Numero 7

Page 1

Yann Audic / Fanny Montlouis / Ulric Collette / Marina Bychkova / Simon Kolton / Laurence Guenoun / Mehdi Benabid / Eric Rose / Wirrow / Costas Masseras / Isabel Reitemeyer / Mackeson Wayne / Antoine Josse / Torsten G. / AxlTM

ISSUE 070609


S O M M A I R E


TRAVELLER

MULTI FACETTES

HEARTS

PURE DARK

PIECES

LAND

FREE

« DAVAÏ » Yann Audic INTERVIEW de l’illustratrice Fanny Montlouis « GENETIC PORTRAIT » Ulric Collette INTERVIEW de la crĂ©atrice des PoupĂ©es : Enchanted DollTM Marina Bychkova « IN THE MOOD FOR
 » Simon Kolton INTERVIEW de l’entraĂźneur Mehdi Benabid « HIDDEN » Eric Rose INTERVIEW du dessinateur Wirrow « WINTRY SUN » Costas Massera INTERVIEW de la peintre illustratrice Isabel Reitenmeyer « AL ALBA » Wayne Mackeson INTERVIEW du sculpteur peintre Antoine Josse « LOW FIDELITY » Torsten G. INTERVIEW de l’illustrateur AxlTM


TRAVELLER


&

« DAVAÏ » Yann Audic INTERVIEW de l’illustratrice Fanny Montlouis


DAVAÏ

Y A N N A U D I C

COMMENT EST NÉ CE PROJET ? DavaĂŻ, c’est avant tout une aventure solitaire Ă  travers la Russie et l’Ukraine et un projet qui s’est construit a posteriori. J’avais toutefois avant de partir l’intention d’explorer les mĂ©moires russes via des interviews et des portraits sur le thĂšme : «J’ai eu 29 ans». Il s’agissait de demander aux gens que je rencontrais de me raconter leur « 29 ans » : quand, oĂč, que s’était-il passĂ© depuis etc. Le but Ă©tant de croiser leur histoire personnelle et celle de leur pays. Lorsque j’ai rĂ©ussi Ă  le faire, c’était vraiment trĂšs riche, c’est trĂšs intimidant car tu te rends compte que ces personnes ont vĂ©cu des pĂ©riodes incroyables d’un point de vue historique. Malheureusement je n’ai pu faire que 3 portraits qui sont retranscrits dans le livre. J’avais un peu sous-estimĂ© les difficultĂ©s de communication en russe 
 Enfin c’est toujours excitant pour moi de rencontrer des individus qui ont de tel passĂ©. Du coup j’ai explorĂ© la mĂ©moire russe par d’autres biais notamment Ă  travers diffĂ©rents Ă©lĂšments iconiques de l’espace quotidien, ces morceaux de l’ùre soviĂ©tique qui survivent, c’est ce qui marque le plus quand on rentre pour la premiĂšre fois dans un appartement russe. On dort, on mange et on roule encore soviĂ©tique, beaucoup de choses sont restĂ©es intactes tant du point de vue des objets que des hommes et de leur caractĂšre. Je suis donc revenu avec un corpus photographique assez important que nous avons organisĂ© avec La Sauce Aux Arts (maison d’édition caennaise qui regroupe photographes, graphistes, poĂštes, slamers) pour construire cet objet, qui est mon premier projet d’édition. UNE EXPÉRIENCE
 L’expĂ©rience la plus impressionnante fut sans doute la fĂȘte d’indĂ©pendance de l’Ukraine le 24 aoĂ»t, que j’ai vĂ©cue Ă  SĂ©bastopol. Dans cette ville de CrimĂ©e, les drapeaux russes flottent partout mĂȘme si l’on est en territoire ukrainien, son port est en effet la principale base de la flotte de l’armĂ©e russe en mer Noire et donc hautement stratĂ©gique pour la Russie. Du fait de son histoire, la ville est majoritairement russophone (peuplĂ©e Ă  70% de russes), trĂšs russophile et ceux-ci ne souhaitent qu’une chose : quitter l’Ukraine pour rejoindre la Russie dont la CrimĂ©e est frontaliĂšre. Ce 24 aoĂ»t 2008, le gouvernement ukrainien avait organisĂ© un grand concert sur une scĂšne totalement dĂ©mesurĂ©e pour l’endroit, signifiant aux habitants les intentions du gouvernement de Kiev sur SĂ©bastopol. Le public l’avait bien compris et n’a pas arrĂȘtĂ© de conspuer la chanteuse sortie tout droit d’Ukrainia Pop Idol, de crier le nom de la Russie jusqu’à couvrir le concert. C’était d’autant plus pĂ©nible que cette foule n’était pas un rassemblement de nationalistes, mais qu’elle Ă©tait mixte : hommes, femmes, enfants, adolescents, tous agitaient ou portaient des drapeaux russes et pour les plus rĂ©solus des tee-shirts de Vladimir Poutine. C’est extrĂȘmement pĂ©nible de vivre une telle manifestation de haine et de mĂ©pris. Beaucoup d’Ukrainiens Ă©taient lĂ  mais obligĂ©s de se taire, l’heure n’était pas franchement Ă  la discussion et les Russes particuliĂšrement remontĂ©s ce soir-lĂ . C’était tragique, ils sont sans doute voisins, leurs enfants vont dans les mĂȘmes Ă©coles mais ce soir-lĂ  ils se dĂ©testaient. Dans ces moments-lĂ , on imagine le pire tant l’endroit est stratĂ©gique pour les deux pays.


QUELQUES MOTS POUR DÉFINIR LA RUSSIE TELLE QUE VOUS L’AVEZ VÉCUE ? C’était fascinant car je me suis retrouvĂ© en Russie au moment de la guerre en OssĂštie du Sud d’aoĂ»t 2008, voyageant dans le sud de la Russie europĂ©enne, j’étais Ă  quelques centaines de kilomĂštres du conflit sur la cĂŽte de la mer Noire oĂč traditionnellement les Russes vont en vacances d’étĂ©. Au dĂ©but de mon voyage, c’était donc l’euphorie, la rĂ©ussite de l’offensive de l’armĂ©e russe en GĂ©orgie confĂ©rait aux Russes que j’ai croisĂ©s Ă  ce moment-lĂ  un sentiment de toutepuissance incarnĂ© Ă©videmment Ă  travers la figure de V. Poutine qui tenait tĂȘte aux leaders occidentaux, ardents supporters de MikhaĂŻl Saakachvili, le prĂ©sident gĂ©orgien. Et du coup moi aussi j’ai aussi Ă©tĂ© happĂ© par ce sentiment : le pays gĂ©ant, la puissance militaire, le passĂ© glorieux et quand on regarde les informations Ă  la tĂ©lĂ©vision russe, mĂȘme quand on comprend 10% du journal tĂ©lĂ©visĂ©, ça laisse cette impression : une certaine infaillibilitĂ©, mĂȘme si je n’avais pas vraiment le mĂȘme avis que les Russes sur la question gĂ©orgienne. Puis 2-3 semaines aprĂšs, il y a le premier sĂ©isme financier, la situation Ă©conomique internationale se dĂ©tĂ©riore, et trĂšs rapidement la Bourse de Moscou s’effondre littĂ©ralement, perdant plus de 50 % en quelques jours, ce qui constituait Ă  l’époque une des pires performances mondiales. Une chute tellement importante que la Bourse fut fermĂ©e plusieurs jours. Bref, j’ai assistĂ© en mĂȘme temps Ă  la prise de conscience par les Russes de la faiblesse et de la vacuitĂ© de leur puissance Ă©conomique, alors qu’ils avaient eu tant de rĂ©ussite sur le terrain militaire et diplomatique. C’est finalement toute l’histoire de la Russie : des succĂšs militaires et des catastrophes Ă©conomiques, le colosse aux pieds d’argile, mais il y a fort Ă  parier qu’il va consolider ses positions. www.flickr.com/yann_audic Infos pratiques : Vente de tirages numĂ©rotĂ©s Contact Elise Malafosse +33 (0)6 30 60 61 58 // emalafosse@msm.fr DavaĂŻ Editions La Sauce aux Arts, 44 Pages format A5, parution Mars 2009. En prĂ©commande sur le site de La Sauce Aux Arts : http://www.lasauceauxarts.org/images/stories/evenement/2008/davai/bulletin%20de%20souscription.jpg http://www.lasauceauxarts.org/




















APPEL À

SQUARE IN GRENOBLE

PHOTOGRAPHES


En vue d’organiser une sĂ©rie d’expositions, Christophe Dillinger et plateform magazine recherchent des candidatures de photographes : expositions prĂ©vue Ă  grenoble dates d’expositions : octobre et novembre (dates non finalisĂ©es) pour participer, envoyer 9 photos au format carrĂ©, basse rĂ©solution, Ă  info@cdillinger.co.uk date limite pour l’envoi des dossiers :

10 aoĂ»t 2009 pour plus d’infos et tĂ©lĂ©charger le dossier complet : www.cdillinger.co.uk/square-application-pack.pdf


F A N N Y M O N T L O U I S


INTERVIEW COMMENT ÊTES-VOUS DEVENUE ILLUSTRATRICE? A la base, je suis graphiste, ce qui est assez proche de l’illustration, certes, mais la crĂ©ation reste motivĂ©e par un cahier des charges plus serré  L’illustration est un espace de libertĂ©. Elle me permet d’explorer diffĂ©rents champs. C’est mon petit laboratoire oĂč je peux avoir une approche purement plastique de l’image, et une narration personnelle. C’est un espace que beaucoup de designers aiment s’accorder en dehors des commandes de clients. J’aime Ă  croire (et j’espĂšre) qu’aujourd’hui je suis les deux, l’un, selon moi, n’allant pas sans l’autre. OU PUISEZ-VOUS VOTRE INSPIRATION ? Question difficile
 Un mĂ©lange de graffitis, de croquis, d’affiches, de peintures, un condensĂ© d’images qui me plaisent et de narration. Globalement j’admire les gens qui mixent intelligemment la main et l’ordinateur. La musique est Ă©galement un trĂšs bon moteur. En tout cas, j’aime la penser en images et mĂ©langer narration sonore et narration visuelle. Et puis, surtout, j’essaye de faire ce que j’aime et de trouver mon Ă©criture au milieu de tout ça. De toute façon, chaque jour je me prends une «claque visuelle», qui me pousse Ă  travailler et Ă  explorer encore plus, aussi bien dans l’idĂ©e que dans le choix des matĂ©riaux. On trouve beaucoup de gens talentueux dans cette profession. DES TRAVAUX DE COMMANDE ? Une expo, peut-ĂȘtre, si je suis prĂȘte. Quelques artworks pour des amis musiciens et un gros projet de scĂ©no (qui me prend beaucoup de temps et m’intimide je dois l’avouer). Je travaille en agence en ce moment donc c’est un peu compliquĂ©. LE CHOIX DES COULEURS ? Un de mes professeurs disait : «commence par le noir et blanc, la couleur on verra aprĂšs». Je continue de penser qu’il a raison. La couleur est donc pour moi un bonus, un rĂ©vĂ©lateur intelligent. J’aime l’étirer, la parsemer, la maltraiter
 En somme, la couleur habille mon propos. VOS PROJETS
 J’aimerais vraiment travailler avec un auteur, une association Ă  la Neil Gaiman/Dave Mackean serait vraiment enrichissante. Une mĂȘme complĂ©mentaritĂ© dans l’image et le texte, que rĂȘver de mieux? J’avoue Ă©galement de plus en plus m’intĂ©resser au design interactif, j’aime beaucoup l’idĂ©e de dialogue direct entre l’homme et l’image. Je travaille en ce moment avec des designers d’architectures sonores et graphiques, , j’apprends, j’apprends
 J’adore! www.stan-gd.com contact@stan-gd.com












MULTI FACETTES


&

« GENETIC PORTRAIT » Ulric Collette INTERVIEW de la créatrice des Poupées : Enchanted DollTM Marina Bychkova


U L R I C C O L L E T T E


GENETIC PORTRAIT COMMENT ÊTES-VOUS DEVENU PHOTOGRAPHE ? J’ai commencĂ© la photographie il y a deux ans, comme un moyen d’expression personnelle, m’en servant au dĂ©part pour illustrer les idĂ©es et les thĂšmes qui peuplent mon imaginaire. Je travaille dans le domaine crĂ©atif depuis dĂ©jĂ  plus de dix ans en graphisme, et je crois que c’est la publicitĂ© qui m’a surtout dirigĂ© vers la photographie. À PROPOS DE CETTE CRÉATION : Si on revient aux origines de l’humanitĂ©, on est tous un peu le parent de quelqu’un, chaque personne porte en soi les gĂȘnes d’une autre, et d’un autre... Je trouvais intĂ©ressant le fait d’exploiter les racines familiales, les ressemblances gĂ©nĂ©tiques et les aspects du vieillissement comme facteur important de ce travail de recherche. VOS PROJETS ? PremiĂšrement, poursuivre cette sĂ©rie, avec de nouveaux modĂšles. Quelques projets d’expositions au QuĂ©bec et Ă  Bruxelles. Une correspondance photographique avec la photographe belge Vk Duvivier : www.sixhoursfurther.com Le collectif «C’est pas du gĂąteau» avec plusieurs photographes en Europe : www.flickr.com/photos/cpdg www.ulriccollette.com














INTERVIEW M A R I N A B Y C H K O V A

COMMENT AVEZ-VOUS COMMENCÉ À CRÉER DES POUPÉES ? Petite, je jouais Ă  la poupĂ©e comme toutes les autres filles, mais je me suis trĂšs vite dĂ©sintĂ©ressĂ©e des miennes. Elles Ă©taient basiques, ennuyeuses et traditionnelles, alors que je rĂȘvais de poupĂ©es adultes au corps de femme. Sans que cela ne soit trĂšs surprenant, je n’en ai jamais trouvĂ© qui correspondaient Ă  mes standards exigeants. Cela m’a poussĂ© Ă  fabriquer mes propres poupĂ©es. J’ai commencĂ© par tester diffĂ©rentes matiĂšres premiĂšres : tissu, bois, papier, ruban isolant, fleurs... n’importe quoi. Un jour, j’ai pris en otage l’établi de mon grand-pĂšre; c’est ainsi qu’est nĂ©e ma passion pour les objets en mĂ©tal, les pinces et les marteaux. A l’ñge de six ans, je me sentais dĂ©jĂ  investie d’une mission qui allait m’occuper toute ma vie : crĂ©er la poupĂ©e parfaite, une poupĂ©e que personne n’avait vue auparavant. AprĂšs vingt ans de travail, je pense que je m’approche enfin de la perfection. Heureusement que j’ai commencĂ© jeune. VOTRE INSPIRATION
 Je m’inspire de tas d’endroits, vraiment. Il m’est impossible d’isoler une de mes sources d’inspiration, ni de toutes les identifier. La chose la plus insignifiante, comme une fourchette par exemple, peut vĂ©hiculer une association cachĂ©e et m’inspirer une couronne ou autre. Mais je suis majoritairement influencĂ©e par les peintres, les illustrateurs et les stylistes de l’époque de l’Art Nouveau, comme William Whaterhouse, Alphonse Mucha, Erte, William Morrison, Kay Nielsen, mais aussi Karl Faberge, Edmund Dulac, Arthur Rakham, etc. Ma plus grande influence est peut-ĂȘtre Sulamith Wulfing. TOUT EST FAIT À LA MAIN ? Toute la gamme d’Enchanted Dollℱ est exclusivement faite Ă  la main. Je conçois tous les articles et en fabrique la plupart. En ce qui concerne les vĂȘtements de mĂ©tal, comme les corsets et les chaussures, je conçois et fabrique un prototype. Ensuite, un technicien du moulage m’aide Ă  en dĂ©velopper la production. Je suis une personne extrĂȘmement tactile qui adore manipuler toutes sortes de matiĂšres. En fait, toucher une chose est aussi important pour moi que de la regarder; cela m’a aidĂ©e de nombreuses fois Ă  y voir plus clair. Un peu comme les bĂ©bĂ©s qui ont besoin de mettre un objet Ă  leur bouche pour l’identifier et apprendre ce que c’est. Quand je vois quelque chose de beau, j’éprouve un besoin compulsif de le toucher pour savoir quoi en faire. J’adore fabriquer des objets de mes propres mains. Manipuler des matiĂšres premiĂšres, apprendre leurs caractĂ©ristiques et crĂ©er de nouvelles compositions avec elles, voilĂ  ce qui me procure le plus de joie dans ce travail. Concevoir des choses sur papier ne me suffit pas. J’ai besoin de les fabriquer.


VOS PROJETS, DÉSIRS POUR L’AVENIR ? Des poupĂ©es, des poupĂ©es et toujours des poupĂ©es. Il y a tellement de choses que je veux faire et tellement de projets Ă  rĂ©aliser. Je ne suis jamais Ă  court d’idĂ©es. Ça bourdonne dans ma tĂȘte comme dans un essaim d’abeilles, continuellement. Je ne suis jamais au repos. Si je commence Ă  en faire une liste, je ne saurais ni par oĂč commencer ni oĂč m’arrĂȘter. Je vais donc en citer quelques-unes. J’ai l’intention de travailler sur une poupĂ©e de Dorian Gray, une composition de RomĂ©o et Juliette, mais aussi concevoir de nouveaux vĂȘtements en mĂ©tal. Je veux Ă©galement tourner un court-mĂ©trage d’animation pour un festival de cinĂ©ma Ă©rotique. Du 11 au 14 juin prochain, je serai Ă  Saint-PĂ©tersbourg pour y exposer mes poupĂ©es et j’irai ensuite Ă  Cologne, en Allemagne, pour une foire aux beaux-arts. AprĂšs cela, je me prĂ©parerai pour mon prochain spectacle en solo Ă  Berlin Ă  l’étĂ© 2010. En mĂȘme temps, je vais concevoir un livre qui va me demander plusieurs annĂ©es de travail avant de pouvoir ĂȘtre imprimĂ©. Tout cela est passionnant. www.enchanteddoll.com inquiries@enchanteddoll.com

Photos par Chad Isley www.chadisley.com














HEARTS


&

« IN THE MOOD FOR
 » Simon Kolton INTERVIEW de l’entraĂźneur Mehdi Benabid


IN THE MOOD FOR
 S I M O N K O L T O N

COMMENT EST NÉ CE PROJET ? Je travaille depuis de nombreuses annĂ©es sur la ThaĂŻlande. Il y a environ deux ans, j’ai commencĂ© un sujet sur la ville de Bangkok et ses habitants. Bangkok est une ville trĂšs touristique, on peut facilement tomber dans le piĂšge du clichĂ©. Pour ce travail, j’ai souhaitĂ© ĂȘtre au plus prĂšs des gens, de leur quotidien. J’avais traitĂ© dĂ©jĂ  diffĂ©rents sujets sur la ville de Bangkok, en couleur et en noir et blanc, mais ici, j’ai voulu partir sur de nouvelles bases, orienter ma rĂ©flexion dans un sens diffĂ©rent. Il s’agissait pour moi de montrer, au delĂ  de l’approche «portrait», les gens dans leur environnement. Dans cette sĂ©rie de photographies, les dĂ©cors sont essentiels, ils font corps avec les personnes, chaque dĂ©tail compte. La couleur s’est imposĂ©e naturellement, mais retravaillĂ©e, sĂ©lectionnĂ©e, agissant comme un Ă©lĂ©ment intrinsĂšque de la photographie et non comme un simple hasard. A la diffĂ©rence de mes prĂ©cĂ©dents projets, cette relation particuliĂšre Ă  la couleur impose un important travail de post production. C’est une facette du travail que j’aime beaucoup. On se retrouve face Ă  son Ă©cran, et, comme un peintre, on travaille la lumiĂšre et la couleur, directement dans la matiĂšre de l’image. C’est un moment calme et paisible, pendant lequel les sensations du voyage et des instants vĂ©cus reviennent comme des vagues de souvenirs. «In the mood for...» le titre est bien sĂ»r inspirĂ© du film de Wong Kar Wai, pour ses lumiĂšres, ses couleurs, son ambiance unique. UNE APPROCHE DES GENS
 Je suis bien plus attirĂ© par les gens que par les lieux, c’est l’essence de mon travail. J’aime les montrer en toute simplicitĂ©, j’aime aller Ă  leur rencontre, les voir Ă©voluer dans leurs milieu. Cela demande bien entendu de longues heures de travail, de marche, d’observation. Durant les rencontres, parfois, il se produit un dĂ©clic trĂšs rapide, l’oeil analyse trĂšs vite la situation, la personne, le lieu, la lumiĂšre, l’environnement. Un point essentiel pour moi, c’est de ne pas me sentir un intrus, je n’aime pas voler les photos Ă  l’insu des gens. Je suis toujours attentif Ă  respecter leur image, sauf parfois dans leur sommeil, Ă  ne pas les rendre ridicules ni grotesques. Si toutes ces conditions sont rĂ©unies, la magie opĂšre.


ON A UNE SENSATION D’INTIMITÉ AVEC LES GENS QUE VOUS PHOTOGRAPHIEZ
 C’est la base de mon travail, et cette partie demande d’ĂȘtre en empathie avec les personnes que l’on photographie, de façon qu’ils se sentent Ă  l’aise. C’est un travail Ă  mi-chemin entre le reportage et le portrait, qui demande une approche lente. Il y a aussi le plaisir, le plaisir des rencontres, le plaisir d’échanger, d’écouter. Je veux que chaque personne que je photographie se sente unique, et, de mon cĂŽtĂ©, je veux que la personne soit unique sur mes photos. Nous sommes Ă  une Ă©poque oĂč les choses vont trĂšs vite, de plus en plus vite, et, pour ce projet, j’ai voulu prendre mon temps. L’une des difficultĂ©s Ă  rĂ©soudre pour moi a Ă©tĂ© la barriĂšre de la langue. C’est pourquoi j’ai tout le temps travaillĂ© en Ă©tant accompagnĂ© d’amis ThaĂŻs qui me servaient d’interprĂštes. Mon approche est un peu similaire Ă  celle d’un documentaire en film. Nous engageons la conversation, les personnes commencent Ă  se raconter, et finissent par oublier l’appareil photo. http://www.doggyshow.com/bookphoto simonkolton@yahoo.fr


















INTERVIEW M E H D I B E N A B I D

TON PARCOURS
 J’ai commencĂ© la boxe vers l’ñge de 17 ans, par hasard. Dix mois aprĂšs je faisais mon premier combat et je n’ai jamais arrĂȘtĂ©. Depuis maintenant presque vingt ans. Ça m’a donnĂ© une hygiĂšne de vie, m’a permis de voyager : Malte, ThaĂŻlande, Japon
 J’ai pu passer mon diplĂŽme d’instructeur fĂ©dĂ©ral
 Pourvu que ça dure ! UNE PASSION QUI EST NÉE
 Au fur et Ă  mesure. Je ne connaissais pas du tout ce sport. J’étais au lycĂ©e, un ami me dit « tiens, viens avec moi ». J’y suis allĂ©. C’était au club du Siam boxing d’AndrĂ© Zeitoun. Il y avait une super ambiance et vraiment un gros niveau, Ă  l’époque. Ce furent mes meilleures annĂ©es de boxe thaĂŻlandaise. Depuis j’ai changĂ© de club, mais je n’ai jamais arrĂȘtĂ©. L’ENTRAÎNEMENT : - Tout d’abord, l’échauffement : on saute Ă  la corde pendant vingt minutes. On continue Ă  faire des mouvements dans le vide, des sĂ©ries de jambes ou de poings. - On travaille par atelier et selon son niveau. Les plus expĂ©rimentĂ©s pourront faire du pao ou des sĂ©ries au sac pour commencer. Les dĂ©butants, eux, feront des exercices pour apprendre Ă  bien faire les mouvements. - Puis, sparring (petits combats avec protections en appuyant lĂ©gĂšrement mais sans se faire mal) tous niveaux confondus. Ensuite, corps Ă  corps, dans le mĂȘme principe que le sparring. - Pour terminer : sĂ©ries de pompes, suivies par des sĂ©ries d’abdominaux, et Ă©tirements. On fait le salut et : Ă  la douche ! LES COMBATS : En ce moment, il y a pas mal de problĂšmes de fĂ©dĂ©ration, donc les choses au moment oĂč je vous en parle sont changeantes. Si on part sur une base simple : - Il y a la premiĂšre catĂ©gorie : la classe C. Trois rounds de deux minutes. Avec protections en gĂ©nĂ©ral, car ce sont les premiers combats. Si les boxeurs sont majeurs et s’ils le souhaitent, cela peut aussi ĂȘtre sans. - Ensuite il y a la classe B. Cinq rounds de deux minutes. - Et la classe A, cinq rounds de trois minutes. Aujourd’hui, selon les pays et les choix des boxeurs, les rĂšgles peuvent changer. En France, par exemple, les coups de coude sont en gĂ©nĂ©ral interdits. En ThaĂŻlande, ils sont obligatoires.


LA BOXE THAÏLANDAISE EN FRANCE : Comme je le disais tout Ă  l’heure, il y a pas mal de problĂšmes de fĂ©dĂ©ration et de structure. Ce qui entraĂźne Ă  mon avis un retard par rapport Ă  certains pays comme les Pays-Bas, ou le Japon. MĂȘme si cela reste un sport trĂšs mĂ©diatique, surtout avec l’émergence des sports comme le combat libre (le MMA). Boxe.coach@gmail.com

Photos par Laurence Guenoun© www.laurenceguenoun.fr


















PURE DARK


&

« HIDDEN » Eric Rose INTERVIEW du dessinateur Wirrow


E R I C R O S E


HIDDEN COMMENT AS-TU COMMENCÉ LA PHOTOGRAPHIE ? La photographie s’est imposĂ©e Ă  moi par deux fois dans ma vie. Quand j’avais 8 ans, ma mĂšre m’a donnĂ© un Pentax k1000. J’ai regardĂ© l’appareil et je me suis dit - j’espĂšre que tous ces nombres ne sont pas importants !- Je me souviens, alors que je regardais par la fenĂȘtre de notre ferme dans le Connecticut, que je me reprĂ©sentais par avance les photos que j’allais prendre. J’étais tout excitĂ© chaque fois qu’elles apparaissaient dans la chambre noire. C’était NoĂ«l Ă  chaque fois que j’allais au laboratoire photo en ville pour rĂ©cupĂ©rer mes impressions. La deuxiĂšme fois, j’avais 20 ans. Je suis allĂ© en Italie et j’ai mis les pieds Ă  Florence. J’ai fait 12 pellicules de photos le premier jour, tant j’ai aimĂ© la lumiĂšre, les gens, les rues ; un vrai paradis. Je suis accro depuis. COMMENT FAIS-TU TON CHOIX ENTRE COULEUR ET NOIR ET BLANC ? Je photographiais exclusivement en noir et blanc ; la couleur me paraissait ennuyeuse, quelconque. Je suis devenu fascinĂ© par les collaborations de Junet & Caro, Wong Kar WaĂŻ & Christopher Doyle, et plus tard Saul Leiter. AprĂšs avoir vu leur travail, la couleur a commencĂ© Ă  me faire frissonner. De plusieurs façons, c’était vibrant et intemporel. AprĂšs avoir ouvert le livre de Leiter, je n’ai plus regardĂ© de la mĂȘme maniĂšre. Quant Ă  choisir entre N&B et couleur, ça vient des tripes. Je penche plus souvent vers le N&B lorsque je veux rendre intemporelle une prise de vue. C’est la premiĂšre Ă©tape pour moi : rendre impossible de dater une photo. Je suis profondĂ©ment influencĂ© par le cinĂ©ma, alors si une image semble plus intense en N&B, j’en supprime la couleur. Alors que je travaille beaucoup en numĂ©rique, j’ai un grand amour pour la pellicule, je garde un grand nombre d’appareils argentiques chargĂ©s Ă  portĂ©e de main. Pour certaines occasions, je n’ai Ă  disposition que du N&B pour travailler, tout dĂ©pend de ce que je capte en sortant ; films pĂ©rimĂ©s, instantanĂ©s, tout ce qui a le plus de grain possible, j’adore ça. Mais la cerise sur le gĂąteau reste de ne jamais savoir ce que l’on va dĂ©couvrir Ă  chaque coin de rue. TU AS DES PROJETS EN COURS ? Je n’ai jamais suivi de rĂšgles, surtout en art. Alors mettre en place une quelconque Ă©bauche de projets ne fait pas partie de ma top liste. Ceci dit j’adore le travail de August Sander. Etre capable d’inscrire dans la mode des portraits qu’il a rĂ©alisĂ©s serait un rĂȘve. VoilĂ  un projet sur lequel j’aimerais vraiment travailler. Mais le truc c’est que je suis sincĂšrement timide. Alors que je n’ai aucun scrupule Ă  arpenter ma rue pour prendre des portraits d’amis et de membres de ma famille, il m’est trĂšs difficile de demander Ă  un parfait inconnu, qui m’intrigue, de s’asseoir pour le prendre en photo. Je me fixe donc pour objectif un jour de parvenir Ă  sortir de ma zone de confort et de demander Ă  un inconnu s’il veut bien s’asseoir pour un portrait. J’espĂšre que ça deviendra prochainement une seconde nature. Mais ce n’est pas un projet en soi, je sais... www.filmesque.com










W I R R O W


INTERVIEW À PROPOS DE TES DESSINS
 Mes dessins ressemblent Ă  ce qu’aurait Ă©tĂ© «Le seigneur des anneaux» si Tolkien l’avait Ă©crit Ă  l’ñge de 4 ans. J’essaie un peu de crĂ©er un monde mythologique avec mes petits personnages, et sans rien prĂ©voir. Mais surtout, je ne sais pas vraiment dessiner alors je suis comme un chat marchant sur le clavier d’un piano. Je laisse le hasard faire des miracles. Rien de ce que je dessine ne ressemble Ă  ce que j’avais en tĂȘte au dĂ©but, ce qui est plutĂŽt cool en fait. TON INSPIRATION
 Elle provient d’histoires, de bribes de conversations que j’ai entendues, de ce que je glane dehors, de mon entourage, de la mythologie, mais aussi des dessins d’enfants et du hasard. UN MÉLANGE PARFAIT ENTRE PROFONDEUR ET SIMPLICITÉ
 Je ne sais pas vraiment pourquoi j’aime les dessins qui sont trĂšs simples, mais c’est le cas, j’adore les dessins d’enfants. Je pense que ça permet aux gens de se rattacher Ă  leur propre importance car ils ne sont pas gĂȘnĂ©s par une quelconque explication. Tout le monde peut se retrouver dans un dessin d’enfant, tout comme dans les taches d’encre de Rorschach. Ne serais-je pas trop symbolique? TA VISION DE L’HUMANITÉ
 Je m’imagine que toute personne, toute chose est composĂ©e de petites libellules. Quand nous nous rapprochons de quelqu’un, d’un arbre ou de quoique ce soit, on donne un peu de ces libellules. De la mĂȘme façon, on en reçoit continuellement en Ă©change. Et on s’inspire de ces petites libellules qui volent vigoureusement. Je crois que la fin de l’humanitĂ© arrivera quand les gens voudront tout s’accaparer et ne rien donner en retour ; comme prendre de la drogue. On finit par vouloir une Ă©norme extase en concentrant tout ce qui est bon en une grosse dose, puis on finit complĂštement vide. Ça rĂ©duit l’humanitĂ© Ă  sa simplicitĂ©, mais il nous reste quand mĂȘme des Ă©tincelles de divinitĂ©. Je pense que les bonnes choses doivent s’infiltrer dans nos Ăąmes, petit Ă  petit ; comme les petites libellules qui viennent Ă  nous quand nous composons de la musique, quand nous crĂ©ons de l’art, quand nous embrassons quelqu’un ou que nous faisons preuve de compassion, quand nous jouons ou courons Ă  travers champs, quand un chat joue avec sa queue, ou encore quand nous Ă©crasons des feuilles de citronnier entre nos mains. VoilĂ  ce qui est bon, le vĂ©ritable bonheur. Du moins, ça l’est pour moi. TES PROJETS, TES SOUHAITS POUR DEMAIN ? Je prĂ©pare une animation de trĂšs courtes nouvelles que j’ai Ă©crites, ainsi que certains clips, dont un clip de mes chansons. Mes souhaits pour demain ? CrĂ©er de la magie et me faire des amis qui voudront m’accompagner pour jouer avec moi. http://wirrow.blogspot.com/












PIECES


&

« WINTRY SUN » Costas Masseras INTERVIEW de la peintre illustratrice Isabel Reitemeyer


C O S T A S M A S S E R A S


WINTRY SUN DE QUOI PARLE CETTE SÉRIE ? J’ai commencĂ© Ă  prendre des photos de ports sous un soleil d’hiver. J’ai essayĂ© de les voir non seulement en tant qu’espaces utilitaires de dĂ©parts et d’arrivĂ©es mais aussi en tant que lieux oĂč, l’absence, l’effet dramatique de la lumiĂšre et le mĂ©lange des diffĂ©rents matĂ©riels aboutissent ensemble Ă  un effet visuel artistique, effet me ramenant plusieurs dizaines d’annĂ©es en arriĂšre, et me donnant une impression d’immobilitĂ© et en mĂȘme temps de retour. LE RÉSULTAT EST TRÈS COLORÉ, POURQUOI ? L’utilisation de la couleur Ă©tait inĂ©vitable, puisque tout ce qui est Ă©clairĂ© par un soleil filtrant au travers de nuages paraĂźt imposant et familier. La tension de la lumiĂšre devait ĂȘtre accentuĂ©e par un contraste trĂšs fort. De plus, les couleurs saturĂ©es renforcent les marques du temps qui passe sur les diffĂ©rents matĂ©riaux. LA MER EST
 Elle reprĂ©sente le dĂ©but, le lieu oĂč tout commence, et les ports sont le lien. C’est le grand mystĂšre, une promesse et une attente, la frustration et le dĂ©sir, la mort et cette petite parenthĂšse qu’on appelle la vie. www.masseras.gr www.myspace.com/costasmasseras














I S A B E L R E I T E M E Y E R


INTERVIEW À PROPOS DE LA TYPOGRAPHIE... La typographie et l’illustration ont toujours composĂ© une part essentielle de mes Ă©tudes de design. Aujourd’hui encore, la typographie fait partie de ma routine quotidienne au travail. J’aime essayer de nouvelles typographies, mĂȘme si finalement le but de mon travail est de rĂ©duire le design Ă  son essence pour un plus grand effet. Comme pour mes collages, je trouve qu’il est important de donner aux Ă©lĂ©ments leur propre espace et de vĂ©hiculer une certaine clartĂ©. OU TROUVEZ-VOUS VOTRE INSPIRATION ? Je m’inspire des choses qui m’entourent comme la musique, le temps qu’il fait, les gens ou certaines situations. La perspective dadaĂŻste qui utilise le hasard comme principal agencement et les choses qui nous entourent comme matĂ©riau de base est une de mes maniĂšres de travailler. Cela signifie, entre autres, que mes collages n’ont jamais d’agencement prĂ©cis. Ils sont libĂ©rĂ©s de tout concept. Mes humeurs et Ă©motions quotidiennes influencent Ă©galement mon travail. Ce procĂ©dĂ©, en changeant de maniĂšre permanente, m’ouvre toujours de nouvelles voies pour mon travail. Le cours des choses change constamment, ce qui me force Ă  tout reconsidĂ©rer avec une grande flexibilitĂ© de rĂ©flexion. Contrairement aux arts appliquĂ©s, le design graphique a un objectif bien dĂ©fini et des clients aux attentes spĂ©cifiques. Quand je travaille mes collages, mon inspiration peut flĂąner en toute libertĂ©. Je me soumets au hasard et peux mĂȘme ĂȘtre guidĂ©e par lui. VOUS MÉLANGEZ LA PEINTURE ET LE COLLAGE
 Cette combinaison me permet de crĂ©er une surface plus ou moins structurĂ©e, ce qui est impossible Ă  faire avec d’autres techniques comme la peinture seule – et surtout pas par ordinateur. COMMENT TRAVAILLEZ-VOUS ? J’ai constamment de nouvelles idĂ©es, de nouvelles approches. En consĂ©quence, je dĂ©truis parfois un travail en cours pour le recommencer complĂštement. De cette maniĂšre, diffĂ©rentes couches se dĂ©veloppent, ce qui donne de la profondeur au rĂ©sultat final. Chaque collage est composĂ© d’étapes distinctes. Il dispose donc d’une vie et d’un dĂ©veloppement – parfois long, parfois plus court - qui lui sont propres. UNE ƒUVRE QUI VOUS A MARQUÉE ? Le film Le MystĂšre Picasso d’Henri-Georges Clouzot m’a toujours impressionnĂ©e et appuie ma conception. Ce documentaire fascinant nous montre les diffĂ©rentes Ă©tapes par lesquelles passe une photo avant sa finalisation. www.isabel-reitemeyer.com info@isabel-reitemeyer.com












LAND


&

« AL ALBA » Wayne Mackeson INTERVIEW du sculpteur peintre Antoine Josse


W A Y N E M A C K E S O N


AL ALBA POURQUOI AVEZ-VOUS CHOISI LA PHOTOGRAPHIE ? Mon pĂšre Ă©tait sergent dans l’U.S. Air Force. Lorsqu’il Ă©tait en poste Ă  l’étranger, il a trouvĂ© un appareil photo qui avait une corde verte Ă  la place de la bandouliĂšre – un Yashica, je pense. Avec cet appareil, il a pris de beaux clichĂ©s Kodachrome – des trĂ©sors que je possĂšde toujours. Si je prends des photos, c’est pour rivaliser un peu avec lui, mais aussi par distraction personnelle. À part ça, je suis incapable de chanter ou de danser, ce qui chagrine profondĂ©ment mon Ă©pouse, pĂ©ruvienne. QU’EST-CE QUI VOUS ATTIRE DANS LA PHOTOGRAPHIE AU STÉNOPÉ ? J’aime la puretĂ© et la simplicitĂ© de la lumiĂšre, le mouvement et la pellicule sans objectif au milieu. En plus, je ne vois plus trĂšs bien Ă  travers le viseur ces derniers temps. Cela me permet donc de m’en dispenser et de prendre des clichĂ©s en braquant une petite boĂźte en bois en direction de mes modĂšles. VOS PROJETS ? J’adorerais convaincre Uma Thurman de poser pour un portrait au stĂ©nopĂ©. http://wayne@epuerto.com http://www.flickr.com/people/waynemackeson/












A N T O I N E J O S S E


INTERVIEW POURRAIS-TU ME PARLER DE TON PARCOURS ARTISTIQUE ? Avec un papa architecte et peintre Ă  ses heures, j’ai toujours Ă©tĂ© baignĂ© dans un univers crĂ©atif. AprĂšs un bac et quelques annĂ©es d’études, j’ai passĂ© le concours du CAPES et je suis aujourd’hui professeur d’arts plastiques dans un collĂšge. ParallĂšlement Ă  ce cursus, j’ai toujours poursuivi une production personnelle : dessin, peinture et puis enfin sculpture. AprĂšs plus de vingt ans de recherche, j’ai enfin trouvĂ© mon mode d’expression : j’ai crĂ©Ă© un univers figuratif et narratif, oĂč l’homme, petit hĂ©ros malgrĂ© lui, Ă©volue dans un monde teintĂ© de solitude et de mĂ©lancolie. COMMENT SONT FAITES TES SCULPTURES ? Le processus de fabrication ne laisse que trĂšs peu de place au hasard ; je commence donc par un travail de croquis. AprĂšs quelques jours de maturation, je choisis les projets qui me semblent ĂȘtre les plus pertinents et je passe ensuite Ă  la rĂ©alisation en 3 dimensions. J’utilise des armatures de polystyrĂšne que je recouvre de plusieurs couches de plĂątre ; mes personnages sont en fil de fer et sont ensuite habillĂ©s de bande plĂątrĂ©e... OU PUISES-TU L’INSPIRATION ? Dans notre quotidien et dans l’actualitĂ© : je suis un observateur de notre monde et de ses incohĂ©rences... sources inĂ©puisables de projets et d’idĂ©es !!! SI JE TE DIS : ÉQUILIBRE, VERTIGE, SOLITUDE
 Je te rĂ©ponds oui, oui, oui... avec beaucoup de verticalitĂ© (Ă  la recherche d’une certaine spiritualitĂ© sans doute !!!), de la mĂ©lancolie et un questionnement sur la place de l’homme dans son environnement. Mais je prĂ©fĂšre laisser chacun d’entre nous se faire sa propre expĂ©rience d’aprĂšs son vĂ©cu et crĂ©er ses propres impressions, comme tu le fais si bien!!! TES PROJETS ? Mon premier projet est de continuer Ă  faire dĂ©couvrir mon travail en France et Ă  l’étranger. Les contacts se multiplient et les retours sont trĂšs positifs ; ce qui est pour moi trĂšs encourageant et trĂšs motivant. Mon second projet est de trouver une solution pour que mes sculptures soient exposables en extĂ©rieur, ce qui n’est pas le cas actuellement, mes piĂšces Ă©tant majoritairement faites de plĂątre; la meilleure solution semble ĂȘtre celle d’un tirage en bronze. A moi maintenant d’ĂȘtre capable de passer le relais Ă  un autre spĂ©cialiste : un fondeur d’art. www.myspace.com/antoinejosse
















FREE


&

« LOW FIDELITY » Torsten G. INTERVIEW de l’illustrateur AxlTM


T O R S T E N G


LOW FIDELITY À PROPOS DE TA PHOTOGRAPHIE
 Elle est une contemplation crĂ©ative du quotidien. Elle exprime la lĂ©gĂšretĂ© et l’humour. Cela fonctionne car je prends la photographie au sĂ©rieux, mais, en mĂȘme temps je ne me prends pas au sĂ©rieux. Je ne suis pas de manuel, mais j’essaie de reprĂ©senter le sujet tel qu’il n’est pas dans la vie quotidienne. Le sujet est plus important pour moi que le matĂ©riel que j’utilise. Les polaroĂŻds et la lomographie sont ma passion. TON INSPIRATION
 Mon inspiration naĂźt de la rencontre quotidienne avec la vie, j’observe ce qui se passe avec un oeil enjouĂ©, et j’essaie de maintenir l’attention de celui qui regarde mes photos. DES PROJETS EN COURS ? L’action photographique expĂ©rimentale, en relation avec un projet diapo. Les premiers rĂ©sultats seront visibles Ă  l’automne. www.myspace.com/torsten_s_g http://www.flickr.com/people/torsten-g/












A X L


INTERVIEW COMMENT PRÉSENTERAIS-TU TON UNIVERS GRAPHIQUE ? C’est une excellente question, et je vous remercie de me l’avoir posĂ©e. Plus sĂ©rieusement, j’imagine que je suis au carrefour de beaucoup de choses diffĂ©rentes, reflet de mes goĂ»ts Ă©clectiques et de mes sources d’inspiration variĂ©es. On me fait assez souvent remarquer que je conserve un style personnel, mais j’ai du mal avec cette notion. En tout cas, il m’est difficile d’objectivement le dĂ©crire, si tant est qu’il existe rĂ©ellement. Je suppose qu’il est donc fragmentĂ© en plusieurs catĂ©gories, du montage qui s’apparente au mate painting digital, Ă  l’artwork graphique en passant par le dessin, le collage, le travail et la retouche photo, etc. POURQUOI LE CHOIX DE L’ILLUSTRATION ? Je suis un besogneux, je suppose que l’illustration, l’artwork, l’image en gĂ©nĂ©ral, est un format, un genre, qui convient bien Ă  une production quotidienne. Dessiner, coller, modifier, altĂ©rer, transformer... J’aime aussi le cĂŽtĂ© ludique et la libertĂ© que cela me laisse. Je n’aime pas les cases, les Ă©tiquettes, les classements. Sauf Ă  la supĂ©rette, parce que bon, ça facilite les courses, faut avouer. Donc je tente de les exploser dĂšs que je peux, quand je sens que j’entre trop dans un cadre, je tente de me dĂ©faire de mes tics et d’aller voir ailleurs si j’y suis. Et en gĂ©nĂ©ral, je m’y trouve, ce qui m’arrange bien. TON INSPIRATION
 Je suis une Ă©ponge. Je mange, je digĂšre, je rĂ©gurgite Ă  ma sauce. Je m’inspire Ă©videmment des tendances esquissĂ©es par les autres, de la musique, du cinĂ©ma, des arts, du quotidien, de Jean-Claude Bourret, de la communication, des autres, de la vie... le rĂ©sultat dĂ©pend donc du menu du jour, de la qualitĂ© de mon transit, et Ă©videmment d’une part de chance. Une sorte de physique quantique, un chaos que j’essaye de modeler et de maĂźtriser pour obtenir le rĂ©sultat voulu, qui m’échappe parfois au dĂ©but du processus. Si Dieu joue aux dĂ©s, je dirais humblement que les miens sont un peu pipĂ©s et que je m’en accommode. DES TRAVAUX DE COMMANDE ? Pas pour le moment, je suis demandeur d’emploi. Je rĂ©alise quelques petites choses Ă  titre gracieux histoire de garder la main pour des amis, car crĂ©er pour soi et rĂ©pondre Ă  une demande prĂ©cise externe sont deux choses distinctes, et il est toujours gratifiant de voir qu’on est capable des deux. TES PROJETS, ENVIES POUR DEMAIN
 Je vais exposer quatre-cinq choses dans une galerie aux Pays-Bas, monter mon activitĂ© bientĂŽt, refaire le design de mon site... Et, bien sĂ»r, continuer Ă  explorer mes univers visuels. http://fantasybox.free.fr/



















Ont participĂ© Ă  ce numĂ©ro : laurence guenoun - Directrice de publication / DA carine lautier - RĂ©dactrice en chef candice nguyen - Communication & PublicitĂ© +33 689 921 043 JÖRG FISHER - DA / Graphiste mathieu drouet - Webmaster eric battistelli - Journaliste christophe dillinger - Traduction vanessa coquelle - Traduction vincent benhartt - Traduction VERONIQUE DE LAUNAY - correctrice français CHRIS FRIEL© - Photo couverture Remerciements pour leur aide et soutien Ă  : BENOIT MARTINEZ www.ensp-arles.com FREDERIC HIARD www.virusphoto.com ANTONY BARROUX www.pixfan.com CEDRIC DUMENIL www.unjourunsite.be

Plateformag Copyright 2009 Tous droits réservés Toutes les images, photos diffusées sur Plateformag appartiennent à leur auteurs respectifs


Le KALEÏ PARTY est une soirĂ©e oĂč les publics se mĂ©langent, oĂč diffĂ©rentes disciplines artistiques se croisent. Suite aux deux premiĂšres Ă©ditions qui ont remportĂ© un vif succĂšs auprĂšs d’un public variĂ© et conquis, le KALEÏ PARTY ne pouvait s’épanouir que dans un espace plus grand et encore plus adaptĂ© pour recevoir musiciens, photographes, vidĂ©astes, performer modistes, clubbers. Pour la 3e annĂ©e, le KALEÏ PARTY se rĂ©installe au DIVAN DU MONDE pour une Ă©dition 2009, toujours plus riche en dĂ©couvertes visuelles et sonores. InitiĂ©e sur un concept simple, la soirĂ©e se construit autour de l’enrichissement collectif. Un des objectifs demeure le mĂȘme depuis sa crĂ©ation : une mixitĂ© des diffĂ©rents arts et pratiques plastiques contemporaines, le tout dans une ambiance trĂšs festive. L’autre objectif Ă©tant de rĂ©vĂ©ler des artistes Ă©mergents, en devenir, en voie de professionnalisation ou de consĂ©cration. Plus d’infos sur www.myspace.com/kaleiparty


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.