Revue du Pays Neuchâtelois - Édition spéciale seniors - Décembre 2023

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N° 65 // Décembre 2023 – Mars 2024

Pays Neuchâtelois L’unité dans la diversité

Édition spéciale

La personne âgée aujourd’hui, difficultés, chances et opportunités !


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Sommaire Editorial – Demain nous appartient Avant-propos - La « personne âgée » n’existe pas Regards croisés mais convergents Etat des lieux de la médecine gériatrique RHNe Mouvement des Aînés L’appartement avec encadrement Plateforme 65+ – Val-de-Travers CCNC : A vos côtés à chaque moment de la vie AROSS : informer, orienter, accompagner U3a : Cultivez votre curiosité Pro Senectute : un spectre d’actions ANDPA : Le défi du proche aidant Les seniors et le marché du travail Caritas : Accompagner la fin de vie Caritas : La conscience de la finitude, fin de vie et spiritualité Le lien social, le mitage relationnel, le rôle des communes Théâtre du Passage : capter un public diversifié HEG Arc : Abus financiers et seniors en 2023 Hôpital de la Providence Archives de la vie ordinaire : contribuer à l’histoire CINEPEL : Le cinéma, lieu de culture et de détente Croix-Rouge NE : En faveur du maintien à domicile AVIVO : La détente oui, la défense surtout ! La Cyclone : On sonne, nos courses arrivent… Le logement des aînés, l’architecture a son mot à dire Mon Dossier Santé La rythmique Jacques-Dalcroze pour les seniors Le 21e siècle des grands-parents Je dois dire merci Lutter contre les dangers, privilégier la raison AvantAge : l’employabilité et la retraite CentreVue Neuchâtel La Fondation SEREI Voyages Favre : au service de toutes les générations La mort fait partie de la vie – PF Fluhmann-Evard-Arrigo SA C’est la vie – PF Dubois Yan Sàrl UNINE : Vieillir à Neuchâtel Le canton de Neuchâtel prend soin de ses aînés ANEMPA : L’entrée en EMS, une transition à vivre NOMAD : L’aide et soins à domicile En fin de compte – Quand le sol est toujours plus bas Pays Neuchâtelois

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Editorial

Demain nous appartient ! Texte Claude-Alain Kleiner

Depuis cinq années, Pays Neuchâtelois parcourt les terres de ce coin de Pays, mettant en exergue leurs beautés, leurs particularités, leurs spécificités… Leurs atouts, leurs forces, sous le slogan « L’unité dans la diversité », dès lors que ce sont bien ces différences qui font que ce canton de Neuchâtel est exceptionnel de richesses. Il me revient donc d’exprimer des remerciements sentis à toutes les collectivités publiques qui ont soutenu nos parutions ainsi qu’à tous les sponsors qui ont permis de couvrir les frais inhérents à un magazine de cette qualité. Aujourd’hui, avec une certaine émotion, le responsable de l’édition de ce titre que je suis a choisi de tirer sa révérence. Certes, je continuerai d’apporter ma modeste plume à la rédaction de quelques reportages, cependant je mettrai un terme à cette charge que représente la sortie périodique d’un tel titre. De surcroît, le besoin d’un regard renou-

velé se fait sentir. Dès lors, il s’agissait, non pas de finir en beauté, mais de traiter d’une thématique différente par sa transversalité et son actualité sociétale. La personne âgée… A l’annonce de ce thème, quel ne fut pas mon étonnement à considérer le nombre d’acteurs disposés à apporter leurs contributions. Dès lors, le numéro que vous tenez entre vos mains est sans doute celui qui comprend le sommaire le plus large. J’exprime ainsi toute ma reconnaissance à toutes les personnes signataires d’articles témoignant d’une vraie croyance en l’avenir de la personne âgée, au sein de notre société. En présence, soit parmi nous. En toutes circonstances ou presque, grâce à une approche nouvelle d’un vivre-ensemble solidaire. Enfin, avant de conclure, je tiens à exprimer toute ma gratitude aux nombreux rédacteurs qui, numéro après numéro, ont apporté, au fil des ans, leurs contributions. Je veux donc citer Anabelle

Bourquin, Benoît Couchepin, JeanClaude Baudoin, Fabio Payot, Philippe Silacci, François Nussbaum et Thierry Béguin. Rien n’est possible sans l’art de la mise en page, donc, mille mercis à notre chère graphiste, Anne Kummli dont le professionnalisme et la disponibilité ont immensément compté. Merci encore à nos photographes : Tamara Berger pour un temps, Bernard Python depuis quelques années. Je ne saurais omettre de citer Edlyn Sottile, rigoureuse correctrice et secrétaire indispensable à la patience d’ange. Enfin, toute ma très sincère reconnaissance et ma totale amitié à Philippe Dubath qui m’a fait confiance tout au long de cette formidable aventure. Et qui nous assure de la poursuite de ce titre… Et bien sûr, merci à vous, toutes et tous, chères et chers lecteurs. Vive Pays Neuchâtelois, vive le canton de Neuchâtel, vivent les Neuchâtelois. n

SOCIÉTÉ ÉDITRICE La Colombe Gourmande, route des Longues Raies 13, ­­ 2013 Colombier NE, info@paysneuchatelois.ch RÉDACTEUR EN CHEF Claude-Alain Kleiner, redaction@paysneuchatelois.ch PARUTIONS Entre 2 et 4 numéros par année ADMINISTRATION ET ABONNEMENTS Edlyn Sottile, abonnements@paysneuchatelois.ch PRIX PAR NUMÉRO Fr. 10.– Abonnement annuel : Fr. 35.– ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO Claude-Alain Kleiner, ­Philippe Silacci, Fabio Payot PHOTOGRAPHES Atelier de l’Image – Bernard Python CONCEPTION GRAPHIQUE Anne Kummli, recto verso IMPRESSION Imprimerie Baillod SA La rédaction décline toute responsabilité pour les manuscrits et les photos qui lui sont soumis. La reproduction même partielle, d’articles ou d’illustrations parus dans Pays Neuchâtelois est interdite, sauf accord écrit de la direction du magazine. Pays Neuchâtelois est une revue fondée en 1947 par René Gessler. Retrouvez-nous sur Facebook !

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La « personne âgée » n’existe pas Texte Florence Nater et Laurent Kurth, membres du Conseil d’Etat neuchâtelois // Photo Bernard Python

Considérant que l’âge n’est rien d’autre que la durée qui s’est écoulée depuis la naissance, on peut s’interroger sur ce qui définit les personnes dites « âgées ».

Serait-on âgé·e du simple fait que l’on côtoie des plus jeunes ? La définition engloberait alors une grande part de la population. Serait-ce le fait de ne plus occuper d’emploi ? D’autres, plus jeunes, peuvent être dans le même cas. Sans compter qu’environ un tiers des personnes poursuivent leur activité professionnelle au-delà de l’âge légal de la retraite. Par passion, par besoin, pour entretenir leur réseau social, parce qu’il y a pénurie de main-d’œuvre. Serait-ce le fait d’avoir acquis suffisamment d’expérience et de connaissances ? Dans certains contextes professionnels, vieillir est un handicap. Mais c’est aussi un atout si l’on pense par exemple aux retraité·e·s sollicité·e·s pour accompagner la résolution de situations difficiles, renforcer des enseignements, participer à la formation de la relève. Serait-ce le fait d’avoir une santé en déclin ? Certes, les ennuis de santé n’attendent pas toujours le nombre des années. Mais force est de reconnaître que notre capital santé se réduit avec le temps ; et particulièrement dans nos dernières années de vie. D’où certaines idées qui font leur chemin pour imaginer un autre financement que l’assurance-maladie pour répondre aux enjeux sanitaires du vieillissement. Le débat s’ouvre, lentement, dans le but aussi de ne pas mettre à mal le contrat de solidarité, en l’occurrence intergénérationnelle, qui est la base du système fédéral d’assurances sociales. Notre société vieillit et cela a un coût. L’espérance de vie moyenne a doublé en Suisse depuis 1878 et la fécondité a baissé. Le départ à la retraite des baby-boomers assèche déjà le marché de l’emploi, en particulier dans le domaine de la santé. Le cercle est

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vicieux : le vieillissement de la population crée des besoins et en même temps limite les ressources humaines pour y répondre. Les spécialistes s’accordent à dire que même les migrations ne permettront pas de résoudre la question. Les réseaux informels sont donc appelés à prendre de l’importance. Ils doivent être mieux reconnus. Car si le vieillissement démographique a un coût, les aîné·e·s et leurs multiples activités non rémunérées sont aussi un formidable réservoir de ressources essentielles à la société : garde des petits-enfants, bénévolat, proche aidance. En rappelant, sur ce dernier point, qu’on pense souvent aux personnes professionnellement actives qui sont aidantes de leurs proches âgé·e·s, en oubliant que les personnes âgées elles-mêmes sont souvent proches aidantes. L’engagement des aîné·e·s dans ces domaines complète les structures d’accueil extra-familial et en EMS.

Dans ce cas, bien plus qu’un coût, il est une source d’économie de moyens, humains et financiers. Ainsi le débat sur les coûts de la vieillesse devrait indéniablement être pensé aussi à la lumière des apports économiques des aîné·e·s. L’enjeu est financier. Il est surtout celui de la cohésion sociale. Celui de la confiance et de la cohésion entre les générations. En valorisant ce que les personnes âgées, dans toute leur diversité, amènent à la société et en écoutant leurs besoins, nous pouvons réduire ce que nous appellerons le « paradoxe de la vieillesse » : à des rares exceptions près, chacun·e de nous aspire à ne pas mourir jeune, sans pourtant jamais souhaiter devenir vieux, ou vieille. Au final, les personnes âgées se définissent peut-être ainsi : avoir réussi le projet de vivre longtemps. Notre responsabilité politique est d’en garantir les meilleures conditions possibles. n

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Regards croisés mais convergents pour un « vivre ensemble » solidaire Propos recueillis par Claude-Alain Kleiner

Blaise Willa et François Dubois, deux compères, parfaits connaisseurs de la thématique de la personne âgée, dans leurs champs respectifs. Le premier, rédacteur en chef du magazine Générations, le second, directeur de Pro Senectute Arc jurassien, ont accepté de croiser leurs regards autour de quelques questions de la rédaction de Pays Neuchâtelois. Qu’ils soient remerciés d’abord et que leurs vœux pour une société plus solidaire et moins fragmentée puissent être exaucés ! Dans une société de plus en plus fragmentée et prônant le « jeunisme », selon vous, comment convient-il de favoriser une philosophie plus inclusive en faveur de la personne âgée ? Blaise Willa – BW – Le « vivre-ensemble » dont on parle depuis longtemps représente le véritable défi sociétal d’aujourd’hui. Sa mise en œuvre ne peut résulter que des efforts de tous et de chacun à la fois. Qui plus est dans le contexte économique qui est celui que l’on connaît actuellement et qui fragmente toujours davantage notre population. Ces fameuses images de colonnes de personnes en attente de distribution gratuite de denrées alimentaires à Genève pendant le Covid ont sans doute favorisé une prise de conscience de la nécessité voire l’urgence qu’il y a à agir ensemble. François Dubois – FD – Ce contexte de « jeunisme » est en effet paradoxal dès lors que le monde politique, qui nous dirige et décide pour toutes les catégories d’âges, n’est pas tout jeune, bien au contraire. Ceux-là devraient donc s’intéresser aux plus âgés, à cette popula-

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tion qui vit des situations de stress liées aux hausses constantes des coûts et des prix. Dernière en date, la hausse des primes de l’assurance-maladie ! BW – Le remède ? L’inclusion maximale, c’est d’ailleurs la vision de notre magazine générations ! Valoriser la personne d’abord, au travers du développement de services pour tous et, bien évidemment et davantage encore, de l’établissement d’un véritable dialogue intergénérationnel. Les seniors ressentent parfois difficilement d’être considérés comme « inutiles » car extérieurs à la productivité ou plutôt, au productivisme obsessionnel de notre société. Sans doute convient-il de rappeler, aussi et à chaque occasion, la richesse de nos assurances solidaires. Les jeunes sont les vieux de demain. Ces assurances sociales représentent un patrimoine essentiel dont tout le monde est responsable, quel que soit son âge. FD – Autre paradoxe, la population dont s’occupe Pro Senectute est une population qui croît. Ce n’est donc pas surprenant que de très nombreuses sociétés, associations et autres instances militent

en faveur de la personne âgée. Il n’y a donc, selon moi, pas de quoi désenchevêtrer mais au contraire, il y a nécessité de dégager une autre manière de collaborer entre les domaines de la santé et du social. On travaille encore trop en silo ! Lorsque l’on évoque les personnes âgées, on prononce souvent le terme « difficultés ». Si nous parlions plutôt des opportunités que représente cette catégorie d’âge ! FD – Je suis parfaitement d’accord avec ce renversement. Car des opportunités, il en existe beaucoup. D’ailleurs, il n’a été que de constater, en période de Covid, combien les grands-parents, alors indisponibles puisque cloîtrés chez eux, ont manqué au sein des familles avec enfants. Sans ces bénévoles, nombre d’associations – dont la nôtre à certains égards – n’auraient plus d’existence. Ces personnes représentent des ressources extraordinaires ! A tous les niveaux, y compris à l’école, il convient de pratiquer cela. C’est à l’école, tous degrés confondus, que l’on peut modifier les représentations des jeunes. Les portes de l’école devraient

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s’ouvrir aux seniors, comme cela se fait déjà avec notre projet win. BW – Les trois niveaux décisionnels dictés par notre Constitution génèrent en effet une extraordinaire richesse d’activités et de regards complémentaires, à condition que tous ces acteurs, tant associatifs qu’institutionnels, ne versent pas dans la concurrence mais soignent leur complémentarité. Aujourd’hui, on est très focalisé sur la santé, mais ce n’est qu’un bout de la personne. Si on déplaçait quelques-unes de ces ressources dans le champ social, développant ainsi davantage l’aspect préventif et global, nul doute que l’on réduirait les coûts de la santé. Au travers du bénévolat et, en même temps, grâce à la constitution de communautés d’intérêts. Le magazine générations a créé une communauté de lecteurs qui représente un patrimoine de connaissances, énorme apport à la société. Ce mentorat des seniors, c’est un potentiel correctif – et à tout le moins enrichissant – à la manière de percevoir et de faire actuelle. On doit travailler ensemble. Le présent aurait intérêt à être éclairé par le passé ! Enfin, pour rejoindre le propos de François à propos de l’école, les cours dispensés par des jeunes aux personnes âgées, dans le domaine numérique notamment, fonctionnent à merveille. Quelles conséquences, pour les seniors d’abord, pour les associations ensuite, de ce contexte économique très défavorable actuel ? FD – Nous observons une toute nouvelle cohorte de seniors engendrée par la diminution du pouvoir d’achat des retraités notamment. Aujourd’hui, de surcroît avec la hausse des primes de l’assurance-maladie, c’est la classe moyenne inférieure qui est touchée. Notamment chez les personnes retraitées. Le stress que ce contexte génère provoque inéluctablement un pas de retrait chez ces personnes. Le souci de ne pas être stigmatisé isole. Dès lors, l’information devient primordiale. Il faut absolument faire connaître les droits de tous et de chacun. Car se recroqueviller, c’est se mettre en danger ! Déjà que le passage au statut de retraité n’est pas facile à vivre pour certains… BW – A l’échelle des médias, puisque François aborde la question de l’information, on observe une attente de plus en plus vive chez les seniors et les personnes nouvellement précarisées de conseils et d’adresses utiles. Ils ne savent souvent pas vers qui se tourner. Nous recevons énormément de témoignages évoquant la difficulté voire la honte éprouvée à demander de l’aide. A l’instar de l’expression, « on ne saute pas dans l’eau lorsque l’on ne sait pas nager »… Avec cette paupérisation ram-

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Blaise Willa (photo Yves Leresche) et François Dubois (photo Bernard Python)

pante de la société, il faut aussi une vraie prise de conscience du monde politique. Une vision de la société adossée à la notion de solidarité, plutôt que de se contenter de chercher des responsables au risque d’exacerber les conflits intergénérationnels. Un fait est sûr, ça va serrer ! Tout cela va nous sauter à la figure. Hélas, on en est là ! D’où la nécessité pour les médias de traiter de ces problématiques et des politiques publiques, de les prendre en charge ! On en revient dès lors à la santé des personnes âgées ! FD – Chez les seniors, surtout chez ceux qui se trouvent aujourd’hui en difficulté, la question existentielle surgit : la vie vaut-elle encore la peine d’être vécue dans ces conditions ? Déjà qu’à l’heure de la retraite, beaucoup se demandent qui ils sont, les soucis financiers viennent encore gangréner l’équilibre de ces personnes. Et c’est le registre de la santé mentale qui est concerné ! BW – En effet, c’est la question du sens de la vie qui se pose alors ! Cette détresse psychologique heureusement décelée chez les jeunes aujourd’hui, elle est également présente chez les personnes âgées. Sans que l’on s’en inquiète tellement. Les seniors ont le droit de l’être et ont aussi le droit d’aller demander de l’aide chez des psychologues ! La santé n’est pas une question d’âge, la qualité de vie non plus. Quel signal donne-t-on au besoin de sens et d’équilibre ? La société donne parfois l’impression que certaines personnes, comme les seniors, n’en valent pas la peine. Cette problématique mériterait d’être thématisée, au contraire. Les vrais risques pour les seniors se situent précisément dans l’isolement et la perte de lien social. Pire encore, la transparence ! Cette impression de ne plus exister pour les autres, de ne

plus compter. Ainsi, une fois encore, les médias doivent prendre cette question à bras-le-corps pour que ces risques soient considérés et partagés par tous, jeunes y compris, qui ne savent pas forcément ce qu’est le temps long… En conclusion… BW – Au sein du monde politique, je l’avoue, les vieux ne semblent hélas pas être un thème sinon au travers de la seule et sempiternelle question des coûts, mais surtout pas de leur paupérisation. Il n’y a pas de lobbies, ni de groupes de pressions pour faire valoir tout le reste, leur apport à la société, leur bénévolat, leur patrimoine… Les prochaines échéances de votations populaires – 13e rente AVS notamment – devraient permettre de mettre en exergue les difficultés qui sont les leurs ! FD – Pleinement d’accord avec le propos de Blaise. Il faut absolument pouvoir faire passer chez les seniors que leurs forces résident également dans la question du temps… Le temps de prendre du temps, le temps de donner de son temps. Oui, le temps long est absent des réflexions actuelles. Je suis très heureux que certaines associations, apolitiques, puissent se battre pour améliorer la situation des personnes âgées, dès lors que la marge de manœuvre de Pro Senectute est limitée dans ce domaine ! La rédaction adresse ses très vifs remerciements à Blaise Willa et François Dubois pour la qualité de ce débat. Certes, une dizaine de pages n’auraient pas été de trop pour développer davantage encore ces questions… N’hésitez pas à les approcher par le biais de leurs champs respectifs : Pro Senectute Arc jurassien pour le second et le magazine générations pour le premier. n

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RHNe – Réseau hospitalier neuchâtelois

État des lieux de la médecine gériatrique en pays neuchâtelois Texte Dre Yolanda Espolio Desbaillet

1. Introduction La population du canton de Neuchâtel vieillit, l’espérance de vie augmente régulièrement depuis le début du XXe siècle et les baby-boomers atteignent l’âge de la retraite ou l’ont entamée souvent avec optimisme. Ils atteindront, selon les démographes, un âge avancé, car ce n’est pas moins du doublement des personnes de 80 ans et plus qui est attendu d’ici à 2050. Néanmoins, cet allongement de la durée de la vie sera indubitablement marqué par l’augmentation de l’incidence des maladies chroniques avec l’avancée en âge ainsi que par leur impact sur l’autonomie, l’indépendance fonctionnelle et l’augmentation de la consommation des ressources de santé. Les défis tant sanitaires que sociétaux sont majeurs à l’aube de ce quart de siècle. C’est dans ce contexte qu’en janvier 2009 l’hôpital neuchâtelois inaugure son service de gériatrie sur le site de Couvet. Depuis, l’institution (réseau hospitalier neuchâtelois-RHNe), en réponse à un besoin de santé croissant et aux différentes restructurations offre à la population neuchâteloise des prestations spécialisées qui seront expliquées et déclinées tout au long de cet article. Il est à relever que le service de gériatrie travaille en étroite collaboration avec les autres prestataires cantonaux (AROSS, association des proches aidants, organismes de soins à domicile, CNPaa, Pro Senectute, etc.) et participe à la prise en charge des aînés dans le réseau.

2. Qu’est-ce que la Gériatrie ? La Gériatrie est une branche de la médecine qui s’occupe de la santé à l’âge avancé. Cette spécialité englobe

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les aspects biologiques et cliniques mais aussi préventifs, de réadaptation et sociaux des pathologies. Elle fournit également aux malades en fin de vie le soutien médical, psychologique, spirituel et social nécessaire. (OMS) Avec l’avancée en âge, augmente le risque de cumuler plusieurs maladies souvent chroniques (polypathologie), de voir apparaître des défaillances qu’elles soient sensorielles, physiques ou intellectuelles et voit s’installer une certaine vulnérabilité, qui réclame une expertise de prise en charge. La médecine gériatrique est une médecine de la complexité, où la prise en charge est individualisée et interdisciplinaire. Cette interdisciplinarité se définissant comme « le regroupement de plusieurs professionnels ayant une formation, une compétence et une expérience spécifiques, et travaillant ensemble à la compréhension globale, commune et unifiée d’une personne, en vue d’une intervention concertée à l’intérieur d’un partage complémentaire des tâches ». Cette prise en charge intégrative doit faire sens dans le parcours de vie et de santé de la personne avec comme objectif essentiel d’optimiser l’état fonctionnel des aînés et d’améliorer leur qualité de vie et leur autonomie. Cette démarche est ce qui définit la Gériatrie. L’évaluation gériatrique globale L’évaluation gériatrique globale (EGG) est une approche complète et multidimensionnelle de l’évaluation de la santé et du bien-être des personnes âgées. Elle vise à évaluer les besoins médicaux, fonctionnels, sociaux et psychologiques d’une personne âgée, en tenant compte de la complexité de ses problèmes de santé et de son contexte global.

L’EGG est souvent réalisée par une équipe interdisciplinaire de professionnels de la santé, tels que des médecins, des infirmières, des psychologues, nutritionnistes, des physio et ergothérapeutes ainsi que d’autres spécialistes comme les assistants sociaux ou les aumôniers. Cette approche holistique permet de prendre en compte les multiples facettes de la santé et du bienêtre d’une personne âgée. Les composants de l’évaluation gériatrique globale incluent : ■ Evaluation médicale : englobe l’évaluation des maladies chroniques, des problèmes de mobilité, des fonctions cognitives et d’autres aspects liés à la santé physique ■ Evaluation fonctionnelle : permet de comprendre la capacité de la personne à effectuer les activités de la vie quotidienne ■ Evaluation cognitive : permet d’évaluer la mémoire, l’orientation et d’autres aspects liés au fonctionnement du cerveau ■ Evaluation psychologique : évalue la santé mentale, le bien-être émotionnel, la qualité de vie psychologique ■ Evaluation sociale : permet d’explorer les aspects sociaux de la vie de la personne, le soutien familial, la situation de logement, etc. ■ Evaluation des ressources spirituelles

3. Prise en charge des personnes âgées au sein du réseau hospitalier neuchâtelois (RHNe) La majorité des personnes âgées nécessitant une hospitalisation entrent

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Gériatrie au sein du réseau hospitalier neuchâtelois La Chaux-de-Fonds • Unité de gériatrie aiguë (UGA) • Equipe mobile (GSPmob) • Consultation ambulatoire de gériatrie • Centre de la mémoire

Le Locle • Unité de réadaptation gériatrique • Unité de soins de transition

Neuchâtel • Equipe mobile (GSPmob) • Liaison d’ortho-gériatrie • Consultation ambulatoire de gériatrie • Centre de la mémoire Répartition des prestations spécialisées en gériatrie au sein du RHNe.

dans le système hospitalier via les services d’urgences. En fonction de certains critères spécifiques, elles vont être prises en charge après une évaluation selon un processus appelé « itinéraire clinique ». Cette évaluation définira le site d’hospitalisation en fonction des besoins spécifiques de la personne pour prendre en charge le problème de santé tout en prenant en compte la vulnérabilité de la personne. 3.1 Unité de gériatrie aiguë (UGA) Unité dédiée aux patients âgés vulnérables qui nécessitent des soins aigus avec une prise en charge par des équipes médico-soignantes et interdisciplinaires spécialisées. L’objectif du séjour, outre traiter la maladie aiguë ou investiguer un problème de santé, est de diminuer le risque majeur induit par l’hospitalisation de perte de son autonomie antérieure. Le patient bénéficie d’une évaluation gériatrique standardisée et d’une prise en charge de réadaptation précoce interdisciplinaire. 3.2 Unité de réadaptation gériatrique (RéaGer) Unité dédiée à la réadaptation qui est un processus visant à aider une personne à retrouver ou à améliorer ses capacités fonctionnelles après une maladie, une blessure ou une incapacité. La prise

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en charge est interdisciplinaire et les objectifs personnalisés afin d’améliorer la fonctionnalité et la qualité de vie des personnes âgées, de favoriser leur autonomie et de les aider à maintenir une vie active. 3.3 Unité de soins de transition (UST) Cette unité est destinée à prendre en charge des patients qui au sortir d’une hospitalisation ne peuvent plus regagner leur domicile et sont en attente d’une place en établissement psycho-social que cela soit pour un long séjour ou pour un accueil temporaire de type convalescence (EMS/UAT) 3.4 Equipe mobile de gériatrie et de soins palliatifs (GSPmob) Cette équipe, composée de médecins et d’infirmières spécialisées a pour mission de venir en appui des équipes médico-soignantes des différents services hospitaliers et en particulier des 2 services d’urgences pour aider à la prise en charge spécifique des aînés et des pathologies complexes en lien avec le vieillissement. 3.5 Liaison de gériatrie en orthopédie Un médecin gériatre est associé à la prise en charge des personnes âgées fragiles, qui, le plus souvent suite à une chute, souffrent de fractures dont la

prise en charge complexe nécessite la collaboration entre le chirurgien orthopédiste et le gériatre. 3.6 Consultation ambulatoire de gériatrie Cette consultation a pour objectif de réaliser un dépistage des éventuelles fragilités des seniors et de proposer des mesures individualisées de prise en charge afin de préserver leur autonomie. Elle permet de définir des actions de traitement comme de prévention et est à disposition de toute personne de 70 ans et plus. Cette consultation peut également permettre d’évaluer l’indication à un traitement spécifique en collaboration avec les autres spécialistes comme l’oncologue (consultation d’onco gériatrie), le cardiologue (consultation pré implantation d’une TAVI), le chirurgien (consultation pré-opératoire), etc. 3.7 Centre de la mémoire Le médecin gériatre est un des quatre spécialistes qui intervient au sein du centre de la mémoire (neurologue, neuropsychologue, psycho-gériatre et gériatre). Il participe à la prise en charge diagnostique et au suivi des patients avec des maladies neurocognitives comme la maladie d’Alzheimer, en

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Itinéraire clinique: filière gériatrique du RHNe Hospitalisation d’une personne âgée polymorbide

Urgences Tri: score ISAR

GSP mob

Autre filière hospitalière RAD Lit accueil Urgences/AROSS

Lits aigus

UGA

RAD EMS/UAT

Lits de réadaptation

RAD EMS/UAT

RéaGer

Consultation ambulatoire de gériatrie, oncogériatrie, centre de la mémoire

Itinéraire clinique gériatrique.

collaboration avec les différents intervenants du centre mémoire (médecins spécialistes, psychologues, infirmières case manager).

4. Développement de la médecine gériatrique en établissement médico-social (EMS) Ces dernières années ont vu le profil des résidents en EMS se modifier. Le désir des seniors de rester le plus longtemps possible dans leur milieu de vie et les politiques de santé favorables au maintien à domicile amènent à entrer en institution tardivement avec une polymorbidité importante et une dépendance tant fonctionnelle que cognitive majeure. Les médecins d’EMS se sont regroupés depuis fort longtemps dans des cercles de qualité afin d’échanger sur leurs pratiques, leurs difficultés à exercer une médecine de plus en plus complexe et exigeante dans un endroit qui doit rester un lieu de vie et qui pour la plupart des résidents sera leur lieu de fin de vie. La gériatrie est issue des « hospices » où des médecins, loin de voir ces lieux comme des mouroirs, se mirent à évaluer, traiter, définir des plans de réhabi-

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litation et à étudier le vieillissement et les maux l’accompagnant. A l’avenir, il va falloir porter une attention particulière tant à la place du résident (intégration comme partenaire) au sein de l’institution qu’à la formation des équipes médico-soignantes et des collaborateurs des institutions médico-sociales afin d’offrir aux résidents une prise en charge veillant à préserver leur dignité et leur qualité de vie.

pertise gériatrique des murs de l’hôpital afin de garantir des soins alliant qualité et proximité. La recherche, l’innovation et la formation des professionnels amenés à s’occuper de nos aînés doivent faire partie des priorités afin de construire une politique de santé à la hauteur des défis démographiques. La gériatrie est appelée dans les années à venir à participer de plus en plus intensément dans la définition et la mise en œuvre des politiques de santé publique. n

5. Défis et perspectives L’augmentation de la population âgée et la diversité et spécificité des besoins en santé de cette population nécessitent une adaptation et un développement constant de l’hôpital mais également des services de santé spécifiques. Le souci du « bien vieillir » et toute la recherche scientifique autour de la prévention du vieillissement et de la longévité sont des axes de développement majeurs tant en gériatrie qu’en médecine en général afin d’apporter les connaissances nécessaires permettant un vieillissement optimisé. Dans les années à venir il sera indispensable de construire des approches intégrées, de favoriser une collaboration communautaire et de faire sortir l’ex-

Dre Yolanda Espolio Des baillet Médecin chef fe du Dépar tement de Gériatrie , Réadaptatio n et Soins Palliat ifs du réseau hospitalier neuchâte lois.

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MDA – Mouvement des Aînés Texte Marie Graber // Photo Bernard Python et sp

Marie Graber, coordinatrice des activités

Le MDA est convaincu que la retraite est une étape de la vie pleine de possibilités et d’apprentissages continus. Nous avons ainsi à cœur de valoriser le rôle des aîné·e·s dans la société, d’améliorer la qualité de vie et le lien social mais aussi de permettre d’acquérir de nouvelles compétences, de maintenir ses connaissances et de pouvoir les partager. Notre offre est variée et riche : le MDA organise des activités culturelles, sportives, éducatives et créatives permettant aux aîné·e·s de maintenir des liens. En effet, la convivialité et le bien-être sont au centre de notre philosophie : le MDA offre un espace où les personnes à la retraite peuvent socialiser et partager des moments agréables. Nos activités se regroupent en trois catégories principales : Sport & Bien-

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Le Mouvement des Aînés (MDA) du canton de Neuchâtel est une association à but non lucratif qui propose, depuis plus de 35 ans, des activités pour les personnes à la retraite dans la région. être, Créativité & Rencontres et Formation & Langues. Le MDA coordonne également La Louvrée qui est un groupe de conteur·euse·s très actif à travers le canton, proposant même tous les deux ans une formation à l’art de conter. Les nombreux avantages des activités récréatives ne sont plus à démontrer. En favorisant votre bien-être et vos relations sociales, vous stimulez et préservez vos fonctions cognitives, vous luttez contre l’isolement tout en veillant sur les autres, vous prenez soin de votre santé physique et de votre moral et vous conservez votre cœur d’enfant ! Le MDA encourage donc les personnes retraitées à rester actives et autonomes en proposant des activités diverses à petit prix, en adéquation avec les désirs de ses membres. Ces activités sont

mises sur pied en collaboration avec de précieux partenaires et bénévoles. Ainsi, que vous ayez envie de devenir membre du MDA, bénévole ou responsable d’activités, de rejoindre le comité ou simplement par curiosité : n’hésitez pas à nous contacter, nous vous accueillerons et renseignerons avec grand plaisir. n

Mouvement des Aînés Secrétariat po ur le canton de Neuchâtel Hôtel des A ssociations Rue Louis-Fa vre 1 2000 Neuch âtel 032 721 44 44 mdanebe@bl uewin.ch

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Office cantonal neuchâtelois du logement

L’appartement avec encadrement : un nouveau projet de vie Texte Nicole Decker – Office cantonal neuchâtelois du logement // Photo Bernard Python

La planification médico-sociale (PMS) adoptée par le Grand Conseil en 2012 et 2015, dont l’axe stratégique retenu tient dans le développement d’une politique de soutien des personnes âgées le plus longtemps possible à domicile, prévoit entre autres, la construction / rénovation d’appartements avec encadrement dédiés aux bénéficiaires AVS et AI. Cette volonté correspond aux vœux exprimés par les personnes âgées elles-mêmes et aux conseils des professionnels de santé.

En effet, le nombre des personnes âgées et très âgées va s’accroître au fil des prochaines décennies en raison, entre autres, du vieillissement de la population née pendant les années à forte natalité. Les plus de 80 ans vont pratiquement doubler ! Plus la durée de vie s’allonge, plus un environnement architectural adapté aux limitations physiques, sensorielles et cognitives liées au vieillissement prend de l’importance. La norme SIA500 obligatoire actuellement y répond : les appartements avec encadrement sont construits sans barrières architecturales et la signalétique et les contrastes sont soignés. L’autonomie pendant la vieillesse est une des valeurs centrales de notre société. Des logements et un environnement adapté aux personnes âgées

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sont donc indispensables à une vie autonome jusqu’à un âge avancé, au même titre que des bonnes relations sociales et une prise en charge médicale à domicile. La tendance actuelle consiste à développer les services et soins à domicile au lieu des soins en institution. Des logements adaptés aux personnes âgées avec un encadrement adéquat et des soins à domicile constituent donc une option de nature à prévenir l’explosion des coûts ainsi qu’une situation de pénurie de soins. Ce constat est aussi valable pour les bénéficiaires AI. En effet, ces appartements avec encadrement (AE) sont dédiés aux personnes fragilisées, soit par l’âge ou en situation de handicap physique. Les objectifs quantitatifs étant particulièrement élevés (besoin de 1800 AE

d’ici 2030 – nous en comptons 500 pour le moment), il est important de pouvoir proposer ces AE afin de faire face à la hausse du vieillissement de la population en particulier si le quartier s’y prête : proche des transports publics, des commodités et sans trop de déclivité. En résumé, voici ce qu’est un AE : il est adapté au locataire à mobilité réduite, sans barrières architecturales. Il est pourvu d’équipements qui favorisent le bien-être et la sécurité, comme par exemple des portes et stores automatiques ou encore la mise à disposition d’un bracelet-montre pour les appels d’urgence. Mais la plus-value se situe au niveau de la mise à disposition des prestations dites d’encadrement pour favoriser le lien social et apporter de

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Reportage


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Nicole Decker, Office cantonal neuchâtelois du logement

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l’aide en cas de difficultés. Á son arrivée, le locataire est accompagné dans les démarches administratives et dans l’intégration de son nouvel habitat. De manière régulière, une présence est assurée dans l’immeuble et différentes activités sont proposées pour dynamiser la vie communautaire. Les coûts de ces prestations sont portés par les locataires et ne devraient pas dépasser 200.– par appartement et sont décrites dans le bail à loyer. Lorsque les AE sont labélisés par le service de la santé publique, les prestations complémentaires prennent en charges le montant des prestations d’encadrement. Il est donc possible, dans certains immeubles labélisés, que des personnes même défavorisées puissent trouver à y loger. Plusieurs types d’AE, à différents niveaux de prix, existent : proches d’un EMS, en intergénérationnel ou en immeuble dédié. Que ce soit des logements d’utilité publique ou plus luxueux, le socle des prestations d’encadrement est identique ! Il existe beaucoup de projet à l’étude et pour vous tenir au courant, nous vous conseillons de suivre la page www. ne.ch\ae où la liste des AE est mise à jour au fur et à mesure. A quel moment déménager ? Lorsque son logement n’est plus adapté et pas adaptable et / ou que son emplacement pose problème si l’on doit se passer de sa voiture ! En effet, mieux vaut déménager trop tôt que trop tard… de plus, le but de ces AE est de rompre l’isolement des seniors, c’est un nouveau projet de vie ! n

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Reportage


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Plateforme 65+

Val-de-Travers : favoriser le travail en réseau Texte Frédéric Mairy, conseiller communal – Val-de-Travers // Photo Bernard Python

Quelle politique une commune de la taille de Val-de-Travers peut-elle mener en faveur des aînés ? Le Conseil communal a inscrit cette question à son programme de législature 20162020. Celle-ci a trouvé de premières réponses au fil d’un processus en plusieurs étapes, dont la création de la Plateforme 65+ Val-de-Travers, qui réunit une vingtaine d’institutions actives auprès des seniors de la région. Frédéric Mairy, conseiller communal

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Cette structure s’inscrit dans un cadre légal peu contraignant pour les communes. Les rapports successifs sur la planification médico-sociale (PMS) se sont montrés succincts quant aux tâches communales en la matière, portant avant tout sur le développement des appartements avec encadrement, ainsi que le soutien au bénévolat et aux proches aidants. Adoptée en 2023, la loi sur l’accompagnement et le soutien à domicile (LASDom) a judicieusement précisé ces intentions. Outre le développement d’appartements adaptés, elle relève qu’il incombe aux communes de participer « à la promotion sur leur territoire des prestations d’accompagnement et de soutien à domicile », de développer et soutenir des initiatives locales, ainsi que de veiller à « un environnement et [des] cadres de vie inclusifs ». Ces orientations ont ainsi confirmé les options retenues par Valde-Travers, décrites dans un rapport d’information présenté en septembre 2020 au Conseil général1. La dynamique initiée par le Conseil communal en 2016 a débuté par un mandat confié à Pro Senectute Arc jurassien, chargé de répertorier les

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entités actives envers les aînés sur le territoire communal et d’identifier les enjeux perçus par celles-ci à l’échelle régionale. Plusieurs constats avaient pu être tirés. Le premier confirmait l’existence d’un riche tissu de prestataires et de prestations, semblant répondre aux besoins de la population. Le second relevait un intérêt marqué des acteurs à s’inscrire dans une démarche commune, qui découlait notamment d’une méconnaissance mutuelle de ces mêmes acteurs. Ceux-ci ressentaient également un déficit de connaissance des prestations de la part de la population visée.

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Fort de cette étude, le Conseil communal décidait alors de créer en 2018 la Plateforme 65+ Val-de-Travers. Pilotée directement par le chef du dicastère de la cohésion sociale, elle intègre notamment Nomad, différents services de soins infirmiers à domicile actifs dans la région, AROSS (déployé dans une phase-pilote au Val-de-Travers), le RHNe, CORA (association basée à Fleurier), Pro Senectute, l’Avivo, l’Université du 3e âge, les paroisses ou encore les EMS. Le service cantonal de la santé publique est également associé à ces rencontres.

Rapport disponible sur le site internet communal, à l’adresse https://www.val-de-travers. ch/seance/seance-du-28-septembre-2020

Les premières séances ont permis aux acteurs de mieux se connaître et de mener une enquête de terrain auprès des seniors eux-mêmes. Si les deux années de pandémie ont ralenti le rythme en place, elles ont aussi souligné l’utilité de cette structure, favorisant les mises en réseau et facilitant la transmission des informations communales. Siégeant une à deux fois par an désormais, la Plateforme 65+ est devenue un point de rencontre privilégié pour échanger sur des problématiques évolutives. Le SCSP est ainsi venu présenter la LASDom et le passage d’AROSS en établissement autonome de droit public, permettant ainsi à chaque acteur de se trouver à un même niveau d’information. Le Conseil communal entend également recourir à cette structure pour travailler sur l’amélioration des infrastructures urbaines en faveur des aînés, un crédit figurant à cet effet dans le budget des investissements de 2024. n

« Notre réussite se lit dans votre

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Stomathérapie, diabétologie, santé mentale, nutrition, soins aigus et palliatifs : nos micro-équipes de spécialistes vous accompagnent, chez vous, dans le confort de votre foyer. Pays Neuchâtelois

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Caisse cantonale neuchâteloise de compensation

A vos côtés à chaque moment de votre vie © STEMUTZ.COM

Texte Mathieu Erb // Photos sp

Mathieu Erb, directeur de la CCNC

La CCNC c’est quoi ? La caisse cantonale neuchâteloise de compensation (CCNC) est un établissement de droit public, doté de la personnalité juridique, c’est-à-dire autonome par rapport au cadre étatique. Au 1er janvier 2009, l’institution acquiert son indépendance de l’Etat de Neuchâtel et est soumise à un règlement de fonctionnement propre. Elle a son siège à Neuchâtel et gère un grand nombre d’assurances sociales : l’AVS, l’AI, l’APG et les prestations complémentaires AVS / AI. Elle gère également la caisse cantonale neuchâteloise d’allocations familiales. La CCNC, au même titre que les autres caisses de compensation, est chargée d’encaisser les cotisations notamment des personnes salariées, indépendantes et non-actives, de verser les prestations d’assurance et de garantir à chaque assuré l’égalité de traitement dans le respect des dispositions légales. Outre ses tâches émanant du dispositif fédéral des assurances sociales, elle assure le suivi législatif et la mise en œuvre de projets dans les domaines

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Le « slogan » de la CCNC est « A vos côtés, à chaque moment de votre vie ». Mais quels sont ces moments, direz-vous ? De la naissance au décès, nous sommes amenés à devoir verser des prestations ou évaluer des situations très diverses de la population. Imaginer que nous sommes là pour verser uniquement les rentes AVS est bien réducteur par rapport à l’ensemble des situations où nous intervenons. Voyez plutôt ! des compétences déléguées par le Canton (prestations complémentaires, allocations familiales, etc.). Dans ce cadre, elle est rattachée au Département de l’emploi et de la cohésion sociale (DECS). Elle joue également un rôle important dans le domaine de l’information au public et le lien avec les services intercommunaux, cantonaux et fédéraux concernés. Au 1er janvier 2023, la CCNC comptait 85 collaboratrices et collaborateurs pour 73 équivalent plein-temps. Elle est dirigée par Monsieur Mathieu Erb depuis le 1er janvier 2023. Aujourd’hui, la CCNC encaisse environ 450 millions de francs de cotisations (AVS, AI, APG, AC, ALFA) par année. Elle en reverse près de 500 millions par an pour les rentes AVS et les allocations pour impotents. A cela s’ajoutent pour près de 120 millions de prestations AI et plus de 130 millions pour ce qui est des prestations complémentaires AVS / AI. Quant aux APG, c’est près de 20 millions qui ont été reversés en 2022 et environ 60 millions de prestations par an pour les allocations familiales.

Depuis deux ans maintenant, les nouvelles prestations transitoires pour chômeurs âgées (Ptra) ont été mises en œuvre. Dans le canton, ce sont 600 000 CHF qui ont été versés à ce titre en 2022. Ce montant pourrait être amené à augmenter.

2023, année anniversaire pour l’AVS ? En 2023, nous fêtons les 75 ans du versement des premières rentes AVS. En effet, la loi fédérale sur l’AVS, qui prévoyait la création d’une assurance-vieillesse et survivants, a été adoptée par le peuple et une majorité de cantons en 1947 au sortir de la seconde Guerre mondiale. Elle est entrée en vigueur en janvier 1948. C’est à cette époque que les cantons ont développé des régimes d’allocations pour perte de salaire et de gain afin d’assurer la protection financière des soldats. C’est un système qui servira ensuite de modèle à l’AVS. Plaque tournante au niveau des assurances sociales, l’AVS est l’une des ins-

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titutions la plus importante du système. La législation qui la régit définit certains principes comme le statut d’indépendant, l’âge légal de la retraite ou encore le salaire déterminant. A travers les décennies, elle est devenue le symbole de l’Etat social suisse. Elle a subi de nombreuses réformes, mais continue d’ancrer la solidarité entre les générations comme le principe cardinal de son fonctionnement.

A vos côtés à chaque moment de votre vie : quels sont ces moments ? Le « slogan » de la CCNC est « A vos côtés, à chaque moment de votre vie ». En effet, de la naissance au décès, nous sommes amenés à devoir verser des prestations ou évaluer des situations très diverses de la population. On pour-

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rait croire que nous sommes là pour verser uniquement les rentes AVS, mais cela serait bien réducteur par rapport à l’ensemble des situations où nous intervenons. Cela commence par les allocations de maternité, paternité, les allocations familiales et lors des différents congés qui se rapportent à l’arrivée d’un enfant, y compris le congé d’adoption ou de prise en charge. Puis en vertu des parcours de vie, nous sommes amenés à verser des rentes AI dès le plus jeune âge, à nous occuper du versement des APG liées aux services militaire et civil, de protection civile, ou encore lors de cours de cadre Jeunesse et Sport voire pour les jeunes tireurs. Nous procédons également au paiement des prestations complémentaires AVS / AI et aux remboursements des frais médicaux y relatifs. Le versement

des rentes de survivants ou d’orphelins fait aussi partie de notre quotidien. Ponctuellement, nous sommes amenés à intervenir dans des cas particuliers comme les APG Covid où les caisses de compensation ont joué un rôle très important et dans des délais serrés.

Fonctionnement du 1er pilier et d’une caisse de compensation ? Le 1er pilier assure le minimum vital en cas de décès, de retraite ou d’invalidité par le biais de l’assurance-vieillesse et survivants (AVS) et de l’assurance-invalidité (AI). Toutes les personnes domiciliées ou exerçant une activité lucrative en Suisse sont assurées et doivent payer des cotisations. Une assurance perte de gain (APG) est également comprise dans le 1er pilier ainsi

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qu’une allocation maternité (Amat) et depuis le 1er janvier 2021, une allocation paternité (Apat). Les assurances sociales en Suisse sont financées essentiellement par les cotisations des assurés et par celles des employeurs. Dans le domaine AVS, la Confédération prend à sa charge 20,2 % des dépenses qui proviennent des recettes des impôts sur le tabac et l’alcool et des ressources de capitaux investis sur des fonds spéciaux. Le mode de financement est basé sur la solidarité que l’on retrouve notamment pour les couples mariés vu qu’il y a un partage de leurs revenus pour fixer les rentes. Cette solidarité est également instaurée au niveau des différentes classes sociales étant donné que les rentes sont plafonnées, contrairement au paiement des cotisations AVS, qui elles, sont calculées sur l’entier du revenu. De plus cette même notion de solidarité est générationnelle puisque ce sont les cotisations versées par les personnes actives qui permettent de verser les rentes actuelles. Il est important de savoir qu’il n’est pas possible de majorer sa rente par le biais d’un paiement complémentaire en matière d’AVS contrairement au 2e pilier qui lui est basé sur un système de capitalisation. La caisse de compensation est l’organe exécutif de l’assurance-vieillesse et survivant et a pour mission de renseigner toutes les personnes quelle que soit la situation. Il existe plus de 70 caisses de compensation actives en Suisse : 26 caisses cantonales et plus de 40 caisses professionnelles et interprofessionnelles. Depuis 1948, la majorité de la population est affiliée aux caisses cantonales qui ont un caractère supplétif. A contrario, la majeure partie des cotisations passent par les caisses professionnelles. En effet, les grandes entreprises sont, pour la plupart, affiliées à une caisse professionnelle. À titre d’exemple, pour l’exercice 2022, environ 55 % des cotisations AVS / AI / APG totales en Suisse étaient prélevées par les caisses professionnelles. Par conséquent, les frais de gestion sont plus élevés pour une caisse cantonale qui a beaucoup plus de dossiers à traiter. Elle doit aussi gérer des profils d’affiliés très divers, alors qu’une caisse professionnelle fait face à des profils assez homogènes et connus. Depuis la création de l’AVS, le mode de fonctionnement des caisses de compensation s’est complexifié, il a évolué parallèlement aux nouvelles technologies et changements sociaux. Les caisses ont également dû s’adapter pour répondre aux besoins de la société avec l’apparition de nou-

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velles prestations telles que le congé maternité ou l’allocation de prise en charge. Alors que les tâches se sont diversifiées et le nombre d’affiliés a augmenté, le nombre de caisses professionnelles a lui diminué. Les transactions et les contrôles ont donc augmenté, tout comme les sommes d’argent en jeu.

Quelles sont les démarches à entreprendre en vue de l’arrivée à la retraite ? Pour bénéficier d’une prestation de l’AVS, il s’agit en premier lieu de formuler une demande de rente 4 mois avant le début du droit qu’il s’agira de déposer auprès de la caisse de compensation qui a encaissé en dernier lieu les cotisations sociales. Concernant une éventuelle demande de prestations complémentaires à l’AVS, celle-ci doit être faite en amont. Le plus simple étant de se rendre dans l’agence régionale AVS la plus proche pour évaluer sa situation. Pour davantage d’information, n’hésitez pas à vous rendre sur notre site internet www. caisse­avsne.ch Vous pouvez également nous retrouver sur la radio RTN tous les deux mercredis matin à 09h30 jusqu’en juin 2024 dans la chronique « A vos côtés » où nous informons le grand public dans le cadre de capsules radiophoniques sur certains des aspects du 1er pilier.

L’AVS amenée à devoir évoluer La population suisse a adopté de justesse la réforme AVS21 en septembre 2022. Son entrée en vigueur est prévue au 1er janvier 2024. Cette réforme, la dixième du nom, vise à maintenir le niveau des rentes AVS ainsi qu’à assurer l’équilibre financier de cette assurance jusqu’en 2030 au moins. Cette réforme amène également un changement de notion. L’âge ordinaire de la retraite sera désormais appelé « âge de référence ». Les femmes quant à elles, verront leur âge de référence relevé à 65 ans comme pour les hommes. Des mesures de compensation seront prévues pour les femmes de la génération dite transitoire. En parallèle, la réforme amène de la flexibilité pour celles et ceux qui souhaiteraient ajourner ou poursuivre une activité lucrative après 65 ans. Le tout sera financé par un relèvement de 0.4 points de la TVA dès le 1er janvier 2024. À partir de 2024, pour les hommes et pour les femmes, il sera désormais pos-

sible de percevoir sa rente de manière flexible, c’est-à-dire au mois près et à un pourcentage déterminé, entre 63 ans et 70 ans. Les modifications seront mises en œuvre progressivement à partir de 2024. Rien ne change donc pour les retraités actuels qui pourront cependant, s’ils n’ont pas atteint 70 ans au 1er janvier 2024, demander un nouveau calcul de leur rente tenant compte des revenus acquis après l’âge de référence. Parallèlement, la population suisse devra se prononcer sur plusieurs objets liés au 1er pilier et visant à réformer l’AVS. En mars 2024, nous voterons sur l’initiative de l’Union syndicale suisse dont l’objectif est d’instaurer une 13e rente AVS ainsi que sur l’initiative des jeunes PLR visant à fixer l’âge de la retraite selon l’espérance de vie. Ces initiatives touchent deux éléments cruciaux du dispositif de l’AVS : le niveau des rentes et l’espérance de vie. Demeure un troisième levier : celui de l’augmentation des cotisations qui pourrait être utilisé à futur pour permettre de garantir le financement de l’AVS d’ici à 2050. Finalement, un défi pour l’AVS sera de réussir à prendre en compte certaines évolutions sociétales telles que l’augmentation du temps partiel, les nouveaux modes de travail, l’évolution des structures familiales traditionnelles et naturellement l’augmentation de l’espérance de vie. Les caisses de compensation, actrices au cœur de ce système, doivent donc s’adapter également à cet environnement en mutation. n

Elément utile, le plan versement des rentes en 2024.

Plus d’infos sur

www.caisseavsne.ch Pays Neuchâtelois

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Accueil Réseau Orientation Santé Sociale

AROSS : informer, orienter, accompagner Texte Sylvie Lebail // Photos sp

La société actuelle connaît un vieillissement croissant de sa population, ce qui soulève de nombreuses questions sur la place et le rôle des personnes âgées dans notre société. Par ses missions, l’institution Accueil Réseau Orientation Santé Sociale (AROSS) vise à informer, orienter et accompagner les personnes âgées, ainsi que leurs proches, confronté·e·s à des difficultés. Mais aussi, à réfléchir à leur projet de vie en anticipant les problématiques futures relevant ainsi les chances et les opportunités et ainsi valoriser cette période de la vie. Au travers de notre vécu et avant d’aborder plus en détails le rôle d’AROSS, nous souhaitons partager notre expérience sur la thématique abordée. Les personnes âgées, qui sont-elles ? L’origine du mot « âge » remonte au latin « aetas », dérivé du latin ancien « aevum », provenant lui-même de la racine indoeuropéenne signifiant « durée » ou « force vitale »1. Traditionnellement, l’âge est d’abord défini de manière chronologique, mais par la suite, les concepts d’âge biologique et d’âge social ont émergé. Communément, le terme « seniors » est utilisé pour désigner les personnes à partir de 65 ans (voire dès 50 ans dans certains contextes). Selon certaines classifications, les « seniors » se situent généralement dans une tranche d’âge de 65 à 75 ans. Qu’ils soient encore en emploi ou à la retraite, ils sont généra-

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lement bien intégrés dans la vie sociale ou économique, et jouissent d’une bonne santé. L’expression « personnes âgées » englobe généralement les individus de plus de 75 ans. C’est souvent à partir de cet âge que la santé se détériore durablement et que des vulnérabilités plus ou moins importantes apparaissent. La vie sociale peut ainsi devenir moins intense et des processus de retrait commencent à s’observer. Il existe un groupe de personnes âgées communément appelé le « troisième âge » situé entre 75 à 85 ans. Il est nécessaire de souligner que, malgré l’altération de leur état de santé, ces personnes demeurent autonomes.

45. Dictionnaire historique de la langue française, op.cit., p. 31.

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Enfin, au-delà de 85 ans, on parle de « grand âge » ou « quatrième âge », catégorie dans laquelle le risque de perte d’autonomie s’accroît considérablement. De grandes fragilités apparaissent et la perte d’autonomie va souvent s’accélérer. Il est essentiel de noter que la diversité des modes de vie parmi les personnes de plus de 65 ans rend toute généralisation sociale inappropriée. La considération de l’âge est souvent la source de fausses évidences et d’idées préconçues. Vieillir est une chance Prendre de l’âge est une réalité, et ce, indépendamment de la tranche d’âge. Il est souvent plus aisé dans notre société d’aborder les difficultés avant de considérer les opportunités.

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Avec le passage à la retraite, le rôle social d’actif et le rythme imposé par les journées de travail disparaissent. Les seniors et les personnes âgées possèdent une richesse d’expérience et de connaissances accumulées au cours de leur vie, qu’il est possible de valoriser et de transmettre aux générations plus jeunes. Cela peut être réalisé en encourageant notamment la création de lieux de rencontres intergénérationnelles, tels que des quartiers solidaires. Cette expérience acquise permet également de faire des choix qui apportent plaisir et bien-être, comme s’engager dans la société, s’ouvrir à de nouveaux projets de loisirs ou voyages. Les personnes ont la possibilité de s’engager bénévolement dans différentes activités et organisations, contribuant ainsi au bien-être de la communauté et à leur propre épanouissement. Il peut s’agir également de prendre le temps d’acquérir de nouvelles connaissances et compétences et ainsi rester actif tant dans son corps que dans sa tête. Vieillir peut offrir le temps et la liberté de se consacrer à des passions et des intérêts longtemps négligés ou mis de côté. Cela peut être aussi le temps de la réflexion, de se rapprocher de sa famille, de déménager, de faire des choix pour son futur. Un nouveau chapitre Chaque individu est unique et les chances de vivre au-delà de 85 ans peuvent être influencées par de nombreux facteurs, comme la santé, les ressources et les relations personnelles. L’isolement social est une réalité, en effet de nombreuses personnes se retrouvent isolées et manquent de contacts sociaux, ce qui peut entraîner

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une atteinte à leur bien-être. Des problèmes de santé apparaissent et des personnes âgées deviennent fragiles, ce qui nécessite une attention accrue et des prises en charge adaptées, notamment en ce qui concerne la nutrition. L’environnement est aussi capital, vivre dans une habitation avec des barrières architecturales en campagne est différent en termes d’indépendance que de vivre en ville à proximité de commerces et des moyens de transport. Enfin, la précarité et le non-recours aux aides financières sont également une réalité. Certaines personnes âgées peuvent être confrontées à ces difficultés et ne sont pas toujours informées de leur droit ou n’osent pas y faire appel. Capacité à décider pour soi-même Il est nécessaire que la société prenne en compte les besoins des personnes âgées et mette en place des politiques et des initiatives visant à favoriser leur inclusion, leur autonomie et leur participation active. En reconnaissant leur valeur et leur contribution, nous pouvons construire une société plus solidaire et inclusive pour tous. Lorsque nous abordons la question des personnes âgées, il est incontournable d’aborder la notion de respecter le libre-arbitre de chacun·e dans les décisions qui les concernent. Il s’agit d’une question essentielle, même dans les moments difficiles. Accepter les choix de chacun·e, c’est respecter l’autre dans son humanité. Comment la personne a-t-elle envie de vivre ce qui lui arrive ? Quelles sont les limites à ne pas dépasser ? Comment compatir, donner ou redonner un peu de confiance et d’espoir en la vie, ce d’autant si elle est difficile ?

La finitude de la vie Cette notion est une réalité inéluctable pour les personnes âgées et pour chacun·e de nous. Le processus de vieillissement implique inévitablement une diminution progressive des capacités physiques, voire mentales. Cette réalité peut susciter de nombreuses émotions chez les personnes âgées, ainsi que chez leurs proches. Le deuil de la jeunesse est à faire. Ce qui peut s’avérer pénible pour les personnes âgées se remémorant leurs jeunes années et leurs capacités passées. Il revêt une importance cruciale de cultiver la compassion et de reconnaître cette perte, tout en encourageant les personnes âgées à trouver de nouvelles sources de satisfaction et d’épanouissement. Vieillir c’est être confronté à la mortalité. Pour certaines personnes âgées cela peut engendrer des questions existentielles et une réflexion sur le sens de la vie. Avancer en âge, c’est aussi être mis face à la perte de proches et d’amis, ce qui peut être bouleversant et douloureux. Cependant, il est important de souligner que la finitude ne doit pas être perçue uniquement comme une source de tristesse. Elle peut également être l’occasion de trouver du sens et de vivre pleinement chaque instant. Dans tous les cas, il est impératif de créer un espace propice à l’expression des préoccupations et des craintes de ces personnes, tout en leur offrant un soutien émotionnel et spirituel, si cela leur est essentiel. La finitude, cette réalité inévitable de la vie, peut être particulièrement difficile à affronter en famille, où les liens affectifs sont étroitement noués. Cependant, cette période de vieillesse et de finitude peut également offrir des opportunités de croissance et de soutien mutuel au sein de la famille. Encourager une communication ouverte et honnête au sein de la famille concernant la finitude permet de partager les préoccupations, les inquiétudes et les émotions liées à cette étape de vie, favorisant ainsi une compréhension mutuelle et un soutien émotionnel. Cela peut se concrétiser par le biais de l’écoute active, de la validation des sentiments et de la recherche de ressources appropriées visant à aider à gérer les émotions liées à la finitude. Une prise de conscience que la finitude peut également demander une adaptation des rôles familiaux est nécessaire. Les personnes âgées peuvent avoir besoin de plus de soutien et de soins, tandis que les membres plus jeunes de la famille peuvent avoir à endosser des rôles de soutien plus importants. Il est crucial alors d’adopter une attitude

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positive face à ces changements et de trouver un équilibre entre l’autonomie individuelle et le soutien familial. Créer des moments en famille, qu’il s’agisse d’activités ou de moments de partage et de complicité, revêt une grande importance car ils participent significativement à la création de souvenirs durables. Ils renforcent également les liens familiaux et permettent à chacun de trouver du réconfort et de la joie, même dans les moments difficiles. Comment AROSS peut-il vous aider ? Précédemment une association, AROSS récemment est devenu un établissement autonome de droit public, neutre, destiné aux personnes âgées de plus de soixante-cinq ans ainsi qu’à leurs proches. Ses prestations sont gratuites pour la population et financées par l’État de Neuchâtel. Nos missions à votre service : Informer – Orienter - Accompagner Vous pouvez faire appel à AROSS pour toute demande d’information sur le réseau socio-sanitaire du canton de Neuchâtel. Un catalogue de prestations est disponible sur notre site internet et vous permet aussi de rechercher des informations : https ://www.aross.ch/ prestations

Nous réalisons également des entretiens d’orientation à domicile, sur la demande de la personne âgée, celle des proches, du médecin de famille ou du prestataire de soins sous réserve de l’accord de la personne concernée. Lors de cet entretien centré sur les besoins, nombre d’éléments sont questionnés, ceci afin de faire un bilan global de la situation en présence de la personne concernée et de ses proches. Un fait qui peut faire rire ou sourire est que nous abordons le projet de vie. En effet, les projets existent à tout âge et sont aussi essentiels dans cette période de la vie que dans les précédentes. Nous parlons prévention, au travers de l’activité physique, de la nutrition, mais aussi des liens sociaux. Nous informons et encourageons à parler en famille de la prise de dispositions adéquates, telles que la rédaction de directives anticipées ou de mandat pour cause d’inaptitude. Nous sommes à même d’orienter vers les personnes concernées ainsi que leurs proches aidant·e·s vers les prestataires ou services appropriés à leurs besoins. De plus, nous fournissons des explications sur les coûts et les moyens de financer les mesures envisagées et vous orientons vers les services à même de vous

aider. AROSS participe essentiellement au soutien dans votre lieu de vie actuel et n’assure pas les mêmes prestations qu’un bureau de placement en EMS. Enfin, à la suite de l’entretien d’orientation, nous proposons un accompagnement sur la durée au travers de suivis téléphoniques ou de visites visant à refaire un point de la situation. AROSS et un référent dédié restent disponibles en cas de besoin. n

N’hésitez pa

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acter : Téléphone :0 32 886 90 90 Fax : 032 88 6 90 99 Email : info@ aross.ch Site web : w ww.aross.ch

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U3a

Cultivez votre curiosité avec l’Université e du 3 âge Texte Laure Chappuis Sandoz // Photos Bernard Python

L’Université du 3e âge permet en toute liberté de cultiver sa curiosité et d’approfondir ses connaissances au travers de conférences de vulgarisation, d’ateliers thématiques ou d’excursions culturelles. Les activités ne demandent aucune formation préalable ou titre particulier. Les conférences sont ouvertes au public de tout âge. La carte de membre, à un tarif très avantageux, est réservée aux personnes de 60 ans et plus. Active sur trois cantons (NE-JU-BE) et 5 sites (Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds, Fleurier, Porrentruy, Bienne), l’U3a compte près de 800 membres. Mme Laure Chappuis Sandoz, directrice de l’U3a répond aux questions de Pays Neuchâtelois Comment concevez-vous vos programmes ? C’est une programmation annuelle, qui se conçoit presque une année à l’avance. Je suis constamment en « veille » pour dénicher soit des nouveaux sujets, soit des nouvelles voix. C’est un savant mélange qui vise à la plus grande diversité possible. Je cherche aussi un équilibre entre des intervenant·e·s que le public connaît déjà et apprécie, et de nouvelles propositions, aussi portées par exemple par de jeunes doctorant·e·s. Enfin, la moitié des intervenant·e·s sont

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issu·e·s de l’Université de Neuchâtel : c’est aussi un moyen de rendre visible pour le grand public ce qui se fait entre les murs de l’Université. Y adjoignez-vous des thématiques liées directement aux préoccupations des retraité·e·s ? En partie seulement. Nous cherchons plutôt une forme d’universalité des connaissances, dans tous les domaines, qu’ils soient littéraires, artistiques, scientifiques, économiques, sociétaux. Nous considérons d’abord notre public comme un ensemble d’humains pensants, curieux et critiques, avant de les considérer comme des seniors. Notre devise est : « Cultiver la curio-

sité ! », et pour cela, il n’y a pas d’âge minimum ni de limite d’âge ! Des réflexions autour du sentiment de finitude sont-elles abordées ou, au contraire, les évitez-vous ? Ce sont des thématiques que nous laissons plutôt de côté. L’U3a cherche à apporter des connaissances et des points de vue qui maintiennent ou développent une compréhension du monde et de son évolution. Cela n’est bien sûr pas incompatible avec une réflexion sur la finitude, mais nous essayons plutôt de véhiculer un sentiment de retraite active et vivante, où l’on a du temps et de la liberté pour s’informer et continuer à apprendre.

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Y a-t-il de l’interactivité avec vos membres ? Oui, l’échange est capital pour la construction de notre « communauté » U3a. En tant que directrice, je reçois régulièrement des propositions de la part des membres, dont j’essaie de tenir compte dans la constitution du programme d’activités. J’assiste aussi régulièrement aux conférences sur les différents sites, ce qui me permet de prendre la température, de discuter avec les gens et de recevoir leurs commentaires. Cela permet de se rendre compte de leurs attentes et ainsi de rendre le lien plus vivant. L’interactivité s’exprime aussi entre les membres, lors des questions posées à la fin des conférences (qui permettent un échange direct avec le conférencier ou la conférencière) ou lors de la pause-café. Ici le rôle de nos bénévoles est primordial et contribue grandement au sentiment d’appartenance. Le secrétariat est un autre relais important dans la relation à la personne. Enfin, les escapades ou voyages que nous organisons permettent de vivre des moments particulièrement conviviaux, ce qui nourrit un lien de proximité. Outre les connaissances apportées par les présentations et conférences,

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Laure Chappuis Sandoz, directrice

considérez-vous l’apport social et / ou sociétal favorisant la rencontre avec autrui ? Oui, c’est un point très important. La rencontre régulière permet de construire un nouveau cercle social, parfois de sortir de sa solitude. Les gens retrouvent des camarades d’école, nouent de nouvelles relations, s’enrichissent des échanges les un·e·s avec

les autres. Venir à l’U3a tel après-midi de la semaine devient un rendez-vous à ne pas manquer. Ces liens sociaux sont encore renforcés par les activités de « loisirs » où les membres apprécient de rencontrer aussi des gens d’autres antennes. Sur le plan sociétal, je suis convaincue que l’U3a contribue à maintenir ou renforcer la présence active et critique des seniors dans la société. n

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Pro Senectute Arc jurassien

Pro Senectute : un spectre d’actions de plus en plus large ! Texte François Dubois, directeur // Photos Bernard Python

« Pour… En faveur… Au service de… » Pro Senectute a été créée en 1917, peu après deux autres grandes organisations sociales qui portent, elles aussi, un nom latin : Pro Juventute et Pro Infirmis. La locution latine Pro Senectute – qui signifie pour, en faveur de, au service de la vieillesse – permet d’être identifiée au-delà des frontières linguistiques qui caractérisent la Suisse plurilingue et multiculturelle. Dans les années qui ont suivi sa création à Winterthur, des organisations cantonales Pro Senectute ont vu le jour dans tous les cantons.

Les fondateurs de Pro Senectute, des notables de la région zurichoise, poursuivaient deux objectifs : venir en aide aux personnes âgées « indigentes » (à l’époque on était vieux beaucoup plus jeune qu’aujourd’hui !) ; et convaincre les autorités politiques du bien-fondé de la création d’un système de prévoyance vieillesse au niveau national. Très engagée dans ce grand chantier de politique publique, l’organisation a ainsi beaucoup contribué à la création de l’AVS. Pour reconnaître le rôle joué dans la mise en œuvre de ce qu’on appellera par la suite le 1er pilier, Pro

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Senectute est nommément citée dans la Loi sur l’AVS à son article 101bis.

Un acteur fort et engagé Engagée depuis plus d’un siècle, Pro Senectute est aujourd’hui la plus grande organisation de services spécialisée dans ce domaine ; elle a pour but de maintenir et d’améliorer le bienêtre des personnes âgées et ceci inclut leur bien-être économique, physique et mental, mais également le respect de leur autonomie et le souci de leur intégration culturelle et sociale.

Nous utilisons le féminin qui est à comprendre comme incluant les collaborateurs masculins.

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La Fondation Pro Senectute Arc jurassien (Jura, Jura bernois et Neuchâtel) a fait œuvre de pionnier en transcendant les sacro-saintes frontières cantonales, si chères à l’esprit fédéraliste des Helvètes. Dès 2003, les organisations des cantons de Neuchâtel, du Jura et du Jura bernois ont vu le sens d’être plus fortes, ensemble, et ont uni leur destin dès 2005. Avec les deux Bâle qui ont fait le même pari quelques années plus tard, nous sommes la seule organisation inter-cantonale. Notre équipe compte 44 collaboratrices1 actives dans nos 4 bureaux (La Chaux-deFonds, Neuchâtel, Tavannes et Delémont), 150 intervenantes dans les domaines du sport et de la formation, plus de 70 livreuses de repas et plus de 300 bénévoles.

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Le catalogue des offres Active dans tout le territoire de l’espace BEJUNE, notre Fondation propose aux seniors de l’Arc jurassien une large offre de prestations et d’activités : ■ Accompagnement et conseil social ■ Aides financières aux personnes de condition modeste ■ Soutien administratif et fiscal ■ Service de repas à domicile ■ Tables d’hôtes ■ Win3, 3 générations à l’école ■ Activités sportives et culturelles ■ Formations ■ Vacances accompagnées

Aux premières loges Pour assurer un budget annuel qui avoisine les 9 millions, Pro Senectute Arc jurassien recherche ses financements à hauteur de 45 % auprès des pouvoirs publics et pour le reste grâce à la vente de ses prestations de service et à ses recherches de fonds (donatrices, fondations privées, etc.). Au vu du vieillissement démographique que vit notre pays, à l’instar de tous les pays occidentaux, la mission de Pro Senectute n’est pas prête à perdre de sa pertinence et de son importance… ! Cela d’autant plus que la situation financière des rentiers et rentières, si elle s’est globalement améliorée depuis

François Dubois, directeur

1948, reste précaire pour quasi 20 % de la population des retraité·e·s de notre pays. Nous sommes aux premières loges pour le constater et les statistiques de nos prestations le démontrent… hélas (+20 % dans la consultation sociale entre 2021 et 2022) !

A l’heure où les finances des collectivités publiques sont à la peine, le financement de prestations en constante augmentation est et reste un des grands défis que Pro Senectute doit relever. n

Vieillir, un art de vivre « Vieillir, un art de vivre »… Tel est l’ancien slogan de Pro Senectute. Un slogan que regrette François Dubois, directeur de Pro Senectute Arc jurassien en regard du label d’aujourd’hui « Plus fort ensemble », lequel n’est pas sans rappeler celui d’une banque bien connue du canton de Neuchâtel. Dans mon cas, vieillir comporte un avantage certain : en tant que directeur de Pro Senectute Arc jurassien, je ne cesse de me rapprocher de mon publique-cible ! J’aime croire que ce rapprochement n’est pas uniquement dû au nombre d’années qui se rajoutent à mon parcours personnel ; j’espère que le croissant sentiment de proximité avec tous les seniors dont je cherche à valoriser les compétences et que je tente d’aider avec l’outil extraordinaire que représente Pro Senectute est généré par ma propre méditation sur ce que signifie vieillir. « Vieillir consiste à éprouver le changement du stable » Paul Valéry Dans ma famille, j’ai beaucoup entendu « qu’il ne fait pas beau devenir vieux » ; et pourtant, Dieu sait si elle a été privilégiée cette famille : mes parents et grands-parents ont eu de la chance de ne pas mal vieillir du tout. Déjà à l’époque, j’avais de la peine à croire que le vieillissement humain qui conduit à la mort, - si subtilement décrit par

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Paul Valéry comme inhérent à la vie -, n’était qu’un vaste naufrage et une déchéance. Alors, certes, ne nous le cachons pas : le corps en vieillissant ne va pas vers le beau. Par contre, plus j’avance en âge, plus s’ancre en moi la conviction que vieillir ne nous dépouille pas de notre capacité d’agir sur nous-mêmes, et particulièrement sur la conscience de soi. Plus je travaille sur la prise de conscience que « vieillir consiste à éprouver le changement du stable », plus je suis serein face aux années qui viennent et qui vont me conduire vers la fin de mon existence. « La vie est à peine un peu plus vieille que la mort « Paul Valéry Dès lors, je crois que ma liberté ultime réside dans ma capacité à rester le plus souple possible pour accepter et bien vivre mon propre vieillissement : souple de corps, souple d’esprit surtout. Et je termine cette modeste réflexion avec une citation de Marion Müller-Colard qui en résume l’essentiel : « On casse à la mesure de notre rigidité, nous apprend la fable du chêne et du roseau. La souplesse est notre seule chance, l’inclusion du tumulte, l’acceptation des limites de notre contrôle, la jachère de l’intranquillité qui offre à nos existences une parcelle désordonnée et féconde. Notre seule chance qu’il y pousse quelque chose que nous n’aurions pas imaginé. »

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Association neuchâteloise des proches aidants

Le défi du proche aidant : s’impliquer et préserver ! Texte Christine Kaesermann // Photos Bernard Python

Est proche aidant·e, toute personne qui, très régulièrement voire quotidiennement, apporte son soutien à une personne fragilisée ou l’accompagne à titre non professionnel dans son projet de vie. Il peut s’agir d’un membre de la famille, d’un·e voisin·e ou d’un·e ami·e. Au vu de l’évolution démographique de notre société, nous pouvons tous être amenés, si nous ne le faisons déjà, à prendre soin d’une personne de notre entourage. Ceci d’autant plus quand le couple prend de l’âge et quand une fois à la retraite, cela va de soi de prendre soin des autres, puisqu’on a tout le temps ! La politique actuelle tend à permettre à tout un chacun de vivre le plus longtemps possible à domicile. Mais l’âge avançant, des problèmes de santé altèrent l’autonomie et les services d’aides à domicile ne peuvent pas répondre à tous les besoins. Les proches sont progressivement sollicités, souvent bien malgré eux, pour assumer différentes tâches. Cette implication va de soi dans la plupart des situations car l’engagement répond à des motivations telles que l’amour, l’affection, la loyauté, la solidarité, l’entraide, la qualité de vie du proche aidé et le sens des responsabilités. Suite à une enquête réalisée de 2017 à 2020, l’Office Fédéral de la Santé Publique estime que : ■ une personne sur quatre est proche aidante en Suisse ■ les deux tiers des proches aidants exercent une activité professionnelle

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■ le tiers restant est composé des plus de 65 ans, des jeunes aidants et des adultes sans travail rémunéré Un proche aidant peut se retrouver à gérer de nombreuses tâches résumées dans le tableau ci-dessous. L’implication peut durer un court laps de temps mais aussi s’étendre sur de nombreuses années et devenir très prenante, voire pénible selon l’évolution. Les risques à moyen et long termes sont principalement l’épuisement, des problèmes de santé, l’isolement, la malveillance, voire de la maltraitance le plus souvent liée à un état de fatigue extrême. L’échelle de Zarit

Facilement délégable

Difficilement délégable

(www.info-workcare.ch/sites/default/ files/documents/inventaire_du_fardeau_du_proche_aidant.pdf) permet au proche aidant d’objectiver la pénibilité de son implication et de faire appel à du soutien auprès de son entourage et / ou à des professionnels. Ces intervenants peuvent réaliser les tâches délégables (cf tableau ci-dessous), le proche aidant se portant garant de la qualité des actes délégués. Même si ce n’est pas toujours facile, accepter la présence de personnes dans son environnement peut donner l’occasion d’échanger et de s’enrichir au contact de ces personnalités. Il est souvent difficile de faire le pas car des peurs et des craintes retiennent les

Tâches

Soins

Activités de la vie quotidienne : ménage, courses, repas...

Soins de base : hygiène, habillage, mobilisation,…

Administratif

Aménagement du lieu de vie : moyens auxiliaires, adaptations simples et facilitantes

Gestion : rendez-vous, liens sociaux, communication avec les soignants,…

Soins informels : présence, observation, soutien moral, rôle éducatif,...

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proches aidants à solliciter de l’aide. Malheureusement, cela se fait tôt ou tard au détriment de leur qualité de vie et de celle du proche aidé. D’où l’importance de se reconnaître Proche Aidant très tôt et en toute humilité afin de se préserver et de tenir sur la durée, ceci d’autant plus quand les années commencent à se faire sentir. L’Association Neuchâteloise des Proches Aidants et les partenaires du réseau santé-social du Canton de Neuchâtel sont là pour accompagner les Proches Aidants dans leur rôle et pour trouver ensemble, une fois les difficultés et les besoins identifiés, des solutions adaptées à chaque situation. Le plus important est de ne pas rester seul, car même s’il est dit que les Proches Aidants sont des super héros, ils ne sont ni « Superwoman », ni « Superman » ! Les Proches Aidants qui participent à des formations ou à des groupes de parole expriment s’être enrichis en connaissances et en compétences, ce qui leur permet de se sentir mieux. Se donner le droit d’avoir des activités permettant de se ressourcer est essentiel pour rester avant tout un ou une proche aimant·e et pour préserver une relation la plus harmonieuse possible avec la personne aidée.

Christine Kaesermann, vice-présidente Association Neuchâteloise des Proches Aidants

Pour de plus amples informations, nous vous recommandons vivement la lecture du numéro hors-série du magazine Générations intitulé « Être Proches Aidants » paru en octobre 2023. Nous souhaitons que les années à venir, malgré les difficultés qui peuvent survenir, vous réservent de beaux moments et de belles rencontres ! n

Hôtel des A ssociations Rue Louis-Fa vre 1 2000 Neuch âtel Tél. 032 535 52 99 Permanence s d’écoute mardi de 9h à 12h et jeud i de 15h à 18h. www.andpa .ch info@andpa. ch

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L’Association Neuchâteloise des Proches Aidants soutien et accompagne les Proches Aidants : • • • • • • •

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Union patronale suisse

Les seniors et le marché du travail Texte Marco Taddei // Photo sp

Marco Taddei est directeur romand de l’Union patronale suisse, après avoir travaillé à l’Union suisse des arts et métiers (usam). Licencié en sciences politiques à l’Université Neuchâtel, il connaît bien notre canton puisqu’il a vécu à Marin plus de dix ans. Marco Taddei entretient des liens étroits avec le Canton de Neuchâtel. La CNCI est membre de l’Union patronale suisse. Marco Taddei répond aux questions de la CNCI et de la rédaction de « Pays Neuchâtelois ». A partir de quand devient-on senior ? Quelles sont les statistiques du marché du travail ? Quelles difficultés rencontrent-ils ? En Suisse, on devient « senior » ou travailleur âgé, à partir de 50 ans. Les statistiques du SECO tordent le cou à quelques idées reçues selon lesquelles les seniors seraient les grands perdants sur le marché de l’emploi. Voyez plutôt. En septembre de cette année, le taux de chômage des personnes de plus de 50 ans atteignait 1,8 %, soit 0,2 % de moins que la moyenne suisse. Force est toutefois de constater que les plus de 50 ans au chômage mettent en moyenne beaucoup plus de temps à retrouver un emploi que les plus jeunes. L’âge élevé associé à une formation inadaptée aux exigences du monde de travail actuel augmentent le risque de chômage de longue durée des seniors. C’est là que le bât blesse. En tant que senior est-on mieux considéré en 2023 que 20 ans plus tôt ? Qu’observez-vous ? Le sort des seniors s’est amélioré ces dernières années. D’abord, parce que cette catégorie d’actifs est mieux intégrée sur le marché du travail que par

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le passé. En 2020, la Suisse comptait 1,654 million de personnes actives de 50 ans ou plus, soit un tiers (33,5 %) de la population active totale, une part qui a progressé par rapport à 1991 (24,0 %). Ensuite, parce que les pouvoirs publics ont pris plusieurs mesures en leur faveur. Ainsi, en 2019, le Conseil fédéral a adopté, avec le soutien des employeurs, un plan d’action pour améliorer l’employabilité des seniors, qui prévoit notamment le renforcement de l’action des Offices régionaux de placement (ORP) en matière d’accompagnement et de conseil. Quels sont les avantages pour une entreprise d’occuper des seniors ? Les avantages sont nombreux. En premier lieu, les seniors possèdent un savoir-faire et une expertise incomparables, acquis tout au long de leur longue carrière professionnelle et transmissibles aux plus jeunes employés. Ils présentent aussi l’avantage de la stabilité : un salarié senior a déjà travaillé de nombreuses années et ses envies de changer d’emploi ou d’entreprise sont moindres. Sa valeur d’expérience est précieuse : le travailleur âgé est habitué au fonction-

nement d’une entreprises et intègre rapidement ses règles de fonctionnement. Les plus de 50 ans peuvent enfin se prévaloir d’un vaste réseau de contacts. En un mot, les seniors sont un véritable « or gris du marché du travail » susceptibles d’apporter une plus-value à l’entreprise qui l’occupe, a fortiori dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre. Y a-t-il des domaines d’activité qui privilégient l’engagement de seniors ? Le vieillissement démographique aidant, l’engagement des seniors devient inéluctable, force est de constater que, à l’exception des métiers dits « pénibles » et des secteurs couverts par une CCT prévoyant une retraite anticipée, tous les secteurs d’activité qui sont confrontés à une pénurie de talents inédite, embauchent toujours plus de seniors. Quels sont les outils que les seniors peuvent utiliser pour maintenir leur employabilité ? Afin de maintenir l’employabilité des seniors, la mise en place d’un système de formation favorisant l’apprentissage tout au long de leur carrière professionnelle devient une nécessité. Autre prio-

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rité : établir un dialogue précoce, ouvert et transparent avec les employeurs en vue de définir leurs perspectives d’avenir professionnelles. Trop souvent, les travailleurs âgés doivent faire face à des préjugés sur leur supposé manque de rendement, de flexibilité et de créativité. Un changement culturel doit s’opérer afin que l’expérience professionnelle et le savoir-faire des seniors soient mieux valorisés. Il importe enfin de s’opposer aux velléités des syndicats de renforcer la protection des seniors contre les licenciements. En effet, quand un chef d’entreprise sait qu’il ne peut plus licencier, il renonce à embaucher. Avez-vous des success stories de seniors qui ont continué à travailler bien après l’âge de la retraite ? La Suisse est l’un des pays d’Europe où l’âge du départ à la retraite est le plus bas, bien que l’espérance de vie y soit plus élevée. En moyenne, les Suisses quittent le marché du travail à l’âge de 65 ans. Or, si l’entreprise et le collaborateur y trouvent leur compte, le maintien en emploi après 65 ans doit être favorisé. Migros et Coop ont récemment lancé un programme pour maintenir en emploi les 65 ans et plus. Les deux grands distributeurs proposent plusieurs options pour pouvoir continuer à travailler après l’âge de la retraite. Le temps de travail est déterminé individuellement, et cette prolongation est possible au maximum jusqu’à 70 ans. Le succès est au rendez-vous puisque de plus en plus de candidats ont montré leur intérêt pour cette offre. Quels sont les outils / plateformes que peuvent utiliser des employeurs neuchâtelois pour trouver des seniors ? Et quels outils peuvent utiliser des seniors pour trouver du travail ? Les employeurs neuchâtelois peuvent accéder à la plateforme www.focus50plus.ch (encore en allemand), lancée en janvier 2022 par l’Union patronale suisse en collaboration avec plusieurs grandes entreprises de renom. Ce réseau patronal a pour mission d’aider les entreprises à utiliser de manière durable le potentiel de travail des collaborateurs et des personnes sans emploi âgés de 50 ans et plus. En parallèle, elle s’engage pour l’aménagement de conditions-cadres optimales dans les domaines politiques, juridiques et économiques, afin de favoriser l’employabilité des plus de 50 ans. Les seniors, quant à eux, peuvent profiter de l’offre viamia, qui a été élaborée par le SEFRI en collaboration avec

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Marco Taddei, directeur les partenaires sociaux. Grâce à viamia, les personnes de plus de 40 ans ont la possibilité de réaliser une analyse périodique et gratuite de leur situation professionnelle, en tenant compte de l’évolution des exigences sur le marché de l’emploi. Cela passe notamment par un « test d’employabilité » qui vise à examiner leur potentiel sur le marché du travail. Pour faire face à la pénurie de la main-d’œuvre, l’engagement de seniors est-elle une alternative ? La pénurie de main-d’œuvre a atteint un niveau record en Suisse. Les chiffres, maintes fois rappelés, soulignent la gravité de la situation : quelque 120 000 postes seraient actuellement vacants et, le déclin démographique aidant, un demi-million de travailleurs pourraient manquer d’ici à 2030. Pour éviter ce scénario catastrophe, l’engagement des seniors devient prioritaire au même titre que l’embauche des femmes, des jeunes et des personnes atteintes dans leur santé. Que fait l’Union patronale suisse en faveur des seniors ? L’emploi des seniors est une priorité de l’UPS, qui a défini deux axes d’interventions : l’encouragement de la formation continue et la sensibilisation des employeurs aux atouts des travailleurs âgés. Compte tenu de la pénurie de main-d’œuvre qui touche un nombre croissant de secteurs économiques, l’UPS a décidé de passer la vitesse supérieure en lançant en janvier 2022 la plateforme focus50+.

En Suisse, y a-t-il des exemples de bonnes pratiques par rapport à l’engagement de seniors ? Il faut le répéter : en Suisse, les plus de 50 sont bien intégrés sur le marché du travail. Les entreprises, tous secteurs confondus, jouent le jeu. Certaines grandes sociétés ont introduit le modèle dit « des carrières en arc », qui consiste à réduire le taux d’occupation et certaines responsabilités des employés avant la retraite. Cela favorise l’engagement des seniors et permet à un nombre élevé d’entre eux de rester plus longtemps sur le marché du travail. Politiquement, qu’est-ce qui va changer par rapport aux seniors ? Le nouveau Parlement a un rôle à jouer pour favoriser l’employabilité des seniors. Deux niveaux d’intervention doivent être privilégiés. Il faut d’abord moderniser la loi fédérale sur le travail de 1964. Une base légale d’un autre temps, taillée pour le monde industriel. En flexibilisant les horaires de travail, les entreprises pourraient accroître leur attractivité et, par là même, engager davantage de seniors. Des mesures s’imposent également pour développer l’employabilité des retraités. En 2022, 37 % des plus de 65 ans étaient actifs, selon l’Office fédéral de la statistique. Pour que les retraités deviennent une nouvelle force de travail, l’offre de formation continue en fin de carrière doit être étoffée. Autres liens https ://www.arbeitgeber.ch/ n

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Caritas

Accompagner la fin de vie Texte Laurence Chapuis – Caritas Neuchâtel // Photos sp et Bernard Python

Historiquement, les soins palliatifs ont été assimilés au cancer et à la fin de vie. De nos jours, sont accompagnées les personnes atteintes de maladies chroniques évolutives, de handicaps, d’affections neurologiques ou de démences, afin d’optimiser la qualité de vie et le confort à tous les stades de leur maladie. Les politiques sanitaires ont depuis développé des réseaux de soins, des équipes mobiles et amélioré leur accessibilité en proposant un accompagnement interdisciplinaire sur le lieu de vie de la personne gravement atteinte dans sa santé. La qualité de vie définie par l’OMS comme étant « La perception qu’a un individu de sa place dans l’existence, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lesquels il vit en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes ». Il n’en demeure pas moins qu’elle est propre à chacun·e en prenant en considération ses critères de bien-être physique, psychologique, social et spirituel. Entre acharnement et abandon dans l’impuissance de guérir, prend place tout ce qui reste à faire quand il n’y a plus rien à faire, apprendre à accompagner autrement. L’accompagnement n’est pas une solution technique à un problème donné. C’est plus profondément une conscience qui appelle une présence. La conscience, c’est d’abord celle qu’un malade est une personne vivante, complexe et complète et pas simplement un corps à réparer ni un symptôme à soulager ; c’est aussi celle que la personne, même en fin de vie, demeure toujours un être en relation qui peut être autrement perçu. A par-

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tir de cette conscience, l’accompagnement devient une présence qui répond à un appel, une invitation qui débouche sur une rencontre. Le fond de l’accompagnement ne consiste pas à venir en aide à une personne, mais de la rencontrer dans sa singularité, à la rejoindre au cœur de son humanité dépouillée, à découvrir l’Être au cœur de l’autre.1 Aujourd’hui, l’enjeu n’est pas de soigner et / ou d’accompagner mais pour chaque intervenant, qu’il soit soignant ou non, de prendre soin tout en accompagnant. C’est à ce titre, que le bénévole formé à l’accompagnement de fin de vie est là pour apporter le regard de la société, dénué de conflit d’intérêts, simplement destiné à manifester la solidarité à l’égard de celui ou celle devenu pour un moment le ou la plus vulnérable de tous. Cette attention à l’Autre permet à la personne de structurer son temps et son discours pour se remobiliser en luttant contre la passivité qui naît de l’attente forcée, envahissante et vide. Cette présence change tout, elle ouvre

Tanguy Châtel Jusqu’à la mort accompagner la vie. L’accompagnement de la fin de vie : un engagement de haute modernité.

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la chambre du malade sur un autre univers, non soignant. Mais bénévolat ne signifie pas simplement bonne compassion, générosité. Cette présence doit être en effet pensée avec intelligence, précédée d’une formation spécifique dans la relation d’aide, ponctuée de supervision et de formations continues. Il faut de la persévérance, de la joie à donner, de la discrétion, de la disponibilité et une capacité de silence et d’écoute et non de bavardage. Le bénévole a le luxe de prendre son temps auprès du patient, il arrive vers lui les mains vides et l’esprit libre de toute tâche à accomplir, si ce n’est être disponible pour la personne atteinte dans sa santé, dans l’état émotionnel où elle se trouve au moment de la rencontre. Être bénévole c’est aussi s’intéresser aux familles. L’anxiété, la fatigue et l’épuisement des proches aidants sont souvent ressentis par les malades. Réconforter un père, une épouse, une amie en détresse en leur offrant un espace où ils peuvent librement exprimer leur colère et leur impuissance. Rester auprès d’un malade avec une famille qui le demande permet souvent de diminuer la tension et l’anxiété. Les bénévoles sont appelés à intervenir dans les lieux de vie des personnes

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­ravement malades pour relayer le g proche aidant durant quelques heures afin de lui offrir un relai et lui permettre de se ressourcer. Ils interviennent également sur demande en milieu hospitalier, EMS ou institutions pour personnes en situation de handicap. Soutenir le malade et ses proches dans une phase complexe de sa maladie exige que l’accompagnement bénévole soit réalisé après une formation de base. Celle-ci se décline pendant 15 journées durant lesquelles nous abordons la communication, l’écoute et l’accompagnement ; les pertes, la mort et le deuil ; les spécificités de l’accompagnement puis l’engagement bénévole en soins palliatifs. Une offre de formations courtes / ateliers offrant à la fois un contenu théo-

rique à thème, des exercices pratiques et un temps riche de partage, de conseils et d’informations est proposée depuis quelques années. Les Proches aidants présents dans les ateliers sont majoritairement à l’œuvre dans leur cadre familial, auprès de personnes retraitées vivant à leur domicile, atteintes de la maladie d’Alzheimer, souffrant de cancer, de démence et / ou de solitude. Ces formations courtes sont pertinentes en termes de soutien des Proches aidants, de prévention (risque d’épuisement, burn-out), de remise en question, de valorisation, de reconnaissance, de conseils, d’information et d’échanges entre personnes ayant chacune un rôle d’accompagnant auprès de leur(s) proche(s). Il y a de toute évidence chez les Proches aidants à la fois un besoin

de connaissance, de sens, de réflexion, de partage, de soutien et d’informations. Une phase de grands changements, où le statut et le rôle propre sont bouleversés, l’image de soi altérée et de nombreux deuils à vivre, génèrent de la tristesse et une perte de sens. Nous sommes convaincus qu’un soutien auprès de la personne malade et de ses proches avec l’aide de bénévoles formés est une précieuse ressource. Vous souhaitez faire recours à une présence bénévole quelques heures par semaine, prenez contact avec Caritas Neuchâtel au 032 886 80 70 et nous vous accompagnerons dans ce projet. Vous trouverez des informations complémentaires sur le site www.caritas-neuchatel.ch n

FORMATION À L’ACCOMPAGNEMENT Vous êtes proche aidant ou un professionnel engagé auprès d’une personne fragilisée dans sa santé et souhaitez approfondir les notions d’accompagnement. Caritas Neuchâtel propose une formation à l’accompagnement des grands malades en février 2024. Inscriptions et renseignement au 032 886 80 70 www.caritas-neuchatel.ch

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La conscience de la finitude : fin de vie et spiritualité Texte Séverine Sooriah – Caritas Neuchâtel // Photo Bernard Python

Jusqu’au 19e siècle, la mort était naturelle et acceptée. Les enfants naissaient encore à la maison, les personnes âgées mouraient à la maison, la mort faisait partie intégrante de la vie. Les jeunes savaient réellement que chaque être vivant a une fin ; il ne s’agissait nullement d’une simple croyance. L’être humain se savait mortel et sentait sa mort venir.

C’est à partir du milieu du 20e siècle que la mort est devenue cachée, taboue, inacceptable, inavouable, insensée. Elle est devenue anormale. Avec le développement de la médecine scientifique, la lutte pour la prolongation de la vie a pris le pas sur l’attention à la mort et donc aux mourants. L’espérance de vie à presque doublé au 20e siècle. La mort n’est plus familière, on l’évite, on la fuit, on la dénie, on en a peur. C’est un peu comme s’il y avait deux catégories, les mourants et les vivants. Comme si nous, vivants, serions séparés de notre finitude, le « mourant » serait avant tout la victime d’un sort particulier, et non plus le sujet de sa condition d’être « mortel ». D’ailleurs, la mort a été désacralisée, on ne croit plus au paradis après la mort, on veut le paradis sur terre. Ainsi que le formule Daniela Cerqui1, nous sommes passés d’un monde théocentré (centré sur Dieu) à un

1

Anthropologue à l’Université de Lausanne.

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monde technocentré : « Le système de croyances a été remplacé par un autre, on a l’impression qu’il y a une solution technique pour tout ». Avezvous remarqué que lorsque vous confiez quelque chose de personnel à quelqu’un, il cherche tout de suite une solution, comme si le fait qu’il soit là, présent et à l’écoute ne soit pas suffisant ? C’est ce que nous tentons de transmettre aux bénévoles dans l’accompagnement de fin de vie à Caritas : se tenir là tout simplement dans une qualité de présence. Il faudra attendre les années 1970 pour que la question de l’accompagnement de fin de vie retrouve droit de cité avec l’avènement des soins palliatifs dont la visée est de pouvoir soulager au maximum le patient dans ses souffrances et de le maintenir dans les meilleures conditions de confort possibles. La question de la finitude se pose à nouveau.

Être conscient de sa finitude : quels effets sur nous ? Paradoxalement, la conscience d’être mortel pourrait bien aider à vivre. Comment cela ? Accepter le fait d’être mortel ferait aimer la vie de façon plus intense, plus profonde. Comment vivrions-nous si notre vie n’était pas limitée ? La peur de mourir ne serait-elle pas liée à l’inaccompli de sa vie ? Et si on regardait en arrière ? Non pas pour nous juger nous-mêmes ou nous condamner mais pour célébrer le fait d’être vivant et d’avoir traversé toutes ces années, toutes ces aventures, toutes ces épreuves… Ce qui est important est ce que nous sommes aujourd’hui.

Lorsque la mort s’approche… Ce temps de mourir ne serait-il pas un temps unique, un temps particulier plein de surprises ? La personne en fin de vie ne peut plus être dans le faire, elle ne peut parfois plus qu’être dans le temps présent, du côté de l’être. Un temps où

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l’essentiel de l’être peut encore émerger, où des cadeaux peuvent encore se donner. Ce temps de fin de vie pourrait être un temps incomparable, un temps d’authenticité, un temps possible de réconciliation, de pardon réciproque, de remerciements, de reconnaissance, de gratitude et d’amour. Parmi les choses essentielles que nous pouvons donner à une personne en fin de vie, au travers de notre présence, lui apporter un regard qui la revêt de dignité, la dignité d’un être encore vivant, et lui témoigner qu’elle est encore capable de donner : une parole, un regard, un sourire, un « merci », un « je t’aime »… « Mourir » pourra être alors le moment pour elle de transmettre ce qu’elle a été.

« Mais c’est surtout la façon dont une personne prépare son entourage à sa fin, toute l’épaisseur d’une vie et la richesse des échanges que l’on a eus avec celui qui vient de mourir qui font de ces moments qui suivent la mort des moments forts, des moments de communion inoubliable. »2

et nourris de son vivant. La mort met fin à la vie, mais pas à la relation. »3 François Mitterrand avait dit à Marie de Hennezel : « Nous ne sommes pas là pour pleurer les morts, mais pour les prolonger, pour les continuer. »4

L’amour par-dessus tout

Damien le Gay5 a écrit : « Il y a d’abord un lâcher-prise (abandon), puis la dé-prise (trouver une autre prise), et la sur-prise (l’au-delà). » Dans une société technocentrée, il est évident que la mort est la fin de tout. Dans notre 21e siècle où resurgit la quête de la spiritualité, la mort peut apparaitre comme un passage ou un éveil. L’être humain n’étant pas en mesure de prouver scientifiquement l’existence d’un au-delà, il nous reste la liberté de croire à ce qui nous fait du bien, et pourquoi pas à la beauté de l’amour reçu, donné et ressenti dans nos vies et à sa probable puissance féconde, inoubliable et éternelle… n

L’amour de soi et des autres, c’est ce qui reste. Cela paraît peu mais c’est immense. « Tant que nous pouvons aimer et nous souvenir de ce sentiment d’amour, nous pouvons mourir sans vraiment nous en aller. L’amour que l’on a créé est là. Les souvenirs sont là. On continue à vivre dans le cœur de ceux qu’on a touchés

2

Marie de Hennezel, Mourir les yeux ouverts, Paris, Albin Michel, 2005, p. 146-147.

3

Mitch Albom, La dernière leçon, op. cit., p. 16.

4

Marie de Hennezel, Mourir les yeux ouverts, Paris, Albin Michel, 2005, p. 150.

5

Philosophe et écrivain français, colloque international du 13 février 2020 « Le temps de mourir » à l’Université de Fribourg.

Et enfin l’espérance

Laurence Chapuis et Séverine Sooriah, responsables Accompagnement de fin de vie

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Ville de Neuchâtel

Le lien social, le mitage relationnel et le rôle des communes Texte Brigitte Brun // Photo Bernard Python

Brigitte Brun, déléguée aux personnes âgées et à la promotion de la santé

Aujourd’hui, malgré quelques améliorations, les inégalités demeurent. Plus particulièrement, plus nous vieillissons, plus les inégalités se creusent. La longévité est aussi un effet de genre : ce sont majoritairement les femmes qui vieilliront seules avec un risque accru de précarité. Le travail à temps partiel, les congés sans solde pour s’occuper des enfants en bas âge, le divorce, autant d’éléments clés qui pénalisent les femmes au moment de la retraite. Si les montants des rentes AVS ne diffèrent que peu entre les sexes, dans la prévoyance professionnelle, les différences sont impressionnantes. 49,7 % des femmes touchent une rente du deu-

En 1991, sous le slogan « les femmes bras croisés, le pays perd pied », un demi-million de femmes manifestaient en Suisse pour plus d’égalité dans tous les domaines. Cette journée de manifestation a permis de mettre en lumière tout le travail, souvent non rémunéré, effectué par des femmes pour que notre société fonctionne : tâches ménagères, éducation des enfants, proches aidants, travail bénévole dans le domaine associatif et autres activités dans le domaine du vivre-ensemble. xième pilier contre 70,6 % des hommes, et lorsqu’une rente est touchée, le montant de la rente est inférieur de 47 % environ à celle d’un homme. Ces différences de montant s’expliquent principalement par les parcours professionnels et familiaux. L’interruption du travail et le travail à temps partiel pour concilier vie familiale et vie professionnelle ont un impact direct sur le montant du deuxième pilier.1 Du côté de la santé, les inégalités se creusent également avec l’âge. Si les femmes ont une espérance de vie en moyenne de 4 ans de plus, leur qualité de vie liée à la santé semble moins bonne. Les femmes sont plus nom-

1

Fiche d’information, écart de rente entre femmes et hommes, 07.09.2022, OFS.

2

Les différences entre hommes et femmes existent aussi en santé Swissinfo, 04.02.2021.

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breuses à vivre avec une maladie chronique ou des problèmes de santé de longue durée ou à souffrir de détresse psychologique. Leur espérance de vie « en bonne santé » descend d’ailleurs à 71,7 ans contre 70,7 ans pour les hommes.2 L’espérance de vie s’étant fortement allongée, une nouvelle population se dessine : les centenaires. En nette augmentation ces dernières années, comme le montre le tableau ci-contre, ce sont également majoritairement des femmes. Or, plus la personne prend de l’âge, plus son entourage diminue. Les ami·e·s, la famille, les connaissances se font plus rares. En raison de maladies, d’entrées en EMS ou de décès, le réseau social diminue en vieillissant. Ce phénomène, parfois appelé « mitage relationnel »,

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Nombre de centenaires selon le sexe. Sources : RFP, STATPOP © OFS 2021.

Petit à petit d’autres projets ont vu le jour : repas en commun, après-midi jeux et marché aux puces. A Valangin, en collaboration avec la déléguée de quartier, un café-rencontre a également vu le jour, une fois par mois, au guichet d’accueil. En plus de faire connaissance et d’échanger, les cafés-rencontre sont aussi un moyen d’informer la population sur diverses offres et manifestations organisées dans le quartier ou dans la commune. La politique de la vieillesse est transversale et touche donc de nombreux domaines : santé, mobilité, aménagement du territoire, culture, sport, logement... Elle a en tout cas un rôle important à jouer dans le renforcement du réseau et des solidarités envers la population âgée en soutenant les liens sociaux de la vie de quartier. La population âgée représente un maillon très important de notre société : premier moyen de garde des enfants en âge préscolaire, présence dans les comités d’associations, dans le bénévolat, grande part des proches aidants. Mettre en place un accompagnement dans la vieillesse en renforçant les liens sociaux à l’échelle des quartiers est indispensable pour garantir en ville une qualité de vie agréable pour tous les âges. En 2023, le slogan de la grève des femmes de 1991 pourrait être adapté et devenir « les aîné·e·s bras croisés, le pays perd pied ». Mettre en lumière la participation des seniors dans tous les domaines, adapter les villes au grand âge et renforcer le lien social dans les quartiers sont des étapes clés indispensables à un accompagnement au vieillissement, de manière à garantir à tout âge la participation si précieuse pour l’équilibre de notre société. n

Répartition de l’espérance de vie en Suisse en 2000, 1950 et 1890. Source des données : Crombach, Smits & Monden (2021). Human Mortality Database.

peut être illustré par le tableau ci-­ au bien vieillir. Pour contrer cet effet dessus qui représente la répartition de de mitage relationnel, renforcer le lien l’espérance de vie. La courbe en 2000 social surtout à l’échelle du quartier montre à quel point le nombre de décès peut permettre à la population âgée de augmente de manière importante au vivre chez soi tout en restant entourée. fur et à mesure de l’avancée en âge, Pour renforcer le lien social, la Ville de avec une nette accélération aux alen- Neuchâtel a commencé depuis 2020 tours de 80 ans. à mettre en place et soutenir des L’étude « Reliâge », menée en 2020 par café-rencontres, dans les quartiers, le Canton de Neuchâtel avec l’Univer- pour les aîné·e·s. Un café-rencontre sité de Neuchâtel et à laquelle la Ville de s’est ainsi créé dans le quartier de La Neuchâtel a participé avec le quartier Coudre en collaboration avec l’assode Serrières, a montré que plus la per- ciation de quartier et l’intendante d’un sonne vieillissait, plus elle avait besoin immeuble pour personnes âgées. A la d’avoir des services et du soutien de fréquence d’une fois par semaine, les proximité. Ainsi, le développement d’un aîné·e·s du quartier et de l’immeuble se réseau de soutien et d’infrastructures à rencontrent, font de nouvelles connaisl’échelle du quartier est indispensable sances et échangent autour d’un café.

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Brigitte Bru n, déléguée aux personnes âg ées et à la promotion de la santé Dicastère de la famille, de la formation, de la santé et des sports

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Pour le plaisir d’offrir une parenthèse culturelle À l’image des “cafés suspendus” qui permettent d’offrir des cafés dans certains établissements publics, l’Atelier des musées vous propose d’offrir à des personnes aux revenus modestes des “bons suspendus” pour participer à des ateliers dans les trois musées de la Ville de Neuchâtel et au Jardin botanique. Comment faire ? Contactez simplement l’Atelier et indiquez le montant que vous souhaitez offrir, réglable sur facture !

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A vélo ou en trottinette, en plus de l’éclairage, pensez à poser des catadioptres.

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Les vêtements clairs doublent la distance à laquelle on est visible. Les éléments réfléchissants peuvent multiplier cette distance par cinq.

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Restez visible :

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Théâtre du Passage

Capter un public diversifié ! Texte Robert Bouvier

Le Théâtre du Passage représente un acteur essentiel de la vie culturelle neuchâteloise. Parmi ses membres abonnés, un nombre important de personnes retraitées. Son illustre et attachant directeur, Robert Bouvier, a accepté d’intégrer le sommaire de ce numéro spécial. Dans ses réponses, deux expressions essentielles : intégration sociale et rencontres intergénérationnelles. Tout est dit ou presque… Parmi vos membres et spectateurs fidèles, quel est le pourcentage estimé de personnes retraitées ? Près de la moitié de nos abonné·es bénéficient des tarifs réduits accordés aux personnes retraitées. La programmation du Passage réussit, sans jamais verser dans la démagogie, à séduire un large éventail de publics. Nous avons la fréquentation la plus élevée de tous les théâtres du canton et veillons à proposer des tarifs attractifs aux artistes, aux apprenti·es, aux étudiant·es, aux familles et aux personnes retraitées. Cette saison plusieurs spectacles abordent des questions sociétales, politiques, historiques ou encore liées au sport. D’autres se penchent sur les différences générationnelles. Par exemple, Les femmes (trop) savantes ? revisitera l’œuvre de Molière en la confrontant aux valeurs contemporaines et Mais t’as quel âge ! se jouera des différentes tranches d’âge et des symboles de chaque génération. Et d’autres encore se pencheront sur la question de la mort et du deuil : François d’Assise, Un sentiment de vie, Tom na fazenda ou encore Freud, les démons. Cette diversité de thématiques reflète notre engagement à stimuler la réflexion et l’appréciation de la diversité des expériences humaines à travers le théâtre.

Robert Bouvier, directeur

Photo : Bernard Python

Quels sont les bienfaits que le théâtre apporte aux personnes du troisième et du quatrième âge ? Il offre un espace de partage, contribuant à rompre la solitude en favorisant

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l’intégration sociale et en permettant des rencontres intergénérationnelles. Je me souviens par exemple d’une standing ovation enthousiaste à l’issue d’une représentation de danse hip-hop, témoignant de la capacité du théâtre à transcender les générations. En outre nos deux salles sont conçues pour être accessibles aux personnes à mobilité réduite et des boucles magnétiques y ont été installées pour les personnes malentendantes. En partenariat avec l’association Écoute Voir, nous proposons régulièrement des services d’audiodescription pour les personnes malvoyantes ou aveugles et nous préoccupons aussi de favoriser l’accès du théâtre aux personnes malentendantes ou sourdes. Dans une perspective de rencontrer différents publics, pensez-vous opportun que les manifestations artistiques se déploient en dehors de leur lieu habituel, par exemple, en décentralisant leurs représentations ? Chaque saison, le Passage propose des représentations hors les murs, dans plusieurs communes du littoral. Nous avons joué des spectacles dans de nombreuses écoles aussi et même en prison ! n

Photo : David Perriard

Interview Tout enfant aime entendre une histoire avant de s’endormir et cette ouverture à d’autres mondes et d’autres perspectives, cette révélation d’autres façons de vivre, ce besoin de s’émouvoir, de prendre peur, de s’amuser ne nous quittent pas et nous habitent tout au long de notre vie. L’écrivain Guillevic écrit très joliment que « chaque journée est à ouvrir ». Oui on n’en finit jamais d’apprendre, de s’étonner soi-même, de se réinterroger sur des convictions que l’on pensait inébranlables. Au Passage, un public âgé pourra se replonger dans les tourments de l’adolescence comme ce sera le cas cette année avec les spectacles Seule dans ma peau d’âne et Oz, découvrir de nouveaux talents de la chanson romande comme Giulia Dabalà et Pale Male ou encore s’interroger sur les rapports de la jeunesse aux réseaux sociaux grâce à Winter guests, une chorégraphie d’un chef de file de la nouvelle génération d’artistes scandinaves. Et de jeunes spectateur.trice.s pourront de leur côté non seulement découvrir les spectacles leur étant spécifiquement destinés mais aussi d’autres comme Talweg qui met en scène des personnages de la mythologie, La montagne qui s’amuse des péripéties d’une expé-

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dition d’alpinistes dans les hautes cimes ou Le conte des contes restituant avec malice des fables de l’Italie du XVIIe siècle. Des spectacles qui ne sont pas estampillés « tout public » mais que la jeunesse peut pleinement apprécier. J’aime quand différents publics se rencontrent et plus d’une fois j’ai convié des pensionnaires de maisons de retraite à venir assister aux représentations scolaires jouées en matinée, habituellement réservées aux élèves de lycées neuchâtelois mais qui accueillent volontiers leurs aîné·e·s. Le Passage offre un espace de dialogue, contribuant ainsi à rompre la solitude et favorise l’intégration sociale en permettant des rencontres intergénérationnelles. Le théâtre, par son caractère immédiat et interactif, se distingue de nombreuses autres formes de loisirs. Il permet au public de partager des expériences et de dialoguer, au sein de notre restaurant Chez Max & Meuron, pendant les entractes ou après la représentation. Il est bon de pouvoir se confronter ensemble à notre condition humaine. Les considérations existentielles autour de la fin de vie seront, cette saison, au cœur de plusieurs productions théâtrales. Dans François d’Assise (du 6 au

10 mars 2024), Joseph Delteil propose une réflexion sur la manière d’appréhender la mort, mettant en lumière les enjeux spirituels et philosophiques qui entourent cette réalité incontournable. Un sentiment de vie (du 8 au 10 février 2024) plonge au cœur des émotions d’une femme traversant l’épreuve de la perte de son père. Tom na fazenda (6 mars 2024) narre l’histoire d’un jeune homme confronté au décès de son compagnon, offrant un regard sensible sur le deuil et l’homosexualité. Enfin, Metin Arditi confronte Freud à sa propre mortalité dans Freud, les démons (du 1er au 3 décembre 2023), sondant les méandres de la psyché humaine et les questions qui se posent à la fin d’une vie. Il est important de noter que notre institution jouit du soutien d’un syndicat intercommunal, ce qui motive notre démarche d’aller à la rencontre des populations des communes alentour. Cela permet de toucher un autre public. Le Théâtre du Passage s’efforce, saison après saison, de diversifier son public, de rendre le théâtre accessible à tou·tes et de jouer un rôle actif dans la vie culturelle et sociale de la population neuchâteloise. n

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HEG Arc, HES-SO

Abus financiers et seniors en 2023 : résultats d’une étude nationale Texte Olivier Beaudet-Labrecque et Cristina Cretu-Adatte, Institut de lutte contre la criminalité économique, HEG Arc, HES-SO // Photo Bernard Python et sp

Olivier Beaudet-Labrecque, professeur HES – Doyen ILCE

675 millions par année Réalisée avec le concours de nombreux spécialistes helvétiques et basée sur un sondage représentatif distribué sur l’ensemble du territoire national, l’étude révèle que près de quatre personnes de 55 ans et plus sur cinq ont été ciblées par une forme ou l’autre d’abus financiers au cours des cinq dernières années en Suisse. Si la plupart d’entre eux ont pu esquiver la situation, une personne de 55 ans et plus sur cinq a été lésée par un abus financier. Les pertes financières qui sont associées représenteraient environ 675 millions de francs par année, une somme vertigineuse qui s’ajoute à plusieurs autres conséquences négatives subies par les lésé·e·s, telle qu’un sentiment d’insécurité, de la peur ou encore une perte de temps. C’est en Suisse romande que l’on retrouve le plus de personnes lésées, avec près de 26 % des personnes qui affirment avoir vécu une conséquence négative en lien avec une situation d’abus financiers. Outre-Sarine, ce chiffre descend à 18 %, alors qu’il n’est que de 15 % au Tessin. Sans surprise, c’est aussi

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Entre pratiques commerciales douteuses, cybercriminalité, fraudes, vols et situations de maltraitance financière, les seniors de Suisse sont confrontés à une multitude de formes d’abus financiers. Une seconde étude nationale vient d’être menée sur le sujet par Pro Senectute Suisse et l’Institut de lutte contre la criminalité économique de la Haute école de gestion Arc à Neuchâtel. Les résultats témoignent encore une fois de l’ampleur de la problématique en Suisse et démontrent son évolution depuis la première étude nationale parue en 2018. en Suisse romande où l’on est le moins informé·e au sujet des abus financiers : moins de 50 % des 55 ans et plus disent être informés à ce propos, contre plus de 60 % en Suisse alémanique.

Plusieurs formes d’abus financiers Les principales formes d’abus financiers que l’on retrouve en Suisse se classent en cinq catégories distinctes : les pratiques commerciales douteuses, la cybercriminalité, les fraudes, les vols et la maltraitance financière. Les pratiques commerciales douteuses constituent la catégorie d’abus financier la plus souvent rencontrée par les 55 ans et plus, avec plus d’une personne sur deux qui a été exposée à un tel cas au cours des cinq dernières années. La plupart des personnes exposées n’en sont toutefois pas victimes, puisque moins de 5 % des personnes de 55 et plus disent avoir été lésées par ces types d’abus au cours des cinq dernières années. Les formes de pratiques commerciales douteuses les plus fréquentes sont la vente de services

ou de marchandises non nécessaires, ainsi que la vente de marchandises ou de services à prix exagéré. Les marchandises et services concernés sont majoritairement des produits alimentaires (vin, huile, miel, etc.), des produits de santé, des assurances, des services financiers ou encore des travaux ménagers. La seconde catégorie la plus fréquente est la cybercriminalité. La moitié des utilisateur·trice·s d’Internet de 55 ans et plus affirment avoir rencontré un cas de cybercriminalité au cours des cinq dernières années et près de 7 % ont été lésé·e·s. Si les messages frauduleux d’hameçonnage (phishing) et les fenêtres surgissantes (« pop-up ») indiquant une prétendue infection de l’ordinateur sont les formes les plus souvent rencontrées, ce sont les fraudes au paiement en ligne, ainsi que le piratage de comptes qui font le plus de victimes. La troisième catégorie la plus fréquente est celle des arnaques. Près de 45 % des personnes de 55 ans et plus ont été ciblées par une arnaque au cours des cinq dernières années et près de 5 % en ont été victimes. Les formes les plus souvent rencontrées sont les fraudes à l’avance

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d’argent, où les fraudeurs demandent le paiement anticipé de soi-disant frais tout en promettant un important gain futur (héritage, gain de loterie, etc.), ainsi que les appels chocs, des appels téléphoniques où les fraudeurs demandent de l’argent en invoquant une situation d’urgence concernant généralement un·e proche de la victime. Ce sont toutefois les situations frauduleuses d’inconnu·e·s en détresse qui font le plus de lésé·e·s. Il s’agit de cas où des personnes malintentionnées prétendent être en situation de détresse (porte-monnaie volé, perte de ses clés, en situation d’handicap, etc.) et demandent des sommes exagérées aux victimes. Les vols constituent la quatrième catégorie observée, avec près de 9 % des 55 ans et plus qui y ont été confrontés et plus de 5 % qui en ont été victimes. Dans cette catégorie, l’âge est un facteur significatif dans la victimisation : plus la personne est âgée, plus elle a des chances d’être victime d’un vol. Les vols dans les lieux publics sont la forme d’abus financiers qui fait le plus de victimes auprès des 55 ans et plus en Suisse. Les vols au bancomat occupent quant à eux le milieu du classement. Finalement, la maltraitance financière est la cinquième et dernière catégorie. Ce sont des abus commis dans le cadre d’une relation de confiance entre l’abuseur·euse et la personne lésée. S’il s’agit de la catégorie la moins fréquente (environ 5 % des 55 ans et plus), c’est toutefois celle qui cause les plus grands préjudices financiers. Les professionnels qui abusent de leur position, ainsi que les mauvaises utilisations de procurations ou d’accès à un compte bancaire sont les formes les plus fréquentes et les plus coûteuses.

Evolution au cours des cinq dernières années En comparaison avec la première étude nationale de 2018, les résultats de l’étude de 2023 démontrent l’évolution du phénomène, en particulier l’impact de la pandémie et de l’utilisation grandissante des technologies de l’information. L’ampleur de la cybercriminalité a par exemple doublé en l’espace de cinq ans. Cela est principalement dû à l’augmentation de l’utilisation des technologies chez les 55 ans et plus. De nombreux seniors ont commencé à utiliser ces technologies au cours des cinq dernières années, par choix ou par obligation, ce qui a été amplifié par la pandémie et les confinements. La maltraitance financière a également pris de l’ampleur, notamment par rapport aux montants perdus. Encore une fois, la pandémie et ses confinements

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ont probablement eu une incidence sur cette hausse, en augmentant la dépendance de certains seniors à leurs relations interpersonnelles, qu’elles soient familiales, amicales ou professionnelles. Les fraudes traditionnelles, les pratiques commerciales douteuses et les vols ont parallèlement pris du recul. Cela est probablement dû au fait que la pandémie et les confinements ont limité les interactions en personne qui favorisaient certaines formes d’abus. En contrepartie, des formes d’abus « traditionnels » qui avaient été observées lors de l’étude de 2018 ont migré vers le cyberespace en digitalisant le mode opératoire. Dans l’ensemble, le nombre de personnes ayant rencontré une forme ou l’autre d’abus financier a augmenté dans les cinq dernières années, passant de 73.8 % à 78.3 %, alors que le nombre de personnes lésées a quant à lui diminué, de 25.5 % à 19.8 %. S’il est difficile d’établir précisément les raisons de cette évolution, quelques éléments de réponse peuvent être apportés. En premier lieu, et même s’il y a encore du progrès à faire en la matière, l’étude révèle une meilleure sensibilisation de la population à la problématique. De nombreuses actions de prévention ont en effet vu le jour au cours des cinq dernières années et il est tout à fait possible qu’une diminution du nombre de victimes leur soit attribuable. Deuxièmement, les résultats démontrent que le tabou sur le sujet se dissipe et que la thématique est de plus en plus abordée entre proches et amis. Ces échanges peuvent ainsi avoir un effet préventif et contribuer à l’amenuisement de la problématique. Troisièmement, le déplacement de certaines formes d’abus « traditionnels » vers le cyberespace peut avoir eu pour conséquence une augmentation du nombre

de personnes ciblées avec un taux de « réussite » relativement faible pour les abuseur·euse·s. Il peut en effet être très simple pour un cybercriminel d’envoyer un même e-mail frauduleux à plusieurs milliers de personnes, mais le nombre de personnes qui tomberont dans le panneau sera relativement minime.

Et pour la suite ? Avec le vieillissement de la population et la digitalisation de la société qui s’intensifie continuellement, tout porte à croire que les abus financiers envers les seniors ont encore de beaux jours devant eux. Certaines formes d’abus continueront de se développer dans la sphère digitale, en se perfectionnant ou en adoptant de nouveaux modes opératoires. Pour y faire face, il est important de poursuivre le travail de sensibilisation et de prévention auprès des seniors, mais également de leur entourage, qui peut jouer un rôle crucial dans la diminution de la victimisation. Il est également primordial d’augmenter la visibilité de la problématique dans la société pour susciter les discussions à ce propos et diminuer le tabou qui l’entoure. S’il est évident que la police et des organisations comme Pro Senectute jouent un rôle de premier plan dans la lutte contre les abus financiers, ils ne doivent pas être les seuls à se mobiliser. Des secteurs clés, tels que le domaine bancaire ou encore celui des soins, peuvent également faire une différence, en adoptant par exemple des dispositifs permettant d’identifier les situations d’abus financier ou encore en abordant le sujet avec leur clientèle âgée. Finalement, tout un chacun peut faire la différence en échangeant avec les seniors de son entourage et en étant à leur disposition en cas de besoin. n

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Hôpital de la Providence

Des programmes de récupération optimisée qui mettent le patient âgé au cœur de nos processus Texte Marilyne Delemonte // Photos sp

Certaines spécialités pratiquées à l’hôpital de la Providence s’adressent à une patientèle plutôt âgée. Les patients hospitalisés pour la pose d’une prothèse de hanche par exemple ont une moyenne d’âge supérieure à 70 ans. Pour cette patientèle, des programmes de récupération optimisée ont été conçus au sein de notre établissement. Pour préparer le patient. L’accompagner. Le rassurer. Et lui garantir ainsi une convalescence rapide et de qualité. Suivez le guide ! Il y a quelques années en arrière, la prise en charge d’un patient devant être opéré d’une prothèse commençait au moment où il poussait les portes de l’hôpital. Désormais, à la Providence, un programme adapté à chaque patient démarre en amont de son hospitalisation, et l’accompagne même après sa sortie. Cette révolution discrète mais efficace a eu lieu en octobre 2017. C’est à cette date qu’a en effet été introduit notre premier programme de récupération optimisée. Ce système novateur a transformé les pratiques médicales de notre hôpital, redéfinissant la manière dont le patient est préparé et pris en charge avant, pendant et après une opération. Dans ce nouveau mode de fonctionnement, le patient est au cœur du processus médical.

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Quelles sont les particularités de nos programmes de récupération optimisée ? Le point de départ de la prise en charge d’un patient devient son rendez-vous avec une Care manager en amont de son hospitalisation. Cette infirmière, véritable chef d’orchestre du programme, sera le pivot du parcours médical du patient au sein de notre établissement. Pendant sa séance avec la Care manager, le patient se voit expliquer dans le détail le déroulement de son intervention ainsi que les détails de son séjour au sein de notre hôpital. Des conseils pratiques lui sont prodigués, sur le type de vêtements et de chaussures qu’il doit mettre dans

sa valise pour l’hôpital, sur les adaptations à prévoir en vue de son retour à la maison après l’opération... De quoi permettre au patient, qui repart de ce rendez-vous avec une brochure résumant ces éléments, d’être rassuré, car informé sur ce qu’il va vivre durant son séjour dans notre hôpital. Et confiant, parce qu’à partir de ce moment, il a un contact direct avec une soignante de l’institution, disponible pour répondre à ses questions. Un deuxième temps fort attend nos patients avant leur hospitalisation à la Providence : des séances d’information pour plusieurs patients et leurs proches sont régulièrement organisées par la Care manager. Ces soirées informatives, animées en collaboration avec un physiothérapeute de l’insti-

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tution, détaillent les objectifs de l’opération, le déroulement de la prise en charge à l’hôpital et les étapes cruciales de la rééducation post-opératoire. Véritable moment d’échange et de partage, ces soirées sont l’occasion pour les patients de poser leurs dernières questions en lien avec leur intervention à venir. Conviviales, elles se clôturent par un apéritif dînatoire. L’occasion pour plusieurs patients qui vont subir une intervention similaire de se croiser, se parler, partager leurs craintes et leurs expériences. Les accompagnants quant à eux tirent aussi profit de ces soirées : ils repartent au clair avec le rôle qu’ils peuvent jouer dans la convalescence de leur proche et dans son retour à domicile. L’étape centrale dans nos programmes de récupération optimisée reste le séjour du patient dans notre établissement. Pendant son hospitalisation, tous les acteurs de l’institution se coordonnent pour que le parcours du patient soit le plus fluide et le plus adapté possible. Du sur-mesure. On passe d’un processus unidirectionnel à une collaboration harmonieuse entre les professionnels de santé (chirurgien, anesthésiste, physiothérapeute, ergothérapeute et soignants) et le patient qui devient partenaire actif de son propre rétablissement. Cette implication active est centrale pour une récupération optimale, particulièrement dans le cadre des thérapies physiques nécessaires. En intégrant le patient comme un maillon essentiel du processus médical, le programme de récupération optimisée incarne une approche plus humaine et participative de la médecine, où chaque individu est considéré comme un partenaire actif dans sa propre guérison. En 6 années, nos programmes de récupération optimisée ont fait leurs preuves : le patient est plus serein tout au long de son parcours médical. Mais surtout, sa convalescence est plus rapide. De quoi retrouver plus vite une vie normale après son opération ! n

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Archives de la Vie Ordinaire (AVO)

Contribuer à l’histoire en rédigeant ses mémoires Texte Françoise Bonnet Borel – Conservatrice des AVO // Photos Bernard Python et sp

Françoise Bonnet Borel, conservatrice

L’association pour la conservation des Archives de la Vie Ordinaire (AVO), a été créée dans le canton de Neuchâtel en 2003 par Jean-Pierre Jelmini, historien, et Jacqueline Rossier, enseignante et ancienne conservatrice du Château et musée de Valangin. Elle a pour but de collecter, conserver et mettre en valeur les archives des personnes « ordinaires », c’est-à-dire ceux et celles qui ont vécu comme vous et moi, sans atteindre nécessairement un stade de célébrité hors norme. Ces archives comprennent aussi bien des documents officiels, comme des diplômes, des pièces d’identité, des titres de propriété et des souvenirs divers que des égo-documents. On regroupe sous cette appellation tous les écrits personnels – journaux intimes, livres de raison, carnets de compte, correspondances – ainsi que les récits de vie. La récolte et la mise en valeur des égo-documents répondent à une préoccupation récente des historiens: mieux connaître et mieux expliquer qui sont ces hommes et ces femmes dont on ne parle jamais ou les « muets de l’histoire ». Cette approche permet d’éclairer le quotidien d’une population et de prendre le pouls d’une mentalité

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Ces récits autobiographiques contribuent à reconstituer et à comprendre le quotidien des pratiques économiques et sociales ainsi que les mentalités à une échelle restreinte : un village, une cité, une région. Ils participent de la micro-histoire et, liés à d’autres récits, nous permettent de reconstituer la mémoire collective d’une société et de comprendre comment la population vit les événements de la Grande Histoire. collective et de la sensibilité des individus, et notamment des femmes, les grandes absentes des archives officielles. C’est ainsi que des institutions comme les AVO existent depuis une trentaine d’années dans tous les cantons et partout en Europe. Les récits de vie – les AVO en conservent des dizaines – sont tous différents. Certains sont très partiels et ne couvrent qu’une partie de l’enfance ou qu’une expérience bien précise, d’autres concernent toute une vie et englobent celle des parents et des grands-parents. Ils ont cependant tous une particularité commune, celle d’avoir été racontés par une personne âgée ou, à tout le moins, une personne ayant dépassé l’âge de la retraite. C’est souvent à ce moment-là que se manifeste le désir personnel de dresser un bilan de sa vie ou d’en laisser une trace, quelquefois sur la sollicitation des enfants ou des petits enfants. L’exemple de Nelly Grossenbacher est original, puisque cette dame, dont l’enfance au Val-de-Ruz fut particulièrement difficile en tant qu’orpheline, commence son récit en 1927, à l’âge de 78 ans, avec les mots suivants : Il y a plus de 40 ans que la promesse d’écrire

un jour mon autobiographie s’est ancrée en moi… et avant que la sénilité m’en empêche, il est temps que je sois fidèle à moi-même et que je m’exécute. Le récit couvre sa vie entre l’âge de 5 ans et 21 ans, qu’elle qualifie comme ses années de malheur. Il s’arrête en 1943 lorsqu’elle se marie et que la vie s’éclaire pour elle. Ecrire son récit de vie est parfois difficile. Par où commencer ? Faut-il tout dire ? Comment le dire ? Certaines personnes font le choix d’écrire ellesmêmes en partant d’événements marquants, ou en suivant une chronologie classique. D’autres préfèrent raconter et laisser à un auditeur le soin d’écrire. Ce dernier enregistre le récit ou prend des notes, puis transcrira le texte. Ce récipiendaire peut être une personne de la famille, la personne âgée peut aussi se tourner vers un recueilleur ou une recueilleuse de récit de vie, qui mettra en forme les entretiens liés à cette entreprise et qui, éventuellement, les publiera. Cette profession, assez récente, est enseignée dans certaines universités. Dans tous les cas, le dépôt du texte auprès d’une institution archivistique comme les AVO, est une bonne chose. Là, il ne sera pas utilisé ni divul-

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gué sans l’accord de l’auteur ou de sa famille, mais il pourra servir et enrichir la recherche historique. Un exemple de l’intérêt historique des récits de vie est tiré du récit de vie de Roger Schlup, dans les Mémoires qu’il rédige en 2007. Les Schlup viennent de s’installer dans leur appartement de la ferme Gallet, à la rue David-Pierre Bourquin. On est en 1930, avant la généralisation des appareils électro-ménagers, quand la grande affaire des ménagères était la lessive !

Un travail pénible incombait à la ménagère trois ou quatre fois l’an. Ces jours-là la cuisine était encombrée de seilles parmi lesquelles siégeaient la planche à laver, engin de supplice par excellence pour les pauvres mains de la lavandière déjà sensibilisées par l’agressivité du « lissu » (eau de lessive), et la « couleuse » avec, à l’intérieur, son « champignon » et son bâton très utile pour travailler son linge ébouillanté. Je m’excuse, à nouveau, mais je tiens à faire remarquer que la responsable de ces travaux obligeait le linge à cuire, un

moment, à cent degrés ! Les ingrédients pour assaisonner la lessive consistaient en beaucoup « d’huile de coude », du « savon de Marseille », de la soude, sans oublier la « brosse à risette », des litres de sueur et la boule de « bleu » pour blanchir la marchandise traitée, paradoxal, non, pour moi, oui ! C’était un jour où toute la cuisine et ses ustensiles coopéraient à la peine de la lessiveuse, ça transpirait de partout ! (…) info@archivesdelavieordinaire.ch AVO, case postale 68, 2002 Neuchâtel n

s mémoires de En guise d’exemple : le r à St-Blaise Maurice Droz, pêcheu

vie le froid L’histoire de ma s de travailler par ne me permet plu le perme ire mo Mon âge avancé ant que ma mé nd pe é ns u pe i j’a en hiver et ma vie, j’ai très pe nter l’histoire de co ra s de de , ur re po co s en mp met p de te veux pas perdre tro et ie vra ra se ire d’archives et je ne to n his nées exactes ; mo questions des an suis impressionnante. l’âge de 80 ans ; je rier 1978, j’ai atteint isée cro la à re pè Aujourd’hui 17 fév n ns la maison de mo da 98 18 r rie fév né le 17 -Blaise. avait de Vigner, à Saint ufs et 6 vaches, il ysan, il avait 2 bœ pa mère ait Ma s. din jar Mon père ét s de ts, et vignes, deux forê femmes du des champs, des toutes les vieilles e mm co es um le ménage er aid cultivait des lég pour tait le seul moyen haut du village, c’é ec à vivre. heures du matin av n père partait à 4 és rch ma les ur po A la belle saison mo char à vendange n so et s s se uf ec bœ av ses deux à Saint-Blaise uchâtel. Il rentrait ur Ne po de nt e me um te lég du r immédia tin et devait parti bœufs à 7h du ma s vignes. se ns da ou ps s cham travailler dans se

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Cinepel

Le cinéma, lieu de culture et de détente intergénérationnel Texte Edna Epelbaum

La pensée d’Edna Epelbaum, directrice des salles Cinepel, résumée en un coup de cœur : « Dans une salle de cinéma. Je ne connais pas de meilleur lieu pour m’immerger dans une histoire, rire, pleurer et rêver entourée d’autres spectateurs/spectatrices. Le cinéma permet de réfléchir sur son identité et son rôle dans la société. C’est également le moment où je peux me détendre pendant deux heures en oubliant les soucis du quotidien ». Les réponses claires et transparentes de Mme Epelbaum à nos questions.

En cette période de désaffection des salles de cinéma, quelle catégorie de public demeure fidèle ? Nous ne pouvons pas dire que nous traversons actuellement, une période de désaffection des salles de cinéma. Pendant la crise COVID, les salles de cinéma ont dû être fermées, puis elles ont pu être réouvertes avec des restrictions importantes. La reprise après Covid a été lente, mais depuis la fin de l’année 2022, nous constatons que les spectateurs (de tout âge) ont retrouvé le chemin des salles de cinéma. La sortie de grands films très attendus, comme « Avatar 2 », « Top Gun : Maverick », « Barbie » et « Oppenheimer » ont redonné au public le goût de voir les films sur grand écran. Cette redécouverte du partage des émotions a pu être également bénéfique aux plus petits

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films. Nous sommes aussi contents que les films européens aient retrouvé leur public en salle, comme par exemple « Anatomie d’une chute », la palme d’or de Cannes 2023. Le 3e et le 4e âge sont-ils, habituellement, au rendez-vous ? Oui, cette catégorie de personnes fait partie de notre cœur de cible. Le fait d’offrir des prix AVS représente-t-il un encouragement visible pour vous ? Nous espérons en effet que le fait d’offrir un tarif préférentiel pour les personnes bénéficiant des conditions AVS encourage ce public à aller plus souvent au cinéma. Notre souhait est que le public – AVS ou étudiant ou entre les deux – prenne des risques pour décou-

vrir des films, pour s’amuser, mais aussi pour réfléchir et pour vivre un moment au-dehors de sa propre vie. Nos séances de midi (les ciné lunchs à Neuchâtel), les matinales du dimanche matin et les séances de 18h00 sont des séances très appréciées par ce public. Ce sont également des séances où nous diffusons les films en versions originales sous-titrées et sans entracte. Votre programmation considère-t-elle cette classe d’âge comme critère de choix ? En effet, nous tenons compte de cette tranche d’âge pour notre programmation. Tant au niveau du choix des films qu’au niveau des heures et jours des séances.

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Pourriez-vous envisager une semaine thématique sur la question de la personne âgée ? Ou est-ce que le « jeunisme » qui marque notre société est tellement ancrée que vous ne pouvez y échapper ? Comme déjà dit, le cinéma est un lieu de rencontre pour toutes les générations et tous les goûts. Nous n’oublions ni les jeunes (la génération âgée de demain), ni la génération des 50 ans et plus. C’est ça le cinéma ! Et oui, naturellement, nous pourrons envisager de créer un cycle ou un festival sur la thématique des personnes âgées – pour ceci, il faudra des partenaires comme Pro Senectute.

Un film qui a marqué les esprits de cette classe d’âge ? Je n’aime pas trop les généralisations. Le groupe d’âge dont vous parlez est certainement très diversifié. Il y a des personnes qui aiment les comédies, les drames ou les films d’action. Certaines personnes aiment assister aux séances de films en présence des réalisateurs-trices. Notre tâche est d’offrir la diversité et de permettre à chacun de faire son propre choix.

Plus concrètement, vos salles sontelles équipées pour des personnes à mobilité réduite – par exemple fauteuil roulant ou déambulateur ? Une grande partie de nos salles sont équipées pour les personnes à mobilité réduite ainsi que les malentendants avec un équipement de boucles magnétiques. Nous tenons compte de ce critère lors de la rénovation de nos

Les vieux films noir/blanc de l’époque attirent-ils encore ? La rediffusion d’anciens films est assez complexe, car il faut pouvoir obtenir les droits et parfois, c’est un véritable parcours du combattant. Il y a quelques années, nous avions mis en place à Neuchâtel, le programme Cinedolcevita où nous programmions une fois par mois, les après-midis, des

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salles de cinéma, dans la mesure où le bâtiment nous permet de faire les transformations pour rendre nos salles de cinéma accessibles à tous.

films anciens. Les cycles Cinedolcevita en Suisse alémaniques rencontrent un vif succès. Malheureusement, ce programme n’a pas rencontré son public à Neuchâtel. L’AVIVO souhaite développer une action d’accompagnement pour nombre de personnes qui peinent à sortir toutes seules. Pourriez-vous envisager de soutenir une telle action en offrant par exemple le demi-prix pour la personne accompagnatrice ? Il faut savoir que nous ne sommes pas seuls décisionnaires quant à la fixation du tarif des billets de cinéma. En effet, les distributeurs des films ont un droit de regard sur la tarification, car il y a un partage des recettes entre le distributeur et l’exploitant. Cette proposition est toutefois très intéressante et louable, car en effet, elle inciterait et permettrait à certaines personnes de pouvoir sortir et ainsi aller au cinéma. Je pense que c’est une proposition que nous pourrions étudier au niveau national et avec les distributeurs. n

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Croix-Rouge neuchâteloise

La Croix-Rouge, en faveur du maintien à domicile des Aînés Texte Robin Delisle // Photo Bernard Python et sp

La Croix-Rouge neuchâteloise lance une réorganisation ambitieuse de ses prestations favorisant le maintien à domicile des aînés neuchâtelois par le développement de microéquipes et une offre étoffée. Développement des soins à domicile

Robin Delisle, directeur

Présente pour les personnes âgées, la Croix-Rouge neuchâteloise propose déjà des soins de base, des transports pour les rendez-vous médicaux, des systèmes d’alarme pour appeler des secours en cas de besoin, de la relève

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pour proches aidants ainsi que des visites bénévoles à domicile. Les buts de cette réorganisation sont multiples et son développement interviendra par étapes.

Dans un premier temps, la Croix-Rouge développe ses soins à domicile en dispensant en plus des soins de base des prestations d’évaluations/conseils ainsi que des soins infirmiers. La gamme entière des soins reconnus par la LAMal est couverte, procurant une prise en charge plus complète. Dans le même temps, le modèle de fonctionnement des soins à domicile change, passant d’une gestion cantonale à une gestion décentralisée par micro-équipe. Ce modèle s’inspire de Buurtzorg, entreprise de soins à domicile aux Pays-Bas. Chaque micro-équipe est composée de 8 à 12 personnes couvrant un territoire restreint. Ces équipes organisent leurs interventions auprès des aînés de manière autonome. Grâce à ce modèle, le temps de déplacement et la distance parcourue sont diminués au profit de la création d’un lien avec les patients. Une équipe de taille réduite limite aussi le nombre d’intervenants et favorise une prise en charge personnalisée. Cette proximité amène de nombreux avantages comme une meilleure connaissance de la région couverte, des acteurs locaux et de la famille du patient. Ce déploiement de la Croix-Rouge déjà débuté s’achèvera en principe en 2025.

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Élargissement du rôle des micro-équipes Dans un second temps, chaque membre des micro-équipes sera en mesure d’assumer une des prestations existantes de maintien à domicile proposées par la Croix-Rouge ou en faciliter la prise en charge. À titre d’exemple, il est envisagé que les soignants des micro-équipes installent les systèmes d’alarme et s’assurent auprès des aînés de leur bon fonctionnement. L’avantage est là encore de limiter le nombre d’intervenants auprès des patients âgés avec lesquels le lien a été tissé. Comme autre exemple, les membres des micro-équipes serviraient de relais pour une demande de Transport ou de visite bénévole à domicile. Ces aspects-là devraient être mis sur pieds à partir de 2025.

Identification des nouvelles prestations à proposer

besoins non couverts des aînés puis, développer et proposer de nouvelles prestations afin d’y répondre.

Un défi de taille Cette réorganisation constitue un défi majeur. Robin Delisle, directeur de la CroixRouge neuchâteloise témoigne : « La pénurie de personnel soignant, la complexité du domaine des soins et le changement de culture que cette réorganisation implique rendent ce projet aussi complexe qu’enthousiasmant. En tant que Croix-Rouge, nous avons le souhait de développer nos prestations en faveur des aînés en respectant leur dignité, en écoutant leur vœu de limiter le nombre d’intervenants, en appliquant la CCT Santé 21 pour notre personnel, … Si nous parvenons à réaliser notre objectif, nous disposerons alors d’un outil merveilleux au profit des aînés du canton de Neuchâtel. » n

A plus long terme, la Croix-Rouge neuchâteloise souhaite identifier les

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AVIVO Neuchâtel

En faveur des retraités, la détente oui, la défense surtout ! Texte Claude-Alain Kleiner // Photo Bernard Python

Détente et défense des retraités… Tels sont les deux champs d’activités de l’AVIVO. Grâce au dynamisme des comités régionaux, les propositions d’activités de loisirs des sections sont riches et variées. Au plan cantonal, c’est l’important secteur de la défense des retraités qui prédomine et détermine les ordres du jour ! Avec du pain sur la planche dès lors que le pouvoir d’achat des retraités s’effrite au gré des augmentations annoncées au cours de ces derniers mois. Rejoignez-nous dès lors que plus on est nombreux, plus on est fort ! Un peu d’histoire… En 1943, une pétition demandant la création d’une rente pour les veuves, invalides, vieillards et orphelins, jusqu’alors dépourvus de tout droit à une telle aide, recueillit en Suisse 180 000 signatures. Ce n’était qu’une étape puisque, grâce aux efforts de toutes et tous, cela conduisit non seulement à la naissance de l’AVS en 1948, mais également à la constitution de l’AVIVO (Association des Vieillards, Invalides, Veuves et Orphelins) en Suisse, laquelle, aujourd’hui, se présente sous le même logo mais en réduisant sa signification à la défense et la détente des retraités. A Neuchâtel, section de l’AVIVO Suisse, placées sous l’égide d’un comité cantonal et d’une assemblée des délégués, les sections régionales conservent leur liberté de manœuvre et leur autonomie financière.

Défense des valeurs Reconnue d’utilité publique par les autorités, l’AVIVO entretient des rela-

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tions avec ces dernières aux trois niveaux constitutionnels – commune, canton et confédération –, ce qui assure à ses membres un lien permanent avec

l’actualité politique. Ainsi et dans ce contexte, l’AVIVO intervient et prend position dans le domaine social, tout en demeurant neutre au plan confessionnel et politique. Certes, sa posture peut sembler d’ordre politique puisque nombre d’objets portent sur des objets d’importance mais sans couleur partisane. Pour exemple, lorsque l’AVIVO soutient l’initiative pour une 13e rente AVS, elle défend ses membres dans son domaine de compétences. Tout comme lorsque nombre de ses bénévoles viennent en aide et/ou en soutien de ses membres pour la déclaration d’impôts notamment. Savez-vous, par exemple, que près de 23% des personnes ayant droit aux prestations complémentaires ne les reçoivent pas !

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Dans le domaine de la détente, l’AVIVO offre à ses membres moult occasions de pratiquer des activités de loisirs. Celles-ci peuvent apparaître, de prime abord, anodines voire superflues. C’est tout l’inverse dès lors qu’elles participent à ce lien social indispensable à l’équilibre psychique et même physique des membres. Au travers de cette œuvre de facilitation des initiatives individuelles et collectives de ses membres en matière de loisirs, l’AVIVO exerce sa mission de prévention. n

L’AVIVO à Neuchâtel En quelques mots, l’AVIVO, c’est : ■ 1900 membres ■ 50 bénévoles ■ 4 sections ■ Un comité cantonal ■ 4 bulletins par an ■ Des permanences ■ Plusieurs dizaines d’activités ■ …

AVIVO Neuchâtel Association de défense et de détente des retraitées et retraités

13e rente AVS Une simple question de respect L’article 112 de la Constitution fédérale affirme que « les rentes AVS doivent couvrir les besoins vitaux de manière appropriée ». Si cet article était appliqué durant bon nombre d’années après 1948, à l’évidence, ce n’est plus le cas aujourd’hui. En tous les cas, pas pour une bien trop large part du 1,4 million de retraités en Suisse. A la sortie du second conflit mondial, la Suisse a donc choisi de consacrer 4% de sa masse salariale à la création de l’AVS. Evoquant le principe de la 13e rente AVS, des lobbies tentent d’instiller la peur, prétendant que la Suisse serait endettée à cause d’une démographie fléchissante. Tel ne serait pas le cas, tant s’en faut ! D’ailleurs cette question démographique est utilisée de manière trompeuse. S’il y avait bien, en 1948, six actifs pour un retraité et plus que trois aujoud’hui, ces adversaires omettent de dire qu’en 1948, près de 80% des femmes adultes de moins de 65 ans ne recevaient aucun salaire et donc, ne cotisaient pas. Dès lors, sans doute pouvons-nous affirmer que le nombre de postes de travail par rapport à la population est somme toute assez stable. De toutes les manières, en 75 années d’existence, l’AVS a accumulé une fortune de presque 50 milliards de francs. En 2022, ses recettes ordinaires dépassaient de 1,6 milliard le besoin de rentes. Sans compter les 2 milliards dus à la hausse de la TVA qui viendront s’ajouter aux bénéfices. A plus long terme, on évoque une hausse de 0.4% pour les salariés comme pour les employeurs afin de financer les besoins de notre premier pilier. Soyons clairs, une rente mensuelle moyenne de 1’800 francs par mois, limitée à une rente et demie pour les couples mariés, est clairement insuffisante pour vivre. Par égard, par respect pour toutes ces personnes qui ont travaillé toute leur vie, la promesse de la Constitution doit être tenue.

Claude-Alain Kleiner, président

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La Cyclone – Dring Dring

On sonne ! Nos courses arrivent… Texte Guillaume Uldry

« Faites vos courses, nous livrons ! »… Sous ce slogan simple et parlant, la société coopérative La Cyclone a initié un programme tout neuf, à disposition de toutes celles et ceux qui souhaitent se faire livrer leurs achats à domicile, qui plus est dans le respect de l’environnement. C’est en effet à vélo que Dring Dring remplit cette noble mission ! Grâce à un magnifique partenariat entre commerces partenaires, collectivité publique et vous ! La Cyclone est une société neuchâteloise de livraison, basée à La Chaux-deFonds et à Neuchâtel. Elle a vu le jour en 2021 et fournit désormais différentes prestations de logistique pour les entreprises régionales (courrier, colis express, analyses médicales…). Sensible aux questions écolo-gistiques, La Cyclone vise à offrir aux entreprises un service de livraison efficient et décarbonnné.

Notamment pour les personnes âgées ou en mal de mobilité ! Pas uniquement pour les entreprises… En effet, il est désormais possible d’effectuer ses achats en ville et se les faire livrer chez soi. C’est ce que propose également le service Dring Dring. Créé il y a quelques années en Suisse romande, Dring Dring est une prestation qui existe désormais à La Chauxde-Fonds et à Neuchâtel, grâce à un partenariat entre La Cyclone et la Ville. Que cela soit dans la capitale horlogère ou à Neuchâtel – où cette prestation existe depuis plus de 10 ans – ce service vise, entre autres, à renforcer la mobi-

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lité douce, favoriser les achats sans voiture dans les commerces de proximité et faciliter l’indépendance, notamment des personnes âgées. Il est donc possible pour chaque résidant de La Chaux-de-Fonds et de Neuchâtel de se faire livrer ses commissions à domicile par Dring Dring.

Vos courses seront livrées par La Cyclone LU-VE 13h-16h (commande avant 13h) LU-VE 16h-19h (commande avant 16h)

SA 12h-17h (commande avant 14h) Magasins partenaires et plus d’infos : https://www.dringdring.ch/neuchatel/ LU-VE 10h-14h (commande avant 10h) LU-VE 14h-19h (commande avant 14h) SA 12h-17h (commande avant 14h) Magasins partenaires et plus d’infos : https://www.dringdring.ch/chauxdefonds/ Pour l’usager, une livraison coûte 5 CHF à La Chaux-de-Fonds et 6 CHF à Neuchâtel pour deux cabas en papier. Les frais d’une livraison sont partagés entre

La Cyclone, c’est… ■ Votre envoi sur mesure… Livraisons express réalisées dans toute la Suisse, livraisons de proximité pour vos achats déposés à domicile, envois d’analyses médicales, gestion de votre courrier postal et bien plus encore. ■ Des tarifs adaptés à vos besoins… Des prix justes et équitables, calculés en fonction de la distance, du poids, du volume et du degré d’urgence de votre envoi. Commandez de suite… Par téléphone 032 724 17 77 ou par courriel info@ lacyclone.ch. Votre commande sera traitée dans les plus brefs délais. Informations et renseignements pour Dring Dring : www.dringdring.ch/­ neuchâtel ou /chauxdefonds et auprès de votre commerçant·e

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l’usager, le commerçant, les communes participantes. En utilisant le service Dring Dring, vous êtes assurés de soutenir une mobilité respectueuse, un commerce de proximité et des salaires décents.

Comment faire ? Vous effectuez vos achats dans nos commerces partenaires. Vous déposez vos achats auprès du commerçant et vous regagnez votre domicile les mains libres ou vous prenez le temps de boire un café, libéré de vos sacs à commissions. La livraison est alors effectuée par la société La Cyclone, une entreprise régionale de livraison à vélo, basée à Neuchâtel. n

VOS COURSES LIVRÉES À LA MAISON DÈS 6.–*

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- Vous faites vos courses chez un des commerces partenaires.

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- Vous laissez vos achats à la caisse du magasin.

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- Vous rentrez tranquillement chez vous, les mains libres.

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- Nos livreurs·euses vous apportent vos courses à la maison, à vélo.

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* pour deux sacs en papier, jusqu’à 20 kg. * pour deux sacs en papier, jusqu’à 20 kg

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Maison d’art’chitecture serge grard sa

Le logement de demain pour les aînés : l’architecture a son mot à dire ! Texte Serge Grard, architecte / maison d’art’chitecture serge grard sa // Photos Bernard Python

Comment loger, aujourd’hui et demain, les personnes âgées ? La thématique du « Comment désirons-nous vivre plus tard ? » est plus que jamais d’actualité au vu de la croissance de la population vieillissante. La remise en question de l’habitat pour personnes âgées fait évoluer les règlements constructifs qui s’adaptent aux demandes fonctionnelles pragmatiques et parfois personnalisées. Mais il faut aller plus loin dans la considération et la prise de conscience de cette saison de vie. Les générations précédentes nous (r) enseignent sur les espaces éprouvés que nous ne désirons plus, tout en laissant la question en suspens et en suggérant implicitement des améliorations pour faire mieux pour les générations futures. Prétention illusoire ou réalité visionnaire ? Ceci dit, les problèmes de fond restent les mêmes : la solitude et l’assistance. Bien que la roue tourne inéluctablement, nous restons si peu prêts à l’appréhender car on ne sait pas à quoi s’attendre si ce n’est à être « éventuellement » diminués… le plus tard possible.

Emouvoir L’architecture a son mot à dire. Bien plus que la construction, elle doit pouvoir émouvoir en améliorant le cadre de chaque étape de la vie, et ce indépendamment de la programmation usuelle, pragmatique ou normée des

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espaces de vie. L’architecture, bien qu’elle soit le reflet de la société culturelle dans laquelle nous vivons, évolue et se codifie, mais devrait surtout se sensibiliser aux manquements actuels d’une société chronophage, soi-disant hyper(dé)connectée, hyper(ré)active et surtout anxiogène. Aujourd’hui, on ne prend plus le temps et on esquive ce qui nous retarde ou nous freine dans une course sans fin, comme s’occuper de nos « vieux » que l’on deviendra plus tard. Le développement de notre société permet une constante amélioration des soins et de la santé. Quoi de plus précieux que la santé si ce n’est le contact humain direct qui s’amenuise par la perte de nos valeurs sociétales et la qualité des espaces de vie qui devraient rester conviviaux mais avant tout rentables pour les investisseurs ? Sans vouloir parler des besoins vitaux de chacun, la technologie évolutive

permet effectivement de faciliter certaines déficiences afin de favoriser le contact, la mobilité et l’urgence. Quant aux espaces, ils doivent aussi être réfléchis autrement que par le système économique ou financier car la qualité du ressenti n’est pas implicitement synonyme de cherté.

Exercice d’architecture Pour rappel, nous analysons les espaces qui nous entourent principalement par nos cinq sens (vue, toucher, ouïe, odorat et goût). Sans vouloir les prioriser, car personne ne peut se rendre compte de la perte de l’un d’eux, ils permettent distinctement de percevoir notre monde par leur interaction. Les compléments sensoriels dont il faut aussi prendre en compte dans les aménagements sont l’équilibrioception (sens de l’équilibre et détection de la position et l’orientation de notre

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corps), la nociception (sens défensif et ressenti de la douleur), la thermoception (sens des températures externes et internes) et la proprioception (sens inconscient à la fonctionnalité de nos propres membres) pour créer et conditionner des espaces adéquats au maintien d’un bien-être. Par conséquent, le sujet est fort complexe car chaque spécificité est non seulement personnelle mais aussi évolutive. Alors créer des espaces qui répondent à la plupart de ces aspects sensitifs peut s’avérer être un véritable exercice d’architecture.

Concilier intimité et vie sociale Le concept architectural recherché est d’intégrer l’habitat pour personnes âgées dans des immeubles qui assurent une mixité sociale et multigénérationnelle, idéalement situés dans un quartier multifonctionnel proche des transports publics. Les circulations internes doivent être étudiées comme zones de rencontre de façon à limiter et à faciliter les déplacements des personnes à mobilité réduite. Il est indispensable de permettre à chaque personne de préserver son intimité en s’isolant dans

Serge Grard, architecte

son propre espace vital, ensuite de rencontrer un proche dans un séjour semiprivé, des amis et des voisins dans un espace commun et d’assurer une vie sociale dans des salles polyfonctionnelles. Les ouvertures sur le contexte extérieur ainsi que la luminosité naturelle et artificielle intérieure recherchée doivent générer des ambiances diversifiées, paisibles ou dynamiques, tout comme le choix des matériaux et des couleurs qui égayeront ou intimiseront les lieux diversifiés. Les techniques (chauffage et ventilation) ainsi que l’acoustique voire même l’aspect olfactif auront tout autant d’importance pour assurer un bien-être « simplement » rassurant. Il faut aussi noter que l’éducation, le climat familial et la culture sociétale reçues dès notre enfance ont un grand pouvoir sur notre perception des espaces. Nos goûts et nos préférences changent et se forgent tout au long de notre parcours. Notre mobilité tant physique (visites, voyages) que mentale (lecture, télévision, cinéma, réseaux sociaux), nous permet de faire varier nos désirs et nos envies par un imaginaire zappeur qui nous décontextualise en permanence. On croit savoir

ce qu’on ne veut plus, mais on sait rarement ce qu’on voudrait, d’où le doute, la critique, la plainte voire l’aigreur face aux nouveaux espaces à vivre mis à disposition. Mais ce sujet complémentaire à la perception est d’ordre de la psychologie.

Se sentir bien au jour le jour Au vu de la vague vieillissante (bien qu’il faille noter que la moyenne d’âge des personnes demandeuses est la petite septantaine), on doit maintenant se dépêcher de construire des logements collectifs appropriés, protégés, adaptés à encadrement ou autre nouvelle appellation pour éviter la morosité des précédentes maisons de retraite, homes ou établissements médico-sociaux. Plus qu’une question de goût ou de mode, se sentir simplement bien au jour le jour est le seul but recherché. Pour les plus chanceux ou les plus nantis, bien que les problèmes de fond restent équivalents, ils peuvent rester dans leur logement pour autant que les espaces soient conviviaux et adaptables dans la mesure du possible. Mais dans toute construction, de conception aussi souple soit-elle, il est quasi impossible de tout prévoir en plus de l’application des règlements usuels et de créer un pseudo-compromis cohérent afin d’assurer une fonctionnalité efficace pour chaque étape de la vie. Les réalités familiales, professionnelles, financières, contextuelles, structurelles, techniques sont autant de contraintes que pour anticiper tout type de changement. Dès lors, les espaces habités s’adapteront ou se succèderont. Oui pour une conception évolutive mais pour autant qu’on puisse se le permettre comme simplement prévoir une chambre indépendante avec sanitaire séparé pour une nounou, ensuite pour des amis occasionnels, voire un bureau en télétravail, un étudiant externe, une profession libérale ou paramédicale, une visite de parents lointains, un éventuel enfant venu sur le tard, … un parent esseulé ou diminué pour éviter (temporairement) un EMS… A défaut, on doit avoir la souplesse d’esprit de l’acceptation de la déficience, du renoncement à l’illusion et du détachement de certains acquis afin de pouvoir s’adapter. L’Histoire nous l’a toujours appris. Dès lors, il faut constamment penser et travailler au mieux-vivre « plus tard mais si vite » et s’accorder le temps, l’énergie et les moyens d’une juste réflexion éthiquement sensible. « On reconnaît le degré de civilisation d’un peuple à la manière dont il traite ses vieux » Simone de Beauvoir. n

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Cellule Cybersanté

Mon Dossier Santé : qu’est-ce que c’est ? Texte Caroline Gallois-Viñas et Lucie Bidlingmeyer – Université de Neuchâtel // Photos sp

Mon Dossier Santé est le nom donné au Dossier Électronique du Patient (DEP) dans le canton de Neuchâtel. Il a pour but de rassembler les principales informations sur l’état de santé d’un·e patient·e dans un espace numérique sécurisé. Mon Dossier Santé permet aux professionnel·le·s de la santé qui y participent de partager des informations médicales utiles à la prise en charge des patient·e·s, avec leur accord et sous leur contrôle. De leur côté, les patient·e·s peuvent accéder en tout temps à leurs données de santé. Ils peuvent également ajouter des informations telles que leurs allergies, les personnes de contact, leurs directives anticipées, etc. L’ouverture de Mon Dossier Santé est gratuite et facultative pour les patient·e·s.

Les avantages Les soins sont mieux coordonnés et le risque d’erreur médicale diminue. Chaque prestataire de soins peut ainsi avoir accès rapidement au traitement ainsi qu’aux diagnostics. Ils disposent des bonnes données, au bon endroit, au bon moment, notamment concernant les allergies et les interactions entre les médicaments. Les patient·e·s deviennent acteur·rice·s de leur santé. En ayant accès à leurs données de santé, ces dernier·e·s sont davantage impliqué·e·s dans leurs traitements et les décisions médicales qui les concernent. Des examens superflus sont évités, les déplacements et les gestes intrusifs sont limités. Les informations de santé étant regroupées et accessibles dans

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un dossier unique, il ne sera pas systématiquement nécessaire d’effectuer une nouvelle prise de sang. Les coûts de la santé diminuent. Le nombre d’examens et de consultations inutiles recule. En ayant accès à l’ensemble des données de santé, les prestataires de soins peuvent mieux se coordonner tout au long du traitement.

Accessible partout en Suisse Mon Dossier Santé répond à la loi sur le Dossier Électronique du Patient (LDEP) qui exige l’interopérabilité entre les différentes communautés présentes sur le territoire suisse. En d’autres termes, cela signifie que si un·e patient·e ouvre son Dossier Santé à Neuchâtel et qu’il-elle se casse une jambe dans le canton des Grisons, les prestataires de soins (par

exemple à l’hôpital de Coire) doivent pouvoir accéder à son dossier électronique, récupérer ses antécédents et y déposer leur rapport. Lorsque le ou la patient·e rentre à Neuchâtel, les informations sont disponibles pour les prestataires de soins du canton et la prise en charge peut donc continuer. Il est important de noter qu’à ce stade seuls les prestataires de soins stationnaires, à savoir les hôpitaux, EMS et maisons de naissance ont l’obligation de participer au Dossier Électronique du Patient.

Qui a accès à Mon Dossier Santé ? Seuls les prestataires de soins sélectionnés par le ou la patiente peuvent accéder à leur dossier santé. De plus,

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<< Caroline Gallois-Viñas Responsable de la cellule Cybersanté. Directrice opérationnelle de la Structure Porteuse DEP Neuchâtel. < Lucie Bidlingmeyer Chargée de missions Recrutement et Assistance. Cellule Cybersanté.

la loi interdit l’accès au DEP par l’employeur, l’état, les assurances maladie ou les compagnies d’assurance vie. Même le médecin-conseil d’une assurance maladie ne peut pas consulter les documents du DEP si le ou la patient·e ne l’y a pas autorisé. Par contre, dans le cas où le ou la patient·e arrive inconscient·e à l’hôpital sans avoir donné de droit d’accès préalable, il est possible d’activer un accès en urgence afin que les professionnel-le-s de la santé puissent accéder aux données médicales dans un contexte d’urgence vitale. Cet accès est très encadré par la loi, et le ou la patient·e est notifié·e par SMS et par e-mail. Cet accès en urgence est paramétrable par le ou la patient·e et peut être désactivé le cas échéant.

L’historique médical est-il disponible dans Mon Dossier Santé ? Lorsque l’on ouvre un Dossier Santé, celui-ci est vide, et va se construire au fur et à mesure des prises en charge médicales. L’hôpital du Réseau hospitalier neuchâtelois (RHNe) dépose automatiquement les différents rapports de consultation et le laboratoire Admed fournit les résultats d’analyse dans les dossiers électroniques des patient·e·s qui en possèdent un. Il est également possible de demander au RHNe de déposer l’historique médical des cinq dernières années dans Mon Dossier Santé. En complément, le ou

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la patient·e a la possibilité d’ajouter ses documents médicaux pertinents.

Un dossier sécurisé Telle que la loi sur le dossier électronique du patient (LDEP) l’exige, Mon Dossier Santé a été certifié sur la base de plus de 440 critères techniques et organisationnels par une entreprise indépendante et accréditée par la Confédération. Toutes les données sont cryptées et stockées en Suisse et sont donc soumises au droit suisse, notamment en matière de protection des données. De plus pour se connecter au DEP, tous-tes les utilisateurs-trices doivent s’identifier avec une identité électronique sécurisée nécessitant une vérification de l’identité en personne au moment de sa création. Par ailleurs les droits d’accès sont définis par les patient·e·s et toutes les actions effectuées sont consignées dans un journal d’accès. Celui-ci recense notamment les noms des personnes ayant visionné des documents, ainsi que la date de consultation.

Mon Dossier Santé et la fracture numérique Qu’est-ce que la fracture numérique ? La fracture numérique est le fossé entre ceux-celles qui ont accès à l’information numérique et ceux-celles qui n’y ont pas accès. Elle comprend trois niveaux : ■ Le manque d’accès aux moyens technologiques

■ Le manque de compétences pour utiliser les outils ■ L’usage diversifié des outils Plusieurs facteurs sont corrélés aux compétences numériques tels que le niveau de formation, la catégorie socio-professionnelle, l’âge et le genre, le statut migratoire et la situation financière. L’utilisation du numérique par les seniors L’enquête « digital seniors » menée par Pro Senectute en 2010, 2015 et 2020 montre que les seniors sont de plus en plus connectés, la proportion ayant presque doublée en 10 ans passant de 38 % en 2010 à 74 % en 2020.

Bien que les plus jeunes soient plus nombreux à utiliser Internet – autour de 95 % pour la tranche d’âge 65-69 ans – les plus de 80 ans sont tout de même près de 40 % à être connectés. Mon Dossier Santé : comment surmonter la fracture numérique ? Le Dossier Électronique du Patient est utile à tout un chacun et encore plus

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pour les populations « vulnérables » susceptibles d’être en fracture numérique. Ainsi, il est essentiel que ce dernier soit disponible pour tous. Pour ce faire plusieurs possibilités existent : ■ Le ou la patient·e peut ne pas accéder à son dossier. Ce dernier sera tout de même utile aux prestataires de soins le/la prenant en charge et permettra ainsi une meilleure coordination des soins ■ Le ou la patient·e peut désigner un·e représentant·e (par exemple un·e membre de la famille, un·e

ami·e) pour gérer son dossier à sa place ■ Un accompagnement personnalisé est proposé dans nos stands ou par notre permanence téléphonique ■ Des vidéos explicatives, ainsi qu’une liste des questions fréquentes sont disponibles sur notre site internet ■ Une formation individuelle ou en petit groupe, est dispensée gratuitement par l’association Atic. Il est possible de prendre rendez-vous avec eux au 032 536 73 13. n

Comment ouvrir un Dossier Santé ? Il est possible de s’inscrire soit : ■ En ligne, sur le site du Guichet Unique ou depuis le site www. mondossiersante.ch ■ Dans l’un de nos stands d’enregistrement fixes, au sein du RHNe – Hall des sites de Pourtalès et de La Chaux-de-Fonds, ou à la permanence Volta de La Chaux-de-Fonds ■ Dans l’un de nos stands d’enregistrement mobile Dans tous les cas, il est nécessaire de se munir des éléments suivants : ■ Documents d’identité valables (et permis de séjour pour les personnes de nationalité étrangère) ■ Numéro AVS ■ Téléphone portable (avec accès à la messagerie électronique)

Internautes et non-internautes.

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MON DOSSIER SANTÉ, UN PROJET CANTONAL


Rythmique Jaques-Dalcroze pour seniors Texte Dr Jacques Aubert // Photos Bernard Python

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La vieillesse est un naufrage a dit le général de Gaulle, décrivant le vieillissement des corps et de l’esprit comme un âge de décrépitude, sinon même d’écroulement. Aujourd’hui la science offre des clés de compréhension à ces observations : en effet toutes les fonctions biologiques diminuent avec l’âge. La fonction musculaire n’échappe pas à la règle. Dès 40 ans, nous perdons 1 % de masse musculaire par an, remplacée par de la graisse. L’espérance de vie ayant doublé en un siècle, nous avons aujourd’hui tout loisir d’expérimenter les aléas de cette perte musculaire : instabilité, troubles de la marche, fatigue musculaire, chutes et fractures. 35 % des plus de 65 ans et 55 % des plus de 85 ans chutent une fois par an. 50 % des chuteurs tombent de manière récurrente. Une chute sur dix se complique d’une fracture. Tout est dit. Les fonctions cérébrales n’échappent pas à la règle. Faire plusieurs choses à la fois (être multitâche) devient laborieux avec l’avancée en âge : certains sujets s’arrêtent de marcher pour se moucher ou parler. Une étude médicale parue fin du XXe siècle montre que 75 % des sujets qui s’immobilisent pour parler chutent dans les six mois. En 2006, des gériatres suisses mettent en évidence lors de la marche sur tapis électroniques une variabilité minime de la longueur du pas comme indice de risque de chute. Mieux encore, ils observent une aggravation de cette variabilité en situation de double tâche (marcher en comptant). Ces découvertes aiguisent la sagacité des chercheurs et font naître en eux l’idée d’appliquer aux seniors la Rythmique Jaques-Dalcroze (RJD) pour prévenir chutes et fractures. Pourquoi ? La RJD fait appel au lien fort entre mouvement musical, mouvement corporel et attention cognitive : après avoir écouté et enregistré les consignes de la pianiste rythmicienne, les participants doivent marcher, taper des mains, regarder, écouter et ajuster leurs divers comportements au gré des changements de jeu de la pianiste, conformément aux consignes initiales. On est en pleine activité multitâche. Hypothèse : la pratique de la RJD pourrait prévenir

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l’augmentation de la variabilité du pas aggravée sous double tâche, assurer une meilleure stabilité de la marche et par conséquent diminuer chutes et fractures. Une première étude publiée en 2005 confirme l’hypothèse : la RJD prévient l’aggravation de la variabilité du pas observée en double tâche. En 2011, une deuxième étude révèle qu’une heure de RJD par semaine pendant six mois diminue le taux de chutes de 54 %, et donc le taux de fractures. La question restante était de savoir si la RJD fait mieux que la gymnastique conventionnelle. En 2021, une troisième étude, l’étude EPHYCOS, compare l’efficacité à 12 mois d’un programme RJD à un programme d’exercices conventionnels sur la réduction des chutes : dans le groupe RJD, le taux de chutes est de 36 % inférieur à celui observé en gymnastique conventionnelle. De plus la RJD induit de meilleurs effets sur l’équilibre (mesurés par des tests objectifs) et sur les fonctions cognitives et exécutives. Des IRM révèlent que la RJD active des aires cérébrales non activées par les exercices conventionnels (lobe frontal : attention, planification, coordination, exécution). Les résultats remarquables de la pratique de la RJD sont le fruit du travail régulier en multitâche. Le Conservatoire de musique neuchâtelois a constitué des groupes RJD à Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds et St-Aubin. L’inscription est toujours possible, sans engagement. Pour les membres du RSNE, la caisse-maladie participe au financement, pour des raisons évidentes d’efficience. Et la RJD produit du lien social, suscite confiance en soi et crée de la bonne humeur ! n Dr Jacques Aubert Médecine interne générale FMH Ancien chargé de cours à l’UNIL

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e Le 21 siècle des

grands-parents Texte Jacques Aubert // Photo sp

Dans une société qui affiche avec arrogance un jeunisme à tout va, la place des seniors, respectivement des grands-parents, paraissait définitivement vouée aux gémonies. Cloués au pilori, voilà que les grands-parents connaissent une prodigieuse renaissance. On a crié sur les toits à l’obsolescence programmée des retraités ; voilà que l’art d’être grand-père n’a pas dit son dernier mot. Foin de caducité. Merci Victor Hugo !

Chances et opportunités. L’espérance de vie a doublé en un siècle ; mieux encore les seniors aujourd’hui peuvent espérer vivre cinq ans de plus en bonne santé que la génération précédente. L’époque offre ainsi à la communauté une pléiade de seniors robustes prêts à offrir bons et loyaux services aux jeunes parents. Heureux concours de circonstance car la majorité des mamans réintègrent aujourd’hui le marché du travail après le congé maternité. On croit vivre le retour du Stöckli où on pouvait solliciter les grands-parents pour s’occuper des enfants quand papa et maman travaillaient aux champs !

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Il apparaît donc que sur la liste des espèces à sauvegarder, à côté des animaux à fourrure, figurent désormais les grands-parents ! Ils ne sont plus les laissés-pour-compte de notre marche en avant. Très réjouissant. Bénévoles mais forces économiques indirectes, les voilà baby-sitters, compagnons de jeux, partenaires d’éveil, sources d’affection, cadres sécurisants, oreilles attentives, et confidents pour les juniors. Et parfois aussi proches aidants pour leurs propres parents ! La confrontation des générations chère à André Malraux, que l’on croyait perdue dans nos sociétés éclatées et individualistes, reprend

corps. Quels bénéfices à savoir côte à côte seniors et juniors ? Il ne faut pas abuser des privilèges de l’âge ; mais confronter la fougue, l’impatience et la démesure des jeunes à la sagesse réflexive et à l’expérience des seniors est très appréciable pour les enfants, qu’ils soient petits, adolescents ou jeunes adultes. Pour preuve, l’apparition ici et là de grands-parents de cœur à défaut de grands-parents de sang. Cela permet aussi aux seniors de promouvoir auprès des juniors les savoirs, savoir-faire et savoir-être qui leur sont chers, dont les juniors sont friands. Il y a même du donnant-donnant dans cette nouvelle cohabitation. Les grands-parents apprécient le secours de leurs enfants et petits-enfants quand ils sont chassés du ring par le gong informatique et les codes mystérieux de la culture digitale : ils mesurent la valeur de ce soutien transgénérationnel et « kiffent » de se faire aider à assurer le saut périlleux du papier à l’écran multifenêtres ! Mais l’enthousiasme est parfois ponctué de difficultés et de questionnements. L’association Etre Grands-­ parents aujourd’hui, Neuchâtel (www. etregrandsparents-ne.ch) est là pour aider les grands-parents à s’adapter à leurs nouveaux rôles dans une société en pleine mutation. Elle organise des cafés thématiques, invite des conférenciers, aménage des échanges en groupes (partages d’expériences et de vécus entre pairs) et met sur pied des activités intergénérationnelles. De très beaux moments de partages. n

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Je dois dire « merci » ! Texte Pierre-Luigi Dubied // Photos Bernard Python

Pasteur, docteur en théologie, professeur ordinaire de théologie pratique à l’Université de Neuchâtel, doyen de la faculté et vice-recteur, Pierre-Luigi Dubied est l’auteur de nombreuses publications. Sans compter son rôle de coordinateur et de conseiller dans plusieurs programmes et recherches. Il nous donne ici son regard philosophique et spirituel sur la fin de vie, dans une posture religieuse. Je me retourne vers mon passé. Je m’efforce d’évaluer les années et les groupes auxquels j’ai appartenu. Il m’apparaît alors que j’ai vécu, très probablement, dans la génération et le groupe humain le plus privilégié de l’histoire humaine. C’est un peu vertigineux. Je suis né à la fin de la guerre dans un pays qui n’en a pas été ravagé mais qui n’en a subi que des effets secondaires. Mon père avait décidé d’offrir à ses enfants ce qu’il n’avait pas reçu lui-même. J’ai été enfant puis adolescent au cours des trente glorieuses. J’ai pu faire des études. Ma mère m’a rendu sensible à la musique dont j’ai pu acquérir des disques. J’ai accumulé des livres qui m’entourent encore. La médecine m’a permis d’échapper au pire jusqu’ici : je peux lire, écouter et me déplacer. Je n’ai pas de soucis matériels particuliers. Et tout ça, je sais bien que je ne l’ai pas entièrement mérité. Bien sûr, j’ai travaillé, j’ai fait des efforts, je me suis même démené, parfois. Ma vie a débordé d’activités. Et pourtant, je sais bien que tout ça n’est pas entièrement ou même pour beaucoup ma faute ou mon mérite. D’autres avant moi et à côté de moi se sont démenés autant sinon plus et n’en ont vu aucun bénéfice pour eux-mêmes. Alors, évidemment, je dois dire « merci » ! Et je le dis, parfois, maintenant, ici. Mais aussitôt, je me retourne, et je regarde devant. J’ai eu la chance de pouvoir donner à mes enfants des moyens suffisants pour qu’ils puissent vivre une vie digne. Mais mes petits-enfants, eux, n’auront

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peut-être pas autant de chances et de facilités parce qu’ils se trouveront dans un monde bien différent du mien, un monde de problèmes de tous ordres et de menaces. Ce qui a fait vivre ma génération et lui a donné un espoir collectif est la croissance et la conviction que le progrès allait être continu. Tout cela est en voie d’effondrement. Avec la chute du bolchévisme et la fin de la guerre froide, nous avons pensé que l’histoire humaine allait se pacifier. Nous voyons déjà le contraire. L’espoir se bouche à nos horizons. Le monde se referme sur lui-même. Et je ne partage rien des folles utopies de la Silicon Valley, du prétendu transhumanisme et autres fariboles du même acabit. Mon corps et mon esprit me répètent que moi et mes semblables sommes faits pour une vie limitée et que toutes les rêveries d’illimitations ne sont que des cauchemars éveillés. Que nous ayons de la peine à nous accepter tels que nous sommes qualifie notre désespoir que la fermeture du monde renforce encore. J’ai peur que ceux qui me suivent n’aient à entrer dans une lutte de tous contre tous, ce qui m’a été largement épargné. Au secours, mon Dieu ! Il faudra que Tu nous rendes la raison pour que nous devenions des humains dotés d’une raison humble, discrète qui ne sera calculatrice que lorsque ce sera indispensable. Ainsi vais-je vers ma fin dans la reconnaissance et dans une appréhension anxieuse. n

Pierre-Luigi Dubied.

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Police cantonale neuchâteloise, prévention criminalité

Lutter contre les dangers : privilégier la raison, dominer ses émotions ! Texte Daniel Favre, responsable – prévention criminalité – Police cantonale neuchâteloise // Photo sp

On ne présente plus Daniel Favre, tant son action auprès des jeunes, des personnes âgées, de la population en général est dense et reconnue. Dans le contexte de cette édition, sa contribution était indispensable. Les réponses de Daniel Favre à nos questions, sachant qu’il est, en tout temps, à même de répondre à vos sollicitations. Quels sont les problématiques auxquelles, selon vous, les retraité·es sont ou peuvent être confrontés ? Nous assistons à une évolution rapide et le monde change. Nos ainé·es ont tendance à faire trop confiance, ils ont une certaine crédulité. Les arnaques, que ce soit dans le monde numérique ou la vie quotidienne, se basent sur les émotions (la peur, la colère, la tristesse, la joie, le dégoût et la surprise). Dans l’émotion, nous avons tendance à agir sans trop de réflexion. Ceci n’est pas uniquement valable pour les personnes âgées. Toutefois, les personnes âgées sont plus ciblées et vulnérables notamment dans le cadre des vols par astuce, basée sur l’émotion. Il convient, lorsque nous sommes dans l’émotion, de remonter au sens. Concrètement, si dans la réalité quelqu’un est abordé par un inconnu lui disant qu’il a gagné au loto ou va recevoir un héritage, il sera méfiant car il voit la personne. Nos sens nous protègent, ce qui n’est pas le cas dans le monde numérique puisque que nous ne voyons pas notre interlocuteur.

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Dès que nous sommes dans l’émotion, nous nous devons d’être plus vigilant. Ceci est également vrai dans notre quotidien, un malfrat provoque une émotion pour vous distraire et profite de ce moment pour agir. Observez-vous, au fil des ans, une fracture numérique s’élargir ou, au contraire se réduire ? Il est indéniable qu’avec le temps la fracture numérique se réduit. Beaucoup d’ainé·es vont sur internet et savent comment gérer. Toutefois, ce monde est tellement vaste qu’on peut s’y perdre. Il convient de se limiter aux choses que l’on connait ou que l’on maîtrise pour éviter trop d’écueils. Des offres permettent aussi de se former. L’écart générationnel se réduit et il n’est pas rare de constater que des personnes d’un âge avancé maitrise les messageries tels que WhatsApp. Dans la plupart des services administratifs, on observe de plus en plu une prépondérance de

l’informatique pour ce qui concerne les échanges avec la population. Cela met les personnes âgées en grandes difficultés. Quels sont les correctifs possibles selon vous ? Il est vrai que de plus en plus de service se font via des applications. Cela peut représenter un problème pour nos ainé·es. Il convient de faire part aux prestataires de ce souci pour la personne. Le consommateur et citoyen choisira également, s’il le peut, un service proposant une alternative au numérique et le fera savoir. Je pense que cela pourra devenir un argument dans le cadre d’une adhésion ou d’un achat. Si ce choix n’existe pas, je conseille à nos ainé·es de demander de l’aide ou de s’approcher de clubs ou d’associations d’ainé·es susceptibles de les renseigner. Quel est votre catalogue de propositions concrètes pour venir à la rencontre des besoins des personnes agé·es ? A la demande de clubs ou d’associations d’ainé·es, nous organisons des

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Daniel Favre

séances d’informations à destination des ainé·es. Nous abordons différentes thématiques et pas uniquement en lien avec le numérique. J’encourage les ainé·es à se rendre à ces conférences. Nous mettons également des brochures à disposition. Le cas échéant le site de la prévention suisse de la criminalité offre de précieux conseils www. skppsc.ch Lorsque l’on évoque la problématique de la sécurité, on parle souvent de sentiment d’insécurité ! Quelle est votre position à ce sujet ? Je parlerai de sentiment d’insécurité. On parle trop souvent des trains qui arrivent en retard alors que la très grande majorité sont à l’heure. Aussi, nous avons le sentiment que tous les trains manquent de ponctualité. C’est la même chose dans le domaine de la sécurité. Bien évidemment la délinquance existe et nous

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devons y faire face. Il convient d’éviter d’être en permanence dans la crainte en regard de ce que nous voyons dans les différents médias. Il faut aussi voir les choses qui vont bien et de profiter des belles choses de la vie. Cela permet d’avoir un certain recule et d’appréhender la vie de manière plus positive. Pour autant, il ne faut pas vivre dans la naïveté et rester informé en agissant sur ce que nous avons prise. La prévention, par exemple, permet d’éviter certains déboires. Vous rencontrez beaucoup de jeunes. Les « vieux » ont très souvent le sentiment d’être négligé, oublié, maltraité par la jeunesse. Les jeunes ont-ils conscience de ce manque de respect ? Lorsqu’ils sont en groupe les jeunes manquent parfois de discernements et de respect. Il s’agit du phénomène

de groupe. Ils se doivent de garder un certain statut social dans le groupe et cela passe malheureusement quelques fois par des comportements irrespectueux. Par contre, individuellement, nos jeunes sont dans la grande majorité des personnes corrects et avenantes. Souvent, les personnes agé·es ont ce sentiment de manque de respect lorsqu’ils côtoient notre jeunesse en groupe. L’AVIVO en particulier, souhaite organiser quelques conférences publiques au plan cantonal. Peut-on imaginer de telles rencontres ? Nous faisons de nombreuses conférences auprès de nos ainé·es, que ce soit pour des petits groupes ou alors en plénum avec 150 personnes. Il est toutefois envisageable d’organiser des conférences publiques cantonales. n

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Programme AvantAge

Costantino Serafini

L’employabilité, un projet de carrière La retraite, un projet de vie Texte Propos recueillis par Claude-Alain Kleiner // Photo sp

Les programmes de préparation à la retraite sont nombreux. Quantité d’entreprises proposent ce service à leurs collaborateurs depuis longtemps. Pro Senectute, par le biais de M. Costantino Serafini, responsable du programme AvantAge Suisse romande, a instauré ce cycle de séminaires de préparation à la retraite et de maintien de l’employabilité qui connaît un vif succès. Le programme – qui s’adresse à des personnes actives professionnellement, proches de la retraite, donc financé par les employeurs – répond à des attentes sur-mesure, adapté à tous les corps de métiers et toutes les industries. Dans le cadre de l’employabilité, AvantAge accompagne les DRH des entreprises, dans le cadre de la mise en place de processus qui garantissent le maintien optimal des seniors, actifs professionnellement, jusqu’à l’âge de la retraite. M. Serafini, décrivez-nous le programme AvantAge en quelques mots ! AvantAge est un centre de compétences qui se démarque de ses concurrents en proposant des séminaires de formation au large spectre d’actions. En effet, nous ne nous contentons pas d’aborder les aspects financiers du passage à la retraite mais nous avons élargi nos séminaires à la prise en compte des nombreux domaines concernés par cette transition. Les changements d’ordre psycho-social notamment… Perte d’identité professionnelle, recons-

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truction d’un statut social, vie de couple, santé ! Cela pour la problématique de la retraite, mais nous sommes également à même d’anticiper en abordant la thématique du maintien de l’employabilité pour les personnes de plus de 45 ans notamment. Dans cette perspective, notre programme s’inscrit dans un contexte de bouleversement démographique qui induit un autre regard sur les seniors. Ceux-ci ne sont plus considérés comme une charge mais de réelles opportunités à prévenir la pénurie issue du départ à la retraite des « baby-boomers ». Sur un plan plus général, à cet

égard, nous percevons la prise de conscience de la responsabilité des employeurs à financer nos séminaires. Concrètement, comment avez-vous construit vos séminaires de deux journées ? La première journée est prioritairement centrée sur les aspects psycho-sociaux à l’aide d’intervenants spécialisés dans ces domaines. Ils vont dès lors travailler sur la question du « deuil » de la figure professionnelle. Ce sentiment de honte que certains ressentent au moment du départ à la retraite, il s’agit de le thé-

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matiser bien évidemment, au travers de cette symbolique de la « nouvelle carte de visite » que chacun va reconstruire. Certes, le cercle des amis se restreint dès lors qu’il s’est essentiellement construit dans un contexte professionnel, donc les contacts diminuent. Cependant, de nouvelles opportunités s’offrent à chacun en s’accordant du temps à certains loisirs. Encore plus concrètement, la mise à jour de votre logiciel Windows, ce n’est plus votre employeur qui va s’en charger mais vous ! Ainsi, comment éviter d’être « largué » ? Comment redevenir indépendant ? Bref, cette première journée représente tout un champ fondamental d’aide à la prise de conscience du volume des changements. Pour ce qui concerne la deuxième journée, elle est plutôt axée sur des thématiques informatives – finances, la question des piliers, le budget – et bien entendu sur la santé, au sens large mais très concrètement également : qu’est-ce qui va changer dans mon corps et dans ma tête ? Quels sont les constats principaux constatés en termes de réactions chez les personnes ? Deux exemples de constats… Les personnes qui ont des hobbies sont plus à

l’aise à aborder ce passage à la retraite. Tout comme les personnes qui ont exercé une fonction pénible, on les sent comme libérées de quelque chose de très lourd. Non pas uniquement au plan physique, mais également et surtout, au plan émotionnel ou matière de stress. A l’opposé des personnes qui opèrent par exemple ans les secteurs de l’aide à la personne et sont très engagées et orientées vers autrui, peuvent avoir beaucoup de peine à « lâcher prise » et prendre une retraite. Enfin, autre constat au plan du couple celui-ci : la manière dont les couples ont fonctionné leur vie durant rend le passage à la retraite plus ou moins facile ou difficile. Bien évidemment, les couples fusionnels vont vivre cette période de la vie différemment des couples au fonctionnement complémentaire. Enfin, en matière de sensibilisation au maintien de l’employabilité ? Dans ce domaine, nous observons d’importants changements. Nous notons tout d’abord que les jeunes seniors sont bien plus en forme qu’il y a quelques années. Tant au niveau physique qu’au plan psychologique… Ils ont des projets, certains même des projets de vie dès lors qu’ils réfléchissent à quitter le monde professionnel plus tôt ou, tout

au moins, à réduire leur temps de travail ! Toutefois, pour celles et ceux qui ne peuvent opérer des choix aussi péremptoires, beaucoup d’entre eux prennent conscience qu’ils ont un avenir professionnel devant eux. Que leurs qualifications serviront encore ! Dans ces domaines-là, il est vrai que nos programmes très diversifiés sont adaptables à chaque situation, de manière très personnalisée ! A cet égard, nous constatons également que les entreprises prennent le temps de former leurs responsables « ressources humaines » au soutien qu’ils peuvent apporter à leurs collaborateurs-trices, au travers du développement des « bonnes pratiques » notamment. n

AvantAge en Suisse romande, c’est : ■ 18 formateurs-trices confirmé·e·s et expérimenté·e·s dans l’accompagnement des seniors ■ 25 intervenants externe spécialistes – santé, prévoyance sociale et professionnlle – ■ 4200 participants à des séminaires AvantAge en 2022

PRÉPARATION À LA RETRAITE GESTION DES SENIORS EN ENTREPRISE TRANSITIONS PROFESSIONNELLES UN PROGRAMME DE PRO SENECTUTE EN SUISSE ROMANDE

Des questions ? N’hésitez pas à nous contacter ! 021 711 05 24 · info@programme-avantage.ch programme-avantage.ch

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AvantAge Rue du Maupas 51 1004 Lausanne

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Centrevue Neuchâtel

L’adaptation de l’environnement visuel et des lieux de vie pour la personne âgée Texte Olivier Blaser // Photos sp

Centrevue est le seul service spécialisé dans le suivi de personnes malvoyantes ou aveugles dans le canton de Neuchâtel. De par les connaissances et formations très spécifiques des collaborateurs-trices dans le domaine du handicap visuel, de même que leur expertise, ils sont à même de fournir des conseils en aménagement de lieux de vie, d’accueil et de soins allant au-delà des Normes SN 500 qui elles-mêmes ne contiennent pas suffisamment d’indications de ce type.

Les notions d’adaptation de l’environnement visuel et des besoins architecturaux propres aux seniors ne sont pas forcément connus. On l’ignore souvent mais 4 à 5 % de la population suisse souffre de problèmes visuels non améliorables. Cette proportion augmente immanquablement avec l’âge, elle atteint 9 % entre 60 et 79 ans, 21 % après 80 ans et plus de 48 % après 90 ans (réf : Handicap visuel et cécité : évolution en Suisse publié par l’Union Centrale Suisse pour le Bien des Aveugles – UCBA). On comprend mieux, dès lors, pourquoi une attention particulière doit être accordée à l’amé-

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nagement de l’environnement visuel mais qui ne transparaît malheureusement pas sur les plans de construction. Trois points importants sont à prendre en considération dans la construction ou rénovation de logements : l’éclairage, les contrastes, et la signalétique.

Éclairage Voici quelques éléments pour garantir une bonne qualité d’éclairage dans un logement : ■ Maximiser l’utilisation de la lumière naturelle en veillant à ne pas obstruer les fenêtres et en utilisant des

voilages ou des stores pour moduler la lumière et éviter l’éblouissement. ■ Veiller à l’homogénéité : L’éclairage indirect convient mieux car il procure un éclairage très confortable et très homogène contrairement à l’éclairage direct. Des murs clairs peuvent y contribuer. ■ Adapter l’intensité lumineuse, choisir des ampoules avec la bonne intensité lumineuse en fonction de chaque pièce et des activités réalisées. Les zones de circulation, les escaliers et les entrées doivent être bien éclairés pour limiter les risques de chute et éviter les accidents.

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■ Choisir la température de couleur de lumière (mesurée en kelvins) qui convient le mieux en fonction des tâches à effectuer.

■ La taille doit être définie selon la distance ■ Elle doit être installée entre 0.80 m et 1.60 m

Contrastes ■ Préférer les grandes surfaces claires et unies ■ Réaliser un fort contraste entre l’élément et le fond sur lequel il se trouve par une différence de couleur et de luminosité (év. de matière)

Signalétique ■ Utiliser des polices de caractères simples, sans empattement, utiliser les majuscules et les minuscules

Ces adaptations de l’environnement visuel vont répondre aux besoins des futurs occupants des lieux de vie qui leur sont consacrés et ainsi favoriser leur autonomie, leur qualité de vie et leur maintien à domicile.

Pour cette raison Centrevue a développé une prestation d’Adaptation de l’environnement visuel et des lieux de vie pour la personne âgée afin de collaborer avec les architectes ou maîtres d’ouvrages, dès la conception du projet. Cela permet d’intégrer « naturellement » ces éléments lors de la réalisation du bâtiment pour lui garantir un aspect inclusif et non stigmatisant. Ces interventions ne sont pas invasives et elles permettent de mettre rapidement à disposition du maître d’ouvrage ou de l’architecte, un document présentant les différents éléments auxquels il faut être plus spécifiquement attentif dans le projet. Cette action trouve également le soutien de Madame Nicole Decker, cheffe de l’Office cantonal du logement qui fait partie du réseau d’experts de Centrevue.. n

Cette image illustre la vision moyenne d’un aveugle réalisée avec des lunettes de simulation.

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Réadaptation et conseil social pour personnes aveugles ou malvoyantes dans le canton de Neuchâtel

Rue des Poudrières 135 – 2000 Neuchâtel - 032 886 80 40 - www.centrevue.ch - IBAN CH 47 0900 0000 1548 3496 8 Ce service est rattaché à la Fondation Neuchâteloise pour la coordination de l'Action sociale (FAS)

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Reportage

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Rouage indispensable pour le « mieux-être » de la personne âgée

La Fondation serei Texte Philippe Silacci // Photos Bernard Python

Nathalie Christe, directrice

Depuis 1972, la mission de la Fondation, en tant que service d’entraide et d’information, n’a cessé d’évoluer. Après plusieurs déménagements, agrandissements et l’ouverture d’une antenne jurassienne, elle emploie actuellement, sur les sites de La Chaux-de-Fonds et de Bassecourt, plus d’une vingtaine de personnes. L’institution, fondation privée reconnue de pure utilité publique, a fêté ses 50 ans en 2022. Elle œuvre en faveur des personnes en situation de handicap depuis sa création par Bernard Froidevaux. L’objectif, en tant qu’acteur local et de proximité, est de perpétuer cette mission, tout en maintenant les valeurs de respect, de qualité et de savoir-faire développées au fil des ans. Une telle longévité en tant qu’acteur majeur du secteur social ambulatoire dans l’espace BEJUNE est le fruit du travail de toute une équipe motivée, tant dans le secteur des moyens auxiliaires que dans celui du conseil juridique, sans qui cette magnifique aventure humaine ne serait pas possible. « Nous tenons à poursuivre, pour de nombreuses années encore, notre mission de partenaire local spécialisé à l’écoute des institutions et des particuliers domiciliés dans l’Arc jurassien », précise Madame Nathalie Christe, directrice.

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Indispensable, c’est certain car au service de toutes et tous, de manière spécifique et individualisée ! Mieux encore, discrète, dynamique et réactive, la Fondation serei offre des services de qualité qui en font un acteur majeur du domaine santésocial de l’Arc jurassien. Et davantage encore, des prestations ambulatoires qui s’inscrivent parfaitement dans la philosophie du maintien des personnes à domicile.

Prestations La Fondation comporte un centre de location et de vente de moyens auxiliaires. Son expertise, en qualité de membre Swiss Medtech, lui confère le statut de fournisseur officiel de moyens auxiliaires reconnu par l’assurance invalidité et la SUVA notamment. « Nous mettons à disposition, dans le canton de Neuchâtel, le Jura et le Jura bernois, un conseil et un service personnalisés de qualité dans ce domaine. Nous proposons à la vente ou à la location de nombreux articles pour les personnes à mobilité réduite (court/long terme), en situation de handicap ou avec des besoins spécifiques liés au maintien à domicile », poursuit la directrice. Principaux articles que la Fondation propose au public : ■ Fauteuils roulants ■ Lifts d’escaliers ■ TeleAlarm ■ Lits électriques ■ Rollators et déambulateurs ■ Articles pratiques/de confort Cependant, le catalogue est large et varié et compte de nombreux produits à disposition. Le public peut les décou-

vrir en magasin, dans le catalogue disponible sur le site de la Fondation www. shop.serei.ch . Les deux succursales, celles de La Chaux-de-Fonds et de Bassecourt, proposent leurs services pour l’assistance après-vente, l’entretien dans l’atelier de réparation pour tous les modèles et marques, les livraisons et les reprises, ainsi que le suivi administratif. De manière plus détaillée, des techniciens se rendent à domicile pour livrer et installer le matériel, procéder à des essais, donner des explications ou établir des offres sur mesure et sans engagement. La Fondation propose également un service de dépannage 24/7 pour les lifts d’escaliers, les lits électriques et les fauteuils roulants électriques. La clientèle peut se rendre dans les deux showrooms, pour essayer le matériel, le louer ou l’acheter. La surface commerciale de La Chaux-de-Fonds dispose d’un espace de 400 m2. Les prises en charge des moyens auxiliaires varient en fonction du type de matériel et de situation : ■ AI (assurance-invalidité) ■ SUVA ou assurances-accidents ■ Assurance-maladie (base/complémentaire)

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■ Pro Senectute / Infirmis, diverses ligues ■ Prestations complémentaires AVS ■ AVS (fauteuils roulants) ■ Client La Fondation comporte également un bureau de conseils juridiques. Il est ouvert à toute personne confrontée à des difficultés en matière d’assurances sociales, indépendamment de son handicap. Il défend ses droits et la représente notamment dans les procédures AI, accident, en matière de prestations complémentaires, de prévoyance professionnelle et de perte de gain. Un service juridique spécialisé, accessible financièrement à toutes et à tous.

Interview

Le showroom

Dans le contexte socioéconomique actuel, constatez-vous une recrudescence de la précarité des personnes âgées en situation de handicap ? La précarité des personnes âgées vivant avec un handicap est effectivement un sujet préoccupant, tout comme la précarité de manière globale. Notre pays dispose, en effet, d’un système de soins de qualité toutefois les coûts en sont élevés. Le non-recours aux prestations médicales et sociales est une vraie préoccupation. Il est essentiel de ne pas négliger les conséquences induites. Par ailleurs, la Plateforme Précarité, qui a pris naissance pendant le COVID, met en lien des acteurs d’horizons différents œuvrant dans le canton de Neuchâtel et porteurs d’un regard sur la thématique de la précarité. Ces initiatives doivent être valorisées et soutenues, à mon sens. Fondation privée, quelles sont vos relations avec les pouvoirs publics ? Vous soutiennent-ils ? En font-ils assez pour le confort, le « mieux-être » au quotidien des personnes souffrant d’un handicap ? Nous constatons que Neuchâtel est actif en matière d’hébergements adaptés. On ressent cette volonté, tant avec le travail effectué par Madame la Préposée à l’inclusion du canton, Nathalie Christen, que par le déploiement d’actions multiples visant à favoriser leur inclusion sociale et à prévenir leur isolement.Notre Fondation intervient pour la mise en place de moyens auxiliaires et réalise les adaptations qui permettent de rendre un logement accessible. C’est l’essence même de notre but, œuvrer en faveur de l’indépendance et de la mobilité des personnes vivant avec un handicap et de jouer un rôle majeur en matière d’autonomie et d’accessibilité.

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Reportage

Selon vos expériences, quel regard la personne valide porte-t-elle sur le handicap ? Les préjugés ont effectivement la vie dure, surtout face aux handicaps non visibles. Toutefois, la méconnaissance peut être renversée par la poursuite de la voie de l’inclusion ; les États généraux de l’inclusion organisés dans le canton de Neuchâtel y contribuent notamment. Les efforts en matière de sensibilisation et d’inclusion doivent se poursuivre. Et à titre personnel, je suis plutôt de nature optimiste donc, avec un brin de positivisme, on va pouvoir trouver les bons chemins pour faire évoluer le monde. Le handicap chez une personne âgée s’accompagne parfois de détresse, de solitude. Êtes-vous sollicités, ou

entendez-vous élargir votre champ d’activités à cet accompagnement ? Les personnes âgées peuvent effectivement être plus susceptibles de faire face à l’isolement social, ce qui peut évidemment avoir des répercussions sur leur bien-être général. L’ensemble de notre personnel met un point d’honneur à être à l’écoute et à échanger avec nos clientes et nos clients. Comme institution spécialisée active dans l’espace BEJUNE, la proximité de nos services doit rester la priorité. Toutefois, à mon sens, la priorité est d’améliorer la connaissance de l’ensemble du réseau existant afin que les compétences soient utilisées à bon escient plutôt que nous nous mettions à développer des prestations identiques à celles d’ores et déjà existantes. n

L’atelier du SAV

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Voyages Favre, une entreprise familiale au service de toutes les générations, avec le sourire Tourisme et découvertes, concerts et spectacles, courses d’écoles, d’associations, de sociétés et d’entreprises, virées entre amis, transports VIP, transports scolaires, tourisme handicap… L’entreprise Voyages Favre remplit sa mission avec force et conviction, au service de toutes et tous, avec le souci permanent de la cordialité et du confort ! A l’évidence, le slogan « Une flotte moderne pour votre confort et votre sécurité » est non seulement pleinement justifié mais il est réducteur, tant le mot « gentillesse » est présent, en permanence, au sein du personnel de la société. Des solutions, toujours !

Tourisme, découvertes

Concerts, spectacles…

■ Circuits organisés : Découverte, Grand Tour… ■ Voyages organisés fêtes : Fêtes folkloriques, Carnavals, Corsos, Son et Lumières ■ Circuits et séjours terroirs : Mer, Campagne, Montagnes et Lacs ■ Voyages organisés villes : City break en Suisse et en Europe ■ Voyages organisés sport : Randonnée, Marathon, Vélo, Automobile… ■ Art & Culture : Voyages Musique, Peinture, Sculpture

■ Vous aimez le chant, l’humour, la danse… ■ Vous aimez les beaux décors et les costumes somptueux ■ Durant toute l’année, nous vous emmenons assister à des spectacles, concerts, One Man Shows, opérettes…

Scolaires ■ Services journaliers, réguliers, courses d’écoles, camps et voyages de fin d’études

Tourisme handicap ■ Sécurité, professionnalisme et bienveillance… Nous transportons les personnes à mobilité réduite, ou en situation de handicap, en familles et en entreprises pour des camps weekend loisirs, passeport vacances

Vacances actives

Transports VIP, transferts

■ Sorties actives et sportives. Créativité, passion et authenticité. Détente et bien-être

■ Déplacements lors de congrès, transferts aux différents aéroports

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Courses, Lotos, Parcs d’attractions ■ Gastronomie, détente, Savoirfaire, plaisir de vivre ■ Evadez-vous durant une journée en notre compagnie, rien que pour le plaisir

Sorties d’entreprise, virées entre amis ■ Sorties récréatives, team building, soirées…

Et plus encore !

Plus d’infos

sur

voyages-favre.ch

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Une entreprise familiale depuis 4 générations.

Une flotte moderne pour votre confort et votre sécurité

« Il était une fois, dans un petit village appelé Rochefort, une petite épicerie tenue par un brave homme du nom de Charles Favre. La petite épicerie aimait bien Charles. Il prenait bien soin d’elle, remplissait ses rayons et s’assurait qu’elle reste toujours propre et élégante. Ensemble, ils accueillaient les clients qui repartaient toujours avec le sourire et la petite épicerie se disait que rien ne manquait à son bonheur. Mais c’était sans compter sur la vie et ses belles surprises car, très vite, ses murs furent remplis du rire des enfants de Charles qui venaient aider leur père en remplissant les paquets des clients et en garnissant les étalages. Et la vie suivit gaiement son cours. En 1958, l’école du village accueillit les enfants de Chambrelien, Champ-du-Moulin, les Grattes et autres hameaux alentours, qui n’avaient pas tous la possibilité de s’y rendre facilement. Le Président de la commune de Rochefort s’approcha alors de Charles pour lui proposer de devenir le transporteur officiel des écoliers grâce à son petit bus Vokswagen coccinelle, ce qu’il accepta avec joie ! La petite épicerie vit là une belle opportunité. Mais les temps devenaient durs pour les petits commerces de denrées alimentaires et elle avait des envies de reconversion. « Qu’à cela ne tienne ! » s’exclama Charles avec enthousiasme. Bientôt, les étagères laissèrent place à des bureaux et les étalages se remplirent de guides de voyage. C’est ainsi que la petite épicerie se vit associée à « Voyages Favre » et que la petite coccinelle vous fait découvrir depuis plus de 60 ans de magnifiques régions que vous ramenez chez vous le cœur rempli de souvenirs.

Tourisme, découvertes Concerts, spectacles Courses, lotos, parcs d’attractions Sorties d’entreprise, virées entre amis Transports VIP, transferts Scolaires Tourisme handicap Vacances actives …et plus encore !

Favre Excursions et Voyages SA // Route de Neuchâtel 1 // Rochefort info@voyages-favre.ch // T 032 / 855.11.61 Pays Neuchâtelois N° 65 Reportage 73


Pompes funèbres Flühmann-EvardArrigo SA

La mort fait partie de la vie Propos recueillis par Claude-Alain Kleiner // Photos Bernard Python

« La mort, si on en parlait ? » … C’est sous ce titre « accrocheur » que les Pompes funèbres FlühmannEvard-Arrigo SA se présentaient lors d’un publireportage édité par Arcinfo en 2022. Acteur incontournable de nos fins de vie, les sociétés de pompes funèbres prennent aujourd’hui un rôle plus actif et développent une philosophie nouvelle. L’équipe des Pompes funèbres Flühmann-EvardArrigo SA en sont un parfait exemple ! Créée en 1938 et membre de l’Association suisse des services funéraires – ASSF –, l’entreprise de Pompes funèbres Flühmann-Evard-Arrigo SA est, depuis 2016, dirigée par Nicole Siegenthaler, titulaire du Brevet fédéral d’entrepreneuse de pompes funèbres. Un seul regard sur le site de l’entreprise permet de prendre conscience du large inventaire des services proposés par l’entreprise. Tout cela emprunt d’un regard plus attentif sur les familles des

défunts. Pour preuve, ce chapitre initial parmi les services proposés : « Ecoute, soutien et accompagnement des familles. 24h sur 24, tous les jours de l’année. Respect de vos droits, ainsi que des volontés et des désirs du défunt et de ses proches. » A la question un peu particulière : « Les familles sont-elles préparées à de tels faits de vie ? », Nicole Siegenthaler répond de manière très transparente : « A l’évidence, non, pour trois quarts des situations que nous sommes amenés à gérer, ce n’est pas le cas. Plus largement, même si, au fil des générations, il existe une plus grande ouverture à évoquer la fin de vie, la mort demeure taboue pour beaucoup ! ».

Le funérarium, un lieu d’écoute Lorsque Nicole Siegenthaler décrit le funérarium de son entreprise, un lieu ouvert et, en même temps, privatisé et accessible en permanence, on perçoit immédiatement la philosophie nouvelle imprimée par ses soins : « Les portes sont toujours ouvertes. Nous invitons toute personne soucieuse de sa fin de vie, et surtout, respectueuse de ses proches, s’interrogeant sur la manière de quitter le monde des vivants, à s’approcher de nous. Prévoir son décès,

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c’est bien sûr penser à soi mais aussi aux personnes que l’on aime ! ». Ainsi, le moment venu, les proches connaîtront les désirs de la personne défunte. Beaucoup de personnes ignorent qu’il est possible de « dicter » leurs dernières volontés tout en déterminant leur ­budget.

La prévoyance funéraire Dans cette perspective, l’entreprise a créé une Fondation de Prévoyances Funéraires, permettant à chacune et chacun d’anticiper sa fin de vie et d’en déterminer les usages. Ainsi, outre les fameuses directives anticipées encore trop souvent omises, l’anticipation de ses propres funérailles permet d’en mesurer les coûts grâce à l’établissement d’un devis et, ainsi, d’assurer les fonds nécessaires pour assurer le respect des dernières volontés au travers d’une cérémonie sur mesure. A cet égard, Nicole Siegenthaler encourage les directions des EMS et les médecins notamment à contribuer à cette description des volontés : « En particulier pour les personnes sans enfant, sans famille ! Que c’est triste de s’en aller ainsi ! J’observe d’ailleurs, chez les personnes qui tiennent à préparer leur fin de vie, combien leur soulagement est grand après avoir effectué ces démarches ! Prise de conscience du sentiment de finitude… ».

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Nicole Siegenthaler

Le temps de la séparation Organisation de funérailles et célébrations adaptées aux convictions religieuses et philosophiques du défunt. Fourniture de tous types de cercueils, urnes et matériel funéraire. Préparation des avis mortuaires pour la presse, impression de faire-part et de cartes de remerciements. Selon demande, prise en charge des relations avec les fleuristes, imprimeurs, restaurateurs, marbriers, etc. Formalités auprès des autorités communales, cantonales, fédérales et consulaires. L’espace du funérarium comporte des chambres mortuaires ainsi qu’une salle de recueillement : « Beaucoup de personnes ignorent qu’il est possible d’organiser un recueillement sans aller à l’église. On trouvera donc dans nos locaux un espace dédié dans la salle de recueillement, aux côtés des chambres mortuaires ! ». En accord avec les convictions religieuses et spirituelles des défunts, on pourra dès lors rassembler les proches, en toute intimité, autour du cercueil ou de l’urne. Pour être plus proche encore, Nicole Siegenthaler ajoute : « Pour nous, il est important d’offrir la possibilité aux proches et à la famille d’être en contact direct avec la défunte ou le défunt ! … Avec mon équipe, nous prenons soin de la personne décédée dans la dignité. Une fois dans la chambre, la

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famille peut passer un moment proche avec l’être aimé, sans vitre ni limite de temps, pour lui dire au revoir en toute intimité ! ».

La devise de Nicole Siegenthaler « La mort n’arrête pas l’amour ! » … Lorsque la directrice de l’entreprise prononce ces mots, on ressent immédiatement toute l’importance qu’elle accorde à ce temps de séparation que représente la mort et à tout le respect qu’elle éprouve pour les proches : « Par les temps qui courent, on ne fréquente plus guère les cimetières. Tout au moins, les jeunes s’y rendent moins naturellement que leurs aînés. Fort de ce constat, nous observons de plus en plus de personnes qui souhaitent voir leurs cendres déposées au Jardin du

souvenir puisque les enfants ne viendront pas ! ». On pourrait imaginer, à prendre connaissance des nombreuses prestations mises à disposition par les entreprises de pompes funèbres, que le temps de la séparation devient de plus en plus court. Que les étapes du deuil s’exécutent toujours plus rapidement. Que la personne défunte s’échappe ! Cette impression ne reflète pas la réalité. La qualité de l’approche des entreprises est telle, la traduction des étapes de séparation est établie dans une philosophie si respectueuse des proches et, de surcroît, le temps de préparation en amont est réalisé avec un soin aussi particulier, que le deuil, tout en demeurant douloureux, est à définir selon les usages personnalisés qui garantissent « un temps de mort » à la mesure des besoins de tous et de chacun. n

Membre ASSF

Brevet Fédéral

Flühmann-Evard-Arrigo Nicole Siegenthaler POMPES FUNEBRES NEUCHÂTELOISES DEPUIS 1938

032 725 36 04

24/24h 75


Pompes funèbres Dubois Yan Sàrl

C’est la vie ! Propos recueillis par Claude-Alain Kleiner // Photos Bernard Python

Avec la création de l’Orée Dubois, Yan Dubois et sa société de pompes funèbres rompt avec le terme de « morgue » à la connotation désuète. Cette image froide, sombre et cachée est désormais occultée au profit d’un « espace deuil » à la philosophie nouvelle : la mort fait partie de la vie, dès lors intégrons-la dans nos mœurs. « Quelle ne fut pas ma joie d’apercevoir cette famille d’une dizaine de personnes réunies dans l’espace deuil réservé à un ultime au revoir ! Assises sur des chaises

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pour les unes, sur le canapé pour les autres, les enfants dessinaient, pendant que d’autres encore écrivaient un mot sur le cercueil ! Mon vœu était exaucé !

Et celui de mon grand-père également, lui qui était si désireux d’être le plus proche possible des familles à l’occasion des funérailles ! »

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Yan Dubois

A vos côtés pour vous aider à traverser l’épreuve du deuil Ainsi, depuis 1974 et plusieurs générations, les Pompes funèbres Dubois Yan Sàrl se sont toujours efforcées d’imprimer la même philosophie : être proche et à l’écoute des familles lors de la mort d’un être proche. Tout sera effectué en

plein accord avec les dernières volontés. Dans de telles situations, on se trouve le plus souvent devant l’inconnu, sans bien savoir que faire et dans quel ordre. L’entreprise est à votre entière et pleine disposition pour faire selon vos vœux. Mieux encore, elle est en mesure d’anticiper et de prévoir un contrat « prévoyance obsèques » afin d’envisa-

Depuis 1974 Douzième né d’une famille de quatorze enfants, le père de Gilbert Dubois décède alors qu’il est à l’Ecole de recrue. A vingt ans, il commence à veiller au bien-être de toute sa famille. Une formation de menuisier acquise au sein de l’entreprise Götz, il s’en va ensuite travailler à la menuiserie Buchs à La Côte-aux-Fées, puis revient sur ses terres de Buttes, à la Verrisia puis il est engagé par Emile Gertsch chez qui il fabrique des cercueils. A cette époque, les pompes funèbres font partie des compétences communales, les autorités octroyant alors des concessions. Le plus souvent, le cheval était fourni par un paysan ou un palefrenier de l’endroit… En 1974, Emile Gertsch remet son entreprise à Gilbert Dubois, en même temps qu’il lui offre un corbillard. Le premier vrai corbillard des Pompes Funèbres Gertsch car les Dubois et les Gertsch, c’est comme une grande famille, aujourd’hui encore. L’entreprise comprend dès lors deux enseignes : la menuiserie Dubois et les pompes funèbres Dubois. Le petit-fils de Gilbert Dubois, Yan Dubois, a succédé à son grand-père et est depuis 2005 le directeur des Pompes funèbres Dubois Yan Sàrl.

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ger comment répondre à vos désirs et établir un budget y relatif.

A l’Orée Dubois « Funérarium, morgue, chambre funéraire… Tous ces termes possèdent une connotation lourde et pas toujours adaptée à ce moment de la vie que représente la mort. Par exemple, le couloir triste du sous-sol de l’Hôpital de Couvet, ou encore les chambres funéraires de certains homes pour personnes âgées... Pour toutes ces raisons, et après plusieurs années avec un sentiment d’insatisfaction, nous avons choisi de mettre à disposition notre propre espace deuil, l’Orée Dubois ! », ainsi s’exprime Yan Dubois qui vient d’inaugurer ses locaux en janvier 2023. Installé au cœur de la « cité » - au centre de Fleurier –, dans des locaux spacieux, aménagés et décorés avec circonspection en même temps qu’avec chaleur – meubles en bois, canapé, table –, l’Orée Dubois comporte trois chambres climatisées, baptisées au nom d’une espèce forestière, une salle de cérémonie ainsi que des bureaux pour la société. n

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Université de Neuchâtel

Vieillir à Neuchâtel – créer des espaces de dialogue Texte Tania Zittoun – Université de Neuchâtel // Photo Bernard Python

A Neuchâtel, bientôt une personne sur quatre aura plus de 65 ans – un âge légal qui n’est que le début d’une longue période de la vie qui peut durer quarante ans. Comment les personnes plus âgées souhaitent-elles vivre, auprès de qui, en faisant quelles activités, pour vivre bien ? Depuis quelques années, l’Université de Neuchâtel mène des travaux de recherche sur ces questions.

En 2020-21, ReliÂge1 nous a permis, avec le Service de la santé publique et avec objectif:ne, de créer une série d’évènements participatifs. Dans trois communes, des personnes âgées ont parlé de leur vie quotidienne, des activités qu’elles mènent, des occasions qu’elles ont de voir du monde, mais aussi des obstacles qu’elles rencontrent. Sur cette base, des mesures simples pour faciliter ces activités ont pu être proposées à toutes les communes. Certaines ont ainsi mis à disposition un ancien local communal – école, poste – pour en faire un lieu de rencontre ouvert pour les personnes âgées. Depuis 2019, nous menons le projet HomAge2 (financé par le FNS) qui examine les trajectoires de vie des personnes âgées sur fond de transformation

du paysage médico-social du Canton. Nous avons ainsi suivi la création d’un immeuble d’appartements avec encadrement, un des projets soutenus par le Canton, depuis sa conception jusqu’à l’emménagement des personnes âgées et leur apprentissage de la vie commune. Nous avons aussi observé des lieux de rencontres, dans des centres de jours ou dans les cafés, et suivi quelques personnes chez elles pendant presque trois ans pour comprendre comment leur vie évoluait avec le temps. Sur cette base, nous avons organisé la journée « Vieillir chez soi » où les personnes ont pu parler des différents modes d’habiter qui existent ou qu’elles ont créés (par ex. des coopératives, des colocations). Nous avons aussi créé deux forums théâtraux, Staging Age I et II au théâtre

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Avec Ola Söderström et la collaboration de Fabienne Gfeller, Aurora Ruggeri et Isabelle Schoepfer

2

Avec Michèle Grossen et Fabienne Gfeller

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de l’ABC (La Chaux-de-Fonds) : Nicolas Yazgi a écrit deux pièces de théâtre, qui racontent quelques années de la vie d’un couple âgé, sur la base de nos travaux. Nous avons animé à l’issue des représentations des discussions avec toutes les personnes concernées – représentant·e·s politiques, professionnel-le-s des services publics, personnes âgées, proches, etc. – qui ont pu évoquer leurs réactions, leurs doutes et leurs questions, et chercher ensemble des solutions. Ces travaux ont ainsi été l’occasion de créer des espaces de dialogue entre personnes âgées et plus jeunes ; tout·e·s ont trouvé un espace pour évoquer des questions importantes – comment vivre lorsque l’on est plus âgé, avec qui, et quelle autonomie ? Comment poursuivre des activités vitales, et maintenir une vie qui fait sens ? Comment la collectivité peut-elle mieux inclure et valoriser l’expérience des personnes âgées ? Vieillir dans la Canton nous concerne tout·e·s et il est important de créer des lieux de dialogue pour y penser ensemble. n

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Cultivez la curiosité ! Apprendre, débattre, explorer Université de Neuchâtel

032 718 11 60 • www.unine.ch/u3a

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Etat de Neuchâtel : programme d’action pour les personnes âgées de 65 ans et plus

Le Canton de Neuchâtel prend soin de ses aînés Texte Isabelle Maillat Schreyer // Photo sp

Différents axes en faveur des seniors sont développés par le Canton de Neuchâtel. Le premier s’articule autour du PAC 65+ (Programme d’action pour les personnes âgées de 65 ans et plus) qui vise à promouvoir un environnement et un mode de vie favorables à la santé afin de favoriser la qualité de vie et l’autonomie des aînés. Dans ce cadre, par le biais de l’Office de la prévention de la santé et de la promotion (OPSP), plusieurs mesures sont mises en œuvre dans les domaines de l’alimentation, de l’activité physique et de la santé psychique, en étroite collaboration avec les acteurs du terrain. Ainsi, certains partenaires sont soutenus pour offrir des cours de gymnastique adaptés, des ateliers sur la prévention des chutes ou encore des tables d’hôtes conviviales, impliquant ainsi activement les aînés dans des activités sociales et enrichissantes. Autres actions importantes : la sensibilisation des professionnels en contact avec les personnes âgées sur des thématiques spécifiques telles que la dénutrition ou la maltraitance. L’OPSP vise également, au travers de son projet ReliÂges, à soutenir les communes pour la promotion de la santé de leurs seniors, intégrés par ailleurs dans la démarche. En matière de santé mentale, il s’implique fortement dans la plate-forme intercantonale SantéPsy.ch, qui donne de nombreuses pistes favorisant le bien-être psychique des aînés. Autre axe majeur pour le Canton de Neuchâtel développé par

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l’Office du maintien à domicile et de l’hébergement (OMDH) : l’accompagnement et le soutien des seniors afin de leur permettre de rester chez eux le plus longtemps possible. Nombre d’entre eux souhaitent en effet pouvoir

vieillir chez eux et retarder au maximum une éventuelle entrée en EMS. Ils peuvent ainsi recourir à différentes prestations, de manière temporaire ou sur le long terme. Parmi elles, l’aide et les soins à domicile qui, outre les

Aperçu des offres pour vivre à domicile ou en institution dans le canton de Neuchâtel (schéma : SCSP)

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Le Canton de Neuchâtel a développé de nombreuses prestations pour favoriser le bien-être de ses seniors.

soins médicaux, comprennent un soutien pour les tâches administratives ou ménagères, la livraison de repas, des visites à domicile ou encore un service de transport. Pour les personnes rencontrant des fragilités physiques ou vivant avec un handicap, les foyers de jour offrent un accueil d’une ou plusieurs journées dans la semaine, avec des repas en commun ainsi que des activités favorisant notamment les liens sociaux. Celles ayant besoin de

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retrouver une autonomie dans leurs activités quotidiennes par exemple après une hospitalisation ont la possibilité d’effectuer un séjour de courte durée en EMS avant de retourner à leur domicile. Un programme d’activités personnalisé leur est y proposé leur permettant d’améliorer leur mobilité et leur condition physique, de prévenir le risque de chutes ou de stimuler leur mémoire. En outre, pour les personnes qui ne peuvent plus vivre chez elles en

raison de contraintes architecturales, il existe des appartements avec encadrement (voir article à ce sujet en page 10). Les seniors qui souhaitent bénéficier de ces différentes prestations sont accompagnées par AROSS, une institution spécifiquement créée par le Canton dans le but de les orienter dans leurs recherches. Plus d’informations sur les actions du Canton de Neuchatel en faveur du bienêtre de ses aînés : www.ne.ch/scsp n

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ANEMPA

Fabienne W yss Kubler Secrétaire gé nérale de l’Association neuchâtelois e des établissemen ts et maisons pour personnes âg ées (ANEMPA )

L’entrée en EMS, une transition à vivre Texte Fabienne Wyss Kubler // Photo Patrick Petermann

Dans le cadre d’une formation organisée récemment par l’ANEMPA sur le thème « Institutions et résident·e·s en mutations » questionnant le rapport au changement tel qu’il se matérialise dans les institutions médico-sociales, des résidentes et résidents ont été invités à évoquer les changements de leur vie et la manière dont ils les appréhendent. Ils sont ainsi revenus très largement sur la transition majeure que représente leur entrée en EMS, relatant leurs renoncements, leurs stratégies pour évoluer, leurs plaisirs restants. Le tout avec sagesse ou fatalisme, toujours avec pudeur. Ces propos ont donné naissance aux lignes qui suivent.

Une minorité concernée

Un défi émotionnel

Dans nos contrées, l’entrée en établissement médico-social (EMS) n’est une étape que pour une minorité puisque seuls 4.4 % des personnes de plus de 65 ans (OFS, 2022) sont appelées à vivre cette réalité ; elle ne concerne encore que 13.6 % des plus de 80 ans et seuls trois aînés sur dix environ vivent en EMS lorsqu’ils atteignent 90 ans. Le taux de recours n’a par ailleurs pas augmenté avec le vieillissement de la population, en lien avec le développement du maintien à domicile auxquels les institutions médico-sociales contribuent avec des appartements pour personnes âgées, du court séjour, de l’accueil de jour, des tables d’hôte ou d’autres prestations socio-hôtelières.

Mais pour celles et ceux dont l’état de santé nécessite un accompagnement en milieu institutionnel, devoir quitter son chez-soi représente plus qu’un changement de lieu de vie. Point de rupture, ce « déménagement » dans un cadre sécurisé implique de nombreux deuils sous l’angle de l’autonomie, de l’intimité et des habitudes de vie longuement ancrées. Cette transition vers une existence largement communautaire est alors une confrontation à l’inconnu dans un état de haute vulnérabilité. Un stress important, souvent exacerbé par l’inéluctabilité et la soudaineté d’un changement non-anticipé ou par l’idée que ce mouvement correspond à une toute dernière étape de vie.

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Un accompagnement individualisé Pour les professionnels des EMS, accueillir une nouvelle personne signifie se confronter à ces difficultés, mais également s’ouvrir aux détails d’une existence forcément riche et unique dont il s’agit de continuer à tisser les fils qui peuvent encore l’être. A cet égard, les proches ont souvent un rôle crucial à jouer. Les repères existentiels constituent ainsi des jalons susceptibles de fonder le projet d’accompagnement. Celui-ci doit non seulement tenir compte des difficultés à pallier mais aussi et surtout des ressources qui subsistent. Cette démarche doit alors s’appuyer sur une réelle écoute et sur le r­ espect de l’auto-détermination,

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même si les choix encore possibles sont réduits.

Une capacité d’adaptation Pour soutenir cette transition et étape de vie, les institutions médico-sociales neuchâteloises œuvrent pour offrir un environnement convivial articulant prestations de soins et prestations socio-hôtelières – dont l’animation et la cuisine focalisent toujours beaucoup d’attention parce que liées à la notion de plaisir – dans lequel les personnes âgées puissent construire des repères. Si certaines peinent à s’adapter, d’autres nombreuses font preuve d’une belle résilience, recréent des habitudes, tissent de nouveaux liens sociaux. Face à ces réactions variées, il est crucial de

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reconnaître la diversité des parcours d’adaptation et le bien-fondé de chacun d’entre eux.

l’institution médico-sociale contribue à répondre à ce besoin fondamental et légitime. n

Une expérience humaine L’EMS représente rarement un choix pour les personnes qu’il héberge, mais il n’en reste pas moins un véritable lieu de vie. Y entrer est un pas difficile, synonyme d’émotions contrastées. Y vivre réserve son lot de surprises, souvent positives, résultant d’expériences humaines et de moments partagés. Vieillir jusqu’au bout de sa vie dans la plus grande autonomie et santé possibles est l’espoir de chacune et chacun. Parce que le respect de la dignité humaine représente au final l’élément essentiel qui sous-tend sa raison d’être,

L’Association neuchâteloise des établissements et maisons pour personnes âgées (ANEMPA) est la principale faîtière des EMS et foyers de jour neuchâtelois regroupant 27 institutions à but non lucratif actives dans l’accueil, l’hébergement et l’accompagnement des personnes dépendantes ou en situation de handicap. Ses institutions membres offrent leurs prestations à quelque 1500 bénéficiaires et emploient environ 1800 collaborateurs.

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Informations sur les prestations des institutions et leurs contacts sur www.anempa.ch anempa@ne.ch tél. 032 731 79 92

EMS

Dubied Piaget Couvet – Les Bayards

Hébergement de long séjour | Accueil temporaire en court séjour | Accueil en foyer de jour

Appartements avec encadrement labellisés ou appartements adaptés

Orientations Gériatrie – Psychogériatrie – Psychogériatrie spécialisée – Handicap

Tables d’hôtes & autres Prestations ­ socio-hôtelières

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NOMAD

L’aide et soins à domicile : acteur de la santé Texte Gabriel Bader // Photos sp

Gabriel Bader, directeur

Créé en 2007 par la volonté de l’Etat d’assurer une mission publique auprès de l’ensemble de la population, NOMAD est au cœur d’une évolution importante du domaine de l’aide et soins à domicile, dans ces vingt dernières années. Initialement conçu comme une aide à la sortie de l’hôpital (appelé « Spitex » en Suisse alémanique, signifiant « sortie d’hôpital »), le domaine de l’aide et des soins à domicile a pris, en moins de deux décennies, une place entière dans le système de santé. Cela signifie que les soins domiciliaires sont reconnus comme une des réponses essentielles aux besoins de la population. Rien de nouveau du point de vue des besoins, puisque la grande majorité des besoins en santé trouvent des réponses sans devoir quitter le domicile. Ce qui a changé, c’est l’adaptation de l’offre. En proposant une prise en soins globale à domicile, coordonnée avec d’autres acteurs de la santé et en particulier le médecin traitant, l’aide et les soins domicile collent à la réalité des demandeurs : ils sont chez eux ; ils ont leur vie, leurs projets et, de manière temporaire ou chronique, ont besoin d’aide, de soutien, d’accompagnement, de soins. Pour réussir ce premier virage et faire face à la diversité des situations, NOMAD s’est organisé pour confier la responsabilité des prises en soins, c’est-à-dire du suivi des personnes, à un réseau de micro-équipes pluridisciplinaires, composées d’infirmier·ères, assistant·es en soins et santé c ­ommunautaire, ­auxiliaires de vie et aides familiales. Au sein des équipes, chaque collaborateur

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Ce qu’offre NOMAD ■ La garantie d’une prise en soins pour tous les habitants et la garantie de poursuivre lorsque les besoins du client augmentent ou se complexifient. ■ Une prise en soins par des équipes qualifiées et pluridisciplinaire, bénéficiant de formations continues et d’un encadrement solide notamment en appui à des situations complexes. ■ La garantie d’une évaluation des besoins conforme aux normes requises en Suisse, tant au niveau qualitatif que dans le volume des prestations proposées. ■ La garantie d’une collaboration avec les acteurs du domaine socio-sanitaire, hôpitaux, EMS, médecins, professions paramédicales, assistants sociaux. ■ La maîtrise des coûts, autant pour les clients que pour le système de santé. ■ Le suivi et la surveillance par l’Etat, garantissant des bonnes conditions de travail et des principes de respect et de protection des clients.

connaît les clients. L’interdisciplinarité au sein de l’équipe permet d’assurer des situations diverses et de suivre les situations lorsqu’elles se péjorent, que les besoins augmentent ou que la situation requièrt des soins plus techniques. L’organisation en équipe permet aussi des suivis intenses, par exemple pour des personnes qui ont besoin de deux, trois, voire quatre passages par jour ou pour des personnes en fin de vie. Seule une équipe peut assurer un tel suivi, sept jours sur sept.

L’aide et soins à domicile : une nouvelle forme d’expertise De même qu’il existe des spécialistes dans diverses disciplines médicales ou paramédicales, à mesure que le champ couvert par les soins à domicile s’étend, se développe une forme d’expertise domiciliaire, sur deux plans au moins. Le premier concerne la proximité. Etre chez les gens, c’est entrer dans leur vie.

NOMAD, c’est… ■ Une institution dotée d’une mission publique : celle d’offrir un accès à l’aide et aux soins à domicile à tous les habitants, sans discrimination ni géographique, ni économique, ni de quelque nature que ce soit. ■ 500 collaborateur·trices dont 440 auprès des clients et 60 travaillant à faciliter leurs interventions dans des tâches de support. ■ 37 micro-équipes sillonnant le canton, dans toutes sortes de situations domiciliaires. ■ 1600 visites réalisées chaque jour. ■ Des infirmier·ères spécialistes dans les domaines de la diabétologie, de la stomathérapie, de la psychiatrie ou encore des soins palliatifs. ■ Des nutritionnistes.

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Le mouvement est tout différent que lorsque ce sont des patients qui entrent dans une institution. L’écoute et l’observation seront primordiaux. Des choses simples. Qui fait partie de l’entourage ? Comment se passe le déplacement du salon vers la salle de bains ? La configuration de l’appartement présente-t-elle des risques ? La cuisine est-elle utilisée ? Ces éléments entrent dans une compréhension globale qui va permettre au soignant de comprendre ce qui se passe et comment aider. Le deuxième concerne la complexité : lorsque les difficultés de santé se combinent avec d’autres écueils : l’absence de proches, l’isolement, le stress, l’environnement peu adapté, le désordre administratif, la dépendance de produits, un contexte familial conflictuel. Le soignant devra adapter sa posture, aider, mais se protéger aussi. Se montrer bienveillant et en même temps clair dans ses intentions. C’est un métier. Les soignants à domicile, à mesure de leur expérience, acquièrent ces compétences spécifiques, qui leur permettent de prendre, seuls au domicile de la ­personne, les décisions qui vont la soutenir. n

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En fin de compte

Quand le sol est toujours plus bas Texte Fabio Payot

Quelle place pour les vieux dans notre société ? La question mérite d’être posée à une époque où ils n’ont jamais été aussi nombreux. En Suisse, une personne sur quatre a plus de 65 ans. A fin 2022, le canton de Neuchâtel recensait pas moins de 40 centenaires pour 100 000 habitants alors que la moyenne nationale est seulement de 22. Neuchâtel est avec le Tessin l’endroit où la longévité est la plus forte. Les aînés représentent désormais une proportion supérieure aux moins de 20 ans qui, eux, diminuent année après année. Ce constat découle d’une évidence : la population ne cesse d’augmenter en Suisse, notamment en raison de l’immigration, et les gens vivent toujours plus longtemps. Mais à partir de quand est-on considéré comme vieux ? On a souvent tendance à associer la retraite à la vieillesse. Or, les plus de 65 ans sont de plus en plus en forme. La révolte des supers pépés en quelque sorte. En cette période de pénurie de main-d’œuvre, on en voit beaucoup prolonger leur job ou même revenir dans le monde du travail en mettant leur expérience au service de la communauté.

Période difficile Toutefois, il faut bien le reconnaître, le 3e âge reste une période difficile pour une grande partie des personnes qui la vivent. Toutes n’ont pas la chance d’être en bonne santé et beaucoup sont pénalisées par des revenus trop faibles qui plombent leur moral et leur fragile futur. Les sympathiques petits vieux anonymes que l’on croise au bord du lac, appuyés sur leur canne, cachent

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souvent un mal-être que les quelques pas quotidiens ne sauraient effacer. Le temps passe si vite. Dans ma tête, je n’ai pas encore réalisé que j’ai rejoint le club des aînés depuis belle lurette. Mais la réalité et mon état physique me rappellent l’évidence lorsque je dois me baisser : le sol est toujours plus bas… Cette métaphore suffit à me convaincre que je n’atteindrai pas les cent ans et que, par conséquent, je ne battrai pas le record du monde des centenaires détenu par un Japonais de 104 ans qui a couru le 100 mètres en 29’’43. Une certaine angoisse monte gentiment en ouvrant le journal tous les matins et en consultant les avis mortuaires : un ou une connaissance en moyenne disparaît chaque semaine.

En fin de compte, la vieillesse est un passage obligé (si on y arrive) que chacun cultive et prolonge selon ses moyens physiques et financiers, avec des disparités énormes comme pour toutes les tranches d’âge. Mais sans aucun espoir d’échapper au dernier soupir. Orson Welles résume tout dans son film Citizen Kane en affirmant : « La vieillesse est la seule maladie dont on n’attend pas la guérison ». n

Le rôle des EMS L’objectif de tous les vieux ? Terminer leur parcours dans la dignité et, si possible, chez eux entourés de leurs proches. Les Etablissements médico-­sociaux sont pourtant pleins à craquer en Suisse, ce qui prouve que cet objectif n’est pas facile à atteindre. Il existe une bonne cinquantaine d’EMS dans le canton de Neuchâtel et la plupart d’entre eux offrent une qualité de vie décente que méritent bien les aînés. Mais il y a aussi des établissements qui ne sont qu’alibis et qui ressemblent à des prisons. J’en ai fait l’expérience avec ma compagne, placée dans un home du centre-ville de Neuchâtel censé transmettre l’espérance. Sombre, lugubre, avec des chambres trop petites, sans sanitaires, le lieu trahit sa mission et inspire malaise et dépit. Pour combien de temps encore ?

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