"L'impact économique des dispositifs de promotion de la santé et du bien-être social des seniors"
L’IMPACT ÉCONOMIQUE
DES DISPOSITIFS DE PROMOTION DE LA SANTÉ ET DU BIEN-ÊTRE SOCIAL DES PERSONNES ÂGÉES
Résumé
Protéger nos aînés, préserver notre système social.
Ce que l’on sait de l’efficacité sociale, sanitaire et économique des services dédiés aux personnes âgées.
Le rapport intitulé « L’impact économique des dispositifs de promotion de la santé et du bien-être social des personnes âgées » commandé à la Chaire UNESCO et Centre Collaborateur OMS « EducationS & Santé » par Pro Senectute, présente une analyse approfondie des données disponibles sur l’impact économique des interventions ayant fait la preuve de leur efficacité auprès des personnes âgées.
Le rapport rappelle que si l’augmentation des dépenses en fin de vie est difficilement évitable, ce n’est en aucun cas celui des années et décennies qui précèdent car les études montrent que vieillir en bonne santé est possible. En termes d’éthique comme de soutenabilité financière, la priorité est ainsi avant tout de limiter la durée de la période de dépendance notamment par la prévention et la promotion de la santé. Sur la base des données disponibles, il apparait que dix familles d’interventions probantes permettant d’impacter l’état de santé des personnes âgées et/ou un déterminant majeur du vieillissement peuvent être identifiées. Il s’agit des programmes d’exercices physiques, des interventions psychocorporelles (yoga, tai chi, qi jong, danse, Pilates, méditation…), des interventions de stimulation cognitive, des interventions intergénérationnelles, des interventions s’appuyant sur les technologies de l’information et de la communication, des interventions culturelles, les visites à domicile, des groupes d’activités et d’entraide,
des interventions d’aide alimentaire et des interventions éducatives/d’accompagnement.
L’analyse de l’impact économique des interventions auprès des personnes âgées fait appel à une large diversité d’approches (coût-efficacité, coût-utilité, coûtbénéfice, coûts-conséquences…). Les données montre que, dès lors qu’elles sont mis en œuvre en référence à des critères de qualité exigeants (compétences et engagement des professionnels et des bénévoles, participation effective des seniors, valorisation de la capacité d’action des personnes, partenariats avec les acteurs locaux et les aidants, ancrage dans une vision intégrée du bien-être des personnes, durée suffisante…), ces interventions de promotion de la santé et du bienêtre ont une réelle pertinence sociale, sanitaire et économique. Se référer à la qualité des interventions est décisif car la prévention et l’accompagnement social peuvent certes permettre d’améliorer à coût raisonnable la santé des populations, mais à condition de sélectionner les stratégies les plus efficientes. Il ne s’agit pas d’un enjeu secondaire car il est ici question à la fois de la capacité des cantons à déployer une offre adaptée des personnes âgées plus nombreuses d’une part et, d’autre part, à garantir sa soutenabilité économique.
Introduction
Avec l’arrivée à l’âge de la retraite des générations nombreuses du baby-boom et l’allongement de la vie, le nombre des personnes âgées (personnes de 65 ans ou plus) va fortement augmenter d’ici à 2040. Selon les projections démographiques de l’Office Fédéral de la Statistique, l’augmentation de la population âgée de 65 ans ou plus sera très forte entre 2020 et 2030, avec une croissance de près de 30%. En effet, au cours de cette décennie, les générations les plus nombreuses du baby-boom entreront progressivement dans le troisième âge. L’accroissement de la population de 65 ans ou plus entre 2018 et 2050 se montera à environ 70%. A l’horizon 2050, la Suisse dénombrera 2,7 millions de
personnes âgées de 65 ans ou plus contre 1,6 million à fin 2019 (OFS, 2020). Les caractéristiques des personnes âgées ne sont pas uniformes et sont marquées par des différences individuelles considérables: tranches d’âge, parcours de vie, ancrage familial, environnement, ressources matérielles et sociales. L’état de santé, le niveau d’indépendance et le sentiment d’avoir du pouvoir sur sa propre vie sont particuliers à chaque personne. Les personnes âgées ont donc des besoins et des souhaits qui leur sont propres. Par ailleurs, ceux-ci contribuent de façon considérable à la vie sociale et économique ; comprendre leurs besoins et favoriser leur ancrage social, c’est aussi leur permettre de donner le meilleur d’eux-mêmes au
Les résultats des recherches dédiées à la santé et au bien-être des personnes âgées montrent que la santé est influencée par les habitudes de vie, la situation socioéconomique et les environnements dans lesquels évoluent les personnes.
service de la communauté.
Les enjeux liés à ces évolutions sont majeurs, non seulement pour les personnes âgées elles-mêmes et leurs proches (1 Suisse sur 10 fournit des prestations de soins ou de soutien à ses proches) mais également pour l’ensemble de la société (la retraite et la santé sont les deux principales préoccupations des Suisses). La priorité est d’améliorer la qualité de vie des personnes vieillissantes et de leur permettre d’apporter, comme personnes et comme citoyens, leur contribution à la vie de communautés. C’est un processus d’accompagnement qui va de la période qui précède la retraite à la fin de vie. Les résultats des recherches dédiées à la santé et au bien-être des personnes âgées montrent que la santé est influencée par les habitudes de vie, la situation socioéconomique et les environnements dans lesquels évoluent les personnes. En agissant sur les différents déterminants de la santé, on prévient ainsi certains problèmes de santé pouvant mener à une perte d’autonomie. Créer des environnements favorables à la santé tout comme développer les capacités à agir des personnes âgées sont des enjeux centraux.
Le soutien que reçoivent les personnes âgées est délivré par un réseau d’acteurs: aidants familiaux, bénévoles et professionnels. Permettre à chacune et à chacun de bien vieillir passe par une articulation harmonieuse des différentes formes d’accompagnement afin de répondre à des besoins par essence évolutifs. S’assurer de la qualité de cet accompagnement pour toutes les personnes âgées du canton est un enjeu de premier ordre. Les évolutions démographiques et épidémiologiques conduisent à interroger plus que jamais la façon dont les politiques et les interventions centrées sur le bien vieillir sont soutenables et équitables. Les problématiques d’efficacité comme de coût-efficacité des interventions sont appelées à être éclairées par des données solides, notamment celles produites par Promotion Santé Suisse et l’OFAS.. C’est la raison pour laquelle a été lancé un dispositif de revue de littérature internationale et de partage de connaissances sur la contribution des interventions de promotion de la santé et du bien-être social au bien vieillir.
Finalité d’ensemble du travail
Il s’agit de rendre plus lisible, sur la base des données scientifiques disponibles, l’impact sanitaire, social et économique des interventions de promotion de la santé et du bien-être social.
Il convient de préciser ici que du fait de la nature même du savoir scientifique, de son ancrage dans des théories et du fait qu’il est en perpétuel remaniement, il n’y a pas d’application directe des données de la recherche dans les politiques et les interventions. Les données
evidence-based constituent une source essentielle pour le pilotage des diverses institutions en charge de la santé des populations mais ce sont les instances légitimes qui sont seules en situation de définir les stratégies mises en œuvre. Les résultats des travaux de recherche qui seront mobilisés dans la présente démarche ont ainsi pour vocation d’éclairer la réflexion de l’ensemble des parties prenantes à l’échelle cantonale et nationale.
Approche méthodologique
La première partie du travail, fondée sur la méthodologie des scoping studies, a pour objectif d’identifier l’impact des interventions sur les déterminants de la santé et du bien-être social ainsi que, quand disponible, leur coût-efficacité (Arksey & O’Malley, 2005). Chaque fois que possible, les travaux relatifs à leur impact sur les inégalités seront mobilisés.
Livrables
La seconde partie ambitionne de produire un ensemble de contenus dédiés aux différents acteurs du bien vieillir dans le but de soutenir la démarche de plaidoyer.
Pour chacun des thèmes abordés, un bloc de 3 livrables a été produit :
Messages-clés
Les idées à retenir (langage grand public).
Analyse
Un texte décrivant les résultats et intégrant des éléments d’analyse (langage adapté aux décideurs et personnes intéressées par les données de la recherche sur le bien vieillir)
Illustration
Une figure de synthèse éclairant les données de façon visuelle.
A la fin du document se trouve la liste des études disponibles et les liens vers les articles et les rapports.
Table des matières
Agir sur des facteurs qui influencent le bien vieillir, un enjeu clé pour la soutenabilité de la protection sociale
Déployer une approche stratégique pour garantir la soutenabilité des systèmes de santé et de protection sociale 02
Cibler les déterminants clés du bien vieillir
S’appuyer sur une analyse du retour sur investissement intégrant les dimensions sociale, sanitaire et économique
Perspective d’ensemble sur l’efficience des interventions visant à promouvoir le bien vieillir
L’efficacité sociale, sanitaire et économique des interventions centrées sur l’activité physique des personnes âgées
L’efficacité sociale, sanitaire et économique des interventions psychocorporelles dédiées aux personnes âgées
L’efficacité sociale, sanitaire et économique des interventions centrées sur la santé mentale et la prévention du déclin cognitif des personnes âgées
L’efficacité sociale, sanitaire et économique des interventions centrées sur le développement des connaissances et des compétences des personnes âgées
L’efficacité sociale, sanitaire et économique des activités culturelles 10
L’efficacité sociale, sanitaire et économique du travail social communautaire
13
L’efficacité sociale, sanitaire et économique des logements adaptés et accompagnés au service des besoins des personnes
Conclusion : une démarche éthique et performante
Références
Liste des figures
Liste des tableaux
Les politiques visant à promouvoir un vieillissement sain et actif, qui ont une valeur intrinsèque en soi, telles que celles qui préviennent ou retardent la dépendance aux soins, contribueront aussi indirectement (par l’amélioration de la santé et de la capacité fonctionnelle) à la soutenabilité financière des dispositifs de protection sociale.
Agir sur des facteurs qui influencent le bien vieillir
Un enjeu clé pour la soutenabilité de la protection sociale
Messages clés
• Même si les coûts de santé augmentent avec l’âge des personnes, ce n’est pas le vieillissement de la population en soi qui a un impact majeur sur la structure des dépenses de santé.
• Si l’augmentation des dépenses en fin de vie est difficilement évitable ce n’est en aucun cas celui des années et décennies qui précèdent car les études montrent que vieillir en bonne santé est possible.
• En termes d’éthique comme de soutenabilité financière, la priorité est ainsi avant tout de limiter la durée de la période de dépendance notamment par la prévention et la promotion de la santé.
• L’action des associations, structures de soin et communes engagées dans des interventions auprès des personnes âgées ne constituent pas un élément marginal de la soutenabilité des politiques centrées sur le vieillissement, elles en constituent le cœur.
Analyse
Bombe à retardement, choc démographique, gouffre économique...: le vieillissement de la population va-t-il sonner le glas du système de protection sociale ? Au-delà des stéréotypes qui ont la vie dure, pour répondre à cette question il est nécessaire de regarder de près les données disponibles.
Il convient d’abord de rappeler que même si les coûts de santé augmentent avec l’âge des personnes, les rapports de l’Organisation Mondiale de la santé concernant la
région européenne montrent clairement que ce n’est pas le vieillissement de la population en soi qui a un impact majeur sur la structure des dépenses de santé. Lorsque la proximité du décès est prise en compte, la plupart des études ne montrent pas d’effet significatif de l’âge sur les dépenses de soins de santé. En effet, ce sont les coûts des soins vers la fin de la vie qui sont beaucoup plus élevés et ce quel que soit l’âge du décès (Normand et al., 2021).
Le vieillissement détermine-t-il les dépenses de santé et de soins sociaux
?
Malgré la relation apparemment étroite entre l’âge civil et les coûts des soins de santé, les analyses ont toujours montré que le vieillissement de la population n’aura pas, en soi, d’impact majeur sur la structure des dépenses de santé à l’avenir. Il est peu probable que la croissance des dépenses de santé imputable au vieillissement de la population dépasse de manière significative l’augmentation des ressources due à la croissance économique. Cela s’explique par le fait que :
• Le vieillissement est un processus très lent, de sorte que toute évolution des dépenses due au vieillissement sera également lente.
• La recherche a montré que des facteurs tels que les décisions politiques concernant les droits et les coûts liés à l’adoption de nouvelles technologies ont un effet plus important sur les dépenses.
• Les coûts des soins sont beaucoup plus élevés vers la fin de la vie et, comme la plupart des gens meurent à un âge avancé, cela donne l’impression que les coûts augmentent avec l’âge.
Lorsque la proximité du décès est prise en compte, la plupart des études ne montrent pas d’effet significatif de l’âge calendaire sur les dépenses de santé. En outre, bien que les dépenses de soins sociaux augmentent avec l’âge ainsi que dans la période précédant immédiatement le décès, les coûts des soins sociaux représentent généralement une part relativement faible de l’ensemble des dépenses de santé et de soins sociaux. Même si les investissements visant à améliorer la qualité et l’accessibilité des interventions sociales augmenteront inévitablement les niveaux de dépenses, les dépenses de soins sociaux resteront probablement bien inférieures à celles des soins de santé (Cylus et al., 2019).
Si l’augmentation des dépenses en fin de vie est difficilement évitable, ce n’est en aucun cas celui des années et décennies qui précèdent car les études montrent que vieillir en bonne santé est possible. Il faut certes se préparer à accompagner une génération plus nombreuse de personnes dans les derniers mois de la vie et prévoir les structures nécessaires comme anticiper les coûts induits, mais en termes d’éthique comme de soutenabilité financière, la priorité est ainsi avant tout de limiter la durée de la période de dépendance. Le premier défi à relever n’est pas celui du vieillissement, c‘est celui du vieillissement en bonne santé !
Les études économiques montrent également que même si la génération du babyboom est plus nombreuse et donc nécessite des moyens plus importants, plusieurs éléments
indiquent que l’évolution des dépenses de santé sera très progressive et relativement limité en comparaison des facteurs de coût traditionnels tels que l’augmentation des prix et l’innovation technologique. Il s’agit notamment du fait que le vieillissement d’une population est un processus très lent et que la contribution économique et sociale des personnes âgées est importante. Les modèles élaborés en Europe montrent que si des politiques adaptées sont mises en œuvre, il est peu probable que la croissance des dépenses de santé liées au vieillissement de la population mette en péril les systèmes de protection sociale. De telles politiques, si elles visent la maîtrise des coûts de santé liés aux évolutions de la pyramide des âge doivent agir sur de nombreux facteurs tels que la promotion d’un vieillissement sain et actif, la contribution des aînés à la
vie économique, le financement du système de protection sociale, le soutien aux proches aidants… Les interventions visant à créer les conditions du bien vieillir ont montré à la fois leur efficacité sur la santé des personnes (capacité physique, prévention des chutes, hypertension, diminutions des hospitalisations et des réhospitalisations, bien-être psychique, limitation du déclin cognitif, qualité de vie, sommeil, douleur, isolement social... ) et une efficacité économique attestée par les analyses coût/ efficacité. A titre d’exemple, une étude montre qu’un programme à domicile intégrant des informations sur l’offre
locale tant associative que municipale et l’aménagement du logement en vue de la prévention des chutes réduit significativement les coûts sociétaux complets incluant les soins de santé, l’aide à domicile, les soins informels et de l’hébergement en institution (de 23.736 CHF à 18.609 CHF par personne sur 4 ans) (Zingmark et al., 2019).
Il faut certes se préparer à accompagner une génération plus nombreuse de personnes dans les derniers mois de la vie et prévoir les structures nécessaires comme anticiper les coûts induits. Mais en termes d’éthique comme de soutenabilité financière, la priorité est ainsi avant tout de limiter la durée de la période de dépendance. Le premier défi à relever n’est pas celui du vieillissement, c‘est celui du vieillissement en bonne santé !
Des évolutions sont en cours du fait des démarches d’adaptation aux défis du vieillissement de la population, ce que l’on appelle souvent le virage domiciliaire et communautaire. Par exemple, sur les 10 dernières années le canton de Vaud a vu le nombre de bénéficiaires des prestations à domicile croitre deux fois plus vite que les personnes en Établissements médicaux sociaux ou séjours hospitaliers. Sur la même période, la durée moyenne des séjours hospitaliers des personnes âgées a baissé de 15%. Ces évolutions positives sont liées à une multiplicité de facteurs qui vont des choix financiers à la solidité et à la proximité du réseau des centres médico sociaux, à une articulation aux services de soin de santé primaire, hospitaliers, de réadaptation, palliatifs, à l’engagement des acteurs des champs du soutien au bien-être des personnes âgées, de l’activité physique et du sport,
de la vie culturelle, de la solidarité qu’ils soient liés aux communes ou à des organisations associatives. Relever le défi du bien vieillir c’est d’abord consolider cette architecture solide et équitable. Mais ceci n’est pas suffisant du fait de l’ampleur du défi à venir. Il est nécessaire de renforcer le pilotage du dispositif et les démarches qualité, de développer, coordonner et rendre accessible à tous l’offre sanitaire et sociale destinée aux personnes âgées, d’organiser plus avant les partenariats avec le système de soin et les acteurs engagés auprès des personnes âgées, de soutenir les proches aidants dans leur implication. Il est question ici de TOUS les ainés. Il n’est pas envisageable de laisser les plus vulnérables sur le bord du chemin. Tous doivent être en capacité de choisir une vie qui leur convient.
Le travail de l’Observatoire Européen des Politiques et Systèmes de Santé résume les enjeux de la façon suivante: « Des politiques soigneusement élaborées peuvent réduire les coûts des soins de santé et des soins de longue durée des personnes âgées, renforcer leur contribution économique par le biais du travail rémunéré et non rémunéré, et favoriser l’acceptabilité des financements et des transferts de revenus :
• Les politiques visant à promouvoir des interventions rentables en matière de santé et de soins de longue durée comprennent l’utilisation de la technologie, l’intégration des soins de santé et des soins de longue durée, ainsi que d’autres modèles de prestation de soins, et le soutien à de meilleurs choix de traitement et de soins vers la fin de la vie.
• Le maintien des personnes âgées dans un travail rémunéré dépend d’un certain nombre de facteurs, notamment de leur santé et, surtout, des rôles et des incitations en matière d’emploi et de pensions. En ce qui concerne le travail non rémunéré, les politiques peuvent inclure un soutien aux aidants informels par le biais de formations ou de transferts d’argent et d’interventions permettant aux aidants de combiner les soins non rémunérés avec un emploi rémunéré.
• Les systèmes de financement des soins de santé et des soins de longue durée pourraient devoir diversifier leurs sources de revenus afin de continuer à générer des ressources suffisantes. Parmi les politiques à l’étude figurent le recours accru aux impôts généraux ou aux sources privées dans les systèmes de protection sociale qui reposent largement sur les cotisations salariales, l’utilisation de l’hypothèque et l’introduction d’une assurance obligatoire pour les soins de longue durée. Dans l’ensemble, l’acceptabilité d’impôts et de transferts plus élevés dépendra de la transparence du processus et de la perception de l’équité des règles.
• Les politiques visant à promouvoir un vieillissement sain et actif, qui ont une valeur intrinsèque en soi, telles que celles qui préviennent ou retardent la dépendance aux soins, contribueront aussi indirectement (par l’amélioration de la santé et de la capacité fonctionnelle) à atteindre tous les autres objectifs politiques décrits ci-dessus (Cylus et al., 2019) ».
Figure 1 : Coûts des soins médicaux au cours des 6 derniers mois de vie ou d’une période similaire pour les survivants en Colombie-Britannique en 1995 (Mcgrail et al., 2000; Normand, 2021)
à 65 ans
Les dépenses de santé en fin de vie sont beaucoup plus élevées que celles des personnes d’âge similaire qui survivent ; à l’âge de 65 ans, les dépenses sont 18 fois plus élevées, et cinq fois plus élevées à 90 ans. En outre, les dépenses de soins de santé sont modestes pour les survivants et, chez ces derniers, elles n’augmentent que progressivement avec l’âge. Enfin, les dépenses en fin de vie diminuent avec l’âge au-delà de 65 ans. Dans cette étude, les dépenses par personne étaient inférieures de plus d’un tiers en fin de vie pour les personnes décédées
à plus de 90 ans par rapport à celles décédées à 65 ans. Cette étude montre que si l’augmentation des dépenses en de fin de vie est difficilement évitable ce n’est en aucun cas celui des années et décennies qui précèdent car vieillir en bonne santé est possible. L’action des associations, structures de soin et communes engagées dans des interventions auprès des personnes âgées ne constituent pas un élément marginal de la soutenabilité des politiques centrées sur le vieillissement, elles en constituent le cœur.
Guide de lecture : Le coût médical généré par les personnes survivantes
est d’environ 900 $ canadiens alors que celui des personnes décédées à cet âge se monte à plus de 16 000 $ canadiens, soit 18 fois plus élevé.
Déployer une approche stratégique pour garantir la soutenabilité des systèmes de santé et de protection sociale 02
Messages clés
• Malgré une espérance de vie élevée globale à la naissance (83,4 ans), la Suisse se classe en milieu de tableau en Europe en termes d’espérance de vie en bonne santé (72,5 ans). Face à cette réalité, il est crucial de développer des politiques de prévention efficaces pour promouvoir un vieillissement en bonne santé.
• Les démarches préventives qui visent les facteurs qui conditionnent le vieillissement en bonne santé et contribuent à diminuer l’écart entre espérance de vie en bonne santé et espérance de vie globale ont également des effets économiques.
• Selon l’étude de Masters et al., le retour sur investissement médian des interventions de santé publique est de 14,3 pour 1.
• En termes d’efficacité comparée, les interventions sur l’environnement de vie étaient généralement plus rentables que les interventions cliniques ou les interventions non cliniques dirigées vers la personne.
• C’est de l’articulation des interventions sur la personne avec les changements des environnements de vie que peut émerger une efficacité et une efficience réelle.
Analyse
L’espérance de vie et l’espérance de vie en bonne santé sont deux concepts clés utilisés pour évaluer la santé et le bien-être d’une population. Bien qu’ils soient souvent utilisés de manière interchangeable, ils reflètent en réalité des aspects différents de la santé globale d’une société. L’espérance de vie à la naissance représente la durée moyenne de vie d’une population donnée une année donnée. Elle est calculée en prenant en compte le nombre moyen d’années qu’une personne peut s’attendre à vivre à la naissance, en tenant compte des taux de mortalité une année donnée dans cette population. En revanche, l’espérance de vie en bonne santé, également appelée espérance de vie sans incapacité, se concentre sur la durée de vie pendant laquelle une personne peut
s’attendre à vivre sans subir de limitations majeures liées à la santé. Elle prend en compte non seulement la durée de vie, mais aussi la qualité de vie, en évaluant la capacité d’une personne à mener une vie active et indépendante.
Malgré une espérance de vie à la naissance élevée (83,4 ans), la Suisse se classe en milieu de tableau en Europe en termes l’espérance de vie en bonne santé (72,5 ans). De nombreuses personnes vivent une grande partie de leur vie avec des problèmes de santé qui limitent leurs activités quotidiennes. Cela peut inclure des maladies chroniques, des incapacités physiques ou mentales, et d’autres problèmes de santé qui affectent la qualité de vie (OCDE, 2021). Face à cette réalité, il est
La prévention tout le long de l’existence de l’individu est un investissement efficace exerçant un impact majeur sur le développement social et économique de la société.
crucial de développer des politiques de prévention efficaces pour promouvoir un vieillissement en bonne santé. Et: les données internationales montrent que c’est possible ! De telles politiques et interventions existent, de nombreuses études font la preuve de leur pertinence sanitaire, sociale et économique (Lamboy et al., 2019). C’est pourquoi l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), « reconnaissant que 86 % de l’ensemble des décès et 77 % de la charge de morbidité sont imputables aux maladies non transmissibles dans la Région européenne » et que la charge de ces maladies peut être nettement réduite par la prévention, recommandait en 2006 « de considérer la prévention tout le long de l’existence de l’individu comme un investissement efficace exerçant un impact majeur sur le développement social et économique de la société, et de réaffecter les ressources en conséquence » (Cash & Fourcade, 2023).
L’enjeu est en fait de cibler les différents déterminants de la santé pour influencer les facteurs de risque et les facteurs de protection (logement, soutien social, mode de vie, accès équitable aux soins de santé…). Les programmes de prévention doivent également mettre l’accent sur
la gestion des maladies chroniques, la promotion de la santé mentale et le soutien aux personnes âgées pour maintenir leur indépendance le plus longtemps possible. Investir dans des services de santé communautaires, des programmes de soutien aux aidants naturels et des initiatives de logement adapté peut également contribuer à améliorer la qualité de vie des personnes âgées (WHO, 2023). Il est possible de résumer les axes essentiels d’une politique de promotion de l’autonomie selon l’OMS :
1. Promouvoir des modes de vie sains : lutte contre la sédentarité, le tabagisme, l'alcoolisme et l'obésité, sensibilisation à une alimentation équilibrée ;
2. Améliorer l'accès aux soins médicaux et à la prévention : renforcement des services de proximité, développement de la télémédecine, prise en charge des maladies chroniques ;
3. Adapter l'environnement et le logement : favoriser l'accessibilité et la sécurité, lutter contre l'isolement social, encourager le maintien à domicile ;
4. Investir dans la recherche : développer des solutions innovantes pour prévenir les maladies et les handicaps liés à l'âge.
5. Réduire les inégalités sociales et territoriales de santé :
les populations défavorisées sont plus exposées aux facteurs de risque de maladies chroniques et ont une espérance de vie en bonne santé plus faible ;
6. Valoriser le rôle des aidants familiaux : ils jouent un rôle essentiel dans le maintien à domicile des personnes âgées et fragilisées ;
7. Changer le regard sur la vieillesse : promouvoir une image positive du vieillissement et lutter contre l'âgisme (WHO, 2023).
Comme indiqué dans le premier chapitre de ce rapport, les démarches préventives qui visent les facteurs qui conditionnent le vieillissement en bonne santé et contribuent à diminuer l’écart entre espérance de vie en bonne santé et espérance de vie globale à la naissance ont également des effets économiques. La revue de
Masters et al., sur la base 2957 titres et 52 études intégrées à l’analyse a porté sur l’analyse de l’impact économique de mesures de santé publique en général (et pas seulement en direction des personnes âgées). Le travail a consisté à identifier les études et à calculer le retour sur investissement ou un rapport coût-bénéfice. Le retour sur investissement médian des interventions de santé publique était de 14,3 pour 1, et le rapport coût-bénéfice médian de 8,3. Les auteurs concluent que cet examen systématique suggère que les interventions de santé publique locales et nationales qui visent les déterminants de la santé permettent de réaliser d'importantes économies (Masters et al., 2017).
En ce qui concerne spécifiquement le contexte helvétique, la synthèse Promotion Santé Suisse est très éclairante quant à l’impact économique sur le vieillissement en
Vieillir en bonne santé est intéressant sur le plan économique
Les coûts des soins de longue durée pour les personnes âgées par le biais des établissements médicosociaux et des soins médicaux à domicile s’élevaient à environ 16,4 milliards de francs suisses en 2018. Cela représentait environ 20,4 % du coût total des soins de santé. Les cantons et les communes financent une grande partie de ces dépenses : environ 25 % des soins de longue durée stationnaires (en établissements) et 17 % des soins de longue durée ambulatoires.
À l’avenir, les besoins en matière de soins de longue durée et de soins aux personnes âgées continueront d’augmenter en raison du vieillissement démographique, ce qui entraînera également une hausse des coûts pour les cantons et les communes. La croissance des coûts des soins médicaux – et, dans une moindre mesure, de la médecine aiguë – peut être considérablement freinée grâce à une promotion efficace de la santé chez les personnes âgées elles-mêmes.
La prévention des chutes est un autre exemple des avantages de la promotion de la santé des personnes âgées. Moins de chutes chez les personnes âgées signifie moins de conséquences graves pour elles (p. ex. souffrances, hospitalisations ou perte d’autonomie en raison des limitations de la mobilité) et moins de dépenses de santé pour le secteur public. Le Bureau pour la prévention des accidents estime son coût économique total à environ 16 milliards de francs suisses par an. Les coûts matériels, par exemple pour la guérison et les soins, s’élèvent à eux seuls à environ 1,7 milliard de francs. Les calculs du modèle peuvent être utilisés pour estimer le potentiel d’économie total si les gens restent en bonne santé aussi longtemps que possible. Selon une étude réalisée par l’Université de Saint-Gall en 2019, l’augmentation des coûts des soins de longue durée devrait être inférieure d’environ deux tiers d’ici 2050 si le nombre des années de vie marquées par la maladie et nécessitant des soins peut être réduit. Les auteurs de l’étude concluent qu’une évolution positive de la santé des personnes âgées « peut atténuer dans une large mesure l’impact de la croissance et du vieillissement de la population sur le coût des soins de longue durée ». Ces calculs confirment les résultats d’une étude légèrement plus ancienne datant de 2012. Elle avait conclu que l’augmentation future des dépenses de santé pourrait être jusqu’à 40 % inférieure si le nombre d’années de vie marquées par la maladie et nécessitant des soins pouvait être réduit. Il serait ainsi possible de réaliser des économies annuelles de plus de 10 milliards de francs à l’avenir. Même si d’autre déterminants sont à l’œuvre (démarches de prévention, évolution des conditions et des modes de vie, progrès technologiques, développement de médicaments …), le coût futur du système de santé dépend de la santé de la population vieillissante. En effet, les personnes âgées en bonne santé ont besoin de moins de services du système de santé et de soins. En outre, le besoin de soutien informel de la part des proches diminue également, ce qui soulage les femmes en particulier et facilite leur participation au marché du travail. Enfin, les personnes âgées s’engagent de nombreuses manières différentes et indispensables pour leur environnement personnel et social, par exemple en tant que bénévoles ou en soutenant des membres de leur famille – ce qui est plus facile à faire si l’on est en bonne santé (modifié de Promotion Santé Suisse, 2022).
bonne santé.
Il convient à ce stade de préciser que les données montrent que tous les types d’intervention n’ont pas le même impact économique. Pour répondre à la question de savoir quelles sont les approches les plus coût-efficaces, l’étude de Chokshi et Farley distingue trois familles d’interventions de santé publique qui correspondent aux trois grands domaines d’action de la santé publique (cf. chapitre 4) :
• les actions sur l’environnement de vie
• les actions centrées sur la personne
• les interventions de prévention clinique.
Les interventions environnementales étaient généralement plus rentables que les interventions cliniques ou les interventions non cliniques dirigées par la personne (Figure 2).
Figure 2 : Coûts-efficacité des interventions publiées par catégories d’intervention préventive (Chokshi & Farley, 2012)
Guide de lecture : 46 % des interventions sur l’environnement (histogrammes bleus) sont jugées coût-efficaces (groupe d’histogrammes à gauche), alors que seules 16 % des interventions cliniques le sont ; elles sont majoritairement (34 %) dans le groupe de
La proportion des interventions qui permettaient de réduire les coûts (à gauche de l’histogramme) était plus élevée parmi les interventions environnementales (46 %) que parmi les interventions cliniques (16 %, P<0,001) ou les interventions non cliniques dirigées par la personne (13 %, P<0,001). La distribution des ratios coût-efficacité2 était similaire pour les interventions cliniques et les interventions non cliniques dirigées par la personne. Cette donnée est essentielle pour définir les stratégies d’intervention. C’est de l’articulation des interventions sur la personne aux changements des environnements de vie
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que peut émerger une efficacité et une efficience réelle. L’engagement des acteurs sociaux en matière de plaidoyer pour faire évoluer le cadre institutionnel et politique est le complément indispensable des dispositifs dédiés aux personnes.
1 Cf. définition du QALY au chapitre 4 page 26 : le concept de QALY consiste en une mesure unique et complète de l’amélioration de la qualité de vie prenant en compte à la fois l’effet quantitatif (durée de vie) et l’effet qualitatif (qualité de vie).
2 Cf. définition d’une étude coût-efficacité au chapitre 4 page 25.
ratio 10 000 à <50 000 $ par QALY (Quality adjusted life
Figure 3 : Espérance de vie à 65 ans et parts des années de vie en bonne santé et avec limitation de l’activité, par sexe et selon les pays en 2019 (ou année la plus proche)
Guide de lecture : la Suisse présente une espérance de vie à 65 ans de 23 ans chez les femmes, dont 54 % avec limitation de l’activité et 46 % en bonne santé. Ces chiffres chez les hommes sont respectivement de 20,3 ans, 45 % et 55%, soit une bascule entre vie en bonne santé et avec limitation de l’activité.
Si la Suisse a l’une des espérances de vie à 65 ans la plus élevée en Europe (23,0 ans), l’espérance de vie en bonne santé est quant à elle dans la moyenne, derrière des pays des pays comme l’Irlande, la Suède, la Norvège ou l’Allemagne alors que l’espérance de vie dans ce dernier
pays est de près de 2 ans inférieur à celui de la Suisse (Figure 3). La question principale est donc celle de la vie en bonne santé et donc celle de l’action sur les déterminants de la santé (OCDE, 2021).
Cibler les déterminants
clés du bien vieillir
Messages clés
• On entend par déterminants de la santé les facteurs personnels, sociaux ou environnementaux qui ont un impact sur la santé des individus ou des populations.
• Les dix déterminants identifiés pour un vieillissement en bonne santé sont: l’activité physique, l’alimentation, la conscience de soi, les perspectives pour le futur/l’attitude par rapport à la vie en général, l’apprentissage tout au long de la vie, la confiance dans sa dimension spirituelle, le soutien social, la sécurité financière, l’engagement communautaire et l’indépendance.
• La prévention vise les déterminants modifiables de la santé, non seulement ceux liés aux actions sur les individus, comme les comportements en matière de santé et le mode de vie, mais également les facteurs tels que le revenu et le statut social, les conditions de vie, l’accès aux services de santé appropriés et l’environnement physique.
Analyse
On entend par déterminants de la santé les facteurs personnels, sociaux ou environnementaux qui ont un impact sur la santé des individus ou des populations. Ces déterminants interagissent entre eux et définissent les conditions de vie qui influent sur la santé. On peut organiser les déterminants en cinq catégories (figure 4) :
1. Les caractéristiques individuelles irréductibles qui influencent la santé (l’âge, le sexe et le patrimoine génétique) ;
2. Les facteurs liés aux représentations de la santé, aux comportements et styles de vie personnels qui sont influencés par les modèles qui régissent les relations sociales dans les communautés et dans la société en général. Ces rapports peuvent être favorables ou défavorables à la santé. Les personnes défavorisées ont tendance à montrer une prévalence plus élevée des facteurs comportementaux à risque pour la santé comme le tabagisme ou une alimentation médiocre, et feront également face à des contraintes financières plus importantes pour choisir un style de vie plus sain ;
3. Les réseaux relationnels et communautaires
comprenant les influences sociales et collectives: l’ancrage dans une communauté, une culture, la présence ou l’absence d’un soutien mutuel dans le cas de situations défavorables ;
4. Les facteurs liés aux conditions de vie et de travail se rapportent à l’accès aux services et aux équipements essentiels : eau, habitat, services de santé, nourriture, éducation ainsi que le rapport à l’environnement local. Des conditions d’habitat plus précaires, l’exposition à des conditions de travail plus dangereuses et stressantes et un accès médiocre aux services créent des risques différentiels pour les personnes socialement défavorisées ;
5. Les conditions socio-économiques, culturelles et environnementales englobent les facteurs qui influencent la société dans son ensemble. La situation économique du pays, le contexte social, le marché du travail ont une incidence sur tous les autres déterminants.
Figure 4 : Les déterminants de la santé selon Dahlgreen et Whitehead
La prévention vise les déterminants de la santé modifiables, non seulement ceux liés aux actions sur les individus, comme les comportements à risque pour la santé et le mode de vie, mais également les facteurs tels que le revenu et le statut social, les conditions de vie, l’accès aux services de santé appropriés et l’environnement physique. La démarche préventive est fondée sur la connaissance des déterminants de la santé ainsi que des pratiques sociales et culturelles des populations et des individus
concernés. Elle se traduit par une triple dynamique :
• Agir sur les milieux de vie des populations dans le but de créer des environnements favorables à la santé ;
• Accompagner les personnes dans l’acquisition des moyens de prise en charge de leur propre santé via des actions d’information ou d’éducation ;
• Permettre l’accès à des services médicaux de prévention (dépistage, vaccination, médicaments à visée préventive…).
A titre d’exemple d’action sur les déterminants environnementaux de la santé, on peut citer l’article “Considérations coût-bénéfice3 de la prévention des chutes chez les personnes âgées grâce à des modifications environnementales des domiciles à Hana, Maui” qui examine les implications financières de la prévention des chutes chez les personnes âgées par le biais de modifications environnementales dans leur maison à Hana, Maui. L’étude a révélé que ces aménagements, telles que l’installation de rampes et de barres d’appui, ont entraîné une réduction significative du nombre de chutes chez les personnes âgées. En termes de coût-efficacité4, chaque dollar investi dans ces modifications a généré des économies estimées à 1,38 dollar, mettant en évidence l’efficacité financière de telles interventions pour prévenir les chutes et réduire les coûts associés aux blessures chez les personnes âgées (Ling et al., 2008).
En ce qui concerne spécifiquement les personnes âgées, l’étude d’Abud et al. visait à identifier les facteurs susceptibles d’agir sur le vieillissement en bonne santé sur la base d’une large revue de littérature (3329 articles dont 9 intégrés dans l’analyse finale). Les études éligibles devaient présenter un cadre clair du vieillissement en bonne santé dans un ou plusieurs des trois domaines qui caractérisent la santé (physique, mental/cognitif, social). A l’issue de l’analyse, les dix déterminants identifiés pour un vieillissement en bonne santé sont : l’activité physique, l’alimentation, la conscience de soi, les perspectives pour le futur/l’attitude par rapport à la vie en général, l’apprentissage tout au long de la vie, la confiance dans sa dimension spirituelle, le soutien social, la sécurité financière, l’engagement communautaire et l’indépendance (Abud et al., 2022) :
• Bien-être physique : les études soulignent la nécessité de maintenir un bon niveau de capacité physique pour favoriser un vieillissement en bonne santé.
• Alimentation : trois études ont utilisé le régime alimentaire comme déterminant de la santé physique, mais les spécificités du type de régime ou des éléments nutritionnels n’ont pas été rapportées.
• Bien-être mental/cognitif : toutes les études ont pris en compte les déterminants mentaux/cognitifs d’un vieillissement en bonne santé réussi. Quatre déterminants principaux sont apparus en relation avec
1 Cf. définition de coût-bénéfice au chapitre 4 page 26.
2 Cf. définition de coût-efficacité au chapitre 4 page 25.
le domaine du bien-être mental/cognitif, à savoir la conscience de soi, les perspectives pour le futur/ l’attitude par rapport à la vie en général, l’apprentissage tout au long de la vie et la foi, le déterminant de la conscience de soi comprend l’estime de soi, la réussite personnelle, la résilience, la conscience du corps et le sens de l’objectif. Il a été noté que le fait d’avoir une attitude positive à l’égard de l’avenir avait un impact positif sur le vieillissement.
• La confiance dans son sens spirituel, la foi est présente dans cinq études, qui incluaient les aspects des croyances, de la religion et de la spiritualité.
• L’apprentissage tout au long de la vie (par exemple, la lecture, l’adoption d’un nouveau passe-temps ou l’apprentissage d’une nouvelle langue), relevé dans trois études, est étroitement lié aux perspectives/ l’attitude. S’engager dans un apprentissage actif est très important pour réussir à vieillir en bonne santé, en particulier dans le domaine de la technologie. En outre, l’apprentissage continu a un bon impact cognitif et contribue à maintenir les fonctions cognitives d’une personne vieillissante.
• Bien-être social : toutes les études ont pris en compte les déterminants sociaux d’un vieillissement en bonne santé. Trois déterminants principaux (soutien social, sécurité financière, engagement communautaire) ont été identifiés. Le soutien social a été défini comme
l’établissement de relations et de rapports non seulement avec les membres de la famille, mais aussi avec des connaissances.
• L’engagement communautaire (identifié dans sept études) va du bénévolat aux rassemblements religieux, en passant par la connaissance de la communauté.
• La sécurité financière est également un déterminant majeur du bien vieillir. L’aspect clé relevé dans toutes les études qui incluaient la sécurité financière était la capacité de continuer à mener une vie confortable et, pour beaucoup, de ne pas avoir à dépendre des autres.
• L’indépendance en tant que déterminant a été examinée dans six études et est présente dans les trois domaines. Elle comprend des aspects tels que la capacité physique ou mentale/cognitive d’une personne à vivre sans aide, ainsi que l’indépendance financière vis-à-vis de la famille ou des amis. Différentes études ont clairement montré que la façon dont l’indépendance est perçue change en fonction de la situation de l’individu.
• L’intrication de ces déterminants souligne le fait que le vieillissement en bonne santé ne peut être segmenté en facteurs isolés (Abud et al., 2022).
Une telle approche montre la multiplicité des déterminants du bien-vieillir et met à distance les interprétations simplistes fondées sur une association trop étroite entre vieillissement réussi et absence de pathologie. Par exemple, pour répondre à la question de savoir si vieillissement réussi et maladie chronique peuvent
coexister chez le même individu, l’étude de Young et al. s’est appuyée sur une approche multidimensionnelle du concept de vieillissement réussi. Ils rappellent qu’à ce jour, il n’y a toujours pas de consensus sur une définition ou une mesure standard du « vieillissement réussi ». La limitation la plus sérieuse des constructions contemporaines du vieillissement réussi est l’accent excessif mis sur les aspects physiologiques du vieillissement. Pour aller au-delà de cette perspective limitée qui met l’accent sur la maladie et l’incapacité, ils postulent qu’un vieillissement réussi peut coexister avec des maladies chroniques et des limitations fonctionnelles si des mécanismes psychologiques et/ou sociaux compensatoires sont utilisés (Young et al., 2009). Ces travaux montrent clairement que le bien-vieillir relève d’une dynamique large incluant l’engagement des acteurs locaux, communes ou associations capable d’agir concrètement sur les déterminants de la santé.
Que signifie la qualité de vie pour les personnes âgées ? La synthèse thématique de Leeuwen et al. a identifié neuf domaines de qualité de vie à partir de 48 études qualitatives menées auprès de différents groupes de personnes âgées. Les personnes âgées apprécient de se sentir en bonne santé et non limitées par leur condition physique, d’être capables de se débrouiller seules, de conserver leur dignité et de ne pas se sentir comme un fardeau, de passer du temps à faire des activités qui apportent un sentiment de valeur, de joie et d’implication, d’avoir des relations étroites qui les font se sentir soutenues et leur permettent de signifier quelque chose pour les autres, regarder le bon côté de la vie, se sentir en paix, se sentir attaché et expérimenter la foi et le développement personnel à partir de croyances, de rituels et de réflexion intérieure, se sentir en sécurité chez soi et vivre dans un quartier agréable et accessible, et ne pas se sentir limité par sa situation financière.
Il est important de noter que les domaines de la qualité de vie sont étroitement liés, ce qui signifie que les changements dans un domaine affectent probablement d’autres domaines de la qualité de vie (Leeuwen et al., 2019).
des interventions dédiées aux personnes âgées
Figure 5 : Représentation graphique des déterminants du vieillissement en bonne santé
Guide de lecture : Il y a dix formes délimitées, chacune représentant un déterminant du vieillissement. La bordure de l’étiquette de chaque forme est codée par couleur en fonction du domaine auquel elle correspond. Les nombres à l’intérieur de chaque forme de chevauchement représentent le nombre d’études incluant cette combinaison de déterminants : 0 = aucune étude partagée, 1 = une étude partagée, 2 = deux études partagées. Venndiagramme créé à l’aide de Bioinformatics and Evolutionary Genomics (https:// bioinformatics.psb.ugent.be/webtools/Venn/) repris de Abud et al., 2022.
S’appuyer sur une analyse du retour sur investissement intégrant les dimensions sociale, sanitaire et économique 04
Messages clés
• L’analyse de l’impact économique des interventions auprès des personnes âgées est complexe. Elle fait appel à une large diversité d’approches, concepts ou indicateurs (coût-efficacité, coût-utilité, coût-bénéfice, coûts-conséquences…).
• Les principales limites des études sont la durée (mesures souvent limitées à 1 an) et la prise en compte d’un nombre limité d’impacts sur la santé des personnes.
• Les données disponibles sont riches mais pas toujours faciles à comparer du fait de la diversité des publics (âge, situation sociale, niveau d’autonomie), des interventions, des coûts pris en compte.
• Les approches fondées sur le retour sur investissement social qui intègre une large palette d’impacts à long terme sont prometteuses.
Analyse
Mesurer l’efficience, c’est-à-dire le meilleur rapport coût/ performances des interventions est une tâche complexe, différentes approches ont été mises au point pour y parvenir (Crochard-Lacour & LeLorier, 2000). Pour cela, il faut pouvoir mesurer les coûts, mesurer les résultats et combiner ces deux éléments.
Dans la bibliographie relative aux interventions de promotion de la santé et du bien-être social des personnes âgées, on utilise classiquement les études
Retour sur investissement
Le retour sur investissement est un quotient qui a pour objectif de calculer le pourcentage de gain à attendre d’un investissement par rapport à la mise de départ. La formule générale du retour sur investissement est : (gains – coûts de l’investissement) se réduire à l’aspect économique / coûts de l’investissement (en l’occurrence les interventions de promotion de la santé et du bien-être social des personnes âgées). Pour autant la rentabilité véritable des interventions ne peut donc se réduire à l’aspect économique. Elle doit intégrer des effets de santé non marchands, qu’il est possible de quantifier mais plus difficilement de monétariser. L’approche consiste non pas à opposer des coûts dépensés aux coûts économisés mais des coûts nets à des bénéfices en matière de santé et de bien-être social des personnes. C’est l’objet de la “ médico-économie “ de déterminer le rapport coût / bénéfice d’une intervention en exprimant le bénéfice sous forme d’années de vie gagnées, ou d’années de vie gagnées affectées d’un coefficient en reflétant la « qualité ».
Les études coût-efficacité
Dans ce type d’évaluation, on compare, pour plusieurs stratégies, les coûts et les résultats obtenus, ces derniers étant mesurés en unités physiques (par exemple, la réduction du nombre de chutes). Dans ce genre d’études, il importe de s’intéresser à un critère d’efficacité qui soit pertinent. Plusieurs critères peuvent être utilisés. Ce sont souvent, en premier lieu, des résultats intermédiaires, un déterminant de la santé. La question est alors de savoir s’il existe une liaison positive (et, si oui, laquelle : de type linéaire, proportionnel, etc.) entre ce résultat intermédiaire et l’amélioration de la santé. En second lieu, on peut recourir à des critères plus tangibles de cette amélioration, à savoir les années de vie gagnées, la mesure de la qualité de vie, telle qu’elle peut être mesurée par des instruments comme le questionnaire SF 36 (Gardeur, 1996).
coûts-conséquences, coût-efficacité, coût-utilité et coûtbénéfice. Nombreuses sont les études citées dans ce rapport qui utilisent ces approches. Plus récemment ont été développées des approches qui visent à intégrer une perspective plus large des impacts dans le retour sur investissement. Il convient ici de définir certains des concepts clés qui seront utilisés dans ce document.
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Les études coûts-conséquences
Dans l’approche de l’analyse coûts-conséquences, les coûts et les résultats sont présentés séparément souvent sous forme de tableaux (les résultats sont décrits sous la forme d’une liste d’effets mesurés dans différentes unités). Elle est utilisée dans le cas des interventions sociales ou de santé publique pour lesquelles l’éventail des effets peut être large et multidisciplinaire (Crochard-Lacour & LeLorier, 2000).
Questionnaire SF 36
Le SF-36 est un questionnaire robuste et fiable, validé, destiné à obtenir une mesure générique de la perception, par les personnes, de leur état de santé. Il comporte 36 questions permettant d’évaluer la qualité de vie liée à la santé générale. Les 36 questions sont réparties en huit dimensions correspondant chacune à un aspect différent de la santé. Ces dimensions sont le fonctionnement physique, la limitation des rôles en raison de problèmes physiques, la limitation des rôles résultant de problèmes émotionnels, la vitalité (énergie/fatigue), le bien-être émotionnel, le fonctionnement social, les douleurs corporelles, la perception de la santé générale et mentale (El Osta et al., 2019).
Les études coût-utilité
Ces études constituent un enrichissement des études coût-efficacité en ce sens que l’efficacité est ici pondérée par la qualité de vie afin de mesurer l’« utilité » de l’action ainsi évaluée. Dans ce type d’étude, le coût de la stratégie est mis en face du résultat de l’action, apprécié désormais à travers une mesure unique incorporant à la fois la quantité et la qualité de vie gagnée. On utilise en général les QALYs (Quality adjusted life years), qui multiplient chaque année de vie par une pondération comprise entre 0 et 1, pondération traduisant l’évaluation de l’état de santé (Gardeur, 1996). Fréquemment, cette analyse coût-utilité, c’est-à-dire la valeur du coût des services de santé divisée par la variation des années de vie ajustées en fonction de la qualité (AVAQ), est utilisée pour tester l’efficacité de différents types d’interventions (Chen et al., 2008)
Les études coût-bénéfice
Les études coût-bénéfice visent à évaluer les coûts et les résultats en termes monétaires. Pour apprécier les résultats en unités monétaires, deux méthodes sont utilisées. La première se propose de mesurer le prix de la vie humaine à partir de la théorie du capital humain. Elle consiste à valoriser les jours de vie ou de santé perdus à cause d’une atteinte, au moyen de la valeur productive de l’individu. Cette méthode n’est pas applicable au cas de patients âgés. La seconde méthode, dite d’évaluation contingente, tente de mesurer le consentement à payer des individus pour une amélioration de leur santé. Il s’agit ensuite de rapprocher les coûts d’une stratégie avec les coûts évités grâce à cette dernière (par exemple des journées d’hospitalisation en moins). Tant les coûts que les résultats sont alors estimés en unités monétaires, souvent en dollar. Mais il faut indiquer que cette approche ne prend pas en compte les résultats non tangibles d’une action de santé (Gardeur, 1996).
Les QALYs (Quality adjusted life years)
Le concept des QALY consiste en une mesure unique et complète de l’amélioration de la qualité de vie prenant en compte à la fois l’effet quantitatif (durée de vie) et l’effet qualitatif (qualité de vie). Pratiquement, la combinaison des deux dimensions est obtenue en pondérant la durée de vie par un coefficient compris entre 0 et 1 qui traduit la qualité de vie. La valeur 1 correspond à la bonne santé, la valeur 0 correspond à un état de santé ressenti comme le pire.
Le retour sur investissement social
Le Retour Social sur Investissement (SROI) est une méthode d’évaluation qui mesure l’impact social d’une intervention en traduisant ces impacts en termes monétaires. Cette approche, déployée depuis 2005, permet de quantifier les retombées sociales positives générées par une initiative, telles que l’amélioration de la qualité de vie, la réduction des inégalités ou la préservation de l’environnement, et de les comparer aux coûts investis (Banke-Thomas et al., 2015). Ainsi le SROI permet de fournir une évaluation plus complète et précise de l’efficacité d’une action sanitaire ou sociale, audelà des mesures traditionnelles telles que le nombre de personnes bénéficiaires ou le montant des dépenses. En convertissant les impacts sociaux en termes financiers, le SROI facilite la comparaison entre différentes interventions sociales et aide les décideurs à allouer les ressources de manière plus efficace. De plus, le SROI peut être un outil puissant pour démontrer la valeur ajoutée d’une initiative sociale aux parties prenantes, qu’elles soient des bailleurs de fonds, des investisseurs sociaux, des gouvernements ou des bénéficiaires euxmêmes (Stay Well at Home, 2022).
Cette diversité d’approches conduit à ce que le panorama des études relatives à l’efficience des interventions visant à promouvoir la santé et le bien-être social des personnes âgées soit riche et varié. Comme c’est fréquemment le cas dans le champ de l’évaluation des interventions de santé, les travaux montrent des résultats parfois discordants (certains de ces essais montrent des effets négatifs, d’autres positifs) en raison de la grande diversité de l’état de santé initial des sujets au moment où ils sont recrutés pour participer (sujets en bon état de santé, sujets fragilisés, sujets présentant une perte d’autonomie, sujets présentant une pathologie avérée plus ou moins sévère), de la grande variété des interventions testées (intervention isolée ou intervention multidomaine associant plusieurs
types d’interventions), ainsi que de la grande diversité des critères de jugement (déclin fonctionnel ou cognitif, chutes, fractures, entrée en institution, mortalité) (Andrieu, 2012; Coley et al., 2008; Dubas-Jakóbczyk et al., 2017). Des interventions apparemment similaires (par exemple, le tai-chi) peuvent être pratiquées à des degrés d’intensité et dans des contextes différents. Par conséquent, les résultats d’une étude particulière doivent toujours être analysés en fonction de ses paramètres spécifiques et de son contexte méthodologique (Dubas-Jakóbczyk et al., 2017)
A titre d’exemple, la figure 6 présente le ratio le plus fréquemment utilisé, à savoir le coût par chute évitée (chute en général ou chute entraînant des blessures modérées ou graves). La fourchette des valeurs estimées
dans les études est large. Selon les modes de calculs (le fait d’intégrer ou non une perspective sociétale large), la valeur la plus basse du coût par chute évitée (161 $) a été estimée par Robertson et al. pour une intervention d’exercice à domicile, tandis que la plus élevée (122 516 $) a été évaluée par Jenkyn et al. pour un programme multifactoriel de modification des facteurs de risque personnalisé (Bray Jenkyn et al., 2012; Robertson et al.,
2001).
A titre d’exemple, la figure 6 présente le ratio le plus fréquemment utilisé, à savoir le coût par chute évitée (chute en général ou chute entraînant des blessures modérées ou graves).
Grille de lecture : (a) Catégories de chutes : Colonnes foncées : chutes en général ; colonnes claires : chutes entraînant des blessures modérées et graves. (b) Qualité des études : *** bonne qualité ; ** qualité moyenne ; * mauvaise qualité. Repris de DubasJakóbczyk et al., 2017.
La revue de Dubas-Jakobszyk et al., qui s’appuie sur 6 450 articles centrés sur les interventions destinées aux personnes âgées dont 29 intégrés à l’analyse, montre que les évaluations sont réalisées sur la base d’hypothèses différentes (par exemple en ce qui concerne la perspective d’analyse, l’inclusion des coûts ou la présentation des résultats). La majorité des études utilisent une approche de type coût-efficacité et/ou coût-utilité. Trois d’entre elles s’appuient sur une approche coût-bénéfice et dans deux études seulement, c’est l’analyse coûts-conséquences qui a été choisie. Bien que très pertinente pour les évaluations de santé publique, la perspective sociétale n’est utilisée que dans 40 % des études incluses. La majorité des études adoptent le point de vue du payeur ou du prestataire de soins de santé. Cela peut s’expliquer par des difficultés méthodologiques dans l’application d’une approche sociétale qui inclut tous les coûts et effets connexes, y compris ceux qui dépassent le secteur de la
santé. Pourtant, cela est particulièrement important dans le cas des programmes pour les personnes âgées, où les aspects des soins de longue durée, formels et informels, du secteur social et de l’implication de la communauté sont d’une importance cruciale.
Il est également à noter que de nombreuses études utilisent un horizon temporel inférieur ou égal à un an, ce qui pose le problème de l’évaluation des effets et des impacts financiers à long terme. Ceci est sans doute dû à l’utilisation des normes cliniques dédiées à l’analyse économique dans le domaine des soins de santé pour l’évaluation des interventions pourtant à dimension sociale forte. Même dans les études axées sur la prévention des chutes, où l’effet sous la forme du nombre de chutes évitées peut être observé dans un délai relativement court, un horizon plus long permettrait de saisir les changements réels dans l’état de santé, la qualité de vie et/ou le fonctionnement social des participants. Par exemple, dans l’essai contrôlé
Figure 6 : Coûts par chute évitée (dollars internationaux de 2014)
randomisé d’Iliffe et al. mené avec 1 256 personnes de de 65 ans ou plus sur une période de 12 mois, on observe une réduction significative des chutes mais sans évaluation du changement réel de l’état de santé (Iliffe et al., 2014). Ainsi, dans ce type d’études, la réduction des chutes en soi ne doit pas être perçue comme l’objectif principal de l’intervention. C’est un déterminant intermédiaire. Se limiter à son évaluation conduit à fortement sous-estimer l’impact économique réel de l’intervention.
Ainsi le champ des interventions de promotion de la santé et du bien-être social des personnes âgées et celui de ses impacts sont potentiellement extrêmement vastes, et l’horizon temporel de son action souvent lointain, rendant d’autant plus nécessaire, pour une bonne allocation des dépenses publiques, son évaluation économique. Comme
dans de nombreux domaines de la santé, la qualité des évaluations économiques des actions de santé publique et de protection sociale destinées aux personnes âgées doit être améliorée. Néanmoins, si la question des méthodes pour mener ces évaluations génère des défis à la fois techniques, éthiques et politiques, les résultats publiés au plan international sont nombreux et permettent d’identifier les actions efficaces et efficientes (Cash & Fourcade, 2023).
7 : Potentiel impact des interventions de promotion de la santé et du bien-être social des personnes âgées sur le système social, sanitaire et économique
Guide de lecture:. L’impact des interventions qui se produisent à l’échelle de l’individu, du groupe social et de la communauté sont plus susceptibles de se concentrer sur une zone spatiale relativement petite, tandis que les impacts à l’échelle régionale et nationale englobent de multiples communautés, des impacts sectoriels et la société dans son ensemble (d’après Courtney & Powell, 2020).
Figure
Perspective d’ensemble sur l’efficience des interventions visant à promouvoir le bien vieillir 05
Messages clés
• Dix familles d’interventions probantes permettant d’impacter l’état de santé des personnes âgées et/ou un déterminant majeur du vieillissement ont été identifiées. Il s’agit des programmes d’exercices physiques, des interventions psychocorporelles, des interventions de stimulation cognitive, des interventions intergénérationnelles, des interventions s’appuyant sur les technologies de l’information et de la communication (TIC), des interventions culturelles, les visites à domicile, des groupes d’activités et d’entraide, des interventions d’aide alimentaire et des interventions éducatives/d’accompagnement (counselling).
• Les études classiques peuvent être classées en cinq groupes selon les résultats obtenus : intervention rentable, intervention dont le rapport coût-efficacité dépend d’un seuil défini de façon différente selon les contextes, l’effet positif ou la réduction des coûts est indiqué, mais il manque un message clair concernant le rapport coût-efficacité, l’une des interventions analysées est considérée comme la plus favorable et l’intervention est considérée comme non rentable.
• Selon les modes de calculs (le fait d’intégrer ou non une perspective sociétale large), la valeur la plus basse du coût par chute évitée (161 $) a été estimée pour une intervention d’exercice à domicile, tandis que la plus élevée (122 516 $) a été évaluée pour un programme multifactoriel de modification des facteurs de risque personnalisé.
• Avec des méthodologies économiques permettant de saisir la valeur sociale des interventions de santé publique, les ratios SROI varient de 11 £ pour 1 £ à 1,20 £ pour 1 £ investie.
Analyse
Quatre revues permettent de synthétiser la production scientifique relative à l’efficacité et à l’efficience des interventions dédiées aux personnes âgées.
Des approches efficaces
Les travaux de recherche sur les interventions auprès de la population générale de 55 ans ou plus, autonome et vivant à domicile ont contribué à identifier dix familles d’interventions probantes permettant d’impacter l’état de santé des personnes âgées et/ou un déterminant majeur du vieillissement. Parmi elles, 6 sont des interventions de prévention universelles s’adressant à toutes les personnes âgées sans risque particulier : les programmes d’exercices physiques, les interventions psychocorporelles, les interventions de stimulation cognitive, les interventions intergénérationnelles,
Un coût-efficacité variable (Dubas-Jakóbczyk et al., 2017)
En ce qui concerne les données relatives à l’efficacité économique, ce sont la prévention des chutes et les problèmes généraux de mobilité qui sont les principaux thèmes des études présentant une évaluation économique des actions concernant les personnes âgées. Ceci est dû au fait :
• qu’il s’agit d’une mesure accessible et quantifiable ;
• que des preuves de l’efficacité clinique de ces interventions se sont accumulées depuis le début des années 2000 ;
• que la charge économique que représentent les chutes pour les systèmes de santé est considérable.
Les recherches indiquent en effet qu’une personne sur trois âgée de plus de 65 ans, et la moitié des personnes âgées de plus de 80 ans, tombent au moins une fois par an. La pression pour fournir des stratégies rentables visant à la prévention des chutes est donc très forte.
Selon l’OMS, les chutes sont l’une des principales causes d’invalidité chez les personnes âgées. En ce qui concerne le type de déterminants de la santé, les études se concentrent principalement sur l’activité physique, la littéracie en santé (les connaissances en matière de santé) et certains aspects environnementaux (risques domestiques).
les interventions s’appuyant sur les technologies de l’information et de la communication (TIC) et les interventions culturelles. Trois familles d’interventions ciblent une population présentant un risque sanitaire et/ ou social : les visites à domicile, les groupes d’activités et d’entraide et les interventions d’aide alimentaire. Enfin, les interventions éducatives ou d’accompagnement (counselling) ont fait leur preuve aussi bien dans le cadre d’une prévention universelle que d’une prévention ciblée.
Si l’on compare les types d’interventions de santé publique en général et de santé publique destinées aux personnes âgées qui ont jusqu’à présent fait l’objet d’une évaluation économique avec celles dont l’efficacité clinique a été évaluée, on constate un manque important ou une sous-représentation des études d’évaluation économique.
La fourchette des valeurs estimées dans les études est large. Selon les modes de calculs (le fait d’intégrer ou non une perspective sociétale large), la valeur la plus basse du coût par chute évitée (161 $) a été estimée par Robertson et al. pour une intervention d’exercice à domicile, tandis que la plus élevée (122 516 $) a été évaluée par Jenkyn et al. pour un programme multifactoriel de modification des facteurs de risque personnalisé (Bray Jenkyn et al., 2012; Robertson et al., 2001).
Le tableau suivant synthétise les principaux résultats des études relatives à l’impact économique des interventions de promotion de la santé et du bien-être social dédiées aux personnes âgées. Les études ont été classées en cinq groupes selon les résultats obtenus : intervention rentable, intervention dont le coût-efficacité dépend d’un seuil défini de façon différente selon les contextes, l’effet positif ou la réduction des coûts est indiqué, mais il manque un message clair concernant le rapport coût-efficacité, l’une des interventions analysées est considérée comme la plus favorable et l’intervention est considérée comme non rentable.
Tableau 1 : Les études intégrées dans la revue de Dubas-Jakobczyk et al. en fonction des principaux résultats (Dubas-Jakóbczyk et al., 2017).
Type de résultats principaux
Type d’intervention
Exercices physiques-entraînement à la résistance dans la prévention des chutes (Davis et al., 2011)
The Otago Exercise Programme dans la prévention des chutes (Hektoen et al., 2009)
Programme communautaire non pharmaceutique de promotion de la sécurité dans la prévention des chutes (Johansson et al.,2008)
Visites préventives à domicile dans la prévention de la détérioration des capacités fonctionnelles (Sahlen et al., 2008)
L’intervention considérée comme rentable ou réduisant les coûts/ratio coûts-bénéfices favorable
Le rapport coût-efficacité dépend d’un seuil acceptable ou d’autres hypothèses ; la décision d’introduire l’intervention est laissée à la réflexion
L’effet positif ou la réduction des coûts est indiqué, mais il manque un message clair concernant le rapport coût-efficacité
L’une des interventions analysées est considérée comme la plus favorable
L’intervention est considérée comme non rentable ; l’effet n’est pas significatif ; l’effet positif n’est reconnu que partiellement
Tai Chi dans la prévention des chutes (Wilson et Datta, 2001)
Exercices physiques - Otago Exercise Programme, Tai Chi, Stepping on dans la prévention des chutes (Carande-Kulis et al.,2015)
Programme d’exercices, modification de l’environnement dans la prévention des chutes (HQO, 2008)
Programme d’exercices - programme d’exercices communautaires dans la prévention de la détérioration de l’état de santé général (Munro et al., 2004)
Programme d’exercices à domicile dans la prévention des chutes (Robertson et al., 2001a-pour les 80 ans et plus)
Modifications à domicile dans la prévention des chutes (Ling et al..., 2008)
Visites préventives à domicile dans le cadre de la prévention des incapacités générales (Kronborg et al., 2006)
Intervention multifactorielle dans le cadre de la prévention des chutes (Irvine et al., 2010)
Intervention multifactorielle dans le cadre de la prévention des chutes (Heinrich et al., 2013)
Programme de santé publique non défini dans le cadre de la prévention des chutes (Farag et al..., 2015)
Programme de marche dans la prévention des incapacités générales (Chen et al., 2008)
Programme d’exercices de gestion des chutes dans la promotion de l’activité physique (Iliffe et al. 2014)
Intervention éducative dans la promotion de la santé bucco-dentaire (Frenkel et al. 2001)
Tai chi, entraînement musculaire et à l’équilibre, modification du domicile dans la prévention des chutes (Frick et al..., 2010)
Programme d’intervention en matière d’activité physique pour la prévention des incapacités générales (Groessl et al., 2009)
Programme de réduction des risques domestiques dans le cadre de la prévention des chutes (Salkeld et al., 2000)
Prévention des chites à la maison (Day et al..., 2009)
Tai Chi dans la prévention des chutes (Church et al., 2011)
Tai Chi dans la prévention des chutes (Church et al., 2012)
Programme de prévention multidisciplinaire dans la prévention des chutes (Hendriks et al., 2008)
Programme personnalisé de modification des facteurs de risque multifactoriels dans la prévention des chutes (Jenkyn et al., 2012)
Programme d’exercices à domicile dans la prévention des chutes (Robertson et al., 2001b)
Tai chi dans la prévention des chutes (Haas, 2006)
Programme d’exercices à domicile dans la prévention des chutes (Robertson et al., 2001c)
Intervention éducative dans la prévention des chutes (Kenkre et al., 2002)
L’étude de Frick et al. a modélisé la coût-utilité différentielle de sept interventions jugées efficaces pour prévenir les chutes chez les personnes âgées. Les interventions efficaces de prévention des chutes ont été classées en sept groupes : gestion médicale des psychotropes, taichi en groupe, supplémentation en vitamine D, exercices musculaires et d’équilibre, modifications du domicile, programmes multifactoriels individualisés pour toutes les personnes âgées, et traitements multifactoriels individualisés pour les personnes âgées fragiles à haut risque. Des ratios coûts-utilité différentiels ont été calculés dans le cas de base et des analyses de sensibilité probabilistes ont été réalisées. La gestion médicale des psychotropes et le tai-chi en groupe étaient les options
les moins coûteuses et les plus efficaces. Ensuite, c’est l’aménagement du domicile qui est le plus susceptible d’avoir l’avantage économique le plus élevé (Frick et al., 2010).
Dans ces travaux, il est quasi systématiquement mentionné que l’analyse économique est insuffisante pour rendre compte de l’impact des interventions et que la dimension sociale, qui interagit fortement avec la santé, est sous-estimée. C’est pourquoi il est impératif de justifier l’investissement dans la santé publique en illustrant la valeur sociale, économique et environnementale des interventions dans ce domaine.
Un retour sur investissement social élevé (Ashton et al., 2020)
Des méthodologies économiques permettant de saisir la valeur sociale des interventions de santé publique, telles que le retour sur investissement social (SROI) et l’analyse coûts-avantages sociale (SCBA), ont été mises au point au cours des dernières décennies.
L’étude de Ashton et al. s’est focalisée sur la littérature évaluée par les pairs et de la littérature grise a été réalisée afin d’identifier les études SROI et SCBA sur les interventions de santé publique publiées entre janvier 1996 et juin 2019 dont 6 concernant le grand âge.
Les six études identifiées dans le cadre de cette analyse et portant sur la phase du parcours de vie de l’adulte âgé se sont concentrées sur deux grands thèmes de santé publique : le bien-être mental et l’isolement social et la solitude. Les ratios SROI varient de 11 £ pour 1 £ [63] à 1,20 £ pour 1 £ investie [58].
Cette analyse contribue à la base de données croissante qui démontre l’utilisation des méthodologies de la valeur sociale dans le domaine de la santé publique. En cartographiant les données probantes à travers les différentes étapes du parcours de vie, cette étude peut être utilisée comme point de départ par les professionnels et les institutions de santé publique pour faire avancer la réflexion actuelle sur l’enrichissement des mesures économiques traditionnelles par la prise en compte de la valeur sociale lors de l’investissement dans des interventions (Ashton et al., 2020).
Tableau 2 : Rendement social de l’investissement (SROI) des interventions de santé publique (Ashton et al., 2020)
Thème Public
Bien-être mental
Bien-être mental
Résidents de maisons de retraite, atteints ou non de démence
Personnes atteintes de démence, soignants, familles et autres personnes associées au groupe
Bien-être mental
Soignants en établissement
Bien-être mental Personnes atteintes de démence
Isolement social et solitude Population âgée
Isolement social et solitude Personnes âgées risquant de perdre leur indépendance
Expérimenter des interventions artistiques de haute qualité dans des maisons de retraite, afin de comprendre l’impact sur la qualité de vie, le bien-être mental et l’état de santé général des parties prenantes.
Apporter un soutien par les pairs aux personnes atteintes de démence en créant un environnement propice à la rencontre et à la socialisation, avec une variété d'activités adaptées à la démence pour impliquer les membres du groupe.
Fournir aux professionnels de la santé, de l'aide sociale et du logement des compétences et des ressources pratiques pour aider les personnes à bien vivre avec la démence.
Programme d’arts visuels pour les personnes atteintes de démence afin d’améliorer leur santé mentale et leur bien-être.
Réduire l’isolement et la solitude dont souffrent les personnes âgées, afin de leur permettre d’apporter des changements positifs à leur mode de vie
Aider les personnes âgées à conserver leur indépendance et à améliorer leur qualité de vie.
Il est possible de conclure de ce panorama que les études relatives à l’impact économique des interventions de prévention sont nombreuses et qu’elles adoptent
1,20£/1£ investie Bosco et al 2019
Le coût varie entre 1,17 et 5,18 £/1£ investie, en fonction de la conception et de la structure du groupe.
8,66 £/1,9 £ investi
Health Innovation Network 2015
5,18 £/1 £ investie
House of Memories 2014
Jones, Windle et Tudor Edwards 2018
8,27 £/1 £ investi Social Value Lab 2011
11 £/1 £ investi Stay Well at Home 2012
des approches variées. Certaines d’entre-elles ne montrent pas d’effet significatif en termes de retour sur investissement alors que d’autres, la majorité, concluent
que les interventions sont coût-efficaces. Outre la variété des approches méthodologiques notamment en ce qui concerne la modélisation des coûts et les variables étudiées, la nature même des programmes de prévention
est susceptible d’expliquer ces différences. Il convient d’étudier finement les caractéristiques des interventions qui ont montré une efficacité économique.
Figure 8 : Liste des interventions validées (V) et prometteuses (P) et leurs effets sur les déterminants, états et problèmes de santé. Repris de Lamboy et al., 2019)
Les études montrent un retour sur investissement social élevé pour des interventions agissant sur le bien-être mental, l’isolement social et la solitude.
L’efficacité sociale, sanitaire et économique des interventions centrées sur l’activité physique des personnes âgées 06
Messages clés
• L’activité physique pratiquée au sein de la communauté, en collaboration avec des associations, joue un rôle crucial dans le maintien de la santé et du bien-être social des personnes âgées.
• Les données montrent que les gains par chute évitée vont de 161 à 5. 178 dollars internationaux. Les exercices en groupent apparaissent comme étant plus efficaces que les programmes individuels. En ce qui concerne les coûts d’hospitalisation évités, les études arrivent à des taux d’évaluation économique se situant entre 16 474 et 79 616 dollars. Lorsque c’est la qualité de vie qui est évaluée on arrive à un gain se situant entre 19 854 et 22 204 dollars internationaux.
• Les données disponibles montrent que le type de programme doit être adapté à l’âge, ainsi qu’à l’état de santé et à l’état fonctionnel de la population-cible pour être efficace et acceptable sur le long terme.
• Que les intervenants soient professionnels ou bénévoles, l’enjeu central est celui de leur formation, tant pour ce qui concerne la nature des activités proposées que pour la capacité à les adapter au public. Le fait de disposer d’organisations structurées et présentes sur l’ensemble du territoire apparait comme un atout de premier plan dans ce domaine.
Analyse
L’efficacité sanitaire et sociale des interventions
L’activité physique pratiquée au sein de la communauté, en collaboration avec des associations, joue un rôle crucial dans le maintien de la santé et du bien-être social des personnes âgées. En effet, ces initiatives offrent de nombreux avantages qui vont au-delà de simples exercices physiques. En pratiquant une activité physique adaptée à leur condition physique, les personnes âgées peuvent améliorer leur force musculaire, leur endurance et leur équilibre, ce qui réduit le risque de chutes et de blessures. De plus, l’exercice régulier contribue à maintenir un poids santé, à prévenir les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 et d’autres maladies chroniques courantes chez les personnes âgées. Les activités physiques pratiquées en groupe ou en association offrent également des avantages supplémentaires pour la santé mentale. En participant à des activités sociales, les personnes âgées réduisent le risque d’isolement social et de dépression. L’interaction avec d’autres membres de la communauté favorise le sentiment d’appartenance et renforce les liens sociaux, ce qui est bénéfique pour le bien-être émotionnel des participants.
Enfin, ces activités physiques favorisent également l’autonomie et la confiance en soi des personnes âgées. En participant à des programmes d’exercices réguliers et en constatant les progrès réalisés du point de vue de leur condition physique, les participants gagnent en confiance en leurs capacités et en leur aptitude à maintenir un mode de vie actif et indépendant.
Les associations offrent souvent une variété d’options d’activités physiques adaptées aux besoins et aux préférences des personnes âgées. Cela peut inclure des cours de gymnastique douce, de yoga, de tai-chi, de danse, de marche nordique ou encore des séances d’aquagym... En fournissant un environnement sûr et favorable, ces programmes encouragent la participation continue des personnes âgées à des activités physiques bénéfiques pour leur santé globale (HAS, 2022).
Les activités physiques pratiquées dans la communauté, en collaboration avec des associations, offrent de nombreux avantages pour la santé et le bien-être social des personnes âgées. En encourageant la participation à des activités physiques adaptées et en fournissant un environnement favorable à la socialisation, ces initiatives contribuent à promouvoir un vieillissement actif et épanouissant pour les personnes âgées. C’est pourquoi promouvoir l’activité physique chez les personnes âgées est un domaine prioritaire de la Stratégie sur l’activité physique pour la région européenne de l’OMS 2016-2025 (OMS, 2015)
A titre d’exemple, on peut citer l’étude de Sanchez et al. qui a montré qu’un programme d’activité physique et de prévention des chutes en accès libre, deux fois par semaine, entrainait une amélioration significative de la performance physique des participants (vitesse de marche augmenté de 8 %, force musculaire augmenté de 10 % et évaluation de l’équilibre amélioré de 15 %) sur une période de 12 mois avec 120 participants âgés de 65 ans ou plus vivant à domicile (Sanchez et al., 2023).
Parmi les interventions qui influencent positivement la santé physique et psychosociale des personnes âgées, DomiGym s’est révélée efficace pour améliorer le bien-être général, le comportement en matière d’activité physique et les fonctions physiques que sont la force des jambes, la mobilité fonctionnelle et l’équilibre, ainsi que pour réduire le risque de chute des personnes âgées vulnérables (Promotion santé Suisse, 2022a).
En ce qui concerne l’effet de l’activité physique sur la santé mentale, on peut citer le travail de Kamegaya et al.,qui a montré dans un essai contrôlé randomisé, qu’un programme d’activités physiques et de loisirs de douze
semaines a amélioré la fonction cognitive chez des sujets âgés vivant à domicile (Kamegaya et al., 2014). Une autre étude (Tanigawa et al., 2014) a montré que la fonction de mémorisation était fortement associée à la quantité d’activité physique chez les patients souffrant de troubles cognitifs légers. Les résultats montrent qu’une activité physique réduite pourrait être un facteur de risque de déclin cognitif et que la fonction cognitive des personnes âgées, dont la fonction motrice et la fonction cognitive déclinent, peut être améliorée en augmentant l’activité physique.
Par ailleurs, certaines études montrent que le coaching en ligne est efficace. C’est le cas dans cet essai contrôlé randomisé de Wijsman et al. qui montre que, chez les personnes âgées inactives, une intervention d’activité physique sur le Web pendant 3 mois était efficace pour augmenter l’activité physique quotidienne objectivement mesurée et pour améliorer la santé métabolique (Wijsman et al., 2013).
L’efficacité économique des interventions
La revue systématique de Dubas-Jakóbczyk et al. permet d’avoir une vision d’ensemble sur l’efficacité économique des interventions centrées sur l’activité physique. Pour autant, il est difficile de comparer les interventions (cf. chapitre 4) car plusieurs approches d’évaluation de l’efficacité économique sont utilisées dans ces études (analyses coût-efficacité, coût-utilité et coût-bénéfice). Les indicateurs choisis sont aussi très variés, puisqu’il peut s’agir des années de vie ajustées sur la qualité (QALY), du nombre d’incidents/accidents négatifs évités (en particulier les chutes), l’évitement de l’utilisation des services de santé (par exemple, l’admission à l’hôpital et les coûts générés par une fracture du col du fémur), des indicateurs directement liés à l’état de santé des participants et plus rarement utilisés (questionnaire de qualité de vie SF-36), des années de vie active gagnées, du niveau d’autonomie dans la vie courante, de l’évolution de la mortalité et de la prévention des incapacités majeures de mobilité… En raison de ces différences considérables la comparabilité de leurs résultats est limitée. Néanmoins, un travail de
synthèse des données et de leur expression a été conduit. Pour chaque étude, les résultats ont été convertis en taux d’évaluation économique d’abord dans la monnaie des pays où ont été réalisées les études puis en une seule devise (le dollar internationaux). Le tableau 3 présente les données (Dubas-Jakóbczyk et al., 2017).
Les données montrent que les gains par chute évitée vont de 161 à 5 178 dollars internationaux. Les exercices en groupe apparaissent comme étant plus efficaces que les programmes individuels. En ce qui concerne les coûts d’hospitalisation évités, les études arrivent à des taux d’évaluation économique se situant entre 16 474 et 79 616 dollars internationaux. Lorsque c’est la qualité de vie qui est évaluée, on arrive à un gain se situant entre 19 854 et 22 204 dollars internationaux. Ces éléments constituent une base de travail pour les décisions politiques dès lors que les seuils de coûts acceptables sont définis.
Tableau 3 : Taux d’évaluation économique des interventions par catégorie d’évènements et mesure monétaire
Étudier/ Qualité de l’étude Type d’intervention Ratio / Type de mesure valorisée
Church et al. 2012* Exercices en groupe
Robertson et al. 2001c**
Robertson et al. 2001c**
Robertson et al. 2001a*
Programme d’exercices à domicile (horizon temporel de 2 ans)
Programme d’exercices à domicile (horizon temporel de 1 ans)
Day et al., 2009** Évaluation et
Coût par chute évitée
Taux d’évaluation économique – valeurs originales telles que publiées
et al., 2009**
PRÉVENTION DES ADMISSIONS À L’HÔPITAL
musculaire et réentraînement de l’équilibre (horizon temporel à 1 an)
Taux d’évaluation économique – valeurs originales telles que publiées
Taux d’évaluation économique converti – $ international (PPA) 2014
Carande-Kulis et al., 2015** Marcher sur
Carande-Kulis et al., 2015** Le programme d’exercices d’Otago
Iliffe et al. 2014*** Exercice de gestion des chutes (FaME) (programme d’exercices en classe)
Groessl et al. 2009** Programme d’intervention en matière d’activité physique
Coûts médicaux directs évités
Coûts médicaux directs évités
AUTRES
Coût par personne supplémentaire faisant de l’exercice
Coût par handicap majeur à mobilité réduite évité
Bénéfice net = 134,37
USD ; ROI = 64%
Bénéfice net = 429,18
USD ; ROI = 127%
Avantage net = 138,36 ; ROI = 64%
Avantage net = 441,93 ; ROI = 127%
GBP 1 739,93 2 622.66
Grille de lecture : De façon à être comparables, les données ont été converties en en valeur de dollar international de 2014 $. La conversion s’est faite en deux étapes. Tout d’abord, les monnaies nationales ont été calculées en fonction de leur valeur en 2014. Deuxièmement, ils ont été convertis en dollars internationaux (PPA). La qualité des études est exprimée comme suit *** = bonne qualité ; ** = qualité modérée ; * = mauvaise qualité. Repris de Dubas-Jakóbczyk et al., 2017.
Nous nous proposons maintenant donner quelques exemples pour illustrer la façon dont il est possible d’évaluer l’efficacité économique d’une intervention.
Le programme Retirement in Action (REACT mené par Snowsill) a évalué une intervention de 12 mois sur l’activité physique et le maintien du comportement au sein d’un groupe communautaire afin d’aider à prévenir le déclin du fonctionnement physique chez les personnes âgées présentant un risque accru de limitation de la mobilité. Les analyses coût-efficacité et coût-utilité du programme REACT sont effectuées par rapport aux soins standard sur la base de l’utilisation des ressources, des résultats primaires et des données relatives à la qualité de vie liées à la santé mesurées dans le cadre de l’essai REACT. Les participants ont rempli des questionnaires au départ, puis 6, 12 et 24 mois après la randomisation, qui comprenaient un questionnaire sur l’utilisation des ressources et les instruments de qualité de vie liée à la santé EQ-5D-5L et SF-36 (Short Form Health Survey). Le coût de l’intervention a été estimé en identifiant les ressources clés, telles que le temps de l’animateur de la session REACT, le temps d’une personne chargée de coordonner le programme et la location d’un local. Les réponses au EQ-5D-5L et au SF-36 ont été converties en valeurs d’utilité basées sur les préférences, qui ont été utilisées pour estimer les années de vie ajustées sur la qualité (QALY) au cours des 24 mois de suivi de l’essai en utilisant la méthode de l’aire sous la courbe. Le coût du programme REACT de 12 mois a été estimé à 622 £ en moyenne par bénéficiaire. Les éléments de coût les plus importants sont le temps de l’animateur de la session (309 £ par participant), la location du lieu (109 £) et le temps du coordinateur (80 £). L’analyse du cas de base
de l’évaluation économique basée sur l’essai a montré que les réductions de l’utilisation des soins médicaux et des soins sociaux dues au programme pourraient compenser les coûts de prestation dans la période de 24 mois de l’essai (Snowsill et al., 2022).
L’objectif de l’analyse coût-bénéfice de Carande-Kulis était d’identifier les interventions communautaires sur les chutes qui étaient réalisables, efficaces et qui offraient un retour sur investissement (ROI) positif. L’efficacité des interventions était basée sur les résultats d’essais contrôlés randomisés. Des données nationales ont été utilisées pour estimer les bénéfices annuels moyens liés à l’évitement des coûts médicaux directs d’une chute. Le bénéfice net et le retour sur investissement ont été estimés pour chacune des interventions. Pour le programme d’exercices Otago destiné aux personnes âgées de 65 ans ou plus, le bénéfice net était de 121,85 dollars par participant et le retour sur investissement de 36 % pour chaque dollar investi. Dans le cas du programme Otago pour les personnes âgées de 80 ans ou plus, le bénéfice net était de 429,18 $ et le retour sur investissement de 127 %. Le tai chi, programme Moving for Better Balance, a généré un bénéfice net de 529,86 $ par participant et un retour sur investissement de 509 %, tandis que Stepping On (groupe de travail et suivi individualisé) a généré un bénéfice net de 134,37 $ et un retour sur investissement de 64 %. Les trois interventions sur les chutes ont apporté des bénéfices nets positifs. Les retours sur investissement ont montré que les bénéfices couvraient non seulement les coûts de mise en œuvre, mais qu’ils dépassaient également les coûts directs prévus pour la mise en œuvre du programme (Carande-Kulis et al., 2015).
L’étude de Hektoen et al. a estimé le rapport coût-efficacité de la mise en œuvre d’un programme de prévention des chutes basé sur l’exercice physique pour les femmes vivant à domicile dans la tranche d’âge > ou = 80 ans en Norvège. La réduction des coûts médicaux par individu pour le traitement des blessures liées aux chutes était 1,85 fois plus élevée que le coût de la mise en œuvre d’un programme d’activité physique (Hektoen et al., 2009)
L’étude conduite au Japon par Yamada et al. avec 610 personnes âgées était fondée sur des séances d’exercice physique (exercices aérobiques d’intensité modérée, entraînement progressif de la force, exercices de flexibilité et d’équilibre, activités de récupération) une fois par semaine pendant 16 semaines consécutives. Les coût des soins médicaux pour les sujets du groupe d’exercice étaient significativement inférieurs à celui du groupe de contrôle. En outre, les sujets du groupe d’exercice ont connu des améliorations significatives des scores totaux aux tests d’évaluation de la fragilité par rapport au groupe de contrôle qui s’est détérioré après un an (Yamada et al., 2012).
Le travail de Chen présente une évaluation de la rentabilité d’un programme de marche destiné aux personnes âgées. L’étude a révélé que le programme de marche a entraîné une réduction significative de l’utilisation des services de santé, notamment une diminution des visites médicales et des hospitalisations, ce qui a contribué à des économies de coûts médicaux. En termes de rentabilité, le programme de marche a été considéré comme coût-efficace. Le ratio incrémental coût-efficacité (RCEI = différence des coûts moyens / différence RCEI = différence des coûts moyens / différence des effets moyens entre deux programmes) est de 15 103,82 $ (USD) QALY. Sur la base du critère selon
lequel un RICU inférieur à 50 000 USD est “acceptable”, les résultats montrent que le rapport coût-utilité de ce programme de marche de 12 semaines était acceptable (Chen et al., 2008).
Dans l’étude réalisée par Davis, l’évaluation économique a été menée parallèlement à un essai contrôlé randomisé à trois bras incluant 155 femmes âgées de 65 à 75 ans. Les participantes ont suivi des cours d’entraînement à la résistance une fois par semaine, des cours d’entraînement à la résistance deux fois par semaine ou des cours d’équilibre et de tonus deux fois par semaine (le comparateur) pendant un an. Les mesures comprenaient le nombre de chutes pour chaque participant, l’utilisation des ressources de santé et les coûts associés sur 9 mois ; l’état de santé a été évalué à l’aide de l’EQ-5D et du SF-6D, des autoquestionnaires multi-attributs à 5 ou 6 dimensions destinés à estimer l’utilité indirecte qui, combinés au temps, permettent de calculer les QALYs. Les résultats montrent que les groupes d’entraînement à la résistance une ou deux fois par semaine étaient moins coûteux (p < 0,05) et plus efficaces que les cours d’équilibre et de tonus deux fois par semaine. Les QALYs supplémentaires évaluées à l’aide du SF-6D étaient de 0,003 pour les groupes d’entraînement à la résistance une fois ou deux fois par semaine, par rapport aux cours d’équilibre et de tonus deux fois par semaine. Les QALYs supplémentaires évalués à l’aide de l’EQ-5D étaient de 0,084 pour les groupes d’entraînement à la résistance une fois par semaine et de 0,179 pour les groupes d’entraînement à la résistance deux fois par semaine, respectivement, par rapport aux cours d’équilibre et de tonus deux fois par semaine. Ainsi, dans le contexte de l’étude, une intervention d’entraînement à la résistance personnalisée, dispensée une ou deux fois par semaine, présente un meilleur rapport qualité-prix pour la
prévention des chutes que les cours d’équilibre et de tonus (Davis et al., 2011).
L’étude de Groessl a examiné les coûts d’une activité physique (AP) et d’une intervention éducative de comparaison. Ce sont 424 personnes âgées présentant un risque d’incapacité motrice qui ont été assignées de manière aléatoire à l’une ou l’autre condition. Le programme d’activité physique consistait en des séances d’exercice en centre 3× par semaine pendant 8 semaines, 2× par semaine pendant les semaines 9 à 24 et des conseils comportementaux hebdomadaires pendant 10 semaines. Des séances facultatives étaient proposées pendant les semaines de maintien (25-52). L’intervention de comparaison consistait en des réunions d’éducation hebdomadaires pendant 24 semaines, puis mensuelles pendant 6 mois. Les analyses de coûts ont été réalisées du point de vue du “payeur”, avec un horizon temporel d’un an. Les coûts des interventions ont été estimés en suivant les activités du personnel et le matériel utilisé pour chaque intervention et en les multipliant par les moyennes nationales des coûts unitaires. Le coût moyen par participant était de 1 134 $ et de 175 $ pour l’AP et les interventions de comparaison, respectivement. Une analyse préliminaire des coûts et de l’efficacité a permis d’évaluer le coût de l’invalidité évitée à 28 206 dollars. Les coûts de ce programme d’AP pour les personnes âgées sont comparables à ceux d’autres interventions d’AP (Groessl et al., 2009).
Dans le cadre du programme Falls/Fractures
Economic Model in Ontario Residents Aged 65 Years and Over (FEMOR), le coût efficacité et le retour sur investissement ont été étudiés. Les données montrent que pour chaque dollar investi dans ces interventions de prévention, le modèle estime un retour sur investissement de 3,50 dollars, mettant en évidence l’efficacité économique de telles stratégies
de prévention (FEMOR, 2008).
L’étude de Munro en Angleterre visait à évaluer le rapport coût-efficacité d’un programme d’exercice communautaire en tant qu’intervention de santé publique à l’échelle de la population. Elle concernait toutes les personnes âgées de 65 ans ou plus appartenant aux quatre cinquièmes les moins actifs de la population. Les personnes éligibles ont été invitées à participer à des cours d’exercices gratuits organisés au niveau local pendant deux ans. Après ajustement sur les caractéristiques de base, les personnes qui ont bénéficié de l’intervention ont connu une baisse moins importante de leur état de santé. Le gain supplémentaire moyen de 0,011 QALY par personne dans la population bénéficiant de l’intervention s’est traduit par un coût supplémentaire par QALY de 17 174 € (Munro et al., 2004).
En termes de comparaison avec d’autres approches, on peut citer l’étude conduite par Johansson en Suède et visant à comparer le rapport coût-efficacité des traitements pharmaceutiques contre l’ostéoporose avec un programme communautaire de promotion de la sécurité des personnes âgées. L’analyse coût-efficacité, suivant les protocoles utilisés pour l’évaluation des produits pharmaceutiques, a montré que le programme communautaire de promotion de la sécurité des personnes âgées visant à prévenir les chutes accidentelles semble aussi rentable que les médicaments contre l’ostéoporose (Johansson et al., 2008).
Il convient de préciser ici que certaines études ne sont pas conclusives (Bray Jenkyn et al., 2012). Dans l’étude réalisée par Matchar, l’intervention n’était, dans l’ensemble, pas rentable par rapport aux soins habituels. Cependant, le programme était rentable parmi les sous-groupes en meilleure santé, et même
potentiellement économique parmi les personnes ayant une réserve suffisante pour en bénéficier (Matchar et al., 2019).
Les critères de qualité des interventions efficaces
Les données disponibles montrent que le type de programme doit être adapté à l’âge, ainsi qu’à l’état de santé et à l’état fonctionnel de la population-cible pour être efficace et acceptable sur le long terme (SPF, 2019). L’aménagement de l’habitat, surtout chez les personnes à plus haut risque, la correction des troubles de la vision, la diminution progressive des psychotropes sont également efficaces pour réduire les chutes. Les interventions multifactorielles reposant sur une évaluation individuelle suivie d’un ensemble de mesures préventives adaptées au profil de risque des personnes, semblent plus particulièrement adaptées aux personnes fragiles et à haut risque de chute.
Une des difficultés pour mettre en place une politique de prévention des chutes chez les personnes âgées provient du fait que l’on parle des chuteurs et des personnes
Ce dernier exemple montre qu’au-delà des données générales, il convient d’étudier finement les publics et les modalités d’intervention pour nourrir les stratégies d’intervention auprès des personnes âgées.
âgées en général, sans prendre en compte l’hétérogénéité de ces groupes. Il n’y a pas de réponse toute faite, pas de programme standardisé de prévention. Il importe au contraire d’adapter les mesures de prévention à la population ciblée : population générale ou personne à haut risque, jeune retraité ou grand âge, personnes aux capacités locomotrices ou cognitives altérées ou pas. La prévention des chutes nécessite plusieurs approches complémentaires : une approche basée sur une évaluation individuelle, qui s’adresse en premier lieu aux personnes âgées à haut risque et qui implique de multiples intervenants du domaine médical et paramédical, et une approche communautaire qui s’adresse plus largement à la population à risque, notamment à travers une offre variée de programmes d’exercices physiques efficaces (SPF, 2019).
Les programmes d’exercices physiques qui s’adressent aux personnes âgées autonomes sans risque particulier permettent d’impacter un grand nombre de déterminants, de prévenir plusieurs types de troubles et de favoriser la santé globale (physique, psychique et sociale). Ils ont ainsi fait leur preuve pour prévenir les chutes et les traumatismes, l’ostéoporose et la sarcopénie en renforçant les activités et les compétences physiques tout en limitant le déclin fonctionnel. Ils permettent de prévenir les symptômes anxiodépressifs et le stress et favorisent le bien-être, la qualité de vie, l’estime de soi et la forme cardio-vasculaire. Ces programmes, qui comportent des séances de groupe, soutiennent le lien social ainsi que la socialisation et améliorent la santé sociale des personnes âgées. La composante sociale de ces programmes pourrait être une raison importante de la participation et de l’implication des personnes âgées. Les fonctions cognitives pourraient aussi être renforcées grâce à ce type d’intervention. Les programmes qui permettent d’obtenir de tels résultats sur la santé globale des personnes âgées présentent des caractéristiques d’intensité et de contenu bien spécifiques. Ils nécessitent plusieurs séances de groupe par semaine, complétées par une activité aérobique personnelle quasi quotidienne. Les séances collectives, animées par un professionnel, ont lieu 2 ou 3 fois par semaine de façon non consécutive ; elles durent entre 60 et 90 minutes, s’étalent sur 6 mois au minimum et regroupent divers types d’exercices physiques (équilibre, renforcement musculaire, endurance, assouplissement). Il a été démontré que les entraînements en groupe et supervisés étaient plus efficaces que les exercices à la maison non supervisés soulignant ici l’importance du superviseur, des feedback et de l’effet de groupe. Les programmes d’exercices aquatiques seraient au moins aussi efficaces que les programmes d’exercices physiques “classiques”. Ils permettraient d’améliorer l’implication et la mobilisation des personnes âgées, en particulier les moins de 68 ans qui seraient la population bénéficiant le plus de ce type de programme. Pour avoir une telle efficacité, ces programmes doivent présenter la même intensité que les programmes d’exercices physiques au sol (plusieurs séances de groupe structurées par semaine sur plusieurs mois). Ce type d’intervention présenterait en plus l’avantage d’accroître la participation, de limiter les abandons et de ne présenter aucune difficulté ni risque pour toutes les personnes âgées autonomes. Les programmes d’exercices physiques via des supports numériques (jeux vidéo, Internet, applications) représentent une nouvelle forme d’intervention très prometteuse qui permet de toucher un large public. Ces programmes prometteurs qui sont quasiment aussi intensifs que les programmes “classiques” en groupe augmenteraient la motivation et le sentiment d’auto-efficacité tout en renforçant l’activité et les compétences physiques. Les programmes de réduction de la sédentarité qui s’adressent plus particulièrement aux personnes âgées autonomes sédentaires semblent avoir des effets prometteurs sur l’activité et les compétences physiques, la sédentarité et le risque d’invalidité, la perte de masse musculaire et les capacités cardiovasculaires. Ces programmes visent à réduire le temps assis par des interruptions régulières (se lever, marcher un peu…) (Lamboy et al., 2019).
Les études recensées ici permettent de conclure à une efficacité économique (efficience) des interventions centrées sur la promotion de l’activité physique à la condition qu’elles soient conduites en référence aux bonnes pratiques (Cf. supra). Que les intervenants soient professionnels ou bénévoles, l’enjeu central est celui de
leur formation tant pour ce qui concerne la nature des activités proposées que de la capacité à les adapter au public. Le fait de disposer d’organisations structurées et présentes sur l’ensemble du territoire apparait comme un atout de premier plan dans ce domaine.
Tableau 4. Les interventions efficaces de prévention des chutes, repris de HAS, 2019.
Les interventions unifactorielles
Elles ciblent un seul facteur de risque, essentiellement par l’AP
Les programmes efficaces d’exercices “multicatégories” ciblent plusieurs composantes de la condition physique et comportent toujours des exercices d’équilibre, associés le plus souvent à des exercices en renforcement musculaire des membres inférieurs et à la marche. Ils sont efficaces pratiqués : en groupe (moins 29 % du taux de chutes, moins 15 % du risque de chuter) ;
• en individuel au domicile (moins 32 % du taux de chutes, moins 22 % du risque de chuter) ; chez les personnes âgées tout venant et chez les personnes à haut risque de chutes ;
• chez les personnes avec des chutes répétées, avec des chutes graves ou très âgées de 80 ans ou plus. Ces programmes sans exercice d’équilibre n’ont pas d’effet significatif sur la prévention des chutes. La marche seule ne réduit pas le taux de chutes, ni le risque de chutes.
Ces programmes d’AP ne réduisent pas significativement le risque de fracture. Mais on observe un risque de fracture diminué (moins 20 à 30 %) dans les populations de personnes âgées pratiquant une AP régulière ou ayant un mode de vie actif.
L’efficacité de ces programmes d’AP augmente avec le volume d’AP avec un effet plus marqué pour des volumes de 50 heures minimum.
Les bénéfices sont rapidement perdus à l’arrêt total de l’AP, qui doit donc être poursuivie indéfiniment au-delà du programme d’intervention.
Les programmes efficaces d’exercices « multicatégories » sont recommandés aux personnes âgées à faible risque de chutes vivant à domicile.
Ils sont souvent utilisés dans le cadre de politiques d’éducation à la santé pour la prévention des chutes en population générale.
Les interventions multifactorielles
Elles sont individualisées et ciblent les facteurs de risque retrouvés lors d’une évaluation préalable de la personne âgée.
Les interventions multifactorielles auprès de personnes âgées vivant à domicile réduisent significativement le taux de chutes (moins 24 % du nombre de chutes), mais pas le risque de chuter. Elles ne diminuent pas significativement le risque de fracture.
Leur efficacité semble liée à la motivation de la personne et à sa capacité à suivre les actions correctives, d’où l’importance de la dimension éducative du processus.
Le coût-efficacité des interventions multifactorielles est amélioré dans le sous-groupe des personnes âgées à haut risque de chutes.
Les interventions multifactorielles sont recommandées chez les personnes âgées vivant à domicile fragiles et à haut risque de chutes.
Elles sont préconisées chez les populations âgées à haut risque de chutes, pour des raisons de coût-efficacité.
07
L’efficacité sociale, sanitaire et économique des interventions psychocorporelles
des personnes âgées
Messages clés
• Les interventions de yoga, Tai-Chi, Qi Gong, danse, Pilates, méditation de pleine conscience, contribuent à améliorer la santé et le bien-être : une pratique régulière peut réduire les risques de chutes, améliorer la mobilité et la flexibilité, et diminuer les douleurs chroniques d’une part et d’autre part à influencer la qualité de vie : ces interventions peuvent contribuer à la lutte contre la dépression, l’anxiété et l’isolement social, améliorant ainsi la qualité de vie globale des personnes âgées.
• Le rapport coût-efficacité de ces interventions est bien établie , en particulier pour le Tai chi, par des revues systématiques qui montrent l’impact des interventions sur le risque de chute des personnes âgées.
• Le défi pour les acteurs du bien vieillir est de garantir la qualité des interventions, via la formation des intervenants et de s’assurer de leur accessibilité sur tous les territoires.
Analyse
Définition
Les pratiques psychocorporelles (PPC) comprennent l’ensemble des approches partant du corps, ou se servant du corps comme médiation, mais aussi plus largement des méthodes impliquant un travail corporel à visée psychothérapeutique, prophylactique et préventif (Remilleux, 2018).
Impact sur la santé
Les données sur les programmes de yoga, Tai-Chi, Gi
Gong, danse, Pilates, méditation de pleine conscience pour les personnes âgées montrent des résultats prometteurs en termes d’amélioration de la santé physique, mentale et émotionnelle, ainsi que de la qualité de vie globale. Plusieurs études ont mis en évidence des bénéfices significatifs, notamment en ce qui concerne la réduction du stress, de l’anxiété et de la dépression, l’amélioration de la flexibilité, de l’équilibre et de la force musculaire, ainsi que la diminution des
douleurs chroniques et des risques de chutes. Les exercices de danse pourraient avoir le même effet que les programmes d’exercices physiques “classiques” sur certains déterminants de santé tels que la capacité aérobique et la peur de chuter (Rodrigues-Krause et al., 2016 ; Veronese, 2017 ; Batchelor et al., 2016 ; Donath, Rossler et Faude, 2016).
Plusieurs formes d’interventions psychocorporelles permettent de favoriser le vieillissement en bonne santé chez les personnes âgées de 55 ans ou plus, autonomes et vivant à domicile. Ces interventions agissent principalement sur les capacités physiques, les fonctions cognitives, le bien-être et la qualité de vie. Les interventions de taï chi et de qi gong permettent de prévenir les chutes et les traumatismes, comme possiblement les interventions de yoga. Les interventions de méditation et de pleine conscience (Mindfulness) pourraient permettre de prévenir les maladies neuro-dégénératives et les troubles anxiodépressifs.
Les interventions psychocorporelles efficaces s’appuient sur des programmes intensifs, structurés et délivrés par un professionnel formé et certifié par la discipline. Les programmes prometteurs de méditation de pleine conscience (Mindfulness) sont aussi des programmes très structurés et délivrés par des instructeurs formés et certifiés. Ils sont cependant plus courts puisqu’ils se déroulent sur 8 semaines dans le cadre d’ateliers regroupant une quinzaine de personnes. Ces programmes Mindfulness-Based Stress Reduction (MBSR) et Mindfulness-based Cognitive Therapy (MBCT) permettent l’apprentissage de différentes formes de méditation de pleine conscience (balayage corporel, méditation assise longue et courte, méditation marchée, méditation en posture de yoga…). Ils invitent à expérimenter cette forme d’attention (à l’instant présent) au cours d’activités courantes de la vie quotidienne (en mangeant, en se lavant les dents, en marchant…). Les programmes MBSR et MBCT, qui sont tous les deux standardisés et manualisés, sont très proches. Le programme MBCT comprend en plus des exercices psycho-éducatifs issus de la thérapie cognitive et comportementale (TCC) (Lamboy et al., 2019).
Impact social
Ces interventions (yoga, tai chi, méditation et la pleine conscience, Pilates notamment) ont également démontré leur capacité à générer des retombées sociales positives, telles que l’amélioration des relations interpersonnelles, la réduction de l’isolement social et l’augmentation de la qualité de vie. La participation à des programmes de yoga pour personnes âgées avait un impact significatif sur la réduction de la solitude et de la dépression (Shin, 2021).
A titre d’exemple, l’étude de Mokhtari a examiné l’efficacité des séances de Pilates pendant 12 semaines
sur la dépression et l’équilibre associés aux chutes chez les personnes âgées. Avant l’entraînement, les trente femmes âgées (dans les groupes expérimentaux et témoins) ont reçu une échelle de dépression gériatrique pour évaluer leur dépression et leur portée fonctionnelle et des tests chronométrés pour évaluer l’équilibre. Ensuite, le groupe expérimental a participé à des exercices de Pilates et a ensuite passé un test. Les résultats de la covariance ont montré que les groupes expérimentaux ont connu une
Impact économique
L’un des angles d’attaque les plus fréquemment utilisés pour évaluer le rapport coût-efficacité d’une intervention est d’étudier son impact sur la réduction du nombre de chutes dont on sait qu’il s’agit d’un déterminant clé de la dépendance. La métanalyse Cochrane de Gillespie et al. montre qu’un programme de Tai Chi réduit significativement le risque de chute (RR0. 71, 95 % CI 0.57 to 0.87) sur 6 études et 1 625 participants (Gillespie et al., 2012). Dans l’ensemble, les analyses économiques étudiées sont hétérogènes, ce qui rend les comparaisons directes difficiles. Si tous les travaux ne montrent pas des retours sur investissement significativement positifs, différentes études comparatives (Church et al., 2011; Pinheiro et al., 2022) montrent que le
diminution de la dépression (19,8 %), du temps nécessaire au test de portée fonctionnelle (16,7 %) et des tests chronométrés (7,3 %). En plus d’améliorer l’équilibre, les exercices de Pilates ont influencé le bien-être social des personnes (Mokhtari et al., 2013).
Tai chi est la stratégie de prévention des chutes la plus rentable chez les personnes âgées vivant en communauté. Dans l’étude comparative réalisée en Australie, Church et al. trouvent un coût différentiel par chute évitée de 239 $, de 5 172 $ par hospitalisation évitée et de 44 879 $ par QALY gagné (en dollar australien). Chaque dollar investi dans ces stratégies génère des économies significatives sur les coûts de santé, avec un retour sur investissement estimé à 4,20 dollars pour chaque dollar investi. Dans revue de Pinheiro et al. commandée par l’unité Activité physique de l’OMS afin d’éclairer le développement des outils ACTIFS de l’OMS, 21 études ont été incluses. Les résultats allaient d’interventions plus efficaces et moins
coûteuses (dominantes) jusqu’à un rapport coûtefficacité différentiel (RCED) de 279 802 USD par QALY gagné et de 11 986 USD par chute évitée (USD en 2020). Les personnes âgés et celles présentant un risque élevé de chute semblent bénéficier du meilleur rapport coût-efficacité (RCED/QALY gagné et chute évitée plus faible), tandis que les exercices non supervisés semblent présenter un mauvais rapport coût-efficacité (RCED/QALY plus élevé) (Pinheiro et al., 2022).
Un rapport coût-efficacité différentiel est une mesure sommaire représentant la valeur économique d’une intervention par rapport à une alternative (comparateur). Il s’agit généralement du principal résultat d’une évaluation économique. Le RCED est calculé en divisant la différence des coûts totaux (coût différentiel) par la différence de la mesure choisie du résultat ou de l’effet sur la santé (effet différentiel) afin d’obtenir un ratio de “coût supplémentaire par unité supplémentaire d’effet sur la santé” - pour la thérapie la plus coûteuse par rapport à l’alternative. Le QALY est le plus souvent utilisé comme mesure de l’effet sur la santé, ce qui permet de comparer les RCED entre les différentes maladies, mais d’autres mesures de l’effet sur la santé peuvent être utilisées dans d’autres systèmes de soins de santé. Dans la prise de décision, les RCED sont les plus utiles lorsque la nouvelle intervention est plus coûteuse mais qu’elle produit un meilleur effet sur la santé. Les RCED rapportés par les évaluations économiques sont comparés à un seuil prédéterminé (voir Seuil de rentabilité) afin de décider si le choix de la nouvelle intervention constitue une utilisation efficiente des ressources. Incremental Cost-Effectiveness Ratio (ICER) (2016). York; York Health Economics Consortium; 2016.
L’étude de Wilson et al. permet d’identifier les conditions d’un rapport coût-efficacité optimal : 2 jours par semaine pour 60 min/session sur 52 semaines par des professionnels qualifiés. Dans cette étude, le nombre attendu de chutes évitées grâce à l’intervention de TaiChi par rapport aux soins habituels était de 49,9 sur un an dans la cohorte de 100 résidents. Ainsi, l’incidence des fractures du col du fémur pour 100 participants par an était de 1,00125 avec le programme de Tai-Chi et de 1,5 avec les soins habituels. Le coût par chute évitée grâce au tai-chi était de 172,68 $ (en dollar américain), le coût par fracture de la hanche évitée était de 17 268,17 $. Les bénéfices nets totaux associés au programme de TaiChi ont été calculés (somme des économies directes et des valeurs de mortalité et de morbidité évitées). Ils s’élèvent à 1 274,43 dollars par personne et par an. Par ailleurs l’étude permet d’identifier un seuil au-delà duquel le Tai-Chi n’était plus rentable, celui-ci dépend du coût de l’intervention et du coût de prise en charge médicale des fractures du col du fémur (Wilson & Datta, 2001). D’une façon générale, les interventions de yoga et de Tai-Chi sont plus efficaces si elles sont de longue durée (au moins 12 semaines), si elles sont fréquentes (deux fois par semaine) et si elles sont adaptées à l’âge et aux conditions de santé des participants.
Les interventions de méditation et de pleine conscience (mindfulness) pourraient permettre de prévenir les maladies neurodégénératives et les troubles anxio-dépressifs sur la base de deux heures par semaine en groupe pendant huit semaines, complétées par des exercices à faire à domicile (à poursuivre à la
fin du cycle), animées par des instructeurs formés et certifiés. C’est que montre l’étude de Herman. Dans ce contexte, la TCC et la MBSR ont de fortes probabilités d’être rentables, et la MBSR peut être économique, par rapport à la CU pour les adultes atteints de CLBP. Ces résultats suggèrent que la MBSR, et dans une moindre mesure la TCC, peuvent fournir un traitement rentable de la CLBP pour les payeurs et la société. (Herman et al., 2017)
Des travaux de Hwang & Braun ont montré que la danse était une intervention rentable pour améliorer la douleur, la qualité de vie et la fonction physique des personnes. Les résultats suggèrent que la danse, quel que soit son style, peut améliorer de manière significative la force et l’endurance musculaires, l’équilibre et d’autres aspects de la condition physique fonctionnelle chez les personnes âgées. (Hwang & Braun, 2015)
En intégrant ces données de coût-efficacité, l’article souligne l’importance des stratégies de prévention des chutes dans les soins de longue durée en NSW. Ces stratégies représentent un investissement précieux pour les systèmes de santé et la société dans son ensemble, en réduisant les coûts de santé associés aux chutes et aux blessures, tout en améliorant la qualité de vie des personnes âgées (Church et al., 2011).
Limites
Comme pour les autres interventions, mesurer précisément le retour sur investissement de tels programmes s’avère complexe en raison de la difficulté à isoler l’impact des modalités d’intervention. Les effets observés peuvent provenir d’autres facteurs comme l’activité physique en général ou les interactions sociales, le manque de données longitudinales : peu d’études suivent les participants sur le long terme pour évaluer l’impact durable sur les dépenses de santé et la variété des programmes et des populations. Les programmes pour
personnes âgées diffèrent en termes d’intensité, de durée et de public ciblé, rendant les comparaisons difficiles. Les effectifs observés peuvent être insuffisants pour conclure à un effet significatif. Comme pour toutes interventions, la rentabilité, lorsqu’elle est calculée sur les QALYs, dépend du seuil de consentement à payer par QALY gagné. Pour autant, les données disponibles sont convergentes en ce qui concerne le caractère coût-efficace des interventions conduites par des professionnels formés.
Figure 9 : Ratios coût-efficacité différentiels (RCED) exprimés en coût supplémentaire par chute évitée
Grille de lecture: Les résultats sont issus d’évaluations économiques de programmes d’exercices de prévention des chutes en fonction du niveau de supervision. Ils sont présentés séparément pour les analyses fondées sur des modèles et pour les analyses fondées sur des essais. *Les coûts sont exprimés en dollars de 2020. Les interventions dominantes (c’est-à-dire les plus efficaces et les moins coûteuses) sont indiquées sur la ligne zéro. Les mêmes couleurs et les mêmes chiffres indiquent qu’il s’agit de la même étude. Les cercles fermés indiquent un niveau de certitude modéré et les cercles ouverts un niveau de certitude faible.
Le niveau de supervision des programmes d’exercices (supervisé, non supervisé, mélange de sessions supervisées et non supervisées) a eu un impact sur les résultats. Dans l’ensemble, l’exercice non supervisé a tendance à avoir un RCED plus élevé (5 comparaisons sur 10 en dessous du seuil de 100 000 USD), alors que toutes les comparaisons pour l’exercice supervisé étaient en dessous du seuil de 100 000 USD. L’enjeu de l’encadrement au sein de structures dotées de capacités de recrutement et de formation des professionnels et des bénévoles est une condition de la coût-efficacité. Repris de (Pinheiro et al., 2022).
L’efficacité sociale, sanitaire et économique des interventions centrées sur la santé mentale et la prévention du déclin cognitif des personnes âgées
Messages clés
• Les données relatives à l’impact des interventions sur la promotion de la santé mentale et la prévention du déclin cognitif sont issues d’approches très variées.
• L’intégration sociale et le soutien social ont des effets positifs sur la santé mentale et sont facteur de protection de la santé cognitive, les interventions influencent souvent les deux de façon simultanée.
• La majorité des études montrent un retour sur investissement positif en termes d’économie sur les soins et de QALYs. En ce qui concerne les interventions relatives au déclin cognitif, le retour social sur investissement varie de 1,17 à 5,18 pour 1, en fonction de la conception et de la structure des groupes de soutien.
• Il est possible d’identifier trois critères-clé quant à l’efficacité de ces interventions : le fait qu’elles promeuvent les interactions et le soutien social au-delà du volet technique de l’intervention, la qualification des personnes en charge de l’intervention et la durée de cette dernière.
Analyse
Bien que les enjeux liés à la promotion de la santé mentale et ceux concernant la prévention du déclin cognitif soient différents, nous avons choisi de les traiter conjointement du fait de leur intrication et de leur ancrage dans les dynamiques sociales. L’intégration sociale et le soutien social ont des effets positifs sur la santé mentale et sont facteurs de protection de la santé cognitive (Haslam et al., 2014). Les interventions influencent souvent
la fonction cognitive et la qualité de vie de façon simultanée (Kamegaya et al., 2014). Il convient également de préciser ici que de nombreuses interventions contribuent à la promotion de la santé mentale et à la prévention du déclin cognitif (démarches sociales visant à agir sur la solitude, l’activité physique, l’alimentation, les activités culturelles …), bien au-delà des programmes dédiés.
Bien-être et santé mentale
Comme nous l’avons indiqué dans les chapitres précédents, les études d’impact économique sont généralement conduites sur la base d’indicateurs dont le choix dépend plus de l’accessibilité et du caractère quantifiable que de la pertinence en termes de santé et de bien-être social. Lorsque l’on s’intéresse à la santé mentale, le niveau de complexité apparaît d’emblée comme plus élevé car il est difficile de définir des indicateurs aisément mesurables. Pour autant de nombreux travaux ont étudié la cost-effectiveness des interventions dans ce domaine. Une revue systématique a été publiée récemment. Elle ne concerne pas spécifiquement les personnes âgées (elle est principalement focalisée sur des programmes dédiés aux enfants et adolescents et aux adultes plus jeunes), mais elle offre un panorama complet des travaux disponibles, des approches utilisées et des spécificités de l’évaluation de l’impact économique des interventions dans le champ de la santé mentale. Quarante-neuf études étaient éligibles à l’inclusion. Trente études (61,2 %) ont été publiées entre 2015 et 2021. La majorité étaient des analyses de type coût-utilité (n 31) dont le résultat principal indicateur était l’année de vie ajustée sur la qualité (QALY). Seuls dix modèles utilisaient un horizon temporel de 50 ans (n 2) ou un horizon à vie (n 8). Un large éventail de stratégies de prévention en matière de santé mentale a été évalué, avec une focalisation sur les problèmes de santé mentale courants (dépression, suicide…). Ainsi, on dispose d’un nombre croissant d’évaluations économiques de la prévention en santé mentale fondées sur des modèles, mais les données probantes se limitent aux pays à revenu élevé et à l’horizon à court terme. Malgré une grande hétérogénéité dans la portée de l’étude et la structure du modèle parmi les études incluses, presque toutes les interventions
de prévention en santé mentale ont permis de réduire les coûts ou ont été rentables (Ha et al., 2022). Il est à noter, comme indiqué plus haut, que les développements dans ce champ sont récents, la revue de Zechmeister et al., réalisée en 2008 n’identifiait que 14 études et montrait que les données solides sur le rapport coût-efficacité se limitaient encore à un très petit nombre d’interventions, avec des possibilités limitées de généralisation et de transfert. Les études d’impact économique de qualité se développent donc rapidement, il faudra en suivre les évolutions.
En ce qui concerne les personnes âgées, les études ont porté essentiellement sur les problématiques liées à la solitude, la dépression notamment. Il est à noter que les interventions spécifiquement dédiées à la santé mentale ne sont pas les seules à influer positivement sur cette dernière. Un mode de vie sain et actif, des exercices de relaxation par exemple, ont montré leur efficacité pour des personnes âgées souffrant de dépressions et de troubles anxieux (Klainin-Yobas et al., 2015) (Cf. chapitre 5).
Pourquoi la promotion de la santé psychique chez les personnes âgées est-elle utile ?
La santé psychique a un impact positif sur les individus et la société tout au long de la vie, et en particulier durant la vieillesse. Une bonne santé psychique permet, entre autres :
• d’apprécier la vieillesse et de faire face à la maladie et au déclin physique, ainsi qu’à l’approche de sa propre fin ;
• de réduire les maladies physiques, car la santé physique et la santé psychique sont particulièrement liées à un âge avancé ;
• une plus grande autonomie et indépendance, parce que les maladies psychiques induisent une plus grande impuissance et dépendance, surtout durant la vieillesse ;
• de faire face à l’impact des crises sociétales comme la pandémie de Covid-19 ;
• de s’engager en faveur de son environnement personnel et de la société.
Efficacité (économique) même durant la vieillesse avancée
La santé psychique peut également être encouragée chez les personnes âgées. Au niveau des communes, il a été démontré que les interventions de groupe, par exemple sur la réflexion individuelle et la maîtrise du stress, entretiennent et améliorent la santé psychique des personnes âgées. La promotion des ressources sociales a non seulement un effet positif sur le bien-être et les troubles de l’humeur, mais elle s’avère également être un facteur de protection de la santé cognitive. Les maladies psychiques peuvent également être efficacement réduites chez les personnes âgées : la dépression et les troubles anxieux peuvent être influencés positivement, par exemple par la promotion d’un mode de vie favorable à la santé et physiquement actif, et par un entraînement à la relaxation. Après tout, même les personnes âgées seules peuvent «se remettre » de la solitude par des interventions adaptées et retrouver un réseau social solide. Outre un gain de qualité de vie pour les personnes concernées, la promotion de la santé psychique des personnes âgées s’accompagne d’un potentiel économique considérable :
• Sur l’ensemble des tranches d’âge, les maladies psychiques entraînent des coûts de santé directs élevés, qui représentent en Suisse entre 4 et 6,3 milliards de francs par an. Si les maladies psychiques peuvent être prévenues ou si leur étendue peut être réduite, on peut s’attendre à une baisse significative des dépenses de santé.
• La promotion de l’intégration sociale réduit, par exemple, le recours aux services de santé. Une évaluation des groupes d’arts, de discussion et d’activité physique en Finlande a montré que ces mesures réduisaient les coûts des prestations médicales et sociales de plus d’un tiers.
• Une personne en bonne santé psychique est capable de mener une vie indépendante plus longtemps, ce qui permet d’économiser sur les frais de soins et d’institutions d’accueil. La solitude est souvent une raison importante pour emménager dans une maison de retraite, même si la personne concernée peut encore vivre de façon autonome.
• Les personnes âgées en bonne santé psychique sont capables de s’impliquer dans la société et d’apporter diverses contributions (Promotion Santé Suisse, 2022a).
Remettant à jour deux revues existantes d’études de type coût-efficacité dans ce domaine afin de déterminer si de telles interventions sont rentables, la revue de Long Khanh-Dao Le et al. a porté sur 65 études au total (dont 7 sur les personnes âgées). Un grand nombre d’études se sont concentrées sur la prévention de la dépression et/ou des troubles anxieux, suivies par la promotion de la santé mentale et du bien-être et d’autres troubles mentaux. La plupart des études ont systématiquement conclu que les interventions de prévention et de promotion de la santé mentale étaient rentables ou permettaient de réaliser des économies. La revue a montré que la prévention ciblée était probablement plus rentable que la prévention universelle. Comparativement, les données probantes concernant les interventions préventives pour les troubles mentaux ou la promotion de la santé mentale chez les personnes âgées sont moins concluantes que les autres. Les études qui ont évalué le rapport coût-efficacité des interventions de prévention et de promotion de la santé mentale chez les personnes âgées ont été menées dans les pays suivants : Royaume-Uni (n = 3), Pays-Bas (n = 3) et États-Unis (n = 1). Parmi ces études, 4 portaient sur des interventions ciblant la dépression et l’anxiété, 2 sur la dépression uniquement, et 1 sur des interventions visant à améliorer la santé mentale générale et le bien-être des personnes âgées. Ces sept études ont été menées parallèlement à des essais contrôlés randomisés, avec une période de suivi de 6 à 12 mois.
Deux études ont évalué le rapport coût-efficacité d’un
programme de soins échelonnés visant à prévenir la dépression et l’anxiété chez les personnes âgées. Dans la première étude, l’intervention réduisait l’incidence de la dépression et de l’anxiété et – en supposant une volonté de payer pour une année sans trouble de 5 000 € –l’intervention représentait un bon rapport qualité-prix par rapport aux soins primaires habituels (4 367 €). Contrairement à cela, la seconde étude (chez des résidents de maisons de retraite) n’était pas rentable par rapport aux soins habituels. Deux études, ciblant les aidants de personnes atteintes de démence, ont examiné le rapport coût-efficacité d’une intervention à domicile et d’une intervention en huit séances sur l’adaptation. Comparée aux soins habituels, l’intervention à domicile consistant en 6 séances de conseil en personne n’a pas été jugée rentable en termes de gains de QALYs et d’incidence de la dépression et/ou de l’anxiété chez les aidants. La version adaptée de l’intervention “Coping with Caring”, en revanche, s’est avérée rentable par rapport au traitement habituel en termes de QALYs (6 000 £) et de symptômes affectifs chez les aidants familiaux (118 £). Les trois autres études ont examiné le rapport coût-efficacité d’une intervention universelle d’ergothérapie chez les personnes âgées de 60 à 95 ans, d’une intervention à domicile comprenant une formation pour le personnel des maisons de soins et des cours d’exercices bihebdomadaires dirigés par des physiothérapeutes pour les résidents des maisons de soins, et d’une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) chez les personnes âgées ayant subi une opération de la hanche. En utilisant comme référence le seuil de
Les interventions de stimulation cognitive permettent d’améliorer significativement les compétences cognitives des personnes âgées autonomes, vivant à domicile.
coût par QALY du Royaume-Uni (20 000 à 30 000 £ par QALY gagnée), les auteurs ont conclu que l’intervention d’ergothérapie était rentable pour améliorer le bien-être mental des personnes âgées, tandis que l’intervention à domicile et la TCC pour la prévention de la dépression n’a pas été jugée rentable (Le et al., 2021). D’autre études calculent le coût-efficacité des interventions à domicile. C’est le cas de l’évaluation conduite par Pizzi et al. sur la
Interventions de stimulation cognitive
Les interventions de stimulation cognitive permettent d’améliorer significativement les compétences cognitives des personnes âgées autonomes, vivant à domicile (HCSP, 2017 ; Lehert et al., 2015). Les programmes qui ont fait la preuve de leur efficacité sont de durée variable. De quelques semaines jusqu’à dix séances de groupe de 60 à 75 minutes chacune sur cinq à six semaines, suivies de quatre séances de renforcement à 11 mois et 35 mois. Le contenu est basé sur des exercices de mémoire, de raisonnement, de résolution de problèmes et de traitement de l’information (Lamboy et al., 2019). Par ailleurs, il faut noter que la revue de Su et al. intitulée “Leisure activities and the Risk of Dementia” qui porte sur un total de 38 études longitudinales, avec 2 154 818 participants montre que les activités de loisirs, quelles qu’elles soient, sont inversement associées à un risque de démence (Su et al., 2022).
Qu’il s’agisse de prévention du déclin cognitif (Haslam et al., 2014) ou de soutien aux personnes qui souffrent déjà de troubles cognitifs, les contacts et le soutien social constituent des facteurs clés (Oppikofer, 2010). Tel est le cas d’un programme d’intervention communautaire de 12 semaines visant à accroître la motivation à participer à des activités a entraîné des améliorations dans la fonction cognitive et de la qualité de vie (Kamegaya et al., 2014). C’est également le cas de l’étude de Ngandu et al., fondée sur la comparaison de l’efficacité d’une intervention multidomaine de 2 ans comprenant un régime alimentaire, de l’exercice, un entraînement cognitif et une surveillance du risque vasculaire par rapport à un contrôle pour prévenir le déclin cognitif chez les personnes âgées à risque. L’étude a concerné 2 654 personnes âgées de 60 à 77 ans avec un score de risque de démence CAIDE (Cardiovascular Risk Factors, Aging and Dementia) d’au moins 6 points et une cognition au niveau moyen ou légèrement inférieure à celle attendue pour l’âge. Les résultats de ce vaste essai contrôlé randomisé à long terme montrent que l’intervention multidomaine améliore ou maintient le fonctionnement cognitif chez les personnes âgées à risque (Ngandu et al., 2015).
L’étude de McRae et al. avait pour objectif d’évaluer le rapport coût-efficacité des interventions visant à traiter les facteurs de risque modifiables associés à la démence. Pour cela, un travail de modélisation a été conduit sur la base d’une analyse intégrant une approche de l’estimation des prix coût-efficacité qui utilise des données globales, y
prise en charge des syndromes dépressifs. L’intervention, constituée de 10 visites à domicile par des travailleurs sociaux diplômés, était coût-efficace (Pizzi et al., 2014).
compris les coûts estimés de la démence au cours de la vie, tant sur le plan financier que sur celui de la qualité de vie. Le programme était constitué d’un d’accompagnement basé sur Internet et d’interventions centrées sur le mode de vie (alimentation, activité physique…).
Les données montrent que d’un point de vue sociétal, une intervention théorique réduisant de 5 % une série de facteurs de risque de démence était rentable à 460 dollars par personne, et à 2 148 dollars par personne pour les groupes à risque plus élevé. Le programme en ligne coûtant 825 $ par personne était rentable à 1 850 $ par personne, même si l’effet du programme diminuait de 75 % avec le temps. Les auteurs concluent que les interventions visant à réduire les facteurs de risque de démence sont susceptibles d’être rentables si elles sont conçues de manière appropriée, mais la confirmation de cette conclusion nécessite un suivi à plus long terme des essais pour mesurer l’impact et la durabilité des gains à court terme selon les auteurs (McRae et al., 2021).
Le travail du Health Innovation Network portait sur le retour social sur investissement (SROI) des interventions de groupes de soutien par les pairs pour les personnes atteintes de démence. Le retour social sur investissement (SROI) est une méthode permettant de mesurer l’impact social d’activités, de projets et de programmes et de leur attribuer une valeur monétaire (Cf. supra). Ce SROI se concentre sur la valeur que les groupes de soutien par les pairs apportent aux individus, aux soignants et aux familles, ainsi qu’aux autres personnes associées aux groupes. Le soutien par les pairs est régulièrement préconisé dans les stratégies et politiques comme une intervention permettant d’apporter un tel soutien au sein de la communauté. Le soutien par les pairs permet à des personnes de se réunir avec l’aide de professionnels et de bénévoles formés. Des données qualitatives montrent que le soutien par les pairs peut réduire l’isolement et la solitude associés à un diagnostic, et fournir des informations et un soutien sur la manière de gérer la maladie pour aider les gens à vivre de manière positive.
Les groupes étudiés ont pour objectif de fournir un soutien par les pairs aux personnes atteintes de démence en leur offrant un environnement propice à la rencontre et à la socialisation, avec une variété d’activités adaptées à la démence pour impliquer les membres du groupe. Les trois groupes de soutien par les pairs présentent des
différences qui reflètent les différents modèles de soutien par les pairs que l’on rencontre dans les collectivités. Par exemple, deux groupes font appel à des bénévoles, l’autre non, et l’un d’entre eux s’adresse également aux aidants des personnes atteintes de démence, contrairement aux autres. Ils diffèrent également par la fréquence, la taille et les activités proposées.
L’étude montre que les groupes de soutien par les pairs donnent lieu à des résultats positifs importants pour les personnes atteintes de démence, leurs aidants et les bénévoles qui soutiennent les groupes. L’analyse du SROI montre que les trois groupes de soutien par les pairs évalués créent une valeur sociale positive pour les personnes atteintes de démence, les soignants et
les bénévoles, supérieure au coût de l’investissement. La valeur sociale créée varie de 1,17 à 5,18 livres sterling pour chaque livre d’investissement, en fonction de la conception et de la structure du groupe. Bien que le groupe le plus important, le plus intensif et le plus inclusif ait produit une valeur sociale plus élevée que les deux groupes de soutien par les pairs plus petits, il est apparu clairement que des structures différentes conviendront à des individus différents, car tout le monde ne souhaite pas ou n’a pas besoin d’une intervention intensive à haute fréquence (Health Innovation Network, 2015).
Agir sur l’audition pour limiter le déclin cognitif et la désinsertion sociale
L’accès aux technologies telles que les aides auditives, les implants cochléaires ou les technologies d’assistance auditive ainsi que la fourniture de services de réadaptation est une stratégie rentable pour lutter contre le déclin cognitif et promouvoir la santé mentale des personnes âgées malentendantes (Chao & Chen, 2008). Tordrup et
Les données relatives à la promotion de la santé mentale et à la prévention du déclin cognitifs sont issues d’approches très variées. La majorité d’entre-elles montrent un retour sur investissement positif. Il est possible d’identifier trois critères-clé quant à l’efficacité de ces interventions : le fait
coll. ont étudié les coûts et les bénéfices pour les cohortes de population nationales de 172 pays de l’extension du dépistage et la gestion de la perte auditive et des maladies de l’oreille connexes. Ils arrivent à un rendement de près de 15 dollars pour chaque dollar investi (Tordrup et al., 2022).
qu’elles promeuvent les interactions et le soutien social au-delà du volet technique de l’intervention, la qualification des personnes en charge de l’intervention et la durée de cette dernière.
Figure 10 : Modélisation des interventions probantes pour favoriser le vieillissement en bonne santé, repris de Lamboy et al., 2019.
Guide de lecture : Le bien-être et la santé mentale des personnes âgées sont liés à un ensemble de déterminants interreliés sur lesquels une large diversité d’interventions efficaces est susceptible d’agir.
L’efficacité sociale, sanitaire et économique des interventions centrées sur le développement des connaissances et des compétences des personnes âgées
Messages clés
• Les modalités de mise en œuvre des dispositifs dédiés au développement de la littéracie en santé ou des compétences psychosociales sont variables, mais on peut les regrouper en deux groupes : interventions de type atelier et interventions individualisées.
• Il y a complémentarité entre les interventions en milieu de soin et les interventions communautaires.
• Les interventions n’ont pas nécessairement à être de haute intensité (en nombres d’heures) pour être efficaces.
• Les modalités d’organisation des dispositifs de développement des compétences doivent être adaptées au public. En effet, les personnes âgées ne sont pas prêtes à se mettre dans la situation d’élèves face à un enseignant. Les dispositifs de développement des compétences sont appelés à s’adapter aux besoins et aux demandes des personnes ainsi qu’aux opportunités d’apprentissage.
• Même si les données restent parcellaires, les travaux disponibles montrent que les interventions intégrant des approches éducatives telles que des ateliers ou des entretiens individuels sont potentiellement coût-efficaces via la réduction des coûts liés aux soins de santé économisés grâce à des évolutions vers des comportement plus favorables à la santé (activité physique, adhérence aux traitements médicaux, arrêt du tabac…).
Analyse
Cette section de l’étude pourrait aisément être la plus volumineuse du document tant la question du développement des compétences apparaît comme centrale. En effet, les interventions analysées dans les chapitres précédents incluent toutes, d’une façon ou d’une autre, une dimension d’apprentissage. Qu’il s’agisse de séances d’activité physique, de programmes de yoga ou de Tai-chi, d’ateliers cuisine, d’interventions visant à développer les capacités de mémorisation, de modules dédiés à l’usage d’internet ou aux déterminants du bien vieillir, de sorties culturelles, d’engagement dans des associations comme bénévole, il est toujours question d’apprentissage (Hammou-ou-Ali, 2020) ! Ce dernier influence la santé à la fois du fait du processus cognitif qu’il engendre et des connaissances et compétences qu’il permet d’acquérir. Pour autant, la question de savoir quelle composante de l’intervention est efficiente est difficile à identifier. S’agit-il de l’activité par elle-même, de
la socialisation qui lui est liée ou des changements dans le rapport à la santé via les apprentissages de connaissances, compétences et attitudes liée aux modules ? En tout état de cause, ces dispositifs permettent aux personnes âgées d’apprendre, ils intègrent une dimension éducative.
Dans ce chapitre, nous ne reprendrons pas les études citées précédemment, bien que de nombreuses d’entreelles contiennent une dimension de développement des capacités des personnes âgées. Après avoir rappelé brièvement les enjeux du développement de la littéracie en santé, en particulier dans sa dimension digitale et des compétences de vie (ou compétences psychosociales), nous synthétiserons les données relatives à l’impact économique des interventions de counseling individuel.
Les enjeux liés à la littératie en santé
Définie initialement comme la capacité des individus à lire et écrire, la littératie a vu sa définition s’enrichir considérablement. Elle recouvre désormais la capacité des individus à comprendre et à utiliser l’information pour faire des choix éclairés. Ainsi, ce concept est-il plus complexe que l’illettrisme ou l’analphabétisme. S’informer requiert la mobilisation de nombreuses capacités, au-delà de la lecture et de l’écriture. Il faut pouvoir identifier la source d’information la plus fiable, comparer, hiérarchiser, mémoriser, compléter des formulaires, solliciter un interlocuteur, etc. Il s’agit également d’appréhender différents canaux d’information : le face-à-face, les supports papier, les outils numériques…
La littératie en santé est un domaine spécifique de la littératie, elle se définit comme la capacité des individus à accéder, comprendre, évaluer et utiliser l’information en vue de prendre des décisions concernant leur santé. L’étude de Bostock et Steptoe s’est intéressée à l’association entre une faible littératie en matière de santé (capacité à lire et à comprendre des informations de base relatives à la santé) et la mortalité chez les personnes âgées en Angleterre. Les données montrent qu’un tiers des personnes a des difficultés à lire et à comprendre les informations écrites de base relatives à la santé. Une mauvaise compréhension est associée à une mortalité plus élevée. Après ajustement des caractéristiques personnelles, de la situation socio-économique, de l’état de santé initial et des comportements en matière de santé, le rapport de risque de mortalité toutes causes confondues était de 1,40 pour les participants ayant un faible niveau de littératie en santé et de 1,15 pour les participants ayant un niveau moyen de littératie en santé, par rapport aux participants ayant un niveau élevé de littératie en santé. Un ajustement supplémentaire pour les capacités cognitives a réduit le rapport de risque pour une faible culture de la santé à 1,26 (Bostock & Steptoe, 2012). De faibles compétences en littératie en santé sont également associées à des comportements moins favorables à la santé, une moindre capacité à la gérer, une augmentation des hospitalisations et des coûts.
L’étude IROLHA a synthétisé les données. Une littératie
en santé faible chez les personnes âgées est liée à :
• une augmentation des hospitalisations,
• un recours accru aux soins d’urgence,
• un moindre recours à la mammographie,
• une moindre réception du vaccin contre la grippe,
• une moindre capacité à démontrer qu’elles prennent leurs médicaments de manière appropriée,
• une moindre capacité à interpréter les étiquettes et les messages sanitaires,
• un état de santé général moins bon,
• une mortalité plus élevée (IROHLA, 2017).
Il a été démontré que le renforcement de la littératie en santé augmente la résilience individuelle et communautaire, aide à remédier aux inégalités et améliore la santé et le bien-être (WHO, 2017). Le projet européen IROHLA a conduit à la production de recommandations qui visent à améliorer la compréhension et la capacité des personnes âgées à utiliser les informations et les services de santé de manière efficace. Les vingt recommandations couvrent divers aspects de la santé et de la communication, notamment l’accès à l’information, l’adaptation des messages de santé aux besoins des personnes âgées, la promotion de la participation active des personnes âgées dans la gestion de leur santé, et l’amélioration de l’accessibilité aux services de santé. L’objectif principal de ces recommandations est de favoriser l’autonomie et le bien-être des personnes âgées en renforçant leur capacité à prendre des décisions éclairées concernant leur santé. En mettant l’accent sur l’éducation, la communication et l’accessibilité, ces recommandations visent à réduire les disparités en matière de santé et à promouvoir le vieillissement actif et en bonne santé (IROHLA, 2017). Aussi, les interventions éducatives fontelles partie des mesures visant la promotion du bien vieillir, par exemple la diminution des comportements sédentaires chez les personnes âgées (INSPQ, 2022).
Les enjeux liés aux compétences psychosociales
Au-delà des connaissances en santé (littératie en santé), une série de compétences générales joue un rôle important en matière de santé. Il s’agit des compétences sociales (ou interpersonnelles, ou de communication) des compétences cognitives et des compétences émotionnelles (ou d’autorégulation) que l’on regroupe sous le nom de compétences psychosociales ou compétences de vie. Le développement des compétences psychosociales est un processus long qui
dure toute la vie (Jourdan, 2021). Les compétences de vie peuvent être développées et renforcées jusqu’à un âge avancé (Promotion Santé Suisse, 2022).
Figure 11 : Les compétences psychosociales, repris de Santé Publique France, 2023.
Le développement des compétences psychosociales est au centre du renforcement du pouvoir d’agir des personnes âgées. Le pouvoir d’agir est le processus qui permet à la personne d’avoir une plus grande possibilité d’agir sur ce qui est important pour elle. Une large part
des interventions collectives et individuelles étudiées contribuent à développer le pouvoir d’agir parce qu’elles placent les seniors en situation de sujet et non d’objet des dispositifs qui leurs sont dédiés.
Identifier les opportunités de développement des compétences
Il convient de préciser ici que les modalités d’organisations des dispositifs de développement des compétences doivent être adaptées au public. En effet, les personnes âgées ne sont pas prêtes à se mettre dans la situation d’élèves face à un enseignant ! Les dispositifs de développement des compétences sont appelés à s’adapter aux besoins et demandes des personnes ainsi qu’aux opportunités d’apprentissage.
Par exemple, l’étude de Sellon et al. sur le recrutement et la fidélisation des adultes plus âgés dans les programmes de bénévolat, met en évidence la pertinence de combiner l’apprentissage tout au long de la vie et l’engagement civique pour proposer des activités intéressantes afin d’attirer des personnes âgées. Sur la base de cette étude, sept éléments clés ont été identifiés, notamment le caractère personnel de l’invitation, le fait que la proposition
Deux
de formation ait du sens pour les personnes, les modalités d’interaction sociale, la flexibilité du rôle, les allocations de ressources, le soutien du personnel et la reconnaissance. Le fait de mettre en avant les capacités des individus et les ressources cultuelles et physiques des communautés apparaît également comme un enjeu central dans l’engagement des seniors dans le développement de leurs compétences au travers du bénévolat. Cet accent mis sur les atouts des individus et des communautés est cohérent avec l’approche du vieillissement actif et de la solidarité intergénérationnelle en Europe, c’est-à-dire en considérant les personnes âgées comme des “agents actifs poursuivant leur propre vie au sein de leur famille et de leur communauté” (Robertson 2013, Victoria state, 2016).
familles de dispositifs de développement des compétences
Les modalités de mise en œuvre des dispositifs dédiés au développement de la littéracie en santé ou des compétences psychosociales sont variables mais on peut les regrouper en deux groupes : interventions de type atelier et interventions individualisées.
Du côté des ateliers, au-delà de ce qui a été décrit dans les chapitres précédents, on trouve notamment les interventions s’appuyant sur les technologies de l’information et de la communication qui visent à former les personnes pour faciliter l’accès aux nouvelles technologies et aux réseaux sociaux. Les programmes s’adressant aux personnes âgées autonomes vivant à domicile
ont démontré des effets prometteurs sur le sentiment d’isolement, sur les liens sociaux, sur la communication intergénérationnelle et sur la satisfaction de vie (Chen et al., 2016 ; Batchelor et al., 2016). Cependant, ces études interventionnelles présentaient un certain nombre de limites, car les résultats se situaient à court terme (inférieur à 6 mois) et le taux d’attrition était souvent élevé (jusqu’à 50 %). Plusieurs de ces programmes concernant les apprentissages digitaux impliquent une dimension intergénérationnelle (Lamboy et al., 2019). Les principaux résultats de l’étude suisse sur l’utilisation des technologies de l’information et de la communication par les personnes âgées sont présentés dans la brochure “Digital Personnes
âgées” de Pro Senectute.
A notre connaissance, on ne dispose pas d’étude relative au rapport coût-efficacité des programmes de développement des compétences digitales des personnes âgées.
Du côté des interventions individualisées, on parle également de counseling, c’est-à-dire des “entretiens individuels psycho-éducatifs” réalisés par des professionnels ou des bénévoles dûment formés, il existe une grande richesse de modalités d’intervention. Des entretiens motivationnels, des conseils lors des interventions sociales (avec ou sans support éducatif), des démarches d’accompagnement dans le domaine nutritionnel, de l’activité physique ou des habitudes de vie peuvent être offerts aux personnes âgées autonomes pouvant présenter des facteurs de risque (tels que l’isolement, la sédentarité, la consommation de tabac…). Ces interventions permettent d’améliorer la qualité de vie, la santé perçue et de réduire le nombre d’hospitalisations. Selon la nature des interventions individuelles proposées, elles peuvent avoir de l’impact sur les comportements alimentaires, l’activité physique et le poids ainsi que sur la consommation tabagique (Baxter et al., 2016 ; INPES, 2012 ; Batchelor et al., 2016). Selon Lamboy et al., les interventions de counseling efficaces sont fondées généralement sur les modèles théoriques de changement issus de la psychologie sociale de la santé (Lamboy et al., 2019).
Il est à noter qu’une revue systématique, incluant 52 études
portant sur l’efficience des interventions visant à améliorer la littératie en santé en lien avec les facteurs de risque comportementaux des maladies chroniques a été conduite par Taggart et al. auprès d’adultes de tous âges (nous ne disposons pas de l’équivalent dédié spécifiquement aux personnes âgées). Les données montrent que les interventions de groupe et individuelles dans les soins de santé primaires et les milieux communautaires sont utiles pour soutenir un changement durable de la littératie en santé. Certains aspects des comportements à risque peuvent être mieux traités du côté des acteurs du soin, d’autres plus efficacement dans la communauté par les structures à vocation sociale comme des associations ou les communes. De nombreux types et contextes d’intervention différents étaient associés à un changement dans la littératie en santé (73 % de toutes les études) et à un changement dans les comportements (75 % des études). Un plus grand nombre d’interventions de faible intensité ont rapporté des résultats positifs significatifs pour l’adoption de comportement favorables à la santé (43 % des études) par rapport aux interventions de haute intensité (33 % des études). Plus d’interventions dans les soins de santé primaires que dans la communauté ont été efficaces pour soutenir l’abandon du tabac, alors que l’inverse était vrai pour les interventions liées à l’alimentation et à l’activité physique (Taggart et al., 2012).
La littératie en santé se définit comme la capacité des individus à accéder, comprendre, évaluer et utiliser l’information en vue de prendre des décisions concernant sa santé.
Une faible littératie en santé est associée à des comportements moins favorables, une augmentation des hospitalisations et des coûts et une mortalité plus élevée.
Deux conclusions importantes peuvent être tirées de cette revue générale. D’abord qu’il y a complémentarité entre les interventions en milieu de soins et les interventions communautaires. Ensuite, les interventions n’ont pas nécessairement à être de haute intensité (en nombre d’heures) pour être efficaces. Une nouvelle fois, ces données confirment que les associations communautaires dont
le but est de “contribuer au bien-être matériel, physique et moral des personnes âgées ainsi que de préserver ou renforcer leur capacité de vivre indépendantes et intégrées à la vie du pays” ne sont pas des “compléments caritatifs” à l’action des systèmes de soins, mais bien des acteurs de premier plan du bien vieillir.
Un coût-efficacité avéré pour les interventions de counseling individuel
Brainard et al. ont conduit une étude exhaustive de la littérature scientifique internationale, de la littérature grise et d’autres sources afin de recenser les interventions de santé publique mises en œuvre auprès des personnes âgées. Les études ont été sélectionnées en fonction des priorités pour la politique européenne de santé publique, notamment les maladies principales, les facteurs de risque pour la santé et les groupes cibles vulnérables. Sur près de 7 000 résumés écrits, 1 097 répondaient aux critères d’inclusion, dont 233 ont été retenus pour être notés et classés. La sélection finale a porté sur 18 articles décrivant 15 programmes dont l’efficacité a été démontrée pour des maladies ou des facteurs de risque importants et des groupes vulnérables. La plupart des programmes tentent d’améliorer les compétences en matière de communication, d’autogestion et de compréhension des soins de santé ou des choix de mode de vie. Les études incluses avaient pour objectifs (des plus fréquentes au moins fréquentes) : informer et éduquer les personnes âgées ; enseigner des compétences ; soutenir le changement de comportement et le maintien des acquis ; renforcer le soutien contextuel ; faciliter l’implication des individus au niveau du système ; adapter les interventions de littératie en santé ou améliorer leur mise en œuvre ; modifier l’environnement social, culturel ou physique afin de renforcer les effets des interventions en matière de santé publique. Selon les auteurs, ces programmes apportent la preuve de leur efficacité dans la lutte contre les maladies et les facteurs de risque prioritaires. Ils concluent que l’amélioration de la littératie en santé est une intervention prometteuse pour promouvoir un vieillissement en bonne santé (Brainard et al., 2016).
L’étude d’Anderson et al. sur la prévention du diabète chez les personnes de 65 ans ou plus utilisant des méthodes standard d’analyse du rapport coût-efficacité et des économies de coûts a montré que les interventions sur le mode de vie pour lutter contre le prédiabète ont un rapport coût-efficacité élevé (Anderson, 2012).
La revue de Zhou et al. montre l’efficacité de l’éducation diététique chez les personnes âgées (Zhou et al., 2018). Des études montrent que le comportement alimentaire peut être amélioré et rendu plus équilibré même à un âge avancé grâce à des interventions ciblées (Promotion Santé Suisse, 2022). De plus, les interventions de conseil en nutrition impliquant une participation et une collaboration actives sont prometteuses pour influer sur les résultats positifs liés à la nutrition chez les personnes âgées (Bandayrel & Wong, 2011).
L’étude d’Avlund et al. visait à évaluer l’efficacité et la rentabilité d’une intervention éducative à domicile pour prévenir le déclin fonctionnel chez les femmes âgées vivant en communauté. Il s’agissait d’une étude clinique randomisée contrôlée impliquant 204 femmes. Le critère principal était le déclin fonctionnel, mesuré par l’indice de Barthel. Les coûts et les effets de l’intervention ont été analysés sur une période de 12 mois. Le groupe intervention a présenté une réduction significativement plus faible du déclin fonctionnel que le groupe témoin (p = 0,02). Le coût total par participante dans le groupe intervention était de 400 € de plus que dans le groupe témoin. Le rapport coût-efficacité incrémental (ICER) de l’intervention était de 2 000 € par année de vie ajustée pour la qualité (QALY) gagnée (Avlund et al., 2007).
L’entretien motivationnel est une intervention éducative de courte durée déployé auprès de personnes âgées dans le but de les accompagner dans des changements de comportement. Par exemple, la littératie en santé est un facteur prédictif important de l’observance thérapeutique chez les personnes âgées (Lee et al. 2015), l’adhésion des patients aux traitements médicamenteux est améliorée par les entretiens motivationnels (Albanesi et al., 2023). C’est aussi le cas pour l’activité physique des seniors (Larsen et al., 2021) ainsi que pour le sentiment d’auto-efficacité et l’activité physique des personnes d’âge moyen (Galbraith et al., 2022).
Une méta-analyse (tous âges confondus) a montré un effet significatif de l’entretien motivationnel sur les estimations de l’effet combiné pour l’indice de masse corporelle, le cholestérol sanguin total, la pression artérielle systolique, la concentration d’alcool dans le sang et le taux d’éthanol standard, tandis que les estimations de l’effet combiné pour le nombre de cigarettes par jour et pour les marqueurs du diabète n’étaient pas significatives. L’entretien motivationnel a eu un effet significatif et cliniquement pertinent dans environ trois études sur quatre, avec un effet égal sur les maladies physiologiques (72 %) et psychologiques (75 %). L’utilisation de l’entretien motivationnel lors de brèves rencontres de 15 minutes a eu un effet dans 64 % des études. La répétition renforce l’effet (Rubak et al., 2005). La revue systématique de Rollnick et al. portant sur 72 études a montré que l’entretien motivationnel était plus performant que les conseils traditionnels dans 80 % des études. Des études ont montré que l’entretien motivationnel peut améliorer l’observance des traitements pour des maladies telles que l’hypertension artérielle et le diabète, ce qui peut entraîner des économies en évitant les complications et les hospitalisations (Rollnick et al., 2010).
Proposer des activités éducatives collectives
À travers des démarches participatives, les ateliers collectifs peuvent contribuer à renforcer les compétences des personnes âgées à rechercher et à s’approprier l’information sur la santé.
• Organiser des ateliers autour de thématiques intéressant les personnes âgées, en partageant des ressources et connaissances permettant plus d’implication dans la gestion de sa santé et plus d’appropriation critique du système de santé.
• Soutenir les personnes âgées dans l’utilisation des technologies numériques. Organiser, par exemple, des ateliers sur la recherche et l’évaluation d’informations sur la santé sur internet. Savoir utiliser les outils numériques peut renforcer l’autonomie et soutenir le lien social, notamment avec les plus jeunes.
Des temps individualisés permettent de créer un lien de confiance et d’amener les plus fragiles vers les activités collectives.
Renforcer le soutien social
• Favoriser la participation à des activités collectives conviviales. Ces moments permettent de contrer la solitude, de renforcer la confiance en soi, de stimuler les sens et l’expression. La mixité des groupes (âge, culture, genre et état de santé) sera un facteur de complémentarité et d’enrichissement.
• Sensibiliser l’entourage des personnes âgées et s’adresser à lui. Il est important de considérer l’environnement social et le rôle de soutien qu’il joue dans les dimensions de la littératie en santé.
Adapter la communication
Adopter quelques réflexes améliore l’échange d’informations.
• S’adapter au rythme et aux potentiels handicaps (mobilité, vue, audition…) des personnes et faites reformuler les informations. Les objectifs d’un entretien ou d’un atelier doivent pouvoir être ajustés en cours de route.
• Exploiter les supports papiers (flyers, journal de l’association, courriers…) rédigés en langage clair pour appuyer la communication avec les personnes âgées.
• Prendre le temps d’écouter la personne et de discerner dans le discours sa demande, et les leviers liés à son histoire et son quotidien.
Repris de Cultures & santé, 2019
Même si les données restent parcellaires, les travaux disponibles montrent que les interventions intégrant des approches éducatives telles que des ateliers ou des entretiens individuels sont potentiellement coût-efficaces via la réduction des coûts liés aux soins de santé, coûts économisés grâce à des évolutions vers des comportement plus favorables à la santé (activité physique, adhérence aux traitements médicaux, arrêt du tabac…). Les activités éducatives doivent être adaptées et se déployer lorsque
des opportunités se présentent et qu’elles font sens pour les personnes âgées. Elles peuvent être menées par des professionnels ou des bénévoles dument formés. Pour être efficaces, elles n’ont pas nécessairement à être très longues. C’est de la pertinence pour les personnes et de la qualité de l’intervention elle-même que dépend son efficacité.
Guide de lecture : À travers une combinaison d’actions et de points d’attention, il est possible de renforcer les compétences en littératie en santé des personnes âgées, en tenant compte des contextes spécifiques et de leur singularité. Repris de Cultures & santé, 2019.
Figure 12 : Les principaux facteurs limitant la littératie en santé des seniors
L’efficacité sociale, sanitaire et économique des activités culturelles 10
Messages clés
• Les données de la recherche montrent que des pratiques artistiques bien encadrées ont un impact sur la santé mentale et physique des personnes âgées, que celles-ci rencontrent des difficultés cognitives ou non.
• Les études économiques montrent un retour social sur investissement allant de 1,20 à 8,27 pour 1 Franc investi.
Analyse
Il convient en premier lieu de rappeler que les activités culturelles (pendant la retraite comme au cours de la vie), comme toutes les activités de loisirs, ont potentiellement un impact favorable sur la santé. La synthèse de Lamboy et al. souligne que les interventions culturelles sont prometteuses tant pour prévenir les chutes, les symptômes anxio-dépressifs et le stress que pour favoriser le bien-être, la qualité de vie, la confiance en soi et l’inclusion sociale. Comme c’est le cas pour les autres interventions préventives, elles ne sont efficaces qu’à certaines conditions (compétences des intervenants, durée du dispositif…). En l’occurrence, c’est le cas des programmes composés d’un atelier de 90 minutes par semaine pendant au moins douze semaines, animé par un professionnel (Lamboy et al., 2019).
Ceci est valable pour les personnes présentant de difficultés cognitives ou non. La revue systématique de Delfa-Lobato relative aux bénéfices des activités culturelles pour les personnes atteintes de troubles cognitifs publiée dans le Journal of Epidemiology and Community Health en 2014 a évalué les bienfaits de ces activités sur la santé et le bienêtre des personnes âgées. Les résultats ont montré que les
activités culturelles étaient associées à une amélioration de la santé mentale, de la qualité de vie, de la satisfaction de vie, et de l’engagement social (Delfa-Lobato et al., 2021).
Les pratiques culturelles sont de natures variées. On peut prendre ici l’exemple de la pratique du chant. L’étude de Cohen et al., auprès de 166 personnes que l’on répartit en deux groupes (participant à une chorale ou non), montre que dans le groupe ayant bénéficié de l’intervention chorale, la santé physique est meilleure, on y observe moins de visites chez le médecin, moins de consommation de médicaments, moins de chutes et moins d’autres problèmes de santé qu’au sein du groupe témoin. Le groupe d’intervention a également fait preuve d’un meilleur moral et d’un moindre sentiment de solitude que le groupe témoin. En ce qui concerne le niveau d’activité, dans le groupe témoin, il est mis en évidence une baisse significative du nombre total d’activités, tandis que dans le groupe d’intervention, il est signalé une tendance à l’augmentation de l’activité. Ce type d’activité a ainsi d’importants effets favorables à la santé, notamment via une réduction significative des facteurs de risque à l’origine du besoin de soins de longue durée.
Les interventions culturelles sont prometteuses tant pour prévenir les chutes, les symptômes anxio-dépressifs et le stress que pour favoriser le bien-être, la qualité de vie, la confiance en soi et l’inclusion sociale.
Il est à noter que les pratiques intergénérationnelles dans leur ensemble, et celles qui concernent les activités culturelles en particulier, ont un effet significatif sur la santé des personnes âgées. C’est le cas par exemple de la lecture d’albums de littérature de jeunesse à des petits enfants. En s’engageant dans ces programmes de volontariat intergénérationnel et intellectuel pendant 9 mois, la santé subjective, le réseau social, la conscience du soutien de la communauté et certains aspects de la performance physique ont été considérablement promus chez les personnes âgées volontaires (Fujiwara et al., 2006). Cet effet est durable puisqu’après 7 années d’intervention, les données montrent que les participants du groupe contrôle étaient plus susceptibles de réduire l’activité intellectuelle et les interactions avec les enfants que les participants au programme intergénérationnel. Les effets positifs à long terme concernent le maintien et l’amélioration de l’activité intellectuelle, le fonctionnement physique et les échanges intergénérationnels (Sakurai et al., 2016).
Plusieurs travaux ont étudié l’efficience des dispositifs de promotion des activités culturelles chez les personnes âgées. L’étude de Bosco et al. qui porte sur l’efficacité économique de programmes de pratiques artistiques destinées aux personnes âgées institutionalisées (souffrant de démence ou pas) a montré un retour sur investissement de 1,20 £ par £ investie (Bosco et al., 2019).
Le travail de Jones et al. concerne un programme en arts visuels pour des personnes souffrant de démence. Outre l’impact positif sur la santé mentale et le bien-être, l’analyse économique évalue le retour sur investissement à 5,18 £ par £ investie (Jones et al., 2020).
Le programme House of Memories (ressources et activités dans les musées) a un impact favorable sur les aidants participants. Ces résultats se traduisent par des valeurs économiques et un retour sur investissement de 8,66 £ par £ investie (jusqu’à un an après House of Memories dans les Midlands) et de 44,68 £ par £ investie (jusqu’à huit ans après House of Memories dans les Midlands) (Wilson & Welhan, 2014).
Un travail d’évaluation très complet a été conduit sur “Craft café”, un programme écossais qui vise à réduire l’isolement et la solitude des personnes âgées, à leur permettre d’apporter des changements positifs à leur mode de vie en rapport avec le vieillissement et, en fin de compte, à améliorer leur qualité de vie. Le constat de départ est double. Il s’agit de l’association entre isolement social et dégradation de la santé et du bien-être des personnes âgées d’une part et d’autre part de la relation positive existant entre l’engagement actif des personnes âgées dans les arts et le maintien de leur bien-être physique, mental et social.
Les “Craft Cafés” ont été conçus comme des espaces de
pratique artistique conviviaux et créatifs où les personnes âgées peuvent acquérir de nouvelles compétences, renouveler leurs réseaux sociaux et renouer avec leur communauté. Les activités sont destinées à favoriser la participation, la créativité, l’expression artistique et l’apprentissage. Les personnes âgées y gagnent en confiance, en estime de soi et en intérêt pour la vie, se sentant souvent plus engagées et plus impliquées. Le dispositif est mis en œuvre dans des espaces défavorisés accueillant un pourcentage élevé de personnes âgées vivant seuls et confrontés à l’exclusion de la vie sociale et culturelle.
L’étude montre que les “Craft Cafés” pilotes ont donné lieu à un certain nombre de résultats positifs importants tant pour les personnes âgées elles-mêmes que pour les aidants et les organismes de santé et de protection sociale.
Pour les personnes âgées qui y participent 3 fois par semaine :
• elles se sentent stimulées et reconnues, ce qui leur donne un meilleur sentiment d’estime de soi et d’épanouissement ;
• elles nouent des relations meilleures et plus solides avec d’autre participants et se sentent donc moins seules ;
• une fréquentation régulière apporte une stimulation mentale, une perspective plus positive et une réduction des niveaux d’anxiété et de dépression ;
• au fil du temps, elles deviennent plus confiantes, plus indépendantes, plus actives au sein de leur communauté ;
• elles marchent plus régulièrement ;
• elles font plus attention à leur santé et réduisent certains comportements nocifs.
Pour les membres de la famille des participants :
• les nouveaux intérêts et la motivation de la personne âgée conduisent à plus de conversation et à une meilleure relation entre les membres de la famille ;
• le soutien de groupe offert par le Craft Café conduit à ce que la personne âgée nécessite moins d’attention de la part de la famille ;
• la production créative de la personne âgée conduit à une appréciation et un intérêt accru pour l’art parmi les membres de la famille.
Pour les organismes de santé et de protection sociale :
• la stimulation, l’interaction et le bien-être qu’en retirent les personnes âgées se traduisent par une amélioration de la qualité de vie et de l’environnement. La valeur thérapeutique de la fréquentation du Craft Café entraîne une réduction des symptômes d’anxiété et de dépression ;
• les relations sociales agréables et la perspective positive qui en découlent permettent aux participants de réduire ou d’arrêter complètement de fumer ;
• l’amélioration de la santé physique et mentale des participants au Craft Café entraîne une réduction de la fréquence des visites chez le médecin généraliste.
L’analyse du SROI montre que le programme “Craft Café” a été très efficace et a créé une valeur sociale pour chacun de ses principaux groupes de parties prenantes. L’analyse présentée montre que le programme nécessite un investissement (direct et en nature) de 1 170 £ par personne âgée et par an. Cet investissement crée à son tour une valeur sociale de 7 155 £ directement pour chaque personne âgée qui participe au programme au cours de l’année. L’analyse montre aussi que, dans l’ensemble, les “Craft Cafés” pilotes ont créé entre 4,86 et 9,57 £ de valeur sociale pour chaque livre d’investissement. Sur la base d’une recherche rigoureuse et des meilleures hypothèses, le rapport estime un retour social sur investissement de 8,27 £ pour 1 £ investie (Impact Arts, 2011).
Les espaces conviviaux de type “Craft cafés” montrent des résultats importants tant pour les personnes ellesmêmes que pour les aidants et les organismes de santé et de protection sociale.
Impact économique des interventions dédiées aux personnes âgées
Figure
13 : Le
modèle de fonctionnement d’un atelier de création artistique et de son impact sur la santé
Contexte du projet
À mesure que le nombre de personnes âgées augmente, un plus grand nombre d'entre elles vivent seules, à faibles revenus et socialement isolées. L'isolement social et la solitude sont systématiquement associés à une détérioration de la santé et du bien-être des personnes âgées. Il existe également des données qui démontrent la relation positive entre l'engagement actif des personnes âgées dans les arts et le maintien de leur bien-être physique, mental et social.
Dans le même temps, il est de plus en plus évident que les dépenses supplémentaires consacrées aux services qui promouvoir la santé, le bien-être et l'indépendance des personnes âgées peuvent prévenir ou retarder la nécessité de recourir à des services soins plus coûteux. Dans ce contexte, mieux vaut prévenir que guérir
Approche déployée
L’atelier de création propose un espace accueillant et créatif au sein duquel les personnes âgées participent à des activités artistiques guidées, apprennent de nouvelles compétences et rencontrent de nouvelles personnes.
Ces activités sont participatives, créatives, stimulantes, adaptées aux besoins des personnes et laissées à leur libre choix.
Les activités visent à favoriser le plaisir de la création, de l’expression artistique et de l’apprentissage de façon à influencer l’estime de soi des personnes, leur motivation, leur engagement.
Il en résulte des changements favorables dans les relations personnelles, la participation à la vie sociale et les modes de vie ce qui influence en fin de compte la santé physique et mentale
Ce qu’apporte l’atelier
Un espace physique sur et accueillant
L’expertise professionnelle des artistes qui animent l’atelier
L’équipement et le matériel adaptés aux personnes
Le soutien financier des bailleurs sociaux
Les personnes âgées et leur créativité
Les activités elles-mêmes
Des activités créatives organisées (loisirs créatifs, danse, théâtre, littérature, musique, arts visuels)
L’accompagneme nt par des artistes professionnels compétents
Des expositions présentant le travail des personnes
Valeur ajoutée stratégique des activités
Effets observés
Des attentes plus importantes et plus explicites de la part des personnes
Des productions artistiques de qualité
Des relations sociales favorisées
Des choix plus ouverts en termes d’activités et de modes d’expression
Une valorisation du travail collectif
Un partage des émotions
Une activité physique douce et une mobilité renforcées
Une fierté réelle devant les réalisations
L’atelier est basé sur une approche collaborative qui renforce le partenariat entre les organisations. Du fait de son ancrage local et des collaborations avec les acteurs du territoire et les familles, il renforce les liens sociaux et familiaux, les réseaux de soutien locaux et la solidarité intergénérationnelle. Il génère une relation plus étroite entre les personnes âgées et les structures d’hébergement.
Résultats intermédiaires
Amélioration de la vivacité et de l’apparence physique
Réduction du stress quotidien
Développement de nouveaux intérêts artistiques et de nouvelles compétences
Renforcement du sentiment d’utilité et de l’optimisme
Amélioration des relations avec la famille et les amis
Renforcement de la confiance en soi et de l’estime de soi
Renforcement du sens de la communauté et de la participation à l’échelon local
Plaisir renouvelé à la découverte des arts et de la culture
Amélioration des compétences d’expression et de communication
Meilleure autonomie et indépendance
Renforcement des capacités de résolution de problèmes et de la pensée créative
Résultats finaux
Baisse de l’isolement et de la solitude des personnes âgées
Amélioration de la santé mentale et physique et du bien-être
Amélioration de la relation au sein des familles
Augmentation des demandes de location dans le quartier
Baisse des demandes de santé
Guide de lecture : Ce modèle de fonctionnement d’un atelier de création artistique et de son impact sur la santé est basé sur l’exemple du Craft Café (modifié de Impact Arts, 2011).
L’efficacité sociale, sanitaire et économique du travail social communautaire 11
Messages clés
• L’évaluation du retour sur investissement du travail social communautaire spécifiquement ciblé sur les personnes âgées est complexe. Elle appelle des méthodologies adaptées susceptibles de prendre en compte toutes les dimensions de l’impact des interventions sur les personnes et les communautés.
• Les données qui intègrent de façon systématique l’analyse des différents impacts des programmes mettent en évidence un retour sur investissement élevé.
• C’est le cas du programme « Stay Well à Home » pour lequel le retour social sur investissement des interventions est de 11 pour 1.
Analyse
Le travail social communautaire auprès des personnes âgées vise à soutenir leur bien-être, leur autonomie et leur intégration sociale au sein de la communauté. Les interventions sont conçues pour répondre à leurs besoins spécifiques tout en favorisant leur participation active à la vie sociale et en prévenant l’isolement. Il s’appuie sur une vision du travail social qui intègre :
• le respect de l’autonomie et de la dignité des personnes âgées ;
• la participation active des personnes (collaboration étroite entre les travailleurs sociaux et les personnes âgées pour identifier leurs besoins, élaborer des solutions et mettre en œuvre des actions) ;
• l’empowerment des personnes âgées (renforcer les capacités des personnes âgées à agir sur leur propre situation) ;
• la promotion du vivre-ensemble intergénérationnel (les liens et les échanges entre les générations pour favoriser la cohésion sociale et le bien-être de tous).
Le travail social communautaire donne lieu à une diversité de pratiques à la fois individuelles et collectives. Par exemple :
• Conseil et orientation : les travailleurs sociaux fournissent des services de conseil et d’orientation aux personnes âgées et à leurs familles, les aidant à naviguer dans les systèmes de santé, de sécurité sociale et de logement. Cela peut inclure des conseils sur les prestations sociales, les soins de longue durée, les directives anticipées, etc. Le travail social communautaire peut inclure l’accès aux droits, la mise en lien avec l’offre territoriale et la coordination des prestations de services de soutien à domicile, tels que l’aide aux tâches ménagères, les soins personnels, la livraison de repas et les visites de compagnie.
• Groupes de soutien et activités sociales : les travailleurs sociaux organisent des groupes de soutien et des activités sociales spécialement conçus pour les personnes âgées. Ces activités favorisent la socialisation, le maintien des compétences et la stimulation cognitive.
• Programmes de prévention de la maltraitance : le travail social communautaire peut mettre en place des programmes de sensibilisation et de prévention de la maltraitance des personnes âgées. Cela implique souvent des campagnes d’information, des formations pour les professionnels de la santé et du bien-être, ainsi que des services de soutien et de protection pour les personnes âgées victimes de maltraitance.
• Plaidoyer pour les droits des personnes âgées : le travail social communautaire comprend souvent des activités de plaidoyer à l’échelon local visant à promouvoir les droits et le bien-être des personnes âgées.
• Réseaux de soutien familial et intergénérationnel : les travailleurs sociaux encouragent le développement
de réseaux de soutien familial et intergénérationnel pour les personnes âgées. Cela peut inclure des programmes de soutien aux aidants familiaux, des activités intergénérationnelles et des initiatives de bénévolat impliquant les personnes âgées.
Les données de la recherche montrent que ces diverses modalités d’intervention ont un effet favorable sur la santé physique, mentale et sociale des personnes âgées (voir références dans la revue de Ghiga et al., 2020) y compris à long-terme (voir par exemple Behm et al., 2014).
L’évaluation du retour sur investissement du travail social communautaire spécifiquement ciblé sur les personnes âgées est complexe. En effet, la population âgée présente des besoins spécifiques qui nécessitent des interventions sociales adaptées et dont les impacts peuvent être difficiles à quantifier de manière précise. Les travaux disponibles n’intègrent pas tout l’empan du champ d’action des travailleurs sociaux. Ils se limitent souvent des interventions de type réunions de seniors et des interventions à domicile dans le cadre de programmes (Dahlin-Ivanoff et al., 2010). De plus, s’agissant d’interventions mobilisant une large variété de professionnels, l’efficacité économique de l’intervention spécifique des travailleurs sociaux est difficile à quantifier.
Pour autant, plusieurs études mettent en évidence l’efficacité économique du travail social communautaire via la réduction des coûts de santé, l’amélioration de la qualité de vie, le report de l’entrée en institution, la réduction de la charge pour les aidants familiaux (accompagnement, groupes de soutien…).
Le travail de Zingmark et coll. vise à évaluer le rapport coût-efficacité sur quatre ans de deux interventions : des réunions de seniors et des visites pour les personnes âgées vivant à domicile, par rapport à l’absence d’intervention. Ont été intégrées les données relatives aux transitions entre les états de dépendance, aux scores de qualité de vie et aux coûts sociétaux pour chaque état de dépendance, aux coûts d’intervention et aux effets d’intervention pour deux formats d’interventions. Les années de vie corrigées de la qualité (QALYs) et les coûts sociétaux cumulés sur 4 ans ont été calculés. Les résultats indiquent que les interventions, sous la forme de réunions de seniors ou de visites à domicile, sont rentables. Les deux interventions entraînent des gains de QALYs et réduisent les coûts sociétaux sur 4 ans. Par rapport à l’absence d’intervention, les interventions à domicile ont réduit les coûts sociétaux de 5 245 € (ces coûts se montent à 24 291 € par personne sur 4 ans dans le groupe sans intervention contre 19 046 € pour le groupe ayant bénéficié de ces interventions). Les séances de rappel annuelles mises en œuvre pour les personnes qui ont maintenu leur niveau de fonctionnement ont prolongé les effets de l’intervention en ajoutant des QALYs supplémentaires et en réduisant encore les coûts sociétaux, cf. tableau 5 (Zingmark et al., 2019).
Tableau 5 : Évaluation du rapport coût-efficacité sur quatre ans de deux interventions : des réunions de seniors et des visites pour les personnes âgées vivant à domicile, par rapport à l’absence d’intervention
Guide de lecture : Les QALYs et les coûts différentiels sont indiqués pour les réunions de seniors (SM) et pour les visites à domicile (PV) par rapport à l’absence d’intervention.
A : Années de vie corrigées de la qualité
B : Les QALY et les coûts différentiels ont été calculés pour la SM et la PV, respectivement, par rapport à l’absence d’intervention.
C : Une session de groupe supplémentaire pour SM et une visite à domicile supplémentaire pour PV a été ajoutée pour ceux qui sont restés dans un état de dépendance légère aux années 1, 2 et 3, respectivement (Zingmark et al., 2019).
L’étude de Sahlen et coll. examine la rentabilité des visites à domicile chez des personnes en bonne santé dans une ville du nord de la Suède. Il s’agit d’une étude randomisée contrôlée qui intègre 542 participants en bonne santé âgés de 75 ans ou plus qui ont été répartis aléatoirement en deux groupes. L’intervention consiste en deux visites préventives à domicile par an pendant deux ans. Le groupe d’intervention (n = 196) a été comparé à un groupe de contrôle (n = 346) et une analyse coût-utilité a été réalisée. L’économie réalisée est de 14 200 euros par année de vie ajustée à la qualité gagnée quand les coûts futurs des soins de santé et des soins aux personnes âgées sont inclus.
L’étude de Pizzi et al. concerne quant à elle des personnes âgées à risque de dépression. L’équipe a étudié le rapport coût-efficacité d’un programme basé sur des visites à domicile intitulé « Beat the Blues » qui avait déjà fait la preuve de son efficacité dans le cadre d’un essai contrôlé randomisé. Le programme, mis en œuvre par des travailleurs sociaux qualifiés, a réduit les symptômes dépressifs, l’anxiété et les difficultés fonctionnelles, amélioré la qualité de vie, l’activation comportementale et le bien-être, et renforcé les connaissances sur la dépression. Après quatre mois, 44 % des participants au programme étaient en rémission, contre 27 % des témoins (Gitlin et al., 2013). Le coût du programme par participant était de 14 $ par mois. Les rapports coût-efficacité différentiels du scénario de référence était de 64 896 $ ou de 36 875 $
par QALY selon l’outil de mesure utilisé. Le coût différentiel était de 2 906 $ par cas d’amélioration de la dépression et de 3 507 $ par cas de rémission. Le programme est donc considéré comme coût-efficace (Pizzi et al., 2014).
Le travail social peut aussi, dans certains cas, s’exercer à distance. C’est le cas de la ligne de ressources en logement « Housing Resource » pour laquelle une analyse du retour social sur investissement a été conduite. La ligne a pu bénéficier non seulement aux appelants, mais aussi aux autorités locales, au système de santé, aux propriétaires, aux prestataires de services et à de nombreux autres acteurs de la communauté. Ces bénéfices, grâce à cette analyse, ont été quantifiés pour représenter un retour social sur investissement de 600 %, soit un ratio de 6/1. (Partnership for housing affordability, 2022).
D’autres études ne parviennent pas à fournir des preuves concluantes sur le rapport coût-efficacité. C’est le cas de l’étude danoise de Kronborg et al. Il s’agit d’une étude randomisée et contrôlée de trois ans. Le principal critère d’évaluation était le coût différentiel par année de vie active gagnée. Les années de vie active ont été définies comme celles durant lesquelles la personne est capable de se transférer, de marcher à l’intérieur, de sortir, de marcher à l’extérieur par temps agréable ou mauvais, et de monter les escaliers de manière indépendante (Kronborg et al., 2006).
Ces différences dans les résultats sont liées à la fois aux
contextes, aux types d’intervention et aux modalités d’évaluation de l’efficacité économique. Dans le cas de l’étude Kronborg, le travail à domicile est centré sur les professionnels de santé alors que dans celle de Zingmark et de Pizzi ce sont des travailleurs sociaux qualifiés ou des professionnels de santé. En ce qui concerne les méthodes, sont ici utilisées des approches classiques d’évaluation de l’efficience des soins de santé alors que les interventions sociales sont plus complexes et ont des impacts plus larges. Les approches de type retour social sur investissement sont plus adaptées à ces d’interventions. Le travail d’évaluation économique du dispositif « Stay Well at Home » en Angleterre utilise cette méthodologie. Ce programme vise à aider les personnes âgées à accéder de manière proactive à un soutien pratique et émotionnel, en réduisant l’isolement et la solitude et
leurs conséquences en spirale : dépression, anxiété et incapacité à s’auto-médicamenter, ce qui peut souvent conduire à des situations d’urgence. Il est porté par des travailleurs sociaux, des professionnels de santé et des bénévoles.
Le calcul du retour social sur investissement repose sur sept principes qui peuvent être résumés comme suit : impliquer les parties prenantes, comprendre ce qui change, valoriser ce qui compte, n’inclure que ce qui est significatif, ne pas surévaluer, être transparent et vérifier le résultat (cf. figure 14). Sa méthodologie est rigoureuse et standardisée. Le retour social sur investissement est particulièrement pertinent dans le contexte de services pour lesquels il est difficile d’établir un lien de causalité entre la prestation du service et la réalisation d’une économie financière dans un autre secteur de l’économie
Les données de la recherche montrent que les diverses modalités d’intervention ont un effet favorable sur la santé physique, mentale et sociale des personnes âgées, y compris à long-terme.
de la santé et des soins sociaux, par exemple en évitant une admission à l’hôpital. Deux sources de données ont été mobilisées : une enquête auprès des personnes et une analyse d’un échantillon aléatoire de 100 dossiers. L’analyse a concerné 319 personnes à risque de dépendance modérée ou élevée. La plupart d’entre elles étaient âgées de plus de 75 ans ou plus et une proportion importante vivait seule.
Les principales conclusions de l’analyse du programme montrent :
• Un retour social sur investissement de 11/1 (11 £ épargnées pour chaque 1 £ dépensée. Les hospitalisations et les admissions en institution évitées sont le résultat le plus important en termes d’économies pour le secteur public.
• Des économies de 268 000 £ dans les dépenses du
secteur public, soit environ trois fois l’investissement réalisé par le service de santé pour financer le projet pilote. Il ne s’agit cependant pas du coût total du service, puisqu’il a été hébergé et soutenu par le service de santé et a bénéficié de son infrastructure, de ses locaux et de ses ressources.
• L’apport des bénévoles, fondamental pour le succès du service, évalué à 30 000 £, soit 25 % de l’investissement total. On peut dire que les bénévoles sont responsables de 25 % de la valeur totale, soit 350 000 £, plus de 10 fois la valeur de leur contribution.
• Une valeur moyenne de 3 500 £ a été atteinte pour chaque client, soit 10 fois le coût moyen de l’aide apportée.
L’évaluation a permis d’identifier trois résultats principaux
pour les personnes âgées : une plus grande indépendance, une réduction de l’inquiétude et de l’isolement, et une meilleure connaissance et utilisation de l’aide disponible. Ces résultats ont à leur tour donné lieu à d’autres résultats tangibles, par exemple la possibilité de rester chez soi plus longtemps, une meilleure qualité de vie et un plus grand sentiment de bien-être.
Un total de 199 personnes, soit 63 % se sont sentis plus indépendants après avoir bénéficié du service. Ce sentiment d’indépendance accrue résulte d’une plus grande maîtrise de la vie quotidienne et, dans certains cas, d’une augmentation réelle des revenus. L’équipe en charge du travail social communautaire a obtenu des prestations supplémentaires pour un montant total de 48 561 £ au nom de 46 personnes orientés par Stay Well at Home.
Se sentir moins anxieux et moins isolé est un autre résultat important pour 52 % des personnes interrogées. Lors des entretiens, les personnes interrogées ont déclaré se sentir rassurées, avoir quelqu’un d’impartial à qui parler des décisions importantes et être reliées à un réseau plus large.
Les personnes âgées ne savent souvent pas où s’adresser pour obtenir de l’aide et sont réticentes à l’accepter lorsqu’elle leur est proposée. Cela est parfois dû à une mauvaise expérience qu’elles ont eue, ou que quelqu’un qu’elles connaissent a eue dans le passé. Les gens sont devenus plus conscients du type d’aide à leur disposition et Stay Well at Home les a aidés à surmonter les obstacles qui les empêchaient d’y accéder, persuadant les personnes à rechercher et accepter une aide à laquelle ils auraient pu résister dans le passé. Le fait de rechercher de l’aide et de
réussir à l’obtenir incite également les gens à rechercher d’autres aides en cas de besoin.
L’angoisse de devoir quitter son domicile préoccupe de nombreuses personnes âgées et la résolution de cette peur ou l’élimination de la menace de devoir déménager est d’une grande valeur pour une personne âgée. Dans l’étude, 83 % des clients ont estimé qu’ils seraient en mesure de rester chez eux plus longtemps grâce au soutien qu’ils avaient reçu du service. Lors de l’examen des dossiers, le personnel a identifié 37 % de clients risquant d’être admis dans un établissement de soins. Ce chiffre est proche des 36 % de clients eux-mêmes qui estimaient être confrontés à un risque important de devoir déménager, risque qui avait été atténué grâce à l’intervention du service. En apportant un soutien et en renforçant le sentiment de contrôle et la
capacité des personnes à continuer à vivre de manière indépendante, le programme a réduit cette anxiété. L’expérience des personnes a montré qu’elles se sentaient mieux dans leur peau grâce au service Stay Well at Home. 48 % des clients ayant répondu à l’enquête ont déclaré qu’ils prenaient désormais davantage soin d’eux-mêmes et 27 % ont indiqué que leur santé mentale s’était améliorée. Sur la base des projections démographiques et d’hypothèses raisonnables concernant la demande, il serait possible d’éviter jusqu’à 40 admissions en établissement de soins en fournissant le service à 1 685 personnes. Pour un coût de 500 livres par personne, un investissement total de 800 000 livres permettrait de réaliser des économies d’environ 2 millions de livres, soit un bénéfice net de 1,2 million de livres pour les finances publiques, sans parler des avantages pour les personnes âgées en termes d’amélioration du bien-être et de la qualité de vie (Stay Well at Home, 2022).
La production de données concernant le rapport coûtefficacité du travail social communautaire dédié aux personnes âgées montrent l’enjeu de l’utilisation de méthodologies adaptées telles que l’analyse coûtavantage ou le retour social sur investissement. Dans tous les cas, les études insistent sur la qualification et le niveau de formation des travailleurs sociaux ou des bénévoles. Le fait de pouvoir :
• s’appuyer sur des partenariats associant acteurs publics, collectivités locales et acteurs privés,
• disposer d’une équipe à l’échelon local au plus près des personnes d’une part et, d’autre part, d’une organisation solide permettant de déployer des dispositifs de gestion et de développement des compétences pertinents, constituent un atout de premier plan.
Figure 14 : Les principes d’évaluation du retour social sur investissement, d’après Social Value International, 2021.
L’efficacité sociale, sanitaire et économique des logements adaptés et accompagnés au service des besoins des personnes 12
Messages clés
• Le lien entre logement et santé est indéniable, et agir sur les conditions de logement peut avoir un impact significatif sur la santé physique et mentale des occupants.
• Dans cette optique, le concept de logement adapté et accompagné prend tout son sens. En offrant un habitat à la fois accessible économiquement et propice au mieux-vivre et à la santé, ce type de logement permet d’accompagner les personnes âgées dans une expérience de vie saine, désirable et résiliente. Il s’agit non seulement d’améliorer les conditions matérielles de vie, mais aussi de fournir un soutien et des services complets pour favoriser le bien-être global des habitants.
• Bien que très limitées, les études économiques disponibles suggèrent que les investissements dans le logement adapté et accompagné génèrent des retours sociaux et économiques positifs.
Analyse
Si la population générale passe en moyenne 70 % de son temps quotidien dans son logement, cette proportion est encore plus élevée chez les seniors et elle augmente avec l’âge. C’est la raison pour laquelle l’Organisation mondiale de la santé (OMS) souligne que « l’accès à un logement de qualité est l’une des conditions de base pour mener une vie saine… Agir sur le logement est un levier important pour améliorer l’état de santé des habitants ». Ainsi, promouvoir un habitat à la fois accessible économiquement et propice au mieux-vivre et à la santé qui permet d’accompagner les personnes dans une expérience de vie saine, désirable et résiliente est un enjeu majeur pour la santé des personnes hébergées (OMS, 2018).
La question du lien entre logement et santé a longtemps été abordée uniquement sous l’angle du mal-logement. L’OMS a évalué à 130 000 le nombre de décès annuels associés à des conditions de logements inadéquates en Europe. La surmortalité hivernale ou due à la canicule est fortement liée aux caractéristiques du logement (Arcella-Giraux, 2021). Pour autant, les données de la recherche montrent que cette approche n’est pas suffisante. Les inégalités en matière de logement et de santé traversent l’ensemble de la population en un continuum qui suit la hiérarchie sociale au sein même de la population intégrée. Ce gradient n’oppose donc pas uniquement les plus pauvres aux autres, mais met en cause des processus et des déterminants de l’état de santé à l’œuvre dans l’ensemble du corps social. Les problématiques liées à la précarité représentent une situation extrême d’une problématique sociale plus large. Ce gradient social signifie que les inégalités de santé concernent tout un chacun, quelle que soit sa position sociale.
Les données de la recherche montrent qu’un logement inadéquat peut avoir un impact négatif sur la santé physique et mentale de ses occupants. C’est notamment le cas pour les personnes âgées (Vandentorren, 2021). En ce qui concerne la santé physique, les pathologies allergiques et respiratoires sont l’une des conséquences les plus fréquentes du logement inadéquat. Elles sont liées à l’humidité et aux moisissures, qui sont souvent présentes dans les logements dégradés et peuvent provoquer des allergies, de l’asthme et d’autres problèmes respiratoires. Les pathologies infectieuses sont également plus fréquentes chez les personnes qui vivent dans des logements inadéquats. La promiscuité, la surpopulation et la mauvaise ventilation favorisent la propagation des infections. Les pathologies cardiovasculaires peuvent être également liées au logement inadéquat. Les températures extrêmes, en particulier le froid, peuvent augmenter le risque de maladies cardiovasculaires. Enfin, les cancers peuvent également
être favorisés par l’exposition à des substances toxiques présentes dans le logement, comme le radon ou l’amiante (Arcella-Giraux, 2021).
La santé mentale est également affectée par le logement inadéquat. Les personnes qui vivent dans des logements dégradés sont plus susceptibles de souffrir d’anxiété, de dépression et de troubles du sommeil. L’étude Qualisurv-Habitat visait à décrire les interactions directes et indirectes entre les conditions de logement dégradées et l’état de santé perçu des personnes. Les résultats montrent que les conditions de logement dégradées ont un impact négatif sur la santé physique, mentale et sociale des habitants. Après les problèmes respiratoires, ce sont les problèmes psychiques et le sentiment de honte qui sont les plus rapportés.
Le logement influence ainsi l’ensemble des dimensions de la qualité de la vie, c’est-à-dire de la façon dont les individus perçoivent leur place dans l’existence, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lesquels ils vivent et en relation avec leurs objectifs, attentes, normes et préoccupations. L’OMS a défini six grands domaines qui décrivent les aspects essentiels de la qualité de la vie dans une perspective transculturelle : physique (exemple : énergie et fatigue) ; psychologique (exemple : avoir des sentiments positifs) ; degré d’indépendance (exemple : mobilité) ; relations sociales (exemple : soutien social concret) ; environnement (exemple : la possibilité d’obtenir des soins de santé) et convictions et spiritualité personnelles (exemple : sens de l’existence). Le domaine de la santé et celui de la qualité de la vie sont complémentaires et se recouvrent partiellement.
Des travaux scientifiques ont étudié le lien entre logement et santé dans le but d’identifier les mécanismes influençant la santé et le bien-être. C’est le cas notamment d’une étude longitudinale en méthodes mixtes portant sur les locataires de trois organismes de logement, recueillies au cours de la première année de leur location. Les données montrent clairement que la prestation de services de logement, l’expérience des locataires en matière de qualité des immeubles et les caractéristiques du quartier sont tous corrélés de manière significative avec les mesures de la santé et du bien-être. Améliorer l’habitat influence favorablement la santé et le bien-être des personnes (Rolfe et al., 2020).
Le logement devient de plus en plus important pour la santé en raison des changements démographiques et climatiques. La population urbaine mondiale devrait doubler d’ici 2050 et nécessitera des solutions de logement. La population mondiale âgée de 60 ans ou plus, qui a tendance à passer plus de temps à
la maison, doublera également d’ici 2050. L’évolution des phénomènes météorologiques, associée aux changements climatiques, souligne combien il est important que les logements offrent une protection contre le froid, la chaleur et d’autres événements climatiques extrêmes afin de favoriser des communautés résilientes (OMS, 2018).
Au-delà de l’habitat individuel et des établissements médicosociaux, il existe différents types d’habitations pour les personnes âgées : l’habitat partagé autogéré, l’habitat partagé accompagné, l’habitat groupé autogéré et l’habitat groupé accompagné (Leenhardt, 2017). Par exemple, Pro Senectute déploie du reste une offre d’accompagnement au choix de la solution la plus adaptée aux personnes âgées : logement communautaire, logement privé avec solutions de soutien, logement privé avec système d’appel d’urgence, logement protégé pour seniors, logement médicalisé, résidences pour seniors.
La démarche “logement adapté et accompagné” est une approche intégrée. Il s’agit, au-delà des caractéristiques du logement, de déployer une offre de service en matière d’accès aux soins à domicile, de matériel médical et
paramédical et de téléassistance. Les interventions d’information santé, le télé-conseil en santé, les animations collectives influencent également directement les déterminants personnels de la santé en contribuant au développement des compétences des habitants et à leur bien-être social. Des labels fondés sur ces principes ont été créés, c’est le cas du label “Mon logement santé”. Il s’agit d’un label de qualité qui articule une diversité de services en vue de renforcer la prévention santé en ciblant de façon systématique les différents déterminants de la santé des personnes. Il développe une approche holistique de la santé et du bien-être à partir du logement. Il est constitué d’un référentiel de 40 engagements. Parmi eux, 10 engagements sont obligatoires (qualité de l’air intérieur, promotion de l’activité physique, accessibilité des logements aux personnes à mobilité réduite, adaptabilité des logements au télétravail, sécurisation des logements, confort d’été), 10 autres sont choisis à la carte, projet par projet, en fonction des attentes locales ou des besoins identifiés (promotion d’une alimentation saine, préservation de la biodiversité, recours à des matériaux biosourcés, promotion des mobilités durables, adaptation aux changements climatiques).
Le logement adpaté et accompagné constitue un pilier fondamental de la santé publique et du bienêtre individuel et un investissement essentiel pour des sociétés plus justes, résilientes et prospères.
L’utilité sociale du logement accompagné est définie comme l’ensemble des impacts positifs qu’il génère pour les personnes accompagnées, la société et les territoires. Elle peut être décrite en référence à quatre dimensions :
l’accès et le maintien dans le logement, l’insertion sociale et professionnelle, la santé et le bien-être et le développement du territoire (cf. figure 15). En ce qui concerne la dimension économique, elle est appréhendée
sous l’angle des richesses économiques créées ou des richesses économisées (ce qu’on appelle les coûts évités) (Unafo, 2019).
Les études économiques concernant le logement adapté et accompagné ne sont pas nombreuses car ces programmes de santé communautaire visant à agir sur les déterminants sociaux de la santé sont souvent confrontés à des difficultés pour démontrer leur impact au moyen des méthodes d’évaluation économique traditionnelles, à savoir l’analyse du retour sur investissement, l’analyse coûtefficacité ou l’analyse coût-bénéfice. À l’aide d’une analyse du retour sur investissement social, Drabo et coll. ont évalué les impacts sociaux, environnementaux et économiques du programme « Housing for Health » de l’hôpital Bon Secours, un programme de logements santé visant à s’attaquer aux déterminants sociaux et environnementaux affectant la santé de sa communauté à Baltimore, dans l’État du Maryland. Bon Secours dispose actuellement de 801 logements répartis sur douze propriétés dans l’ouest de Baltimore. L’analyse a révélé qu’avec une dépense de fonctionnement estimée à 5,7 millions de dollars en 2018, le programme Bon Secours Housing for Health a entraîné des effets bruts totaux (valeurs monétaires des résultats) et des impacts totaux (effets bruts nets d’ajustements tels que l’effet d’aubaine, le déplacement, l’attribution et la chute) évalués, respectivement, à 12,8 millions de dollars et à 9,3 millions de dollars. Les résultats indiquent l’importante valeur sociale du programme de logements abordables de Bon Secours, qui génère entre 1,30 et 1,92 dollar de retour social dans la communauté pour chaque dollar de frais de fonctionnement annuels. Ces résultats suggèrent qu’un accès plus large à des logements santé abordables pourrait produire une valeur sociale positive (Drabo et al., 2021).
Ces données sont en cohérence avec celles produites quant au retour sur investissement des logements sociaux. Par exemple, l’initiative de partenariats communautaires (Community Partnerships Initiative) visant à faciliter le développement de logements abordables en ColombieBritannique a compilé les résultats de quatre études de retour social sur investissement. Les analyses ont montré que pour chaque dollar investi, respectivement 1,96 $, 2,37 $, 2,18 ou 3,22 $ (dollars) de valeur sociale et économique sont créés pour les individus, les gouvernements et les communautés. L’étude a montré qu’au-delà de la stimulation économique générée par la construction de logements, il y a environ 20 à 30 % de “valeur ajoutée” lorsque cette construction aboutit à des logements abordables, et 92 % de “valeur ajoutée” lorsque ces logements abordables sont destinés à des populations marginalisées et comprennent des mesures de soutien à leur intention (CPI, 2016). Les études en milieu rural montrent également un retour sur investissement social positif (ERHA, 2013).
Des études plus ciblées ont également été conduites. Par exemple, des travaux menés en Angleterre ont montré qu’améliorer la performance énergétique des logements inefficaces était bénéfique pour la santé des résidents avec un rapport coûts-efficacité favorable (Ezratty et al.,
2018). A plus petite échelle, une étude réalisée aux EtatsUnis a révélé que les modifications environnementales, telles que l’installation de rampes et de barres d’appui, ont entraîné une réduction significative du nombre de chutes chez les personnes âgées. En termes de rapport coûtefficacité, chaque dollar investi dans ces modifications a généré des économies estimées à 1,38 dollar (Ling et al., 2008).
Il est, par ailleurs, notable que les études économiques relatives aux dispositifs de verdissement comme les jardins ou les fermes urbaines ont également des retours sociaux sur investissement positifs (entre 3,50 £ et 4,00 £ pour chaque livre investie) (Mitchell et al., 2023 ; Pank, 2011).
Le lien entre logement et santé est indéniable, et agir sur les conditions de logement peut avoir un impact significatif sur la santé physique et mentale des occupants. Cependant, il est important de reconnaître que les inégalités en matière de logement et de santé traversent l’ensemble de la population, mettant en lumière l’importance de garantir des conditions de logement adéquates pour tous, quel que soit leur statut social.
Dans cette optique, le concept de logement adapté et accompagné prend tout son sens. En offrant un habitat à la fois accessible économiquement et propice au mieux-vivre et à la santé, ce type de logement permet d’accompagner les personnes âgées dans une expérience de vie saine, désirable et résiliente. Il s’agit non seulement d’améliorer les conditions matérielles de vie, mais aussi de fournir un soutien et des services complets pour favoriser le bienêtre global des habitants.
Bien que très limitées, les études économiques disponibles suggèrent que les investissements dans le logement adapté et accompagné génèrent des retours sociaux et économiques positifs. Que ce soit en termes de réduction des coûts de santé, de stimulation économique ou de création de valeur sociale, ces programmes ont un impact significatif sur les individus, les gouvernements et les communautés.
Le logement adapté et accompagné représente bien plus qu’un simple toit au-dessus de la tête. C’est un pilier fondamental de la santé publique et du bien-être individuel, et un investissement essentiel pour des sociétés plus justes, résilientes et prospères.
Figure 15 : Les quatre catégories de contributions positives du logement accompagné
Guide de lecture : L’utilité sociale du logement accompagné est définie comme l’ensemble des impacts positifs qu’il génère pour les personnes accompagnées, la société et les territoires. Elle peut être décrite en référence à quatre dimensions : l’accès et le maintien dans le logement, l’insertion sociale et professionnelle, la santé et le bien-être et le développement du territoire (Unafo, 2019).
Conclusion : une démarche éthique et performante 13
La santé émerge de manière complexe à partir de l’interaction dynamique de divers facteurs biologiques, comportementaux, sociaux, environnementaux. Par conséquent, elle appelle des interventions multidimensionnelles et une approche intégrée, prenant en compte l’interconnexion complexe entre les différents facteurs et domaines de la vie qui influent sur la santé des personnes.
Une contribution efficiente
Le travail d’analyse de différents types d’intervention de promotion de la santé et du bien-être montre clairement que, dès lors qu’ils sont mis en œuvre en référence à des critères de qualité exigeants (compétences et engagement des professionnels et des bénévoles, participation effective des seniors, valorisation de la capacité d’action des personnes, partenariats avec les acteurs locaux et les aidants, ancrage dans une vision intégrée du bien-être des personnes, durée suffisante…), ces dispositifs sont susceptibles d’avoir une réelle pertinence sociale, sanitaire et économique. Se référer
Une approche intégrée unique
Le propre des interventions étudiées dans ce rapport est qu’elles visent les principaux déterminants modifiables de la santé des personnes âgées, non seulement ceux liés aux actions sur les individus, comme les comportements en matière de santé et le mode de vie, mais également les facteurs tels que l’accès aux droits, les conditions de vie, l’accès aux services de santé appropriés et l’environnement physique… Certaines de ces interventions concernaient non seulement les personnes âgées mais également leurs aidants. C’est l’action sur l’ensemble de ces facteurs et cibles qui contribue ainsi directement au bien-être et à la santé des seniors.
Dans les faits, cette vision d’ensemble impose de concevoir la santé comme une propriété émergente c’est-à-dire un phénomène qui résulte de l’interaction complexe de composants au sein d’un système, donnant lieu à des propriétés qui ne sont pas directement prédictibles à partir des caractéristiques individuelles des composants. Autrement dit, la santé ne peut pas être réduite à la somme de ses dimensions. La santé émerge de manière complexe à partir de l’interaction dynamique de divers facteurs (biologiques, comportementaux, sociaux, environnementaux…).
Puisque la santé est déterminée par de nombreux facteurs et des acteurs multiples qui interagissent les uns avec les autres, il est nécessaire que les interventions soient de nature multidimensionnelle, accordant une importance comparable aux variables individuelles, environnementales, sociales, économiques, politiques, culturelles… Il s’agit donc d’une approche intégrée. Plutôt que de se concentrer uniquement sur des aspects spécifiques de la santé, cette approche prend en compte l’interconnexion complexe entre différents facteurs et domaines de la vie qui influent sur la santé d’une personne.
De façon opérationnelle, une approche intégrée considère la santé comme un tout et examine les multiples niveaux d’influence et les interactions complexes entre les individus et leur environnement. Cette approche tire son inspiration de l’écologie, la science qui étudie les relations entre les organismes et leur environnement (Lafontaine, 2018).
à la qualité des interventions est décisif car la prévention et l’accompagnement social peuvent certes permettre d’améliorer à coût raisonnable la santé des populations, mais à condition de sélectionner les stratégies les plus efficientes (CAS, 2010).
Il ne s’agit pas d’un enjeu secondaire car il est ici question à la fois de la capacité des cantons à déployer une offre adaptée des personnes âgées plus nombreuses d’une part et d’autre part à garantir sa soutenabilité économique.
Classiquement, on identifie plusieurs niveaux d’influence sur la santé, allant du niveau individuel au niveau sociétal. Ces niveaux comprennent l’individu, la famille, la communauté, l’environnement physique, l’environnement social et les politiques. Il existe plusieurs façons de les caractériser. Dans le présent référentiel, trois niveaux sont retenus : l’individu, ses milieux de vie et l’environnement global (Lafontaine, 2018).
• Individu : comprend l’ensemble des caractéristiques, des états, des compétences, des habiletés, des vulnérabilités ou des déficits innés ou acquis d’un individu.
• Milieux de vie : comprend les différents systèmes et les différentes personnes assidûment fréquentés par l’individu (son voisinage immédiat, son quartier, ses loisirs) et les personnes avec qui il est en relation directe (les membres de sa famille nucléaire ou famille étendue, les amis, les intervenants professionnels ou bénévoles, les voisins, etc.)
• Environnement global : comprend l’ensemble des environnements avec lesquels l’individu n’a pas d’interactions directes, mais dont les perturbations peuvent néanmoins l’affecter (économie, politiques, médias, climat, etc.). De plus, il constitue l’ensemble des croyances, valeurs, idéologies partagées par une communauté.
Dans ce contexte, il s’agit de déployer une approche intégrée via :
• une gamme de services, de dispositifs d’accompagnement, d’actions de conseil et d’interventions qui influencent directement les niveaux individuels et le milieu de vie en :
◊ Accompagnant les personnes dans l’acquisition des moyens de prise en charge de leur propre santé via des actions d’information ou d’éducation ;
◊ Agissant sur les écosystèmes de vie des personnes âgées dans le but de créer des environnements favorables à la santé ;
◊ Permettant l’accès à des services sociaux et sanitaires adaptés ;
• l’engagement des acteurs institutionnels et associatifs à l’échelon national dans l’action sur
les principaux enjeux sociétaux relatif à la santé des séniors qui influence l’environnement global.
Ces modalités d’action sont complémentaires, la perspective d’ensemble est celle de l’accompagnement du changement social via l’intervention sur les déterminants de la santé et du bien-être des personnes âgées.
Figure 16 : Les leviers permettant d’agir sur la santé des personnes âgées selon l’OMS.
Crédits
Étude et rapport réalisés par Didier Jourdan pour la Chaire UNESCO EducationS & Santé, avec la contribution de Laure Com-Ruelle (Institut de recherche et documentation en économie de la santé - IRDES), Valérie Ivassenko (Chaire UNESCO EducationS & Santé) et Daniel Oberlé (Association Pratiques en santé).
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Liste des figures
Figure 1 : Coûts des soins médicaux au cours des 6 derniers mois de vie ou d’une période similaire pour les survivants en Colombie-Britannique en 1995 (Mcgrail et al., 2000; Normand, 2021) ................................................................................................................... 13
Figure 2 : Coûts-efficacité des interventions publiées par catégories d’intervention préventive (Chokshi & Farley, 2012) 17
Figure 3 : Espérance de vie à 65 ans et parts des années de vie en bonne santé et avec limitation de l’activité, par sexe et selon les pays en 2019 (ou année la plus proche) ..................................................................................................................................................................... 18
Figure 4 : Les déterminants de la santé selon Dahlgreen et Whitehead .................................................................................................................... 20
Figure 5 : Représentation graphique des déterminants du vieillissement en bonne santé ....................................................................... 23
Figure 6 : Coûts par chute évitée (dollars internationaux de 2014) ................................................................................................................................... 27
Figure 7 : Potentiel impact des interventions de promotion de la santé et du bien-être social des personnes âgées sur le système social, sanitaire et économique ..........................................................................................................................................................................................
Figure 8 : Liste des interventions validées (V) et prometteuses (P) et leurs effets sur les déterminants, états et problèmes de santé. Repris de (Lamboy et al., 2019) ................................................................................................................................................................... 33
Figure 9 : Ratios coût-efficacité différentiels (RCED) exprimés en coût supplémentaire par chute évitée .................................
Figure 10 Modélisation des interventions probantes pour favoriser le vieillissement en bonne santé ..........................................
Figure 11 Les compétences psychosociales, repris de (Santé Publique France, 2023) ............................................................................... 59
Figure 12 Les principaux facteurs limitant la littératie en santé des seniors ...........................................................................................................
Figure 13 Le modèle de fonctionnement d’un atelier de création artistique et de son impact sur la santé ............................. 68
Figure 14 Les principes d’évaluation du retour social sur investissement d’après (Social Value International, 2021).......... 74
Figure 15 : Les quatre catégories de contributions positives du logement accompagné ..........................................................................
Figure 16 : Les leviers permettant d’agir sur la santé des personnes âgées selon l’OMS ...........................................................................
Liste des tableaux
Tableau 1 : Les études intégrées dans la revue de Dubas-Jakobczyk et al. en fonction des principaux résultats (DubasJakóbczyk et al., 2017) ............................................................................................................................................................................................................................................... 31
Tableau 2 : Rendement social de l’investissement (SROI) des interventions de santé publique (Ashton et al., 2020) ........ 32
Tableau 3 : Taux d’évaluation économique des interventions par catégorie d’événements et mesure monétaire .............. 36
Tableau 4 : Les interventions efficaces de prévention des chutes repris de (HAS, 2019) ............................................................................. 42
Tableau 5 : Evaluation du rapport coût-efficacité sur quatre ans de deux interventions : des réunions de seniors et des visites pour les personnes âgées vivant à domicile, par rapport à l’absence d’intervention ..................................................................... 71