrait presque parler d’une communauté. Je m’en suis rendue compte lors de mes concerts, quand j’ai rencontré mes plus jeunes fans après le show et que j’ai écouté leurs histoires personnelles. Ça me touche beaucoup d’entendre les gens me dire que ma musique les a aidés à traverser des périodes difciles, à se sentir compris. C’est exactement ce que j’ai vécu étant ado : la musique était pour moi comme un refuge réconfortant. Aujourd’hui, c’est un sacré privilège d’apporter à mon tour un réconfort pour mes jeunes fans.

Il y a des canaux Discord sur lesquels tes fans se connectent avant tes concerts. Comment est-ce arrivé ?

Ce sont mes fans qui ont eu l’idée. Il y a des amitiés très fortes qui sont nées grâce à mes concerts – c’est génial, ça ! L’an dernier, deux de mes fans, qui ont assisté à l’intégralité de ma tournée européenne, se sont retrouvés lors d’un concert, et ont tissé des liens très forts entre eux. Pas plus tard qu’hier, j’ai streamé sur Discord la projection d’un flm – et mes fans se sont connectés pour discuter sur le chat. Là encore, on peut voir à quel point la musique rassemble les gens.

Instagram : @girlimusic

THE RED BULLETIN 71 STYLING: SUZIE WALSH, HAARE UND MAKE-UP: YONG-CHIN MARIKA BRESLIN

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est
âgées de

Petit guide ultime pour s’évader du quotidien

VOYAGE, MONTRES, BIOHACKING,PLAYLIST ET SORTIE

Image d’Épinal : la montée du sentier en contrebas du Rinerhorn est l’un des points forts de l’Alps Epic Trail Davos.

C’EST PARTI !

THE RED BULLETIN 73 MARTIN BISSIG FRANZ THOMAS BALMER

YOUPI YOUPI YA !

Tom Oehler, athlète et recordman Guinness, nous conseille 3 parcours VTT dans la région de Davos Klosters.

ÉCRAN LARGE :

« BIKE HARD »

Ambassadeur du VTT dans la région de Davos Klosters, Tom Oehler présente les sentiers les plus funs du coin dans Bike Hard

Scanne le code QR pour regarder Bike Hard davos.ch/bike

1 LE SENTIER DE TOUS LES SUPERLATIFS

Nom

Alps Epic Trail Davos

Lieu de Jakobshorn à Filisur

Infos

Longueur totale : 40,1 km

Dénivelé :  916 m  2400 m

Niveau de difculté

Description

Le plus long single track de Suisse et le seul circuit VTT de toutes les Alpes à avoir réussi à faire son entrée dans la fameuse liste des Epic Rides de l’IMBA (International Mountainbike Association). Sans oublier huit kilomètres de sentiers entièrement inédits pour encore plus de sensations.

2 100 % ENDURO

Nom

Bahnentour

Lieu de Davos à Küblis

Infos

Longueur totale : 120 km

Dénivelé :  650 m  9500 m

Niveau de difculté

Description

Neuf ascensions en remontées mécaniques, près de 10 000 mètres de descente et plusieurs single tracks au programme, le tout sans jamais emprunter deux fois le même sentier. Les confrmé·e·s pourront, au choix, avaler ce circuit légendaire en une seule journée ou en plusieurs étapes.

Immersion en pleine nature

Des parcours très bien entretenus qui n’ôtent rien au caractère de hautemontagne des single tracks de Davos Klosters.

3

LA PÉPITE DISCRÈTE

Nom

Pischa-Trail

Lieu

Tour de Davos

Infos

Longueur totale : 29 km

Dénivelé :

1120 m

Niveau de difculté

Description

La montée vers la station de téléphériques de Pischabahn ofre des paysages à couper le soufe et les singles tracks sont un vrai régal. Mieux vaut avoir des jambes solides pour efectuer l’ascension de ce circuit également bien adapté aux VTT électriques, même si le niveau de difculté reste élevé.

VOYAGE
Davos GRISONS Berne
74 THE RED BULLETIN MARTIN BISSIG, LUKAS PILZ/RED BULL CONTENT POOL

POUR TOUS LES GOÛTS

Des parcours en VTT cross-country exigeants aux circuits relax en e-bike, l’Engelberg-Titlis ravira tout le monde.

1 POUR LES SPÉCIALISTES

Nom

Jochpass-Trail

Lieu

Jochpass : du domaine skiable à la vallée

Infos

Longueur totale : 3,8 km

Dénivelé :  435 m

Niveau de difculté

Description

Un sentier très roulant avec des passages plus tendus pour s’éclater pendant des heures et des heures. Depuis le domaine skiable de Jochpass, le sentier serpente jusqu’au Trübsee. Les virages, les sauts et les bosses ont été conçus pour que les plus confrmé·e·s y trouvent leur compte.

2

POUR FANS DE SENTIERS ROULANTS

Nom

Hells-Bells Trail

Lieu du Jochpass à l’Engstlensee

Infos

Longueur totale : 1,6 km

Dénivelé :  277 m

Niveau de difculté

Description

Harmonieusement intégré dans le paysage, ce sentier ne ravira pas que les passionné·e·s de descente. Quand on arrive au bord de l’Engstlensee, il suft de reprendre le télésiège pour revenir au point de départ 2 200 m plus haut et se jeter une nouvelle fois dans la descente.

3 POUR L’AMOUR DE LA DESCENTE

Nom

Gerschni-Trail

Lieu

de Gerschnialp à Bänklialp

Infos

Longueur totale 1,4 km

Dénivelé :  207 m

Niveau de difculté

Description

Ce sentier naturel traverse la forêt de Gerschni et propose des sections roulantes ainsi que quelques passages plus techniques. En fonction du tempo et de la maîtrise, on peut choisir de rouler ou de sauter sur certains segments. La dernière partie rejoint Engelberg par la route.

Panorama de rêve Le sentier des Hells Bells traverse des paysages de montagnes idylliques, à l'image de cette vue imprenable sur l’Engstlensee.

CADRE BUCOLIQUE ET… ACTION !

Entre hautes vallées et imposantes montagnes, un décor en forme d’invitation à tous les types de randonnées à deux-roues.

engelberg.ch/bike

OBWALD EngelbergTitlis Berne
THE RED BULLETIN 75 ENGELBERG-TITLIS

VIRAGES INFINIS

La région de Lugano propose 415 km de sentiers VTT à découvrir en prenant son temps… ou à fond la caisse !

FORFAIT TOUT COMPRIS

Après les bosses et les graviers, on est heureux· se de profter des hébergements adaptés aux vélos et des spécialités culinaires de la région.

luganoregion.com/ velo-redbull

1 POUR LES VÉTÉTISTES EXIGEANT·E·S

Nom

Lugano Bike – N °. 66

Lieu de Lugano (Monte Brè) à Ponte Tresa

Infos

Longueur totale : 123 km

Dénivelé :  4136 m  4789 m

Niveau de difculté

Description

Un des sentiers les plus beaux et les plus bigarrés du Tessin, il serpente au-dessus de Lugano jusqu’à l’impressionnant Monte Tamaro à travers les collines boisées du Malcantone. Un circuit exigeant sur des graviers et des single tracks techniques. Le panorama d’ensemble est époustoufant.

2

POUR LES ACCROS À L’ADRÉNALINE

Nom

Monte Tamaro Bike - N ° 362

Lieu de l’Alpe Foppa (Monte Tamaro) à Rivera

Infos

Longueur totale : 31,6 km

Dénivelé :  662 m  1711 m

Niveau de difculté

Description

Cette boucle pour les plus expérimenté·e·s commence par une ascension de l’Alpe Foppa vers le refuge de Capanna Tamaro, avec une vue imprenable sur la vallée, le lac de Lugano et le lac Majeur. Ensuite, la descente à travers bois est techniquement exigeante mais incroyablement ludique.

Options illimitée Ici, les routes sont très bien entretenues et tout est prévu pour les amoureux du vélo, des tours guidés en VTT, au service de navette et à la location.

3

ENTRE NATURE ET CULTURE

Nom

Vicania Bike - N ° 351

Lieu de Paradiso à Alpe Vicania

Infos

Longueur totale : 24,74 km

Dénivelé :  648 m  620 m

Niveau de difculté

Description

Ce parcours permet d’explorer la péninsule autour de Lugano. Des chemins de graviers et des sentiers étroits nous emmènent vers l’église Madonna d’Ongero, l’Alpe Vicania et son restaurant à découvrir d’urgence (ouvert selon la saison) jusqu’au Parco Grato, juste avant Carona.

VOYAGE
TESSIN Lugano Berne
76 THE RED BULLETIN PARISIVA, LUGANO REGION/DAVIDE ADAMOLI

DU VIN, DE L’EAU, DU VÉLO !

Ah, Montreux Riviera ! Sa promenade au bord du lac, ses palmiers, ses vignobles, son festival de jazz… et ses pistes VTT !

1 POUR VÉTÉTISTES AVANCÉS

Nom

Montreux Panorama Bike

Lieu

Circuit de Montreux

Infos

Longueur totale : 29 km

Dénivelé :

1350 m

Niveau de difculté

Description

Le circuit commence par une montée à travers bois et clairières sur des sentiers chargés d’histoire jusqu’au Col de Soladier. La partie surplombant Montreux Riviera propose une incroyable diversité de terrains et un panorama magnifque. Un incontournable, tout simplement.

2 ROULER SUR ROUTE

Nom

Tour du Léman (étape)

Lieu de Lutry à Montreux

Infos :

Longueur totale : 23 km

Dénivelé :  373 m  545 m

Niveau de difculté

Description

On quitte l’efervescence citadine et on passe au vert en empruntant les routes des vignobles en terrasses du Lavaux, site classé au patrimoine mondial de l’Unesco. De Lutry jusqu’à Montreux, cet itinéraire est une invitation à la découverte de la culture viti-vinicole de la région.

3 CHANGER UN PEU : WAKEBOARD & CO

Nom

Montreux Riviera

Lieu Montreux

Infos

Surface totale du lac : 580 km²

Altitude : 372 m

Niveau de difculté

Description

La région autour du lac Léman est un immense terrain de jeu pour amoureux euse de la nature et le lac lui-même ne manque pas d’attractions pour les fans de sports aquatiques : wakesurfng, wakeboarding, ski nautique et stand-up paddle font partie des nombreuses activités proposées.

Montagne et lac

Des routes impec et des chemins forestiers pittoresques font de la région de Montreux une expérience inoubliable pour les fans de la petite reine.

ACTION SUR LE LAC LÉMAN

Depuis la promenade au bord du lac, laissez-vous aller au fl de l’eau sur le Léman en wakeboard ou sur une planche de stand-up paddle.

montreuxriviera.com

Montreux VAUD Berne
THE RED BULLETIN 77 MONTREUX RIVIERA TOURISM/ALAIN RUMPF, SÉBASTIEN STAUB

Matin et soir, la lumière du soleil permet de réguler notre bonne humeur.

LUMIÈRE SUR L’HORLOGE INTERNE

Le biohackeur Andreas Breitfeld nous dévoile les bienfaits du lever et du coucher du soleil sur notre santé… sans oublier ceux de l’obscurité !

Si tu suis fdèlement cette chronique, tu n’ignores sûrement pas l’importance des rayons du soleil au petit matin : 10 à 20 minutes dans le jardin ou sur le balcon permettent de réguler notre horloge interne en mode « jour » et d’enclencher un compte à rebours qui conduira quatorze heures plus tard à l’activation du mode « nuit », la production de cette fabuleuse mélatonine qui facilite l’endormissement. Donc, astuce pour toutes celles et ceux qui ont parfois du mal à trouver le sommeil : une bonne dose de lumière naturelle le matin fera des merveilles la nuit venue. Et oui, les photorécepteurs de notre rétine ont un rôle bien plus complexe qu’on ne le croyait.

Premier point : les rayons du coucher du soleil ont apparemment le même impact

BONJOUR MADEMOISELLE

AURORE

Si tu as envie de bien dormir, ofre-toi 10 à 15 minutes de lumière naturelle le matin dès le réveil. Et si tu te lèves avant le soleil, sors dès l’apparition des premiers rayons. C’est le moyen le plus sûr d’activer le mode « réinitialisation de la mélatonine ».

sur notre rythme circadien, autrement dit la régulation de notre horloge interne, que ceux du lever du soleil. Cela serait dû à l’alternance entre la lumière orange et bleue responsable de cette couleur caractéristique du ciel. C’est d’ailleurs cette alternance qui nous permettrait de développer notre habilité à distinguer diférentes couleurs. Ce qui est certain, c’est que plus nos rétines absorbent les rayons du coucher du soleil, mieux elles assimilent les lumières artifcielles.

Second point : l’obscurité de la nuit a, semble-t-il, un très grand impact sur notre humeur en agissant comme un rehausseur et un régulateur. Conclusion : dormir dans le noir complet ! À l’inverse, une trop forte exposition à une source de lumière artifcielle la nuit afectera notre humeur et notre horloge interne le jour tout en aggravant les efets de certain troubles psychologiques tels que dépression ou bipolarité.

Andreas Breitfeld est le biohackeur le plus célèbre d’Allemagne. Il est chercheur dans son laboratoire spécialisé de Munich. En termes simples, le biohacking englobe tout ce que les gens peuvent faire euxmêmes pour améliorer leur santé, leur qualité de vie et leur longévité.

BIOHACKING
78 THE RED BULLETIN PRIVAT ANDREAS BREITFELD BRATISLAV MILENKOVI Ć

Des moments naturellement beaux.

NOUVEAU

CH-BIO-004 Naturellement rafraîchissant.

Le cinquième album solo d’Albert Hammond Jr s’intitule Melodies on Hiatus ; redbullrecords.com

I LOVE THE SOUND OF BREAKING GLASS (1978)

« Pendant que je rénovais ma maison, je vivais à la Villa Carlotta. Il s’agit d’une résidence d’appartements de Los Angeles où habitent de nombreux artistes. Je me suis lié d’amitié avec la musicienne Joy Downer. Elle avait cette chanson dans sa playlist. Bien que j’adore la chanteur anglais Nick Lowe, je ne connaissais pas ce morceau. Une découverte vraiment cool. »

Blondie HEART OF GLASS (1978)

« À nos débuts, on nous comparait à des groupes comme Blondie. Ils sont géniaux, et ça fait tellement de bien de les voir encore jouer. Quand on est plus jeune, on veut juste vivre vite. Puis on vieillit et on se rend compte à quel point c’est excitant de continuer à créer quelque chose. Ce que l’on perd en vitesse avec l’âge, on le gagne en connaissances et en compétences. »

QUATRE PERLES MUSICALES

Délicates mais fortes : le guitariste des Strokes Albert Hammond Jr aime les chansons cristallines.

Après un concert à Minneapolis, Minnesota, Albert Hammond Jr, auteur-compositeur-interprète et guitariste du groupe de rock newyorkais The Strokes, a fait tourner en coulisses l’une de ses playlists : un morceau du compositeur Philip Glass, puis le tube de Nick Lowe I Love the Sound of Breaking Glass, et encore deux chansons avec des références au verre… Ce qui a amené le batteur des Strokes, Fabrizio Moretti, à lui demander s’il y avait là quelque chose de personnel ?

« J’ai dit que non, mais que je creuserais l’idée parce que tout le monde avait l’air d’apprécier », se souvient Hammond Jr, 43 ans, qui prend un certain plaisir à jouer au singulier : Albert est un artiste solo depuis 2016 et a récemment sorti son cinquième album.

Philip

Glass

STRING QUARTET NO. 3 (1985)

«Tous les dimanches, je vais au sauna et au bain de glace avec des amis. Un jour, il y avait cette composition. Bien que je sois fan de Philip Glass, je ne la connaissais pas, mais je l’ai aimée dès le premier instant ! C’est un morceau que je mets sur chaque playlist. J’aime bien l’écouter la nuit en voiture. C’est aussi une source d’inspiration et de créativité quand j’ai un coup de mou. »

«J’ai tout de suite accroché à la musique de Julian. C’est une chanson de son premier album solo. Il a un sens incroyable de la mélodie. Même si, parfois, je ne sais pas ce qu’il veut vraiment dire, ses mots et sa musique me rendent mélancolique. Il est bon pour te toucher avec de petites choses, des choses du quotidien qui pourraient tout aussi bien être issues de ta propre vie. »

PLAYLIST
Julian Casablancas GLASS (2009) Nick Lowe
80 THE RED BULLETIN GETTY IMAGES FLORIAN OBKIRCHER

SLEEP FIGHTER

Dans le jeu vidéo Pillow Champ, on s’affronte lors d’un « combat poids plume » assez original. The Red Bulletin est allé récolter quelques conseils auprès de deux pro du combat d’oreillers IRL.

quand remonte ta dernière bataille de polochons ? Avec Pillow Champ, elle risque de devenir quotidienne… Ce jeu de combat déjanté est un genre de Street Fighter sur l’édredon. Le pitch est simple : la paix règne enfn dans le monde, toutes les énergies négatives ont été canalisées grâce aux combats d’oreillers. Mais le mystérieux clan des « ninjas de l’oreiller » menace ce nouvel équilibre.

Dans le monde réel, son homologue gagne en popularité. Lancé en 2021, le Championnat de combats d’oreillers (Pillow Fight Championship/PFC) mélange la théâtralité du catch et la fureur du MMA au cours de combats en deux ou trois rounds entre de vrai·e·s athlètes armé·e·s de coussins PFC ofciels en nylon indéchirable (1 kg). Envie de devenir

la prochaine sensation du ring virtuel ? Steve Williams, président du PFC et Istela Nunes, nouvelle championne catégorie femme, donnent quelques conseils pour briller dans ce sport pas si douillet…

Pas de tout repos

Dans le combat d’oreillers pro, les coups directs à la tête permettent d’encaisser un max de points. « La meilleure attaque, c’est la rotation », explique la Brésilienne Istela Nunes. La rotation ne fait pas partie des mouvements de Pillow Champ, mais les combinaisons de coups le sont, et comme dans le vrai sport, c’est la clé de la victoire. « Fais pleuvoir les coups sur tes adversaires, ajoute Williams. Le but est de les déstabiliser, de frapper et de profter de leur déséquilibre pour enchaîner le plus de coups possible. »

Conseil d’Istela Nunes : « Pas trop près. Un corps à corps, c’est la défaite assurée. »

Boss de l’oreiller. Istela Nunes est double championne du monde de MuaythaÏ et combattante pro en ligue UFC.

Esquive et déplacement

« Les meilleures tactiques de défense sont de protéger sa tête, d’esquiver et de se déplacer, dit Nunes, dont l’époustoufante maîtrise défensive a contribué à son titre de championne de PFC en 2022. J’ai fait beaucoup de capoeira dans ma jeunesse. J’ai acquis un certain art du rythme et du mouvement qui m’a pas mal aidée dans mes combats », estime-t-elle. Grâce à cela, Nunes possède un très bon cardio.

Embrasser l’espace

Contrairement à d’autres sports de combat comme la boxe ou le MMA, coller votre adversaire ne vous ofrira aucun avantage. « De trop près, on ne peut pas frapper de toutes ses forces, avertit Williams. Il faut estimer sa distance en pensant à la portée du coup, oreiller inclus. Plus on est en retrait, mieux les coups porteront. » Pareil dans Pillow Champ.

Restez en éveil

Quand attaquer ? Williams conseille de lire les mouvements de l’adversaire et d’anticiper le prochain coup. « Ça ressemble beaucoup à la boxe ou au Muay-thaÏ, il faut observer l’adversaire et quand il ou elle fait un mouvement, il faut essayer de l’anticiper pour qu’il frappe dans le vide. C’est là que tu lances une contreattaque. » Question de timing.

Pillow Champ sur Nintendo Switch, Steam et Netfix Games ; pillowchamp.com

GAMING
À
THE RED BULLETIN 81 PAUL PIASECKI JJ DUNNING

PARTENAIRE DE VOYAGE

Certina présente la dernière perle de sa collection : la DS Action GMT Powermatic 80.

Certina, la marque suisse fondée en 1888, présente sa dernière innovation avec cette montre urbaine et sportive dotée d’un boîtier en acier de 41 mm étanche à 200 m. Équipée d’une lunette tournante bidirectionnelle ainsi que d’une fonction GMT, elle permet aux voyageur· euse·s de consulter l’heure jusqu’à trois fuseaux horaires. Grâce au mouvement automatique Powermatic 80, ce garde-temps fournit une impressionnante réserve de marche de 80 heures. Disponible en trois versions : noir et vert (photo) ou bleu et rouge avec bracelet en acier inoxydable, et noir et brun avec bracelet en cuir. Les deux sortes de bracelets sont facilement interchangeables grâce au système de changement rapide Certina.

1 070 CHF ; certina.com

Disponible avec bracelet en acier inoxydable ou bracelet en cuir facilement interchangeables.

Calibre automatique équipé d’un spiral Nivachron™ pour une parfaite protection antimagnétique.

Fonction GMT : la fine aiguille verte et luminescente permet de consulter un autre fuseau horaire.

De jour comme de nuit, où que vous soyez, la précision sera toujours au rendez-vous.

MONTRES
82 THE RED BULLETIN CERTINA WILLY BOTTEMER
Le cadran foncé fait briller les éléments Super-LumiNova®.
RED BULL DONNE DES AIIILES. LE SAUT VERS L‘INDÉPENDANCE ? F R EE ASSESSM E NT Comment surmonter tous les obstacles : www.wingfinder.com

PLACE À L’ACTION !

Course à pied, vélo, rando – on sort ! Ce programme d’entraînement développé avec des expert·e·s te permettra d’aborder le printemps en pleine forme sans aucun équipement. Imke Salander, coach fitness, te montre la marche à suivre.

EXERCICE 1 PATINEUR

Explosivité, rapidité, endurance, équilibre, coordination, souplesse... cet exercice complet couvre à peu près tous les aspects essentiels. En position debout, fais un saut latéral pour atterrir sur la jambe extérieure. Fléchis le genou, buste légèrement penché vers l’avant et fais un saut latéral explosif pour atterrir sur l’autre jambe et ainsi de suite. Cet exercice sollicite principalement les jambes, le tronc et les fessiers.

NOTRE ATHLÈTE

Force, endurance, diététique : créatrice de contenu et journaliste sportive, Imke Salander est une vraie pro du ftness. Elle partage ses conseils en matière d’entraînement, de récupération ou de mental et participe à Hyrox, une compétition qui allie course à pied et ftness fonctionnel.

Instagram : @imkesalander

FITNESS
84 THE RED BULLETIN DAVID MAYER WILL JIVKOFF

EXERCICE 2 RAMEUR INVERSÉ

Idéal pour muscler le haut du dos et les trapèzes (salut les grimpeur·euse·s).

Pousse sur les coudes et tire les omoplates en arrière comme pour les coller. On peut aussi faire cet exercice assis, dos au mur.

Sauf indication contraire, tu peux répéter les exercices douze à quinze fois en fonction de ta condition. Arrête lorsque tu sens que tu ne peux plus exécuter les mouvements correctement. Si tu n’entraînes qu’un côté, pense à changer de côté après la moitié des répétitions !

Lors de tes premières séances, tu peux travailler en circuit, autrement dit un exercice après l’autre avec 30 secondes de pause entre chaque exercice. Ensuite, tu pourras augmenter progressivement le nombre de circuits. Pour augmenter l’intensité, travaille en série d’exercices, toujours avec une pause de 30 secondes. On peut faire jusqu’à quatre séries par exercice.

Deux séances hebdomadaires sont un bon début, trois par semaine sont idéales.

LES EXOS EN VIDÉO

Une image vaut mieux qu’un long discours. Scanne le code pour voir la démonstration flmée.

EXERCICE 3

SQUAT FENDU AVEC EXTENSION DE MOLLETS

Le muscle soléaire du mollet est essentiel à la pratique des sports de plein air, que tu sois athlète pro ou non. Descends les hanches jusqu’à ce que le genou arrière soit juste au-dessus du sol. Décolle le talon avant. Pense à maintenir le plus possible tes jambes dans le même alignement !

THE RED BULLETIN 85

EXERCICE 5

MARCHE DE L’OURS

EXERCICE 4

STEP-UP AND OVER

Mobilise les quadriceps et les fessiers et renforce la stabilité des genoux. Un pied en appui sur la marche supérieure, l’autre monte et passe vers l’avant (2) puis revient au départ (1). Monter et descendre favorise les contractions musculaires concentriques et excentriques, comme en rando. 1

Fait travailler tout le corps : épaules, bras supérieurs, tronc, quadriceps. On lève simultanément le bras droit et la jambe gauche (et inversement) pour solliciter la coordination, puis on fait cinq pas en avant et de nouveau cinq pas en arrière. Idéal pour travailler les muscles de soutien, c’est un must pour les cyclistes !

NOS EXPERTS

Coachs au Red Bull Athlete Performance Center (Salzbourg), Elisabeth Obermüller et Mark Waldhuber aident les athlètes à retrouver le pic de leur forme en préparation d’une saison ou après une blessure grâce à des sessions sur mesure basées sur les recherches les plus récentes. Ils ont élaboré ce programme spécialement pour nous afn d’aborder au mieux les activités de plein air.

EXERCICE 6 FENTES LATÉRALES

Mobilise les muscles des jambes et plusieurs muscles du tronc, surtout si tu maintiens une posture bien droite. Une jambe reste immobile, l’autre fait des féchissements d’avant en arrière. Fait travailler la force explosive des muscles jambiers. Essentiel pour les randonnées sur terrains difciles.

FITNESS
Coifure
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86 THE RED BULLETIN WILL JIVKOFF
Vidéo Angelo Carlucci Lieu Elbgym Berlin Steglitz
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EN ROUE LIBRE SOUS LE SOLEIL

À l’approche de l’été, petit coup de projo sur les dernières tendances et innovations du monde du vélo. En selle !

TEXTE ANNA KERBER

ADIEU, PASSAGE DE VITESSES !

VÉLO ÉLECTRIQUE

BTWIN LD 920 E Plus besoin de s’occuper du changement de vitesse soi-même, le moteur central Owuru s’adapte automatiquement en fonction du terrain et de l’efort. La fourche à suspension et les freins à disque hydrauliques garantissent confort et fuidité. Petit plus : une application permet de localiser le vélo depuis votre smartphone en cas de vol ou si vous avez oublié où vous l’avez laissé. 2 999 CHF ; decathlon.ch

Finies les distances impossibles grâce au moteur de 250 watts et l’autonomie allant jusqu’à 150 km.

CYCLISME
88 THE RED BULLETIN

Batterie intégrée dans le tube diagonal et prise de charge au niveau du pédalier.

POIDS PLUME

DESIKNIO X20 GRAVEL

Plus qu’un vélo, la rencontre entre deux univers : développé en Espagne, ce fringant destrier réunit le meilleur de l’électrique urbain et du gravel. Et il ne pèse que 12 kilos grâce à son cadre et sa fourche en carbone. Discret et fuide, le moteur vous assiste jusqu’à 25 km/h. Enfn, on ne peut qu’adorer le magnifque design du X20 et son délicat vert métallisé. 5 995 CHF ; desiknio.com

Le compagnon idéal du quotidien en ville ou sur les

routes de campagnes.

Vélo électrique

BTWIN LD 920 E pour elle et pour lui : deux types de cadres disponibles, avec entrée médiane ou haute.

THE RED BULLETIN 89

UN CHARIOT ?

NON, UN CARGO !

VELOCARGO LONGTAIL

BTWIN R500E V2

En un mot ? Pratique ! Ce super vélo cargo électrique permet de transporter jusqu’à 170 kilos de charge totale, que ce soit les enfants, le matériel de barbecue ou encore une planche de paddle. Plaisir de rouler garanti avec une autonomie allant jusqu’à 90 km et une assistance d’aide au démarrage.

2 999 CHF ; decathlon.com

Plus petite, la roue arrière permet d’assurer une meilleure stabilité

VITESSE, EFFICACITÉ, XC SPECIALIZED EPIC 8 S-WORKS

Tous les paramètres ont été minutieusement calculés pour rendre le nouvel Epic 8 encore plus rapide. Performance, efcacité et légèreté optimisées pour répondre à des pistes XC de plus en plus exigeantes, tout comme la cinématique de suspension pour un meilleur coup de pédale. Les amortisseurs ont été ajustés pour absorber encore mieux les chocs. 14 500 CHF ; specialized.com

CYCLISME
90 THE RED BULLETIN

Avec moins de 6 000 exemplaires, l’édition Gold est une vraie pièce de collection.

CINQUANTE ANS : LES NOCES D’OR

FOURCHE FOX38

PODIUM GOLD LTD

Si tu veux vraiment te défouler sans que ça fasse trop de bruit, c’est LA suspension qu’il te faut : un spécialiste de l’enduro et du gravity bike avec un long débattement. L’édition Gold chic est disponible pour le cinquantième anniversaire.

1 559 CHF ; ridefox.com

Finies les secousses : absorption de chocs optimale, plus de force pour attaquer !

THE RED BULLETIN 91

RAPIDE COMME L’ÉCLAIR

STROMER ST7 ARBR.2

Juste avant l’America’s Cup, Stromer propose une version spéciale Alinghi Red Bull Racing de son speed pedelec. Produit phare de la marque, ce concentré de puissance impressionne par son moteur arrière de 940 Wh qui fournit une assistance jusqu’à 45 km/h pour se faufler en silence et en souplesse entre les voitures sur près de 260 km. Dispo en magasin à partir de 13 999 CHF ; stromerbike.com

Exclusivement avec le ST7 ABRB.2 : le casque Stromer 2.0 avec visière à clipser et lumières.

Idéal pour aller au boulot ou pour couvrir des distances plus longues en un temps record.

92 THE RED BULLETIN

LA SÉRIE SUISSE DE MTB

RACE ACTION

FESTIVAL GUSTO RIDES

La ÖKK BIKE REVOLUTION marque le début d’une nouvelle ère dans le sport suisse du MTB et établit de nouvelles normes pour les enfants, les amateurs et les professionnels. Profitez d’un festival de MTB passionnant avec des formats de course modernes, des ateliers, des randonnées plaisir et des activités pour les grands et les petits.

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UN, DEUX, TROIS, PARTEZ !

Sport, gastronomie, musique : ces événements qui vont vous faire aimer l’été...

MAI

MOTOCROSS DE LA PENTECÔTE À MURI

Comme le veut la tradition, cette course annuel se déroulera à Muri le lundi de Pentecôte. Près de 10 000 personnes sont attendues sur la piste d’Asp. En plus des jeunes motocyclistes des catégories Mini85, MX2 et MX Open, les pilotes de side-car seront là pour garantir spectacle et frissons. L’élite suisse et internationale se lancera à tombeau ouvert sur les bosses de ce circuit exigeant. mrsc-muri.ch

VIDÉO À LA DEMANDE FREERIDE LAVAUX

S’il y a quelqu’un qui va toujours plus loin, c’est bien le vététiste Kriss Kyle. Cette année, c’est au milieu des prestigieux vignobles en terrasses du Lavaux qu’il a décidé de shaper ses lignes. Les viticulteur·rice·s lui ont donné accès à leurs propriétés privées au cœur de ce site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ici, les sarments de vigne proftent de conditions parfaites qui n’ont pas manqué d’inspirer Kriss. Chaque terrasse est un stepdown, chaque mur de pierre un wallride et les allées entre les grappes sont autant de discrètes single tracks. redbull.com/krisskylelavaux

Parc de loisirs sur mesure : Kriss Kyle s’éclate dans les vignobles du Lavaux.

11

MAI AU 28 JUIN STREET FOOD FESTIVAL

Les cœurs et les estomacs des amateur·rice·s de bonne boufe se réjouissent déjà de l’événement : pour son dixième anniversaire, ce rendez-vous incontournable du mouvement street food se décline au pluriel ! Après un premier lancement lors du WERFT de Wollishofen, le festival se poursuivra à la Hardturmbrache du 1 er juin au 14 juillet. streetfoodfest.ch

ET 23 JUIN XTERRA SWITZERLAND

Lacs, forêts et prairies de La Brévine (NE) ofrent un cadre idéal pour le trail hors des sentiers battus. Pas étonnant que l’événement international de cross-triathlon attire les foules. Plusieurs catégories sont proposées (triathlon longue distance, triathlon sprint, triathlon et duathlon pour enfants) ainsi que des animations pour s’amuser jusqu’au bout de la nuit ! xterraplanet.com

AGENDA
20
22
94 THE RED BULLETIN EISA BAKOS/RED BULL CONTENT POOL, SAMMY BILLON

23

AU 26 MAI CYCLE WEEK

Fans, athlètes, fabricant·e·s et acteur·rice·s du tourisme sont à Zurich pour cette 4 e édition du plus grand festival de vélo du pays. 180 ateliers, plusieurs spectacles et compétitions de VTT et de BMX et deux nouveautés : la Campus Night dédiée au bikepacking et la Europaallee pour fêter le vélo. cycleweek.ch

30

MAI AU 2 JUIN

VIBISCUM FESTIVAL

Le Vibiscum Festival revient en force pour sa 3 e édition ! Quatre soirées exceptionnelles t’attende dans le cadre magnifque de la place du Marché de Vevey. Avec des artistes émergent·e·s ou reconnu·e·s, locaux·les ou internationaux·ales, cette édition sera riche en diversité. Zola, Hamza, Shaka Ponk, Juan Diego Florez, Hardwell ou encore Lost Frequencies feront vibrer les festivalier· ère·s et trembler la place du Marché. N’hésite plus et prends tes billets ! vibiscumfestival.ch

31

MAI AU 2 JUIN

ÖKK BIKE REVOLUTION

Prochain arrêt sur la route des grands rendez-vous annuels du vélo : Engelberg et ses multiples sentiers, courses, balades et ateliers. Les exposant·e·s de vélos présentent les dernières tendances et font tester les modèles les plus attendus de l’été. Toutes les courses en direct sur rebull.tv; bike-revolution.ch

MENTIONS LÉGALES

Directeur de la publication

Andreas Kornhofer

Rédacteur en chef

Andreas Rottenschlager

Directeur exécutif de la création

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THE RED BULLETIN 95 SIMON VON GUNTEN/CYCLE WEEK, BR EVENT AG

Des talents de la littérature suisse écrivent sur des thèmes qui les gardent éveillés et leur tiennent à cœur, en leur donnant un twist positif.

Chères petites erreurs,

ou comment le manque de sommeil a aidé Olivia El Sayed à porter un autre regard sur le monde.

dernière minute en toute bonne conscience. J’ai appris bien plus tard que ce concept se référait à la dénonciation ou l’efacement public d’individus, de personnages ou de comportements jugés discriminants.

Le monde est un manège étourdissant. Pris dans le tourbillon de ce cirque incessant, il nous arrive parfois de ne pas tout comprendre, de nous retrouver démunis face à un nouveau concept, une information. Quand j’ai entendu parler pour la première fois de « Cancel Culture », j’étais à l’époque si fatiguée que je suis complètement passée à côté de la véritable signifcation de ce concept. Dans ma tête, la Cancel Culture désignait le fait de pouvoir, grâce aux excuses clé-en-main que nous ofrait la pandémie de Covid-19, annuler des rendez-vous à la

Le manque de sommeil peut avoir des conséquences très diverses : la mémoire qui fanche, la confusion mentale et la panique que cela suscite, les fringales, et j’en passe. Ce sont souvent les jeunes parents qui expérimentent malgré eux ce genre de situation, mais les raisons du manque de sommeil sont aussi nombreuses que les malentendus qu’elles engendrent.

Dans ma famille, les malentendus linguistiques ne sont pas liés au manque de sommeil, mais plutôt à des considérations linguistiques, mon père égyptien ayant tendance à n’apprendre une langue étrangère que jusqu’à un certain niveau de maîtrise – celui qu’il juge personnellement satisfaisant. Avec la conséquence qu’il renommait parfois des choses ou des concepts selon son bon vouloir : « Quelque chose qui n’est pas correct n’est pas forcément faux non plus », avait-il l’habitude de dire pour justifer son imagination débordante. C’est ainsi que le pays où il habite depuis vingt

ON A POSITIVE NOTE
96 THE RED BULLETIN KORNEL STADLER
« Quelque chose qui n’est pas correct n’est pas forcément faux non plus… »

ans est resté dans sa tête « Suisland », que Franz Carl Weber continue d’être appelé « Carl Frantis Wibb » et que « Pharmacil » continue de désigner les vermicelles aux châtaignes. Quant à « Sauce Drelia », elle ne désigne pas une sauce italienne mais tout simplement l’Australie. Poursuivant sur sa lancée, il a rebaptisé le footballeur allemand Miroslav Klose « Mister Klaus », Robert De Niro est devenu « Robert De Janeiro » et Angela Merkel « Angel Miracle ».

Toutes nos tentatives de correction se sont avérées vaines : mon père partait du principe que les gens qui voulaient vraiment le comprendre seraient capables de faire ce petit efort – Il fallait juste qu’ils soient ouverts à la poésie et à ses fowery wordis.

Mais toutes ses créations n’étaient pas toujours aussi poétiques. Mon père avait des moyens mnémotechniques un peu particuliers pour se souvenir des noms allemands : « Bischofberger » devient chez lui « Piss Of, Berger » et les magnifques gorges d’Aareschlucht qui se situent près de Meiringen prennent le nom équivoque d’« Areschloch »… Évidemment, tout le monde n’arrivait pas à comprendre ce qu’il voulait dire, et je devais parfois voler à leur secours, après avoir patienté sufsamment longtemps pour laisser à mon père le temps de les laisser profter de ses « fowery wordis ». Comme cette fois où j’ai dû, à la pâtisserie Sprüngli, venir en aide au pauvre vendeur qui ne comprenait pas pourquoi ce vieux monsieur tambourinait sur la vitrine des gâteaux en répétant, énervé, « phar-ma-ciiil ». J’ai longtemps cru que personne d’autre que mon père n’était capable de faire naître aussi facilement des malentendus et des regards perplexes – et puis j’ai eu deux enfants… dont un n’a pas fait ses nuits durant les six premières années de sa vie. Et quand il a enfn réussi à nous laisser dormir la nuit, nous avons eu la bonne idée de prendre un chat (une décision très intelligente, compte tenu du fait que le chat est un animal nocturne et que nous totalisions, sur les dernières années, à peine une dizaine de nuits complètes). Évidemment, le félin que nous avons accueilli à la maison a vite pris l’habitude de nous réveiller la

J’écris, donc je suis Olivia El Sayed, basée à Zurich, s’inspire de sa vie pour écrire des livres et des textes qu’elle adapte aussi pour le théâtre. Les infos sur ses livres (en allemand) et ses dates de représentations sur le site : oliviaelsayed.ch Instagram : @oh_olives

nuit pour nous raconter, par de longs miaulements, ses dernières aventures, ou pour nous ramener des souris vivantes que nous pourchassions alors dans toute la maison, une passoire à la main. Autant dire que nos nuits étaient certes toujours pleines de rebondissements, mais évidemment toujours aussi courtes… J’ai dressé une liste de tous les malentendus que cet état de fatigue chronique m’a fait vivre. Par exemple cette chanson célèbre en allemand (de Bernhard Brink), « Mitte März durch die Wand » : une chanson que j’adorais fredonner chez moi, jusqu’à ce que je me rende compte que le véritable titre était « Mit dem Herz durch die Wand » – foncer tout droit dans le mur avec son cœur me semblait pourtant bien plus difcile que d’attendre la mi-mars pour s’en prendre un dans la fgure, mais les paroles des Schlager ne sont pas connues pour leur côté logique. Les emballages de « Gelierzucker » dans la cuisine devenaient des paquets de « Geiler Zucker » : un peu comme si l’on lisait « Confsuce » au lieu de lire « Confsuc »… Ou encore cette fois où, lisant une brochure sur les ofres de formation continue, je tombais sur un article parlant de Votre prochaine césarienne !, ayant évidemment confondu « Kaiserschritt » et « Kaiserschnitt ». Malgré tous les problèmes de concentration que cela engendre, je dois tout de même dire qu’il y a un avantage au manque de sommeil : les situations cocasses qu’il nous fait vivre. Comme lorsqu’on se rend compte que la carte postale écrite en français que nous venons de recevoir a été traduite dans un allemand très approximatif, et que pour dire « grosses bises », l’auteur de la carte a simplement écrit : « Dicker Nordwind ». Ou comme cette manière inégalée qu’avait mon père de raconter, dans un mélange d’allemand et d’anglais, la première fois qu’il m’avait vue après ma naissance : « For me it was gliich she look like Af when she was born. » Une traduction malheureuse d’un dicton arabe, qui signife à peu de choses près : « Une mère singe trouve toujours que son bébé est aussi beau qu’un faon. »

Mon manque de sommeil m’a montré quelque chose d’important : la langue est malléable et c’est notre accent, nos origines ou notre histoire personnelle qui infuencent la façon dont nous parlons, mais aussi celle dont nous pensons et dont nous interprétons les choses. Et cette liste de toutes les merveilleuses petites erreurs que j’ai commises ou que d’autres ont commises m’a aidée à comprendre ceci : c’est justement dans les lapsus, les malentendus, les quiproquos, les erreurs de communication, les envolées lyriques ratées que se cachent parfois les plus belles histoires, les plus belles anecdotes – des histoires que l’on n’aurait peutêtre pas vécues si tout avait été fait ou dit parfaitement. Vu sous cet angle, on peut donner raison non seulement au grand philosophe Ludwig Wittgenstein quand il disait que « les frontières de la langue sont les frontières de mon monde » – mais aussi à mon père, quand il me répétait avec la plus grande des sagesses : « Quelque chose qui n’est pas correct n’est pas forcément faux non plus. »

THE RED BULLETIN 97

LEO KHALIFA

Leo, créateur de contenus qui s’avèrent « drôles » parfois, est aussi co-directeur d’une agence éditoriale digitale sous son vrai nom, Leonard Stucki. Il répond à 9 questions.

Auto, vélo, train ou à pied ?

Plaisir coupable

« J’oublie qu’une journée n’a que 24 heures. Je planifie trop de trucs et tout se chevauche. »

Film préféré

The Game, avec Michael Douglas. Et The Truman Show.

Une habitude gênante

«Je n’aime pas quand les gens ne démarrent pas au quart de tour au feu vert… Alors je les klaxonne. »

DM reçu le plus surprenant

Une invitation spontanée pour rencontrer Madison Beer (chanteuse américaine, ndlr).

Numéro 1 sur ta playlist « Cro, en intégral. »

Que pense-tu de Red Bull Summer Edition?

« Sucrée. Et rafraîchissante. Je peux m’imaginer faire de bons mocktails avec. »

Podcast favori

« J’ai commencé à écouter les frères Kaulitz de Tokio Hotel ( Kaulitz Hills , ndlr) parce que je trouve qu’ils ont une vision de la réalité complétement décalée. »

Que mets-tu sur ton pain ?

« Du beurre, obligé. Et puis du Nutella. Un mélange génial. »

CLAP DE FIN
Sans filtre Leonard divertit plus de 240 000 Followers sur les réseaux sociaux. TikTok : @leonardkhalifa
Leo est fan de sa Tesla,
98 THE RED BULLETIN TESLA, UNIVERSAL, GETTY IMAGES
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