Planète Robots numéro 32

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vail a r t au

GHOSTSWIMMER

LE REQUIN ROBOT DÉTECTEUR DE MINES

Le 12 décembre dernier, l’U.S. Navy nous informait avoir testé la veille un UUV (Unmanned Underwater Vehicle) à la Naval Amphibious Base de Little Creek (Norfolk, Virginie): le GhostSwimmer — développé par la société Boston Engineering.

Le GhostSwimmer : un appareil téléopéré via un câble de 150 m — pour un coût de 150 K$. — Le GhostSwimmer en action lors des tests menés par l’U.S. Navy le 11 décembre 2014. (Crédit : U.S. Navy photo by Mass Communication Specialist 3rd Class Edward Guttierrez III/Released.)

C’est un engin dont le déplacement s’inspire de la façon de nager du thon rouge — mais qui finalement ressemble plutôt à un requin… Selon ses concepteurs, ce modèle biomimétique, en comparaison des solutions traditionnelles, est plus flexible, plus agile et consomme moins d’énergie. Il évolue aussi bien en eaux peu profondes (25 cm) qu’à 90 m, avec la capacité de tourner sur lui-même dans un diamètre d’un mètre cinquante (sa longueur). Sa vitesse peut atteindre quinze nœuds (28 km/h) et son autonomie soixante-six heures s’il se limite à trois nœuds. UN BREAKTHROUGH TECHNOLOGIQUE ?

seille UMR7256, qui a travaillé sur ces sujets (y compris avec l’U.S. Navy), une autonomie de soixante-six heures à trois nœuds apparaît bien médiocre… Enfin, une mission à longue distance nécessiterait une intelligence embarquée dont ne dispose pas le GhostSwimmer car selon des contacts appartenant à l’US Navy, il n’est capable, sans son câble de pilotage, que d’effectuer des « ronds dans l’eau »… Il n’est donc finalement qu’un appareil téléopéré — via un câble de 150 m de longueur — pas très discret pour un sous-marin furtif ! (Quant à la percée technologique, des articles scientifiques traitent de ce genre de développements depuis le début des années 2000.)

terait plutôt vers des marchés comme l’inspection d’ouvrages d’art, la recherche de personnes disparues, les fouilles archéologiques, la prospection minière, l'inspection des coques de bateaux ou l'observation d'objets suspects sous l'eau… En conclusion, le professeur Leandri a déclaré : « Le GhostSwimmer est un engin qui est scientifiquement intéressant car il ouvre une voie vers le biomimétisme, mais ses performances sont assez modestes. Sa forme biomimétique ne lui confère pas de pouvoirs ou de performances extraordinaires. Il reste quand même une réussite scientifique intéressante mais n'est pas encore en mesure de surpasser d'autres engins autonomes, que ce soit dans les domaines de la vitesse et de l'autonomie ou ceux de la portée et de la charge utile. »

DES PERFORMANCES Boston Engineering n’hésite pas à parler d’un ASSEZ MODESTES… breakthrough (une percée) technologique : cet engin surpasserait l’actuel Remus 100, déployé Boston Engineering, qui envisage un tarif d’endans la plupart des marines du monde. Le ■Philippe Roussel viron 150 K$ pour le GhostSwimmer, s’orienGhostSwimmer permettrait d’effectuer des missions d’espionnage, de surveillance, de reconnaissance et de détection de mines. Mais alors, si l’appareil est destiné à des missions d’espionnage, pourquoi l’U.S. Navy l’a-t-elle ainsi dévoilé à la presse ? Selon des experts français, il présenterait peu d’intérêt pour les missions secrètes : les moteurs générant le mouvement de nage produisent un son régulier qui serait perçu par les sonars. De plus, selon le professeur Didier Léandri, du Laboratoire IGS CNRS Mar- L’UUV Remus 100S d’Hydroid, qui équipe déjà l’U.S. Navy. Il coûte 250 K$. (Crédit : Courtesy Kongsberg Maritime.)

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