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Juillet-AoĂ»t 2008 â 6 âŹ
MĂ©dias et santĂ© : dĂ©velopper lâesprit critique Les jeunes « accros » aux jeux vidĂ©o
Alcool : un ancien dépendant devenu « passeur »
La Réunion : cuisiner équilibré
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La revue de la prĂ©vention et de lâĂ©ducation pour la santĂ© Tous les deux mois
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âą lâactualitĂ© âą lâexpertise âą les pratiques âą les mĂ©thodes dâintervention dans les domaines de la prĂ©vention et de lâĂ©ducation pour la santĂ©
Mai-Juin 2008 â 6 âŹ
Une revue de rĂ©fĂ©rence et un outil documentaire pour : âą les professionnels de la santĂ©, du social et de lâĂ©ducation âą les relais dâinformation âą les dĂ©cideurs
DĂ©veloppement durable et promotion de la santĂ© PrĂ©vention de lâalccolisation fĆtale Ă la RĂ©union
Maternelle : supprimer la collation ou Ă©duquer ?
Persepolis : pour débattre avec des ados
Rédigée par des professionnels
52 pages dâanalyses et de tĂ©moignages
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Institut national de prĂ©vention et dâĂ©ducation pour la santĂ© 42, bd de la LibĂ©ration â 93203 Saint-Denis Cedex â France
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sommaire
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â QualitĂ© de vie « Tout objet de plaisir peut devenir une addiction »
Quelle place pour le dĂ©cryptage des messages mĂ©diatiques Ă lâĂ©cole ? Elsa Santamaria . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
Entretien avec Michael Stora . . . . . . . . . . . . . . . 4
LâĂ©ducation des 8-25 : terrains dâaction
Marmottan : Ă lâĂ©coute des jeunes « accros » aux jeux vidĂ©o
DĂ©crypter les stĂ©rĂ©otypes publicitaires Ă lâĂ©cole
Denis Dangaix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
Le jeu pathologique : une addiction réelle, sans drogue Denis Dangaix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
« Changer les reprĂ©sentations de lâalcool et des soins »
Frank Pizon, Philippe Roussat, Maryse Brossat, Didier Jourdan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
« LâĂcole des papilles » pour rĂ©sister aux publicitĂ©s alimentaires LâĂ©quipe dâABC DiĂ©tĂ©tique, Isabelle Darnis, Amandine VerchĂšre, SĂ©bastien Goudin . . . . . . . . 33
Un concours sur les addictions en Vaucluse
Entretien avec Philippe Batel . . . . . . . . . . . . . . 10
Sabine Gras . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
« Ancien dĂ©pendant, je suis devenu âpasseurâ entre les soignants et les malades de lâalcool »
« DĂ©code le monde ! » pour dĂ©velopper lâesprit critique
Entretien avec Serge Nedelec . . . . . . . . . . . . . . 12
Dorothée Bert
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Face aux images, « En route pour la vie » Nathalie Merle, Sylvaine Roustan . . . . . . . . . . . 36
Dossier
MĂ©dias et santĂ© : dĂ©velopper lâesprit critique
Jeunes en insertion : construire une pensée critique
Introduction
Pour en savoir plus
Joëlle Kivits, Alain Douiller . . . . . . . . . . . . . . . 13
Ălisabeth Piquet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
Sven Schaul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Santé et médias : un duo mouvementé Illustrations : Frédéric Vion
Le marchĂ© de lâinformation santĂ© : une cacophonie organisĂ©e ? JoĂ«lle Kivits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
â Aide Ă lâaction
Pourquoi Ă©duquer Ă lâinformation sur les questions de santĂ©
La Réunion : un classeur pédagogique pour aider à manger équilibré
Alain Douiller
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
« Les médias ont un pouvoir normatif, mais les citoyens ne sont pas dupes » Entretien avec Lise Renaud et Monique Caron-Bouchard . . . . . . . . . . . . . . . 20
Blandine Bouvet, Frédérique Madé, Rémi Foubert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
EnquĂȘte sur lâalimentation des personnes prĂ©carisĂ©es Christine CĂ©sar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
Jeunes et mĂ©dias mode dâemploi « LâĂ©ducation au regard est aussi indispensable Ă lâenfant que lâĂ©ducation au goĂ»t » Entretien avec Christian Gautellier . . . . . . . . . . 22
« La tĂ©lĂ©vision a une place dans le dĂ©veloppement de lâenfant »
â International GuinĂ©e : des centres de santĂ© pour informer les jeunes Alexandre Delamou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
Entretien avec Christine Ceruti . . . . . . . . . . . . . 24
â QualitĂ© de vie
« Lâadolescent construit une relation fusionnelle via le portable et Internet »
Former les professionnels pour lutter contre les discriminations
Entretien avec Monique Dagnaud . . . . . . . . . . . 26
Ăric Verdier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
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Entretien avec Michael Stora1, psychologue, psychanalyste, thérapeute auprÚs des personnes dépendantes aux jeux.
« Tout objet de plaisir peut devenir une addiction » Environ cinq cent mille personnes en France â essentiellement des jeunes de 14 Ă 17 ans â sont « accros » aux jeux vidĂ©o. Ils reprĂ©sentent 90 % de la clientĂšle du psychologuepsychanalyste Michael Stora. Ce spĂ©cialiste refuse de classer comme dangereuse lâaddiction aux jeux vidĂ©o, qui peut ĂȘtre source de bien-ĂȘtre et antidĂ©presseur. PlutĂŽt que de dĂ©noncer, il dĂ©crypte le mĂ©canisme dâaddiction, sa signification pour lâimage de soi, ses consĂ©quences et les moyens dâaider les adolescents Ă en sortir. Câest-Ă -dire les dissuader dâavoir une consommation excessive. La SantĂ© de lâhomme : Comme psychologue et psychanalyste, vous accompagnez des personnes, surtout adolescentes, victimes de lâusage abusif des jeux vidĂ©o. Et pourtant vous aimez lâunivers des images. Est-ce paradoxal ? Michael Stora : Cela fait pas mal dâannĂ©es que dans mon parcours, autant personnel que professionnel, je cĂŽtoie lâimage. Avant dâĂȘtre psychologue, jâai eu une formation de cinĂ©aste. Je suis un amoureux des images. Et, comme dans toute relation amoureuse, ce qui est intĂ©ressant pour se dĂ©passionner, câest dâavoir des formes dâexigence pour mieux saisir ce qui se passe dans ces images. Jâai Ă©tĂ© un enfant « biberonnĂ© » aux images tĂ©lĂ© et qui, au cours du temps avec lâarrivĂ©e de lâĂąge adulte, a cherchĂ©, un petit peu, Ă sâen dĂ©coller. S. H. : Cela veut-il dire que vous avez, Ă un moment, ressenti une certaine dĂ©pendance ? Oui. Je fais partie des gens qui ont ce que nous appelons dans notre jargon une « structure addictive ». Neuf ans dâanalyse mâont permis non pas de changer de structure mais plutĂŽt dâaccepter ce que je suis, avec lâidĂ©e dâamĂ©nagement. Dans les addictions, la question principale est la problĂ©matique du dĂ©placement, donc de la place que lâaddiction peut prendre. Et puis il peut y 4
avoir des addictions meilleures que dâautres. Celles qui sont liĂ©es au travail, par exemple. Nous savons que les personnes addictives sont des personnes, trĂšs souvent, passionnĂ©es. Pour en revenir Ă ma relation forte avec lâimage, on peut observer par ailleurs que la passion amoureuse sâoppose Ă la passion crĂ©atrice. La passion amoureuse peut ĂȘtre une forme de drogue dure. Quant Ă la passion crĂ©atrice, elle permet de mettre en marche des choses, dâaccepter la frustration, de ne pas ĂȘtre dans le « tout », tout de suite, comme lâĂ©criture dâun livre⊠S. H. : Au sujet de lâaddiction aux jeux et Ă lâimage, la Mission interministĂ©rielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) parle « dâaddiction sans drogue ». Reprenez-vous, Ă votre compte, cette expression ? ComplĂštement. Je dirais que tout objet de plaisir peut devenir une addiction. Il y a des nouveaux objets technologiques qui apparaissent dans notre sociĂ©tĂ© et qui provoquent chez certaines personnes des phĂ©nomĂšnes de dĂ©pendance. Ceux-lĂ feront tout pour possĂ©der le dernier de ces objets, par exemple. Lâimage, en elle-mĂȘme, peut ĂȘtre un objet dâaddiction. S. H. : Parlons des jeux dits pathologiques. Existe-t-il des diffĂ©rences
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dans la maniĂšre dont un joueur aborde ces jeux ? Tout dâabord, il faut prĂ©ciser que tous les jeux ne sont pas addictogĂšnes. Il faut bien avoir cela Ă lâesprit quand on aborde cette question. Dans le domaine de la dĂ©pendance au jeu, il existe une classification du joueur en trois phases : lâoccasionnel, lâexcessif, et le dĂ©pendant. Pour prendre lâexemple du jeu vidĂ©o, que certains appellent « le nouvel objet du plaisir », les joueurs eux-mĂȘmes se dĂ©signent selon leur propre vocabulaire. Lâoccasionnel est appelĂ© « casual gamer ». Comme son nom lâindique, il pratique le jeu dâune maniĂšre lĂ©gĂšre. Lâexcessif â le « hard core gamer » â joue sur des pĂ©riodes dâune semaine ou dâun mois, ou plus. Câest un passionnĂ©. Il peut participer Ă des forums de discussions. Il sâintĂ©resse Ă la presse et, il faut le signaler, ce profil de joueur travaille souvent dans le domaine du jeu vidĂ©o. Comme le cinĂ©phile qui devient cinĂ©aste. Enfin, le dĂ©pendant : lui sâappelle « no life », une appellation sans aucune ambiguĂŻtĂ©. S. H. : Comment reconnaĂźt-on ce joueur « no life » ? TrĂšs clairement : la totale dĂ©pendance Ă la vidĂ©o entraĂźne une rupture progressive du lien social, familial, scolaire, amoureux. Nous disons que le jeu, Ă ce moment, est plutĂŽt du cĂŽtĂ© du
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« game », câest-Ă -dire de lâenjeu, que de celui du « play », câest-Ă -dire du plaisir de jouer. Il y a une sorte de cercle qui se rĂ©pĂšte. Et, progressivement, le plaisir de jouer sâestompe. Ce joueur dĂ©pendant connaĂźt une montĂ©e en puissance de la notion du temps quâil donne au jeu. Cinquante, soixante heures par semaine, parfois plus. Il nĂ©glige le monde rĂ©el pour nâexister que dans son monde virtuel. Il existe des cas dramatiques. Jâai, Ă titre professionnel, fait hospitaliser deux jeunes dont un â un vrai « no life » â qui avait perdu dix-sept kilos en dĂ©veloppant un eczĂ©ma assez grave. Plus son avatar (personnage crĂ©Ă© par le joueur, son « double » dans le monde virtuel Ndlr) prenait de la distance, plus ce jeune disparaissait. Cela Ă©tant dit, la question de lâaddiction demeure compliquĂ©e. Car lâobjet de lâaddiction est aussi un antidĂ©presseur. Au fond, certaines des personnes nâayant pas les ressources intĂ©rieures pour baisser le niveau de dĂ©prime ou dâangoisse vont trouver un objet extĂ©rieur avec une illusion de maĂźtrise qui va faire que cet objet-lĂ va remplir cette fonction. S. H. : Est-ce valable pour toutes les addictions ? Oui. Paradoxalement, lâaddiction est aussi une maniĂšre de se soigner. Câest ce que nous rencontrons chez les grands psychotiques. Le dĂ©lire est une forme de soin. Ce nâest pas forcĂ©ment Ă©vident Ă comprendre mais nous sommes bien dans lâidĂ©e de lâantidĂ©presseur. Ce qui mâintĂ©resse, ce qui mâintrigue, câest que le jeu vidĂ©o serait comme une sorte dâantidĂ©presseur mais interactif. Je travaille sur cette question : pourquoi cette action du jeu vidĂ©o dans lâaddiction au virtuel ? Et non lâalcool ou tout autre produit dangereux. Je vous rappelle toutefois, et heureusement, que le jeu vidĂ©o nâest pas considĂ©rĂ© comme une drogue. S. H. : Oui, mais comment expliquer alors quâau centre Marmottan un enfant ou un adolescent sur dix consulte aujourdâhui pour un problĂšme liĂ© directement aux jeux vidĂ©o ? Je connais bien la cellule de cyberaddiction ouverte Ă Marmottan. Moi aussi, je reçois les accros du jeu vidĂ©o, qui reprĂ©sentent dâailleurs 90 % de ma clientĂšle. Quelques chiffres : la France
© CLAUDINE DOURY / AGENCE VU
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compte Ă peu prĂšs vingt-huit millions de joueurs de jeu vidĂ©o. Le poids Ă©conomique de cette activitĂ© ludique est Ă©norme, plus important que le cinĂ©ma. Il y aurait entre huit et neuf cent mille personnes que lâon dĂ©signe sous lâappellation « monde-persistant ». Des MMO ou « Massivement Multi personne On line ». Ces huit Ă neuf cent mille personnes sont â ou vont devenir â dĂ©pendantes. Pourquoi ? Parce quâelles jouent Ă des jeux que je qualifie dâaddictogĂšnes. Ces jeux vidĂ©o « on line » se pratiquent avec de gros ordinateurs, sur Internet, avec dâautres joueurs. S. H. : Quelles sont les caractĂ©ristiques de ces jeux que vous qualifiez dâaddictogĂšnes ? Lâexemple de ce type de jeu est le « World of Warcraft », dĂ©nommĂ© le WOW. Ce jeu ne demande aucune compĂ©tence particuliĂšre de lâutilisateur. Le jeu vidĂ©o est souvent trĂšs dur et il nâest pas Ă©vident de passer dâune premiĂšre mission Ă une seconde. Le WOW est chronophage. LâidĂ©e est la montĂ©e en puissance de son avatar pour quâil passe dâun niveau 0 Ă un niveau 70. Et pour cela, il suffit simplement de tuer des petits monstres. Le temps nĂ©cessaire pour cette action est de 95 heures⊠Câest une moyenne. Au niveau 70, vous entrez dans une guilde, un regroupement de joueurs. LâidĂ©al est dâĂȘtre dans une guilde dâĂ©lite. Cette guilde exige du joueur dâĂȘtre prĂ©sent trois nuits par semaine de
21 h Ă 1 h du matin. Imaginez lâadolescent pour qui aller Ă lâĂ©cole devient un enfer puisquâil a Ă©tĂ© un hĂ©ros durant plusieurs heures. VoilĂ , selon moi, lâexemple type du jeu pathologique. Jâai fait partie dâune commission â le Forum des droits sur Internet â sur ce sujet avec des reprĂ©sentants du ministĂšre de lâIntĂ©rieur ou de la SantĂ©. Pourquoi ne pas mettre des verrous, pas seulement parentaux, des signes reprĂ©sentant une sorte de pĂ©nibilitĂ©, permettant de dissuader Ă un moment le joueur dâavoir une consommation excessive ? La rĂ©alitĂ© est lĂ : le WOW touche quelque cinq cent mille joueurs en France. S. H. : Quels sont les principaux renseignements que vous retenez de votre action de psychanalyste visĂ -vis de ces dĂ©pendants ? Les patients que je reçois sont des joueurs de milieu plutĂŽt favorisĂ©. Leur Ăąge va de 14 Ă 25 ans, voire 30 ans. La majoritĂ© dâentre eux a entre 14 et 17 ans. Ils sont souvent dĂ©scolarisĂ©s. Ils vivent seuls avec leur maman. Une mĂšre qui nâest pas toujours trĂšs bien. Si le pĂšre est lĂ , il est parfois absent aussi bien rĂ©ellement que symboliquement. De plus, et câĂ©tait une hypothĂšse que jâavais posĂ©e il y a quelque temps et qui se confirme aujourdâhui : 90 % de ces enfants, je dis bien 90 %, ont Ă©tĂ© diagnostiquĂ©s dans leur jeunesse avec un haut potentiel intellectuel. Ces enfants ont Ă©tĂ© diagnostiquĂ©s prĂ©coces.
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S. H. : Comment expliquez-vous cela ? Les enfants prĂ©coces testĂ©s Ă 5 ou 6 ans possĂšdent des QI parfois impressionnants. Alors, les parents ne regardent plus leur enfant comme avant. Parfois, ils lâinvestissent mĂȘme dâune parure de hĂ©ros, du moins dâun futur hĂ©ros. Le problĂšme est que ces enfants Ă intelligence prĂ©coce ne sont pas habituĂ©s Ă travailler. Ils ne savent pas ce quâest « fournir un effort ». Eh bien â et câest quasi systĂ©matique â, en classe de 4e, une chute des rĂ©sultats est observĂ©e. La chute des notes accompagne lâeffondrement du statut de hĂ©ros. Il passe Ă celui de trĂšs mauvais Ă©lĂšve. Et je constate que le jeune « prĂ©coce » surinvestit le jeu comme pour continuer Ă ĂȘtre ce hĂ©ros. S. H. : On est dans la symbolique de lâimage ? Bien sĂ»r. Dans mon livre Les Ă©crans, ça rend accroâŠ2, jâĂ©voque le poids de
la tyrannie de lâimage de soi. Le soi est devenu quelque chose dâincontournable. Et lâimage du surdouĂ©, du prĂ©coce qui dâun seul coup chute complĂštement est une blessure quant Ă lâestime de soi. Le jeu va ĂȘtre une maniĂšre de se soigner, en ayant quelque part des victoires, en incarnant surtout ce hĂ©ros. S. H. : Vous dites aussi que le jeu est nĂ©cessaire et quâil est mĂȘme constructeur pour lâadolescent ? ĂnormĂ©ment dâenfants ont, comme moi je lâai eue, la tĂ©lĂ© comme nurse cathodique. Je tente de dire quâau fond lâenfant a, de lui-mĂȘme, le fantasme dâentrer dans lâimage, dâĂȘtre Ă lâimage. Ce que dâailleurs notre sociĂ©tĂ© cultive fortement dans son rapport Ă lâimage : la « messe » de 20 h, le « reality show »⊠Le jeu vidĂ©o propose un geste interactif et celui-ci arrive au bon moment, comme une sorte de contre-culture de cette image idĂ©ale. Une contre-culture propre Ă lâadolescence et qui en accompagne le processus. Face Ă lâĂ©cran, le
corps est engagĂ©. La main est un outil de dĂ©couverte, comme pour le jeune enfant. Mais Ă la diffĂ©rence de lâimage tĂ©lĂ©visuelle, oĂč le corps agit comme un rĂ©ceptacle, le jeu vidĂ©o permet avec la main de sâapproprier les images, de les dĂ©former, de les tuer. Je pense sincĂšrement quâil est important dâapprendre Ă quelquâun qui ne sait pas jouer, Ă jouer. La vidĂ©o peut ĂȘtre un dĂ©clencheur, une illusion nĂ©cessaire. Je pense aussi que le jeu vidĂ©o est Ă©galement une cour de rĂ©crĂ©ation et de re-crĂ©ation. Propos recueillis par Denis Dangaix Journaliste.
1. CrĂ©ateur de lâObservatoire des mondes numĂ©riques en sciences humaines. 2. Stora M. Les Ă©crans, ça rend accro⊠Paris : Hachette LittĂ©ratures, coll. Ăa reste Ă prouver, 2007 : 116 p.
Marmottan : Ă lâĂ©coute des jeunes « accros » aux jeux vidĂ©o Au Centre des pratiques addictives Marmottan, Ă Paris, un jeune sur dix consulte pour une addiction aux jeux vidĂ©o. Les mĂ©decins voient aussi arriver des accros Ă Internet. Le service de pĂ©dopsychiatrie effectue un travail dâaccompagnement pour rĂ©insĂ©rer ces jeunes dans le rĂ©el, diminuer leur temps dâaddiction. Les psychiatres parlent de « devoir dâaccueil et dâĂ©coute ». Visite du service avec le docteur Dan VĂ©lĂ©a. Le Centre de soins et dâaccompagnement des pratiques addictives, plus connu sous le nom de Centre mĂ©dical de Marmottan1, a Ă©tĂ© crĂ©Ă©, en 1971, par le professeur Claude Olivenstein. Cette structure publique de soins est ouverte Ă toute personne concernĂ©e par des problĂšmes dâusage de produits licites ou illicites ou dâautres formes de dĂ©pendance. Le docteur Dan VĂ©lĂ©a est un membre de lâĂ©quipe de praticiens, qui consulte et accompagne des « clients », comme le prĂ©cise la plaquette de prĂ©sentation du centre. Ce psychiatre a une particularitĂ© : avec son collĂšgue Michel 6
Hortefeuille, il participe, notamment, Ă une consultation ouverte depuis une dizaine dâannĂ©es pour des personnes, souvent jeunes, « accros » aux jeux vidĂ©o. « Nous vivons une constante Ă©volution dans nos contacts avec les gens venant au centre, explique le docteur VĂ©lĂ©a. Quelle que soit lâaddiction, nous avons un devoir dâaccueil, sans condition prĂ©alable, et dâaccompagnement. Tout passe par lâĂ©coute. »
Une forme de dĂ©pendance En trente-cinq annĂ©es, Marmottan sâest forgĂ© une pratique basĂ©e sur une
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Ă©quipe pluridisciplinaire oĂč, de lâaccueillant Ă lâintervenant, chacun participe au suivi. Un processus dâĂ©valuation, comportant tous les aspects, psychothĂ©rapeutiques, pharmacologiques, mĂ©dicaux et sociaux, fait partie du projet de soins Ă©laborĂ© avec la personne. La mĂ©thode est rodĂ©e. Les principes dâintervention sont inscrits dans la pratique quotidienne. Elles sont fondĂ©es sur le volontariat, lâanonymat et la gratuitĂ© des soins. Trente-cinq annĂ©es de suivi de cas de toxicomanie et de dĂ©pendance procurent une expĂ©rience indĂ©niable et un certain regard
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nous y trompons pas, font souffrir de la mĂȘme maniĂšre les personnes concernĂ©es et leur entourage. »
Du virtuel au rĂ©el Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, appelons-le Michel â un jeune homme dâune vingtaine dâannĂ©es â est dĂ©pendant aux jeux vidĂ©o. Un vrai « no-life » (voir entretien avec Michael Stora). Il se couche aprĂšs avoir jouĂ©. Il se rĂ©veille et il joue Ă nouveau. Un long accompagnement a permis Ă Michel de mieux vivre sa passion. Lâinformatique devient, peu Ă peu, son domaine de travail. A-t-il, pour cela, perdu toute passion pour le jeu ? Ce changement de centre dâintĂ©rĂȘt a-t-il provoquĂ© une re-normalisation ? Les questions sont posĂ©es. Ce patient de Dan VĂ©lĂ©a est, selon lui, typique de cette complexitĂ©. « Voyons, explique le mĂ©decin, ce jeune homme arrive au centre, totalement Ă©puisĂ©, trĂšs dĂ©sinvesti, sans repĂšres. Une seule chose le passionne : le jeu vidĂ©o. Il est un exemple de ce que nous appelons la centration : le jeu est son unique centre dâintĂ©rĂȘt, son pĂŽle stimulant et dĂ©structurant. Aujourdâhui, il assemble des ordinateurs toute la journĂ©e et il joue, non Ă toute heure et Ă tout moment, mais sur son lieu de travail. Il a passĂ© un contrat moral avec lui-mĂȘme. Il ne pouvait plus continuer comme cela. »
© BOUTET JEAN-PIERRE/OREDIA
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sur la sociĂ©tĂ©. « Lâaddiction aux jeux est clairement prĂ©sente dans notre quotidien Ă Marmottan, raconte Dan VĂ©lĂ©a, et elle nĂ©cessite de notre part une attention prĂ©cise. Elle correspond Ă des pratiques sociĂ©tales, Ă des manifestations comportementales, Ă un environnement quâil nous faut comprendre. Mais, tempĂšre-t-il, je ne pense pas que cette addiction soit originale au sens oĂč elle serait un cas atypique de troubles psychologiques. Câest une forme de dĂ©pendance comme dâautres. »
Des nouvelles addictions Le docteur VĂ©lĂ©a illustre cette apprĂ©ciation par une sĂ©rie de constats. Dans les annĂ©es 1970-1980, sa pratique Ă©tait tournĂ©e vers la toxicomanie. « Nous Ă©tions dans la pĂ©riode de la substitution aux opiacĂ©s avec une apparition de nouvelles formes de toxicomanie. Des produits, la cocaĂŻne, le crack puis le dĂ©veloppement du cannabis Ă©taient prĂ©gnants. » Les accros aux jeux vidĂ©o sont apparus, selon lui, il y a une quinzaine dâannĂ©es comme une nouvelle forme de dĂ©pendance touchant de plus en
plus de jeunes gens. Aujourdâhui, le fait est lĂ : un adolescent sur dix consulte Ă Marmottan pour ce problĂšme, ce qui conforte la dĂ©cision prise, en 2000, dâouverture dâun nouveau service en pĂ©dopsychiatrie. « Mais, explique Dan VĂ©lĂ©a, si nous savons ce quâest une addiction, notamment avec produit, nous dĂ©couvrons au fur et Ă mesure de nos consultations des dĂ©pendances nouvelles avec leurs complexitĂ©s et leurs troubles. Il y a, certes, lâaddiction aux jeux et particuliĂšrement aux jeux vidĂ©o, mais aussi des addictions prĂ©cises dont personne ne parle rĂ©ellement. » Parmi celles-ci, le Centre recense des cas dâaddiction Ă Internet, des dĂ©pendants Ă lâachat on line, lâaddiction sportive, lâaddiction sexuelle et surtout lâaddiction au travail. « Ă lâheure actuelle, constate Dan VĂ©lĂ©a, nous sommes dans une phase de dĂ©veloppement de ces addictions. Nous partageons entre nous des consultations sur des problĂ©matiques transversales : la performance, par exemple. Nous sommes dans des addictions trĂšs silencieuses qui, ne
Michel a donc fait une formation dâinfographisme. Le fait de crĂ©er des jeux vidĂ©o est apparu pour lui plus intĂ©ressant que la pratique du jeu. Sa fascination pour lâinformatique a transformĂ©, peu Ă peu, sa quĂȘte de la performance fictive en un travail normĂ©. « Comme si ce jeune homme passait du virtuel au rĂ©el, commente le docteur Dan VĂ©lĂ©a. Je ne sais pas sâil est re-normalisĂ© en gardant le cĂŽtĂ© plaisir que lui procure ce travail, ajoute-t-il. Il me dit quâil continue Ă jouer six heures par jour. Mais je constate aussi que ce jeune homme se couche Ă des heures un peu plus rĂ©guliĂšres, quâil se rĂ©veille, quâil se douche. » Un retour Ă la « vraie » vie ? Denis Dangaix Journaliste.
Contact 17-19, rue dâArmaillĂ© â 75017 Paris TĂ©l. : 01 45 74 00 14 www.hopital-marmottan.fr
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Le jeu pathologique : une addiction rĂ©elle, sans drogue Le plan « Prise en charge et prĂ©vention des addictions », prĂ©sentĂ© fin 2006 par le ministĂšre de la SantĂ©, a introduit la question du jeu pathologique. Le manque cruel de donnĂ©es Ă©pidĂ©miologiques entraĂźne une demande dâĂ©tudes et de recherches cliniques. Le rapport VĂ©nisse sur les addictions sans drogue prĂ©conise la crĂ©ation dâun centre de rĂ©fĂ©rence par interrĂ©gion, centre dâĂ©coute et dâorientation des « joueurs addictifs » en difficultĂ© et de leur entourage. Au moins six cent mille Français sont « accros » au jeu pathologique (vidĂ©o, jeu dâargent, etc.). Le sujet des « addictions sans produits » aurait-il une place Ă part dans lâattention que portent les pouvoirs publics sur les dĂ©pendances ? La question mĂ©rite dâĂȘtre posĂ©e en ces termes quand apparaissent, ici et lĂ , des alertes provenant de milieux scientifiques ou/et hospitaliers. Dans la revue Synapse (1) de juin 2006, le professeur Jean-Luc VĂ©nisse, chef du service dâaddictologie du CHU de Nantes et prĂ©sident du CollĂšge dâaddictologie de la FĂ©dĂ©ration française de psychiatrie, signait un Ă©ditorial au titre percutant : « Le scandale des addictions sans drogue ». Il expliquait en quoi une vision transversale des conduites de dĂ©pendance pathologique, centrĂ©e sur les comportements plutĂŽt que les produits, a permis « un dĂ©cloisonnement nĂ©cessaire de pratiques antĂ©rieures trop rĂ©fĂ©rĂ©es Ă la nature des produits consommĂ©s, aussi bien dans le champ du soin que de la prĂ©vention ». Cette vision a, au passage, Ă©tĂ© impulsĂ©e par le plan gouvernemental 1999-2002 et la Mission interministĂ©rielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt). Partant du constat des rapprochements â aux niveaux clinique, physiopathologique et psychopathologique â de comportements souvent associĂ©s chez les patients concernĂ©s, « des rapprochements validĂ©s au niveau thĂ©orique et scientifique », lâauteur de lâarticle pose un constat sans appel. « Force est de constater que le sort des addictions sans drogue est toujours, dans notre pays, restĂ© un sujet plus ou moins tabou et de ce fait exclu des recommandations et 8
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dispositifs de soins et de prévention prévalant par ailleurs en la matiÚre. » Et interroge : « Combien de temps faudrat-il encore pour que ces addictions soient considérées comme un réel problÚme de santé publique ? »
Une question orpheline En mai 2006, la Mildt avait chargĂ© le professeur VĂ©nisse dâune mission exploratoire dâinformation sur la question des addictions sans produit. La Mildt faisait alors valoir que « le phĂ©nomĂšne des addictions sans produit suscite depuis une vingtaine dâannĂ©es un intĂ©rĂȘt et, partant, un courant de recherche qui est loin dâĂȘtre nĂ©gligeable au niveau international. La France est restĂ©e jusquâici trĂšs en retrait sur cette problĂ©matique (âŠ). Ă cĂŽtĂ© des formes classiques dâaddiction au jeu (dĂ©pendance aux
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jeux dâargent et/ou aux jeux de hasard), de nouveaux types dâaddiction apparaissent et retiennent lâattention, comme lâaddiction Ă lâInternet et aux jeux vidĂ©o. » Et la Mildt de poursuivre : « Ces nouvelles formes interpellent tout particuliĂšrement les parents, les Ă©ducateurs et les pouvoirs publics dans la mesure oĂč elles peuvent toucher des enfants relativement jeunes ainsi que des prĂ©adolescents et des adolescents (âŠ). La question des addictions sans produit apparaĂźt donc bien comme une question orpheline en France, que lâon raisonne en termes de prĂ©vention, de soins ou de recherche. » 2006 sera une annĂ©e charniĂšre sur ce sujet car, outre les conclusions du rapport VĂ©nisse, en dĂ©cembre, et la prĂ©sentation dâun rapport sur le sujet par le sĂ©nateur Trucy, lâinclusion du jeu pathologique est
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enregistrée, le 15 novembre, au sein du plan « Prise en charge et prévention des addictions » présenté par le ministÚre de la Santé.
Beaucoup dâambivalences Que sait-on sur le problĂšme spĂ©cifique des usages Ă risque dâInternet ou de la pratique des jeux vidĂ©o ? Quelques constats, en rĂ©alitĂ©. La littĂ©rature internationale, largement rĂ©fĂ©rencĂ©e dans le rapport VĂ©nisse, provenant notamment de travaux dirigĂ©s au Canada et aux Pays-Bas, Ă©voque lâabsence de donnĂ©es Ă©pidĂ©miologiques et de politique sanitaire en France. Des donnĂ©es apportĂ©es par de nombreuses Ă©quipes pluridisciplinaires françaises apportent quelques indications. Elles demeurent toutefois gĂ©nĂ©rales. La revue internationale des toxicomanies et des addictions Psychotropes, en 2005 (2), explique, par exemple, que les usages Ă risque dâInternet, la pratique des jeux vidĂ©o, suscitent beaucoup dâambivalences. « De nombreux auteurs insistent pour reconnaĂźtre les vertus ludiques et structurantes, voire auto-thĂ©rapeutiques, de pratiques, y compris intensives, des jeux vidĂ©o pour la trĂšs grande majoritĂ© des jeunes et moins jeunes qui sây adonnent. » Les jeux favoriseraient dans le mĂȘme temps la socialisation et la sĂ©paration de lâautre. Ils participeraient aussi dâune transformation des modes de sociabilitĂ©, du rapport Ă lâautre et Ă soi. Enfin, la plupart des auteurs sâaccordent pour dire (que) « ce ne sont ni les jeux dâaction, ni les jeux de rĂ©flexion mais bien les jeux de simulation, et en particulier les jeux de rĂŽle multijoueurs en univers persistant, câest-Ă -dire, dâune certaine façon, sans fin, qui comportent le plus de risques de dĂ©rive addictive chez des sujets fragiles. » Et de noter lâimpact nĂ©gatif de la communautĂ© des joueurs de World of Warcraft (WOW) (voir lâentretien avec Michael Stora).
Un dispositif thĂ©rapeutique En dĂ©cembre 2006, le professeur Jean-Luc VĂ©nisse, en collaboration avec le professeur Jean Ades, chef du service psychiatrie Ă lâhĂŽpital Louis-Mourier de Colombes et le docteur Marc Valleur du Centre mĂ©dical Marmottan, a remis son rapport Ă la Mildt. Les auteurs de ce travail collectif insistent tout dâabord sur lâurgence de rĂ©aliser des Ă©tudes en sâappuyant sur des organismes officiels dĂ©jĂ engagĂ©s dans le champ des addictions : Mildt et OFDT. « La rĂ©alisation de tra-
vaux de recherche clinique et paraclinique est un prolongement nĂ©cessaire de ces Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques permettant de caractĂ©riser un certain nombre de facteurs de risque, tenant notamment aux types de jeu pratiquĂ©s et Ă des facteurs de vulnĂ©rabilitĂ© chez certains joueurs. » De plus, les auteurs prĂ©conisent (quâ) « un dispositif thĂ©rapeutique puisse ĂȘtre constituĂ©, par exemple Ă partir de centres rĂ©fĂ©rence au niveau de chacune des interrĂ©gions incluant une structure dâĂ©coute et dâorientation des joueurs en difficultĂ© ainsi que de leur entourage ». Enfin, au niveau de la prĂ©vention, la crĂ©ation dâun observatoire des jeux, indĂ©pendant et pluridisciplinaire apparaĂźt, Ă©crivent les auteurs du rapport, « comme la seule maniĂšre de prendre en compte la complexitĂ© des questions et enjeux soulevĂ©s, a fortiori dĂšs lors que le problĂšme des jeux en ligne et des jeux vidĂ©o doit ĂȘtre Ă©galement envisagĂ© ».
nformation Une lettre dâi our tout mensuelle p actualitĂ© savoir sur lâ tion de la prĂ©ven tion et de lâĂ©duca pour la santĂ©
Plus de six cent mille « accros » en France Lors dâun colloque, Ă Dijon, en mai 2008, sur le thĂšme « Lâaddiction⊠sâil vous plaĂźt », les experts ont rappelĂ© que les seules donnĂ©es disponibles proviennent des pays anglo-saxons, qui ont fait entrer, dĂšs 1980, la notion de « jeu pathologique » dans la classification internationale des pathologies psychiatriques. Par extrapolation, les spĂ©cialistes Ă©valuent le nombre de joueurs pathologiques entre 2 % et 6 % des joueurs, soit de 600 000 Ă 1,5 million de Français. Le prĂ©sident de la Mildt, Ătienne Apaire, a soulignĂ© que les « addictions sans produit, comme le jeu excessif, sont des phĂ©nomĂšnes naissants dont les consĂ©quences sanitaires et sociales pourraient ĂȘtre sous-estimĂ©es ». Le professeur Robert Ladouceur, de lâuniversitĂ© Laval de QuĂ©bec, lâun des spĂ©cialistes rĂ©putĂ©s de lâaddiction aux jeux, a mis au point une thĂ©rapie pour les joueurs pathologiques qui a Ă©tĂ© reprise dans plusieurs pays. Lors de ce colloque, il a regrettĂ© lâabsence dâĂ©tudes sanitaires sur lâaddiction aux jeux vidĂ©o mais aussi aux jeux dâargent.
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Denis Dangaix Journaliste.
(1) Synapse n° 226, juin 2006 : 25-6. (2) Dirigé par Michel Hautefeuille et Marc Valleur.
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Entretien avec le docteur Philippe Batel, psychiatre et alcoologue, chef de service de lâunitĂ© de traitement ambulatoire des maladies addictologiques de lâhĂŽpital Beaujon, Ă Clichy.
Changer les reprĂ©sentations de lâalcool et des soins Philippe Batel reçoit chaque jour, depuis des annĂ©es, des patients dĂ©pendants Ă lâalcool qui veulent « en sortir ». Pour lui, la relation Ă lâalcool peut ĂȘtre comparĂ©e Ă une histoire dâamour. Il constate face Ă lâalcool une forme de dĂ©ni de la sociĂ©tĂ©, des patients euxmĂȘmes, mais aussi des soignants. Prise en compte du parcours de vie, accompagnement et dialogue sont les maĂźtres mots de toute prise en charge pour ce spĂ©cialiste qui salue le travail remarquable effectuĂ© par les groupements dâentraide. Une analyse rassemblĂ©e dans un ouvrage quâil vient de publier (1). La SantĂ© de lâhomme : Pourquoi Ă©crire un ouvrage Ă quatre mains sur lâalcool avec un de vos anciens patients ? Philippe Batel : Un jour, un malade mâa dit : « Comment pouvez-vous chercher Ă nous comprendre, alors que vous nâĂȘtes pas malade ? » Initialement, cette question mâa agacĂ©. Je lui ai rĂ©pondu dâune maniĂšre un peu automatique : « Heureusement que tous les diabĂ©tologues ne sont pas diabĂ©tiques et que les cancĂ©rologues nâont pas un cancer. » Câest une rĂ©ponse un peu idiote mais cette question pose un problĂšme plus gĂ©nĂ©ral qui est, selon moi, la diffĂ©rence entre le savoir et lâexpĂ©rience. Comment se partage la connaissance ? La connaissance Ă©prouvĂ©e, câest-Ă -dire lâexpĂ©rience, apporte des compĂ©tences bien plus importantes pour rĂ©flĂ©chir. Elle donne une « traçabilitĂ© » pour acquĂ©rir la capacitĂ© de reconnaĂźtre celui qui est en difficultĂ©. Car la pathologie de lâalcool entraĂźne des situations cliniques diverses. Si nous nous contentons de la connaissance mĂ©dicale, qui demeure trĂšs acadĂ©mique, trĂšs « validĂ©e », elle ne peut Ă elle seule reflĂ©ter cette complexitĂ©. LâĂ©criture de ce livre, avec onze de mes anciens patients, est une maniĂšre dâajouter quelque chose de diffĂ©rent Ă nombre dâexcellents ouvrages. S. H. : Vous dites en prĂ©ambule : « Le parcours des malades de lâalcool est lâobsession des soignants en alcoo10
logie ». Quelle est cette « obsession » que vous semblez partager ? Cette obsession partagĂ©e, câest arriver Ă comprendre. Ou, plus exactement, parvenir Ă reconstituer les Ă©lĂ©ments. Nous sommes dans un modĂšle mĂ©dical qui ne peut pas ĂȘtre basĂ© sur le simple fait dâidentification de la cause de la maladie pour pouvoir la soigner. Nous sommes bien dans quelque chose qui est de lâordre de lâaccompagnement. Et, pour un addictologue, lâaccompagnement, câest aider, dâune part, Ă promouvoir le changement, dâautre part, Ă le rendre rĂ©alisable. Ce changement-lĂ sâinscrit dans une trajectoire, un parcours, un itinĂ©raire de vie dans lequel il y a un sujet qui va rencontrer un produit. Dans un premier temps, une liaison se construit Ă distance, amicale, amoureuse, Ă©panouie, etc. TrĂšs rapidement des dĂ©gĂąts collatĂ©raux apparaissent. Quand je rencontre un patient, je sais quâil vient aussi mâapporter des Ă©lĂ©ments qui vont se dĂ©rouler sur vingt, trente, parfois quarante ans. La reconstitution des Ă©lĂ©ments de vie est capitale comme Ă©lĂ©ment dâaccompagnement. Et, bien sĂ»r, il nây a pas que le lien avec lâalcool qui compte. Il y a les maladies, le relationnel, les psychiques, les amours, les passions, les mĂ©tiers, etc. S. H. : Le coauteur de lâouvrage, Serge NĂ©dĂ©lec, affirme (quâ) « il est
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possible de se soigner et de vivre mieux sans alcool ». Pourquoi alors seul un malade sur cinq, en France, accepte de faire une demande de soins ? Parce que le systĂšme est basĂ© sur des fausses reprĂ©sentations des soins. Celles-ci sont extrĂȘmement prĂ©judiciables par rapport au but recherchĂ©. Car, en dehors du fait quâelles sont fausses, elles sont trĂšs rebutantes pour que le patient entre dans le parcours de soins. Il imagine que le soin est avant tout une intention comminatoire et quâil lui faudra jurer, du jour au lendemain, quâil sâinterdit de consommer ce produit. La nature mĂȘme de la maladie dĂ©montre quâil nâest jamais prĂȘt Ă cela. La maladie de lâalcool, câest lâambivalence : bĂ©nĂ©fices et inconvĂ©nients. Je compare cela Ă une histoire dâamour qui se termine mal. Nous sommes trĂšs souvent ambivalents Ă la fin dâune histoire dâamour. Nous trouvons toujours du pour et du contre Ă quitter quelquâun, y compris quand la situation vire au drame. Le malade, dans sa reprĂ©sentation, pense quâil ne peut y avoir que des moyens trĂšs lourds Ă mettre en place pour pouvoir changer. Ce qui est faux. Jâentends par « moyens lourds », hospitalisation, soins longs. Jâentends ce mythe stupide de cure hospitaliĂšre. Le patient est persuadĂ© quâun soignant va lui demander un contrat dâabstinence. Lâabstinence nâest quâun moyen dâaller mieux, ce nâest pas un but. Un soignant qui
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demanderait Ă un malade de signer un contrat dâabstinence serait vraiment trĂšs incompĂ©tent. S. H. : Il semble, dans votre ouvrage, que vous doutiez de la formation donnĂ©e aux professionnels de santĂ©. Nâest-ce pas du fait que la maladie demeure un tabou ? Je doute fortement, oui. Les maladies existent par les malades : ce sont bien les sujets qui portent une souffrance caractĂ©risĂ©e Ă partir de laquelle un mĂ©decin aura Ă qualifier une maladie. LĂ , nous sommes dans une souffrance qui nâest pas encore considĂ©rĂ©e comme une maladie parce quâelle est encore sous une chape de plomb de lâopprobre moral. Le malade de lâalcool, jâinsiste sur ce terme, est vu comme quelquâun qui a un travers. Il manque de volontĂ©. Du coup, en cascade, ces malades ne peuvent ĂȘtre reconnus comme tels. Nous sommes dans un cercle vicieux : moins la maladie est reconnue, moins celle-ci est repĂ©rĂ©e. Pourtant il y a quelque chose qui me frappe. Dans notre service, jâobserve que, parmi les personnes qui ont un risque Ă©levĂ© de dĂ©velopper des dĂ©pendances aux produits psychoactifs, en particulier Ă lâalcool, les mĂ©decins et les personnels soignants ont un risque Ă peu prĂšs deux fois plus important que les autres personnes que nous recevons et accompagnons. Câest une maladie que nous ne voyons pas venir, et quand nous lâavons vue, nous ne savons pas comment la prendre en charge. Les malades sont souvent accusĂ©s dâĂȘtre dans le dĂ©ni. Je pense que, souvent, ce dĂ©ni vient des soignants. De toutes parts, il faut changer les reprĂ©sentations que la population mais aussi les professionnels ont de lâalcool. S. H. : Vous insistez sur les groupements dâentraide. Vous dites quâils sont efficaces. Pourquoi ? Cela fait partie de mon expĂ©rience dâune annĂ©e passĂ©e aux Ătats-Unis Ă frĂ©quenter, une fois par semaine, un groupe ouvert dâalcooliques anonymes. Cette parole libĂ©rĂ©e, ce qui se dit entre souffrants, ces discours, parcours de vie, histoires partagĂ©es ont accru mon niveau de conscience sur lâintensitĂ© de la souffrance liĂ©e Ă lâalcool ; mais Ă©galement sur le sentiment dâimpuissance majeur que peuvent avoir les
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Campagne « Boire trop », INPES, juillet 2008.
malades. Cette capacitĂ© de codifier la souffrance est la maniĂšre de faire partager, ensemble, ce quâils ressentent. Câest aussi de la sorte quâils se dĂ©signent en tant quâidentitĂ©. Cette solidaritĂ© est bien plus importante que nâimporte quelle technique ou approche mĂ©dicale pour faire reculer la rĂ©sistance, ce fameux dĂ©ni.
tique fiscale. Il a crĂ©Ă© une taxe sur le verre dâalcool vendu. Lâargent rĂ©coltĂ© allait directement aux campagnes de prĂ©vention. Je peux vous dire que cela a eu un impact majeur sur la santĂ©. Ă tel point que le jour oĂč cette action sâest arrĂȘtĂ©e, une augmentation de la mortalitĂ© liĂ©e Ă lâalcool a Ă©tĂ© observĂ©e dans les trois mois.
Pour en revenir Ă la prĂ©vention et Ă lâaccompagnement des personnes dĂ©pendantes, je pense quâil nous faut traiter lâalcool comme les autres produits psychoactifs et inviter chaque sujet Ă se regarder dans une glace. Nous devons trĂšs vite donner les moyens aux consommateurs de se faire leur propre Ă©valuation. Si nous parvenons Ă faire cela sur lâensemble de la population, nous aurons gagnĂ© en prĂ©vention. Câest quoi, boire trop ? Dans la tĂȘte des gens, la rĂ©ponse est floue. Surtout quand boire trop, câest devenir dĂ©pendant. Ce peut ĂȘtre vingt ans de parcours de vie avec le produit.
S. H. : Concernant les jeunes, quelle serait la bonne mesure Ă prendre en matiĂšre dâĂ©ducation pour la santĂ© ?
S. H. : ConnaĂźtriez-vous un exemple de prĂ©vention rĂ©ussi Ă lâĂ©tranger dont nous pourrions nous inspirer ?
Propos recueillis par Denis Dangaix.
Oui, un programme australien que je trouve trÚs habile. Le gouvernement a lié, sur dix ans, la prévention à une poli-
Faire vivre le dĂ©bat. Que lâon prenne des mesures dâinterdiction, je suis dâaccord, notamment pour dĂ©normaliser le produit. Mais, ce qui est essentiel, câest dâessayer de comprendre en Ă©coutant les adolescents eux-mĂȘmes, et savoir ce quâils attendent de ce produit. Nous avons suffisamment dâexemples qui indiquent un caractĂšre ostentatoire majeur dans lâalcoolisation massive des jeunes, dans le binge-drinking⊠Donnons la parole.
(1) Batel P., NĂ©dĂ©lec S. Alcool : de lâesclavage Ă la libertĂ©. Paris : Ăditions DĂ©mos, 2007 : 266 p.
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« Ancien dĂ©pendant, je suis devenu âpasseurâ entre les soignants et les malades de lâalcool » Ancien alcoolo-dĂ©pendant, Serge NĂ©dĂ©lec a Ă©crit ce livre avec le professionnel qui lâa accompagnĂ© vers la guĂ©rison. Investi dans un groupe de parole, il se considĂšre comme « passeur » entre soignants et malades. Il plaide pour que les anciens malades de lâalcool interviennent davantage dans lâaccompagnement des patients parce quâils apportent une parole vĂ©cue, y compris sur les moyens pour sâen sortir. La SantĂ© de lâhomme : En quoi lâĂ©criture Ă quatre mains vous a-telle aidĂ© dans votre parcours de soins ? Serge NĂ©dĂ©lec : LâĂ©criture de ce livre, en collaboration avec le docteur Philippe Batel, forme la rĂ©alisation de mon premier projet dâhomme abstinent, je suis trĂšs heureux de lâavoir menĂ© Ă bout en sa compagnie. Le second projet, en lien avec ce livre et ce mĂȘme mĂ©decin, est Ă©galement devenu rĂ©alitĂ©, il sâagit de la coanimation dâun groupe de parole dâaide Ă lâabstinence au sein de lâhĂŽpital Beaujon. Le recueil des tĂ©moignages et leur publication accompagnĂ©e des commentaires de mon alcoologue a constituĂ© pour moi un excellent moyen de rencontrer un grand nombre de personnes ayant chacune son propre itinĂ©raire avec la dĂ©pendance Ă lâalcool et la mise en Ćuvre de moyens pour sâen sortir. Chacune de ces rencontres mâa enrichi et permis de relativiser en mĂȘme temps que de singulariser mon propre parcours. Câest une maniĂšre personnelle de transformer mon rĂŽle de malade en celui « de passeur » aux cĂŽtĂ©s dâun alcoologue. S. H. : Les tĂ©moignages recueillis dĂ©montrent quâil est possible de sortir de la dĂ©pendance liĂ©e Ă lâalcool. Par lâĂ©coute et lâaccompagnement, diriez-vous ? Chacun de ces tĂ©moignages dĂ©montre, par lâexemple, quâil est possible de sortir de la dĂ©pendance active Ă lâalcool Ă la premiĂšre condition de parvenir Ă se reconnaĂźtre comme malade dĂ©pendant de lâalcool. En ce domaine, les proches et les mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes peuvent jouer un rĂŽle important. Une fois la 12
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maladie reconnue et identifiĂ©e, il est le plus souvent nĂ©cessaire dâaccepter de demander de lâaide pour se soigner. Sâen sortir constitue souvent un long parcours qui implique une certaine transformation de la personne pour lui permettre de vivre mieux sa vie avec lâabstinence que durant la pĂ©riode oĂč elle sâalcoolisait. Cette transformation est propre Ă chaque individu mais elle est souvent facilitĂ©e par lâacceptation que pour vivre il est possible dâavoir de nouveaux alliĂ©s. Chacun peut trouver de nouveaux alliĂ©s au sein dâun groupe de parole ou dâentraide, auprĂšs dâun mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste ou dâun service dâalcoologie mais aussi au sein de sa propre famille ou dâun rĂ©seau dâamis. Le temps est une donnĂ©e essentielle pour le rĂ©tablissement car le parcours peut ĂȘtre jalonnĂ© de pĂ©riodes de rĂ©alcoolisation plus ou moins longues et douloureuses. Pour ceux qui sont auprĂšs dâune personne qui est sur ce chemin, il est important de conserver la confiance quâil pourra sâen sortir, de ne jamais renoncer Ă lâidĂ©e quâun avenir meilleur est possible. La confiance est une arme thĂ©rapeutique essentielle pour lâaccompagnement dâun alcoolodĂ©pendant.
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S. H. : Quâavez-vous envie de dire aux professionnels de santĂ© Ćuvrant dans la prĂ©vention ? Lâalcoolo-dĂ©pendance est un vrai problĂšme de santĂ© publique dans notre pays, dans lequel la parole des malades nâest pas suffisamment reconnue, entendue dans lâespace public ni associĂ©e Ă tout ce qui touche Ă la prĂ©vention ; cette parole nâest Ă©galement pas suffisamment prise en compte dans la formation des professionnels de santĂ© ou encore pour lâaccompagnement des malades et de leurs familles dans les lieux de soins. Jâai envie de leur dire de ne pas oublier de faire intervenir des anciens malades de lâalcool pour faire entendre des voix authentiques tĂ©moignant de ce quâest le vĂ©cu de cette maladie et illustrant dâune parole vraie les moyens existants pour sâen sortir. Lâabstinence nâest pas « un chemin de croix » pour lequel il faudrait lutter tout le restant de sa vie, elle peut aussi ouvrir la porte Ă une vraie renaissance pour les personnes qui parviennent Ă en faire un choix de vie assumĂ©.
Propos recueillis par Denis Dangaix
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MĂ©dias et santĂ© dĂ©velopper lâesprit critique LâĂ©ducation pour la santĂ© sâest longtemps rĂ©sumĂ©e Ă transmettre des informations⊠mais non contents de remettre rĂ©guliĂšrement ce modĂšle en question, les intervenants en Ă©ducation pour la santĂ© ne doivent-ils pas aussi Ă©duquer Ă lâinformation ?
Illustrations : Frédéric Vion
Dossier coordonnĂ© par JoĂ«lle Kivits, sociologue, responsable de projets Ă la SociĂ©tĂ© française de santĂ© publique, Alain Douiller, directeur du ComitĂ© dĂ©partemental dâĂ©ducation pour la santĂ© de Vaucluse, avec la collaboration de Sylvie Giraudo, chargĂ©e de mission prĂ©vention, dĂ©partement PrĂ©vention et promotion de la santĂ© Ă la FĂ©dĂ©ration nationale de la mutualitĂ© française.
Des premiers pas hygiĂ©nistes et mĂ©dicaux de lâĂ©ducation pour la santĂ© (dĂ©but du XXe siĂšcle) Ă nos jours, une rĂ©volution est, en effet, passĂ©e par lĂ : celle de lâinformation. Les messages santĂ© sont dĂ©sormais partout : sur les tĂ©lĂ©visions, les tĂ©lĂ©phones, Internet, les journaux, les produits de grande consommation. Ils sont aussi de tous ordres : informatifs, commerciaux, Ă©ducatifs, structurant ainsi des reprĂ©sentations sociales, des normes, des valeurs, des cultures⊠Comment alors faire le tri de ces messages, quels crĂ©dits leur accorder ? Quels impacts en attendre ? Quels effets en redouter ? Ces questions sont au cĆur de ce dossier qui prend plus particuliĂšrement pour objet de rĂ©flexion les jeunes : enfants et adolescents. Baignant dans un univers mĂ©diatique et informationnel parfois incomprĂ©hensible pour leurs aĂźnĂ©s, Ă la fois consommateurs et cibles des mĂ©dias, les plus jeunes sont en effet aussi les plus vulnĂ©rables. La premiĂšre partie du dossier propose une mise en perspective de lâ« information santĂ© » : de quoi parle-t-on ? Se repĂ©rer dans ce vĂ©ritable et foisonnant « marchĂ© de lâinformation santĂ© », proposer quelques clefs de lecture et de dĂ©cryptage des mĂ©dias et inciter enfin Ă dĂ©crypter lâinformation et les mĂ©dias sont les lignes dâintention de cette pre-
miĂšre partie. DiffĂ©rents travaux de recherche menĂ©s au QuĂ©bec et en France sont Ă©galement prĂ©sentĂ©s. Ils prĂ©cisent les perceptions des mĂ©dias par le public, les influences de lâinformation en matiĂšre de comportement de santĂ© et donnent Ă©galement des pistes de rĂ©flexion et dâaction pour une Ă©ducation critique aux mĂ©dias. La deuxiĂšme partie du dossier aborde, au travers dâentretiens menĂ©s auprĂšs de spĂ©cialistes des mĂ©dias, les relations des jeunes avec les modes de communication et leur maniĂšre de les « consommer ». Ils Ă©voquent Ă©galement des questions dâactualitĂ© comme le lancement de chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision pour les bĂ©bĂ©s ou la banalisation de la violence sur le petit Ă©cran. Cette sĂ©quence est complĂ©tĂ©e par un article sur la place faite au dĂ©cryptage de lâinformation, notamment Ă lâĂ©cole. Le dossier prĂ©sente, enfin, une sĂ©rie dâexpĂ©riences oĂč, concrĂštement, dans le cadre de programmes dâĂ©ducation Ă la santĂ© ont Ă©tĂ© mises en place des actions oĂč il est question de comprendre autrement les mĂ©dias et lâinformation qui y est vĂ©hiculĂ©e, notamment les publicitĂ©s et leurs messages sĂ©ducteurs. Dans un second temps, il est proposĂ© aux jeunes dâĂȘtre, Ă leur tour, producteurs de mĂ©dias, en rĂ©alisant leur propre spot dâinformation relative Ă la santĂ©. En Ă©tant crĂ©ateurs dâinformation, les jeunes ne sont plus seulement consommateurs : ils dĂ©veloppent un regard, un esprit critique et donc des aptitudes. JoĂ«lle Kivits Alain Douiller
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Le marchĂ© de lâinformation santĂ© : une cacophonie organisĂ©e ? Le marchĂ© de lâinformation santĂ© nâa jamais Ă©tĂ© aussi florissant. Difficile de sây retrouver dans la cacophonie dâinformations disponibles dans lâensemble des mĂ©dias. Difficile aussi parfois dâidentifier clairement lâĂ©metteur pour avoir les idĂ©es claires sur ses objectifs. Face Ă cette surabondance, le risque majeur est la confusion des genres entre le message de prĂ©vention de service public et le message commercial. Panorama de lâoffre dâinformation des mĂ©dias en matiĂšre de santĂ©. Comment se soigner, ĂȘtre et rester en bonne santĂ© ? VoilĂ un thĂšme pour lequel lâinformation ne manque pas⊠Le poste de tĂ©lĂ©vision Ă peine allumĂ© et des pistes nous sont proposĂ©es : tel aliment assure contribuer Ă prĂ©server notre forme ; tel reportage informe sur lâavancĂ©e technologique de la mĂ©decine et les miracles maintenant accomplis ; telle campagne met en garde contre le tabac. Que nous Ă©coutions la radio, ouvrions un magazine de presse, surfions sur Internet ou que nous nous baladions en ville, les messages relatifs Ă la santĂ© nous submergent, quâils proviennent de publicitaires, de pouvoirs publics, dâindustriels⊠Le receveur du message se noie dans une cacophonie mĂ©diatique sanitaire (1). Lâexemple par excellence est lâalimentation saine et lâinformation compĂ©titive qui lâaccompagne, du message institutionnel Ă la publicitĂ© commerciale : face Ă cette surinformation, chacun doit sây retrouver, faire le tri et surtout faire sens de ces messages au quotidien. Si une rĂ©cente enquĂȘte de lâINPES nous apprend que le message « 5 fruits et lĂ©gumes par jour » est mĂ©morisĂ© par plus de 90 % des publics adultes et enfants, il est Ă©galement dĂ©montrĂ© comment les plus jeunes intĂšgrent tout aussi efficacement les messages publicitaires souvent accompagnĂ©s dâallĂ©gation santĂ© (2). Aux messages relatifs Ă lâalimentation, sâajoutent le thĂšme de lâactivitĂ© physique et nombre dâ« habitudes saines » auxquelles nous sommes exhortĂ©s Ă adhĂ©rer. Peut-on cependant parler de cacophonie mĂ©diatique ? Ce paysage mĂ©dia14
Sur la moitié nord du pays, vaccinez-vous contre la grippe, au sud, attention au mélanome
tique et informationnel, aussi dense soit-il, nâest-il pas davantage un marchĂ© bien organisĂ© qui trouve justification dans un contexte sociĂ©tal favorable Ă la santĂ© ? Dans les sociĂ©tĂ©s dĂ©veloppĂ©es, la santĂ© nâest plus seulement matiĂšre de soins mais de plus en plus affaire de prĂ©vention et dâĂ©ducation et repose donc sur la diffusion dâinformations. Par ailleurs, ces mĂȘmes sociĂ©tĂ©s situent au centre de leurs sphĂšres dâactivitĂ©, des individus responsabilisĂ©s quâils se voient imposer, choisissent ou nĂ©gocient ce processus de responsabilisation ; en matiĂšre de santĂ©, il sâagit pour chaque individu de gĂ©rer sa santĂ© personnelle, lâobjectif Ă©tant de la prĂ©server. On comprend dĂšs lors la place que prennent lâinformation et la mĂ©dia-
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tisation de la santĂ© : non seulement, la santĂ© devient un sujet mĂ©diatiquement porteur et vendeur mais lâinformation santĂ© fait surtout sens : elle poursuit le colloque singulier entre le professionnel de la santĂ© et le malade, au-delĂ du cadre strictement mĂ©dical, pour pĂ©nĂ©trer lâensemble des espaces de vie. La question de lâinformation relative Ă la santĂ© doit ĂȘtre posĂ©e plus vivement que jamais : de quelle information parlet-on ? DĂ©crire le marchĂ© de lâinformation relative Ă la santĂ© nâest pas tĂąche aisĂ©e. Il est proposĂ© ici une tentative dâorganisation de lâoffre dâinformation en la structurant autour des mĂ©dias, des finalitĂ©s et des thĂ©matiques des messages vĂ©hiculĂ©s. Lâobjectif nâest pas de prĂ©senter un
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panorama complet et prĂ©cis mais bien dâorganiser la cacophonie apparente.
Le marchĂ© de lâinformation santĂ© Image en son⊠Les mĂ©dias audiovisuels, tĂ©lĂ©vision et radio, sont les porteurs privilĂ©giĂ©s des messages relatifs Ă la santĂ©. Leur premiĂšre particularitĂ© est de toucher un public large â seuls 5 % des foyers ne possĂšdent pas de tĂ©lĂ©vision (3) ; la radio reste pour les Français un mĂ©dium trĂšs Ă©coutĂ©1 â tout en proposant des programmes Ă la fois diversifiĂ©s et ciblĂ©s. Chaque catĂ©gorie de la population constitue en effet un public en soi, des plus jeunes aux plus ĂągĂ©s, en tĂ©moignent la spĂ©cialisation des programmes mais aussi lâapparition des chaĂźnes tĂ©lĂ©visĂ©es spĂ©cialisĂ©es (pour bĂ©bĂ©s, pour seniors). Lâinformation santĂ© se retrouve mise en image et en son, dans deux types de programmes. Dâune part, la thĂ©matique santĂ© constitue le fil conducteur de lâĂ©mission ou du programme : les magazines dĂ©diĂ©s ont un objectif santĂ© clairement Ă©noncĂ© basĂ© sur le dĂ©veloppement dâun thĂšme ou sujet de santĂ© au travers dâinformations factuelles, de tĂ©moignages, dâentretiens⊠Ils sâadressent Ă un public intĂ©ressĂ© par le sujet traitĂ©. Parmi les programmes ou sĂ©quences audiovisuels Ă lâobjectif santĂ© explicite, se retrouvent Ă©galement les messages institutionnels tels que les campagnes de communication, leur particularitĂ© Ă©tant de vouloir toucher le plus grand nombre, que le public soit ou non concernĂ© par le message transmis. Dâautre part, lâinformation relative Ă la santĂ© se trouve souvent intĂ©grĂ©e, voire dissimulĂ©e, dans des programmes dâinformation (journaux tĂ©lĂ©visĂ©s, magazines dâinformation, etc.), publicitaires (spots, annonceurs, etc.), ou de loisirs et de divertissement, notamment les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es. Si ces derniĂšres ne proposent pas un objectif de santĂ©, elles ont nĂ©anmoins pour cadre narratif la santĂ© (personnages qui sont des professionnels de santĂ©, exerçant dans des lieux dâexercice mĂ©dical), et peuvent mĂȘme promouvoir des habitudes de vie saines (4-6).
⊠sur papier⊠La santé occupe une place généreuse dans la presse écrite. Dans la
presse quotidienne, la santĂ© est avant tout un sujet dâactualitĂ©, Ă lâinstar des journaux tĂ©lĂ©visĂ©s, mais pas uniquement. Des pages santĂ© sont en effet disponibles dans la presse quotidienne. Par ailleurs, publicitĂ©s, campagnes de communication, annonces relatives Ă la santĂ© rythment la production de la presse Ă©crite. La presse hebdomadaire ou mensuelle â dâinformation et fĂ©minine principalement â accorde Ă©galement une part significative Ă la santĂ© en proposant des rubriques santĂ©. Aux cĂŽtĂ©s de la presse gĂ©nĂ©raliste, est apparue une presse spĂ©cialisĂ©e dans la santĂ© qui occupe une audience de plus en plus importante (7). Si le public est moins important en nombre que, pour les mĂ©dias audiovisuels, on peut cependant percevoir un public attentif qui « choisit » de sâinformer.
⊠en ligne Internet est devenu le mĂ©dium incontournable en matiĂšre de santĂ©. Câest au dĂ©but des annĂ©es 2000 que les premiĂšres Ă©valuations de lâInternet santĂ© sont rĂ©alisĂ©es (8). Lâaudience et lâintĂ©rĂȘt pour lâInternet dĂ©diĂ© Ă la santĂ© nâont cessĂ© de croĂźtre depuis. Il est cependant difficile de dĂ©finir « un » Internet santĂ©. Il est en effet aujourdâhui important de percevoir la diversification des formats, des messages mais aussi des types dâutilisation. Les sites Internet santĂ© peuvent ĂȘtre gĂ©nĂ©ralistes ou spĂ©cialisĂ©s ; le fait de professionnels de santĂ©, dâusagers ou des deux ; les vitrines publicitaires de marques surfant sur la vague santĂ© ; des sites de vente de produits, du mĂ©dicament au produit de bien-ĂȘtre⊠Internet, comme vĂ©hicule dâinformation relative Ă la santĂ©, se caractĂ©rise donc par sa complexitĂ© de production et dâusages de messages. Par rapport aux autres mĂ©dias, il comporte deux nouveautĂ©s. Dâune part, Internet fait de lâutilisateur lâacteur du mĂ©dium, dans la mesure oĂč il fait la dĂ©marche dâaller chercher lâinformation Ă lâheure et au moment oĂč il le dĂ©sire et ce, contrairement Ă la radio, la tĂ©lĂ©vision ou la presse Ă©crite, qui imposent les contenus santĂ© et minimisent lâinteraction. Dâautre part, les internautes, quels que soient leurs profils, expĂ©-
riences, connaissances, peuvent devenir des producteurs dâinformation santĂ© : blogs, forums, sites personnels⊠sont autant de nouveaux espaces dâexpression pour les usagers et les patients, venant complĂ©ter une offre de sites dĂ©jĂ abondante2. Les mĂ©faits et bienfaits des potentialitĂ©s dâInternet sont aujourdâhui bien documentĂ©s (9). Ce paysage mĂ©diatique ne serait pas complet si on nây ajoutait les posters, affiches, dĂ©pliants, livrets⊠autant de visuels et dâoutils pĂ©dagogiques mis Ă la disposition du grand public, du cabinet mĂ©dical Ă lâhypermarchĂ©. Ils accompagnent et permettent une rĂ©flexion guidant lâaction du public en matiĂšre de santĂ© et font le lien entre le professionnel de santĂ© et la personne en quĂȘte dâun questionnement.
Les finalitĂ©s et thĂ©matiques des messages Il est lĂ©gitime de se poser la question de la finalitĂ© de lâinformation relative Ă la santĂ©. Quels sont en effet les objectifs dâinformer sur la santĂ© ? La rĂ©ponse nâest pas Ă©vidente, les producteurs et intermĂ©diaires derriĂšre un message Ă©tant nombreux. On peut distinguer deux grandes finalitĂ©s. Lorsquâil sâagit de prĂ©venir, de tĂ©moigner, dâinformer sur un fait, une maladie, une prise en charge⊠la santĂ© est au cĆur de lâinformation. Les campagnes de communication ont pour objectif de prĂ©venir sur des habitudes de vie, des pratiques de dĂ©pistage, des modes dâorganisation de soins⊠qui doivent in fine informer le public sur la prise en charge et la prĂ©servation de sa santĂ©. Mais vendre et divertir sont aussi des finalitĂ©s prioritaires, rarement affichĂ©es, de ce marchĂ© de lâinformation relative Ă la santĂ©. La rĂ©fĂ©rence Ă la santĂ© peut ĂȘtre utilisĂ©e comme promotion dâun produit bien que cette pratique soit aujourdâhui rĂ©glementĂ©e (10). De mĂȘme, le divertissement peut reposer sur des rĂ©fĂ©rences Ă la santĂ©, thĂšme porteur dâaudience. La difficultĂ© nâest pas tant les diffĂ©rentes finalitĂ©s que leur entrecroisement. Un programme de divertissement pourra avoir comme effet positif de prĂ©venir sur des conduites Ă risque â par exemple au travers dâun programme tĂ©lĂ©visĂ© met-
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tant en scĂšne des adolescents en situation de risque. Il est aussi intĂ©ressant de constater comment des messages de prĂ©vention sâappuient sur un format fiction en y mĂȘlant information et divertissement, afin de retenir lâaudience3. La situation inverse â lorsquâune information promotionnelle Ă caractĂšre marchand se fait passer pour un message de prĂ©vention â peut par contre avoir des consĂ©quences nĂ©gatives et mĂȘme contribuer Ă une dĂ©sinformation. De mĂȘme que lâabsence dâun traitement dâun thĂšme, câest-Ă -dire le non-dit, peut ĂȘtre porteur dâune dĂ©sinformation. Si lâon regarde ce marchĂ© de lâinformation relative Ă la santĂ© selon les thĂ©matiques dĂ©veloppĂ©es, on constate que lâinformation relative aux maladies, Ă leur prise en charge, Ă lâorganisation des soins est prĂ©sente mais de maniĂšre ponctuelle, en fonction de lâactualitĂ©. Le paysage informationnel et mĂ©diatique consacrĂ© Ă la santĂ© semble ĂȘtre dominĂ© par les thĂ©matiques de la prĂ©vention, de la promotion de la santĂ© et du bien-ĂȘtre sanitaire. Contrairement Ă la maladie, aux soins, Ă lâorganisation de la santĂ© qui ne tendent Ă associer que les spĂ©cialistes des questions traitĂ©es, les thĂ©matiques de prĂ©vention, promotion et de bien-ĂȘtre permettent lâimplication non seulement des acteurs de la santĂ© mais Ă©galement de la publicitĂ© et des mĂ©dias, qui sâapproprient ces thĂ©matiques avec aisance (5, 6). Face Ă ce marchĂ© de lâinformation relative Ă la santĂ©, on relĂšve un risque majeur : la confusion des genres. Ă la fois thĂšme prioritaire de politique publique et thĂšme vendeur et porteur, on retrouve sur les mĂȘmes mĂ©dias des messages aux finalitĂ©s trĂšs diffĂ©rentes, voire opposĂ©es, et aux thĂ©matiques qui se ressemblent lorsquâil faudrait les dissocier. La confusion des messages est certaine et lâimplosion des significations est probable. De plus, la prĂ©sence de plusieurs acteurs pose le problĂšme de la crĂ©dibilitĂ© des sources. Un second risque rĂ©side dans les thĂ©matiques les plus mĂ©diatisĂ©es : la santĂ© prĂ©sentĂ©e par les mĂ©dias est celle dâune bonne santĂ© Ă prĂ©server et de bonnes habitudes de vie Ă respecter, occultant les soins et leur organisation. Lâenjeu majeur est ici Ă©ducationnel. Il apparaĂźt en effet indispensable dâarmer le public Ă dĂ©crypter les messages. 16
Ce public large, souvent compris dans sa globalitĂ© et son unitĂ© factice, comprend des populations vulnĂ©rables : les jeunes et les populations en situation de prĂ©caritĂ© sociale. Concernant les jeunes, les initiatives dâapprentissage de lecture des mĂ©dias et des messages doivent ĂȘtre encouragĂ©es. Elles existent en France, comme lâillustrent plusieurs des articles de ce numĂ©ro de La SantĂ© de lâhomme ; elles mĂ©riteraient dâĂȘtre dĂ©veloppĂ©es. Concernant les populations prĂ©caires, un rapport sur la littĂ©rature en matiĂšre de santĂ© (11) montre combien cet enjeu est important : il existerait en effet un analphabĂ©tisme en matiĂšre de santĂ©, Ă la source dâinĂ©galitĂ©s en matiĂšre de prĂ©vention et de promotion de la santĂ©. RĂ©duire ces inĂ©galitĂ©s, en armant aussi ces catĂ©gories de populations souvent oubliĂ©es, constitue un vrai enjeu de santĂ© publique. Enfin, il est essentiel que les impacts de cette surinformation et mĂ©diatisation soient mieux compris, au regard du contexte socioculturel mais Ă©galement au regard des expĂ©riences de santĂ© â et de maladie â des individus. Aider les jeunes et leur donner les outils pour comprendre dâoĂč viennent les messages et comment ils se construisent est
important. Une telle dĂ©marche, pour ĂȘtre complĂšte, doit cependant sâaccompagner dâune meilleure comprĂ©hension de lâappropriation des messages et de leur mise en sens, ce qui implique de considĂ©rer un environnement plus large que le cadre de rĂ©ception et de lecture des messages. Câest Ă cette condition quâil sera possible dâaccompagner ces jeunes pour quâils maĂźtrisent, de maniĂšre pratique et concrĂšte, lâinformation relative Ă la santĂ©. Par ailleurs, une meilleure comprĂ©hension de lâappropriation des messages relatifs Ă la santĂ© devra aider les professionnels de santĂ© Ă adapter leur communication. JoĂ«lle Kivits Sociologue, responsable de projets, SociĂ©tĂ© française de santĂ© publique, VandĆuvre-lĂšs-Nancy. 1. Selon MĂ©diamĂ©trie, sur une pĂ©riode de trois semaines complĂštes en septembre 2007 et janvier 2008, 94,3 % des personnes ĂągĂ©es de 13 ans et plus ont Ă©coutĂ© au moins une fois la radio. En ligne : http://www.mediametrie.fr/resultats.php ?rubrique=rad&resultat_id=535 2. Voir, par exemple, le projet CareVox. En ligne : http://www.careVox.fr 3. Voir, par exemple, les spots tĂ©lĂ©visĂ©s de lâINPES diffusĂ©s en octobre et novembre 2007 : « Vos questions nutrition » dans le cadre du programme « Bien manger et bien bouger au quotidien⊠câest possible ! ». En ligne : http://www.inpes.sante.fr/index.asp ?page= 70000/cp/07/cp071001.htm#top
â RĂ©fĂ©rences bibliographiques (1) Cerin. La cacophonie alimentaire : diagnostic et remĂšdes. Alimentation et santĂ© n° 179, juillet-aoĂ»t, 2007 : 1-3. En ligne : http://www.la-cuisine-collective.fr/ dossier/cerin/print.asp ?id=137 (2) MinistĂšre de la SantĂ©, de la Jeunesse et des Sports, Institut national de prĂ©vention et dâĂ©ducation pour la santĂ©. Post-test des messages sanitaires apposĂ©s sur les publicitĂ©s alimentaires auprĂšs des 8 ans et plus. SaintDenis : INPES, 2007 : 84 p. En ligne : http://www.inpes.sante.fr/ 30000 /pdf/messages_sanitaires_etude_INPES.pdf (3) Insee. EnquĂȘte permanente sur les conditions de vie 2004. En ligne : http://www.insee.fr/fr/themes/ tableau.asp?ref_id=NATSOS05118&reg_id=0 (4) Davin S. Urgences et ses spectateurs : La mĂ©decine dans le salon. Paris : LâHarmattan, 2007 : 157 p. (5) Seale C. Media and Health. London: Sage Publications, 2003: 256 p. (6) Renaud L. (sous la dir.). Les mĂ©dias et le façonnement des normes en matiĂšre de santĂ©. QuĂ©bec : Presses de lâuniversitĂ© du QuĂ©bec, coll. SantĂ© et sociĂ©tĂ©, 2007 : 328 p.
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(7) Selon Audipresse, Ă©tude AEPM 2007. En ligne : http://www.audipresse.fr/node. php ?id=906&elementid=1537 (8) Fox S., Rainie L. The online health care revolution: How the Web helps Americans take better care of themselves. Washington: The Pew Internet & American Life Project, 200: 23 p. En ligne : http://www.pewinternet.org/PPF /r/ 26/report_display.asp (9) Trust me. Iâm a website. British Medical Journal n°7337, vol. 324; mars 2002. En ligne : http://www.bmj.com/content/vol 324/issue7337 (10) Directive 2000/13/CE du Parlement europĂ©en et du Conseil de lâUnion europĂ©enne du 20 mars 2000. En ligne : http://eur-lex.europa.eu/pri/fr/oj/ dat/2000/l_109/l_10920000506fr002900 42.pdf (11) Rootman I., Gordon-El-Bihbety D. Vision dâune culture de la santĂ© au Canada. Rapport du groupe dâexperts sur la littĂ©ratie en matiĂšre de santĂ©. CPAH-ACSP. En ligne : http://www.cpha.ca/uploads/portals/h-l/report_f.pdf
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Pourquoi Ă©duquer Ă lâinformation sur les questions de santĂ© Dans une sociĂ©tĂ© vouĂ©e Ă la communication et la consommation, quels sont les moyens que peuvent se donner les professionnels pour inciter, en particulier les jeunes, Ă se forger un esprit critique sur les questions de santĂ© ?
La question de lâĂ©ducation Ă lâinformation est une prĂ©occupation courante dans le champ Ă©ducatif. Tout comme lâest plus encore son corollaire qui interroge lâimpact des mĂ©dias sur le comportement des individus et en particulier des enfants et des adolescents. Ce dossier de La SantĂ© de lâhomme montre cependant que ces interrogations sont moins habituelles dans le champ de la prĂ©vention et de lâĂ©ducation pour la santĂ©. Certes le lecteur trouvera dans ce dossier des expĂ©riences Ă©ducatives mobilisant lâesprit critique des publics face aux mĂ©dias et Ă la publicitĂ© en particulier. Ces actions, peu nombreuses cependant, sont mal recensĂ©es et font peu lâobjet de publications. Plus traditionnellement, lâĂ©ducation pour la santĂ© sâattache davantage Ă agir sur les comportements en dĂ©livrant des informations sur les thĂšmes abordĂ©s comme par exemple sur les questions de nutrition (qui sont sans doute le thĂšme de prĂ©vention majeur de ces derniĂšres annĂ©es).
Quels messages pour quelles influences ?
fĂ©renciation importants. Mais quâen estil de lâobjectif des messages et des caractĂ©ristiques de leurs Ă©metteurs qui permettent dâen comprendre le mieux les logiques et leurs influences sur la santĂ© ? Les messages santĂ© ont envahi nos univers quâils soient alimentaires, spor-
tifs, amoureux, professionnels, ludiques⊠comme lâinformation a envahi notre sociĂ©tĂ© de son flot ininterrompu de messages : des radios dâinformation en continu au tĂ©lĂ©phone mobile en passant par lâInternet, « lâinformation est partout et tout le temps » ! Mais existet-il un point commun entre une publi-
ive relai étude qualitat nel adulte espace de parole n éducatioprévalence phase iologie Contexte sociétal campagne épidém relai question éthique charte champsacteur é d Ottawa u c a tifautonomie l psychosocia t n a n rve support pinéte arche communautaire dagogiqdém ue action de terrain réseau par ses pairs Dispositif de prévention
Il est BUGGĂ !!!
Nous devons convenir que la conception de ce dossier de La SantĂ© de lâhomme nâaura pas Ă©tĂ© simple. La premiĂšre difficultĂ© tient sans doute Ă lâobjet mĂȘme de notre rĂ©flexion. « Ăduquer Ă lâinformation et aux mĂ©dias sur la santĂ© ». De quoi parle-t-on ? Lâinformation et encore moins les mĂ©dias, ne recouvrent pas une rĂ©alitĂ© homogĂšne ni facilement objectivable. JoĂ«lle Kivits, dans son article sur « le marchĂ© de lâinformation santĂ© », en cerne les contours. Elle rĂ©pertorie les diffĂ©rents supports dâinformation (radio, papier, Internet, etc.) qui constituent en effet des Ă©lĂ©ments de dif-
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citĂ© pour un yaourt qui « renforce » les dĂ©fenses immunitaires, un reportage dans la presse Ă©crite sur la prise en charge de malades alcooliques et une campagne institutionnelle tĂ©lĂ©visĂ©e sur les bienfaits de la consommation de fruits et lĂ©gumes ? Hormis le prĂ©texte « santĂ© » soutenant le message, nous serions tentĂ©s de dire que non ! Pour la raison essentielle que les objectifs des Ă©metteurs sont radicalement diffĂ©rents. Quatre types dâĂ©metteurs dâ« informations santĂ© » peuvent ĂȘtre distinguĂ©s. Les Ă©metteurs commerciaux, dont lâobjectif est de vendre des produits et qui utilisent de plus en plus souvent des images et des arguments sanitaires. Les Ă©metteurs dont lâinformation est le mĂ©tier : les journalistes, la presse Ă©crite, parlĂ©e, tĂ©lĂ©visĂ©e, dont lâobjectif est de produire, et de vendre de lâinformation. Les Ă©metteurs dâinstitutions et de structures de santĂ© et de prĂ©vention dont lâobjectif « Ă©du-
catif » est de diffuser des informations et des recommandations afin dâinfluer sur les comportements relatifs Ă la santĂ©. Il convient Ă©galement dâajouter les « Ă©metteurs involontaires » de messages de santĂ©, câest-Ă -dire tous ceux qui, dans des productions dâinformations et de messages, abordent des questions de santĂ© sans que cela en soit lâobjectif ni lâintention dĂ©libĂ©rĂ©e, notamment pour des productions artistiques (cinĂ©ma, musique, littĂ©ratureâŠ) dont lâimpact sur les reprĂ©sentations sociales et sur les comportements nâest pas nĂ©gligeable.
MĂ©dias et santĂ© : dĂ©velopper la recherche et la formation On le voit bien, ces univers respectifs restent trĂšs diffĂ©rents dans leurs logiques et dans leurs intentions, mĂȘme si des liens existent entre ces catĂ©gories (la presse a aussi des logiques et des intĂ©rĂȘts commerciaux, lâunivers de la prĂ©vention sâinspire beaucoup des tech-
Les 11-25 ans : des consommateurs courtisĂ©s Les 11 Ă 17 ans reprĂ©sentent une population de 5 300 000 individus, soit 8,7 % de la population : 2 700 000 garçons et 2 600 000 filles. Un jeune sur deux dispose dâune tĂ©lĂ©vision dans sa chambre. Les jeunes regardent la tĂ©lĂ©vision, en moyenne, plus de trois heures par jour. Ces quelques chiffres expliquent pourquoi ils sont la cible des stratĂ©gies de marketing : 500 000 spots spĂ©cifiquement ciblĂ©s jeunes sont diffusĂ©s chaque annĂ©e sur les chaĂźnes françaises au cours dâĂ©missions tĂ©lĂ© qui leur sont destinĂ©es. La tĂ©lĂ©vision nâest cependant pas le mĂ©dia favori des jeunes qui prĂ©fĂšrent nettement la radio voire lâInternet. Les grandes marques de vĂȘtements de sports, de lâalimentation ou les entreprises de loisirs culturels ou numĂ©riques ne sây sont pas trompĂ© en investissant vers cette cible. Câest vers 10-11 ans que lâenfant commence Ă disposer de moyens directs (argent de poche), dâautonomie, de poids dans la famille. Du statut de prescripteur, il devient dĂ©cideur, dotĂ© dâun pouvoir dâachat, futur adulte dĂ©jĂ modelĂ© par les publicitaires. Selon le magazine 60 millions de consommateurs (1), chaque mois, une vingtaine de nouveaux outils pĂ©dagogiques « parrainĂ©s » par les grandes entreprises sont mis Ă la
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disposition des enseignants du primaire et du secondaire. Sur dix marques achetĂ©es par les 25-35 ans, sept ont Ă©tĂ© rencontrĂ©es au cours de lâadolescence. Restons cependant optimistes, ces «proies faciles » ne sont pas totalement sans dĂ©fense, notamment lorsquâelles sont protĂ©gĂ©es par lâenvironnement familial et les groupes amis (tribu, bande). La proportion croissante du nombre de blogs (un jeune sur quatre de 11 Ă 18 ans serait blogueur) va aussi dans le sens dâun libre arbitre prĂ©servĂ© : on y exprime ses idĂ©es, ses valeurs, ses goĂ»ts. Dans un univers dâĂ©changes en perpĂ©tuel mouvement, des pistes sont Ă creuser pour contrecarrer le poids du publicitaire auprĂšs de mĂ©dias qui ont la prĂ©fĂ©rence des jeunes : SMS informatifs ou dâalerte, chroniques sur des radios jeunes, courts programmes tĂ©lĂ©visĂ©s sur les chaĂźnes quâils privilĂ©gient⊠M.-F. C.
Source : BernĂšs C., Loisiel J.-P. VulnĂ©rabilitĂ© et responsabilitĂ© des jeunes en matiĂšre de consommation. INC Hebdo 2006 ; n° 1393 : 10 p. En ligne : http://www.conso.net/images_publications/1393-education_consommation_309.pdf (1) Ăcole : lâinvasion sournoise de la pub. 60 millions de consommateurs, janvier 2006, n° 401.
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niques de la publicitĂ©, etc.). Le travail Ă©ducatif, dâanalyse critique de lâinformation, en sera donc forcĂ©ment diffĂ©rent. Il serait tentant de prĂ©tendre que lâessentiel des efforts sont Ă focaliser sur les messages publicitaires, leurs intentions mercantiles et leurs impacts le plus souvent nĂ©fastes Ă la santĂ©. Les associations et instituts de dĂ©fense des consommateurs sont particuliĂšrement actifs et efficaces dans ce registre (voir encadrĂ© ci-contre) (1). Certaines structures dâĂ©ducation pour la santĂ© et de santĂ© publique investissent peu Ă peu ce champ-lĂ : voir les outils pĂ©dagogiques de dĂ©cryptage des influences en matiĂšre de tabac, dâalcool ou de nutrition, dont plusieurs sont prĂ©sentĂ©s dans ce dossier. Voir aussi la dĂ©marche de lobbying entreprise par la SociĂ©tĂ© française de santĂ© publique Ă propos de la limitation de la publicitĂ© dans les Ă©missions pour enfants « PublicitĂ© alimentaire tĂ©lĂ©visĂ©e et enfants : le bon choix » (2). Mais les passerelles avec cet univers Ă©ducatif et de lâĂ©ducation pour la santĂ© sont peu nombreuses. Le travail dâanalyse critique de la publicitĂ© reste encore lâexception en milieu scolaire, les enseignants peu formĂ©s pour lâentreprendre, les outils et les supports beaucoup moins nombreux et moins accessibles que les supports « pĂ©dagogiques » issus des dĂ©marches marketing qui envahissent rĂ©guliĂšrement lâunivers scolaire ! Lâanalyse de la presse et des mĂ©dias semble sâorganiser davantage : vous trouverez dans ce dossier le travail effectuĂ© par des organismes comme le Clemi (3) ou de nombreuses autres structures recensĂ©es dans la rubrique « Pour en savoir plus ». Il sâagit de repĂ©rer autant les diffĂ©rentes formes de discours que les idĂ©ologies et leurs intentions, dĂ©marches immĂ©diatement utiles et applicables dans le registre de la santĂ©. Tout comme cet univers des informations santĂ© est peu homogĂšne, difficilement cernable, le corpus de son analyse critique et pĂ©dagogique est peu organisĂ©, fait peu lâobjet de publications. Si les expĂ©rimentations pĂ©dagogiques dâanalyse des mĂ©dias sur les thĂ©matiques santĂ© sont Ă encourager â en les inscrivant par exemple dans les axes de recommandations des Plans rĂ©gionaux de santĂ© publique â, un vĂ©ritable travail de recherche est Ă entreprendre dans ce champ, et un dispositif de for-
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mation des pédagogues (enseignants, éducateurs pour la santé, infirmiÚres scolaires, etc.) à organiser.
Former Ă lâesprit critique, dĂ©velopper les compĂ©tences psychosociales Dans le « socle de rĂ©fĂ©rence » des acteurs dâĂ©ducation pour la santĂ©, il est possible de puiser des rĂ©fĂ©rences utiles Ă ce travail dâanalyse critique des mĂ©dias. Lâun des cinq axes de la Charte dâOttawa de promotion de la santĂ© (Organisation mondiale de la santĂ©, 1986), incite à « donner les moyens Ă la population dâacquĂ©rir des aptitudes individuelles dans le domaine de la santĂ© » (4). Câest lâaxe le plus « Ă©ducatif » et le moins « politique » de cette Charte qui invite par ailleurs dans les quatre autres axes Ă une action plus centrĂ©e sur lâenvironnement des personnes, les institutions, les pouvoirs publics et moins sur les individus et leurs comportements. Cette orientation sâaccompagne cependant dâune indication plus pratique qui est de permettre, grĂące Ă lâĂ©ducation pour la santĂ© notamment, dâacquĂ©rir des aptitudes qui permettent aux individus « dâexercer un plus grand contrĂŽle sur leur propre santĂ© et des choix favorables Ă celle-ci ». Si la rĂ©fĂ©rence Ă lâanalyse critique nâest pas explicite, le rapprochement peut facilement se faire. Une Ă©quipe de la Division de la santĂ© mentale et de la prĂ©vention de la toxicomanie de lâOMS a travaillĂ© spĂ©cifiquement sur la question du dĂ©veloppement des compĂ©tences psychosociales et proposĂ©, en 1993, la dĂ©finition suivante : « Les compĂ©tences psychosociales sont la capacitĂ© dâune personne Ă rĂ©pondre avec efficacitĂ© aux exigences et aux Ă©preuves de la vie quotidienne. Câest lâaptitude dâune personne Ă maintenir un Ă©tat de bien-ĂȘtre mental, en adoptant un comportement appropriĂ© et positif, Ă lâoccasion des relations entretenues avec les autres, sa propre culture et son environnement. Les compĂ©tences psychosociales ont un rĂŽle important Ă jouer dans la promotion de la santĂ© dans son sens le plus large, en termes de bienĂȘtre physique, mental et social ». Une liste des dix compĂ©tences psychosociales (ou aptitudes essentielles) a Ă©tĂ© Ă©tablie. Elles sont prĂ©sentĂ©es par couple dont un concerne directement lâobjet de ce dossier : « Avoir une pensĂ©e crĂ©atrice â Avoir une pensĂ©e critique ».
Comme lâexplicite Brigitte Sandrin Berthon dans son livre Apprendre la santĂ© Ă lâĂ©cole (5), « la pensĂ©e (ou lâesprit) critique est la capacitĂ© Ă analyser les informations et les expĂ©riences de façon objective. Elle peut contribuer Ă la santĂ© en nous aidant Ă reconnaĂźtre et Ă Ă©valuer les facteurs qui influencent nos attitudes et nos comportements, comme les mĂ©dias et les pressions de nos pairs. »
problĂšmes importants et de clarifier les enjeux. Il doit pouvoir aussi juger de la fiabilitĂ© des informations en interrogeant la crĂ©dibilitĂ© des sources, des informations, en identifiant les prĂ©supposĂ©s implicites et en jugeant de la validitĂ© logique dâune argumentation. Enfin, il doit pouvoir Ă©valuer des informations et en tirer des conclusions appropriĂ©es.
Les jeunes⊠et les adultes aussi !
Jacques Piette mentionne aussi lâimportance de tenir compte du contexte culturel et socio-Ă©conomique lors du dĂ©veloppement de la pensĂ©e critique. Si une telle typologie peut sans doute ĂȘtre critiquĂ©e et amendĂ©e, elle nâen amĂšne pas moins des axes de propositions pĂ©dagogiques trĂšs concrets, certes parfois assez Ă©loignĂ©s de certains de nos modĂšles dâenseignement, mais tout de mĂȘme accessibles Ă bon nombre de pĂ©dagogues. Pour cela encore, un vĂ©ritable et systĂ©matique travail de recherche et de formation est Ă entreprendre.
Lâessentiel de ce dossier de La SantĂ© de lâhomme est consacrĂ© au dĂ©veloppement de lâesprit critique des jeunes, repĂ©rĂ©s comme plus vulnĂ©rables face aux messages mĂ©diatiques et Ă leurs influences sur la santĂ©. Ce constat est juste. Mais ne serait-il raisonnable de penser, en termes de formation pĂ©dagogique et de dĂ©veloppement de leur propre rĂ©flexion critique face aux mĂ©dias, que lâeffort Ă©ducatif est aussi Ă entreprendre auprĂšs des adultes ? Ils sont en effet non seulement les premiers Ă©ducateurs, mais aussi les premiers producteurs et les premiers consommateurs de ces messagesâŠ
Fondements de la pensĂ©e critique Dans son livre Ăducation aux mĂ©dias et fonction critique, Jacques Piette tente lui aussi dâĂ©tablir les fondements et les habiletĂ©s intellectuelles liĂ©es Ă la pensĂ©e critique (6). Il estime que lâenseignement de la pensĂ©e critique repose principalement sur deux perspectives : â la perspective philosophique : enseignement de la logique et de ses principes de raisonnement et dâargumentation, dĂ©veloppement de la pensĂ©e rationnelle, place importante donnĂ©e Ă la prise en compte des dimensions morales et Ă©thiques, questionnement, discussion ; â la perspective de la psychologie cognitive qui identifie quatre processus cognitifs : la pensĂ©e crĂ©atrice, la rĂ©solution de problĂšmes, la prise de dĂ©cision, la pensĂ©e critique. Selon Jacques Piette, pour que se dĂ©veloppe une pensĂ©e critique autonome, lâĂ©lĂšve doit acquĂ©rir la maĂźtrise de certaines habiletĂ©s intellectuelles comme la clarification des informations. Cela suppose de poser des questions, concevoir et juger des dĂ©finitions, de distinguer les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments dâune argumentation, dâun problĂšme, dâune situation ou dâune tĂąche, dâidentifier les
Alain Douiller Directeur du ComitĂ© dĂ©partemental dâĂ©ducation pour la santĂ© de Vaucluse, Avignon.
â RĂ©fĂ©rences bibliographiques (1) Que Choisir et Que Choisir santĂ©. En ligne : http://www.quechoisir.org (2) SociĂ©tĂ© française de santĂ© publique, PublicitĂ© alimentaire tĂ©lĂ©visĂ©e et enfants : le bon choix. En ligne : http://www.sfsp.fr/petitions/petition.php (3) Clemi, ministĂšre de lâĂducation nationale. En ligne : http://http://www.clemi.org (4) Organisation mondiale de la santĂ© â 1986. En ligne : http://http://www.who.int/fr/ (5) Sandrin Berthon B. Apprendre la santĂ© Ă lâĂ©cole. Paris : ESF Ă©diteur, coll. Pratiques & enjeux pĂ©dagogiques, 1997 : 128 p. (6) Piette J. Ăducation aux mĂ©dias et fonction critique. Paris/MontrĂ©al : LâHarmattan, coll. Ăducation et formation, sĂ©rie RĂ©fĂ©rences et travaux universitaires, 1996 : 358 p.
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Entretien avec Lise Renaud, professeure au dĂ©partement de communication sociale et publique de lâuniversitĂ© du QuĂ©bec, Ă MontrĂ©al, et Monique Caron-Bouchard, sociologue. Lise Renaud dirige le groupe de recherche « MĂ©dias et santĂ© ».
« Les mĂ©dias ont un pouvoir normatif, mais les citoyens ne sont pas dupes. » Les QuĂ©bĂ©coises Lise Renaud et Monique Caron-Bouchard dĂ©cryptent le pouvoir des mĂ©dias et de lâimage en matiĂšre dâinformation sur la santĂ©. Dans un ouvrage rĂ©cemment publiĂ©, elles dĂ©montrent le rĂŽle que les mĂ©dias ont pour façonner des normes, parfois volontairement, parfois Ă leur corps dĂ©fendant. Elles effectuent un travail dâinfluence auprĂšs des mĂ©dias pour que la prĂ©vention et la santĂ© soient mieux prises en compte. La SantĂ© de lâHomme : Dans votre ouvrage (1), vous mettez en lumiĂšre le façonnement des normes de santĂ© par les mĂ©dias. Est-ce Ă dire que les mĂ©dias auraient un pouvoir normatif ? Lise Renaud : Entendons-nous dâabord sur la dĂ©finition dâune norme. Selon moi, une norme est un critĂšre collectivement approuvĂ© par les individus. Peut-on dire que les mĂ©dias transmettent des valeurs qui pourraient devenir des normes ? Oui, sans aucun doute. Cette rĂ©ponse positive se dĂ©montre Ă travers lâanalyse de la publicitĂ©, Ă travers les tĂ©lĂ©romans, trĂšs regardĂ©s par les tĂ©lĂ©spectateurs chez nous, au QuĂ©bec, et mĂȘme dans les informations. Je parle Ă©videmment du mĂ©dia roi, qui reste la tĂ©lĂ©vision. Il nây a aucun doute sur la publicitĂ©. Les personnes interrogĂ©es dans le cadre du groupe de recherche « MĂ©dias et santĂ© » la regardent comme un message normatif mais ils ne captent pas forcĂ©ment lâensemble du champ mĂ©diatique avec un regard crĂ©dule. Car ce champ est construit par divers acteurs dont certains sont plus dominants que dâautres : parlons des acteurs Ă©conomiques qui, dans le domaine de la santĂ© publique, sont particuliĂšrement prĂ©sents. En rĂ©sumĂ©, les mĂ©dias sont normatifs mais les citoyens ne sont pas forcĂ©ment dupes. Monique Caron-Bouchard : Tout le monde sâaccorde Ă dire : « Oui, les mĂ©dias ont un pouvoir normatif. » Mais du fait de la diversitĂ© des mĂ©dias, de 20
lâaccessibilitĂ© et de lâinteractivitĂ© diffĂ©rentes que prĂ©sentent ces mĂ©dias, leur pouvoir est plus diffus. Et donc plus dangereux peut-ĂȘtre. Dans cet environnement, il y a de fortes chances que nous soyons marquĂ©s par ces messages et que cela laisse des traces. S. H. : Nous pouvons imaginer que les mĂ©dias â tĂ©lĂ©vision, Internet, presse Ă©crite â ne font que vĂ©hiculer un message construit en amont. Est-ce le cas ? L. R. : Il existe, dans le paysage audiovisuel surtout, des plages qui ne sont construites que pour vĂ©hiculer un message venu dâailleurs. Je mâintĂ©resse plus particuliĂšrement aux formes plus insidieuses. Regardez les Ă©missions de divertissement. Elles ont un pouvoir trĂšs fort vis-Ă -vis du public. Sans doute estce la raison pour laquelle nous trouvons dans ces Ă©missions des Ă©lĂ©ments, pour ne pas dire des messages, qui indiquent comment manger, quoi manger, comment se comporter⊠Bref, le vĂ©hicule est tĂ©lĂ©guidĂ©. Il y a aussi des formes plus « culturelles », comme les informations au cours desquelles sont exposĂ©es des prises de position pour ou contre la santĂ© publique. Cela Ă©tant, les mĂ©dias ne peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme de simples vĂ©hicules de transmission, la rĂ©alitĂ© est plus complexe. Car il y a des leaders dâopinion, des lobbies, des facteurs divers qui interviennent. M. C-B. : Câest certain. La fonction du mĂ©dia est diffĂ©rente car il est divers.
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Internet nâest pas la tĂ©lĂ©vision. La construction du message dĂ©pend, bien sĂ»r, de la forme que le mĂ©dia va proposer. Mais compte tenu de la diversitĂ© des messages et des Ă©metteurs, il est difficile de gĂ©nĂ©raliser. Parfois, le mĂ©dia agit comme un simple vĂ©hicule, un outil locomotive : un TGV possĂšde plusieurs locomotives qui peuvent aller dans deux directions, plus ou moins vite. NĂ©anmoins, le voyageur demeure dans son wagon et la locomotive passe par des voies quâil ne connaĂźt pas. Le domaine de la santĂ© traitĂ© dans les mĂ©dias, câest la mĂȘme chose. Le mĂ©dia dĂ©cide de faire une sĂ©rie dâĂ©missions et il a le pouvoir Ă©ditorial. Mais il va partager cet espace avec tout un ensemble dâacteurs. S. H. : Quelle influence peut avoir une mise en forme mĂ©diatique sur la transmission dâun message ? L. R. : Placer une corbeille de fruits sur une table dans une Ă©mission de variĂ©tĂ©s est plus important, selon nous, que de vanter tel ou tel produit sucrĂ©. Nous avons crĂ©Ă© notre groupe de recherche sur les mĂ©dias et la santĂ© pour « faire le pont » entre les acteurs de lâunivers des mĂ©dias et ceux de lâunivers de la santĂ©. Aujourdâhui, manger des fruits, notamment au travers de la campagne « 5/30 » (2) que nous avons Ă©tudiĂ©e dans notre ouvrage, est entrĂ©, par lâimage, dans un certain nombre dâĂ©missions. Cela veut dire que la mise en forme a de lâimportance. Je prĂ©fĂšre bien sĂ»r celle qui est positive.
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lesquelles vous avez travaillez â, comment les publics Ă©tudiĂ©s rĂ©agissent-ils face aux messages santĂ© qui leur sont envoyĂ©s ?
Je ne bois pas Je ne fume pas Je ne me drogue pas Je mange 5 fruits et lĂ©gumes Je porte un casque Ă vĂ©lo Jâai peur du mĂ©lanome Je me dĂ©piste Ă donf Je ne veille pas trop tard Mon alimentation est super folatĂ©e Je me lave les mains Je surveille ma piscine Jâaimerais bien quâon me change un peu dâeau de temps en temps
M. C-B. : La rhĂ©torique de lâimage est effectivement intĂ©ressante Ă Ă©tudier. Il est certain que le visuel, le langage, la forme, plus coercitive et plus coincĂ©e ou, au contraire, plus ludique et permissive, dĂ©terminent la rĂ©action du public. La santĂ© sâadresse Ă lâindividu avant tout, câest pour cela quâau-delĂ de lâhabillage il y a avant tout la recherche de lâinformation simple, captive. Je crois, en matiĂšre de santĂ© publique, Ă la force de lâinteractivitĂ©. La forme de lâimage la plus performante, pour moi, est celle grĂące Ă laquelle nous pourrons correspondre. S. H. : Dans les recherches que vous avez menĂ©es, les publics « rĂ©cepteurs » Ă©tudiĂ©s ont-ils conscience du parcours dâune information ou dâun message santĂ© ? L. R. : Je suis trĂšs surprise par le niveau de connaissance des personnes que nous avons rencontrĂ©es lors de notre recherche. Elles connaissent la provenance des messages. Mieux, jâai dĂ©couvert que, souvent, ces personnes font par elles-mĂȘmes le cheminement pour comprendre dâoĂč vient le message. Cela ne veut pas dire quâelles prennent le message pour argent comptant. Parfois, ce cheminement est nĂ©cessaire pour
L. R. : Remettons les pendules Ă lâheure. Nous avons constatĂ© que le « DĂ©fi santĂ© » (NDLR : programme mis en Ćuvre au QuĂ©bec) â un concours oĂč la personne sâengage Ă manger 5 fruits par jour et Ă avoir 30 minutes dâune activitĂ© physique â fonctionne dâabord auprĂšs dâun public prĂ©cis. Il est de classe moyenne. Il est volontaire. Il a un cheminement personnel qui consiste Ă vouloir chercher de lâinformation. Le site Internet est trĂšs bien construit. Et, selon moi, il fonctionne dâune maniĂšre forte car le mĂ©dia est adaptĂ© aux messages simples prodiguĂ©s et son utilisation permet une navigation Ă la fois ludique et prĂ©cise. Il demeure tout de mĂȘme que, malgrĂ© cette restriction apparente, nous voyons apparaĂźtre des signes positifs dans les comportements alimentaires et physiques du public.
mieux le contrecarrer. Nâoublions pas que nous sommes dans un domaine bien particulier qui est celui de la santĂ©. Le tĂ©lĂ©spectateur est intelligent face Ă lâimage santĂ© car celle-ci est tournĂ©e vers lâindividu. M. C-B. : Dans les groupes que jâai consultĂ©s, jâai aussi constatĂ© que les individus ont lâintelligence du dĂ©cryptage de lâimage santĂ© et de la multiplicitĂ© et de la diversitĂ© des sources dâinformation. Dans leur paysage, il nây a pas que la tĂ©lĂ©vision gĂ©nĂ©raliste. Ils connaissent tous les parcours et ils sont conscients de lâusage de lâoutil et de son pouvoir. Je partage totalement cette notion dâimage sociale de la santĂ©. La question du vieillissement, de la solitude, les problĂšmes dâobĂ©sitĂ©, lâalimentation⊠Les gens en parlent beaucoup. Le mĂ©dia participe beaucoup de ces attentes personnelles. Et nous constatons que les hommes, les femmes, les plus nantis ou moins nantis veulent en savoir davantage sur le processus du traitement de lâinformation santĂ©. Le spectateur, ou consommateur dâun mĂ©dia interactif, a, Ă la fois, une image de la santĂ© sociale et personnelle. S. H. : Sur lâalimentation et lâactivitĂ© physique â deux thĂ©matiques sur
M. C-B. : Je reviens sur la simplicitĂ© des messages. Il sâagit bien dâune campagne positive, qui ne se fonde pas sur « ne pas » mais sur « voici ce que vous pouvez faire ». Le « DĂ©fi santĂ© » Ă©tait portĂ© par les diffĂ©rents types de mĂ©dias, en particulier Internet. Ce mĂ©dia rejoint de plus en plus tous les groupes dâĂąge, il façonne lâinformation Ă lâĂ©gard de la santĂ© et est un mode de communication interactive. S. H. : Comment regardez-vous la tĂ©lĂ©vision dĂ©sormais ? L. R. : Avec une certaine complicitĂ©. Nous continuons de rĂ©flĂ©chir en amont avec les producteurs pour que santĂ© et prĂ©vention soient pris en compte dans les images diffusĂ©es. Il faut du temps pour faire Ă©voluer une norme, mais quel plaisir quand, au dĂ©tour dâune prise de vue dans une fiction, par exemple, jâaperçois une corbeille de fruits ! Propos recueillis par Denis Dangaix
(1) Ouvrage collectif sous la direction de Lise Renaud. Les mĂ©dias et le façonnement des normes en matiĂšre de santĂ©. QuĂ©bec : Presse de lâuniversitĂ© du QuĂ©bec, coll. SantĂ© et sociĂ©tĂ©, 2007 : 328 p. (2) 5 fruits et 30 minutes dâactivitĂ© physique par jour.
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Entretien avec Christian Gautellier, directeur de la mission « Enfants, Ă©crans, jeunes et mĂ©dias » des CemĂ©a (Centres dâentraĂźnement aux mĂ©thodes dâĂ©ducation active), vice-prĂ©sident du Ciem (Collectif interassociatif enfance et mĂ©dia).
« LâĂ©ducation au regard est aussi indispensable Ă lâenfant que lâĂ©ducation au goĂ»t » Le lancement dâune deuxiĂšme chaĂźne de tĂ©lĂ©vision pour les bĂ©bĂ©s fin 2007 a suscitĂ© Ă©moi et dĂ©bat chez les acteurs Ă©ducatifs et politiques. Une occasion de nous interroger sur la relation qui lie le jeune spectateur au petit Ă©cran, le dĂ©veloppement psychologique de lâenfant et, plus largement, les interactions avec lâenvironnement familial et les enjeux dâune Ă©ducation aux mĂ©dias.
La SantĂ© de lâhomme : Vous vous ĂȘtes opposĂ©, il y a quelques semaines, au projet de la chaĂźne Baby first. Nâexiste-t-il pas une autre chaĂźne destinĂ©e aux bĂ©bĂ©s ? Christian Gautellier : Oui : le lancement de cette seconde chaĂźne destinĂ©e aux bĂ©bĂ©s a, effectivement, suscitĂ© une prise de position de notre part appuyĂ©e dâailleurs, et nous nous en rĂ©jouissons, par un avis allant dans ce sens de la direction gĂ©nĂ©rale de la SantĂ© le 16 avril dernier. Je vois, Ă travers cette mĂ©diatisation, la preuve que les rĂ©flexions que nous avons engagĂ©es, il y a maintenant des annĂ©es, sur les relations entre les mĂ©dias et la santĂ© ont permis de donner une certaine ampleur Ă ce sujet. Quand je dis « nous », il sâagit bien des associations professionnelles de pĂ©diatres, pĂ©dopsychiatres, psychomotriciens, Ă©ducateurs de jeunes enfants, associations Ă©ducatives, de parents et familiales reprĂ©sentĂ©es au Ciem. Baby TV, la premiĂšre des chaĂźnes de mĂȘme nature, a pris naissance, il y a plus dâune annĂ©e. Elle avait Ă©tĂ© lancĂ©e dâune maniĂšre moins agressive, plus discrĂšte, sur un concept de temps dâantenne diffĂ©rent. Sans doute, avons-nous Ă©tĂ© surpris quâune tĂ©lĂ©vision cible des bĂ©bĂ©s de 6 mois. Nous avons continuĂ© Ă travailler et Ă faire entendre nos arguments. 22
S. H. : Cet avis nĂ©gatif sâappuie-t-il sur des Ă©tudes prĂ©cises, des analyses ou sur des positions de principe ? Des Ă©tudes prĂ©cises sont de plus en plus disponibles. Et, câest important, nous remarquons quâelles vont dans le mĂȘme sens. Je citerai les travaux de Dimitri Christalis et de FrĂ©deric Zimmerman (1, 2) qui sont, selon moi, trĂšs en pointe dans la recherche sur les mĂ©dias et la santĂ© des jeunes enfants. Nous allons dâailleurs essayer de les faire venir en France en dĂ©cembre pour avoir une confrontation dâidĂ©es. LâoriginalitĂ© de leurs Ă©tudes est dans le suivi de bĂ©bĂ©s de moins de 3 ans, exposĂ©s trĂšs fortement Ă des Ă©crans. Ces enfants ont Ă©tĂ© observĂ©s durant des annĂ©es parallĂšlement avec dâautres qui, eux, nâavaient pas Ă©tĂ© soumis aux effets de la tĂ©lĂ©vision. Ces travaux complĂštent dâautres Ă©tudes, notamment menĂ©es en Allemagne, sur des enfants de 4 Ă 5 ans. Celles-ci sont basĂ©es sur des analyses des reprĂ©sentations que se font ces enfants de leur corps, de ce qui les entoure⊠Nous constatons que trĂšs peu dâenfants confrontĂ©s Ă des images Ă la tĂ©lĂ©vision, ont une reprĂ©sentation corporelle dâeux-mĂȘmes ou dâun adulte conforme Ă la rĂ©alitĂ©. Les reprĂ©sentations sont souvent difformes : trois bras, deux tĂȘtes⊠Et puis, nous le savons, mĂȘme sâil y a silence lĂ -dessus, aux
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Ătats-Unis, les organisations professionnelles, en particulier celles des pĂ©diatres, ont pris fermement position pour dĂ©conseiller, voire interdire la tĂ©lĂ© pour les jeunes de moins de 2 ans. Ces Ă©tudes convergentes existent et sont Ă la disposition de tous. Nous demandons dâailleurs, puisque des interrogations subsistent, que des moyens soient mis Ă disposition des Ă©quipes de recherche pour que nous puissions nous appuyer plus fortement sur des observations tangibles. S. H. : Vous rĂ©clamez lâapplication du principe de prĂ©caution. Vous souhaitez un dĂ©bat public. Pourquoi ? Nous avons aussi des convictions. Nous pensons quâaucune demi-mesure ne peut rĂ©pondre au risque grave de nuisance pour la santĂ© des bĂ©bĂ©s que reprĂ©sentent ces chaĂźnes. Le principe de prĂ©caution est, Ă nos yeux, trĂšs important. Je rappelle dâailleurs quâil est inclus, maintenant, dans la Constitution. Sâil y a un doute, je pense quâil est nĂ©cessaire de le mettre sur la place publique et, ainsi, tout faire pour Ă©viter de se retrouver, comme pour lâamiante, le tabac ou pour certains dossiers touchant Ă la santĂ©, dans dix ans, avec un problĂšme non rĂ©solu. Nous plaidons notre responsabilitĂ© de professionnels dâĂ©ducation, de santĂ©, celle de parents.
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Câest donc de notre responsabilitĂ© de dire quâil y a un certain nombre dâĂ©tudes dont les conclusions vont dans le sens dâun risque pour le dĂ©veloppement de lâenfant. En tant quâĂ©ducateur, jâajouterai quâau niveau des statistiques de dĂ©veloppement cognitif des enfants (processus par lesquels un ĂȘtre vivant acquiert des informations sur son environnement, Ndlr), nous savons bien que certaines activitĂ©s correspondent Ă diffĂ©rents niveaux dâĂąge. Ă 6 mois, la tĂ©lĂ©vision nâest pas une activitĂ© fondamentale. Elle prĂ©sente mĂȘme des risques pour le cerveau. Non, lâusage de lâĂ©cran ne peut sâenvisager â et encore, de maniĂšre Ă©quilibrĂ©e et entourĂ©e dâactivitĂ©s motrices plus relationnelles avec des approches conceptuelles â quâĂ partir de 3 ou 4 ans. LĂ , nous sommes dans une dĂ©marche Ă©ducative. S. H. : Comment les professionnels de la tĂ©lĂ©, les concepteurs et producteurs de contenu reçoivent-ils vos arguments ? Nous sommes dans une relation de dialogue et les choses ne peuvent se faire autrement. Mais concernant ces chaĂźnes tĂ©lĂ© pour bĂ©bĂ©s, je pense que nous avons franchi la ligne jaune. Nous savons bien que les industriels du contenu, comme nous les appelons parfois, se prĂ©occupent depuis fort longtemps de programmes adaptĂ©s Ă des tranches dâĂąge dĂ©finies. Mais depuis quelques annĂ©es, nous constatons des logiques de ciblage, qui sâadressent de plus en plus tĂŽt aux enfants : soit de maniĂšre directe Ă travers la publicitĂ© mais ce nâest pas le cas pour les chaĂźnes BĂ©bĂ©, soit de façon indirecte par rapport aux produits dĂ©rivĂ©s, y compris la quĂȘte de fidĂ©lisation oĂč nous retrouvons la cible « enfant ». Ce constat est identique si nous regardons des productions diverses pour enfants de 2 Ă 3 ans existant sur le marchĂ© comme des CD-Rom, des vidĂ©os, ou des programmes disponibles sur ordinateurs. Nous avons donc essayĂ© de sensibiliser les auteurs et les Ă©diteurs. Nous avons rĂ©ussi Ă poser le problĂšme sur le fond en termes de dĂ©veloppement Ă©ducatif, cognitif des trĂšs jeunes enfants, en Ă©vitant progressivement lâimage qui nous Ă©tait accolĂ©e par le passĂ© de porteur dâinterdits.
Aujourdâhui, ce nâest plus le problĂšme du contenu qui est immĂ©diatement posĂ©. Câest bien dâabord celui de lâexposition Ă des images. S. H. : Vous Ă©voquez la notion de risque pour le dĂ©veloppement cognitif de lâenfant. Y a-t-il, selon vous, un risque prĂ©sumĂ© de dĂ©pendance ? TrĂšs clairement, nous parlons de quoi ? Dâun moment dans la vie oĂč lâenjeu pour lâenfant va ĂȘtre de, progressivement, se sĂ©parer de la mĂšre. La dĂ©pendance sâinstalle quand le bĂ©bĂ© trouve un refuge dans cette sorte de chaleur produite par lâimage. Que se passera-t-il plus tard quand, devenu adolescent, il sera en difficultĂ© relationnelle ? Aura-t-il besoin en permanence dâun Ă©cran pour se sĂ©curiser ? Nous savons que lâaddiction Ă lâĂ©cran, aux jeux vidĂ©o, touche certains adolescents en recherche dâun monde persistant. La responsabilitĂ© de certains programmes est avĂ©rĂ©e. Lâoutil mĂ©dia a aussi sa part de responsabilitĂ©. Je parle dâoutil car nous pourrions Ă©voquer le cas de la tĂ©lĂ©phonie mobile, par exemple, qui lui aussi se transforme maintenant en Ă©cran. Nous nâavons pas encore vu lâeffet de la « tĂ©lĂ© bĂ©bĂ© » quinze annĂ©es aprĂšs. Comment allons-nous les retrouver ? Comme Ă©ducateur, jâajouterai que des corrĂ©lations sont observĂ©es dans le domaine de lâattention. Le mĂ©dia capte lâattention de lâenfant. Certaines Ă©tudes amĂ©ricaines Ă©voquent la notion dâhyper attention reposant sur la recherche de stimulation permanente, proposant Ă lâenfant sur des temps courts une consommation dâimages flashes, façon zapping... Nous sommes Ă lâopposĂ© dâune dĂ©marche Ă©ducative, plus en profondeur. Cette « deep attention » ou « attention en profondeur », doit permettre une vraie acquisition de connaissances et ainsi construire une dĂ©marche critique, avec la prise de distance nĂ©cessaire Ă toute comprĂ©hension.
principe de prĂ©caution, nous rĂ©clamons aussi la vigilance. Il y a des incertitudes sur le tĂ©lĂ©phone mobile, notamment sur un risque potentiel dĂ» Ă lâexposition des ondes. Nous estimons, Ă ce sujet, que lâobjet tĂ©lĂ©phone mobile peut correspondre Ă des stades de dĂ©veloppement et de socialisation de lâenfant entrant au collĂšge, par exemple. Nous recommandons quâil nây ait pas dâoffre de produits spĂ©cifiques pour les jeunes enfants. Cet Ă©quilibre est actuellement maintenu en France. LâAssociation française des opĂ©rateurs mobiles (Afom), avec qui nous discutons, sâest engagĂ©e, en relation avec le ministĂšre de la SantĂ©, Ă ne pas avoir de politiques commerciales en ce sens. Le risque est pourtant Ă nos portes. Avant NoĂ«l, des sociĂ©tĂ©s espagnoles ont proposĂ© des produits plus proches du jouet, avec trois ou quatre fonctions pour des jeunes enfants de 4-5 ans. Il faut rĂ©clamer cette vigilance car, en ce domaine, les chiffres des enfants de 6 Ă 10 ans possĂ©dant un tĂ©lĂ©phone mobile atteignent chez nous 25 %. En Angleterre ou en Italie, par exemple, ils sont deux fois plus nombreux. S. H. : Et sur Internet, portez-vous un regard particulier ? Câest un peu la mĂȘme chose. Tant que les adolescents nâont pas acquis une autonomie, quâils nâont pas eu les moyens dâavoir une Ă©ducation critique, câest-Ă -dire une Ă©ducation au choix, nous devons ĂȘtre vigilants. Nous pensons, et câest le rĂŽle du Ciem, quâun travail dâĂ©ducation et de formation doit ĂȘtre proposĂ© aux parents qui le souhaitent.
S. H. : Dâautres risques attribuĂ©s aux mĂ©dias appellent-ils, de votre part, une vigilance particuliĂšre ?
Sur les objets numĂ©riques, il y a une espĂšce de fascination, du reste bien entretenue par les opĂ©rateurs. Les familles ont leur mot Ă dire. Mais toutes les Ă©tudes le dĂ©montrent, peu de parents jouent le rĂŽle dâĂ©ducateurs face aux mĂ©dias et ainsi accompagnent leurs enfants dans cet univers particulier. Câest la raison pour laquelle nous sommes pour toute recherche de convergences entre les pouvoirs publics qui ont leur rĂŽle de rĂ©gulation, les industriels et les associations.
Il y a, bien sûr, tous les risques qui sont liés aux contenus des programmes et qui peuvent laisser un certain nombre de traces. Nous avons parlé du
S. H. : NĂ©anmoins, vous Ă©crivez (3) quâ« une politique seule de protection ne suffit pas ». Vous souhaitez « des actions dâĂ©ducation aux
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mĂ©dias diversifiĂ©s, inscrites dans un projet global ». Vous prĂŽnez « une Ă©ducation au regard ». Pourquoi ? Lâimage est partout. Et son caractĂšre nomade correspond Ă lâusage multifonctionnel que les mĂ©dias, dans leur ensemble, proposent. LâĂ©ducation au regard permet de dĂ©coder un certain nombre de reprĂ©sentations. Elle permet de comprendre lâenvironnement et aussi dâapprĂ©hender la notion de protection, ce droit Ă lâimage quâil est, selon moi, indispensable de donner aux enfants assez tĂŽt. LâĂ©ducation au regard est aussi indispensable pour la formation de lâindividu que lâĂ©ducation au goĂ»t, la quĂȘte du sens de lâalimentation. Nous travaillons sur la diĂ©tĂ©tique des Ă©crans, câest-Ă -dire lâesthĂ©tisme des images. Cela permet de faire rĂ©flĂ©chir sur la notion des Ă©motions relatives au sens
de lâimage. Câest particuliĂšrement vrai sur le sujet de la violence. Câest Ă©galement vrai sur la dĂ©couverte de la beautĂ©, de lâesthĂ©tisme. Mais, bien sĂ»r, sans occulter le lien avec le contenu. Cette Ă©ducation au regard nous apporte, aussi, nos propres rĂ©flexions en matiĂšre de mĂ©thodes. Pour simplifier, nous disons que pour casser le cĂŽtĂ© passif de lâimage, il faut mettre les enfants en situation de crĂ©er leurs images. Le tĂ©lĂ©phone mobile avec sa facultĂ© de capter de lâimage, de la consommer, est-il un mĂ©dia ? Et comment lâutiliser ? La technologie proposĂ©e est de plus en plus simple. Blogs, photos, vidĂ©os, portables⊠Le travail sur le regard est un outil pour le rĂ©cepteur, une Ă©ducation citoyenne.
â RĂ©fĂ©rences bibliographiques (1) Zimmerman F. J., Christakis D. A., Meltzoff A. N. Television and DVD/Video Viewing in Children Younger Than 2 Years. Archives of Pediatrics & Adolescent Medicine 2007; vol. 161: 473-9. (2) Christakis D. A., Zimmerman F. J., DiGiuseppe D. L., McCarty C. A. Early Television Exposure and Subsequent Attentional Problems in Children. Pediatrics 2004; vol. 113, n° 4: 708-13. (3) Gautellier C. Les jeunes et les mĂ©dias, un enjeu public. Vers lâĂ©ducation nouvelle, avril 2004 ; n° 514. Voir aussi plusieurs articles et documents sur le site des CemĂ©a : http://www.cemea.asso.fr
Propos recueillis par Denis Dangaix
Entretien avec Christine Ceruti, psychologue.
« La tĂ©lĂ©vision a une place dans le dĂ©veloppement de lâenfant » Nous avons interrogĂ© Christine Ceruti, auteur de lâouvrage « Apprendre Ă lire la tĂ©lĂ© » (1) sur cet « envahisseur », parĂ© de tous les maux comme de tous les attraits. Partant de son expĂ©rience de parent et de ses travaux menĂ©s en sciences de lâĂ©ducation, elle indique comment transformer le petit Ă©cran en outil de connnaissance. La SantĂ© de lâhomme : Est-ce la psychologue ou la mĂšre qui vous a poussĂ©e à « apprendre Ă lire la tĂ©lĂ© » ? Christine Ceruti : Je le dis dans lâavantpropos de mon livre en Ă©voquant le « gobie », ce poisson que les pĂȘcheurs marseillais connaissent bien. Ce poisson aux yeux globuleux avale, avec sa grande bouche, tout ce qui passe, y compris le moindre hameçon. Et bien, comme parent avec mes enfants et comme famille dâaccueil avec les jeunes de lâAide sociale Ă lâenfance que nous hĂ©bergeons, jâai constatĂ© que la demande de « tĂ©lĂ© » est extrĂȘmement forte et que lâon se trouvait face Ă une attitude de consommation partagĂ©e par tous les jeunes. Une immense majoritĂ© de familles est concernĂ©e par cette question. Alors si la mĂšre a Ă©tĂ© le dĂ©clencheur, câest la psychologue qui a, vite, emboĂźtĂ© le pas. 24
S. H. : Vous avez dirigĂ© votre Ă©tude vers lâĂ©cole, en partant naturellement de lâidĂ©e que lâinstitution Ă©ducative est, Ă©crivez-vous, « le lieu privilĂ©giĂ© pour comprendre et maĂźtriser le message tĂ©lĂ©visuel ». Est-ce rĂ©ellement cela ? Dans lâidĂ©e oui. Mais la rĂ©alitĂ© est contrastĂ©e. Les rĂ©ponses que je souhaitais trouver pour palier les difficultĂ©s dĂ©coulant de lâoutil « tĂ©lĂ© » ne pouvaient ĂȘtre que diffĂ©rentes de ce que les parents, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, utilisent. Comme le positionnement autoritaire, par exemple, ou, au contraire, la solution de facilitĂ©, pour Ă©viter les conflits, dâautoriser chacun Ă avoir son propre rĂ©cepteur. Je me refusais autant Ă la permissivitĂ© quâĂ lâinterdit. Alors, comment utiliser au mieux cet objet incontournable ? Comment faire pour quâun enfant en butte Ă des difficultĂ©s en matiĂšre
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dâacquisitions scolaires, en situation de rejet de lâĂ©cole mais attirĂ© par lâĂ©cran, captivĂ© par lâimage, puisse se servir de lâobjet tĂ©lĂ© ? Et ainsi, passer de lâimage « ingurgitĂ©e » Ă une image « mastiquĂ©e ». Jâen suis arrivĂ©e, tout naturellement, Ă une investigation de ce que propose lâĂ©cole. Et cette investigation sâest vite transformĂ©e en une interpellation car si des directives existent, elles ne sont pas toujours utilisĂ©es par lâĂ©cole faute de mĂ©thode pĂ©dagogique facilement applicable, surtout avec trente enfants ! Câest cela que jâai traitĂ© dans la seconde partie de mon livre. S. H. : Parmi les reproches adressĂ©s Ă la tĂ©lĂ©vision en matiĂšre Ă©ducative, quels sont ceux qui vous paraissent les plus fondĂ©s ? Ce sont la frĂ©quence et lâusage de la violence dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es, les
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S. H. : Quelles recommandations Ă©ducatives votre recherche vous permet-elle de proposer ?
On me dit dans lâoreillette quâil va ĂȘtre lâheure de dĂźner
Dans un premier temps, ne pas laisser les enfants seuls devant le petit Ă©cran Ă regarder nâimporte quoi. Et puis, il est utile de parler, dâĂ©changer avec les enfants sur ce quâils voient. Il est nĂ©cessaire de leur permettre de sâexprimer, quel que soit lâĂąge, et ainsi dire ce quâils ressentent. Câest ce que nous Ă©voquons par la catharsis (mĂ©thode psychothĂ©rapeutique reposant sur la dĂ©charge Ă©motionnelle liĂ©e Ă lâextĂ©riorisation du souvenir, ndlr), qui, en matiĂšre de tĂ©lĂ© va ĂȘtre « la parole exprimĂ©e par soi-mĂȘme ». Les parents ont donc toute leur place dans ce processus dâaccompagnement de lâenfant devant ce mĂ©dia.
dessins animĂ©s, les films et lâinformation qui arrivent en tĂȘte des reproches : la banalisation de la violence. Curieusement, certains psychologues nient lâimpact quâelle peut avoir sur lâĂ©ducation des enfants. Je pense que câest un problĂšme sĂ©rieux et jâajoute que la responsabilitĂ© des pouvoirs publics est, Ă mes yeux, engagĂ©e. Le second reproche est dans la non-utilisation de lâobjet comme cadre Ă©ducatif. Câest un outil. Et comme tout outil, nous pouvons nous en servir dâune maniĂšre ou dâune autre. Ce travail de formation et dâĂ©ducation aux mĂ©dias devrait ĂȘtre une fonction essentielle de lâĂ©cole. Tous les autres problĂšmes peuvent ĂȘtre rĂ©solus par le biais dâune dĂ©marche de comprĂ©hension du message.
vision. RĂ©flĂ©chissons Ă la place de la tĂ©lĂ©vision dans les familles et dans la progression et le dĂ©veloppement de lâenfant. Il est connu quâelle intervient dans le processus de socialisation. Dans les propos des enfants, petits et grands, vous relevez bien quâelle a de multiples rĂŽles. Câest un modĂšle, un vecteur de comportements. Elle vĂ©hicule des idĂ©es et des stĂ©rĂ©otypes. Ces effets sont Ă prendre en compte en matiĂšre dâĂ©ducation, pour ne pas subir les images accolĂ©es Ă des commentaires, avoir la possibilitĂ© de dĂ©cortiquer et donc dâutiliser au mieux ce quâelle nous propose.
S. H. : Vous Ă©crivez (2) que « la tĂ©lĂ© est un nouveau personnage pour lâenfant dans son Ă©ducation ». Que voulez-vous dire ?
Pas essentiellement, si ce nâest ce que les parents et les enseignants Ă©voquent : manque de sommeil, problĂšmes dâattention, manque dâactivitĂ© physique, boulimie⊠Ils constatent aussi ce que certains appellent les troubles de lâimaginaire. Les enfants ont besoin de se crĂ©er leur propre imaginaire et la tĂ©lĂ©vision le fabriquerait Ă leur place. Nous sommes dans un processus de modĂ©lisation. En revanche, je nâai pas constatĂ©, dans mon accompagnement dâenfants, dâimpacts forts en matiĂšre de santĂ©, tels les troubles du dĂ©veloppement cognitif.
Je fais rĂ©fĂ©rence Ă un poĂšme Ă©crit par des enfants de cours Ă©lĂ©mentaire (que jâavais placĂ© en exergue de mon DEA) qui interpellent les parents, lâĂ©cole et la tĂ©lĂ©vision, en tant quâĂ©ducateurs. On peut constater quâils passent plus de temps actif Ă lâĂ©cole quâavec leurs parents, et que, chez leurs parents, beaucoup de temps est accordĂ© Ă la tĂ©lĂ©-
S. H. : Avez-vous repéré, dans votre étude, des impacts en matiÚre de santé ?
Il est important aussi de savoir interdire. Et comme câest difficile, car vecteur de conflits, je recommande lâusage du magnĂ©toscope, de lâenregistrement. Il permet de choisir et de limiter lâusage dans le temps. Câest un outil qui donne une grande libertĂ©. Ne pas dire « non », mais « plus tard », cela nâa pas la mĂȘme fonction. Parler, Ă©changer, dĂ©cider du moment oĂč lâenfant va rĂ©ceptionner lâimage⊠Nous remplaçons la rapiditĂ©, la simplification, lâinstantanĂ©itĂ©, par le dialogue, lâinterrogation, le doute. Nous pouvons alors lui expliquer des usages, des codes, des pratiques. Nous nous intĂ©ressons ensemble Ă cette tĂ©lĂ©vision qui peut montrer beaucoup de choses et notamment de belles choses. Câest bien lĂ que se situe le rĂŽle, selon moi fondamental, de lâĂ©ducation Ă la tĂ©lĂ©vision. Susciter le dĂ©bat, le partage dâĂ©motions, le rire : les pĂ©dagogues savent que lâesprit critique se forme Ă la suite dâune observation de ses sensations, dâinterrogations, de distanciation analytique. Je suis persuadĂ©e, et câest le sens de mon interpellation envers lâinstitution scolaire, quâune Ă©ducation aux mĂ©dias doit ĂȘtre conçue comme un investissement dans le temps. LâĂ©cole, comme les parents, sont complĂ©mentaires dans cette Ă©ducation. Propos recueillis par Denis Dangaix
(1) Ceruti C. Apprendre Ă lire la tĂ©lĂ©. PĂ©dagogie et formation, outils et expĂ©riences. Paris : LâHarmattan, coll. Technologie de lâaction sociale, 2008 : 284 p. 2) page 53.
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Entretien avec Monique Dagnaud, sociologue, directrice de recherche au CNRS, spécialiste des médias.
« Lâadolescent construit une relation fusionnelle via le portable et Internet » Les adolescents sont Ă la fois virulents et peu critiques par rapport Ă la tĂ©lĂ©vision. Ils communiquent avec le tĂ©lĂ©phone portable, les messageries Internet et les blogs. La sociologue Monique Dagnaud dĂ©crypte la « relation fusionnelle avec leurs pairs », quâils Ă©tablissent par ces nouveaux modes de communication. Via les blogs, ils se prĂ©sentent, Ă©laborent leur personnalitĂ© ; ils sâĂ©prouvent dans leurs relations, construisent leur identitĂ©. La SantĂ© de lâhomme : Dans vos travaux de recherche sur les mĂ©dias, avez-vous identifiĂ© les jeunes comme de gros consommateurs de tĂ©lĂ©vision ? Monique Dagnaud : Les jeunes, quâils soient des enfants ou des adolescents, regardent beaucoup la tĂ©lĂ©vision mais, au contraire dâune idĂ©e reçue, ils la regardent beaucoup moins que les adultes. Les adultes passent en moyenne, chaque jour, 3 h 30 devant le petit Ă©cran, les jeunes environ 2 h 20. En mĂȘme temps, les jeunes sont plus attirĂ©s par ce que nous appelons « la culture digitale », câest-Ă dire Internet, les jeux vidĂ©o, les mobiles, que les adultes. Mais, lĂ encore, contrairement Ă certaines idĂ©es toutes faites,
le mĂ©dia tĂ©lĂ©vision nâa pas disparu pour autant de lâunivers des adolescents. S. H. : Comment la regardent-ils ? Cela dĂ©pend dâabord de lâĂąge du public concernĂ©. Si nous prenons les trĂšs jeunes, les moins de 8-10 ans, ils passeront plus de 50 % de leur temps dâĂ©coute devant des chaĂźnes qui, et câest le succĂšs des abonnements satellites, leur sont consacrĂ©es. Les observations rĂ©alisĂ©es sur les foyers possĂ©dant des abonnements le dĂ©montrent. Le temps global dâĂ©coute restera variable selon le mode de vie, la catĂ©gorie sociale des parents, les habitudes familiales. Ces chaĂźnes sont trĂšs adaptĂ©es Ă ce public. Elles cultivent le jeu, la bande dessinĂ©e,
Les jeunes et Internet : une rĂ©flexion europĂ©enne Depuis plusieurs annĂ©es, sâest engagĂ©e au niveau europĂ©en une rĂ©flexion autour de lâutilisation des mĂ©dias par les enfants et les jeunes, et plus rĂ©cemment sur lâutilisation dâInternet. Lâobjectif du programme europĂ©en « Safer Internet Plus » (2005-2008) Ă©tait de promouvoir une utilisation sĂ©curisĂ©e dâInternet et des nouvelles technologies par les enfants et les jeunes et de combattre les contenus illĂ©gaux. Ce programme a Ă©tĂ© reconduit en 2008 (« Safer Internet », 2009-2013). Dans ce cadre, le projet « EU Kids Online » propose de rassembler sur une mĂȘme plate-forme tous les efforts nationaux de recherche existant en Europe. Vingt et un pays se sont engagĂ©s dans ce projet qui a pour ambition de formuler des recommandations en termes de sĂ©curitĂ©, de littĂ©ratie et de sensibilisation des enfants et des jeunes face Ă Internet et ses contenus. En France, le site « Internet sans crainte » propose une information et des outils en ce sens : sâadressant aux familles et Ă la communautĂ© Ă©ducative, lâobjectif de cette initiative est de « favoriser une Ă©ducation critique Ă Internet, afin de promouvoir des usages plus responsables et sĂ»rs de ce mĂ©dia sur tous ses supports, fixes ou mobiles, par les jeunes ». JoĂ«lle Kivits
Voir http://www.eukidsonline.net/ En France, voir le projet http://www.internetsanscrainte.fr
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avec un cĂŽtĂ© pĂ©dagogique, de lâapprentissage⊠Les enfants les regardent. Nous pourrions dire, les « consomment ». Dans une recherche sur les enfants et la publicitĂ© (1), jâai constatĂ© que ces jeunes prennent plutĂŽt au premier degrĂ© ce quâils entendent. MĂȘme si, et câest important, ils ne confondent pas un programme avec un spot publicitaire et que, bien sĂ»r, la finalitĂ© commerciale de ce mĂȘme spot leur Ă©chappe totalement. Ils auront un cĂŽtĂ© un peu crĂ©dule face Ă ce mĂ©dia jusquâau moment oĂč lâenfant entrera dans lâadolescence. Cette pĂ©riode de la vie est lâĂ©poque de la construction de lâattitude critique. Elle sera trĂšs distancĂ©e, notamment vis-Ă -vis des mĂ©dias. S. H. : Chez les adolescents, les vecteurs interactifs comme Internet ou les tĂ©lĂ©phones mobiles ont-ils supplantĂ© la tĂ©lĂ©vision ? Non. La tĂ©lĂ©vision va devenir un mĂ©dia moins important car lâadolescent, simplement, entre dans cette culture « Internet », faite de contacts, de quĂȘtes relationnelles et de recherche de contenus. Avec Internet, nous sommes dans un univers ludique, interactif, oĂč lâĂ©change est fondamental. Par le biais des blogs, il y a moyen de faire une prĂ©sentation de soi-mĂȘme, de la musique que lâon aime ou que lâon joue. Internet offre Ă lâadolescent plus dâĂ©lĂ©ments pour sa construction, lâĂ©laboration de sa personnalitĂ©, pour apprendre Ă tisser des liens avec dâautres jeunes. Vous Ă©voquez le tĂ©lĂ©phone mobile. Aujourdâhui lâimmense majoritĂ© des jeu-
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nes, enfants compris, possĂšde un tĂ©lĂ©phone mobile. Ne pas en avoir, quand on est jeune, câest ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un extraterrestre. Avoir un mobile, câest non seulement un moyen pour la famille de suivre lâenfant mais, pour ce dernier, la possibilitĂ© de dĂ©velopper, comme Internet dâailleurs, une espĂšce de sociabilitĂ© exubĂ©rante. OĂč lâenfant se raconte. OĂč il se construit un monde en dehors des adultes. OĂč se construit la relation fusionnelle avec ses pairs. Internet et le tĂ©lĂ©phone mobile â nous les appelons des rĂ©seaux sociaux â incarnent cette idĂ©e dâun monde qui se façonne en dehors des adultes. LâaffectivitĂ© est forte entre gens du mĂȘme Ăąge. Ces mĂ©dias, au contraire de la tĂ©lĂ©vision, permettent au jeune utilisateur de sâĂ©prouver dans ses relations. Il se construit alors son identitĂ©.
dâautres, est perçu comme un systĂšme abrutissant, un instrument de propagande dĂ©formant la rĂ©alitĂ© et voulant reprĂ©senter un modĂšle de vie, de consommation collant Ă des idĂ©es dominantes. Les adolescents ont effectivement une attitude trĂšs critique Ă propos de la tĂ©lĂ©vision. Mais cela ne veut pas dire quâils ne la regardent pas. Beaucoup pensent : « La tĂ©lĂ© abrutit â tous les autres, entre parenthĂšses â mais moi, je suis conscient. » Cette attitude ne concerne pas que les adolescents. Elle est trĂšs gĂ©nĂ©ralement rĂ©pandue dans la sociĂ©tĂ©. Que vous alliez dans une assemblĂ©e populaire, dâintellectuels, dâenseignants⊠Vous avez toujours la parole dominante sur les mĂ©dias affirmant : « Ils nous manipulent. » Il nây a, peut-ĂȘtre, que les enfants qui ont encore une vision trĂšs crĂ©dule du petit Ă©cran.
S. H. : Dans votre dernier essai « La teuf » (2), vous dites que la télévision est perçue comme « un déversoir de clichés et de stéréotypes ». Vous précisez que « les jeunes ne sont pas dupes ». Ont-ils une lecture critique de ce qui passe par le petit écran ?
S. H. : Comment les adolescents restent-ils des spectateurs attentifs devant un mĂ©dia quâils critiquent tant ?
Oui et non ; en tous les cas, leur jugement sur la télévision est souvent trÚs virulent. Le média « télévision », plus que
La tĂ©lĂ©vision reste le mĂ©dia dominant. Je le compare Ă un Ă©cosystĂšme dans lequel nous vivons. Les adolescents, comme les adultes dâailleurs, sont attentifs Ă un matĂ©riel qui peut servir Ă rĂ©flĂ©chir sur soi, Ă Ă©laborer des idĂ©es,
Ă montrer. Mais notre sociĂ©tĂ© permet que, directement ou indirectement, nous sachions ce qui est vĂ©hiculĂ© dans les mĂ©dias. Nous sommes innervĂ©s par des informations et celles-ci jouent un rĂŽle dans la façon de penser, dans le langage, dans les reprĂ©sentations. Les mĂ©dias dĂ©coupent la rĂ©alitĂ© et la reconstruisent. Les Ă©missions de fiction, regardĂ©es par les adolescents, sont un bel exemple. Ces fictions reprĂ©sentent une sociĂ©tĂ© trĂšs centrĂ©e sur certaines couches sociales avec des hĂ©ros rĂ©currents, extrĂȘmement souverains, des personnalitĂ©s sympathiques⊠Ce dĂ©coupage de cette rĂ©alitĂ© filmĂ©e imprime les cortex, quoi que lâon en dise. S. H. : Les jeunes sont-ils capables dâidentifier lâĂ©metteur dâun message ? Sur la prĂ©vention, font-ils la diffĂ©rence entre messages publicitaires et information institutionnelle ? Non seulement les jeunes, et particuliĂšrement les adolescents, font la diffĂ©rence entre les messages mais, le plus souvent, ils le comprennent. Pour certains types de messages, la prĂ©vention notamment, ils les approuvent. Ne croyons pas que les jeunes ne comprennent pas bien la sociĂ©tĂ© dans
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laquelle nous sommes. Cette sociĂ©tĂ© est largement dĂ©cryptĂ©e par lâĂ©cole et bien sĂ»r par une lecture critique, comparative des mĂ©dias. Le jeune est trĂšs informĂ© mais⊠je vais prendre lâexemple de la SĂ©curitĂ© routiĂšre. Les campagnes utilisent des vecteurs diffĂ©rents pour essayer de faire passer un message prĂ©cis, comme lâimage choc, lâutilisation de lâenfant, lâĂ©motion. Les jeunes connaissent parfaitement les recommandations de la SĂ©curitĂ© routiĂšre. En revanche, dans leur comportement, nous constatons des attitudes inverses. La jeunesse est un moment de transgression. Dans la « teuf », la fĂȘte est trĂšs souvent accompagnĂ©e de beaucoup dâalcool, Ă©ventuellement dâautres produits toxiques. Il y a cette adrĂ©naline liĂ©e Ă la vitesse. Jâai constatĂ© que ces jeu-
nes, Ă jeun, ont un discours trĂšs rationnel, trĂšs raisonnable. Ils dĂ©montrent une grande compĂ©tence pour comprendre le monde social. En mĂȘme temps, ils sont capables de pratiques en rupture avec les recommandations sanitaires quâils ont intĂ©grĂ©es. MĂȘme chose pour lâusage des prĂ©servatifs. S. H. : Quels sont les outils dont devraient disposer les jeunes pour exercer leur esprit critique ? Ce regard critique se construit essentiellement dans le rapport avec lâautre. Pour un adolescent, lâoutil, câest lâadulte. Ce peuvent ĂȘtre le parent, lâenseignant, un rĂ©fĂ©rent quelconque. La critique est nĂ©cessaire. La virulence envers la tĂ©lĂ© sâexplique aussi par le besoin de sâex-
primer. Lâoutil est bien la confrontation, la rencontre avec un autre. Internet ou le tĂ©lĂ©phone mobile sont aussi des vecteurs de dialogue et de confrontation. Propos recueillis par Denis Dangaix
â RĂ©fĂ©rences bibliographiques (1) Dagnaud M. Enfants, consommation et publicitĂ© tĂ©lĂ©visĂ©e. Paris : La Documentation française, coll. Ătudes de La Documentation française, 2005 : 106 p. (2) Dagnaud M. La teuf. Essai sur le dĂ©sordre des gĂ©nĂ©rations. Paris : Le Seuil, 2008 : 208 p.
Quelle place pour le dĂ©cryptage des messages mĂ©diatiques Ă lâĂ©cole ? LâĂ©ducation Ă lâesprit critique est une responsabilitĂ© de lâĂ©cole et figure dans les textes officiels. Le Centre de liaison de lâenseignement et des mĂ©dias dâinformation (Clemi) forme et outille les enseignants, en France, pour les aider Ă mettre en place une vĂ©ritable Ă©ducation critique aux mĂ©dias. Dans une sociĂ©tĂ© oĂč lâinformation a une place croissante, lâĂ©cole sâest prĂ©occupĂ©e dâarmer les Ă©lĂšves pour leur apprendre Ă dĂ©chiffrer les messages mĂ©diatiques. Les textes officiels qui sâappliquent dans les classes, les programmes scolaires de nombreuses disciplines mais surtout le socle commun de connaissances et de compĂ©tences1 qui fixe les repĂšres culturels et civiques constituant le contenu de lâenseignement obligatoire, dĂ©finissent tous lâobligation de mettre en place une Ă©ducation aux mĂ©dias.
tre Ă critique et mettre Ă distance lâinformation ; savoir distinguer virtuel et rĂ©el ; ĂȘtre Ă©duquĂ© aux mĂ©dias et avoir conscience de leur place et de leur influence dans la sociĂ©tĂ© ». Le ministre de lâĂducation nationale, Xavier Darcos, prĂ©cise bien que « la formation du regard et de lâesprit critique fait partie des missions de lâĂducation nationale »2. Il est dâautant plus important que lâĂ©cole prenne en charge cette Ă©ducation que de rĂ©cents textes europĂ©ens3 font obligation de mettre en Ćuvre cette Ă©ducation.
Pour se prĂ©parer Ă sa vie de citoyen, lâĂ©lĂšve doit, en effet, ĂȘtre capable de « jugement et dâesprit critique, ce qui suppose : savoir Ă©valuer la part de subjectivitĂ© ou de partialitĂ© dâun discours, dâun rĂ©cit, dâun reportage ; savoir distinguer un argument rationnel dâun argument dâautoritĂ© ; apprendre Ă identifier, classer, hiĂ©rarchiser, soumet-
En France, câest le Clemi (voir encadrĂ©) qui, depuis vingt-cinq ans, est chargĂ© de lâĂ©ducation aux mĂ©dias dans lâensemble du systĂšme Ă©ducatif4. En formant les professeurs Ă lâĂ©ducation aux mĂ©dias et en accompagnant les enseignants dans leur production mĂ©diatique, le Clemi accomplit sa mission de service public.
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Enseignants en visite dans les mĂ©dias Avec plus de six cent cinquante visites dans les mĂ©dias organisĂ©es chaque annĂ©e pour les enseignants stagiaires, le Clemi permet de dĂ©couvrir toutes les Ă©tapes de la production mĂ©diatique et donc de comprendre son mode de production. Assister Ă une confĂ©rence de rĂ©daction lors de la visite dâune radio, dâun journal, dâune tĂ©lĂ©vision ou dâune agence de presse sont un des moyens mis en Ćuvre pour aider les enseignants Ă comprendre ce quâest la hiĂ©rarchie de lâinformation, le choix des sujets, les angles retenus. Ătre prĂ©sent dans une rĂ©gie tĂ©lĂ©, oĂč les images arrivent en continu et sont choisies puis lĂ©gendĂ©es par les journalistes, sont une des façons dâassister Ă la fabrication de lâinformation. Assister Ă ce processus permet ensuite aux enseignants de montrer aux Ă©lĂšves comment lâinformation est une construction.
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Rencontres enseignants/ professionnels des mĂ©dias Le travail du Clemi en partenariat avec les professionnels des mĂ©dias est unique. Rapprocher deux mondes qui sâignorent habituellement permet dâaider les enseignants Ă dĂ©crypter les mĂ©dias mais Ă©galement les journalistes Ă mieux apprĂ©hender le systĂšme scolaire. Quand Pierre Haski, fondateur de « Rue 89 », vient rencontrer les enseignants stagiaires, il leur permet de comprendre les dessous dâun mĂ©dia. Sâinterroger sur la place accordĂ©e aux non-journalistes amĂšne lâenseignant (puis lâĂ©lĂšve) Ă sâinterroger plus largement sur la place des experts et des lecteurs-citoyens dans un mĂ©dia. En organisant des formations pour les enseignants au cĆur de manifestations comme les rencontres de « Visa pour lâimage », Ă Perpignan, ou le « Festival du scoop et du journalisme », Ă Angers, le Clemi arme les enseignants qui souhaitent travailler sur lâimage. Ă Perpignan, dĂ©coder la photo de presse et comprendre le photojournalisme sont les objectifs affichĂ©s de ce
stage qui aboutit à la production de matériel pédagogique distribué ensuite aux enseignants qui visitent le festival avec leurs élÚves.
suasion mis en Ćuvre dans leur fabrication est Ă©galement une activitĂ© communĂ©ment pratiquĂ©e dans les Ă©coles dĂšs le plus jeune Ăąge.
Fiches pédagogiques et produits multimédia
Mettre Ă disposition des enseignants des images de qualitĂ© est Ă©galement un moyen de favoriser la lecture de lâimage dans les classes. Avec lâenvoi de 15 000 cĂ©dĂ©roms intitulĂ©s « Lire la photo avec lâAgence France-Presse », rĂ©alisĂ© en partenariat entre le Clemi et lâAFP, les enseignants peuvent apprendre aux Ă©lĂšves Ă lire une image. Le texte inclus dans le cĂ©dĂ©rom dâune juriste spĂ©cialiste des questions juridiques de droit Ă lâimage permet Ă©galement aux enseignants dâĂ©largir la rĂ©flexion sur les questions du droit Ă lâimage.
Chaque annĂ©e, un dossier pĂ©dagogique recueillant un certain nombre de fiches pĂ©dagogiques, de fiches dâinformation et de fiches-conseils Ă©galement en ligne sur le site Internet du Clemi, est envoyĂ© aux 15 000 enseignants inscrits Ă la Semaine de la presse et des mĂ©dias dans lâĂ©coleÂź5. Ces fiches accompagnent lâenseignant dans sa classe en lui proposant contenu et dĂ©marche pĂ©dagogique. Apprendre Ă avoir un regard critique sur les chiffres proposĂ©s dans les mĂ©dias fait, par exemple, lâobjet dâune fiche pĂ©dagogique Ă exploiter en mathĂ©matiques. Montrer quâĂ la source de lâinformation se trouve le plus souvent une dĂ©pĂȘche dâagence, dĂ©cortiquer la structure dâune dĂ©pĂȘche sont des exercices que les enseignants peuvent facilement mettre en Ćuvre dans leur classe. DĂ©coder les messages publicitaires pour aider les Ă©lĂšves Ă repĂ©rer les procĂ©dĂ©s de per-
3 x (2a + 3b) =
Je vais demander lâavis du public !
RĂ©pondre aux sollicitations des enseignants qui souhaitent produire des objets mĂ©diatiques avec les jeunes est Ă©galement un axe de travail important. Le concours « Reportage », en partenariat avec Arte, consiste Ă demander aux Ă©lĂšves de monter en Ă©quipe ou en solo un reportage vidĂ©o de trois Ă six minutes Ă partir dâune sĂ©lection de rushes dâArte. Quoi de plus formateur que de monter un film ? Câest souvent en produisant un objet mĂ©diatique (journal scolaire, web radio, blog, etc.) que les Ă©lĂšves prennent conscience de lâimportance des messages produits. Plus quâun cours oĂč ils sont passifs, la mise en activitĂ© autour dâune production, outre la forte motivation souvent constatĂ©e, permet dâĂ©duquer les Ă©lĂšves Ă la construction dâune information.
Des vidĂ©os Ă utiliser en formation ou en classe Câest avec cette idĂ©e en tĂȘte que le Clemi a demandĂ© Ă la TĂ©lĂ© Libre de rĂ©aliser un film intitulĂ© « Les fabricants dâinfo ». Ce film, en ligne sur le site Internet du Clemi, permet aux enseignants et Ă leurs Ă©lĂšves de dĂ©couvrir les dessous du montage. Effet Koulechov, choix de la musique, montage, le film insiste sur le rĂŽle du monteur dans la construction du message mĂ©diatique. Les modules « DĂ©cryptage » dĂ©veloppĂ©s en partenariat avec lâIna en ligne6 permettent aux enseignants de travailler sur la reprĂ©sentation dâun thĂšme Ă partir dâimages dâarchives. Lâapproche historique permet des comparaisons Ă©clairantes pour les Ă©lĂšves, câest une dĂ©marche pĂ©dagogique motivante
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pour aborder le dĂ©cryptage de message. Les diffĂ©rents spots de campagne prĂ©sidentielle, la façon dont le sport est tournĂ© Ă la tĂ©lĂ©vision, la mise en scĂšne du journal tĂ©lĂ©visĂ© ou encore le rĂŽle du prĂ©sentateur sont des exemples de ces modules qui lient images dâarchives et commentaires. Câest alors la juxtaposition des images tĂ©lĂ©visĂ©es qui donne du sens au dĂ©cryptage.
Huit lettres : décrypte
Pas mieuxâŠ
Une dĂ©marche difficile Ă gĂ©nĂ©raliser Si les supports varient et Ă©voluent avec les nouvelles technologies, les objectifs restent inchangĂ©s : en formant les enseignants, il sâagit dâaider les Ă©lĂšves Ă se repĂ©rer pour comprendre le monde mouvant qui les entoure et Ă devenir des citoyens responsables malgrĂ© les freins mis en lumiĂšre par le rapport de lâInspection gĂ©nĂ©rale de lâĂducation nationale (Igen), LâĂ©ducation aux mĂ©dias : enjeux, Ă©tat des lieux, perspectives7. En effet, le morcellement des disciplines, les insuffisances de la formation, notamment au niveau de la formation initiale et, pour le premier degrĂ©, la trop faible sollicitation de la recherche dans ce domaine, la mĂ©fiance ancestrale et persistante Ă lâĂ©gard des images, la peur des idĂ©ologies vĂ©hiculĂ©es dans les mĂ©dias sont les obstacles Ă la fois dâordre structurel et culturel mis en avant par les inspecteurs gĂ©nĂ©raux pour expliquer que cette Ă©ducation reste encore lâaffaire dâenseignants militants convaincus du bien-fondĂ© de lâĂ©ducation aux mĂ©dias dans la perspective de leurs enseignements. Elsa Santamaria ChargĂ©e de mission au Centre de liaison de lâenseignement et des mĂ©dias dâinformation (Clemi).
1. DĂ©cret n°2006-830 du 11 juillet 2006. 2. Allocution prononcĂ©e par Xavier Darcos le 2 juillet 2007 devant le groupe de pilotage de la Semaine de la presse et des mĂ©dias dans lâĂ©coleÂź. 3. Voir les conclusions du Conseil du 22 mai 2008 concernant une approche europĂ©enne de lâĂ©ducation aux mĂ©dias dans lâenvironnement numĂ©rique, parues dans le Journal officiel de lâUnion europĂ©enne du 6 juin 2008. 4. DĂ©cret n° 2007-474 du 28 mars 2007. 5. La Semaine de la presse et des mĂ©dias dans lâĂ©coleÂź a lieu, depuis dix-neuf ans, chaque annĂ©e au mois de mars. Plus de 1750 mĂ©dias participent Ă cette opĂ©ration, la plus grosse du systĂšme Ă©ducatif. PrĂšs de 600 Ă©diteurs de presse envoient des exemplaires de journaux gratuitement dans les Ă©coles et les Ă©tablissements scolaires. 6. Sur le site de lâIna : http://www.ina.fr/ 7. Rapport n°2007-083, aoĂ»t 2007 dont les rapporteurs sont Catherine Becchetti-Bizot et Alain Brunet.
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PrioritĂ© Ă la formation des enseignants Le Centre de liaison de lâenseignement et des mĂ©dias dâinformation (Clemi) est lâorganisme au sein du ministĂšre de lâĂducation nationale chargĂ© de lâĂ©ducation aux mĂ©dias dans lâensemble du systĂšme Ă©ducatif depuis 1983. Former les enseignants Ă la connaissance des mĂ©dias et des circuits de lâinformation, Ă lâanalyse critique des messages dâinformation, Ă lâusage sĂ»r et critique des techniques de lâinformation et de la communication et Ă la production dâoutils et de messages dâinformation est lâune de ses principales missions. âą Centre de liaison, le Clemi est un relais privilĂ©giĂ© entre le systĂšme Ă©ducatif et les professionnels des mĂ©dias, il permet de bĂątir des projets communs, comme la Semaine de la presse et des mĂ©dias dans lâĂ©coleÂź. âą Accompagner lâexpression des Ă©lĂšves dans le cadre scolaire est un des objectifs du Clemi. En effet, le centre peut aider les enseignants Ă maĂźtriser les diffĂ©rentes Ă©tapes de fabrication dâun produit mĂ©diatique, de la conception Ă la rĂ©alisation. Le Clemi, pĂŽle associĂ© Ă la BibliothĂšque nationale de France, est dâailleurs le dĂ©pĂŽt pĂ©dagogique de tous les journaux scolaires. âą Centre de documentation, il Ă©dite aussi chaque annĂ©e des documents pĂ©dagogiques sur lâĂ©ducation aux mĂ©dias. âą Enfin, il initie des recherches, organise des colloques et participe Ă des publications. Expert Ă lâĂ©chelle internationale, il sâemploie Ă faire avancer la problĂ©matique de lâĂ©ducation aux mĂ©dias au plan international. Il coordonne des Ă©tudes ou des recherches internationales, organise des sĂ©minaires, notamment dans le cadre de la Commission europĂ©enne. En savoir plus : http://www.clemi.org
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DĂ©crypter les stĂ©rĂ©otypes publicitaires Ă lâĂ©cole Dans une Ă©cole de la rĂ©gion de Clermont-Ferrand, enseignants et formateurs aident les enfants de 8 Ă 11 ans Ă se forger un esprit critique face aux publicitĂ©s. Lâobjectif est de leur faire prendre conscience des stĂ©rĂ©otypes vĂ©hiculĂ©s en matiĂšre de publicitĂ©. Affirmation de soi, respect de lâautre et de son corps permettent de dresser un bilan trĂšs positif de lâamĂ©lioration des comportements des Ă©lĂšves au sein de lâĂ©cole. Le dĂ©veloppement de lâesprit critique est au cĆur de lâĂ©ducation Ă la santĂ© Ă lâĂ©cole. DĂšs lors que la finalitĂ© de lâĂ©ducation Ă la santĂ© nâest pas dâinculquer aux Ă©lĂšves de « bons » comportements contre de « mauvais », le dĂ©veloppement de lâesprit critique et de la capacitĂ© Ă mettre Ă distance les pressions de toutes sortes deviennent des objectifs centraux. En effet, Ă©duquer Ă la santĂ© Ă lâĂ©cole, câest conduire chacun Ă se construire en rĂ©fĂ©rence aux conduites Ă risques (drogues illĂ©gales, alcool, tabac, prise de risque routier, violence, etc.), Ă ĂȘtre capable de prendre soin de soi et de respecter les autres (dans le domaine de la sexualitĂ© par exemple). Ăduquer Ă la santĂ©, câest permettre Ă la personne de faire des choix Ă©clairĂ©s et responsables, de garder sa libertĂ© vis-Ă -vis des drogues mais aussi des stĂ©rĂ©otypes ou de la pression des mĂ©dias et des pairs. La capacitĂ© de jugement et dâesprit critique est lâune des dimensions du socle commun de connaissances et de compĂ©tences, qui fixe les objectifs de lâĂ©cole obligatoire en France (1). Le texte prĂ©cise que les Ă©lĂšves devront « ĂȘtre Ă©duquĂ©s aux mĂ©dias et avoir conscience de leur place et de leur influence dans la sociĂ©tĂ© ; savoir construire leur opinion personnelle et pouvoir la remettre en question, la nuancer (par la prise de conscience de la part dâaffectivitĂ©, de lâinfluence de prĂ©jugĂ©s, de stĂ©rĂ©otypes). »
Un travail sur les publicitĂ©s tĂ©lĂ©visĂ©es Conduit dans une Ă©cole primaire situĂ©e en zone dâĂ©ducation prioritaire, le travail spĂ©cifique que nous prĂ©sentons ici a Ă©tĂ© construit autour de la distinction garçons-filles et des stĂ©rĂ©otypes publi-
citaires ciblant le jeune public. Ce travail dâĂ©ducation Ă la sexualitĂ© sâest appuyĂ© sur les instructions officielles dĂ©finissant les contenus scolaires pour les classes de CE2, CM1 et CM2. Et câest ainsi que les activitĂ©s proposĂ©es se sont ancrĂ©es, par exemple, dans lâenseignement disciplinaire « maĂźtrise de la langue » (cĆur de la mission de lâĂ©cole primaire). Il sâagit bien de travailler dans le cadre des diffĂ©rentes matiĂšres enseignĂ©es Ă lâĂ©cole et non dâen ajouter une nouvelle. Sous la conduite du maĂźtre ou de la maĂźtresse de la classe et de formateurs dâIUFM, le projet sâest dĂ©roulĂ© durant toute lâannĂ©e scolaire et a concernĂ© tous les enfants de 8 Ă 11 ans de lâĂ©cole. Le volet relatif aux mĂ©dias est lâun des trois pĂŽles intĂ©grĂ©s aux activitĂ©s de classe. Un autre concerne le dĂ©veloppement des compĂ©tences personnelles sociales et civiques, notamment Ă partir dâactivitĂ©s en littĂ©rature, avec lâalbum Yakouba (2), et le troisiĂšme, les connaissances scientifiques en rĂ©fĂ©rence Ă lâitem « reproduction des humains et Ă©ducation Ă la sexualitĂ© » des programmes scolaires (3). Il sâagit de « mettre Ă distance les stĂ©rĂ©otypes â dĂ©velopper lâexercice de lâesprit critique notamment par lâanalyse des modĂšles et des rĂŽles sociaux vĂ©hiculĂ©s par les mĂ©dias en matiĂšre de sexualitĂ© » (4). Le travail sur les mĂ©dias a portĂ© sur les publicitĂ©s tĂ©lĂ©visĂ©es pour enfants. Celles-ci sont en effet particuliĂšrement sexuĂ©es. Pour sâen convaincre, il suffit dâen regarder quelques-unes, notamment dans les tranches horaires du matin avant lâĂ©cole ou au cours des Ă©missions jeunesse. Les reprĂ©sentations
que la publicitĂ© pour des cĂ©rĂ©ales ou des jouets renvoie de la jeune fille ou du jeune garçon se nourrissent de stĂ©rĂ©otypes sur lâimage du corps ou encore sur la relation Ă lâautre. Une des finalitĂ©s a donc Ă©tĂ© de proposer aux Ă©lĂšves un temps de prise de recul sur les images publicitaires pour les « outiller », en rendant ces Ă©lĂšves Ă©metteurs et non plus seulement rĂ©cepteurs : dĂ©crypter et parler des images mais aussi produire leur propre spot publicitaire.
Du dĂ©cryptage Ă la rĂ©alisation dâun spot Pour la premiĂšre phase, un ensemble de cinq sĂ©ances de trente Ă quarantecinq minutes chacune a permis de conduire les Ă©lĂšves Ă identifier les espaces publicitaires afin de les faire verbaliser sur les diffĂ©rences selon les chaĂźnes (« On a de la publicitĂ© Ă la fin ou au milieu dâune Ă©mission », « il y existe plusieurs façons dâannoncer une publicitĂ© », « chaque chaĂźne a ses façons de le faire », « elle met toujours son logo »). Ensuite, Ă partir de deux publicitĂ©s trĂšs typĂ©es « filles » et « garçons » (des poupĂ©es et des motos tĂ©lĂ©commandĂ©es), ont Ă©tĂ© identifiĂ©s des arguments de vente en direction des filles ou des garçons afin de percevoir les stĂ©rĂ©otypes vĂ©hiculĂ©s dans le couple texte-image. Ce travail a Ă©tĂ© complĂ©tĂ© par une sĂ©ance demandant dâassocier aux hommes ou aux femmes un certain nombre de mĂ©tiers, de qualitĂ©s, dâaptitudes, ainsi quâune sĂ©ance portant plus spĂ©cifiquement sur les objets que lâon attribue aux femmes ou aux hommes. Pour la deuxiĂšme phase, il sâagissait de rĂ©aliser un spot publicitaire afin
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contribuer directement ou indirectement Ă cet objectif fondamental. Pour autant, on ne peut faire lâĂ©conomie dâun travail spĂ©cifique sur la question des mĂ©dias du fait de la place quâils tiennent dans la vie des enfants. Comme le rappelle la circulaire relative Ă lâĂ©ducation Ă la santĂ© Ă lâĂ©cole et au collĂšge, câest bien dâĂ©ducation Ă la citoyennetĂ© dont il est question ici : « Ă lâopposĂ© dâun conditionnement, lâĂ©ducation Ă la santĂ© vise Ă aider chaque jeune Ă sâapproprier progressivement les moyens dâopĂ©rer des choix, dâadopter des comportements responsables, pour lui-mĂȘme comme vis-Ă -vis dâautrui et de lâenvironnement. Elle permet aussi de prĂ©parer les jeunes Ă exercer leur citoyennetĂ© avec responsabilitĂ©, dans une sociĂ©tĂ© oĂč les questions de santĂ© constituent une prĂ©occupation majeure » (6). Mais ce travail ne sâarrĂȘte pas lĂ . Il a servi dâimpulsion pour la mise en place de rĂ©unions avec des parents dâĂ©lĂšves ou de stages en formation continue dâenseignants du premier degrĂ©. Frank Pizon, enseignant, maĂźtre formateur, Philippe Roussat, enseignant audiovisuel, Maryse Brossat, enseignante SVT, IUFM dâAuvergne, antenne de Moulins. Didier Jourdan, professeur des universitĂ©s, IUFM dâAuvergne, universitĂ© Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand.
â RĂ©fĂ©rences bibliographiques dâutiliser des arguments de vente en direction des filles ou des garçons et dâinventer un scĂ©nario pour permettre le tournage. Ce travail a Ă©tĂ© menĂ© Ă partir dâobjets proches du vĂ©cu des enfants (un CD dâun groupe de rap, un robot, une moto, un jeu de construction, une voiture et une poupĂ©e). Les Ă©tapes pour Ă©laborer le scĂ©nario se sont partagĂ©es en quatre phases : 1) choisir un produit que lâon veut vendre ; 2) chercher des arguments pour le vendre ; 3) Ă©crire une histoire qui donne envie dâacheter ; 4) dĂ©couper cette histoire en cinq ou six morceaux en choisissant les lieux de tournage et les personnages qui interviennent (le story-board prĂ©voyant la voix off). Le tournage et le montage ont Ă©tĂ© assurĂ©s par les enfants. Lâensemble a Ă©tĂ© ensuite mis en lien avec les autres dimensions du travail en Ă©ducation Ă la sexualitĂ© (5). 32
Se prĂ©parer Ă exercer sa citoyennetĂ© En matiĂšre dâĂ©valuation, la qualitĂ© des productions des Ă©lĂšves est rĂ©vĂ©latrice de leur investissement dans ce travail. MĂȘme si un tel projet ne rĂ©sout pas tout, il apparaĂźt quâau-delĂ du dĂ©veloppement des compĂ©tences langagiĂšres des Ă©lĂšves la qualitĂ© des relations garçons-filles sâest amĂ©liorĂ©e dans lâĂ©cole. Un regard diffĂ©rent a Ă©galement Ă©tĂ© portĂ© par les enseignants sur la thĂ©matique de la diffĂ©rence et du respect de lâautre grĂące au rapprochement des activitĂ©s de classe de lâunivers tĂ©lĂ©visuel de leurs Ă©lĂšves. Le dĂ©veloppement de lâesprit critique est au cĆur de la mission Ă©mancipatrice de lâĂ©cole. Toutes les activitĂ©s (en français, en sciences ou plus largement en Ă©ducation Ă la santĂ©) peuvent
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(1) « Les compĂ©tences sociales et civiques » du socle commun de connaissances et de compĂ©tences. DĂ©cret n°2006-830 du 11/07/ 2006 (Code de lâĂ©ducation, art. D122-2). (2) La fiche correspondant Ă lâexploitation de cet album est disponible sur le site de lâINPES http://www.inpes.sante.fr/index.asp ?page=60000/fiches %20educatives /index.asp (3) Bulletin officiel de lâĂducation nationale, hors-sĂ©rie n° 1, fĂ©vrier 2002, relatif aux programmes scolaires. (4) Circulaire n° 2003-027 du 17/02/2003 relative Ă lâĂ©ducation Ă la sexualitĂ© dans les Ă©coles, les collĂšges et les lycĂ©es. (5) Notamment Ă lâaide de lâalbum documentaire Question dâamour 8-11 ans, de V. Dumont, Nathan, 1998. (6) Circulaire n° 98-237 du 24/11/1998 relative aux orientations pour lâĂ©ducation Ă la santĂ© Ă lâĂ©cole et au collĂšge.
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« LâĂcole des papilles » pour rĂ©sister aux publicitĂ©s alimentaires Ă Saint-Priest, dans le RhĂŽne, le programme « Ăcole des papilles » permet aux 8-11 ans de comprendre lâĂ©quilibre alimentaire et les rouages de la publicitĂ©. LâĂ©valuation dĂ©montre que les enfants intĂšgrent ces connaissances et, dans certains cas, modifient leurs comportements alimentaires. Lâassociation ABC DiĂ©tĂ©tique1 Ă©labore une dĂ©marche Ă©ducative adaptĂ©e Ă la prĂ©vention de lâobĂ©sitĂ©, basĂ©e sur un discours positif et non injonctif visĂ -vis des recommandations alimentaires, et qui vise Ă partager les valeurs de plaisir, de convivialitĂ© et de respect des cultures. La prĂ©valence de lâobĂ©sitĂ© infantile peut atteindre des taux Ă©levĂ©s : 22,5 %2 des enfants sont touchĂ©s Ă Saint-Priest, ville de la banlieue lyonnaise. Des Ă©tudes montrent que la publicitĂ© tĂ©lĂ©visĂ©e est en partie responsable3. Ce contexte a incitĂ© lâassociation Ă dĂ©velopper lâesprit critique des enfants en mettant en place un programme financĂ© par le GRSP, « lâĂcole des Papilles », dans trois
Ă©coles de Saint-Priest, avec le soutien des directeurs dâĂ©cole, des enseignants, du service de santĂ© scolaire municipal, de la commune et des structures de quartier 4 . Lâobjectif est de donner aux enfants les moyens dâadopter des comportements favorables Ă leur Ă©quilibre alimentaire et adaptĂ©s Ă leurs besoins. Le public choisi est constituĂ© dâenfants de 8 Ă 11 ans. Cette pĂ©riode dite de latence est en effet propice Ă lâinvestissement des apprentissages et place en outre lâenfant comme « vecteur » de changement dans sa famille. De plus, le programme scolaire est favorable Ă cette intervention : alimentation et analyse de lâimage y figurent, ce qui permet de travailler Ă©troitement avec les enseignants. Le programme sâappuie sur les principes dĂ©finis dans le PNNS4 et sur le rĂ©fĂ©rentiel Ăducation Ă la santĂ© en milieu scolaire5.
DĂ©crypter les publicitĂ©s LâĂcole des papilles se dĂ©roule en dix sĂ©ances de 1 h 30 chacune, rĂ©parties sur deux annĂ©es scolaires et animĂ©es par deux membres de lâĂ©quipe associative.
LâannĂ©e 1 est consacrĂ©e aux savoirfaire (Ă©quilibre alimentaire, sortie au marchĂ©, cuisine). LâannĂ©e 2 est dĂ©diĂ©e Ă la publicitĂ© et ses rouages. Lâaction est ludique et scĂ©narisĂ©e pour permettre lâadhĂ©sion des Ă©lĂšves : ce sont des publicitaires, chargĂ©s de concevoir et de promouvoir une « boĂźte Ă goĂ»ter Ă©quilibrĂ© » auprĂšs de leurs parents. Au moyen dâoutils pĂ©dagogiques crĂ©Ă©s ou existants, ils dĂ©cryptent affiches et spots publicitaires afin dâintĂ©grer ce qui influence les comportements alimentaires. Suit une phase pratique avec lâĂ©laboration de la « boĂźte Ă goĂ»ter Ă©quilibrĂ© ». Ils lui donnent un nom, crĂ©ent un slogan, rĂ©flĂ©chissent aux arguments de vente et rĂ©alisent lâaffiche publicitaire correspondante, conformĂ©ment aux techniques de marketing quâils ont dĂ©couvertes. Comprendre le fonctionnement de lâemballage permet de crĂ©er le visuel de la boĂźte Ă goĂ»ter. DâĂ©tape en Ă©tape, les diĂ©tĂ©ticiens les accompagnent et apportent les connaissances nĂ©cessaires au dĂ©veloppement de leur esprit critique au sujet de lâalimentation.
Un enfant acteur de sa santé
Les murs du palais étaient faits d'épaisses tartines de bon pain, du plafond descendaient des lustres de tomates bien rouges ornées de délicats radis⊠NAN ! NAN ! On veut du chocolat !
LâĂ©valuation du processus et des rĂ©sultats6 a permis de mesurer les forces et les faiblesses du projet. On observe un Ă©cart significatif dans lâĂ©volution des connaissances sur lâĂ©quilibre alimentaire et la publicitĂ© (32 % comprennent que la publicitĂ© influence leur choix en dĂ©but dâannĂ©e contre 89 % en fin de projet). Cela joue sur leurs comportements : parmi les 67 % dâenfants connaissant la rĂšgle du goĂ»ter Ă©quilibrĂ©, 79 % lâappliquent. Les enseignants apprĂ©cient la « continuitĂ© sur les deux annĂ©es avec un travail en demi-groupe qui permet Ă chaque enfant dâexister ». Quant aux parents, ils sont 48 % Ă penser que lâĂcole des papilles peut avoir une influence sur leur alimentation en fin de premiĂšre annĂ©e et 61 % en clĂŽture de projet. Ils sont nombreux Ă se dĂ©placer au temps festif qui clĂŽt le programme (59 %). Certains points restent perfectibles. Les supports pĂ©dagogiques fournis ne sont pas encore suffisants pour per-
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mettre Ă lâenseignant de se saisir du programme. De mĂȘme pour la communication avec les familles : 94 % connaissent « lâĂcole des papilles » par leur enfant mais seulement 21 % par le biais dâautres sources (professionnels, quartiers, etc.). Les tables rondes parents/ professionnels qui leur sont consacrĂ©es sont trĂšs peu suivies (3 % de prĂ©sence). Enfin, le lien Ă©cole/quartier mĂ©rite dâĂȘtre plus dĂ©veloppĂ©. NĂ©anmoins, compte tenu des rĂ©sultats favorables de lâĂ©valuation, le programme a Ă©tĂ© reconduit et Ă©tendu Ă la ville de Villeurbanne sur la pĂ©riode 2008-2010. LâĂ©quipe dâABC DiĂ©tĂ©tique, Isabelle Darnis, Amandine VerchĂšre, SĂ©bastien Goudin. Remerciements Ă Jean-Pierre Gourdol.
1. Association loi 1901,crĂ©Ă©e en 2000, constituĂ©e de deux diĂ©tĂ©ticiennes et dâun diĂ©tĂ©ticien, tous diplĂŽmĂ©s dâĂtat, et financĂ©e principalement par le GRSP. 2. RelevĂ© des IMC sur un Ă©chantillon de 142 enfants du CE1 au CM1 rĂ©partis dans trois Ă©coles (filles et garçons confondus), par la mĂ©decine scolaire municipale en 2007. 3. Parmi les spots publicitaires ciblant des enfants, sept sur dix concernent des produits alimentaires, dont 70 % des produits sucrĂ©s (gĂąteaux, chocolat, glaces, barres chocolatĂ©es, etc.), cĂ©rĂ©ales et bonbons (Coon et al. 2001). 47 % des enfants dans la tranche des 8-14 ans dĂ©clarent que les publicitĂ©s quâils regardent leur donnent envie de manger ou de boire. 62 % dâentre eux demandent Ă leurs parents dâacheter les produits dont ils ont vu la publicitĂ© Ă la tĂ©lĂ©vision ; ils sont 91 % Ă dĂ©clarer obtenir ce quâils demandent (enquĂȘte INPES, octobre 2007). 4. Avec le concours du Centre de recherche et dâinformation nutritionnelles (Cerin) et de lâAssociation dĂ©partementale dâĂ©ducation pour la santĂ© (Ades) du RhĂŽne â Programme national nutrition-santĂ©. 5. Ăducation pour la santĂ© en milieu scolaire 6. DonnĂ©es traitĂ©es et analysĂ©es par LĂ©a Lystard.
Image du corps et stratĂ©gies de marketing AssociĂ©e Ă lâĂcole des papilles, lâAdes du RhĂŽne prĂ©pare, par ailleurs, un outil dâanimation pour les jeunes adultes sur la thĂ©matique « Image du corps et stratĂ©gies marketing des industries agro-alimentaires » en partenariat avec le conseil gĂ©nĂ©ral du RhĂŽne, les missions locales de Lyon, lâespace santĂ© jeunes de Lyon, La Mutuelle des Ă©tudiants (LMDE), lâuniversitĂ© de Lyon-1 pour la licence professionnelle alimentation santĂ©, ABC DiĂ©tĂ©tique et la clinique mĂ©dicouniversitaire Georges-Dumas. Cet outil sera diffusĂ© fin 2008.
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Un concours sur les addictions en Vaucluse Alcool, tabac, cannabis, lâĂ©vocation de ces substances auprĂšs des jeunes peut susciter la curiositĂ© et lâattirance pour des plaisirs inexplorĂ©s.
Des constats sur les consommations des jeunes⊠DiffĂ©rentes enquĂȘtes mettent en avant lâĂ©volution des consommations de produits psychoactifs chez les jeunes. La derniĂšre enquĂȘte Espad de lâInserm et de lâOFDT (1) souligne que les substances les plus expĂ©rimentĂ©es entre 12 et 18 ans sont lâalcool et le tabac. Le cannabis est la drogue illicite la plus consommĂ©e dans cette tranche dâĂąge. En rĂ©gion Paca, les bulletins RepĂšre SantĂ© 2006 de lâObservatoire rĂ©gional de la santĂ© (2) mettent en avant que les comportements tabagiques sont globalement similaires Ă ceux observĂ©s dans tout le pays : 33 % des jeunes fument quotidiennement. Les usages dâalcool sont Ă©galement identiques Ă la moyenne nationale (12 %) mais la consommation dâalcool fort est plus frĂ©quente. Entre 12 et 25 ans, un jeune sur quatre consomme de lâalcool une fois par semaine et 7 % dĂ©clarent quâil leur est arrivĂ© de boire au point de ne plus se souvenir de rien le lendemain. Enfin, concernant la consommation de cannabis, celle-ci est plus frĂ©quente en Paca parmi les adolescents et les jeunes adultes (12- 25 ans). Les rĂ©sultats de ces diffĂ©rentes enquĂȘtes incitent Ă dĂ©velopper des programmes de prĂ©vention des conduites addictives en direction des jeunes. Si nombreux dâentre eux sont axĂ©s sur les produits consommĂ©s et/ou les comportements de consommation, peu dâactions prennent en compte le contexte environnemental et sociĂ©tal des usages de produits psychoactifs.
âŠĂ un programme de dĂ©veloppement de lâesprit critique Câest ainsi que le Codes de Vaucluse en partenariat avec les institutions et les associations du champ de lâadolescence et de la prĂ©vention des addictions du dĂ©partement, propose aux jeunes, via un concours dĂ©partemental, de dĂ©velopper leur esprit critique en repĂ©rant et en analysant les influences auxquelles ils peuvent ĂȘtre soumis dans leurs consommations de produits psychoactifs (les copains, la famille, etc.) mais aussi par des dĂ©marches commerciales, (marketing, les lieux de fĂȘtes, etc.) (3). Au-delĂ , dâune simple rĂ©flexion sur les produits, il sâagit de les amener Ă rĂ©flĂ©chir aux mĂ©canis-
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mes dâattraction qui agissent sur eux. De lâĂ©laboration par des alcooliers de boissons si sucrĂ©es que le goĂ»t de lâalcool en est masquĂ© et dotĂ©es dâun packaging accrocheur (prĂ©mix), Ă une forme de publicitĂ© dissimulĂ©e pour mieux sâimposer (sponsoring), il sâagit de dĂ©coder les manipulations mises en Ćuvre dans les « coulisses » de ces plaisirs artificiels. Ce concours sâadresse aux jeunes ĂągĂ©s de 11 Ă 25 ans. Il sera proposĂ© durant lâannĂ©e scolaire 2008-2009 aux Ă©tablissements scolaires publics et privĂ©s, aux structures dâinsertion (missions locales, centres de formation) mais Ă©galement au domaine de lâĂ©ducation populaire (centres de loisirs, clubs jeunes, etc.). Permettre aux jeunes dâanalyser les informations et les expĂ©riences de façon objective et dâĂ©valuer les facteurs qui influencent leurs attitudes et leurs comportements, tel est lâenjeu de cette dĂ©marche de prĂ©vention participative et partenariale. Sabine Gras Adjointe de direction, ComitĂ© dĂ©partemental dâĂ©ducation pour la santĂ© de Vaucluse, Avignon.
Pour en savoir plus http://www.codes84.fr
â RĂ©fĂ©rences bibliographiques (1) Observatoire français des drogues et des toxicomanies, Institut national de la santĂ© et de la recherche mĂ©dicale. EnquĂȘte Espad 2003 en France â consommations de substances psychoactives des Ă©lĂšves de 12 Ă 18 ans, Ă©volutions entre 1993 et 2003. Saint-Denis : OFDT, Paris : Inserm, 2004 : 9 p. (dossier de presse). (2) RepĂšre SantĂ© n° 5, n° 6, n° 7. Marseille : ORS Paca, 2006. (3) BernĂšs C. Ătude « VulnĂ©rabilitĂ© et responsabilitĂ© des jeunes en matiĂšre de consommation ». INC Hebdo 2006 ; n° 1393 : 10 p.
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« DĂ©code le monde » pour dĂ©velopper lâesprit critique Chalut tiote biloute !!!
« DĂ©code le monde ! » est un outil pĂ©dagogique composĂ© dâun guide, dâun CD-Rom, dâun DVD. Conçu par le ComitĂ© dĂ©partemental dâĂ©ducation pour la santĂ© des Alpes-Maritimes 1, il a pour objectif de dĂ©velopper les compĂ©tences psychosociales des adolescents afin de prĂ©venir les conduites Ă risque. Une enquĂȘte auprĂšs des utilisateurs montre un degrĂ© de satisfaction Ă©levĂ©, et objective ses atouts et ses handicaps au regard de lâutilisation qui en a Ă©tĂ© faite. Nombre dâoutils pĂ©dagogiques en Ă©ducation pour la santĂ© sont centrĂ©s sur une thĂ©matique ou un produit : tabac, alimentation, etc., alors que « DĂ©code le monde ! » est construit dans une vision positive et globale de la santĂ©2. DestinĂ© Ă prĂ©venir les conduites Ă risques, il a pour objectif de dĂ©velopper les facteurs de protection de lâindividu. Il a Ă©tĂ© validĂ© par la commission de validation des outils pĂ©dagogiques de la Mildt en 2006.
â connaĂźtre les modalitĂ©s dâutilisation de lâoutil de 2 Ă 6 mois aprĂšs acquisition ; â identifier les leviers dâimplantation et la satisfaction. Cette Ă©valuation a Ă©tĂ© mise en place en juin 20073.
Câest un message subliminal du consortium de lâbaraque Ă frites
Apprécié mais pas toujours utilisé
pensĂ©e crĂ©ative des jeunes de 12 Ă 16 ans par rapport aux images, aux Ă©crits et aux dĂ©bats. Sâil vise lâĂ©tude de lâinfluence directe des mĂ©dias sur la santĂ©, il permet aussi dâĂ©largir la notion dâinfluence Ă lâensemble de lâenvironnement du jeune et lâaide Ă identifier ses rĂ©actions, ses Ă©motions, ses propres modes de rĂ©sistance, de prendre du recul pour gagner en autonomie. Ce programme sâarticule autour de quatre modules complĂ©mentaires : â « critique de lâimage » dĂ©busque le sens cachĂ© des publicitĂ©s, leur mode de sĂ©duction, de rĂ©alisation et les moyens dây rĂ©sister ; â « critique des dĂ©bats », organisĂ© autour dâun outil de communication : « la boussole du langage » ; â « critique de lâĂ©crit » repositionne les Ă©crits dans leur dimension subjective ; â « production » permet une remobilisation des connaissances via la production dâune affiche de promotion de la santĂ© positive.
« DĂ©code le monde ! » a pour objectif de dĂ©velopper lâesprit critique, la
Lâobjectif de lâenquĂȘte tĂ©lĂ©phonique menĂ©e auprĂšs des premiĂšres structures ayant acquis lâoutil Ă©tait double :
1. Renseignements complĂ©mentaires : www.codes06. org 2. Approche globale qui prĂ©vaut dans la conception des outils dâintervention en Ă©ducation pour la santĂ© Ă lâINPES : LĂ©o et lâeau, LĂ©o et la terre, LĂ©a et lâair, LĂ©a et le feu, collection Les chemins de la santĂ©, outils destinĂ©s aux enfants de primaire ; Libre comme lâair, collection Comment ça va ?, outil destinĂ© aux collĂ©giens, Ă©ditions INPES. En savoir plus : www.inpes.sante.fr 3. ĂlĂ©ments du protocole dâenquĂȘte : â critĂšres dâinclusion : voir acquis lâoutil ou participĂ© Ă une formation Ă lâoutil entre novembre 2006 et le 15 mars 2007 ;
â recueil par questionnaire semi-directif ; Trente-trois structures contactĂ©es entre le 1er et 15 juin 2007. 4. Principaux freins Ă lâutilisation : le temps, la nĂ©cessitĂ© de travail partenarial : « Le programme sâinscrit dans la durĂ©e et nos temps dâinterventions sont trop ponctuels ». 5. En cours dâindexation dans la banque de prĂȘt. 6. Peu dâĂ©tudes publiĂ©es sur lâutilisation des outils, pourtant lâĂ©valuation est de plus en plus prĂ©gnante dans nos pratiques de terrain, il paraĂźt indispensable dâavoir le retour des utilisateurs sur nos outils « artisanaux».
Les premiers rĂ©sultats indiquent quâil existe un dĂ©calage entre intentions dâachat et utilisation effective. âą Animer le programme auprĂšs des jeunes : si prĂšs de 60 % des personnes interrogĂ©es ont achetĂ© lâoutil avec lâintention de le mettre en place, 25 % lâont effectivement implantĂ©4. âą Diffuser lâoutil, former Ă sa pratique : plus de 25 % des personnes interrogĂ©es avaient projetĂ© ou projetaient de mettre en place une prĂ©sentation ou une formation (dans le cadre dâĂ©changes de pratiques, dans lâoptique dâune lecture critique ou dâune programmation). âą Enrichissement documentaire : moins de 10 % des utilisateurs ont prĂȘtĂ© lâoutil alors que 25 % comptaient le faire5. Les principaux points forts de lâoutil : â il est jugĂ© clair, accessible et comprĂ©hensible par la totalitĂ© des personnes lâayant mis en place ; â le guide pratique et le CD-Rom, jugĂ©s bien prĂ©sentĂ©s, explicites. Leurs contenus facilitent lâappropriation des concepts ; â son adaptation au contexte scolaire, implantation majoritaire en collĂšge, puis en lycĂ©e ; â la flexibilitĂ© des angles dâapproche : 60 % des projets centrĂ©s sur les publicitĂ©s alimentaires, 33 % sur la prĂ©vention des addictions ; â lâutilisation « boĂźte Ă outils », le dĂ©coupage en plusieurs modules, qui permettent une implantation partielle du programme, notamment des modules « critique de lâimage » et « production ». Globalement, les utilisateurs sont satisfaits ou trĂšs satisfaits de lâoutil. Toutes les personnes en ayant mis en place une partie ont apprĂ©ciĂ© cette expĂ©rience et le conseilleraient Ă un collĂšgue. 75 % pensent en avoir retirĂ© des bĂ©nĂ©fices dâordre plus personnel (boussole du langage, aide pratique, aide mĂ©thodologique, etc.).
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Les deux principaux points faibles repĂ©rĂ©s sont : â le temps imparti au programme dans sa totalitĂ©, qui a rendu partielle lâimplantation ; â la tonalitĂ© « enfantine » du DVD malgrĂ© ses qualitĂ©s didactiques reconnues.
Ă expĂ©rimenter avant dâanimer Deux facteurs facilitent lâimplantation de lâoutil : son acquisition depuis plus de six mois et la participation Ă une formation (sur lâoutil ou lâĂ©ducation pour la santĂ©). Un temps dâappropriation de lâoutil est nĂ©cessaire et favorise son utilisation. Si cette Ă©valuation comporte plusieurs
biais â la taille de lâĂ©chantillon, les flous de mĂ©moire des rĂ©pondants â, elle apporte un Ă©clairage prĂ©cieux sur lâutilisation de lâoutil et permet dâenvisager des modifications du contenu6. Les rĂ©sultats nous interrogent sur les limites et la place dâun outil en Ă©ducation pour la santĂ©. Ce nâest pas lâoutil qui fait un projet, lâoutil est au service du projet. Ainsi, la pertinence du choix et de lâutilisation dâun outil est au carrefour de la problĂ©matique initiale du projet, du contenu de lâoutil et de lâadaptation qui peut ĂȘtre faite sur le terrain. Aux utilisateurs, on peut conseiller lâabsence de respect des outils originels et la libertĂ© fondamentale de les adapter au
contexte, posture rĂ©sumĂ©e par cette citation dâHenri Bergson : « En dĂ©finitive, lâintelligence⊠est la facultĂ© de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils Ă faire des outils, et dâen varier indĂ©finiment la fabrication. » Cet outil reste dâactualitĂ© tant dans ses concepts, que dans les textes (guide Mildt/Desco, socle commun de compĂ©tences, etc.). DorothĂ©e Bert ChargĂ©e de lâĂ©tude dâimplantation, Chantal Patuano Directrice, Corinne Roehrig MĂ©decin de santĂ© publique, Codes des Alpes-maritimes. Toutes trois coauteures de lâoutil.
Face aux images, « En route pour la vie » Dans les Bouches-du-RhĂŽne, des animateurs en santĂ© interviennent, dans les classes de CM2, sur lâĂ©ducation Ă la vie relationnelle et sexuelle. Ils travaillent en lien avec lâenseignant et lâinfirmier scolaire, en sâappuyant sur un module dâĂ©ducation pour la santĂ© intitulĂ© « En route pour la vie ». Cent soixantequinze classes du dĂ©partement en ont bĂ©nĂ©ficiĂ©. DĂšs le CM2 (10-13 ans), les enfants sont confrontĂ©s Ă des images ayant trait Ă la vie relationnelle et Ă la sexualitĂ© qui,
parfois, leur font violence et face auxquelles ils manquent dâespace dâĂ©change avec des adultes. Cette entrĂ©e dans la pubertĂ© oĂč ils voient leur corps se transformer correspond au passage au collĂšge avec toutes les questions que cela soulĂšve pour eux et leurs parents. Pour y rĂ©pondre, en 1999, le comitĂ© dâĂ©ducation pour la santĂ© des Bouches-duRhĂŽne (Codes 13) a Ă©laborĂ©, Ă destination dâĂ©lĂšves de CM2, « En route pour la vie »1, un module dâĂ©ducation Ă la vie relationnelle et sexuelle. Il sâintĂšgre au programme de lâĂducation nationale sur la reproduction humaine et la sexualitĂ©
Tout de suite aprÚs la pub, nous serons en ligne avec Gaëtan pour parler de sexe !!!
et a Ă©tĂ© conçu pour ĂȘtre prĂ©sentĂ©, en collaboration, par un animateur de santĂ©, le professeur et un infirmier de santĂ© scolaire. La frĂ©quence de lâanimation Ă©tant dâune sĂ©ance dâune heure par quinzaine, il est possible de suivre lâĂ©volution physique et psychologique des enfants sur une grande pĂ©riode de lâannĂ©e. Il sâagit de permettre aux adolescents de mettre des mots sur leurs interrogations, Ă©motions, sensations ; de comprendre ce qui est en jeu dans la relation Ă lâautre ; de susciter une rĂ©flexion sur lâĂ©galitĂ© entre filles et garçons ; de connaĂźtre et comprendre la sexualitĂ©, de se rĂ©aliser harmonieusement et dâĂȘtre responsable dans son projet de vie. Les parents sont systĂ©matiquement associĂ©s Ă une rĂ©union de prĂ©sentation du module ; ils restent difficiles Ă toucher et sont parfois rĂ©ticents aux interventions sur la sexualitĂ©. Pourtant, quand ils participent et prennent connaissance des outils utilisĂ©s dans le module, ils sont soulagĂ©s et intĂ©ressĂ©s, et posent des questions sur les changements quâils observent chez leurs enfants.
Parler de lâexpression des sentiments Ces concertations prĂ©alables et la connaissance que les intervenants du Codes ont des enfants permettent de mettre en Ă©vidence chez les Ă©lĂšves de 10 Ă 13 ans un rĂ©el besoin de connaissances en ce qui concerne les transformations du corps Ă la pubertĂ© et dâexpression des sentiments en fonction de 36
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la culture, du genre, des possibilitĂ©s de dialogue familial. Lâanimateur en santĂ© rencontre les enfants sur neuf sĂ©ances2 ; Ă partir des reprĂ©sentations de la santĂ©, le groupe Ă©labore une dĂ©finition commune de la santĂ©. Suivent : la connaissance du corps, lâanatomie, lâexpression des sentiments, la pubertĂ©, la reproduction, la grossesse, la contraception, les conduites Ă risque... De façon transversale, des dĂ©bats et des Ă©changes sont amenĂ©s par lâanimateur sur le thĂšme abordĂ© en le mettant en perspective avec le vĂ©cu et lâexpĂ©rience des enfants. Entre 2003 et 2008, « En route pour la vie » a Ă©tĂ© mis en Ćuvre dans cent soixante-quinze CM2 du dĂ©partement des Bouches-du-RhĂŽne et a concernĂ© 4 062 Ă©lĂšves. Lâaction se dĂ©roule essentiellement dans les quartiers de la Politique de la ville, oĂč le Codes 13 mĂšne des actions de santĂ© communautaire.
Associer les enseignants Fortement demandĂ© par les Ă©tablissements scolaires, ce module dâanimation demeure difficile Ă initier car il suppose une coanimation avec les enseignants sur un thĂšme sur lequel ils sont peu Ă lâaise. Toutefois, ces derniers apprĂ©cient dâentendre les enfants, qui ont beaucoup de choses Ă dire sur ce thĂšme. LâĂ©valuation de cette action montre que les enfants prennent
confiance en eux au fil des sĂ©ances et participent de plus en plus. GrĂące Ă lâĂ©volution du vocabulaire utilisĂ© et des questions soulevĂ©es, les intervenants constatent que les enfants acquiĂšrent des connaissances sur le corps, les organes reproducteurs et la sexualitĂ© mais aussi quâils modifient leur comportement. Ils prennent lâhabitude de sâĂ©couter avec respect et intĂ©rĂȘt. Les reprĂ©sentations que les filles et les garçons ont de lâautre sexe Ă©voluent : par exemple, lors dâune sĂ©ance, les garçons sont surpris de voir que certaines filles aiment jouer au foot et les filles sont surprises de dĂ©couvrir quâun garçon de la classe aime ĂȘtre coquet. Les enfants proposent des sujets de dĂ©bat en lien avec les images quâils reçoivent par les diffĂ©rents moyens de communication auxquels ils ont accĂšs : actualitĂ©s, sĂ©ries, Internet. Reviennent ainsi rĂ©guliĂšrement : â des questions en lien avec lâactualitĂ© (cette annĂ©e, par exemple, lâaffaire de sĂ©questration en Autriche dâune fille par son pĂšre) ; â des Ă©vĂ©nements vus dans les sĂ©ries tĂ©lĂ© en vogue (par exemple sur le thĂšme des grossesses prĂ©coces : une jeune fille de 12 ans dans Dr House) ; â des images vues Ă la tĂ©lĂ© ou dans les magazines (par exemple, les siamois et leur sĂ©paration) ; â des images pornographiques vues soit dans des films, soit sur Internet.
Un espace de parole Chacune de ces prĂ©occupations trouve un espace de parole pour que lâenfant puisse raconter ce quâil a vu, exprimer son ressenti ; et de dĂ©bat pour que les autres enfants interviennent et complĂštent. Lâanimateur rĂ©pond en utilisant le vocabulaire adaptĂ© et soulĂšve lui-mĂȘme des questions annexes pour relancer le sujet et faire en sorte que les enfants sâexpriment le plus possible ; et pour leur permettre dâanalyser et de prendre du recul sur ce quâils sont en train de dire ou sur les images quâils ont vues, en particulier sur la question de la normalitĂ©. Le Codes 13 poursuit, en 2008-2009, la mise en Ćuvre du module « En route pour la vie » dans les CM2 du dĂ©partement3. Nathalie Merle Directrice, Sylvaine Roustan Coordinatrice du programme, Codes des Bouches-du RhĂŽne, Marseille.
1. Mise en Ćuvre financĂ©e par lâĂtat dans le cadre PRS-J, Programme rĂ©gional de santĂ© des enfants et des jeunes de 1999 Ă 2004 et du Programme rĂ©gional de santĂ© publique (PRSP) depuis 2005 ; cofinancĂ© par le Contrat urbain de cohĂ©sion sociale (Cucs). 2. Outils et techniques utilisĂ©s : photolangageÂź, mimes, dĂ©bats, fiches pĂ©dagogiques, travaux de groupes (exposĂ©s et autres), vidĂ©o Au bonheur de la vie. 3. Le Codes 13 organise, le 7 octobre 2008, une journĂ©e de rĂ©flexion Ă destination des acteurs du dĂ©partement intitulĂ©e « SexualitĂ© et vie affective, oĂč en est-on ? ».
Jeunes en insertion : construire une pensĂ©e critique Dans le cadre du programme « SantĂ© des jeunes de 15 Ă 25 ans » du conseil rĂ©gional Languedoc-Roussillon1, les comitĂ©s dâĂ©ducation pour la santĂ© de la rĂ©gion2 rĂ©pondent aux nombreuses sollicitations des centres de formation pour intervenir auprĂšs des jeunes en insertion professionnelle3. Ces interventions, appelĂ©es « modules santĂ© », ont comme sujet principal la santĂ© globale (physique, psychologique et sociale). Elles sâadressent Ă des groupes trĂšs hĂ©tĂ©roclites composĂ©s de 10 Ă 15 stagiaires des deux sexes et dâorigine ou de nationalitĂ© diverse. Au cours de la centaine dâinterventions rĂ©alisĂ©es en 2007 auprĂšs de plus de 700 participants, on a constatĂ© que
ces jeunes cumulent des difficultĂ©s personnelles, relationnelles et sociales dĂ©favorables Ă leur insertion : dĂ©scolarisation prĂ©coce, inactivitĂ© professionnelle, prĂ©caritĂ© Ă©conomique, perte du lien social, mauvaise estime de soi, etc. Leurs difficultĂ©s se situent Ă©galement au niveau de leur santĂ© : consommation excessive de produits licites et illicites, alimentation non Ă©quilibrĂ©e, pas dâutilisation systĂ©matique du prĂ©servatif, tentative de suicide, etc. Les facteurs qui dĂ©terminent leurs comportements et concourent Ă leur mal-ĂȘtre sont nombreux et de diffĂ©rentes origines. Dans ce contexte, il ne convient pas de limiter les objectifs des interventions Ă une simple transmission de connaissances sur les risques ou les maladies.
Câest pourquoi les « modules santĂ© » visent Ă©galement le dĂ©veloppement des compĂ©tences psychosociales4 chez les jeunes qui leur permettent de se construire eux-mĂȘmes, de mieux comprendre la complexitĂ© de lâenvironnement dans lequel ils Ă©voluent, et donc de mieux rĂ©agir aux exigences et pressions de la vie quotidienne, dans leur relation Ă eux-mĂȘmes et aux autres. Il sâagit ainsi pour le jeune, dâune part, de favoriser lâacquisition de connaissances nĂ©cessaires pour ĂȘtre acteur de sa santĂ© et de lâaider Ă sâadapter Ă son environnement, et, dâautre part, de lâĂ©manciper, de le rendre libre et de lâaider Ă construire son autonomie. Ces interventions, animĂ©es par des Ă©ducateurs pour la santĂ©, sont scindĂ©es
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en deux sĂ©ances de trois heures. La premiĂšre sĂ©ance est organisĂ©e de façon Ă Ă©tablir dĂšs le dĂ©but un climat et un espace de communication et de confiance entre les participants afin de favoriser lâexpression et lâĂ©change sur leurs reprĂ©sentations de la santĂ©. La notion de santĂ© globale, les structures ressources en santĂ© et lâaccĂšs aux droits de santĂ© sont abordĂ©s Ă lâaide de plusieurs outils dâĂ©ducation pour la santĂ© et de diffĂ©rentes techniques dâanimation5. Ces animations encouragent les jeunes Ă ĂȘtre actifs, Ă exprimer leurs points de vue, tout en les invitant Ă accepter la diffĂ©rence et reconnaĂźtre le droit Ă lâerreur. Cette pĂ©dagogie active, permettant au stagiaire de partager son savoir, et ce climat participatif, oĂč il nây a ni bonne ni mauvaise rĂ©ponse, incitent les jeunes Ă sâexprimer de maniĂšre construite, Ă argumenter et Ă diffĂ©rencier leur opinion de celle des autres. Ils acceptent dâen dĂ©battre et de remettre en cause leur propre jugement. Le fait de critiquer et dâanalyser les informations et les expĂ©riences de façon objective leur apprend Ă reconnaĂźtre et Ă©valuer les facteurs qui influencent leurs reprĂ©sentations, leurs attitudes et leurs comportements, comme par exemple les mĂ©dias et la pression du groupe. Ainsi, ils dĂ©veloppent le sentiment dâun plus grand contrĂŽle et dâune plus grande maĂźtrise de lâenvironnement. Ces interventions, qui mettent en valeur les compĂ©tences non scolaires des jeunes, viennent donc modifier le regard quâils portent les uns sur les autres, et souvent renforcer la dynamique du groupe. Pendant la deuxiĂšme sĂ©ance, des thĂšmes et des problĂšmes choisis par les jeunes pendant la premiĂšre sĂ©ance sont abordĂ©s, notamment les addictions, le bien-ĂȘtre, la nutrition, et la vie affective et sexuelle. Pour chaque thĂšme, les Ă©ducateurs cherchent Ă favoriser lâexpression, la prise de conscience, la connaissance des effets et des risques, ainsi que lâidentification des lieux et professionnels ressources. Les thĂšmes sont tous abordĂ©s de maniĂšre globale en partant des prĂ©occupations, des reprĂ©sentations, des comportements et des expĂ©riences des jeunes, permettant ainsi Ă lâĂ©ducateur dâadapter son langage, de cerner leurs besoins prioritaires et de rĂ©pondre Ă leurs interpellations. Les outils ludiques et les techniques dâanimation interactives permettent Ă chacun de rĂ©flĂ©chir, de se 38
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questionner, dâĂ©changer et de rechercher des solutions, seul, en groupe, ou Ă lâaide du professionnel. Dans une telle atmosphĂšre, le jeune sâengage, ose poser des questions, exprimer ses prioritĂ©s et critiquer les informations. Il devient acteur de son apprentissage parce quâil sent quâon valorise son savoir, son vĂ©cu et ses expĂ©riences, et parce quâil a pris conscience de ce quâil a appris, de comment il lâa appris et de ce quâil pourrait encore apprendre. LâĂ©valuation des interventions montre que les jeunes sont prĂ©occupĂ©s par leur santĂ© et celle de leur entourage. La note globale attribuĂ©e par les participants aux « modules santĂ© » est de 8,9 sur 10. Ils disent avoir particuliĂšrement apprĂ©ciĂ© les outils et les techniques dâanimation, la libertĂ© dâexpression, lâambiance conviviale et lâaspect ludique. Ils estiment que les « modules santĂ© » leur ont permis de sâexprimer (93 % des jeunes), leur ont permis dâĂ©changer avec les autres (92 %) et de rĂ©flĂ©chir sur leur santĂ© (90 %). Par ailleurs, ils ont le sentiment dâavoir appris des choses sur les questions de santĂ© (93 %) et sur les droits Ă la santĂ© (81 %), et affirment que les « modules santĂ© » leur ont fait connaĂźtre les professionnels et les structures de santĂ© (82 %). Globalement, ces interventions correspondent aux attentes et aux demandes des stagiaires. On notera en outre que plus de 70 % des participants nâont pas rĂ©pondu Ă la question « Ce que vous nâavez pas aimĂ© ». Cependant, certains jeunes souhaiteraient que les « modules santĂ© » ne se limitent pas Ă deux sĂ©ances afin dâapprofondir certains thĂšmes et dâen aborder dâautres.
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Les rĂ©sultats de lâĂ©valuation viennent conforter le choix des comitĂ©s dâĂ©ducation pour la santĂ© de poursuivre les interventions sous la forme dâanimations participatives abordant la santĂ© de maniĂšre globale mais montrent Ă©galement la nĂ©cessitĂ© dâinscrire les « modules santĂ© » dans une dĂ©marche de longue durĂ©e. Cette approche globale des questions de santĂ©, centrĂ©e sur le jeune et ses besoins et sur le dĂ©veloppement des compĂ©tences psychosociales, confĂšre aux « module santĂ© » une plus-value. Toutefois, pour prolonger cette dĂ©marche, il serait nĂ©cessaire dâinscrire ces interventions dans le projet pĂ©dagogique et de crĂ©er davantage de lien entre les centres de formation et les autres acteurs de lâinsertion, de la prĂ©vention et de la santĂ©. Sven Schaul ChargĂ© de projets, ComitĂ© rĂ©gional dâĂ©ducation pour la santĂ© Languedoc-Roussillon.
1. « Programme de promotion de la santĂ© des jeunes de 15 Ă 25 ans », financĂ© par le conseil rĂ©gional Languedoc-Roussillon. 2. Les Codes de lâAude, du Gard, de la LozĂšre, des PyrĂ©nĂ©es-Orientales et le Cres du Languedoc-Roussillon. 3. Dans le cadre du programme dâAction prĂ©paratoire Ă lâinsertion du conseil rĂ©gional, les jeunes sont adressĂ©s vers les centres de formation par les missions locales pour suivre des stages dâinsertion. 4. Selon lâOrganisation mondiale de la santĂ© (1993), les compĂ©tences psychosociales recouvrent la capacitĂ© Ă rĂ©soudre un problĂšme, Ă prendre des dĂ©cisions, Ă avoir une pensĂ©e critique et crĂ©ative, Ă savoir gĂ©rer ses Ă©motions et son stress, Ă savoir communiquer efficacement, Ă ĂȘtre habile dans les relations interpersonnelles et Ă avoir conscience de soi et de lâempathie pour les autres. 5. Exemples dâoutils dâĂ©ducation pour la santĂ© et de techniques dâanimation favorisant lâexpression et/ou lâargumentation : CV imaginaire, PhotolangageÂź, Abaque de RĂ©gnier, etc.
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Pour en savoir plus Notre rapport aux mĂ©dias fait lâobjet de nombreux Ă©crits : tour Ă tour objet dangereux, manipulateur, violent, citoyen, Ă©ducatif, Ă©mancipateur, le mĂ©dia est prĂ©sentĂ© comme source du meilleur comme du pire. La question de lâĂ©ducation aux mĂ©dias est donc au centre du sujet mĂ©dias et santĂ© : elle renvoie Ă la « capacitĂ© des individus Ă obtenir, comprendre et utiliser des informations dâune façon qui favorise et maintienne une bonne santĂ©. » (Organisation mondiale de la santĂ© (OMS). CompĂ©tence en matiĂšre de santĂ©. In : Glossaire de la promotion de la santĂ©. GenĂšve : OMS, 1998 : p.11). AprĂšs quelques donnĂ©es gĂ©nĂ©rales sur lâĂ©ducation aux mĂ©dias, nous avons choisi des rĂ©fĂ©rences sur lâusage des mĂ©dias, leur influence sur les normes sociales et les comportements de santĂ©. Quelques rĂ©fĂ©rences traitent de la protection des mineurs face Ă la violence dans les mĂ©dias et face Ă Internet, sujet dâactualitĂ© qui fait lâobjet de nombreux Ă©crits. Enfin, une sĂ©lection dâoutils, de sites pĂ©dagogiques et dâorganismes est proposĂ©e. Les adresses des sites Internet mentionnĂ©s ont Ă©tĂ© consultĂ©es et vĂ©rifiĂ©es le 20/06/2008.
« Tout au long de la vie, plus on apprend et plus on connaĂźt, mais surtout plus vite on maĂźtrise et adopte des capacitĂ©s, habitudes et attitudes dâapprentissage efficaces â trouver comment, oĂč, auprĂšs de qui et quand rechercher et extraire lâinformation dont on a besoin mais quâon nâa pas encore acquise â plus on maĂźtrise lâinformation. Lâaptitude Ă appliquer et Ă utiliser ces capacitĂ©s, habitudes et attitudes permet de prendre des dĂ©cisions judicieuses en temps opportun pour faire face aux difficultĂ©s qui peuvent survenir sur les plans personnel et familial comme sur les plans de la santĂ© et du bien-ĂȘtre, de lâĂ©ducation, de lâemploi, de la citoyennetĂ© et autres. » Woody Horton JR F. Introduction Ă la maĂźtrise de lâinformation. Paris : Unesco, Division de la sociĂ©tĂ© de lâinformation, Secteur de la communication et lâinformation, 2007 : p. VII.
â Bibliographie DonnĂ©es gĂ©nĂ©rales âą BlindĂ© J. (dir.), Sampson F. (coord.), Desmarais L., Plouin J. Vers les sociĂ©tĂ©s du savoir. Rapport mondial de lâUnesco. Paris : Unesco, 2005 : 237 p. En ligne : http://unesdoc.unesco.org/images/0014/001418/141843f.pdf âą Clemi, ministĂšre de lâĂducation nationale. LâĂ©ducation aux mĂ©dias : de la maternelle au lycĂ©e. Paris : CNDP, coll. Pratiques innovantes, 2005. âą Commission nationale française pour lâUnesco. LâĂ©ducation aux mĂ©dias : enjeu des sociĂ©tĂ©s du savoir. [SynthĂšse et actes : sĂ©minaire euromĂ©diterranĂ©en organisĂ© par la Commission nationale française pour lâUnesco, 27-28 octobre 2005, Paris]. Paris : Unesco, 2005 : 25 p. âą Gonnet J. Ăducation aux mĂ©dias : les controverses fĂ©condes. Paris : Hachette Ă©ducation, CNDP, 2001 : 142 p. âą INRP, cellule veille scientifique et technolo-
gique. Ăducation Ă lâinformation. La lettre dâinformation 2006 ; n° 17 : 8 p. En ligne : http://www.inrp.fr/vst/LettreVST/ avril2006.htm#partie1 âą IUFM Aquitaine. Ăduquer Ă / par lâinformation. Esquisse 2007 ; n° 50-51 : 196 p. En ligne : http://www.aquitaine.iufm.fr/recherche/esquisse/pdf/esquisse50.pdf âą Porcher L. Les mĂ©dias entre Ă©ducation et communication. Paris : Vuibert, Clemi, Ina, coll. Comprendre les mĂ©dias, 2006 : 224 p. âą Unesco. Programme information pour tous (PIPT) : pour une information vivante. Paris : Unesco, 2006 : 15 p. En ligne : http://portal.unesco.org/ci/en/file_ download.php/9519ba54e60580953075dc3 2dbeb2086brochure-fr.pdf âą Woody Horton JR F. Introduction Ă la maĂźtrise de lâinformation. Paris : Unesco, Division de la sociĂ©tĂ© de lâinformation, Secteur de la communication et lâinformation, 2007 : 102 p. En ligne : http://unesdoc.unesco.org/images/ 0015/001570/157020f.pdf
Médias : usages et représentations ⹠Bevort E. Bréda I. Les jeunes et Internet : représentations, usages et appropriation. Paris : Clemi, 2001. En ligne : http://www.clemi.org/jeunes_internet.html ⹠Berret P. Diffusion et utilisation des Tic en France et en Europe. Paris : Deps, coll. culture chiffres, 2008 : 16 p. En ligne : http://www2.culture.gouv.fr/deps/ fr/Deps-CC-2008-2-TIC-site.pdf ⹠Donnat O., Lévy F. Approche générationnelle des pratiques culturelles et médiatiques. Paris : Deps, coll. culture prospective, 2007 : 32 p. En ligne : http://www2.culture.gouv.fr/deps/ pdf/prospective/culture_prospective_20073.pdf ⹠Masselot-Girard M. Jeunes et médias :
Ă©thique, socialisation et reprĂ©sentation. Paris : LâHarmattan, 2004 : 345 p. âą Jacquinot G. (dir.) Les jeunes et les mĂ©dias : perspectives de la recherche dans le monde. Paris : LâHarmattan, coll. DĂ©bats Jeunesses, 2002 : 247 p. âą Bevort E., BrĂ©da I. Appropriation des nouveaux mĂ©dias par les jeunes : une enquĂȘte europĂ©enne en Ă©ducation aux mĂ©dias [synthĂšse de lâenquĂȘte]. Louvain-la-Neuve : Mediappro, 2006 : 29 p. En ligne : http://www.clemi.org/international/mediappro/Mediappro_b.pdf
MĂ©dias, normes sociales et comportements de santĂ© âą Bohler S. 150 petites expĂ©riences de psychologie des mĂ©dias pour mieux comprendre comment on vous manipule. Paris : Dunod, 2008 : 240 p. âą Dagnaud M. Enfants, consommation et publicitĂ© tĂ©lĂ©visĂ©e. Les Ă©tudes de la Documentation française, 2005, numĂ©ro hors-sĂ©rie : 112 p. âą Renaud L. (dir.) Les mĂ©dias et le façonnement des normes en matiĂšre de santĂ©. QuĂ©bec : Presses de lâuniversitĂ© du QuĂ©bec, coll. santĂ© et sociĂ©tĂ©, 2007 : 328 p.
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En ligne : http://www.puq.uquebec.ca/fr/ repertoire_fiche.asp ?titre=titres&noProduit=D1526 âą Rootman I., Gordon-El-Bihbety D. Vision dâune culture de la santĂ© au Canada. Rapport du groupe dâexperts sur la littĂ©ratie en matiĂšre de santĂ©. Ottawa : Association canadienne de santĂ© publique, 2008 : 52 p. En ligne : http://www.cpha.ca/uploads/portals/h-l/report_f.pdf âą Tisseron S. Les dangers de la tĂ©lĂ© pour les bĂ©bĂ©s. Bruxelles : yapaka.be, coll. Temps dâarrĂȘt, 2008 : 61 p. En ligne : http://www.yapaka.be/files/publicat i o n / TA _ D a n g e r s _ T % C 3 % A 9 l % C 3 %A9_BB.pdf`
Protection de lâenfance face aux mĂ©dias âą Brisset C. Les enfants face aux images et aux messages violents diffusĂ©s par les diffĂ©rents supports de communication : rapport de Mme Claire Brisset, dĂ©fenseure des enfants, Ă M. Dominique Perben, garde des sceaux, ministre de la Justice. Paris : ministĂšre de la Justice, 2002 : 65 p. En ligne : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/024000633/ index.shtml âą Frau-Meigs D., Jehel S., Costa-Lascoux J. (prĂ©f.). Jeunes MĂ©dias Violences. Le rapport du Ciem 2002. Paris : Ăconomica, 2002 : 154 p. âą Henno J. Les 90 questions que tous les parents se posent. Paris : Ăditions TĂ©lĂ©maque, 2008 : 208 p.
Internet et cĂ©dĂ©rom]. Paris : CemĂ©a, 2006. Le dispositif Ăcrans MĂŽmes est un espace dâanimation Ă©ducative en ligne qui a pour objectif de sensibiliser les jeunes de 8 Ă 12 ans Ă lâinfluence de lâimage (publicitaire, journalistique, etc.). En ligne : http://www.cemea.asso.fr/multimedia/enfants-medias/spip.php ?rubrique85 âą Chevenez O., Famery P., Clemi. Faire son journal au lycĂ©e et au collĂšge. Paris : VictoiresĂditions, 2005 : 149 p. âą Codes Alpes-Maritimes. DĂ©code le monde : de lâinfluence des mĂ©dias sur la santĂ©. [Kit pĂ©dagogique]. Nice : Codes 06, 2006. âą CuriosphĂšre.tv : lâĂ©ducation en image sur France 5 Voir notamment la rubrique Ă©ducation aux mĂ©dias En ligne : http://www.curiosphere.tv/videodocumentaire/17-4-1-1-education-aux-medias âą Enfants Ă©crans jeunes et mĂ©dias (CemĂ©a) En ligne : http://www.cemea.asso.fr/multimedia/enfants-medias/index.php Site produit et animĂ© par les CemĂ©a (Centres dâentraĂźnement aux mĂ©thodes dâĂ©ducation active) et consacrĂ© Ă lâĂ©ducation aux mĂ©dias (ressources, actualitĂ©s, etc.). âą Espace juniors du site de la Commission nationale de lâinformatique et des libertĂ©s (Cnil). En ligne : http://www.cnil.fr/index.php ?id=13 âą Frau-Meigs D. LâĂ©ducation aux mĂ©dias : un kit Ă lâintention des enseignants, des Ă©lĂšves, des parents et des professionnels. Paris : Unesco, 2006 : 205 p. En ligne : http://unesdoc.unesco.org/images/0014/001492/149278F.pdf âą Ina, Clemi, CemĂ©a. Apprendre la tĂ©lĂ©vision : le JT. [DVD-Rom]. Paris : CemĂ©a-JĂ©riko. En ligne : http://www.ina.fr/production/studio/APTV2003/menu_aptv.htm âą Saint-Mars de D., Bloch S. Lili se fait piĂ©ger sur Internet. Paris : Calligram, coll. Ainsi va la vie, 2006 : 46 p. âą Salles D. La BD de case en classe : des BD pour dĂ©couvrir la presse avec Les Schtroumpfs et Lucky Luke. Clemi, CRDP de Poitou-Charentes, 2006. 88 p. âą Savino-Blind J., Bevort E., FrĂ©mont P., Menu B. Ăduquer aux mĂ©dias, ça sâapprend [Brochure]. Paris : CNDP-CLEMI, 2007 : 44 p. En ligne : http://www.clemi.org/publications/ livret_IUFM2007site.pdf
â Outils et sites âą Armandet Y., Aucouturier A., Brisse J., Dissard C. Apprendre Ă lire les images en mouvement avec Les pinces Ă linge [Ressource Ă©lectronique]. Clermont-Ferrand : CRDP dâAuvergne, 2000. CD-Rom dâinitiation Ă lâanalyse filmique, construit autour du court mĂ©trage de JoĂ«l Brisse « Les pinces Ă linge ». âą CemĂ©a. Dispositif Ăcrans MĂŽmes. [Rubrique
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â Organismes âą Centre de liaison de lâenseignement et des mĂ©dias dâinformation (Clemi) En ligne : http://www.clemi.org Le Clemi est le centre dâĂ©ducation aux mĂ©dias du ministĂšre de lâĂducation nationale. Organisme de rĂ©fĂ©rence français sur le sujet, sa mission est « de promouvoir, notamment par des actions de formation, lâutilisation pluraliste des moyens dâin-
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formation dans lâenseignement, afin de favoriser une meilleure comprĂ©hension par les Ă©lĂšves du monde qui les entoure, tout en dĂ©veloppant leur sens critique. » (dĂ©cret n° 93-718 du 25 mars 1993). Pour remplir cette mission, le Clemi propose des programmes de formation, dâanimation, dâĂ©changes et des publications pĂ©dagogiques. Il coordonne la Semaine de la presse et des mĂ©dias dans lâĂ©cole et pilote les projets europĂ©ens Educaunet et EUroMeduc. Il Ă©dite Ă©galement un bulletin dâinformation mensuel disponible en ligne : infodoc. âą Apte : les Ă©crans, les mĂ©dias et nous En ligne : http://www.apte.asso.fr/ CrĂ©Ă© en 2000, Apte est un rĂ©seau dâintervenants images-mĂ©dias. Son objectif est de regrouper des personnes ou organismes qui mĂšnent des actions dâĂ©ducation aux mĂ©dias et de partager outils et pratiques. âą EuroMeduc : dispositif europĂ©en dâĂ©change en Ă©ducation aux mĂ©dias En ligne : http://www.euromeduc.eu/ âą RĂ©seau Ăducation-MĂ©dias En ligne : http://www.education-medias.ca/ francais/ index.cfm Le rĂ©seau Ăducation-MĂ©dias est un organisme canadien Ă but non lucratif. CrĂ©Ă© en 1996, il a pour but de favoriser chez les jeunes la formation dâune pensĂ©e Ă©clairĂ©e et critique Ă lâendroit des mĂ©dias. Il produit de nombreuses ressources en Ă©ducation aux mĂ©dias pour la classe et les parents. âą Collectif interassociatif enfance et mĂ©dia (Ciem) En ligne : http://www.collectifciem.org CrĂ©Ă© en juillet 2002, le Ciem a pour objet de promouvoir la socialisation de lâenfant et de lâadolescent Ă lâĂąge du multimĂ©dia, de reprĂ©senter leurs intĂ©rĂȘts et de favoriser les Ă©changes entre Ă©ducateurs, familles, professionnels et usagers des mĂ©dias, pouvoirs publics et chercheurs dans ce domaine.
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tion et dâinformation en direction « des jeunes citoyens ». LâArpej encourage notamment les jeunes Ă prendre en main les supports de presse avec la campagne « Les jeunes Ă©crivent la France » depuis 1997 et depuis 2003 avec « Les jeunes Ă©crivent lâEurope ».
Dans sa lettre n° 11, parue en mars 2007, le Ciem a publiĂ© une tribune intitulĂ©e « Les jeunes et les mĂ©dias, un enjeu dâĂ©ducation majeur » : En ligne : http://www.collectifciem.org/IMG/ pdf/LettreCIEM11.pdf Il publie Ă©galement des ouvrages et rapports sur le sujet.
Les mĂ©dias par et pour les jeunes âą LâAssociation rĂ©gions presse enseignement jeunesse (Arpej) En ligne : http://www.pressealecole.fr « Former des lecteurs avertis, quel que soit le support », tel est lâenjeu rĂ©actualisĂ© du travail de lâArpej, association qui Ă©mane du syndicat de la presse quotidienne rĂ©gionale (SPQR) et qui mĂšne depuis trente ans des actions de forma-
âą Jets dâencre En ligne : http://www.jetsdencre.asso.fr Lâassociation Jets dâencre promeut et valorise les expĂ©riences de presse Ă©crite rĂ©alisĂ©es par les jeunes en milieu scolaire et ailleurs (conseil dâenfants et de jeunes, maison de quartier, association). Elle assure le secrĂ©tariat de lâobservatoire des pratiques de presse lycĂ©enne, organise les assises de la presse lycĂ©enne, le festival de la presse jeune, des concours, des formations, etc. VĂ©ritable centre de ressources pour les jeunes qui veulent sâexprimer dans la presse multimĂ©dia.
Organismes de recherche âą Centre de recherches sur lâĂ©ducation aux mĂ©dias (Credam) En ligne : http://www.clemi.org/credam/index. html Le Credam souhaite promouvoir et mettre en commun des travaux de recherche sur « lâĂ©ducation aux mĂ©dias ». RattachĂ© Ă lâuniversitĂ© de Paris-III- Sorbonne-Nouvelle, le Credam est lâun des quatre centres du laboratoire « Communication Information MĂ©dias », validĂ© par le ministĂšre de la Recherche (Ă©quipe dâaccueil 1484).
Il croise Ă©troitement ses axes de recherche avec le travail du Clemi (Centre de liaison de lâenseignement et des moyens dâinformation â ministĂšre de lâĂducation nationale). âą Groupe de recherche « MĂ©dias et santĂ© » (GRMS) En ligne : http://www.grms.uqam.ca Le groupe de recherche MĂ©dias et santĂ© fait partie du dĂ©partement de communication sociale et publique de lâuniversitĂ© du QuĂ©bec, Ă MontrĂ©al (UQAM). Ses travaux portent sur le rĂŽle des mĂ©dias dans la construction des normes sociales de santĂ©, et plus particuliĂšrement en matiĂšre dâalimentation et dâactivitĂ© physique : reprĂ©sentations dans les mĂ©dias, Ă©volution des discours mĂ©diatiques, lâĂ©valuation des campagnes de promotion de la santĂ©, les perceptions des messages par diffĂ©rents publics, etc. âą Groupe de recherche sur la relation enfants/mĂ©dias (Grrem) En ligne : http://www.grrem.org/ Le Grrem est une association nĂ©e en 1993 de la nĂ©cessitĂ© de promouvoir et de diffuser la recherche fondamentale sur les sujets concernant les enfants et les mĂ©dias. Il associe chercheurs, professionnels des mĂ©dias, enseignants et acteurs du champ social, Ă©ducatif et culturel de lâenfance et de la jeunesse. Ălisabeth Piquet Responsable dĂ©partement documentation de lâINPES.
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âą Sommaires (liste des numĂ©ros parus depuis 1999 avec accĂšs direct au sommaire) âą Articles en ligne (pour chaque numĂ©ro, un rĂ©sumĂ© et cinq Ă dix articles) âą Index des articles par mots-clĂ©s âą Commandes/Abonnements (accĂšs au bulletin dâabonnement, Ă la liste des numĂ©ros disponibles et au formulaire de commande des numĂ©ros).
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La RĂ©union : un classeur pĂ©dagogique pour aider Ă manger Ă©quilibrĂ© Ă la RĂ©union, le taux dâobĂ©sitĂ© augmente avec le recul de la tradition culinaire et lâarrivĂ©e massive de produits alimentaires industriels. Face Ă ce changement de comportements, le conseil gĂ©nĂ©ral a mis en place un plan spĂ©cifique de lutte contre lâobĂ©sitĂ©, avec le soutien des professionnels de la santĂ© et de lâĂ©ducation. Dans ce cadre et celui du Programme national nutrition-santĂ©, le comitĂ© rĂ©gional dâĂ©ducation pour la santĂ© a crĂ©Ă© un « classeur », outil visant Ă inciter la population Ă adopter une alimentation plus Ă©quilibrĂ©e.
Plusieurs constats ont incitĂ© le ComitĂ© rĂ©gional dâĂ©ducation pour la santĂ© (Cres) de la RĂ©union et ses partenaires Ă Ă©laborer le classeur pĂ©dagogique « Nouveaux goĂ»ts, nouveaux plaisirs » : â la forte prĂ©valence des maladies liĂ©es Ă lâalimentation Ă la RĂ©union (obĂ©sitĂ©, diabĂšte, hypertension) ; â lâabsence dâoutils adaptĂ©s Ă la culture nutritionnelle rĂ©unionnaise ; â les sollicitations rĂ©pĂ©tĂ©es dâaccompagnement mĂ©thodologique des acteurs de terrain ; â le bouleversement des modes de consommation des RĂ©unionnais avec lâamĂ©lioration des conditions de vie. 42
Si lâon peut se rĂ©jouir de lâamĂ©lioration des conditions de vie au cours de ces trente derniĂšres annĂ©es, cette Ă©volution a dĂ©stabilisĂ© les comportements alimentaires des RĂ©unionnais. On constate, dâune part, une profonde envie de conserver les traditions et, dâautre part, lâexistence de trĂšs fortes tentations liĂ©es Ă la sociĂ©tĂ© de consommation. Lâabondance de produits dans les rayons des supermarchĂ©s et lâenvie de profiter de cette variĂ©tĂ© induisent des comportements alimentaires dĂ©favorables Ă la santĂ©. Les pĂ©riodes de pĂ©nurie passĂ©es expliquent, en partie, cet engouement pour la consommation. De plus, on constate que lâalimentation Ă©quilibrĂ©e est souvent considĂ©rĂ©e comme une alimentation sans plaisir ni goĂ»t mais pleine de restrictions pour une majoritĂ© de la population. Ainsi, face Ă lâoffre, adopter une alimentation non seulement qui conserve les traditions et qui contribue Ă une bonne santĂ© peut sembler trĂšs difficile Ă mettre en Ćuvre.
autant de produits qui doivent ĂȘtre valorisĂ©s. Câest dans cette optique quâa Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© le classeur pĂ©dagogique « Nouveaux goĂ»ts, nouveaux plaisirs ».
Concilier tradition et alimentation équilibrée
Cet outil pĂ©dagogique vise Ă encourager la consommation de fruits et de lĂ©gumes, Ă commencer par ceux de la RĂ©union, auprĂšs des jeunes en leur proposant une alternative sĂ©duisante Ă une alimentation trop riche en sucre et en graisse. Il a pour objectifs : â dâinformer le public de la diversitĂ© et des valeurs nutritionnelles des fruits et des lĂ©gumes de la RĂ©union ; â de favoriser lâadoption dâune alimentation variĂ©e, tenant compte des repĂšres de consommation du Programme national nutrition-santĂ© (PNNS), notamment cinq fruits et lĂ©gumes par jour ; â de sensibiliser le public Ă lâadoption dâun comportement nutritionnel favorable Ă sa santĂ© en lui donnant les moyens de choisir oĂč et comment acheter les aliments, les prĂ©parer et les manger ; â de donner aux professionnels des repĂšres Ă©thiques, conceptuels, lĂ©gislatifs et mĂ©thodologiques sur la mise en Ćuvre dâactions dâĂ©ducation pour la santĂ© sur les thĂšmes de lâĂ©ducation nutritionnelle et de lâĂ©quilibre alimentaire.
Les pouvoirs publics, les professionnels de la santĂ©, du social, les familles⊠prennent conscience de ces difficultĂ©s. Il sâagit donc de transmettre des messages cohĂ©rents afin que la population sây retrouve et dâaccompagner les comportements en conservant les traditions. En effet, le repas « riz grains cari »1 couvre une partie des besoins nutritionnels, qui doivent ĂȘtre complĂ©tĂ©s par les fruits et les lĂ©gumes « pĂ©i » et les laitages,
Cet outil pĂ©dagogique est destinĂ© aux professionnels de lâĂ©ducation, de la santĂ©, de lâanimation socioculturelle et du social qui sâadressent aux enfants de 4 Ă 11 ans et Ă leur entourage. Il est composĂ© : â dâune prĂ©sentation de la problĂ©matique de lâalimentation contemporaine, et plus particuliĂšrement de celle de la RĂ©union ;
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â dâune prĂ©sentation du Programme national nutrition-santĂ© (PNNS) ; â dâun guide mĂ©thodologique de la dĂ©marche de projets en Ă©ducation pour la santĂ©, illustrĂ©e par deux propositions appliquĂ©es Ă lâalimentation ; â de fiches actions qui abordent lâalimentation en quatre thĂšmes : alimentation et santĂ© ; alimentation, produits de consommation ; alimentation Ă travers le monde ; alimentation, plaisir et convivialitĂ©.
Former les utilisateurs Le classeur « Nouveaux goĂ»ts, nouveaux plaisirs » a Ă©tĂ© Ă©ditĂ© Ă cinq cents exemplaires et est diffusĂ© auprĂšs des professionnels par le biais de formations ou dâun accompagnement mĂ©thodologique. Il semble important Ă lâĂ©quipe du Cres RĂ©union que la diffusion de cet outil soit accompagnĂ©e afin de permettre aux professionnels, dâune part, de mieux sâapproprier lâoutil et, dâautre part, de leur donner les compĂ©tences nĂ©cessaires au dĂ©veloppement de projets dâĂ©ducation nutritionnelle. La formation « Nouveaux goĂ»ts, nouveaux plaisirs » est composĂ©e de trois modules dâune journĂ©e chacun. Le premier module est consacrĂ© Ă la prĂ©sentation de lâoutil et Ă la prise de conscience des dĂ©terminants du comportement alimentaire, le deuxiĂšme Ă lâinitiation Ă lâĂ©ducation pour la santĂ© et Ă la dĂ©marche de projet et le troisiĂšme apporte des apports thĂ©oriques et pratiques en diĂ©tĂ©tique adaptĂ©s au contexte rĂ©unionnais. Lâanimation de ces trois modules de formation est assurĂ©e par lâĂ©quipe du Cres RĂ©union et par une anthropologue pour la partie concernant lâĂ©volution des comportements alimentaires des RĂ©unionnais (2). Le Cres RĂ©union a Ă©valuĂ© la premiĂšre vague de formations de 2006 (quarante-cinq personnes formĂ©es) six mois aprĂšs la formation sur la base dâun Ă©chantillon reprĂ©sentatif constituĂ© dâun tiers des participants. Cette Ă©valuation montre que 85 % des personnes interrogĂ©es ont mis en place des projets dâĂ©ducation nutritionnelle Ă la suite de cette formation. Les apports anthropologiques et diĂ©tĂ©tiques sont les Ă©lĂ©ments qui ont le plus apportĂ© aux participants en leur permettant de mieux comprendre les comportements alimentaires actuels en jeu Ă la RĂ©union et
de pouvoir donner des conseils adaptés aux pratiques culturelles culinaires du territoire.
Plan dĂ©partemental de lutte contre lâobĂ©sitĂ© Le conseil gĂ©nĂ©ral de la RĂ©union a mis en place, depuis 2005, le Plan dĂ©partemental de lutte contre lâobĂ©sitĂ© (PDLO). Ce plan, outil complĂ©mentaire du Programme national nutrition-santĂ© (PNNS), permet une dĂ©clinaison locale, coordonnĂ©e, des actions dâĂ©ducation nutritionnelle. Les objectifs de ce plan sont : â la rĂ©duction de la prĂ©valence du surpoids et de lâobĂ©sitĂ© ; â la diminution de lâapparition de lâobĂ©sitĂ© chez lâenfant ; â la diminution de la prĂ©valence des risques liĂ©s Ă lâobĂ©sitĂ© ; â le dĂ©veloppement des actions de promotion de la santĂ© pour une population Ă risque. Trois axes stratĂ©giques sont mis en Ćuvre afin de permettre la rĂ©alisation de ces objectifs : âą Informer, Ă©duquer la population â mise en place dâateliers dâĂ©ducation nutritionnelle pour les adultes ; â rĂ©alisation de campagnes de communication ; â mise Ă disposition dâoutils pĂ©dagogiques pour les professionnels. âą Impliquer la restauration collective â accompagnement des responsables dans lâĂ©laboration de menus Ă©quilibrĂ©s. âą DĂ©pister et prendre en charge les troubles nutritionnels ; â diffusion du disque de mesure de lâindice de masse corporelle auprĂšs des professionnels de santĂ© ; â formation des professionnels. ConcrĂštement, ce plan sâest traduit, au cours des deux derniĂšres annĂ©es, par la mise en Ćuvre des actions suivantes : ateliers dâĂ©ducation nutritionnelle pour les adultes, campagnes de communication, formations pour les professionnels, mise Ă disposition dâun fonds documentaire « alimentation » dans toute lâĂźle ainsi que des outils de dĂ©pistage de lâobĂ©sitĂ© pour les professionnels, accompagnement de responsables de restauration scolaire et, enfin, valorisation dâoutils dâĂ©ducation nutritionnelle. Les premiers rĂ©sultats de lâĂ©valuation montrent une amĂ©lioration des connaissances et de certains comportements. Ces actions se poursuivent donc pour les annĂ©es Ă venir.
Sainte-Rose, site pilote La ville de Sainte-Rose sâest proposĂ©e pour ĂȘtre site pilote. La mairie a donc rĂ©uni, avec le soutien du conseil gĂ©nĂ©ral, un comitĂ© de pilotage (Ăducation nationale, commune, associations, PMI, CCAS, parents dâĂ©lĂšves, Cres, etc.) afin de rĂ©flĂ©chir aux actions Ă mettre en place. En premier lieu, ce groupe a travaillĂ© Ă la rĂ©alisation dâun diagnostic de terrain afin de mieux connaĂźtre les besoins et lâavis de la population autour de la problĂ©matique de lâobĂ©sitĂ© et de la nutrition de maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale. Les rĂ©sultats de cette enquĂȘte ont permis au comitĂ© de pilotage de dĂ©finir les prioritĂ©s et objectifs opĂ©rationnels en cohĂ©rence avec les prĂ©occupations de la population. Plusieurs actions ont Ă©tĂ© mises en place par lâintermĂ©diaire du conseil gĂ©nĂ©ral, de la commune et du comitĂ© de pilotage : â lâintervention dâun diĂ©tĂ©ticien pour la mise en Ćuvre dâun plan alimentaire et la rĂ©alisation dâun cycle de menus ; â la formation du personnel de cuisine ; â la mise en place dâateliers dâĂ©ducation nutritionnelle pour adultes ; â la rĂ©alisation dâactions de sensibilisation auprĂšs des enfants et des adolescents de Sainte-Rose autour du petit dĂ©jeuner et de lâimportance dâune alimentation Ă©quilibrĂ©e associĂ©e Ă la pratique dâune activitĂ© physique. AprĂšs deux ans dâaccompagnement de la ville de Sainte-Rose et dâautres actions menĂ©es sur lâensemble de lâĂźle, dâautres communes se positionnent actuellement pour prendre part au Plan dĂ©partemental de lutte contre lâobĂ©sitĂ©. Blandine Bouvet Directrice, FrĂ©dĂ©rique MadĂ© ChargĂ©e de projet, diĂ©tĂ©ticienne, Dr RĂ©mi Foubert PrĂ©sident, comitĂ© rĂ©gional dâĂ©ducation pour la santĂ© de la RĂ©union, Saint-Paul.
1. Les plats traditionnels rĂ©unionnais sont composĂ©s de riz blanc, de lĂ©gumineuses (lentilles, haricots rouges, haricots blancs, etc.) et de cari (viande, poissons ou des Ćufs cuisinĂ©s avec des oignons, de lâail, des tomates, du curcuma, des piments, du thym et de lâhuile). 2. Laurence Pourchez, associĂ©e CNRS UMR 5176, MNHN et Centre dâethnologie française, MNATP ou Muriel Roddier, directrice de RĂ©uCARE.
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EnquĂȘte sur lâalimentation des personnes prĂ©carisĂ©es Socio-anthropologue, consultante sur lâalimentation, Christine CĂ©sar a menĂ© pendant plus dâun an une Ă©tude auprĂšs de familles en grande prĂ©caritĂ© auxquelles elle a rendu visite. Son constat est sans appel : ces personnes sont dans une dĂ©marche de survie avec 3 euros pour vivre (se dĂ©placer, sâhabiller⊠et manger) par jour et par personne. Pour se nourrir, les choix les plus rationnels sous lâangle de lâapport en Ă©nergie sont les produits les plus gras et sucrĂ©s. Dans les formations quâelle anime, elle dĂ©culpabilise et conforte les professionnels dans leur dĂ©marche, pour partir de la comprĂ©hension du vĂ©cu des contraintes structurelles et envisager des solutions pragmatiques.
Christine CĂ©sar a rĂ©alisĂ© pour lâInstitut de veille sanitaire (InVS) et lâUnitĂ© de recherche en Ă©pidĂ©miologie nutritionnelle (Uren) une Ă©tude sur lâanalyse de lâalimentation des familles en situation de grande prĂ©caritĂ©. En matiĂšre de nutrition, la partie de la population la plus paupĂ©risĂ©e Ă©chappe aux Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques, câest pourquoi lâĂ©tude Abena est centrĂ©e sur les personnes ayant recours Ă lâaide alimentaire (1). Le volet qualitatif a permis de conduire des entretiens approfondis dans les lieux de vie dâune quarantaine de familles rĂ©sidant en rĂ©gion parisienne (les sans domicile fixe nâĂ©taient pas inclus) (2). Les personnes rencontrĂ©es sont essentiellement des allocataires des minima sociaux, des chĂŽmeurs et des travailleurs pauvres. LâĂ©tude Ă©pidĂ©miologique pointe chez ces populations des problĂšmes dâhypertension (plus importants chez les hommes que chez les femmes) ; le surpoids et lâobĂ©sitĂ© dans des proportions inquiĂ©tantes chez les femmes mais aussi un niveau Ă©levĂ© de scorbut et dâanĂ©mie ainsi quâune dĂ©ficience sĂ©vĂšre en folates.
Grande dĂ©pendance Ă lâaide alimentaire Les deux premiers rĂ©sultats que lâon peut pointer dans cette enquĂȘte sont que la moitiĂ© des personnes dĂ©clare ne pas arriver « souvent » ou « parfois » Ă manger de façon suffisante et quâune fraction importante de cette population dĂ©pend de façon exclusive de lâaide alimentaire. 44
Un exemple concret : au lendemain de la distribution dâun colis, je rends visite Ă une famille â un couple avec trois enfants â vivant dans une piĂšce de 15 m2 dâun hĂŽtel insalubre. Dans leur rĂ©frigĂ©rateur, il nây a que ce qui a Ă©tĂ© distribuĂ© la veille : un paquet de fĂšves, cinq camemberts allĂ©gĂ©s, des desserts lactĂ©s au chocolat, ainsi que cinq litres de lait, deux boĂźtes de thon, un paquet de semoule, etc. Il y a du pain, rĂ©cupĂ©rĂ© dans la poubelle du boulanger voisin, et un paquet de levure pour en fabriquer. Cette famille nâaura pas accĂšs Ă une autre distribution avant une semaine. Cela souligne toute lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© de lâaide alimentaire, qui, comme son nom lâindique, est conçue pour rĂ©pondre Ă des situations ponctuelles (assurant en moyenne 800 cal/jour/personne pour quelques semaines seulement) (3).
consomme pas, elle le porte aux Restos du cĆur, ou elle le distribue aux SDF de son quartier ; ce dernier geste lui permet dâasseoir une position sociale relative en sâassurant ainsi ne pas ĂȘtre le dernier maillon de la chaĂźne sociale. Sâorganise alors toute une Ă©conomie de recyclage et de partage. Second profil des personnes rencontrĂ©es : elles ne vivent pas que de lâaide alimentaire et font des achats rĂ©guliers dans des hard discount et sur les marchĂ©s de catĂ©gorie II (Ă Paris, Belleville, BarbĂšs, en banlieue, Ă SaintDenis, Aubervilliers). Cet approvisionnement-lĂ est lâapanage des femmes car il exige une expĂ©rience trĂšs forte dans la sĂ©lection des achats (en fonction de leur degrĂ© de maturitĂ©, etc.).
Image dĂ©gradĂ©e de soi-mĂȘme Autre cas : une mĂšre seule avec deux enfants majeurs dĂ©scolarisĂ©s. Cette femme a organisĂ© une stratĂ©gie de « survie en temps de guerre » car elle a expĂ©rimentĂ© lâabsence de toute aide pendant lâĂ©tĂ© et, depuis, elle stocke et effectue un vĂ©ritable travail de magasiniĂšre afin de tenir dans la durĂ©e. Elle fait les poubelles des marchĂ©s, rĂ©cupĂšre et transforme, son balcon lui sert de zone de triage pour rĂ©aliser compotes, confitures, coulis, soupes que jâai pu dĂ©guster. Tout cela est mis sous clĂ© dans des armoires mĂ©talliques de rĂ©cupĂ©ration. Elle rĂ©cupĂšre les pains individuels qui nâont pas Ă©tĂ© consommĂ©s dans lâĂ©tablissement dâaccueil de handicapĂ©s qui se trouve Ă cĂŽtĂ© de chez elle⊠et, ce quâelle ne
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Pour lâensemble des personnes rencontrĂ©es, jâai Ă©tĂ© frappĂ©e par la souffrance psychique, qui est un problĂšme rĂ©current, et les mĂ©dicaments psychotropes sont nombreux. Certaines justifient ce recours pour pouvoir « tenir la face » devant leurs enfants. Lâun des symptĂŽmes de dĂ©pression se cristallise dans la difficultĂ© quâelles ressentent Ă sortir pour aller chercher leurs enfants Ă lâĂ©cole tant le regard des autres devient impossible Ă soutenir quand lâimage de soi et de son corps se dĂ©grade (disqualification sociale, prise de poids rapide, difficultĂ© Ă sâhabiller, etc.). Un exemple de tentative dâaccĂ©der Ă lâautonomie et de restaurer son image :
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Pour conclure, lâune des tĂąches les plus urgentes Ă mener au regard de ce constat est bien entendu dâamĂ©liorer la situation Ă©conomique et sociale globale des personnes et, parallĂšlement, dâamĂ©liorer la prise en compte et la prise en charge de leur souffrance psychique. Plus prĂ©cisĂ©ment pour lâalimentation, il faut prendre la mesure du dĂ©fi de santĂ© publique que posent les prix Ă©levĂ©s des fruits et des lĂ©gumes et lâune des pistes reste de rĂ©flĂ©chir Ă organiser un systĂšme de distribution de « chĂšques fruits et lĂ©gumes » pour tous les allocataires dâun minima social. Enfin, pour faire de la prĂ©vention auprĂšs de ces populations, un travail en direction des enfants via lâĂ©cole et la cantine peut ĂȘtre conduit. D. R.
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une autre femme sâorganise pour se faire aider le moins possible car, pour elle, ce nâest pas la misĂšre qui lui fait peur (elle lâa connue dans son enfance) mais lâassistance ! Avec une voisine elle achĂšte chez des grossistes des poulets et des Ćufs, certains lĂ©gumes (elle fait elle-mĂȘme sa sauce tomate). Elle frĂ©quente trĂšs peu les grandes surfaces Ă prix cassĂ©s.
riture, lâune des seules alimentations accessibles et assurant la couverture des apports nutritionnels conseillĂ©s serait proche dâun style « indien », centrĂ©e sur le riz complet, les lentilles, les abats et un peu de poisson en conserve. Tout le monde ne souhaite pas ce style alimentaire et, au demeurant, la dĂ©pense moyenne dĂ©clarĂ©e Ă©tant de 2,60 euros, il reste Ă©conomiquement inaccessible.
Autre profil rencontrĂ©, le plus en difficultĂ© du point de vue nutritionnel, les personnes ayant grandi en France avec lâessor des Trente Glorieuses et formatĂ©es Ă la modernitĂ© agro-industrielle des plats prĂȘts Ă la consommation. Pour elles, y renoncer est perçu comme une rĂ©gression dâautant plus impossible Ă assumer que, dans le lot important des privations matĂ©rielles qui caractĂ©rise la vie quotidienne dâun allocataire dâun minima social, lâalimentation apparaĂźt Ă juste titre comme la seule oasis oĂč une certaine abondance et un partage sont encore possibles.
Au fil de cette enquĂȘte, il apparaĂźt entre autres que, contrairement Ă ce qui est publiĂ© dans la presse mais aussi dans la littĂ©rature professionnelle, les populations paupĂ©risĂ©es ne commettent pas dâerreurs nutritionnelles en choisissant des produits gras et sucrĂ©s pour leur alimentation. Ils choisissent ces produits parce que ces substances « calent » car elles ont effectivement un rendement Ă©nergĂ©tique le plus important par rapport au prix investi. Cette rationalitĂ© Ă©conomique se fait au dĂ©triment des fruits et des lĂ©gumes, dont les micronutriments sont essentiels pour la santĂ©. Lorsque jâinterviens en tant que formatrice (4), jâinsiste sur cet aspect : les professionnels doivent en avoir conscience pour ne pas culpabiliser ce public. Il faut prendre en compte les situations Ă©conomiques et sociales que vivent ces personnes : avec 2,60 euros par personne/jour pour sâalimenter, il est absolument impossible de se nourrir de maniĂšre Ă©quilibrĂ©eâŠ, ce nâest donc pas une question dâĂ©ducation nutritionnelle et il semble dĂ©calĂ© de vouloir mĂ©dicaliser une problĂ©matique qui butte sur une barriĂšre financiĂšre.
Dernier profil rencontrĂ©, des populations pour lesquelles lâaide alimentaire nâest quâun appoint, ce sont les travailleurs Ă temps partiel dans la restauration ou des caissiĂšres de la grande distribution, qui ont la possibilitĂ© dans le cadre de leur travail de bĂ©nĂ©ficier de repas ou de prĂ©lĂšvements de nourriture « en nature » sur leur lieu dâactivitĂ©.
Ne pas culpabiliser ce public Si lâon prend en compte un seuil de pauvretĂ© alimentaire autour de 3,50 euros exclusivement investis dans la nour-
Christine CĂ©sar Socio-anthropologue rattachĂ©e Ă lâUnitĂ© de recherche en Ă©pidĂ©miologie nutritionnelle (Uren), Bobigny. Christine.cesar@cnam.fr
â RĂ©fĂ©rences bibliographiques (1) Bellin-Lestienne C., Deschamps V., NoukpoapĂ© A., Hercberg S., Castetbon K. Ătude Abena 2004-2005. Alimentation et Ă©tat nutritionnel des bĂ©nĂ©ficiaires de lâaide alimentaire. Rapport de lâĂ©tude Ă©pidĂ©miologique. Saint-Maurice : Institut de veille sanitaire, universitĂ© de Paris-13, Conservatoire national des arts et mĂ©tiers : 2007 : 74 p. En ligne : http://www.invs.sante.fr/publications/2007/abena_2007/index.html (2) CĂ©sar C. Ătude Abena 2004-2005. Comportements alimentaires et situations de pauvretĂ© : aspects socio-anthropologiques de lâalimentation des personnes recourant Ă lâaide alimentaire en France. Saint-Maurice : Institut de veille sanitaire, universitĂ© de Paris-13, Conservatoire national des arts et mĂ©tiers : 2007 : 108 p. En ligne : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/074000728/ (3) Bellin-Lestienne C., Dauphin A.-G., Castetbon K., Darmon N. EnquĂȘte auprĂšs des associations dâaide alimentaire (E3A). Rapport pour la direction gĂ©nĂ©rale de la SantĂ©, juillet 2005. (4) Interventions dĂ©centralisĂ©es au Conservatoire national des arts et mĂ©tiers (Cnam) Institut scientifique et technique de lâalimentation et de la nutrition (Istna), auprĂšs de professionnels de la santĂ© et du social. En ligne : http://www.istna-formation.fr
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GuinĂ©e : des centres de santĂ© pour informer les jeunes Comment mieux informer la population en matiĂšre de sexualitĂ© et de contraception ? ConfrontĂ©e notamment Ă des grossesses trĂšs prĂ©coces et Ă une forte mortalitĂ© maternelle, la GuinĂ©e a ouvert, depuis 2000, une vingtaine de centres dâĂ©coute, de conseil et dâorientation pour les jeunes. Les premiers rĂ©sultats sont probants mais les moyens manquent cruellement, y compris en approvisionnement de moyens contraceptifs. La question de la promotion de la santĂ© sexuelle et reproductive des jeunes se pose aujourdâhui avec acuitĂ© dans les pays en dĂ©veloppement au regard de lâexpansion sans cesse croissante de la pandĂ©mie du VIH/sida. Face Ă lâabsence de ressources suffisantes pour financer de vastes programmes de santĂ©, il devient impĂ©ratif de valoriser des expĂ©riences novatrices qui rĂ©pondent aux attentes et aux spĂ©cificitĂ©s des jeunes. Câest dans cet esprit que des centres dâĂ©coute, de conseil et dâorientation des jeunes (CECOJE) ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s en GuinĂ©e.
MortalitĂ© maternelle et prĂ©valence du sida Ă la hausse La GuinĂ©e doit relever plusieurs dĂ©fis en matiĂšre de santĂ© de la reproduction au regard de la derniĂšre enquĂȘte dĂ©mographique et de santĂ© rĂ©alisĂ©e en 2005. La mortalitĂ© maternelle (mortalitĂ© des mĂšres pendant la grossesse, au moment de lâaccouchement et quarante-deux jours aprĂšs lâaccouchement), par exemple, est passĂ©e de 530 Ă 928 pour 100 000 naissances vivantes entre 1999 et 2005. La prĂ©valence du VIH a presque doublĂ© en douze ans, passant de 0,9 Ă 1,5 %. Les femmes guinĂ©ennes, qui ont presque toutes subi la fatidique Ă©preuve de lâexcision (99 % en 1999 et 96 % en 2005) (1), continuent encore dâĂȘtre la proie des grossesses non dĂ©sirĂ©es et des avortements Ă risque. Quant Ă la planification familiale, elle nâest pratiquĂ©e que par 9 % de la population alors que chaque femme est susceptible de donner naissance Ă prĂšs de six enfants au cours de sa vie (1). Dans ce contexte, les populations vulnĂ©rables, comme les jeunes et les femmes en milieu rural, constituent les cibles prioritaires des projets en cours. 46
Pourquoi sâintĂ©resser Ă la santĂ© sexuelle et reproductive des jeunes GuinĂ©ens ? Au cĆur des raisons qui ont motivĂ© le gouvernement guinĂ©en Ă sâengager dans lâoffre de services adaptĂ©s aux besoins des jeunes, figure en bonne place le fait que ces derniers constituent une catĂ©gorie de personnes sexuellement actives. En effet, la moitiĂ© des jeunes filles ont dĂ©jĂ eu des rapports sexuels Ă 16 ans et le tiers dâentre elles ont eu un enfant entre 15 et 19 ans. Par ailleurs, plusieurs Ă©tudes ont mis en Ă©vidence le fait que le niveau dâinformation et dâĂ©ducation sexuelle Ă©tait trĂšs faible au niveau de la cellule familiale et lâintroduction de son enseignement Ă lâĂ©cole reste tardive (2). Ayant constatĂ© Ă©galement le manque de services adaptĂ©s aux jeunes et le besoin Ă©levĂ© en information, le gouvernement guinĂ©en sâest engagĂ©, Ă partir de 2000, dans la mise en place des centres dâĂ©coute, de conseil et dâorientation des jeunes (3). Le premier Centre Jeunes a Ă©tĂ© ouvert, en 2001, par lâAssociation guinĂ©enne pour le bien-ĂȘtre familial (AGBEF). Depuis cette date, une vingtaine de centres se sont installĂ©s Ă travers le pays ; ils fonctionnent sous la responsabilitĂ© des reprĂ©sentants du ministĂšre de la Jeunesse, ou sont confiĂ©s Ă des organisations non gouvernementales (ONG) ou des groupements dâassociations de jeunesse.
Les particularitĂ©s des Centres Jeunes Lâune des particularitĂ©s de ces centres est la prĂ©sence dâun personnel jeune pour rassurer ses pairs et rompre les rĂ©ticences et les hĂ©sitations. Le site choisi pour abriter le centre est en gĂ©nĂ©-
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ral trĂšs accessible. TrĂšs souvent, les Centres Jeunes sont situĂ©s dans lâenceinte du centre culturel de la commune ou de la prĂ©fecture, ou encore Ă proximitĂ© dâune institution dâenseignement. Ă Conakry, par exemple, le Centre Jeunes de lâAGBEF est situĂ© dans lâenceinte de lâuniversitĂ© nationale. Les prestations des Centres Jeunes sous tutelle du gouvernement offrent les services suivants : conseils, sensibilisation pour le changement de comportements. Ceux de lâAGBEF offrent une palette plus large de prestations et de services par rapport Ă ceux du gouvernement et des autres partenaires par lâintĂ©gration de cliniques de santĂ© sexuelle et reproductive pour les jeunes. Ainsi, les prestations sont particuliĂšrement adaptĂ©es aux attentes des jeunes en termes dâhoraires de travail et de services offerts : planification familiale, prise en charge des infections sexuellement transmissibles, dĂ©pistage volontaire et anonyme du VIH, test de grossesse, conseils, sensibilisation pour le changement de comportements. Ces centres sont Ă©galement des points de rĂ©fĂ©rence par excellence vers des structures sanitaires plus adaptĂ©es : maladie spĂ©cifique, prise en charge du VIH, dĂ©sir dâenfant, etc.
La participation effective des jeunes dans le projet La faible implication des jeunes dans la conception, la rĂ©alisation et le suivi des programmes et projets les concernant est un obstacle majeur Ă la rĂ©ussite des projets qui leur sont destinĂ©s. LâAGBEF, qui travaille depuis vingt-trois ans sur les thĂ©matiques de santĂ© de la reproduction en GuinĂ©e, a crĂ©Ă© et dĂ©ve-
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messages clés en matiÚre de santé de la reproduction et le renforcement de la gouvernance chez les jeunes du MAJ.
Des difficultés à surmonter
© ISABELLE ESHRAGHI âAGENCE VU
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Guinée, Conakry, dispensaire Saint-Gabriel de Matoto.
loppĂ© une dynamique de jeunesse autour de ses Centres Jeunes de Conakry et de lâintĂ©rieur du pays (Kindia en Basse-GuinĂ©e et LabĂ© en Moyenne-GuinĂ©e). Pour ce faire, lâassociation a mis en place et finance le Mouvement dâaction des jeunes (MAJ), composĂ© de jeunes volontaires de 15 Ă 24 ans issus du terroir. Ce mouvement a pour but dâaugmenter le nombre de jeunes qui bĂ©nĂ©ficient des services de santĂ© sexuelle et reproductive de qualitĂ© au Centre Jeunes. Pour atteindre cet objectif, le mouvement organise des activitĂ©s dâanimation de proximitĂ©, de cafĂ©-dĂ©bat, des projections vidĂ©o rĂ©alisĂ©es dans les Ă©coles, les ateliers et autres lieux de frĂ©quentation des jeunes. Les jeunes du MAJ sont recrutĂ©s dans la zone dâimplantation du centre et formĂ©s aux techniques dâanimation, de communication interpersonnelle, de plaidoyer et de conseil. Le MAJ de Conakry recrute essentiellement ses membres parmi les Ă©tudiants de lâuniversitĂ© Gamal Abdel Nasser, qui abrite le Centre Jeunes, ce qui permet un renouvellement continu de lâĂ©quipe des pairs Ă©ducateurs.
Des rĂ©sultats encourageants Ă Conakry Ă lâissue de deux annĂ©es dâexercice (2006-2007), le Centre Jeunes AGBEF de lâuniversitĂ© de Conakry a obtenu des
rĂ©sultats encourageants : 1 748 filles ont sollicitĂ© des services de planification familiale, 395 filles et 230 garçons ont bĂ©nĂ©ficiĂ© dâune consultation et dâune prise en charge des infections sexuellement transmissibles. En outre, 465 jeunes dont 297 filles ont suivi les sĂ©ances particuliĂšres de conseils pour le dĂ©pistage anonyme du VIH. Quant aux sĂ©ances de sensibilisation grand public, elles ont touchĂ© prĂšs de 5 200 filles et 3 400 garçons. Ces rĂ©sultats bien que modestes sont jugĂ©s trĂšs encourageants par les autoritĂ©s et les responsables de lâAGBEF, qui souhaitent renforcer les capacitĂ©s du centre Ă travers la formation des membres du Mouvement dâaction des jeunes, lâouverture dâune bibliothĂšque de lecture au sein du centre, lâĂ©quipement informatique avec accĂšs Internet et le renouvellement du matĂ©riel audiovisuel destinĂ© Ă en faire un pĂŽle dâattraction. Lâassociation ambitionne Ă©galement dâimplanter dans un bref dĂ©lai deux nouveaux Centres Jeunes dans les villes de Kankan (Haute-GuinĂ©e) et NâZĂ©rĂ©korĂ© (GuinĂ©e-ForestiĂšre) afin dâassurer une couverture rĂ©gionale du pays (4). Par ailleurs, lâaction des centres, audelĂ des services directement offerts, permet lâappropriation par les jeunes des situations Ă risque, la maĂźtrise des
Il faut nĂ©anmoins reconnaĂźtre que les Centres Jeunes restent confrontĂ©s Ă des dĂ©fis, comme le manque de bibliothĂšques, la rupture rĂ©currente des produits contraceptifs et des mĂ©dicaments essentiels destinĂ©s Ă la prise en charge des infections sexuellement transmissibles, lâinsuffisance de la prise en charge du VIH au niveau national mais aussi lâinsuffisance des supports Ă©ducatifs. Sâagissant du MAJ, il arrive souvent que ses activitĂ©s soient pĂ©nalisĂ©es par manque de financement de ses plans dâaction. Ces problĂšmes ont tendance, dans certaines villes, Ă rĂ©duire la frĂ©quentation et Ă discrĂ©diter lâinstitution de gestion (ONG, direction prĂ©fectorale ou communale de la jeunesse, coordination dâassociations). En dĂ©finitive, la mise en place des Centres Jeunes, fruit dâune dynamique de partenariat entre lâĂtat, les communautĂ©s et les ONG de terrain, est une initiative qui participe Ă lâamĂ©lioration de la santĂ© des jeunes GuinĂ©ens. Les rĂ©sultats actuels pourraient ĂȘtre renforcĂ©s si, dâune part, certaines pesanteurs sont surmontĂ©es et, dâautre part, si les jeunes, premiers bĂ©nĂ©ficiaires, sont effectivement associĂ©s Ă la conception, Ă la mise en Ćuvre et au suivi des activitĂ©s. La rĂ©ussite et la pĂ©rennisation des Centres Jeunes en dĂ©pendent. Alexandre Delamou MĂ©decin, coordonnateur rĂ©gional des programmes de lâAGBEF, Conakry, GuinĂ©e.
â RĂ©fĂ©rences bibliographiques (1) EnquĂȘte dĂ©mographique et de santĂ© en GuinĂ©e (EDS III 2005). (2) Delamou A. LâĂ©ducation sexuelle comme moyen de prĂ©vention des IST/VIH/sida : cas des lycĂ©ens guinĂ©ens. MĂ©moire, 2006. (3) Dans une Ă©tude rĂ©cente de 2006, A. Souare et A. M. Diallo ont confirmĂ© le besoin Ă©levĂ© en information sur la santĂ© sexuelle et reproductive chez les jeunes GuinĂ©ens. (4) Rapports annuels 2006 et 2007 de lâAGBEF.
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Former les professionnels pour lutter contre les discriminations Depuis 2007, soixante acteurs de terrain, en rĂ©gion, ont Ă©tĂ© formĂ©s Ă la lutte contre les discriminations, Ă lâinitiative de la Ligue française pour la santĂ© mentale. Des groupes de parole permettent aux victimes de discriminations de gagner un peu en estime dâeuxmĂȘmes au fil du temps. Cette recherche-action soutenue par les fonds publics vise Ă dĂ©velopper tant les formations que les groupes de parole, pour sâattaquer aux discriminations de tous types : racisme, sexisme, homophobie, etc. La Ligue française pour la santĂ© mentale1 a mis en Ćuvre une rechercheaction pour prĂ©venir les discriminations (racisme, sexisme, homophobie, notamment) qui isolent et les risques qui en dĂ©coulent en termes de cohĂ©sion sociale et de santĂ©. Cette action est accompagnĂ©e par un comitĂ© de scientifiques, professionnels et associatifs, dans une perspective de santĂ© communautaire. Cette dĂ©marche fait suite Ă une premiĂšre recherche-action soutenue notamment par le ministĂšre de la SantĂ©2 autour de la mise en place dâespaces de parole par la Ligue des droits de lâhomme de 2003 Ă 2006 (voir Ă ce propos lâarticle publiĂ© dans La SantĂ© de lâhomme n° 386)3. ConcrĂštement, dans chaque rĂ©gion de France, dâici Ă 20104 il sâagit de : â former une quinzaine dâacteurs de terrain sur les discriminations et les phĂ©nomĂšnes de « bouc Ă©missaire », et leur incidence sur la santĂ© mentale des personnes. Les thĂšmes suivants seront abordĂ©s au cours de la formation : discriminations, stigmatisation, abus et normopathie ; phĂ©nomĂšnes de bouc Ă©missaire et impact sur la violence et lâestime de soi ; suicides et conduites Ă risque induits par les discriminations ; rĂ©silience et facteurs de protection ; processus dâacceptation ou dĂ©ni de la diffĂ©rence ; mĂ©canismes sous-tendant la triade racisme-sexisme-homophobie. Ă ce jour, et depuis 2007, une soixantaine de personnes ont Ă©tĂ© formĂ©es : acteurs de terrain, professionnels et bĂ©nĂ©voles associatifs, impliquĂ©s rĂ©gionalement dans la prĂ©vention, la lutte contre les discriminations, mais aussi lâaccompagnement des victimes et le suivi des auteurs. Ce, dans quatre rĂ©gions : Basse48
Normandie, Ile-de-France, Picardie et ProvenceâAlpesâCĂŽte dâAzur, en partenariat avec les collectivitĂ©s et structures Ă©ducatives, sociales ou sanitaires locales5 ; â accompagner et valoriser les actions locales, en particulier celles qui intĂšgrent un travail sur les comportements dits « masculins » ou « fĂ©minins » et un travail sur lâaccumulation des sources potentielles de discrimination. Une attention particuliĂšre sera apportĂ©e aux intervenants qui mettent en place un espace de parole en rĂ©gion Ă destination des personnes vulnĂ©rables en termes de violence ou de discriminations, des personnes sâidentifiant au phĂ©nomĂšne de bouc Ă©missaire et valorisant plus spĂ©cifiquement lâaccompagnement des hommes, Ă tous les Ăąges et statuts de la vie. Cette recherche-action a pour objet de mieux comprendre â et faire comprendre â le fait que la problĂ©matique des discriminations qui isolent (boucs Ă©missaires) est au cĆur des violences contre soi et contre lâautre. Et que cette problĂ©matique est Ă©troitement liĂ©e Ă une crise sans prĂ©cĂ©dent de lâidentitĂ© masculine. En effet, alors quâil est possible aujourdâhui pour une jeune fille de sâidentifier Ă dâautres modĂšles positifs que celui de la maternitĂ© (mĂȘme si son environnement de vie tente de lâen dissuader), aucun modĂšle valorisĂ© socialement et sâĂ©cartant de la virilitĂ© nâest proposĂ© Ă la trĂšs grande majoritĂ© des garçons.
PhénomÚne du « bouc émissaire » La problématique du « bouc émissaire » est essentielle mais fréquemment oubliée. Le bouc émissaire endosse un
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comportement que le groupe social refuse dâassumer ; or la reconnaissance de ce comportement par la sociĂ©tĂ© peut ĂȘtre un levier puissant en termes de transformation sociale. En effet, ces boucs Ă©missaires attirent notre vigilance sur : â la « normopathie » (pathologie de la norme, en tant que soumission abusive Ă une autoritĂ©) : il est dur dâĂȘtre discriminĂ© mais, ce qui devient insupportable, câest la non-intervention des tiers ; â le dĂ©ni de la souffrance : ce nâest pas la souffrance qui tue mais le fait de ne pas pouvoir en parler car on anticipe le fait quâon ne sera pas compris. La violence peut ĂȘtre un autre mode dâexpression de ce besoin tragique ; â les formes de discrimination passive et de dĂ©tournement, qui tuent plus que celle qui est habituellement dĂ©signĂ©e sous le terme de discrimination (la forme dite active, qui va de lâinsulte au meurtre en passant par le refus de fournir un service). La forme passive, câest lorsque lâon nie lâexistence de la diffĂ©rence â comme sâil « nây en avait pas parmi nous » â, et la forme de dĂ©tournement, ce sont les stĂ©rĂ©otypes que lâon vĂ©hicule, pour la plupart positifs, et qui sont censĂ©s rendre la diffĂ©rence tolĂ©rable â comme « les gros sont joviaux » ou « les homosexuels sont sensibles » ; â les discriminations « banniĂšres » (câestĂ -dire celles qui sont prises en compte par la sociĂ©tĂ©) masquent les « vraies » discriminations, au sens de celles qui isolent au point de culpabiliser ceux et celles qui en sont victimes. Les « exclue-s des exclu-e-s », les souffre-douleur et autres boucs Ă©missaires ont justement en commun quâaucune banniĂšre ne se dresse au-dessus de leur tĂȘte, et que personne ne descendra pour dĂ©filer
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entre eux et nous, animateurs. Nous avons su, je pense, garder une certaine souplesse pour mettre les jeunes Ă lâaise et en confiance », conclut-elle.
Repenser lâidentitĂ© masculine
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dans la rue si un acte odieux est commis Ă leur encontre. Impossible dâen dresser la liste, puisque par dĂ©finition leur discrimination ne porte pas de nom⊠; â les cumulard-e-s, câest-Ă -dire ceux et celles qui conjuguent plusieurs « diffĂ©rences » et qui font partie de ces discriminĂ©-e-s sans nom. Parmi eux, les entre-deux â entre deux identitĂ©s vues comme incompatibles, souvent lâune visible et lâautre invisible â occupent une place de choix. Leur crainte est souvent dâĂȘtre dĂ©busquĂ©-e, et leur fiertĂ© â mais qui les enferme Ă©galement â de pouvoir se camoufler ; â les « transgresseurs du genre », câest-Ă dire les garçons et les hommes dits fĂ©minins, les filles et les femmes dites masculines, qui englobent tout autant des hĂ©tĂ©rosexuel-le-s que des homosexuel-le-s et des bisexuel-le-s, et qui arrivent en tĂȘte parmi les plus frĂ©quemment discriminĂ©-e-s. Ă souligner, plus gĂ©nĂ©ralement, que parmi les personnes qui sont victimes de discriminations figurent les hommes, les pĂšres, les garçons et les adolescents. Cette population est peu souvent ciblĂ©e dans les actions concernant les discriminations, la violence et la santĂ©, alors quâelle peut prĂ©senter des risques spĂ©cifiques (par exemple, les hommes se suicident trois fois plus que les femmes).
Gagner en estime dâeux-mĂȘmes Lâobjectif de crĂ©ation dâun espace de parole par rĂ©gion (voir plus haut) est
dâautant plus pertinent que lâexpĂ©rience des groupes de parole qui se sont dĂ©roulĂ©s dans les rĂ©gions françaises Ă ce jour est trĂšs instructive. Comme en tĂ©moigne Gyslaine Jouvet, chef de service Ă©ducatif, coanimatrice de lâespace de parole du Mans : « Ce groupe de parole a permis aux jeunes qui ont participĂ© dâĂ©changer, de se donner Ă voir Ă lâautre. Ils ont eu lâoccasion de se valoriser dans le regard de lâautre et de gagner en estime dâeux-mĂȘmes au fil du temps. En effet, ces jeunes en situation de discrimination Ă©taient comme grignotĂ©s, avec un besoin de trouver une place identique ou quasisimilaire aux jeunes de leur Ăąge. Bien quâils avaient le dĂ©sir de sauvegarder une identitĂ© particuliĂšre qui donne une forme particuliĂšre Ă leurs attitudes, langages, etc. » Gyslaine Jouvet souligne avoir eu beaucoup de plaisir Ă animer ces groupes de parole, toutefois il lui a fallu « apprĂ©hender la diffĂ©rence en partant des jeunes et de leurs propres dires sans tomber dans de lâinterprĂ©tation ou dans la rĂ©ponse immĂ©diate ». Dans la foulĂ©e de ce groupe de parole, le fil nâa pas Ă©tĂ© interrompu, une aide, un soutien ont Ă©tĂ© envisagĂ©s et parfois mis en Ćuvre « pour favoriser une meilleure inscription sociale et pour crĂ©er entre eux des solidaritĂ©s (...) Jâai dĂ» dĂ©passer quelquefois lâaspect technique en matiĂšre dâanimation de rĂ©union pour gagner en proximitĂ© par rapport aux jeunes tout en gardant un interstice, espace
Lâenjeu sociĂ©tal aujourdâhui est en quelque sorte de repenser lâidentitĂ© masculine en correspondance â et non en opposition, comme le politiquement correct lâinsinue souvent â avec une prise de conscience croissante de la place des femmes, dâautant plus que ces jeunes hommes et ces hommes sont par ailleurs vulnĂ©rabilisĂ©s sur le plan social. Nous avons soulignĂ© plus haut que ce nâest pas la souffrance psychosociale qui expose au suicide, aux conduites Ă risque grave et aux violences, mais son dĂ©ni. Il ne sâagit donc pas de dire que « les hommes souffrent plus que les femmes » mais que le dĂ©ni de souffrance est Ă la fois plus frĂ©quent et plus tenace quand il sâagit dâun homme (y compris dans le regard des professionnels). Câest donc la transformation des acteurs eux-mĂȘmes, par une implication professionnelle et engagĂ©e sur le plan humain, associĂ©e Ă lâinnovation par la crĂ©ation et la modĂ©lisation dâoutils originaux, simples et appropriĂ©s aux diffĂ©rents contextes, qui sera notre objectif premier lors de cette phase ambitieuse. Ăric Verdier Psychologue, chercheur, Ligue française pour la santĂ© mentale, Paris. 1. Association nationale qui forme, informe et assure des consultations mĂ©dicales dans le champ de la santĂ© mentale ; elle est soutenue par le ministĂšre de la SantĂ© (DGS), le ministĂšre de la Justice (Protection judiciaire de la jeunesse â PJJ), et la Haute AutoritĂ© de lutte contre les discriminations et pour lâĂ©galitĂ© (Halde) (la Ligue sâest vu dĂ©cerner le label 2007 de lâAnnĂ©e europĂ©enne de lâĂ©galitĂ© des chances pour tous) pour mettre en place des actions de prĂ©vention des risques sanitaires graves (suicide, risque addictif, risque sexuel, etc.) et de la violence sur lâensemble du territoire français. 2. Via la direction gĂ©nĂ©rale de la SantĂ© (DGS). Ce travail prĂ©alable, et les recommandations qui en rĂ©sultent, ont Ă©tĂ© intĂ©grĂ©s au rapport du docteur Anne Tursz, de lâInserm, dans le cadre de lâĂ©laboration du Plan violence et santĂ© (en application de la loi relative Ă la politique de santĂ© publique du 9 aoĂ»t 2004), Ăric Verdier ayant participĂ© prĂ©alablement au groupe « Genre, violence et santĂ© » au titre de la Ligue des droits de lâhomme. 3. Ă. Verdier. PrĂ©fĂ©rence sexuelle, niveau social, origine ethnique : la discrimination conduit Ă la prise de risque. La SantĂ© de lâhomme n° 386, novembredĂ©cembre 2006 : 52-4. http://www.inpes.sante.fr/SLH/articles/386/04.htm 4. Sur un territoire dĂ©terminĂ©, au cas par cas, avec les principaux cofinanceurs locaux. 5. Des groupements rĂ©gionaux de santĂ© publique, des agences rĂ©gionales pour la cohĂ©sion sociale (ACSE) et des contrats urbains de cohĂ©sion sociale (Cucs) mais aussi certains conseils gĂ©nĂ©raux et rĂ©gionaux.
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Signalez vos changements dâadresse, de tĂ©lĂ©phone⊠à Saraniya Suntharampillai INPES â 42, bd de la LibĂ©ration â 93203 Saint-Denis Cedex â Fax : 01 49 33 23 90 Pour toute commande et abonnement, sâadresser Ă Manuela Teixeira â TĂ©l. : 01 49 33 23 52
ComitĂ©s ou collĂšges rĂ©gionaux dâĂ©ducation pour la santĂ© ALSACE Pdt Joseph Becker Dir. Dr Nicole Schauder 3, rue de la ChaĂźne 67000 Strasbourg TĂ©l. : 03.88.22.73.09 Fax : 03.88.32.77.44 MĂ©l : info@cresalsace.org www.cresalsace.org
AQUITAINE Pdt Pr François Dabis Dir. Colette Laugier Craes-Crips 6, quai de Paludate 33800 Bordeaux Tél. : 05.56.33.34.10 Fax : 05.56.33.34.19 Mél : contact@craes-crips.com www.educationsante-aquitaine.fr
BASSE-NORMANDIE Pdt Dr Pascal Faivre-dâArcier Dir. Jean-Luc Veret 1, place de lâEurope 14200 HĂ©rouville-St-Clair TĂ©l. : 02.31.43.83.61 Fax : 02.31.43.83.47 MĂ©l : cores.bn@wanadoo.fr
BOURGOGNE Pdt Dr Jean-Claude Guillemant 34, rue des planchettes 21000 Dijon TĂ©l. et fax : 03.80.66.73.48 MĂ©l : cores.bourgogne@ wanadoo.fr www.cores-bourgogne.org
BRETAGNE Pdt Dr Jeanine Pommier Dir. Christine Ferron 4 A, rue du Bignon 35000 Rennes TĂ©l. : 02.99.50.64.33 MĂ©l : cres.bretagne@wanadoo.fr www.cresbretagne.fr
CHAMPAGNE-ARDENNE Pdt Yvonne Logeart 45, avenue du Gal-de-Gaulle 51000 ChĂąlons-en-Champagne TĂ©l. : 03.26.68.28.06 Fax : 03.26.68.97.60 MĂ©l : cres.cha@wanadoo.fr http://champagne-ardenne.fnes.fr
FRANCHE-COMTà Pdt Christian Magnin-Feysot Dir. Pascale Angiolini 3, rue Rodin 25000 Besançon Tél. : 03.81.41.90.90 Fax : 03.81.41.93.93 Mél : cres.fc@orange.fr www.cres.fc.urcam.org
HAUTE-NORMANDIE Pdt Bernard Lamday Dir. Carole Baeza
LORRAINE Pdt Dr Gérard Beaumont Dir. Lucette Barthélémy
PAYS-DE-LOIRE Pdt Pr Pierre Lombrail Dir. Dr Patrick Lamour
Immeuble le Bretagne 57, avenue de Bretagne 76100 Rouen TĂ©l. : 02.32.18.07.60 Fax : 02.32.18.07.61 MĂ©l. : cres.haute.normandie@ wanadoo.fr www.cres-rouen.org
2, av. du Doyen J. Parisot 54500 VandĆuvre-lĂšs-Nancy TĂ©l. : 03.83.44.87.59 Fax : 03.83.44.87.07 MĂ©l : creslor@wanadoo.fr www.edusante-lorraine.org
CREDEPS Nantes HĂŽpital Saint-Jacques 85, rue Saint-Jacques 44093 Nantes Cedex 1 TĂ©l. : 02.40.31.16.90 Fax : 02.40.31.16.99 MĂ©l : credeps@credeps.org
ĂLE-DE-FRANCE Pdt Jean-Pierre Ferrier Dir. Dr StĂ©phane Tessier 14, rue La Fayette 75009 Paris TĂ©l. : 01.48.24.38.00 Fax : 01.48.24.38.01 MĂ©l. : cresif@orange.fr www.cresif.org
LANGUEDOCROUSSILLON Pdt Dr Claude Terral Dir. Dr Brigitte Sandrin Berthon HĂŽpital la ColombiĂšre 39, avenue Charles-Flahault 34295 Montpellier Cedex 5 TĂ©l. : 04.67.04.88.50 Fax : 04.67.52.02.57 MĂ©l : cres.Lr@wanadoo.fr www.cres-lr.org
MIDI-PYRĂNĂES Pdt Dr Anne-Marie Rajon Dir. Laurence Birelichie 77, allĂ©e de Brienne 31000 Toulouse TĂ©l. : 05.61.23.44.28 Fax : 05.61.22.69.98 MĂ©l : cres.midi-pyrenees@ wanadoo.fr
NORD-PAS-DE-CALAIS Pdt Pr Jean-Marie Haguenoer Dir. Loïc Cloart Parc Eurasanté 235, avenue de la Recherche BP 86 59373 Loos Cedex Tél. : 03.20.15.49.40 Fax : 03.20.15.49.41 Mél : cresnpdc@wanadoo.fr
PICARDIE Pdt Pr GĂ©rard Dubois Dir. Philippe Lorenzo Espace Industriel Nord 67, rue de Poulainville 80080 Amiens TĂ©l. : 03.22.71.78.00 Fax : 03.22.71.78.04 MĂ©l : cres@crespicardie.org www.crespicardie.org
POITOU-CHARENTES Pdt Eric-Pascal Satre Dir. Isabelle Escure 17, rue Salvador-Allende 86000 Poitiers TĂ©l. : 05.49.41.37.49 Fax : 05.49.47.33.90 MĂ©l : diffusion@cres-poitoucharentes.org
PROVENCE-ALPES CĂTE DâAZUR Pdt Pr Jean-Marc Garnier Dir. Zeina Mansour 178, cours Lieutaud 13006 Marseille TĂ©l. : 04.91.36.56.95 Fax : 04.91.36.56.99 MĂ©l : cres-paca@wanadoo.fr www.cres-paca.org
RHĂNE-ALPES Pdt Jacques Fabry Dir. Claude Bouchet 9, quai Jean-Moulin 69001 Lyon TĂ©l. : 04.72.00.55.70 Fax : 04.72.00.07.53 MĂ©l : CRAES-Lyon@asi.fr www.craes-crips.org
RĂUNION Pdt Dr RĂ©mi Foubert Dir. Blandine Bouvet 229, ChaussĂ©e royale 97460 Saint-Paul TĂ©l. : 02.62.71.10.88 Fax : 02.62.71.16.66 MĂ©l : cres.run@wanadoo.fr
ComitĂ©s dĂ©partementaux dâĂ©ducation pour la santĂ© 01 AIN Pdt Jean-Claude Degout Dir. Juliette Fovet
06 ALPES-MARITIMES Pdt Dr Claude Dreksler Dir. Chantal Patuano
11 AUDE Pdt Dr Pierre Dufranc
17 CHARENTE-MARITIME Pdt VĂ©ronique Heraud
23 CREUSE Pdt Dr Françoise Léon-Dufour
Adessa â Zac NorĂ©lan 111, avenue San SĂ©vĂ©ro 01000 Bourg-en-Bresse TĂ©l. : 04.74.23.13.14 Fax : 04.74.50.42.98 MĂ©l : ades01@wanadoo.fr www.ades01.org
61, route de Grenoble 06002 Nice TĂ©l. : 04.93.18.80.78 Fax : 04.93.29.81.55 MĂ©l : codes.am@wanadoo.fr
14, rue du 4 septembre 11000 Carcassonne TĂ©l. : 04.68.71.32.65 Fax : 04.68.71.34.02 MĂ©l : codes11@wanadoo.fr http://codes11.over-blog.com
32, avenue Albert-Einstein 17000 La Rochelle TĂ©l. et fax : 05.46.42.24.44 MĂ©l : codes17@voila.fr
Résidence du jardin public Porche A1 27, avenue de la Sénatorerie 23000 Guéret Tél. : 05.55.52.36.82 Fax : 05.55.52.75.48 Mél : codes23@wanadoo.fr
07 ARDĂCHE Pdt Dr Jean-Marie Bobillo Dir. GisĂšle Bollon
12 AVEYRON Pdt Jacky Druilhe Dir. MylĂšne CarrĂšre
1A, rue Ămile Zola Zac Le Champ du Roy 02000 Chambry TĂ©l. : 03.23.79.90.51 Fax : 03.23.79.48.75 MĂ©l : aisne@crespicardie.org
2, passage de lâAncien-ThĂ©Ăątre 07000 Privas TĂ©l. : 04.75.64.46.44 Fax : 04.75.64.14.00 MĂ©l : adessa-codes.07@ wanadoo.fr http://perso.wanadoo.fr/adessa
13, bd LaromiguiĂšre 12000 Rodez TĂ©l. : 05.65.73.60.20 Fax : 05.65.73.60.21 MĂ©l : codes.aveyron@wanadoo.fr
03 ALLIER Pdt Jean-Marc Lagoutte Dir. Annick AnglarĂšs
08 ARDENNES Pdt Dr Catherine Juillard Dir. Françoise Maitre
2, place MarĂ©chal de Lattre-deTassigny â 03000 Moulins TĂ©l. : 04.70.48.44.17 MĂ©l : abes-codes03@wanadoo.fr
21, rue Irénée Carré 08000 Charleville-MéziÚres Tél. : 03.24.33.97.70 Fax : 03.24.33.84.34 Mél : CO.DES.08@wanadoo.fr http://champagne-ardenne.fnes.fr
02 AISNE Pdt GĂ©rard Dubois
04 ALPES DE HAUTEPROVENCE Pdt Dr Georges Guigou Dir. Anne-Marie Saugeron Centre médico-social 42, bd Victor Hugo 04000 Digne-Les-Bains Tél. : 04.92.32.61.69 Fax : 04.92.32.61.72 Mél : codes.ahp@wanadoo.fr
09 ARIĂGE Pdt Marie-Laure Moneger Dir. ThĂ©rĂšse Fruchet 6, cours IrĂ©nĂ©e Cros 09000 Foix TĂ©l. : 05.34.09.02.82 Fax : 05.61.05.62.14 MĂ©l : caes.ariege@wanadoo.fr
05 HAUTES-ALPES Pdt Pascal Lissy Dir. Brigitte Nectoux
10 AUBE Pdt Sylvie Le Dourner Dir. Line Bret
Immeuble « Les Lavandes » 1 Place Champsaur 05000 Gap Tél. : 04.92.53.58.72 Fax : 04.92.53.36.27 Mél : codes05@codes05.org
6, rue du Pont Royal 10000 Troyes TĂ©l. : 03.25.41.30.30 Fax : 03.25.41.05.05 MĂ©l : codes10@orange.fr http://champagne-ardenne.fnes.fr
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13 BOUCHESDU-RHĂNE Pdt Pr Jean-Louis San Marco Dir. Nathalie Merle 6, rue Fongate 13006 Marseille TĂ©l. : 04.96.11.16.65 Fax : 04.96.11.16.67 MĂ©l : codes.bdr@wanadoo.fr
14 CALVADOS sâadresser Ă la rĂ©gion BasseNormandie
15 CANTAL Pdt Dr DaniĂšle SouquiĂšre-Degrange BĂątiment de lâHorloge 9, place de la Paix 15012 Aurillac Cedex TĂ©l. : 04.71.48.63.98 Fax : 04.71.48.91.80 MĂ©l : codes15@wanadoo.fr http://www.codes15.fr
16 CHARENTE Pdt Denis Debrosse Dir. Marie Vabre Centre hospitalier de Girac 16470 Saint-Michel TĂ©l. : 05.45.25.30.36 Fax : 05.45.25.30.40 MĂ©l : codes16@wanadoo.fr
LA SANTĂ DE LâHOMME - N° 396 - JUILLET-AOĂT 2008
18 CHER Pdt Dr Michel Verdier Dir. Marie CĂŽte 4, cours Avaricum 18000 Bourges TĂ©l. : 02.48.24.38.96 Fax : 02.48.24.37.30 MĂ©l : codesducher@wanadoo.fr
19 CORRĂZE Pdt Dr AndrĂ© Cigana Dir. Isabelle Schill Centre hospitalier Ancienne EntrĂ©e 1, bd du Dr Verlhac 19312 Brive-la-Gaillarde Cedex TĂ©l. : 05.55.17.15.50 Fax : 05.55.17.15.57 MĂ©l : codes.19@wanadoo.fr
20 CORSE-DU-SUD Pdt Roberte Stromboni Dir. Jean Alesandri 15, parc CunĂ©o dâOrnano 20000 Ajaccio TĂ©l. : 04.95.21.47.99 Fax : 04.95.28.36.76 MĂ©l : codes.aja@wanadoo.fr
21 CĂTE-DâOR Pdt Bruno de Laroque Latour 15, rue Jean XXIII 21000 Dijon TĂ©l. : 03.80.68.04.51 Fax : 03.80.73.77.67 MĂ©l : codes21@wanadoo.fr
22 CĂTES DâARMOR Pdt Anne Galand 15 bis, rue des capucins BP 521 22005 Saint-Brieuc Cedex 1 TĂ©l. : 02.96.78.46.99 Fax : 02.96.78.42.30 MĂ©l : codes-armor@wanadoo.fr
24 DORDOGNE Pdt Dr Josiane Dereine DDASS 48 bis, rue Paul-Louis Courier 24016 PĂ©rigueux Cedex TĂ©l. : 05.53.07.68.57 Fax : 05.53.06.10.60 MĂ©l : codes24@wanadoo.fr www.educationsante-aquitaine.fr
29 FINISTĂRE Pdt Henri HĂ©naff Dir. Pascale Bargain 9-11 rue de lâIle dâHouat 29000 Quimper TĂ©l. : 02.98.90.05.15 Fax : 02.98.90.11.00 MĂ©l : Codes29@wanadoo.fr www.codes29.org
30 GARD Pdt Dr ClĂ©ment Nogarede Dir. MichĂšle Rossano 7, place de lâOratoire 30900 NĂźmes TĂ©l. : 04.66.21.10.11 Fax : 04.66.21.69.38 MĂ©l : CDES30@wanadoo.fr
31 HAUTE-GARONNE 25 DOUBS Pdt Michel Vuillemin Dir. Catherine Filaquier 4, rue de la Préfecture 25000 Besançon Tél. : 03.81.82.32.79 Fax : 03.81.83.29.40 Mél : codes25@wanadoo.fr www.codes25.org
26 DRĂME Pdt Dr Luc Gabrielle Dir. Laurent LizĂ© DrĂŽme PrĂ©vention SantĂ© 36 B, rue de Biberach 26000 Valence TĂ©l. : 04.75.78.49.00 Fax : 04.75.78.49.05 MĂ©l : ades26@free.fr
27 EURE sâadresser Ă la rĂ©gion Haute-Normandie
28 EURE-ET-LOIR Pdt Dr François Martin Dir. Myriam Neullas CESEL â HĂŽtel Dieu 34, rue du Dr Maunoury BP 30407 28018 Chartres Cedex TĂ©l. : 02.37.30.32.66 Fax : 02.37.30.32.64 MĂ©l : cesel@cesel.org
sâadresser Ă la rĂ©gion Midi-PyrĂ©nĂ©es
32 GERS Pdt Jean-Pierre Thibaut Dir. Pascale Femy 7 bis rue dâEtigny 32000 Auch TĂ©l. : 05.62.05.47.59 Fax : 05.62.61.25.91 MĂ©l. : codes32@wanadoo.fr
33 GIRONDE sâadresser Ă la rĂ©gion Aquitaine
34 HĂRAULT Pdt Dr Ăric Perolat Dir. RenĂ© Fortes RĂ©sidence Don Bosco 54, chemin de MoularĂšs 34000 Montpellier TĂ©l. : 04.67.64.07.28 Fax : 04.67.15.07.40 MĂ©l : chesfraps@wanadoo.fr www.chesfraps.com
35 ILLE-ET-VILAINE Pdt Josiane JĂ©gu Dir. Pascale Canis 4A, rue du Bignon 35000 Rennes TĂ©l. : 02.99.67.10.50 Fax : 02.99.22.81.92 MĂ©l : codes.35@wanadoo.fr
SH396
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Carnet dâadresses 36 INDRE Pdt Francis Martinet Dir. SĂ©verine Dropsy 73, rue Grande 36019 Chateauroux Cedex TĂ©l. : 02.54.60.98.75 Fax : 02.54.60.96.23 MĂ©l : codes.36@wanadoo.fr
47 LOT-ET-GARONNE Pdt Dr Jean-Michel Drapé
58 NIĂVRE Pdt Dr Alain Lemoine
Lieu dit « Toucaut » Route de Cahors 47480 Pont-du-Casse Tél. : 05.53.66.58.59 Fax : 05.53.47.73.59 Mél : codes47@wanadoo.fr www.educationsante-aquitaine.fr
RĂ©sidence Blaise-Pascal 39, bd Mal-de-Lattre-de-Tassigny 58000 Nevers TĂ©l. et Fax : 03.86.59.35.19 MĂ©l : codes58@wanadoo.fr
37 INDRE-ET-LOIRE Pdt Pr Jacques Weill Rue du Pont de lâArche
48 LOZĂRE Pdt M.-C. Giraud-Jalabert
« Les Granges Galand » 37550 Saint-Avertin Tél. : 02.47.74.44.80 Fax : 02.47.74.44.85 Mél : cdes37@wanadoo.fr
1 bis, allée des Soupirs 48000 Mende Tél. : 04.66.65.33.50 Fax : 04.66.49.26.77 Mél : codes48@wanadoo.fr
38 ISĂRE Pdt Dr Pierre DellâAccio Dir. Jean-Philippe Lejard
49 MAINE-ET-LOIRE Pdt Pr Gilles Berrut Dir. Jamy Pacaud
23, av. Albert 1er-de-Belgique 38000 Grenoble TĂ©l. : 04.76.87.06.09 Fax : 04.76.47.78.29 MĂ©l : adessigr@wanadoo.fr
15, rue de JĂ©rusalem 49100 Angers TĂ©l. : 02.41.05.06.49 Fax : 02.41.05.06.45 MĂ©l : codes49@wanadoo.fr www.sante-pays-de-la-loire.com
39 JURA Pdt Pierre Benichou Dir. AgnĂšs Borgia 35, avenue Jean-Moulin 39000 Lons-le-Saunier TĂ©l. : 03.84.47.21.75 Fax : 03.84.24.89.73
40 LANDES Pdt Claude Desbordes Dir. Sylvie Ramis HĂŽpital Sainte-Anne BĂątiment Ritournelle 782, avenue de NonĂšres BP 10262 40005 Mont-de-Marsan Cedex TĂ©l. : 05.58.06.29.67 MĂ©l : contact@codes40.org
41 LOIR-ET-CHER Pdt GĂ©rard Gouzou Dir. Evelyne Gond 34, avenue Maunoury 41000 Blois TĂ©l. : 02.54.74.31.53 Fax : 02.54.56.04.30 MĂ©l : ades41@wanadoo.fr
42 LOIRE Pdt Dr GĂ©rard Mathern Dir. Mohamed Boussouar 26, avenue de Verdun 42000 Saint-Ătienne TĂ©l. : 04.77.32.59.48 Fax : 04.77.33.89.28 MĂ©l : direction@codes42.org www.codes42.org
43 HAUTE-LOIRE Pdt Louis Teyssier 8, rue des Capucins 43000 Le Puy-en-Velay TĂ©l. : 04.71.04.94.86 Fax : 04.71.04.97.41 MĂ©l : codes43@wanadoo.fr
44 LOIRE-ATLANTIQUE sâadresser Ă la rĂ©gion Pays-de-Loire
45 LOIRET Pdt Dr Guy Civil Dir. Romain Laniesse Espace Santé 5, rue Jean-Hupeau 45000 Orléans Tél. : 02.38.54.50.96 Fax : 02.38.54.58.23 Mél : info@codes45.org www.codes45.org
46 LOT Pdt Christian Massaloux Dir. Gilles Nouzies 111, boulevard Gambetta 46000 Cahors TĂ©l. : 05.65.22.64.77 Fax : 05.65.22.64.50 MĂ©l : codes46@wanadoo.fr http://perso.wanadoo.fr/codes.46/
50 MANCHE sâadresser Ă la rĂ©gion Basse-Normandie
51 MARNE Pdt Yvonne Logeart Dir. Anne Patris PĂŽle Duant Education 1, rue du docteur Calmette â BP 7 51016 ChĂąlons-en-Champagne TĂ©l. : 03.26.64.68.75 Fax : 03.26.21.19.14 MĂ©l : codes.51@wanadoo.fr http://champagne-ardenne.fnes.fr
52 HAUTE-MARNE Pdt Robert Mercey Dir. Eva Bardet 5 bis, boulevard Thiers 52000 Chaumont TĂ©l. : 03.25.32.63.28 MĂ©l : codes.52@wanadoo.fr http://champagne-ardenne.fnes.fr
53 MAYENNE Pdt Catherine Boute Dir. Christel fouache 90, avenue de Chanzy BP 3885 53030 Laval Cedex 9 TĂ©l : 02.43.53.46.73 Fax : 02.43.49.20.72 MĂ©l : codes.53@wanadoo.fr
54 MEURTHE-ETMOSELLE Pdt Jean Pierrel Dir. Aurélie Lauga 18, av. du Maréchal Juin 54000 Nancy Tél. : 03.83.67.45.75 Fax : 03.83.27.40.15 Mél : codes54@codes54.org www.edusante-lorraine.org
55 MEUSE Pdt Christian Charuel Espace Sainte-Catherine 4, boulevard des Ardennes BP 90192 55005 Bar-le-Duc Cedex TĂ©l. : 03.29.79.23.26 Fax : 03.29.79.23.29 MĂ©l : codes55@wanadoo.fr
56 MORBIHAN Pdt Marie-Odile Barbier Zone tertiaire de Kerfontaine Rue LoĂŻc Caradec 56400 Plumeret TĂ©l. : 02.97.29.15.15 Fax : 02.97.29.16.50 MĂ©l : codes.56@wanadoo.fr
57 MOSELLE Pdt Dr Jeanne Meyer Dir. Olivier Aromatario 20, rue Gambetta â BP 30273 57006 Metz Cedex 1 TĂ©l. : 03.87.68.01.02 Fax : 03.87.68.11.89 MĂ©l : codes57@wanadoo.fr
70 HAUTE-SAĂNE Pdt Alain Cusenier Dir. Michel Jassey
84 VAUCLUSE Pdt Dr Claude Soutif Dir. Alain Douiller
GUYANE Pdt Robert Ulic Dir. Stéphanie Lang
4, cours François-Villon 70000 Vesoul Tél. : 03.84.76.16.30 Fax : 03.84.75.00.77 Mél : CODES-70@wanadoo.fr
13, rue de la PĂ©piniĂšre 84000 Avignon TĂ©l. : 04.90.81.02.41 Fax : 04.90.81.06.89 MĂ©l : codes84@wanadoo.fr www.codes84.fr
Association Guyane Promo Santé 59, avenue Voltaire 97300 Cayenne Tél. : 0.594.30.13.64 Fax : 0.594.35.84.80 Mél. : guyane.promosante@ orange.fr
59 NORD sâadresser Ă la rĂ©gion Nord-Pas-de-Calais
71 SAĂNE-ET-LOIRE Pdt Jean-Claude Guillemant
60 OISE Pdt Alfred Lorriaux
1, rue Winston-Churchill 71000 MĂącon TĂ©l. : 03.85.39.42.75 Fax : 03.85.39.37.10 MĂ©l : codes71@wanadoo.fr
11, rue Jean-Monet Parc dâactivitĂ© « Le ChĂȘne bleu » 60000 Beauvais TĂ©l. : 03.44.10.51.90 Fax : 03.44.10.00.90 MĂ©l : oise@crespicardie.org
61 ORNE Pdt Pierre Chastrusse 14, rue du Cygne 61000 Alençon Tél. : 02.33.82.77.70 Fax : 02.33.82.77.71 Mél : codes61@wanadoo.fr
62 PAS-DE-CALAIS Pdt Gérard Pezé Dir. Nathalie Senegas 3, rue des Agaches, BP. 505 62008 Arras Cedex Tél. : 03.21.71.34.44 Fax : 03.21.51.25.73 Mél : cdes62@nordnet.fr
63 PUY-DE-DĂME Pdt Marie-Gentile Gardies Dir. Jean-Philippe Cognet Espace Guy Vigne 30, rue Etienne-Dolet 63000 Clermont-Ferrand TĂ©l./Fax : 04.73.34.35.06 MĂ©l : codes63@wanadoo.fr
64 PYRĂNĂESATLANTIQUES Pdt Jean-Claude Maupas Dir. Jeanine Larrousse 15, allĂ©es Lamartine 64000 Pau TĂ©l. : 05.59.62.41.01 Fax : 05.59.40.28.52 MĂ©l : contact.codes64@orange.fr www.educationsante-aquitaine.fr
65 HAUTES-PYRĂNĂES Pdt Dr Bernard Dupin Dir. Claudine Lamet CPAM 8, place au Bois 65021 Tarbes Cedex 9 TĂ©l. : 05.62.51.76.51 Fax : 05.62.51.76.53 MĂ©l : codes65@wanadoo.fr
66 PYRĂNĂES ORIENTALES Pdt Dr Marie-JosĂ© Raynal 12, avenue de Prades 66000 Perpignan TĂ©l. : 04.68.61.42.95 Fax : 04 68.61.02.07 MĂ©l : codes66.po@wanadoo.fr
67 BAS-RHIN sâadresser Ă la rĂ©gion Alsace
68 HAUT-RHIN sâadresser Ă la rĂ©gion Alsace
69 RHĂNE Pdt Dr Bruno Dubessy Dir. Sylvain Jerabek ADESR 71, quai Jules-Courmont 69002 Lyon TĂ©l. : 04.72.41.66.01 Fax : 04.72.41.66.02 MĂ©l : info@adesr.asso.fr www.adesr.asso.fr
85 VENDĂE Pdt Jean-Claude Fonteneau Dir. Ălise Guth-QuĂ©lennec Maison de la santĂ© CHD Les Oudairies 85925 La Roche-sur-Yon Cedex 9 TĂ©l. : 02.51.62.14.29 Fax : 02.51.37.56.34 MĂ©l : covess@wanadoo.fr
72 SARTHE Pdt Joël Barault Dir. Valérie Paris 92/94, rue MoliÚre 72000 Le Mans Tél. : 02.43.50.32.45 Fax : 02.43.50.32.49 Mél : codes72@ahs-sarthe.asso.fr www.codes72.fr
13, boulevard de Bellevue 73000 Chambéry Tél. : 04.79.69.43.46 Fax : 04.79.62.10.22 Mél : adess73@sante-savoie.org www.sante-savoie.org
74 HAUTE-SAVOIE Pdt Marc Rabet Dir. Marie-France Viala
sâadresser Ă la rĂ©gion Ile-de-France
88 VOSGES Pdt Dr GĂ©rard Beaumont 5, Quartier de la Magdeleine 88000 Ăpinal TĂ©l. : 03.29.64.11.91 Fax : 03.29.82.50.77 MĂ©l : codes88@wanadoo.fr www.codes-vosges.com
90 TERRITOIRE DE BELFORT Pdt Dr Albert Pontes Dir. Valérie Berton
76 SEINE-MARITIME sâadresser Ă la rĂ©gion Haute-Normandie
22, rue Gaston-Defferre 90000 Belfort TĂ©l. et fax : 03.84.54.09.32 MĂ©l : codes-90@wanadoo.fr
77 SEINE-ET-MARNE sâadresser Ă la rĂ©gion Ăle-de-France
91 ESSONNE Pdt Emile Deiss
78 YVELINES Pdt Jean-Pierre Couteron Dir. Isabelle Grouas
CPS 91 Immeuble Boréal 5, place Copernic Courcouronnes 91023 Evry Cedex Tél. : 01.60.79.46.46 Fax : 01.60.79.55.27 Mél : cps91@orange.fr
47, rue du Maréchal-Foch 78000 Versailles Tél. 01.39.49.58.93 Fax : 01.39.51.47.48 Mél : CYES@wanadoo.fr www.cyes.info
92 HAUTS-DE-SEINE Pdt Yolande Deshayes Dir. Margaret Salphati
79 DEUX-SĂVRES Pdt Philippe Gobert 10 bis, avenue Bujault 79000 Niort TĂ©l. : 05.49.28.30.25 Fax : 05.49.24.93.66 MĂ©l : codes79@libertysurf.fr
cotes BĂątiment du dispensaire De MâtsarpĂ©rĂ© 97600 Mamoudzou TĂ©l. et fax : 0.269.61.36.04
SAINT-PIERRE ET MIQUELON Pdt Dr Bourdeloux DDASS Rue Abbé Pierre-Gervain BP 4200 97500 Saint-Pierre et Miquelon Tél. : 0.508.21.93.23
GUADELOUPE Pdt Roberte Hamousin-Métregiste Dir. Pascale Melot COGES 6, résidence Casse Sainte-Hyacinthe 97100 Basse-Terre Tél. : 0.590.41.09.24 Fax : 0.590.81.30.04 Mél : coges@coges.gp
NOUVELLE-CALĂDONIE Dir. Dr Bernard Rouchon Agence sanitaire et sociale de la Nouvelle-CalĂ©donie 19, avenue du Mal Foch BP P4 98851 NoumĂ©a Cedex TĂ©l. : 00.687.25.07.60 Fax : 00.687.25.07.63 MĂ©l : bernard.rouchon@ass.nc
POLYNĂSIE FRANĂAISE Dir. Dr R. Wongfat Rue des Poilus-Tahitiens BP 611 â Papeete 98601 Tahiti TĂ©l. : 00.689.42.30.30 Fax : 00.689.43.00.74
Immeuble « Le Quartz » 4, avenue Benoßt-Frachon 92023 Nanterre Cedex Tél. : 01.41.20.28.30 Fax : 01.41.20.27.12 Mél : codes92@cg92.fr
80 SOMME sâadresser Ă la rĂ©gion Picardie
93 SEINE-SAINT-DENIS Pdt Antoine Lazarus
81 TARN Pdt Fabien Catala Dir. Marie-Laure Manhes
UFR MĂ©decine 74, rue Marcel-Cachin 93017 Bobigny Cedex TĂ©l. et fax : 01.48.38.77.01 MĂ©l : codes93@hotmail.com
4, rue Justin-Alibert 81000 Albi TĂ©l. : 05.63.43.25.15 Fax : 05.63.43.18.08 MĂ©l : codes81@wanadoo.fr
94 VAL-DE-MARNE
82 TARN-ET-GARONNE
Immeuble le Verdon 82, boulevard LĂ©on Bourgeois 83000 Toulon St-Jean du Var TĂ©l. : 04.94.89.47.98 Fax : 04.94.92.80.98 MĂ©l : codes.var@wanadoo.fr
MAYOTTE Pdt Ali Ahmed
25, avenue Pasteur â BP 49 89011 Auxerres Cedex TĂ©l. : 03.86.51.80.69 Fax : 03.86.51.80.33 MĂ©l : codes89@sante.gouv.fr
75 PARIS
83 VAR Pdt Dr Jacques Lachamp Dir. Christine Madec
87 HAUTE-VIENNE Pdt Evelyne Robert
86 VIENNE
89 YONNE Pdt Paul Girard
10, rue des GliĂšres 74000 Annecy TĂ©l. : 04.50.45.20.74 Fax : 04.50.45.34.49 MĂ©l : ades74@voila.fr
sâadresser Ă la rĂ©gion Midi-PyrĂ©nĂ©es
sâadresser Ă la rĂ©gion Poitou-Charentes
CMPES Centre dâaffaires Agora BĂąt. G â niveau 0 â BP 1193 Ătang zâabricot â Pointe des sables 97200 Fort-de-France TĂ©l. : 0.596.63.82.62 Fax : 0.596.60.59.77 MĂ©l : cmpes@wanadoo.fr
5, rue Monte Ă regret 87000 Limoges TĂ©l. : 05.55.37.19.57
73 SAVOIE Pdt Charles Amourous
MARTINIQUE Pdt Louis-LĂ©once LecurieuxLafferonnay Dir. Fred Ho Can Sun
sâadresser Ă la rĂ©gion Ăle-de-France
95 VAL-DâOISE Pdt Hussein Mokhtari Dir. SĂ©bastien Charles CODESS 95 2, avenue de la Palette BP 10215 95024 Cergy-Pontoise Cedex TĂ©l. : 01.34.25.14.45 Fax : 01.34.25.14.50 MĂ©l : codess@valdoise.fr
FĂ©dĂ©ration nationale des comitĂ©s dâĂ©ducation pour la santĂ© (Fnes) Pdt : Pr Jean-Pierre Deschamps Sec. gĂ©nĂ©ral : Romain Laniesse DĂ©lĂ©guĂ©e : Marie-JosĂšphe Logez SiĂšge social Immeuble Etoile Pleyel 42, bd de la LibĂ©ration 93200 Saint-Denis TĂ©l. : 01.42.43.77.23 Fax : 01 42.43.79.41 MĂ©l. : fnes@fnes.info www.fnes.info
LA SANTĂ DE LâHOMME - N° 396 - JUILLET-AOĂT 2008
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RĂ©f. INPES 125-08396-R
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