Planète Robots numéro 32

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PLANÈTE

ROBOTS

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STYlOS 3d MARS - AVRIL 2015 - NUMÉRO 32

N O U V E L L E S

T E C H N O L O G I E S

D U

F U T U R

CINÉMa

CHaPPie l’ÉVEIl dE la CONSCIENCE lES dRONES MaRINS

SaviOne lE ROBOT MajORdOME GHOSTSWIMMER REQUIN ROBOT

UNE RÉVOlUTION TOUT EN dOUCEUR

(C) 2015 Sony Pictures Entertainment - Tous droits réservés

L 11849 - 32 - F: 5,90 € - RD

dOSSIER : Le R-TOuRiSme

POPPY Le PRemieR ROBOT HUMaNOÏdE À IMPRIMER

eSPaCe

lES 25 PROCHaINES

aNNÉES


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La première qualité d’un robot est de s’adapter à l’homme.

Man and Machine www.staubli.com

Et si le robot travaillait (vraiment) avec l’homme ? Au-delà de ses performances, un robot doit jouer son rôle : celui d’un partenaire de l’homme. Il n’est pas là pour le remplacer mais pour le servir efficacement, dans une relation simple et intuitive. Dans cet esprit, les robots Stäubli travaillent avec précision, rapidité, sécurité. Mais avant tout avec l’homme.

ROBOTICS

Stäubli Faverges SCA, Tél. +33 (0)4 50 65 62 87 Staubli est une marque de Stäubli International AG, enregistrée en Suisse et d’autres pays. © Stäubli, Semaphore & Co 2014 « Man and machine » est une marque déposée appartenant à Stäubli International AG


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ÂŤ L'Intelligence artificielle n'est rien comparĂŠe Ă la stupiditĂŠ naturelle. Âť Thomas Edison (1847-1931) Planète Robots ÉditĂŠ par Les Éditions d'Acamar, 161, bd Henri-Sellier, 92150 Suresnes.

ĂŠdito

Directeur de la publication : Philippe Seban seban@planeterobots.com RĂŠdacteur en chef : FrĂŠdĂŠric Boisdron boisdron@planeterobots.com RĂŠdacteurs : RĂŠmi Baldy, Coralie Baumard, Me Alain Bensoussan, SĂŠbastien Bibeau, StĂŠphane Bonnard-Cantegreil, Fleur Brosseau, Nicolas Denis, Cyril Drevet, Josèphe Ghenzer, Darine Habchi, Simon Lefort, GaĂŤlle Michineau, Blaise Miquaud, Anouck Peltier, Emmanuel RĂŠgis, Philippe Roussel, Screetch, Richard Seltrecht, Richard Sengmany, KĂŠvin Trublet, Nicolas Vimard et MĂŠlanie Yèche. SecrĂŠtaire de rĂŠdaction : Xul-otar Tellestim Direction artistique : Patrick Lusinchi directeur.artistique@planeterobots.com Responsable publicitĂŠ : CĂŠdric CÉLESTIN c.celestin@planeterobots.com +33 (0)146 250 525 Š 2 015 Les Éditions d'Acamar DĂŠpĂ´t lĂŠgal Ă parution Diffusion MLP ISSN : 2106-3133 N° de commission paritaire : 0418K90181 ImprimĂŠ par Deaprinting, 28100 Novara - Italie La rĂŠdaction n’est pas responsable de la perte ou la dĂŠtĂŠrioration des textes, fichiers ou photos qui lui sont adressĂŠs pour apprĂŠciation. La reproduction, mĂŞme partielle, de tout matĂŠriel publiĂŠ dans ce magazine est interdite. Une remarque, une idĂŠe, une question pour notre rubrique courrier : courrier@planeterobots.com Vous ĂŞtes une sociĂŠtĂŠ, une association, un particulier, vous dĂŠsirez nous soumettre un communiquĂŠ ou nous proposer un article de votre cru. Nous sommes Ă l'ĂŠcoute de vos propositions et de vos candidatures pour intĂŠgrer notre ĂŠquipe.

Nous pourrions nous dire que Planète Robots n'est pas touchĂŠ par les problèmes de la libertĂŠ de la presse. Aujourd'hui, c'est totalement vrai mais dans un avenir plus ou moins lointain, je ne suis pas si sĂťr que nous y ĂŠchapperons. Il y a quelques semaines, un journal a ĂŠtĂŠ durement frappĂŠ parce qu'il usait d'une libertĂŠ essentielle de notre pays, celle de la presse. MĂŞme si nous avons perdu sur ce terrain depuis quelques annĂŠes, la libertĂŠ de s'exprimer reste (et, espĂŠrons-le, restera) un des piliers de la dĂŠmocratie. En quoi Planète Robots, ce magazine traitant de la robotique et des nouvelles technologies peut-il ĂŞtre atteint par une diminution de cette libertĂŠ ? J'ai tout de suite fait le rapprochement avec ce que nous rĂŠserve l'avenir de la robotique et des systèmes automatisĂŠs. Avec l'arrivĂŠe massive des robots dans notre vie quotidienne, certaines catĂŠgories de personnes mal informĂŠes mettront probablement en place des comitĂŠs antirobots ou antitranshumanistes. Elles pensent que les robots sont destinĂŠs Ă nous remplacer sur le marchĂŠ du travail, ce qui est un raccourci totalement faux, ĂŠmis par des mĂŠdias mal renseignĂŠs (cf. le numĂŠro 31 de Planète Robots). Des personnes mal intentionnĂŠes — des populistes — pourraient profiter de l’action de divers groupuscules pour commettre des mĂŠfaits Ă l’Êgard de tout ce qui touche Ă la robotique — les mĂŠdias en première ligne car ils sont reprĂŠsentatifs‌ Il pourrait ĂŞtre conseillĂŠ Ă Planète Robots, dans quelques annĂŠes, de s’autocensurer afin de ne pas dĂŠclencher de vagues nuisibles Ă ses journalistes. EspĂŠrons que mes ĂŠlucubrations vont rester de la pure science-fiction et que les gĂŠnĂŠrations Ă venir accepteront avec philosophie les ĂŠvolutions logiques de notre sociĂŠtĂŠ — Ă condition bien sĂťr qu'elles se fassent pour le bien de tous ! Nous sommes Charlie. â– FrĂŠdĂŠric

Boisdron

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Le gagnant du grand concours internet Gyrostep du n° 30 est : Pascal P. 89100 Saint Martin du Tertre

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ROBOTS N O U V E L L E S

T E C H N O L O G I E S D U F U T U R Mars / avril 2015 - NUMÉRO 32

ÇA VIENT DE SORTIR

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Robots News Tout ce qu'il faut retenir de ces deux derniers mois dans le monde étrange de la robotique. Le droit des robots — Déclarer les robots? Les conséquences de l’IA sur la responsabilité… Robot Lab, un centre d'émulation robotique à Paris Le premier incubateur robotique d'Europe a ouvert ses portes à Paris. Cybedroïd, plus de trois ans d’existence! Le signe d’un dynamisme à tout casser et la preuve d’une réussite remarquable! FIRST Robotics Competition Robo’Lyon, première équipe française. Robosphère, le parc robotique Une version miniature du projet initial.

NOTRE DOSSIER : LE R-TOURISME

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Le R-Tourisme, une révolution tout en douceur Comment les acteurs du secteur se proposent de mêler robotique et tourisme dans les années à venir. SaviOne, le robot majordome Il prend en compte les demandes des clients puis effectue livraisons et distributions.

ROBOTS DE SERVICES

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SCIENCES DU FUTUR

64 Les programmes spatiaux des vingt-cinq prochaines années Le prochain quart de siècle sera historique en matière de conquête spatiale. Découvrez l'agenda des futures missions. 74 Les aventures de Rosetta et de Philae La toute première mission spatiale mise en orbite autour d’une comète. INNOVATIONS DU FUTUR

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3Doodler Le dessin acquiert une troisième dimension.

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XEE Le boîtier qui vous connecte à votre voiture! Le chien Derby retombe sur ses pattes Quand l'impression 3D vient en aide à un chien handicapé. SolarStratos Le planeur des étoiles. TomTom Traffic Bienvenue dans la Matrice! News Gadgets Une petite sélection de gadgets et d’autres produits dans le vent qui ont retenu notre attention. La curiosité est de mise… News Concepts Les objets de tous les jours constituent d'abord des concepts avant d'être ce qu'ils sont. Nous allons étudier, dans cette rubrique, les plus intéressants — ceux qui fourmillent dans la tête de nos designers.

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Le Poppy de l'INRIA Le premier robot humanoïde à imprimer, assembler et programmer soi-même.

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ROBOTS AU TRAVAIL

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GhostSwimmer Le requin robot détecteur de mines.

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Les drones marins Le 17 décembre 2014 s'est tenu un colloque dont le thème était Drones et robots en mer. Des robots pour étudier les animaux Approcher des animaux pour les étudier peut parfois se révéler une importante source de stress pour eux. Drawn Une start-up d‘impression 3D de mobilier personnalisable.

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CAHIER TECHNIQUE

90 Utilisation d'un capteur à ultrasons (HC-SR04) avec une Arduino Uno Avec Planète Robots, construire un robot devient simple ! ROBOTS & MÉDIAS

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News Médias Les robots sont partout, même à l'intérieur de votre bibliothèque, de votre vidéothèque et de tout ce qui finit par « thèque ». Florilège !

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Cinéma — Chappie L’éveil de la conscience.

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Remote Play: jouez à la PS4 loin de votre télé! Et pour présenter ce nouveau service, Sony a fait appel à un robot joueur!

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Rubrique Jeux Vidéo Histoire de ne pas louper ce qui se passe sur vos consoles de jeux et vos ordinateurs, voici la rubrique des fans de la manette !

ROBOTS À L'ÉCOLE

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Les portes ouvertes de l’IMERIR La démonstration des compétences de l’école.

RECHERCHE ROBOTIQUE

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Le Cheetah du MIT Un guépard conçu par l’homme.

ROBOTS LUDIQUES

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BB8 Le nouveau robot star de Star Wars, épisode VII. Spider Dress 2.0 La robe qui protège votre espace vital.

Bionic Bird Un petit nouveau dans le monde des drones aériens.

“LA ROBOTIQUE EST VOTRE PASSION, ET VOUS ÊTES FANATIQUE DES NOUVELLES TECHNOLOGIES…

REJOIGNEZ NOTRE ÉQUIPE DE RÉDACTEURS ET PIGISTES.”

seban@planeterobots.com 04

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Sommaire

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NEWS mars / avril 2015

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Robots

Nouveaux records aux États-Unis Aux États-Unis, les commandes de robots ont atteint de nouveaux records au cours des neuf premiers mois de 2014, selon le groupe de commerce Robotics Industries Association (RIA). Vingt et un mille deux cent trente-cinq robots ont été commandés (pour une valeur de 1,2 Mds$), soit une augmentation de 35 % en matière d’unités et de 22 % pour le montant par rapport à 2013. Les précédents records remontaient… à 2013 ! Les ventes ont continué à être particulièrement fortes dans l'industrie automobile, avec une hausse de 48 %. Et les autres secteurs comme l'électronique, l'alimentation et les biens de consommation ont affiché une croissance à deux chiffres… Deux cent trente mille robots sont maintenant utilisés dans les usines des États-Unis, ce qui place ce pays juste derrière le Japon. Et pour Automate 2015, un salon qui aura lieu du 23 au 26 mars à Chicago, la salle d'exposition est déjà plus grande de 40 % que celle l’édition 2013… ◗

Des essaims de robots vont changer la manière de faire la guerre Des essaims de robots militarisés interconnectés pourraient déclencher une course aux armements… Ils bénéficieront d’une plus grande portée et auront la capacité de mener des missions suicides, selon un rapport intitulé Les robots sur le champ de bataille ; partie II : les essaims arrivent. Ce dernier prévoit que dans un proche avenir, des essaims de systèmes robotiques bouleverseront les opérations militaires à cause de leurs capacités en matière de coordination, d'intelligence et de vitesse — et affirme que les États-Unis devront mettre l'accent sur ces technologies pour ne pas perdre leur statut de première puissance… Mais la plupart des innovations qui permettent l'essaimage seront disponibles pour un large éventail d'acteurs. Certains affirment que les compressions budgétaires dont est victime le département de la Défense menacent de paralyser l'investissement dans ces nouvelles technologies cruciales et pourraient rendre le pays vulnérable. Le rapport va jusqu'à laisser entendre que le Pentagone commence à étudier des « plates-formes » d'essaimage. ◗

Hector fait ses premiers pas L’Hector (Hexapod Cognitive autonomously Operating Robot) est un robot dont l’anatomie et la décentralisation du système nerveux s’inspirent des phasmes… Il est doté d’un exosquelette très léger, fabriqué à partir de plastique renforcé de fibres de carbone. Quant à ses pattes, elles possèdent dix-huit actionneurs passifs en guise d’articulations — ce qui lui permet d’exécuter des mouvements souples dont le rendu est comparable à celui des muscles agissant dans les systèmes biologiques. Il a été conçu par une équipe de chercheurs en biomécatronique de l’université de Bielefeld afin d’aider les scientifiques à comprendre les déplacements des insectes, notamment en terrain accidenté. Sa façon de bouger, qui s’appuie sur une allure libre, lui permet de contrôler chacune de ses pattes de manière indépendante et donc de gérer des situations où une partie d’entre elles sont confrontées à un type de surface et l’autre partie à un type différent. L’Hector peut ainsi adapter sa marche à la progression sur des terrains accidentés et franchir les obstacles qu’il rencontre sur son chemin. Au sein du CITEC (Cluster of Excellence Cognitive Interaction Technology), huit groupes de recherche venant de divers horizons (informatique, biologie, physique, ingénierie…) se sont réunis pendant trois ans pour optimiser ce robot, qui n’en est encore qu’au stade de prototype. Pour l’instant, il est muni de deux caméras (sur les côtés) et de deux capteurs tactiles. La prochaine étape consistera à placer dans sa tête des capteurs de distance et il devrait être doté de capacités supplémentaires en 2017… ◗

Les missiles auront le choix… Le missile Long Range est en cours de développement chez Lockheed Martin. Il pourra manœuvrer de façon autonome et éviter les radars, sans contact radio avec un contrôleur. En 2012, le Pentagone avait établi une démarcation entre les armes semi-autonomes, dont la cible est choisie par un opérateur, et les armes autonomes, qui peuvent engager une cible sans intervention. Ces armes doivent être « conçues pour permettre aux commandants et aux opérateurs d'exercer des niveaux appropriés de jugement humain sur l'usage de la force ». Des termes trop vagues pour les spécialistes et qui autorisent le ciblage automatisé. Le Pentagone affirme d’ailleurs que le nouveau missile est seulement semi-autonome et que les êtres humains ont « suffisamment » le contrôle du ciblage — mais sans préciser la façon dont l'objectif est décidé… Et selon Mark Gubrud, un membre du Comité international pour le contrôle des armes robotisées, « il sera autonome lors de la recherche de la flotte ennemie ». Et Paul Scharre, un des rédacteurs de la directive, a même déclaré : « Il est utile de se demander si la ligne a été franchie. » ◗

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NEWS Robots mars / avril 2015 Google locataire de la NASA Google a conclu pour 1,2 Mds$ un bail de soixante ans avec la NASA pour l’occupation de l'aérodrome de Moffett Field. L'entreprise investira 200 M$ sur le site, proche du siège de Mountain View. L'installation est prévue pour la recherche, l'assemblage et les tests dans les domaines de la robotique, de l'exploration de l'espace et de l'aviation. D’autre part Andy Rubin, le créateur du système Android, qui dirigeait la filière robotique du groupe, se retire au profit de James Kuffner, un chercheur. Et en juin 2014, Google a acquis la société d'imagerie satellitaire Skybox Imaging pour 500 M$ afin de renforcer ses services de cartographie et d’améliorer l'accès à Internet. La société travaille également avec la NASA pour développer des robots intelligents, conçus pour voler autour de la Station spatiale internationale et exécuter certaines tâches des astronautes. Et David Radcliffe, le vice-président de l'immobilier pour le groupe s'est déclaré « impatient de restaurer Hangar One, qui était considéré comme l'un des sites historiques les plus menacés des ÉtatsUnis ». (Hangar One hébergeait des dirigeables à Moffett Field dans les années 1930.) ◗

Le campus Microsoft sous haute surveillance On est en train de tester le Knightscope K5 sur le Microsoft Silicon Valley Campus. Il mesure 1,50 m et pèse 135 kg ; il est bardé de capteurs et de caméras, a un air de famille avec D2-R2 et on l’a doté d’une grande batterie qui lui assure 24 h d'autonomie. Il effectue des patrouilles de surveillance pour 6,25 $ de l'heure, soit moins de la moitié du salaire horaire moyen d'un agent de sécurité aux États-Unis. Le K5 est capable d’entendre, de voir, de sentir (et même de ressentir) grâce à des capteurs connectés à un algorithme d’analyse prédictive. Il filme à 360° de jour comme de nuit, embarque un module GPS, roule à 8 km/h et peut alerter les autorités en cas d’activité illicite… Il détecte aussi les odeurs anormales, les radiations, les bruits suspects comme celui du verre brisé et ses flux vidéo sont consultables en temps réel par les forces de l’ordre. Cerise sur le gâteau, il analyse les plaques d’immatriculation et recherche les numéros dans une base de données… ◗

Signé Paul-IX Un artiste a délaissé ses crayons pour créer le Paul-IX, un robot dessinateur. Ce dernier passe d'abord par une séquence de mémorisation du sujet avant de lancer la séquence de reproduction et peut exécuter un portrait si la personne parvient à ne pas bouger. Quand on contemple le résultat, difficile de croire qu'un robot en est l’auteur : le dessin n'est pas rigoureux et ultraréaliste mais possède une touche humaine… Pour donner naissance au Paul-IX, Patrick Tresset s'est d'abord penché sur la robotique pure (vision, Intelligence artificielle, informatique cognitive). Mais pour éviter d’obtenir un pâle résultat d'ordinateur, il a dû comprendre et intégrer les capacités humaines d’aborder l'art. Une dualité qui lui convient parfaitement… Ce fils d'artiste et d'ingénieur, lui-même ancien étudiant en informatique et artiste peintre, affirme d’ailleurs : « Je me suis engagé dans cette quête après avoir perdu le goût de créer de l’art et, d’une certaine façon, j’ai tenté de créer une prothèse artistique pour pallier cette perte. » ◗

Google sait reconnaître les images Des scientifiques de Google ont créé un logiciel d'Intelligence artificielle qui peut décrire le contenu des photographies avec une précision similaire à celle d’un être humain. Ce logiciel facilite donc la recherche d'images et pourrait être utilisé pour aider les personnes aveugles à interpréter des photos. Le logiciel d'apprentissage utilise deux réseaux neuronaux, l'un traitant de la reconnaissance d'images, l'autre du traitement du langage naturel. Ces deux systèmes de neurones interconnectés peuvent glaner des informations à partir d'une grande variété de sources. Ils résultent du travail de quatre scientifiques qui ont écrit sur leur blog : « Une image vaut peut-être mille mots. Mais parfois, ce sont les mots qui sont les plus utiles. » D’ailleurs, ils ont créé il y a deux ans le logiciel de reconnaissance d'images de Google et lui en ont montré dix millions, prises à partir des vidéos de YouTube. (En trois jours, le programme avait appris par lui-même à sélectionner des photos de chats…) ◗

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La FDA régulera les interfaces cerveau-ordinateur Les interfaces cerveau-ordinateur ont retenu l'attention de la Food and Drug Administration (FDA), qui veut les réglementer pour s'assurer de leur innocuité. Les interrogations sont nombreuses, comme celle de savoir combien de temps les électrodes peuvent rester en toute sécurité dans le cerveau et ce qu’il se passe en cas de dysfonctionnement. Les entreprises qui développent ces dispositifs s'inquiètent de l'intérêt de la FDA, parce que les critères de cette agence mettent la barre très haut en matière de sécurité et d’efficacité. Toutefois, le marché des prothèses cérébrales connectées demeure restreint : les personnes qui ont perdu le contrôle d’une grande partie de leurs organes sont rares et pour celles qui ont subi une amputation, une prothèse sans connexion directe au cerveau est plus facile à commander et souvent suffisante. Enfin, même si la FDA approuve ces dispositifs, les assureurs de santé doivent être convaincus qu'ils sont nécessaires et accepter de payer pour eux… À la FDA de s'assurer que l'amélioration fonctionnelle l'emporte sur les problèmes de sécurité ! ◗

Qu'est-ce qu'un RoboMentor ? Un RoboMentor est un étudiant de l'université de Pennsylvanie qui conseille les lycéens dans le cadre de certaines compétitions de robotique. Ce programme fait partie d’US2020 PHL, une initiative de mentorat à l'échelle nationale développée par la Maison-Blanche. Son objectif : obtenir la participation d'un million d'étudiants d'ici 2020. Philadelphie est l'une des sept villes sélectionnées pour cette initiative. Le programme cible les écoles qui manquent de ressources : si certaines équipes bénéficient en effet d’un professeur dévoué, ce dernier n'a peut-être pas les connaissances techniques nécessaires pour participer à un challenge de robotique… L’Associate Director for Education and Outreach du GRASP Lab de l’université de Pennsylvanie, Daniel Ueda, souligne aussi que « les lycéens arrivent à acquérir le potentiel pour aller à l'université et commencent à croire qu'ils peuvent y aller ». Car le manque d’argent se révèle souvent problématique pour les élèves des écoles publiques américaines. Selon Ueda, avec ce programme, les lycéens « apprécient et comprennent les problèmes qui existent dans l'éducation à Philadelphie ». ◗

Des nouvelles de la Singularity University La Singularity University a tenu un congrès sur les technologies émergentes à Amsterdam, fin novembre 2014. Concernant l'Intelligence artificielle, Neil Jacobstein a dit qu'elle passait d'une longue phase de déception à l'ère de la « perturbation » — tout en précisant que nous serons toujours responsables légalement de ce type de système, ce qui implique de prendre des mesures dès maintenant… « Nous allons comprendre le cerveau humain comme nous comprenons les reins et le cœur. » Et pour Brad Templeton, le ralentissement de la diffusion des voitures autonomes est d'abord très humain : « Les gens ne veulent pas être tués par des robots. Ils veulent être tués par des ivrognes. » Il y a encore beaucoup de travail à faire… « J'ai un fils de trois ans, a déclaré Salim Ismail, qui pourrait ne jamais avoir le permis de conduire. » Quant à Rob Nail, il a annoncé que la diffusion des robots domestiques ou industriels allait être dopée par la facilité croissante de leur programmation. Même les robots domestiques s'adapteront à nos émotions !… ◗

Après Philae Une question qui revient souvent est : « À quoi les missions spatiales serventelles ? » La marine britannique y a répondu en embarquant à bord de ses sous-marins un des instruments du robot Philae, l’analyseur de gaz Ptolémée, qui va mesurer la qualité de l’air en temps réel. La mission spatiale a montré que cet analyseur pouvait être miniaturisé (il pèse 5 kg) et réclamait peu d’entretien puisqu’il a passé sans encombre dix ans dans l’espace. Et le successeur de Philae est déjà en route !… D’autre part, le lundi 1er décembre 2014, la sonde japonaise Hayabusa 2 s'est lancée à la poursuite de 1999 JU3, un astéroïde d’un kilomètre de diamètre, avec un objectif assez proche de celui de Rosetta. La rencontre entre Hayabusa 2 et l’astéroïde devrait avoir lieu en 2018, pour un retour prévu deux ans plus tard. La sonde a embarqué un atterrisseur baptisé MASCOT. Cette mission utilisera aussi un impacteur (un canon projetant une boule de métal vers l’astéroïde pour y creuser un trou). Hayabusa 2 se posera ensuite dans ce cratère afin d’extraire des échantillons du sous-sol. ◗

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NEWS Robots mars / avril 2015 Des robots utilisent YouTube pour apprendre à cuisiner Des chercheurs du NICTA (National Information and Communications Technology Australia Ltd) et de l’université du Maryland (É.-U.) viennent de révéler qu’ils ont trouvé un moyen d’apprendre aux robots à cuisiner en leur faisant regarder des vidéos sur YouTube… Grâce à des réseaux neuronaux artificiels, les chercheurs ont identifié des actions et des objets culinaires spécifiques. Le système se montre ensuite capable de prédire ce qu’impliquent l’action manuelle et l’objet. Et en utilisant les informations provenant de quatre-vingts vidéos culinaires de YouTube, ces chercheurs ont créé des ordres que le robot pouvait exécuter. Les robots vont-ils devenir des pros des fourneaux ?… ◗

Le Pepper sait vendre du bon café Nestlé a envoyé au Japon un nouveau type de vendeur de machines Nescafé : le robot Pepper. Dans un magasin de produits électroménagers de Tokyo, il devise avec les clients pour leur conseiller un appareil répondant à leurs attentes. « Il s'agit d'une nouvelle approche de la communication avec les consommateurs. Le Pepper ne remplace pas les vendeurs humains : il occupe une nouvelle place en proposant de l'interaction ludique avec les clients », a expliqué à l'AFP un porte-parole de Nestlé… Le premier Pepper sera rejoint par neuf cent quatre-vingt-dix-neuf autres dans les mois à venir ! Créé par la société française Aldebaran et sa maison mère japonaise, l'opérateur de télécommunications SoftBank, ce robot est capable d’entretenir une conversation avec un interlocuteur — si ce dernier ne dévie pas trop du sujet qu’il connaît. L'androïde communique aussi à distance avec ses pairs via un réseau d'échange de données. (Chacun enrichit sa base de connaissances et améliore ses interactions avec les clients.) Et il n'est pas prévu que le Pepper aille œuvrer à l'étranger… (Source : Le Figaro.) ◗

Quand les robots chinois s'éveilleront Dans trois ans, un robot industriel sur trois s’activera dans une usine chinoise. Soixante-dix pour cent des ventes de robots s’effectuent dans cinq pays (Chine, Japon, États-Unis, Corée du Sud et Allemagne) et selon la Fédération internationale de robotique, celles de robots industriels en République populaire de Chine devraient passer de 20 à 35 % du marché dans les trois ans — alors qu'il s'agit déjà du premier marché mondial ! Le pays compte trente usines de robots en construction, en réaction à la flambée des salaires et à la baisse des marges. « Le coût de production de ces machines diminue de 5 % par an, alors que le coût du travail augmente de 10 % par an », selon Le Quotidien du Peuple. Les fabricants chinois rivalisent avec les acteurs étrangers et le potentiel est énorme, le taux de robotisation étant là-bas vingt fois inférieur à celui de la Corée du Sud. Et l’Asie cumulera 65 % des ventes de robots en 2017 (contre 53 % en 2012). La Thaïlande comptera alors plus de robots industriels que la France… (Source : Les Échos.) ◗

Foxconn revoit sa copie pour Apple Le fabricant d'électronique Foxconn avait annoncé les plans de déploiement de plusieurs milliers de robots FoxBot mais une information a semé le doute : ces robots ne seraient pas assez précis pour Apple et ne participeront pas à la fabrication des iPhone. (Les normes d'Apple admettent une tolérance de 0,02 mm dans l'installation des composants et les FoxBot ont une précision de 0,05 mm. C'est impressionnant mais les projets de Foxconn devront attendre.) Et on imagine mal Samsung ou Motorola accepter une technologie rejetée par Apple… Des sociétés chinoises qui fabriquent des marques low cost pourraient cependant être intéressées. La technologie nécessaire pour une telle précision existe mais exigerait de revoir la conception des robots actuels — impensable économiquement ! (Foxconn cherchait à réaliser rapidement des économies et s’est inspirée des robots automobiles pour concevoir le FoxBot, déjà employé à des tâches de moindre précision… La société parle d’ailleurs d'abandonner le modèle du robot automobile pour le remplacer par un bras humain comportant plusieurs doigts.) ◗

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Robots

Une peau à détection de direction Des scientifiques ont développé une peau électronique extensible détectant la pression et la direction dans laquelle elle s'exerce. Elle pourrait avoir des applications pour des prothèses et en robotique : les peaux artificielles sont des dispositifs électroniques flexibles, utilisés pour détecter la pression, lire l'activité cérébrale ou encore surveiller le rythme cardiaque. Et pour accroître la sensibilité au toucher, certaines d'entre elles sont composées de microstructures imitant la peau des coléoptères — mais aucune à ce jour ne pouvait sentir la direction de la pression. Cette information peut renseigner nos organes sur la forme et la texture d'un objet et sur la manière de le tenir. L'équipe du professeur Hyunhyub Ko, de l’UNIST (Corée du Sud), a décidé de travailler sur une peau électronique basée sur la structure du derme humain pour sentir en trois dimensions. Elle a donc conçu une peau artificielle constituée de dômes minuscules qui s'imbriquent et se déforment, même au contact d’un souffle d'air. (Elle sent l'emplacement, l'intensité et la direction des pressions, les flux d'air et les vibrations.) ◗

Mon robot a un cerveau de ver ! Un cerveau simulé sur un ordinateur peut-il réaliser des tâches comme un animal réel ? Pour des tâches simples, la réponse est oui… Des chercheurs du projet OpenWorm ont relié une simulation de cerveau de ver à un robot à roues : sans être programmé, ledit robot recule pour éviter des objets détectés par le jeu des stimuli externes. (Le cerveau simulé est celui d'un ascaris Caenorhabditis elegans et contient trois cent deux neurones.) Le robot se déplace un peu comme un Roomba mais sans avoir été programmé. Les cellules du cerveau du ver comportent des neurones sensoriels, des neurones moteurs et des interneurones. Les neurones sensoriels sont liés à un capteur sonar (dans le nez du ver) et les moteurs sont rassemblés en groupes (les « droits » et les « gauches »). La simulation n'est pas parfaite car il ne dispose pas de toutes les entrées sensorielles du ver… Ce projet démontre toutefois que ce cerveau simulé pourrait se comporter comme un cerveau biologique dont nous n'aurions pas à comprendre en détail le fonctionnement — les comportements émergeant d’eux-mêmes… ◗

Cent ans d'étude La Stanford University a lancé une recherche qui va étudier les effets de l'Intelligence artificielle sur la vie de tous les jours durant 100 ans, le programme AI100. Des penseurs et des chercheurs d’institutions réputées ont été invités à y prendre part. Pour Eric Horvitz, l’ancien président de l'Association for the Advancement of Artificial Intelligence (AAIA) et le directeur général de Microsoft Research, l'initiative vise à examiner les questions critiques dans la conception et l'utilisation des systèmes d'IA, avec leur impact économique et social. Horvitz s'est déclaré « très optimiste quant à l'avenir et voit dans l'IA une grande valeur pour l'humanité ». L’AI100 devrait permettre de cerner des défis ainsi que certaines préoccupations : il commencera par procéder à une série d'études sur la façon dont l'IA aura une incidence sur l'automatisation, la sécurité nationale, la psychologie, l'éthique, le droit, la vie privée ou encore la démocratie. Les universités d'Harvard, de Berkeley, de Carnegie Mellon et celle de la Colombie-Britannique se sont associées à l'initiative… ◗

Quelques chiffres… Dans le cadre d'un sondage Odoxa de décembre 2014 pour le Syntec Numérique, les gens ont déclaré qu’ils étaient favorables à l'utilisation des robots dans le domaine culinaire (86 %), celui de la santé (84 %), de l'assistance aux personnes (75 %), pour divers usages domestiques (74 %) et dans le monde professionnel (72 %). Soixantequatre pour cent d’entre eux apprécient que les robots remplacent les hommes pour effectuer des tâches techniques ou dangereuses et 75 % sont intéressés par les robots (mais, pour 74 % de ces sondés, le développement de la robotique est une menace pour l'emploi…). Enfin, 13 % des personnes interrogées considèrent le robot comme un cadeau de Noël envisageable et deux millions de Français en ont déjà offert un ou en ont l'intention. Il faut signaler qu’après un recul en 2013 (– 4 % en volume), les ventes de robots aspirateurs ont retrouvé la forme en 2014 (+ 5,2 % sur les six premiers mois). Pour conclure, un tiers des sondés déclarent déjà posséder un robot et 61 % estiment que le développement de la robotique constitue une « opportunité pour la société ». (Trente-deux pour cent des Français ont au moins un robot domestique mais 33 % considèrent encore les prix comme un frein.) ◗

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NEWS Robots mars / avril 2015 La métamorphose version androïde Lors du dernier festival Automne en Normandie (dont le thème était L’humain e(s)t l’artificiel), le metteur en scène japonais Oriza Hirata a présenté une libre adaptation de La métamorphose de Franz Kafka. Il a transposé l’intrigue dans un contexte de guerre, sur fond de crise économique et sociale. Interprétée par des comédiens et un robot humanoïde (pour le rôle principal), la pièce étudie ce qui définit l’être humain. Oriza Hirata cherche la limite qui sépare l’homme de la machine et s’interroge sur la nature du sentiment qui peut les lier… L’action se déroule dans un avenir proche : un matin, Grégoire Samsa se réveille transformé en androïde. Il reste lui-même mais possède donc un nouveau corps qu’il doit se réapproprier et sa famille doit faire face à cette nouvelle altérité radicale. (Cette métamorphose provoque chez lui un trouble existentiel qui le renvoie à sa propre identité.) Oriza Hirata est un des premiers metteurs en scène à faire d’un robot un acteur à part entière — l’égal d’un comédien humain. Rappelons qu’avec le Robot Theater Project, qu’il anime depuis cinq ans ans à l’université d’Osaka, il a imaginé (en collaboration avec le professeur Hiroshi Ishiguro, célèbre pour ses Geminoid) un androïde capable d’interpréter un rôle… ◗

Sûr comme un drone ! Aux États-Unis, les drones sont devenus des cadeaux de Noël à la mode ! (Des modèles porteurs de caméras peuvent être pilotés par de simples smartphones…) Les problèmes de sécurité ont augmenté avec leur popularité et les industriels et le gouvernement se mobilisent pour y répondre. Tous les drones sont recommandés par les fabricants pour une utilisation dans de grands espaces ouverts : DJI et Parrot ont annoncé que leurs dernières créations verraient leur altitude de vol plafonnée à quatre cents pieds — même si techniquement, ils peuvent monter jusqu'à mille deux cents. Les trois plus grands fabricants de drones personnels (DJI, Parrot et 3D Robotics) font d’ailleurs pression sur la FAA pour qu'elle développe des normes sur l'utilisation des drones. Les responsables de cette industrie ont en outre annoncé qu'ils travaillaient avec le gouvernement des ÉtatsUnis et les associations d'aéromodélisme au lancement d’une campagne de sécurité ; elle bénéficie d’un site Web, www.knowbeforeyoufly.com, qui informe les pilotes de drones sur les règlements de la FAA et la manière de voler en toute sécurité. ◗

Saisir l'avenir à deux bras ! En 2012, Jan Scheuermann mangeait un morceau de chocolat… avec un bras robotique dirigé par un implant cérébral. Le bras comptait sept degrés de liberté et la main pouvait s'ouvrir et se fermer. Aujourd'hui, son bras possède dix degrés de liberté, dont toute une gamme de nouvelles positions de la main. Scheuermann s'est d'abord entraîné avec un bras virtuel sur un écran d'ordinateur : le logiciel a appris à reconnaître les tendances de l'activité cérébrale et à les associer avec les positions du bras et des mains. Et maintenant, l’heureux bénéficiaire manipule des éléments de diverses formes et tailles… Les Baugh, lui, contrôle deux bras robotiques. Ici, pas d'implant cérébral mais le réemploi des signaux nerveux d'utilisation des bras, avec réaffectation chirurgicale des terminaisons. Il a lui aussi commencé une formation dans un environnement virtuel : en seulement dix jours Baugh, qui avait perdu ses bras il y a quarante ans, a été capable d’effectuer des mouvements (comme placer une tasse sur une autre étagère). Il va maintenant emporter ses bras chez lui pour voir comment ils l'aideront au quotidien… ◗

Le Baxter : et maintenant, il sait bouger… Rethink Robotics a annoncé la sortie de son nouveau système de positionnement pour robot, une technologie qui va permettre au Baxter d'être redéployé plus rapidement et plus facilement. Il pourra basculer d’une tâche à l’autre, sans réaffectation, en utilisant des marqueurs environnementaux, appelés les Monuments. Il sera ainsi capable de reconnaître les emplacements desdits marqueurs, d’enregistrer le marquage de nouveaux emplacements et d’ajuster ses mouvements en conséquence. « Les robots d'usine étaient toujours en cage, pour protéger les travailleurs et pour empêcher que leur environnement soit perturbé par ces mêmes travailleurs, a déclaré Scott Eckert, le P-DG de Rethink Robotics. Avec le Baxter, nous avons sorti le robot de fabrication de sa cage en le rendant suffisamment sûr pour travailler à côté des humains. Maintenant, nous faisons en sorte qu'il s'adapte aux variations quotidiennes que les gens produisent naturellement. » ◗ (Crédit : Steve Jurvetson, Menlo Park, USA.)

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Retrouvez-nous sur notre site : www.planeterobots.com

NEWS mars / avril 2015 Robots

Le Snake Monster, un robot araignée modulaire reconfigurable La dernière création du Biorobotics Laboratory de l’université Carnegie Mellon (CMU) est un robot hexapode, le Snake Monster (bien qu’il ressemble davantage à une araignée qu’à un serpent…). Il est présenté comme le premier d’une nouvelle catégorie de robots élaborés sur la base d'une architecture modulaire reconfigurable… Développé en à peine six mois par le professeur Howie Choset et son équipe, il se compose d’un corps de forme rectangulaire auquel sont attachées six pattes qui possèdent des articulations souples : elles lui permettent de se déplacer aisément dans toutes les directions et de franchir les obstacles en adoptant une démarche de type « tripode » (trois de ses pattes restent en l'air — soit deux d’un côté et une de l’autre — tandis que les trois autres restent en contact avec le sol). Il est d’autre part doté de stabilisateurs et, grâce à eux, résiste aux chocs ou à de fortes pressions et peut se remettre d'aplomb. Et sa grande agilité le rend capable de progresser sans difficulté sur un terrain encombré de débris. Cette recherche a été financée par des fonds issus du programme M3 (Maximum Mobility and Manipulation), dépendant de la DARPA. Le Snake Monster ainsi que d’autres robots développés par Howie Choset seront présentés lors de la finale du DARPA Robotics Challenge, qui se déroulera les 5 et 6 juin à Pomona (Californie). ◗ Crédit : CMU Robotics Institute.

À l’avenir, on garera sa BMW avec une montre connectée…

Crédit : BMW.

Lors du dernier CES de Las Vegas, BMW a présenté un système de stationnement autonome grâce auquel un conducteur, après être sorti de sa voiture, utilisera une montre connectée pour lui ordonner d’aller se trouver une place de parking et de s’y garer. Une fois le stationnement effectué, elle se verrouillera là encore toute seule et informera son conducteur via la smartwatch. (Par la suite, il pourra lui demander de revenir le chercher à l’endroit où elle l’a déposé.) Un logiciel permet de calculer le temps exact nécessaire à l'opération de manière que la voiture et son propriétaire se retrouvent au même instant. BMW teste actuellement ce système, le Remote Valet Parking Assistant, sur un prototype de son modèle électrique i3, équipé d’un système anticollision basé sur quatre scanners lasers qui cartographient l’environnement sur 360° et détectent les obstacles au centimètre près. Cela lui procure la capacité d’éviter les collisions (murs et colonnes du parking) et déclenche le freinage d'urgence lorsque la voiture s'approche d'un piéton ou d'un véhicule en mouvement. Les quatre scanners et la cartographie 3D permettent ainsi de se passer de signal GPS comme c'est le cas de toute façon dans un parking souterrain. L’objectif de BMW : équiper toutes ses voitures de tels systèmes à l’horizon 2020… ◗

La NASA envoie des robots pour explorer le cœur des volcans Deux chercheurs œuvrant au JPL de la NASA, Carolyn Parcheta et Aaron Parness, ont conçu de petits robots ayant pour mission d’explorer le cœur des volcans. Ces VolcanoBot ont une forme de cylindre et sont équipés de deux roues, de divers capteurs et d’une alimentation. Ils peuvent descendre dans les failles des volcans trop étroites pour que les humains puissent s’y insérer. Le VolcanoBot 1, de 30 cm de longueur, est équipé de roues de 17 cm de diamètre. Il a été testé avec succès en mai dernier à Hawaii dans une fissure du volcan Kilauea (il a atteint 25 m de profondeur et y a réalisé une cartographie 3D à une échelle centimétrique). Son petit frère, le VolcanoBot 2, mesure 25 cm de longueur et roule sur des roues de 12 cm de diamètre : il est plus léger, plus compact et plus mobile. Équipé d'un moteur puissant et d'une caméra capable de pivoter dans toutes les directions pour prendre des clichés et assister sa progression, il devrait être testé au mois de mars et descendre jusqu’à 30 m pour cartographier des fissures. Dans un premier temps, les recherches de ces robots devraient permettre d'en apprendre plus sur notre planète mais, à terme, ils pourraient être utilisés sur d'autres corps célestes (Mars, Mercure…), certains satellites comme Encelade (en orbite autour de Saturne) ou Europe (en orbite autour de Jupiter) — voire la Lune. ◗

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Crédits : NASA/JPL — Caltech.


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NEWS Robots mars / avril 2015 L’ESA développe des technologies dans le domaine de l’interaction homme-machine

Crédit : ESA.

Parallèlement à l’exploration spatiale, l’ESA développe à Noordwijk, grâce aux chercheurs du Laboratoire néerlandais de télérobotique et de sciences haptiques des technologies de pointe dans le domaine de l’interaction homme-machine afin de pouvoir transférer, dans les années à venir, le sens humain du toucher à des systèmes robotiques. Il faut parvenir à traduire en signal électrique le sens du toucher pour qu’un opérateur humain puisse ressentir, à distance et en temps réel, ce qu’un robot saisit avec ses doigts ou encore la consistance du sol sur lequel avance un rover en mission sur une autre planète… L’ESA dispose ainsi de la Shadow Hand, une main robotique qui possède un sens du toucher (avec pression et retour de force) lui procurant une grande maniabilité et une remarquable précision de préhension. Grâce à tout cela, elle reproduit à l’identique le geste effectué par un opérateur humain se trouvant à distance. D’autre part, l’ESA teste déjà un autre dispositif de retour de force, appelé Haptics-1, à bord de l’ISS. La prochaine étape de ce projet — Experience Interact — qui débutera l’année prochaine, consistera à piloter un rover sur la Terre à partir de l’ISS… ◗

L’Exo-Prosthetic Leg: une prothèse imprimée en 3D L’impression 3D, qui est en train de révolutionner pas mal de secteurs d’activité, apporte sa contribution au domaine du handicap. Et le designer industriel William Root a élaboré une prothèse, l’ExoProsthetic Leg, imprimée en 3D, qui est tout à la fois légère, résistante, élégante et peu coûteuse… Le moignon et le membre intact du patient sont numérisés pour créer une reproduction en 3D, précise au millimètre. Pour cela, on a recours à la technologie FitSocket, mise au point par le Biomechatronics Lab du MIT, qui consiste à mesurer les propriétés biomécaniques des tissus au niveau du moignon pour créer l’emboîture la plus ergonomique possible… Ces données sont associées à des images numériques de mécanismes de prothèses pour élaborer un modèle virtuel en maillage 3D. La fabrication se fait ensuite par impression 3D à partir de poudre de titane fusionnée par frittage laser. Quant aux pièces de liaison articulée, elles sont également fabriquées à l’aide d’une imprimante 3D et les composants mécaniques sont insérés dans la prothèse qui est alors prête pour assemblage. Et afin de l’alléger, sa structure est ajourée (le motif ainsi que les couleurs peuvent être personnalisés). ◗


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Droit&robotique

LE DROITDES ROBOTS LES CONSÉQUENCES DE L’IA SUR LA RESPONSABILITÉ

Les robots ne deviendront jamais des humains à part entière mais dépasseront ces derniers sur de nombreux points grâce à l’Intelligence artificielle. Ces développements ne sont pas sans conséquence sur la responsabilité…

Raymond Kurzweil, un des grands penseurs de la singularité. (Crédit: Bill Wadman.)

L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE Selon les futurologues et les transhumanistes comme Raymond Kurzweil, Irving John Good ou John von Neumann1, le basculement vers la « singularité » — c’est-àdire le dépassement des capacités de l’intelligence humaine par l’Intelligence artificielle, est attendu pour la troisième décennie du XXIe siècle, à l’horizon de 20352. Cela peut sembler irréaliste mais il est certain que l’Intelligence artificielle progresse à une vitesse incroyable… En 1997, Deep Blue — un superordinateur d’IBM — a vaincu le champion du monde d’échecs du moment, Garry Kasparov. Et en 2011, le programme Watson a battu les champions du Jeopardy ! (un jeu télévisé états-unien dans lequel les candidats doivent retrouver une question à partir des réponses). Puis en 2014, un ordinateur a réussi le test de Turing (qui consiste à organiser une conversation « aveugle » entre

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un ordinateur et un examinateur: si l’examinateur n’est pas capable de distinguer lequel de ses interlocuteurs est un ordinateur, le test est réussi…). Les robots prennent également une place de plus en plus importante dans les entreprises, où ils sont de véritables décideurs. Ainsi, une société basée à Hongkong, Deep Knowledge Venture, spécialisée dans la gestion de dons à haut risque, a introduit dans son conseil d'administration un robot dénommé Vital (Validating Investment Tool for Advancing Life Sciences) — dont la fonction est de préserver les intérêts financiers de la société et d’identifier les investissements les plus judicieux à effectuer3. Dans ce contexte, la décision de Barack Obama d’encourager l’apprentissage de la programmation dès le plus jeune âge apparaît très responsable. En France également, un ministre de l'Éducation nationale

(2 avril-26 août 2014), Benoît Hamon, avait annoncé que l'enseignement du langage informatique sera proposé en primaire de manière facultative4. C’est un fait incontestable, les robots vont devenir meilleurs que les humains dans l’exécution des tâches qui demandent une capacité d’analyse de l’environnement. Et ce n’est pas tant l’Intelligence artificielle qui permet ce basculement que le perfectionnement des capteurs : les robots entendent, voient et sentent bien mieux que nous. De plus, comme les informations traitées par lesdits capteurs peuvent être croisées avec les données qui existent déjà — par le biais d’Internet ou des big data — les robots vont développer une capacité d’analyse gigantesque! LA RESPONSABILITÉ DU ROBOT En ce qui concerne le problème de la responsabilité du robot, il convient d’adopter


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par Alain Bensoussan, avocat technologue, spécialiste du droit des technologies avancées www.alain-bensoussan.com

L'ordinateur Deep Blue d'IBM a battu le champion du monde d'échecs, Garry Kasparov, en 1997. L'Intelligence artificielle, avant d'être un élément robotique, est avant tout le résultat d’un code élaboré par des programmeurs, qui aura défini les limites des capacités de sa création.

une approche pragmatique, à défaut d‘un cadre légal approprié. Une solution serait d’envisager la responsabilité du robot non comme un bloc, mais partagée par les différents intervenants et de façon hiérarchisée, pour aboutir à une responsabilité en cascade. Cette approche permettrait de désigner des responsables, seulement au regard de leurs fonctions. En premier lieu, le concepteur de l’Intelligence artificielle du robot serait désigné comme responsable à titre principal. Il le serait de plein droit de par son rôle dans l’élaboration du robot. C’est en effet lui qui doit assumer la responsabilité première de son application. Ensuite seulement serait engagée, dans l’ordre, la responsabilité à titre subsidiaire du fabricant du robot ou celle de son propriétaire ou de l’utilisateur… Il s’avère que la proposition de livre vert soutenue par la Commission européenne sur les questions juridiques en matière de robotique penche plutôt pour une reconnaissance de la responsabilité du propriétaire du robot5. Ce projet, sur lequel nous reviendrons dans les prochaines chroniques, est consacré aux questions de droit qui concernent la robotique et son développement en Europe. Outre certaines définitions, il aborde également le principe de l'autonomie et des capacités d'un robot et analyse les questions juridiques dans les domaines du droit privé, du droit pénal, du droit de propriété intellectuelle, du droit de la consommation et dans celui de la

Scratch est un langage informatique adapté aux enfants, parfait pour l’apprentissage lors de Coding Goûters ou à l'école.

matière de robotique et formule des suggestions qui pourraient aider à résoudre les problèmes présentés.) Néanmoins, dans le cas de la robotique, il faut se méfier d’une utilisation trop étendue du concept de propriété. L’utilisateur du robot me semble avoir plus de responsabilité que le propriétaire car le robot et son utilisateur interagissent — et cette interaction peut déboucher sur une modification du comportement du robot. La plupart des robots sont auto-apprenants. Si dans une certaine mesure, il est possible de les « éduquer », la responsabilité de l’utilisateur pourrait primer sur celle du propriétaire… ●

Le robot iCub (du consortium européen RobotCub) est un robot auto-apprenant.

protection des données. (Il aborde notamment les questions de responsabilité contractuelles et non contractuelles en

1 - Singularité technologique (http://fr.wikipedia.org). 2 - Adrien Von Schwangau, Le monde en 2035 — le début d’un nouveau paradigme. Horizon 2050, 18-10-2012. 3 - Caroline Kelcher, Des robots intelligents chez DKV, la Co-operative Bank et Xerox. Business Digest, 07-10-2014. 4 - Le Monde.fr avec AFP, 13-07-2014. 5 - The European Robotics Coordination Action, Suggestion for a Green Paper on Legal Issues in Robotics, December 31, 2012 (http://www.eu-robotics.net/).

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Alexandre Ichaï, le fondateur de Robot Lab, se lance dans un secteur encore largement inexploré, mais qu'il voit devenir « immense ». (Crédit : Robot Lab.)

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UN CENTRE D'ÉMULATION ROBOTIQUE À PARIS Le premier incubateur robotique d'Europe a ouvert ses portes à Paris au début du mois de septembre 2014. Entrepreneurs, investisseurs et conseillers y travaillent de concert pour permettre aux créateurs de mener à bien leurs projets. La réussite est déjà au rendez-vous : en effet, de nouvelles antennes vont voir le jour à Lyon et à Toulouse… À l'heure actuelle, la robotique de services est plutôt considérée comme relevant de la science-fiction et n’a pas vraiment de statut réel. Elle devrait portant s'inscrire rapidement dans notre vie quotidienne — c'est en tout cas le pari qu’a fait le premier incubateur robotique d'Europe, qui a ouvert ses portes dans le premier arrondissement de Paris en septembre 2014. Ce lieu unique est « un hub permettant de connecter et d'accompagner les créateurs, les entreprises, les investisseurs et les mentors souhaitant s'investir dans la robotique et la création d'objets », selon le fondateur de Robot Lab, Alexandre Ichaï. Ce jeune entrepreneur s’est propulsé dans un sec-

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teur qu'il juge « à peine naissant — et pourtant bientôt immense ». Concrètement, Robot Lab va permettre aux créateurs de profiter gratuitement des recommandations techniques et économiques dispensées par un docteur en robotique, mais aussi d'une analyse du marché auquel les robots vont être confrontés. Le diagnostic ne prend pas plus d'une à deux heures et permet de définir si le projet a sa place (ou non) dans l'incubateur. Si la réponse est positive, le créateur et son équipe peuvent s'installer pendant un an dans les bureaux (situés rue de la Coquillière) et surtout profiter des synergies qui existent entre les acteurs qui y tra-

vaillent : investisseurs, ingénieurs et entrepreneurs échangent idées, points de vue et conseils à propos des différents projets. Un véritable remue-méninges ! Autre atout, la participation du CRIIF, le Centre de robotique intégrée d'Île-de-France dont Alexandre Ichaï est le président, qui sert d'appui technique aux créateurs (fort de son expérience dans le développement des robots destinés à travailler dans des milieux hostiles [démantèlement nucléaire, etc. ]). Robot Lab est en effet « le premier incubateur disposant d’une société d'ingénierie intégrée », ce dont se félicite Alexandre Ichaï, qui a visité une dizaine d'instal-


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“Pour être accepté, un projet doit « apporter une valeur ajoutée aux êtres humains et un jour se valoriser auprès d'eux », nous a-t-on expliqué. Mais pour l'accueillir, Robot Lab doit aussi être en mesure de permettre concrètement son développement.” rentables », reconnaît Ichaï — mais les débuts sont prometteurs !… La société Evotion (basée à Lyon et qui propose des robots événementiels) est en effet venue s'installer dans les bureaux de Robot Lab. Un choix payant, puisque son chiffre d'affaires devrait être multiplié par trois (au moins) en 2015… Pour faire partager cette réussite, le fondateur d'Evotion, Maxime Vallet, va aider au développement de l’incubateur à Lyon. (Une autre antenne doit ouvrir à Toulouse, les deux inaugurations étant prévues pour le premier trimestre 2015.) Mais ses ambitions ne s'arrêtent pas aux frontières de la France, puisque d'autres succursales doivent s’installer à Montréal, Singapour et San Francisco — cf. le site Internet officiel (www.robot-lab.org). UN ENGOUEMENT RÉEL Au milieu des ordinateurs et sous l'œil de quelques robots, les échanges entre les différents acteurs du lieu sont incessants… (Crédit : Robot Lab.)

Le projet Gå.ia vise à fournir aux plantes le cerveau et les jambes dont la Nature ne les a pas dotées. (Crédit : Cyborg Vegetal.)

lations semblables dans le monde entier. Les locaux parisiens comportent également un atelier et une salle événementielle. « Nous préparons le premier Robot-Bar » nous a dit en confidence le maître d’œuvre de l’incubateur… DES DÉBUTS PROMETTEURS Pour être accepté, un projet doit « apporter une valeur ajoutée aux êtres humains et un jour se valoriser auprès d'eux », nous a-t-on expliqué. Mais pour l'accueillir, Robot Lab doit aussi être en mesure de permettre concrètement son développement. Et pour ce qui est de la commercialisation, le hub peut compter sur un

partenaire de poids : RobotShop, le premier distributeur mondial de robots. Cette entreprise canadienne offre aux incubés une mise en vente immédiate. Mais avant l'étape finale de la commercialisation, les projets doivent trouver un financement : le fonds d'investissement privé Robot Capital s'est déjà engagé à soutenir les projets les meilleurs — mais il faut convaincre d’autres partenaires… La concentration des savoir-faire techniques et du marketing devrait attirer les investisseurs et la présence du CRIIF leur permettre d'obtenir une évaluation du potentiel technique et fonctionnel des projets… « Le secteur étant loin d'être mature, peu de projets sont pour l'instant

Pour l'instant, la date de ces inaugurations n'est pas précisément définie — elle n'est pas soumise à des objectifs calendaires et financiers. Pas plus, d’ailleurs, que le choix des villes hôtesses, puisque la naissance d'un Robot Lab n’est pas déterminée par des enjeux stratégiques et géographiques, mais se produit là où une initiative prometteuse est repérée. L'incubateur n’a par exemple aucune relation avec la French Tech, le label et l’enveloppe financière du gouvernement dont le but est de promouvoir les start-up innovantes. Une telle occurrence peut paraître surprenante, mais elle permet à Robot Lab de conserver une certaine indépendance… Pour l'instant, son financement passe seulement par ses propres ressources et les créateurs profitent des installations en échange de 7 % de leur capital. « Nous avons été contactés par un fonds d'investissement », ajoute Ichaï, qui réfléchit sérieusement à cette éventualité. Mais en attendant de voir plus loin, le Robot Lab de Paris a déjà du pain sur la planche : « Nous sommes challengés chaque jour par des demandes de créateurs et d'entreprises et nous commençons à sentir un réel engouement et du soutien dans notre démarche ! » Partenaire de choix, la start-up Cyborg Vegetal a également rejoint l'aventure : son projet — Gå.ia — consiste en gros à créer une plateforme visant à fournir aux plantes le cerveau et les jambes dont la Nature ne les a pas dotés. Des automates dignes des films de science-fiction, qui devraient bientôt avoir toute leur place dans notre vie… dans un avenir proche auquel Robot Lab compte bien contribuer ! Robot Lab: 10, rue de la Coquillière, 75001 Paris. Tél.: 0181709941. Site Internet: www.robot-lab.org

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CYBEDROÏD

PLUS DE TROIS ANS D’EXISTENCE ! Cybedroïd vient de fêter (à la fin de l’année dernière) son troisième anniversaire… Le signe d’un dynamisme à tout casser et la preuve d’une réussite remarquable !

Marc Caro, le réalisateur du documentaire Astroboy à Roboland (et, entre autres, de Dante 01), était présent.

déranger, bien sûr !). Tout cela en causant du présent et du futur, en extrapolant et en se projetant dans l’avenir. Jouer les visionnaires et les extralucides est toujours trippant…

L'équipe de la start-up Cybedroïd.

L’ascension de la société s’est effectuée par étapes et la création de l’association Caliban (qui regroupe une quarantaine d’acteurs majeurs sur le forum de par tage de connaissances — avec sans doute plus d’une bonne centaine de projets de robots que les passionnés ont par tagés et développés grâce à la communauté) y est pour beaucoup. Certains étaient présents à cette fête et l’on y a bien senti le lien puissant qui existait entre les créateurs de la start-up et les diverses personnes rencontrées ces dernières années lors des salons et des rendez-vous mensuels le second mercredi de chaque mois, à Limoges : les Apérobots. (Maintenant étendus à Perpignan, Paris et à la ville belge de Namur.) Cela constitue une véritable famille, qui s’agrandit, s’enrichit (on y retrouve des parents, des compagnes nouvelles et des bébés) et regroupe des forces et des talents inestimables… AVEC CYBEDROÏD, FRANCE ROBOTIQUE ET CALIBAN, LA FÊTE EST PLUS BELLE ! Durant cette réception, on parlait avec des voisins de l’impasse qui abrite les locaux de la société et l’on entendait des propos comme :

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« C’est très étonnant de voir une entreprise s’installer dans un ancien garage reconverti pour la construction de robots du IIIe millénaire et nous sommes de tout cœur avec eux. » On croisait aussi des membres de la direction de grandes écoles d’informatique rencontrés lors de certains concours, des acteurs de la CCI de Limoges et de la Haute-Vienne, des représentants de la préfecture et de la Région Limousin, la presse et un invité singulier en la personne de Marc Caro… C’est un réalisateur important du cinéma français qui, avec JeanPierre Jeunet, nous a donné de petits chefsd’œuvre comme Delicatessen et La cité des enfants perdus — et aussi, en solo, Dante 01 et le documentaire Astroboy à Roboland… « Elle est intense et magnifique, l’énergie que dégagent ces hommes et ces robots ! », s’est même exclamé Marc Caro. On pouvait aussi y discuter avec des étudiants impliqués dans un projet d’ingénieur né de leur intérêt pour la robotique, un ping pour l’autonomie des robots. Et échanger avec les nouvelles « recrues » débarquant de la capitale avec l’envie d’aller plus loin et de trouver la sérénité dans leur travail, rendre visite aux voisins du fab lab et du hackerspace (sans rien

ET L’ARIA SOUFFLA LA BOUGIE… L’Aria, le cobot événementiel, fut la victime involontaire d’une bonne blague : après avoir tenu son discours de remerciement il devait, suivant en cela un ordre vocal, souffler une bougie arborant le chiffre 3… Il s’exécuta, mais la bougie se ralluma instantanément… L’Aria souffla et souffla encore — mais la bougie était truquée ! L’assistance finit par comprendre, le programmeur aussi et cela se termina par un éclat de rire général. Puis ce fut le moment de la photo de famille et de boire quelques verres. Vers minuit, embrassades, sourires et congratulations se donnèrent libre cours (en pensant à la pizza du lendemain — avant de prendre la route ou le train) — sans oublier un dernier clin d’œil à l’Aria (et à Julietta) et un selfie bien sûr raté… Un moment inoubliable et bien sympathique… ■Stéphane Bonnard-Cantegreil

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FIRST FIRSTROBOTICS ROBOTICS COMPETITION COMPETITION ROBO’LYON, PREMIÈRE ÉQUIPE FRANÇAISE

En 1989, l’organisation FIRST (For Inspiration and Recognition of Science and Technology, fut créée par l’homme d’affaires états-unien Dean Kamen (inventeur plus tard du fameux Segway PT, le véhicule gyroscopique à deux roues). Son objectif ? Promouvoir la science et la technologie par le biais d’une compétition robotique internationale. Jusqu’à maintenant, FIRST était peu connue dans l’Hexagone — mais une équipe française (la première) vient de naître : Robo’Lyon ! Ce concours est un événement international qui s’adresse à tous ceux qui sont intéressés par la science et par la technologie. Les participants sont généralement des enfants ou de jeunes adultes qui s’inscrivent dans l’une de ces quatre compétitions : Junior FIRST LEGO League (Jr.FLL), FIRST LEGO League (FLL), FIRST Tech Challenge (FTC) ou FIRST Robotics Competition. (La FIRST Robotics Competition réunit à elle seule dix-sept pays et soixante-dix mille jeunes.) De nombreux sponsors soutiennent

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l’événement : LEGO évidemment, la NASA, Rockwell Automation, Google, Boeing, Microsoft, Abbott, etc.Tous les compétiteurs sont extrêmement motivés par ce challenge, qui procure à certains la chance d’intégrer une université prestigieuse. (Pour assumer pleinement sa philosophie de transmission de la science et de la technologie, FIRST impose des mentors aux jeunes.) Dans le cadre donc de la FIRST Robotics Competition, nous avons rencontré en janvier 2015 la première équipe française

engagée dans ce challenge : Robo’Lyon. Tout d’abord, voici un aperçu des règles du défi 2015… Le thème en est le Recyclage express. Sur un terrain de jeu de 8,23 x 16,45 m parsemé d’objets et d’obstacles, un robot doit empiler des bacs de rangement et placer une poubelle au-dessus de chaque pile. Puis il remplit les poubelles de frites de piscine (représentant les déchets). Il doit de plus respecter cer taines zones dédiées, en fonction de moments particuliers intervenant pendant le


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“Ce concours est un événement international qui s’adresse à tous ceux qui sont intéressés par la science et par la technologie. Les participants sont généralement des enfants ou de jeunes adultes qui s’inscrivent dans l’une de ces quatre compétitions…”

Le ROBOT DE… ROBO’LYON Revenons en détail sur ce robot, d’une largeur de 85 cm pour une longueur de 81… Comme on le voit sur la vue ci-dessus, les caisses sont soulevées par des barres appelées pales. Xavier Duvert a proposé une forme qui permet de caler automatiquement les poubelles (qui ont une forme arrondie et donc instable). Vu le poids des caisses, le robot est monté sur six roues, ce qui n’est pas un luxe. À l’arrière, on distingue des boîtes de vitesses commandées par un circuit pneumatique. Et le robot est mû par deux moteurs électriques en propulsion arrière. (On ne voit pas sur cette vue le bras qui va ramasser les frites représentant les déchets.)

Terrain de jeu 2. (Crédit : Lipofsky.)

Aussi, pour sécuriser davantage ce premier projet, où tout est à découvrir pour l’équipe, une modélisation en 3D et la construction d’un modèle en LEGO ont été réalisées.

pour la catégorie FRC. J’ai adoré l’esprit d’équipe et le fair-play de la compétition. J’ai été vivement intéressé par la construction d’un robot via la mise en pratique de l’ingénierie et une grande implication de la créativité. Et puis les robots sont ma passion !

Une partie de l’équipe avec les mentors. (Crédit : Emmanuel Régis.)

match. Le défi dure environ 2 min 30 s (15 s durant lesquelles le robot est autonome ; le reste du temps, il est piloté par les équipiers). La par tie « télécommande » semble plutôt simple mais sur le terrain, trois équipes doivent collaborer face à trois autres. Le score de chaque équipe est représenté par la somme des points que représente chaque objet. Et s’il reste des frites sur le terrain, leurs points vont aux adversaires… La complexité de la compétition pousse les équipes à bien réfléchir aux stratégies de pilotage du robot et au management des équipiers afin d’accumuler le plus de points et d’accéder à la qualification pour la finale.

Nous avons commencé par poser quelques questions à Anthony Dailly, un jeune membre de Robo’Lyon. Planète Robots : Peux-tu nous en dire plus sur toi et sur la compétition FIRST ? Anthony Dailly : Je m’appelle Anthony Dailly (16 ans, NDLR), je reviens d’une année passée aux États-Unis, dans une famille d’accueil, et Azriel Achterbosch était président de mon équipe de robotique. En 2014, nous nous sommes qualifiés pour le championnat du monde (en avril à Saint-Louis, Missouri) : un truc de fou avec quatre cents équipes, juste

P.R. : Tu as donc eu donc le déclic à la FRC 2014 ? A.D. : Oui, du coup, là-bas je me suis dit qu’il serait dommage de ne pas continuer. À mon retour en France en septembre, mon lycée (Notre-Dame Bellegarde à Neuville-sur-Saône) nous a aidés. Ce tremplin a lancé le projet ! Nous sommes dix-huit jeunes de seconde et de première générale S et quarante personnes en tout, avec les adultes, nous accompagnent. P.R. : Comment fonctionnez-vous ? A.D. : Avant de recevoir le cahier des charges du défi le 3 janvier 2015, il a fallu s’organiser en

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FIRST ROBOTICS COMPETITION

Les Compagnons du Devoir travaillant sur le montage du châssis. (Crédit : Xavier Duvert.)

“Après la réception du cahier des charges, la conception du robot et l’entraînement vont durer six semaines. En février, nous envoyons sous scellés notre robot au Canada pour la compétition régionale.”

toutes les personnes qui auront participé par l’intermédiaire de notre visibilité et de préparer la saison suivante…

Les chefs de projet. (Crédit : Emmanuel Régis.)

trouvant des fonds et des locaux grâce aux sponsors, puis des mentors pour nous encadrer. C’était vraiment du boulot ! Il faut avoir les finances pour payer les frais, le voyage au Canada (Montréal) pour la compétition et acheter le matériel. Une partie de l’équipe s’occupe donc de la communication et du marketing. Nous travaillons après les cours et pendant les week-ends. On se réunit à Sunaero, qui nous héberge. Je voulais les remercier au passage car grâce à eux on a pu modéliser et prototyper la mécanique, la pneumatique, l’électricité, l’électronique et l’informatique. Dès

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que le robot sera opérationnel, on pourra s’entraîner dans leurs locaux. C’est un travail d’équipe avec un apprentissage par mentorat et c’est très motivant d’avoir un tel objectif !… P.R. : Comment le projet se déroule-t-il ? A.D. : Après la réception du cahier des charges, la conception du robot et l’entraînement vont durer six semaines. En février, nous envoyons sous scellés notre robot au Canada pour la compétition régionale. Si nous sommes qualifiés en mars, nous irons à la finale de SaintLouis. Notre but est de remercier ensuite

P.R. : Et sur le plan technique, où en êtes-vous ? A.D. : Comme l’ensemble des participants, nous avons reçu tout un kit de pièces et de développement d’une valeur de 6 000 € pour élaborer notre robot. Il a fallu appréhender tous ces composants nouveaux pour nous, dont certains ont été développés spécifiquement pour la FRC. Nous avons eu quelques surprises, comme des boulons relevant des unités de mesure étatsuniennes et donc non métriques… Avec nos mentors, nous avons réalisé un banc de test pour affiner les fonctionnalités de notre robot. Nous avons également modélisé son châssis et les Compagnons du Devoir sont nos mentors pour les parties mécanique et pneumatique. Et lors de la compétition, pour un pilotage au plus près de ce que voit le robot, nous allons utiliser des lunettes FPV (First Person View) couplées avec une manette de jeu de Xbox. Cette immersion va nous permettre de nous mettre à la place du robot… D’autres membres de Robo’Lyon (les chefs de projet) se sont fait un plaisir de répondre à nos questions…


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“En 2014, nous nous sommes qualifiés pour le championnat du monde (en avril à SaintLouis, Missouri): un truc de fou avec quatre cents équipes, juste pour la catégorie FRC. ”

Terrain de jeu 1. (Crédit : Lipofsky.)

Modèle du robot en LEGO. (Crédit : Emmanuel Régis.)

P.R. : Vu l’enjeu et le nombre important de personnes impliquées, comment le projet se gère-t-il ? Nérimen Latreche et Romane Pellat :Vu le temps très court dévolu à la conception, nous avions procédé à un préplanning du projet. Les contraintes étaient très fortes : on ne devait par exemple pas dépasser 3 200 € pour l’achat de pièces supplémentaires et un inventaire précis devait être fourni à FIRST avec numérotation des pièces, identification des fournisseurs (adresses, provenance…). Chaque métier du projet était affecté d’un planning personnalisé et détaillé. Nous avions aussi une liste des tâches à exécuter sous

la forme d’une todo list. Comme nous n’étions pas sur place, la distance était très vite devenue un problème (attente des pièces états-uniennes à la douane, envoi à Montréal du robot, etc). Les pièces viennent exclusivement des États-Unis — la compétition a vingt-cinq ans d’expérience ! On remercie au passage Marie Pidoux, qui nous a tous bien aidés en coordonnant l’ensemble du projet ! Pas simple mais motivant… Au tour de Xavier Duvert, le mentor robotique. P.R. : Parlez-nous plus précisément du banc de test… Xavier Duvert : Le cerveau du robot est géré

par un roboRIO de National Instruments, sous Linux. Il contient des accéléromètres sur les trois axes, divers bus dont un CAN (Controller Area Network) — que l’on retrouve dans les automobiles, des entrées/sorties, des contrôleurs moteurs… Il est programmé graphiquement par le logiciel LabVIEW mais peut être programmé dans des langages évolués. Cet ensemble est plus que complet pour Robo’Lyon !… ■Emmanuel Régis Pour en savoir plus… FIRST : http://www.usfirst.org/ Robo’Lyon : http://www.robolyon.com/

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ROBOSPHÈRE, LE PARC ROBOTIQUE

UNE VERSION MINIATURE DU PROJET INITIAL Bien que ce grand parc ludactique sur l’univers des robots n’ait pas encore été aménagé, un espace robotique mis en place à la fin de 2011 dans les lieux mêmes qui devraient l’abriter préserve les principes du projet initial et connaît déjà un fort succès auprès du public…

Serge Bringolf, le directeur du projet Robosphère en compagnie du robot communicant Reeti. (Crédit: Robosphère.)

Robosphère, ce projet de parc robotique unique en Europe, présenté en septembre 2008 et initié par l’association PromoRobo (devenue ensuite… Robosphère), n’a pas encore vu le jour… La raison principale en est financière ; cependant, grâce à une inititiative de la direction, un espace robotique tout public couvrant 400 m2 a été progressivement, mis en place dans les lieux mêmes du futur parc, à La Chaux-de-Fonds, une ville suisse du canton de Neuchâtel, depuis la fin de l’année 2011. « La réalisation du grand projet aurait dû démarrer en 2012, pour environ 15 MCHF. Malheureusement, durant la séance qui devait le lancer, l'un des plus gros partenaires a retranché une participation de 2 MCHF pour des raisons externes », explique Serge Bringolf, le directeur du projet. Et finalement, un « petit projet » a été créé avec les dernières ressources et le matériel robotique dont disposait Robosphère dès le dépar t. L’espace robotique a coûté environ 500 000 CHF. Mais les ressources financières ne semblent pas être les seules raisons de ce changement : « C'est un problème de vision pour le développement d'une région ou d'un pays. » Malgré tous ces freins et ces retards, la direc-

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tion du parc affirme être sur la voie de la réussite, grâce aux prestations proposées… UN ESPACE DÉDIÉ À TOUS Ce lieu compor te un showroom robotique, une salle de projection et de présentation, un espace de restauration, un espace lecture, une boutique qui fait également office de réception — et s’adresse aux écoles, aux familles, aux entreprises mais aussi aux responsables politiques, économiques et scientifiques. « La technologie est pour moi probablement ce qui a le plus de répercussions directes dans notre vie de tous les jours. C'est sa mise en œuvre qui dessine en grande partie notre façon de vivre. Il est donc important de connaître son fonctionnement, ses possibilités et ses limites », ne craint pas de dire Serge Bringolf. Robosphère constitue donc une interface entre la population et la technologie… C’est un centre d’information : des espaces professionnels offrent des synergies avec le tissu économique, tout autant que des organismes de recherche et de formation. (Robosphère travaille d’ailleurs avec des écoles et tente de sensibiliser les jeunes aux métiers techniques qui, comme l’indique Bringolf, connaissent « un

Le RoboSnack de Robosphère lors de l'inauguration de Microcity à Neuchâtel. (Crédit: Robosphère.)

vrai problème de relève en Suisse, tout comme en Europe ».) L’association propose des visites guidées, des ateliers d’initiation à la robotique, des célébrations d’anniversaires avec des animations robotisées… Sa direction compte poursuivre le développement de ces activités et se fixe comme objectif le chiffre d’affaires de 400 000 CHF par an — ce qui ne sera cer tes pas une mince affaire (mais toute l’équipe semble déterminée à relever le défi !)… Contact (www.robosphere.ch)… Association ROBOSPHÈRE, Les Cornes-Morel 15, 2300 La Chaux-de-Fonds (Suisse). Tél. : +41 32 913 10 00 E-mail : info@robosphere.ch

■Darine Habchi

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UNE RÉVOLUTION TOUT EN DOUCEUR Actuellement, on retrouve tous les systèmes automatisés embarqués des technologies de la robotique industrielle et de la robotique de services dans un secteur en quête perpétuelle de nouveauté — le tourisme. Le grand public n’en a pas vraiment conscience… Mais grâce à ce dossier — une invitation inédite au voyage —, de la recherche de la destination aux interactions plurisensorielles, nous allons vous faire découvrir ce que les acteurs du secteur proposent et comment ils envisagent de vous faire partir dans un avenir proche… LE BIG DATA, LA FACE CACHÉE DE VOTRE VOYAGE Au commencement, il y a votre ordinateur — l’outil qui va vous aider à trouver votre destination ou plutôt le moteur de recherche qui va vous inciter à partir grâce à la reconnaissance de vos habitudes de consultation… En prenant en compte vos mots clés, le Big Data oriente

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vos choix : voyage en club, séjour unique sur une plage de rêve les pieds dans l’eau, visite d’une cité antique ou d’une ville lumière remplie d’attractions, bed and breakfast ou encore site de partage chez l’habitant. Il sait si vous aimez l’avion, les transports en commun ou la charrette à bœufs, notamment parce que vous avez déjà publié les photos d’une première expé-

rience. Il catégorise votre statut social, la composition de votre famille, vos habitudes de consommation et les ressources de votre porte-monnaie. Vous êtes donc déjà connecté… Le cofondateur de Promovacances, Folco Aloisi, lors d’une conférence sur la robotique et le tourisme — organisée par l’AFEST, Patrick Viceriat


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“Le fait de choisir les services du premier promoteur français en la matière (plus de trente-six millions de solutions de voyages par an) garantit au client le bénéfice d’une expérience unique en son genre, grâce à la multiplicité des possibilités offertes.” pérature, la manière dont vous videz le minibar (et les extras, via vos achats de services), vos habitudes alimentaires et nocturnes, vos loisirs, vos découvertes locales, vos modes de transport privilégiés, vos envies de culture ou tout simplement de farniente sur la plage. Tout cela est fait ou sera fait pour mieux vous accompagner dans un futur voyage. Le Big Data fait son office : vous êtes enregistré dans des bases de données qui font de vos interlocuteurs hôteliers, restaurateurs et voyagistes, des acteurs incontournables et impliqués.Vous fera-t-il sortir des sentiers battus et vous guidera-t-il dans la découverte des autres ? Non, vous resterez maître de vos rencontres…

Le Big Data (de gigantesques bases de données contrôlées par des Intelligences artificielles) permet de bien connaître le voyageur et d’être au plus près de ses attentes…

Ces chariots de transport automatique, déjà présents dans les hôpitaux, vont maintenant être utilisés dans l’hôtellerie.

et Sophie Lacour (que nous remercions de sa contribution à ce dossier) — qui avait lieu au Welcome City Lab de Paris, a affirmé que l’utilisation de son service lui permettait de « connaître son client voyageur » et qu’il était capable de lui proposer une destination de choix en harmonie avec ses attentes. Le fait de choisir les services du premier promoteur français en la matière (plus de trentesix millions de solutions de voyages par an) garantit au client le bénéfice d’une expérience unique en son genre, grâce à la multiplicité des possibilités offertes. Christine Pouletty, la viceprésidente principale des Systèmes de distribution du groupe ACCOR (et la conceptrice de

la campagne Welcome au sein du groupe) pense que le client doit s’évader et ne pas retomber dans ses habitudes lors de ses voyages. Pourtant, tout sera fait pour qu’il ne perde pas ses repères essentiels afin d’éviter tout traumatisme du type : « Je lâche tout et je m’installe ici ! » Il faut bien repartir un jour, revenir et retrouver le confort de sa maison, le plaisir de raconter ses aventures et se dire : « Où vais-je partir la prochaine fois ? » Pour cela, il est important de préserver des repères quotidiens familiers jusque dans la chambre d’hôtel. Le checkout et le départ servent à cela : on enregistre, via la domotique intégrée dans la chambre, l’ambiance lumineuse, votre chaîne de télé favorite, la tem-

LES ROBOTS DE SERVICES Les robots, dans tout cela, restent en back office. On ne les voit pas : ils assistent les employés dans l’exécution des tâches rébarbatives (transport du linge, nettoyage, etc.). On privilégie le contact humain, à l’accueil et au room service — mais pour combien de temps encore ? Bon, il est vrai que vouloir décoller de Düsseldorf parce que l’aéroport est équipé d’un robot voiturier risque d’être difficile à faire admettre à votre entourage mais comme expérience de départ, il n’y a pas mieux… Serva Transport Systems, une société allemande sise à Grabenstätt (Haute-Bavière) y a donc implanté ledit Ray au printemps dernier. Cet AGV (Automatic Guided Vehicle) a pour but d’optimiser les zones de stationnement de moyenne durée à forte densité. Pour récupérer son véhicule, il suffit de programmer via un smartphone l’heure d’arrivée, pour le récupérer au parking dédié à votre descente d’avion. Quand vous vous ferez enregistrer au Luton Airport de Londres, il se peut que vous rencontriez Holly et Graham, deux agents d’accueil holographiques… Ils sont chargés de vous expliquer comment déposer vos bouteilles et autres conteneurs de liquides dans des sacs transparents et comment sortir ordinateurs et tablettes de leur étui pour les passer aux rayons X. La raison de cette expérience est due à la lassitude du personnel mais aussi à la nécessité de capter l’attention des passagers en partance afin de fluidifier le passage dans les zones sécurisées. L’édition de vos billets est unifiée ; l’enregistrement des bagages et leur arrivée dans l’avion sont informatisés. (Remarquons au passage que le réseau robotisé de tapis roulants de RoissyCDG est un outil formidable : il est capable de gérer en moyenne quinze mille bagages à l’heure, en tenant compte des correspondances.) Quand enfin vous vous retrouvez dans un avion de ligne, vous voyagez à bord du moyen de transport le plus sûr du monde, grâce à la généralisation des commandes électriques de vol dans les longs-courriers et les jets d’affaires de-

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LE R-TOURISME “Arrivé à votre première destination, Cap Canaveral, au cœur de la Space Coast où depuis quatre ans déjà, le RoboThespian de la société SaviOke vous accueille pour vous expliquer ce que vous allez découvrir sur votre parcours…”

Le Ray, un robot voiturier automatique, en place à l'aéroport de Düsseldorf…

Le Luton Airport de Londres propose deux hôtesses d’accueil holographiques.

puis les années 1990. Car dans les années 1960, un passager avait cinquante « chances » sur un million de périr durant un vol, c’est-à-dire une sur vingt mille. Depuis 1974, et jusqu’à l’avènement des avions à commandes électriques de vol en 1988, le risque était d’environ deux crashes par million de vols (une chance sur cinq cent mille de périr en plein vol). La sécurité s’est encore améliorée, notamment avec les commandes électriques asservies et programmées et le taux de crashes par million de vols est maintenant de 0,2 (une chance sur cinq millions). C’est sans aucun doute le « robot » le plus performant et le plus sécurisé en matière de transport avec un volume d’emport qui at-

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teindra six milliards de passagers en 2030… Les robots d’accueil À l’escale de votre avion à Genève, votre premier contact — Robbi, de BlueBotics — peut vous indiquer les commodités ou les correspondances… En fait, cet auxiliaire d’information qui ressemble à une borne d’accueil mobile fournit des informations pratiques, diffusées sur un écran placé sur son plastron. Son expérimentation est également liée au souhait d’augmenter la fluidité du transit des passagers dans les halls et d’éviter les files d’attente aux bureaux d’information. Il en est de même à Indianapolis, où la société Double Robotics a mis en service un

avatar mobile piloté par le personnel de l’aéroport pour aller à la rencontre du voyageur et répondre à toutes les interrogations via la tablette qui lui sert de tête. Arrivé à votre première destination, Cap Canaveral, au cœur de la Space Coast où depuis quatre ans déjà, le RoboThespian de la société SaviOke vous accueille pour vous expliquer ce que vous allez découvrir sur votre parcours dans le précurseur des laboratoires de développement de véhicules extraterrestres (ses équipes ont été les premières à avoir automatisé un lanceur et un engin d’exploration lunaire). Depuis, le Robonaut 2 est un membre intégré de la Station spatiale internationale.Vous pourrez y rencontrer d’autres robots d’accueil comme le Pepper (d’Aldebaran Robotics, associé à SoftBank), qui réceptionne la clientèle dans les agences de la holding au Japon. Le robot majordome SaviOne, à votre service ou plutôt à celui du personnel d’accueil des Aloft Hotels, est une expérience inédite de mise en relation directe avec le client. Il se montre capable de faire le lien entre le room service et ledit client pour vous apporter une collation ou des serviettes supplémentaires. Connecté au data center de l’hôtel, il enregistre vos habitudes en matière de consommations et aide à la préparation de votre checkout. C’est un rapporteur hors pair ! Et si par le plus grand des hasards, vous passez à proximité de la tour de Tokyo, allez donc discuter en quatre langues avec le Tawabo, qui vous servira de guide pour la vue panoramique. Plusieurs de ces cobots (robots collaboratifs) sont déjà en fonction dans certains lieux publics à forte densité touristique. LES PARCS DE LOISIRS Notre seconde destination est le monde extraordinaire et merveilleux de Walt Disney, Disney World. C’est en 1971 que la famille de William Windsor, premier client, fut accueillie par Mickey Mouse dans le Magic Castle à Orlando. (Plus de trois cents attractions et des centaines de milliers de mètres carrés leur sont réservés mais


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“Notre seconde destination est le monde extraordinaire et merveilleux de Walt Disney, Disney World. ”

Les avions sont de plus en plus automatisés, ce qui sécurise les vols en conséquence. — Ici, un Airbus A350 XWB. (Crédit : Airbus SAS/S. Ramadier.)

VISITER DES LIEUX SANS SE DÉPLACER… Plusieurs expériences de tourisme sédentaire ont déjà eu lieu, comme la visite de la Tate Britain de Londres… En août dernier, l’événement After Dark avait permis de visualiser cinq cents ans d’histoire de l’art grâce à des robots munis de caméras directrices, de bumpers et de senseurs, une expérience faite de nuit à la Tate Britain de Londres — sans public et sans lumière. Aujourd’hui (et dans un autre ordre d’idées) Générale Location, conceptrice d’événements, et la société Awabot se sont associées afin de permettre la visite de salons professionnels à un public qui ne peut se déplacer… Awabot est également partenaire de l’Allianz Riviera de Nice et propose de parcourir les coulisses du stade de football lors des matchs de Première Division. Enfin, signalons le Norio, de la société française Droïds Company. C’est un robot conçu pour se déplacer au premier étage du château d’Oiron (Deux-Sèvres) et permettre aux gens souffrant d’un handicap moteur de contempler en même temps que leur famille les œuvres contemporaines et patrimoniales abritées qui sont exposées dans ce lieu ouvert au public par le Centre des monuments nationaux…

Si vous vous trouvez un jour à l'aéroport d'Indianapolis, il est possible que vous rencontriez ce robot de Double Robotics, piloté à distance par le personnel. Ne le fuyez pas — il est là pour vous aider ! — Le RoboThespian de SaviOke vous renseignera sur la visite des locaux de la NASA à Cap Canaveral.

les mondes en action qui marquent le plus la conscience sont les attractions liées aux films d’action ou de science-fiction d’Universal Studios.) D’ailleurs, dans le monde entier, quel que soit le parc à thème, il est conçu sur le même modèle : cela commence par un environnement décoré et accessoirisé dans la file d’attente (on va dire une ambiance rappelant le sujet principal

sous la forme d’un parcours initiatique…), avec des rappels permanents ; et il se fait à pied, en bus, en bateau ou en wagon automatisé. Intervient ensuite l’interaction plurisensorielle pour laquelle vous êtes venu : « Alerte : King Kong vient de s’échapper ! Il a créé une brèche dans la cage des Tyrannosaurus rex qui viennent de dévorer les chercheurs habillés de blouses blanches. Il faut éva-

cuer la base ! » Et là, vous vous retrouvez embarqué dans une attraction immersive : un manège géant motorisé lancé ou sur vérins asservis, proposant des effets spéciaux dignes du film bien connu. (La vue en trois dimensions du combat de Kong contre les Tyrannosaurus rex dans un environnement de jungle préhistorique avec un ravin abyssal, le tout associé aux mouvements vifs et imprévisibles du bus, provoque une déstabilisation spatiale idéale pour l’immersion. Hurlements de la bête, secousses parfois soutenues, jets de bruine par le biais d’un ventilateur, avec des effluves synthétiques d’haleine de monstre font de King Kong Forest une attraction extrêmement impressionnante.) N’oublions pas les manèges et autres expériences porteuses de sensations situés sur les toits des palaces de Las Vegas, qui en ont fait une place forte du tourisme pour adultes (hormis

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“N’oublions pas les manèges et autres expériences porteuses de sensations situés sur les toits des palaces de Las Vegas, qui en ont fait une place forte du tourisme pour adultes (hormis les casinos et les sempiternels bandits manchots).” les casinos et les sempiternels bandits manchots). En France, le Futuroscope utilise des robocoasters équipés de nacelles à deux places, qui dansent sur une ambiance musicale techno de Martin Solveig ; et le parc Vulcania emploie des bus automatisés au trajet programmé pour parcourir l’ensemble de l’animation La création de la chaîne des volcans d’Auvergne. Mentionnons aussi le parc Astérix et Goudurix, son grand huit, l’un des plus longs d’Europe avec sept loopings :

Le parc du Futuroscope utilise de nombreux robots — notamment dans l'attraction Danse avec les Robots.

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“Si vous visitez Tokyo, le Robot Restaurant Tokyo constitue un véritable must do. Mais à 20 € le dîner, spectacle et ballet techno, n’espérez pas découvrir le fin du fin de la gastronomie japonaise… Cette expérience se révèle bruyante, pleine de couleurs et d’effets spéciaux.” ne voudrait se faire photographier en compagnie d’un robot DJ ? Si vous visitez Tokyo, le Robot Restaurant Tokyo constitue un véritable must do. Mais à 20 € le dîner, spectacle et ballet techno, n’espérez pas découvrir le fin du fin de la gastronomie japonaise… Cette expérience se révèle bruyante, pleine de couleurs et d’effets spéciaux — pleine en somme de ce qui caractérise l’extravagante culture du Japon moderne. Attention : prévoir des boules Quies pour toute la famille !

Le Pepper d'Aldebaran Robotics renseigne désormais les clients des magasins de téléphonie SoftBank, au Japon.

l’informatique et les outils de prévention des risques garantissent la sécurité et président à toutes les décisions lors du lancement de l’attraction. LES RESTAURANTS ANIMÉS Robot Restaurant (Tokyo) Après avoir été accueilli par une ambiance de fête foraine (avec guirlandes, lasers, chromes et miroirs), on se retrouve dans une discothèque extrêmement… disco et furieusement techno — le topissime du kitsch ! Au son de tambours traditionnels battus par des serveuses en bikini couvertes de bijoux de fantaisie, des chars robots à trois roues, télécommandés par des demoiselles affublées d’accessoires électriques colorisés, déambulent dans la travée du milieu tout au long du repas dans une ambiance sonore sursaturée. Un ballet de monocycles et de robots habités de trois mètres de haut, tout en aluminium, précède une héroïne vêtue de cuir (enfin, en partie) pour combattre une invasion d’autres robots au moyen d’une mitrailleuse de char d’assaut. Et à la fin du spectacle, le public est invité à passer à l'étage pour prendre des photos avec autant de robots qu’il le veut. Qui

Robot Restaurant (Chine) Le Robot Restaurant créé par le chef Liu Hasheng à Harbin (dans le nord de la Chine) et qui employait dix-huit robots voués chacun à des tâches différentes a malheureusement fermé ses portes en février 2014. Mais à Kunshan (dans la province du Jiangsu), un second Robot Restaurant a ouvert en août 2014, dirigé par le chef Song Yugang. Des androïdes y cuisinent beignets et légumes frits pendant que d’autres servent à table, sur des plateaux, les spécialités de la cuisine régionale avec une politesse inégalée — puisqu’ils demandent pardon quand ils trouvent un obstacle sur leur chemin… (Deux d’entre eux accueillent la clientèle à l’entrée avec des formules de politesse dignes de la parfaite élocution d’un maître d’hôtel à l’ancienne mode.) Výtopna Railway Restaurant (Prague) Ce restaurant est une franchise de la République tchèque, créée en 2009 par Petr Fridrich. Son thème : la construction d’un réseau ferré miniature de livraison de boissons… D’une longueur de 400 m, asservi par un ordinateur et un programme de gestion très pointu, le réseau regroupe toutes les attractions d’un chemin de fer miniature (tunnels, échangeurs, une réplique de la gare de Brno avec des locomotives et des wagons de marchandise à l’échelle 1/22.5, dans un environnement de campagne tchèque). Les serveurs, habillés en chefs de gare, utilisent les wagons vides en mouvement pour débarrasser les tables des verres vides et le train express peut atteindre les cinq mètres par seconde…

AU STADE CHEZ SOI ! L'Inside BOT permet de découvrir sous un nouveau jour le stade de football de Nice… L'Allianz Riviera, le stade de dernière génération de la ville de Nice, dispose d’un Allianz Riviera Lab, dont le rôle est d’utiliser les technologies numériques pour proposer de nouvelles expériences à ses supporters, de plus en plus connectés aux réseaux sociaux — en les plongeant au cœur des événements sportifs. C’est ainsi que le 24 septembre dernier, lors du match opposant l’OGC Nice au LOSC, l'Inside BOT a permis aux supporters de découvrir les abords du stade, de déambuler dans les travées et d’assister à l’arrivée des deux équipes sur le terrain — mais aussi de pénétrer dans les coulisses de l'avant-match (vestiaires, conférence de presse, salons VIP…). Ce robot de téléprésence, équipé d’un écran et d’une webcam, est contrôlable à distance en temps réel via un simple clavier d’ordinateur. Cette technologie procurera aux fans éloignés ou à mobilité réduite la faculté de vivre à distance des expériences inédites… Josèphe Ghenzer

Hajime Robot Restaurant (Thaïlande) Il existe deux Hajime Robot Restaurant : l’un est situé à Bangkok et l’autre à Pattaya. Ce dernier fait l’attraction avec des robots qui font le service mais ne prennent pas votre commande… Vêtus d’un costume de samouraï, ils sont mobiles (sur roues) et exécutent des chorégraphies pendant que vous dînez.

LES ATTRACTIONS HÔTELIÈRES À Shenzhen (Hongkong), s’est ouvert un hôtel capsule n’employant que des robots pour l’accueil, le room service, la consigne et le ménage ; il s’agit du Pengheng Space Capsules Hotel. À 10 € la nuit par personne, il n’y a ni lit d’appoint, ni de lit pour les enfants. AuYotel de New York, après vous être enregistré sur une borne interactive, vous laissez votre ba-

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LE R-TOURISME gage au robot de consigne qui le gardera pendant votre journée d’arrivée… Tous les espaces de l’hôtel sont modulables, les planchers se transforment en tables et les petits salons en grandes salles de réunion.Tout y est conçu pour optimiser les espaces. Les chambres sont compactes mais fonctionnelles et à 200 $, c’est un must à Time Square. (Il est prévu l’ouverture d’un Yotel à Paris-Charles-de-Gaulle dans le courant de l’année 2015.) Le divertissement fait partie intégrante du voyage… Les robots de services sont pour certains groupes hôteliers des assistants pour les employés mais d’autres les conçoivent comme de réelles attractions — voire comme des œuvres d’art. Sur le Quantum of the Seas, le paquebot vedette de la Royal Carribean, Makr Shakr,

Curieuse façon de se faire servir un verre dans ce restaurant tchèque : par un train miniature automatisé !

Les robots du Robot Restaurant de Kunshan font un peu kitsch — mais s’ils restent polis !…

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“Pour être accepté, un projet doit « apporter une valeur ajoutée aux êtres humains et un jour se valoriser auprès d'eux », nous a-t-on expliqué.” quent en 10 min car ils reçoivent en guise de carte d’embarquement des bracelets munis de puces RFID (pour accéder à leur chambre, pour le room service et leurs achats dans les boutiques). La facture est réglée lors du checkout.

Ce robot samouraï sert les plats et vous divertit pendant le dîner.

L'automatisation est totalement intégrée dans cet hôtel Yotel situé dans le quartier de Time Square (New York).

une société italienne associée au constructeur de robots industriels KUKA, a créé le Bionic Bar B-roll. C’est un concocteur de cocktails dont vous êtes le créateur… La finalité de cet instrument est de démontrer la véritable interaction qui existe entre l’homme et la machine. Vous avez ainsi la possibilité d’inventer une quantité quasi illimitée de mélanges alcoolisés ou non, grâce à une tablette permettant d’associer des saveurs à votre drink (y compris celle de la rondelle de citron). Enregistrez son nom et vous pourrez y revenir pour l’améliorer… D’ailleurs, à bord de ce paquebot, les passagers embar-

“Quant aux drones quadricoptères, ils ont fait leur apparition dans le fameux spectacle du Puy du Fou, emportant des tissus aussi évanescents que la matière dont les rêves sont faits.”

POUR LES GAMERS… Il existe un lieu culte pour les gamers : le Robot City Games. Royaume des inconditionnels des jeux d’arcade, comme Robotron ou Pac-Man, il propose à Binghamton, dans le comté de New York (États-Unis) plus de soixante-quinze jeux de ce type… Devant le DiverCity Tokyo Plaza Center d’Odaiba a été construit (ou plutôt reconstruit) de façon pérenne un Gundam géant, un robot de combat de 18 m de hauteur (sans ses armes modèle RX78 – 2) pour rendre hommage aux robots de la série Gundam, des méchas très célèbres dans les années 1980. Il se dresse fièrement devant le musée et le centre commercial dédiés à cette partie de la culture japonaise (le Gundam Front Tokyo). Et à partir du 31 août 2015, un show d’images est projeté sur le robot de 19 h 30 à 21 h 30 (chaque demi-heure relate les aventures des différents robots de la série et cela finit par un jeu de faisceaux de lumière et des mouvements de la tête exécutés par la statue). DES SPECTACLES… La pièce de théâtre Robot !, écrite et scénarisée par Blanca Li en partenariat avec Aldebaran Robotics, a fait l’objet de nombreux messages tagués sur Internet par tous les syndicats d’initiative des communes où la compagnie de la danseuse a posé ses bagages. Ce spectacle vivant est une œuvre destinée à tous les publics : danseurs, acteurs et robots y sont complices au profit d’une véritable histoire, poétique et futuriste, sur l’interaction entre l’homme et les robots. (En tournée partout en France en 2015 et à voir absolument !) Quant aux drones quadricoptères, ils ont fait leur apparition dans le fameux spectacle du Puy du Fou, emportant des tissus aussi évanescents que la matière dont les rêves sont faits, et ont été scénarisés dans le dernier spectacle steampunk du Cirque du Soleil (après avoir reçu une surcharge électrique dans son atelier, un horloger voit se mouvoir autour de lui les abat-jour de ses lampes désuètes…). QUE NOUS RÉSERVE L’AVENIR ? Il est évident que le tout-connecté va rendre plus simples vos déplacements, l’accueil et l’accès à vos lieux de villégiature. Bientôt, les aéroports de Toulouse et Paris seront capables de vous adresser par smartphone des instructions globales et indiqueront le parcours à effectuer pour accéder à votre avion — dès l’embarquement dans le transport qui doit vous mener à l’aéroport. Votre voiture ne sera plus la vôtre (mais communautaire), les parkings n’auront plus

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LE R-TOURISME

Le spectacle Robot !, de Blanca Li. (Crédit : Laurent Philippe.)

En haut… La compagnie Royal Caribbean installe un robot barman dans son navire, le Quantum of the Seas. À gauche… Le désormais culte Gundam Front Tokyo, une étape incontournable du voyageur au Japon.

En 2018, la fondation Inspiration Mars proposera à un couple un voyage touristique vers la planète Mars (et retour), sans atterrissage.

lieu d’être puisque les véhicules autonomes repartiront immédiatement après vous avoir déposé afin de charger un arrivant… Vous serez donc identifié dans le taxi via un scanner de la rétine et confirmé dans la zone aéroportuaire par le réseau de caméras intranet qui validera le suivi de votre accès à bord. Les portiques de sûreté seront des renifleurs de résidus explosifs et des thermographes analyseurs de comportement vous scanneront pour savoir si vous avez des intentions terroristes. Les passerelles disparaîtront au profit de moyen d’accès unipersonnels.Votre valise sera de plus connectée à votre smartphone : vous la surveillerez et connaîtrez sa position en temps réel afin d’être sûr qu’elle se trouve dans le même avion que vous. Son poids sera évalué, ce qui permettra d’éviter des surcharges et de faire de réelles économies énergétiques. Enfin, les avions autonomes hypersoniques seront propulsés à l’hydrogène (et sans doute assistés à distance par un pilote au sol). Et on peut envisager, d’ici 2030, un Paris–New York en 57 min… Les avions n’auront plus de hublots : ils disposeront d’un réseau de caméras extérieures qui diffuseront des images de l’environnement ou tout autre décor souhaité, grâce aux AMOLED. Et cette technique sera adaptée aux transports ferroviaires… Vos sièges seront immersifs pour les cinq sens et unipersonnels ; les communications seront libres grâce au maillage du réseau satellitaire MEOS. De plus, les propulseurs privés prenant le pas sur les gros transporteurs, vous aurez accès à l’espace et à des stations d’embarquement pour Mars vers 2030. Le premier vol touristique prévu pour cette destination a été organisé par

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Dennis Tito, le premier civil à être allé dans l’espace en touriste. Le 5 janvier 2018, une date qui marque le retour d’un alignement des astres se produisant tous les quinze ans, il offrira à un couple un aller-retour gratuit de cinq cent un jours (sans atterrissage sur la planète rouge) par le biais de sa fondation, Inspiration Mars. Mais revenons à notre voyage en avion… Tous vos contenus de loisirs seront accessibles en multi-écrans ; vous et vos enfants reprendrez les activités entamées à la maison… À l’arrivée, les véhicules d’accueil seront des navettes autonomes, les grooms des majordomes et des concierges robotisés ayant sur vos habitudes tant de données que vous jouirez d’un séjour hyperpersonnalisé dans votre chambre et au cours de vos loisirs.

Les communications étant libérées, tout sera permis… Alors pourquoi ne pas imaginer un accès au Robonaut de l‘ISS, pourquoi ne pas en prendre le contrôle pour communiquer avec l’équipage ou piloter le rover Curiosity dans sa découverte de Mars ? Nous pourrons voyager dans les profondeurs de l’océan à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, les parcs d’attractions seront encore plus immersifs et dédiés aux sports extrêmes ou collectifs, au bien-être, à la robotique et aux technologies comme c’est le cas en République de Corée (les premiers travaux de Robot World ont commencé en 2013…). Disons un mot de la réalité augmentée (ou virtuelle) et de l’infiniment grand ou petit… La nanotechnologie nous permet d’étudier des pathologies et de fabriquer des transports de molécules médicamenteuses complexes, afin d’atteindre des endroits du corps où les outils mécaniques se révèlent trop invasifs. Nous pourrons suivre et voyager dans la matière, partir à la découverte de ce que l’homme ne comprend pas et ne maîtrise pas vraiment visuellement (les molécules dont nous parlent les scientifiques) et donc procéder à des interactions nanoscopiques grâce aux outils d’immersion qui utiliseront nos cinq sens. L’organisation de nos loisirs s’en trouvera bouleversée en une vingtaine d’années et tout cela se passera en douceur (avec une certaine transparence pour le quidam) : cela fera découvrir au plus grand nombre la complexité mais aussi la beauté de l’Univers… ■Stéphane Bonnard-Cantegreil


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LE ROBOT MAJORDOME

Le SaviOne a fait parler de lui l'été dernier en assurant certaines des tâches ingrates du room service dans un hôtel californien. Automatisé, il prend en compte les demandes des clients puis effectue livraison et distribution.Tim Smith, le porte-parole de SaviOke, la société conceptrice, a bien voulu répondre à quelques questions…

Le SaviOne effectuant une livraison pour le client d'un hôtel.

Planète Robots : Quelles sont les dimensions du SaviOne ? Tim Smith : Sa taille est de 90 cm pour un diamètre de 53 cm et un poids de 50 kg environ. Son coffre hermétique peut contenir un volume de six litres (plus de 5 kg). Il a été conçu en tenant compte des textes des recommandations pour l’utilisation des fauteuils destinés aux personnes à mobilité réduite — afin de pouvoir accéder aux centres commerciaux, passer les seuils des portes des ascenseurs et les rampes d’accès PMR. P. R. : De quels systèmes embarqués dispose-t-il et quelle est son autonomie ? T. S. : Il utilise des senseurs RGB-D et des sonars pour éviter les obstacles, pour établir le mapping de localisation du plan de l’hôtel et la reconnaissance de forme. Quant au WiFi, il est utilisé à la fois pour téléphoner dans la chambre et appeler l'ascenseur. Il se recharge en huit heures (pour douze d’utilisation). P. R. : Parlez-nous un peu de son système d’exploitation… T.S. : Il fonctionne sous ROS (Robot Operating System). Steve Cousins, l'actuel P-DG de SaviOke, était l'ancien P-DG de Willow Garage, une société qui a contribué au développement du statut qu'il détient aujourd'hui. Le ROS est

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maintenant supervisé par l'Open Source Robotics Foundation — à but non lucratif. (C’est aussi l’un de nos clients.) P. R. : Nous avons pris connaissance des spécifications de l'ADA (Americans with Disabilities Act) — elles semblent proches des normes européennes. Mais comment avez-vous présenté l'opérateur de service autonome à votre assureur européen ? T.S. : Le SaviOne pourrait déjà circuler en ville, mais les compagnies d'assurance exigent des données… Comme nous sommes encore au stade d’un programme pilote très limité, ils estiment ne pas disposer encore de suffisamment de données… P. R. : Avez-vous eu besoin de présenter le robot à l'administration de l’État et vous ont-ils délivré un agrément ? T. S. : Pas du tout… P. R : Quelle fut la réaction des employés ? T. S. : Elle a été formidable… Le robot leur permet d'être à deux endroits en même temps ! À la réception et à la livraison des articles dans les chambres… P. R. : Pensez-vous que le marché euro-

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Le SaviOne attendant des instructions…

péen montrera de l'intérêt pour le SaviOne — et combien de robots serezvous en mesure de construire et de vendre en 2015 ?… T. S. : Il suscitera certainement l'intérêt de tout le monde ! Au cours de 2015, cependant, les déploiements vont se cantonner au programme pilote (exclusivement dans la chaîne des Aloft Hotels), jusqu'à la fin de l’année, et à son amélioration. Le déploiement à l’échelle mondiale devrait probablement se faire en 2016…

■Propos recueillis par Stéphane Bonnard-Cantegreil


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POPPY LE PREMIER ROBOT HUMANOÏDE À IMPRIMER, ASSEMBLER ET PROGRAMMER SOI-MÊME Ce robot de recherche français, modulable au niveau logiciel et au niveau matériel, constitue une solution abordable pour étudier la géométrie du corps humain ou tout bonnement pour bricoler soi-même un… robot ! Il a des proportions humaines, une colonne articulée et… des baskets rouges aux pieds ! Le Poppy (coquelicot en français) a donc tout d’un petit humain (petit car il ne mesure que 84 cm pour un poids de 3,500 kg). Mais il est surtout le premier robot humanoïde open source dont le corps a été entièrement façonné par une imprimante 3D ! « Le hardware et le software du projet sont open source. Cela veut dire que les plans de construction sont disponibles en téléchargement et que quelqu'un qui possède une imprimante 3D peut le construire », nous explique Manuel Lopes, un des chercheurs de l'équipe Flowers — qui a développé le Poppy. C’est à l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (l’INRIA) qu’il est en

cours de conception depuis maintenant deux ans. C’est en fait une plate-forme robotique, sur laquelle travaillent notamment Matthieu Lapeyre, un doctorant, et Pierre Rouanet, un ingénieur — sous la supervision de Pierre-Yves Oudeyer. L’équipe Flowers comprend quelque vingt-cinq chercheurs, ingénieurs et doctorants répartis entre l’INRIA Bordeaux et l’ENSTA ParisTech. La finalité première du Poppy n’est pas le divertissement mais bien la recherche. Il a été conçu pour permettre l’étude des mécanismes de la locomotion bipède (sa morphologie est donc proche de celle de l’être humain : un tronc disposant de plusieurs degrés de liberté, des jambes incurvées et des pieds de petite taille [et

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POPPY QUAND LE POPPY RENCONTRE FRANÇOIS… Le président de la République a reçu le Poppy à l’Elysée, le 11 juin 2014. Et aussi les investisseurs, les entrepreneurs du secteur de la robotique et ceux qui sont engagés dans les initiatives proposées dans le cadre de la French Tech. Ce terme désigne tous ceux qui travaillent dans ou pour des start-up françaises (dans l’Hexagone ou à l’étranger). Le robot humanoïde bordelais a donc rencontré les ingénieurs, designers, développeurs, grands groupes, associations, médias, opérateurs publics et instituts de recherche — qui s’engagent pour favoriser la croissance et le rayonnement international des start-up.

Matthieu Lapeyre, un doctorant de l'équipe Flowers, apprend la marche au Poppy.

surtout pas plats !]). Équipé de capteurs de pression (sur la tête et sous les pieds), il se déplace grâce à vingt-cinq moteurs et peut marcher sur un tapis de course. À CHACUN SON POPPY Il y a autant de Poppy qu’il existe d’utilisateurs… Des chercheurs (ou amateurs) du monde entier peuvent fabriquer leur propre version et mener, grâce à lui, des expériences rapides. Les plans et le logiciel sont en téléchargement libre et le construire est à la portée de tous. Il est accessible car open source et parce qu’il est basé sur du matériel et des logiciels faciles à utiliser : les constructeurs de Poppy peuvent programmer eux-mêmes ses comportements (il suffit de télécharger l’application dédiée). Compatible avec la plate-forme informatique Arduino, il peut être interfacé avec d’autres appareils électroniques comme les vêtements intelligents, les générateurs de lumières ou encore les instruments de musique. On peut aussi le mettre en mode Tracking et ainsi lui faire répéter des mouvements. Il sait suivre des gens grâce à une caméra intégrée et se montre capable de se lever et de marcher si on le tient avec les deux mains, tel un enfant en bas âge… Il s’exprime aussi (une fois les pièces imprimées et assemblées, bien sûr). « L’électronique et les moteurs peuvent être achetés dans des magasins. Nous sommes en train de chercher et de développer des solutions pour rendre cela moins cher et plus libre (open source) », nous a confié Manuel Lopes. Pour indication, l’impression de la main d’un Poppy prend environ deux heures. Une fois qu’on dispose d’une imprimante 3D, entre deux

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LE POPPY, FUTUR PRÉSENTATEUR TÉLÉ ? Doté d’une forte capacité d’apprentissage et de possibilités d’expression surprenantes, le petit robot humanoïde a présenté, au début de décembre, un journal d’information en continu. La démonstration s’est déroulée sur le stand de France Télévisions, à l’occasion de la conférence annuelle LeWeb’14, dédiée aux start-up. Cette prouesse technologique résulte de l’emploi d’algorithmes concoctés par deux start-up françaises : News’ Innov, pour le traitement en temps réel des grandes tendances de l’information, et Voxygen, un expert breton de la voix de synthèse hyperréaliste.

et trois jours d’assemblage se révèlent nécessaires — sans oublier un coût de 7 500 € (environ), selon les constructeurs. UNE PLATE-FORME SOCIALE « Comme la plate-forme est open source, hardware et software, cela procure plusieurs occasions de collaborer, de réutiliser des données, et de la développer avec d'autres chercheurs, — ou même des particuliers — du monde entier », souligne Manuel Lopes. En effet, le Poppy incite les utilisateurs à échanger idées et résultats dans un es-

prit d'ouverture et de collaboration par l'intermédiaire d'une plate-forme Web spécifique. Car si le robot a été pensé à l’origine dans le cadre d'un projet interne de recherche, il s'est révélé comme une excellente plate-forme pour la robotique, exploitable dans d'autres domaines. « Dans le domaine de la recherche, nous avons déjà utilisé le Poppy pour étudier certains comportements de la marche et de l'apprentissage moteur. Dans le futur, nous souhaiterions poursuivre cette recherche mais aussi nous consacrer au domaine des interactions homme-robot. Il


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“La finalité première du Poppy n’est pas le divertissement mais bien la recherche. Il a été conçu pour permettre l’étude des mécanismes de la locomotion bipède…”

FICHE TECHNIQUE Nom : Poppy Type : robot humanoïde Poids : 3,500 kg Taille : 84 cm Actionneurs : vingt-cinq moteurs Robotix Équipements : capteurs de pression sous les pieds et sur la tête ; deux caméras grand angle ; un micro stéréo ; une centrale inertielle (IMU 9DOF) ; un écran LCD (quatre inches) pour la communication visuelle (émotions, instructions…). Coût de production : environ 7 500 €

Le Poppy montre ses semelles équipées de capteurs.

est également souvent utilisé dans des manifestations artistiques », toujours selon Manuel Lopes. En effet, dans le cadre d'un programme de résidence d’artistes intitulé Êtres et numériques, l'équipe de Flowers a travaillé avec un danseur et un artiste plasticien afin d'explorer les émotions, les perceptions des gestes et des mouvements du corps en utilisant le robot. Depuis ses débuts, sa fonction première est donc détournée au fur et à

mesure des expérimentations: plusieurs projets ont vu le jour dans le monde et dans des univers très variés (art, éducation, etc.). UN OUTIL PÉDAGOGIQUE L'équipe des développeurs voulait qu'il devienne partie intégrante de la formation dans les écoles. Depuis la rentrée 2014, c’est chose

faite : il enseigne aux étudiants (en particulier aux étudiants en ingénierie), le prototypage rapide et leur permet de s’approprier le monde numérique. Et des lycées investissent déjà dans le Poppy… « Comme la construction d’un robot nécessite des connaissances en électronique, automatique, programmation, mécanique et production industrielle, le Poppy est une plate-forme qui donne aux élèves une expérience multidisciplinaire. » Mais les développeurs ne veulent pas en rester là et la prochaine étape consistera à le doter d’une certaine curiosité et à rendre ses vingt-cinq moteurs open source (actuellement, ils doivent être achetés et on ne peut les programmer soi-même).

■Gaëlle Michineau

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GHOSTSWIMMER

LE REQUIN ROBOT DÉTECTEUR DE MINES

Le 12 décembre dernier, l’U.S. Navy nous informait avoir testé la veille un UUV (Unmanned Underwater Vehicle) à la Naval Amphibious Base de Little Creek (Norfolk, Virginie): le GhostSwimmer — développé par la société Boston Engineering.

Le GhostSwimmer : un appareil téléopéré via un câble de 150 m — pour un coût de 150 K$. — Le GhostSwimmer en action lors des tests menés par l’U.S. Navy le 11 décembre 2014. (Crédit : U.S. Navy photo by Mass Communication Specialist 3rd Class Edward Guttierrez III/Released.)

C’est un engin dont le déplacement s’inspire de la façon de nager du thon rouge — mais qui finalement ressemble plutôt à un requin… Selon ses concepteurs, ce modèle biomimétique, en comparaison des solutions traditionnelles, est plus flexible, plus agile et consomme moins d’énergie. Il évolue aussi bien en eaux peu profondes (25 cm) qu’à 90 m, avec la capacité de tourner sur lui-même dans un diamètre d’un mètre cinquante (sa longueur). Sa vitesse peut atteindre quinze nœuds (28 km/h) et son autonomie soixante-six heures s’il se limite à trois nœuds. UN BREAKTHROUGH TECHNOLOGIQUE ?

seille UMR7256, qui a travaillé sur ces sujets (y compris avec l’U.S. Navy), une autonomie de soixante-six heures à trois nœuds apparaît bien médiocre… Enfin, une mission à longue distance nécessiterait une intelligence embarquée dont ne dispose pas le GhostSwimmer car selon des contacts appartenant à l’US Navy, il n’est capable, sans son câble de pilotage, que d’effectuer des « ronds dans l’eau »… Il n’est donc finalement qu’un appareil téléopéré — via un câble de 150 m de longueur — pas très discret pour un sous-marin furtif ! (Quant à la percée technologique, des articles scientifiques traitent de ce genre de développements depuis le début des années 2000.)

terait plutôt vers des marchés comme l’inspection d’ouvrages d’art, la recherche de personnes disparues, les fouilles archéologiques, la prospection minière, l'inspection des coques de bateaux ou l'observation d'objets suspects sous l'eau… En conclusion, le professeur Leandri a déclaré : « Le GhostSwimmer est un engin qui est scientifiquement intéressant car il ouvre une voie vers le biomimétisme, mais ses performances sont assez modestes. Sa forme biomimétique ne lui confère pas de pouvoirs ou de performances extraordinaires. Il reste quand même une réussite scientifique intéressante mais n'est pas encore en mesure de surpasser d'autres engins autonomes, que ce soit dans les domaines de la vitesse et de l'autonomie ou ceux de la portée et de la charge utile. »

DES PERFORMANCES Boston Engineering n’hésite pas à parler d’un ASSEZ MODESTES… breakthrough (une percée) technologique : cet engin surpasserait l’actuel Remus 100, déployé Boston Engineering, qui envisage un tarif d’endans la plupart des marines du monde. Le ■Philippe Roussel viron 150 K$ pour le GhostSwimmer, s’orienGhostSwimmer permettrait d’effectuer des missions d’espionnage, de surveillance, de reconnaissance et de détection de mines. Mais alors, si l’appareil est destiné à des missions d’espionnage, pourquoi l’U.S. Navy l’a-t-elle ainsi dévoilé à la presse ? Selon des experts français, il présenterait peu d’intérêt pour les missions secrètes : les moteurs générant le mouvement de nage produisent un son régulier qui serait perçu par les sonars. De plus, selon le professeur Didier Léandri, du Laboratoire IGS CNRS Mar- L’UUV Remus 100S d’Hydroid, qui équipe déjà l’U.S. Navy. Il coûte 250 K$. (Crédit : Courtesy Kongsberg Maritime.)

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Le drone Serval sur le pont de L’Adroit. (Crédit : Marine nationale.)

LES DRONES MARINS

Le 17 décembre 2014 s'est tenu à Paris, au Centre d’études stratégiques de la Marine (CESM), dans l’enceinte de l’École militaire, un colloque dont le thème était Drones et robots en mer. L’occasion de débattre sur l'état de l'art et sur les interrogations et les perspectives qu’engendrent ces nouveaux membres d’équipage… Selon la définition du ministère de la Défense, communiquée dans le Journal officiel, un drone est un « engin mobile terrestre, aérien ou naval, sans équipage embarqué, programmé ou télécommandé et réutilisable. Les drones militaires sont équipés de systèmes d'armes ou de recueil de renseignements ». RETOURS D’EXPÉRIENCE Le capitaine de corvette Raphaël Burgun et Frédéric Schom, chef du département des drones navals à la DGA, ont commencé par évoquer les expériences menées par la Marine.

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— Expérimentation SERVAL (programme SDAM : Système de drone aérien de la Marine) Il s’agissait d’élaborer des concepts et de définir les emplois des drones. Pour cela, l’armée a utilisé un unique drone aérien, le Camcopter de la société autrichienne Schiebel, pesant 200 kg et disposant de cinq heures trente d'autonomie de vol. Il opérait à partir du patrouilleur L'Adroit (l’antenne de liaison se trouvait dans le mât) et les opérateurs, au nombre de quatre, occupaient un poste sur la passerelle, sauf le technicien d'appontage. L’appontage était semi-automatique : le drone se positionnait automatiquement dans le sens

du vent, les opérateurs choisissant de monter ou descendre. Il pouvait être exécuté sous un vent de vingt-cinq nœuds au maximum. L’entraînement s’était déroulé à terre et l’expérimentation était faite en autonomie (le personnel, après formation par l’industriel, étant celui de l'armée). Enfin, le système avait été acheté sur étagère et n’était pas conçu initialement pour une utilisation en mer. (Cette contrainte a généré des charges supplémentaires.) Le coût global de l’opération s’est révélé largement inférieur à celui qu’aurait engendré l’utilisation d'un hélicoptère classique et le passage au pilotage d’un drone, relativement aisé pour


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“L’appontage était semi-automatique: le drone se positionnait automatiquement dans le sens du vent, les opérateurs choisissant de monter ou descendre. Il pouvait être exécuté sous un vent de vingt-cinq nœuds au maximum. L’entraînement s’était déroulé à terre et l’expérimentation était faite en autonomie.” qui est important car cela permet de se libérer d'importants besoins en ressources.) — Expérimentations dans le cadre de la lutte contre les mines (SLAMF : Système de lutte anti-mine futur) De nombreux investissements ont été réalisés depuis dix ans… • 2005-2008 : un démonstrateur pour la capacité de déminage. Un prototype a été employé par la France et l’autre, par la Norvège. (Le drone explosait avec la mine.) • 2006-2010 : un AUV (Autonomous Underwater Vehicle : véhicule autonome sous-marin) de GDM (guerre des mines). Il s’agissait d’un sousmarin équipé d'un sonar latéral. La fiabilité a été prouvée, avec huit cents heures de mission et une qualité des images remarquable. • 2009-2013: un USV (Unmanned Surface vehicle ou véhicule de surface sans pilote) lourd de GDM. Il s’agissait du projet Espadon, pour la récupération d'engins autonomes sous-marins avec un véhicule de surface lui-même autonome (sa charge utile était donc constituée des AUV eux-mêmes).

Le Camcopter S-100 de Schiebel (Crédit : Schiebel.)

• 2009-2013 : un USV léger de GDM. Il s’agissait d’une expérimentation franco-singapourienne employant un système de télécommunications pour le repérage. — Les utilisations opérationnelles • 2012 : un AUV de GDM sur le bâtiment d’expérimentation Thétis. Premier AUV opéré par la Marine à être équipé d’un sonar SAS. Essai d'AUV pour les groupes des plongeurs démineurs. Six véhicules ont été livrés, équipés de sonars latéraux. • 2008-2013 : programme Daurade (lutte sousmarine). Le drone avait en charge utile un REA discret (avec sonar multifaisceaux et sondeur de sédiments). Ce programme a démontré la possibilité de l’adaptation de la mission à la charge utile en cours de mission. Le drone pouvait communiquer avec un opérateur à terre, qui validait alors la planification de l'opération. Frédéric Schom, Vincent Rigaud, le capitaine de corvette Colomban Lebas et le capitaine de corvette Raphaël Burgun…

un opérateur d'hélicoptère. De ce fait, la Marine considère maintenant qu'elle est capable de passer à une force de drones importante. L’emploi du drone a été testé en opération (migration, surveillance des pêches). Il ne possédait pas de radar propre mais a permis de doubler la surface de la zone de surveillance couverte par L'Adroit. Il pouvait transmettre de la vidéo en temps réel, y compris en infrarouge. (Et il est également utilisé par la marine italienne.)

— Une seconde expérimentation a été réalisée avec un minidrone à voile fixe. Il s’agissait de définir les modalités de récupération dudit drone et d’intégration de ses systèmes (antenne, batterie, etc.). La récupération s’est faite par filet (6 x 5 m) en 2014 puis par atterrissage en 2015, sur l'aviso Commandant Bouan. Vingt-huit approches et huit récupérations ont eu lieu, confirmant la faisabilité de l'opération. (La récupération se faisait en mode automatique, ce

• 2004-2009 : USV Spartan Scout. Il utilisait un sonar flash. Une expérimentation en collaboration avec les États-Unis, qui la continuent seuls. • Depuis 2012 : les planeurs sous-marins. Ils ont un avantage : l’absence de motorisation — mais doivent tout de même régulièrement faire surface pour transmettre de l'information. Ils sont aussi utilisés dans le domaine civil et peuvent réaliser des enregistrements acoustiques. • 2012-2016 : sécurisation des ports et donc

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LES DRONES MARINS “Quant aux AUV de surveillance, ils sont deux : AsterX et IdefX. Notamment employés pour la surveillance des pipelines, ils ont montré une grande efficacité (soixante-dix à cent plongées par an).”

Le Camcopter S-100 (le Serval), se préparant à apponter le patrouilleur L'Adroit. (Crédit: Marine nationale.)

Le drone porte-drone Sterenn Du, lanceur d'AUV. (Crédit: Marine nationale.)

évaluation du potentiel opérationnel des drones de surface. Il s’agit de tester l'authentification des bâtiments. En cas d’anomalie, le drone émet des alarmes lumineuses et sonores et lance des fusées d'alerte. PREMIÈRES CONCLUSIONS Tous ces retours d'expérience ont montré que les améliorations principales à apporter concernent l'intelligence des engins (autonomie décisionnelle, adaptation du comportement, évitement des obstacles) et la fiabilisation de la récupération. La première utilisation d’un drone sous-marin par l'IFREMER est intervenue il y a trente ans.

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Aujourd’hui, les drones sont employés dans de multiples domaines civils : sciences, archéologie, ressources géologiques, physique, chimie… Vincent Rigaud, le tout nouveau directeur du Centre IFREMER Méditerranée a d’ailleurs rappelé l’impressionnante expérience de l'organisme de recherche dans ce secteur et quelques faits fondamentaux. En premier lieu, pour bien évaluer le coût du système dans son environnement, il faut comptabiliser le navire, partiellement spécialisé. L’industrie est actuellement soumise à un regroupement entre le constructeur et l’opérateur et aujourd'hui, c'est le service qui est rémunérateur et la tendance vers le low cost, vers le « perdable ». Et ce qui concerne l’utilisation

ou la réutilisation des systèmes de l'IFREMER par l’armée,Vincent Rigaud confirme qu’il existe des accords de coopération sur la technologie et des opérations croisées mais que les cahiers des charges sont nettement différents. (Il peut y avoir coopération fonctionnelle mais les coûts et les calendriers ne sont pas les mêmes.) Quant aux AUV de surveillance, ils sont deux : AsterX et IdefX. Notamment employés pour la surveillance des pipelines, ils ont montré une grande efficacité (soixante-dix à cent plongées par an). Leur manipulation réclame la présence de trois techniciens et l’énergie est délivrée par une batterie lithium-ion. Complètement opérationnels pour des missions simples, ce sont des AUV d'intervention — des hybrides au déploiement autonome mais sous contraintes. Ils peuvent intervenir jusqu’à 2 800 m de profondeur. (Le projet européen ALIVE vise à améliorer ces équipements : il s’agit de connecter des bras sur les structures habituellement utilisées.) PROBLÉMATIQUES ET PERSPECTIVES À QUINZE ANS Le capitaine de corvette Colomban Lebas, enseignant à Sciences Po, les capitaines de frégate Olivier Lebas et Marc Aussedat, Sophie Vacher, directeur stratégie engagement combat à la DGA et le Dr Océane Zubeldia, chargée d'études à l'INSERM, ont décrit les problématiques rencontrées par le déploiement des drones et dégagé quelques perspectives de développement pour les prochaines années… L'emploi des drones pose des problèmes éthiques et opérationnels. La conduite à distance est un avantage important, comme la létalité de précision sans engagement physique. Les drones sont toujours plus endurants et plus rapides, évoluent vers une plus grande furtivité et une plus grande létalité (avec autonomisation de la fonction létale). Mais à côté de ces avantages, leur plus grande diffusion dans le monde est synonyme de danger… Car pour le grand public, il y a confusion entre les assassinats ciblés et l'usage des drones : la létalité à grande distance peut être obtenue par d'autres moyens.


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“La première utilisation d’un drone sous-marin par l'IFREMER est intervenue il y a trente ans. Aujourd’hui, les drones sont employés dans de multiples domaines civils.”

L'USV Spartan Scout et son pilote à la télécommande ; il est utilisé ici par l'armée états-unienne. (Crédit : PHAN Justin McGarry.) — À droite… Le sousmarin robotisé Victor 6000 de l'IFREMER. (Crédits : Olivier Dugornay — IFREMER.)

Les AUV de l'IFREMER : l’AsterX et l’IdefX. (Crédit : IFREMER.)

La définition des cibles est elle du ressort de l'utilisation du Big Data… La technologie n'inciterait-elle pas à agir sur la base de présomptions, à partir d'indices statistiques ? Autre problématique, la latence. Elle est seule-

ment de quelques secondes mais peut entraîner des bavures. À la question de l'autonomie éventuelle du drone, on pourrait répondre que si le drone respectait mieux le droit de la guerre que le soldat, il faudrait le préférer à ce dernier sur

le théâtre des opérations. L'utilisation des technologies aboutira-t-elle à définir des conséquences éthiques ou, au contraire, à se défausser de ces questions ? La question reste ouverte… Une attention particulière a été portée sur la nécessité de distinguer le drone du système auquel il est attaché. Le drone est un outil de substitution en milieu inhospitalier ou hostile — la mer — et permet de ne pas exposer des vies humaines. Il fournit également des capacités de perception plus importantes et la faculté de contourner l'avantage militaire de l'autre. En fait, il faut définir la place de l'homme et savoir jusqu'où l’on veut pousser l'automatisation du système. À cela, les limites technologiques apportent une réponse : un suivi complet exige un déploiement plus important de capteurs. L'arbitrage se fait également par le budget. L'achat d'un nombre limité de drones oblige à maintenir l'homme dans la boucle. Aujourd'hui, en matière de détection et donc de prise de décision, la capacité de sortir des signaux faibles reste humaine. L'évolution se fait dans l'augmentation des capacités de fournir des informations pertinentes. La mise en action des moyens est la conséquence d'une décision politico-militaire. Il n'y a pas automatisation de la décision, puisqu'il n'y a pas d'automatisation du politique. Le drone ne doit pas perturber l'intervention que l’homme politique a ordonnée (comme par exemple l’ouverture du feu par erreur). Il fait bien dire que l'art de la guerre est difficilement modélisable : le drone est un facilitateur mais ne se substitue pas aux armes classiques. Les produits technologiques proposés doivent

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“Depuis 2012 : les planeurs sous-marins. Ils ont un avantage: l’absence de motorisation — mais doivent tout de même régulièrement faire surface pour transmettre de l'information. Ils sont aussi utilisés dans le domaine civil.”

être revus en fonction des besoins exprimés. À l’évidence, un drone sous-marin ne peut pas communiquer facilement et la tentative d'automatisation montre que la recherche de mines en autonomie n'est pas concluante… (Une approche intermédiaire consiste à utiliser un outil téléopéré.) La problématique de la déshumanisation des actes létaux n'est pas nouvelle : en 1139, le concile de Latran II excluait déjà l'emploi de l'arbalète à l’encontre des chrétiens, sous

Le Dr Océane Zubeldia, Sophie Vacher, le capitaine de corvette Lebas, les capitaines de frégate Olivier Lebas et Marc Aussedat…

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“Tous ces retours d'expérience ont montré que les améliorations principales à apporter concernent l'intelligence des engins (autonomie décisionnelle, adaptation du comportement, évitement des obstacles) et la fiabilisation de la récupération.”

Il ne faut pas oublier que les lois de finances imposent une politique d’achat sur étagère. C’est ce qui a été fait avec le TANAN 300, le ScanEagle et le DVF200. Ensuite, des expérimentations seront nécessaires pour savoir comment ils pourront être déployés. (Selon les porte-parole de la Marine, l’engin complètement autonome ne sera pas prêt avant quinze ans…) Des expérimentations avec des drones munis d’une voilure fixe ont eu lieu il y a quelques années. Les machines n’ont pas été retenues à cause de l'impossibilité d’un appontage sur une frégate… Les drones à changement de milieu relèvent du domaine expérimental (ils nécessitent des matériaux intelligents) — mais il n’existe pas de programme européen. Et les forces armées françaises récusent l’accusation de frilosité quant à l’emploi des drones ; la capa-

Le TANAN 300, d'Airbus Industrie. — À droite, Le ScanEagle.

peine d'excommunication… Enfin, des études états-uniennes montrent que l'emploi de drones pour la résolution de problèmes terrestres n'est pas d'un grand apport et se révèle nuisible en termes d'image. TECHNOLOGIES ET INNOVATION Des retombées technologiques importantes de l'usage des drones ont eu lieu en termes de matériaux. En matière budgétaire, le drone apporte un gain certain d'heures de vol mais implique en revanche des coûts de développement, de maintenance et de conservation importants et la contrainte d’employer un personnel spécialement formé. Et il existe de nombreux « trous » dans le domaine réglementaire — qui constituent un frein au développement. Car même s’il n’y a plus de véritable difficulté technologique, il faut se poser les bonnes questions, au début, pour choisir entre l’utilisation de drones spécialisés ou de drones polyvalents. Les drones polyvalents coûtent cher : l'analyse des coûts et des bénéfices se révèle indispensable. Actuellement, en France, il n’y a pas d'effort concernant la mise en place de plates-formes propulsées de surface ou en dessous de la surface. De nombreux composants technologiques utilisés dans les bâtiments habités sont très au

point. Dans ce cas, ils sont réutilisés (sonar, guerre électronique, radar…). L’emploi de drones téléopérés implique une communication à distance. Le travail sur l’encapsulation des messages, nécessaire à la réussite des opérations, est bien avancé. Nous assistions à une rupture stratégique et technologique : l'exercice de la puissance navale s'est déplacé vers la surveillance de la menace terroriste, qui réclame des interventions plus près des côtes. Le rôle principal des drones consiste alors à augmenter la capacité de surveillance d’un navire. Une expérimentation a eu lieu avec le Camcopter du constructeur autrichien Schiebel : on a procédé à cent soixante-dix heures de vol et à trois cents appontages à partir du patrouilleur L’Adroit. L'objectif final consistait à connaître les possibilités d'utilisation et les modalités d'intégration dans le combat naval (problèmes de disponibilité de place sur le navire, d’utilisation des bandes de fréquence, etc.). (Les techniques d'appontage et de décollage étaient parfaitement réglées.)

cité de décision doit pourtant être le fait de la chaîne de commandement. Pour cela, il faut que tout change, y compris la doctrine d'emploi. Car pour avoir de nombreux usages, il faut spécialiser beaucoup si l’on veut conserver le budget. Or, la ligne budgétaire pour les drones est réduite, ce qui supposerait un faible nombre de drones. Et avec peu de drones, il faudra qu’il existe une polyvalence certaine : entre mutualisation de l’armement et différenciation des actions à mener, ces concepts sont difficilement conciliables… La solution pourrait passer par une concentration des moyens pour une utilisation à meilleur escient. Le drone n'est pas destiné à l'intervention pour l'instant. L’usage de flottilles de drones reste à envisager, pour augmenter l'efficacité d’une mission, avec peut-être l’utilisation de drones « maîtres ». Quant aux projets de mise en œuvre de drones sous-marins lancés d'un submersible, ils ne verront pas le jour avant quinze ans… ■Nicolas Denis

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POUR ÉTUDIER LES ANIMAUX

Approcher des animaux pour les étudier peut parfois se révéler une importante source de stress pour eux. Afin de pallier ce problème, des chercheurs de l’Institut pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC) et du Centre scientifique de Monaco (CSM) ont eu l'idée d'utiliser un robot pour observer des manchots. Avec des résultats très probants et très encourageants pour la recherche… Les conclusions de l'expérience ont été publiées le 2 novembre 2014 sur le site Nature Methods : la robotique peut aider la recherche scientifique ! L'idée est partie d'un constat simple : les bagues qui sont posées sur les ailerons des manchots afin de collecter des données les gênent… Une étude publiée dans la revue Nature a ainsi prouvé que cette bague diminuait de 40 % leur succès en matière de reproduction et de 16 % leur survie sur dix ans. (Les chercheurs utilisaient un transpondeur, implanté sous la peau, qui pèse moins d'un gramme, et s’active par radiofréquence par RFID [Radio Frequency Identification] et doit donc être « scanné » à une distance très réduite : une quarantaine de centimètres au maximum… Jusqu'à aujourd'hui, il était donc nécessaire d'envoyer un être hu-

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main muni d'un lecteur RFID manuel dans la colonie de manchots afin de collecter les données. Un processus qui traumatisait les sphéniscidés. Il était temps pour le robot d’entrer en scène !) LE ROBOT MOINS STRESSANT QUE LE SCIENTIFIQUE… L'expérience a été menée sur l’île de la Possession, dans l’archipel subantarctique des îles Crozet. Les scientifiques ont équipé les animaux d'un enregistreur de fréquence cardiaque afin de vérifier si le robot aussi était lui aussi source de stress. Les manchots royaux qui couvent leurs œufs voient certes leur rythme cardiaque augmenter à l'approche du rover (mais il redescend très rapidement dès que l'engin s'arrête). « C'est quelque chose que nous ignorions totale-


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“L'expérience a été menée sur l’île de la Possession, dans l’archipel subantarctique des îles Crozet. Les scientifiques ont équipé les animaux d'un enregistreur de fréquence cardiaque afin de vérifier si le robot aussi était lui aussi source de stress.” qu'un simple l'homme…

engin

télécommandé

par

UN NOUVEAU CHAMP D'OBSERVATION À l'origine, ce système de collecte avait été conçu pour observer comment les manchots s'adaptaient ou non au réchauffement climatique. Mais aujourd'hui les résultats obtenus sont tels qu'il ne restera probablement pas cantonné aux manchots bien longtemps ! La robotique pourrait dans un futur proche devenir un composant essentiel de la recherche scientifique sur les animaux. La piste de l'identification de mammifères marins comme les éléphants de mer est déjà évoquée. Et au-delà de la simple identification, on peut aussi penser à l'enregistrement des sons émis et à l’étude des moyens de communication des animaux. Pouvoir s'approcher si près sans per turber ouvre un champ de possibilités extrêmement Gros plan sur le robot. (Crédits photo : Frédérique Olivier/John Downer Productions.)

ment ! Les manchots empereurs ne réagissent que lorsqu'il y a du mouvement », s'enthousiasme Yvon Le Maho, un chercheur de l’IPHC. Ensuite, le manchot, qui n'identifie pas le véhicule comme une menace directe (ce à quoi l'homme est identifié), l'oublie aussitôt. Quand un individu humain s'approche, il faut huit minutes pour que la colonie se réorganise et que les rythmes cardiaques reviennent à la normale… La réaction des manchots empereurs a aussi été étudiée dans le district de La Terre-Adélie, à proximité de la base scientifique française Dumont-d'Urville. Pour eux, qui n'ont pas de territoire fixe, le robot s'est également révélé utile. Seule différence : pour que les manchots ne reculent pas, il a fallu orner le véhicule d'une peluche de poussin ! « Ces oiseaux n'ayant pas d'odorat, ils font surtout confiance à leur vision, extrêmement développée », explique encore Yvon Le Maho… Une vision extrêmement développée mais pas suffisante donc pour remarquer que le rover coiffé d'une peluche n'est pas exactement l'un des leurs… Ils ont même essayé de communiquer avec lui ! PLUS LÉGER ET PLUS PERFORMANT L'étude a été effectuée durant plusieurs saisons depuis 2009. Commencée avec un robot de 40 kg (40 x 40 x 40 cm), elle se fait maintenant grâce à un cube de 30 cm, beaucoup plus léger. Mais c'est surtout la méthode employée pour scanner le transpondeur qui a évolué. À l'origine, la surface de détection n'étant que de 0,03 m², il fallait que l'animal restât immobile plusieurs secondes… Aujourd'hui, le robot est

Ainsi vêtu, le robot passe presque inaperçu sur l'île de la Possession… (Crédits photo : Frédérique Olivier/John Downer Productions.)

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équipé d'un lecteur RFID d'une surface de détection de 0,24 m² qui couvre le devant et les côtés. Résultat : il est désormais possible de récolter les données de trois manchots par seconde et cela sans avoir besoin de les immobiliser ! Équipé d'un système de contrôle Futaba 2.4GHz FASST, le véhicule peut être télécommandé jusqu'à 200 m de distance et son autonomie est d'une quarantaine de minutes. La prochaine étape, selon Le Maho, consistera en un robot capable de travailler en totale autonomie. Car pour l'instant, ce « robot » n'est encore

intéressant pour la recherche. Il faut également insister sur le côté éthique d'une telle démarche, en plus de l'intérêt purement scientifique. En tout cas, cette approche a tellement étonné qu'un film a été tourné avec la société britannique John Downer Productions, spécialisée dans le documentaire animalier. Il s'intitule Spy in the Huddle et a même fait l’objet d’une communication dans la revue scientifique Nature.

■Kévin Trublet

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START-UP D‘IMPRESSION 3D DE MOBILIER PERSONNALISABLE

Lancée en mars dernier, Drawn vous propose de créer votre mobilier à l'aide d'une imprimante 3D. Mais pas n'importe laquelle !… L'originalité de cette start-up lyonnaise réside dans l'utilisation d'un bras robotisé industriel qui permet d’exécuter facilement des impressions à grande échelle. Imaginée par Sylvain Charpiot, un ingénieur Arts et Métiers, et Samuel Javelle, un designer et un chercheur, la société propose depuis mars dernier une option locale pour la fabrication de meubles design. Mais comment l'idée de créer Drawn leur est-elle venue ? « Un recentrage sur mes envies premières m'a permis d'aborder le monde du design et du mobilier, pour lequel j'avais une attirance. Puis l'envie de recréer une expérience, de créer et de voir fabriquer plutôt que de cliquer et de consommer m'a animé. C'est ainsi que l'idée d’une imprimante 3D m'est venue », explique Sylvain. UN PROJET MÛREMENT RÉFLÉCHI Cette idée lui trottait dans la tête depuis un moment mais le projet ne s'est concrétisé qu'au

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moment où il fit la connaissance de Samuel Javelle dans un fab lab de Lyon. Et démarra réellement après leur rencontre avec Arnaud Montebourg, qui les mit en relation avec des industriels afin de les aider à développer leur robot, Galatéa. Ainsi baptisé d'après le nom d'une nymphe marine de la mythologie grecque, ce robot de deux tonnes possède six axes de rotation, ce qui lui permet d'avoir un mouvement précis et fluide pour accomplir une impression. Il est également équipé d'un extrudeur, pour les finitions. L'impression des meubles se fait par le procédé de dépôt de fil chaud, qui consiste à empiler plusieurs couches de plastique fondu les unes sur les autres. « Galatéa se compose d'un robot industriel six axes au bout duquel j'ai ajouté un extrudeur plastique. La machine fonctionne ainsi comme


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“Pour le moment, la start-up se concentre sur trois types d’activités, tournant donc autour de l’impression de meubles.” Le principe de dépôt de fil chaud — le Fused Deposition Modeling — est en fait un procédé relativement ancien… Il a été inventé dans les années 1980 par Scott Crump, un des cofondateurs de l'entreprise Stratasys. Ce procédé est surtout utilisé dans l'industrie où il est aussi bien appliqué aux métaux qu'aux matières plastiques. Les points forts de ce procédé : la rapidité et un coût assez faible. (Il est notamment utilisé dans la fabrication de pièces détachées pour les armes à feu et par de nombreuses imprimantes 3D.) Galatéa en action lors d'une Maker Faire, en présence de Fleur Pellerin.

L'équipe de Drawn est composée de Sylvain Charpiot, de Samuel Javelle et du robot industriel Galatéa.

une simple imprimante 3D. Nous avons d’ailleurs étudié le code de manière à pouvoir commander le robot comme une imprimante 3D. Ainsi, une fois l'objet modélisé sur un logiciel de 3D, nous pouvons le créer en live », précise Sylvain Charpiot. « Notre souhait est donc de proposer très rapidement du mobilier “paramétrique“ pour ajouter une possibilité dans la personnalisation et conserver un design connu et apprécié pour ceux qui n’auraient pas la confiance de se lancer dans une création. Pour l’instant, il n’y a pas de post-traitement. L’objet est ready for use cinq minutes après le process, le temps que tout le matériau ait bien durci via le refroidissement. Mais nous travaillerons pour peut-être ajouter un post-traitement afin de supprimer l’aspect boudiné », avait expliqué Sylvain il y a quelques mois, dans une interview accordée au site www. priximprimante3d.com… Outre la personnalisation et la rapidité d’exécution, une semblable impression de meubles présente d'autres avantages comme la possibilité de produire localement afin de réduire les coûts et la chaîne de production. Mais un des autres objectifs de Drawn est de mettre l'accent sur le recyclage des matériaux : « Le matériau utilisé est pour l’instant l’ABS (un polymère thermoplastique, NDLR) mais nous effectuons déjà des tests sur d’autres matériaux innovants. Car notre rêve de proposer de la personnalisation de mobilier design doit aussi comporter une personnalisation dans l’aspect des matériaux. Aussi étudions-nous très sérieusement la recyclabilité desdits matériaux pour conserver une empreinte écologique diminuée au maximum. »

Les meubles commandés sur Drawn seront entièrement personnalisables : ici, un cheval à bascule.

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su de N DES PERSPECTIVES NOMBREUSES Pour le moment, la start-up se concentre sur trois types d’activités, tournant donc autour de l'impression de meubles. Tout d'abord, leur service de meubles à la demande — qui se fait soit par l'envoi d’un fichier à la start-up ou directement sur le site Internet — ; des formations en matière de design pour apprendre à créer son propre mobilier mais aussi en savoir plus sur le design et l'impression 3D ; et pour finir, si vous n'avez pas l'esprit créatif, vous pouvez toujours jeter un œil sur les articles déjà existants. Les prix sont assez proches des prix ordinaires du mobilier design et dépendent de la taille de

la commande. Les chaises déjà façonnées coûtent environ 600 € et il est possible d’acquérir différents articles pour une centaine d'euros. La start-up Drawn n'en est qu'à ses débuts mais a déjà fait beaucoup parler d'elle : Sylvain et Samuel ont participé à un grand nombre d’événements et ont notamment remporté différents prix lors de la Maker Faire de Paris, qui s'est déroulée en juin. L’entreprise ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et de nombreux projets concernant le développement technique de Galatéa et l'ouverture d’une boutique physique sont au programme… ■Mélanie Yèche

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LES PORTES OUVERTES DE L’IMERIR LA DÉMONSTRATION DES COMPÉTENCES DE L’ÉCOLE

L’Institut méditerranéen d’étude et de recherche en informatique et robotique (IMERIR) a ouvert ses portes au public le samedi 31 janvier — afin de mettre en évidence le savoir-faire de ses élèves de première année et l’excellence de la formation qu’il dispense. Associée à cet événement, Robot Éducation avait organisé en parallèle la compétition régionale de VEX Robotics… DES PROJETS ESTUDIANTINS À MENER DANS UN TEMPS TRÈS COURT Les étudiants de l’IMERIR qui n’étaient pas partis en stage avaient formé des groupes afin de mener à bien leurs projets robotiques. Le délai accordé à l’accomplissement de leur tâche était très court et correspondait à la durée du stage en entreprise des autres étudiants, c’est-à-dire six semaines… Ils devaient donc choisir leur projet, le gérer et le finaliser pour la journée portes ouvertes. Une bonne répartition du tra-

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vail (même la communication autour de l’événement et la publicité des projets étaient gérées dans chaque groupe par un étudiant spécialement désigné) constituait un facteur essentiel. Certains avaient fait la promotion de cet événement un peu partout dans la région et des médias comme France 3 (qui lui avait consacré un reportage la veille même des portes ouvertes) avaient été alertés. « La gestion du projet est la pierre angulaire du travail des étudiants, nous tenons à ce que nos étudiants soient capable d’affronter cette tâche sereinement », m’a même dit

un des professeurs, visiblement fier des résultats obtenus par ses élèves. QUELQUES-UNS D’ENTRE EUX… Dès l’entrée dans le bâtiment hébergeant les stands de la journée portes ouvertes, les visiteurs étaient accueillis par la tête d’un robot que nos lecteurs connaissent bien, l’Aria de Cybedroïd. Appelée ici Josiane, ladite tête prenait la parole et proposait deux activités : le jeu et la lecture. Les étudiants qui avaient mis au point ce projet mettaient à rude épreuve le savoir des


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“Certains avaient fait la promotion de cet événement un peu partout dans la région et des médias comme France 3 avaient été alertés.”

Une tête de robot Aria déclamant des citations historiques à l’intention des visiteurs.

visiteurs en matière de citations historiques et littéraires. (Le robot commençait par dire la citation dans la langue de l’auteur et demandait à son interlocuteur s’il la reconnaissait. Si ce n’était pas le cas ou si la réponse était erronée, il formulait alors sa tirade dans la langue de Molière et redemandait l’identité de l’auteur. Pour ma part, j’ai reconnu Shakespeare et To be or not to be — mais j’ai eu plus de mal avec un discours de Winston Churchill !…) La seconde activité proposait au robot la lecture d’un texte en lettres d’imprimerie. Même s’il commettait quelques erreurs dans la reconnaissance de certains mots, à cause du manque de lumière, on voyait tout de même qu’il était sur la bonne voie. (Les étudiants de ce groupe nous expliquèrent qu’ils avaient utilisé un assemblage de librairies mises à disposition dans le kit de développement de Cybedroïd et que même si le langage utilisé, C Sharp, constituait pour eux une découverte, ils n’avaient pas eu trop de mal à mettre au point leur projet…) Un autre groupe, formé de sept élèves, devait reproduire en moins de six semaines le robot open source InMoov. Tard dans la nuit précédant l’événement, ils en étaient encore à peaufiner les derniers détails ; et le résultat s’est révélé plutôt concluant. À l’aide d’une imprimante 3D UP ! Mini, l’équipe avait fabriqué une bonne partie des pièces du robot et afin d’aller plus vite, d’au-

tres avaient été imprimées sur des machines extérieures. (En effet, chaque élément réclamait une impression de longue durée et les pièces étaient vraiment nombreuses : le robot humanoïde représente quand même l’équivalent du buste, des bras et de la tête d’une personne adulte… Une fois toutes les pièces imprimées, il fallait les assembler avec les parties non imprimées comme les servomoteurs, les fils, les caméras et les cartes informatiques. L’équipe avait eu la bonne idée de filmer en accéléré le montage au moyen d’une caméra placée au-dessus de la table de travail, ce qui donnait une idée du fourmillement de l’activité. Enfin, l’installation des programmes — téléchargés sur le site officiel du robot libre — permettaient de lui donner vie. Le public fut conquis par l’InMoov mimant les gestes des visiteurs passant devant lui, chacun d’entre eux tentant de capter son attention ; ce qu’il voyait apparaissait sur un écran disposé juste à côté.)

“Les visiteurs étaient accueillis par la tête d’un robot que nos lecteurs connaissent bien, l’Aria de Cybedroïd. Appelée ici Josiane, ladite tête prenait la parole et proposait deux activités : le jeu et la lecture.”

L’IMERIR s'exporte L'IMERIR développe, dans le cadre d’un partenariat avec l’IFA Delorozoy, la certification de chef de projet informatique et robotique. Cette offre permet pour la première fois la possibilité de se former, en alternance, à niveau bac + 5, dans le domaine de la robotique sur le territoire de l’Île-de-France. Cette formation réalisée en partenariat avec des entreprises spécialisées dans la robotique ou l’automatique se déroule sur trois années à partir d’un bac + 2. Elle prépare aux métiers de l’ingénierie robotique.

De deux projets peut en naître un autre, plus ambitieux ! Deux groupes d’étudiants (l’un ayant conçu un projet original pour l’utilisation d’un robot sur roues WIFIBot de dernière génération et l’autre une manière inédite de manipuler un bras robotique Lynxmotion) ont eu l’idée de monter le bras sur le WIFIBot et de bénéficier ainsi de deux plates-formes dans les deux projets… Le groupe Lynxmotion a développé une application permettant de piloter à distance le robot, tout comme le bras, par la gestuelle des mains (il pouvait se déplacer librement tant qu’il recevait le signal WiFi maître) ; le bras manipulateur, installé sur le dos, pouvait attraper n’importe quel objet relativement léger… Le groupe WIFIBot, lui, a développé un algorithme permettant au robot de s’aventurer dans un labyrinthe formé par des cartons, en se servant de ses multiples capteurs sensoriels. Il devait y trouver un petit cube rouge — à saisir grâce au bras Lynxmotion. La multiplication des platesformes dans un seul projet procurait aux deux groupes la faculté de travailler en collaboration et de partager les informations. Seul problème : l’utilisation des deux robots était soumise à une alternance…

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LES PORTES OUVERTES DE L’IMERIR “Un autre groupe, formé de sept élèves, devait reproduire en moins de six semaines le robot open source InMoov.Tard dans la nuit précédant l’événement, ils en étaient encore à peaufiner les derniers détails.”

Un robot WIFIBot et un bras Lynxmotion, reliés pour le compte de deux groupes d'élèves.

Un robot open source InMoov opérationnel, reproduit par sept élèves de l’IMERIR en moins de six semaines.

L’IMERIR détenait trois WIFIBot de première génération qui n’étaient plus fonctionnels. L’idée du groupe d’étudiants qui s’intéressait plus particulièrement à l’électronique était d’essayer, à partir de ces trois robots, d’en construire un non seulement fonctionnel mais également doté de capacités proches de celles des modèles actuellement commercialisés. Il s’agissait donc de réparer et de faire du retro-engineering, du remplacement de pièces défectueuses ou obsolètes et de développer des capacités nouvelles en utilisant comme base une carte Raspberry Pi. (Cette dernière émule désormais certains composants retirés, tout en améliorant leur principe.) Et finalement, ce n’est pas un

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seul robot qui a été remis en service — mais deux, qui ont été upgradés de façon très ingénieuse. Un des étudiants, très humble, nous a expliqué que la tâche avait été plus facile sur un des robots — qui n’avait finalement subi que fort peu de dommages… Le long d’un mur, un robot prenait un peu plus de place, non parce qu’il était très gros mais parce que sa cage de protection aux parois de verre représentait une surface au sol non négligeable… Comme vous l’avez probablement compris, il s’agissait d’un robot industriel dénué de capteurs de présence et travaillant à l’intérieur d’une cage afin de ne blesser personne. (Sa vitesse d’exécu-

tion avait été diminuée pour l’empêcher de propulser une pièce hors de l’enceinte réservée.) Le groupe d’étudiants chargé de ce projet industriel, avant de faire quoi que ce soit avec le robot, avait virtualisé ce dernier sur un logiciel de simulation. Signalons au passage que KUKA ne fournissait pas les modèles numériques de certaines parties du robot (comme la pince) et les étudiants ont donc dû les reproduire à l’aide de logiciels 3D par le biais du simulateur. Une fois ce travail terminé, ils commencèrent à développer les trajectoires pour l’exécution de la démonstration qu’ils avaient élaborée: le robot virtuel devait ramasser, une par une, des pièces oblongues placées dans un carquois et comportant une extrémité plate et une autre convexe avant de les déposer dans des réceptacles ad hoc (en creux) afin qu’elles tiennent droit. Une fois ces actions accomplies, il remettait une à une les pièces dans le carquois avant de recommencer la démonstration — et ainsi de suite… (Lorsque la procédure fut complètement au


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“Le Riberal de Saint-Estève était fier de montrer, par le biais de son club de robotique interne, un second prototype de robot inspiré par le Wall-E du célèbre dessin animé de Pixar. ”

Le Wall-E en bois du collège Le Riberal de Saint-Estève.

point, les étudiants purent tester en grandeur nature et avec succès le résultat avec le bras KUKA à leur disposition.) Une autre équipe s’était penchée sur les objets connectés et avait mis au point une barrière s’ouvrant automatiquement à l’arrivée d’un véhicule muni d’un émetteur. Produit à une petite échelle, ce prototype utilise des pièces imprimées en 3D et des cartes Arduino, parfaitement adaptées à ce type de projet. Deux NAO d'Aldebaran Robotics exécutaient des chorégraphies (ce qui intrigue toujours les visiteurs). Et les étudiants proposaient des comportements inédits. Enfin, un dernier groupe avait pour ambition de démontrer les capacités des robots LEGO Mindstorms. Les étudiants avaient donc conçu de petits robots joueurs de football pilotés à distance par des télécommandes — également construites avec les célèbres briques et la brique intelligente EV3. Les joueurs pouvaient aussi activer un gardien qui, durant quelques instants, empêchait les adversaires de rentrer la balle dans le but. (Le score était géré par un système entièrement automatisé, situé sur le côté du terrain.) Cette démonstration a très certainement éveillé des vocations dans le jeune public et fait naître le désir de se procurer au plus vite un kit de développement de robots LEGO. LES ÉTABLISSEMENTS ET LES ASSOCIATIONS PARTENAIRES INVITÉS L’association Les Petits Débrouillards avait développé et proposait en direct un robot monté sur trois roues et muni d’une pince. De son côté, le collège Le Riberal de Saint-Estève était fier de montrer, par le biais de son club de robotique interne, un second prototype de robot inspiré par le Wall-E du célèbre dessin animé de Pixar. Alors

Les étudiants n'ont qu'à lever la tête pour découvrir le pic du Canigou, qui domine l'école.

L’IMERIR L'IMERIR (Institut méditerranéen d’étude et de recherche en informatique et robotique) propose des formations diplômantes de bac + 3 à bac + 5 (comme chef de projet informatique et robotique, responsable en conception et en développement de solutions mobiles ou d’administrateurs de systèmes). Les enseignements sont dispensés par des professeurs permanents, des universitaires et des professionnels experts. L'alternance proposée au sein de l’IMERIR permet le développement du savoir-être et du savoir-faire en entreprise. (Les entreprises qui proposent l'alternance participent aux frais si bien que l'étudiant n'aura pas à débourser d’argent pour sa formation.) Deux robots en pleine compétition !

que le club se focalisait jusqu’alors sur la programmation de petits robots adaptés à l’enseignement, c’est après avoir contemplé une reproduction du fameux R2-D2, lors du dernier Salon du modélisme de Perpignan, que ses élèves avaient décidé de créer un robot de toutes pièces. Une première version en carton fut créée afin de tester le concept des mouvements. Le second prototype, exhibé durant cette journée portes ouvertes, était en bois, de taille réelle et pouvait bouger ses deux bras et la tête en reproduisant les sons caractéristiques émis par le personnage. (Les élèves travaillent déjà sur un prototype plus évolué, dont

les pièces seraient imprimées en 3D; il comporterait des chenilles et bénéficierait d’un mouvement plus complexe des bras et de la tête.) Quant au lycée technique Sainte-Louise de Marillac, il soumettait à l’admiration des robots Mindstorms NXT 2.0, fabriqués pendant leur scolarité — dotés de fonctions très différentes les unes des autres (comme un trieur de couleurs). Enfin un stand proposait un Circuit 24 dont les voitures étaient pilotées par la puissance de la pensée. Il fallait porter un casque NeuroSky (capable de repérer les signaux de concentration du cerveau et de faire avancer une voiture dès qu’il enregistre une activité cérébrale supérieure à 50 % sur une durée minimale). Plus ladite

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concentration croissait et plus le véhicule allait vite… Il y eut beaucoup d’appelés mais peu d’élus !… Un visiteur nous a avoué qu’il avait réussi à se concentrer en comptant les nuages qu’il voyait par la fenêtre… LE CONCOURS VEX ROBOTICS L’ambiance était électrique dans la salle de compétition… Sous la tutelle bienveillante du pic du Canigou, les équipes disputaient des matches endiablés. La finalité de cette compétition: réunir les équipes du sud de la France et sélectionner celles qui participeront à la finale nationale en mars 2015. Maxime Vallet et son équipe devaient gérer l’affaire et les huit équipes retenues dans une ambiance décontractée avec de la musique électronique en fond sonore. L’une des équipes manquant à l’appel, des étudiants de l’IMERIR en ont constitué une en quelques heures et ont développé un robot à la va-vite. Un pari difficile à tenir! Le terrain des affrontements de la compétition VEX Robotics, proposée par l'association Robot Éducation.

“Enfin un stand proposait un Circuit 24 dont les voitures étaient pilotées par la puissance de la pensée. Il fallait porter un casque NeuroSky. ” Le déroulement d’un match de cette édition consistait à mettre deux robots issus de deux équipes différentes en commun face à deux autres robots concurrents. À chaque match, les partenariats changeaient, chaque robot participant à au moins douze matchs. Le principe du VEX Skyrise apparaît assez simple : chaque duo de robots doit fabriquer des tours à l'aide de plots puis enfiler dessus des cubes évidés. Et des objectifs secondaires permettent de gagner des points supplémentaires (en remplissant notamment de cubes les cases de la couleur qu’on représente). On peut aussi placer des cubes sur des tours déjà existantes, ce qui augmente le capital de quelques points. Chaque match se déroule en deux phases. Une première de 15 s, qui est complètement autonome : les robots disposent de quelques instants pour essayer de marquer des points tout seuls. La seconde place des pilotes derrière les manettes de jeu, qui s’efforcent de prendre la main sur le robot afin de marquer un maximum de points. Après le succès remporté par cette première édition, la CCI de Perpignan et son président Jean-Pierre Navarro, en partenariat avec l’IMERIR, envisageaient très sérieusement de rééditer cette journée por tes ouver tes l’an prochain ! ■Frédéric Boisdron

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CHEETAH CHEETAH UN GUÉPARD CONÇU PAR L’HOMME Une équipe de recherche du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) travaille depuis un moment à la conception d’un quadrupède robotisé inspiré des caractéristiques du guépard. À l’automne 2014, elle a révélé la nature de ses dernières avancées… IMITER LA NATURE Développé par le Laboratoire de robotique biomimétique du MIT (http://biomimetics.mit.edu/), le Cheetah a donc été conçu pour reproduire les mouvements caractéristiques du guépard. Divers travaux ont permis de mieux comprendre les aspects particuliers de ce félin tacheté. (L’équipe est d’ailleurs orientée vers la recherche sur les mouvements des animaux à quatre pattes.) Aujourd’hui, on fait de la recherche biomimétique un peu partout dans le monde, les avancées technologiques ayant une incidence certaine sur notre vie. C’est ainsi qu’a été créée

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Mécanique et technologie… (Crédit photo : Jose-Luis Olivares — MIT.)


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“Le résultat est spectaculaire : le nouveau Cheetah est silencieux, puissant, efficace et autonome ! Et son poids ultraléger de 31 kg se rapproche de celui d’un guépard femelle adulte.” opté pour une alimentation électrique fournie par des batteries. Le résultat est spectaculaire : le nouveau Cheetah est silencieux, efficace, puissant et autonome ! Et son poids ultraléger de 31 kg se rapproche de celui d’un guépard femelle adulte. De plus, il peut atteindre une vitesse de 16 km/h tout en gardant de la flexibilité et se montre capable d’éviter des obstacles atteignant une hauteur de 33 cm ! Ce guépard mécanique peut donc marcher, courir et sauter… Outre les nombreux avantages proposés par sa conception matérielle, la clé de son avancement technologique réside dans son algorithme de déplacement, basé sur le contrôle de la force de propulsion de chacune des jambes au moment où la patte touche le sol. Cette technique avancée lui procure une démarche souple, propre à s’adapter aux différentes variations d’un terrain. Ce Cheetah développe moins de puissance que son prédécesseur, certes, mais comme le dit Kim : « La plupart des robots sont lents et lourds et donc ne peuvent pas efficacement contrôler la force dans des situations à haute vitesse. Ce qui rend le guépard du MIT si spécial, c’est que vous pouvez réellement contrôler le profil de force pour une très courte période, suivie d'un gros impact avec le sol — il est ainsi plus stable, agile et dynamique. » En quelques fractions de seconde, cet algorithme calcule avec précision la force et la vitesse de propulsion nécessaires au déplacement du robot. En optimisant la puissance consommée, son efficacité est accrue… Encore une fois, l’équipe s’est inspirée de la nature pour concevoir son algorithme ! Selon le professeur Kim, « plusieurs coureurs, comme Usain Bolt, ne bougent pas leurs jambes vraiment rapidement. Ils allongent en fait leur foulée en augmentant leur puissance de poussée lorsqu’ils touchent le sol, de sorte qu’ils peuvent voler davantage tout en conservant la même fréquence ».

la combinaison LZR Racer de Speedo, qui fit son apparition aux jeux Olympiques d’été de 2008 — inspirée de la peau des requins — et que le nez du TGV japonais, le Shinkansen, a été modelé d’après le bec du martin-pêcheur. Pour le professeur associé en ingénierie mécanique Sangbae Kim, les résultats peuvent être variés : « Nous essayons de comprendre comment ils fonctionnent efficacement dans la nature afin de nous en inspirer et de les utiliser le monde de l'ingénierie. Nous pourrions ainsi créer des prothèses tirées de cette technologie ou bien nous pourrions même créer un nouveau moyen de transport qui remplacerait votre voiture, de sorte que vous n’auriez plus besoin de routes. » UN QUADRUPÈDE PAS COMME LES AUTRES La majorité des quadrupèdes robotisés existants, comme le BigDog et le WildCat, s’appuient sur des systèmes hydrauliques

À droite… Son regard impressionne ! (Crédit photo : Jose-Luis Olivares — MIT.)

LA PROCHAINE GÉNÉRATION

Le Cheetah et son cadre imprimé en 3D. (Crédit photo : Jose-Luis Olivares — MIT.)

suralimentés par des moteurs à carburants liquides — des technologies éprouvées et robustes qui procurent énormément de force et de puissance. En revanche, ces machines se révèlent lourdes et peu autonomes. (La première génération de Cheetah avait été conçue ainsi et avait d’ailleurs battu plusieurs records de vitesse…)

Pour la nouvelle génération du spécimen à quatre pattes, l’équipe du professeur Kim a favorisé l’utilisation des moteurs électriques — un choix hors du commun pour ce type de robot ! En effet, ces moteurs ont la réputation de surchauffer et de manquer de puissance. Ce problème semble avoir été corrigé par les ingénieurs : afin de permettre une autonomie complète, ils ont

Le laboratoire du professeur Sangbae Kim grouille d’activité et en ce moment, son équipe oriente ses recherches autour de quatre sphères différentes : le perfectionnement d’un actionneur optimal pour multiplier la vitesse, l’efficacité et la force du robot ; la création d’une queue pour améliorer sa manœuvrabilité ; l’étude de la swing-leg retraction afin d’assurer sa stabilité ; et enfin la tenségrité biologique, qui permettra de réduire le poids des jambes et d’accroître leur capacité d’absorber les chocs. Sinon, les chercheurs estiment que dans sa version actuelle, le Cheetah pourrait bientôt courir à la vitesse de 50 km/h (environ)…

■Sébastien Bibeau

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BIONIC BIRD

UN PETIT NOUVEAU DANS LE MONDE DES DRONES AÉRIENS Présenté au CES de Las Vegas de cette année, le Bionic Bird se démarque très nettement de la concurrence et propose une approche tout à fait novatrice. seaux mécaniques à hélice entraînée par un élastique : les TIM…

Il est léger comme une plume (9,3 g) et sa conception simple et efficace le rend solide, facile à entretenir et à réparer ; il est également bon marché (99 € — le prix public à l’heure où j’écris ces lignes). Sa forme générale lui permet d’être extrêmement discret (33 cm d’envergure), ses déplacements sont fluides et rapides (20 km/h) et silencieux (en effet, il génère un son proche du bruissement produit par les ailes d’un oiseau). Et pour cause : ce drone a l’apparence d’une hirondelle !

VOUS AVEZ DIT… CONNECTÉ ?

HIRONDELLE À TIRE-D’AILE « Des drones, il va y en avoir partout, alors autant qu’ils ressemblent à des oiseaux », explique son concepteur, Edwin Van Ruymbeke. Après de nombreuses recherches et maintes études sur des volateurs réels, il nous propose ainsi une vision très personnelle de ce que peut être un drone volant. Le pari est réussi : la campagne de

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crowdfunding lancée sur Indiegogo a été couronnée de succès, avec 155 141 $ récoltés alors que 25 000 $ étaient demandés ! Il faut dire que cet inventeur de génie a ça dans le sang : ses propres ascendants avaient déjà fait parler d’eux en inventant, dans les années 1960, les fameux oi-

La technologie actuelle le permettant, une application gratuite disponible sur iOS et Android permet de piloter très facilement le Bionic Bird : la vitesse se choisit au doigt sur l’écran et les virages sont gérés par le gyroscope interne du smartphone : vous le penchez à droite et votre drone tourne à droite, etc. On peut ainsi contrôler les déplacements d’une seule main. En revanche, le vol stationnaire se révèle impossible et il est fortement recommandé d’utiliser le drone seulement à l’extérieur et au-dessus d’une grande surface libre (les 100 m de portée offerts par la puce WiFi vous aideront à garder le contrôle en toutes circonstances). Point négatif, il ne dispose que d’une autonomie restreinte : 8 min environ. (Un socle de recharge


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“Dans un avenir proche, la société XTIM, détentrice des droits du Bionic Bird, pense lui adjoindre une foultitude de nouveautés: une caméra, le vol stationnaire…”

Le Bionic Bird est vraiment minuscule… — L’Avitron, testé par Towanda dans le numéro 14 de Planète Robots, est l'ancêtre du Bionic Bird…

transporter discrètement du petit fret, et imaginer des concours de vol synchronisé, des nuées contrôlées par un seul pilote, des parcours d’obstacles à grande vitesse, une suite de figures artistiques, un marathon ou encore un concours de distance parcourue — voire le premier tour du monde en drone… La nature même de l’engin permet des fantaisies jusque-là inaccessibles… Une chose est certaine : ce petit drone ne laissera personne indifférent. Certains diront même qu’avec ce type d’engin nous ne sommes plus très loin des oiseaux blancs de L’Amerzone (le jeu vidéo d’aventure de Microïds) !

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■Blaise Miquaud

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Ce drôle d’oiseau se pilote par le biais d’un smartphone.

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nomade en forme d’œuf regonfle la batterie de l’appareil en un petit quart d’heure — 12 min environ pour dix charges au maximum. Il faut ensuite recharger l’œuf.) À noter aussi, une incapacité totale de transporter du fret (mais cela n’est clairement pas sa finalité). L’AVENIR Dans un avenir proche, la société XTIM, détentrice des droits du Bionic Bird, pense lui adjoindre une foultitude de nouveautés: une caméra, le vol

stationnaire (pour la surveillance des feux de forêt ou pour l’armée), des appeaux et divers autres instruments pour l’étude ornithologique de spécimens rares ou afin de comprendre la manière dont se déplacent les nuées d’oiseaux… Le camouflage du drone a déjà fait ses preuves: un aigle royal a en effet pris pour cible un Bionic Bird! Et pourquoi pas, la technologie aidant, faire en sorte qu’il se pose et redécolle seul ? (Pour le moment, l’envol se fait à la main.) Pourquoi ne pas le doter d’ailes photovoltaïques ? On pourrait aussi concevoir un modèle plus massif, pour

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LE NOUVEAU ROBOT STAR DE STAR WARS, ÉPISODE VII

Près d’un an avant la sortie de l’épisode VII de Star Wars, le premier de l'ère Disney, une bande-annonce dévoilant quelques-unes des nouveautés du film a été diffusée dans certaines salles de cinéma et sur Internet…

Le BB8, tel qu'il apparaît dans la bande-annonce du prochain épisode de Star Wars…

Dans la saga Star Wars, les robots ont toujours tenu une place importante et ce court aperçu de l'épisode à venir semble révéler que cela sera encore le cas avec le robot BB8, sans doute le digne successeur de R2-D2, dont il reprend les célèbres bruitages… On pourrait penser que ce nouveau robot est le fruit d’effets spéciaux informatiques et n’existe que virtuellement — mais Mark Hamill a révélé lors d’une interview qu’il est tout à fait réel et qu’il a même eu l’occasion de jouer avec lui. LE SYSTÈME DE DÉPLACEMENT Alors que R2-D2, dans les premiers épisodes historiques de Star Wars, était animé par un acteur, BB8 semble se mouvoir grâce à un système motorisé très réactif qui n'est pas sans rappeler le mécanisme qui permet à la balle robotique Sphero de se déplacer. Il existe de nombreux systèmes permettant d’animer une sphère robotique, la plupart reprenant le principe de la roue de hamster sans axe fixe. C’est notamment le cas de la sphère BHQ-31. Certains mécanismes innovants ont même été brevetés : un jouet sphérique2 radiocommandé propose un système de mouvement qui comporte des chenilles à l’intérieur de la sphère. LA CONNEXION DE LA TÊTE DE BB8 Toujours en visionnant la vidéo dans laquelle BB8 apparaît pour la première fois, on se demande comment sa tête est fixée à son corps car il semble être doté d’un cou extensible et invisible. En fait, pour arriver à cela, on peut supposer que le robot tourne sur lui-même afin de changer de di-

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rection et roule seulement d’avant en arrière ; ainsi, la partie haute de la sphère reste fixe et en relation avec la tête à l’aide d’un système élastique. On se rend compte de cette élasticité (qui peut provenir d’un système à ressort) et de la connexion de la tête de BB8 avec la sphère principale dans cette même vidéo — lorsque le robot se déplace rapidement sur un sol présentant de nombreuses aspérités, sa tête étant soumise à de nombreux soubresauts. De plus, elle est en mesure de tourner horizontalement sur un axe vertical fixe, ce qui lui permet de regarder la caméra (avec des « yeux » qui ressemblent beaucoup à ceux de R2-D2). Vivement décembre 2015 : ce

septième épisode de Star Wars devrait lever le voile sur tous ses petits secrets et démontrer toutes les capacités et les fonctions de BB8 !

■Richard Seltrecht

1 Plus d’informations sur les robots sphériques et leurs systèmes de déplacement dans A Review of Active Mechanical Driving Principles of Spherical Robots, de Richard Chase et Abdilash Pandya (http://www.mdpi.com/22186581/1/1/3). 2 U.S. Pat. No. 4,927,401.

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Le Sphero, une balle robotique contrôlée par votre smartphone.

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SPIDER DRESS 2.0

LA ROBE QUI PROTÈGE VOTRE ESPACE VITAL

La nouvelle création de la styliste Anouk Wipprecht protège l’espace vital de sa propriétaire grâce à des pattes robotisées.Voilà une robe qui ne manque pas de piquant!

Au de comm entrep Aldeb Awab dédié

Si vous êtes fatiguée d’être la cible d’individus trop pressants, la Spider Dress 2.0 est faite pour vous. La styliste néerlandaise Anouk Wipprecht a présenté sa création au Consumer Electronic Show de Las Vegas 2015, le 6 janvier… Cette robe de nylon blanc au design complexe a été conçue et réalisée grâce à une imprimante 3D et à la technique du frittage sélectif au laser. Elle est belle mais dangereuse ! Sa particularité : elle est couronnée de pattes d’araignée robotisées. Ces extensions mécaniques, équipées de vingt servomoteurs, se mettent en position d’attaque ou se rétractent selon les émotions de la por teuse de la robe… UNE ROBE À FLEUR DE PEAU Un capteur qui mesure la respiration est placé sur la peau et permet de déterminer le niveau de stress du corps quand une personne approche. La robe est équipée de capteurs de proximité qui détectent les intrus (jusqu’à sept

mètres). Le système, contrôlé par des puces Intel Edison, utilise des signaux biométriques sans fil pour s’adapter à la situation. Il réagit en temps réel à une préprogrammation de normes sociales et peut identifier jusqu’à douze comportements. En comprenant les limites du corps, la robe est capable de ressentir l’augmentation du niveau de stress avant même que sa propriétaire ne se rende compte de ce qu’il se passe. (Pour Anouk, la Spider Dress engendre une intéressante interaction entre le contrôle et l’éducation de notre corps et de notre esprit.) EXPLORER LES INTERACTIONS HUMAINES Anouk Wipprecht est connue pour ses créations, qui mêlent mode et technologie — comme la Synapse Dress (elle mesurait les ondes cérébrales). Elle a également fabriqué des costumes pour le Cirque du Soleil avec une imprimante 3D. Pour la conception et le

développement de la Spider Dress 2.0, elle s’est associée au designer Philip H. Wilck et, en automne 2013, au service chargé des innovations du groupe Intel. Une association qui lui a permis de réaliser « une version mature de son prototype — totalement fabriquée avec une imprimante 3D, mécatronique et extrasensorielle ». D’ailleurs en 2012, en collaboration avec l’ingénieur Daniel Schatzmayr, elle avait déjà façonné une première version de ce vêtement — qui comptait alors six bras articulés. D’après elle, la Spider Dress 2.0 est sa robe la plus complexe car, encore une fois, elle explore les profondeurs des interactions humaines. La créatrice néerlandaise a également confié au site IQ qu’en travaillant sur les adaptations compor tementales, « vous créez un robot qui devient une part de vous ». Êtes-vous prête à devenir une femme araignée ?…

■Coralie Baumard

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LES PROGRAMMES SPATIAUX

DES VINGT-CINQ PROCHAINES ANNÉES Les technologies spatiales changent de paradigme. Pendant longtemps, l'exploration et l'exploitation de l'espace ont été gérées par les États — mais depuis quelques années ont émergé des sociétés privées capables d'y envoyer des engins. Pour illustrer cette évolution, Planète Robots vous présente donc les programmes spatiaux de ces vingt-cinq prochaines années… LA GUERRE FROIDE, ACCÉLÉRATEUR TECHNOLOGIQUE Les États-Unis et la Russie ont longtemps dominé les technologies spatiales. Et l'Europe, éternel challenger, s'est spécialisée avec succès dans le lancement des satellites avec le programme Ariane mais n'a jamais envoyé d’hommes ou de femmes dans l'espace par ses propres moyens. Il faut dire que l’exploration spatiale de la seconde moitié du XXe siècle est une conséquence directe de la guerre froide : les deux

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blocs (États-Unis et URSS) se sont servis de cette exploration pour mettre en évidence leurs capacités technologiques. Jusqu'à la fin des années 1980, l'espace a donc été un immense champ de bataille… La fin de la guerre froide a stoppé cette course aux armements et la recherche scientifique pure a pu conséquemment se donner libre cours. Les anciens adversaires ont même fini par collaborer à des projets d'envergure comme l'ISS — symbole de cette nouvelle entente. Mais des projets

titanesques (comme la conquête de Mars, de Vénus et des satellites de Jupiter) qui devaient connaître leur accomplissement entre la fin du siècle dernier et aujourd'hui ont finalement été abandonnés, les causes principales étant les budgets pharaoniques et l’absence de motivation. (Stanley Kubrick, dans 2001, l'odyssée de l'espace, s’était inspiré du programme d’exploration prévu à cette époque, qui devait notamment atteindre Europe, le deuxième des satellites galiléens de Jupiter, en 2001.)


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“Depuis 1972, l'exploration humaine de l'espace s'est donc cantonnée à l'orbite terrestre. Actuellement, ce sont des robots qui visitent le Système solaire et au-delà.”

L'ISS sera abandonnée vers 2024.

Une mission européenne vient de fêter ses dix ans : la sonde automatique Huygens s'est posée sur le sol de Titan, le plus grand des satellites de Saturne.

Depuis 1972, l'exploration humaine de l'espace s'est donc cantonnée à l'orbite terrestre. Actuellement, ce sont des robots qui visitent le Système solaire et au-delà. Les États-Uniens et les Russes ont envoyé des sondes se poser sur Mars, sur Vénus et se sont même approchés de planètes plus lointaines comme Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune… Quatre sondes états-uniennes ont même atteint les limites de notre système solaire. Et Mars a été particulièrement observée par des robots statiques et des rovers qui se sont déplacés sur son sol. On dit même que nous connaissons mieux la planète rouge que le fond des océans de la Terre, même si ce raccourci semble

quelque peu exagéré… Le fait d'avoir abandonné la Lune depuis quarante-trois ans a inspiré les complotistes — qui pensent que l’homme n’y a jamais mis les pieds. (Il est bien évident que si les ÉtatsUniens n'avaient jamais foulé le sol sélène, les Russes et les Chinois, équipés de divers radars, auraient crié au scandale s'ils s'en étaient aperçus…) Régulièrement, des projets d’exploration humaine sur la Lune sont envisagés (principalement par les États-Unis). D’autres, encore plus ambitieux et ayant pour objectif la conquête de la planète Mars par l’Homme ont souvent défrayé la chronique mais n’ont pas connu la moindre réalisation.

LE RESTE DU MONDE N'EST PAS À LA TRAÎNE En dehors du programme Ariane, dont les fusées déploient le plus grand nombre de satellites au niveau mondial, l'Europe accompagne des projets internationaux et porte aussi des projets d'exploration d'envergure. Après l’abandon désolant de la navette spatiale européenne Hermès à la fin des années 1990, l'Europe a collaboré avec l’ISS en y amarrant sa propre station spatiale (Columbus), tout comme les Russes avec Mir 2 (modules Zarya et Zvezda). Sur certains points, elle est même allée plus loin que les deux grandes puissances spatiales en déposant notamment une sonde sur Titan, le plus grand des satellites de Saturne, pour un budget moindre. Plus récemment encore, l'Agence spatiale européenne (ESA) a posé le premier engin construit par l'homme sur une comète… Pour entrer définitivement dans la cour des grands, il ne lui manque plus que la capacité d’envoyer des êtres humains dans l'espace par ses propres moyens… La Chine, quant à elle, est devenue la troisième nation capable d'envoyer des hommes dans l'espace de façon autonome. Depuis 2003, les fusées Longue Marche ont permis aux taïkonautes de se mettre en orbite terrestre par le biais des capsules Shenzhou, très semblables aux lanceurs russes Soyouz. La Chine s'est même payé le luxe d'avoir sa propre station spatiale — Tiangong 1 — qui peut héberger un équipage de trois personnes. Et à la fin de 2013, le petit robot Lapin de Jade, comparable aux rovers martiens, a atterri sur la Lune et a roulé sur quelques mètres. Lancé avec un budget ridicule en regard des frais engagés par les autres nations, le Mars Orbiter Mission est un satellite indien qui gravite désormais autour de Mars depuis la fin de 2014.Vu la modicité du budget, les techniciens ont dû user d’astuce pour exploiter la force gravitationnelle de la Terre (qui a servi de catapulte à l’engin). L'envoi de cette sonde en orbite martienne aura coûté à la République de l’Inde six fois moins qu’un projet équivalent de la NASA, qui a d’ailleurs fait bénéficier gracieusement son homologue indien de la puissance de calcul de ses services, pour préparer les simulations et les plans de vol. LES ÉTATS-UNIS PENSENT À DÉLÉGUER Alors que les États-Unis exerçaient depuis quelques années une certaine suprématie en matière spatiale, la NASA a été contrainte de revoir à la baisse l'ensemble de ses budgets… Et ils ont perdu l'accès direct à l'espace pour l’envoi d’astronautes après l'arrêt du programme des navettes spatiales. (Les lanceurs russes Soyouz ont pris la relève.) En attendant que l’Orion soit prêt à envoyer des astronautes

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LES PROGRAMMES SPATIAUX “En dehors du programme Ariane, dont les fusées déploient le plus grand nombre de satellites au niveau mondial, l'Europe accompagne des projets internationaux et porte aussi des projets d'exploration d'envergure.”

La capsule spatiale habitée Boeing CST-100, concurrente directe du Dragon V2 de SpaceX.

Le futur lanceur états-unien SLS devrait enfin permettre des voyages interplanétaires habités.

à bord de l'ISS, la NASA travaille avec des sociétés privées et sous-traite les moyens d'accéder à l'espace : des sociétés comme SpaceX ou Boeing se consacrent depuis un certain nombre d’années maintenant à l’élaboration de nouveaux moyens de transporter des êtres humains dans le cosmos. Pour accompagner la capsule Orion, la NASA développe un lanceur lourd, capable d’emporter une charge bien supérieure à celle que pouvait embarquer Saturn 5, qui a envoyé les premiers hommes sur la Lune en juillet 1969. Le SLS (Space Launch System) réutilise des éléments bien connus des États-Uniens comme des boosters de navette spatiale et se révèle finalement

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bien plus puissant que les lanceurs Ares, un projet annulé en 2010. Il devrait effectuer son second vol en 2018 (avec une capsule Orion à son bord). L’intérêt du SLS n’est pas seulement de reproduire les capacités du lanceur Saturn 5 des années 1960 : il servira également de lanceur lors des futures missions humaines interplanétaires (en direction de Mars ou d’ailleurs). L’Orion ne devrait pas être une production purement états-unienne : le module de services dans lequel seront stockés les carburants et une grande partie technique des missions devrait être livré par l’Europe et sera en fait un réaménagement du module de services du vaisseau cargo européen ATV. Cela permettra à l’Europe

de payer ainsi son accès à l’ISS. (L’Orion devrait être réutilisable pour une dizaine de vols. Le premier vol est prévu en 2018, sans équipage humain pour un voyage circumlunaire sans atterrissage. En 2021, cette mission devrait être reproduite — mais avec un équipage. L’un de ses objectifs consistera à aller à la rencontre d’un astéroïde placé en orbite lunaire par une mission robotisée…) Mais la NASA a encore d’autres fers sur le feu… Dès 2015, deux mission majeures vont arriver à destination : la sonde spatiale New Horizons va commencer l'exploration de Pluton et d’autres corps célestes de la ceinture de Kuiper, visitée pour la première fois par un engin provenant de notre planète. (Pluton est située aux confins du Système solaire, au-delà de la planète la plus éloignée, Neptune.) De la même manière, la planète naine Cérès (plus proche car située entre les orbites de Mars et Jupiter dans la ceinture d’astéroïdes) sera visitée par la sonde Dawn. DES ÉTATS ENCORE DOMINATEURS — MAIS POUR COMBIEN DE TEMPS ? Aujourd'hui, l’hégémonie des États dans le domaine spatial est peut-être en passe de disparaître… Car même si des pays émergent — comme la Chine, l'Inde ou le Japon —, l'avenir de l’espace appartient au monde de l’entreprise privée, qui a clairement identifié un nouvel eldorado et entretient des idées d’expansion, motivées par différents marchés : celui du tourisme spatial, celui de l'envoi de satellites, de l'exploitation minière des astéroïdes ou même celui de la téléréalité — l'espace offrant désormais un ensemble de ressources inconnues jusque-là. DE NOUVEAUX LANCEURS, PLUS PUISSANTS ET MOINS COÛTEUX L'arrivée sur le marché de l'entreprise privée SpaceX a complètement changé la donne : elle a annoncé qu’elle allait casser les prix grâce à des lanceurs réutilisables… Elon Musk, son fondateur, nous a même prévenus que sa société dévoilerait en cours d'année de futurs projets


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“Lancé avec un budget ridicule en regard des frais engagés par les autres nations, le Mars Orbiter Mission est un satellite indien qui gravite désormais autour de Mars…” ceur européen Vega-C devrait lui être disponible en 2018) Les Russes ont eux rapatrié leurs infrastructures et ont remplacé leur lanceur vieillissant (le Proton, dont le premier vol date de 1965) par l’Angara, qui existe en deux versions et a déjà fait ses premiers vols l'an passé ; sa version commerciale devrait être prête en 2018. Une version lourde, l’Angara-100, serait également en préparation… Quant à la République populaire de Chine, c'est dès 2015 qu’elle devrait déployer sa nouvelle famille de fusées Longue Marche 5, 6 et 7 — avec un premier vol prévu à partir du nouveau port spatial de Wenchang. Ces fusées seront capables de mettre jusqu'à 25 t en orbite basse (14 en orbite géostationnaire). Le pays pense aller encore plus loin et proposer vers 2030 un nouveau lanceur lourd. (Des nations plus petites comme l'Ukraine, le Japon, l'Inde ou le Congo s'apprêtent également à construire leurs propres lanceurs.) La sonde états-unienne robotisée New Horizons s'apprête à nous donner les premières images de Pluton.

Le futur lanceur européen Ariane 6 dans sa version A64.

L’année 2015 sera celle des planètes naines. (1) Cérès sera visitée par la sonde Dawn en mars.

de lanceurs lourds pour les voyages interplanétaires. L'agence spatiale européenne a répliqué à cela en optant pour la création d'un lanceur

léger et en partie réutilisable, Ariane 6, qui devrait devenir opérationnel vers 2020. (Pour le lancement de frets plus légers, le nouveau lan-

L’EXPLORATION ROBOTIQUE DE NOS NOUVELLES FRONTIÈRES Nos chers robots sont nos éclaireurs et vont nous permettre de découvrir d'autres mondes, de nourrir notre curiosité et notre soif de connaissance… Cette année 2015 pourrait être une année riche en émotions. La sonde américaine New Horizons, qui a décollé de la Terre en 2006 devrait atteindre son but principal, Pluton, au moment où vous lirez ces lignes. C'est la première fois que l'on parvient jusqu’à cet astre, aussi loin de la Terre. New Horizons continuera ensuite son voyage afin de visiter d'autres corps célestes de la ceinture de Kuiper. Et toujours au début de cette année, c'est une autre planète naine (la seule située dans la ceinture d'astéroïdes qui gravite entre les orbites de Mars et Jupiter) que la NASA visitera — Cérès — par l’intermédiaire de la sonde automatique Dawn. Les États-Uniens n'en resteront pas là : ils ont bien l'intention d'explorer de fond en comble le Système solaire et prévoient de visiter la planète géante Jupiter en 2016 avec Juno, d'atteindre l'astéroïde 1999 RQ36 en 2018 et d'en rapporter des échantillons, de déposer un atterrisseur sur Europe, la lune de Jupiter, en 2032. Mais Mars reste le principal centre de préoccupation de l'Agence et ce sont d'autres robots qui se rendront sue la planète rouge dans les prochaines années : l’InSight viendra y explorer les sous-sols en 2016 et un nouveau rover, proche de Curiosity dans sa conception, y sera envoyé en 2020 à la recherche de traces de vie… Désormais plus frileux, à la suite de quelques échecs, les Russes n'ont pas tout abandonné pour autant. En 2020, l'Agence spatiale russe devrait envoyer la sonde Sokol-Laplace en direction de Jupiter et d’Europe. Et au début des années 2030, Mars sera visée par une mission automatique. Puis en 2032, bénéficiant du voyage inter-

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“L’Orion ne devrait pas être une production purement états-unienne : le module de services dans lequel seront stockés les carburants et une grande partie technique des missions devrait être livré par l’Europe et sera en fait un réaménagement du module de services du vaisseau cargo européen ATV.” national organisé par l'Europe, la Russie pourrait déposer un atterrisseur sur le satellite naturel de Jupiter, Ganymède. Si les États-Unis semblent obnubilés par Mars, c'est Vénus qui a conquis le cœur russe… Une sonde Venera (Venera 4 avait recueilli les premières données en 1967) — Venera-D — partira en direction de la planète la plus proche de la Terre en 2024 afin de s'y poser et d’émettre pendant quelques dizaines de minutes avant d’être détruite par la pression écrasante qui règne sur la planète. L'Europe ne reste pas à la traîne et devient peu à peu le leader en ce qui concerne de nombreuses explorations automatiques. En 2016, la mission BepiColombo commencera son voyage vers Mercure, la planète la plus proche du Soleil. La même année, l’atterrisseur ExoMars EDM ira se poser sur le sol de la planète rouge (une répétition avant l'arrivée du premier rover européen sur Mars en 2019). Et en 2017, le lancement du Solar Orbiter aboutira à sa mise en orbite autour du Soleil en 2021. Enfin, le début des années 2030 pourrait constituer une apothéose pour l'Agence spatiale européenne — maîtresse d’œuvre de la mission internationale Jupiter Icy Moon Explorer. La Lune semble être le grand objectif de la Chine… Copie de la mission Chang'e 3, Chang'e 4 devrait y déposer un rover d'exploration cette année puis un autre en 2017 (la mission Chang'e 5, qui devrait être capable de rapporter des échantillons sur la Terre. Mais la Chine n'a pas oublié pas le reste du Système solaire et espère bien poser un robot sur Mars dès 2020. Et il ne faut pas oublier qu’un petit nouveau s’est introduit dans la cour des grands : le Japon, qui a çonçu un programme d'exploration ambitieux. L'envoi du satellite Akutsuki en orbite autour de Vénus devrait avoir lieu cette année ; en 2017, le Japon fera atterrir son premier rover, le Selene 2, sur la Lune. Quant à Hayabusa 2, une mission automatique, elle devrait atteindre l'astéroïde

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géocroiseur (162173) 1999 JU3 en 2018 et devrait en rapporter des échantillons. Mentionnons aussi que la République de l’Inde compte explorer la Lune à l'aide d'un rover en 2017 et que la Corée du Sud pense envoyer un satellite en orbite lunaire vers 2020. Moins intéressante commercialement que les vols de fret en direction de l'ISS ou que le tourisme spatial, l'exploration n'est pas une priorité pour les entreprises privées. Mais elles envisagent tout de même des projets de missions automatisées — essentiellement pour préparer les missions habitées. C'est le cas de SpaceX, qui devrait envoyer une capsule Dragon inhabitée sur Mars (Operation Red Dragon) en 2022 (elle rapporterait des échantillons de sol martien). Quant à Lunar Mission One, financée par le biais de Kickstarter, elle pense pouvoir déposer une mission automatique sur le pôle Sud de la Lune en 2024. LE TOURISME SPATIAL, UN NOUVEL ELDORADO Nombreux sont ceux qui croient à l’avenir du tourisme spatial (il pourrait même constituer une industrie majeure dans les prochaines décennies). Les coûts de ce nouveau loisir devraient baisser avec l'évolution des technologies et la multiplication des opérateurs. Et alors que

“Nos chers robots sont nos éclaireurs et vont nous permettre de découvrir d'autres mondes, de nourrir notre curiosité et notre soif de connaissance… Cette année 2015 pourrait être une année riche en émotions.” les véhicules destinés au tourisme spatial ne sont pas encore prêts, des spatioports dédiés à cette activité commencent déjà à sortir de terre. Virgin Galactic a inauguré le Spaceport America en 2011 et des concurrents s'apprêtent à ouvrir leurs portes prochainement — comme le Spaceport Sweden (Kiruna, Suède) ou celui qui devrait se monter en Écosse à l'horizon 2018. Space Adventures devrait également proposer rapidement deux autres spatioports dans les Émirats arabes unis et à Singapour… Et cette fois, ce sont les agences nationales qui ne se mobilisent pas beaucoup sur ce thème, contrairement aux intérêts privés. Signalons que l'Europe,


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La station spatiale privée de Bigelow Aerospace, avec quatre modules BA-330. On peut aussi distinguer deux capsules Dragon V2, également privées, appartenant à SpaceX.

La mission européenne BepiColombo partira en 2016 à destination de Mercure, la planète la plus proche du Soleil. (Crédit : Astrium.)

L’Agence spatiale européenne prépare une sonde spatiale qui étudiera d'ici une quinzaine d'années le système jovien : Jupiter Icy Moon Explorer.

par le biais d'Airbus Defence and Space, a repris l'ancien groupe Astrium et son projet touristique de mininavette suborbitale Spaceplane (on devrait procéder aux premiers essais stratosphériques cette année). Malgré le crash de la mininavette de Virgin Galactic, l'entreprise semble vouloir procéder au premier vol commercial de SpaceshipTwo dès 2016, même si de nombreux doutes inclinent à penser qu’il sera reporté de quelques années. Son concurrent XCOR Aerospace devrait lui tester sa navette suborbitale Lynx dès cette année. En 2016 devrait avoir lieu le premier vol de la navette spatiale privée Dream Chaser de Sierra Nevada, qui avait été créée à l'origine pour convoyer des astronautes à bord de la Station spatiale internationale pour le compte de la NASA. Elle n'a pas remporté ce marché — détenu désormais par SpaceX et Boeing et c'est l'ESA qui lorgne maintenant sur cette navette ressemblant beaucoup à la défunte Hermès (elle pourrait en faire son premier véhicule habité officiel). Si ce virage ne se produit pas, la Dream Chaser pourrait redevenir une simple navette réservée au tourisme spatial. Enfin, la Lune pourrait être accessible aux tou-

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LES PROGRAMMES SPATIAUX deviendra aussi un véritable hôtel spatial pour les touristes du IIIe millénaire. À ce sujet, rappelons que la capsule étatsunienne Orion n'est pas seulement destinée à l'envoi d'astronautes en orbite mais est également prévue pour des missions interplanétaires. Le premier vol automatisé devrait avoir lieu en 2017, avant un vol habité quatre ans plus tard. L'Inde devrait s'équiper d’un premier véhicule de transport d'êtres humains, l’ISRO (mise en orbite pour 2021). Deux ans plus tard, le Japon devrait faire de même… Le privé aura également sa carte à jouer dans le domaine des vols habités en orbite. Les capsules Dragon V2 de SpaceX et CST-100 de Boeing emmèneront leurs premiers passagers à bord de l'ISS en 2017, épargnant enfin aux ÉtatsUnis l’utilisation des Soyouz. La place de passager à soixante-dix millions de dollars avec un Soyouz passerait, avec SpaceX et Boeing, à un peu moins de soixante millions.

Le premier spatioport dédié au tourisme : le Spaceport America de Virgin Galactic…

L’HOMME BIENTÔT DE RETOUR SUR LA LUNE La NASA semble avoir définitivement abandonné la Lune pour se consacrer à Mars et laisse donc le champ libre aux autres nations et aux sociétés privées. De nombreux pays ont annoncé qu’ils allaient bientôt s'y poser : l'Iran en 2025 puis la Russie et la Chine en 2030. Du côté privé, le concours Google Lunar X Prize trouvera sa conclusion à la fin de l’année. (Il propose aux entreprises de déposer sur l'astre sélène un rover dans les prochains mois : on attend toujours les premiers arrivants.) Et en 2025, la startup russe Lin Industrial espère faire alunir une mission habitée et construire une base permanente dans le cratère Malapert. Neuf ans plus tard, une entreprise japonaise — Shimizu Corporation — devrait débarquer sur la Lune pour y construire le Luna Ring, une large bande de panneaux solaires faisant le tour de l'astre afin de produire de l'énergie en grande quantité (elle sera envoyée sur la Terre sous la forme de micro-ondes à un capteur situé en pleine mer).

L'avion suborbital Lynx de XCOR Aerospace devrait exécuter ses premiers vols cette année.

ristes en 2017, par le biais de l'entreprise Space Adventures, pionnière dans le domaine (le premier client s’est inscrit en 2001). Mais Space Adventures ne déposera pas ces touristes sur l'astre de la nuit, le vaisseau en fera uniquement le tour avant de revenir sur la Terre. LA RONDE DES STATIONS SPATIALES ET DES VÉHICULES ORBITAUX La Station spatiale internationale (ISS) devrait être abandonnée vers 2024 ; toutefois, les modules russes devraient s'en détacher vers 2020, afin de constituer une nouvelle station spatiale, uniquement russe. La Chine a un projet ambitieux en matière de stations spatiales. Après les bons résultats obte-

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nus par la station habitée Tiangong-1 en 2011, elle devrait mettre en orbite un laboratoire automatisé (Tiangong-2) en 2016, qui préparera l'arrivée en orbite terrestre de Tiangong-3 en 2018 et servira de base à la future station spatiale chinoise, déployée autour de ce module à partir de 2022. La seule entreprise privée qui présente un véritable projet de station spatiale est Bigelow Aerospace. Dès 2015, l'entreprise proposera un module supplémentaire à ajouter à l'ISS, le BEAM, afin de tester en grandeur nature les capacités des modules gonflables, symboles de la marque. Et mettra probablement en orbite, en 2017, la première véritable station spatiale privée avec un premier module BA-330. D'autres suivront et cette station, qui accueillera des missions internationales,

MARS, LA PROCHAINE GRANDE ÉTAPE DE LA COLONISATION HUMAINE Les projets prévoyant d’expédier des êtres humains sur Mars proviennent principalement d'agences privées et certains d’entre eux semblent vraiment farfelus. En ce qui concerne les agences nationales, seuls les États-Unis seraient prêts à le faire, grâce à leur nouveau lanceur SLS et à la capsule Orion. Le voyage devrait avoir lieu à l'horizon 2030 mais le vaisseau ne se poserait pas sur la planète rouge et reviendrait ensuite directement sur la Terre. (Les premiers pas sur la planète sont prévus quelques années après.) La fondation privée la plus optimiste, Inspiration Mars, compte lancer un équipage dans un voyage uniquement circummartien en 2018. La place sera offerte à un couple qui voudra tenter l'expérience…


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“L'Europe ne reste pas à la traîne et devient peu à peu le leader en ce qui concerne de nombreuses explorations automatiques.”

Lin Industrial, une start-up russe, espère coloniser de façon permanente la Lune dès 2025.

La navette spatiale privée Dream Chaser de Sierra Nevada pourrait devenir la navette officielle de l'ESA et donc remplacer la défunte Hermès — avec laquelle elle partage une certaine ressemblance…

La Chine a un programme ambitieux en matière de stations spatiales : Tiangong.

Mars One, le projet qui espère financer la colonisation de la planète rouge grâce à la téléréalité, était le plus ambitieux avant les annonces fracassantes d'Elon Musk de SpaceX au début de cette année… Mais il n’avait pas fait l’unanimité, malgré le soutien de grands noms. C’est une colonisation sans retour. Avec l'aide de son partenaire SpaceX, Mars One pense pouvoir déposer un premier module inhabité en 2016. Deux ans plus tard, un premier rover devrait explorer la planète afin de repérer le meilleur emplacement pour la future colonie et pour tester une première serre (où pousserait de la salade). En

“Enfin, la Lune semble être le grand objectif de la Chine… Copie de la mission Chang'e 3, Chang'e 4 devrait y déposer un rover d'exploration cette année puis un autre en 2017.”

2021, six modules de vie inhabités auront été installés, accompagnés d'un second rover. Enfin, un premier groupe de quatre colons investirait la base à partir de 2025 ; quatre autres seraient envoyés en 2029, suivis de deux équipages de quatre personnes (en 2031 et en 2033). Mais si vous trouvez le projet de Mars One irréalisable, il apparaît pourtant très basique si vous jetez un œil sur les annonces faites par Elon Musk. SpaceX travaille en effet à la construction du Mars Colonial Transporter, une fusée réutilisable et capable de transporter un équipage de cent personnes en une seule fois. Elle devrait être opérationnelle au milieu des années 2020 pour aboutir à un premier vol habité vers Mars au début des années 2030. Et Elon Musk estime que la planète comptera quatrevingt mille habitants en 2040!… Sachant que pour atteindre Mars, nous n'avons qu'une fenêtre tous les deux ans, d'après nos calculs, SpaceX compte envoyer seize mille personnes tous les deux ans — soit cent soixante fusées remplies à ras bord à chaque fenêtre de lancement! Même si le projet était mené à terme, nous pensons que ce chiffre donné un peu partout sur Internet est une coquille… Si SpaceX relocalisait huit cents personnes sur Mars avant 2040, ce serait déjà un exploit digne des plus grandes sagas de science-fiction! Attendons donc d’en savoir plus… DES PROJETS À PRENDRE AVEC DES PINCETTES Les projets à court terme ont souvent des dates butoirs trop optimistes et il faut donc tout relativiser.Très couramment, des projets s’étalent sur des années et des années (voire des décennies !) finissant même par être annulés, surtout dans le domaine astronautique… À l'inverse, les projets à très long terme et aux délais quelquefois pessimistes, réservent fréquemment de bonnes surprises. Mais où la limite entre projet à court terme et projet à long terme se trouve-t-elle? La démarcation est floue et il peut être intéressant de conserver votre exemplaire de Planète Robots afin de pointer les missions qui seront passées du stade de la planification à celui de la réalisation dans les décennies à venir. Et en 2040, si Planète Robots paraît encore (nous sommes optimistes), nous concocterons un dossier récapitulatif… Promis! ■Frédéric Boisdron

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ur États-Unis

Agences Nationales Russie

Europe

Chine

2015

Arrivée de New Horizons dans le voisinage de Pluton ; Arrivée de Dawn en orbite de Cérès

Expérimentation IXV ; Airbus Defense and Space : Test d'un prototype du Spaceplane depuis un ballon stratosphérique

Premier lancement des fusées Longue Marche 5, 6 et 7 ; envoi sur la Lune de Chang'e 4

2016

Atterrissage de InSight sur Mars ; Arrivée de Juno en orbite de Jupiter ; Lancement d'Osiris-Rex en direction de l'astéroïde 1999 RQ36

BepiColombo en direction de Mercure ; Atterrissage d'ExoMars EDM sur Mars

Laboratoire spatial automatisé Tiangong-2

2017

Premier vol d'un vaisseau Orion complet sans équipage

Bras télémanipulateur ERA sur l'ISS ;Lancement de Solar Orbiter en direction du Soleil ; Télescope spatial Cheops

2018

Téléscope spatial James-Webb ; Arrivée des premières stations du programme International Lunar Network ;Premier vol du lanceur géant SLS ;Osiris-Rex en orbite

2019

Survol de l'astéroïde 1110113Y dans la ceinture de Kuiper par New Horizons

2020

Départ pour mars de la mission Mars 2020

2021

Premier vol d'un vaisseau Orion habité

Mise en orbite de Solar Orbiter autour du soleil

2022

Capture d'un astéroïde pour le placer en orbite lunaire en vue d'un test d'exploitation ; Départ d'une mission automatique pour explorer Europe

BepiColombo en orbite de Mercure ; Départ de Jupiter Icy Moon Explorer

2023

Retour d'échantillons de la mission Osiris-Rex

2024

Abandon de l'ISS

Nouvelle infrastructure de lancement sur le sol russe ; premier vol commercial d'Angara-5

Vega C opérationnel ; Ouverture d'un spatioport en Grande-Bretagne pour le tourisme

Séparation des éléments russes de l'ISS ; Lancement de la sonde SokolLaplas en direction de Jupiter et Europe

Lancement de Venera-D en direction de Venus

Ariane 6 opérationnel

Atterrissage sur Mars d'un robot

Station spatiale habitée construite autour de Tiangong-3

Abandon de l'ISS

2025 Test d'une version semi-réutilisable d'Ariane 6

2027 2029 2030

2032

Premier survol de Mars par un vaisseau habité, sans s'y poser

Transporté par le vaisseau européen Jupiter Icy Moon Explorer, les EtatsUnis déposent un atterisseur sur Europa

2033 2034 2040

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Mise en orbite d'un module expérimental de station spatiale (Tiangong-3)

Atterrissage du rover ExoMars sur Mars

Envoi d'une mission habitée sur la Jupiter Icy Moon Explorer en orbite autour de Jupiter Lune ; Mission automatique vers Mars

2031

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Retour d'échantillon automatique depuis la Lune (Chang'e 5)

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Transporté par le vaisseau européen Jupiter Icy Moon Explorer, la Russie dépose un atterisseur sur Ganymède

Jupiter Icy Moon Explorer en orbite autour de Ganymède

Atterrissage sur la Lune d'une mission habitée ; premier test d'un nouveau lanceur lourd

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Agences Privées Japon

Autre Agences Nationales

SpaceX

Tentative de mise en orbite de Akatsuki autour de Venus

Brésil : 4etentative d'envoi d'un satellite avec le lanceur VLS-1 ; Ukraine : 1ervol du lanceur Tsyklon 4 ; Congo : tir du lanceur Troposphere VI

Premier vol du lanceur Falcon Heavy

Inde : le lanceur GSLV mk3 devient opérationnel

SpaceX Dragon 2 sera lancé sans équipage pour un ultime test

Atterrissage du rover Selene 2 sur la Lune

Inde : Arrivée de Chandrayaan-2 sur la Lune et déploiement de son rover.

MarsOne

Autres

Bigelow : Arrimage du Beam à l'ISS ; Finale Google Lunar Xprize ; Xcor Lynx fait ses premiers tests

Lancement du premier module inhabité de la colonie

Sierra Nevada : Premier vol du Dream Chaser ; Virgin Galactic : Premier vol commercial de SpaceShip Two

Bigelow : Envoi d'un module BA 330 en orbite ; Space Adventures : Envoi de touristes en orbite lunaire ; premier test de la navette automatique SOAR de Swiss Space System ; Boeing CST-100 transporte ses premiers passagers à bord de l'ISS

SpaceX Dragon 2 transporte ses premiers passagers à bord de l'ISS

Arrivée de Hayabusa 2 à proximité de l'astéroïde 1999 JU3

Arrivée d'un rover sur Mars afin de Moon Express : Envoi de 2 télescopes sur repérer le meilleur endroit où établir la la Lune ; Inspiration Mars Foundation colonie et tenter de faire pousser de la envoie une mission habitée, en direction de salade sur le rover Mars, sans s'y poser

4 atterrisseurs sont largués de Hayabusa 2 pour l'astéroïde 1999 JU3

Blue Origin : Premier test du lanceur BE-4

Retour des échantillons de l'astéroïde 1999 JU3 sur Terre ; Lanceur H-III opérationel

Corée du Sud : Lancer d'un module orbital lunaire

Vol commercial habité en direction de la Lune sans s'y poser

Inde : Premier vol d'un équipage de 3 personnes dans la capsule ISRO Orbital Vehicle

La station compte 6 modules de la future colonie, ainsi que 2 rovers

Operation Red Dragon : envoi d'un module Dragon modifié, automatique, sur Mars, puis retour sur Terre avec du sol martien

Premier véhicule spatial habité japonais

Abandon de l'ISS

Premier départ de 4 colons en direction de Mars Lunar Mission One : Arrivée sur la Lune d'une mission automatique au pôle sud.

Canada : Abandon de l'ISS

Iran : Envoi d'une mission habitée sur la Lune

Premier vol du Mars Colonial Transporter

Arrivée des premiers colons sur Mars

Lin Industries fait attérir un équipage sur la Lune pour construire les premiers eléments d'une future base permanente

Arrivée du second équipage de 4 colons sur Mars

Atterrissage d'humains sur Mars

Arrivée du troisième équipage sur Mars

Les colons martiens sont désormais 12. Shimizu Corporation : Installation d'une ceinture de panneaux solaires sur la Lune (Luna Ring) Elon Musk a annoncé que 80 000 personnes vivrons sur Mars

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LES AVENTURES DE ROSETTA ET DE PHILAE

Rosetta est la toute première mission spatiale mise en orbite autour d’une comète : elle observe son comportement à l’approche du Soleil (après avoir posé un petit atterrisseur à sa surface). UNE MISSION HORS DU COMMUN Menée par l’ESA grâce à diverses contributions de ses états membres et de la NASA, Rosetta mobilise plus de trois cents scientifiques de toute l’Europe, répartis sur quatre sites mais travaillant en parfaite coordination. En ce qui concerne l’orbiteur, le RMOC de l’ESOC (à Darmstadt, Allemagne) fait office de centre de contrôle et le RSGS de l’ESAC (à Madrid, Espagne) s’occupe des opérations scientifiques. Pour l’atterrisseur Philae, c’est le LCC du DLR (à Cologne, Allemagne) qui agit en tant que centre de contrôle et le SONC du CNES (à Toulouse, France) qui gère les opérations scientifiques et la navigation. D’autre part, depuis 1995, Airbus Defence and Space assure la maîtrise d’œuvre industrielle de Rosetta pour le compte de l’ESA et dirige un consortium de quatre-vingt-seize entreprises, réparties dans seize pays.

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LES OBJECTIFS Cette mission a pour objectif de s’approcher au plus près de la comète 67P puis de la suivre pendant son voyage à travers le Système solaire interne afin d’observer son environnement et sa transformation sous l'effet des rayons du Soleil mais aussi de poser un atterrisseur sur sa surface. Les différentes analyses effectuées, aussi bien à distance par l’orbiteur qu’in situ par l’atterrisseur, doivent permettre d’étudier les gaz, la poussière et la structure interne du noyau et des matériaux organiques de la comète. Les scientifiques espèrent ainsi recueillir des informations sur l’histoire et l’évolution du Système solaire et apporter des éléments de réponse sur le rôle que les comètes auraient pu jouer dans l’apparition de l’eau (voire de la vie) sur la Terre.

RENDEZ-VOUS DANS DIX ANS… À l’origine, ce rendez-vous historique devait se faire avec la comète 46P/Wirtanen mais, du fait du report du lancement pour des raisons techniques, une nouvelle cible avait dû être fixée : la comète 67P/ Tchourioumov-Guérassimenko. Finalement lancé le 2 mars 2004 par une fusée Ariane 5 G+ depuis le port spatial européen de Kourou (Guyane), l’orbiteur Rosetta a par la suite effectué quatre manœuvres d’assistance gravitationnelle — trois de la Terre (en 2005, 2007 et 2009) et une de Mars (en 2007) — afin de se placer sur la trajectoire idéale pour réussir son rendez-vous avec 67P. Au cours de son long périple, l’orbiteur a aussi pénétré deux fois la ceinture d’astéroïdes. Il est donc passé à proximité de deux astéroïdes, (2867) Šteins (en 2008) et (21) Lutetia (en 2010), qu’il a photo-


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“Les scientifiques espèrent ainsi recueillir des informations sur l’histoire et l’évolution du Système solaire et apporter des éléments de réponse sur le rôle des comètes…”

Portrait du noyau de la comète 67P pris le 17 novembre 2014 à près de 42 km de distance par la caméra de navigation de Rosetta ; la résolution est de 3,6 m/px. (Crédits : ESA/Rosetta/NavCam — CC BY-SA IGO 3.0.)

graphiés, ce qui a permis de recueillir des données scientifiques. Entré en hibernation dans l’espace lointain en juin 2011, il s’est réveillé en janvier 2014 pour préparer son rendez-vous avec le corps céleste, qui s’est déroulé le 6 août 2014, à quelque quatre cent cinq millions de kilomètres de la Terre. Et depuis que Rosetta orbite autour de 67P, ses instruments embarqués ont étudié la comète de façon détaillée (plus particulièrement son noyau et son environnement). Le 12 novembre dernier, Rosetta a largué Philae qui après une descente de sept heures s’est posé à la surface de la comète… LES INSTRUMENTS DE ROSETTA Rosetta mesure 2,80 x 2,10 x 2 m, auxquels s’ajoutent deux grands panneaux solaires de 14 m. Il embarque onze instruments scientifiques, représentant une masse de 165 kg, chargés d’étudier de près la comète lorsqu’elle deviendra active à l’approche du Soleil… — L’ALICE, un spectromètre imageur ultraviolet destiné à analyser la composition du noyau de la comète et de son enveloppe ainsi que la production d'eau, de monoxyde et de dioxyde de carbone par le noyau. — Le CONSERT (COmet Nucleus Sounding Experiment by Radiowave Transmission), un sondeur radiofréquence conçu pour l'étude de la structure interne du noyau, chargé de mesurer

la propagation métrique des ondes électromagnétiques à travers ledit noyau lorsqu’il s'interpose entre Rosetta et Philae. La variation du délai de propagation de l’onde radio est utilisée pour déterminer les propriétés diélectriques du matériau ainsi que la structure interne du noyau afin d’avoir une meilleure compréhension des processus de formation de la comète. — Le COSIMA (COmetary Secondary Ion Mass Analyzer), un spectromètre de masse d’ions secondaires équipé d’un collecteur de poussière, d’un canon à ions primaires et d’un microscope optique ayant pour fonction d’analyser la composition élémentaire et isotopique des grains de poussière cométaire afin de déterminer s'ils sont organiques. — Le GIADA (Grain Impact Analyser and Dust

“Et depuis que Rosetta orbite autour de 67P, ses instruments embarqués ont étudié la comète de façon détaillée (plus particulièrement son noyau et son environnement).”

Accumulator), chargé de mesurer le nombre, la masse, l’impulsion et la distribution des vitesses des grains de poussière émis par la comète dans son environnement proche. — Le MIDAS (Micro-Imaging Dust Analysis System) va mesurer la taille, la forme et le volume des particules de poussière autour de la comète. — Le MIRO (Microwave Instrument for the Rosetta Orbiter), constitué d’un radiomètre et d’un spectromètre à micro-ondes. Il est chargé de mesurer la température à la surface de la comète afin d’estimer ses propriétés thermiques et électriques. Le spectromètre mesurera les quantités d’eau, de monoxyde de carbone, d’ammoniac et de méthanol dans sa coma. — L’ OSIRIS (Optical, Spectroscopic, and Infrared Remote Imaging System), un système de deux caméras optiques à haute résolution (l’une à petit champ, l’autre à grand champ) fonctionnant dans un spectre lumineux allant de l’ultraviolet au proche infrarouge. Elles effectuent un relevé topographique du noyau, déterminent sa rotation, observent le dégazage, suivent les poussières ainsi que les jets de gaz et photographient les astéroïdes. — Le ROSINA (Rosetta Orbiter Spectrometer for Ion and Neutral Analysis), un spectromètre des gaz nobles et ionisés, chargé de déterminer la composition de l’atmosphère et de l’ionosphère en mesurant la température, la vitesse ainsi que la densité du flux des gaz cométaires. — Le RPC (Rosetta Plasma Consortium), un en-

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LES AVENTURES DE ROSETTA ET DE PHILAE “L’ALICE, un spectromètre imageur ultraviolet destiné à analyser la composition du noyau de la comète et de son enveloppe ainsi que la production d'eau, de monoxyde et de dioxyde de carbone par le noyau.”

Mission Rosetta : descente et atterrissage de Philae. (Crédit : NASA/JPL.)

Ce gros plan sur une portion du petit lobe du noyau de 67P a été pris par la caméra OSIRIS-NAC de Rosetta le 14 octobre 2014, à l’altitude de 8 km. (Crédits : ESA/Rosetta/MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA.)

Les instruments embarqués à bord de Rosetta. (Crédits : ESA — ATG Medialab.)

semble comportant cinq instruments partageant une électronique et une interface de données communes et deux sondes de Langmuir. Il doit étudier le plasma de l’environnement de la comète. — Le RSI (Radio Science Investigation) recueille des informations liées à l’environnement et au noyau de la comète. — Le VIRTIS (Visible and Infrared Thermal Imaging Spectrometer), un spectromètre à imagerie thermique en lumière visible et dans l’infrarouge, chargé d’étudier la nature des solides et la température à la surface de la comète.

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LES INSTRUMENTS DE PHILAE Développé par un consortium dirigé par les agences spatiales allemande (DLR), française (CNES) et italienne (ASI) et par le MPS (MaxPlanck-Institut für Sonnensystemforschung), Philae mesure 1 x 1 x 1 m (avant le déploiement du système d’atterrissage) et intègre dix instruments scientifiques qui représentent une masse de 26,7 kg… — L’APXS (Alpha Proton X-Ray Spectrometer), un spectromètre dans le rayonnement X des particules alpha, chargé d’étudier la composition chimique du site d’atterrissage et ses po-

tentielles altérations lorsque la comète s’approchera du Soleil. Les données obtenues seront utilisées pour caractériser la surface de la comète, déterminer la composition chimique des constituants de la poussière et la comparer à celle des types de météorites connus. — Le CIVA (Comet Infrared and Visible Analyser) comprend, d’une part, un ensemble de sept caméras (cinq caméras panoramiques CIVA-P et deux stéréoscopiques CIVA-S) chargées de réaliser des images panoramiques en 3D de la surface de la comète et, d’autre part, le CIVAMI/MV, composé d’un microscope optique et d’un spectromètre infrarouge (pour étudier la composition moléculaire et minéralogique, la texture et l’albédo des échantillons collectés à la surface). — Le COSAC (COmetary SAmpling and Composition experiment), un pyrolyseur et un analyseur de gaz, comportant un chromatographe


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“L'ESA s’est alors lancée dans une course contre la montre pour procéder à un check-up complet de Philae, trouver des solutions et réaliser un maximum d’expériences scientifiques. ”

LES PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DE LA COMÈTE 67P/TCHOURIOUMOVGUÉRASSIMENKO Rebonds et atterrissage de Philae sur la comète ! (Crédit : ESA Rosetta MPS for OSIRIS.)

en phase gazeuse multicolonnes couplé à un spectromètre de masse. Il est chargé de détecter et d’identifier les molécules organiques complexes prélevées dans le sol par le SD2 et d’en mesurer les compositions élémentaire et moléculaire. — Le MUPUS (MUlti-PUrpose Sensors for Surface and Subsurface Science), un ensemble de détecteurs regroupant le MUPUS PEN, chargé de mesurer les propriétés thermiques et mécaniques de la surface de la comète et le MUPUS TM, pour mesurer la température de la surface et du sous-sol de la comète. — Le PTOLEMY, un analyseur de gaz composé d’un chromatographe en phase gazeuse et d’un spectromètre de masse, qui a pour principal objectif de comprendre la géochimie des éléments légers (hydrogène, carbone, azote, oxygène) dans les échantillons de sol prélevés par le SD2 en déterminant leur nature, leur distribution et leur composition en isotopes stables. — Le ROLIS (ROsetta Lander Imaging System), une caméra CCD miniature à haute définition, située sous Philae, chargée de fournir les premières images rapprochées de l’environnement du site d’atterrissage au cours de la descente. Après l’atterrissage, elle devait faire des études en haute résolution de la structure et de la minéralogie de la surface. — Le ROMAP (ROsetta lander MAgnetometer and Plasma monitor) regroupe un magnétomètre et un analyseur de plasma, pour étudier le champ magnétique de la comète et ses interactions avec le vent solaire ainsi que les ondes plasma émises par sa surface en fonction de sa distance par rapport au Soleil. — Le SD2 (Sampling, Drilling and Distribution subsystem), un système de forage chargé de collecter des échantillons du sol et du sous-sol

(jusqu'à 23 cm de profondeur) de la comète et de les distribuer à trois instruments (CIVA, COSAC, PTOLEMY) pour analyse. — Le SESAME (Surface Electric Sounding and Acoustic Monitoring Experiment), composé de trois instruments chargés d’étudier les propriétés, électriques et acoustiques, des couches externes de la comète, qui sont des indicateurs de l’histoire de son évolution. — Le CASSE (Comet Acoustic Surface Sounding Experiment) doit mesurer les vibrations du sol et le DIM (Dust Impact Monitor) la poussière retombant sur la surface. Quant au PP (Permittivity Probe), il va étudier les caractéristiques de transmission du courant électrique du sol. UN ATTERRISSAGE À… REBONDISSEMENTS Après avoir effectué un voyage dans l’espace de plus de dix ans pour rejoindre 67P avec laquelle Rosetta avait rendez-vous, Philae a été largué en direction du site d’atterrissage Agilkia. Il a tout d’abord touché la surface de 67P avec une remarquable précision (à seulement quelques dizaines de mètres du centre de la zone visée). Cependant, en raison de la défaillance de son propulseur, censé le plaquer au sol, mais aussi de ses harpons, qui devaient l'ancrer à la surface pour lui permettre de procéder à des forages, il a effectué deux rebonds qui, cumulés avec la très faible gravité existant sur la comète, l’ont envoyé à environ 1 km du site d’atterrissage prévu. Philae a fini par se stabiliser à l’ombre d’une paroi rocheuse, où la durée d’ensoleillement par jour est malheureusement très faible, empêchant ainsi le rechargement de sa batterie lorsqu’elle s’est retrouvée à plat et donc l’utilisation ultérieure de ses instruments embarqués…

Découverte le 20 septembre 1969 par Klim Ivanovitch Tchourioumov et Svetlana Ivanovna Guérassimenko, ce petit corps céleste est la 67e comète périodique à avoir été identifiée… À l’origine, elle s’est formée dans la ceinture de Kuiper mais fait maintenant partie de la famille des comètes de Jupiter. Depuis que Rosetta est arrivé à sa rencontre, les scientifiques ont déjà accumulé bon nombre d’informations à son sujet (dimensions, masse, volume, densité, période de rotation, température, etc.). Période héliocentrique : 6,55 ans Aphélie (distance au plus loin du Soleil) : huit cent cinquante millions de km Périhélie (distance au plus près du Soleil), le 13 août 2015 : cent quatre-vingt-six millions de km Inclinaison de l’orbite : 7,04° Dimensions : 2,5 x 2,5 x 2,0 km (pour le petit lobe) et 4,1 x 3,2 x 1,3 km (pour le grand lobe) Période de rotation : 12 h 24 min 15 s Masse : (1,0±0,1)×1 013 kg (dix milliards de tonnes) environ Volume : 25 km3 environ Densité : entre 0,4 et 0,5 g/cm3 Taux de production de vapeur d’eau : 300 ml/s (juin 2014) ; 1 à 5 l/s (juillet-août 2014) Température de la surface : – 68 °C à – 43 °C (juillet-août 2014) Température sous la surface (1 à 10 mm) : – 243 °C à – 113 °C (août 2014)

CHRONIQUE D’UN DEMI-SUCCÈS ANNONCÉ L'ESA s’est alors lancée dans une course contre la montre pour procéder à un check-up complet de Philae, trouver des solutions et réaliser un maximum des expériences scientifiques prévues durant les soixante heures d'autonomie de sa batterie. On a ensuite récupéré les données ainsi recueillies via l’orbiteur — qui s'est chargé de les relayer vers la Terre. Finalement, 80 % d’entre elles (cartographie du noyau de la comète, étude de son magnétisme, prise de clichés du sol, analyse des gaz environnants…) ont pu être correctement recueillies. Et quelques minutes avant que Philae ne se mette en hibernation, faute de pouvoir recharger sa batterie, un

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forage a été tenté mais a échoué… Les ingénieurs ont toutefois réussi à relever Philae de 4 cm et à le faire pivoter de 35° pour fournir une meilleure exposition à ses panneaux solaires. Ils espèrent ainsi qu’au printemps 2015, lorsque la comète se rapprochera du Soleil, il sera en mesure de se réveiller et de reprendre ses expériences. De son côté, Rosetta poursuit son exploration en accompagnant 67P jusqu’à son périhélie (qui se produira le 13 août 2015), pour scruter l’évolution de son activité. Durant les prochains mois, il changera de trajectoire à plusieurs reprises en adoptant des orbites hyperboliques lui permettant de voler très près (à seulement 8 km) du noyau de la comète et multipliera les analyses. L’ESA envisage aussi la possibilité de prolonger sa mission au-delà de la date prévue (décembre 2015). Si son état le permet, l’orbiteur pourrait donc éventuellement poursuivre ses observations en s’éloignant du Soleil avec la comète jusqu’à la fin de 2016 et se poser peutêtre à son tour sur son noyau…

Gros plan de la comète avec ses dunes. (Crédit : ESA Rosetta NavCam.)

LES AVENTURES DE ROSETTA ET DE PHILAE

LES PREMIERS RÉSULTATS DE LA MISSION Les images prises par le ROLIS lors de la descente de Philae en direction de la comète ont

Selfie de Rosetta avec « Tchoury » en arrière-plan. (Crédit : ESA Rosetta Philae CIVA.)

“Ces analyses ont permis de détecter la présence d’eau et de nombreux composés à base de carbone.” montré une surface couverte de poussière et de débris de différentes tailles tandis que les panoramiques pris par le CIVA ont mis en évidence des murs constitués d'un matériau qui semble plus solide. De son côté, le PTOLEMY a analysé des échantillons des gaz captés ou « reniflés » au cours du premier rebond effectué par Philae et après qu’il s’était enfin immobilisé à la surface de la comète. Ces analyses ont permis de détecter la présence d’eau et de nombreux composés à base de carbone. Quant à la composition du matériau cométaire, elle n’est pas encore connue mais les scientifiques pensent qu’il s’agit d’un matériau organique. D’autre part, les mesures effectuées par le ROSINA ont montré que le rapport deutérium-hydrogène (D/H) de 67P était trois fois plus élevé que celui de l’eau terrestre, ce qui semble exclure que les comètes du même type soient à l’origine des océans et de l’atmosphère de notre planète… Ce résultat a relancé le débat sur l’origine de l’eau présente sur la Terre et suggère qu’elle proviendrait donc plutôt des astéroïdes que des comètes.

■Josèphe Ghenzer

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BULLETIN DE COMMANDE À DÉCOUPER OU PHOTOCOPIER ET À RETOURNER À : PLANÈTE ROBOTS - ÉDITIONS D'ACAMAR, 161, BD HENRI-SELLIER, 92150 SURESNES ❏ Je paye par chèque à l’ordre des Éditions d’ACAMAR ❏ Je désire une facture (adresse courrier électronique impérative dans ce cas)

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Je désire commander le ou les numéro(s) suivant(s) : Cochez la case correspondante ❏ n°1 - ❏ n°2 - ❏ n°3 - ❏ n°4 - ❏ n°5 - ❏ n°6 - ❏ n°7 - ❏ n°8 ❏ n°9 ❏ n°10 - ❏ n°11 - ❏ n°12 - ❏ n°13 - ❏ n°14 - ❏ n°15 ❏ n°16 ❏ n°17 ❏ n°18 ❏ n°19 ❏ n°20 ❏ n°21 ❏ n°22 ❏ n°23 ❏ n°24 ❏ n°25 ❏ n°26 ❏ n°27 ❏ n°28 ❏ n°29 ❏ n°30 ❏ n°31

Nombre de magazines cochés ...... x 5,90 € = .......... + participation aux frais d’envoi :

Profession (facultatif) ............................... Âge (facultatif) .............. Adresse .................................................................................. ................................................................................................ Code postal ............................................................................ Ville ................................................. Pays ..............................

5 € 1 à 3 numéros commandés 10 € 4 à 6 numéros commandés 17 € 7 à 20 numéros commandés 25 € au-delà de 20 numéros commandés Total : ..........

Téléphone fixe (facultatif) .......................................................... Téléphone portable (facultatif) ................................................... E-mail .....................................................................................

Exemple : 4 magazines cochés 4 x 5,90 € = 23,60 € + 10 € d’envoi = 33,60 €

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LE DESSIN ACQUIERT UNE TROISIÈME DIMENSION Reprenant simplement le principe de l'imprimante 3D (sans la partie robotique), le crayon 3D permet de dessiner sur une surface traditionnelle mais aussi de tracer des formes dans le vide. Et certains voient en lui l’amorce d’une petite révolution graphique. Question : est-il complètement au point ?… Qui n'a rêvé de briser le troisième mur graphique en déplaçant la pointe de son stylo audessus de la feuille, afin de dessiner une forme tridimensionnelle ? En 2013, Peter Dilworth et Maxwell Bogue (de WobbleWorks) ont procédé à une levée de fonds sur la plate-forme de financement participatif Kickstarter afin de terminer le développement du premier crayon du genre, le 3Doodler. Le projet réclamait 30 000 $ et ils ramassèrent finalement plus de 2,3 M$ (l'engouement du public était évident). Et en 2014, les premiers exemplaires arrivèrent chez les bakers (les personnes ayant participé au financement). Désormais, le produit est disponible pour tous — comme chez A4 Technologie qui nous en a prêté un exemplaire pour effectuer nos tests. Mais de nombreux projets concurrents se sont développés et déboulent

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dans les étalages ! C'est ainsi qu'à titre de comparaison, A4 Technologie nous a prêté aussi le 3D Pen, un clone d'origine chinoise… L’UTILISATION DU 3DOODLER Le 3Doodler se présente comme un gros stylo noir et déconcerte un peu par son épaisseur — mais l'on s'y fait… À l'extrémité supérieure, on place l'encre sous la forme d'un bâton de plastique de couleur. (Le crayon est livré avec cinquante filaments de plastique PLA et ABS de 25 cm de longueur et de 3 mm d'épaisseur. Ces filaments sont proposés en dix couleurs — à vous de choisir la nuance de votre création.) Il est branché sur le secteur via l’alimentation. Et une fois que vous l’avez branché, vous sélectionnez le type de filament que vous allez introduire (ABS ou PLA) — ce qui met le stylo en marche.

Une LED rouge apparaît durant les quelques dizaines de secondes de chauffe puis passe au bleu pour signaler que le 3Doodler est prêt à être utilisé. Le principe de fonctionnement est simple : quand vous appuyez sur l'un des deux boutons d'écriture, le filament est entraîné par un petit moteur à l'intérieur d'un minifour qui va chauffer le filament jusqu’à la température idéale — afin de le déformer et de l’étirer suffisamment pour le rendre propre à l'écriture. (Le PLA a besoin d'une température inférieure à celle que nécessite l'ABS.) La première étape consiste à accrocher la base de votre dessin à une surface (nous avons utilisé une simple feuille de papier). Pour lancer le premier jet, il faut appuyer sur un des deux boutons d'écriture (l'un à faible vitesse, l'autre à débit


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“Cela amusera beaucoup les enfants (attention, cet outil est déconseillé à ceux qui ont moins de douze ans) et pendant longtemps.”

Même si le résultat fourni par le 3D Pen reste correct, son utilisation se révèle moins aisée que celle du 3Doodler.

ET LA CONCURRENCE ? Produit en Chine, le 3D Pen est plus fin que le 3Doodler et semble d’une utilisation plus naturelle. Son fonctionnement apparaît très semblable — les filaments ne sont toutefois pas livrés sous la forme de bâtons mais sous celle de petits rouleaux, ce qui est bien moins pratique quand ils pendent du haut de votre crayon… Sa tare principale est la gestion de la vitesse du fil. Ici, c'est une molette que l'on fait glisser, ce qui semble permettre de sélectionner la vitesse — mais il n'en est rien : au minimum, c'est extrêmement lent et quand on fait monter la vitesse d’un chouia, le débit s’accélère brutalement… Points positifs, le changement de rouleau et donc le changement de couleur sont plus aisés : vous pouvez à tout moment sortir le filament grâce au moteur qui inverse la course. Il suffit ensuite de le changer et la nouvelle couleur apparaît presque instantanément à la sortie de la buse. (Le 3Doodler ne permet pas ce changement rapide.)

Quelques créations exécutées par des artistes !

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Quand nous avons tenté de dresser un plan 3D de la maison de nos rêves pour la première fois !…

plus rapide). Précisons que nous n'avons quasiment utilisé que la faible vitesse — sauf peutêtre pour établir la base des dessins géométriques et apporter plus d'assise à l'édifice. L'écriture en 2D est relativement aisée : il suffit de promener la pointe du crayon légèrement en biais puis d’arrêter la pression sur le bouton quelques instants avant de terminer votre trait, le crayon mettant une petite seconde environ avant de stopper vraiment. Pendant les phases de dessin, un petit ventilateur se fait entendre et il arrive que le crayon émette quelques crépitements. Lorsqu’on quitte la surface d'écriture pour prendre l'air, il est préférable de passer en basse vitesse afin d'éviter que la structure en-

core chaude ne retombe sous son propre poids. À basse vitesse, il se révèle aisé de créer des formes en prenant son temps — le plastique séchant plutôt rapidement, ce qui renforce la structure. (Toutefois, ne pensez pas devenir un artiste 3D dès la première utilisation : relier deux traits dans le vide n'est pas facile mais on apprend de ses erreurs et l’on finit par maîtriser l'outil.) UN OUTIL PARFAIT ? Malgré une utilisation que l’on peut qualifier de jubilatoire, le 3Doodler n'est pas encore parfait. Sa manipulation (il est un peu épais) n’apparaît pas aussi naturelle que l’exercice de l'écriture classique (c'est un nouvel outil et même un en-

fant de grande section n'apprend pas à écrire en 10 min). Une fois qu’une création est terminée, il reste une multitude de microfilaments de plusieurs centimètres (à peine visibles, certes) qui pendent un peu partout. Il faudra donc découper aux ciseaux ces petits déchets qui volent ensuite sur votre plan de travail, comme des poils de chat. Dernier inconvénient : vous vous apercevrez que les recharges de fils en plastique partent très vite (il y en a quand même suffisamment…) On se prend très vite au jeu et l’esprit ludique se donne bientôt libre cours : vous avez à peine terminé d’établir le plan 3D de la maison de vos rêves que vous prenez illico les mesures de vos yeux pour dessiner une paire de lunettes multicolores ! Cela amusera beaucoup les enfants (attention, cet outil est déconseillé à ceux qui ont moins de douze ans) et pendant longtemps ! La pâte à modeler paraît has been face au 3Doodler… Merci à A4 Technologie de nous avoir prêté ces deux stylos 3D (http://www.a4.fr/).

■Frédéric Boisdron

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LE BOÎTIER QUI VOUS CONNECTE À VOTRE VOITURE !

Couplé aux applications dédiées installées sur votre smartphone, le boîtier Xee, conçu par la start-up lilloise Eliocity, va rendre votre conduite plus économique et plus sereine!… Simple à mettre en place et compatible avec plus de cent quatre-vingts modèles de véhicules, il vous permettra de suivre votre consommation de carburant, d'alerter vos proches en cas d'accident ou encore de localiser votre voiture…

Pour le moment, cinq applications sont disponibles gratuitement sur l'Apple App Store ou sur Google Play.

UN ŒIL EN PERMANENCE SUR VOTRE VÉHICULE Le boîtier se connecte à la prise de diagnostic (la prise On-Board Diagnostics, disponible sur tous les modèles récents, à laquelle se connecte votre garagiste), récupère les données utiles via le bus CAN (Control Area Network) puis les transmet à votre smartphone via une liaison Bluetooth lorsque vous êtes dans votre tire ou via GPRS (sans frais supplémentaires pour l'utilisateur). Votre mobile peut être équipé de cinq applications gratuites (compatibles iOS et Android), chargées de conver tir les données reçues en informations utiles. À commencer par MyXee, qui vous permettra de créer votre profil puis de télécharger les apps qui vous intéressent. Ensuite, vous pourrez par exemple optimiser votre façon de conduire pour limiter vos dépenses en carburant, en bénéficiant des précieux conseils de l'application XeeEcodrive ; le suivi du budget et celui de l’entretien du véhicule sont quant à eux effectués par XeeBudget. Et en cas de panne ou d'accident, l'application XeeAlert propose de contacter rapidement vos proches ou les services adéquats et de leur communiquer votre position grâce à la puce GPS intégrée au boîtier. Enfin, qui ne s'est jamais demandé s'il avait bien verrouillé sa voiture ?… Ce genre d'incer titude ne vous tourmentera plus grâce à XeeCar, qui vous dira si les portes sont bien fermées, si les phares sont correctement

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éteints, si la bagnole ne s'est pas déplacée, etc. Vous aurez même la possibilité d'être averti que votre véhicule dépasse une cer taine vitesse ! UN BOÎTIER, DE MULTIPLES POSSIBILITÉS Mais ce n'est pas tout ! Nous n’avons recensé que les fonctionnalités de base du projet, qui ne demande qu'à en offrir davantage… Pour cela, Eliocity mettra à disposition des développeurs qui en feront la demande le SDK (Software Development Kit) nécessaire à la conception de nouvelles apps. Il sera ainsi possible d'exploiter toutes sor tes de données capturées par le Xee pour fournir de nouveaux services (qui intéresseront sans aucun doute les sociétés de location de véhicules, les assureurs ou tout autre professionnel de l'automobile). Homologué par le ministère des Transports, le Xee est d'ores et déjà en vente sur www.xee.com et depuis peu sur Amazon et LDLC au prix de 149,90 € (boîtier + câble). À ce jour, il est compatible avec cent quatrevingt-six modèles de voitures — une base de données alimentée en permanence par les ingénieurs et les testeurs d'Eliocity. Pour vérifier si votre véhicule est prêt à être connecté, rendez-vous sur le site officiel du projet : vous aurez ainsi accès à la liste des fonctionnalités disponibles pour votre voiture puis aux instructions de montage. L’installation de l'appareil se révèle très simple ; néanmoins, on

Au de entre par A a mis l'Emo Votre auto est-elle bien verrouillée ? Un coup d’œil sur XeeCar et vous voilà rassuré(e) !…

notera que cer taines marques (Audi, BMW, Mercedes, Mini, Porsche, Seat, Skoda et Volkswagen) obligent à recourir à l'intervention d'un professionnel… ■Fleur Brosseau

Votre nouveau compagnon de route tient dans la main et s'adapte à tous les véhicules récents.

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LE CHIEN DERBY

RETOMBE SUR SES PATTES

Derby avait un fil à la patte… Ce jeune husky d'Hillsborough (New Hampshire, USA) était né avec une grave malformation : ses deux pattes avant étaient atrophiées et dépourvues de doigts, ce qui rendait ses déplacements difficiles et douloureux. Promis à l’euthanasie, il a échappé à ce triste destin grâce à Tara Anderson, directrice de produit chez 3D Systems, qui s’est intéressée à son cas et a entrepris de le soigner.

Derby a retrouvé une nouvelle vie grâce à ses prothèses imprimées en 3D ! — Les prothèses fraîchement imprimées…

L’entreprise 3D Systems, dont le siège est installé en Caroline du Sud, est spécialisée dans l'impression 3D. Avec son équipe, Tara Anderson a décidé de créer une prothèse personnalisée pour lui permettre de retrouver une vie normale. Elle a tout d'abord conçu un système de chariot dans lequel Derby pouvait placer ses pattes avant — mais le résultat ne l’avait pas entièrement satisfaite. En effet, le jeune canidé s'était certes habitué à ses roulettes mais demeurait limité dans sa liberté de mouvement et ne pouvait toujours pas jouer avec les autres chiens… Tara a donc rassemblé les équipes de 3D Systems et plusieurs vétérinaires experts en prothèses animales autour d'un nouveau projet : la conception de prothèses uniques grâce à l'impression 3D. UNE CONSTRUCTION QUI S’EST FAITE PAR ÉTAPES Tout d’abord, on a pris des photos 2D de Derby par scanner. Elles ont ensuite été modélisées en 3D par le biais de la plate-forme Geomagic Freeform de 3D Systems. « Cette reconstitution a permis une conception plus rapide de la prothèse de l'animal tout en garantissant une totale compatibilité avec sa morphologie », a expliqué Kevin Alkins, le chef de produit Freeform de 3D Systems. Une première version des prothèses ressemblant à celles des athlètes paraolympiques avait été envisagée mais ce fut une prothèse

au design incurvé qui fut choisie en définitive (elle ne risquait pas de s’enfoncer dans le sol et permettait un meilleur rebond). Car une partie de cette prothèse devait demeurer rigide, pour une bonne tenue des pattes et une autre plus souple pour fournir davantage d’agilité. Et seule l’imprimante Systems ProJet 5500x MultiJet 3D pouvait imprimer une matière plastique dite « mixte », avec les parties rigides et d'autres plus souples d’un même objet… (Une fois le modèle choisi, la fabrication n’a pris que quelques heures.)

pourrait donc bien révolutionner la chirurgie animale, à moindre coût pour les maîtres. Le public ne s’y est pas trompé : en quatre jours, le repor tage de 3D Systems consacré au cabot a déjà dépassé les cinq millions de vues.

■Anouck Peltier

DERBY FAIT LE BUZZ ! Le 15 décembre 2014, Derby a enfilé ses prothèses pour la première fois. Après quelques légers ajustements, il s'est rapidement habitué à ses nouvelles pattes. Il est maintenant capable d'accompagner ses maîtres pendant leur jogging et court entre 3 et 5 km par jour. Le travail de Tara Anderson et de son équipe ouvre donc de grandes perspectives en matière de chirurgie or thopédique animale ou humaine : la technologie 3D permet désormais de créer des prothèses parfaitement adaptées au handicap et à la morphologie du patient, plus rapidement et pour un coût de fabrication inférieur aux prix du marché. Des prothèses comme celles de Derby coûteraient environ 3 000 € (en plus des frais chirurgicaux) si elles étaient fabriquées selon les méthodes classiques… La technologie 3D

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SOLARSTRATOS

LE PLANEUR DES ÉTOILES

Rejoindre les étoiles grâce à l’énergie de l'une d'entre elles? Cela sera bientôt possible avec le projet SolarStratos de Raphaël Domjan…

L'équipe qui se trouve derrière SolarStratos. (Crédit : Racine Photo Art.)

L'écoaventurier Raphaël Domjan n'en est pas à son coup d'essai : il avait déjà accompli en 2012 un tour du monde avec le catamaran PlanetSolar — un voilier révolutionnaire alimenté uniquement par l’énergie solaire, afin de prouver qu'une transition vers les sources énergétiques renouvelables était possible. Il revient avec un projet encore plus démesuré et encore plus dangereux. Car il ne s’agit plus de parcourir les mers mais de voler au plus près des étoiles. Nom de code de l’opération : SolarStratos. UN AVION HORS NORMES Le projet a été lancé en 2014 ; son objectif : la conception du premier planeur autonome capable de naviguer dans la stratosphère, à plus de 20 km au-dessus du sol, sans carburant ni hélium. Ce planeur de 7,70 m de longueur pour une envergure de 20 possède des ailes tapissées de panneaux photovoltaïques qui représentent une surface de 22 m² ; elles ont pour fonction de capturer l'énergie solaire nécessaire au fonctionnement du moteur de 18 ch. L'avion des étoiles est développé par Calin Gologan, un ingénieur allemand (propriétaire de la société PC-Aero, qui travaille à la conception d'avions). Il a notamment participé à la mise au point du Solar Impulse (le premier avion solaire à avoir réussi un vol de nuit) de Bertrand Piccard et André Borschberg. Enfin, la supervision des vols est assurée par l'astronaute Michael López-Alegria, qui a effectué quatre vols dans l'espace entre 1995 et 2007 et fut commandant de la Station spatiale internationale (ISS).

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DES CONDITIONS DANGEREUSES Le premier vol ne sera pas sans danger pour Raphaël Domjan. En raison de la taille de la cabine et pour limiter le poids de l'appareil (extrêmement léger avec ses 400 kg), la cabine ne sera pas pressurisée… Le pilote devra donc porter une combinaison spatiale pressurisée utilisant l'énergie solaire produite par le planeur. Le moindre souci technique entraînera un risque mortel pour le Suisse, qui ne pourra pas s'éjecter du SolarStratos. De nombreux tests vont donc avoir lieu dès cette année 2015. Un essai est programmé pour une durée de cinq heures, à une température au-dessous de 0 °C (à cette altitude, la température extérieure est d'environ – 70 °C). Deux heures seront nécessaires pour atteindre la stratosphère et l'appareil restera 15 min dans cette zone puis entamera une descente en planant pendant une durée de trois heures… Cette mission à haut risque doit prouver que les importantes quantités d'énergie nécessaires pour s'extraire de l’atmosphère terrestre et atteindre la stratosphère peuvent être remplacées par une énergie électrique propre.

disponibles à la fin de 2014 selon le site officiel du projet].) Pour ceux qui ne peuvent pas s’acheter un billet vers la stratosphère, un système de financement participatif a été mis en place, afin que chacun puisse soutenir le projet selon ses moyens. En fonction de la somme investie, des badges, des certificats ou des vestes d'aviation seront distribués par l'équipe du SolarStratos. Avec des projets comme celui-là ou le SpaceShip du patron de Virgin, Richard Branson, l'espace s'annonce réellement comme la destination touristique de demain — et cela à des coûts de plus en plus abordables pour le commun des mortels. ■Nicolas Vimard

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L'ESPACE PRESQUE À LA PORTÉE DE TOUS… Prévu en 2017 en Suisse, cet essai ouvrira la voie aux vols habités, pour un coût raisonnable… (Le prix du billet est fixé à 50 000 € dans un modèle biplace proposant un voyage d'une durée de dix heures [dix places étaient encore

Au de comm entrep Aldeb Awab dédié

Vue informatique du vol du SolarStratos, tel qu’il est prévu.


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TOMTOM TRAFFIC

BIENVENUE DANS

LA MATRICE !

Comme la plupart des objets high-tech, les systèmes de navigation n’échappent pas à la mode du tout-connecté. Dans ce domaine, la célèbre marque hollandaise TomTom a pris une longueur d’avance avec son service TomTom Traffic et nous donne un aperçu de ce qui nous attend dans le futur. Attention, désormais votre GPS is watching you ! maximum de précision. Et rassurez-vous : encore une fois de façon totalement anonyme ! Ces millions de « balises » forment une grille (une Matrice) qui indique en permanence la fluidité de la circulation sur toutes les routes, dans les avenues et toutes les rues. TomTom établit de plus chaque année le palmarès des villes d’Europe les plus encombrées, avec de belles surprises comme Bruxelles, élue capitale du bouchon en Europe — et comme Marseille, plus encombrée que Paris !!! Mais cela permet surtout à votre GPS de proposer des routes en option dès que le moindre blocage intervient…

Si la fonction principale d’un GPS est de vous aider à trouver votre chemin quelle que soit la destination, une nouvelle aptitude a rendu les systèmes de ce type particulièrement intéressants pour les conducteurs urbains… En effet, ils vous épargnent les embouteillages ! La fameuse appli pour smartphones et tablettes — Waze — en tire même la majeure partie de son succès. Mais c’est le TomTom Traffic qui a lancé le mouvement et il compte bien conserver son avance. Que ce soit sur un GPS intégré, sur un mobile ou sur un smartphone, le service va connaître en permanence l’état du trafic sur votre chemin avec une précision de dix mètres et une mise à jour toutes les deux minutes!… Mais comment est-ce possible? En fait, contrairement à des systèmes comme Infotrafic, qui récoltent les données des capteurs installés sur la chaussée des grands axes, le TomTom Traffic récolte les données anonymes de circulation des téléphones portables auprès d’opérateurs de la téléphonie mobile (comme SFR en France, par exemple). Selon la manière dont ils se déplacent, leur vitesse et leur position géographique, le TomTom peut déterminer s’ils se trouvent dans une voiture ou dans une poche… S’ils sont dans un véhicule, leur vitesse et les coordonnées géographiques en disent long sur la fluidité du trafic…

la précision, comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, la société a mis en place un autre système de collecte de donnée plutôt malin : ses propres terminaux de navigation. Car désormais, la plupart des GPS de la marque sont équipés du Traffic et sont donc connectés (via un mobile en Bluetooth ou grâce à une SIM intégré) pour recevoir l’info sur le trafic. Ils sont particulièrement subtils puisque les données ne vont pas seulement dans un sens… Comme les mobiles (mais d’une manière plus simple, puisqu’un GPS a toutes les chances se trouver dans une voiture), les TomTom Traffic envoient à la maison mère des données sur leur circulation. Les deux sources sont alors mixées pour un

TOUJOURS PLUS DE CAPTEURS TomTom ne compte pas s’arrêter là et va bientôt interfacer votre véhicule avec son système de navigation, qui se connectera au multiplexage de la voiture — un bus de données central présent sur presque toutes les voitures modernes et auquel sont reliés tous les équipements. Ainsi, quand vous allumerez vos antibrouillards ou déclencherez les essuie-glace, cela vous donnera de précieuses indications sur l’état de la voie sur laquelle vous roulez (et donc sur les potentiels ralentissements) ! On imagine donc sans difficulté l’étape suivante : un outil de plus pour la voiture autonome en préparation dans de nombreux laboratoires, comme ceux de Google. On est bien loin de la carte Michelin en papier de nos grands-parents…

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■Cyril Drevet

Les terminaux TomTom Traffic et l'application smartphone éponyme permettent de vous indiquer les routes en option quand des ralentissements interviennent.

VOITURE BALISE Toutes ces données sont transférées de partout en Europe (et en temps réel) au quartier général de TomTom, sis à Amsterdam. Et pour affiner

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NEWS GADGETS & TENDANCES À VENIR SPÉCIAL CES 2015 LA VALSE DES GADGETS Depuis sa première édition en 1967, le CES de Las Vegas nous a fait découvrir chaque année, en avant-première, des gadgets qui ont marqué leur époque comme le magnétoscope de Sony (1970), le jeu vidéo Pong (1975), la console de jeux Nintendo NES (1985) — ou plus près de nous le disque Blu-ray (2004). L'année 2015 a été celle de l'arrivée massive des objets connectés… Voici un florilège des produits présentés (la plupart des prix ne sont pas indiqués car ils ne seront pas connus avant le milieu de l'année)…

ZANO, UN MICRODRONE AUTONOME ET INTELLIGENT Le Zano est un minidrone qui a terminé avec succès sa campagne de crowdfunding sur Kickstarter au début du mois de janvier et a suscité un vif intérêt au dernier CES. Bien qu’il soit de très petite taille (6,5 x 6,5 cm) et ultraléger (55 g), la société Torquing Group, qui l’a conçu, annonce qu’il se connectera directement sur un smartphone (iOS ou Android), via son module WiFi, et ne nécessitera aucun apprentissage particulier. Il devrait être équipé d’un lecteur de cartes microSD, d’une caméra 5 Mpx pour prendre des photos et des vidéos HD, d’un capteur infrarouge et d’un détecteur à ultrasons. Sans oublier un capteur de pression barométrique, un microphone, un amplificateur audio, un afficheur RGB de 8 x 8 px, des LED pour ses bras moteurs et un processeur 32 bits. Grâce à la fonction Suivez-moi, il pourra escorter de façon autonome son utilisateur à une vitesse pouvant atteindre 40 km/h. Son autonomie sera de 10 à 15 min et sa portée maximale de 30 m. Il pourra également suivre un trajet préprogrammé tout en évitant les obstacles de manière que son utilisateur n’ait plus à s’en soucier. Enfin, il sera aussi capable de revenir tout seul à sa position de départ s’il est trop éloigné de l’utilisateur ou si les batteries ont commencé à faiblir. (Il devrait être commercialisé à partir du mois de mai à un prix avoisinant les 200 €. Et ses concepteurs annoncent qu’il sera aussi capable de voler en essaim.) AVEC SON NOUVEL ÉCRAN ZVR, HP COMBINE 3D ET RÉALITÉ VIRTUELLE Lors de ce CES, HP a présenté le Zvr Virtual Reality Display, un écran d’ordi-

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virtuelle. (La start-up marseillaise qui est derrière ce projet risque de troubler nos habitudes en matière d’utilisation de l'informatique…)

nateur muni d’un système d’affichage en 3D et d’une technologie de détection des mouvements (développée en partenariat avec zSpace), qui permettent à l’utilisateur de visualiser des images 3D avec le port de lunettes spéciales et de les manipuler (agrandir, déplacer, tourner...) à l’aide d’un stylet. Zvr est un écran stéréoscopique Full HD de 23,6 po de diagonale doté d’une résolution de 1 920 x 1 080 px. L’écran peut être incliné à 170° à l’horizontale et à 160° verticalement. Et quatre caméras, placées sur la partie supérieure de l’écran, détectent les mouvements de l'utilisateur afin de lui restituer une image 3D toujours optimale, suivant l'angle de vision. De plus, il est équipé de connecteurs DVI et DisplayPort et de deux ports USB 2.0. Le Zvr est avant tout destiné à un usage professionnel et, plus particulièrement, à certains secteurs d’activité comme la recherche, la médecine, l'ingénierie, le design, l’architecture, l'éducation ou encore les compagnies pétrolières (pour les aider à visualiser et à analyser plus facilement leurs données géologiques). Son prix n’a pas encore été rendu public et sa commercialisation est prévue pour le printemps. 3DRUDDER, UNE MANETTE DE JEU POUR LES PIEDS On pourrait, à première vue, prendre ce 3DRudder pour un nouveau robot aspirateur — mais il n'en est rien ! C'est en fait une nouvelle façon de jouer (ou de travailler) sur son ordinateur ou sa console de jeux. Tout comme l'orgue possède des claviers pour les mains, il en propose également un pour les pieds — un pédalier. Le 3DRudder va piloter des événements sur votre ordinateur, libérant ainsi vos mains pour d'autres activités. Ce nouvel accessoire péri-informatique pourrait être parfaitement adapté à l'immersion dans la réalité

HP SPROUT, LE RENOUVEAU DU CLAVIER Après la révolution de la manette de jeu et de l'écran, HP s’apprête à remplacer nos claviers et nos souris par un écran tactile supplémentaire… À la manière d'une console de jeux 3DS de Nintendo, HP propose d'ajouter un second écran, posé sur votre bureau. Cet espace tactile vous permet de taper sur un clavier virtuel, de faire apparaître des interfaces spécifiques suivant les logiciels ou les jeux que vous utiliserez. Mais ce n'est pas tout : au-dessus de l'écran, quatre caméras utilisant la technologie Intel RealSense 3D, couplées à une caméra de 14,6 Mpx, capturent vos mouvements afin de pointer dans un espace en trois dimensions. Ce système permet également de capturer des objets physiques placés devant cet écran pour les proposer en version numérique 3D dans votre espace virtuel — à la façon d'un scanner 3D. 1 900 $ (environ 1 676 €)

AVEGANT GLYPH : À LA FOIS CASQUE AUDIO ET CASQUE DE RÉALITÉ VIRTUELLE J’anime donc cette rubrique et vous n'imaginez même pas le nombre de communiqués de presse que je reçois — qui vantent les mérites des casques audio… Mais il faut bien dire que depuis plus de quarante ans, ces derniers n'ont pas connu d’innovations majeures et je ne voyais pas l'intérêt de vous en présenter ici. Ce numéro est donc à marquer d'une pierre blanche ! Avegant en propose enfin un qui est


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Screetch doté d’améliorations : l’Avegant Glyph est en effet un casque audio qui vous permettra d'écouter vos musiques et podcasts préférés dans le tram, en allant au travail ou au lycée et… d'entrer dans le monde virtuel… Quand vous placez l’anse du casque vos les yeux, elle laisse apparaître deux emplacements pour vos mirettes. Ce ne sont pas de simples écrans, mais un système de miroirs capable d'afficher l'image directement sur la rétine avec une résolution de 1 280 x 720 px par œil. (Plus besoin d'intégrer son smartphone car il utilise son propre système de diffusion de l'image…)

PRYNT, UNE COQUE DE TÉLÉPHONE QUI IMPRIME VOS PHOTOS Nous voici ramenés dans les années 1980, avec le retour de l'appareil façon Polaroid et ses photos instantanées ! Le Prynt se présente comme une coque un peu épaisse pour smartphone. Il embarque une imprimante couleur miniature qui sort une version papier de vos photos préférées ou de celle qui vient juste d'être prise avec vos amis… Il est actuellement compatible avec les terminaux iPhone 5 (et plus), Samsung Galaxy S4 et S5. (C’est encore un projet français !)

NETATMO WELCOME : UNE CAMÉRA DE SURVEILLANCE QUI RECONNAÎT LES VISAGES La caméra Netatmo Welcome est une caméra de surveillance et elle présente quelques particularités qui la sortent du lot commun. Sa vision à 130° enregistre en 1080p, même en mode Nuit grâce à des LED infrarouges. Elle se montre capable de reconnaître les visages qui passent devant elle et fait ainsi le tri entre les habitants d’un foyer et d’éventuels inconnus (elle vous envoie des notifications sur votre ordinateur ou votre smartphone en cas d'alerte). Et si vous voulez filmer une soirée entre amis, il suffit d'y insérer une carte SD pour qu’elle y enregistre ses données en plus du renvoi vers le réseau domestique.

EBOVE A MIS AU POINT UN VÉLO D'APPARTEMENT ROBOTISÉ Utiliser un vélo d'appartement peut se révéler ennuyeux… Ebove en présente un d’un genre nouveau — relié à un écran qui retransmet les images que verrait un cycliste en situation réelle. Très réaliste, il simule le retour de force en gérant les pentes et les descentes sans oublier les évitements d’obstacles (des branches ou des pierres). Et il se soulève ou s'abaisse à la manière de certaines bornes d'arcade des années 1990. L'écran est tout simplement votre tablette, fixée à l'avant du cycle…

TRIBY : LE RENOUVEAU DU TÉLÉPHONE FIXE Avec l'avènement des téléphones portables, le fixe est laissé peu à peu à l'abandon… C’était compter sans la start-up française Invoxia, qui l’a réinventé en proposant le Triby. Il se présente sous la forme d'un boîtier au dos aimanté — à placer sur votre réfrigérateur (par exemple). Il reprend le principe des téléphones de conférence avec son haut-parleur — ce qui vous permet de passer des appels tout en vous libérant les mains, jusqu'à une distance de six mètres, sans avoir à crier. Il est doté d’un écran tactile sur lequel on prend des notes comme sur un Post-It ; on peut les envoyer ensuite comme des MMS au correspondant désiré. (Il est également possible d'y écrire des SMS.) Et les plus petits, en appuyant sur une seule touche, appelleront sans difficulté leur papa ou leur maman. (D'autres fonctions figurent à son actif, comme la diffusion de la radio FM.)

PARROT H2O, LA PLANTE CONNECTÉE QUI SAIT SE SERVIR À BOIRE Après le Flower Power, planté dans le pot même, qui permettait de connaître l'état de vos plantes à la maison. Parrot a amélioré son concept avec le H2O, qui embarque une bouteille d'eau : elle se vide dans la terre quand le capteur se rend compte qu'elle manque d'humidité. Et toutes les 15 min, le H2O enregistre les données de ses capteurs et les envoie à votre smartphone via Bluetooth pour analyse et aussi signalement des alertes éventuelles. Le système jouit d’une autonomie de trois semaines — une durée idéale si vous partez en vacances !…

ZTE SPRO 2, UN VIDÉOPROJECTEUR INTELLIGENT Offrant un affichage de 720p sur une surface allant jusqu'à 120 po (plus de 3 m), le projecteur de 200 lm peut fonctionner en mode Batterie pendant trois heures. Sur son dos, le Spro 2 embarque un écran tactile sous Android 4.4.2 (avec le PlayStore) et peut donc retranscrire son propre affichage en projection. Équipé d'un Snapdragon 800 de 2 Go de RAM, de la 4G LTE, il peut supporter jusqu'à huit connexions WiFi en mode Hotspot et dispose d’une entrée HDMI. (Le projecteur repose sur un trépied et émet très peu de bruit.) BIG TAB, UNE TABLETTE TACTILE GÉANTE Vous trouviez les tablette trop petites ?… Fuhu en propose maintenant d’une taille allant de 32 à 65 po (81 à 165 cm de diagonale !) Avec ces dimensions, ce sont des moniteurs tactiles plutôt que des tablettes… Tournant sous Android avec une surcouche maison dénommée Blue Morpho OS (rien à voir avec le MorphOS, le système d'exploitation pour AmigaNG), elles sont livrées avec des applications adaptées aux enfants comme des outils de dessin ou des jeux ; Fuhu pense toutefois que d’autres applications peuvent être fournies (aux adultes et même aux professionnels). Les 32 et 43 po utilisent des écrans Full HD (au-delà ce sont des écrans 4K). La Big Tab possède également une entrée HDMI, pour servir de moniteur à un ordinateur ou à une box TV.

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NEWS Innovations & Concepts du futur

NIXIE: UN DRONE BRACELET POUR FAIRE DES SELFIES Au repos, le Nixie se présente sous la forme d’un banal bracelet… Une fois activé par simple commande vocale, il se détache, se transforme en miniquadricoptère et prend son envol. Grâce à la caméra installée en son centre, il peut alors prendre à tout moment des photos de l’utilisateur, tout en lui laissant les mains libres, avant de revenir se fixer sur le poignet. Connecté à un smartphone, il est en mesure de s'orienter et de définir un cadrage sans aucune intervention. Équipé d’un processeur multi-cœur qui embarque Linux, il dispose de connexions WiFi et Bluetooth. Le Nixie a été imaginé par Christoph Kohstall, un chercheur en physique de la Stanford University qui passe son temps libre à bricoler ; il n’en est encore qu’au stade du prototype mais a été l’un des dix finalistes du concours Make It Wearable, organisé par Intel. À ce titre, il vient de bénéficier d’une aide financière de 50 000 $, ce qui va lui permettre de connaître un développement plus poussé et d’envisager la commercialisation. Designer : Christoph Kohstall

chande, une salle de cinéma, différents restaurants, des bars, des discothèques, un casino…). Le pont supérieur abritera une oasis (sous une serre découvrable qui permettra de recréer n’importe quel climat — quelle que soit la position d’Utopia et sans avoir à se préoccuper des mauvaises conditions atmosphériques à l’extérieur). De plus, un pont d’observation, situé à 65 m au-dessus de l’eau, surplombera l’ensemble et offrira une vue à 360°.

mérite qu’on s’attarde dessus. Mais je me demande ce que donnera une utilisation continue d'un tel appareil, avec les mains sans cesse en l'air. Souffrira-t-on de crampes aux poignets comparables à celles que provoquaient les crayons optiques des ordinateurs Thomson des années 1980? (Ce concept est en fait un mélange de réalité augmentée et d'écran 3D.) Designers: Jinha Lee, Alex Olwal, Hiroshi Ishii et Cati Boulanger

Designer : Yacht Island Design

LINK, LA GESTION DES CONTENEURS URBAINS AUTOMATISÉS Le designer a eu l'idée de se servir des infrastructures existantes pour automatiser le déplacement des conteneurs des municipalités (poubelles, bacs de récupération) : des chariots suivent les véhicules de transport urbain, comme les bus. Comme ils connaissent les trajets qu’empruntent ces derniers, ils choisissent quels véhicules suivre et à quel endroit passer de l'un à l'autre pour arriver à destination. Ces chariots sont ensuite capables d'emporter chacun un conteneur ou d'en déposer un à un endroit programmé.

DR. RECARE, UN NETTOYEUR DE PLAGES Les plages ne sont pas toujours respectées… Chaque soir, les communes doivent les nettoyer pour les vacanciers du lendemain. Un designer semble avoir décidé de remédier à ce problème de pollution en proposant son concept — le Dr. Recare. Il se présente sous la forme d'un véhicule autonome muni d'un bras robotisé — qui nettoie la plage en récupérant les bouteilles plastiques et en les transformant en filaments exploitables par une imprimante 3D embarquée capable de confectionner des poubelles de plage! Il peut en garder six avec lui (qu'il remplit des autres détritus qu'il trouvera sur le sable blond). Designer : Mingyu Jeong

Designer : Ayelet Fishman

UTOPIA, UNE ÎLE ARTIFICIELLE DE LUXE Après The Streets of Monaco et Tropical Island Paradise, la société Yacht Island Design, en collaboration avec BMT Nigel Gee, a imaginé un autre concept novateur et futuriste qui mélange certains aspects d’un yacht pour milliardaires et le concept d’une île artificielle paradisiaque. Le projet Utopia est une plate-forme qui repose sur l’eau, soutenue par un plot central et quatre « pieds » motorisés qui se terminent par des flotteurs équipés de propulseurs (pour la navigation). Cette structure de 100 x 100 m comporte pas moins de onze ponts sur lesquels les passagers pourront trouver de nombreuses installations (une galerie mar-

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SPACETOP : UN ÉCRAN 3D D'UN NOUVEAU GENRE Les concepteurs tentent depuis longtemps de donner une véritable troisième dimension à nos écrans informatiques… Et si le SpaceTop constituait le début de la réponse? Plutôt que de donner du relief à l'image ou de créer des hologrammes qui sortent de l'écran, il invite au contraire à y entrer. L'écran se trouve au-dessus de votre clavier et de votre bureau, qui apparaissent en transparence et le pointage se fait en saisissant les éléments au moyen des mains, également en transparence derrière l'écran. Ce concept est passablement original et

UN NOUVEAU CONCEPT D'IMAC (INSPIRÉ DU PREMIER MACINTOSH DE 1984) Après une époque faste en matière de design sur la gamme iMac entre 1998 et 2004, Apple abandonna toute idée un peu révolutionnaire. CURVED/labs tente une opération « néo-rétro » en prenant pour source d'inspiration les premiers Macintosh, sortis en 1984. Ce concept reprend la façade du Mac originel en lui enlevant toute son épaisseur et le lecteur de disquettes est devenu un lecteur de cartes SD. Il est tout simplement magnifique! Mais il est fort possible (et bien dommage) que la marque à la pomme ne s'inspire pas de ce design pour la sortie de ses prochaines productions — trop orgueilleuse pour adopter les idées d’un cabinet de design qui ne lui appartient pas! Designer : CURVED/labs


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r e i h a C

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UTILISATION D'UN CAPTEUR À ULTRASONS (HC-SR04) AVEC UNE ARDUINO UNO Si la robotique a connu une progression fulgurante ces dernières années, c'est grâce à la miniaturisation et à la baisse des coûts des composants nécessaires à la fabrication des robots. Parmi ces composants, il existe en particulier les moteurs, l'électronique et les indispensables capteurs, qui permettent aux robots de sentir et de réagir face à leur environnement… Ils peuvent ainsi repérer et contourner les obstacles, détecter un claquement de mains pour se mettre en route ou encore analyser la quantité de CO2 dans l'air. Les possibilités sont innombrables et les capteurs à disposition des particuliers de plus en plus nombreux. En effet, quand un particulier se tourne vers la robotique, il commence souvent par fabriquer un petit robot mobile et un des objectifs de ce type de robot peut être, par exemple, d'éviter les obstacles… Il est possible d'utiliser des capteurs de contact mais il est plus intéressant de mesurer la distance entre un éventuel obstacle et le robot. Si ce dernier voit un obstacle, il peut ensuite le contourner. Il existe deux grandes familles de capteurs de distance : les premiers utilisent les infrarouges, les seconds les ultrasons et fonctionnent donc sur un principe similaire au sonar des chauves-souris.

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Le capteur à ultrasons HC-SR04.

PRÉSENTATION DU CAPTEUR HC-SR04 Dans cet article, nous allons étudier un capteur à ultrasons. Il en existe de nombreux modèles mais nous avons choisi un HC-SR04 — qui a l’avantage d'être peu onéreux et de profiter d'une plage de mesure large. Voici ses caractéristiques…

Tension 5V Courant 15 mA Distance maximale mesurable 4m Distance minimale mesurable 2 cm Angle de mesure 15° Dimensions 45 x 20 x 15 mm Il est important de remarquer que le capteur permet de repérer un objet qui se trouve dans un cône d'approximativement 15°. Au-delà de cet angle, les ultrasons ne rebondissent plus vers le capteur. Il faudra aussi penser à tenir compte de la surface sur laquelle les ultrasons rebondissent. Un mur bien lisse sera repéré aisément là où les vêtements peuvent poser plus de problèmes… Le capteur n'émet pas des ultrasons en continu, ce qui permet d'en utiliser plusieurs sur le même robot sans qu'ils interfèrent les uns avec


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“Il est important de remarquer que le capteur permet de repérer un objet qui se trouve dans un cône d'approximativement 15°. ” les autres. Cela veut également dire qu'il se révèle indispensable de déclencher l'envoi d'ultrasons avant de pouvoir récupérer une mesure de distance. Le diagramme temporel de l'illustration 1 montre le fonctionnement du capteur. Il faut envoyer une impulsion de 10 µs sur le « Trigger » du capteur pour déclencher l'envoi de huit impulsions d'ultrasons. La broche « Écho » renvoie alors une impulsion d'une durée correspondant au temps qu'il aura fallu au son pour faire l'aller-retour entre le capteur et l'obstacle.

Diagramme temporel.

Ce temps mesuré doit ensuite être multiplié par la vitesse du son dans l'air et être divisé par deux pour obtenir seulement la distance entre le robot et l'objet repéré et non la distance allerretour. On utilise la formule suivante…

Uno, qui peut fournir jusqu'à 40 mA sur une broche digitale et commencer à le programmer. Il est évidemment possible d'utiliser un autre microcontrôleur — pensez simplement à vérifier dans la documentation que celui-ci peut fournir au moins 15 mA. L'image suivante montre comment connecter le capteur à l'Arduino. CODE Maintenant que le capteur est branché, nous pouvons passer au code. Nous supposons que vous avez déjà installé l'IDE de l’Arduino et que vous connaissez les bases de sa programmation. Le programme se révèle assez simple et les commentaires sont assez clairs. La seule particularité du code est l'utilisation de la fonction PulseIn qui renvoie la durée de l'impulsion transmise par la broche « Écho » du capteur en µs. Notez également la dernière fonction utilisée pour envoyer des données sur le port série : Serial.println(''…''). Cette fonction permet de rajouter un saut de ligne à la fin des données transmises. /* | Utilisation d'un capteur à ultrasons HC-SR04 | Simon Lefort pour le magazine Planète Robots */

d = (t * c) / 2 d : distance entre le robot et l'obstacle (en m) t : durée de l'impulsion « Écho » (en s) c : vitesse du son dans l'air (~ 340 m/s) Comme on connaît la vitesse du son dans l'air (~ 340 m/s), qu'on multiplie la valeur obtenue par 100 pour obtenir des centimètres et que la durée de l'impulsion « Écho » est exprimée en µs, on peut simplifier la formule par d = t * 0,017 ou d = t / 58.

// On choisit deux broches digitales pour le Trigger et l'Écho #define trigPin 7 #define echoPin 8

// On affiche le temps mesuré et la distance sur le moniteur série Serial.print("Temps: "); Serial.print(temps); Serial.print(" us"); Serial.print(" -> Distance: "); Serial.print(distance); Serial.println(" cm"); // On fait une pause entre deux mesures delay(1000); }

Programmation de l’Arduino.

À la fin du code, une pause d'une seconde est nécessaire pour ne pas saturer le moniteur série et pouvoir lire les valeurs facilement (mais le capteur permet jusqu'à seize mesures par seconde). Les données peuvent être visualisées avec le moniteur série de l'IDE de l’Arduino (la petite loupe en haut à droite) ou avec d'autres logiciels comme Minicom ou HyperTerminal. Il faudra cependant veiller à utiliser la même vitesse de communication que dans le code embarqué (57 600 bauds). Nous sommes arrivés au terme de cet article

void setup() { // Initialisation de la liaison série à 57 600 bauds Serial.begin(57600); // Déclaration des broches avec leur fonction pinMode(trigPin, OUTPUT); pinMode(echoPin, INPUT); } void loop() { //Déclaration des variables float temps, distance;

Câble noir : GND de l'Arduino → GND de l'HC-SR04 Câble rouge : 5 V de l'Arduino → Vcc de l'HC-SR04 Câble jaune : Broche 8 de l'Arduino → « Trigger » de l'HC-SR04 Câble blanc : Broche 7 de l'Arduino → « Écho » de l'HC-SR04

// On active la broche de Trigger pendant 10 µs puis on la désactive digitalWrite(trigPin, HIGH); delayMicroseconds(10); digitalWrite(trigPin, LOW); // On mesure la durée que mettent les ultrasons à revenir temps= pulseIn(echoPin, HIGH);

CÂBLAGE Ce capteur demande peu de courant et ne nécessite pas de composants supplémentaires. On peut le brancher directement sur une Arduino

// On convertit la durée mesurée en une distance en centimètres distance = temps * 0.017;

Le logiciel Minicom.

et si vous avez suivi les différentes étapes, votre capteur HC-SR04 devrait fonctionner.Vous pouvez maintenant mesurer la distance !… ■Simon Lefort

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NEWS DVD, BD, LIVRES, CINÉ… rales ou éthiques que pose leur emploi et parle du nouveau métier de « pilote à distance ». Il y évoque aussi le futur de cette aviation — avec ses dérives et ses dangers potentiels.

Biographie ALAN TURING À l’occasion de la sortie au cinéma d’Imitation Game, le biopic consacré à la vie d’Alan Turing, une biographie rédigée par Andrew Hodges (un document qui a d’ailleurs servi à l’écriture du scénario) vient de paraître en traduction française (une version intégrale). Mêlant histoire des sciences, politique et philosophie, l’auteur nous dévoile la trop courte vie — hors-norme et longtemps méconnue — de ce véritable génie de l’informatique, ce pionnier de l’Intelligence artificielle qui fut aussi un héros de la Seconde Guerre mondiale et a révolutionné notre quotidien…

Auteur : Michel Polacco - Éditeur : Privat Déjà paru

Auteur: Andrew Hodges - Éditeur: Michel Lafon Déjà paru

thysme états-unien et en pleine guerre froide, aurait eu intérêt à éliminer… un homme qui en savait trop ? Auteurs : Laurent Alexandre et David Angevin Éditeur : Robert Laffont - Déjà paru

Biographie L’HOMME QUI EN SAVAIT TROP Ce livre retrace la vie mouvementée d’Alan Turing et décrit son œuvre ; cette fois, les auteurs abordent le sujet non pas sous l’angle d’une biographie traditionnelle mais sous celle d’un thriller mêlant sciences, histoire, espionnage et secrets d'État… On y croise bon nombre des grandes figures historiques qui ont marqué la première moitié du XXe siècle (Churchill, Eisenhower, Hitler, Truman, Staline, les espions de Cambridge, Charles de Gaulle et même John Edgar Hoover). Les auteurs s’interrogent sur la version officielle de la mort de ce génie visionnaire, imputée à un suicide par empoisonnement au cyanure (dans des circonstances suspectes, en 1954) et se demandent a contrario qui dans l'Angleterre puritaine et ultraconservatrice de l'après-guerre, influencée par le maccar-

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Essai DRONES — L'AVIATION DE DEMAIN ? Que leur usage soit civil ou militaire et qu’ils aient la taille d’une guêpe ou celle d’un Airbus, les drones sont désormais partout autour de nous… Surtout depuis que de nombreux secteurs d’activité (pompiers, géomètres, viticulteurs, ingénieurs du génie civil, compagnies de chemin de fer ou d'électricité…) s'ouvrent à ce marché — tout en leur offrant des potentialités inégalées et quasi illimitées. Cet ouvrage retrace leur genèse dans l’histoire de la conquête du ciel et les différentes étapes qui ont mené jusqu’au R-20 (le tout premier mis en service en Europe). L’auteur y passe en revue les différentes familles de drones (des plus gros aux nanodrones), aborde la réglementation naissante et les problèmes complexes causés par leur insertion dans l'espace aérien, soulève les questions mo-

Essai HUMAIN Produire des cellules artificielles, recomposer l'ADN, transformer nos cerveaux en machines elles aussi artificielles, voir directement nos pensées sur un écran, réparer notre corps grâce aux nanotechnologies — jusqu'à repousser la maladie, la vieillesse puis la mort… En ce XXIe siècle commençant où la frontière entre science et fiction devient de plus en plus ténue, les auteurs de cet ouvrage ont entrepris une vaste enquête auprès d'une cinquantaine de chercheurs issus de différentes disciplines. Ils œuvrent au sein des laboratoires scientifiques les plus réputés du monde (du MIT au Collège de France, de Stanford à Saclay, d’Harvard à l'École normale supérieure — sans oublier ceux de New York, Londres ou Hambourg), afin de recueillir leurs témoignages sur les limites, les évolutions possibles de notre humanité et les enjeux comme les implications philosophiques qui vont en résulter. Auteurs : Monique Atlan et Roger Pol-Droit Éditeur : Flammarion - Déjà paru Tutoriels IMPRESSION 3D PAS À PAS Voilà un ouvrage qui présente de façon simple et concrète ce qu’il faut savoir pour comprendre l’impression 3D et réus-


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Josèphe Ghenzer Marko s'occupe de l'éducation d'Hazel tandis qu'Alana semble être promise à une brillante carrière de comédienne au sein du Circuit, le divertissement le plus populaire de la galaxie — pour peu qu'elle parvienne à tempérer ses sautes d'humeur. Loin de là, sur Continent, la Princesse Robot vient de mettre au monde l'héritier du Robot Prince IV. Scénariste: Brian K. Vaughan - Dessinatrice: Fiona Staples - Éditeur: Urban Comics - Déjà paru

sir à fabriquer des objets à l’aide de cette technique. Il permettra au lecteur néophyte de s’initier à l’impression 3D pour réaliser ses créations, du simple porte-clés au jouet articulé. Par le biais de projets adaptés au niveau de chacun, ce livre regroupe trente exercices, ponctués de notions théoriques et pratiques qui guideront le lecteur dans son choix d’une machine et d’un logiciel 3D. Auteurs : Samuel N. Bernier, Bertier Luyt et Tatiana Reinhard - Éditeur : Marabout et leFabShop - Déjà paru

Manga SAGA (TOME 4) Depuis qu’ils sont arrivés sur la planète Gardenia, Alana, Marko, leur fille Hazel (ainsi que Klara, la mère de Marko) ont commencé une nouvelle vie…

Cinéma JUPITER: LE DESTIN DE L'UNIVERS (JUPITER ASCENDING) L’action de ce nouveau film de SF, écrit et réalisé par les Wachowski, se déroule dans les rues de Chicago et aussi dans les plus lointaines galaxies de l’Univers… L’héroïne, Jupiter Jones (Mila Kunis), enchaîne les coups durs et gagne sa vie en nettoyant les toilettes. C’est seulement lorsque Caine (Channing Tatum), un ancien chasseur militaire interplanétaire conçu génétiquement, débarque sur Terre pour retrouver sa trace qu’elle commence à entrevoir le destin hors du commun qui est le sien depuis toujours : en raison de son empreinte génétique, elle est la bénéficiaire d'un extraordinaire héritage qui pourrait bien bouleverser l'équilibre du cosmos. Elle va apprendre à ses dépens que la Terre n’est pas le berceau de l’Humanité mais a été semée par Abrasax Industries, il y a cent mille ans : elle n’est que l’un des rouages d’une vaste industrie très lucrative ! C’est pourquoi la dynastie la plus puissante de la galaxie, qui contrôle la planète bleue, veut la mort de la jeune héritière…

Cinéma PROJET ALMANAC Quatre adolescents ont, par hasard, fait une découverte qui va radicalement changer le cours de leur vie : ils ont trouvé le moyen de voyager dans le temps… Tout à la joie d'expérimenter la machine qu’ils viennent de construire, ils en oublient que leurs agissements dans le passé, même s’ils leur paraissent anodins (réussir brillamment leurs examens puisqu’ils connaissent d’avance les questions posées et donc les réponses, gagner le jackpot en jouant au Loto…) peuvent avoir de désastreuses conséquences (parfois irréversibles) lorsqu’ils déclenchent sans le vouloir des réactions en chaîne qui vont modifier le présent — et donc l’avenir ! Réalisation : Dean Israelite - Scénario : Jason Pagan et Andrew Stark - Distribution : Paramount Pictures - Sortie en salles : 25 février 2015

Réalisation et scénario: Andy et Lana Wachowski Distribution: Warner Bros. - Film sorti en France le 4 février 2015

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NEWSCINÉMA CHAPPIE

L’EVEIL DE LA CONSCIENCE On connaissait déjà l’amour immodéré de Neill Blomkamp pour la science-fiction… Après District 9 et Elysium, voici donc Chappie, un film dont le héros éponyme est un robot vraiment pas comme les autres… culièrement performante. Peu après sa renaissance, ledit robot est kidnappé par deux malfaiteurs pour servir leurs intérêts. Ils le baptisent Chappie et lui donnent toute une série de nouvelles directives (voler des voitures, utiliser une arme à feu…). Il devient alors le fils adoptif d’une étrange famille dysfonctionnelle, dans laquelle il va grandir… Mais Chappie est un robot unique en son genre car, contrairement à ses semblables, il possède des dons très particuliers qui font de lui une sorte d’enfant prodige, doté d’un grand sens créatif : il peint des tableaux et compose des poèmes… C’est en fait le premier robot capable de penser, de ressentir des émotions et d’avoir ses propres idées mais, tout comme le ferait un enfant, il a aussi besoin d’apprendre et de retenir ses leçons… Comme il le dit si bien : « Je suis conscient, je suis vivant, je suis Chappie. » Au fil du temps, il va évoluer en fonction des influences (bonnes comme mauvaises) procurées par son entourage et il lui faudra alors se fier à son « cœur » pour trouver sa place parmi les êtres humains.

LE TEMPS DE L’INNOCENCE Deon (Dev Patel), un jeune génie de l'informatique, a récupéré un robot endommagé (l’un de ceux qui avaient été

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conçus à l’origine pour assister la police militarisée de Johannesburg dans un proche avenir — façon RoboCop) et l’a retapé tout en le dotant d’une I.A. parti-

LE MOUTON NOIR La relation qui existe entre Chappie et son programmateur est similaire à celle d’un père qui encourage son fils à toujours vouloir apprendre de nouvelles choses et à s’épanouir dans ce qu’il fait au quotidien en faisant preuve de créativité (Blomkamp revisite ainsi à sa façon le thème de Pinocchio). Sa capacité de penser par lui-même suscite l’émerveillement de sa « famille » humaine, qui estime d’ailleurs que le robot leur apprend aussi bon nombre de choses, beaucoup plus que ce que son « père » avait imaginé au départ. Chappie représente ainsi le prochain stade de l’évolution : sa vie et son histoire vont être des facteurs décisifs dans la façon dont le monde va désormais percevoir la relation entre les êtres humains et les robots. Il y a très peu de


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par Josèphe Ghenzer

Chappie, un robot qui ressent des émotions.

Chappie peut être perverti à cause de sa naïveté, tout comme un être humain.

chances pour qu’il représente un danger pour son entourage mais dans la mesure où beaucoup de personnes ont souvent peur de ce qu’elles ne comprennent pas, Chappie, tel un « mouton noir », va être victime de persécutions en raison de sa différence. D’autre part, il est poursuivi par Vincent (Hugh Jackman) et ses mercenaires — qui désirent le mettre définitivement hors circuit car ils estiment que « le problème avec les I.A., c’est qu’elles sont trop imprévisibles ».

lequel un robot ressemblant à celui de Tetra Vaal mais n’ayant pas les mêmes fonctions finissait par ressentir des sentiments pour une humaine. L’action de Chappie se déroule, une fois encore, dans un futur proche à Johannesburg,

dans un contexte où règnent la misère et la criminalité — et où chacun lutte pour sa survie. On retrouve ici le style très particulier de Blomkamp, alliant à merveille le réalisme brut du quotidien de ses personnages, filmé un peu à la façon d’un documentaire, avec les divers effets spéciaux. Au casting, on trouve Dev Patel, Hugh Jackman et Sigourney Weaver ainsi que deux des membres du groupe de rap sud-africain Die Antwoord : Ninja et Yo-Landi Vi$$er — qui jouent ici leurs propres rôles… Et Blomkamp a de nouveau fait appel à son fidèle ami Sharlto Copley, qui prête sa voix à Chappie et se trouve aussi à l’origine de sa gestuelle grâce à la motion capture. Quant au design du robot (tout comme celui des robots vedettes de Tetra Vaal et de Tempbot), il prend son inspiration dans celui de Briareos Hecatonchires, le célèbre personnage d’Appleseed (le manga futuriste de Masamune Shirow). Avec Chappie, Blomkamp s’intéresse avant tout à l’éveil de la conscience et à la naissance de sentiments humains chez un robot doté d’une Intelligence artificielle. Il considère son nouveau film comme une étrange histoire de passage à l'âge adulte plutôt que comme un film de SF. Il tente d’explorer l’innocence d’un robot surdoué, aux traits de caractère enfantins, qui recherche l'affection de ses « parents » — de plus déchiré entre deux familles. Chappie apparaît finalement bien plus humain que nous. Il faudra attendre le 4 mars pour suivre ses premiers pas au cinéma… (Crédits : Sony Pictures.)

Chappie représenterait-il le prochain stade de l'évolution?

DE LA SUITE DANS LES IDÉES Le moins qu’on puisse dire, c’est que Neill Blomkamp fait preuve de suite dans les idées… Tout comme District 9 était en quelque sorte le prolongement de son court métrage Alive in Joburg, Chappie s’inspire d’un autre de ses courts métrages — Tetra Vaal. (En réalité, une fausse pub pour un robot destiné à « aider la police des pays en voie de développement ».) On y distingue aussi certains des éléments de Tempbot, encore un autre de ses courts, dans

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NEWSjeux vidéo

REMOTE PLAY JOUEZ A LA PS4 LOIN DE VOTRE TELE ! Une toute nouvelle fonctionnalité destinée aux fans de jeux vidéo a été dévoilée en décembre dernier : le Remote Play. Plus besoin de jouer à son jeu préféré sur un grand écran de télévision : désormais, il sera possible de contrôler un personnage à partir de son smartphone ou de sa tablette ! Explications… d’outils de prototypage rapide, nous avons pu concevoir un dispositif unique dans des délais particulièrement courts… » LA CONCEPTION Plusieurs acteurs ont participé au projet : Uzful (pour la conception, le pilotage du dispositif et le suivi de production), NoveLab (pour le design du robot et l’électronique), ICI Montreuil (pour la fabrication du robot à l’aide de la découpeuse laser, de l’imprimante 3D et de la fraiseuse numérique), Créaktif & Manu Bonnet (pour la création du dispositif Web et mobile) et Sushee pour la création des niveaux customs du jeu LittleBigPlanet. UNE IDÉE INSPIRÉE DE TWITCH Le Remote Control rappelle le concept de Twitch. Cette plate-forme de streaming de jeux vidéo permet à des joueurs du monde entier de diffuser leurs parties sur le Web. Tout en contrôlant le personnage d’un jeu, ils commentent leurs faits et gestes en direct et interagissent avec les internautes (qui voient la partie desdits joueurs), posés sur un chat visible à l’écran. L’agence Uzful tient à apporter une précision : « Notre opération reprend ce principe (Twitch). On offre à des centaines (voire des milliers) d’internautes la possibilité de contrôler le même personnage en même temps, à la différence près que les commandes transitent par un automate. »

Le totem du Chalet Sony renferme un bien étrange robot…

Le dispositif Remote Control est la toute première création d’Uzful, une agence digitale et de médias sociaux spécialiste du marketing utile, basée à Montreuil. Grâce aux efforts de son pôle Creative

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Techno, elle propose une approche nouvelle de l’utilisation des nouvelles technologies. Sur son blog, Uzful indique : « En partant d’une technologie, le Remote Play, et à l’aide de méthodes et

LE REMOTE PLAY AU CHALET SONY Pour promouvoir le Remote Play, une opération #RemoteCTRLSony avait été lancée du 15 au 30 décembre 2014 au Chalet Sony, sur les Champs-Élysées, à Paris. La marque internationale conviait ainsi les fans de jeux vidéo et les visiteurs à découvrir cette fonctionnalité sur la PlayStation 4 afin de vivre une expérience inédite. Un très joli coup de marketing pour le leader mondial des produits audio et vidéo, de jeux et d’outils technologiques innovants !


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Il est possible de jouer loin de sa PS4 et de sa télé grâce au Remote Play. (Crédit photo: Sony.)

Et grâce à la fonctionnalité de jeu à distance PS4TM Remote Play, disponible sur la nouvelle série Xperia Z3 (smartphones et tablettes), les amateurs pouvaient jouer d’une façon inédite à LittleBigPlanet 3, un jeu de plate-forme sorti en novembre dernier. Une fois arrivés au Chalet, les visiteurs ont pu apercevoir un robot installé. Et après s’être connectés à la plate-forme dédiée (#Remote Ctrl), il suffisait que les participants actionnent le robot pour pouvoir jouer à LittleBigPlanet 3 à distance. Ils pouvaient contrôler le même personnage simultanément. Leurs mouvements étaient visibles en ligne sur la plate-forme operation-remotectrl.com ou directement au Chalet Sony, sur l’Xperia Z3 Tablet Compact reliée au robot. Ce dernier détectait à distance et en temps réel tous les mouvements effectués par les joueurs et appliquait la commande correspondante. Et en se rendant sur la plate-forme (connectée), chaque joueur choisissait son équipe : la Xperia ou celle de la PlayStation. Il suffisait ensuite de sélectionner la commande voulue avec la manette virtuelle ou bien de l’écrire en toutes lettres, directement dans la zone de texte du chat, puis de confirmer la commande… De la même manière, sur Twitter, les participants choisissaient la « team » à laquelle ils voulaient s’intégrer grâce au hashtag #playstation ou au hashtag #xperia. Ils inscrivaient dans leur tweet le hashtag #remoteCTRL + le hashtag de leur équipe (#xperia ou #playstation), suivi du hashtag de la commande (au choix) : #haut, #bas, #gauche, #droite, #carré, #croix. D’un tweet à un autre, il était également possible de changer d’équipe. LES CHALLENGES Pour rendre cette opération encore plus captivante, des sessions de jeu dénom-

Les détails du robot du Chalet Sony.

Le robot joueur intrigue diablement !

mées les Challenges avaient été organisées. Ces niveaux originaux, créés spécialement pour l’opération #RemoteCTRL dans le jeu LittleBigPlanet 3 était débloqués par Sony à raison d’un Challenge par semaine. Mais en dehors des Challenges hebdomadaires, il était tout à fait possible d’explorer librement le monde de LittleBigPlanet 3. Les joueurs ont ainsi pu découvrir maintes surprises dissimulées et notamment une expérience amusante pour contrôler Sackboy, le personnage phare de ce jeu de plate-forme.

De chez soi, la configuration apparaît assez simple… Votre PS4 ou votre PS Vita et votre appareil Xperia doivent être connectés à votre réseau WiFi (une bonne connexion Internet se révèle nécessaire). Téléchargez ensuite l'appli Remote Play à partir de Google Play et commencez à jouer. L’affichage se déporte alors sur votre portable ou votre tablette. (La fonction PS4 Remote Play est disponible sur les gammes Xperia Z2 et Xperia Z3. Le joueur peut ainsi entamer une partie devant sa télévision puis la prolonger dans une autre pièce et sur un autre support [smartphone, tablette], loin de sa console et de son téléviseur. Vous permettrez de cette manière à vos proches et à vos enfants de regarder leur programme favori…) Pour plus d’infos : fr.playstation.com/remoteplay/ Richard Sengmany

UN PEU DE TECHNIQUE… Pour relier la manette au téléphone mobile Xperia, il faut vous procurer le GCM10. Cet objet est une grosse pince faite de métal et de plastique, dotée d’un petit bras articulé. Équipé en sus d’une ventouse, il servira à accrocher la manette à votre appareil Xperia en toute sécurité pour vous permettre de marquer des buts à FIFA 15 ou encore de tuer des ennemis en jouant à Assassin’s Creed.

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NEWSjeux vidĂŠo

vet par Cyril Dre

iMMersion Dans La next Generation ! une moisson riche en robots, un titre historique — dans tous les sens du terme — et une nouvelle ĂŠtoile‌ voici l’actualitĂŠ bouillonnante de cette rentrĂŠe plus vidĂŠoludique que jamais ! the orDer : 1886 Avec The Order : 1886 (exclusivement sur PS4) la nouvelle console Sony libère enfin sa puissance et annonce ce que next generation veut dire ! Ne cherchez pas, tous ceux qui ont pu jouer Ă The Order vous raconteront la mĂŞme histoire!‌ Vous lancez le jeu — et comme d’habitude l’aventure dĂŠbute par un magnifique gĂŠnĂŠrique sous la forme de cinĂŠmatiques. Les images, comme souvent dans les intros, sont Ă couper le souffle. Puis, au cours d’une sĂŠquence, les cinĂŠmatiques semblent tourner en boucle‌ L’image est toujours lĂ , des ĂŠlĂŠments sont animĂŠs dans le dĂŠcor mais les personnages restent immobiles. Et croyezmoi, il vous faudra un certain temps pour vous rendre compte que si vous utilisez la manette, les personnages se mettent en mouvement‌ Oui, pour la première fois, les sĂŠquences de jeu sont aussi belles que les cinĂŠmatiques qui les prĂŠcèdent et il n’y a aucune transition entre les deux, ce qui est particulièrement perturbant — mais surtout très impressionnant. ULTRA HD Cela apporte une fluiditĂŠ qui manquait jusqu’à prĂŠsent dans les jeux modernes (oĂš l’on a rĂŠgulièrement le sentiment de jouer entre deux sĂŠquences vidĂŠo). RĂŠsultat, on est bluffĂŠ par la qualitĂŠ des graphismes de The Order, la finesse des dĂŠtails, la qualitĂŠ des rendus, le rĂŠalisme des visages et plus globalement par celui des personnages dans leur ensemble. LĂ , le terme HD prend tout son sens. Les plus experts noteront, certes, que les dĂŠveloppeurs ont un peu trichĂŠ pour arriver Ă un tel rĂŠsultat — avec la prĂŠsence de bandes noires ÂŤ CinemaScope Âť pendant toute la durĂŠe du jeu — mais honnĂŞtement elles se font vite oublier, ĂŠclipsĂŠes par la beautĂŠ des images et la taille de nos ĂŠcrans TV d’aujourd’hui.

The Order : 1886 Du coup, on profite pleinement de l’autre qualitĂŠ majeure de The Order : son univers, qui relève du steampunk, très en vogue dans les animĂŠs japonais (comme par exemple le SteamBoy de Katsuhiro Otomo) et qui se base sur les codes esthĂŠtiques de la première rĂŠvolution industrielle — vers 1850 — mais en les projetant dans un futur alternatif. Et c’est extrĂŞmement rĂŠussi‌ Surtout que cela a donnĂŠ aux crĂŠateurs la libertĂŠ d’imaginer des armes ĂŠtonnantes, totalement inhabituelles dans les jeux de tir (FPS). Car autre particularitĂŠ de The Order, il mĂŠlange des sĂŠquences d’infiltration Ă la Metal Gear Solid et des sĂŠquences de jeu de tir Ă la Call of Duty. En revanche, si ces dernières apparaissent assez rĂŠussies et vraiment fun, la jouabilitĂŠ des

sĂŠquences d’infiltration souffre de quelques maladresses qui mettent parfois en colère‌ Bref, sans ĂŞtre parfait, The Order constitue une ĂŠtape majeure dans l’Êvolution du jeu vidĂŠo, et va convaincre ceux qui hĂŠsitaient encore de franchir le pas de la next generation. The Order : 1886 (PS4) Éditeurs : Sony/Ready at Dawn

Les prochains autres  vrais  jeux next generation‌ uncharteD 4 : a thieF’s enD (ps4) DÊcidÊment, la PlayStation 4 va être en forme en 2015 et si la date prÊcise de la sortie du prochain Uncharted n’a pas en-

Quantum Break core dÊvoilÊe, une vidÊo de 15 min de gameplay mise en ligne par l’Êditeur confirme le bond graphique effectuÊ par les prochains jeux maison de Sony.

Uncharted 4 : A Thief’s End

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QuantuM BreaK (xbox one) Bien qu’un peu moins puissante, la Xbox One va aussi hausser le ton avec un premier titre vraiment next generation : Quantum Break. Il sortira dans le courant de l’annÊe. À noter : Forza Horizon 2 propose dÊjà des graphismes assez renversants et dignes de cette nouvelle vague.


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