METROPOLIS ⎮ L'INFORMATION NE S'ACHÈTE PAS, ELLE SE DONNE ⎮ N°12

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N° 12 SEPTEMBRE 2008

M A G A Z I N E M E N S U E L - G R AT U I T

L’ I N F O R M AT I O N N E S ’A C H E T E PA S , E L L E S E D O N N E

ENQUÊTE

Quand les

Assédic

font casquer les chômeurs PORTRAIT L’AVOCATE DES SANS-PAPIERS

ARRÊT SUR IMAGES TZIGANES ET ULTRA CROYANTS

VOUS N’AVIEZ RIEN COMPRIS : LE NANCY DES MAISONS CLOSES

GRAND REPORTAGE LE TRIOMPHE DE RÊ ET L’ÉTERNITÉ DE PHARAON


www.nancyjazzpulsations.com Licence II : 54-0104 - Licence III : 54-0264 / peinture acrylique sur toile : FLOW


Directeur de la publication : Sébastien Di Silvestro Développement : David Gegonne Création et réalisation graphique : Christine Wetz Chef de publicité : Vincent Kuntzmann Tél. 06 35 49 45 74 metropolisregie@free.fr Responsable Administrative : Tiphaine Wendling Rédaction : Sébastien Di Silvestro, Ema Nymton, Tamurello, Bouche Dorée, Stéphane Tribalat, Francis Janot, M.F., Jérôme Houard, Zeppelin, Markus, Sirius, Alex Gombault Photos : D.R. Jones, D.R. Bond, C2, SDS, Tamurello, Zeppelin, Jérôme Houard, Olivier Braizat, Fotolia... Relecture : Françoise Misert, Tiphaine Wendling, David Gegonne, Florian, guillOm Stagiaire : Julien Martinez Site internet : Thomas Noël Chargé de production : Gaël Desjardin Tél. 06 77 35 64 31 Imprimerie GROUPE GUYOT 11, rue de la Vologne 54520 Laxou Rédaction metropoliseditions@free.fr Distribution FAITES LE SAVOIR ! DIFFUSION faiteslesavoir@yahoo.fr METROPOLIS est distribué dans + de 1200 points de diffusion : commerces de proximité, centres commerciaux, salles d’attente, espaces culturels, mairies, offices du tourisme, collectivités, administrations, librairies, restaurants, bars... METROPOLIS est distribué à : Nancy, Vandoeuvre-les-Nancy, Villers-les-Nancy, Laxou, Saint-Max, Jarville, Maxéville, Tomblaine, Malzéville, Esseyles-Nancy, Frouard, Ludres, Heillecourt, Pulnoy, Houdemont, Toul, Dommartin-les-Toul, Lunéville, Pont-à-Mousson, Blénod-les-Pont-à-Mousson Prochaine parution de METROPOLIS le 13 octobre Annonces & publicité Tél. 06 35 49 45 74 metropolisregie@free.fr http://metropolisnancy.free.fr

RÉPUBLIQUE 5.0 La rentrée 2008 sera économique ou ne sera pas. La baisse du taux de croissance, du pouvoir d’achat et le spectre de la récession imposent à tous de retrousser ses manches et de resserrer les boulons. Dans cette perspective, le gouvernement réforme tous azimuts pour réaliser des économies d’échelles et gagner en efficacité en fusionnant de grandes maisons de la République situées culturellement à des années lumières les unes des autres. Dans cet élan de réformes menées tambours battants se distingue particulièrement le revenu de solidarité active, sur lequel peu d’élus auraient parié leur mandat, qui permet enfin à des chômeurs de reprendre une activité salariée sans perte de revenu. Cette rationalisation est d’autant plus novatrice qu’elle est en partie financée par les revenus du capital, introduisant un protoéquilibre avec un monde du travail écrasé par la prolifération des taxes. Au lieu d’applaudir et de s’engouffrer dans cette brèche représentant de nouvelles possibilités de financements solidaires, le parti socialiste, débordé sur son flanc gauche, se refuse catégoriquement à saluer cet effort pourtant encore insuffisant. Le PS accaparé par son combat des chefs offre des beaux jours en perspective au sarkozysme qui en profite pour remonter dans les sondages. Cependant l’empressement à réformer par la fusion de compétences en guichets uniques transforme singulièrement la mission de nos institutions. La fusion des fichiers RG et DST donnent naissance à la monstrueuse Edvige (Exploitation documentaire et valorisation de l’information générale) qui se propose allègrement de ficher les mineurs dès 13 ans, comme les hommes politiques, les chefs d’entreprises, les syndicalistes, les entreprises elles-mêmes, les responsables associatifs… En paraphant à la faveur de la torpeur estivale, le décret promulguant Edvige, la Ministre de l’Intérieur a fait basculé l’axe du pouvoir qui passe de la présomption d’innocence à la suspicion de culpabilité. L’Etat nous guette, en dressant des biographies à charge incluant l’orientation sexuelle, la religion et même l’état de santé. Dès lors nos casiers judiciaires vierges auront un alter-ego discrétionnaire ressemblant au portrait défiguré de Dorian Gray. Car si l’on inscrit sur un fichier chaque fait et geste, la conception bourgeoise du « bon citoyen » disparaîtra définitivement. Dans le même ordre d’idée, on réfléchissait au sein de la majorité à l’existence d’une juridiction unique pour les sans papiers. Autant dire un tribunal d’exception, le nec plus ultra de la démocratie. Même confusion des genres pour la fusion prochaine de l’ANPE et de l’ASSÉDIC qui rassemblera derrière un guichet unique le placement, le contrôle et l’indemnisation. Trois missions radicalement différentes menées jusqu’alors par des organismes très loin de partager une culture maison. La période est aux économies. On nous rabâche que les étrangers en situation irrégulière représentent un coût formidable pour la France, alors qu’on ne peut facilement retrouver et reconduire à la frontière une majorité d’étrangers parfaitement intégrés, possédant une adresse, un travail, des gens qui payent des impôts. En parallèle, une reconduite à la frontière coûte en moyenne 38 000 €… Faire des économies en fusionnant les genres trop rapidement ne peut que conduire à la création d’organismes schizophrènes dégradant l’esprit de nos institutions au motif d’une meilleure rentabilité contestable. A la lecture de notre dossier central, vous pourrez constater comment et sur le compte de qui se financent en partie ces réformes expresses. Pourtant, le gouvernement a raison de vouloir transformer nos institutions, mais à vouloir agir trop vite, le mouvement finit par remplacer la réflexion. Dans ce cas autant fusionner les impôts et le trésor public, ou comme dans le cas de l’ANPE et de l’ASSEDIC, fusionnons Saint-Nicolas et le père fouettard qu’on appellera « saint-fouettard », et puis fusionnons également noël et nouvel an, on y gagnera en argent et en temps, c’est évident. Mais est-ce souhaitable ? Sébastien Di Silvestro à Lola

ÉDITO

METROPOLIS EDITIONS S.a.r.l au capital de 68.000 € 39, Place de la Carrière 54 000 Nancy Tél : 08 74 59 25 96 metropoliseditions@free.fr Dépôt Légal : à parution ISSN : 1958-1688


SOM Actuellement

Vol plané au dessus du bitume avec les échassiers

ENQUÊTE : QUAND LES ASSÉDIC FONT CASQUER LES CHÔMEURS Quand les Assédic assignent salariés et chômeurs devant les tribunaux pour récupérer des indemnités obtenues lors de procédures prud’homales

No comment

Tony Parker de passage à Nancy

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8 10 12 13 1416 1820 2224 2628 30 3234 36 3840 42 44 46 48 Vous n’aviez rien compris

Le Métronome

Le Nancy des maisons closes

de l’été

Arrêt sur images

Tziganes et ultra croyants

Grand Reportage

Voyage érudit en images au pays des pharaons dans un cahier spécial consacré aux vestiges du peuple du Nil

Portraits • Brigitte Jeannot • Pascal Louis


MAIRE Métroscope

septembre / octobre

Opéra

Les contes d’Hoffmann

La question d’actu

Du Cameroun aux Vosges, itinéraire chaotique pour le droit de revoir sa fille

Spécial Nancy Portrait aérien de la cité ducale

Miss Lorraine 2008

Dans les coulisses...

Théâtre

PAGES ÉCO

Retour sur le festival OFF à Avignon

Les épopées de France Cartes et de son PDG

Love is in the air...

Qui va conquérir les cœurs de Michel et de Christine ?

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Jeux vidéo cahier spécial GC

La critique gastro

Cantinons au bout du boulevard

Exploration du plus grand salon européen de jeux vidéos

Reportage France

Bruno et Julien, deux géographes nancéiens lancés à la découverte du monde

Conso

Inutile et essentiel

Musique CCC

Le Culture Club du Citadin

NJP 2008

The Amen Break, le sample le plus important de l’histoire de la musique

Foot ASNL

En route pour une nouvelle saison avec l’équipe 2008


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LE MÉTRONOME Ce qu’il faudra retenir de l’été 2008

18 juillet Monde : Nelson Mandela souffle ses 90 bougies.

19 juillet Nancy : Cyclo balade propose aux Nancéiens des promenades gratuites à bord d’une sorte de pousse-pousse.

20 juillet Monde : Record inattendu :

le chevalier noir, sixième épisode de la série Batman détrône Spider-Man 3. La chauve-souris avec 155,3 millions de dollars engrangés le premier week-end de sa sortie relègue à la 2e place les 151,1 millions de la célèbre araignée.

22 juillet

Monde : Après une traque de treize ans, Radovan Karadzic est arrêté. Nancy : La Plage du Haut du Lièvre rencontre un franc succès. On ressent comme un petit air de vacances à Nancy même si le thermomètre n’affiche que 21°C et qu’un petit vent se fait sentir.

24 juillet Monde : Barack Obama prononce le seul

discours de sa campagne à l’étranger devant une foule enthousiaste de 200 000 personnes à Berlin. Si seulement les Européens pouvaient voter aux USA... Nancy : Paul McCartney a voulu rendre un hommage sentimental à sa nouvelle dulcinée, Nancy, en passant 3 jours et 2 nuits dans la cité ducale, et laissant une dédicace lapidaire dans le livre d’or d’une boutique : « J’aime Nancy »…

30 juillet Monde : Colère des envoyés spéciaux à Pékin

qui découvrent que leur accès à Internet sera limité alors que les autorités avaient promis un accès sans censure. Bienvenue en Chine.

er 1 août Monde : Les autorités chinoises décident

finalement de lever la censure sur certains sites jugés « sensibles ». Malheureusement, les journalistes étrangers accrédités pour les Jeux n’auront toujours pas un libre accès. L’effet J.O ? France : Le PDG d’EDF, Pierre Gadonneix, demande à l’État une hausse de 3% des tarifs de l’électricité pour les particuliers.

3 août Monde : L’écrivain Alexandre Soljenit-

syne est décédé à Moscou, à l’âge de 89 ans. Rescapé du goulag, il en est ressorti en 1953 et a reçu en 1970 le prix Nobel de la littérature. La Russie est en deuil.

5 août France : Le ministre de l’immigration, Brice

Hortefeux, demande au préfet de Seine-et-

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1 2 3 4 5 6 7 8 Marne d’interdire la manifestation prévue le 9 août devant le Centre de Rétention Administrative de Mesnil-Amelot, jugeant qu’il y avait « un risque important de trouble à l’ordre public ». Dedans comme dehors.

6 août France : Le gouvernement propose que « la

revalorisation soit limitée à 2 % pour les particuliers », donc cinq euros de plus par mois sur la facture d’énergie.

8 août Monde : La cérémonie d’ouverture de la 26

ème

édition des JO dans le stade de Pékin a duré 4 heures avec le défilé des 204 délégations participantes. Simultanément, le monde entier observe une Russie conquérante, sortant pour la première fois, depuis la chute de l’URSS en 1991, en dehors de ses frontières. Profitant de « l’agression » géorgienne contre l’Ossétie du Sud, elle vole donc à son secours en passant par les territoires du Sud du Caucase. Le monde regarde les JO...

11France août : Service minimum pour

le Dalaï-Lama qui a été reçu dans un bureau du Sénat par une quarantaine de députés et de sénateurs du groupe d’étude sur le Tibet. Rester zen...

caché au grand public, depuis les années 1960, la présence de polonium 210, un élément chimique hautement radioactif et toxique dans les cigarettes. L’information a été rendue publique par un article dans la revue « American Journal of Public Health ».

29 août France : Après 3 jours sur TF1, le JT a perdu plus d’un millon de télespectateurs. Echec et médias mat. Région : Retour du Double Champion Olympique, Julien Absalon à Raon aux Bois où l’attend son fan club.

er 1 septembre Monde : La Nouvelle Orléans est évacuée. Le cyclone Gustav fait quand même 7 morts en Lousiane.

2 septembre Monde : Le cyclone Hanna touche de plein

fouet Haïti et laisse 500 morts dans son sillage. France : Une délégation de parlementaires et de maires de Moselle a rencontré Nicolas Sarkozy à L’Elysée pour évoquer les pertes du département liées au départ des militaires. Repos soldats.

3 septembre 13 août France : Rachida Dati confirme à la presse France : Le magazine Gala s’offre les premières qu’elle est enceinte. La France s’interroge. photos des jumeaux d’Angelina Jolie et de 4 septembre Brad Pitt, « Knox Leon et Vivienne Marcheline ». Nancy : La Cour régionale des pensions Le magazine People avait déboursé entre 10 et 15 millions de dollars pour l’exclusivité de cette information capitale.

23 août Région : Julien Absalon, originaire des Vosges,

remporte la médaille d’or aux JO 2008 de Pékin en VTT cross-country.

24 août

Monde : Bilan des JO de Pékin : 1ère la Chine : 51 médailles en or et 100 au total 2ème les Etats-Unis : 36 en or et 110 au total 3ème la Russie : 23 en or et 72 en tout. La France décroche la 10ème place avec 7 médailles d’or et 40 au total.

25 août

France : Laurence Ferrari succède aux commandes du JT de 20h sur TF1 à PPDA. Elle réunit pour son premier JT pas moins de 8,3 millions de télespectateurs. Après pinocchio, bécassine...

28 août Monde : Grillés. Les industriels du tabac

comme Philip Morris, RJ Reynolds ou British American Tobacco ont

militaires de Nancy a condamné en appel l’Etat à payer une pension pour invalidité à André Geneix, ancien soldat irradié en 1962 lors d’un essai nucléaire souterrain dans le Sahara algérien.

5 septembre Région : Le gouvernement annonce que les

casernes de Metz et Nancy, désertées par les militaires, seront reconverties en logements étudiants d’ici 2010.

6 septembre

Région : Près de 2.500 personnes, dont 250 élus lorrains, ont manifesté à Metz contre la réforme des armées pour obtenir un maximum de concessions de la part du gouvernement sur la réforme de la carte militaire.

7 septembre Monde : Le cyclone

Ike touche Haïti et fait 47morts avant de traverser Cuba.


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ACTUELLEMENT

La saga des echassiers sur ressorts En janvier dernier, Metropolis vous reportait l’avènement d’un nouveau sport extrême ; les échasses urbaines, qui, montées sur ressorts, permettent à leurs pratiquants de devenir de véritables kangourous urbains survitaminés, à même de réaliser des bonds spectaculaires et de courir à des vitesses prodigieuses. Depuis cet article, le phénomène autour de ce loisir s’est créé, tout particulièrement à Nancy, où vous pouvez régulièrement observer des hordes de « perchés » se dandiner du côté de la place de la Croix de Bourgogne. Au niveau mondial, l’engouement est identique, des clones chinois du matériel, venu à l’origine d’Allemagne, sont ainsi apparus, faisant forte impression lors de la cérémonie de clôture des jeux olympiques de Pékin. La pratique de l’échasse urbaine est une discipline quasi vierge où tout est encore à inventer. Ainsi des écoles stylistiques émergent : A Nancy, les aficionados se font remarquer pour leur talent en matière de course urbaine, un peu à l’image de Yamakazis fendant un terrain de jeu en bitume. A Dijon, les pratiquants gymnastes s’appliquent à réaliser des figures, bonds et autres saltos, sollicitant toutes leurs capacités acrobatiques. Si la découverte de ce sport différent vous intéresse, vous pouvez consulter le site dailymotion où les vidéos de ces street jumpers connaissent un succès croissant ou vous rendre sur le forum du site www.easyriser.fr où vous pourrez prendre contact avec les animateurs nancéiens du mouvement qui se feront un plaisir de vous accueillir pour un petit bond d’essai.

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NO COMMENT L’A C T U E N I M A G E S

Tony Parker à Nancy

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BRÈVES CONTRÔLE ROUTIER

Voir ou conduire, il faut choisir

Un homme de 29 ans, qui conduisait en état d’ivresse le véhicule d’un ami, lui-même alcoolisé à ses côtés à été condamné à un mois de prison avec sursis et 500 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Nancy. Une affaire qui pourrait ressembler à de nombreuses autres, à ceci près que le conducteur ivre est… aveugle ! Même si le copilote s’est déclaré « concentré sur la route, une main sur le volant, l’autre sur le frein à main », avec un taux d’alcoolémie de deux fois le taux légal, le « formateur » était loin d’être opérationnel, comme lui a fait remarquer le président. Le conducteur, journaliste, avait déjà conduit sur circuit malgré son handicap et avait relaté cette importante expérience à l’occasion d’un vrai article à sensations. DOMMAGES ET INTÉRÊTS DE RETARD

La cour condamnée

12 000 € de dommages et intérêts, c’est ce que la cour d’appel de Metz devra verser à un homme ayant attendu 7 ans avant que son affaire ne soit jugée. Une affaire qui n’était pourtant pas d’une « grande complexité » comme l’affirme sans aucun doute Maître Gérard Michel, défenseur de la victime. Pourtant, les délais de procédures avaient bien été respectés par ce dernier. Le plaignant a alors saisi le tribunal de grande instance de Paris afin de se faire dédommager de cette attente anormalement longue. PEOPLE

L’enceinte de la justice

Lors de sa visite de la maison d’arrêt de Metz-Queuleu, le 29 août dernier, où la Garde des Sceaux faisait la promotion de son projet de loi pénitentiaire au pas de course, on pouvait noter la présence de deux agences très orientées people et fait rare, officiellement accréditées. Bref du paparazzi sur rendezvous. De fait, la rumeur concernant sa grossesse enflait depuis 10 jours au sein de toutes les rédactions et les agences avaient donné des consignes claires : traquer la moindre prise de poids, le plus petit élargissement du ventre, la plus visible augmentation mammaire... Bref, enfin du concret, du vrai journalisme qui ne tardera pas à poser la seule vraie question : qui est le père ? Sur le terrain des rumeurs, les investigations vont bon train, étiquetant du beau monde sur la liste des géniteurs potentiels, jusqu’à envisager l’impensable : un enfant de la République ! TERRORISME

Arme de déstruction pileuse

Le 27 août dernier une brigade de déminage est intervenue dans les locaux d’un bureau de poste vandopérien. Un colis vrombissant y avait déclenché la panique vers 9h40, provoquant aussitôt une alerte à la bombe. Une fois sur place, l’équipe a dressé des barrières autour du bâtiment pour finalement révéler qu’il s’agissait d’un épilateur électrique agrémenté de quelques livres de cuisine. Qu’on se rassure l’engin comme les livres ont bien été neutralisés sans dommages collatéraux.

SURFACTURATION

Comme de l’eau dans le gaz…

Cet été, au moins 130 personnes ont reçu des factures de gaz GDF-Suez erronées ou surévaluées, en prévision d’un hypothétique hiver rigoureux, ce qui selon l’antenne d’UFCNancy est « sans fondement juridique ». Les problèmes de facturation existent depuis octobre 2007. Suite à la libéralisation de l’énergie en juillet de la même année, une dizaine de milliers de dossiers ont été transférés d’EDF à GDF-Suez, mais certaines erreurs sont apparues. Néanmoins, les nancéiens ne sont pas seuls et ce genre de problème se multiplie dans toute la France. Depuis le début de l’année, 2 500 plaintes ont été déposées à GDF. ARMEE

AFFAIRE SMOBY

Frauder n’est pas jouer Jean-Christophe Breuil, exPDG de Smoby restera en prison, sa demande de remise en liberté ayant été rejetée le 30 juillet en cour d’appel de Nancy. Le petit-fils du fondateur de la célèbre entreprise de jouet française a été mis en examen pour abus de biens sociaux et blanchiments en bande organisée avait été mis en détention le 27 mars pour les besoins de l’instruction. Contre toute attente, il reste incarcéré, car selon l’avocat général, « le dossier, dont des pans entiers n’ont pas encore été examinés, n’était pas exhaustif ». De nombreuses questions restent en suspens dans ce dossier où il est question de détournement de fonds via des sociétés écrans étrangères et d’une dette pour l’entreprise s’élevant à 277 millions d’euros. La mauvaise gestion de Smoby a aussi conduit au licenciement de 396 personnes suite au rachat de cette dernière par la société allemande Simba. Selon le procureur adjoint de Nancy, Jean-Christophe Breuil risque jusqu’à 10 ans de prison et 750 000 € d’amende…

Paroles et paroles

Une délégation de parlementaires et de maires de Moselle a été reçue le 2 septembre à l’Elysée par Nicolas Sarkozy pour évoquer les pertes liées à la réforme de la carte militaire. Le chef d’Etat a annoncé différentes mesures pour palier à la perte des différents régiments de militaires comme la délocalisation de 1500 fonctionnaires d’Etat dans le département et l’inscription de l’université de Metz à la session de rattrapage du plan campus. Il a également évoqué la possibilité qu’un ou deux régiments venus d’Allemagne viennent s’installer en Moselle. Autre promesse, celle de se rendre dans le département avant la fin de l’année pour annoncer de nouvelles mesures compensatrices. Abondance de promesses ne nuit pas. METROPOLIS N°12 SEPTEMBRE 2008

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ARRÊT SUR IMAGES

INSIDE TZIG Quinze jours d’une mission évangélique des gens du voyage, à Toul-Rosières

Les voleurs de poules ont du plomb dans l’aile : loin des fantasmes et des mauvaises réputations, les gens du voyage s’illustrent désormais par une foi évangélique gloire-à-Jésus obsédante, alors que leur mode de vie s’intègre difficilement dans l’époque post-moderne. Radiographie d’une communauté en plein doute.

S

ur scène, sous une croix catholique, à côté d’une colombe et de deux extraits de l’Evangile, un message. « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus. » Bienvenue chez VIE ET LUMIÈRE, mouvement protestant évangélique, tendance pentecôtiste. Ils sont vingt mille – « vingt-cinq mille », rectifie leur pasteur Joseph Charpentier – à s’être installés à Toul-Rosières mi-août, pour une mission de quinze jours. « Un grand rassemblement d’été pour prier.

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Gloire au Seigneur ! » Amen. Dans les allées du gigantesque camping, qui prend place sur une ancienne base aérienne de l’Otan, on prie donc. « Pour être bien dans ma vie. Pour être chrétien. » La jeune fille a onze ans, des (fausses) Crocks roses aux pieds, le sourire et la tchatche. Sous un chapiteau-sauna, où la chaleur est écrasante, les gouttes qui perlent sont aussi celles de l’émotion. La main sur les yeux, elle pleure, tremblante, répétant « Tu es digne de louanges ». Un prédicateur, sur scène, « Béni soit le seigneur, car il est

vivant. Vous croyez qu’il est vivant ? » La foule : « Il est vivant ! » Jesus-camp, version soft, la guitare manouche en plus. Au dernier jour du rassemblement, celui des baptêmes, on célèbre la grande fête d’une communauté désormais avant tout religieuse. VIE ET LUMIÈRE, à peine cinquante ans d’existence, est aujourd’hui ultra-majoritaire chez les gens du voyage français. La légende raconte qu’un pasteur sédentaire aurait guéri un jeune Tzigane condamné par la médecine, à Lisieux, en 1952. « Nous avons toujours été


Le pasteur Joseph Charpentier

un peuple assez mystique » concède le pasteur Charpentier. Pour prouver leur foi, six fidèles s’immergent dans une piscine en plastique gonflable, parrainés par un proche. On est loin des trois gouttes d’eau sur le front du baptême

© GENDARMERIE NATIONALE

ANES

catholique : deux heures de show réglé comme la Star Academy, avec chansons enjouées, bleuettes, et moments d’émotion – avec synthé et boîte à rythme. Un homme raconte qu’il avait « de mauvaises idées » après une dispute avec son beau-frère. Un quart d’heure de récit plus tard, la révélation. « Le Seigneur m’a parlé. Il m’a demandé si j’avais des ennemis. Je lui ai dit “Seigneur, je n’ai pas d’ennemis’’. Alors j’ai pris mon beau frère dans mes bras, je l’ai embrassé. » Standing ovation dans la salle pour le grand témoin, bravo et Gloire au Seigneur. « Gloire à Dieu, gloire au Seigneur ! » Certains pleurent, « parce que vous avez été touchés par cette histoire. ! Gloire au Seigneur ! » Plus tard, c’est un homme atteint d’un cancer, « Et les médecins m’ont dit qu’il me restait trois

mois », qui raconte comment « le Seigneur m’a complètement guéri ». Ou un homme, qui se présente comme un gadjo, un non-Tsigane, qui explique « que chez moi, on était plutôt mondain, plus robe de soirée qu’Evangile ». Converti à l’appel de Dieu, « alors que moi, j’ai vu mon père déchirer des bibles ». Conclusion : « Aujourd’hui je suis un homme heureux ». Gloire, et cætera.

« On a la télé et Internet, on voit ce qu’il se passe à l’extérieur »

La réalité tsigane, loin des bohémiens des « Bijoux de la Castafiore » de Tintin, ressemble à cela : des milliers de personnes qui se retrouvent lors de messes new-age, autour des valeurs « de la Bible, et surtout de la METROPOLIS N°12 SEPTEMBRE 2008

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ARRÊT SUR IMAGES repentance ». La foi est tirée « d’une expérience personnelle avec Jésus, il faut voir que Dieu existe », les préceptes de vie étant guidés « par les lois chrétiennes ». Concrètement, « nous, on prêche la vie ». Le reste étant un peu plus abscons, « c’est-à-dire que bien sûr, on est conservateur, enfin conservateur de la Bible, de la parole de Jésus », tente de résumer Joseph Charpentier. Qui défend, finalement, une forme de liberté individuelle, « un cheminement personnel », hurle lorsqu’on évoque les Evangéliques américains ou le créationnisme. « Nous, on fait confiance aux scientifiques. Lorsqu’une personne doit être hospitalisée, elle y va. On n’est pas du tout contre la médecine. Mais quand elle a tout fait, le Seigneur peut intervenir. Nous, on croit à la guérison divine. Et notre doctrine, c’est la Bible ». Voilà pour l’esprit. Le reste est davantage politique : confrontés à de lourds imbroglios administratifs, les Tsiganes revendiquent toujours la reconnaissance de leur véhicule comme résidence. Ne serait-ce que pour toucher les aides au logement. « Et puis le modernisme entache nos traditions et nos modes de vies », constate, amer, l’un d’entre eux. Obsédés, « malgré nous », par le stationnement, alors que les rapports avec les communes sont de plus en plus tendus. La loi Besson, qui oblige chaque département à aménager une aire de grand passage, n’est pas respectée ; tandis que les aires d’accueil se raréfient dans les villes. En juillet dernier, alors qu’un millier de pèlerins de VIE ET LUMIÈRE a stationné quelques jours sur un terrain de sport à l’abandon à Epinal,

la municipalité a vivement protesté, demandant au préfet de réquisitionner la force publique nécessaire pour les déloger. Le premier adjoint au maire accusant les gens du voyage d’avoir « volé l’eau et l’électricité, alors qu’on avait un groupe électrogène ! », se souvient l’un des participants à la mésaventure. Bref, les Tsiganes vont mal. « Beaucoup de vieillards parmi nous, les jeunes nous quittent ». Attirés par la sédentarisation, « pas envie de cette vie là, de problèmes, de mauvaise réputation, du rejet social. Et puis on a la télé et In-

Les baptêmes s’enchaînnent avec une incroyable ferveur.

ternet, on voit ce qu’il se passe à l’extérieur. » Cette vie là, c’est aussi celle de commerçants. Tous ici sont saisonniers, vendeurs de marché ou de foires, artisans qui travaillent l’osier. La nouvelle tendance se porte sur l’élagage des arbres et le démoussage de toiture chez les particuliers. Pas mal de forains et « une dizaine de cirques ». Suffisant pour acheter une Porsche Cayenne, telle qu’on en voit – parfois – dans les allées du site ? « On n’a pas de logement, pas de terrain. C’est notre seul bien. » Certains votent, à la faveur d’une longue et fastidieuse procédure trien-

La foule toute entière reste focalisée sur la scène et semble battre d’un seul coeur .

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nale pour être rattaché à un bureau de vote. « C’est pas pour les partis, mais pour celui qui accepte de nous accueillir. Mais pour nous rejeter, ils peuvent être de droite, de gauche ou du centre », s’amuse un pasteur. Même pas de vote Tsigane, ultime signe d’une communauté qui s’effrite. « Mais on est là, avec le Seigneur. Gloire à Dieu ! » La crise est toutefois palpable. Ils sont de plus en plus nombreux à se semi-sédentariser, sur un terrain généralement agricole, pendant l’hiver. « On en profite pour régulariser tous nos papiers,

tout ça… » Une manière également « d’avoir une bonne instruction pour les enfants, parce que les changements d’école, c’est pas bon pour eux ». Ici, on rappelle toutefois que la mission évangélique est suivie par des instituteurs de l’Education nationale, deux mois dans l’année, dans le cadre d’une « classe mobile ». « Et nous, on va tous à l’Ecole de la République ! » Histoire de montrer ses différences par rapport aux Evangéliques américains, hérauts de l’instruction à domicile. « Ca n’a rien à voir ! Et puis on a rien à cacher, que les gens viennent nous voir ! »


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VOUS N’AVIEZ RIEN COMPRIS Le petit résumé des grandes histoires Le monde disparu des maîtres et des soumises dans l’obscurité des maisons de tolérance

Le Nancy des maisons

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De 1825 à 1946, de nombreuses maisons closes avaient élu domicile dans les rues de Nancy, principalement en Vieille Ville. Bien loin d’être occultes, ces établissements disposaient d’une existence légale et faisaient partie intégrante de la vie de la cité.

C 1. Médecine des mœurs, où les soumises devaient se rendre pour une visite hebdomadaire. 2. Au 12 rue du Maure-qui-Trompe se trouvait une maison close, en témoigne les vitraux en forme de coeur encore visibles. 3. Gargouille de la basilique Saint-Epvre dite « la putain », tournée vers la rue du Maure-quitrompe, afin de rappeler aux filles, qui travaillaient plus bas, l’aspect répugnant de leur travail.

’était un monde discret, secret, mais pratiqué avec assiduité par une bonne partie des hommes de la ville. Les maisons de tolérance ou closes, puisqu’elles se devaient de ne pouvoir être identifiées par aucune manière que ce soit depuis la rue, ont prospéré en Lorraine et particulièrement à Nancy à l’occasion de tous les mouvements majeurs de déplacement de population masculine, tels que ceux des militaires ou des ouvriers venus soutenir l’effort industriel. Les ducs de Lorraine avaient interdit ces lieux de débauche au XVIe siècle, mais leur pratique avait perduré dans la clandestinité. En 1803, la donne change. Le consulat, dans une optique d’ouverture d’esprit libéral et de politique hygiéniste, offre un cadre légal à l’activité qui consiste à encadrer le plus vieux métier du monde. Les filles, appelées « soumises » doivent se déclarer en tant que telles et s’inscrire dans un registre à la mairie. Elles se déclarent au service d’un « maître » ou d’une « maîtresse », le souteneur, qui est le garant de la bonne tenue de son établissement, tant au niveau de l’hygiène que du bon déroulement des affaires,

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puisque la mairie impose à hauteur de 52 % les bénéfices générés par de telles maisons. En 1825 s’ouvre la première maison close nancéienne, de nombreuses autres suivront. Elles se trouveront rue Sigisbert-Adam, rue Braconnot et derrière la place Stanislas. Mais le vrai cœur du commerce de la chair se trouve autour de la place Saint-Epvre, et plus précisémment dans la rue du Maure-qui-Trompe, dont la réputation sera marquée à jamais par la présence de ces commerces sulfureux. La pratique de la maison close est un mécanisme rôdé ; les soumises sont recluses dans l’établissement, qui lui-même est difficilement identifiable de par son interdiction de toute forme de publicité. Les nouveaux venus en ville s’informent auprès du kiosquier devant la gare, qui revend quelques revues légères. Il leur indique alors, comme tous les nancéiens de l’époque, la direction de la place Stanislas et conseille de regarder le doigt de la statue qui « indique le chemin ». Arrivé dans la rue du Maure-qui-Trompe, le client reconnaît alors les établissements grâce à des détails pour initiés, habitués à pratiquer de tels endroits pour leur temps doré ; petite lanterne de couleur, numéros

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de bâtiment plus grands que les autres, ou encore vitraux en forme de cœur, tels qu’on peut encore les observer au 12 de la rue. Il est à noter que c’est dans cet établissement que Jean Renoir, le cinéaste, découvrit en 1917 un film pornographique projeté afin de « ranimer les ardeurs des clients ». Les filles qui y travaillent sont recrutées dans les campagnes alentours, la loi impose qu’elles aient plus de 21 ans. Une fois inscrites en mairie, elles deviennent recluses volontaires puisque passant leur temps à effectuer des passes, à manger et fumer. En règle générale, elles touchent la moitié des sommes laissées par le client. Le grand jeu du tenancier est d’endetter ses « gagneuses » en leur proposant d’avancer des fonds auprès de marchands spécialisés qui sillonnent les bordels afin qu’elles lui soient toujours redevables d’une certaine somme et restent ainsi sous son joug économique. Certaines villes, comme Toul, ont la réputation de bien mieux rémunérer les filles. Mais gare à ne pas trop détrousser les forçats du plaisir masculin, la force des soumises est le groupe, et la menace d’organiser des départs collectifs qui ont déjà poussé certaines maisons à la faillite. L’obligation de s’inscrire en mairie se double de celle de la visite hebdomadaire au médecin des mœurs. Ce dernier, spécialisé dans le contrôle médical des prostituées, les envoie en cas de doute à l’hôpital pour des analyses plus approfondies. Ce que les filles détestent, car outre la perte de temps, et le temps c’est de l’argent, un avis négatif de la part du médecin signifie se faire raser la tête. La mode des années 30 consacrera l’allure des filles revenant de l’hôpital en popularisant les coupes « garçonnes ». Durant la seconde guerre mondiale, le docteur Lamarche est le médecin des mœurs. Les filles de la rue du Maure-qui-trompe décident de se jouer de lui et font courir la rumeur en ville qu’il envoie des filles saines à l’hôpital et laisse

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closes

travailler des malades. Quelques soldats allemands attrapent la vérole, et immédiatement le pauvre docteur est accusé par l’occupant de « sabotage sexuel ». Son supérieur lui sauve la mise et son officine se transforme en médecine scolaire. Le local est toujours visible sous le terre-plein Saint-Epvre. Progressivement, le mouvement abolitionniste gagne en force dans l’entre-deux guerre, et le coup de grâce pour les maisons de tolérance arrivera à la libération. Le 13 avril 1946, c’en est fini. Sous l’impulsion de Marthe Richard, la France abandonne l’idée de tolérer l’existence des établissements faisant commerce de la prostitution. Le 13 octobre 1946, la rue du Maure-quiTrompe est à la fête pour une ultime soirée. Les policiers n’ont même pas le cœur de verbaliser les débordements éthyliques et musicaux qui résonnent dans toute la vieille ville pour la soirée qui marque le point final d’un chapitre majeur et peu connu de l’histoire de France. Retrouvez toute l’histoire des maisons closes lorraines dans « Les Maisons d’Illusion » de Régis Latouche, aux éditions de la Maison Close. TAMURELLO METROPOLIS N°12 SEPTEMBRE 2008

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VOUS N’AVIEZ RIEN COMPRIS Le petit résumé des grandes histoires

Interview de Régis Latouche Régis Latouche, auteur de l’ouvrage « Les maisons d’illusion », a enquêté sur l’univers des maisons closes dans l’aire géographique du Grand-Est. Il revient sur ce travail. Métropolis : Quel a été le point de départ du projet Les maisons d’illusion, une rencontre, un intérêt pour le versant occulte de l’histoire nancéienne ? Régis Latouche : Ce n’est en rien « le versant occulte de l’histoire du Grand Est ». Jusqu’en 1946, elles étaient officielles, autorisées, acceptées... considérées nécessaires par le bourgeois des villes de garnisons ou des villes industrielles qui y voyait un moyen de protéger ses propres filles des jeunes appelés ou des jeunes ouvriers. L’origine même du travail est un livre d’Alphonse Boudard dont la moitié de l’histoire se passe dans une « maison » de la rue du Maure-qui-Trompe à Nancy. On s’interroge, on regarde, on découvre des indices : ici une porte blindée avec un cœur, là des fenêtres en coeur, là encore un corridor d’entrée bien trop décoré pour avoir été honnête... encore un peu d’imagination et la rue se remet à vivre comme en 1900 ou 1940... Et puis, l’imagination aidant, on croit voir ces maisons partout. C’est là qu’intervient le travail aux archives et l’on se rend compte, qu’en fait, il n’y en avait pas autant que cela « des maisons officielles » et qu’elles étaient très réglementées. Un travail mêlant archives, témoignages et lecture des traces peut alors commencer.

Métropolis : A-t-il été possible de rencontrer des soumises survivantes à cette époque ? Régis Latouche : Les soumises de ces maisons devaient avoir 21 ans minimum (la majorité). La plus jeune a donc aujourd’hui 82 ans. Je n’ai croisé ces vieilles dames à la jeunesse indigne que par les papiers et les témoignages qu’elles laissèrent dans les dossiers de police. En revanche, j’ai rencontré d’anciens clients qui, pour la plupart, pratiquèrent ces établissements au moment de leur service militaire... Ils m’ont bien décrit l’atmosphère mais, à l’exception d’un seul, aucun ne m’a avoué avoir « monté » (tout de même étrange, non ?). Métropolis : Y a-t-il eu des réticences de la part des institutions ou des différents intervenants rencontrés pour livrer des informations ? Régis Latouche : Ces maisons étaient officielles. Il n’y a eu aucune réticence sinon la mienne car, je vous assure, qu’il n’est pas évident d’arriver dans des archives inconnues et de dire « Voilà ... Je viens travailler sur les maisons de tolérance ... Les bordels, quoi ». Il faut surmonter un peu sa timidité de chercheur... Métropolis : Quelles furent les réactions lors de la publication de l’ouvrage ? Régis Latouche : Bonnes, très bonnes. Des historiens comme le Professeur Chassaigne (Université de Tours) trouvèrent l’ouvrage courageux et le sujet traité avec finesse. Quelques anciens clients ont envoyé des lettres pour remercier ce travail rendant aux maisons leur dimension humaine car, en province, ces établissements étaient très loin des bordels parisiens. Ici, ils ressemblaient plus dans leur fonctionnement et dans leur décor à des cafés de l’époque... libertinage payant en prime. Métropolis : Y aura-t-il une suite à ce travail ? Régis Latouche : Une fois qu’on a mis l’œil dans le trou de serrure de l’Histoire, on ne cherche à humaniser les personnages qu’on ne connaît généralement que par les archives. Je viens d’achever, pour les éditions de la Place Stanislas, un livre sur la Lorraine d’après le 11 novembre (« Lorraine 1918 »). Naturellement, les « maisons », les soumises, les maîtresses y trouvent leur place. Depuis que Les maisons d’illusion est paru, j’ai entassé beaucoup d’informations complémentaires et il serait de bon ton d’éditer une nouvelle version « de luxe », comme ces dames...

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Les tests adn sont une humiliation pour les familles et une honte pour la France 22 METROPOLIS N°12 SEPTEMBRE 2008


INTERVIEW-PORTRAIT

Maître Brigitte Jeannot :

La voix des sans droits

Maître Brigitte Jeannot est de ces avocates dont les motivations profondes restent un mystère pour ses confrères. Qu’il soit juste écrit qu’elle a résolument fait un choix de carrière en s’engageant dans un véritable combat pour les sans papiers qui représentent cinquante pour cent de sa clientèle. Pétrie de valeurs familiales, éprise de liberté, amatrice d’art, Maître Jeannot s’indigne comme on embrase un bûcher avec une étonnante capacité de montée en pression. Pourtant, elle travaille seule avec son mari, sans secrétaire qu’elle considérerait sans doute comme une intruse dans son intimité, à la façon d’un artisan qui garde en permanence la porte ouverte à ses clients. Révulsée par l’évolution de la politique de l’immigration, cette avocate des sans droits a fait grincer les dents de plus d’un Préfet… Métropolis : Pourquoi êtes-vous devenue avocate ? Maître Jeannot : C’est la position difficile qui m’intéresse, quand on est dans l’ornière. D’une certaine manière, je suis fascinée par celui qui est seul. Défendre celui contre qui tout le monde s’acharne. Etre face à une machine, à un système m’intéresse. Vous savez, ce qui est important, c’est la manière de présenter les situations, les personnes… Nous nous laissons tous piéger par cela. Souvent, dans la justice pénale par exemple, le prévenu est présentée de manière très défavorable. Les choses ne sont pas neutres d’emblée. Une personne est dans le box des accusés avec un poids très important. M : Pourquoi certaines nationalités obtiennent plus facilement le droit d’asile que d’autres ? MJ : Cela dépend du contexte géopolitique et du dossier personnel de chaque demandeur d’asile. Et puis, il y a des tendances, des instructions, des rapports de certaines ONG

influentes, le HCR… et il y a également la gestion des flux. Actuellement, il est très difficile pour les irakiens d’obtenir l’asile politique alors qu’ils sont pour la plupart dans une posi-tion très objectivement intenable. Accorder l’asile politique à un irakien revient à l’accorder à tous… mais dans le même temps, la France n’ose pas les renvoyer dans leur pays compte tenu de la situation actuelle. Pour les tchétchènes, la problématique est différente. Ceux qui réussissent à passer à éviter l’application des accords de Dublin obtiennent l’asile politique de manière assez significative en France. Les personnes qui obtiennent encore l’asile sont les éthiopiens, somaliens, les congolais, certains kurdes de Turquie… Pour les Kosovars, la porte est actuellement fermée… Alors que certains vivent encore de véritables lynchages dans leur pays d’origine. L’OFPRA et la CNDA semblent considérer qu’il n’y a plus de contexte difficile au Kosovo ce qui n’est pas le cas dans certaines zones enclavées et pour certaines minorités, comme les ashkalis ou les roms. Leurs récits donnent parfois froid dans le dos… METROPOLIS N°12 SEPTEMBRE 2008

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INTERVIEW-PORTRAIT Brigitte Jeannot M : Les gens qui viennent vous voir sont déjà intégrés dans le système puisqu’ils sont capables de monter un dossier d’aide juridique, de faire des demandes de logements etc. D’une certaine manière, ils sont déjà là. MJ : Oui, c’est vrai, ils sont déjà là. Ils sont aidés par une famille, des amis… le plus souvent. C’est clair qu’avec un encadrement familial ou amical, ils s’en sortent mieux. Les situations les plus dramatiques sont celles des personnes qui arrivent sur le territoire français en ignorant tout des droits qu’elles peuvent invoquer. Ceux qui viennent avec des passeurs ont parfois un lien à l’arrivée. Mais celui qui arrive seul, isolé, sans aucun point de repère… après avoir vécu un voyage d’enfer… a très peu de chance de pouvoir construire sa vie ici. Parce que c’est quand même la finalité de l’exil qui n’est jamais une situation voulue, assumée et plutôt subie comme une nécessité. M : Est-ce qu’ils sont surpris ? Est-ce qu’ils s’y attendaient ? MJ : Ils sont effectivement surpris. La France est perçue comme la terre des droits de l’homme. Les personnes qui arrivent en France poussent un soupir de soulagement mais cela ne dure jamais très longtemps. Elles sont immédiatement confrontées à un système inhumain, à des codes qui leur sont totalement étrangers. Et puis, il y a une terrible suspicion à l’égard des demandeurs d’asile. Certains imaginent qu’en disant, « je demande le droit d’asile », un sésame va s’ouvrir… alors qu’ils vont être en butte à un parcours de combattant assez terrible. Ils doivent toujours prouver l’improuvable. Comment apporter la preuve que vous avez subi des persécutions ? Celui qui eu le temps de les réunir et de les apporter n’est peut-être pas celui qui a subi les pires atrocités. Tout est basé finalement sur l’authenticité du récit d’une personne. Il y a donc une part de subjectivité très importante. J’ai récemment vu un cas intéressant où un Tribunal reconnaissait que la personne avait un risque de persécutions contre elle, mais la juridiction voulait une certitude de réalisation… le genre de preuve impossible à apporter. Lorsque les demandeurs d’asile arrivent sur le territoire, l’enjeu va être de les remettre dans l’avion avant qu’elles aient pu dire ou solliciter quoique ce soit. La France a été condamnée en avril 2007 par la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour ne pas assurer un recours suspensif au refus d’entrée opposé au demandeur d’asile. Par la voie terrestre, l’enjeu peut consister pour les services qui interpellent les personnes de ne pas indiquer dans les procès verbaux qu’elles demandent l’asile. Cette pratique est assez courante dans les régions frontalières. Et les demandeurs d’asile ont alors bien du mal à invoquer la protection de la convention de Genève qui prévoit une obligation de non refoulement et une obligation de délivrer une autorisation provisoire de séjour au primo demandeur.

sur de nombreux plans. Elle a été mise en place en 2004, par le Ministère de l’Intérieur, de manière non transparente. Les préfectures se sont vu assigner des chiffres à respecter. Parallèlement, plusieurs lois sont intervenues pour restreindre le droit au séjour des personnes, modifier les procédures de reconduite à la frontière dans la mesure où les arrêtés de reconduite à la frontière, notifiés par la voie postale, ne donnaient de résultats satisfaisants. Personne ne connaît précisément les chiffres assignés à telle ou telle préfecture. On ne connaît que le chiffre global à atteindre. En Meurthe-et-Moselle, il semble que le chiffre ait été toujours atteint ; il m’a été rapporté qu’il serait de 120, quelque chose comme ça. Le résultat le plus flagrant de cette politique est que les préfectures font des examens de plus en plus rapides des situations des personnes tant sur le plan du droit au séjour que des menaces dans leur pays d’origine. M : Comment l’étau s’est-il resserré ? MJ : L’étau s’est resserré, comme vous dîtes, depuis 1974. Via la politique des visas qui n’ont plus été accordés aussi facilement. Sous la pression de la jurisprudence et notamment l’application

On demande aux étrangers d’être plus fidèles, plus légalistes, plus travailleurs que les autres …

M : Qu’est-ce qui a changé dans la politique d’immigration ? MJ : La politique des quotas d’expulsion a des effets terribles

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de la convention européenne des droits de l’homme, la politique du regroupement familial a été contrainte de se mettre en place. Il n’était plus acceptable que certains travaillent en France depuis des années sans pouvoir faire venir leur famille. Depuis plusieurs années, la France essaye de restreindre au maximum la politique du regroupement familial. Pour qu’une personne soit éligible au titre du regroupement familial, elle doit avoir un revenu plus important que le SMIC, sans prendre en considération les allocations familiales. Ensuite, on demande aux personnes, des logements de plus en plus grands, sachant qu’on ira vérifier par des métrés. Il faut de très bonnes conditions matérielles pour faire venir les personnes de sa famille de manière régulière. Enfin, il faut que la personne qui habite dans le pays d’origine parle parfaitement le français. Vous vous rendez compte ? On demande aux étrangers d’être plus fidèles, plus légalistes, plus travailleurs que les autres… L’aboutissement de cette logique, ce sont les tests ADN qui constituent une humiliation pour ces familles et une honte pour la France…

M : Comment vos clients vivent-ils leur situation irrégulière ? MJ : C’est une situation de stress terrible pour mes clients ! Oui, on ne me parle que de cela. C’est terrible parce qu’ils ont l’impression de vivre sans exister, d’être là sans être là. Il leur paraît absolument inconcevable de retourner dans leur pays d’origine. Et ils sont près à tout pour montrer à la France qu’ils l’aiment et qu’ils ont envie d’y rester, qu’ils veulent respecter


les valeurs de notre pays. Ils vivent eux-mêmes des situations d’angoisse et de détresses psychologiques extrêmement intenses. J’ai un client par exemple, dont la famille m’explique qu’il est en train de dépérir ; la nuit, il fait des cauchemars, il devient à moitié fou ; il suit un traitement avec un psychologue… Il est d’origine kurde. A chaque entretien, il ne comprend pas, il répète les mêmes questions et compare toujours sa situation avec d’autres en disant « mais untel il est dans la même situation que moi etc. ! ». En général, ce n’est pas le cas, la personne avec qui il se compare a obtenu, non pas une carte de séjour, mais un récépissé. Ces gens vivent vraiment des situations de détresse qui rejaillissent sur toute la famille. En plus, ils ont un sentiment de non dignité, ils vivent aux crochets des autres, ils ne peuvent pas travailler. Pour eux c’est une humiliation permanente. Ce n’est pas tant le fait d’avoir peur d’être physiquement arrêté, c’est le fait de ne pas avoir de droits. M : Qu’en est-il des familles ? MJ : Pour la famille, c’est vraiment dur. Je pense notamment à une jeune femme qui est étudiante, qui réussi très brillamment ses études, en master, elle a réussi mais est complètement atterrée par la situation de son mari. Elle est mariée depuis 2 ans avec un jeune turc en situation irrégulière. M : Mais elle est française ? MJ : Oui. M : Mais s’ils se sont mariés… MJ : Ce n’est pas automatique, parce qu’il est arrivé de manière irrégulière. M : Donc ils sont suspectés d’avoir contracté un mariage de convenance ? MJ : Même pas ! Puisque le Procureur n’a pas empêché le mariage. Ces deux jeunes personnes s’aiment. Donc, on ne pouvait rien faire et rien a été fait, le mariage a été célébré en décembre 2006, mais les époux rongent leur frein ; il n’est toujours pas régularisé, car il n’est pas arrivé régulièrement sur le territoire français. On lui dit « monsieur vous devez repartir en Turquie » et lui dit « je ne peux pas retourner en Turquie, car si je repars là-bas, je vais subir une peine d’emprisonnement, je n’aurai plus de visa » ; il est légitime qu’il

refuse pour vivre avec son épouse qui a besoin de lui à ses côtés, d’autant qu’elle est étudiante. Ils vivent dans une situation extrêmement difficile. En fait, il y a eu ce couperet de l’entrée irrégulière, ce qui est normal puisqu’il s’agit au départ de demandeur d’asile. Quand on est entré régulièrement on peut être régularisé sous certaines conditions. Mais, en ce moment, c’est très très dur pour obtenir des régulations. M : Comment les policiers procèdent-ils pour « dénicher » des sans papiers ? MJ : Avec la politique des quotas, les policiers, qui normalement sont des enquêteurs censés être sur le terrain pour chercher les délinquants et mener des enquêtes, sont en fait focalisés sur les étrangers en situation irrégulière. On voit des interpellations pour des motifs assez douteux. On appelle ça des contrôles au faciès. Mais les procès-verbaux sont rédigés parfois de manière subtile… J’ai eu un client maghrébin qui marchait dans la rue, et il se serait, soit-disant amusé, rue Gambetta, à clancher une portière de la gendarmerie nationale mais aucune question ne lui a été posé à ce sujet ! C’est assez surréaliste. C’est une dérive importante. M : Pouvez-vous nous parler de la rétention de familles ? MJ : En juillet 2004, j’ai découvert une famille, avec 3 enfants âgés de 1 an, 6 et 8 ans en rétention administrative. Ils ont subi 5 jours d’horreur. Quand ils en parlent encore maintenant, leurs voix tremblent. Une nuit, ils dormaient à l’hôtel, l’autre nuit ailleurs, sans qu’on les prévienne jamais de quoi que ce soit. On les a emmené du centre de rétention de Lyon, seul centre de rétention prévu pour les familles (à l’époque). Ils arrivaient à Lyon à 9 h du soir pour être réveillés à 3 h du matin pour repartir à une audience du Juge des Libertés et de la Détention à Metz. Puis même chose le lendemain pour le tribunal administratif de Strasbourg. C’était horrible. J’ai mis plusieurs jours à m’en remettre. Ils ont été libérés parce que le Tribunal Administratif de Strasbourg a annulé une partie de la décision de reconduite à la frontière dans la mesure où le père étant kurde, il y avait de risques importants de persécutions contre eux en cas de retour dans son pays. Mais vraiment c’était scandaleux. Ensuite, ils se sont énormément investis dans la ville où ils résidaient, puis ils ont été régularisés ; après plusieurs années de vie sans papiers… PROPOS RECUEILLIS PAR SÉBASTIEN DI SILVESTRO

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PORTRAIT

Itinéraire d’un enfant pas gâté

Le calvaire du petit Louis

Fils d’une maison assassinée, Pascal Louis n’avait jusqu’à ses 21 ans ni souvenir, ni identité de naissance. Seule une image sanglante le reliait comme un nerf douloureux à son passé caché. Exilé, puissamment seul, exploité, il a grandi comme un enfant presque sauvage cherchant à renifler constamment d’où viendrait le prochain coup. La dass, les foyers, la violence, la rue et voler pour manger lui ont appris à tout supporter, à briser ses peurs dans l’oeuf et à avancer coûte que coûte. Aujourd’hui, le propriétaire du Magic Bowling de Nancy affiche les symboles d’une belle réussite sociale au volant de sa Maserati. Et comme son affaire montée à l’os tourne à plein régime, il invite à la table de sa chance autant de jeunes ayant besoin d’un coup de pouce que d’associations caritatives. Né en marge d’un fait divers qui a réduit sa vie en cendres, Pascal Louis s’est construit un nom en payant le prix fort pour devenir quelqu’un : brûler en rédemption la rage qui aurait pu le consumer entièrement.

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ans son bureau exigüe d’où il surveille le moindre détail de son affaire en manager pressé, Pascal Louis conserve dans chaque recoin des photos de ce qui le fait vibrer. Celle des boxeurs que cet ancien entraîneur sponsorise, les maquettes des groupes de jeunes musiciens qu’il a financés, les courriers de ses amis avec lesquels, à 51 ans, il prépare avec fièvre les marathons de Pékin et New-York en courant chaque jour 25 km. En fond d’écran de son ordinateur s’étale en faible résolution une photo de sa Maserati qu’il affiche moins pour la frime que comme une preuve de sa réussite pour lui-même et pour ceux qui l’ont connu pauvre et ne pronostiquaient rien d’autre de lui que la prison et la mauvaise vie. Pourtant Pascal Louis avec ses cheveux coupés à blancs, ses grands yeux bleus délavés et sa musculature compacte donne une impression de profonde affabilité et de simplicité. L’homme s’est donné du vernis en

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découvrant sur le tard que le monde pouvait se montrer parfois amical et en portant quelques babioles de luxe. Sous le masque de forces éprouvées vit pourtant un enfant qui n’a pas eu d’enfance, un homme d’affaire avisé, pugnace éprouvant pourtant une joie sincère à couvrir les enfants de bonbons, à venir en aide à une salariée en réglant rubis sur l’ongle un emprunt qui l’emprisonnait. Aujourd’hui, Pascal Louis ouvre lui-même les courriers des impôts et de l’urssaf avec un épais couteau à manche de corne. La vie administrative et civile, les « papiers », lui ont longtemps sonné comme une langue étrangère. Ca aussi, il l’a payé cher. Mais comment expliquer aux gens qu’il a été élevé par le hasard et jamais éduqué que par lui-même, la première partie de sa vie s’étant déroulée dans un purgatoire honteux, en marge de la vie. Seule témoin de son calvaire, une photo noir et blanc domine le bureau de Pascal. La photo d’une femme aux grands yeux noirs et au sourire doucereux fondu dans une mélancolie sépia. Une photographie de sa maman. Le premier souvenir du petit Louis âgé de


A 23 ans, ma vie commençait enfin

” METROPOLIS N°12 SEPTEMBRE 2008

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PORTRAIT Pascal Louis

6 ans est celui de sa mère agonisante, ensanglantée, expirant dans ses bras. Pas vraiment un souvenir, mais des flashs traumatisants qui le poursuivront des années durant : du sang, des vitres cassées. Les souvenirs du petit Louis débutent quand sa vie s’arrête. Il sait juste que son père est un ancien de l’Indochine, un alcoolique au vin mauvais. Il sait juste qu’il a des frères, peut-être six. Mais après ce choc, il ne souvient de rien, si ce n’est de son transfert de Golbey, son village vosgien, au foyer de la das le plus proche. De là, il est emmené dans une famille de paysans « des gens très agressifs qui m’appelaient le bâtard », raconte Pascal. Il y survivra 3 ans, dormant entre les vaches et les porcs, bossant à la ferme, au fumier, à la traite, tirant des bottes plus grosses que lui, prenant des coups pour un rien. Et ce sans compter que l’école n’est pas rose non plus. Le petit Louis est marqué, les autres racontent qu’il est le fils d’un assassin. Pascal est perturbé, ses lacunes ne se comptent

Pour réussir, Pascal commence par bosser 18 heures par jour dans son bar à Vittel.

plus et pour cause, il n’a personne et il ne comprend pas ce qui lui arrive. Même son institutrice n’a aucune compassion pour cet enfant atteint de rachitisme qui n’avait besoin que d’une caresse pour s’ouvrir. Louis devient un petit dur qu’on transbahute d’un foyer à l’autre, et de fermes en fermes où le scénario du pire se reproduit invariablement. Seules changent les méthodes d’enseignement : la canne ou le martinet alors que dans les rues de Paris et d’ailleurs, le reste de la jeunesse française en plein 68, réclame la liberté et l’amour libre. Pascal, lui, ne connaît ni l’une ni l’autre.

Le Monopoly de la vie. A 12 ans, il reçoit le coup

de trop qui le fait entrer en rébellion. Alors on le place dans un foyer, où les autres nourrissent son angoisse. On lui raconte que si son nom est composé de 2 prénoms, c’est que son père est un assassin et qu’on lui a remplacé son nom de famille par un prénom pour qu’il ne retrouve jamais d’où il vient. Pascal ne se souvient de rien, ne sait rien, est-ce que son père a réellement tué sa mère ? A 13 ans, il fugue dans un camion qui était venu charger des légumes aux champs. Des heures plus tard, il atterrit dans une ville dont aujourd’hui encore il ignore le nom. Pour un gamin ce pouvait être Paris comme Longwy, quelle différence quand on est seul, sans destination avec la faim au ventre. C’est une prostituée qui viendra l’aider en l’hébergeant quelques nuits, au milieu des voyous. Mais ces

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dernières années n’ont pas incliné le jeune Pascal à faire preuve de confiance. Il trouve l’aide de cette femme un peu trop bienvenue, un peu trop prenante, alors il met les voiles et découvre la vie d’un sans papier. Il sait à peine lire, mais il possède la malice des survivants chevillée au corps. Il dort dans la rue, et se souvient encore de ce clodo qui lui donnait du pain. Un jour une brigade de police le ramène au foyer. « Revenu à l’Hermitage, le directeur me dit de faire attention, que c’est ma vie qui va bientôt arriver. Il m’explique des règles de vies communes comme apprendre, travailler, et moi je réalise à 14 ans, que c’est la première fois que quelqu’un me parle vraiment », confie Pascal touché au plus profond de sa carapace. Il tente alors un apprentissage en cuisine qui se passe mal, on lui donne des claques, alors Pascal devient fou, menace son chef d’un couteau. En se défendant envers et contre tous, on lui plaque l’image de la descente en spirale dans la délinquance. Pascal se tire à seize ans et demi vers Saint-Tropez où il effectuera des petits boulots dont le nettoyage de bateaux qui lui montrera clairement qu’un autre monde existe. Fasciné par une Ferrari appartenant au neveu d’Enzo, Pascal lui propose 10 francs pour monter à bord de l’étalon rouge. Le conducteur, séduit par ce bout d’homme, l’emmène faire un tour. Les cheveux au vent, il se jure qu’un jour, lui aussi, deviendra un monsieur. Pourtant à cette époque il arrivait à Pascal de voler pour manger. Le petit Louis a pris de poids, fait de la boxe et du contact, une menace qu’il peut mettre a exécution au moindre danger. La police le retrouve. Direction l’armée. Au cours des 3 jours, Pascal est impressionné par un para-commando qui le fait signer pour 3 ans. A priori, le sport et une règle dure lui semblent un idéal. Mais quand le premier jour, l’instructeur entame son manège de brimades obligatoires et appelant Pascal « bâtard », ce dernier lui flanque une sévère raclée aussi sec. Les gradés ont beau jeu de lui expliquer le processus, il se sent brimé, opprimé comme à la ferme, la case départ. Même à l’armée qui offre une chance à tant de têtes dures, Pascal est inadapté. A 19 ans, avec un caractère de gladiateur, Pascal n’a qu’un peur : la case prison qui scellerait le destin qu’on a tenté de lui donner. Alors il fait de tout, cantonnier, ouvrier et pratique les sports de combats. Mais la poisse lui colle encore à la peau. Qu’il rentre dans une usine, et elle ferme rapidement. A 21 ans, il rencontre des types faisant les marchés. Dans ce milieu, il trouve une vraie liberté alliée aux plaisirs haranguer la foule comme un bateleur, et aux petites liasses de billets enfoncées dans les poches. Du cash, du black, du temps, du bonheur. Pascal ne sait même pas que les impôts existent, juste qu’il ne faut pas se faire pincer par les administrations. Pascal enchaîne dans le sud avec les touristes, mais l’hiver venu, l’argent vient à manquer, il remonte dans l’est avec sa copine, près de ses racines et se décide à savoir enfin d’où il vient et qui il est. Partout, il ne trouvera que des portes closes.

Qui je suis ? Dans les administrations, on lui refuse l’ouverture de son dossier. Pascal enquête dans cette campagne profonde autour de Golbey et trouve des anciens voisins auxquels ils racontent une histoire cousue de fils blancs


dressant son portrait d’homme d’affaires en transit. Pascal refuse d’avouer que les temps sont durs et que cet endroit lui a tout pris. Il découvre que son père vit toujours à Granges-sur-Vologne et qu’il est natif d’Aumontzey. Il entend : « ah oui, le père Louis, toujours porté sur la bouteille ». A ce moment, Pascal apprend que sa compagne est enceinte précipitant sa recherche d’identité. Pas question d’être un bâtard, il doit bien y avoir une famille, avec des oncles, des tantes et des cousins. Le petit Louis se fait violence, avec la peur au ventre de ne trouver au bout de son chemin que l’assassin de sa mère. Mais dans ce cas là, pourquoi serait-il libre ? « Quand je découvre que mon père est vivant, je vois la tombe de ma mère que je priais toujours dans ma tête. Mais mes images étaient violentes, le sang, j’avais le goût de la mort dans mes mains. J’avais été dressé comme un chien et je me demandais pourquoi, je réussissais à déverser ma haine dans le sport, j’avais participé aux championnats de France de karaté. Mais là, au 4ème mois de grossesse de ma copine, je devais découvrir qui j’étais, je n’étais pas un bâtard, je n’étais pas rien même si l’usine dans laquelle ma compagne travaillait venait de fermer, beaucoup d’entreprises fermaient dans les Vosges à cette époque, ma situation n’était pas brillante, mais j’existais », analyse Pascal, le blanc monté aux lèvres en réminiscence dans son retour au village. Il n’ose pas s’approcher de la maison, partout, il a des flashs « je connais ici », « j’ai déjà joué près de ces rails », le lieu lui parle, mais il s’enfonce dans une église et se met à prier jusqu’à ce que sa prière devienne un hurlement. « J’avais peur, parce qu’en enquêtant j’avais pris conscience qu’il y avait une grande famille, avec des gens ayant les moyens de s’occuper de moi, de nous, et je comprenais qu’ils n’avaient jamais bougé le petit doigt pour nous. J’avais la haine, mais je devais rentrer dans le système pour ma fille qui allait naître », explique Pascal. Le coeur au bord des lèvres, il s’approche de la maison de son père. Une femme âgée répond. Paniqué, il raconte qu’il est l’ami d’un ami d’un fils d’ici... La dame finit par le laisser rentrer. Il devine que sa grand-mère vient de le reconnaître. A l’étage, il découvre sous un appareillage médical, cet homme qui est son père, sur un lit de mort, en phase terminale d’un cancer. Tout au plus il lui reste quelques jours ou quelques heures. Pascal bredouille qu’il vient de la part d’un de ses fils. D’une voix aigre, le père répond « Quel fils ? Tous mes fils sont des voyous ». Pascal se fissure, Pascal explose et se rue sur son père : « de quel droit tu me parles comme ça. J’ai jamais fait de prison. Qu’est-ce que tu as fait à maman ? », hurle-t-il. On le fait sortir, il veut le tuer. Il reviendra à la charge plusieurs jours de suite jusqu’à ce qu’on le laisse entrer. Il pénètre à nouveau dans la chambre

de son père en disant simplement « bonjour papa », et le père se met à pleurer : « je n’ai pas tué ta mère... ». Fatigué, on lui demande de revenir le lendemain où il trouvera porte close, alors il s’énerve et la police arrive. Hors de lui on le met à l’hôpital où on l’attache. Son père vient de mourir, et la vérité, peut-être aussi avec lui. Après une longue hésitation, il décide de se rendre à l’enterrement et découvre les visages de cette famille qui ne lui parlent pas, voyant en Pascal le retour d’un homme non désiré. Pour lui tout se referme avec ce trou dans la terre. Des années plus tard, un ami lui procurera sous le manteau le dossier de son enfance. Des photos, des bulletins scolaires douloureux, et surtout la vérité : son père avait bien frappé sa mère mais sans intention de la tuer. Cette dernière est néanmoins morte quelques jours plus tard des suites d’une hémorragie interne. Le père n’a pas été mis en prison à condition que ses enfants soient placés. Après un bref séjour chez une tante, les 6 frères ont été séparés dans des foyers. Pascal n’a aucun souvenir de cette tante, ni de cette famille qu’il apprendra être apparentée à celle du petit Grégory. Intérieurement, puisque ce sera son unique sanctuaire, Pascal pardonne à son père en refermant ces chapitres douloureux. « A 23 ans ma vie commençait enfin », sourit-il.

Hard success story. A Vittel, avec sa compagne, il

croise un écriteau biffant un bar fermé : à vendre ou en gérance. Pascal ne sait pas encore ce que « gérance » signifie, mais il compte ses arguments au nombre de 3 : il connaît les bars, possède une bonne gueule et plus que tout, il se sent prêt à bosser comme un fou. Dans une Ferrari, le petit Louis s’est fait une promesse, mais il en est encore loin, très loin. Mal à l’aise, il commence à raconter un bateau au propriétaire de l’établissement avant de tout lui déballer. Sa vie, son envie brûlante de faire. Touché. Manquent néanmoins quelques 50.000 F, mais Pascal possède une voiture qui en vaut peut-être 20.000, alors c’est jouable. Avec sa compagne, ils découvrent les comptables et les bilans prévisionnels. Le couple se répartit les tâches, elle prendra la compta et lui le turbin. A force de chiner dans le circuit, les pièces du puzzle s’assemblent dans la tête de Pascal : les brasseurs prêtent de METROPOLIS N°12 SEPTEMBRE 2008

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PORTRAIT Pascal Louis

l’argent, les banques prêtent de l’argent, il suffit pour réussir de convaincre chacun que l’autre a déjà dit oui. L’ancien vendeur de marchés connaît le bluff comme sa poche, et la sauce prend. Reste le plus dur, remonter une affaire qui était proche du dépôt de bilan. Pascal, enchaîne les nuits en discothèque pour drainer de la clientèle et ouvre à 5h30 le matin pour récupérer les noceurs à l’heure du café croissant. Son affaire remonte si bien qu’au bout de 10 mois, le propriétaire veut récupérer son affaire. Le couple a mis un peut d’argent de côté et s’exile à 500 km en reprenant un autre bar qui s’avère très vite une planche pourrie. Pascal veut revenir à Vittel, d’autant que le propriétaire n’arrive pas à lui rembourser sa caution. Suite à une bataille juridique, il lui propose de racheter l’affaire. C’est fait. Mais entre temps, les clients avaient déserté le bar jusqu’à ce qu’un entraîneur national d’athlétisme rameute toute la troupe des athlètes en préparation olympique à Vittel. Dès lors l’affaire reprend, les sportifs aiment défier Pascal au billard et au baby-foot, l’argent rentre, le bonheur est proche. Sur sa lancée il pousse jusqu’à Gérardmer où il prend une grosse affaire comprenant un bar, une patinoire et un bowling. Désormais, le couple possède l’expérience et la crédibilité bancaire pour pousser cet investissement. L’affaire tournera à plein régime jusqu’à ce que la loi Evin retire sa licence IV à ce lieu sportif. Les emprunts sont lourds, et la caisse se met à sonner au ralenti. Son bar vittelois a été mis en gérance, alors le couple n’a plus rien, seulement des dettes. Son gérant de Vittel lui propose alors de casser le bail à l’amiable, expliquant qu’il voudrait racheter le Terminal Export à Nancy. Une aubaine. Seulement voilà, le gérant en question ne va pas à Nancy, mais s’installe dans un bowling flambant neuf, juste en face du bar... A nouveau ruiné, le couple bas de l’aile. Les affaires s’arrangent quand sa femme décide de vendre le bar à un repreneur. Mais loin des yeux, loin du cœur, elle revend leur affaire à son futur nouveau mari. « Et comme elle s’occupait de tous les papiers que je signais sans regarder, et je me suis retrouvé sans rien du jour au lendemain. J’avais donné sans le savoir tout ce que je possédais à mes filles, et me retrouvais à nouveau au RMI, malgré mon travail, ma maison, mes affaires », explique Pascal qui décide alors de partir travailler au Canada pour des monteurs de bowling. A son retour il gère les bowlings de Metz et de Golbey, mais en simple salarié désargenté auquel on refuse d’entrer dans le capital social. Pascal craque, va voir sa fille aînée et lui demande de lui rendre au moins 400.000 F dont il a besoin comme mise de fond pour recréer un bowling à Epinal. Sur la rage qui ne l’a jamais quitté, il va voir un nouveau comptable qui lui apprendra à tenir luimême ses chiffres. Avec ce bagage en main, Pascal est enfin prêt à se lancer seul et à s’arracher pour réussir à faire décoller son affaire en faisant tout lui-même. La licence Magic Bowling se développe au point qu’il lorgne sur le futur complexe Kinépolis qui souhaite s’adjoindre un bowling dans ses murs. La concurrence est rude, et Pascal n’est financièrement pas prêt. Chaque jour, il prie pour que l’installation de Kinépolis soit différée, juste assez de temps pour pouvoir grandir. Ses

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prières seront exaucées, et son projet sélectionné contre toute attente face à des faiseurs d’un plus gros calibre. Pourtant cette réussite ne doit rien au hasard, Pascal n’avait jamais lâché. Inlassablement, il téléphonait à Bruxelles pour suivre l’avancée du projet, et se rappeler avec insistance aux bons souvenirs des uns et des autres. Aujourd’hui en piste avec sa société qui tourne comme une mécanique bien huilée, Pascal fait profiter les autres de sa réussite avec générosité et bon sens, n’oubliant jamais de remercier ceux qui l’ont soutenu dans sa longue nuit d’enfer. Et l’homme d’affaires qu’il avait toujours rêvé de devenir fourmille aujourd’hui de dizaines de projets démesurés. En fin de comptes, le petit Louis n’a jamais menti, un jour il serait effectivement quelqu’un, un monsieur avec un rôle respecté dans la ville. Ses paroles avaient juste pris un peu d’avance sur le retard que la vie lui avait imposé. C’est l’itinéraire singulier d’un enfant, condamné à retrouver seul le chemin de la surface. A cinquante ans passé, l’homme s’est posé, apaisé, sa colère a mué en énergie qu’il canalise pour construire son avenir et celui de ses proches. Sous la stature d’un homme sérieux, occupé à faire, à manager, transparaît par instant un élan plaisir à partager des moments simples. Chaque jour, Pascal Louis se met au volant de sa voiture en sachant qu’il doit en profiter, qu’il est inutile de posséder de belles choses sans continuer à les regarder, sans vibrer. Pascal ne risque pas de finir blasé, sa vie se conjugue désormais au présent avec un œil fixé sur l’avenir. Pourtant, il est encore touché par ceux qui le voyant « arrivé », jalousent son parcours en ignorant le prix qu’il a du payer. Mais dans son bowling (qu’il a tenu à baptiser « magic », car c’est véritablement ce qu’il représente pour lui, un lieu de magie), quand les quilles s’entrechoquent au milieu des rires d’enfants, on peut voir alors Pascal sourire de réussir à donner à d’autres ce dont il a été privé : des moments de joie. Des petits bouts d’enfance. SÉBASTIEN DI SILVESTRO



ENQUÊTE

Dossier 1 Assignations au tribunal, réclamations de carences indues, procédures éprouvantes pour des sommes modiques :

PHOTO D’ILLUSTRATION : D.R. JONES

Quand les font casqu


11 Assédic

uer les chômeurs ENQUÊTE : SÉBASTIEN DI SILVESTRO PHOTOS : D.R. JONES


ENQUÊTE Assignations au tribunal, réclamations de carences indues, procédures éprouvantes pour des sommes modiques :

QUAND LES ASSÉDIC FONT

Madame Barberis travaillait dans une auto-école de la région. Suite à un licenciement abusif elle se voit octroyer 3 000 € de dommages et intérêts en réparation du préjudice subi. Alors les Assédic lui réclament 1 614 € au motif qu’elle a touché des indemnités de l’assurance chômage. Comme elle refuse de payer, les Assédic l’assignent au tribunal en ajoutant des intérêts et 500 € de dommages. Soit les deux tiers de ce qu’elle a perçu suite à une procédure dans laquelle les Assédic « s’invitent » de leur propre chef. Ce cas est loin d’être isolé, sans compter le nombre de salariés et de chômeurs qui, confrontés à une réclamation des Assédic, reversent directement une partie de leurs gains sans demander leur reste. Les Assédic s’estiment fondées à réclamer ces sommes en se basant sur une lecture arrangeante de leur règlement intérieur. Une lecture qui, pour les syndicats et les avocats de la défense, est contraire à l’esprit de la loi. Dans les faits, des personnes licenciées abusivement, fragilisées par une procédure prud’homale leur faisant gagner en bout de course des sommes modiques, se voient réclamer, souvent plusieurs années après, l’essentiel de leurs gains. Et si par hasard, ces personnes se trouvent à nouveau, à ce moment, bénéficiaires de l’allocation chômage, elles voient alors « leurs Assédic tomber à zéro » jusqu’à apurement de la somme réclamée. Combien de personnes sont-elles concernées chaque année par ces procédures rétroactives ? A quelle hauteur s’élèvent ces sommes prélevées sur le compte des salariés et des chômeurs ? Les Assédic restent muettes sur ces questions, sans doute trop occupées à préparer leur fusion avec l’ANPE, qui, dans ces conditions, promet bien des surprises…

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CASQUER LES CHÔMEURS

Régis Abdoul-Lorite, juriste C.F.D.T

«

Je pense que ces procédures représentent de très nombreux cas en France. Avant, quand on tombait sur des directeurs d’antennes Assédic humains, ils laissaient tomber facilement et déclassaient les jugements. C’est purement régalien. Mais en ce moment, on sent que le ton se durcit, je pense qu’il doit y avoir des directives nationales pour dire d’y aller franchement. Je trouve ça aberrant, tu perds ton emploi, tu fais une procédure pour un préjudice subi, tu payes un avocat et quand tu gagnes de l’argent, c’est pour les Assédic ! Moi, j’appelle ça du racket », ironise Régis Abdoul-Lorite, juriste à la CFDT de Nancy. Dans son bureau, il accueille ou relaye chaque année de nombreux cas auxquels il fournit l’assistance juridique la moins onéreuse possible, surtout dans le cadre de dossiers où les Assédic prélèvent directement à la source. Régis estime que sur les 200 000 jugements prud’homaux annuels, les Assédic pourraient intervenir sur un tiers des procédures… Même ratio pour Nancy avec une moyenne de 1 200 jugements annuels. Sur le terrain, les Assédic procèdent sans cadre vraiment défini, en prise directe,

en envoyant ses salariés éplucher les décisions prud’homales avant d’effectuer des recoupements. Pour la partie technique, les Assédic ont parfaitement le droit d’imputer des carences spécifiques (dans la limite de 75 jours) sur les montants à verser à ses allocataires, en fonction des indemnités transactionnelles ou de congés payés consentis au moment de la rupture du contrat. Mais rien, absolument rien ne les lie aux décisions d’un juge des prud’hommes. A l’exception de cette fameuse interprétation de son règlement intérieur qui lui permet de carencer les indemnités de toute nature, perçues lors de la cessation du contrat de travail, dès lors, que « leur montant ou leurs modalités de calcul ne résultent pas directement de l’application d’une disposition législative », indique l’article 29 paragraphe 2 du règlement. Voici le point de droit en question qui soulève la colère des avocats de la défense qui en font une procédure de principe. Car, quand un juge condamne un employeur à verser des dommages et intérêts à un ex-salarié, ce dernier juge bien en droit, en tirant son pouvoir de la loi. Quand un juge condamne un employeur pour licenciement abusif au titre de l’article L. 1235-3 du Code du Travail, la lettre L signifie clairement qu’il s’agit d’une disposition législative. Pourtant les Assédic semblent considérer que les juges jugent donc en fonction de leur bon vouloir et consentent des dommages et intérêts au même titre qu’un employeur verse une indemnité transactionnelle. « Cette procédure est moralement choquante parce qu’elle s’applique à des gens qui ont subi des épreuves. Les sommes obtenues en justice interviennent en réparation d’un préjudice supplémentaire qui n’a rien à voir avec l’allocation allouée à tout salarié involontairement privé de son emploi  », analyse Maître Claude Richard, l’avocat de Madame Barberis. Ces procédures sont d’autant plus difficilement qualifiables que les Assédics ont déjà été condamnées à leurs dépends dans des cas similaires. Notamment à Nancy en mars 2007 et à Rouen. Apparemment, ces condamnations n’empêchent pas les Assédic de continuer à assigner des salariés ou à prélever directement ces sommes sur les allocations des chômeurs. Car au fond, le nombre de procédures arrivant jusqu’aux marches des tribunaux de METROPOLIS N°12 SEPTEMBRE 2008

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ENQUÊTE

QUAND LES ASSÉDIC FONT Double discrimination et silence radio des syndicats siégeant au conseil des Assédic

Maître Claude Richard : « Ces procédures sont moralement choquantes »

proximité doit être relativement faible au regard du nombre de personnes concernées réglant ce qu’elles pensent être dû à l’Assédic sans poser de question. « Je travaillais dans une auto-école dont j’ai été licenciée abusivement. J’ai attaqué mon employeur et touché des dommages et intérêts au moment où je me suis inscrite aux Assédic. J’ai trouvé bizarre de recevoir une réclamation de 1 600 €, trois ans plus tard, je ne voyais par le rapport entre mon action en justice et les Assédic. Mais après des échanges de courrier, ils soutenaient avoir raison mordicus. Quand j’ai reçu le courrier d’assignation en justice je me suis dit vraiment, ça ne sert à rien. Alors on se fait couillonner par un employeur, on passe des mois devant les tribunaux et tout ça pour récupérer de l’argent pour les Assédic ! En plus ça faisait une somme parce que je ne suis plus sous contrat depuis juillet dernier. Moi ça va, parce que je suis informée, mais si j’étais seule avec trois enfants, je sais pas, ça aurait pu me conduire au pire », raconte Céline Barberis qui n’ose pas imaginer être condamnée dans cette procédure.

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En plus de frapper de façon totalement imprévisible un salarié ou un chômeur, ces procédures pénalisent plus lourdement les plus fragiles d’entre eux. Car devant les Prud’hommes, un employé depuis plus de 2 ans dans une entreprise de plus de 11 salariés touche en cas de licenciement abusif au moins l’équivalent de 6 mois de salaires auxquels les Assédic ne s’attachent que si ce montant dépasse les 6 mois salaires. A l’inverse, pour les salariés ayant moins de 2 ans d’ancienneté, dans des entreprises de moins de 11 salariés, qui n’ont aucun minimum garanti, et se trouvent logiquement dans une situation plus précaire, la carence s’applique de plein fouet… En résumé, dans ces procédures les Assédics imputent des carences plus lourdes à ceux qui gagnent le moins. Régis Abdoul-Lorite raconte le cas édifiant d’une serveuse du toulois dont le patron voulait se débarrasser au motif qu’elle était enceinte. Pour l’écœurer, son employeur lui faisait volontairement porter des objets lourds tout en lui versant la moitié de sa paye au noir. Elle s’en ira sans sa feuille jaune ce qui poussera les Assédic à refuser de lui verser ses allocations chômages. Au bout de 4 mois, les Assédic révisent leur position et consentent à lui verser son allocation. En parallèle, la femme avait attaqué son ex-patron qui a été lourdement condamné. Plusieurs mois passent, et les Assédic réclament à l’ex-serveuse un délai de carence sur la période où elle n’était justement pas indemnisée… Si les antennes juridiques locales des syndicats disent constater la prolifération et le durcissement de ces affaires, le silence radio des syndicats à l’échelle nationale ne constitue pas vraiment une surprise. Jusqu’à la fusion ANPE-Assédic prévue en 2009, les 30 Assédic de France sont gérées par une commission paritaire où siègent une moitié de représentants des employeurs et une moitié de représentants des salariés incluant l’ensemble des syndicats CGT, CGT-FO, CFDT, CFTC, CGE-CGC… Preuve que ces affaires prennent de l’ampleur depuis 2 ans, l’ancien responsable du service juridique de Moselle de la CFDT qui était également délégué de la caisse nationale


CASQUER LES CHÔMEURS

d’action syndicale (l’organisme qui gère financièrement les aides juridiques de la CFDT au niveau national) avait tenté d’alerter le sommet de son échelle dès 2006 de la montée en puissance de ces procédures. Une démarche qui aurait dû théoriquement conduire à une évocation et à une mise à plat de ce sujet au conseil paritaire des Assédic. Mais rien n’a filtré, rien n’a été fait. « Il faudra attendre que la cour de cassation vienne trancher le débat, ce qui peut se produire dans quelques mois comme dans quelques années », renchérit maître Richard.

Pour toute réponse : pas de réponse A Nancy, côté Assédic, personne ne décroche le téléphone pour répondre à ce genre de questions. Nous avons donc contacté le cabinet d’avocats nancéien qui représente les Assédics dans ce type de dossier. Maître Barraud, collaborateur de la Selarl Burle Lime répond au départ que le cabinet « intervient le plus souvent sur des dossiers de fraudes concernant des personnes qui n’ont pas déclaré leur reprise d’activité ». Quand nous évoquons une assignation en cours ainsi qu’un

jugement condamnant l’Assédic dans le cadre d’un dossier similaire, l’avocat explique ne pas avoir connaissance de ces dossiers et donc ne pas être en mesure de répondre. Nous lui demandons donc s’il peut nous fournir le numéro d’une personne de l’Assédic qui accepterait de répondre. Impossible également. « Vous savez, en ce moment avec la fusion ANPE-Assédic qui donne beaucoup de travail, ils ont sans doute autre chose à faire », conclue-t-il avant de nous conseiller d’envoyer un e-mail expliquant notre démarche à ses collaborateurs. Nous nous exécutons et rappelons le lendemain pour nous entendre dire que le cabinet a contacté sa cliente, l’Assédic, qui n’a pas donné d’instruction à ce sujet. Fin de la conversation. « A mon avis, les Assédic cherchent à prendre un maximum de pognon avant la fusion avec l’ANPE pour la création de France-Emploi », conclut Régis Abdoul-Lorite. L’Unédic qui prévoyait en juin de dégager un excédent de 4,7 milliards d’euros en tablant sur une croissance à 1,7 % qui lui aurait permis de ramener son déficit cumulé à 4,9 milliards d’euros, vient d’annoncer qu’elle réviserait ses hypothèses le 10 octobre prochain, quelques jour après la comparution de Madame Barberis... SÉBASTIEN DI SILVESTRO

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« Tu navigues... comme Rê chaque jour, tu traverses le ciel ... » (Textes des sarcophages n° 876)


LE TRIOMPHE DE RÊ ET L’ÉTERNITÉ DE PHARAON Par Francis Janot, Egyptologue photos par D.R. Jones


GRAND REPORTAGE MONDE / LE TRIOMPHE DE RÊ...

Nonchalamment adossé à la balustrade de la corniche qui surplombe le Nil à Louqsor, il est agréable, dès les premières heures du petit matin, de regarder l’activité humaine qui reprend doucement son cours sur le fleuve millénaire. Felouques et bacs recommencent leur incessant ballet qui les conduit d’une rive à l’autre. Pas de doute, l’Egypte s’éveille. Mais laquelle ? Certes, les yeux se fixent sur les petites voiles gonflées par un vent doux, mais enregistrent également la légère brume orangée qui flotte alentour. L’odorat est également sollicité, car la forte odeur de poussière humide tenace s’incruste. Ces deux signes annoncent le lever du soleil qui, pour un esprit cartésien, n’est rien de plus qu’un phénomène scientifiquement expliqué.

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LES DOUZE HEURES DE LA NUIT

Mais il peut en être bien différemment pour le visiteur passionné... En effet, pendant cette courte réflexion, le léger flou coloré se modifie, car il laisse progressivement place au rouge vif de l’astre rond qui émerge triomphant d’un voyage éternellement recommencé. Ainsi, en quelques instants, tel un Égyptien ancien, notre vision bascule sur la sensation précise de la course du dieu-Rê dans le ciel. La symbiose est réussie, l’appropriation du passé possible... Les croyances funéraires anciennes sont palpables... Il devient alors évident que l’astre céleste, affaibli, livre chaque soir un véritable combat dès sa disparition dans le monde souterrain. Seule sa réapparition au matin est la preuve éclatante de sa victoire sur les multiples entités démoniaques qui sont toutes occupées à sa perte lors de son périlleux voyage au cours des douze heures de la nuit. Pas de doute, devant nos yeux s’éclaire en plein le mystère de la renaissance du dieu-soleil. Il en sera ainsi chaque jour, car la lutte est quotidienne contre le serpent Apophis, le mal absolu au venin si puissant. La victoire n’est jamais définitive, car, bien que défait, ce dernier n’est pas annihilé. Son désir est de détruire, entre ses anneaux, la barque solaire sur laquelle voyage le dieucéleste. Dans le monde souterrain, la lumière de Rê fait refluer l’obscurité. Il réanime et dispense ses bienfaits aux morts bandelettés qu’il juge. De plus, son propre corps va s’assimiler progressivement à celui du dieu Osiris, seigneur de ce monde. La fusion doit être totale. Dès lors, purifié, régénéré et chargé d’énergie, le soleil peut à nouveau « sortir au jour » dans toute sa puissance. Alors progressivement, la chaleur bienveillante de ces rayons dorés va étendre ses ailes protectrices pour illuminer la cime de la montagne


2

3

1 Pharaon fait face au soleil triomphant sous sa forme de Rê-Horakhty à tête de faucon... 2 Pharaon de face. 3 Détail des 1 Litanies de Rê dans la tombe de Thoutmosis III (VdR 34).

thébaine. C’est ce spectacle qu’il est donné de voir chaque jour figé sur la corniche à Louqsor. Cette large montagne qui barre l’horizon est sacrée pour l’Egyptien ancien. Placée sous la protection de la déesse-vache Hathor, les rois du Nouvel Empire ont choisi d’y abriter leurs momies, dans des tombes soigneusement cachées de tous, dans une de ces vallées désertiques. Par naissance d’origine divine, Pharaon est fils de Rê, le soleil d’Héliopolis, créateur du monde à l’origine. Ainsi, à la mort du maître incontesté du Double-Pays, son enveloppe soudainement mortelle est vulnérable. Sa résurrection doit être totale, intimement liée à celle du dieu-soleil. C’est pourquoi, vers 1430 avant J.-C., Thoutmosis III implante sa tombe dans une des parois abruptes de cette vallée. L’architecture imposée à la chambre funéraire et la décoration de ces parois sont la reproduction fidèle de l’idée du monde souterrain et de la course nocturne du soleil. De fait, l’ovale de sa chambre funéraire délimite un espace géographique protecteur qui imite la course infinie de l’astre solaire. Déposée dans un sarcophage en pierre, sa momie, parée de toutes les amulettes prophylactiques indispensables, va, à l’égal de Rê, fusionner avec le dieu Osiris dans les profondeurs glaciales et noires de la montagne. A l’abri dans son sarcophage, le monarque lit les Litanies de Rê ou Livre de l’AmDouat qui s’étalent sur la paroi stuquée sous la Porte du temple de Louqsor. forme d’un long papy-

rus ouvert. Ainsi, le roi s’associe au combat nocturne de Rê et ainsi assure sa vie éternelle. L’enjeu est de taille, il en va de la bonne marche du monde. De fait, le destin de l’astre solaire et de Pharaon sont intimement liés pendant la nuit. Sur la corniche, l’esprit du visiteur passionné se calme. Il fait face à un soleil d’or éclatant qui l’assure de la victoire pour la journée. Maintenant, il convient à Pharaon de prononcer les louanges et la gloire de son Père.

LES DOUZE HEURES DE LA JOURNÉE Mais dans quel lieu ? De la corniche, le visiteur, en se tournant sur lui-même, aperçoit les hautes colonnes du temple

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GRAND REPORTAGE MONDE / LE TRIOMPHE DE RÊ...

de Louqsor. La réponse est bien là ! Quoi de mieux qu’un temple, véritable « demeure du dieu », pour accomplir des actes religieux. Quelques minutes de marche lui sont suffisantes pour découvrir l’imposante architecture de pierres du premier pylône qui barre l’horizon. D’évidence, les colosses

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du roi confirment, par leur pose hiératique, son autorité absolue, en pleine gloire solaire. De même, l’obélisque témoigne également de cette ferveur. Tel un rayon du ciel, sa pointe reflète en l’amplifiant la lumière solaire par un pyramidion recouvert d’or.


LE TEMPLE, UN ESPACE PROTECTEUR En portant ses pas dans un temple égyptien, le visiteur doit garder en mémoire qu’il pénètre dans un micro-univers qui reproduit « la terre originale ». Ainsi, les colonnes de la salle hypostyle imitent les fourrés du marécage initial, mélange subtil de fleurs de lotus et de tiges de papyrus. De plus, architecture et organisation du temple sont entièrement dévolues à la divinité qui, par sa statue cachée dans le naos, le « lieu que l’on ne doit pas connaître », officie à sa tâche cosmique. Les rituels journaliers compliqués qui se déroulent à l’abri des regards du commun des mortels leurs assurent des soins comme à une personne vivante. Ne nous y trompons pas, à l’époque pharaonique, la salle hypostyle, les chapelles et le naos sont résolument clos par les lourdes dalles du plafond décorées à l’image du ciel. C’est donc l’obscurité parfaite qui règne. Seules quelques raies de lumière percent des ouvertures pratiquées dans les parties hautes des parois. Il en va de la protection absolue

des mystères des rituels, des paroles prononcées et des statues. En revanche, la lumière est éclatante dans les cours à portiques. Ainsi, l’architecture du temple répond à la volonté précise d’avoir une succession de zones soumises aux rayons du soleil et d’autres maintenues soigneusement dans le noir total, couleur et ambiance du monde souterrain. Il y a là, dans ce jeu subtil, l’intention soigneusement entretenue de passer du monde visible au monde invisible. De fait, seule la première cour était accessible à la foule des pèlerins. Ce vaste espace ouvert, aux parois profondément entaillées des signes hiéroglyphiques de la langue sacrée, expose, à la vue de tous, Pharaon qui fait inlassablement des libations d’encens à Amon-Rê, le « Roi des dieux » ou qui lui présente Maât, « l’équilibre du monde ». La propagande est claire, lisible pour tous. Intercesseur entre les dieux et les hommes, c’est entre ses mains que repose le maintien du fragile équilibre de l’ordre universel. Protecteur de l’Egypte, sa main ferme soumet tous les ennemis. Cela doit être connu. C’est pourquoi l’habillage extérieur des murs du temple se couvre de l’image de Pharaon, en guerrier vainqueur, immense et intrépide, inondée par la bienveillante puissance des rayons de Rê. Ainsi, le destin de l’astre-solaire est également intimement lié à celui du roi au cours des heures du jour. A Louqsor, la contemplation de la nature, de la vie, du ciel et des ruines imprègne le visiteur passionné d’une atmosphère sacrée. Assis à l’ombre douce des sphinx-gardiens, à tête de pharaons, l’énergie vitale, des dieux, plane et peut communiquer. Pas de doute, l’Egypte moderne bénéficie pour l’éternité de la protection de ses anciens dieux.

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GRAND REPORTAGE MONDE / EGYPTE

LES SOR DE L AN

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gypte, impression du soleil levant sur le Nil, depuis un des innombrables bateaux de croisière écumant le fleuve entre barques et felouques. Regards et réflexions sur ce fleuve mythique sans lequel il n’y aurait point d’Egypte, car « l’Egypte est un don du Nil », affirmait en son temps l’historien grec Hérodote. Le bateau a largué les amarres tôt le matin. L’aube pointait à peine, mais pour rien au monde je n’aurais voulu manquer ce moment. Le bateau glisse doucement, porté par le courant. Le paysage est splendide. Les eaux sombres du Nil ont

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des reflets bleus empruntés à la couleur du ciel. Sur les berges, prairies, cultures et palmiers détaillent toute la gamme des verts. A la limite du désert, doré ou ocre, des maisons de couleur vives se détachent parfaitement dans le ciel limpide. Ca et là, des barques de pêche, des felouques de transport et des gamins qui répondent en riant aux signes des passagers. Malgré l’heure matinale, les rives bruissent déjà de mille activités. C’est toute une vie familière que nous surprenons : les villages se succèdent, reflétés dans l’eau où les femmes lavent déjà la vaisselle et le linge. Plus haut, c’est un homme qui étrille son cheval, le brosse à la main, tous deux immergés jusqu’au cou. Plus loin encore, c’est une charogne


Carnet de voyage

TILÈGES ’EGYPTE CIENNE Photos : D.R. Jones Textes : Marielle F.

gonflée qui dérive au fil du courant. La route qui longe la rive, bordée de terrains d’ordures à ciel ouvert, est surchargée de camions, de charrettes, de transports brinquebalants. Chacun va au travail, les hommes aux champs, les enfants à l’école. Pompes modernes et chadoufs, antiques puits à balancier, fonctionnent à plein. Maintenant que les crues n’existent plus, conséquence des multiples barrages, le fellah irrigue en permanence. Pourtant durant des millénaires, les rythmes de la terre et le quotidien de l’Egyptien antique furent scandés par la crue annuelle du grand fleuve sacré, le Nil. De ce phénomène miraculeux, car il ne pleuvait pas sur la terre aride de

Eternelle et mystérieuse Egypte… la fascination qu’elle exerce sur les Européens ne se dément pas depuis près de deux siècles. Momies, pharaons, hiéroglyphes et autres pyramides sont des mots qui ont enflammé notre imaginaire d’enfant et qui sont toujours à l’origine des hordes de touristes qui déferlent chaque année sur ce pays nourrit au sein de son passé. …Au travers de ce carnet de voyage nous vous livrons les impressions d’une croisière magique d’Assouan à Louxor ressenties par une voyageuse amoureuse des vieilles pierres et du mystère des peuples disparus dont on croise les spectres statuaires dans le tumulte du 21ème siècle. l’Egypte, dépendaient tous les cycles biologiques de la nature et l’activité des hommes que seule une montée des eaux raisonnable rendait possible. De juillet à novembre, la période des crues (akhet) inondait leurs champs, parfois leurs villages. Venait ensuite le peret, le moment où l’eau commençait à se retirer. Il fallait alors labourer, semer, monter les digues pour retenir l’eau. Si tout se passait bien la récolte commençait en avril au début de la période de sécheresse (shemou). Une fois la récolte terminée et le grain rentré, il fallait remonter les maisons, ouvrir les digues et attendre la prochaine crue. Le Nil était alors le fleuve des forces créatrices. Sa source présumée, au-delà des cataractes, était asMETROPOLIS N°12 SEPTEMBRE 2008

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sociée au dieu Khnoum, à tête de bélier, qui aurait façonné les hommes avec la boue du fleuve sur un tour de potier. La crue portait le nom de Hâpy, symbolisée par un homme pourvu de mamelles. Les « habitants »du Nil, hippopotames et crocodiles, étaient vénérés comme des dieux de la fertilité. Heket, la déesse grenouille présidait aux accouchements de même que Toueris, la déesse hippopotame. Accoudée au bastingage du navire, j’ai la trompeuse impression que la vie sur les bords du Nil ne semble pas avoir beaucoup changé depuis l’époque des pharaons. Anes, chevaux et dromadaires sont plus nombreux que les tracteurs et le fellah va toujours courbé sur son araire en bois. Des femmes enveloppées dans de grandes étoffes (melaya) noires portent sur la tête une amphore qu’elles vont remplir au fleuve. Les temples dédiés à des divinités oubliées, les cultures sur de minuscules parcelles, les villages bigarrés de brique crue et de terre séchée d’où émergent minarets et clochers composent une Egypte hors du temps. Pourtant, des éléments rappellent parfois le présent : le blé a cédé la place au coton, à la canne à sucre et au maïs, évolution du climat, des goûts et des impératifs économiques. Le bruit des pompes à gazole et des tracteurs vient parfois couvrir les cris des oiseaux et des enfants. Les pylônes et lignes à haute tension traversent une campagne, enfin presque entièrement électrifiée. Autre signe des temps, le Nil est pollué par des industries installées partout le long des berges, les crocodiles l’ont fui depuis longtemps, et des sacs plastiques flottent comme des méduses à la surface. Les bateaux d’acier chargés de touristes et de marchandises sont bien plus nombreux que les voiles des felouques. L’Egypte contemporaine puise de nombreuses ressources dans son passé glorieux. En 2006, 9,6 millions de touristes ont visité la terre des pharaons, générant près de 7,6 milliards de dollars de recette (20 % des devises étrangères proviennent du tourisme). C’est peut-être un des retours sur investissement les plus long de l’humanité. Car en leurs temps, le culte de la mort et les espoirs placés dans l’après vie représentaient une ponction terrible sur le peuple égyptien qui vivait sa vie courbé au travail, affairé à la construction d’une gloire au-delà de la mort qu’ils ne verraient jamais. La vie était très dure, économiquement dédiée à un autre monde situé audelà du fleuve métaphorique de l’existence. Dans cette obsession pour la mort, le Nil est demeuré un facteur de vie qui aujourd’hui encore reste aussi l’axe principal de communication du pays. Les navires de croisière amènent les touristes là où jadis les barques chargées de pierres accostaient aux pieds des chantiers, rien ne semblait alors impossible à transporter. Les deux obélisques de la reinepharaon Hatshepsout pesant chacun quelque 372 tonnes furent ainsi acheminés d’Assouan à Karnak sur des embarcations en bois d’à peine 50 cm de tirant d’eau. Nous empruntons donc l’antique chemin des pierres pour découvrir ce qu’elles sont devenues, monuments d’éternité au bord du fleuve, bien pratiques pour le touriste qui n’a qu’à débarquer pour visiter.

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D’ailleurs, voici Kom Ombo, le premier d’entre eux. Posé sur un tertre en bord de fleuve, il apparaît dans les rayons du soleil. Ce temple, reconstruit à l’époque gréco-romaine, est dédié à deux divinités principales : Horus, le dieu Faucon, et Sobek, le dieu crocodile. Cette dualité de culte, fait singulier en Egypte, fait tout l’intérêt de Kom Ombo. Si l’architecture du temple répond aux standards de l’époque, elle a été dédoublée. Le pylône est percé de deux portes, salles et chambres vont de pair, de même que les sanctuaires. On y apprend sur fresques et inscriptions quelques «recettes»amusantes : « Pour savoir le sexe de l’enfant : arroser du blé et de l’orge avec l’urine de la femme. Si le blé germe c’est un garçon. Si c’est l’orge qui germe c’est une fille ». « Pour savoir si une femme est enceinte : donner le matin un mélange de lait maternel et du melon si elle vomit, elle l’est », conseils d’un autre âge, préoccupations toujours d’actualité… Arrivée de nuit au terme de notre croisière, escale finale à Louxor, nom qui symbolise à lui seul les merveilles de l’Egypte. C’est le site de l’ancienne ville de Thèbes, métropole spirituelle et politique de l’Egypte antique. Homère l’appelait la ville aux cents portes tant était grand le nombre de ses temples. Avec plus de quatre millions de visiteurs par an, Louxor et sa région constituent l’un des sites les plus fréquentés en Egypte, avec ses inévitables souks attrape- touristes, ses marchands et rabatteurs omniprésents, ses hôtels modernes pourvus de piscines d’un bleu parfait, auprès desquelles bronzent de riches touristes indifférents aux splendeurs qui les entourent. Tout cela n’arrive cependant pas à estomper la magie séculaire des lieux. Témoin de l’aspiration à l’éternité des Egyptiens, c’est le musée en plein air le plus vaste du monde. Le Nil divise Louxor en deux rives, la rive Est abrite la Cité des vivants avec les temples de Louxor et de Karnak, et la rive Ouest, celle où se couche le soleil symbolisant le déclin de la vie, abrite la Cité des morts, vallée des Rois et vallée des Reines. Louxor au coeur de la ville est le temple le plus proche des bateaux. Elevé sous Aménophis III (XIVe siècle av JC) et Ramsès II (XIIIe siècle av JC), il ne servait en fait qu’une fois l’an lorsque les statues des dieux étaient sorties du temple d’Amon à Karnak pour célébrer Opet, la fête du Nouvel An. Le cortège empruntait alors le dromos, voie triomphale longue de 2,5 km bordée de 700 sphinx à tête humaine, aujourd’hui en grande partie enfouie sous la ville nouvelle. Le dromos réapparaît juste à temps pour accueillir les visiteurs à l’entrée du site et les accompagner aux pieds des impressionnants pylônes gardés par des colosses représentant Ramsès II, devant l’obélisque, privé de son frère jumeau ornant la place de la Concorde à Paris, offert à la France en 1830 par le viceroi d’Egypte. Ce site se charge de mystère au soleil couchant et la mosquée Abou El-Haggag, construite au milieu de la première cour au XIe siècle, élément incongru du décor dans la journée, apparaît alors comme suspendue dans les airs portée par les colonnes millénaires en forme de papyrus. A quelques kilomètres de là, Karnak est le plus grandiose des temples égyptiens, tant par sa superficie que par METROPOLIS N°12 SEPTEMBRE 2008

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la taille des monuments qu’il abrite. Karnak est en réalité plus qu’un temple : c’est un des plus grands lieu de culte de l’histoire. La cité de Thèbes vénérait Amon avec une dévotion sans mesure, le pharaon en personne était le serviteur du dieu, et s’entoura pour cela de jusqu’à 8 000 prêtres pour l’accompagner dans sa tâche. Les pharaons, les uns après les autres, construisaient chacun de nouvelles statues, de nouveaux pylônes, si bien que Karnak ne cessa d’évoluer et de s’agrandir de 1580 à 1160 avant JC. Ainsi, plus d’une dizaine de pharaons ont laissé leurs empreintes si on se réfère au nombre de pylônes et aux cartouches. Mais rien n’est sûr. Certains, comme Ramsès II, n’ont pas hésité à mettre leur cartouche sur celui de leurs prédécesseurs. D’autres n’ont rien à faire ici mais leur cartouche a voyagé avec les blocs baladeurs de leur temple, pris ici, réemployés par là sans respect ni souci pour la chronologie historique déjà bien compliquée à comprendre. Le résultat est en tout cas impressionnant. Chaque pylône ouvre sur de nouvelles cours peuplées de colonnes, de colosses et d’obélisques. La grande salle hypostyle de Ramsès II est exceptionnelle avec ses 134 colonnes papyriformes hautes de 24 m, toutes décorées de scènes religieuses et des hauts faits d’armes du pharaon. Derrière le quatrième pylône, un chaos de pierres enchevêtrées, de colonnes tronquées, de statues fracassées, d’obélisques isolés, se reflète dans les eaux du lac sacré ajoutant à la confusion…un vrai puzzle, joli casse-tête pour les archéologues qui n’ont fouillé, à ce jour, que le quart du site.

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De l’autre côté du Nil se trouve la vallée des Rois. C’est le domaine des morts, connu pour abriter les tombes (hypogées) d’un bon nombre des pharaons du Nouvel Empire. En 1922, Howard Carter y mettait la main sur un trésor somptueux, incroyable de finesse où le moindre objet atteint la perfection : le trésor de Toutankhamon. Encore ne s’agissait-il là que d’un « petit » pharaon au règne tellement court et insignifiant que même les archéologues avaient fini par douter de son existence. Que devait être alors le trésor funéraire de Ramsès II qui régna pendant plus d’un demi-siècle ? La visite de la Vallée des Rois est naturellement imprégnée de cette histoire et de sa malédiction. Au moment d’entrer dans les tombes, il est bien difficile de ne pas se laisser gagner par une légère appréhension. Une sombre entrée dissimulée dans la roche, un escalier ou un couloir en pente raide, mal éclairé, un air sec, chaud, étouffant, des personnages peints sur les murs qui semblent vous prendre par la main et vous conduire toujours plus bas dans les entrailles de la terre, on s’attend au détour d’un couloir à croiser une momie revenante ou mieux, Indiana Jones lui-même, à la recherche d’une amulette sacrée. Claustrophobes s’abstenir. Ici et là des puits, des fausses portes, des culs de sacs censés dérouter les pilleurs de tombe.Voici enfin le vestibule et les chambres dans lesquelles étaient entreposés la momie et tous les objets utiles au dernier voyage du défunt. Le moindre centimètre carré de mur est peint. Le Grand Livre des Morts déroule ses rituels, parfois entrecoupé de scènes de vie quotidienne… là réside le fin du fin du mystère, la vie et la mort unies dans l’éternité… on en oublie une fois de plus les vendeurs d’amulettes et autres gadgets « made in china », les pancartes anachroniques, les blocs de béton qui défigurent le site et les demandes de bakchichs aussi nombreuses que les grains de sable. Il est étrange de réaliser que notre civilisation actuelle pourrait s’éteindre comme tant d’autres avant elle, et que seules survivraient au temps l’expression de cette dévotion démesurée, figée dans l’éternité de la pierre. M.F.



REPORTAGE FRANCE

Agence Zeppelin :

UN AUTR REGARD MONDE

Bruno et Julien, deux nancéiens géographes de formation, viennent de lancer leur agence à cheval entre la géographie et le grand reportage de presse. A la rentrée, ils sortent leur premier ouvrage « Nancy aérienne » qui inaugure de nombreux opus et expositions photos à venir sur le Maroc, le Togo et le Bengladesh d’où ils rentrent à peine après un mois de mousson éprouvant et l’œil humide des leçons d’humanité apprises. Pilote d’avion et photographes, ils sillonnent le monde comme des explorateurs-géographes, cherchant à comprendre comment et pourquoi l’être humain investit l’espace. Refusant la carrière d’universitaires, complices comme des frères, ils chapitrent le grand livre de la Terre.


E SUR LE

REPORTAGE FRANCE Photos : Zeppelin Textes : Sébastien Di Silvestro


REPORTAGE FRANCE / ZEPPELIN

PHOTOS : C2

B

runo Valentin et Julien Pannetier se rencontrent sur les bancs de l’université de Nancy 2, mais de part et d’autre d’un bureau. Bruno est alors un jeune enseignant préparant une thèse et Julien un étudiant en master. Passionnés par leur matière et par l’étude de terrain tous deux repoussent l’idée de travailler un jour à l’aménagement du territoire. Préparant respectivement une thèse et un mémoire sur l’Andalousie, Bruno et Julien font budget commun pour s’élancer dans une première aventure faite de rocailles escarpées et d’hôtels bons marchés. Depuis 5 ans, Bruno s’échinait déjà à décortiquer méticuleusement ce paysage tracé par les cultures ibères, phéniciennes, carthaginoises, tartéssiennes, romaines et mauresques. Tous deux emmagasinent l’histoire pour mieux comprendre le présent et voir sur quelle base l’avenir se met en place. Là-bas ils entendent

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parler de la Sierra de Cabo de Gata-Nijar, « un des rares endroits à ne pas être défiguré par le béton, un coin que personne ne connaît, un truc de malade »… 45 kilomètres de côtes vierges surplombant un paysage volcanique avec une chaîne de montagnes rocheuses désertiques. Le duo décide de l’explorer en évitant au maximum les pistes en goudron pour partir à la rencontre de l’histoire humaine de ce paysage. Avec une petite voiture de location qui pèse lourd sur leur budget d’étudiant. Frustrés par l’absence de portraits humain dont leur matière décrit l’existence besogneuse, ils décident de photographier l’essentiel : l’homme et le paysage. Les deux explorateurs en herbe se découvrent au test d’effort qui leur fait sauter par-dessus des gouffres. Les rôles complémentaires se définissent. Julien, le silencieux, possède le charme brigand d’un Corto Maltese aventureux qui ne recule devant aucun obstacle et pousse le duo à aller plus loin. Bruno, le brun volatile a la parole facile et la stratégie diplomatique dans le sang. Leur binôme éclos quand ils découvrent au bout de leur chemin accidenté un village andalou typique, entièrement blanc, au sommet d’une montagne, comme habité par des fantômes. Ils découvriront même des mines d’or abandonnées dont tout le matériel d’une autre époque traîne toujours dans la poussière. Plus loin encore, se niche un village dans lequel « le bon, la brute et le truand » a été tourné, puis un autre village passionnera les géographes voyant des paysans y faire de la culture en plein champ avec une main d’œuvre marocaine qui débute la prière au son du klaxon. Un territoire, une histoire, des migrations…La voix de Sinatra qui s’échappe d’un bouiboui solitaire achève de donner une patine à ce séjour qui aurait pu être une simple routine universitaire passée a effectuer des relevés. Un déclic se met en place, ils veulent ensemble, parcourir l’espace.

VOYAGEURS PHILOSOPHIQUES

Bruno et Julien ont observé un de leurs enseignants qui réalise avec des autorisations que seuls peuvent obtenir les laboratoires de géographie, des clichés aériens dont les UFR ont besoin. L’aérien leur tend les bras en leur ouvrant la perspective de demeurer de véritables géographes tout en leur donnant les moyens de financer leurs périples. Bruno passe son brevet de pilote et le duo commence à monter des projets d’études, de publications et d’expositions entre l’Afrique et le Bengladesh. Peu à peu, ils développent naturellement une philosophie

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pour approcher des pays et des cultures étrangères. Les futurs Zeppelins voyagent longtemps sur place, et fonctionnent avec des petits budgets, préférant loger chez l’habitant pour entrer progressivement et naturellement dans leur vie, pour la comprendre de l’intérieur. Dans les quartiers pauvres, ils ne se promènent jamais avec un gros boîtier photo professionnel, mais avec un petit sac en bandoulière, ne prenant de clichés qu’avec l’autorisation des sujets. Autant de petites pudeurs qui les démarquent du travail des reporters, fonctionnant généralement avec des campagnes courtes, « timées », dans l’esprit d’une nuée de sauterelles. La comparaison vaut avec le métier de reporter en ce sens que les deux se rejoignent au niveau de l’actualité, même si les Zeppelins ambitionnent plus d’expliquer comment fonctionne un territoire donné dans son ensemble plutôt que de choisir un sujet précis et nécessairement tronqué. Mais naturellement, leur travail glisse vers le photo-reportage qui ouvre également des perspectives de rentrées d’argent substantielles. Bruno et Julien fondent leur agence dans leur maison nancéienne en bordure du canal. Avec un stock de photos conséquent, leur banque d’image est sélectionnée par World Pictures qui les met en ligne et sur les rails d’un circuit presse et éditeur favorable. L’agence commence à se faire connaître d’autant mieux que leur démarche souffle un petit vent frais dans un milieu sclérosé et saturé d’images redondantes vaniteuses. Mais mieux encore, en jouant la carte des géographes intéressés par un fonctionnement d’ensemble, le duo parvient à se glisser et à photographier des lieux où l’on refuse la présence de journalistes. Les Zeppelins ramènent donc de vrais sujets à forte valeur ajoutée pour la presse mais qu’ils réalisent comme un simple bonus pris au passage d’une ambition plus grande. Comme récemment, lors de leur retour au Bengladesh, le duo était attendu par sa « famille d’accueil », des gens très pauvres, dans le pays le plus pauvre du monde. Ils attendaient leur retour parce que les finances de cette famille qui partage tout

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sur un lit de milieu se faisaient dures, mais également parce qu’avec eux, la vie change, ils voyagent dans leur propre pays qu’il redécouvrent dans des lieux et des événements qui leurs sont généralement fermés. Au bout de 3 longs voyages au Bengladesh, les Zeppelins préparent un livre sur les métiers improbables de ce pays qui vit en bout de chaîne du capitalisme, avec certaines rues dont la puanteur ferai passer décharges et tanneries pour des bosquets de roses. Leurs clichés montrent le quotidien inimaginable des femmes musulmanes récoltant des écailles de poisson, des récupérateurs de gras à bouillir pour fabriquer des colles, des handicapés du travail attendant patiemment que leurs anciens collègues leur donne une toute petite partie de leur récolte de pierre du jour, des hommes tirant un petit paquebot à main nue pour le mettre en cale sèche... En parallèle de leur sujet d’étude, Bruno et Julien ont réussi à se glisser dans les ateliers où les grandes marques internationales font trimer des femmes pour un salaire de misère en apposant de fausses étiquettes « made in china » tandis qu’un boss ventripotent parle « de développement économique ». Toujours au passage, ils racontent avoir vu des productions plus que suspectes à base de farines animales dont les sacs pourraient bien changer d’étiquettes une fois arrivés en Inde. Mais vous pourrez lire en leur temps ces sujets dans la presse, les Zeppelins y travaillent, finalement, même dans un esprit différent. A chaque retour dans la doucereuse cité ducale, ils reviennent avec le regard qui porte encore au loin, le cœur serré des moments d’amitiés disparus, le corps marqué par les petits bobos des grandes aventures qui se dissolvent dans le confort retrouvé. Entre ciel et terre, entre actualité et histoire, après le Livre sur la Place où ils présenteront leur premier ouvrage, les Zeppelins décolleront en direction du Togo pour réaliser une exposition photographique plongeant ses racines dans cette terre sèche, dans cet autre monde qu’il va falloir apprendre à raconter. SÉBASTIEN DI SILVESTRO

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PORTRAIT AÉRIEN DE LA


CITÉ DUCALE


SPÉCIAL NANCY / PORTRAIT AÉRIEN

Vue du ciel, la cité ducale se révèle dans toute sa diversité et sa splendeur. Chaque quartier se présente tour à tour, avec la géométrie de ses rues et de ses blocs de bâtiments, avec le damier de ses toits rouges ou gris, avec les verts et les ocres des alignements d’arbres et des espaces verts, dont la parure change avec la saison, avec les limites incroyablement tranchées qui le séparent des quartiers voisins, et qu’on ne soupçonne pas quand on circule au niveau du sol. Chacun des quartiers, chaque bâtiment, chaque rue, ont un passé plus ou moins long et plus ou moins riche. Chaque étape de leur vie leur a apporté un embellissement, un style, ou au contraire laissé une patine ou même des cicatrices. Des générations d’habitants se sont succédées dans leurs murs, des hommes célèbres y ont vécu et y ont laissé leurs noms, des événements importants s’y sont déroulés, et cela a changé peu à peu le regard que les Nancéiens ont porté et portent aujourd’hui sur leur ville. Textes et photos : Zeppelin

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NANCY, TOUTE UNE HISTOIRE… Nancy, qui fut jusqu’en 1766 la capitale du duché de Lorraine, est une ville d’une richesse patrimoniale exceptionnelle, dans laquelle on a la chance de pouvoir suivre aisément, à travers ses quartiers, dans ses rues, sur son plan, les étapes successives de sa croissance et de son histoire. Ce paysage urbain, si remarquable par sa diversité, qui s’offre à nous aujourd’hui, est l’aboutissement de neuf cents ans de construction, d’aménagement, de transformation, voire de démolition qui nous ont légué un patrimoine admirable, heureusement épargné par les deux guerres mondiales, qui porte très loin la renommée de Nancy. Nancy grandit lentement au cours du Bas Moyen-Age, pour former la « Ville-Vieille », de nos jours couramment appelée « Vieille-Ville », dans un espace d’une quinzaine d’hectares peuplé d’environ 5 000 habitants seulement à la fin du XVe siècle. Cette ville médiévale, aujourd’hui comprise entre la porte de la Craffe, la place Vaudémont et le cours Léopold forme un quartier animé, chaleureux, touristique, au cœur de la ville, avec ses rues pittoresques aux noms évocateurs : Grande rue, rues de la Charité, du Cheval Blanc, du Haut Bour-

geois, du Petit Bourgeois, de Guise, du Moulin, des Etats… ; avec ses édifices historiques : le palais ducal, la chapelle des Cordeliers, la porte de la Craffe déjà citée, ses belles demeures construites plus tardivement : l’hôtel d’Haussonville au XVIe siècle, l’hôtel Ferraris, l’hôtel des Loups au XVIIIe siècle… La deuxième étape de la croissance spatiale de la ville se situe à la fin du XVIe siècle, lorsque le duc Charles III – 1559 - 1608 – décide la construction d’une nouvelle ville au sud de la Vieille-Ville. Les raisons de cette décision tiennent, à la fois, de l’accroissement de la population, et à la nécessité de reconstruire les fortifications très délabrées de la ville qui est menacée dans les temps troublés des Guerres de Religions et de la volonté du duc de faire de Nancy une capitale digne de ce nom, à la mesure de ses ambitions et du rôle politique de premier plan qu’il entend jouer en France même. Pour construire Nancy-la-Neuve, le duc fait appel à des ingénieurs italiens, ce qui est d’ailleurs une tradition à Nancy ; à leur tête se trouve Jeronimo Citoni qui incitera le duc à choisir de ne pas étendre la Vieille-Ville et au contraire, de construire une ville nouvelle, entièrement séparée de la pré-

La Ville-Neuve, de la cathédrale à Saint-Sébastien. Le quadrillage urbain est parfait, les rues sont parallèles et perpendiculaires et leurs intersections forment des îlots rectangulaires, tout est ordonné dans cette ville de Charles III au tissu très dense. Au centre du cliché, on voit nettement ces grandes rainures que forment, de gauche à droite, la rue des Ponts, la rue des Quatre Eglises, la rue Saint-Dizier et l’axe sinueux des rues préexistantes à la construction de cette ville : Dominicains, Pont Mouja et Saint-Nicolas. Cette ville construite pour l’essentiel entre 1590 et 1620 est à la fois résidentielle, commerçante et religieuse ; elle est très peuplée – elle devait compter environ 10 000 habitants vers 1620 – et très animée ; en son cœur se trouvait l’hôtel de ville, un très bel édifice de style Renaissance surmonté d’un beffroi, construit en 1599 et détruit en 1751. Son emplacement est aujourd’hui occupé par le marché de plein air devant l’église Saint-Sébastien. Les rues principales formant les axes majeurs de cette ville doivent leurs dénominations à l’histoire et à la géographie : la rue Saint-Jean porte le nom du vaste étang qui s’étendait dans le secteur actuel de la gare et de la place de la Croix de Bourgogne ; la rue et la porte Saint-Georges ont pris le nom de la collégiale qui jouxtait le Palais ducal dans la Grande rue à droite de la porterie renaissance, là où, aujourd’hui, on passe de la Vieille-Ville à l’hémicycle de la Carrière ; la rue Saint-Dizier rappelle le nom du village qui était situé à l’em-

placement actuel du faubourg des Trois Maisons, au-delà de la porte de la Craffe, et qui fut détruit au moment de la construction de la Ville-Neuve, ses habitants étant précisément relogés dans cette ville nouvelle. Dès la fin des années 1950, mais plus encore à partir de 1964, la partie occidentale de la Ville-Neuve en direction du boulevard Joffre, fit l’objet d’une vaste opération de rénovation. Il faut dire que ce secteur était très dégradé et que nombre de maisons, voire des îlots entiers, étaient insalubres, certains même en partie détruits. On voit ici, à gauche, le toit-parking du centre commercial Saint-Sébastien ouvert en 1976, les quatre tours et le Trident, l’immeuble à trois branches, qui le surplombent. Plus à gauche encore, les deux premiers « buildings » de Nancy : à côté du Trident, l’immeuble Joffre (1) construit à la fin des années 1950, et l’immeuble Joffre-Saint-Thiébaut (2), dont la structure est en acier, construit entre 1961 et 1964. METROPOLIS N°12 SEPTEMBRE 2008

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SPÉCIAL NANCY / PORTRAIT AÉRIEN

cédente, tout en entourant les deux villes de nouvelles et remarquables fortifications qui donnèrent à Nancy un système défensif connu et admiré dans toute l’Europe. Cette Ville-Neuve est extrêmement visible par son « plan romain », le quadrillage de rues se coupant à angles droits et dont les noms des rues qui sont presque tous d’ordre religieux, rappelant ainsi que Nancy eut un rôle éminent dans la défense du Catholicisme pendant les Guerres de Religions. La troisième étape de l’extension de Nancy est celle qui a porté très loin sa renommée. Il s’agit évidemment de ce majestueux ensemble du XVIIIe siècle, chef-d’œuvre de l’Art classique, aujourd’hui inscrit au patrimoine mondial de l’U. N.E.S.C.O., voulu par Stanislas Leszczynski, ancien roi de Pologne, devenu duc de Lorraine et de Bar en 1737, et au génie de l’architecte Emmanuel Héré. Ainsi, le cœur historique de Nancy se compose-t-il de trois villes distinctes et juxtaposées : la ville médiévale, la VilleNeuve des XVIe et XVIIe siècles, la ville du XVIIIe siècle venue s’intercaler entre les deux précédentes, cet ordonnancement urbanistique peu commun ayant donné à Nancy une renommée exceptionnelle.

De la Pépinière à la Meurthe.

Cette photographie prolonge la précédente vers le nord ; on est toujours dans cet espace d’activités industrielles et d’habitat ouvrier apparu au XIXe siècle autour du canal, du chemin de fer et sur les rives de la Meurthe. Les traces de l’industrie sont ici encore présentes et marquent fortement le paysage urbain. Les grands Moulins (1) se situent à l’endroit où le bras vert rejoint la Meurthe, l’ancienne usine de la Compagnie Générale Electrique, reprise plus tard par Alstom (2) occupe une place considérable. Le sort de cette usine illustre bien les problèmes de l’accessibilité, devenue très difficile, dans ces quartiers aux rues étroites – il s’agit ici de la rue Oberlin qui longe le canal –, problèmes qui ont entraîné le déménagement de l’usine Alstom à proximité du port de Frouard ; le devenir de ce vaste ensemble industriel n’est pas encore défini. De même, on voit encore très bien l’emprise de l’ancienne voie

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ferrée réservée aux marchandises qui desservait l’ancienne gare Saint-Georges et qui va être utilisée pour aménager un boulevard urbain, on évoque également un éventuel projet Tram-Train. Les voies de communication qui « entaillent » cet espace et les rues au tracé désordonné ont empêché la structuration d’un véritable quartier. Aucun lieu central n’est apparu et l’on distingue à peine l’église Saint-Vincent de Paul (3), autre œuvre de l’architecte Jules Criqui, construite peu avant 1914. En 1976, l’ouverture du viaduc Louis Marin, plus connu sous le nom de V.E.B.E. – Voie Express de la Banlieue Est – a encore compliqué le dessin du quartier mais c’est un trait d’union indispensable entre Nancy et les communes de la rive droite de la Meurthe car il évite l’asphyxie de la circulation dans les bas quartiers de la ville. Comme le précédent, cet espace connaît de profondes mutations, on peut voir ici de nombreux immeubles d’habitat collectif récents, notamment en bordure du canal parmi lesquels une réalisation originale : l’aménagement d’appartements dans un ancien moulin. La Pépinière, le canal et la Meurthe créent une ambiance paisible, parfois même un paysage bucolique, ainsi dans la petite rue Lecreulx qui se prolonge par une charmante passerelle du même nom, enjambant le canal.


NANCY AÉRIENNE - L’OUVRAGE…

E La quatrième grande étape de la croissance de Nancy se situe au milieu du XIXe siècle au moment où la Révolution industrielle transforme les villes et les étend dans des quartiers extérieurs qui se couvrent d’usines, d’ateliers, d’entrepôts ; des faubourgs industriels surgissent, ainsi le faubourg Saint-Georges à Nancy qui se développe sur les voies de communication nouvelles que sont le canal de la Marne au Rhin, qui est inauguré en 1852 et la ligne de chemin de fer de marchandises, allant de Maxéville à Jarville, qui est ouverte en 1878. C’est une belle histoire que Nancy a connue. La petite ville médiévale de 5 000 habitants est devenue une grande ville de plus de 100 000 habitants au cœur d’une aire urbaine atteignant aujourd’hui 410 000 habitants, illustrant ainsi le phénomène d’urbanisation intense et accélérée que nous connaissons depuis deux siècles. Dix siècles ont façonné la ville, ils ont dessiné son paysage urbain et nous ont transmis un riche patrimoine que cet ouvrage vous permettra de « survoler ». C’est à une promenade dans le temps et dans l’espace que nous vous convions, à la découverte des rues, des quartiers, des bâtiments, des monuments d’une ville-capitale qui vous surprendra, Nancy. ZEPPELIN

n prenant de la hauteur, tout est plus clair et tout s’explique plus facilement. La ville de Nancy prend une tout autre dimension vue du ciel. Les auteurs proposent une balade aérienne pour découvrir, d’une autre façon, les différents quartiers de la ville. Il s’agit d’une promenade permettant de s’arrêter ici ou là sur des éléments caractéristiques de l’évolution urbaine et de prendre du recul pour mieux comprendre le développement urbain de Nancy. Nancy aérienne est une invitation à découvrir les formes urbaines qui se sont succédées au fil du temps. Les textes qui accompagnent les clichés aériens rappelleront l’histoire de la ville, les particularités urbaines ou tout simplement vous faire découvrir les héritages urbains et patrimoniaux de la capitale des ducs de Lorraine. Retrouvez les lieux qui vous sont chers comme vous ne les avez probablement jamais vus. Ce portrait aérien de la ville élargit la perception que le lecteur a de la ville. Le paysage urbain dans lequel on vit est celui dont on a hérité. A cet égard, la place Stanislas est emblématique de la ville de Nancy et figure au premier plan de la reconnaissance de la cité. La succession des grandes phases urbaines a créé des paysages urbains variés, de la vieille ville à la ville neuve de Charles III, en passant par le quartier de la gare, ceux du XIXe siècle, et le développement des faubourgs. La physionomie de la ville a été modifiée avec la création des quartiers du Haut du Lièvre et l’émergence du quartier Stanislas-Meurthe. Le récit de ces évolutions accompagne un regard insolite proposé à travers un parcours aérien permettant la découverte de tous les quartiers de Nancy. Dans ce jeu des transformations permanentes de la ville, cet ouvrage met l’accent sur le patrimoine urbain répondant ainsi au besoin de mémoire qui caractérise notre époque aux changements si rapides.

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ÉCO-LOGIQUES L’économie d’ici et d’aujourd’hui INNOVATION En 2030, 50 % de l’énergie mondiale serviront aux ordinateurs

Proximania à la rescousse d’ Olitec

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OCTET : UNE NOUVELLE RÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE ? Le concours national d’aide à la création d’entreprises a sélectionné cette année deux projets lorrains issus du LORIA, le laboratoire lorrain de recherche informatique, véritable incubateur d’entreprises innovantes pour la région. Le projet Octet pourrait même se retrouver au centre d’une véritable révolution informatico-écologique.

L

e projet OCTET (Optimisation des Calculs et des Transmissions en Energie et en Temps), issu du Loria est le fruit d’une recherche conduite par Serge Burckel dont l’enjeu est titanesque  : économiser l’énergie dépensée pour la transmission de données via informatique. Car, d’ici 2030, les échanges d’informations par le web représenteraient 50 % de la consommation mondiale en énergie. En 2008, l’exemple type de cette dépense énergétique est incarné par Google dont les serveurs internes nécessitent l’équivalent de 3 centrales nucléaires fonctionnant nuit et jour pour leur alimentation. Pour contribuer à équilibrer cette évolution exponentielle l’équipe CASSIS du

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Loria tente de créer un codage différent, « qui va à l’encontre de l’intuition », selon le professeur Burckel. Ses chercheurs ont remplacé le codage binaire (le socle de tout système informatique) par un codage en base un, le temps devenant dès lors la clef de codage. Grâce aux toutes nouvelles recherches, il a été possible de repenser l’antique système binaire, très gourmand en énergie, en créant un autre modèle plus économique. Ici le nouveau système n’a besoin que de deux commandes, start et stop, comme sur un chronomètre, le code étant le temps qui s’écoule entre les deux. Avec ce concept, déjà breveté, le gain d’énergie est de facteur 8 (une consommation 8 fois moindre), et le gain de transmission fac-

teur 6 (6 fois plus vite). Même si le laboratoire veut encore approfondir les applications possibles avant de commercialiser le concept sous une forme ou une autre, des entreprises ont déjà suivi de très près les recherches du labo CASSIS, inédites dans le public. Alcatel aurait donc suivi les comptes rendus d’expériences avec grand intérêt jusqu’au jour où le groupe fut racheté par Thalès. Depuis, plus rien, silence radio. Preuve en est que dans les laboratoires privés, la recherche est peut-être à un autre stade ou opportunément en parallèle, mais en attendant, l’équipe CASSIS continue ses calculs : « j’ai commencé à avoir cette idée à la Réunion, où j’étais maître de conférence, mais c’est un travail de longue haleine, il nous faudra au moins dix ans pour terminer tous les calculs », explique Serge Burckel suivant la courbe, également exponentielle, des possibilités

litec, la société d’informatique de Nancy, fabricant de modems et distributeurs de fax, MP3, routeurs ADSL se retrouve depuis un mois suspendu de cotation boursière, la valeur de l’action atteignant à peine les 3,20 €. On est bien loin du temps ou l’entreprise surfait sur la vague internet avec un temps d’avance et où l’action culminait à 230€. Actuellement, l’entreprise voit son chiffre d’affaire baisser d’année en année, de 14,6 millions de CA en 2003 on passe à 3,7 millions l’an dernier. La perte de vitesse du marché de masse de l’ADSL en est la principale cause. Proximania apparaît donc comme le « chevalier blanc » providentiel en rachetant l’entreprise de la famille Lejeune. Si toutes les conditions sont réunies, l’opération doit s’effectuer le 30 septembre. Le but étant pour Proximania d’améliorer son positionnement en bourse en rachetant une société, même en difficulté, côté sur Eurolist C (entreprises côtées à moins de 150 millions d’euros).


Nancy, ville pionnière dans la recherche pharmaceutique

MOLÉCULES VIRTUELLES Nancy va-t-elle devenir une ville incontournable pour les industries pharmaceutiques dans les prochaines années ? Peut-être, grâce au programme de criblage virtuel VSM-G (Virtual Screening Manager for Grids) de l’équipe Orpailleur du LORIA*.

S

électionné au concours national d’aide à la création d’entreprises de technologies innovantes, ce logiciel est en passe de répondre à un besoin d’optimisation et de réduction de coûts de recherche des grands groupes pharmaceutiques. Chaque année, les grands labos dépensent des milliards d’euros pour trouver une nouvelle molécule à vocation internationale via des séries de tests en laboratoires étalées sur plusieurs années. On estime à environ 1 milliard, 1 milliard et demi, le coût de recherche d’une molécule destinée

Loria. Dans un protocole classique, les laboratoires testent des molécules capables de se fixer sur une protéine, en déterminant l’efficacité du médicament par l’expérience. Car si les labos peuvent généralement analyser jusqu’à 5 millions de molécules, aujourd’hui, ce travail de très longue haleine peut être optimisé par l’équipe du professeur Michel Souchet. Le programme VSM-G rentre une protéine virtuelle en 3 dimensions dans ses données pour permettre un test de compatibilité avec pas moins de 200 millions de molécules ! Dans une 2e phase, le programme hiérarchise les résultats de cette recherche. Si l’équipe Orpailleur n’est pas la seule à proposer ce genre de modélisation, elle apporte une évolution supplémentaire par rapport aux offres concurrentielles : le VSM-G opère une sélection automatique à laquelle s’ajoute une grille de calculs permettant de traiter plus de molécules dans des délais plus courts. Cette propriété entraîne une réduction des coûts substantielle pour les labos pharmaceutiques. De nombreux laboratoires sont déjà sur les rangs de ce brevet prometteur, et les recherches s’étendront dans un futur proche à des domaines qui iront bien au-delà du médical. « Je ne peux pas vous en dire plus, mais ça touchera à l’environnement », dévoile le professeur Souchet, qui a une idée bien précise du formidable potentiel du programme.

au marché mondial. La recherche pure nécessite entre 8 et 12 années auxquelles s’ajoutent quelques 3 à 4 années d’autorisations administratives. Ce coût financier s’explique notamment par l’inclusion du taux d’attrition (taux d’échecs) des molécules abandonnées après test sur l’homme (environ 9 sur 10) du fait des effets secondaires.

200 MILLIONS DE MOLÉCULES

C’est au niveau de cette recherche qu’intervient le logiciel VSM-G du

* Laboratoire Lorrain de Recherche en Informatique et ses Applications METROPOLIS N°12 SEPTEMBRE 2008

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INNOVATION Plus d’un million d’exemplaires vendus

LA SMART DEBARQUE EN CHINE

VISITEZ LES ENTREPRISES DE MEURTHE-ET-MOSELLE e

10 ans après un décollage plutôt tiède, l’usine Smart d’Hambach (Moselle) a fêté début septembre son anniversaire de création et le cap du million d’exemplaires vendus en annonçant l’arrivée d’une nouvelle version électrique.

D

ieter Zetsche, patron du groupe allemand Daimler se félicite d’avoir persévéré dans l’aventure accidentée de la Smart. Après un accueil mitigé, la petite voiture à deux places s’est progressivement installée sur le marché en profitant de la hausse du prix de l’essence. A la fin de l’été 2008, les ventes affichaient une progression de 60 % en atteignant les 90 000 exemplaires vendus à l’année. Désormais, la Smart Fortwo est commercialisée dans 37 pays sur les cinq continents. Longtemps déficitaire, la Smart n’a atteint l’équilibre qu’en 2007 pour devenir rentable en 2008. Ceci étant posé, les perspectives sont bonnes dans un contexte de préoccupations environnementales qui permettent au groupe Daimler de mettre en avant l’image « verte et urbaine » de la Smart dont le diesel émet seulement 88 g de CO2/km. D’ici fin 2009, le groupe souhaite procéder au lancement d’un modèle électrique actuellement testé à Londres. Le lancement s’effectuera en débutant par

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la commercialisation d’une petite série en ambitionnant une production supérieure à 10 000 exemplaires dans un 2ème temps. Alors naturellement, Daimler planche en parallèle sur un réseau de stations de recharge en partenariat avec l’électricien allemand RWE. L’année prochaine, la Smart sera commercialisée en Chine à destination d’une clientèle jeune et branchée. Retour de situation, cette année, les ventes de Smart ont contribué à contrebalancer le ralentissement du marché automobile auquel Daimler a dû faire face. En 2007, l’usine d’Hambach, près de Sarreguemines, unique site de production de Smart, avec ses 1 800 salariés a fabriqué plus de 100 000 unités de la Fortwo. Mais il lui reste encore quelques marges de progression soulignées par le directeur de l’usine, Marcus Nicolai, qui estime la capacité maximale de production de sa chaîne, en l’état actuel des équipements, comprise entre 140 000 et 150 000 unités. Assez pour voir venir.

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ÉCO-LOGIQUES L’économie d’ici...

18/07/08


L’économie d’ici et d’aujourd’hui

ÉCO-LOGIQUES

PORTRAIT ÉCO

“ Une société a 3 devoirs : - Faire des produits adaptés aux marchés - Renouveler son matériel - Rémunérer ses actionnaires ” Yves Weisbuch

1/ AUJOURD’HUI

A 67 ans Yves Weisbuch a passé la main à son fils Laurent à la tête de la société France Cartes qui, surfant sur la frénésie du poker, a engrangé l’année dernière un surcroît d’activité avec un chiffre d’affaire atteignant les 10 millions d’euros. Toujours président du conseil de surveillance, Yves Weisbuch a totalement restructuré cette entreprise au bord de la faillite en 1989. 10 ans plus tard, il enchaîne les acquisitions et créations d’entreprises connexes pour agrandir sa gamme et pénétrer les marchés de la grande distribution. Après l’épopée industrielle, son fils Laurent, poursuit l’élargissement de sa société via l’acquisition de licences de prestige avec des noms tels Warner Bros, EuropaCorp, TF1, CANAL +, France Télévision... Fabriquant pour Hermès, Dior et autres grands noms parisiens, la manufacture de cartes étale toujours ses produits sur les tapis verts des casinos mythiques comme aux zincs des bars de quartiers.

2/ UN MONDE EN GUERRE

Yves Weisbuch vient au monde à Nancy en 1941, en pleine guerre. Son père né en Roumanie et sa mère, tous deux de confession juive, décident de se réfugier dans la Loire. Son père sera dénoncé par des gendarmes français et transféré dans un camp de concentration d’où il ne reviendra jamais…

L’avant CV de Yves WEISBUCH, ex PDG de France Cartes

AS

UN DANS LA MANCHE

3/ UN POT TROP ÉLEVÉ

Après un passage à Saint-Etienne, âgé de 11 ans, Yves revient à Nancy avec sa mère et son frère. Il fait « un semblant d’école », ce qui exaspère sa mère. A 15 ans, il est reçu au concours de l’école hôtelière pour laquelle il fallait malheureusement un trousseau hors de portée de la bourse familiale.

4/ A L’ÉCOLE DE LA VIE : LA MAIN PASSE

Direction l’école d’électricité de Strasbourg avant de devenir l’apprenti d’un électricien auquel Yves finira par envoyer un marteau dans la tête. Sa mère lui trouve un second employeur avec deux têtes de plus que lui qui le fait

travailler 6 jours par semaine pour 200 francs. Yves éteint la lumière et claque la porte.

5/ PREMIÈRE MISE

A 22 ans, il entre comme vendeur dans la société qui en réunissant les marques Grimaud et la Ducale devient le groupe France Cartes. Yves convainc le pdg de l’époque Jean-Marc Simon en lui disant : « qu’est-ce que vous risquez ? Prenez moi 3 mois et vous verrez ». Le pdg signe son contrat de représentant commercial pour le quart nord-est, ignorant alors qu’il vient d’embaucher son successeur.


ÉCO-LOGIQUES L’économie d’ici et d’aujourd’hui LES MOMENTS CLÉS DE LA VIE DES ENTREPRISES

BANQUEROUTE ET COUPS DE POKERS

De la tourmente au firmament

L

’histoire de la société remonte à deux siècles en perpétuant le savoir faire des maîtres cartiers de la marque Grimaud, première manufacture de cartes industrielles installée à Paris depuis 1750. Après la seconde guerre mondiale et la suppression d’une ordonnance royale qui rendait ce commerce administrativement difficile, la manufacture nancéienne « la Ducale » intègre le futur groupe. Le marché se développe et l’entreprise investit dans du matériel performant. Cependant ces années fastes ne laissent pas présager les revers à venir. « A 22 ans donc, je me retrouvais représentant et devais vendre mes petits bouts de carton. En 1963 la société était rachetée par Waddington, les créateurs du monopoly. Monsieur Simon était toujours à la tête mais sans action. En 1968, la société est alors vendue aux américains de General Mills, le premier

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groupe alimentaire. C’était une époque simple. Quand on manquait de chiffre, il suffisait d’appeler « le cousin » MiroMecano qui fournissait en cartes Monopoly et autres Cluedo pour qu’ils nous passent commande. C’était assez colossal. Ici, à Nancy on ne savait trop rien de General Mills, on avait juste le stampel, et la société produisait des dividendes comme un guichet. Cependant, ils n’ont jamais réinvesti dans l’entreprise, et à cette époque on ne parlait pas encore d’exportation, nous étions leader sur le marché français de 1968 à 1980, et point », explique Yves Weisbuch. En 1986, General Mills décide de revendre le non alimentaire, toutes les tractations passent par un grand groupe d’audit qui semblait ne pas vraiment comprendre ce qu’était le produit de la société. Comme depuis 1981 Yves Weisbuch était devenu responsable des grands comptes, il va voir les banques et se propose de rache-

ter la société. Il file au siège à Minéapolis qui lui donne son accord à condition de démissionner préalablement pour ne pas créer de dissension au sein de la structure. Mais Yves s’est fait bluffer, une fois sa démission donnée, il est dehors, et le siège l’y laisse. En commercial avisé Yves Weisbuch avait conservé une grosse cartouche. En parallèle, il avait racheté le principal concurrent de son groupe tout en restant son représentant. « Alors


je leur ai fait une sérieuse concurrence, on les a déséquilibrés, tandis que le nouveau repreneur continuait d’appauvrir la société », raconte Yves qui signera les transferts d’acquisition avec son adversaire emprisonné à Saarbruck pour abus de biens sociaux. « C’était Dallas ! Il faisait la gueule. Alors j’ai racheté la société pour le prix de sa caution », sourit encore Yves qui savait pourtant ne pas avoir forcément fait une si bonne affaire.

DETTES ET RESTRUCTURATION

Car France Cartes était alors proche du dépôt de bilan, avec des millions de dettes. Le nouveau pdg a emprunté à titre personnel pour payer les salaires sans quoi les banques ne suivaient pas. En bout de course, il découvre que le fournisseur de carton refusait de livrer tant que les dettes n’étaient pas soldées. Négociations, nouveaux emprunts et nuits blanches deviendront alors le quotidien d’Yves qui prend son bâton de pèlerin pour ramener des commandes. « Et le soir, le personnel m’attendait de pied ferme », se souvient-il. En réalisant de nombreuses économies d’échelles, Yves remet l’entreprise sur pied en seulement 4 ans, en dépit d’une dette égale à un an de chiffre d’affaire. Il resserre tous les boulons et mise avec parcimonie.

« LE COUP DU SIÈCLE »

En 1991, la société reçoit un appel d’offre anonyme provenant des USA, par simple fax, pour une commande potentielle de 9 200 000 jeux de cartes. Yves Weisbuch prend l’avion pour New-York et apprend que le commanditaire n’est autre que la société Marl-

boro. « C’est pas l’épicier du coin et moi je ne parle pas un mot d’anglais », raconte Yves qui tombe par chance sur un acheteur belge. Le marché consiste en une opération promotionnelle : une cartouche de cigarette vendue, un jeu de cartes offert. France Cartes est alors auditée de fond en comble pour vérifier sa capacité de production. Seul problème, pour une pareille quantité, France Cartes a besoin d’une avance substantielle pour assurer ses fournisseurs. L’acheteur belge rechigne sachant qu’il doit pour ce faire obtenir pas moins de 12 signatures. Pourtant le lendemain, Yves rentre au siège avec en poche un chèque de plusieurs millions. La presse s’empare du sujet, la société qui en profite pour améliorer son outil de travail passe du stade d’artisan du jeu à celui d’une grande entreprise prise très au sérieux. Débute alors une période de 15 ans d’acquisitions d’autres sociétés telles que Vauchier Playbox, Smir, Zavico, Dusserre, Jeujura et même de créations pures et simples. La stratégie visait à rendre France Cartes incontournable dans le milieu du jeu en

conservant sa logique de fabricant. Ce double développement vise d’une part à accroître les gammes de produits de prestige tels que les coffrets et les jeux en bois tout en développant une offre complète pour intégrer les circuits de la grande distribution qui ne s’intéressent qu’aux sociétés possédant un catalogue de références complètes. Durant toutes ces années France Cartes s’est glissé sur les tables des casinos les plus prestigieux « avec un produit magique, un produit qui continue de faire rêver ». Quand la folie du poker s’empare à nouveau du monde en 2006/2007, la société équipe en kits complets et en jetons les acheteurs, sans être fabricant de l’ensemble. Par la suite, ce marché se déportera vers la Chine. Fier d’avoir su donner à son entreprise l’impulsion industrielle, Yves Weisbuch s’est vu remettre « le seul diplôme que j’ai jamais eu » à Harvard en 2004, avant d’être décoré de la Légion d’Honneur en 2006. Yves résume son parcours avec une philosophie qu’il applique en actes : « ne pas se prendre au sérieux, mais faire les choses sérieusement », son carré d’as. SÉBASTIEN DI SILVESTRO

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PAGES BEAUTÉ

CAMILLE CHEYERE Miss Lorraine 2008 Reine de la Mirabelle

MISS LORRAINE 2008 Elle est la nouvelle reine de la région... et de la mirabelle ! C’est lors de la soirée du 22 août 2008 qu’a eu lieu aux arènes de Metz l’élection de Miss Lorraine 2008. Une soirée toute en strass et en paillettes où les plus belles filles de notre région se sont affrontées sous le regard évaluateur de Geneviève de Fontenay, présidente du comité Miss France. Particularité, du fait de la proximité avec RTL9, l’élection de Miss Lorraine est la seule a connaître une telle diffusion planétaire, laissant la société Endemol quelque peu surprise du succès de ce « teaser » régional dont elle n’est pas (encore) partie prenante... Culotée la mirabelle !


Barbara Fangille, cinquième dauphine

Marina Garau, quatrième dauphine

Adrianne Lamaque, troisième Dauphine

En finale, la deuxième Dauphine : Charline Beltz

Mais il ne doit en rester qu’une...

Félicitations gourmandes de Dominique Gros, Maire de Metz

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PAGES BEAUTÉ

l’espoir d’être Derrière le maquillage, e un jour êtr t peu Miss Lorraine et e nc Fra ss Mi

à n monte La tensiontenne tes de l’a

quelques

minu-

Les candidates jaugent, s’évalus’observent, se ent...

Etre la plus belle pour l’élection «de sa vie»

EN COULISSES

Dans trois minutes, les filles...

Un membre de la Star’Ac vole la vedette aux miss qui peinent à établir une complicité avec le public

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Tenue d

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, tenu ée exigée

Dans quelques minutes la victoire, ou une cruelle déconvenue

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Jean-Luc Bertrand, Dominique Gros, et Marylène Bergmann

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« L’after » Miss Lorraine : une fiesta décontractée. Mais Où est passée geneviève ?


LE MAKING-OFF DE LA SOIRÉE Orchestrée par RTL9, la société Mira, sous les spots des Arènes de Metz, la soirée, retransmise dans plusieurs pays, a nécessité un important déploiement de moyens techniques pour que toute la cérémonie se déroule sans fausse note.

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cour des arts La rose noire des nuits electro nancéiennes

TESS WASSILA

THE SPOTNICKS : la fusée sonique

Les amateurs éclairés de sons synthétiques qui zonent la nuit nancéienne ont déjà remarqué que certains antres électro accueillent une obscure animatrice dont la personnalité ne laisse pas indifférent. Au gouvernail de ses platines, la belle Tess Wassila devient une exploratrice du versant obscur de la musique électronique, construisant son set à la manière d’une réalisatrice présentant à son audience la bande-son de leur soirée. Une performance habitée, bien moins anodine que l’expérience d’un dj pousseur de disques enchaînant des hits déjà connus de son public. Une personnalité à suivre qui après avoir exprimé son talent dans l’animation se lance à présent dans la production, bien loin du ghetto minimal dans lequel on voudrait la ranger, elle qui s’est nourrie de multiples influences au nombre desquels l’ambient, la minimale, donc, et la trip-hop, Tricky étant un artiste dont elle admire la démarche. Plutôt rat de laboratoire électronique, constamment plongée dans les méandres informatiques de ses disques durs où elle construit inlassablement des boucles qui nourriront ses morceaux de clubeuse invétérée, Tess découvre, au côté de son compagnon O. D. M. de la troupe Materia Prima, une dimension artistique à sa démarche, qui permet à ses compositions de gagner en profondeur et en introspection. Aussi n’hésitez pas à vous rendre dans des lieux de perdition electro tels que le bar le petit R, où il arrive à Tess d’officier. Là, vous pourrez vous laissez emporter par ses compositions et le travail de ses pairs qu’elle mixera tout en douceur avant de vous emporter à la découverte de versants plus pointus de la musique électronique. Thomas Bangalter des Daft Punk expliquait qu’une démarche saine pour son groupe était d’attirer son public par des compositions pop puis, de le pousser à découvrir un aspect plus expérimental de leur travail, d’éduquer les oreilles. Un mode opératoire qui n’est pas sans rappeler celui de Tess Wassila. Alors, au plus tôt, retrouvez là pour prendre une leçon. Pour en découvrir plus sur elle et sa musique: www.myspace.com/tesswassila

Suite au lancement, en 1957, du premier satellite artificiel baptisé Spoutnik 1 par l’URSS, 4 jeunes suédois dans le vent… ou plutôt dans les étoiles décident de créer un groupe qu’ils appellent « The Spotnicks ». Surfant alors sur la vague des groupes instrumentaux des 60’s, tels que les Shadows ou les Ventures, ce groupe furieusement novateur se propulse en orbite à coup de millions d’albums vendus à travers le monde entier. Le guitariste soliste, Bo Winberg passe son temps à inventer du nouveau matériel musical. Pas étonnant pour un ingénieur électrique de formation qui se lance dans une conquête sonique afin de créer le « Spotnick sound », un son précurseur, électrique, qui inspirera par la suite énormément de groupes rock. Suite à l’arrivée des Beatles et des Rolling Stones en 1964, le genre perd en popularité, pour autant, pas question pour eux d’atterrir. Ils continuent donc d’enregistrer des albums et d’organiser des tournées pendant plus de 40 ans.

Justement, le groupe fêtera ses 50 ans de carrière au festival ROCK’N ALL NIGHT 2008. Alors pour les admirer, pas besoin de télescope, il suffit de se rendre le samedi 4 octobre à Dombasle-sur-Meurthe, lors d’une convention qui regroupera des groupes des 60’s se revendiquant de l’ « International Rock Instrumental », les Spotnicks étant la tête d’affiche, histoire de vous faire redécouvrir 4 étoiles de la constellation Rock’n Roll. Détails voir site : http://stratandco-starsmen.wifeo.com


AVIS E R ge !) OT

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Du jeudi 18 au dimanche 21 septembre, le Livre sur la Place ouvrira ses portes place de la Carrière avec l’irrésistible Daniel Pennac dans un rôle rare de président. A cette occasion le LSLP propose un vote par internet pour le prix du meilleur livre de ces 30 dernières années, alors vite, à vos clics, de grâce, VOTEZ MICHEL HOUELLEBECQ et sauvez la littérature française ! 5 bonnes de raison de voter « Particules Elémentaires » pour le prix Stanislas

1 Pour qu’il ne soit pas encore « Mazelinisé ou Stanislasisé » : En 1998, le prix Goncourt a choisi Paule Constant plutôt que Michel comme en 1932, il avait élu un certain Mazeline oublié par l’histoire plutôt que Céline qui venait d’accoucher de son Voyage au bout de la nuit. 2 Pour qu’il arrête le cinéma et la chanson et revienne au plus vite à l’écriture d’un vrai grand roman que tout le monde attend. 3 Pour qu’Amélie Nothomb (qui rafle déjà tout), ne le gagne pas « du fait du prince ». 4 Parce qu’en dehors de l’arlequinesque Marc Levy, Michel est le seul auteur français vivant ayant fait parler de littérature et d’idées neuves à l’étranger où il a vendu plus qu’en France, ici on continue de le cantonner dans un rôle d’histrion médiatique décrié. Michel ne sent pas le souffre, il souffre d’être drôle dans un monde sérieux… 5 Pour qu’il vienne à Nancy et accorde enfin une interview exclusive à Métropolis !

RTIES

Opéra DIVORCE À L’ITALIENNE

Livre sur la Place : 30e édition

PRIX STANISLAS : UN VOTE ELEMENTAIRE

SO ES

L’opéra de Giorgio Battistelli, direction musicale de Daniel Kawka et mise en scène de David Pountney, 30 septembre, 1,3,5 et 7 octobre 2008 à l’opéra national de Lorraine, place Stanislas

Théâtre LES FOURBERIES DE SCAPIN Au théâtre de la manufacture, le classique de Molière mis en scène pour des marionnettes à partir du 23 septembre 2008 septembre 2008

LE JOURNAL D’UN FOU DE NICOLAÏ GOGOL Le chef d’œuvre de Gogol au petit théâtre dans la ville, Grande Rue, du 12 septembre au 5 octobre 2008

Nous avons eu la peine d’apprendre la disparition de Pierre Tusoni à l’âge de 31 ans. Réalisateur, il achevait le tournage son premier film à Nancy. Une œuvre prometteuse au goût d’inachevé, tout comme son existence. Nous adressons toutes nos condoléances à sa famille et ses amis.

Vendredi 26 et Samedi 27 septembre 2008 à Strasbourg

LES NUITS DE

L’OSOSPHÈRE Le retour d’un des festivals les plus pointus qui soit sur la planète Electro Française. Au programme : I’m from Barcelona, Sébastien Tellier, La fine fleur du Label Ed Banger, De la Soul, Etienne De Crecy, Ezekiel, Crystal Castles, et beaucoup d’autres que nous vous invitons à allez découvrir sur www.ososphere.org. Un événement spectaculaire autant par sa programmation que par son ambiance puisque tout le quartier de la Laiterie se parera d’une décoration electro pour l’occasion. A ne pas manquer, pour tous les agités du dance-floor.


COUR DES ARTS théâtre AVIGNON :

La polémique s’invite au OFF

Après une troisième semaine plus que difficile pour les compagnies, les organisateurs du Festival OFF sont sous le feu des critiques.

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’abord, il y a eu cette histoire de dates. Pour la première fois cette année, le IN et le OFF n’ont pas eu lieu en même temps. Le OFF a décidé de commencer – et donc de terminer – une semaine plus tard. Et c’est long une semaine. Résultat : Une baisse de la fréquentation quasi générale en troisième semaine, des salles presque vides, des représentations annulées, et l’on avance même le chiffre – invérifiable – de cent compagnies qui auraient jeté l’éponge avant la fin du festival, faute de recettes suffisantes. Dans ce contexte, les nerfs se tendent et les couteaux s’aiguisent. Une fois de plus, on cherche des responsables. Théâtres et compagnies fustigent les dirigeants d’AF&C1 pour cette erreur de calendrier, lesquels s’en 1

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remettent aux directeurs du IN qu’ils accusent de ne pas avoir « joué leur rôle de grands frères », tandis que ces derniers, imperturbables, célèbrent le bilan de leur 62ème édition bien droits dans leurs bottes et coupent court à toute polémique en déclarant sobrement qu’ils n’ont fait que respecter les dates habituelles du festival d’Avignon.

« La faute aux médias »

Si, dans le petit monde du OFF, les uns et les autres se renvoient la balle, tous sont d’accord en revanche pour tirer à boulets rouges sur la presse nationale, accusée d’élitisme aveugle. En effet, à l’exception de l’Humanité qui a fait la part belle au OFF, tous les grands quotidiens nationaux ont annoncé la fin du festival dès le 26 juillet, date de clôture du IN. Cela rappelle à tous de douloureux souvenirs, à commencer par la plaie, non refermée, de l’édition 2003, où les médias avaient annoncé la fin du festival pour cause de grève des intermittents, alors que dans le OFF, la majorité des compagnies continuait de se produire. Comme à l’époque, les questionnements vont bon train et

Avignon Festival et Cies, l’association qui gère le OFF


ITW Nordine Berarma Nordine Berarma a fondé la Société Baboeup Productions à Nancy, en avril 2004. Aujourd’hui, le catalogue de la société comprend plus de 90 artistes dont il vend les spectacles à travers toute la France. De retour d’Avignon où il emmenait le one man show « Perrin Président », il nous livre un témoignage entre lucidité et amertume et tire les leçons, pour Metropolis, de son voyage avignonnais. Metropolis : Parmi tout le catalogue de Baboeup, pourquoi avoir choisi d’emmener Olivier Perrin à Avignon ? Nordine Berarma : Pour Avignon, il faut des artistes qui soient capables de parader en ville… M : C’est-à-dire qui sachent se vendre ? N.B : Oui, des artistes capables de se différencier des autres. Et puis, en termes financiers, on prend moins de risques avec un One Man Show qu’avec une grosse production.

les critiques pleuvent. On remet en cause les pratiques du OFF, on spécule sur l’avenir du festival, et surtout, on cherche les effets des belles paroles prononcées lors des Etats Généraux du OFF, dont la première édition a eu lieu en 2007. Car déjà, les problèmes posés étaient les mêmes qu’aujourd’hui : les conditions d’accueil, les tarifs de location des théâtres, le nombre toujours croissant de spectacles, mais aussi la vocation de découverte du OFF, parfois oubliée au profit d’un théâtre « qui rapporte ».

Entre espoir et résignation

Côté artistes, on attend la charte du OFF qui doit être rédigée en décembre, lors des deuxièmes états généraux. Certains demandent à AF&C d’oser « légiférer », notamment sur les modalités d’accueil, la taille des créneaux – actuellement 1h30, installation comprise – ou sur le fait que certaines troupes se produisent trois, voire quatre années de suite avec le même spectacle, occupant ainsi des créneaux qui devraient être dévolus à de jeunes artistes. Et puis il y a ceux qui tentent de relativiser, à l’image du nancéien Romain Pissenem de la Cie Night Fever : « Pour les compagnies, chaque année est un nouveau coup de poker qui a une chance sur deux de rater. Il faut venir ici avec cette réalité bien présente à l’esprit. Et aussi se rappeler que les gens d’AF&C ont 1000 spectacles à coordonner. A leur place, on ne ferait sans doute pas mieux. Contentons-nous de faire des spectacles de qualité et d’essayer de les porter ici, à Avignon. » Voilà qui est parlé ! Quant au reste, les batailles d’ego et les querelles de clochers, laissons-les pour ce qu’elles sont : des micro-tempêtes dans un verre d’eau qui, à bien y regarder, ne font que peu de bruit dans le grand tumulte avignonnais. JÉRÔME HOUARD

M : Quel est le budget pour produire un spectacle tel que celui de Perrin à Avignon ? N.B : Pour 23 représentations, le « loyer » était de 6500 euros auxquels s’ajoutent 300 euros pour l’inscription au programme du OFF et les frais annexes tels qu’hébergement et nourriture. En fin de comptes, on arrive à un budget total d’environ 15 000 euros. M : Etes-vous parvenus à rentrer dans vos frais ? N.B : Non, mais ça, on le savait dès le départ. Personne ou presque ne vient à Avignon pour gagner de l’argent à court terme. La plupart des compagnies considèrent l’opération comme un investissement à fonds perdus. M : Et comment mesure-t-on la rentabilité d’un tel investissement ? N.B : Il y a plusieurs facteurs. Tout d’abord, les recettes directes, sur les entrées, qui nous ont rapporté 2000 euros. Ensuite, il y a la vente de spectacles. Pour « Perrin Président », j’ai obtenu deux contacts qui devraient chacun déboucher sur une vente [à environ 2000 euros le spectacle, ndlr]. Et puis enfin, il y a un retour sur investissement en termes de notoriété. C’est le plus dur à mesurer mais incontestablement, il est toujours bénéfique d’avoir été « vu » à Avignon. M:Quelregardportezvoussurl’organisationetlespratiquesduOFF? N.B : Le fait que les troupes doivent payer pour se produire est un vrai problème selon moi. Ici, la location de salles de spectacles est un marché très lucratif. Les gérants de salles se comportent exactement comme des agents immobiliers : ils cherchent à louer leurs « créneaux horaires » au meilleur prix. Cela introduit un rapport mercantile et non plus artistique avec, à terme, le risque d’une baisse de la qualité des spectacles. Et une chute de la fréquentation due au nombre toujours grandissant de spectacles proposés. M : La survie du OFF dans sa forme actuelle vous paraît-elle menacée ? N.B : Pas directement, non. Il y aura toujours des gens pour monter des spectacles de qualité, et un public pour aller voir ces spectacles. M : Vous serez dans l’une de ces deux catégories ? N.B : Oui. Probablement dans la deuxième. Avec une perte sèche de 13 000 euros cette année, il aurait été beaucoup plus rentable que je vienne seul, pour chercher des artistes à ajouter au catalogue de Baboeup. C’est une piste à laquelle je vais réfléchir pour l’an prochain. RECUEILLI PAR JH Plus d’infos sur le site de Baboeup Productions : www.baboeup.eu

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COUR DES ARTS théâtre FOCUS :

Des nancéiens sur le Pas facile de s’illustrer parmi la myriade de spectacles présentés à Avignon cette année. Certains nancéiens ont pourtant réussi le tour de force de se faire remarquer du public. Sélection non exhaustive.

up ...de Philippe Sidre le coœur Philippe Sidre est directeur du Théâtre Gérard Philippe à Frouard. Comme beaude c coup de programmateurs, il s’est rendu

à Avignon pour découvrir de nouveaux spectacles. Cette année, il nous revient avec un coup de cœur québécois qu’il a bien l’intention de faire partager aux nancéens dès la saison prochaine :

KIWI

de et mis en scène par Daniel DANIS Avec Marie Delhaye et Baptiste Amann. Vidéaste : Cécile Babiole. Chef opérateur : Stéphane Nota. Musique en direct : Jean-Michel Dumas. Vu à La Manufacture (salle de la Patinoire) le jeudi 17 juillet 2008 à 11h15. « Kiwi a douze ans quand commence la pièce. Abandonnée par ses parents, elle demeure avec un vieil oncle et sa femme dans un bidonville d’une métropole dont on ne connait pas le nom. La seule chose que l’on sait, c’est que cette ville va accueillir prochainement les jeux olympiques et que les autorités veulent nettoyer la ville en cachant la misère des rues. La jeune fille se fait rapidement “ ramassée ” et, en prison, fait la connaissance de jeunes SDF qui la prennent sous son aile. Parmi eux : Mangue et Papaye, Raisin et surtout Litchi. Ce qui m’a frappé dans ce spectacle, outre le thème abordé, c’est la justesse du propos, de l’interprétation- par les deux comédiens -- et de la forme, très originale puisqu’elle fait appel en permanence à la caméra infrarouge. Sur le plateau, les comédiens sont filmés sans cesse, en plan serré de préférence. Visuellement, on les devine à peine, entre et derrière les deux écrans plantés à cour et à jardin, et pourtant leur présence est très forte, très prégnante. On oublie rapidement la technique utilisée pour se laisser envahir par un sentiment de complicité envers ces deux personnages Kiwi et Litchi qui se (dé)battent dans cette rude réalité de misère, de violence et d’incertitude... Les dialogues dans l’ombre et la pénombre accentuent le côté souterrain des situations dans lesquelles ils se trouvent. Cette pièce de D. Danis est dense sans être pesante. Le texte est précis et juste, jouant entre poésie et réalité sociale. Jusqu’à cette porte qui s’entrouvre à la fin… Soulignons enfin le talent du musicien Jean-Michel Dumas qui travaille en direct ainsi que la performance des techniciens et en particulier de Cécile Babiole qui suit les comédiens -- joue avec eux – sur le plateau. »

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Un Clown

Parce qu’au milieu de tous ces comédiens qui tentent de jouer au clown ça fait du bien de voir enfin un clown, un vrai, qui ne tente pas de jouer la comédie ! Qui s’offre à nous tel qu’il est, maladroit, obsessionnel, sensible et pour tout dire, complètement inadapté. Terriblement humain, en somme. Personnage de l’instant, de la seconde – d’inattention –, de la fulgurance, Francis Albiero réussit un spectacle réellement tout public en nous parlant de nous, de nos rires et de nos peurs, qu’il épingle au mur de sa facétie avant de nous le donner à voir ce mur, comme on tend un miroir. Car le clown est un être lucide, qui comprend le monde dans lequel il vit, qui nous sait éphémères, risibles, dérisoires. Et qui a le bon sens de ne pas en faire un drame.

« Helmut et Champion »

De : Francis Albiero et Ivan Gruselle Mise en scène : Dominique Grandmoujin http://albiero.free.fr

Un livre

Parce qu’il y a des histoires trop belles pour être vraies et il y a celles de Benoît Fourchard, trop vraies pour être belles. Ce pourrait être de la sciencefiction. Une sorte de fable postmoderne dans un monde qui ressemblerait au nôtre, en un peu plus terne. Avec cette armée d’hommes en gris – huissiers de justice, notaires, employés de banque – ces espèces de clones tristes tous semblables, interchangeables et qui gèrent notre argent, autant dire nos vies. Il y a du Ionesco dans l’écriture de Benoît Fourchard, dans sa façon de prendre le rire au sérieux et de tourner le sérieux en dérision. Il y a du Beckett aussi, un théâtre du monde tel qu’il est, un théâtre de l’absurde. On rit, on frissonne, et l’on referme le livre avec un sourire coupable, sans bien savoir si l’on doit le tenir à distence des enfants ou au contraire, l’enseigner dans les écoles.

Un Monde cilvilisé de Benoît Fourchard Editions de l’Amandier, 12€


Echos et couacs du festival DÉLIT DE FACIÈS

pont

Altercation rue Carnot à Avignon, entre un jeune homme, visiblement ivre, et deux autres, visiblement maghrébins, qui n’avaient rien demandé à personne. La police municipale arrive sur les lieux et, à la surprise générale, emmène les deux « nord-africains » tandis que l’ivrogne s’en retourne à ses admonestations auprès des autres passants. Sans doute les deux jeunes gens s’en tirerontils avec une amende, c’est bien connu, dans les festivals de théâtre, les sales teins banquent…

C’ÉTAIT MIEUX AVANT

Paroles d’artiste de rue : « A Avignon, y’a 10 ans, on réussissait un peu à gagner notre vie. Maintenant, y’a beaucoup plus de spectacles que ce soit dans le OFF ou dans les rues. La concurrence fait nettement baisser les recettes. »

PONT ENTRE LES CULTURES

Un Spectacle pour enfants

Parce qu’ils ne sont pas si nombreux, les auteurs jeune public qui savent s’adresser aux enfants avec tant de justesse et de lyrisme qu’Etienne Mallinger. Au départ, tout n’est qu’histoire de fleurs, d’abeilles, d’un colis livré à la mauvaise adresse et d’un pantin qui s’ennuie dans une boîte aux lettres. Puis les mots dansent, les images surgissent, la poésie fait son office et nos rêves enfuis trouvent à renaître par la simple évocation de ce que nous fûmes : des enfants à qui, un jour, on a coupé les ailes. Tout le monde trouvera son compte dans ce spectacle où l’auteur s’adresse aux enfants sans condescendance ni vanité, porté par la certitude qu’ils sont infiniment supérieurs aux adultes, parce que l’indicible et le merveilleux leur sont familiers. On aimerait retomber en enfance le temps de la pièce. Ne serait-ce que pour être sûr d’avoir tout compris.

« L’Apicouleur »

De : Etienne Mallinger M. sc: Romain Pissenem www.compagnienightfever.com

Le OFF d’Avignon, a été inauguré dans les années soixante, rappelons-le, pour créer un « pont » entre la culture dite « officielle », incarnée par le IN, et toutes les couches de la société. Aujourd’hui, le dialogue est quasi-inexistant entre les deux institutions. Preuve ? Il est impossible de trouver le programme du OFF à la maison du IN, et réciproquement. C’est peut-être ça, au fond, l’histoire de ce pont d’Avignon qui ne mène plus nulle part.

SANS ABRI

Chacun tente de tirer profit du festival d’Avignon à sa manière. Certains propriétaires vont même jusqu’à inscrire dans leur bail de location l’obligation pour le locataire de libérer l’appartement pendant toute la durée du festival. Les appartements ainsi libérés pourront être loués aux touristes à prix d’or. Quant aux « expulsés », ils peuvent toujours aller camper au Canal Saint Martin ou rue de la Bourse.

« COLONISATEURS »

Le quotidien « La Provence » a rapporté les propos de Patrick Schmitt, directeur du théâtre de la forge à Nanterre, qui, lors du bilan du OFF 2008, aurait accusé les gérants de AF&C (l’association qui gère le OFF) d’être hypocrites quand ils qualifient l’édition 2008 de BON CRU et le OFF de « grande famille, unie », « comme les colonisateurs, a-t-il ajouté, qui trouvent des aspects positifs à la colonisation » (sic). Grande éloquence, grandiloquence de la tragédie du spectacle.

FIÈVRE

Au lendemain de la réunion de bilan du OFF, ses organisateurs ont promis une profonde remise en question et une vraie réflexion pour ne pas réitérer les erreurs de cette année ! Or, questionnés sur le nombre de compagnies qui avaient abandonné l’aventure avignonnaise en troisième semaine, faute de recettes suffisantes, le personnel de la maison du OFF s’est avoué « incapable de donner un chiffre, même approximatif ». Leur a-t-on dit qu’il ne suffit pas de casser le thermomètre pour guérir le malade ? « En somme docteur, je meurs guéri ! »

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COUR DES ARTS opéra

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Au château d’Haroué

Les contes d’Hoffmann Retour en images sur l’opéra de Jacques Offenbach dans une mise en scène de Julie Depardieu et Stéphan Druet.

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COUR DES ARTS musique Le NJP et le nouveau monde de la musique

Nancy Jazz Pulsation 2008

35 ans de NJP

A la pointe des festivals musicaux français depuis 35 ans, le Nancy Jazz Pulsations poursuit sans ciller sa démarche qualitative et singulière de fête du jazz au coeur de la ville. Pourtant, le monde des festivals est traversé de tensions qui ont amené certains à prophétiser une guerre imminente entre les événements nationaux majeurs, qui paradoxalement, ne se sont jamais aussi bien portés. Décryptage de partition musico-économique.

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’était l’été dernier, le monde des organisateurs de manifestations sonores bruissait d’une rumeur insistante ; une enchère pharaonique sur un cachet avait lieu pour un des groupes rock majeurs en terme de ventes : Radiohead. Leur présence était emportée par le Main Square d’Arras à la barbe des Eurockéennes de Belfort pour une somme supposée de 500 000 €, un tarif encore jamais vu sur les scènes estivales. La masse des commentaires suscitée par l’événement a alors trahi un secteur économique en pleine redéfinition.

Un vent libéral souffle sur les festivals

Auparavant tout était simple. Annuellement, des millions de festivaliers convergeaient vers des événements dont la réputation n’était plus à faire, financés en majorité par des fonds publics, leur garantissant sérénité pour l’élaboration de leur programmation et la certitude d’une reconduite pour l’année suivante. Aujourd’hui, la consommation de la musique a changé, les ventes de disques se sont écroulées, du fait du téléchargement légal et surtout illégal. Aussi, les principaux poulains des maisons de disque ont décidé de compenser les baisses de revenus issues de la revente de galettes par une croissance sans précédent de leurs cachets pour leurs prestations scéniques. A peine trois ans auparavant il fallait débourser 100 000 € pour faire venir une star mondiale, c’est à présent 300 000 € que de-

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vront trouver les organisateurs d’événements. A ce prix là, il y a forcément des choix à effectuer quant au reste de la programmation. Un autre écueil subi par le secteur est l’arrivée d’organisations privées d’événements, tels que l’américain Live Nation, que l’on retrouve derrière le fameux le Main Square D’Arras. A la considération du chiffre d’affaire généré par le secteur, on peut comprendre qu’il aiguise les appétits de certains groupes, et une analyse comptable sommaire permet de saisir les économies d’échelles qui seraient réalisées par une structure qui coacherait plusieurs événements et signerait des artistes en exclusivité pour ses manifestations. La dernière donnée à prendre en compte est l’évolution du financement public/privé des festivals. Comme dans la plupart des secteurs de la culture, l’état se désengage progressivement, laissant aux événements le soin de trouver des mécènes pour combler leur budget. Cette année, pour la première fois à Belfort, l’enveloppe des ressources issues du privé a dépassé celle du public, en témoignent toutes les manifestations organisées sur site par les généreux parrains, exigeants en terme de contrepartie.

Le NJP, encore en marge du cyclone ? Claude-Jean « Tito » Antoine, président et figure du NJP, profite des dernières heures de soleil sur les terrasses de la place Stanislas, salue les multiples intervenants


de la vie culturelle et politique nancéienne qu’il connaît si bien, avant de situer son festival au sein des problématiques actuelles du secteur. Le NJP est victime dans une moindre mesure des changements que connaît la planète festival. A cela plusieurs raisons : Tout d’abord il ne s’agit pas d’un festival d’été, mais de rentrée, il n’a donc pas à s’écharper avec des concurrents partageant la même case pour attirer des pointures internationales. Ensuite, il s’agit fondamentalement d’un événement local : là où d’autres sont un moteur pour le tourisme, à Nancy, les spectacles sont proposés essentiellement pour le public de la région. Alors soit, comme tout le monde, le NJP doit prendre en compte la hausse des cachets, mais ce qui primera toujours est le respect de la thématique jazz. Du côté du financement, le NJP fonctionne à 60 % sur des recettes propres et 40 % de financement public, la collaboration avec le secteur privé passe soit par des échanges sous forme de partenariat soit par un mécénat plus direct, que les organisateurs aimeraient voir se développer à l’avenir. Malheureusement, le tissu économique nancéien n’est pas celui du territoire de Belfort, et il n’est pas toujours aisé de trouver de gros groupes désireux de participer à l’événement. L’effort structurel a porté cette année sur une plus grande optimisation. Le NJP sera plus dense, réduit sur sa durée et recentré sur ses lieux phares, comme le Chapiteau, l’Autre Canal, la salle Poirel et la MJC Pichon. L’intention n’est pas forcément de faire au mieux pour un meilleur coût, mais surtout d’éviter la frustration du public devant un grand nombre de concerts dont le coût cumulé peut vite devenir important. Du côté de la programmation, Patrick Kader a fait en sorte que de grosses têtes d’affiche soient présentes pour le festival, mais Claude-Jean Antoine rappelle que le jazz reste toujours la colonne vertébrale de l’événement, toute la programmation hors thème jazz est « tangentielle », composée d’autant de démarches qui trouvent leurs origines dans l’art de Louis Amstrong. Pour l’instant, relativement épargné par les vicissitudes économiques qui frappent le secteur du live, le NJP peut se concentrer sur l’essentiel : la musique et le plaisir de l’écouter. C’est dans cet état d’esprit que Claude-Jean Antoine se rendra au concert de Spokfrevo Orquestra, un de ses coups de coeur de la programmation de cette 35e édition, qu’il attend avec impatience. TAMURELLO


COUR DES ARTS musique

LE PLU S IM PO RTAN T L’ H IS TO IR E D U SA M PL E E D E LA M U SI Q U E D E TO U TE L’ H IS TO IR

The Amen Break Qui est l’artiste le plus samplé, le plus pillé de tous les temps ? James Brown, George Clinton, Stevie Wonder ? Vous avez tout faux, car il existe un échantillon de batterie de l’obscur groupe les « Winstons » qui a été repris des milliers, des millions de fois, à un point tel qu’il est à l’origine de plusieurs genres musicaux majeurs aussi anodins que le Hiphop, la Drum&bass ou la Jungle. On l’appelle le Amen Break.

E

n 1969, le groupe de funk les Winstons est au sommet de sa gloire. Cette année sort le single « Color him father » et la formation reçoit un Emmy Award qui la fait entrer dans le club très sélect des grands faiseurs de l’industrie musicale. Pourtant, un événement périphérique va avoir lieu lors de la sortie du single, anodin à l’époque, mais qui prendra une importance colossale pour l’histoire de la musique des années 90 et 2000. Il faut le chercher sur la face B du 45 tours, où les Winstons ont enregistré « Amen Brother », un classique du gospel repris en accéléré, en version instrumentale, que le groupe aime jouer sur scène depuis une dizaine d’années. Au milieu de la chanson, le batteur, G.J. Coleman, interprète un break de batterie d’à peu près 6 secondes. Ce break, par la magie de la révolution de la musique électronique, résonnera à la fin du siècle en milliards d’échos. En attendant, le morceau tombe dans l’oubli. Alors que les cultures hiphop et techno émergent, l’utilisation du sampler se répand chez tous les musiciens du monde. En réutilisant et triturant les sons d’antan, les artistes réinventent la musique. Le rap connaît une ascension fulgurante, et très vite les DJs se réapproprient les quelques secondes de batterie de ce qu’on appelle à présent le Amen Break. Tous se rallient derrière ce sample, mis en boucle, avec la plupart du temps un tempo modifié, qui devient une des signatures évidentes du rythme hiphop, syncopé à souhait. Le Amen Break traverse l’Atlantique, arrive en Angleterre où son intégration au patrimoine musical local se fera par la création de plusieurs courants : il est en

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effet à l’origine du rythme très caractéristique de la Jungle lorsqu’il est passé en accéléré, et aura également permis l’avènement de la Drum&Bass. Malgré cet apport fondamental à la culture musicale mondiale, ce son ne sera jamais devenu désuet et nombreux sont ceux qui continuent à expérimenter des transformations sur ces quatre mesures. Il n’existe que peu d’artistes qui n’ont pas inclus le « Amen » dans leurs compositions. Parmi les principaux contributeurs, outre l’écrasante majorité de la scène Hiphop, on a pu le reconnaître sur des albums de David Bowie, Nine Inch Nails, Aphex Twin, mais plus encore, tous les jours, lors de l’entente des publicités et autres jingles. Telle est la fascination que l’on peut ressentir en se rendant compte de toutes les déclinaisons qui ont été faites de ces six secondes originelles. Comment ce simple morceau a-t-il pu à ce point séduire toutes les oreilles humaines jusqu’à être reproduit à l’infini au travers du temps ? Serait-ce celui de notre époque ? Un rythme tellement évident que tous les hommes, de toutes cultures ne pourraient s’empêcher de bouger frénétiquement dès l’écoute de ses premières mesures. C’est certainement une piste pour la musicologie du futur, car si depuis les années 80 il est entendu que l’on peut composer de la musique en recyclant les sons d’une époque précédente, alors il faut s’intéresser aux morceaux mais également à l’histoire des samples qui les composent, qui tissent comme un canevas de liens de sens entre les œuvres produites par la musique électronique du hiphop à la plus froide techno. Alors, peut-être, saisirons-nous un trait inconnu de notre civilisation dans le lien qui existe entre tous ces morceaux, c’est-à-dire ce break de batterie au milieu d’un morceau de funk de 1969 inspiré du Gospel que l’on appelle le Amen Break. TAMURELLO Pourécouterle«  AmenBreak  »,rendez-voussurcelien: h t t p : / / w w w. 4 s h a r e d . c o m / f i l e / 5 9 4 7 8 4 0 1 / 1089e761/Amen_break.html

Définition du sample

Un échantillon (sample en anglais) est un extrait de musique ou un son réutilisé en dehors de son contexte d’origine afin de recréer une nouvelle composition musicale. L’extrait peut être une note ou un motif musical. L’échantillonnage (sampling en anglais) peut être réalisé avec un échantillonneur (sampler en anglais), qui peut être un équipement électronique ou un programme informatique sur un ordinateur. Il est également possible d’échantillonner avec des boucles de bande magnétique sur une machine reel to reel. source Wikipedia



JEUX VIDÉOS CAHIER SPÉCIAL GC

Games Convention de Leipzig 2008 correspondance de notre envoye special

Visite du plus grand salon européen de jeux vidéos

Du 20 au 24 août dernier, s’est tenue la « Games Convention 2008 » de Leipzig, dans l’est de l’Allemagne, un des plus gros salons mondiaux consacré aux jeux vidéos. 200 000 visiteurs, 500 exposants, 4 000 journalistes, cette édition fut celle de la démesure, et plus encore la démonstration de force d’une industrie qui a définitivement assis sa suprématie sur le secteur économique des loisirs.

F

legmatiquement, assis sur son stand, devant lequel se presse une horde de fans hurlants en quête des t-shirts de leur jeu favori, le responsable d’un des studios de développement de jeux vidéos, les plus en vue du moment, affiche un sourire de satisfaction. Il observe le scintillement des écrans géants diffusant la bande-annonce de son produit star pour les fêtes de Noël et la queue impressionnante de gamers qui patientent depuis des heures pour le droit d’essayer, en avantpremière, le produit pendant quelques minutes. Rêveur, il confie : « C’est vrai que nous avons le vent en poupe, le chiffre d’affaire généré par les

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jeux vidéos a dépassé celui du secteur de la musique et du cinéma ! On travaille très confortablement, en fait, sans trop de limites… Rien que pour les effets spéciaux de mon stand, j’ai eu un budget de 50 000 €. » Et effectivement, c’est le grand show, salle de cinéma avec ventilateurs et effets lumineux, plantureuses animatrices qui chouchoutent les milliers de visiteurs, le plus souvent plus intéressés par les créatures de pixels que par les formes des jeunes filles, décors hollywoodiens, tout participe à donner à l’événement une ampleur encore jamais vue dans le domaine. Et ce n’est qu’un exposant... il y en a 500 autres.

Le coeur du business des fetes a venir La formule, si particulière, de la GC est de proposer en même temps un salon pour ce grand public ainsi qu’un centre d’affaires destiné à faire se rencontrer les mastodontes du secteur en vue des fêtes de Noël, principale période commerciale. A côté des immenses halls du palais des


congrès de Leipzig se trouvent des allées immaculées où, dans des salons feutrés, journalistes, distributeurs, professionnels du gaming rencontrent les éditeurs qui placent leurs produits dans les linéaires de la hotte du père Noël. Le cycle de l’argent dans le monde des jeux vidéos est annuel, d’une part pour des raisons fiscales, et de l’autre pour la sacro-sainte période des fêtes. Aussi, la GC, se déroulant idéalement à la fin août répond à un besoin de communication évident pour le secteur. De plus, cette année, l’événement profite de la chute de l’américain E3, historiquement le premier salon mondial, qui a connu des difficultés financières et déclenché l’hire des éditeurs, déçus par la faiblesse des structures mises à disposition.

Ribambelles de nouveautes Avec la médiatisation grandissante des productions vidéoludiques, il n’y avait pas d’attentes particulières quant à des révélations fracassantes sur les sorties à venir. Pourtant, bon nombre d’annonces ont eu lieu dans le secteur : Sony, qui a trusté l’événement en remplissant quasiment à lui seul un des 5 immenses halls de l’événement, a présenté sa nouvelle PS3 qui sortira le 31 octobre et sera équipée d’un disque dur de 160 Go, un pas de plus vers un véritable média center destiné à piloter tous les équipements qui entourent le canapé. Du côté de la PSP, cette dernière reçoit un lifting et un nouveau micro. Microsoft propose un nouveau pad capable de cibler 32 directions. Bref, rien de très impressionnant du côté hardware. Les réelles nouveautés ont été à chercher du côté des éditeurs stars du salon, et en premier lieu chez celui qui fait souffler le chaud et surtout le froid sur la planète jeux vidéo : Blizzard, les

Starcraft 2 Jouer à Starcraft 2 per-

Heavy Rain Nouveau bébé du studio Quantic Dream, qui nous avait grandement

impressionné avec Fahrenheit sur Xbox, Heavy Rain est un jeu d’aventure qui tend vers le film interactif, proposant de nombreux QTE (quick time events), sorte de minijeux auquel le joueur doit réagir instinctivement en appuyant dans un timing serré sur une touche du pad. Le jeu est une des productions graphiques les plus abouties qu’il ait été donné de voir, et la créativité débordante du studio semble avoir trouvé un aboutissement dans ce qui pourrait bien être une des sorties majeures de l’année. Peut-être un nouveau genre est-il en train d’émerger sous nos yeux, qui produirait le même plaisir que de consommer une saison de série télévisée, l’interactivité en plus. A suivre, de très très près ! (A sortir sur Xbox 360, PS3)

très heureux propriétaires des licences Starcraft et Warcraft. Leur stand, de taille cyclopéenne, présentait d’une part Wrath of the Lich King, la prochaine extension de World of Warcraft et le très attendu Starcraft 2, un des plus gros poids lourd à venir, dont le premier opus a connu des ventes si pharaoniques qu’il a relancé l’économie coréenne du sud. Activision a tenté de rivaliser avec Sony pour la plus grande surface occupée sur le salon, avec l’érection d’un temple à la gloire du nouveau Guitar Hero et Ubi Soft aura proposé de très intéressantes nouveautés telles que la nouvelle mouture de Prince of Après un changement d’équipe de dévelopPersia, qui utilise un moteur pement par rapport au premier épisode, on graphique étonnant, saine pouvait légitimement se poser des questions évolution du cell-shading, sur l’avenir de la franchise Farcry. Bien mal nous en a pris, le jeu est absolument magnien beaucoup plus graphifique. Explorant des environnements moins que. Contre toute attente, tropicaux que par le passé, le jeu permet l’imFar Cry 2 a cassé la baraque mersion dans la nature africaine de manière et promet un FPS des plus très convaincante. N’importe quel arbre est

met immédiatement de retrouver les automatismes dévelopés lors de la pratique du premier épisode. C’est très beau, très fin, optimisé à outrance, tel que prévu par le processus qualitatif de développement de Blizzard, qui doit capitaliser l’immense audience disponible pour ce jeu sans trop la brusquer. Pas de révolution à attendre mais un lifting technologique qui remet au goût du jour une des principales aires de jeu vidéoludiques. A noter que l’éditeur ouvre un peu plus la porte aux mods, ces versions alternatives du jeu programmées par des particuliers. (A sortir sur Mac et PC)

Farcry 2

sujet au mouvement du fait du vent, même les brins d’herbes se plient lors du passage d’un véhicule,... c’est très impressionnant. De plus, il a été présenté à cette GC l’éditeur de maps du jeu qui bluffe de par sa simplicité et sa puissance. Avec votre seul pad, vous pourrez générer des paysages convaincants et réalistes en modifiant tous les paramètres géologiques de l’environnement. (A sortir sur Xbox 360, PS3 et PC)

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JEUX VIDÉOS CAHIER SPÉCIAL GC lêchés disposant d’une part aventure non négligeable et d’un éditeur de map très réussi. Véritable festival mondial du plaisir Vidéoludique, le salon déménagera l’année prochaine à Cologne, une destination un peu plus proche de Nancy qui devrait permettre à de nombreux gamers lorrains de prendre le pouls de cette foire invraisemblable. TAMURELLO

Fallout 3 La suite d’un des plus grand jeu d’aventure de tous

les temps se dévoile. Voici un RPG en 3D qui explore un univers post-apocalyptique, genre très en vogue en cette période de fantasme d’une civilisation post-pétrole. Elaboré par Bethesda, les concepteurs d’Oblivion, le jeu fait un peu peur, dans le sens où tous les éléments enthousiasmants de ce qu’il nous a été donné de voir étaient issus de Fallout 1 et 2, qui datent d’il y a 11 ans ! Le graphisme du jeu n’est pas exceptionnel et l’humour, caractéristique principale des premiers opus, n’était pas évident à saisir. La présentation était trop courte pour se faire une réelle idée, mais le show présenté n’augure rien de bon. (Sortie le 31 octobre 2008 sur Xbox 360, PS3 et PC)

Street Fighter 4 Oh, qu’il est beau ! Qu’il est réussi ! Qu’est ce qu’elle a comme cuisses

musclées Chun-Li ! Street Fighter 4 est un des passages de la 2D à la 3D les plus réussis qu’il ait été donné de voir. Reprenant le gameplay de SF2, le jeu se saisit instantanément, permettant aux néophytes de jeux de baston de s’amuser dans l’instant, et aux pros de retrouver des automatismes rôdés. La 3D s’insèrent sous forme de mises en scènes qui dynamisent le jeu encore un peu plus, comme s’il en avait besoin ! (A sortir sur Xbox 360, PS3 et PC)

Duke Nukem Forever L’arlésienne la plus ridicule de

l’histoire des jeux vidéo a encore frappé ! Voilà plus de 10 ans que 3D realms promet une suite à cet ancêtre irrévérencieux des FPS... mais voilà, malgré les annonces, rien à se mettre sous la dent. Aussi, pour conserver le buzz, chaque année des événements sont organisés par l’éditeur autour de l’hypothétique sortie du jeu, telle cette démonstration bodybuildée présentée à la GC.

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Little Big Planet Le voilà ! Le jeu qui est sensé faire vendre des

brouettes de PS3 pour noël se dévoile enfin sans aucune pudeur. Clairement, le concept est excellent : un jeu participatif où vous devrez faire équipe avec vos amis pour terminer des niveaux qui reprennent toute la culture des jeux de plateforme 2D. La production graphique et musicale est mignonne à souhait et le gros point fort du produit est son aspect communautaire qui permettra aux joueurs d’échanger et surtout de pratiquer un éditeur extrêmement intuitif à même d’élaborer du bout du stick des milliers de niveaux très variés à partager. Un hit attendu. (Sortie le 29 octobre 2008 exclusivement sur PS3)


L’enjeu des jeux online Un des trésors les plus convoité du monde des jeux vidéos est celui des jeux de rôle massivement en ligne (MMORPG). A l’heure actuelle, il est monopolisé par l’éditeur Blizzard et son World of Warcraft (Wow). Devant ce succès, la concurrence sort les crocs.

A

u firmament des MMORPG règne sans partage Wow, avec près de 10 millions de joueurs dans le monde. Blizzard perçoit mensuellement un abonnement entre 10 et 13 € de la part de ses hordes de fans. Depuis 2005, cet état de fait reste inchangé, toute la concurrence se contentant des miettes d’un marché en constante augmentation. Blizzard continue de gérer ses affaires en fournissant constamment un peu plus de contenu, mais sans changer fondamentalement son produit. A ce titre était présenté à la GC, Wrath of the Lich King, la future extension de Wow, qui proposera de nouvelles missions et de nouveaux territoires à explorer pour les plus hauts niveaux de personnages, et donc pour les joueurs qui squattent les serveurs de Wow depuis très longtemps. Gestion de bon père d e

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Age of conan, une premiere incartade au monopole Cette année a vu l’avènement d’une concurrence sérieuse pour Wow, avec la sortie de Age of Conan, jeu reposant sur les mêmes mécanismes mais proposant un univers plus adulte, tiré des livres d’Howard, narrant les aventures du plus célèbre des barbares, et disposant d’un moteur graphique plus beau, mais aussi plus gourmand. Lors du lancement, près d’un million de joueurs ont investi dans la boîte du jeu, mais après le premier mois, seul 400 000 ont pris la décision de souscrire à l’abonnement mensuel. Un demi camouflet. Lors de la GC, Funcom, l’éditeur du jeu, paraissait dans ses petits souliers, promettant avoir entendu les critiques des joueurs et garantissant que les mois à venir verraient l’arrivée de nombreux contenus supplémentaires. Outre l’apparition d’une immense zone en plein air, les boss seront mis à l’honneur, le jeu « joueur contre joueur » sera privilégié. D’un point de vue technique le moteur connaîtra un lifting proposant une nature plus réaliste et des effets de lumières plus nombreux, exploitant les possibilités techniques offertes par DirectX 10. Une première extension verra le jour en 2009. L’aspect « adulte » du jeu restera la marque de fabrique puisque dans certaines situations il sera possible de couper les doigts de ses ennemis... brrrr ! Bref, la situation est tendue pour

Rahim Attaba, chef de produit senior Warhammer Online Europe

Funcom, qui doit impérativement gagner plus d’abonnés pour rentabiliser son formidable investissement.

Warhammer, retour aux sources Le 18 septembre prochain verra la sortie de Warhammer online : Age of the Reckonning, un jeu dont on pourrait s’étonner des similitudes avec Wow, mais la réalité est trompeuse. Warhammer s’inspire de l’univers développé par Games Workshop, société bien connue par les amateurs de jeux de figurines, qui avait été approchée par Blizzard à l’aube des années 2000 pour adapter leur univers en MMORPG. Le deal ne s’était pas fait et Blizzard a alors créé Wow. C’est donc un retour aux origines qu’opère Goa et Electronic Arts en produisant le travail du studio Mythic a qui l’on doit, le déjà très populaire, Dark Age of Camelot. Le jeu est doté d’un potentiel certain, se différenciant de la concurrence en permettant d’organiser des batailles qui réunissent des milliers de joueurs. De plus, la popularité du monde de Games Workshop permet d’envisager que des milliers d’aficionados participeront au lancement du jeu. Voici donc les principales données qui vont précéder à la bataille pour le magot du mmorpg qui aura lieu cette année. La question étant de savoir si dans un an, Wow dominera encore le marché qu’il contrôle outrageusement

Thorbjørn Olsen, Producteur d’Age of Conan METROPOLIS N°12 SEPTEMBRE 2008

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CONSO

Ordinateur portable Bentley Le portable par Bentley pour 13 000 €

Quand le fabricant de voiture de luxe Bentley se lance dans les ordinateurs portables, il créé ce magnifique objet, tout en finition cuir, au design franchement réussi, mais équipé d’un matériel tout à fait standard et surtout d’un tarif totalement prohibitif. Pour le coup d’œil.

Bocal régime électrochoc

Le régime à l’ancienne pour 15,70 € chez mycrazystuff.com

Les régimes protéinés, dissociés, … vous avez tout essayé ! Et rien n’y fait, dès qu’un pot de crème glacée se trouve dans votre frigo, vous lui faite un sort quasi instantané ! Urbains trop nourris et trop flemmards pour faire du sport, ce gadget est fait pour vous ! Il s’agit d’un mini coffre-fort alimentaire dans lequel vous pouvez ranger vos sucreries et régler un minuteur qui n’ouvrira le bocal jusqu’à 24 heures plus tard. Ça marche aussi pour les cigarettes ?

Dream hamster de Sega

Un animal de compagnie enfin propre pour 42 € chez www.geekstuff4u.com

On nous prédisait un troisième millénaire tout robotique ! Il faut bien concéder que pour l’instant bien peu de robots sont venus nous accompagner dans notre quotidien. Mais cela va peut-être changer avec les animaux de compagnie de chez Sega. Cette peluche animée effectuera quelques tâches basiques dont faire des bisous, et surtout, ne génèrera aucune litière à changer… et ça, c’est le progrès !

Rose à message numérique

Déclarer sa flamme pour 14,50 € chez www.mageekstore.com

Difficile d’être concurrentiel sur le marché de la déclaration, il faut dire que les siècles derniers ont donné l’occasion à des milliards de soupirants de déborder de créativité. Cependant, voici un accessoire entre le rigolo et le kitch qui devrait permettre de faire la différence. Cette rose peut enregistrer un message de 6 secondes qui sera découvert par l’élu(e) de votre cœur, en même temps qu’elle s’illuminera et accompagnera d’une charmante mélodie votre roucoulade. Trop mignon !

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Maisons et appartements Boklok Des maisons en kit de 150 000 € à 225 000 € par Ikea

Après avoir changé les habitudes en matière d’ameublement de la moitié de la planète, le groupe Ikea se lance dans l’immobilier, puisque voici les maisons en kit Boklok. Construites en matériaux renouvelables, les appartements et maisons sont déjà proposés en Suède ou en Angleterre. Une fois achetée, un camion livre sur votre terrain la maison, en cartons, qui y sera directement assemblée. Le tube de colle est livré avec ? L’objectif est de vendre des maisons 25 % en dessous du marché local.

Bouchon de baignoire Lotus

La poésie dans le bain pour 16 € chez www.ledindon.com

Ce charmant bouchon de bain universel est relié par une chaînette à un nénuphar artificiel qui flottera à vos côtés durant votre bain relaxant. La grenouille qui vivra sur sa feuille n’est pas livrée avec, mais ne tient qu’à vous de réaliser un élevage dans votre salle de bain et de jeter quelques têtards dans votre baignoire.


Epoq EGP-PP01

La tuerie technologique de l’année pour 499,95 $ chez www.gadgetcraver.com

Tous les mois, c’est la même rengaine... on nous présente le téléphone portable sensé révolutionner un marché déjà saturé de nouveautés, et le plus souvent c’est la déconvenue ou la sensation diffuse de se faire encore refourguer un gadget dont on se lassera assez vite. Pourtant, la nouvelle est venue de Chine ce mois-ci, provoquant incrédulité et interrogations. En début d’année, nous évoquions les annonces du salon CES de Chicago où des spécialistes de l’électronique pronostiquaient à cours terme l’arrivée de téléphone portable embarquant un vidéo-projecteur. 6 mois après, voici le premier engin qui exploite cette technologie, le Epoq EGP-PP01. Il s’agit avant tout d’un téléphone portable tribandegsm, dont l’interface sur son écran tactile est un plagiat éhonté de celle de l’Iphone d’apple. Equipé de tout le toutim traditionnel, appareil photo, caméra, lecteur MP3, avi, 3gp... l’engin dispose surtout d’un vidéoprojecteur qui envoie contre n’importe quel support une image de 30 pouces avec un recul d’un à deux mètres, dans une résolution de 640*480. Pour les connaisseurs, c’est une technologie à base de led blanche qui est utilisée. L’autonomie annoncée est de deux heures. Voici donc le premier home cinéma complet qui tient dans la poche. Il est à prévoir que les capacités de l’appareil ne soient pas aussi qualitatives qu’on veuille bien nous faire croire, mais son existence augure un tournant technologique qui risque fort de bousculer notre quotidien à moyen-terme.


SPORT FOOT

LA TEAM 2008/2009

NANCY

ASNL 2008/2009 Jacques ROUSSELOT

« J.R. » Président du club depuis 1994

NANCY

NANCY

Pablo CORREA

Paul FISCHER

Entraîneur de l’équipe professionelle depuis novembre 2002

Entraîneur-adjoint de l’équipe professionelle depuis novembre 2002

NANCY

NANCY

NANCY

NANCY

NANCY

NANCY

Gennaro BRACIGLIANO

Damien GREGORINI

Thomas GAUDU

Youssouf HADJI

Momar FAYE

Luiz ANDRE

28 ans / Gardien de but 29 ans / Gardien de but 21 ans / Gardien de but 28 ans / Milieu offensif / 20 ans / Milieu de terrain 1m83 / 82 kg / Droitier 1m94 / 90 kg / Droitier 1m85 / 84 kg / Droitier Attaquant 1m83 / 78 kg / Droitier 1m75 / 60 kg / Droitier

28 ans / Défenseur central 1m85 / 84 kg / Droitier

NANCY

NANCY

NANCY

NANCY

NANCY

NANCY

Julien FERET

Marc-Antoine FORTUNE

xx HELDER

Basile CAMERLING

Landry N’GUEMO

Benjamin GAVANON

25 ans / Milieu de terrain 1m87 / 74 kg / Droitier

26 ans / Attaquant 1m82 / 82 kg / Droitier

20 ans / Défenseur latéral 1m75 / 70 kg / Droitier

21 ans / Attaquant 1m85 / 84 kg / Droitier

22 ans / Milieu de terrain 1m73 / 70 kg / Droitier

28 ans / Milieu de terrain défensif 1m80 / 75 kg / Droitier

NANCY

NANCY

NANCY

NANCY

NANCY

NANCY

Michaël CHRETIEN

Chris MALONGA

Joël SAMI

Pascal BERENGUER

Alfred N’DIAYE

Monsef ZERKA

27 ans / Milieu de terrain défensif 1m75 / 78 kg / Droitier

18 ans / Milieu de terrain 1m87 / 87 kg / Droitier

24 ans / Défenseur latéral 1m79 / 67 kg / Droitier

21 ans / Milieu de 23 ans/ Défenseur terrain offensif central 1m83 / 73 kg / Gaucher 1m90 / 85 kg / Droitier

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27 ans / Défenseur latéral / Milieu de terrain / Attaquant 1m83 / 80 kg / Droitier


NANCY

NANCY

Frédéric BIANCALANI

Gaston CURBELO

32 ans/ Défenseur 32 ans / Attaquant latéral 1m76 / 76 kg / Droitier 1m82 / 76 kg / Gaucher

NANCY

NANCY

Geoffrey ADJET

Jonathan BRISON

20 ans / Défenseur 25 ans / Défenseur latéral gauche central / Milieu de terrain couloir gauche 1m82 / 78 kg / Gaucher 1m79 / 73 kg / Gaucher

NANCY

NANCY

Issiar DIA

Abdeslam OUADDOU

21 ans / Milieu offensif / Attaquant 1m72 / 70 kg / Droitier

28 ans / Défenseur central 1m90 / 78 kg / Droitier

NANCY

NANCY

Damian MACALUSO

Emmanuel DUCHEMIN

27 ans / Défenseur central 1m81 / 80 kg / Droitier

29 ans / Milieu de terrain défensif, couloir droit 1m77 / 75 kg / Droitier

NANCY

NANCY

Jean CALVE

ADAILTON

24 ans / Défenseur latéral 1m83 / 78 kg / Droitier

28 ans / Défenseur latéral 1m71 / 69 kg / Droitier METROPOLIS N°12 SEPTEMBRE 2008

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LA CRITIQUE GASTRO Une visite anonyme - un compte rendu d’assiette - la passion sans concession Restaurant les tournesols

Cantinons au bout du boulevard La saison estivale est passée, et à présent la rentrée venue, nous voici fort dépourvu de moral et de liquidités. Qu’à cela ne tienne, en bons gourmands, allons nous requinquer dans une petite adresse comme on les aime, une cantine chaleureuse, où la carte se réinvente tous les jours.

O

n peut légitimement penser que le boulevard Lobau est une sorte d’autoroute en pleine ville, rampe de lancement pour automobiles en partance vers l’extérieur. Cependant, quelques devantures méritent de ralentir au moment où notre pied tâte de l’accélérateur. Celle du restaurant « Les Tournesols » en est. La porte s’ouvre sur une salle étonnante, très haute de plafond, aménagée avec goût, au fond de laquelle prend place un bar impressionnant au dessus duquel apparaît, dans l’entrebaillement d’une porte, la vision des marmites fumantes de la cuisine. L’établissement garantit produits frais et préparations maison avec le concept de proposer, outre une carte disposant de quelques classiques, un menu du jour entrée/plat/dessert à 12 € renouvelé quotidiennement, et par ailleurs annoncé bien à l’avance sur son blog. Pratique. Les entrées nous arrivent sous la forme d’une assiette de charcuterie généreusement dotée, qui pourrait constituer un repas tout entier pour les appétits d’oiseau, et une salade vosgienne, dont la simplicité se commue en efficacité de part ses croutôns maisons revenus dans le beurre. Les entrées englouties, reste à at-

taquer les plats de résistance, qui prennent la forme d’un colin sauce au curry, accompagné de riz et de carottes et concombres rapés, encore une fois simple et sans fausse note, et d’une bavette d’une excellente qualité, servie très généreusement et saisie avec justesse, nappée d’une sauce au vin et aux échalottes arrangée avec un fond

de sauce. Rassasiés, nous trouvons encore un peu d’énergie gourmande pour envisager d’affronter les cafés gourmands servis dans des proportions pantagruéliques. Si bien souvent la formule de plus en plus populaire du « café gourmand » est l’occasion pour le restaurateur de débiter ses desserts de la veille en petites portions, il n’en est ici pas question. Autour du café se trouvent une

LES TOURNESOLS

92 METROPOLIS N°12 SEPTEMBRE 2008

elle vaut le détour. BOUCHE DORÉE

LA NOTE, ALORS :

88, boulevard Lobau 54000 Nancy Tél : 03 83 30 27 04 FAIT POUR LES DIEUX !

part de gateau au chocolat parfaitement moelleuse, des profiterolles, quelques petits gateaux chocolat et noix de coco et surtout une crêpe chocolat/chantilly dont la pâte s’est cristallisée sur les bords, devenant une dentelle chaude et sucrée, qui donne une bonne leçon à pas mal de crêperies, où le secret du chef semble le plus souvent être de rajouter quelques cuillérées de plâtre dans sa pâte. « Les tournesols » est une excellente petite adresse, proposant des tarifs parmi les plus raisonnables de la ville, une ambiance chaleureuse, un service attentif et une cuisine renouvelée tous les jours. Blasés du déjeuner, poussez donc la promenade jusqu’au 88 Bld Lobau,

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Détail des horaires sur www.cirque-gruss.com – Visite de la ménagerie chaque jour 10h – 12h & 14h – 18h (2€) Locations : FNAC – CARREFOUR – AUCHAN – LECLERC et Caisses du cirque


LOVE IS IN THE AIR...

LE SOLEIL DES ANTILLES

M ichel L

e beau Michel vit à Nancy depuis un an et demi, où vous l’avez certainement vu officier en tant que chef de rang à la brasserie Jean Lamour. Ce grand voyageur travaillait auparavant à Paris où il a fait ses classes dans de prestigieux établissements des Champs-Elysées. Originaire de la Guadeloupe, il a passé une enfance de rêve au bord de la mer caraïbe avant de vouloir voler de ses propres ailes et de quitter son île pour rejoindre la capitale afin d’effectuer des études d’urbanisme, d’aménagement du territoire et d’architecture. Pour financer son cursus, il se lance alors dans l’hôtellerie et la restauration, monde qu’il ne quittera plus, car fasciné par les multiples rencontres que son travail lui permet de faire, lui qui voit ses journées comme un immense Vaudeville, où, virevoltant entre les tables, il met en scène pour quelques instants la vie de ses clients devenant convives. Entre temps, il a rencontré une première fois l’amour et a eu un petit garçon,

qui a aujourd’hui 4 ans, et qu’il aime à la déraison. Du haut de ses 35 ans, il estime avoir appris tout ce qu’il désirait et envisage à présent de retourner vivre en Guadeloupe ouvrir un établissement qui lui permettra de faire la synthèse de tous ses savoirs, depuis la conception immobilière jusqu’à l’hôtellerie. Bon vivant, drôle, Michel aime profiter de tous les plaisirs de la vie en compagnie de ses amis. D’ordinaire calme et considéré comme un homme de confiance, il peut apparaître réservé lors d’une rencontre fugace. En effet, comme tous ceux qui sont très exposés socialement, il n’accorde sa confiance qu’avec parcimonie. Aujourd’hui, il est à la recherche d’une compagne qui aura envie de tenter l’aventure avec lui, de partir vers les eaux turquoises des Antilles. Il la préfèrera sensible, indépendante et intelligente. Si la vie est un voyage, embarquez sur le voilier Michel en partance pour les horizons lointains,… et peut-être l’amour.

Voyages faits : Les alentours de la mer caraïbe, Danemark, Italie, Espagne, Portugal. Voyages à faire : Le Japon, pour la culture, le zen et enfin comprendre le syndrome de Paris des touristes japonais. Ses plats préférés : L’entrecôte, le risotto crémeux d’asperges aux gambas à la sauce au boursin. Ses loisirs : Planche à voile, surf, les ballades et l’informatique. Ses films préférés : Il aime les films de genre comme la science-fiction et le fantastique. La musique qu’il aime : Ecoute de tout, de l’électro en passant par le funk ou la soul Son plus grand regret : Il n’en a pas. Le moment dont il est le plus fier : Chaque fois qu’il regarde son fils. Son endroit préféré : Chez lui, sur son canapé. Dans dix ans il se voit : Assis sous un palmier, en train de contempler la mer.

Envie de prendre contact ? Ecrivez-lui à micheldesantilles@yahoo.fr

94 METROPOLIS N°12 SEPTEMBRE 2008


« UNSERE PRINZESSIN »*

C

s i t r i ne h C

hristine naît le 8 novembre 1973 à Lustenau en Autriche, dans la région de Vorarlberg. Elle en garde un amour immodéré pour les tons mordorés d’automnes flamboyants et des grands espaces verts vallonnés. Juste après son bac, elle travaille dans l’administration d’un fabriquant de vêtements luxe sans goûter la superficialité du milieu. Christine, d’apparence sage et timide rêve de créativité débridée, voue une passion aux arts et particulièrement aux performances des actionnistes viennois. Alors elle plaque pour suivre à l’université de Vienne un cursus complet en design spécialisé dans la céramique. Christine ne profite pas réellement des joies festives de la vie étudiante à laquelle elle préfère la sérénité inspirée de l’atelier et le contact des matières. Désirant voyager, elle s’inscrit dans un programme Erasmus finlandais pour y étudier ces designs purs et immaculés qui la fascinent. Manque de chance, à Helsinki, son professeur originaire de l’Amérique profonde, « un vrai cow-boy », lui enseignera la céramique basique, terrienne, et l’authenticité du travail au four à feu. Christine se passionnera pour cette technique qui la fera « accoucher » d’une superbe série

Voyages faits : Voyages à faire : Ses plats préférés : Ses loisirs : Ses films préférés : La musique qu’elle aime : Son plus grand regret : Le moment qui la rendu le plus heureuse : Le moment le plus amer : Son endroit préféré : Dans dix ans elle se voit :

de bols à thé au moment même où elle tombe enceinte. Car Christine a fait la rencontre d’un étudiant en architecture français originaire de Nancy. Elle doit tout de même revenir à Vienne pour y terminer ses études tout en travaillant dans un laboratoire de chimie. Elle intégrera finalement un cabinet d’architecture qui lui fera découvrir le monde du graphisme. Puis vient le deuxième grand changement de sa vie : Christine suit « son architecte » à Nancy avec leur enfant de 5 ans. Emile a aujourd’hui 8 ans, c’est un petit génie adorable capable de réciter par cœur la saga des héros grecs ou de dessiner des portraits saisissants. Christine est également la « maman » de Métropolis qu’elle a entièrement conçu en tant que maquettiste en chef. Elle tente d’y distiller son amour de la pureté contre l’invasion du texte. Une gageure ! Sous des dehors faussement timides, Christine est un être complexe attirée par les comportements élégants, l’esprit et la beauté. Pour la chavirer, l’homme idéal doit posséder une vraie personnalité nourrie de romantisme absolu. Mais attention, poète lyrique fantoche s’abstenir, avec Christine on peut rire de tout, à condition d’être drôle…

Italie, Espagne, Hongrie, Finlande, République Tchèque, Crète, Turquie. Japon et tous les autres lieux proches de la mer. Tous ce qui est préparé avec amour. Cinéma, les arts en général. Jours tranquilles à Clichy ( version année 60 ), April Snow, The Darjeeling Limited... Tout dépend dans quel état d’esprit elle se trouve. Ne pas avoir pris plus de photos de son ventre durant sa grossesse. La naissance de son fils (et de Métropolis). Le décès de son beau-frère. Partout où il y a du calme, de l’eau. En Toscane, faisant de la poterie.

Envie de prendre contact ? Ecrivez-lui (en allemand) à croco_73@yahoo.fr

*notre princesse METROPOLIS N°12 SEPTEMBRE 2008

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LA QUESTION D’ACTU

Test négatif

Trois ans sans ses enfants Le Consulat de France à Douala s’oppose au regroupement familial d’une jeune Camerounaise vivant dans les Vosges, en contestant l’authenticité de l’acte de naissance de sa fille. La mère réclame un test ADN, le ministère le lui refuse.

D

epuis trois ans, elle attend ses enfants. Irène Berthier, trente-cinq ans, institutrice camerounaise venue chercher une vie meilleure en Europe, désespère d’une situation administrative bloquée. « Moi, je veux faire un test ADN. Et on me le refuse. » Le consulat de France de Douala, au Cameroun, lui oppose en effet une rature sur l’acte de naissance de l’un de ses trois enfants. « Apocryphe », notent les fonctionnaires, alors que – selon le Quai-d’Orsay – 70 % des actes d’état civil camerounais soumis aux consulats français à l’appui de demandes de regroupement familial sont faux. Suffisant pour qu’on empêche Ornella-Lynda, 11 ans, d’obtenir un visa. En dépit d’un certificat d’authenticité délivré par la mairie de Douala. La fille d’Irène Berthier vit chez sa grand-mère avec sa sœur Londrine, 14 ans et son frère Anderson, 7 ans. Leur père est décédé, et la vieille dame qui les élève est malade.

96 METROPOLIS N°12 SEPTEMBRE 2008

« En fait, ils sont livrés à eux-mêmes. Et ils me disent que je leur ai menti, que je leur avais promis que je viendrais les chercher. Ils attendent. » Lorsqu’elle arrive en France en avril 2004, après un transit via la Slovaquie, Irène Berthier s’installe chez des parents, à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Puis elle rencontre un conducteur d’engins, Francis Berthier, qu’elle épouse en 2005. « On nous a dit qu’il fallait déménager, pour avoir un logement avec une chambre pour chaque enfant. » Le couple s’installe alors dans un petit village des Vosges, à Brantigny, à une quarantaine de kilomètres de Nancy. Une petite maison entièrement refaite, avec quatre chambres. Irène Berthier trouve un emploi d’auxiliaire de vie sociale, puis d’aide-soignante.

Rama Yade renvoie à Hortefeux

En 2006, elle dépose à nouveau sa demande de regroupement familial à la préfecture des Vosges, qui l’accepte. Idem à


batA4

04/2008 - Sauf erreurs typographiques . Société franchisée indépendante.

« Alors qu’on fasse des tests ADN, pour prouver que je suis sa mère ! »

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Pas besoin de brasser de l’air... Pas besoin de brasser de l’air... pour faire du bon travail pour faire du bon travail E R F F O 04/2008 - Sauf erreurs typographiques . Société franchisée indépendante.

l’Agence nationale d’accueil des étrangers et des migrations (Anaem) de Strasbourg. Pas l’avis du consulat, qui note une rature sur le numéro de l’acte de naissance. « Alors qu’on fasse des tests ADN, pour prouver que je suis sa mère ! » Le Cameroun a en effet accepté d’être l’un des neuf à douze pays où la France expérimentera son dispositif visant à contrôler l’immigration. Le ministre de l’Immigration et de l’Intégration, Brice Hortefeux, s’est ainsi rendu dans la capitale Yaoundé, en mai dernier pour entériner, la mesure. Mais son décret d’application n’est pas encore signé ; « pas avant l’automne », fait savoir l’Immigration. Pour autant, les services du ministère disent suivre « le dossier de près ». Sans que les choses évoluent. «  Le problème, c’est que le Consulat ne veut pas revenir sur sa décision parce que les directives sont particulièrement fortes », indique une source proche du cabinet de Brice Hortefeux. Rama Yade, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et aux droits de l’Homme, sous tutelle du Quai-d’Orsay, a également été interpellée par Irène Berthier. Elle a renvoyé la balle à Brice Hortefeux. A Douala, le Consulat est injoignable. Impossible d’expliquer l’imbroglio, et surtout de justifier le refus de visa aux deux autres enfants : quand bien même le dossier de Ornella-Lynda serait litigieux, ceux de son frère et de sa sœur ne posent en effet aucun problème. On leur refuse pourtant, à eux aussi, un visa. « Une situation inhumaine », note le maire de Brantigny, Gérard Schneider (sans étiquette), soutenu par son conseil municipal et bon nombre de ses deux cents administrés. « Les tests ADN, dans ce cas, seraient utiles. En les refusant, la situation est incompréhensible. » Et laisse Irène Berthier sans ses enfants, depuis plus de trois ans. STÉPHANE TRIBALAT

25/03/08

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Météo astrale 15sept/15oct Alain-Fournier

né le 3 octobre 1886 à La Chapelled’Angillon et mort le 22 septembre 1914 à Les Éparges, écrivain, mort à l’âge de 27 ans après avoir écrit un unique roman, le Grand Meaulnes.

Bélier

Balance

23 septembre - 22 octobre

Plus séducteurs que jamais, vous faites chavirer les cœurs et il ne serait pas étonnant que la dernière semaine de septembre vous apporte quelques déclarations enflammées (supplémentaires ?). Ah oui…Tout cela est fort joli. Vous ne marchez plus : vous dansez. Vous ne parlez plus : vous déclamez. Mais attention ! Redescendez un peu sur terre. En amour, comme au travail ou en famille, apprenez à dire NON un peu plus souvent. Les signes de terre pourraient vous reprocher votre manque d’investissement et la légèreté avec laquelle vous vous engagez. Les astres vous annoncent une addition salée en février 2009. Il est encore temps de faire des efforts pour en minimiser l’impact. Sinon gare à la douche froide.

Cancer

21 mars - 19 avril

22 juin - 22 juillet

A l’approche de la mi-octobre, le cap le plus difficile pour cette année 2008, les natifs du Bélier gagneraient à faire profil bas, surtout sur le plan professionnel. Un véritable défi pour un signe aussi tempétueux...

Métropolis vous l’avait annoncé fin juillet : votre ciel s’éclaircit et la rentrée a été moins douloureuse que prévu. Ami(e)s cancer, vous serez surpris par cette insouciance qui vous gagne et apaise de vieilles plaies affectives.

Taureau

20 avril - 20 mai

Encore tout(e) étourdi(e) par un été torride, cette rentrée s’annonce en douceur. Vous respirez une joie de vivre qui désamorce bien des conflits. Veillez toutefois à ne pas attiser la jalousie de votre entourage, en particulier les natifs du scorpion et du bélier, qui vous envieront votre magnétisme post-estival.

Gémeaux

21 mai - 21 juin

Les questions liées à l’habitat continueront à occuper une place prépondérante, jusqu’au début du mois d’octobre. Il pourrait s’agir de travaux imprévus ou qui ont déjà trop duré. Attention aussi au déchaînement de la plomberie ou aux robinets du voisin du dessus.

98 METROPOLIS N°12 SEPTEMBRE 2008

par Sirius

Lion

23 juillet - 23 août

Aux alentours du 1er octobre, des opportunités liées à votre confort matériel se présenteront à vous comme sur un plateau. Vous les saisirez avec une assurance léonine, persuadé de faire de bonnes affaires. Et vous aurez raison. Mars renforcera votre charisme et, sous les effets conjugués de Jupiter et Neptune, vous jouirez d’une chance aussi mystérieuse qu’insolente.

Vierge

24 août - 22 septembre

Ne comptez pas sur le mois d’octobre pour y voir plus clair professionnellement. Si vous aviez l’impression d’être en roue libre, cette fois-ci c’est sûr, ce ne sera pas qu’une impression. Mais patience…votre douceur et votre

calme sèment aujourd’hui pour vous les bonnes surprises de demain.

Scorpion

23 octobre - 22 novembre

Le tableau de chasse (métaphore tout à fait appropriée pour nos amis scorpions) de l’été a sans doute été décevant. Et malheureusement, début octobre s’annonce comme une poursuite de cette disette charnelle. Les astres continueront à semer le trouble dans vos pulsions . Essayez de pensez à autre chose, à votre travail par exemple, auréolé d’une belle configuration ce mois-ci.

Sagittaire

23 novembre - 21 décembre

Les pincettes, les précautions, l’infinie patience et la bonne éducation qui veut que…tout ça c’est terminé. Ca va saigner. Ce mois-ci, si on vous cherche, on vous trouvera.

Capricorne

22 décembre - 20 janvier

Tiens tiens...le masque du capricorne rude et froid, parfois glacial, aux limites de l’introversion, a du plomb dans l’aile. Vos proches découvriront, avec étonnement, que vous aussi vous pouvez être sensible et réclamer des câlins. Merci Vénus.

Verseau

21 janvier - 19 février

Soyez particulièrement vigilants : risque accru de traumatismes osseux dûs à une chute ou à un accident. Pas d’acrobaties s’il vous plaît !

Poissons

20 février - 20 mars

Grands moments de questionnements en perspective. Vous êtes peut être allé trop vite ces derniers mois. Et votre liberté s’en ressent. Le regard de nouveaux amis vous l’apprend : vous n’êtes plus tout à fait vousmême et cela vous met mal à l’aise.



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