Réflexions préliminaires
R
ien n’est plus mal connu que l’ancienne société chrétienne. Non seulement les ténèbres du Moyen Âge, pour nous servir de l’expression consacrée, n’ont point été éclaircies par les historiens dont les travaux forment l’opinion courante, mais, malgré l’abondance des sources et la proximité des documents, presque aucun écrivain ne nous a donné un tableau sincère des temps modernes et n’a fait comprendre la loi de leur développement. Quelque éclatantes que soient les exceptions, il est certain qu’elles ont été sans influence sur l’idée qu’on se fait généralement de l’époque qui a précédé l’explosion des doctrines révolutionnaires. Parmi ceux qui défendent le vieux droit, il est presque aussi rare de rencontrer des hommes qui en aient complètement l’intelligence, que parmi ceux qui l’attaquent. La papauté a toujours tenu haut et ferme la bannière des principes sociaux qui sortent du christianisme, comme les conséquences sortent de leurs prémisses ; mais on peut dire que ces principes ont été abandonnés et trahis par la majorité des catholiques avant de succomber sous les coups des adversaires déclarés de l’Église et que la civilisation chancelle, accablée bien plus par l’inconséquence et l’aveuglement de ses défenseurs que par l’effort de ses ennemis. Dès l’origine du christianisme, aussitôt qu’il prend son rang dans l’ordre temporel et qu’il faut le compter comme un des éléments 1