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Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier Domaine d’études ART & ARCHITECTURE

Vers une architecture de l’instant. Un essai de théorisation.

Mémoire - Master 2 Présenté par Quentin Jousselme

Jury : Eric Watier, Artiste, enseignant à l'ENSAM, directeur d'études David Hamerman, Architecte, enseignant à l'ENSAM Frédéric Saint-Cricq, Architecte, enseignant à l'ENSAM Patrick Perry, Historien, enseignant à l'ESBAMA


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Ă Claude Jousselme, instigatrice de mon esprit critique.

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Je tiens à remercier ici les personnes qui m’ont accompagné et guidé, de la naissance du concept d’architecture de l’instant jusqu’à l’élaboration de ce mémoire :

Eric Watier (pour le soutient, les encouragements, les corrections, les références et l’esprit), les collectifs eXYZt et Parenthèse (pour les workshops qui m’ont permis d’apprendre à travailler le bois), l’ATM (pour la dispo de son équipe et le matos mis à disposition), Vincent Chiret (pour le plaisir de construire, réparer, bricoler…), David Farge (pour le piratage d’espaces)… cette liste n’est pas exhautive.

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BRAND Stewart (dir.), Whole Earth Catalog. Menlo Park, Calif: Portola Institute, 1968-1970. 4eme de couverture. 6


« A good dinner party is a TAZ because nobody tells you how to behave… there is no king on the dinner party, there is no senate, there’s no police1 » Hakim Bey.

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« Un bon repas est une TAZ car personne ne te dis comment te comporter… il n’y a pas de roi à un repas, il n’y a pas de sénat, il n’y a pas de police » (traduction personnelle).

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Kassovitz Mathieu, La haine, 1995 capture d’écran. 8


Vers une architecture de l’instant

Ce mémoire cherche à mettre des mots sur une posture dans l’architecture elle-même. A la croisée du possible et du paysage. Du temps et de l’essai. Le thème ici n’est pas de problématiser un enjeu urbain et/ou architectural mais de questionner et de nommer une manière d’appréhender l’espace par l’architecture et le faisable. « Eteins ta télé et construis ta pergola » disent les mecs d’eXYZt. Je me demande ce qui pourrait se passer si, nous architectes, nous appliquions ça sur les villes, avec nos amis, les habitants du quartier, les passants, les gosses, et nos savoirs faire à chacun. Que se passerait-il si les espaces publics n’appartenaient plus à personne mais à tout le monde ? Comment re-disposer de l’espace extérieur qui nous entoure pour y être bien ? Dans quelles mesures a-t-on l’occasion de vraiment le faire ? Qu’est-ce qui peut nous pousser à être dans cette posture ? Qui le fait déjà ? Comment ? Ces questions se posent de plus en plus dans mon cursus qui arrive à sa fin. Elles définissent ce que j’appelle l’architecture de l’instant (cette architecture serait potentiellement pensée comme une zone d’action dans un environnement proche, une posture architecturale dans laquelle le social serait mis en avant). Ce texte pourrait être considéré comme un manifeste personnel, une sorte de référence dans les questions que je me pose sur le comment J’ai envie d’exercer. Comment une architecture de l’instant est-elle possible ? Quels sont ses enjeux ? Sa visée ? Dans quel contexte législatif (ou pirate) peut-elle prendre racine? Au travers d’expériences 9


personnelles telles qu’un workshop avec le Collectif eXYZt à la Panacée, la lecture de Temporary Autonomous Zone d’Hakim BEY, la construction d’une cabane légère dans les arbres, la construction de scénographie, de mobilier, l’organisation de TAZs, je tenterai d’expliquer ce que peut être une architecture de l’instant. Trois parties se dégageront afin de la définir : constats, références et actions.

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CONSTATS

L’IDEE : J’aime penser que l’idée n’appartient à personne, ou plutôt qu’elle doit se partager pour avancer et faire avancer les personnes qui l’accompagnent. L’open data en informatique se décline dans la vie réelle aujourd’hui par la coopération directe. L’organisation productive des hackers s’affranchit de la hiérarchie pour une structure foncièrement horizontale. Elle invite tout le monde à participer et ne sépare pas la conception de la réalisation. « L’absence relative de structure ne signifie pas qu’il n’y en a pas2 ». Le réseau a beau être horizontal, il n’est pas plat. Des micros structures d’arbitrage sont nécessaires pour l’avancement d’un projet. Si une de ces structures est remise en cause par une partie de la communauté, il suffit de copier le code et de le transformer à sa guise. L’absence de possibilité d’appropriation privée des biens produits collectivement est un fondement de la coopération directe et de l’open data qu’il est intéressant de reproduire à l’échelle de la construction. L’attitude des hackers s’éloigne de la culture protestante3 définie par Max Weber4, « celle du travail comme devoir, comme valeur en soi. Où vous devez juste effectuer votre travail, peu importe en quoi il consiste. Où la souffrance est même assez noble. » Dans le hacking, le dépassement de soi est mis en exergue. Il s’agit d’agir de manière gratifiante en réalisant quelque chose qui a une valeur sociale et qui nous plait. Dans Hacker’s 2 3 4

HIMANEN Pekka, L’Ethique Hacker, Exils Editeur, 2001 LATRIVE Florent, « La Hacker Attitude », Libération, 25 Mai 2011 L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme, Max Weber

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Black Bob, Travailler, moi? Jamais! L’insomniaque, 2010, Paris 14


Delight, Ward Mc Kenzie parle de cette ouverture de la connaissance : « Hacker c’est exprimer la connaissance sous n’importe quelle forme. Le savoir du Hacker, dans sa pratique, implique une politique de l’information libre, de l’étude libre, de l’échange du résultat d’égal à égal dans un réseau peer-to-peer. Le savoir du Hacker implique aussi une éthique de la connaissance ouverte aux désirs des classes productives, et libérée de la subordination à la production marchande. Le savoir du Hacker est une connaissance qui exprime la virtualité de la nature en la transformant, étant pleinement conscient de la gratification comme du danger. Quand le savoir est libéré de la rareté, la libre production des connaissances devient un savoir des producteurs libres5 ».

LE CAPITAL : La société du Capital tend à individualiser l’être humain. Elle donne aux gens la possibilité de faire preuve d’initiative, encourage l’innovateur. Le profit est la récompense qu’il propose aux entrepreneurs. L’individu montre ce qu’il fait mieux que les autres, dans une course effrénée à la richesse. Cependant, cette liberté est limitée par les attentes du consommateur. Le Capitalisme s’attache à satisfaire les besoins des masses, sur lesquelles il déverse une source inépuisable de « bienfaits » laissant cependant une partie des hommes sur la touche : marginaux, demandeurs d’asile… Il a fait grimper le niveau moyen de vie et a rendu accessible des apparats qui n’étaient réservés qu’à une élite riche (voitures, maison individuelle). L’art, dans les périodes précapitalistes ne rapportait que peu. Les écrivains par exemple, écrivaient durant leurs temps libres sous le mécénat, de manière libérale. « Les rois et les princes rivalisaient entre eux pour patronner les poètes et les écrivains6 ». 5 6

Wark McKenzie, Hacker's Delight. , Rue Descartes 01/2007, p. 118-126 MISES Ludwig von, La mentalité anticapitaliste, Institut Coppet, 1956.

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Ce fonctionnement leurs laissaient une liberté d’expression importante mais bornée. On observe aujourd’hui l’expansion d’un marché pour tous les types d’architecture répondant plus à un besoin immédiat qu’à une réflexion sur ces mêmes besoins. Une architecture de l’instant n’étant pas conformiste mais dissidente, elle échappe aux envies des masses et, par conséquent est hors du mode de fonctionnement capitaliste. Les flux de capitaux sont aujourd’hui sans frontières. La puissance de l’internet gomme la relation espace-temps et propose une inter connectivité absolue aujourd’hui. La délocalisation pour une recherche de gains financiers plus importants entraine une perte de la relation entre les Hommes dans le milieu du travail. La territorialisation de l’activité est une réponse au lien perdu entre entrepreneur et artisan au travail délocalisé. Aujourd’hui la relocalisation est un rêve non voulu pour la conservation de la richesse par la finance. Le lien est rompu entre les personnes au sein de la collaboration dans le travail. L’individualisme est prôné par une société de la publicité faisant miroiter une vie toujours plus excitante via la consommation. Une architecture de l’instant ne recherche pas le profit. Pas non plus sa propre vente. Elle existe par la volonté de ses acteurs. L’argent n’a pas de place dans l’architecture de l’instant. Elle dépasse cette considération en mettant en relation les personnes la constituant de manière directe : par le dialogue créé de la situation dans la quelle l’architecture de l’instant prend forme. Une architecture de l’instant, dans une société où s’exacerbe l’individualisme, propose le retour du lien entre êtres humains dans le travail (ou loisir). Son aspect collectiviste non producteur de richesse est une réponse donnée, un pied de nez à la capitalisation de ce qui nous entoure.

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ERREUR 404 : A Toulouse, le Mirail (par Georges Candilis, achevé en 1972) répond à un besoin de logement. Dès 1980 cependant, l’utopie de mixité sociale imaginée au départ est remise en cause par un phénomène de ghettoïsation. Aujourd’hui décrié, ce grand ensemble semblait pourtant porteur de sens. La systématisation de la réponse architecturale dans ce projet met en échec l’architecture elle-même dans ce lieu et sa faculté à faire vivre l’Homme dans des conditions adéquates. La situation géographique n’a pas non plus aidé à inclure ses habitants dans la métropole Toulousaine : enclavée entre voies de chemins de fer et zone industrielle, mal desservie. La problématique des coûts tendant à faire baisser la qualité de la réalisation dessert le projet et le rend vulnérable au temps en plus de marquer par sa répétition. La basse qualité des matériaux l’a rendu non pérenne, en déliquescence.

UNE MACHINE INFERNALE : « La machine administrative mise en place est devenue extrêmement lourde, constituant un frein intolérable aux forces dynamiques, aux élans, aux nécessités immédiates, à la vie. » L’architecture de l’instant peut se faire dans le cadre législatif, dans le respect des lois et demandes administratives. Cependant, elle prend toute son ampleur dans la liberté d’action au profit de l’action elle-même. Comme par exemple dans les utopies pirates décrites par Hakim Bey dans TAZ (Temporary Autonomous Zone)

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LE NON LIEU : Le junkspace de Rem Koolhaas, l’espace interstitiel de Pascal Nicolas-le-Strat définissent tous deux les vides dans nos villes contemporaines. Ces vides sont répandus partout dans la ville, sans véritable homogénéité, sans fonction déterminée. Ils sont perceptibles par le passant et créent une discontinuité dans nos villes. Ces espaces clos - soit quand ils résultent d’une démolition, soit quand ce sont des passages fermés - soit quand ce sont des sous faces, sont souvent inaccessibles ou invisibles. Ils ont étés produits par l’expansion rapide des villes post industrielles depuis ce dernier siècle. L’expansion de la démographie a englobé les zones industrielles qui, petit à petit victimes de délocalisations (Sète et sa friche industrielle entre le Port industriel et les voies SNCF) délaissent des territoires de plus en plus grands. D’autre part, l’étalement urbain est vecteur de zones délaissées. La règlementation organisant l’espace urbain en est une des origines : Plan de Prévention des Risques Naturels, Plan CEVESO, Plan Local d’Urbanisme (qui impose prospect, étalons constructifs) sont autant de règles distendant l’urbain dans sa conception, dans son parcours. Malgré le fait qu’ils soient considérés comme des réserves dans la ville, ils sont peu ou pas exploités durant l’espace latent qui sépare leur passé de leur devenir. Alors que des collectifs d’architectes réinvestissent ces espaces (collectif Etc. à Madrid dans le quartier de San Cristobal de Los Angeles7), d’autres servent de refuge à des hommes et femmes sans domicile fixe. Une architecture de l’instant comme je la conçois, prend tout son sens dans ces lieux, rebus de la ville moderne et propose de les modifier, d’en faire un atout. Ainsi, comme l’a fait Aldo Van Eyck en installant des aires de jeux sur des espaces interstitiels, cette architecture de l’instant

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http://www.collectifetc.com/realisation/autobarrios-sancris/

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prend forme ici. Elle a vocation à transcender le lieu méprisé en espace de rencontre, de fête, de partage.

LE TEMPS : Une architecture de l’instant a une temporalité. La technologie, par son instantanéité et sa régularité découle d’une vision protestante du temps. Les êtres humains ont perdu la notion de temps et la communication instantanée cultive l’urgence. Course à la productivité, caissières chronométrées, personnes chargées des inventaires sur Amazon contrôlés par des quotas informatiques sous peine de licenciement, le travail est pressé par le temps. « Pourquoi n’avez-vous pas répondu au mail que je vous ai envoyé hier soir ? » est une question classique dans le monde du travail et de l’ultra libéralisme. Le loisir se planifie aujourd’hui, agendas, rendez vous. La question que doit poser une architecture de l’instant est de ne pas être instantanée. Elle se construit. Peut-être que son installation doit se faire de manière rapide afin de la réaliser pleinement mais elle aura, au préalable été pensée en profondeur, dans sa situation et le dialogue qu’elle promeut. Ce temps de la création dans l’œuvre est composé d’allers retours successifs ralliant pensée et immersion dans le lieu, discussion avec les acteurs concernés et action.

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REFERENCES

L’ARCHITECTURE VERNACULAIRE : L’architecture vernaculaire se caractérise par la complexité des liens définis par des caractéristiques propres : unité avec le site, construction avec des matériaux à faible emprunte carbone (circuits courts, récupération de matériaux sur le site), le climat. Elle est aussi caractérisée par les modes d’organisation sociales et sociétales que l’on trouve dans les habitudes de vies liées à un lieu, un site. Celle-ci n’est pas sujette à la mode qui frappe l’architecture aujourd’hui : minimalisme, bardages tous similaires, crépi unicolore dans les lotissements. Elle propose juste une réponse aux problématiques la faisant naitre. Cette architecture, comme elle était pratiquée aux VI et VIIème siècles dans le Colorado par les Indiens Anasazis répondait aux besoins sociétaux de ceux-ci8. Les constructions sont issues de besoins spécifiques et constitués d’éléments pris sur le site. Il en est de même dans les domaines ruraux. Ainsi, en Provence, lors de randonnées, on peut voir des « bòri » ou « mazets » utilisés et construits par les bergers afin de s’abriter, dormir à la saison des pâturages.

LE REGIONALISME CRITIQUE : Le régionalisme critique que définit Frampton9 pose l’architecture vers une globalisation continue. Cette globalisation est inévitablement lié à la mondialisation de l’architecture (zones 8

MANIAQUE Caroline, GO WEST, des architectes au pays de la contre culture, Marseille ed. Parenthèses 2014 9 Kenneth Frampton, Towards a Critical Regionalism : Six Points for an Architecture of Resistance, 1983

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Une maison de l’Earthship Village, 22 Nouveau Mexique https://lawnmowervisionquest.files.wordpress.com/2011/11/ea rthship-construction-1.jpg


industrielles pour la plupart en structure acier et bac acier en façade, lotissements similaires en France, aux Etats Unis d’Amérique). Ce qui le différencie du vernaculaire (qui ne se base que sur l’artisanat local) est sa prise en compte de la culture mondiale. Le lien avec le lieu se fait pour Frampton dans la lumière, l’ensoleillement, ou encore la topographie.

L’EARTHSHIP VILLAGE : Ne pas payer, ni l’électricité, ni l’eau. Vivre en communauté. Réutiliser, récupérer, stocker. Ne plus dépendre du nucléaire. L’Earthship Village (Taos, Nouveau Mexique) qui a vu le jour en 2000 est une cité auto suffisante installée sur un territoire de 640 hectares (propriété collective). Insufflée par Micheal Reynolds cette architecture est faite à partir de 45% de matériaux recyclés10 : pneus, bouteilles en verre, canettes. L’utilisation de matériaux issus du recyclage permet de commencer la construction avec une empreinte carbone négative. La récupération, outre son avantage financier, n’a pas besoin d’énergie pour réutiliser des matériaux existants. Mise en relation avec des systèmes techniques adéquats, l’utilisation du bâtiment se fait de manière à ne pas dépendre de réseaux électriques, aérauliques.

« STAY HUNGRY STAY FOOLISH11 » : Le Whole Earth Catalog12 est un magasine de la contre culture aux Etats Unis d’Amérique publié par Stewart Brand entre 10

http://earthship.com/Designs/earthship-village-ecologies Restez insatiables, restez fous 12 BRAND Stewart (dir.), Whole Earth Catalog. Menlo Park, Calif: Portola Institute, 1968-1970. 11

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1968 et 1972. Pour le nouveau mouvement de la contre culture américaine, l’accès à l’information est précieux et le Whole Earth Catalog est une bible. Ce magasine proposant des outils d’accès et d’éducation, prônant le Do It Yourself (DIY), avec de nombreux schémas et explications, proposait aussi à la vente des produits utiles à l’autosuffisance. L’index de l’édition de 1968 est divisé en sept sections : comprendre les systèmes d’ensemble, abris et utilisation du terrain, industrie et artisanat, communications, nomades et apprentissages. Dans chacune d’elles, une sélection des meilleurs outils, et livres était accompagné de commentaires de l’éditeur.

eXYZt : En 2003, cinq architectes montent eXYZt. Aujourd’hui dissolu, le collectif qui a su regrouper plus de vingt personnes était composé d’architectes, de graphistes, de designers, de dj, de botanistes, de photographes. Leur intervention ont souvent eu la forme d’installations temporaires et invitaient les visiteurs à prendre part aux interventions. Une architecture de l’instant a une relation ambigüe avec le cadre législatif dans lequel elle prend forme. Pas tout à fait légale, elle interroge ce dernier. Durant un workshop organisé par le collectif eXYZt à la Panacée pour l’exposition « La Machine à Habiter »13, organisée par l’association Tropismes, j’ai eu l’occasion de travailler sur deux cabanes. L’objectif était défini. Nous avions le matériel, les mains, les outils, un savoir faire. Dans ce cadre logistique appuyé par une aide 13

Du 24/02/15 au 15/03/15 à la Panacée

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législative (subventions, mise à disposition du lieu) le collectif qui a eu carte blanche pour réaliser ses installations, était accompagné par les régisseurs, les équipes techniques du lieu, ce qui a permis de proposer une expérience. La notion de carte blanche prend ici tout son sens. Dans ce cadre, une liberté totale pour la réalisation de pièces architecturées est possible. Le collectif peut réaliser ce qui lui semble juste : sauna et cabanes dans le patio de La Panacée, club pour les enfants, rencontres. Cette démarche a permis d’investir ce lieu pour le faire voir et le faire vivre différemment.14 14

Manifesto by eXYZt "Be utopian. We want to build new worlds where fiction is reality and games are new rules for democracy. We want to encourage creativity, reflexion and renew social behaviors. If space is made by dynamics of exchange, then everybody can be the architects of our world. Experiment. Architecture can expand into a transdisciplinary field, where new tools can be explored. Our current recipe: marinate construction with video, music, graphic design, photography and gastronomy, without forgetting to leave space for interaction, freedom, informality and unpredictability. Our projects can result in spatial video games, architectural buildings, musical environments and/or thematic food feasts. Even if we refuse to enter the current architectural practice which is under economical and political constraints, we do deal with the reality of construction. We design and build ourselves, live in our constructions and leave freedom for visitors to appropriate our designs. What we produce is open source architecture. We collaborate to give free access to a structured living program and an interface for exchange. We only offer a framework for a direct and immediate emulation between people and space. Our projects are always in movement. It is this dynamic process based on interaction between people and their environment that really make our projects. We are here to incite you to have consciousness of your environment. Act and React. Thank you to: Yona Friedman, Archigram, Dada, Fluxus, hybrid architecture of the world (observed on our trips to Vietnam, Japan, Eastern Europe, Africa, USA). We owe you." 25


TAZ : La Zone Autonome Temporaire vise à libérer une zone à l’intérieur du territoire de l’état15. Parce que l’état est concerné par le spectacle plus que par la substance, elle peut occuper une zone clandestinement, de manière invisible. L’état ne peut la reconnaitre en tant qu’entité car « l’histoire n’en a pas de définition16 ». A partir du moment où la TAZ est nommée, elle doit disparaître. Ainsi, le A31 (31 Aout 2004, date de l’ouverture de la convention visant à élire le représentant du parti Républicain), des dizaines de groupes organisent des actions éclair pour bloquer les symboles du pouvoir et gêner, chacun à leur manière le déplacement des Républicains dans New York. Un moyen de protester contre un système qui n’est pas approuvé par les manifestants. Durant la journée, les îlots de droit et de libre expression créés par les activistes vont se dissoudre avant que l’état ne les arrête. Leur mot d’ordre est : frapper puis disparaître. Ces rassemblements servent à crever l’abcès autant que possible. « La TAZ est comme une insurrection sans engagement direct contre l'État, une opération de guérilla qui libère une zone (de terrain, de temps, d'imagination) puis se dissout, avant que l'État ne l'écrase, pour se reformer ailleurs dans le temps ou l'espace. » La prise de site est un des fondements de l’architecture, et par extension celle de l’instant. La différence sera celle de l’échelle géographique, constructive et temporelle. L’architecture de l’instant n’est pas figée. Ni dans le temps, ni dans l’espace. Elle débute, prend forme et évolue. Parfois s’arrête et cela pour diverses raisons : la cessation d’agissement de ses acteurs, le manque de volonté, www.eXYZt.org 15

BEY Hakim, Zone Autonome Temporaire, Paris, Editions de l’éclat, première édition française, 1997. 16

http://www.lyber-eclat.net/lyber/taz.html

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l’impossibilité d’agir (légalement, mais nous verrons que cela peut se détourner)…

UN CARNAGE INTERNE La guerre froide était inhérente aux états, de manière sousjacente. Aujourd’hui, la guerre, dans la société du capital se fait « à l’intérieur de chacun de nous17 ». Ce que nous habitons nous habite, ce que nous possédons finira par nous posséder. Le matérialisme issu de l’ultra libéralisme nous a « disséminé dans tout ce à quoi nous nous lions18 ». Il faut réapprendre à habiter ce qui nous entoure afin de vivre en harmonie avec ce qui nous entoure. La toute puissance des économies inter étatiques ne souhaite pas de guerres sur leurs territoires. Le capital se charge de faire régner un ordre maintenu par les forces de police et avec lui, cherche à faire rentrer tout un chacun dans des cases. Les signes extérieurs dont nous nous parons (voiture de tel ou tel type, téléphones dernier cri) sont autant de codes qui nous inscrivent dans des groupes. De retour de l’école, nos gosses disent « je veux la super Nintendo comme les autres ». Et en acceptant cela, nous nous inscrivons dans ce référentiel. Non pas que les jeux vidéos soient à décrier mais que la mode comme facteur d’intégration est questionnable. Comment échapper au matérialisme sans être rejeté quand on est gosse (les enfants sont durs entre eux). La posture de cette architecture de l’instant n’est pas matérialiste, elle est spirituelle. L’action menée en co-organisation permet une mise en avant des valeurs de partage. Elle crée une connexion et une excitation qui réside même après sa disparition. Le

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Comité invisible, A nos amis, Paris, éditions la Fabrique, 2014.

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Lbid p. 79

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Construction à Notre Dame des Landes, zad.nadir.org/  

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rassemblement, l’action et la disparition sont des tenants d’une architecture de l’instant.

LA ZAD DE NOTRE DAME DES LANDES : Les acteurs de l’architecture de l’instant ne sont pas tous architectes, cependant, ils agissent selon les besoins de l’habiter, du vivre. Parfois, lorsque la posture à défendre est un combat sur le long terme, ces acteurs deviennent aussi artisans de l’habiter. Le projet d’aéroport à Notre-Dame des Landes a suscité une réaction des riverains, des agriculteurs, des défenseurs de la terre. La réquisition, par Vinci de terres riches (zones humides, agricoles) a fait naître une situation dans laquelle certains ne se voient pas, ainsi qu’un désastre écologique. Comment faire pour se faire entendre ? L’occupation des sols est une des réponses apportée. Dans le cas de la Zone d’Aménagement Différé (en langage d’aménageur) ou Zone A Défendre de Notre-Dame des Landes (près de Nantes) toujours en cours, cette occupation des lieux a une visée revendicative. Médiatisée, elle se fait entendre au niveau national. Une occupation des lieux implique une organisation, de l’habitat, de la nourriture, pouvoir parler et passer le message. Quand la Sorbonne était occupée en 68, les étudiants s’étaient organisés. La construction par un collectif (dans ce cas les Zadistes) d’espaces de vie émergeant du besoin de vivre sur place fait naître une architecture de l’instant. Agriculteurs, jeunes, fermiers… ont construit des cabanes, des tentes, à partir de matériaux de récupération. Le geste de construire à ce moment là est lié à une problématique d’urgence : il s’agit de tenir. Cette architecture de l’instant prend en compte le fait de se nourrir (plantations bio dynamiques, circuits courts) qui échappe au système monétaire courant (ici, pas question de faire ses courses avec une carte bleue), d’éduquer (conférences, débats, bricolage et auto construction, philosophie…), de se retrouver (créer du lien 29


La bulle pirate de Marcel Lachat, 1971 youtube.com

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social, manger ensemble). La lutte continue, le 25 janvier 2016 encore la justice a été sollicitée par Vinci, des opérations escargot se déroulent en soutient aux onze familles et quatre exploitants agricoles.

MANIFESTE DE L’ARCHITECTURE INSURECTIONNELLE "La croissance rapide de nos agglomérations, la mutation de notre société, l'explosion démographique ont amené les pouvoirs publics à créer des plans d'urbanisme à l'échelle d'une cité, puis à l'échelle de l'aménagement du territoire. La machine administrative mise en place est devenue extrêmement lourde, constituant un frein intolérable aux forces dynamiques, aux élans, aux nécessités immédiates, à la vie. D'autre part, sur le plan architectural, un énorme malentendu s'est créé. Les visionnaires du début du siècle ont dénoncé les ornementations décadentes, les espaces inutiles, les mensonges structuraux. Le combat qui était nécessaire à l'époque a donné bonne conscience à ceux qui construisent les grands ensembles d'habitations d'aujourd'hui. Les précieux espaces inutiles ont disparu, les formes ont été rendues primaires sous prétexte de rationalisation. Il devient alors facile de faire les plans, il devient rassurant de métrer, d'évaluer et de contrôler avec précision... Il devient difficile d'y habiter. Comment prendre possession d'espaces aussi pauvres ? Contre les entraves administratives, contre la masse réactionnaire des professionnels du bâtiment, je propose la stratégie suivante : la création d'une architecture insurrectionnelle. Lorsque je contemple un grand ensemble, j'ai envie de donner à ses habitants les moyens de réaliser leurs rêves et leurs besoins du moment en mettant à leur disposition ou en leur donnant les moyens techniques pour réaliser clandestinement des "cellules parasites". Ils pourraient agrandir leur appartement à l'aide de cellules ventouses fixées sur les façades. Les enfants pourraient recréer l'univers poétique des 31


greniers d'autrefois en implantant des cellules sur les terrasses des immeubles. Des chambres d'amis apparaîtraient sur les pelouses. On assisterait à l'explosion d'une architecture insurrectionnelle." Jean Louis Chanéac (mai 1968) Trois ans après, en 1971, Marcel Lachat construit en une nuit une bulle pirate afin d’agrandir son logement pour y loger son nouveau né. C’est une petite structure fixée à la façade de son appartement. Cette démarche est une mise en pratique directe du manifeste de Chanéac dans un cadre illégal. Cependant, elle réussit à ce que Lachat se fasse entendre et que sa demande d’un habitat plus grand pour sa famille soit observée. La mise en dialogue du dispositif avec le public se fit en court-circuitant les institutions.

TIRADE DU CAPITAINE BELLAMY : « Je regrette bien qu'ils ne vous rendent pas votre chaloupe, car je déteste faire du tort à quelqu'un quand ce n'est pas mon avantage. Maudite chaloupe, nous devons la couler, et vous devez en avoir besoin. Quoique vous soyez un sale fouineur, comme tous ceux qui acceptent d'être gouvernés par des lois faites par les riches pour assurer leur propre sécurité, car ces petits peureux n'ont pas le courage de défendre autrement ce qu'ils ont acquis par friponnerie; mais soyez tous maudits: maudits soit cette bande de fieffés fripons, et vous, le paquet de têtes-molles au cœur de femmelette, qui les servez. Ils nous dénigrent, les escrocs nous dénigrent, alors qu'il n'y a qu'une différence, ils volent les pauvres sous couvert de la loi, alors que nous volons les riches sous la seule protection de notre courage. Ne voyez-vous pas que vous feriez mieux d'être l'un des nôtres, plutôt que de tourner autour de ces vilains pour du travail? Quand le capitaine répondit que sa conscience ne le laisserait pas briser les lois de Dieu et de l'homme, le pirate Bellamy reprit : Vous êtes un coquin à la conscience diabolique, je suis un prince 32


libre, et j'ai autant d'autorité pour faire la guerre dans le monde entier que celui qui a une flotte de cent vaisseaux à la mer et une armée de cent mille hommes sur le terrain. Voilà ce que me dit ma conscience. Mais à quoi bon discuter avec des pantins pleurnichards qui permettent à leurs supérieurs de les jeter par-dessus bord à coups de pieds au cul, selon leur bon plaisir.» Daniel Defoe « histoire générale des pillages et des crimes de pyrates les plus fameux »

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ACTIONS :

PRISE DE SITE : Une architecture de l’instant nait d’un besoin : celui d’occuper un terrain, vague, agricole, un lieu. Cette architecture est inhérente au fait de défendre des intérêts vis à vis d’une situation créant polémique. Un squat, une occupation, a toujours une raison d’être : habitat pour défavorisés, réfugiés (de guerres, climatiques…) Zone à Défendre (ZAD), ou plus simplement espace délaissé dans lequel rien ne se passe et dans lequel un lien social peut naître. Elle s’ancre dans le temps, émerge d’un instant T résultant d’une situation donnée.

SAVOIR FAIRE : Le savoir faire, ou le manque de savoir faire n’est pas un impératif pour réaliser une architecture de l’instant. Le bricoleur peut très bien se retrouver dans la posture d’un architecte. Sans plans mais avec une volonté et la possibilité de réaliser son architecture. L’apprentissage par l’expérience est, dans tous les cas, important. A l’heure de la garantie et de l’obsolescence programmée, la connaissance du bricolage me semble importante à apprendre, tout au moins à appréhender. Il en va de même pour l’architecture et la construction : il me semble important de savoir, théoriquement puis par l’expérience comment monter un mur en parpaings, au cordeau.

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L’écluse, Bastien Marlin 2012

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STAY PUNK / DO IT YOURSELF : Arpenteurs de la ville, les skateurs dont la pratique moderne s’est vue modifiée par les Z Boys à Los Angeles en Californie dans les années 70 sont pour certains devenus des bâtisseurs. En France, Bastien Marlin est de ceux qui se construisent leurs spots. Sans autre prétention que de les rider. Dans des endroits peu fréquentés, près de rivières ou fleuves (pour la récupération de dalles béton, de sable, d’eau) ce constructeur a implanté ses modules dans une écluse ou encore dans un conduit d’évacuation des eaux de pluie. Et ce n’est pas le premier, à Toulouse, avant la création du park par la ville, un groupe de douze skateurs néophytes en maîtrise d’ouvrage ont construit un bol en béton : « Chez Claude » dans une friche industrielle (squattée, taguée, pourrie). D’un premier module appelé « le primaire », ils ont construit un bowl qui représente 30 tonnes de béton en tout. Ce projet, construit à la main, avec des pelles, des taloches, et tout ce qui était trouvable sur place (frigo, terre, grillage, bureaux…) est un spot improbable. La voix du Nord raconte : « Ces Tony Hawk (célèbre skateur, NDLR) du BTP ont opéré en toute discrétion, et en parfait mépris du code de l’urbanisme, dans cet espace un rien oublié de la ville. Ils sont arrivés, selon des témoins, dans une fourgonnette immatriculée en Allemagne, tractant une bétonnière et un groupe électrogène. Leur mortier coulé, les francstireurs ont étrenné leur œuvre et plié les gaules sans demander leur reste. Ni l’Équerre d’argent de la plus belle réalisation architecturale.19 » Le but est clair : se faire plaisir à construire pour avoir le plaisir de créer un spot, sur lequel on va progresser, discuter avec les autres, en apprendre sur eux, sur le sport, sur nous-mêmes. A chaque fois, ces projets Do It Yourself (DIY) sont porteurs d’un 19

BERGES Sébastien, « Lille : ces mystérieux skaters qui bétonnent à la hussarde», La voix du Nord, publié le 08 oct 2014

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BAR 25, Berlin juin 2010 http://berlinwithlove.blogspot.de/2010/06/joburg-24-capetown-pool38 under.html


message qui est celui de l’action. L’action commune pour un plaisir partagé. Bien sûr, il faut y revenir. Refaire les courbes cassées, usées ou vandalisées. Souvent, la construction n’est pas pérenne. Agents de l’état, propriétaires de ces « pools », sont autant de détracteurs quand il s’agit d’investir un lieu de manière illégale. NACHTCLUB : Berlin est un des points d’émergence et de diffusion de la techno en Europe. En 1990, la chute du mur entraine une émulation de la contre culture poussant l’électronique sur la scène musicale. Les interstices laissés par l’ancienne limite se comblent, des clubs s’y installent. Le Trésor ouvre ses portes en Avril 1991 dans un centre commercial destiné à la démolition. Le Berghain dans une ancienne centrale électrique. Le Bar 25 (ouvert en 2004 et fermé le 14 septembre 2010) est un des édifices qui a motivé ma réflexion sur une définition d’une architecture de l’instant. Ce projet, se différencie des autres clubs car il ne récupère pas un lieu pour s’y installer. Il est construit de toutes pièces par l’équipe qui assurera sa gestion jusqu’à la fermeture. Il s’implante dans l’ancien no man’s land du mur, sur les bords de la Spree, accolé à la ligne Ostbahnhof. Constitué, dans un premier temps d’un chalet et d’une avancée couverte, il a su évoluer pour s’étendre et se complexifier au cours du temps : club, bar, épicerie, petit hôtel, espaces de projection extérieur, piscine et sauna si l’envie de le faire était présente. Cette entité de la nuit Berlinoise fonctionnait sur un principe communautaire et proposaient aux visiteurs une prestation unique tant par l’utilisation du lieu que par l’ambiance générée par celui-ci. Le processus de fabrication de ce lieu est important : sur un lieu en friche se sont conglomérés des amis. Durant ses six années de service, ils ont proposés des soirées durant parfois du vendredi soir au lundi matin. 39


Fiche de participation Ă un des chantiers de S Sirugeda www.recetasurbanas.net/

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Le bail arrivant à son terme et le propriétaire des lieux voulait vendre le terrain, le bar dut fermer.

PARTICIPATIF : La requalification d’espaces délaissés par l’initiative citoyenne permet une architecture de l’instant. L’Atelier d’Architecture Autogérée (AAA) est une agence d’architecture Parisienne proposant une démarche unique de prise de site en accord avec les communes dans laquelle elle intervient. Elle propose une réutilisation de dents creuses, d’espaces délaissés afin d’y insérer un programme qui peut ajouter de la cohérence à un quartier, qui peut y lier ses habitants. L’idée est d’aider à monter un projet commun, le dessiner, en parler, le réaliser pour ensuite le confier à une entité de quartier érigée en association. L’intervention se fait avec les personnes qui se sentent concernées par le devenir d’un lieu qui leur est proche (géographiquement). Dans leurs réalisations, on peut citer la parcelle du 56 rue St Blaise à Paris, parcelle inconstructible car bordée de fenêtres, ancien passage au cœur du quartier St Blaise. Pour ce projet, l’équipe, entourée d’associations d’auto construction, d‘étudiants en architecture et urbanisme, de bénévoles a réussi avec le soutient de la mairie à créer un espace de jardinage, de production, de vente pour des maraichers bio, de concerts, de rencontres, de débats destiné à la population du quartier. Aujourd’hui, l’AAA insuffle toujours des usages pour ce lieu. La question de l’occupation des lieux abandonnés par la ville est une des thématiques du travail de l’architecte Santiago Cirugeda, originaire de Séville (Espagne) qui met en exergue cette question de la légalité dans des projets participatifs. Son action vise à récupérer et changer l’espace urbain abandonné ou à le faire devenir un lieu de rencontres dans la ville. Son agence « Recetas Urbanas » est un 41


Santiago Cirugeda, Refuge Urbain42 1998, SĂŠville http://www.recetasurbanas.net/index1.php?idioma=ESP&REF=1&ID= 0003


laboratoire de construction et de réflexion sur les espaces sans vocations particulières dans la ville. « Hay que cometer illegalidad, para demonstrar que illegalidad puede ser correcta. Porque puede producir un cambio de mantalidad y un cambio politico 20». Dès 1996, il met en place ce qu’il appelle des « Stratégies subversives d’occupation urbaine ». Elles jouent sur le cadre législatif légiférant l’installation d’un projet dans la ville. Sur son site21, il explique comment détourner la législation afin d’installer des balançoires, capsules ou encore refuges urbains. La marche à suivre est expliquée : « Cómo: 1. Solicitar en la Gerencia de Urbanismo de vuestra Ciudad (o similar) la correspondiente licencia de obra menor para pintar la fachada del inmueble al cual te quieres empotrar, incrustar, adosar o simplemente ampliar. 1. A.El grado de protección patrimonial del inmueble puede obligarte a firmar que vas a mantener el color que tiene, pero eso no es preocupante. 1. B.Si la fachada no necesitase pintura se pueden efectuar algunas pintadas llamativas para excusar el repintado de la misma. 2. Conseguir que algún amigo o conocido que sea arquitecto ( hay muchos ) te firme el proyecto del andamio, junto con el estudio básico de seguridad y salud. Este proyecto es muy sencillo y se copia fácilmente. En cuanto a los honorarios se podrán solucionar con unas cervezas.

20 21

https://www.youtube.com/watch?v=Db0ttwgQxCM [1’25] http://www.recetasurbanas.net/index1.php?idioma=ESP&REF=1

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Santiago Cirugeda, Post Nuclear Spider, La Carpa, SĂŠville 2014 44 http://www.theguardian.com/cities/2014/aug/18/santiago-cirugedaguerrilla-architect-spain-seville-financial-crisis


3. Con la licencia de obra menor pagada (3000 ptas aprox./ 18€ ) y con el proyecto visado en el correspondiente colegio oficial (4000 ptas aprox. / 24€ ) estamos en disposición de pedir la licencia para la colocación del andamiaje, que si bien hay que definir la duración de la obra se pueden sacar sin rellenar la casilla correspondiente y hacer que dure indefinidamente( lo digo por experiencia ). De todas formas, personalmente me interesan estancias de pocos meses para poder instalarme en diferentes lugares sucesivamente y no perder el carácter provisional ( atributo este que asusta a la profesión arquitectónica ). 4. Diseñar tu propio refugio urbano utilizando los materiales y recursos estilísticos que más te gusten.

5. Cuando la licencia esté concedida (1 mes aprox.) instalar el andamio junto con el refugio.22 » Il s’agit de la suivre afin de pouvoir proposer un refuge (dans ce cas). 22

Comment ? 1 : contracter une licence de construction auprès de l’urbanisme en sous œuvre mineure pour peindre la façade d’un immeuble sur lequel tu veux t’encastrer, t’incruster, t’adosser ou simplement élargir. 2 : demander de l’aide à une connaissance architecte (il y en a beaucoup) pour signer le projet d’échafaudage, avec l’étude basique de sécurité et santé. C’est un projet peu cher et qui se copie facilement. Dont les honoraires peuvent être réglés avec quelques bières. 3 : Avec la licence de sous œuvre mineure et celle correspondant au collège officiel, nous pouvons demander la licence concernant l’emplacement de l’échafaudage sans remplir la ligne sur la durée, ce qui fait que ça peut durer indéfiniment (je le dis par expérience). De toutes les durées, je m’intéresse à celles qui durent peu de mois pour pouvoir m’installer dans différents lieux et conserver le caractère provisoire. 4 : dessiner ton propre refuge urbain en utilisant les matériaux et ressources stylistiques que tu aimes le plus. 5 : quand la licence est concédée, (en un mois approximativement), installer l’échafaudage avec le refuge. (Traduction personnelle) http://www.recetasurbanas.net/index1.php?idioma=ESP&REF=1&ID=0003

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Pour le projet « The post-nuclear spider23 » il s’agissait de récupérer un espace public délaissé et de venir y installer un espace d’art auto construit, en ayant seulement une convention d’occupation des lieux. Avec des tentes de cirque de récupération, quelques containers et des poutres acier et la collaboration de diverses personnes (habitants, étudiants en architecture) via des fiches de participation, le projet fut monté en une année. Jamais pensé comme une construction pérenne, il fut demandé au responsable de la galerie de démonter le projet en 2014, soit quatre ans après le début de sa construction. L’architecte Santiago Cirugeda, au lieu de protester quant à la destruction du site se félicita qu’il ait pu accueillir plusieurs dizaines de milliers de personnes pendant son fonctionnement.

EXYZt La volonté de lien social, contre-individualiste est un des points fondamentaux d’une architecture de l’instant. Dès la volonté de prendre un lieu, un site, un dialogue doit se mettre en place. Ce dialogue important a une visée politique. Par la mise en situation de personnes dans un lieu donné, une architecture de l’instant permet le questionnement : quels avenirs pour ce lieu ? Comment s’organiser en système inter citoyens afin de mener une action concertée ici ? De quoi avons-nous besoin dans notre quartier ? Comment mieux profiter ensemble des espaces publics mis à notre disposition ? Elle n’est pas exclusivement renfermée sur elle-même. Elle est ouverte aux interventions orales, écrites et physiques et permet une posture dans laquelle les intervenants peuvent se retrouver en posant les questions inhérentes à un lieu inoccupé ou en devenir. L’installation dans un lieu privé (100 Union Street, Londres) mis à disposition pour y installer, suivant le « Beer act » de 23

2010 – 2014 à La Carpa, Séville, Espagne.

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1830 (une maison peut ouvrir sa devanture afin d’y vendre de la bière mais aussi la brasser), une maison publique24 comme l’a fait le collectif eXYZt a une visée sociopolitique. Le projet, appelé reUNION, a proposé aux visiteurs des espaces de projection, une piscine en plein air (à Londres !), un bar à prix libre, un sauna gratuit mais aussi le lieu de vie du collectif, permettant la rencontre le débat, l’apprentissage entre acteurs et spectateurs. Ici s’est posée la question de l’abandon de la propriété privée au profit de son partage, dans un quartier d’habitat ou l’espace de jeu n’existe pas. Le projet quoiqu’éphémère a marqué une première intervention sur ce site qui sera retravaillé par la suite pour un autre projet d’eXYZt. Une architecture de l’instant englobe l’architecture participative comme la pratique et soutient Patrick Bouchain. Le dialogue entre les intervenants est source de richesse de réponses plus justes. Ainsi, travailler sur la requalification du Mirail à Toulouse est un acte politique fort car acceptant de regarder et d’agir sur une situation qui de désagrège au fur et à mesure. La discussion avec les habitants de ce grand ensemble permet dans un premier temps de montrer qu’ils sont des citoyens pouvant prendre part aux décisions quant à la réfection de ce lieu. D’autre part, par le dialogue et la considération qu’a eue Patrick Bouchain, les habitants du Mirail ont senti que quelque chose pouvait changer, chose que les changements successifs de mairies dans cette ville n’ont pu faire sans rejeter la faute sur leurs prédécesseurs. L’implication de l’individu dans le chantier pour l’apprentissage dans le partage est une thématique récurrente chez Patrick Bouchain. Ainsi, sur la Biennale de l’architecture de Venise (Pavillon Français 2006 en collaboration avec le collectif eXYZt) il dit : « si on remplit tout, si on programme tout, il n’y a pas la place à l’aléatoire25 » et donc à l’invitation de personnes sur le chantier afin d’échanger les savoirs 24 25

http://www.exyzt.org/the-reunion/ https://www.youtube.com/watch?v=63sYZGa_nC8

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Florent Rivière, Paris, 2014 http://tracks.arte.tv/fr/les-hackers-urbains-partent-labordage-des48 villes


relatifs au chantier. La portée politique de cette posture propose une inter-éducation dans la réalisation d’un édifice commun, par le jeu, la rencontre, la discussion et le travail.

HACKTIONS : Pour les hackers urbains, le crédo est de s’approprier la rue face à un environnement qui devient de plus en plus neutre. L’esprit du hacker est tout à fait transposable dans la ville. Les trois F26 : Fun, Free et Fuck sont les trois maîtres mots d’ordre pour le hacker urbain. Fun pour l’aspect ludique et spontané. Free comme l’open data, la mise à disposition de son travail pour la communauté et le do it yourself. Fuck car l’idée est d’être subversif afin de questionner le système dans lequel le hacker agit. Une architecture de l’instant, sans financement car pour la plupart du temps pirate, s’inspire de ce fonctionnement : elle est ludique et spontanée, subversive, libre de droits. La récupération, l’assemblage, le bricolage permettent de s’affranchir des problématiques budgétaires dans la construction d’une pièce architecturée. La récupération met en avant et questionne le statut des déchets dans les villes. Sous les ponts, des Hommes y ont déjà recours : Sans Domicile Fixe, Squatteurs utilisent les matériaux qu’ils glanent pour se construire un abri qui n’est malheureusement pas temporaire. Le Hacking urbain pratiqué par Florent Rivière découle de ce fonctionnement. En prenant comme base un banc public dont les assises sont dos à dos notamment. Son mode opératoire est simple : désassembler les assises, conserver le dossier en place, faire s’entrecroiser les quatre planches d’assise de part et d’autre du dossier afin d’avoir une forme qui rappelle celle d’une tente canadienne. Il s’agit ensuite de récupérer de la bâche qui va servir de 26

HIMANEN Pekka, L’Ethique Hacker, Exils Editeur, 2001

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couverture et du carton, pour s’isoler du sol. Cette proposition n’est pas pérenne. Elle n’est pas censée l’être. Elle est une solution d’urgence qui montre ce qui doit changer et met les passants face à la misère qu’ils évitent, renient.

PIRATES : L’absence de cadre légiférant l’installation, parfois son interdiction sur un territoire inscrit cette architecture de l’instant dans une démarche plus sauvage. L’absence d’autorisation d’installation sur un territoire est génératrice de solutions bricolées qui sont le raccord aux réseaux électriques (pour les outils), aux réseaux sanitaires, aux réseaux viaires (accès aux terrains vagues) de manière pirate. Cette architecture de l’instant s’expose à une potentielle intervention des forces de l’état pour y mettre fin. Son instabilité pousse ses acteurs à avoir une posture de protection vis-à-vis de l’état, tant qu’elle n’est pas une Zone Autonome Temporaire (ZAT) ouverte au public : cagoules, discrétion des constructeurs.

COURANT VERNACULAIRE ? Une architecture de l’instant est une petite cousine de l’architecture vernaculaire, de l’architecture sans architecte. Le choix du site pour son caractère spécifique (abandonné ou en devenir), l’utilisation de matériaux trouvés sur place (récupération, vols) de besoins spécifiques (éviter qu’un lieu abandonné ne devienne une poubelle, une décharge mais aussi besoin de rassembler) sont constituants de ce qu’elle tend à être. En ces points, et en ces points uniquement. D’autre part, plus que régionalisme critique, une architecture de l’instant est mondialiste critique en ce qui concerne 50


les matériaux : ils sont les rebus, les déchets qui sont actuellement produits de partout dans le monde.

LA FETE : « Les êtres humains aiment se retrouver pour jouir de la liberté même pour un temps court plutôt que de vivre leur vie misérablement27 » Hakim Bey Concert, congrès, match, carnaval, chantier sont autant de mots qui expriment le rassemblement et qui se quantifient en nombre de personnes qu’ils rassemblent. La fête urbaine est devenue l’affaire de professionnels : on se contente facilement de médiocrité avec l’éducation que la télé nous a « offerte » : technologie du son, de l’image. Cependant, la relation qui unit la fête à la ville n’est pas anecdotique. La fête a un pouvoir révélateur sur la ville. Elle peut marquer le temps (fête de la véraison à Châteauneuf du Pape / Randonnées Gourmandes à Rasteau), rappeler l’Histoire (14 Juillet, Thanksgiving), édifier (inaugurations). La fête est fondatrice, participe à la ville, la détourne, elle et ses codes, la transforme. Dans un Avignon du mois de Juillet (et ce depuis 1947, fondation du Festival d’Avignon par Jean Vilar), la fête réveille la ville, fourmille de visiteurs et transcende la vie urbaine habituelle en son sein. La ville se déguise même, s’habillant d’un flot infini d’affiches pour les yeux des nombreux visiteurs qui la parcourent. Cependant, malgré tout ces attributs qui la parent, l’essentiel dans la fête est invisible : elle a beau être retransmise via un direct télévisuel, elle se vit plus qu’elle ne s’observe.

27

https://www.youtube.com/watch?v=swZaPcDSa3M

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AM I EXPERIENCED ?

Participation au workshop eXYZt à La Panacée. Organisée par l’association Tropisme, l’exposition « La machine à Habiter » propose une réinterprétation de l’espace habitable en en éclatant le programme dans l’espace d’exposition. Invités à participer, le collectif eXYZt (regroupant architectes, designers, graphistes, menuisiers, techniciens son…) à répondu présent pour son dernier projet en construisant à la manière d’une installation éphémère. Durant ce Workshop, j’ai eu l’occasion de travailler sur le montage des différentes pièces proposées : cabanes, sauna, frise chronologique, en ayant comme matériau de base des planches de pin de section 2,7 x 10 cm ou 2,7 x 20 cm et de longueur 3,5 m et des éléments d’échafaudages. Le choix des matériaux (recyclés parfois mais aussi non pérennes) « permet la fantaisie qu’un projet durable ne permettrait pas » (Stéphanie Lebourn). Sur les cabanes, comme sur le reste des autres pièces, le collectif avait une vision de ce qu’il voulait réaliser mais pas de plans « Je t’expliquerai au fur et à mesure, j’ai rien dessiné » (Manu Macaigne, menuisier), laissant la place à la modification du projet en cours de route selon le manque de matériel ou si d’autres modifications ou ornements étaient voulus. D’autre part, chacun pouvait influencer la construction en prenant part aux discussions. De la conception à la réalisation et jusqu’à la présentation au public, le projet est passé dans les mains de tout le collectif dans une organisation réglée. Manu Macaigne, charpentier et membre actif du collectif a effectué ce qu’il avait pour but : le gros œuvre des 53


cabanes et laisse le soin de la lumière, du son, de la peinture aux membres plus qualifiés que lui dans ces taches : « Une fois construit, je vous laisse ça, faites ce que vous voulez »

Lecture de TAZ: Zone autonome temporaire de Bey Hakim (1998). TAZ est un essai philosophique sur la prise d’un espace comme moyen d’assumer sa liberté. Au travers d’exemples historiques : communautés isolées, pirates, prise de Fiume par Gabriele D’Annunzio, Hakim Bey essaye de théoriser et d’appliquer les Zones Autonomes Temporaires à notre société du net actuel. Le lien à l’architecture de l’instant dans sa dimension pirate est évident : une prise de l’espace directe menant à un microcosme dont les codes ne sont applicables qu’à l’espace lui-même. La dimension sociale y joue une part importante dans sa réalisation car elle propose une interaction entre les différents êtres de la ZAT. Je reviens souvent sur ce livre. L’ayant découvert et lu en 2010 pour la première fois, chaque relecture est pour moi une nouvelle source d’informations. Ce livre a fait et fait toujours avancer ma capacité à réfléchir sur la société actuelle.

Lecture de la revue Urbanismes et Architecture (sous le thème « la Fête ») « Une fête, c’est d’abord être ensemble. Ensemble : le mot clé de la fête est aussi celui de la ville » (Michel Sarazin) La revue Urbanismes et Architecture propose une analyse des différents aspects que peut revêtir la fête dans la ville : Artistique (festival d’Avignon), populaire (les cinémas), religieuse (Saintes-Maries de la 54


Mer), politique (fête de l’Humanité) afin d’en dresser des constantes mais aussi de la questionner. Ici, se pose la question de la spontanéité, de l’organisation, du professionnalisme, du législatif, du social, du politique. « C’est que la fête est une affaire sérieuse, une arme politique tout autant qu’une nécessité sociale. Il faut aux citadins des jeux comme il leur faut du pain. Non pour leur faire oublier leurs misères d’une existence, les failles d’une civilisation les déchirures d’une société. Mais tout simplement parce que la forme et les rythmes des villes modernes raréfient les occasions d’être ensemble28 ».

Participation au montage de la Fête de L’humanité 2010. Dix jours avant le lancement de la Fête de l’Huma, je suis monté à Paris pour aider une délégation à monter son stand. Arrivé sur place, je me suis rendu compte de la complexité et de l’organisation nécessaire à la réalisation de ce projet de ville. Chacune des délégations avait le soin d’organiser son stand suivant les plans d’implantations donnés par l’organisation de la fête. Avant l’ouverture au public y régnait une ambiance fraternelle et de franche camaraderie : les stands proposaient déjà aux équipes de monteurs restauration et espaces de rencontre. Comme une prémices au week-end à venir. Durant la fête, je me suis rendu compte que je n’assistais pas à un énième festival mais que celui-ci permettait un dialogue aisé avec des inconnus, le climat y régnant proposait plus qu’un simple rendez vous, comme une zone avec des codes différents.

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SARAZIN Michel (dir.) Urbanismes et Architecture, n°239, JUILLET / AOUT 1990 p 38 à 89

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Construction d’une cabane dans les arbres Pour cette cabane conçue avec un ami, nous avons récupéré des tubes acier 4 cm, des planches d’échafaudage, des palettes, de la bâche. Quincaillerie et OSB achetés. Après soudure de la structure primaire, nous avons monté les bastaings puis la terrasse. Une semaine de conception / chantier.

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Cabane dans les arbres, 2014

57 Chiret Vincent & Jousselme Quentin.


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Et après ?

Le lieu influence de manière absolue le projet. Une architecture de l’instant s’inscrit dans une démarche analytique d’un espace et la croise avec l’envie, le possible. Une architecture de l’instant n’exclut pas. A l’heure de la perte des relations humaines qu’engendre la connectivité absolue, ce que j’essaie de définir cherche à mettre en contact des personnes se côtoyant mais ne prenant pas le temps de se connaitre. Se sentir bien quelque part tient à peu. Un parasol à la plage suffit pour se protéger des rayons agressifs du soleil. Qu’en est-il dans les villes ? Dans les campagnes ? L’investissement des espaces par la population est important. Il permet de se sentir chez soi. Construire est un acte fort, il témoigne de l’inscription d’une civilisation sur un territoire. Les architectes ont un rôle très important à jouer dans l’élaboration de villes agréables. Les citoyens ne doivent pas êtres exclus de cela. Leurs expériences de vie dans des lieux et la compréhension de ceux cis peuvent tout à fait aider à la conception d’une architecture en adéquation avec son public. S’éloigner du système du travail via une révolution ludique, c’est ce que prône Bob Black29 dans Travailler, moi? Jamais ! Une architecture de l’instant est dans ce crédo. La notion de plaisir (qu’il soit dans la construction, dans l’échange, dans le partage) est primordiale. Qu’y a-t-il de plus plaisant quand on est gamin que d’aménager dans la cabane qu’on vient de construire ? Les exilés de 29

Black Bob, Travailler, moi? Jamais! L’insomniaque, 2010, Paris

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l’Earthship Village l’ont compris. De plus, leurs méthodes afin de stocker l’eau, l’énergie, la chaleur permettent d’amoindrir leurs dépenses. Ce qui entraine plus de ressources budgétaires à investir dans ce qu’ils ont envie. Si je ne sais pas encore comment inclure concrètement cette attitude dans mon futur métier, je crois avoir une intuition sur la posture que j’adopterai. A la planification continue, je préfère une réflexion dans l’action, dans l’expérience. Celle qui fait faire ce que l’on croit, avec ceux qui y croient.

Alors, qu’est-ce qu’on fait ?

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BIBLIOGRAPHIE BEY Hakim, Zone Autonome Temporaire, Editions de l’éclat, première édition française, 1997, Paris. Black Bob, Travailler, moi? Jamais! L’insomniaque, 2010, Paris BOUCHAIN Patrick, Construire en habitant Métavilla-Métacité / Venise 2006, Actes Sud 2011, Arles. BRAND Stewart (dir.), Whole Earth Catalog. Menlo Park, Calif: Portola Institute, 1968-1970. BRITTON, Karla. L’architecture METROPOLITIQUES Mars 2013.

du

régionalisme

critique.

BRUISSON, Jean-Paul. Le néo-régionalisme se moque-t-il du lieu? REVUE DE GEOGRAPHIE ALPINE n°3 1996 COHEN Jean-Louis, L'Architecture au futur depuis 1889, Phaidon, 2012, Paris. Comité invisible, A nos amis, Paris, éditions la Fabrique, 2014. HIMANEN Pekka, L’Ethique Hacker, Exils Editeur, 2001 LEFAIVRE Liane et TZIONIS Alexander. 2012. Architecture of Regionalism in the Age of Globalization: Peaks and Valleys in the Flat World, Londres et New York: Routledge. MANIAQUE Caroline GO WEST, Des architectes au pays de la contreculture, Marseille, éditions Parenthèses, Aout 2014. MAGNAGHI, Alberto. La bio région urbaine, petit traité sur le territoire bien commun Paris. Association culturelle Eterotopia France, 2014, Traduit de l’italien par Emmanuelle Bonneau MISES Ludwig von, La mentalité anticapitaliste, Institut Coppet, 1956, Paris. 61


SENETT, Richard. Ce que sait la main. Ed Albin Michel, 2010, Paris. VENTURI Robert, SCOTT BROWN Denise, IZENOUR Steven, L’enseignement de Las Vegas, Mardaga, 1987, Bruxelles. WARREN Jr., HENRY S. Hacker's Delight (1 ed.), Addison Wesley, 2002

ARTICLES BERGES Sébastien, « Lille : ces mystérieux skaters qui bétonnent à la hussarde», La voix du Nord, publié le 08 oct 2014 LATRIVE Florent, « La Hacker Attitude », Libération, 25 Mai 2011 SARAZIN Michel (dir.) Urbanismes et Architecture, n°239, JUILLET / AOUT 1990 p 38 à 89 SOUSA Ana Naomi de, « How Spain’s ‘guerrilla architect’ is building new hope out of financial crisis » The gardian, 18 Aout 2014 en ligne sur : http://www.theguardian.com/cities/2014/aug/18/santiagocirugeda-guerrilla-architect-spain-seville-financial-crisis [consulté le 24 décembre 2015] STRAT Pascal-Nicolas Le, « Multiplicité interstitielle », Multitudes 2007/4 (n° 31), p. 115-121. DOI 10.3917/mult.031.0115 WARK McKenzie, « Hacker's Delight. », Rue Descartes 1/2007 (n° 55), p. 118-126 URL : www.cairn.info/revue-rue-descartes-2007-1-page118.htm.

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DOCUMENTATION VIDEO : « Tage ausserhalb der Zeit », Streamcloud, 2012, Bar 25 production en ligne sur : www.streamcloud.eu/it1tbw2wnrok/Bar.25.Tage.ausserhalb.der.Zei t.German.2012.DOKU.AC3.DVDRiP.XviD-XF.avi.html [consulté le 14 novembre 2015] « Skate, Ali Boulala et les « Rude Skateurs » » dailymotion, 2011, Tracks Arte, en ligne sur : http://www.dailymotion.com/video/xgs94n_skate-ali-boulala-lesrude-skateurs-tracks-arte_sport, [consulté le 12 jan 2016] « Chez Claude, l’histoire », youtube, 2013, L’autre hémisphère, en ligne sur : https://www.youtube.com/watch?v=KxwakwyuUjY, [consulté le 12 jan 2016]

CONFERENCES BOUCHAIN Patrick. Conférence à l’ENSA Limoges, Juin 2015 https://www.youtube.com/watch?v=0IUlKQD3UkU FRANCOIS, Edouard. Conférence au Pavillon de l’Arsenal du 4 oct 2006 http://www.pavillonarsenal.com/videosenligne/collection-4-74.php RABHI Pierre - « Agir à son échelle et construire ensemble », Youtube, Théâtre de Moulins source : www.youtube.com/watch?v=cUmtPOOtPck"

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RICCIOTTI Rudy. Conférence au Conseil Régional de l’ordre des architectes en PACA http://webtv.architectes.org/culturearchitecturale/rudy-ricciotti-aux-jeudi-de-larchitecture/conferencede-rudy-ricciotti-3/ WANG, Shu. Construire un monde différent conforme aux principes de nature. Leçon du 31 jan 2012. Ecole de Chaillot. Ed DES CENDRES / CITE DE L’ARCHITECTURE ET DU PATRIMOINE. Avr 2013, 128p.

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