N° 14 DÉCEMBRE 2008 /JANVIER 2009
M AG A Z I N E M E N S U E L - G R AT U I T
L’ I N F O R M AT I O N N E S ’A C H E T E PA S , E L L E S E D O N N E
Sorcières
La Lorraine à l’heure des
PORTRAIT ROLAND GRÜNBERG COMME UN LOUP...
PROFESSION INSOLITE
L’HOMME QUI TOMBE À PIC
LE LONG DE L’A31 L’EUROPE DE LA MÉMOIRE À VERDUN
REPORTAGE PHOTO MAROC : L’EMPIRE DES DUNES
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Directeur de la publication : Sébastien Di Silvestro Développement : David Gegonne Création et réalisation graphique : Christine Wetz Chef de publicité : Vincent Kuntzmann Tél. 06 35 49 45 74 metropolisregie@free.fr Rédaction : Sébastien Di Silvestro, Ema Nymton, Tamurello, Bouche Dorée, Olivier Braizat, Stéphane Tribalat, Alexandre Gombaut, Francis Janot, Julien Martinez, Zeppelin, Markus, Sirius Photos : D.R. Jones, D.R. Bond, C2, SDS, Ema Nymton, Tamurello, Zeppelin, Olivier Braizat, Johan Laperche, Richard Seaman, Fotolia... Illustrations : Jérôme Huguenin Relecture : Françoise Misert, David Gegonne Administration Communication : Catherine Barreau Stagiaire : Emilie Lando Chargé de production : Gaël Desjardin Tél. 06 77 35 64 31 Imprimerie METROPOLIS EDITIONS Rédaction metropoliseditions@free.fr Distribution METROPOLIS CORPORATE METROPOLIS est distribué dans + de 1200 points de diffusion : commerces de proximité, centres commerciaux, salles d’attente, espaces culturels, mairies, offices du tourisme, collectivités, administrations, librairies, restaurants, bars... METROPOLIS est distribué à : Nancy, Vandoeuvre-les-Nancy, Villers-les-Nancy, Laxou, Saint-Max, Jarville, Maxéville, Tomblaine, Malzéville, Esseyles-Nancy, Frouard, Ludres, Heillecourt, Pulnoy, Houdemont, Toul, Dommartin-les-Toul, Lunéville, Pont-à-Mousson, Blénod-les-Pont-à-Mousson Prochaine parution de METROPOLIS le 10 février Annonces & publicité Tél. 06 35 49 45 74 metropolisregie@free.fr http://metropolisnancy.free.fr
AXIS MUNDI « Et pourtant, elle tourne… » (eppur si muove) Le 1èr janvier 2009 la Norvège légalise le mariage homosexuel tandis que la Hongrie adopte le PACS. La République tchèque prend la présidence de l’Union Européenne tandis que la Slovaquie entre dans la zone euro. En France, la gendarmerie nationale et la police comme l’Assedic et l’Anpe s’apprêtent à ouvrir un guichet unique tourmenté. Le 20 janvier, Obama succédera officiellement à Bush sur fond de crise économique avec une équipe incarnant une déroutante continuité dans les conflits irakiens et afghans. Le 10 mars marquera le cinquantième anniversaire du soulèvement tibétain tandis que le 4 juin célèbrera le 20ème anniversaire des évènements de la place Tian’anmen. Le 20 juillet, l’homme aura fait ses premiers pas sur la Lune et depuis 40 ans n’y sera jamais retourné. Le 11 septembre verra l’achèvement du mémorial du World Trade Center. Et le 9 novembre fêtera le 20ème anniversaire de la chute du mur de la honte et de la réunification de l’Europe. Ces quelques dates clés suffisent à rappeler à quel point l’histoire contemporaine des 50 dernières années a été riche d’événements tragiques et libérateurs, précipitant l’accélération de l’histoire. Jusqu’au Moyen Age, une révolution technique ou un changement de paradigme social mettait des siècles à se diffuser. Depuis, ce temps a été compressé à l’extrême par l’industrialisation à l’aube du 20e siècle et par les deux guerres mondiales. Si bien qu’à la fin des années 60, une mutation métaphysique (pour paraphraser Houllebecq), un changement d’idéologie radicale, ne nécessitait plus que le temps bref d’une seule génération pour se propager et devenir la norme. Au 21ème siècle, avec la révolution numérique précédent celle des biotechnologies, ce temps sera ramené à moins d’une décade. Cette loi du crescendo constitue paradoxalement un triomphe et un abandon. Un triomphe de la société sur la nature, plus rien n’étant aujourd’hui fatalement immuable le temps d’une existence fugace. Et un abandon parce que nous croyons viscéralement avoir atteint la fin de l’histoire. L’occidental a été persuadé que le capitalisme constituait le seul système possible et que toutes les alternatives avaient été soit désastreusement mises en pratique, soit formulées par d’exécrables rêveurs improductifs. Notre civilisation a commis l’infanticide idéologique en jugulant la possibilité des utopies à coup de cynisme technicoprofessionnel. Alors, même en période de crise où la remise en question se fait nécessité, l’occidental du 21ème siècle ère dans le couloir hôpital aseptisé de son capitalisme terminal, ne priant personne, avec le maigre espoir au ventre de ne pas faire parti de la prochaine charrette. Astiquant les chromes de son intérieur nimbé de lumière douillette. Fermant les yeux. Fataliste raisonnable. Citoyen lâche étatique, petite portion émasculée de volonté collective. Egoïste sanctifié du pouvoir d’achat, cupide par défaut, égocentrique par inculture, dévot du miroir menteur… Et ce, à l’heure même ou le monde jadis inconnu devient capable de vibrer à l’unisson, au moment même où l’homme prend conscience des enjeux solidaires planétaires, au siècle précis où l’homme est capable de partager ses aspirations au-delà des frontières plus facilement qu’avec son voisin de pallier. Nous partageons collectivement ce sentiment d’abandon par impression de « déjà vu » des nomenclatures étriquées à l’aurore d’une apogée technique rendant toutes les mutations possibles… Comme piégés dans notre propre virtualité. 400 ans en arrière, l’européen croyait au diable, à une terre plate. Il vouait au feu purificateur toute idée contraire. Des cendres de ces bûchers nauséabonds jaillirent les lumières de la Renaissance. Cette terreur n’étant au fond que la contraction ultime et sauvage de la bête devenue anachronique. 2009 sera de ces années rares capable de faire basculer l’axe du monde. Il faudra investir les espoir suscités moins par nos certitudes que par notre force de volonté, à l’heure dite où nous n’avons jamais possédé dans toute l’histoire humaine un tel pouvoir de créer. Sébastien Di Silvestro à Lola
ÉDITO
METROPOLIS EDITIONS S.a.r.l au capital de 68.000 € 39 Place de la Carrière 54000 Nancy Tél : 09 54 59 25 96 metropoliseditions@free.fr Dépôt Légal : à parution ISSN : 1958-1688
SOM
Sorcières
La Lorraine à l’heure des
Images du mois
Dossier :
Profession insolite
L’homme qui tombe à pic, histoire d’un flic devenu cascadeur
L’histoire de la Lorraine recelle des secrets obscurs, parmi eux le traitement qui fut réservé à celles que l’on appelait sorcières, brûlées par milliers aux temps des Ducs de Lorraine.
Les Chroniques du palais Du contrat
Brèves Pages 4 67 8 10 12
1415 1617 1819 20 2224 26 2830 32 34 36 38 40 42 44 4648 50
Le Métronome
du mois de novembre
Arrêt sur images
Le bêtiser de 2008
Ca se passe près de chez nous « Le mariage Hortefeux »
Reportage photo Maroc : L’Empire des Dunes
Portrait
Roland Grünberg
Vous n’aviez rien compris
L’affaire Jean-Marie Demange
L’interview
Patrick Kader
MAIRE Métroscope
décembre/janvier
Spécial Fêtes de Noël
Des pains d’épices et des fêves
Spectacle
Eternal in/out, une création Materia Prima
Le long de l’A31 L’Europe unie à la face du monde
Litterature Francis Janot : Momies Christian Sirven : Lire un visage...
Informatique
Love is in the air...
Le test netbook
Qui va conquérir les cœurs de Pierre-Marie et de Maia ?
5254 5657 5960616263 6465 6668 7071 72 74 76 78 81 82 8485 86 8889 90 92 9394 96 98 100 Cinéma
El Cortijo del Fraile, Le bon, la brute et le truand
La critique gastro
Jeux vidéo Le meilleur choix pour noêl
L’institut, une institution...
Foot ASNL
Retour aux sources …
Conso
Inutile et indispensable et autres idées pour Noël
Reportage France
Espaces verts
La mer la plus proche de Nancy – La baie de Somme
Des soupes pour l’hiver
CCC
Le Culture Club du Citadin
LE MÉTRONOME Ce qu’il faudra retenir du mois de novembre 2008
1 novembre Région : A l’issue d’un conseil d’admi-
nistration, M. Seillière a annoncé qu’il quittait la présidence de la Société lorraine des participations sidérurgiques (SLPS), la holding qui gère la fortune de la famille Wendel. Nancy : Un centre de relations clients générant 150 embauches s’installera sur une partie du site Kléber de Toul.
4 novembre Monde : Election présidentielle
américaine historique, avec un taux de participation record de 64,1% (inégalé depuis 1908) offrant la victoire à Barack Obama, premier Président noir à la Maison Blanche qui succèdera le 20 janvier à Georges W. Bush.
5 novembre Monde : Google annonce renoncer au
partenariat commercial avec son rival Yahoo. Les autorités de régulations de la concurrence y auraient vu une situation de quasi monopole… Vraiment ? Nancy : Les parents d’un collégien de Pontà-Mousson (Meurthe-et-Moselle) déposent plainte contre l’un de ses professeurs qui « aurait multiplié des violences verbales » à l’encontre de leur fils de 12 ans, a indiqué l’avocat de la famille, maître Gérard Michel.
6 novembre Monde : Le Fonds monétaire international
(FMI) annonce que les pays développés devraient connaître en 2009 la première contraction (- 0,3 %) de leur produit intérieur brut depuis 1945. La croissance mondiale ne devrait pas dépasser 2,2 %.
7 novembre Monde : Quelques semaines après la faillite
d’Hardy James, la maison de couture de la Reine Elizabeth II, c’est au tour de son fournisseur de porcelaine. Le fabricant de vaisselle Royal Worcester and Spode succombe à la crise. Il a été placé en redressement judiciaire.
8 novembre France : Des sabotages en chaîne sur les voies ferrées par des destructions de caténaires qui ont engendré d’importants retards pour 160 TGV.
9 novembre Nancy : Un mort et trois blessés dont un dans
un état très grave, tel est le bilan d’un accident de la route provoqué par un automobiliste ayant pris à contresens l’autoroute A31 en Meurthe-et-Moselle.
10 novembre Monde : Le Danois Peter Eastgate, 22 ans,
remporte, à Las Vegas, l’édition 2008 des World Series of Poker (WSOP), avec un gain de 9,1 millions de dollars.
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novemb 1 2 3 4 5 6 7 8
France : Très raccord avec l’actualité, le Goncourt est décerné à l’auteur afghan Atiq Rahimi pour son roman, « Syngué Sabour ».
11 novembre Monde : Un juge d’instruction espagnol a
lancé à Madrid, un mandat d’arrêt européen contre un ancien activiste de l’ETA, sorti de prison le 2 août. Il était convoqué en qualité de témoin dans une affaire d’« apologie du terrorisme ». France : A Douaumont, Sarkozy et de nombreux représentants européens rendent hommage aux morts de la Grande Guerre. Nancy : Un feu de détritus provoque l’évacuation de 55 habitants d’une tour de Vandoeuvre-lès-Nancy, sans faire de victime.
12 novembre Région : La communauté de communes
de Maizières-les-Metz et Dumur Immobilier ouvrent à la vente le plus grand Ecoparc de France couvrant 78 hectares à Norroy-leVeneur (Moselle).
13 novembre France : L’auteur présumé de l’attentat qui
avait fait quatre morts près de la synagogue de la rue Copernic à Paris en 1980, Hassan Diab, un Libano-Canadien de 56 ans, a été arrêté, au Canada, sur un mandat d’arrêt international délivré par des juges français.
14 novembre Monde : Réunion du G20 à Washington pour
s’accorder sur une meilleure surveillance de la finance mondiale et un soutien à l’activité économique pour tenter d’enrayer la crise.
Monde : Lancement de la navette spatiale américaine Endeavour de Floride avec à son bord 7 astronautes ayant pour mission de doubler la capacité d’accueil de la Station Spatiale Internationale. France : Un lycéen a été blessé à la tête par une arme à feu devant le lycée Jean-JacquesRousseau à Sarcelles (Val-d’Oise). France : Lancement du congrès du Parti socialiste à Reims. Nancy : Le TGI de Nancy condamne Alain Oger, à 300 euros d’amende pour avoir tenté de faire du chantage à Nadine Morano lors des élections municipales de Toul.
15 novembre Monde : A partir du 12 janvier 2009, les
voyageurs désireux de se rendre aux Etats-Unis devront demander au préalable par Internet une « autorisation de voyage ». France : A l’issue de quatre jours de garde à vue, les neuf personnes interpellées dans le cadre de l’enquête sur les actions commises contre les
voies ferroviaires du 8 novembre ont toutes été déférées devant un juge antiterroriste.
16 novembre Monde : Un superpétrolier saoudien qui transporte dans ses cuves quelque 2 millions de barils de brut, est détourné par des pirates.
17 novembre
Monde : Le procès des complices présumés des assassins de la journaliste d’opposition Anna Politkovskaïa, tuée par balles le 7 octobre 2006, s’est ouvert à Moscou sur une surprise de taille : ni le commanditaire ,ni le tueur ne figurent sur les bancs des accusés. France : La cour d’appel de Douai (Nord) a infirmé l’annulation d’un mariage prononcée le 1er avril à Lille et motivée par le fait que l’épouse avait menti sur sa virginité. Région : A Thionville l’ancien député-maire Jean-Marie Demange tue de deux balles son ex-maîtresse, Karine Albert, avant de se donner la mort à son tour.
19 novembre
France : Le conseil des prud’hommes de Nanterre replonge dans les années 1940. 17 anciens mineurs ou leurs ayants droit s’adressent à la juridiction du travail considérant avoir été injustement licenciés en 1948 et en 1952. Les Charbonnages de France les avaient mis à la porte pour avoir participé aux grèves qui éclatèrent à l’époque dans les bassins houillers avant de les expulser de leurs logements.
20 novembre
Monde : Le prix du pétrole s’écroule sous la barre des 50 dollars. France : La Bourse de Paris plonge, le CAC 40 lâche 3,48 % et termine sous la barre des 3 000 points pour la première fois depuis plus de cinq ans.
22 novembre France : Martine Aubry succède à François
Hollande à la place de premier secrétaire du parti socialiste avec 42 voix d’avance sur Ségolène Royal qui conteste cette élection.
23 novembre
France : L’importateur français du Taser est débouté par le TGI de Paris dans son action en diffamation contre Olivier Besancenot, qui avait affirmé que le pistolet à impulsions électriques avait provoqué des morts aux Etats-Unis.
25 novembre
France : Le conseil national doit départager, Ségolène Royal et Martine Aubry. Les militants socialistes assistent, eux, impuissants, à la bataille de légitimité que se livrent les deux camps. Nancy : Dix des douze salariés du greffe du tribunal de
2008 bre
STUDIO METROPOLIS
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commerce de Nancy ont entamé une grève illimitée pour obtenir le départ du greffier en chef qu’ils jugent « incompétent ».
26 novembre
Monde : Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, propose un plan de relance représentant 1,5 % du produit intérieur brut (PIB) des vingt-sept Etats membres. Le montant total de ce plan s’élève à 200 milliards d’euros. Monde : Attentats à Bombay qui font plus de 188 morts dont Loumia Hiridjee, la cofondatrice française de la marque française de lingerie Princesse Tam Tam. Région : L’annonce était en ligne sur eBay : « A saisir avant délocalisation à Metz : Insee, Institut national de la statistique, avec ses 6 000 agents fournis avec leur matériel de travail. » Mise à prix : 375 000 euros, soit « un peu plus de 50 euros par agent » précise l’annonce.
Espaces BRAJOU
Noël d’enfant
27 novembre
Monde : Les Etats membres de l’Union européenne ont approuvé l’adhésion de la Suisse à l’espace Schengen.
28 novembre France : La cour d’appel de Paris a estimé
© BERTRAND GUAY (AFP)
que la poupée vaudou à l’effigie de Nicolas Sarkozy constituait bien une « atteinte à la dignité » du chef de l’Etat. Elle a néanmoins autorisé sa commercialisation sous conditions, en demandant à l’éditeur d’apposer sur tous les emballages un bandeau précisant le contenu de la décision de justice. France : Claude Lévi-Strauss fête ses 100 ans.
30 novembre France : Vittorio de
Filippis, l’ex-directeur de la publication
du quotidien « Libération » est arrêté à son domicile dans le cadre d’une affaire de diffamation.
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FOCUS - DÉCEMBRE 2008
Noël à Nancy . « Compression atmosphérique », les vapeurs de la ville tentent de réchauffer l’air...
FOCUS-DÉCEMBRE 2008
Dans les vosges ! Décompression ludique sur les pistes revêtues d’un beau matelas de neige.
BRÈVES PAS VRAIMENT « GAY FRIENDLY »
Longuet dérape en direct
« J’avais une question malicieuse, mais je la poserai plus tard. C’était de savoir où commençait et où s’arrêtait l’homophobie […] Certes, c’est extrêmement réjouissant de savoir que l’on promeut en effet des formes nouvelles de sexualité dans l’école. Et qu’on combat en même temps la pédophilie. Y a quand même un moment où il faut savoir (se) sur quelles valeurs on s’arrête, mais enfin. » C’est en ces termes que le Sénateur de la Meuse, Gérard Longuet, a sereinement assimilé homosexualité et pédophilie, le 10 novembre, sur une vidéo mise en ligne sur le site du Sénat. Cette « petite phrase » est sortie lors d’une audition du Ministre de l’Education Nationale, visiblement dépité par cette douteuse saillie. Les associations de défense des droits des homosexuels de la région telles que Couleurs Gaies sont immédiatement montées au créneau afin de dénoncer ces paroles « Sordides et injurieuses » selon les propres termes de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations. PEOPLE MOUILLÉE
Manaudou : Alerte à Malibu Nouveau casting pour la série culte dans les bassins de Saint Dizier. Après les Jeux Olympiques, Philippe Lucas estimait que son ancienne élève « ne pouvait que rebondir ». Il ne pensait pas si bien dire. Car lors de ses entraînements dans la piscine vosgienne la nageuse arborait une toute nouvelle silhouette plantureuse : version doubles flotteurs sans doute pour améliorer ses performances romantiques plus que sa flottabilité qui laisse à désirer. Après avoir été l’égérie de la marque Lancel peut-être envisage-telle une reconversion chez Chantal Thomass ? Info ou intox, nous on ne se mouille pas…
INSOLITE
Les dangers du mobile
Un passager du TGV La Rochelle-Paris s’est récemment retrouvé pris au piège, le bras coincé dans la cuvette des toilettes, en voulant récupérer son téléphone portable. Les pompiers ont du désincarcérer le jeune homme de 26 ans lors d’un arrêt de plus de 2 heures en gare de Surgères (Charente Maritimes). L’homme est sorti du train dans une civière, la cuvette accrochée au bras. Heureusement plus de peur que de mal pour la victime qui n’a pas eu de fracture. Preuve est faite qu’avec les téléphones portables, on ne peut définitivement pas faire deux choses en même temps.
CA SE PASSE PRÈS DE CHEZ NOUS
Les JÉHOVAH sortent du bois
Droit de réponse
Accusations de pédophilie contre projet immobilier : la guerre entamée en 2004 entre Deyvillers et les Témoins de Jéhovah s’enlise dans les tranchées de la construction d’une salle de culte. Chronique d’une polémique.
A
Tarantino zappe la Lorraine
Le bruit courait crescendo : Quentin Tarantino « himself » tournerait son prochain film en Lorraine ! La rumeur disait vrai même si finalement, il n’en sera rien. Et ce même si l’action se déroule effectivement « dans une modeste exploitation laitière de la région de Nancy, en France » d’après le script mis en ligne sur le net. « Film France », l’organisme de promotion pour le tournage des films dans l’hexagone était bien en pourparlers avec la production mais l’Allemagne aura finalement été choisie pour le tournage. Toujours pour des raisons économiques et fiscales... Ce long métrage très attendu, nommé « Inglourious Basterd » racontera l’histoire d’un groupe de soldats juifs américains durant la seconde guerre mondiale pourchassant des officiers nazis à travers l’Europe. Brad Pitt et Diane Kruger, dans les rôles titres, ne passeront pas par Lorraine avec leurs « rangos »… LIBRE PAROLE
« Dans son édition d’octobre 2008, METROPOLIS a publié un article intitulé “ Les Jéhovah sortent du bois ”. Contrairement à ce qui est indiqué, les Témoins de Jéhovah ne gardent en aucune façon le silence sur les atteintes que subiraient des mineurs. Les lecteurs de nos ouvrages et revues savent à quel point nous réprouvons et condamnons avec force ces actes abjects et les dénonçons comme étant une perversion morale qui mérite d’être sanctionnée. Conscients du caractère choquant et immoral de telles agressions et soucieux de respecter la loi, les Témoins de Jéhovah ont pour principe de dénoncer de tels faits et de protéger les enfants qui en sont victimes. Quant à une prétendue “ juste privée ”, nos ministres du culte, comme dans d’autres religions, prennent exclusivement des mesures de discipline religieuse. Mais ils ne se substituent en aucune façon à la justice des tribunaux ou aux Lois de la République, pas plus qu’ils ne dissimulent les actes judiciairement condamnables. » Le président, Jean-Marie Bockaert
près-midi pluvieuse à Epinal. Qu’importe. Parapluies brandis, badges « Témoins de Jéhovah de l’Est » épinglés aux manteaux, six cents personnes rassemblées devant la préfecture des Vosges manifestent dans le calme. Pendant plus de trois heures, les fidèles tiennent le pavé et entendent bien dénoncer les accusations de pédophilie dont ils font l’objet. A l’intérieur, une délégation de cinq personnes - dont Guy Canonici, le médiatique président de la « fédération chrétienne des Témoins de Jéhovah de France », venu spécialement- est reçue par la secrétaire générale des services de l’Etat dans les Vosges. « Nous avons voulu rappeler aux autorités publiques qu’elles ont un rôle de régulateur social » insiste le président des Jéhovah en France. Car comme il le martèle en s’indignant : « Trop, c’est trop. C’est la goutte d’eau qui fait déborder. » La goutte d’eau en question : les accusations de pédophilie portées par l’ancien adepte américain Bill Bowen. Désormais devenu conférencier, l’homme était précisément l’invité le soir même de l’Association de défense de l’environnement de Deyvillers (Aded), qui se bat depuis 2004 contre le projet de construction d’une « salle du royaume » dans la commune. Et là encore, Bill Bowen dénonce. Les manipulations du système, les étouffements systématiques des affaires de pédophilie par la direction de l’église. Il raconte comment il a quitté
18 METROPOLIS N°13 OCTOBRE 2008
UNHAPPHY END
le mouvement en 2000, après qu’il eut découvert des cas de pédophilie au sein de l’église, nombreux, et délibérément non-dénoncés aux autorités policières et judiciaires : « En 2000, lorsque j’ai découvert que l’un des dirigeants avait commis des faits pédophiles, j’ai prévenu le département juridique de l’église. Mais ils m’ont dit que s’il n’y avait pas a minima deux témoins des faits, on ne pouvait pas les dénoncer ». De fait, les actes sont restés impunis, et Bill est parti. Depuis, il a créé un site internet, silentlambs.org, (« Les moutons silencieux »), grâce auquel il a recueilli « des milliers de témoignages de jeunes qui ont été abusés physiquement. » Selon ses informations, il y aurait plus de 20.000 victimes des Témoins de Jéhovah. « Mais les dirigeants de l’Eglise ne font rien et ont refusé d’adopter des recommandations qui obligeraient à dénoncer un acte pédophile ». Bill Bowen le déplore, alors il parle, dénonce, accuse. Pour lui, « Faire un tel rassemblement, c’est une tactique pour intimider les gens et que les Témoins puissent faire ce qu’ils veulent. »
Décomplexés
La goutte d’eau éclabousse et prend des allures de raz-de-marée. Pourtant, selon Guy Canonici, ce ne sont là que « des accusations portées pour désinformer ». L’argument laconique ne suffit d’ailleurs pas à Hubert Sylvestre, membre de l’Aded, qui résume ainsi la raison d’être de l’Association : « le fondement, c’est la protection des enfants :
nous voulons qu’ils aient la liberté de choix et qu’ils puissent s’épanouir en construisant leur propre personnalité. » De son côté, la mairie a sursis à statuer sur la demande de permis de construire, arguant d’une mise en conformité du plan local d’urbanisme avec le schéma de cohérence territoriale des Vosges centrales. De nouveau, le président des Jéhovah en France s’insurge : « Les accusations dont nous faisons l’objet n’ont donc d’autres fins que d’empêcher la construction du lieu de culte. Ces moyens mis en oeuvre portent atteinte à notre honneur et à notre réputation. » C’est aussi d’honneur et de réputation dont il est question quand il justifie le rassemblement de la préfecture. Ainsi, pour lui, à travers la démonstration des Témoins il s’agit surtout de « faire part de notre indignation : les fa-
milles témoins de Jéhovah n’acceptent pas d’être accusées publiquement de sévices sur leurs enfants ». Et il prévient : ils reviendront à Epinal « tant que ces accusations seront proférées ». Décomplexés, à visage découvert et jouant le jeu des médias, les Témoins de Jéhovah sont donc en quête de respectabilité. Ils sont parvenus à ne plus être catégoriés, comme secte par
les rapports parlementaires, et ont obtenu le titre d’association cultuelle en 2002. Reste que les pratiques laissent songeur. L’année dernière, un ancien membre, Nicolas Jaquette, sortait un livre dans lequel il raconte être « rescapé » des Témoins, reprenant les accusations portées par Bill Bowen. A travers leur agitation d’Epinal, les Jéhovah tentent par ailleurs de faire dé-
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river les débats, en se posant comme victime de dénonciations de pédophilie. Ce qui n’est pas le cas, leurs accusateurs ne leur reprochant que leur silence et leur justice privée lorsque porté à leur connaissance des faits de cette nature. Une différence de taille qui illustre le mélange des genres de « l’église » aux millions de membres dans le monde. S.T.
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LES NEVEUX DU CAPITAINE GRANT MANUEL FERNÀNDEZ CABALLERO 30 JANVIER 2009 À 20 H 1ER FÉVRIER 2009 À 15 H 3, 5, 7 FÉVRIER 2009 À 20 H Renseignements 03 83 85 30 60 www.opera-national-lorraine.fr
DIRECTION MUSICALE
Tito Muñoz MISE EN SCÈNE
Carlos Wagner
DIRECTION
Laurent Spielmann
DIRECTION MUSICALE
Paolo Olmi
PROFESSION ORIGINALE
Un champ de bataille, une torche humaine qui surgit d’un brouillard épais au milieu de combats sanglants. Ce n’est pas du cinéma « made in Hollywood » mais une grande production Lorraine où Jérôme Henry exerce son ébouriffante profession : cascadeur. Rencontre avec un accroc à l’adrénaline.
Q
uand certains travaillent dans un bureau les yeux rivés sur un ordinateur, Jérôme Henry se fait renverser par une voiture ou défenestrer. Pourtant cet improbable job n’a rien de fantaisiste mais réside entièrement dans le sérieux de l’élaboration de cascades fascinantes conçues dans la plus stricte maîtrise des risques. Si le métier nécessite d’avoir le cœur bien accroché autant qu’une bonne dose d’inconscience intracrânienne, les cascades ne se réalisent qu’avec l’exigence d’une méthode sans faille, de la patience, et de longues répétitions à la lenteur calculée. Jérôme, en tant qu’ancien policier, possédait à l’origine toutes les qualités requises au niveau de la rigueur et du physique pour pénétrer dans l’univers du film d’action par les coulisses de la réalité. Chargé d’assurer la sécu-
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rité du Palais des Sports porte de Versailles, pendant une représentation de l’Affaire du Courrier de Lyon, il rencontre Igor, le fils de Robert Hossein qui lui lance « toi, t’as une gueule à faire du cinéma. ». Ce dernier lui présentera Guy Di Rigo, un célèbre coordinateur de cascades et doublure « officielle » de Dean Martin qui le fera débuter dans la carrière. Leur première collaboration se nouera autour de « la révolution française », une production à grand spectacle mise en scène par le réalisateur de La
Tour Infernale. Finies les gardes à vue, Jérôme, attiré par les sirènes du cinéma, enchaîne les tournages : « Le voyageur », « The Hitch-Hiker », « Le candidat », « Les hordes », « L’exil » sans oublier des apparitions régulières chez les pourvoyeurs de cascade de la Télévision française que sont le commissaire Moulin et Navarro. Il constituera sa propre équipe de cascadeurs en proposant un large éventail de prestations équestres, automobiles, et de combats à mains nues ou à l’épée. Mais alors que tous les
A cheval, en mer, sur terre ou dans les airs
« L’homme qui tombe à pic »
comédiens cherchent à se hisser coûte que coûte en haut de l’affiche, Jérôme lui, pour atteindre l’avant de la scène se spécialise dans la chute : explosions, défenestrations, renversements de voiture. Une discipline dans laquelle Jérôme, ceinture noire 1ère dan d’Aïkido, excelle.
Une rate et 4 côtes déplacées ! Mais même la plus extrême vigilance ne met pas à l’abri de l’accident.
Jérôme se souvient d’une cascade de percussion de piéton : « Nous étions pressés, j’avais omis de protéger le côté gauche de mon buste. Je sentais que je n’étais pas à l’aise. Lors de la percussion je suis retombé en plein dessus. Ma rate s’était déplacée ainsi que 4 côtes. ». Il mettra un mois à s’en remettre. Devenu très prudent lors de la préparation de ses cascades, Jérôme passe par plusieurs états d’esprit : « Il y a une sorte d’excitation liée à l’angoisse. Je regarde toute l’équipe et passe en revue tout ce qui doit être fait. Je recadre tout. Une fois lancé, mon visage se ferme. Je ne pense plus aux éventuelles erreurs qui pourraient être commises par l’équipe. Je ne pense plus qu’à moi, à faire attention de ne pas en commettre moi même. » Au fil du temps, la peur devient une vieille amie, un moteur du bon déroulement de la cascade en ce sens qu’elle génère le contrôle maximum de la prise de risque. « Le jour où je n’aurai plus peur de rien, j’arrêterai », achève-t-il. Entre deux tournages, Jérôme Henry
assure des formations professionnelles auprès des services de Police et de sécurité dans les domaines des « gestes techniques professionnels d’intervention ». Un double avantage qui lui permet de pratiquer des gestes réels lui donnant toute crédibilité pour ses scènes cinéma et dans le coaching des acteurs. Le travail de Jérôme sera visible prochainement dans la série « les invincibles », une adaptation d’une série canadienne à succès, diffusée sur Arte. Sans oublier le tournage d’un clip en juin pour la prévention routière avec une cascade à haut risque qu’il prépare patiemment. Déjà imprimé sur la pellicule, Jérôme rêve naturellement d’obtenir de vrais rôles d’acteur et projette de produire également un spectacle sons et lumières. « J’aime le côté fil du rasoir. Plus précis que sur un tournage, il n’y a pas de deuxième prise possible face à un public.», conclut Jérôme tout sourire. Allez, elle est bonne, on la garde ! EMILIE LANDO
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CA SE PASSE PRÈS DE CHEZ NOUS Interpellations musclées, gardes à vue, pressions, sursis à mariage, intimidations, perquisitions, confiscation de passeport, opposition à mariage, surveillances de police :
“ Le mariage Hortefeux ”
Pour se marier à la Mairie de Saint-Mihiel, petite ville clouée en Meuse, les époux Manieca ont vécu pendant 2 ans un impensable chemin de croix. Camerounaise en situation irrégulière, Hélène Sondy-Ebole a bénéficié de toutes les attentions de la mairie, de la Préfecture et du Parquet, unis pour lui faire vivre le pire : un cauchemar où la suspicion de culpabilité l’emporte sur la présomption d’innocence dans un déni formel des droits les plus élémentaires. Celui de se marier, en situation régulière ou pas. Cet emballement procédurier et cette débauche de moyens pour une seule personne sont-il une conséquence directe de la politique des quotas en milieu rural ? Publication des bans de l’affaire.
C
e mariage aurait pu ne jamais avoir lieu. La mairie de Saint-Mihiel a distillé son intime conviction à la Préfecture qui a transmis au Parquet : il ne peut s’agir que d’un mariage blanc. Même si le couple est déjà formé depuis trois ans, même si deux familles veulent assister à cette union d’amour, même si l’évidence d’une communauté de vie le prouve… Pourtant le discours a failli donner raison à la méthode. La flamme du mari pour sa compagne a même un temps vacillé face à la conviction d’un policier persuadé et persuasif : « cette africaine a vu en vous une proie facile. Elles font toutes ça pour les papiers », lui aurait-on rabâché pendant sa garde à vue. Jhonny est originaire de la Réunion, c’est un homme simple qui travaille dans le BTP et veut se conformer au modèle du bon citoyen. La perspective d’être dans l’illégalité l’inquiète. Sa compagne a été mise en garde à vue, il a été mis en garde à vue, bien que paradoxalement considéré comme une victime, des policiers ont longtemps campé devant leur maison, le couple ne comprend pas le pourquoi d’un tel acharnement. Contrairement à tout ce qui leur a été faussement affirmé par les services de la mairie, leur avocate, maître Brigitte Jeannot insiste : « vous avez parfaitement le droit de vous marier ». La bataille locale se poursuivra devant le TGI de Bar-le-Duc qui leur donnera raison. Alors enfin, un samedi d’octobre, tandis qu’une autre femme s’immolait au Mans pour protester contre l’expulsion de son compagnon vers l’Arménie, Jhonny Manieca conduisait
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Hélène devant un adjoint au maire opportunément absent. En montant les marches, le couple jette des coups d’oeil anxieux aux deux véhicules de police banalisés qui croisaient aux abords. Depuis 7 jours, la future mariée n’a pas osé sortir de sa maison de peur d’être interpellée. La présence militante d’une délégation de SOS RACISME PARIS, de la ligue des Droits de l’Homme, du Comité contre le racisme de Gerardmer
“ CETTE AFRICAINE A VU EN VOUS UNE PROIE FACILE. ELLES FONT TOUTES ÇA POUR LES PAPIERS ” et de quelques médias locaux, rassure un peu le couple qui en ce jour ne voudrait pouvoir songer qu’à son bonheur. Mais en dépit d’une demande de régularisation en cours, les époux craignent que ne soit encore tendue à Hélène une ultime souricière. Tout commence en 2005 par une heureuse rencontre qui a le malheur de s’effectuer via une agence matri moniale. Une démarche sans doute à l’origine des soupçons sur la sincérité du couple. Mais dans les faits, Jhonny qui travaille régulièrement sur des chantiers à Paris où réside Hélène, se forme peu à peu une histoire d’amour faite de rencontres régulières et de séjours partagés entre la région Parisienne et SaintMihiel. Si dans la capitale leur relation est rendue invisible par la multitude, à l’inverse, les allers et retours d’une inconnue noire semble attirer l’attention
dans la petite commune meusienne. « Oh, mais moi je suis ce dossier depuis longtemps », avait affirmé à l’avocate du couple, un policier de la PAF d’Ecouvier lors de la garde à vue de Jhonny. En 2006, dans la perspective d’un mariage, Hélène et Jhonny se rendent à la Préfecture de Meuse pour se renseigner sur les possibilités de régularisation d’Hélène venue en France avec un visa court séjour. En 2007, ils vont à la mairie de Saint-Mihiel pour chercher un dossier de mariage. Contre toute attente, l’adjoint qui les reçoit affirme qu’Hélène doit être en situation régulière et que la loi exige qu’elle ait un visa. Le couple résolu à s’unir, se renseigne et découvre que rien, absolument rien dans la loi ne les contraint à régulariser Hélène avant de se marier. Alors ils déposent le 15 juillet 2008 un dossier en mairie. Le mariage aura lieu le 23 août. Les faire-parts sont postés, les vêtements achetés, le traiteur programmé et les bans publiés…
Seuls contre tous
A quelques jours du mariage, Hélène reçoit un appel de la mairie lui signifiant qu’elle a un courrier à lui transmettre relativement à son « projet de mariage ». Hélène s’y rend immédiatement pour être reçue par une secrétaire et un adjoint. On lui affirme que le mariage ne pourra pas être célébré au motif qu’un document émanant du Consulat de France au Cameroun manque. L’adjoint lui indique également qu’elle doit légalement répondre à un questionnaire qui sera transmis au Procureur de la République. Elle s’exécute et répond à un véritable questionnaire de police. Cho-
quée, Hélène demande si elle doit annuler le mariage. En l’espèce, la réponse est positive. En colère, elle retourne à la mairie accompagnée de sa future bellemère. Même réponse. Ils contactent l’Ambassade au Cameroun surprise, qui n’a jamais reçu de courrier dans cette affaire et explique que comme le mariage ayant lieu en France, les représentations consulaires ne jouent aucun rôle…. Le lendemain, elle reçoit un coup de fil à 8h30, d’une personne se présentant comme le « directeur des services muni cipaux » qui lui demande de venir en Mairie le plus vite possible. Hélène s’y rend en donnant rendez-vous sur place à sa belle-mère et à sa belle sœur. Arrivée à 100 mètres de la mairie, elle est violemment interpellée par des policiers qui lui arrachent son sac et bloquent sa bellefamille. Embarquée, ils la conduisent au domicile conjugal et lui confisquent son passeport. Les évènements suivent un déroulé invraisemblable. Chez elle, ils investiguent chaque pièce en prenant des notes. « Ils m’ont dit qu’ils faisaient ça pour tous les couples, même les français », affirme Hélène. Placée en garde à vue, elle est interrogée toute la journée par plusieurs personnes qui fouillent son intimité. On lui demande même la date de ses premières relations sexuelles.
Hélène est d’autant plus perturbée que les policiers savent beaucoup de choses sur elle, jusqu’au lieu et jour d’achat de sa robe de mariée. A 19h, la garde à vue est levée, mais ils gardent son passeport et lui ordonnent de ne pas quitter SaintMihiel en l’abandonnant à Montmédy, un village éloigné qu’elle ne connaît pas. De retour, elle constate qu’un fourgon de gendarmerie stationne devant sa porte. Le manège durera quelques temps. La PAF persuade Jhonny de se présenter avec son épouse au poste pour
“ POURTANT NOUS NE SOMMES PAS DES CRIMINELS ” se voir notifier une mesure d’éloignement sans quoi la préfecture prendra un arrêté de reconduite à la frontière. Ils obéiront. Quand Jhonny se présente à la PAF il est directement placé en garde à vue pour « aide au séjour irrégulier des étranger » quand bien même cette disposition ne peut s’appliquer à un conjoint. Jhonny est remis en liberté par son avocate tandis qu’Hélène prend la fuite, une cavale qui la conduit seule, apeurée à droite et à gauche. A la pluie d’irrégularités s’ajoutent les cafouillages
de procédures. Le 10 septembre Maître Jeannot reçoit enfin la décision de « sursis à célébration de mariage » prévu le 23 août. Et le 23 septembre, le couple reçoit alors l’ultime coup de massue « une opposition à mariage » comportant des erreurs, mais une opposition qui ne peut être levée que par un Tribunal. L’affaire sera gagnée devant le TGI de Bar-leDuc qui prononce la nullité de l’opposition, les éléments à charge relevant plus de la suspicion organisée que d’une preuve certaine. Malgré le jugement, la mairie de Saint-Mihiel traînera encore les pieds pour fixer une nouvelle date. Toujours sans papier, l’avocate a déposé une demande de régularisation auprès de la Préfecture qui insiste pour qu’Hélène s’y rende en personne. Pourtant, la Préfecture refuse à ce jour de délivrer à Hélène un motif de convocation claire. La jeune mariée craint encore une souricière. « Pourtant nous ne sommes pas des criminels », interroge Hélène qui voudrait marcher dans les rues de SaintMihiel la tête haute. Une source judiciaire proche du dossier confie atterrée : « Cette procédure est ridicule. Surtout quand on pense aux vrais dossiers qui eux n’avancent pas ». Pas de « Realpolitik » dans celle des quotas. SÉBASTIEN DI SILVESTRO
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VOUS N’AVIEZ RIEN COMPRIS Le petit résumé des grandes histoires Dérive meurtrière à Thionville
L’affaire Jean-Marie Demange Le 17 novembre dernier, Jean-Marie Demange, député et ex-maire de Thionville, tue sa maîtresse à coups de pistolet avant de mettre fin à ses jours. Retour sur le fait divers qui secoue la Lorraine.
L
e parcours de Jean-Marie Demange est celui d’un fils de notable dont la carrière fut lancée par son père, longtemps maire de Maizières-lès-Metz. Médecin de formation, il brigue la mairie de Thionville une première fois en 1989 sous les couleurs du RPR, mais échoue face au communiste Paul Souffrin. Il se fait élire en 1995 et effectue un premier mandat dont on se souviendra surtout pour la rénovation piétonne de tout le centre ville. A la mairie s’installe un animal politique, dynamique et autoritaire, qui met son obsession du contrôle au service de ses rêves de grandeur. Porté par la réussite de ses projets de transformation urbaine, il est réélu en 2001 pour un second mandat. Ce dernier ne sera pas à l’image du premier, de plus en plus enclin à des pulsions paranoïaques et à une attitude brutale, il met mal à l’aise certains de ses collaborateurs, débordés par sa gestion très personnelle des affaires de la ville. Il s’installe un duplex dans la mairie, coupe les micros de l’opposition durant les conseils municipaux, ne supporte pas la contradiction, gère en solo la mairie, se met à boire, s’auto prescrit des médicaments qu’il prend en public, connaît des accidents de voiture. En 2002, il débute une relation extraconjugale avec Karine Albert. La jolie restauratrice thionvilloise, 20 ans plus jeune que Demange est sé-
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duite par le baron politique. Très vite, ils ne se cachent plus. Il l’invite à la garden-party de l’Elysée, la présente parfois comme sa collaboratrice, et finalement l’installe dans un appartement au centre de Thionville, où
elle emménage avec ses deux enfants. Dans la ville, tout le monde est au courant de la double vie de Jean-Marie Demange. Lors des élections de 2007, grisé par le trône municipal, il ne voit pas
sous antidépresseurs. A ses proches politiques il confie son désarroi, l’impression d’avoir tout perdu. Dépossédé de sa mairie où ses collaborateurs rédigeaient jusqu’à sa feuille d’impôt, il vit au plus mal de ne rester « que » député. Karine Albert ne s’accommode plus des sautes d’humeur de son compagnon. L’été venu, elle songe à le quitter et fréquente un autre homme. Le 11 novembre, Jean-Marie Demange est invité par le maire de Thionville à partager les célébrations. La classe politique est au courant de sa dépression et tente de lui redonner un semblant de vie publique. Ce sera sa dernière apparition officielle. Le 17 novembre, il se rend chez Karine Albert. Après avoir passé des coups de fil à sa femme et son fils, éclate une dispute avec Karine Albert, qui tentera par deux fois d’appeler son nouveau compagnon. Peu après, des témoins voient Jean-Marie Demange battre Karine Albert sur son balcon. Il avait emporté avec lui un pistolet de la deuxième guerre mondiale. Il tire une première balle dans le flanc de sa victime avant de l’achever par une autre, dans la tête. Puis, il met fin à ses jours. le danger venir, et persuadé d’être ré élu, néglige sa campagne pour finalement se faire déloger de la mairie par Bertrand Mertz, pour le compte du parti socialiste. Pour Jean-Marie De-
mange, c’est le début d’une déchéance qui connaîtra une fin funeste. Après avoir passé au broyeur toutes les archives de son passage à la muni cipalité, on le voit traîner hagard,
L’assemblée nationale lui rendra un surprenant hommage par l’observation d’une minute de silence à sa mémoire, geste qui sera vivement critiqué. TAMURELLO METROPOLIS N°14 DÉCEMBRE 2008 / JANVIER 2009
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ARRETS SUR IMAGES
Le bêtiser de 2008
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PORTRAIT
Roland Grünberg “ Réaliste de l’irréel” (Jean Cocteau)
Comme un loup au milieu des chiens Ecrire que Roland Grünberg fait partie des graveurs les plus importants de notre temps serait honteusement réducteur. Car si chacun a croisé au hasard une de ses images sombres et envoûtantes, torturées et rieuses, éternelles et fugaces, dédiées aux hommes de paix, aux philosophes, à la femme qui est toutes les femmes, tracées de millions de points comme l’univers est fait de molécules, de lignes de forces changeantes comme posées sur le temps, sculptées dans l’écorce, la mousse, le lichen vivant, matériaux naturels d’une écriture qui n’impose rien mais suscite toutes les interprétations, l’artiste demeure une énigme de la destinée. Un modèle d’être humain à part, un syncrétisme marginal, une transfiguration de Bouddha universel aux accents de Mittel-Europa, un rabbi athée vêtu d’un boubou africain qui enseigne en buvant de la vodka… Simplement « a Mensch », un homme de bien, collectionnant les diplômes en psychologie, philosophie, sociologie, arts, lettres, linguistique, droit, sciences politiques et formation professionnelle…comme de modestes feuilles tombées logiquement d’un même arbre. Ses 4 500 œuvres ont été exposées plus de 300 fois dans le monde entier. A Nancy, Roland a initié le Festival Mondial de Théâtre, accompagné les premières heures du NJP, de la Biennale de l’Image… Cocteau, Mendès France, Léonor Fini et la Comtesse Tolstoï ont été soufflés par son travail. Rencontre avec un poète intégral.
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PORTRAIT Roland Grünberg
P
énétrer chez Roland Grünberg relève du parcours initiatique. L’explorateur y découvre des montagnes symboliques de gravures de toutes époques érigées en strates sédimentaires. On se déplace avec respect, comme traversant une sente, de peur de provoquer par un mouvement trop brusque une avalanche d’œuvres tirées sur papier chromoluxe. Du monticule gauche, Roland Grünberg tire avec habileté, preuve d’une organisation parfaite, un portrait de Gombrovitch, puis un autre d’Emile Gallé apportant son soutien à Dreyfus. Le poète s’offusque toujours d’une voix puissante : « Tu te rends compte qu’ils ont réussi à ruiner Gallé, il n’avait plus de client. D’abord Maurice Barrès vient visiter son atelier et il le félicite pour la gloire de la France. Puis Maurice Barrès se lance contre Dreyfus et rassemble des gens devant l’Est Républicain pour aller insulter les juifs et éventuellement aller leur taper dessus à la synagogue. Emile Gallé crée la ligue des droits de l’homme à Nancy et du coup plus de client ! Tu vois dans ses yeux se reflètent à la fois la flamme et les cristaux.» Trônant sur la pièce, le Dieu Ganesh,
cousus comme le monstre de Frankenstein et dirige l’armée furieuse qui dans les traditions allemandes et vosgiennes les nuits d’orage, traverse le ciel. Arlequin c’est le Erlkönig des allemands et l’Erlking en anglais, le roi des Aulnes ! » On se fraye un passage entre les gravures d’arbres priapiques, de femmes chat, de démons, de Rousseau, de d’Alembert, de Mendelssohn et d’Avicenne, pour atteindre une minuscule trouée faisant office de cuisine, cernée par les piles d’archives et de livres ployant dangereusement sous leur propre poids. Ici, comme partout ailleurs, l’artiste vient déguster sa collection de délicieuses vodkas. Il confie volontiers, avec fierté, ne pas vivre réellement dans un appartement mais dans un campement, une roulotte voyageuse... Roland Grünberg n’a ni femme, ni enfant. Bien que la femme, sujet central dans son œuvre, soit de son propre aveu malicieux, un sujet sur lequel « il aime à s’étendre ». Une photo de sa jeunesse polonaise restitue ce regard pénétrant derrière l’obscurité de ses lunettes fumées, un visage habillé de pommettes hautes et d’une bouche en cœur souriant d’un mystère qui n’en fait pas, aligne les éléments alchimiques d’une formule érotique éprouvée. Amant de passage passionné. Culture immense d’un homme déra-
le « seigneur des catégories » affiche son éléphantesque bienveillance. Surnageant à peine d’une mer de gravures, la sculpture en bois originale d’un prince oriental décédé poursuit la visite par la légende d’un peuple inconnu... Chaque centimètre carré recèle de marionnettes sacrées hindoues dont Roland Grünberg connaît chaque histoire particulière, il n’en possède pas 3 000 comme s’en étonnait un journaliste japonais, « mais chacune d’elles », personnellement, intimement. C’est toute la différence. L’artiste comme un passeur truculent guide le voyageur dans le ventre-monde de son appartement-atelier. Brusquement, il se saisit d’un masque d’arlequin terrible fait de cuir martelé de pommettes saillantes comme des os et reprend pour son hôte la voix du conteur : « tu regardes Arlequin comme une sorte de personnage funambulesque, confetti, léger mais si tu prends ton dictionnaire Larousse tu regardes Arlequin : nom d’un démon du Moyen-Âge, c’est le roi des morts vivants, il est fait de morceaux de cadavres
ciné, émerveillé d’un monde à transmettre au fil du hasard. En toute chose, Roland Grünberg pratique une forme d’égoïsme à l’envers où donner devient synonyme de prendre. Une autre gravure cadre le visage penché d’une mère veillant son petit garçon assoupi. « Mayn Yingele » : mon petit garçon. Deux mots possédant en yiddish une force singulière. Alors, quand Roland Grünberg parle de sa mère avec la pudeur du lien le plus étroit, il reprend le fil d’une longue mémoire qui ne le quitte pas. A sa naissance, à Strasbourg, en 1933, cet enfant était déjà le maillon suivant d’une histoire douloureuse dont le chapitre le plus noir introduisait sa mécanique de destruction. 1933 : Adolf Hitler accédait à la Chancellerie allemande, les S.S. et les S.A. devenus officiellement une police auxiliaire entamaient cette ère de terreur par la chasse aux communistes et l’incendie du Reichstag. La propagande nazie infestait une Allemagne qui se commuait en IIIème Reich. Les violences contre les juifs débutèrent en même temps que les travaux
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de construction de Dachau. 35 000 juifs quittèrent le pays, 20 000 livres « séditieux » furent brûlés en place publique… Cet avenir appartient aujourd’hui à la mémoire. Mais pour Roland, comme pour toutes les populations d’Europe, ce départ de feu s’apprêtait à encercler son enfance.
Nuit et brouillard. L’histoire n’était pas neuve. La
Russie et la Pologne stigmatisaient déjà les familles juives depuis le début du siècle. « Mon grand-père était tailleur. Puis il y a eu la révolution et la cavalerie est devenue la cavalerie rouge qui s’est illustrée par des tas de massacres juifs. Alors mon grand-père a compris qu’il n’avait pas plus à faire au pays du Tsar qu’au pays des bolcheviques. Il est parti en Autriche, puis en Hongrie. Là, il s’est marié et a eu tous ses enfants, y compris mon père. Quand ils étaient petits, les enfants ne pouvaient pas aller à l’école. Pour que les autres aient de quoi vivre, mon père, à l’âge de 4 ans, montait sur les toits pour casser la glace à coups de hache. Il gagnait sa vie en étant homme de ménage et cassait le verglas devant les magasins. Ma mère vivait à Lodz, en Pologne, sous administration russe. Les juifs n’avaient pas d’existence légale parce qu’ils ne bénéficiaient pas d’un baptême chrétien comme les protestants, les catholiques, les orthodoxes or c’était le baptême qui conférait le droit à la carte d’identité. Donc ils n’existaient pas, pas de passeport ni de truc comme ça. Le père de ma mère était boucher rituel, dès le début de la guerre ils ont amené les juifs à se bousiller les uns, les autres polonais contre russes et donc ma mère à l’âge de 2 ans s’est retrouvée orpheline. Sa mère s’est laissée mourir. Elle cherchait de quoi manger aussi ma grand-mère disait « vas au cimetière demande à ta maman de te donner à manger ». Il fallait donc qu’elle aussi travaille. A 4 ou 5 ans elle piquait des couvertures dans des ateliers pour enfants. Par la suite avec sa grand-mère aveugle au bout de la main, elle est partie de Pologne et de pays en pays, elle voulait arriver dans ce pays où l’on disait : heureux comme Dieu en France. Et là, en 1920, quand ma mère avait 8 ans, ils arrivent à Strasbourg. Mon grand-père a installé un atelier où les gens parlaient yiddish, hongrois, polonais, russe… », récite Roland, ironique. Car les Grünberg étaient loin d’avoir trouvé un havre de paix. L’anti-sémitisme alsacien vrillait la vie du quartier. Roland a vécu ses premières années aux rythmes des rumeurs de terreurs grandissantes apportées par les juifs qui s’étaient arrachés à leur terre d’Allemagne. Et tandis que ses petits copains alsaciens proposaient régulièrement des virées pour camper dans les coins de Schirmeck, célèbre pour ses bières, d’autres juifs parlaient de cette région avec les larmes dans les yeux en murmurant qu’un camp de rééducation y avait été construit non loin de ce mystérieux Struthof… « Mes parents ont adhéré au Bund (la ligue communiste) et tous les soirs, avec un certain nombre de juifs de là-bas, on nous faisait chanter l’internationale en yiddish. J’avais mon petit costume (mon père était tailleur) des brigades internationales et je faisais ma prière en Ruhrdeutsch pour que Dieu punisse les vilains fascistes et que la république triomphe. Ensuite, étant juifs apatrides, mon père a fait la demande de nationalité soviétique. Elle est arrivée mais dès le début de la guerre, du coup, ils ont interné
Vigilance
Berceuse pour endormir la faim de fifille et son chaton
Article édité dans un journal chinois, Singapour 1974
Illustrations pour le livre Le Messie de Dune de Frank Herbert
PORTRAIT Roland Grünberg mon père dans les camps de travailleurs étrangers. Il s’est évadé à la veille de partir pour les camps de concentrations, les autres ne sont pas revenus », se remémore Roland. Pour échapper aux rafles, ses parents l’envoient régulièrement se cacher dans la forêt. Seul, sans repère, il mange des champignons et des châtaignes crues. Roland se réfugie dans un monde imaginaire en fabriquant des marionnettes avec des feuilles et des branchages, créant mentalement un théâtre de la nature composé de formes extraordinaires et de matières primaires qui, bien plus tard, deviendront sa signature. Mais
en haut à gauche : Roland Grünberg en Pologne en haut à droite : Pierre Mendès France au vernissage en bas à gauche : Défilé des chars de Roland Grünbergdu 1er NJP en 1973 en bas à droite : Roland Grünberg dans son atelier avec un modèle
alors qu’il a dix ans, un jour qu’il ressort de la forêt, on lui dit que ses parents on été emmenés pour être brûlés vifs dans un four crématoire. Roland devient en un coup fatal du destin, un orphelin ne parlant pas un mot de français mais seulement le yiddish et l’allemand face à des bûcherons alsaciens qui l’appellent « le boche ». La violence de ces évènements tragiques décuplera la volonté du jeune Grünberg qui trouvera en lui les ressources nécessaires pour survivre, moins par chance que par acharnement, à ce chapitre sans espoir.
Du jazz au sanatorium.
Des années plus tard, Roland retrouvera finalement son père à Strasbourg et sa mère à Nancy. Mais le sort s’acharne, à 17 ans, il tombe « tubard », gravement malade de la tuberculose. Avec quelques copains, également atteints, ils subissent une intervention chirurgicale ratée qui les condamne à une longue et hypothétique conva-
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lescence. Dans les dortoirs Roland met la musique à fond, la musique d’une nouvelle époque, un rythme à faire vibrer les murs, une architecture d’émotions folles : that’s jazz. Roland découvre Coleman Hawkins, Chet Baker et les autres qu’il gravera pour l’éternité… En attendant, Roland voudrait voyager, mais son état comme les médecins le lui interdisent. Qu’importe, sans un sou en poche, il partira en Scandinavie… Pour manger, malgré son état, il travaillera sur le chantier d’un aéroport en portant des sacs de 50 kilos. La lumière de l’aventure lui débouche l’horizon. A son retour, les médecins constatent médusés sa complète guérison ! Vers 1954, il s’inscrit à l’école des Beaux Arts de Nancy où il se fait rapidement connaître du public nancéien via des créations publicitaires, des collaborations avec l’Est Républicain, et des interventions dans de nombreux milieux. Pourtant aux Beaux-Arts, son travail est jugé « pas assez français » ! Roland en concevra sans doute une sincère antipathie pour les formes d’enseignements trop scolaires à l’origine de ses futures méthodes personnalisées. Roland Grünberg devient alors un véritable magma créatif présent sur tous les fronts, ses voyages dans le monde se succèdent notamment en Afrique occidentale où il anime un théâtre de marionnettes itinérant avec des amis sénégalais et soudanais. Roland Grünberg n’est pas un planificateur de campagnes militaires, il part, simplement en se laissant guider par la musique du hasard en savourant les rencontres intéressantes comme autant de cadeaux. En France, il s’occupe d’un si grand nombres d’activités culturelles et d’enseignements artistiques qu’il n’a pas 5 minutes pour organiser une exposition personnelle mais a toujours du temps pour un ami. Il exposera pour la première fois à Nancy, en 1959 avec un groupe baptisé « jeune gravure » qui marquera le poète Philippe Soupault. La même année, il signe les costumes de la première française des « Aieux » de Mickiewikz devant un parterre notamment composé de représentants consulaires de Pologne qui lui vaudra d’être invité en résidence par la Ministre de la culture et des arts. Roland Grünberg y résidera 30 mois dans tourbillon vertigineux de créativité fait « d’animations culturelles, gravures, arts du livre, affiches, marionnettes, constumes de scènes, scénographie pour la télévision et les
théâtres d’essai, formation d’acteurs, psychanalyse des textes, tout en s’occupant des relations publiques internationales du théâtre de Jerzy Grotowski, à cette époque encore méconnu du grand public européen ». Une profonde amitié se noue entre Grünberg et Grotowski qui deviendra le grand réformateur du théâtre du 20ème siècle en replaçant l’acteur au centre du dispositif via sa méthode interprétative. Pour sortir d’une Pologne cloisonnée par le rideau de fer, ce dernier demande à Roland de retourner à Nancy pour y créer un festival de théâtre permettant de l’inviter.
Festival mondial de théâtre, NJP, Bouddhisme, psychologie, droit, sociologie, philosophie, politique, encyclopédies, gravures, publicité, ressources humaines, costumes, décors... Roland s’attelle à la tâche qui vaudra à Nancy
de devenir l’un des grands festivals du théâtre mondial. A l’époque Jack Lang n’était pas chaud pour faire venir cet obscur laboratoire du théâtre polonais et n’a accepté qu’à la condition sine qua non que Grünberg paie tous les frais. Coup de théâtre dû à la formidable popularité qu’allait atteindre Grotowski par la suite, le futur sémillant Ministre de la culture considère aujourd’hui « sa découverte » comme l’une de ses plus grandes fiertés ! Le Festival Mondial de Théâtre de Nancy s’inscrit dans la décade qui allait accoucher de la tempête contestataire soixanthuitarde. Roland n’est pas en reste mais en première ligne. Les idées ont alors le pouvoir du susciter une adhésion ou un rejet viscéral sur la place publique. « Les psychologues diplômés de la fac ont dit ce type là (Grotowski/Grünberg) fait du psychodrame sauvage. Il faut lui faire la guerre ! J’ai dit qu’est-ce que vous voulez les diplômés, bande de pauvres connards, je me torcherais la gueule avec vos diplômes. Je me suis inscrit dans les universités, ce qui fait que j’ai aujourd’hui l’équivalent d’une soixantaine de diplômes. Je vous avais dit que je ridiculiserais vos diplômes. Regardez, moi je révise pendant deux jours et je l’ai avec mention alors que vous avez suivi le cours pendant deux ans, alors qu’est-ce qu’il vaut votre cours ? C’est la démystification du diplôme par la multiplication », raconte Roland en riant encore de ce tour de magie asséné à l’éternelle clique du savoir doctrinal. Devenu un homme de tous les savoirs, Roland Grünberg participe à des encyclopédies de vulgarisation, comme auteur et illustrateur dans des domaines aussi variés que le droit, l’économie, la fiscalité, la femme et le monde. Il fournit des articles à de nombreuses autres encyclopédies sur les arts, la sexualité, la psychologie de l’enfant et de l’adolescent, la sociologie et l’éthologie…. Dans les années 70, alors même qu’il contribue à la création du NJP en dessinant notamment pour la ville des chars de toutes les formes musicales, il s’attache en précurseur aux problématiques du monde du travail, de la communication, des ressources humaines, et de la formation professionnelle. Roland enseigne également dans plus de matières et de prestigieuses écoles que cet article a de lignes. Professionnel qualifié en psychothérapie et sociothérapie il distille dans ces disciplines le fruit des autres
expériences en contribuant à l’essor de l’art thérapie, utilisant des masques et des marionnettes pour aider les hommes touchés par l’existence à rejouer des psychodrames libérateurs. C’est la contribution à la science de l’orphelin des forêts cerné par la guerre, l’expérience réussie d’une auto-psychanalyse par le voyage, la culture, l’art et les rencontres. Depuis des années, il produit une œuvre pléthorique et ébouriffante, sur les sujets les plus complexes à l’eau forte de la simplicité. Dans les années soixante, Roland dessinait une clope au bec des visages de femmes chat au comptoir de la Scala, petit bar parisien où les étudiantes ne faisaient pas de mines… Passionné de philosophie orientale et grand connaisseur de la Bhagavad Gita, les vieux bouddhistes n’hésitent pas à lui demander son aide pour expliquer aux jeunes générations qu’il ne faut pas adorer comme des dieux les figures de Vishnu ou du prince guerrier Arjuna, mais les voir au contraire comme des symboles, des représentations, des modalités du combat éternel entre les forces du bien et du mal, couple fraternel en équilibre précaire. Issu de la culture du shtettel, baigné de récits talmudiques bavards commentant à chaque génération les commentaires de la précédente avec une forme d’humour pédagogique, bercé par les légendes du Golem, déchiré par la guerre, rejeté par les uns, accueilli par les autres, parti à la rencontre du monde, de ses paysages comme de ses racines particulières et communes, Roland Grünberg incarne aujourd’hui une somme de savoirs universels inséparables et généreux. Comme un loup, il vit seul, jouissant de cette liberté inépuisable de faire, de créer, de rencontrer, de parler quand et comme bon lui semble… Chacune de ses gravures en noir et blanc est comme cri de la mémoire, un cri d’admiration ou un cri d’amour lancé à la lune… Un loup doublé d’un sage doué d’humour. Un sage qui aurait su s’extirper de lui-même pour surplomber le tissage de la pensée et s’apercevoir qu’il ne s’agissait que d’un même fil. Certes, mais un fil très grande qualité… SÉBASTIEN DI SILVESTRO
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L’INTERVIEW
L’interview-bouffe : une franche conversation autour d’une bonne table
Patou Kader :
Tribute to music live ! Dans la famille des personnages discrets faisant les heures chaudes de la ville, Patou Kader est sans aucun doute celui qui génère le plus de décibels. En quelques 30 ans de carrière et plusieurs milliers de concerts à son actif, le directeur général et programmateur du NJP reste une de ces personnes en vue, dans l’œil du cyclone, dont la personnalité se confond totalement avec la fonction. Et pour cause, d’aussi loin qu’il s’en souvienne « Patou » a toujours gravité dans la galaxie musique jusqu’à devenir ce manager exigeant et subtil maîtrisant la science du feu et de l’eau dans la marmite du chapiteau. Au fil de la conversation transparaît une personnalité intégralement investie, dure et simple, à l’affût de toutes les évolutions pour donner à partager les plaisirs de la scène sur un rythme carré. Rencontre hors saison.
Metropolis : Au cours de ta carrière au NJP quels sont les artistes que tu as « senti » venir ? Patou Kader : J’ai fait les premiers concerts de Louise Attaque, Daft Punk, Youssou N’dour, Arno, Gotan Project, Miles Davis, Ismaël Lo, Patrice, Sonny Rollins, tous ces gens là c’est moi qui ai fait leur premier concert.
laisser une petite fenêtre pour que des choses puissent bien tomber même pendant les vacances. Donc on commence en mars à avoir l’architecture du festival sur les concerts en région, à Nancy, les salles que l’on prend ou pas et après on rentre les projets. Ensuite ça monte progressivement, le choix de l’affiche se dessine.
MM : Comment se déroule le cycle d’une année du NJP ? PK : On va commencer le 1er novembre après le festival, régler les factures, débriefer tout ce qui c’est passé dans les différents services de mon équipe essentiellement féminine. Je trouve que les filles sont beaucoup plus sérieuses que les mecs, elles travaillent mieux elles ont moins de défaut et de « vices ». Elles picolent moins et ont plus de respect du travail et de la parole donnée. Je suis ravi de travailler comme ça, elles ont chacune leurs tâches sauf Raymond qui s’occupe de l’administratif. A partir de ça on réfléchit, on fait payer les factures avant la fin de l’année civile. Quant à moi j’écoute, je cherche, je vais sur internet, c’est de l’écoute et de la réflexion. Pas la peine de se dépêcher pour dire j’ai envie de faire ça, il faut laisser le temps au temps. Je suis assez insouciant, il ne faut pas chercher à programmer trop tôt, il faut
M : Pendant l’été c’est l’effervéscence ? PK : C’est vraiment la préparation, on fait les fiches techniques, les éléments pour faire le programme, affiner à mort l’histoire.
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M : Les techniciens sont-ils toujours les mêmes ? PK : Non, je choisis les techniciens en fonction de leur disponibilité, des propositions qu’ils nous ont faites. Ce sont des intermittents, aussi c’est comme les artistes : une question de motivation. Il faut que ça colle avec moi aussi. Je connais suffisamment de gens dans la région et ailleurs qui sont capables de faire le travail, je travaille essentiellement avec des gens de Nancy et de Lorraine, mais si je vois que ça ne suffit plus je vais chercher ailleurs. Je ne veux pas fonctionnariser les postes. Ils ont la chance de travailler au festival, il faut
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L’INTERVIEW Patrick Kader
des compétences et pas l’inverse. Pour quelques uns c’est différent, ils sont sans faille comme par exemple « Mémène » qui fêtera en 2009 ses 20 ans de festival. M : Quels sont les concerts que tu as préféré programmer ? PK : C’est le premier concert de Miles Davis au chapiteau, on aurait dit un concert de rock c’était puissant. Je l’ai vu plusieurs fois en live mais là c’était d’une puissance incroyable ! Il y a eu aussi les « Résidents », des musiciens américains SUZANNE VEGA de la côte ouest, il ne fallait absolument pas voir leurs visages d’ailleurs ils passent cette année, je vais les revoir la semaine prochaine à Rennes. Et puis ce concert tellement fragile de Chet Baker en 1987... J’ai revu le film où on le voit chanter « Let’s get lost », un mec tellement ravagé physiquement avec pourtant un souffle de grâce dès qu’il ouvre la bouche. M : Quand tu as des pointures comme ça, ces légendes comme Miles qui viennent chez toi, tu les vois un peu plus ? PK : Je m’arrange pour les saluer mais je les fais pas chier, on cherche pas à copiner. Je ne suis qu’un organisateur de festival, je ne fais pas de musique moi, je programme des choses et il faut que ça se passe bien avec le public. M : A combien s’élève le budget annuel du festival ? PK : 1 700 000 euros pour le budget de cette année. M : Tu ne trouves pas dommage que pendant le festival, comme dans d’autres villes, l’évènement ne soit pas matérialisé partout dans les rues ? PK : Je me pose la question, ça rame, il y a des obstructions. Il y a des choses qui se font mais qui ne sont pas à la hauteur de l’événement, je le pense sincèrement, simplement nous sommes une association indépendante et on n’est pas directement ville de Nancy, donc on ne dispose pas des mêmes moyens. Nous sommes indépendants et la ville de Nancy a toujours respecté cette indépendance, mais sur un événement comme le NJP j’aurais souhaité un effort plus significatif sur cet anniversaire qui montre un partenariat solide et la confiance mutuelle qui unit une ville et un festival. Moi, je suis nancéien, je dirige ce festival et je suis vachement fier d’être nancéien, être lorrain franchement c’est mon pays, je ne pourrais pas le chanter, mais je le pense !
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M : Tu bouges beaucoup pour aller repérer des groupes ? PK : Ca dépend des années, là j’ai bougé un peu plus mais il ne faut pas reproduire tous les ans les mêmes chemins. En 2009, je vais revoir d’autres festivals que j’ai connus dans le temps et que je vais revoir maintenant pour voir leur évolution comme par exemple Jazz sous les pommiers. On apprend toujours de tout déplacement, je vais voir des festivals que je respecte et qui me respectent avec des gens sympas qui ont du métier, même si on n’a pas les mêmes problématiques. On a souvent des préoccupations et des soucis communs. Cette année je vais aller au Trans Musicales à Rennes la semaine prochaine. M : Comment tu trouves le festival de Marciac ? PK : Je me suis fait chier, ça ne m’a pas plus du tout. J’ai l’impression que tous les amateurs de jazz de la planète francophone vont là bas parce que c’est là qu’est le « jazz ». Alors effectivement bonnes conditions, bon son, bonne musique, je trouve que c’est un festival contrairement à ce qu’on dit qui n’est pas du tout sympa, je critique pas la programmation musicale, mais je me suis emmerdé. M : Et Montreux ? PK : C’est très différent, c’est plutôt la méthode anglosaxonne mais c’est très bien foutu, c’est plus sympa, franchement. Je n’ai pas aimé mon expérience de Marciac mais j’ai aimé les musiques programmées. Je reconnais la grande intelligence d’avoir organisé ce festival en plein mois d’août. Mais quand j’y suis allé, il ne faisait pas très beau alors le côté festif du village était pas top-top. Globalement les ambiances de festival comme ça m’emmerdent prodigieusement. Il faut y être pour voir des gens comme Keith Jarret. On l’a fait à NJP mais c’est un con. J’ai essayé de le refaire en 1988, l’année où on obligeait les artistes à faire deux concerts, le premier était correct et le deuxième ça n’allait pas du tout… C’est vrai que j’ai essayé de le refaire mais son agent nous a dit « si c’est sous une tente ça va pas ». Sauf qu’il l’a quand même fait mais à Marciac parce qu’il avait un très gros chèque. Mais même là il était chieur ! M : Quels sont les musiciens que tu aimerais avoir mais que tu programmeras jamais justement parce qu’ils sont trop diva ? PK : J’aimerais bien refaire Keith Jarret justement M : Il vaut combien Keith Jarret ? PK : Je sais pas au moins 100, 120.000 dollars en trio. On ne va pas faire ça au Zénith et c’est inimaginable sous le chapiteau donc c’est pas possible, on l’a fait et puis voilà super… M : Il y a des batailles de cachets ? PK : Il n’y a jamais eu vraiment de batailles. Ca marche ou pas. Les tourneurs français disent aux tourneurs américains qui redisent aux agents que les cachets sont comme ça et puis c’est tout. C’est l’offre et la demande. Avec l’argent, je
préfère faire plus d’opérations à Nancy plutôt que de tout mettre sur un artiste qui va entre guillemet te faire un super coup. Trois spécialistes de jazz reconnus nationalement vont dire « oui c’est super » mais ça fait pas vendre. M : Tu veux dire que ce n’est pas rentable ? PK : Dans le temps quand on faisait BB King, Miles Davis avec les cachets qu’on leur donnait, c’était rentable mais comme les grands s’en vont avec les autres ce n’est plus rentable… M : Tu veux dire que la génération suivante demande trop cher ? PK : Non, ils n’ont surtout plus le public en rapport puisque le jazz c’était surtout des grosses étiquettes, et les grosses affiches maintenant il faut les trouver. Après on tombe sur les petites et moyennes formations intéressantes au niveau public et qui sont souvent extrêmement talentueuses au niveau musical mais c’est pas parce qu’on a des subventions qu’on va surpayer un groupe qui attire 200 personnes, c’est stupide. M : Quel est le plus gros caprice de star que tu aies eu ? PK : Charlie Haden, cette année. C’est un monsieur qui a 71 ans, un bassiste qui est venu avec Galliano et qui est extrêmement difficile et capricieux. Sur le festival, il ne voulait rien mais à l’hôtel, la première nuit, il voulait pas mal de médicaments pour se réveiller, pour dormir, toute la nuit il demandait toutes les heures qu’on vienne lui ouvrir la fenêtre, qu’on lui la ferme, qu’on lui apporte une couverture des choses comme ça. On savait qu’il était chiant mais il peut être charmant. M : Ton rôle à toi, tu le vois comment avec les artistes ? PK : Je ne suis pas une groupie, je leur demande de jouer :
CAMILLE
DEE DEE BRIDGEWATER
RICHARD GALLIANO
ils jouent. Si je peux avoir des relations amicales tant mieux mais je m’en fiche, c’est un boulot. Il ne faut pas que l’on m’emmerde trop, si les mecs sont sympas, je suis sympa en revanche ils sont payés pour faire ce qu’ils ont à faire. M : Comment fonctionnent les maisons de disque avec le festival ? PK : Les attachés de presse des maisons de disque bossent peu, ils se contentent d’envoyer des newsletters : « voilà il y a des disques qui sortent vous pouvez les avoir », ça concerne essentiellement Universal. Les attachés de presse de maison disque de jazz devraient plutôt envoyer aux festivals qu’aux journalistes, ce sont des gens qui vont les recevoir en
L’INTERVIEW Patrick Kader
clientèle. Je reviens sur Siggy qui jouait au Frantel, le Park Inn maintenant, il y avait une animation au bar du Frantel qui était reconnu à l’époque comme un bon bar chic d’hôtel de Nancy. Il avait une nana folle de lui qui lui léchait les doigts pendant qu’il jouait sur le piano tellement elle aimait son jeu…
STANLEY CLARKE / MARCUS MILLER / VICTOR WOOTEN
deux ou trois exemplaires et qui ne vont pas les écouter et qui finalement pèsent peu... M : Alors comment tu trouves les artistes, sur My Space ? PK : Oui-oui mais My Space est récent dans le jazz. Tu prends Ron Carter, il n’y est pas, ce sont des mecs d’une autre génération. Les plus jeunes essayent de faire ça, comme ça on peut avoir une première approche. Par contre tous les groupes ont un site maintenant. M : Aujourd’hui sur la scène jazz, c’est quoi une bonne vente de disques ? PK : 25 000 exemplaires, c’est déjà une très belle vente. Curieusement le marché du jazz a été plus touché que la musique classique. Il y a 5 ans le marché était pratiquement identique, ce n’est plus le cas maintenant. Le classique résiste mieux, il y a des coffrets qui sortent avec pas de droits à payer. Personnellement je n’ai jamais téléchargé quoi que ce soit, j’aime trop les objets, les pochettes.
M : Quels sont les qualités et les défauts qui te caractérisent ? PK : Je suis assez opiniâtre en fait, je sais ce que je veux et je le fais à ma façon. Quand je veux quelque chose, j’essaie de me donner les moyens sans être suicidaire. On dit parfois que je suis un peu radin, en fait je suis soucieux de l’économie de la structure, j’essaie de ne pas claquer et quand je dis « là j’ai un peu trop investi », je récupèrerai après. Si le festival fonctionne et est solide aujourd’hui c’est parce que je le gère comme si c’était une boîte. M : Tu es quelqu’un de difficilement cernable… PK : Je me protège, on y a tous droit, je fais parfois des conneries qui se voient, je suis au service des autres, il y a mes amis, ils me connaissent, ils m’accompagnent, ils connaissent mes quelques qualités et mes travers. Je représente surtout une manif mais en dehors de çà ceux qui me connaissent pas je vais pas dire bonjour je suis le directeur du NJP, je ne suis pas comme çà, je ne me livre pas simplement, je suis un garçon assez basique, pas compliqué. J’ai quelques milliers de concerts à mon actif, alors je gère… PROPOS RECUEILLIS PAR SÉBASTIEN DI SILVESTRO
M : Tu as une idée de comment pourrait être redéfinie la propriété intellectuelle dans ce cadre ? PK : C’est évident que les mecs doivent toucher. Ils se rabattent de plus en plus sur le spectacle vivant pour s’en sortir, le problème du téléchargement est dans la redistribution pour que ce soit équitable, je pense qu’un nouveau mode va émerger. Même s’il y a des sanctions, les gens s’en fichent. Je pense aussi que le métier a merdé pendant des années, aujourd’hui les petites maisons de jazz vendent leurs disques sur les concerts, comme les américains depuis 50 ans… M : Le plus gros fou rire de ta carrière ? PK : Dans les années 80, avec Siegfried Kessler, un pianiste que j’avais rencontré au caveau des dominicains en 1971, un pianiste fabuleux, complètement fou, mec était passionné d’aviation, il avait un planeur et aimait planer comme en musique. A l’époque, les artistes jouaient dans les bars ce qui a préfiguré la suite dans des endroits assez infernaux, (par exemple dans les supermarchés tandis que Libé qui s’insurgeait qu’on y fasse jouer des musiciens noirs). Les musiciens venaient, il fallait qu’ils jouent, Xavier Brocker leur proposait d’aller jouer là ou là et puis ils allaient à la rencontre de
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THOMAS DUTRONC
ST IGMATA DIABOLI
La Lorraine à l’heure des
Sorci
Ad extirpanda
Super Ilius specula
Summis desiderantes affectibus
ières “
Si un homme ou une femme sont animés d’un esprit pythien ou pratiquent la divination, qu’ils soient éliminés par la mort.
”
Lévitique, Chapitre XX, cité par Nicolas Rémy, Procureur Général de Lorraine, en préface de son ouvrage « LA DEMONOLATRIE »
Illustrations : Jérôme Huguenin Dossier : Sébastien Di Silvestro
Tortures au Moyen Age
Elongation
Roue
Scie
Pal
Instruments de torture
Immersion
Empaler
Vierge de fer
Elongation
Présentation de plusieures téchniques de tortures au Moyen Age
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E
ntre le XVIème et le XVIIème siècle près de 100 000 personnes périrent sur les bûchers qui embrasèrent l’Europe catholique. Ces victimes furent pour l’écrasante majorité des femmes, des sorcières et quelques sorciers accusés sommairement d’avoir pactisé avec le démon, de forniquer sauvagement sans distinction de lien de parenté, d’âge ou de sexe, d’être à l’origine des grêles, sécheresses, tremblements de terre, maladies et des famines comme des tracas les plus ordinaires. On les croyait alors capables de s’envoler dans les airs nocturnes ou de se métamorphoser hideusement en animaux familiers de Satan : loups, chats noirs, corbeaux, araignées, crapauds, lièvres, serpents, créatures liées aux enfers. On leur imputait la fabrication de poisons, de philtres propres à égarer la raison, élaborés pour conduire l’homme de bien au devant des précipices. On c’est-à-dire « le bruit commun », le règne absolu de la dénonciation calomnieuse qui ne laissait aucune chance à celles et ceux qui souffraient d’une mauvaise réputation. Face à ces malheureuses se dressaient des justices cléricales ou féodales inflexibles qui, par les tortures les plus insanes, obtenaient consciencieusement leurs aveux. Au cours de ces deux siècles qui allaient accoucher de la Renaissance et des Lumières, découvrir l’ovale de la terre et le nouveau monde, l’obscurantisme des flammes se débattait rageusement pour répandre une hallucination collective partagée par les souverains comme par la plèbe : la peur du Diable et de ses serviteurs. Une peur habilement distillée par l’Eglise remise en cause d’un côté par le pouvoir féodal et de l’autre par les progrès de la science. La Lorraine et l’Alsace, de par leur proximité avec le Saint-Empire Romain Germanique, ont pourchassé les sorcières avec une rare virulence. Deux mille cinq cent victimes des bûchers ont été répertoriées pour la plus grande part dans les Vosges et en Meurthe-et-Moselle. Et pour cause, à Nancy sévissait le fameux procureur général de Lorraine Nicolas Rémy, émule du terrible Tomas de Torquemada, latiniste érudit voué à la purification de la Lotharingie jusqu’à la dernière heure des sorcières.
La rorraine à l’heure des orcières
A
vant de sombrer dans les arcanes mécaniques de la grande répression des sorcières, il convient de rappeler les symptômes de notre région, alors emblématique de la fin du Moyen-âge, qui conduisirent à cette frénésie de bûchers. Comme l’explique brillamment dans son livre « A mort, la sorcière », l’auteur vosgien Jacques Rœhrig, la Lorraine jusqu’au 17ème siècle est une terre marquée par le malheur. Tout d’abord au plan géographique, elle est sommairement divisée en trois parties : « l’une française à l’ouest, est soumise aux rois de France, lesquels ambitionnent d’annexer la Lorraine entière ; l’autre à l’est, de culture germanique est sous la protection bienveillante du Saint-Empire ; entre les deux puissances, tentant à tout prix à conserver leur indépendance et leur suzeraineté, les duchés de Lorraine et de Bar… dénommés aussi le pays d’entre deux. » C’est une terre de passage pour les mercenaires ibériques et bourguignons, les reîtres teutoniques pillant, violant à l’aller comme au retour les pauvres paysans accrochés à leur maigre subsistance. C’est le temps des écorcheurs. Alors même qu’ils payent pour une protection toute relative, le peuple est écrasé par la prolifération des impôts collectés par les nobles et le haut clergé. Il existe un impôt pour chaque acte ou évènement de la vie courante du droit de bouchon au formariage, et de la chausse du chancelier au couvre-chef de madame… Pour couronner le tout, la Lorraine connaîtra entre le moitié du 15ème siècle et la fin du 16ème, une douloureuse succession de gels, de pluies diluviennes, de tremblements de terre, de sécheresses et de pestes qui seront opportunément imputés à la corruption de l’enfer par l’entremise des sorcières. C’est toute la logique du stratagème, comme naguère les croisades servirent de « distractions » lointaines aux problématiques seigneuriales locales, le mythe des sorcières et du combat acharné contre les forces du mal se répand en fumet exhalé par un gros tas de fumier. L’Europe est en crise et la Lorraine au milieu. Les seigneurs craignent la révolte des gueux tandis que l’Eglise voit le pouvoir féodal s’enhardir chaque jour et la classe des bourgeois grandir significativement. Plusieurs siècles d’un long glissement auront été nécessaires pour que cette croyance collective et la peur du Diable ne parviennent à cette apogée critique. Car dans le profond Moyen-âge, le Diable inspirait moins la terreur que le rire et faisait office dans les légendes de croque-mitaine un peu nigaud, facile à tromper. Par ailleurs la magie était omniprésente, et peu combattue par l’Eglise. Après l’an mille, dans les arrières pays, le
christianisme était encore frais, et pour s’implanter avait facilement intégré les croyances locales faites de superstitions, de panthéismes et d’animisme. Les forêts comme les pierres recelaient d’esprits graves et millénaires comme de créatures espiègles capables de jouer des tours pendables. La magie blanche était alors le fait de rebouteuses ou de sages-femmes au fait des propriétés actives des plantes adjointes à des incantations traditionnelles. Comme en médecine moderne, elles utilisaient des plantes pour la composition de remèdes qui à doses plus élevées pouvaient se révéler de véritables poisons. La belladone était connue par exemple en tant qu’hallucinatoire mais pouvait entrer, justement pour cette propriété singulière, dans la composition de fards censés rendre la femme irrésistible. Au vrai, ces pratiques des guérisseurs de tous peuples et de tous temps, étaient souvent celles de femmes esseulées, laides et illettrées, trouvant dans ce commerce un rôle social de substitution, parfois à défaut d’être épouse. Entre cette magie traditionnelle communément admise et la terreur inspirée par la sorcellerie s’étend un rift, une lente œuvre de noircissement menée par l’Eglise. En 1231, le pape Grégoire IX dote l’inquisition de tribunaux spéciaux après avoir codifié la répression des hérétiques. En 1252, le pape innocent IV autorise le tribunal inquisitorial à faire appliquer la torture au coupable présumé par un représentant civil. En 1326, le pape Jean XXII promulgue la bulle « Super illius specula » qui fait de la sorcellerie une hérésie. Enfin, en 1484, le pape Innocent VIII promulgue la bulle « Summis desiderantes affectibus » qui déclenche la chasse aux sorcières… La grande chasse aux sorcières, la plus terrible période de répression de la pire des hérésies, l’apostasie, le crime de lèse majesté divine aura lieu entre 1501 et 1631. Paradoxalement appuyée par les outils qui contribueront à l’installation de la Renaissance. Jusque là, en Lorraine, la Sainte Inquisition menait son office comme à Metz en 1446, suite au gel des vignes, en offrant aux sorciers le droit à une défense avec possibilité de rétractation. « Leur but était alors de ramener les brebis égarées dans le giron de l’église. Les victimes de ces procès d’exception avaient alors même le droit de faire appel de la sentence », rappelle Jacques Rœhrig. Mais outre Rhin, le crime d’hérésie s’était déjà largement durcit dès le 12ème siècle suite à l’intervention du pape Lucius III qui avait fait de cette lutte un des outils majeur du pouvoir de l’Empereur Frédérique Barberousse. Il ne manquait plus alors pour que l’Europe ne s’embrase d’un holocauste féminin que d’un ultime déclencheur…
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La rorraine à l’heure des orcières
Malleus Maleficarum :
Le Marteau des Sorcières
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Un exemplaire disponible à la bibliothèque municipale de Nancy
n 1486, deux inquisiteurs dominicains, Heinrich Institoris, originaire de Selestat, et Jacques Sprenger publient leur Malleus Maleficarum, un précis de torture, une grammaire pour inquisiteurs recélant de milles et unes astuces pour identifier, confondre et persécuter les sorcières, ou plutôt des femmes. Outre une savante introduction sur la nature de la sorcellerie puisant dans les écrits plus anciens de Nicolas Eymerich, l’ouvrage constitue un brûlot misogyne rare, arguant de l’infériorité intellectuelle de la femme, de sa naturelle propension au mal, puisant même dans une interprétation erronée de la racine latine du mot femme conjonction de « femina » et « minus », donnant pour résultat : foi mineure. Les deux auteurs battent en brèche la croyance commune selon laquelle les sorcières peuvent se métamorphoser en animaux ne sont que des illusions méphitiques inspirées par Satan. Par contre, ils acceptent l’idée qu’elles détiennent de leur maître le pouvoir de détruire des récoltes ou de provoquer des tempêtes. Les dominicains insistent longuement sur les rapports sexuels déviants que les sorcières en-
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tretiendraient avec des démons et sur le caractère obscène et fouillé des sabbats. Le livre traite dans une 3ème partie de la façon d’instruire des procès en sorcellerie en se fondant sur la rumeur, justifie l’absence des efforts d’un avocat qui en défendant une sorcière deviendrait dès lors un avocat du diable. Les auteurs rassurent leurs contemporains en expliquant avec force détail qu’exécutant cette besogne sacrée, ils ne seront pas troublés en retour par les agissements du malin, étant serviteurs de dieu. La dernière partie donne, appuyée par de nombreuses illustrations et détails techniques comment extorquer des confessions sous la torture en conseillant notamment le fer rouge pour raser l’ensemble du corps à la recherche de la « Stigmata Diaboli », la marque du diable. Bien qu’interdit par l’Eglise qui récuse depuis le 9ème siècle le pouvoir des sorcières en matière de catastrophes naturelles, apanage de Dieu seul, le livre se diffuse massivement. En fait, le marteau des sorcières est contemporain de l’installation des imprimeries de Gutenberg à Metz et Strasbourg. L’ouvrage, en véritable best-seller moyenâgeux se diffusera à plus de 30 000 exemplaires, faisant sauter le goupillon des dernières réticences.
Les principaux Foyers de Répression
dans le cadre des procès de sorcellerie
en Lorraine
Luxembourg
Schaumberg
Audun-leTiche
Longuyon
Thionville
Verdun
Vaudrevange Sa r r e
Woippy
Sarreguemines
ed Ni
se Meu
Metz Pange Plappeville
Vergville
Pont-àMousson
Saint-Mihiel
Bitche
Seille
Bar-le-Duc
Toul
Nancy
Neufchâteau
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Ill
M ose
Phalsbourg Dieuze Marsal Leintrey Domjevin Strasbourg Blâmont M Domèvre Saulxures eu r th e Raon-l’Etap Moyenmoutier Charmes Ste-Marie-aux-Mines Saint-Dié
Mirecourt
Mattaincourt
Epinal
Bourmont
Arches
R hin
Stenay
St-Hippolyte Colmar
Remiremont Conflans-en-Bassigny Mulhouse Carte établie d’après le fond de carte de Maryse Simon
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La rorraine à l’heure des orcières
Nicolas Rémy :
Procureur général de la Lorraine Ducale
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n Lorraine, les procès en sorcellerie échappent à la justice cléricale au profit de la justice seigneuriale dès 1520. « La Lorraine est alors une théocratie en ce sens que le pouvoir des seigneurs procède du droit divin, ce qui ne l’empêche de vouloir s’affirmer par rapport à l’église. Dès le début du règne de Charles III, la justice sera plus centralisée et les juridictions locales demandent l’avis de Nancy », raconte Jacques Roehrig. Charles III en poursuivant les sorcières, comme ses prédécesseurs, fait acte de foi chrétienne. Comme tout un chacun, il croit à Dieu et à Diable et lorsque ses rhumatismes le font souffrir, il fait appel à un exorciste. Néanmoins, la récupération des procès en sorcellerie n’est pas pour lui déplaire, d’une part parce qu’ils accroissent son pouvoir et d’autre part parce que les biens saisis aux victimes tombent directement dans l’escarcelle ducale. Nous sommes alors dans la justice des aveux, et celui qui dénonce paye les frais du procès qu’il récupère en cas de condamnation, ce qui était pratiquement toujours le cas. Pour quantifier le nombre de suppliciés sur cette période, Jacques Roehrig se fonde plus volontiers sur les livres de comptes ducaux que sur les assertions des procureurs. Chaque achat de bois pour l’érection de bûcher y est mentionné. Au cours de ses longues recherches, il découvrira donc un nombre anormalement élevé de procès pendant une courte période. Cette raison à un nom : Nicolas Rémy. e futur procureur de Lorraine naît vers 1530, à Charmes sur Moselle. Dès 1549, il étudie son droit à Orléans puis à Toulouse où il rencontre Jean Bodin, le juriste-philosophe qui prône la tolérance et le pragmatisme, plus tard il reviendra à Paris pour enseigner. En 1570, il quitte Paris pour les Vosges afin de prendre en charge le baillage de son oncle à Mirecourt. L’université du 16ème
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siècle n’a pas une très bonne opinion de cet homme qui se sert des auteurs classiques pour justifier la répression. Autant il faisait montre d’une relative clémence en tant que juge dans les Vosges, autant il se fait implacable une fois nommé à Nancy. Ses prisonniers sont écroués à la prison de la porte de la Craffe avant d’être exposés place Saint-Epvre puis dans la ville neuve, sur la place du marché faisant face à l’hôtel de ville. Jacques Rœhrig rapporte que le supplicié faisait alors « amende honorable devant le portail de l’église Saint-Epvre, une torche noire à la main, avant d’être conduit sur les bords de la Meurthe, au lieu dit le « Paquis », en amont du pont de Malzéville où le bûché est dressé ». Dans son livre, la Démonolâtrie, traduit par le professeur Jean Boës et sujet de thèse de Mary-Nelly Fouligny, maître de conférence à l’Université de Nancy II, Nicolas Rémy revendique 900 procès au cours de son exercice. D’après Jean Boës, ce chiffre serait nettement surévalué et devrait être ramené au niveau plus raisonnable des 450. Au travers de son ouvrage se dessine néanmoins la personnalité de ce procureur surnommé le « Torquemada lorrain ». C’est un homme extrêmement cultivé, latiniste, qui a la pression du pouvoir politique pour mener la répression, mais possède par sa fonction tous les pouvoirs judiciaires dans sa traque effrénée. Lui aussi a peur du Diable et est persuadé de mener un combat juste et nécessaire. Cependant, comme l’atteste son livre, il est dévoré par d’autres ambitions dont celle de répondre à ses pairs universitaires, de paraître un homme d’une extrême culture quitte à prendre des raccourcis, enfin, Nicolas Rémy tel l’empereur Néron regardant Rome brûler est inspiré par les flammes dans l’art délicat de la versification. Jean Boës a disséqué cet ouvrage écrit au fil de la plume, dédicacé à Charles de Lorraine, où il explique pêle-mêle ce que l’on fait quand on est sorcier, comment on
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La rorraine à l’heure des orcières
Les archives départementales conservent des milliers de documents relatifs aux procès en sorcellerie de la grande période de répression lorraine
devient sorcier, et comment on finit sorcier. Selon un principe de concordance, il puise dans son expérience judiciaire pour décrire ses certitudes sur les capacités des sorciers en annotant à la marge les références exactes du procès. Comme chaque auteur de cette époque, il tient pour acquis ou discute du contenu des auteurs précédents et rajoute sa pierre à la construction intellectuelle de la sorcellerie. D’ailleurs, il réinterprète l’antiquité à la lumière du christianisme, et sous sa plume les dieux et héros antiques greco-romains revêtent le manteau du mal pour parcourir la campagne lorraine. Quand Nicolas Rémy trouve un loup-garoup nommé Moeris dans les textes de Virgile et qu’il croise un dénommé Maury vivant à Sexey-les-bois, l’affaire est faite, il fera exécuté le lycanthrope impie. Pour les érudits du 16ème siècle les écrits antiques étaient à considérer comme indiscutables et factuels. Aussi interprétant un aveu extorqué à une victime, le procureur n’hésitait à convoquer Hécate comme un démon contemporain. La fougue de Nicolas Rémy en cette matière aura considérablement enrichi le folklore local de légions furieuses de créatures antiques terrorisant les paysans. « Pour lui, les procès sont de la poésie. Il raconte penser aux sorcières le soir,
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et sous couvert d’humilité rêve d’écraser d’autres auteurs par le poids de son éruditions simulée », confie amusé Jean Boës, qui a corrigé les nombreuses fautes de latin de l’ouvrage. Dans ce contexte concurrentiel, et de sombres créations intellectuelles, comment une dénonciation fûtelle la plus calomnieuse du monde n’aurait-elle pas abouti ? Quand il suffisait alors qu’un gueux jette un coup d’œil de biais à un cheval quelques jours avant que celui-ci ne se mette à boiter pour finir occis sur le bûcher. Nicolas Rémy devint de plus en plus cruel, en s’insurgeant même d’être obligé de confier aux bons pères plutôt qu’aux flammes le petit Laurent d’Azerailles, un « sorcier de 7 ans ». Suite à cette affaire, il consigne dans son ouvrage contrit « nous avons sauvé un sorcier de 7 ans ! » Il refusa la clémence à ceux qui demandèrent le baptême in extremis argumentant juridiquement que la marque du diable était indélébile. Il fit tondre les sorcières à la recherche d’une cale, d’une verrue ou d’une blessure signe du diable en enfonçant des aiguilles dans leurs corps. Il plongea des suppliciées dans l’eau : si elles nageaient, elles étaient coupables, si elles se noyaient, c’était la preuve que les pauvres étaient innocentes… Dans son livre, Jacques Rœhrig dresse une liste de 2 300
Petit Lexique de la
Sorcellerie
Abrahel : Démon succube, connu par une aventure contée par Nicolas Rémy dans la démonolâtrie Aconit ou gueule de loup : Plante toxique qui agit comme un poison à forte dose Belladona : Plante commune vénéneuse, on lui prête un usage rituel lors des sabbats souvent utilisée pour les empoisonnement Belzebuth : Prince des démons, deuxième en pouvoir après Satan Ergot de seigle Ou feu sacré : Prasite du seigle entraînant d’atroces souffrance dont l’apogée coïncide avec de fortes périodes de disette Malleus Malificarum : Traité de Heindrich Kramer et Jacques Sprenger, publié en1486, utilisé par les inquisiteurs pour confondre et persécuter les sorcières
noms tirés de l’oubli, des victimes de cette aberration collective. Des noms de famille bien connus de la région comme Collin, Demange, Gerardin, Perrin… « J’ai écrit ce livre comme un plaidoyer en faveur des victimes, car même d’immondes crapules avaient le droit d’être jugées autrement », conclut l’auteur. La guerre de 30 marquera la fin de cette ère sombre de persécutions, mais il faudra attendre 1682, pour que soient inscrits dans la loi via un édit de Louis XIV inspiré par Colbert, les crimes de sorcelleries comme dépendant du droit commun. De nombreuses traces et coutumes issues de cette odieuse folie ont marqué notre région comme à Molsheim où l’on a découvert en avion une trace circulaire noire de 5 mètres de larges. Les historiens ont pu déterminer qu’il s’agissait de l’emplacement du gibet. Dix années auront été nécessaires pour les faire disparaître. L’analyse psycho-sociologique de cette période permet de démonter les mécanismes d’une construction intellectuelle partagée ayant donné à voir à tout un chacun ce qui n’existait pas à la faveur d’intérêts et de nécessités du moment. Ce processus est cyclique dans l’histoire des périodes de crise provoquant une contraction avant la recherche de boucs émissaires. On peut citer par exemple la montée de l’antisémitisme de l’Allemagne nazie, ou encore la chasse aux sorcières communistes d’après guerre. L’Eglise qui a fait amende honorable pour presque toutes ses fautes historiques n’a jamais formellement désavoué les ordres ou aboli les bulles papales à l’origine de cet holocauste. Chaque diocèse possède encore un exorciste. Peut-être simplement parce que la croyance dans le bien ne peut exister sans le mal. Le Diable se niche toujours dans ce qui semble être un détail… SÉBASTIEN DI SILVESTRO
Mandragore : Plante à puissant effet narcotique dont la spécifité est la racine en forme d’être humain Nécromancie : Art divinatoire consistant à demander à l’âme d’un mort de prédire l’aveni Rosier : Démon invoqué comme prince des dominations dans les litanies du sabbat Sabbat : Rassemblement nocturne de sorcières sous la présidence du Diable
Sabathan : Démon invoqué dans les litanies du sabbat Stigmata Diaboli : Signe du diable apparent sur le corps d’une sorcière Succubes : Démons qui se transforment en femme Verdelet : Maître des cérémonies de la Cour Infernale, il est chargé du transport des sorcières au sabbat
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La sorcière dans
La rorraine à l’heure des orcières
l’Art
Le Sabbath des sorcières Hans Baldung Grien, 1510
Trois sorcières Hans Baldung Grien, 1514
Jacques Rœhrig, l’auteur a mené une longue enquête de terrain pour sortir des milliers de noms de victimes de la répression des sorcières tombées dans l’oubli. Il prépare actuellement un second ouvrage sur le même thème centré sur les particularités alsaciennes.
Deux sorcières Hieronymus Bosch, vers 1500
Sorcière chevauchand en arrière sur un bouc Albrecht Dürer, vers 1500
Jean Boës, traducteur de latin et Mary-Nelly Fouligny maître de conférence à l’Université de Nancy II, ont traduit dans le texte et le sens l’oeuvre historique de Nicolas Rémy au fil d’un long travail de recoupement patient, fait d’une pléthore de mêmes noms écrits dans des langues différentes, de centaines de références à vérifier dans les corpus classiques, sans compter les erreurs de l’auteur lui-même...
Saul et la sorcière d’Endor Jacob Cornelisz van Oostsanen, 1526
La Sorcière VictorProuvé, vers1904, Musée des Beaux-Arts, Nancy
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Nous tenons à remercier particulièrement pour la chaleur de leur accueil et pour l’intelligence de leur décryptage : Jacques Rœhrig, Jean Boës et Mary-Nelly Fouligny, sans lesquels la réalisation de ces pages n’aurait pas été possible.
REPORTAGE PHOTO
L’EMPIRE DES DUNES Maroc :
Des rivages de la Méditerrannée aux dunes du Sahara occidental se jetant dans l’océan Atlantique, peu de pays offrent autant de facettes que le Maroc. Traverser ses terres, c’est voyager dans l’espace et le temps au gré des découvertes des villes impériales, édifiées par les diverses dynasties à la tête du royaume. Chacune offre au regard de splendides visions d’architectures et de fortes expériences humaines. Entre ces villes, semblant issues de contes des milles et une nuits, se dessine une variété de paysages où la végétation s’estompe progressivement lorsque, dépassant la barrière de l’Atlas, le voyageur appréhende enfin l’immensité du désert. Coeur de sable brûlant.
REPORTAGE PHOTO par D.R. Jones
REPORTAGE PHOTO MAROC
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« Sublime vivant qui court ici dans les rues et qui vous assassine de sa réalité. »
Eugène Delacroix
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REPORTAGE PHOTO MAROC
« Il n’y a pas de plus grande émotion que d’entrer dans le désert. » J.M.G. Le Clézio
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REPORTAGE FRANCE
La mer la plus proche de Nancy
LA BAIE DE SOMME
N’en déplaise à ceux qui ne jurent que par la méditerranée, il existe une plage en bord de mer à 450 kilomètres de Nancy. Celle-ci se situe sur la côte picarde, dans la baie de Somme, un espace naturel préservé dont la visite est impérative pour tous les passionnés de nature et ceux en quête d’une destination idéale pour un week-end la tête dans les embruns. Photos et Textes : Ema Nymton
REPORTAGE FRANCE LA BAIE DE SOMME
S
ur son versant ouest, la Picardie se termine par un accès sur la mer; s’y trouve une baie où la Somme se déverse dans la Manche. Dans cet espace frontière entre les terres et la mer, l’eau va et vient au gré des marées, permettant à la faune et la flore de se présenter dans une variété surprenante grâce à la nature changeante de l’environnement. C’est paradoxalement le même phénomène qui condamne la baie à disparaître dans les décennies à venir, puisqu’à l’image de la baie du Mont Saint-Michel, les marées apportent plus de sable qu’elles n’en rejettent. Réputée pour sa propension à concentrer un grand nombre d’espèces animales, la baie dispose d’une réserve naturelle, où près de 300 espèces d’oiseaux ont élu résidence de manière permanente ou temporaire pour la nidification ou l’hivernage. Côté marin, elle a la particularité d’être la seule portion du littoral français où des phoques vivent et
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se reproduisent. On en dénombre actuellement près de 150 qui s’égayent paresseusement sur des bans de sable, pêchent ou s’égarent parfois dans les ports de la baie pour des faces à faces joueurs avec les marins et les touristes médusés. Si l’aire géographique joue à merveille son rôle de conservatoire des espèces, elle fournit également aux gourmands un gardemanger composé de produits de première fraîcheur. Dans la baie à marée basse, des agneaux pâturent la végétation chargée en iode et en sel, ce sont les agneaux pré-salé. Leur chair s’imbibe du goût de la mer pour devenir un met recherché et difficile à goûter en dehors du littoral tant l’engouement des locaux est grande pour le produit. Un peu plus au large, les bateaux des pêcheurs récoltent coquilles Saint-Jacques, turbot, soles et autres maquereaux dont la fraîcheur laisse le touriste des terres de l’est songeur, lui permettant de redécouvrir le goût d’un véritable poisson. Quelques ports parent le pourtour de la baie. Saint-Valery-sur-Somme est une ville connue pour avoir vu partir les armées de Guillaume le conquérant à l’assaut de l’Angle
terre en 1066, ainsi que pour avoir offert le gîte forcé à « notre » Jeanne d’Arc avant son départ pour Rouen. Les archi tectures médiévales se mèlent à des constructions étroites de bords de mer particulièrement élégantes, qui ont servi de résidence de villégiature à Victor Hugo ou Anatole France. De l’autre côté de la baie se trouve le Crotoy, une ville qui partage ses activités entre la pêche et le tourisme grâce à son immense plage de sable fin exposée plein sud. Les méandres des rues étroites débouchent sur de jolies demeures de bord de mer, comme celles de Colette ou de Jules Vernes qui y écrivit « 20 000 lieux sous les mers » en contemplant les vagues depuis le port. Malgré les assauts de promoteurs, les agglomérations de la baie de Somme demeurent un sanctuaire préservé qui ne délivre plus de permis de construire. Offrant à l’amateur de somptueuses ambiances marines et un décor authentique, la baie de Somme promet au touriste de l’est un dépaysement total à 4 heures de la Lorraine. EMA NYMTON
ETATS CIVILS
Les
Chroniques duPalais Liberté, Egalité, Fraternité : les faits, rien que les faits
CONTRAT ? par Maître Grégoire Niango - Avocat à la cour
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e contrat ne désigne pas en droit le papier sur lequel est formalisé l’accord de volontés mais l’accord de volontés lui-même. De nombreux auteurs ont exploré la notion de contrat qui est la manifestation de la liberté individuelle, mais une manifestation paradoxale puisqu’il s’agit d’une liberté qui se manifeste quand elle s’aliène. En fait, le contrat est le moment où l’individu prouve l’existence de sa liberté en restreignant sa
consentirons pas de sacrifices de notre liberté disproportionnés par rapport au but que nous poursuivons. L’intervention de l’Etat dans le contrat est par conséquent toujours problématique. Règlementer le contrat, c’est toujours toucher à la liberté individuelle. Interdire certaines clauses d’un contrat par exemple, c’est empêcher les individus de réglementer eux même la relation qui va les unir. Plus généralement, toute réglementation en la matière
tants aboutirait sans doute à mettre en place une sorte de jungle dans laquelle la loi du plus fort règnerait ; autrement dit un monde sans loi. Mais l’équilibre est très difficile à trouver entre trop ou trop peu de réglementation. L’exemple du contrat de bail est une illustration flagrante de ce à quoi peut aboutir une réglementation sans ligne directrice. Voilà un contrat que les savants dénomment intuitu personnae. Sous ce vocable sont regroupés les contrats conclus « en considération
« Je ne prends pas Monsieur Gabriel parce qu’il est noir » liberté (il souscrit des obligations) le plus souvent pour obtenir des droits. La théorie fondatrice en la matière est celle de l’autonomie de la volonté. Chacun est censé posséder une volonté libre et éclairée qui lui permet d’une part de décider ou non de s’engager, d’autre part de comprendre l’étendue de son engagement. C’est parce que nous sommes des êtres dont la volonté est autonome que nous pouvons signer des contrats parce qu’étant raisonnable, nous ne
suppose un raisonnement à partir d’un standard. Elle suppose de déterminer ce qui serait objectivement raisonnable, ce qui ne constituerait pas un renoncement disproportionné de celui qui s’engage. Ce standard posé, on peut alors interdire aux cocontractants de s’éloigner du standard. Il n’est pas cependant un juriste, même ultra libéral, pour estimer de nos jours que toute intervention étatique en la matière devrait être proscrite. Laisser une totale liberté aux cocontrac-
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de la personne du cocontractant ». Classiquement doit on distinguer d’une part l’objet du contrat (grossièrement, l’opération réalisée grâce au contrat) de la personne des cocontractants. La plupart des contrats sont objectifs. Ce qui conditionne l’engagement du cocontractant c’est l’opération à réaliser. Pour le contrat de bail, c’est un peu particulier. Pour le locataire ce qui compte c’est la chose qu’il loue.
« Madame Virginie plutôt que monsieur Mathieu » De manière générale, lorsque l’on veut louer un bien, on s’intéresse à sa situation, son prix, sa composition… pour faire simple, à l’ensemble de ses caractéristiques objectives. Pour le bailleur, ce qui importe c’est la personne du locataire. Ses caractéristiques objectives (le philosophe me pardonnera mes approximations mais ma chronique ne peut décemment pas occuper 30 pages de Metropolis) comme ses revenus ou son activité professionnelle, et puis ses caractéristiques « subjectives », attachées à sa personne. La loi ne fait pas obligation au bailleur d’expliquer les raisons de son choix. C’est la nature même du contrat de bail qui veut cela. Le bailleur a avec son bien un lien ayant une composante affective, le lien de propriété. Il n’a pas d’obligation d’accepter dans ce bien une personne qui ne lui convient pas, qu’il ne « sent » pas. Il peut se contenter, sans autre forme d’explication de dire « Je préfère prendre pour loca taire Madame Virginie plutôt que
SDS
QU’EST-CE QU’UN
prends pas Monsieur Gabriel » vous êtes dans la légalité. Si vous dites « Je ne prends pas Monsieur Gabriel parce qu’il est noir » vous êtes dans l’illégalité. La même difficulté existe en matière de contrat de travail, autre contrat intuitu personnae, encore que le fait qu’une sélection s’effectue au stade des C.V. permet parfois de caractériser l’existence d’une discrimination. Mais de
le bailleur et le locataire. Peu à peu est née une responsabilité de l’agence immobilière dans le choix du locataire. L’agence a l’obligation de s’enquérir de la solvabilité du locataire et de faire sur ce point un minimum de vérification. Parallèlement, certaines agences se sont progressivement engagées à garantir le paiement des loyers par le locataire retenu. Et pour parachever l’édifice, le Légis-
religion, à une ethnie, l’orientation sexuelle, la tendance politique, le sexe). Pour être plus précis doit on parler de discrimination interdite parce que toute les discriminations ne sont pas interdites. En fait, dès qu’il y a contrat intuitu personnae il y a discrimination puisque le cocontractant s’appuie sur des critères subjectifs pour choisir son cocontractant. Mais cette discrimination n’est prohibée que pour autant que le critère discriminant soit prohibé. Si vous dites « Je ne
manière générale, il est quasiment impossible de lutter contre le phénomène sauf à imposer l’attribution des logements appartenants à des bailleurs privés en se fondant sur des critères objectifs… ce qui serait pour le coup totalement attentatoire à la liberté individuelle. Je ne trouve pas choquant, tout de même, qu’un bailleur ait le droit de choisir qui va habiter chez lui. Vient ensuite le rôle des agences immobilières. L’agence sert au départ à mettre en relation
lateur a rendu extrêmement difficile toute expulsion d’un locataire ne réglant pas ses loyers et cette réglementation dont l’objectif était la protection des plus démunis produit toute une série d’effets pervers. Dans une ville comme Paris, la situation oscille entre le catastrophique et le scandaleux. Le prix des logements atteint l’indécent. Les propriétaires privés convoquent tous les locataires en même temps et ceux-ci, abandonnant parfois toute dignité, se battent pour
© FALKO MATTE-FOTOLIA.COM
Monsieur Matthieu ».Vainement m’objectera-t-on qu’existe en la matière la prohibition de toute discrimination. La discrimination consiste à traiter de manière différenciée deux personnes placées dans deux situations objectivement identiques en s’appuyant sur des critères prohibés (principalement ce que le Législateur (sic) nomme la race, l’appartenance réelle ou supposée à une
obtenir à prix d’or un minable placard amélioré. Il y a de plus en plus de gens dehors, de plus en plus de logements vides… et de gens vivant à l’hôtel. Le bailleur, sachant qu’il ne pourra expulser le locataire mauvais payeur, ne prend aucun risque. Si, pourri de préjugés, il pense par ailleurs qu’un locataire Nord-africain sera plus susceptible de ne pas payer ses loyers qu’un Breton, il retiendra la candidature du Breton… et l’agence immobilière n’hésitera souvent pas à se rendre complice de ce racisme ordinaire. Le reportage diffusé sur Canal Plus « Dans la peau d’un noir » (que je trouve sur certains aspects très critiquable) était sur ce point assez édifiant. Multiplier les interventions Législatives pour régle men ter le corps même des contrats de bail, augmenter l’Ordre Public en la matière, n’a sur ces points aucun effet. Faciliter les expulsions, compte tenu du contexte économique, c’est certainement ouvrir la boîte de Pandore. La seule solution me semble être une intervention plus importante des bailleurs publics qui loueraient à des tarifs plus raisonnables ce qui aurait pour conséquence de faire baisser les prix du marchés et de permettre aux candidats les moins « standards » de trouver de quoi se loger. Il n’y a pas chez les fourmis de galeries complètement vides avec, hors de la fourmilière, des fourmis exsangues crevant de faim. Et les français du XXIème siècle peuvent avoir l’ambition d’être aussi humain… que des fourmis.
« Si je diffère de toi, Loin de te léser, Je t’augmente » Saint Exupery
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arts
cour des
Pages Culture
spectacle 60 littérature 62 cinéma 66 ccc 70
Materia Prima : Eternal In/Out
Le secret de la momie, Un visage à livre ouvert El Cortijo del Fraile
Le culture club du Citadin
COUR DES ARTS spectacle
Transe et danse
Eternal In/Out
La troupe Materia Prima vient de présenter sa nouvelle création, au coeur du Totem, son territoire Maxévillois, où, par le biais d’une succession de tableaux intimement mêlés, ont été proposées des variations sur des thèmes obsessionnels de la compagnie : les rituels humains ou la vaine course des hommes contre leur mortalité. Danse, théâtre, performances, chant, « Eternal » offrait la complexité d’un spectacle total à l’esthétique racée, porté par une démarche intellectuelle et visuelle plus aboutie que jamais. Clairement, une des créations artistiques les plus importantes de l’année à Nancy.
A
u bar du Totem, les spectateurs se pressent dans une ambiance bon enfant. Les aficionados de la troupe, émoustillés à l’idée de l’expérience sensorielle à venir se mélangent aux nouveaux venus, curieux, mais sur leur garde, reniflant le souffre exhalé par le lieu qui s’est fait connaître par des spectacles et des manifestations autour des thèmes du fétichisme ou de la modification corporelle. Lorsque des êtres revêtus de combinaisons intégrales blanches invitent les spectateurs à les suivre, l’audience peut commencer son étrange voyage. Les spectateurs sont menés dans un immense hall depuis lequel résonne d’étranges mélopées industrielles, et où luisent des lueurs synthétiques, révélant des corps allongés sous des couvertures de
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plastique. Maternité ou morgue ? C’est une des premières problématiques présentées par Eternal qui, sur sa durée, explorera nombre des questionnements accompagnant l’humain lors de son bref séjour terrestre. Sept acteurs, chanteurs, danseurs vont alors interpréter autant de personnages qui vont naître, vivre, souffrir, prendre du plaisir pour finalement mourir. Les corps s’élancent dans la danse, portés par une mise en scène percutante, intégrant la vidéo par des projections, le son par l’évocation électronique du bruissement de notre époque technologique et industrielle. Se découvrent les rituels dans lesquels les hommes et les femmes fondent leur comportement, autant traits de civilisation qu’entraves pour les individus qui doucement s’éveillent à la conscience du déroulé
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ETERNAL IN/OUT
6/11/08
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2 créations du théâtre de la Manufacture Centre dramatique national Nancy-Lorraine, direction Charles Tordjman Photo : NASA.
Ecriture, trajectoire et scénographie : ODM Musique : Phil Von et Tess Wassila Vidéo : xUlFni Acting : Ioulia Plotnikova, Virginie Gabriel, Emilie Katona, Mathieu Hibon, Christophe Ragonnet, ODM, Phil Von Lumière : Emmanuel Pestre
Vers toi terre promise
Jean-Claude Grumberg
Tragédie dentaire
10 > 20 déc, 6 > 10 janv
Mise en scène Charles Tordjman. Avec Philippe Fretun, Antoine Mathieu, Clotilde Mollet, Christine Murillo. Scénographie Vincent Tordjman. Lumières Christian Pinaud. Costumes Cidalia Da Costa. Musique Vicnet. Maquillage Cécile Kretschmar. Collaboration artistique Zohar Wexler. Régie générale Frédéric Stengel. Construction du décor Ateliers Marigny. Production Théâtre de la Manufacture, CDN Nancy Lorraine. Coproduction Théâtre du Jeu de paume, Aix-en-Provence ; Grand Théâtre de Luxembourg ; Théâtre du Rond-Point, Paris. Avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Cette œuvre a bénéficié de l’aide à la production et à la diffusion du fonds SACD. Production réalisée dans le cadre d’un accord de coopération avec le Théâtre Cameri de Tel Aviv. Avec le soutien du Théâtre de la Commune, Centre Dramatique National d’Aubervilliers. Le texte est édité chez Actes Sud Papiers. Après-guerre. Charles et Clara Spodek soignent les maux de dents. Mais eux ont leurs propres douleurs. Leurs filles ont disparu, l’une en déportation, l’autre dans un couvent. Une histoire pétrie d’émotion, humour et tendresse. Ma, me, ve à 20h30 ; je, sa à 19h ; dim 14 décembre à 16h30.
Florence Pazzottu
La Tête de l’Homme
21 janv > 5 fév 09
Mise en scène François Rodinson assisté de Émeline Touron et Jean-Thomas Bouillaguet. Avec Marion Bottollier, Camille Perrin. Scénographie Vincent Tordjman. Lumières Christian Pinaud. Son Dominique Petit. Costume Cidalia Da Costa. Production Théâtre de la Manufacture, CDN Nancy Lorraine ; Centre culturel André Malraux, Scène nationale de Vandœuvre les Nancy. Avec le soutien du Conseil général de Meurthe-et-Moselle. Production déléguée Compagnie des Transports. La Tête de l’Homme est édité chez Seuil. Un soir, tard, elle se fait agresser, tordre, littéralement, le cou, elle qui n’a pour armes que « la ruse et ( ses ) mots ». De son expérience intime, elle compose un poème où se mêlent les folies et les violences du monde.
Gérard Fromanger, Portrait d’Anna
inexorable du temps. De toute façon, ils sont condamnés. Aussi, leurs passions, leurs inaptitudes à la socialisation, leur recherche d’absolu les inciteront à se libérer, à sortir du moule auquel ils sont voués. Le prix à payer sera celui de la violence et du sang, la perte de l’être aimé et le rejet de leur humanité. Durant une heure météorique, nous aurons assisté à ce voyage au pays de l’humanité, aurons vu la pluie tomber sur des couples s’aimant et se dévorant, avant que le sol, détrempé, ne prenne feu, saisit la démesure et la folie de notre temps. Eternal est une expérience, qui satisfait tous les sens en même temps qu’elle se joue de tous les éléments. ODM, le grand sachem du totem, et principal auteur de cette création, a conçu un spectacle nourri de toutes les influences historiques des Materia Prima, tout en poussant l’expérimentation un peu plus loin pour livrer un spectacle à même d’être reçu par tous. Forcément déroutant, l’exercice est totalement maîtrisé. La troupe confirme sa trajectoire de guide érudit de son univers artistique singulier, présentant des spectacles percutants et ambitieux sur la forme, au service d’un fond dont les questionnements introspectifs résonnent encore longtemps après le tombé du rideau. TAMURELLO
Ma, me, ve à 20h30 ; je, sa à 19h.
Locations Théâtre de la Manufacture, 10 rue Baron Louis, Nancy tél. 03 83 37 42 42, du lundi au vendredi de 13h30 à 19h et le samedi en période de représentation. Magasins Fnac ( www.fnac.com ).
www.theatre-manufacture.fr
COUR DES ARTS littérature
Le secret de la MOMIE
Francis Janot est un scientifique nancéien qui, associant ses connaissances en médecine légale à son érudition en égyptologie est devenu le premier « profiler » de momies. Comme les nécromanciens de la cité des morts, il ressucite les défunts dans leur réalités quotidiennes grâce à des déductions scientifiques faisant grincer des dents les vieilles barbes de l’égyptologie livresque. Avec Zahi Hawass, une des plus grandes sommités au monde de l’archéologie Egyptienne, il publie « Momies » un ouvrage somptueux où il partage son savoir et révèle des secrets des momies égarés dans le nuit des temps. Le cadeau idéal pour les fêtes ?
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epuis l’enfance, Francis Janot est passionné des rites mortuaires égyptiens, ce long processus faisant d’un trépassé une momie immortelle. Devenu un chercheur reconnu, il n’a eu de cesse de parfaire ses connaissances par l’exploration de tombeaux millénaires et la découverte de trésors sous formes de sarcophages dont il étudie respectueusement les résidents perpétuels, troquant alors son cos-
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tume de mineur du désert pour la blouse blanche de l’habitué des laboratoires et salles d’opération. Il tire alors de l’analyse de quelques infimes particules de pollens, de minuscules anomalies osseuses ou de l’étude des fibres qui ont accompagné le défunt dans le temps, des conclusions quant au mode de vie des égyptiens de l’époque, de leur culture à leurs occupations quotidiennes, en passant par leur langage. Dans « Momies, rituels d’immortalité dans l’Egypte ancienne », il met à la portée de tous
son savoir sous la forme d’un véritable grimoire richement illustré de clichés exceptionnels présentant une galerie experte des plus troublants des vestiges humains de l’histoire. L’ouvrage présente notamment une foule de photographies inédites telles que le visage démailloté de Toutankhamon. Bien plus que la présentation de ces ambassadeurs royaux de l’histoire égyptienne, c’est l’exploration de la civilisation que privilégie Francis Janot, car les souverains n’avaient pas le monopole de l’embaumement, et nombreux de leurs sujets ont traversé le temps avec eux, emportant chacun un secret, une information à décrypter, une vérité sur leur société et donc la nôtre. Dans sa soif de découvertes et de transmission, Francis Janot concoure actuellement à la création du Master « Ethique de la santé et médecine légale » pour lequel il est chargé de la branche « criminalistique et archéologie » grâce à une collaboration avec Henri Coudane et Pierre Bravetti de l’Université Henri Poincaré. En attendant, il souhaite que la sortie de son livre aidera quelques jeunes lecteurs à s’initier à l’égypto logie, leur permettant au détour d’une page d’être saisis par cette même passion de comprendre, expliquer et raconter la vie des morts. TAMURELLO
P. NIEL
Le modeste sarcophage d’un enfant de Deir el-Medina.
Francis Janot réalise une étude de la momie-cordonnière dans la réserve des fouilles à Saqqara. Le sable révèle lentement le visage de cet anonyme enseveli à l’époque romaine dans une des nécropoles de l’oasis de Douch.
Francis JANOT, introduction de Zahi HAWASS : Momies, rituels d’immortalité dans l’Egypte Ancienne, aux éditions White Star, 366 pages, 35 €
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COUR DES ARTS littérature
Sortie du guide pratique illustré
Un visage à livre ouvert Christian Sirven, initiateur lorrain à la pratique de la morphopsychologie, met à la portée du plus grand nombre les clés de la lecture d’un visage. Pour tous les curieux des autres et par conséquent d’eux-mêmes...
D
ès son adolescence, Christian Sirven découvre la morphopsychologie. Depuis 40 ans, au gré d’un parcours protéiforme entre agence de promotion à Paris, formation de commerciaux, recrutement, ce grand pragmatique partage sa connaissance avec un large public (médecins, avocats, retraités, politiques… Consultant national (Thiriet, Trigano...) et international (Air Canada), il enseigne régulièrement sa méthodologie au cours de conférences, stages et séminaires. L’objectif principal de sa démarche est d’appliquer sa discipline dans le champ opéraChristian SIRVEN : tionnel de l’entreprise et de la sphère privée. C’est Lire un visage… initiation pratique à la justement dans cet esprit pratique qu’il a réalisé son morphopsychologie, ouvrage. Car lire un visage est à la portée de tous. aux éditions Aussi, le livre, simple et illustré, s’utilise comme un Diffusion Régionale décodeur pratique, un dictionnaire de chevet que du Livre, l’on feuillette, inépuisable, au gré des rencontres 158 pages, 15 € Disponible sur le site professionnelles et personnelles. Tout d’abord, il est important de comprendre le www.forse-conseil. com et dans toutes sens du mot « morphopsychologie » : science de les bonnes librairies. correspondance entre les caracteristiques physiques et psychiques de l’individu. Fondée en 1937 par le docteur Louis Corman, cette technique se définit comme une grille de lecture établissant une corrélation entre deux états : si le physique change, le psychique change et inversement. Ce célèbre pédopsychiatre s’appuie sur la loi de dilatation-rétraction : « en milieu favorable d’adaptation facile, la forme humaine s’épanouit, se dilate tandis qu’en milieu nocif, d’adaptation difficile, elle se recro-
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queville sur elle-même, se rétracte ». Il ne s’agit pas d’une science ésotérique mais d’une technique, permettant de déterminer le caractère et de prévoir les comportements et les possibilités foncières d’une personne uniquement par l’étude de son visage. Comme le soulignait le Docteur Corman, il est important « de ne pas juger, mais comprendre ». Sagesse et discernement aideront à une meilleure connaissance de soi et des autres. Si la morphopsychologie permet d’analyser chaque cas particulier, traduire l’histoire personnelle de chacun, elle procède d’un parti pris universel où aucune différence n’est opérée entre les ethnies ou les hommes et les femmes… Elle s’inscrit dans une volonté de dimension humaine que l’application régulière permettra d’affiner : le sens de l’observation, l’esprit d’analyse, de synthèse, la rigueur et la persévérance. L’entraînement augmente la performance et facilite le déchiffrage de visages jusqu’alors perçus comme anonymes, incompréhensibles ou agressifs. Alors que la société codifie les rapports humains, quel avantage de pouvoir adapter sa stratégie de communication face à un supérieur hiérarchique, un collaborateur, un ami, ou un représentant des forces de l’ordre ! Au fil de la lecture, et fort de ces nombreux éléments, on découvre et on assimile les différents
composants du visage : le cadre (charpente osseuse) indicateur de potentiel vital inconscient et de réserves énergétiques, les récepteurs sensoriels (nez, bouche, oreilles, yeux), ouvertures qui nous renseignent sur la façon dont l’individu se comporte avec le monde
exterieur et qui permettent ainsi les échanges. La peau, le teint, le modelé sont, quant à eux, les témoins de la relation de l’organisme avec ce qui l’entoure. Une fois cette première phase franchie, le visage se partage en trois zones distinctes et complémentaires. Commence alors l’étude approfondie corroborée par les typologies (bilieux, sanguins, lymphatiques, nerveux) sorte de « catalogue » permettant d’affiner cette exploration. Cette approche des autres et de soi se complète également par la graphologie. Cette autre science humaine décrypte en détails les diverses facettes de la personnalité. La complémentarité des deux disciplines semble alors évidente pour une vraie connaissance de son environnement. Riche de cet enseignement, avec intelligence et empathie la morphopsychologie et la graphologie contribuent à délier les tensions, à relativiser les désagrégements de la vie quotidienne. Tout est simple quand tout s’explique. CATHERINE BARREAU
COUR DES ARTS cinéma Vestige historique et cinématographique
El Cortijo del Fraile
Au fin fond de l’Andalousie, se trouve un monastère en ruine : El Cortijo de Fraile. A regarder de près les façades jonchées d’éboulis, un sentiment de déjà-vu s’installe. C’est en effet ici que Sergio Leone tourna une partie de « Le bon, la brute et le truand ». Aujourd’hui exploitation agricole, ce morceau d’histoire du cinéma mondial, totalement laissé à l’abandon, risque de disparaître.
N
ous sommes au coeur de la Sierra del Cabo de Gata, dans la partie orientale de la Cuenca del Hornillo, à Almeria. Le paysage est immense. La plaine de steppes est encadrée de colossales montagnes dont les flancs sont marqués des stigmates de l’exploitation acharnée des anciennes mines d’or de Rodalquilar. La roche mise à nue laisse apparaître des teintes rougeâtres aux ombres sinistres. Plus bas dans la vallée, l’endroit est devenu un site de production agricole, laissant en son centre un monastère tombé en ruines au côté de milliers d’hectares de champs de légumes : El Cortijo de Fraile. La façade, large et imposante, met en évidence le concept unitaire de cet ouvrage : sa réalisation d’un seul tenant révèle ce qui fut le chef-lieu
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d’une grande exploitation agropastorale. Pour cause, le site du cortijo était encore à la moitié du XIXe siècle la « majada concejil del Fraile », autrement dit une bergerie municipale. Si l’on considère l’ensemble de l’architecture rurale du sud-est almeriense, l’envergure du Cortijo del Fraile est exceptionnelle. L’emprise au sol du cortijo permettait autrefois d’établir un lieu de vie autarcique. Les habitations, les écuries, la bergerie, le pailler, le pigeonnier, deux fours et divers entrepôts ont été agencés autour d’une cour centrale qui tenait lieu de basse-cour. Toutes ces pièces sont dominées par une chapelle qui se démarque par ses particularités architecturales : autel, retable, triptyque, oratoire et crypte funéraire. Autour de ce noyau compact, on trouve également une porcherie, un grand aljibe (réservoir) et deux aires à battre.
Aujourd’hui, cet ouvrage est pratiquement abandonné. Il n’appartient pas à l’exploitation de champs ouverts qui l’entoure, mais à un grand propriétaire terrien qui loue quelques pièces aux éleveurs locaux pour faire office de bergerie. Le reste de l’édifice continue de tomber en ruine et la Junta de Andalucía ne détient pas le droit de préemption qui permettrait d’en sauver l’architecture. El Cortijo de Fraile fut célèbre en Espagne pour avoir été le théâtre d’une célèbre affaire criminelle sur fond de drame passionnel en 1928, drame qui a ensuite inspiré Federico Garcia Lorca pour sa fameuse pièce « Noce de sang ». Mais sa renommée populaire la plus remarquable fut de servir de décor au film de Sergio Leone, Le bon, la Brute et le Truand, ce bâtiment étant le monastère où sont recueillis « Blondin » blessé et « Tuco » après leur périple dans le désert. METROPOLIS N°14 DÉCEMBRE 2008 / JANVIER 2009
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COUR DES ARTS cinéma
Ceux qui ont longtemps travaillé avec le maître s’en souviennent, comme Carlo Leva, constructeur de décors : « Sergio nous a demandé de sillonner l’Espagne du nord au sud et d’est en ouest. Au bout de vingt-cinq jours, nous avions une bonne connaissance du territoire et du genre de paysages que le pays pouvait offrir pour le tournage d’un western. La première fois que j’ai vu Almería, j’ai été frappé par la beauté de la nature alentour. On aurait dit les Etats-Unis au XIXe siècle. » Sergio Leone construisit ici son amérique, sa vision d’ouest de cowboys et de bandits. Après lui de nombreux cinéastes investirent les environs, mais petit à petit, les vestiges de cet âge d’or du cinéma européen disparaissent, emportés par la décrépitude et la poussière. Seules les ombres des personnages incarnés par Clint Eastwood, Claudia Cardinale, Henry Fonda et tant d’autres semblent encore hanter les lieux. TEXTES : TAMURELLO ET ZEPPELIN PHOTOS : ZEPPELIN
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LES SORTIES... Exposition
> Quoi de neuf Federico ? De la caricature au dessin érotique − près de 80 dessins du réalisateur et scénariste italien Federico Fellini. 30 octobre 2008 – 28 janvier 2009 / Musée des Beaux-Arts / 10h à 18h tous les jours sauf le mardi / gratuit les 1er dimanches de chaque mois
Séries télévisées
Mid season : Le retour à l’action Aux Etats-Unis, on arrive à la fatidique période de la mid season. Les saisons des séries courtes, lancées en septembre, s’arrêtent, et en particulier The Shield qui s’achève définitivement dans une apothéose d’une noirceur rare, une fin qui justifie un scénario qui se sera déroulé comme une mécanique bien huilée du premier au dernier épisode de la série. Tu nous manqueras, Vic ! Autre gros bras à refaire son apparition dans l’intervalle du milieu de saison est Jack Bauer qu’on avait quitté bien fatigué au terme d’une sixième saison de 24 qui commençait à tourner au ridicule tant les scénaristes n’arrivaient plus à se dépétrer de toutes les invraisamblances cummulées depuis le tout début des aventures du héros qui aura réussi à éclipser tous les gros bras hollywoodiens du grand écran. Fox TV, se remettant difficilement de la défaite de son candidat McCain aux récentes présidentielles, aura certainement vu le coup électoral venir, puisqu’est apparu un double épisode spécial de 24 après un an et demi de silence, où Jack Bauer se trouve en Afrique, luttant contre les bandes armées enrôlant de force des enfants pour en faire de sanguinaires soldats. Etonnant revirement politique pour une série qui n’avait eu de cesse ces dernières saisons de justifier les débordements connus dans la prison d’abou ghraib. Il semble bien que Jack Bauer redevienne démocrate comme lors de la seconde saison de 24. Etonnant révélateur d’une industrie du spectacle où les vestes sont doublées des deux côtés. Du côté des comédies The Big Bang Theory, sitcom de facture classique narrant les aventures de quatre geeks (boutonneux à lunettes, amateurs de jeux vidéos et de sous-cultures) à la rencontre de leur nouvelle voisine, une vrai fille, s’impose comme le programme le plus drôle à regarder ces temps-ci.
jeune public
> Autour de violette Toute une atmosphère de fantaisie et émotions et deux musiciens complices sur scène, qui créent une subtile enveloppe sonore à la poésie des mots − chanson à partir de 6 ans. Dimanche 14 décembre 2008 / 16h00 / Salle Poirel
Musique classique
> Orchestre symphonique du conservatoire régional du Grand Nancy « Konzertstück pour 4 cors et orchestre » de Robert Schumann, « Scène d’Orage » de Joseph Hellmesberger, « Scènes bohémiennes » de Georges Bizet − direction : Jean-Philippe Navarre. Mardi 16 décembre 2008 / 20h00 / Salle Poirel
Théâtre
> Sous les visages Julie Bérès : un théâtre qui explose de vie et d’inventions. Du mardi 06 janvier 2009 au samedi 10 janvier 2009 / 19h30 ou 20h30 / Centre Culturel André Malraux
Musique
> Ayo. « Un album ne suffisait pas pour parler de ma vie, de mes expériences, de mes opinions. » La jeune femme pleine d’énergie avec la voie douce entre soul, folk et reggae en concert après la sortie de son seconde album Gravity At Last. Samedi 10 Janvier 2009 / 21h00 / L’Autre Canal
Musique
Retour Retour du du gros gros rock rock des des années années 80 80
Espaces BRAJOU
Rêves de Noël
STUDIO METROPOLIS
En musique, tout est cyclique. Alors que TV on the Radio cartonne en revisitant Genesis et Bowie, et que Roberto Alagna reprend ou parodie Louis Mariano, selon le point de vue, le gros son métal des années 80 revient avec deux de ses plus gros vendeurs historiques. Après la sortie du dernier Metallica c’est AC/DC qui nous assène « Black Ice » un album qui n’est ni plus ni moins que AC/DC faisant du AC/DC, de la qualité, du gros son, mais pas beaucoup de surprises. Taillés dans le rock, avec la capacité d’évolution d’un massif montagneux. Pour finir, la plus grande arlésienne du monde du rock arrive enfin, Gun’s and Roses sort « Chinese Democracy » le tout nouvel opus d’Axel Roses puisqu’il est le seul rescapé de la formation d’origine. L’album est bon, evidemment incapable de rivaliser avec les reliques générationnelles que sont devenus les premières galettes des GNR, mais la qualité est au rendez-vous. Malgré tout, à écouter ces mastondontes, on constate que les gros vendeurs du métal sont incapables de rivaliser en créativité P A temps R I S ? avec leurs homologues du Hiphop. Signe des
STUDIO METROPOLIS
Nouveaux albums d’AC/DC et Gun’s&Roses
Espaces BRAJOU
Rêves de Noël
FAU C H O N
FAU C H O N PA R I S
Noël
Le Le P’tit P’tit Baz’Art Baz’Art
13 – 14 décembre au site ALSTOM Le marché de Noël des artistes. Inratable !
ESPACE BRAJOU Rond-point de La Sapinière NANCY-LAXOU Tél. 03 83 96 21 21
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SPÉCIAL FÊTES DE NOËL
Joyeux Noël !
T
Une fête retrouvée, un conte à partager L’intro pour les parents
out d’abord je souhaiterais remercier la grande distribution pour m’avoir rappelé dès fin octo bre que c’était bientôt Noël. C’est vrai que tous les ans j’ai peur de l’oublier... Heureusement ma boîte à lettres noyée de publicités criardes tire la sonnette d’alarme afin que plane au dessus de ma tête un compte à rebours en euros indexé sur le marché obligataire des cadeaux. Magie de Noël… Par chance, on me rassure,
on m’assure de pouvoir trouver mon beau petit tas d’objets manufacturés « made in china » à prix cassé et ce sans la moindre baisse de qualité garantie, juré, craché ! D’après les publicités, l’or fin et les diamants de 20 carats sont exceptionnellement accessibles à portée de bourse de mendiants… A les en croire, les chocolats d’Afrique les plus suaves, et la vanille brute, et tous les
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épices d’orient se dissimulent (en quantité infinitésimales métissées de produits chimiques non cancérigènes aux noms barbares) sous le cellophane des boîtes de chocolats industriels, qui, à petit prix, connaissent la recette du bonheur par coeur. Après avoir tapé ces quelques lignes, je me sens comme une envie d’avaler un anxiolytique calibré pour la période. Mais non, j’ai décidé d’arrêter. Aussi, je sors faire un tour dans les rues commerçantes afin d’enquêter sur les dernières traces de l’esprit de Noël. Subsistet-il encore le plus petit homoncule de lutin farceur sans pile, la plus mince attention gratuite réalisée pour l’art ou le sourire d’un enfant ? Cherche donc Don Quichotta (je m’appelle Don Quichotta lorsque je pars sur une enquête périlleuse…) Et là miracle au détour des lumières de la Place Henri Mengin où font la manche sans grand espoir quelques punks à chien, j’ai redécouvert le cœur vivant de la Saint-Nicolas qui palpitait sous le miel… J’ai rencontré des personnes habitées, obsédées par l’obligation impérieuse de renouveler chaque année leurs collections de pâtisseries avec autant de fièvre et d’attention que pour un grand défilé de mode parisien, moins superficiel qu’au service de l’éternel Noël… SDS
Le texte pour les enfants
Des Pain d’épices et des Fèves Cette histoire est inspirée d’une passion réelle
L
a brume matinale s’estompe dans les rues de Nancy. La place du marché s’éveille peu à peu. Les vitrines s’illuminent et comme guidée par les odeurs qui berçaient mon enfance j’approche de la pâtisserie qui aligne délicatement des rangées de pains d’épices, de macarons et de chocolats de toutes sortes et formes. Comme une enfant, j’imagine la cuisine intérieure comme une chambre des secrets, véritable laboratoire des saveurs aux proximités exotiques. Un plan en marbre qui s’étendrait à perte de vue comme un continent sauvage, des casseroles cuivrées mitonnant de précieux ingrédients comme bouillonnent des volcans, une fontaine de chocolat semant ses gouttelettes en pluie fine sur des farandoles de confiseries, des marmitons tout de noir vêtus s’activant avec énergie dans l’élaboration d’une sculpture géante en pâte d’amande nappée de miel. Sortie de ma rêverie, je veux tout savoir des secrets de cette pâtisserie, certaine de découvrir derrière l’agencement harmonieux de ces Saint-Nicolas une histoire, un vrai conte à partager.
C
’est en 1933 que la famille Hulot s’installe dans ces murs et découvre dans un écrin, tel un trésor une recette que l’ancien propriétaire leur avait laissé : la recette du pain d’épices. Transmise de génération en génération, elle était le symbole de la Saint-Nicolas, une fête si chère à l’Alsace-Lorraine. Les enfants d’alors déposaient
leurs pantoufles devant la cheminée et découvraient au petit matin une clémentine et un Saint Nicolas en pain d’épices. C’était peu, c’était tout, c’était beaucoup. Mais au fil des ans, l’ancienne pâtisserie périclita sous les coups de boutoirs des magnats de la friandise industrielle, et la petite odeur du miel artisanal disparut de la rue…
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SPÉCIAL FÊTES DE NOËL
S
ans qu’on en comprenne l’origine, Mme Hulot, en alsacienne de tradition ne pouvait imaginer une seule seconde de vivre dans un monde de Saint Nicolas de série. Aussi, chauque année, elle s’enferme un soir dans son atelier des délices, entourée d’ouvrages historiques presque des grimoires détaillant les recettes et principes alchimiques des saveurs oubliées, regardant les icônes du Saint d’Antan et les histoires d’aujourd’hui dont la narration fait encore friser l’œil des enfant. Elle s’enferme et réfléchit. Cette année encore, gagnée par le sommeil elle s’assoupit sous la chape de ses gros livres quand quelqu’un frappe à la porte. Réveillée par cette visite inattendue elle ouvre. Une jeune femme se tenait devant elle. Deux grands yeux pénétrants, un visage marqué par le froid hivernal, la femme demanda à entrer. Mme Hulot l’installa devant un chocolat chaud et naturellement la jeune femme conta son histoire. Artiste, Fabienne Martin, voyageait à la recherche de nouvelles inspirations. Fatiguée, elle souhaitait se reposer et se réchauffer. Attirée par une douce lumière provenant de la pâtisserie elle décida de s’y arrêter. Mme Hulot, touchée par la sensibilité de Fabienne, lui proposa de rester pour la nuit. Toutes les deux étaient assises autour d’une table, la lueur d’une bougie caressait leurs visages. Devant elles, du pain d’épices encore chaud. Son fumet et sa couleur mordorée se mêlaient aux couleurs des aromates posés sur le plan de travail et au miel étincelant. Tout luisait dans la pénombre. Mme Hulot narra à son tour son histoire faite de recherches incessantes pour chaque
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année, redonner vie au Saint patron des écoliers. Devant l’irréductible détermination de Mme Hulot, l’inspiration gagnait la fibre artiste de Fabienne qui se reconnaissait dans ce miroir de l’obsession. Les deux femmes s’enfermèrent dans l’atelier 40 jours durant. A travers la porte on pouvait entendre des cris de rages, des fous rires, des pleurs, l’agitation des ustensiles fracassant le sol. De temps à autre, elles faisaient une brève apparition pour crier des ordres, demandant de leur apporter différents matériaux et rappelant que personne ne devait les déranger. Mme Hulot s’était confectionné un grimoire garant de leurs découvertes qu’elle ne quittait plus.
Le 40
jour, le bruit cessa. Plus rien ne semblait se passer dans l’atelier. Le mari de Mme Hulot, inquiet, décida de braver l’interdiction d’entrer. A son grand étonnement les deux femmes avaient disparu. Sur la table, le grimoire entrouvert. Il s’approcha et découvrit tous leurs travaux et recherches. ème
A fin de rehausser la saveur du pain d’épice, elles
avaient trouvé un miel fabriqué dans un petit bourg voisin par un apiculteur. En été la transhumance de ses ruchers vers les fleurs butinées par ses abeilles permettait la confection d’un miel composé de milles arômes subtils. Puis des croquis d’objets, des dessins griffonnés et leurs créations : 3 images colorées formant un triptyque retraçant l’histoire de la Saint Nicolas. Une petite figurine le représentant surplombait 5 fèves. Mais rien n’était
laissé au hasard. Ces petits objets, dessinés avec passion l’image d’un Saint qui a traversé de nombreuses cultures démontraient une frénésie historique faite de découver- et frontières. Mr Hulot, émerveillé, fut touché au vif. Elles avaient réussi. Il se mit à l’ouvrage pour fondre ses tes sur l’évêque de Myre, le vrai Saint Nicolas, patriarche orthodoxe. Tout autour de cette figurine étaient dispo- chocolats, ciseler ses pains d’épices sans relâche du soir sés les symboles de sa légende : une église romane, un au matin. L’histoire ne dit pas ce qu’elles sont devenues, mais il est fort à parier qu’elles reviendront l’année proâne, une femme, des enfants agenouillés priant en signe d’humilité. Ces fèves et figurines aux couleurs or, ivoire, chaine. Dans cette attente, pour goûter un peu de leur violette, turquoise, illuminaient la pièce. Elle étaient dis- magie, il suffit d’entrer dans la pâtisserie et de faire face à cette ligne scintillante de Saint Nicolas pointant leurs posées sur une carte avec les indications de leurs confections : peintes à la main en Indonésie elles incarnaient doigts vers l’enfant que vous êtes. EMILIE LANDO
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JEUX VIDÉO
idÉes pÈre noËl Petit Papa Noël, quand tu descendras du ciel, avec tes jeux vidéos par milliers, n’oublie pas mon lecteur DVD (ou Blueray) ! Mais à présent que la crise est là et que les nouveautés peuvent parfois s’afficher jusqu’à 75 € lors de leur sortie, il va falloir faire attention à la manière dont nous allons percer le fond de nos poches. Aussi, voici un guide d’achat utile et malin pour le soir du réveillon. Nos conseils....
...PS3
...Wii
...PC
Dead Space
Bioshock Avec un peu de retard sur les autres supports, Bioshock a débarqué sur PS3. Jeu d’action se déroulant dans un univers extrèmement original, fait de décors fifties qui n’auraient pas dépareillé dans la « cité des enfants perdus ». Doté d’un scénario prenant, d’une réalisation sans faute, Bioshock propose l’une des aventures les plus singulières qu’il soit. Un must.
Little PlanetBig
L’alternative
Véritable boite à outils permettant de réaliser quasiment toutes les folies possibles dans le genre du jeu de plate-forme, cher à Mario et Luigi, LGP, avec ses décors mignons à souhait, son éditeur ultra complet de niveau, et surtout sa partie communautaire qui permet à tous ses pratiquants d’échanger leurs créations en ligne, propose une durée de vie quasi infinie. Un subtil mélange de passéisme et de modernité.
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Super Smash Brawl De la baston à donf avec tous les héros de la planète Nintendo. Voici en quelques mots ce que propose SSB, en plus d’un nombre incalculable de modes de jeux et de personnages.
L’alternative Toujours au sommet de l’art ludique, Okami est une expérience unique tant pour les yeux que pour les doigts qui manipulent le pad. Incarnez une déesse louve dans un tourbillon graphique, véritable hommage à toute la spiritualité niponne, en même temps qu’un trésor de Gameplay. Une expérience indispensable.
Okami
Survival Horror spatial, Dead Space propose au joueur d’explorer les secrets les plus horrifiques qui hante les tréfonds d’un espace de science-fiction. Jamais l’angoisse et le furisme n’ont été fusionnés pour un jeu d’une telle qualité. Paradoxalement, plus on progresse dans le jeu, plus on a peur de ce que le sas suivant peut nous faire découvrir. Ames sensibles s’abstenir... vraiment.
L’alternative
Devil May Cry 4 Pour tous les amateurs de jeu d’action, DMC4 propose ce qu’il se fait de mieux dans le genre. Combats cyclopéens contre des dizaines d’ennemis ou contre des boss finements ciselés par le plus frimeur et poseur de tous les héros de jeu vidéo. Une incursion réussie du japonais Capcom sur les terres du PC.
L’alternative Impossible d’arrêter de jouer à Patapon ! Ce jeu de tambour et de rythme vous permet de commander une armée complète de créatures dans leur quête de destruction. Un design hors du commun et une musique totalement obsédante.
Professeur Layton et l’Etrange Un jeu d’aventure deVillage facture classique mais totalement maîtrisé, qui vous permettra d’enquêter sur une étrange histoire de meurtre tout en résolvant des énigmes prenantes. Pour l’instant on n’a pas vu mieux pour passer le temps dans les transports en commun.
LIVRAISON À DOMICILE
Le retour du jeu de course de voitures de l’éditeur Rockstar sur la petite PSP et de ses courses complètement échevelées, bénéficiant d’une mise en scène qui propulsera le gamer enragé à se relancer dans la course malgré de spectaculaires sorties de route.
mardi - samedi 11h30 - 13h30 dimanche - jeudi 18h - 22h / vendredi & samedi 18h - 22h30
L.A. Remix
Venez aussi déguster nos pâtes, salades, nuggets, pilons de poulets
STUDIO METROPOLIS
...PSP ...DS Midnight Club :
Pour votre santé, manger équilibré.
L’alternative Petit jeu de gestion tout mignon, des dizaines d’activités vous serons proposées dans le cadre de micro-gestions permettant d’élèver les petits Pinatas, sympathiques créatures colorées.
Patapon
Viva PiÑata : Pocket Paradise
L’alternative Le retour d’une des valeurs sûres du jeu de rôle sur console. Dans un univers somptueux, traversez villes et forêts de terres mythiques pour vivre une grande épopée dans le monde médiéval fantastique d’Albion. Un jeu très abouti.
Fable II
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Une réalisation hors du commun, une violence jubilatoire, au service d’un des jeux d’action les plus aboutis de l’histoire. GOW2 est une réussite totale, pour tous les bourrins désireux d’être pris dans une épopée sauvage et instinctive. Les amateurs d’agitation de neurones passeront (quoique, ce serait peut être dommage !)
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INFORMATIQUE
Contre la « facture numérique »
D
epuis quelques temps le monde de l’informatique est secoué par un nouveau phénomène dans le milieu du nomadisme, le netbook*. L’idée est née dans le cadre du projet OLPC (One Laptop Per Child) en novembre 2005 : « un ordinateur portable par enfant » dans les pays émergents afin de leur donner accès aux nouvelles technologies. Le Taïwanai ASUS avec son eeepc 700 visait alors un nouveau marché sectorisé. Mais après un formidable succès, l’énorme majorité de la concurrence s’est positionnée sur ce créneau étendu aux pays occidentaux cherchant des solutions portables à bas prix. Pour vous retrouver dans cette jungle du prix cassé aux performances réduites, notre spécialiste informatique a passé au peigne fin 6 modèles avec des écrans de 7,8’’ à 10’’. En mettant en avant les points forts comme les points faibles de ces configurations dédiées, vous pourrez choisir un netbook véritablement adapté à vos besoins. Scandisk complet. ALEXANDRE GOMBAUT
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Hewlett-Packard HP 2133 Mini-Note écran : 8,9’’ disque dur : 160 Go mémoire : 2 Go + finition + qualité du clavier - rapport qualité / prix moyen prix : entre 320 € et 540 €
ASUS 1000H écran : 10,2’’ disque dur : 80 Go mémoire : 2 Go Webcam : 1,3 million de pixels + 6 cellules - 6600 mAh + Wifi N, bluetooth prix : environs 420 €
MSI WIND U100 écran : 10,2’’ Disque dur : 80 Go mémoire : 1Go + clavier appréciable + bonnes performances prix : 399 €
ACER ASPIRE ONE écran : 8,9’’ Disque dur : ssd 8 Go mémoire 512 Mo + silencieux + qualité de l’écran prix : à partir de 299 €
*netbook: c’est un ordinateur portable de petite taille (écran 10’’ max) vendu à bas prix et aux performances moindre qu’un ultra portable.
78 METROPOLIS N°14 DÉCEMBRE 2008 / JANVIER 2009
LES PRODUCTIONS LABEL LN PRÉSENTENT LE MEILLEUR DES SPECTACLES PHILIPPE CANDELORO
LA PREMIÈRE TOURNÉE SOLO DEPUIS 10 ANS
GERARD DROUOT PRODUCTIONS S.A. * 4 RUE CHAUVEAU-LAGARDE - 75008 PARIS * SIREN 388 281 586 * RCS PARIS B 388 281 586 * LICENCES III N° 13545 * IV N° 13557 * VI N° 13623 SOCIÉTÉ ANONYME AU CAPITAL DE 100 000 €
LA PREMIÈRE TOURNÉE SOLO DEPUIS 10 ANS
Hello & Goodbye
1ère PARTIE
JOSEPH ARTHUR
JEUDI 18 DÉCEMBRE • 20H ZÉNITH • STRASBOURG
ZÉNITH STRASBOURG
10 ET 11 JANVIER
SAMEDI 10 JANVIER L’AUTRE CANAL • NANCY JEUDI 5 FÉVRIER • LES ARÈNES • METZ
17 & 18 JANVIER • LES ARÈNES • METZ
JEUDI 12 & VENDREDI 13 FÉVRIER • 20H L’AUTRE CANAL • NANCY MERCREDI 1er AVRIL • 19H30 LES ARÈNES • METZ
MERCREDI 25 & JEUDI 26 FÉVRIER ZÉNITH • STRASBOURG
MERCREDI 18 MARS ESPACE CHAUDEAU • LUDRES
“OUR BRIGHT FUTURE”
Nouvel Album le 10 novembre
FNAC, CARREFOUR, GEANT ET MAGASINS U, 0 892 68 36 22 (0,34 €/min), GDP.FR, FNAC.COM
SAMEDI 17 JANVIER GALAXIE • AMNÉVILLE
SAMEDI 31 JANVIER ESPACE CHAUDEAU • LUDRES © Aglaé Boory
MERCREDI 15 FÉVRIER L’AUTRE CANAL • NANCY MERCREDI 4 MARS • 20H LA PASSERELLE • FLORANGE
JEUDI 12 MARS • SALLE POIREL • NANCY MERCREDI 18 MARS • L’ARSENAL • METZ
MERCREDI 18 MARS • LES ARENES • METZ VENDREDI 20 MARS • ZÉNITH • NANCY
VENDREDI 27 MARS ESPACE CHAUDEAU • LUDRES
JEUDI 2 AVRIL • 19H • ZÉNITH • NANCY
JEUDI 23 AVRIL • L’AMPHY • YUTZ
VinCent Delerm
Pauline 20x30_générique.qxp
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12 & 13 MAI • LES ARÈNES • METZ
: M'arrêter LOCATIONS là
M'arrêter là M'arrêter là
MAGASINS FNAC • CARREFOUR www.fnac.com • 0 892 68 36 22 (0,34e/mn) VIRGIN • LECLERC • CORA • AUCHAN AGENCES MGEL ET POINTS DE VENTE HABITUELS RENSEIGNEMENTS, TARIFS GROUPES :
MERCREDI 27 MAI • ZÉNITH • NANCY
© Jean-Claude Camus Productions Lic. min. 7930 & 7934 • Concept & design vu intégral • Photo Agence Angeli
VENDREDI 15 MAI • LES ARÈNES • METZ
JOHNNY HALLYDAY © Jean-Claude Camus Productions Lic. min. 7930 & 7934 • Concept & design vu intégral • Photo Agence Angeli
HARLEM GLOBETROT TERS
JOHNNY HALLYDAY JOHNNY HALLYDAY LABEL LN : 03 83 45 81 60
SAMEDI 6 JUIN • 19H STADE ST SYMPHORIEN • METZ
Programme complet sur
Les spectacles commencent à 20H30 sauf mention contraire
BORIS BERT PROGRAMME SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS • LICENCE III 540109 • RCS NANCY 382 501427
SINSEMILLIA
© Jean-Claude Camus Productions Lic. min. 7930 & 7934 • Concept & design vu intégral • Photo Agence Angeli
LOCATIONS :
CONSO SPÉCIAL NOËL
Perroquet USB
Un traître au bureau pour 24,90 € chez www.coindugeek.com
Parfois, la vie de bureau peut être un tantinet lassante... Aussi, pour la pimenter, oser le perroquet USB. Non seulement vous pourrez lui apprendre des phrases qu’il ressortira avec une voix de perroquet, tout en battant des ailes, mais en plus il pourra enregistrer et refaire au hasard des bribes de conversation entendues dans votre bureau. Pas besoin d’ennemis avec un volatile pareil !
OUCH!
par Fred design
Faire du vaudou sans risquer de procès pour 12,50 € chez OB.G, rue d’Amerval NANCY
Rassurez-vous, cette poupée vaudou ne ressemble à aucun homme politique particulièrement procédurier ! Elle pourra vous servir de porte cure-dents original et vous permettra de ressentir une petite satisfaction étrange chaque fois que vous replanterez le pic après avoir boulotté votre olive !
Fred Lingot bijou Un bijou placement pour 950 € chez www.fred.com
C’est la crise, mais pas pour tout le monde ! Si vous désirez offrir un bijou à votre épouse mais également faire un joli placement, le joailler Fred propose ces 5 gr d’or certis d’un petit diamant.
La canoe transparent La mer vue du dessus pour 1600 $ chez www.hammacher.com
Lassé des sempiternelles balades sur mers et sur lacs ? Voici de quoi renouveler l’exercice ! Avec ce canoe totalement construit en polymère transparent, vous aurez l’occasion de pouvoir contempler les coraux, les truites et les sacs plastiques, passer sous votre esquif lorsque vous emmènerez l’être aimé en roucoulade lacustre.
Circuit de course Shelby
La régression faite cadeau de noël pour 250 $ chez www.restorationhardware.com Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas comprendre. En ce temps là, on n’avait pas de consoles de jeu nouvelle génération mais on s’échinait à appuyer sur un accélérateur en forme de poignée pour faire avancer des petites voitures électriques ! Comble du bonheur, Shelby ressort ce circuit de près de 20 mètres de long !
Coussins BARBAPAPA vus chez Espaces Brajou à partir de 29,90 €
Ces coussins sont très doux, très agréables au toucher. Ils ont les mains aimantés. Invitation à la paresse et au bien être, ils raviront aussi bien les petits que les grands. Egalement les lampes Barbapapa qui laisseront dans votre intérieur une ambiance douce et tamisée. Pour faire office de veilleuse pour vos enfants ou pour garder au chaud votre âme d’enfant. Espaces BRAJOU vous propose toute la collection LEBLON DELIENNE avec encore les Barbapouf, le tableau noir Barbouille,… pour un Noël très Barbapapa.
80 METROPOLIS N°14 DÉCEMBRE 2008 / JANVIER 2009
Kitty Wigs
Hara Kiri, les belles images
Offrez une coupe à votre chatte pour 50 $ chez www.kittywigs.com
Anthologie bête et méchante pour 31 € chez le vendeur de livres
Tout ce qui est subversif en France a tôt ou tard emprunté quelque chose au fameux magazine Hara Kiri qui durant 25 ans d’existence aura outré la France entière. Parfois un peu faciles, les vannes du magazine resteront dans l’histoire pour leur aspect subversif. A replacer dans son contexte, mais quand même, c’est bon quand c’est con comme ça.
En ces temps de baisse de la démographie, il faut soigner nos sympathiques animaux domestiques qui remplaceront tôt ou tard les enfants. Aussi, amoureux et amoureuses des petites bêtes, respectez les un peu plus en leur offrant ces atours. Il ne leur manque plus que la parole !
Miss Army Kit JOLLY ROGER DOORMAT par Kikkerland design
La paillasson de la mort pour 29 € chez OB.G, rue d’Amerval NANCY
Le couteau suisse pour filles pour 24,90 € chez www.nodshop.com Miroir, lampe, aiguille, fil, lime à ongles, ciseaux, boîte à pilule, stylo, règle, tire-bouchon, décapsuleur , mini couteau, et flacon de parfum composent l’arsenal disponible sur ce véritable couteau de survie de la femme moderne ! Tant qu’à optimiser son sac à main, autant aller à l’essentiel !
Communiquez avec ses voisins peut parfois s’avérer être une tâche difficile, aussi utilisez ce joli paillasson pour envoyer des ondes positives à tous ceux qui passeront devant votre porte.
PillBox
par worldw!de
Comment faire passer la pilule pour 5 € chez OB.G, rue d’Amerval NANCY
Voici un rangement qui ne laissera personne indifférent ! A vous de choisir, pillulier des temps modernes ou rangement qui ne pourra jamais être oublié, ces pillbox apporteront une touche colorée indiscutable à votre intérieur.
Qbikes Gutenberg La Rolls de la byciclette pour 699 € chez YodaBikes au 03 83 96 43 60
La mode du vintage frappe aussi le vélo. Le Gutenberg est fabriqué en tubes acier comme la bonne vieille Bicyclette de Papi. Les freins à tambour, la pompe, les pédales, et surtout la selle (sur amortisseurs) et les poignées en cuir Brooks, tous les accessoires à l’ancienne sont là. Pour le côté moderne, il est équipé d’un moyeu à 7 vitesses intégrées et d’un porte-bagages en aluminium haut de gamme. Attention tout de même à ne pas vous le faire voler par votre grand-père !
METROPOLIS N°14 DÉCEMBRE 2008 / JANVIER 2009
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CONSO SPÉCIAL NOËL
Les Sopranos – Co ffret Premium L’intégrale de LA série culte dans un coffret à 199 €
Tous les jours qui passent depuis la fin de cette série font ressembler nos vies à un océan de larmes ! La série de David Chase, qui narre au fil des jours la saga d’une famille de truands mafieux du New-Jersey, a donné ses lettres de noblesse à la série TV, réussissant à faire oublier la trilogie du Parrain, incapable de proposer plus d’épaisseur et de finesse que la fresque criminelle de Toni Soprano et ses sbires. Indispensable, égale dans la qualité, dérangeante, écrite à un niveau oscarisable, interprétée par une troupe au milieu de laquelle la présence de James Gandolfini écrase tout, le cours de rattrapage est obligatoire pour tous ceux qui auraient raté le chef d’œuvre.
Justice, a cross the universe
Réveil rectangle
Coffret CD + DVD pour 18,99 €
Le groupe phare de l’electro française sort pour les fêtes un coffret joignant un live plus un documentaire sur leur tournée mondiale de 18 mois.
de Karlsson
Réveil en douceur pour 82 € chez OB.G, rue d’Amerval NANCY
C’est pur et rectangulaire, et au niveau design une réussite indéniable. Ce réveil qui affiche l’heure grâce à ses énormes leds revient à l’essentiel. De plus, il est tellement joli qu’il vous évitera de ronchonner dès que vous ouvrirez les paupières.
Affiches de film
Des affiches originales à tous les prix sur www.cinemaffiche.com
Quoi de plus graphique et spectaculaire que l’affiche originale d’un film culte sur un de vos murs. Depuis les années 30 jusqu’à aujourd’hui, explorez cette caverne d’Ali baba cimétographique virtuelle, où vous trouverez des cadeaux à même de satisfaire toutes les générations.
Un dîner à l’Arnsbourg Le must des papilles à partir de 215 € par personne
Le saviez-vous ? Un des cuisiniers les plus importants de sa génération, Jean-Georges Klein, siège dans son restaurant lorrain, à Untermuhlthal. Homard bleu à la camomille, cappucino de topinambour et de truffes, le firmament de la cuisine triple étoilée est à votre disposition sous forme de d’invitations tout compris sur le site du maestro et de son équipe. (http://arnsbourg.com/). A s’offrir une fois dans sa vie.
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Canon EOS 1000 D
Le bon appareil pour débuter le reflex numérique pour 499 €
Vous en avez assez du compact dont vous avez fait largement le tour ? Assez des photos de fêtes de famille avec le flash en pleine figure de vos convives ? Envie de devenir le nouveau Robert Doisneau ? Alors il est temps de passer au niveau supérieur et d’expérimenter un vrai boitier reflex, et ça tombe bien car Canon commercialise pour 499 € un appareil complet, objectif inclus, à même de vous initier au monde de la photo pour les grands.
Tomtom XL Europe
Un GPS qui a tout pour plaire à 249 €
Innover dans un GPS autonome est une gageure tant l’offre est à présent pléthorique sur le marché. Pourtant, Tomtom arrive encore à nous surprendre avec ce modèle qui outre toutes les fonctions traditionnelles propose un système de fixation extrèmement efficace et un confort d’écoute audio au-dessus.
Laptopart
Des décorations de portable pour 30 $ chez www.infectious.com
Trop triste le portable sur lequel vous passez vos journées ? Alors passez au tuning de machine ! Les graphistes du site Infectious ont concocté des dizaines de stickers pour le dos de vos portables préférés qui deviendront ainsi des objets d’art à part entière. La classe sur votre bureau, la honte pour vos collègues.
Téléviseur Sony Bravia KDL-40W4500 Le bon compromis en écran plat à environ 1200 €
Dans la jungle des écrans plats, difficile de faire son choix. Pourtant, quelques modèles se détachent de la masse tel que ce Sony Bravia : diagonale de 101 cm, fullHD, contraste excellent, couleurs magnifiques, tuner TNT HD intégré, ce téléviseur a tout pour plaire et est définitivement un des meilleurs choix pour ceux qui ont décidé de casser leur tirelire pour les fêtes.
Tommyca TCS 3200
Véloradio pour 199 € chez YodaBikes Nancy, 03 83 96 43 60
Invitation au voyage Vu chez Espaces BRAJOU NANCY-LAXOU
Chaque collection Estéban raconte une histoire, appelle un souvenir, suscite l’émotion. Entre nature et culture, c’est toujours une invitation au voyage conjuguée autour de parfums et d’objets déco. Eau de toilette, bougies, céramiques parfumées, vaporisateur et/ou huile de massage, laissez aller votre imagination et jouez avec les couleurs. Un coffret cadeau pour accueillir toutes vos envies !
Voici la révolution pour tous les cyclistes mélomanes. Fini le lecteur MP3 qui vous coupe dangereusement de votre environnement, TOMMYCA présente le premier véloradio. Lecteur MP3 de 2 GO de mémoire, radio FM, écran LCD, rechargeable par prise USB, hauts parleurs directionnels (pour votre plaisir d’écoute et la tranquillité des piétons), le TOMMYCA est un concentré de technologie. Et pour les plus courageux le boitier étanche vous permettra d’affronter la pluie. Ergonomique et nomade (d’un simple clic) il vous offre en plus pour votre sécurité deux diodes lasers de 10 mètres de portée. Eblouissant !
Mug DOMBO
par Richard hutten
Partager son café avec l’être aimé ça n’a pas de prix, enfin si : 15 € chez OB.G, rue d’Amerval NANCY Deux utilisations possibles à ce mug. Soit vous êtes dans un couple très fusionnel et vous faites tout pareil que votre chéri(e) dès le matin et en même temps, où alors vous êtes un grand enfant et vous n’avez jamais pu vous remettre des petits déjeuners où vous saisissiez votre bol de chocolat chaud à deux mains.
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SPORT FOOT
Retour aux sources…
E
n regardant les matchs de l’ASNL, ces dernières semaines j’ai eu la désagréable sensation d’être allé faire un petit tour au volant d’une Delorean 1975 (petite référence à « Retour vers le futur » pour ceux qui auraient loupé ce film culte) et de me retrouver propulsé 4 ans en arrière. A la grande époque où la seule chose qui me tenait éveillé pendant les matchs était le froid glacial qui envahit Picot pendant cette longue période hivernale. L’avantage à Nancy, est que cette période est un plus longue que partout en France. Résultat, aux moins huit mois de compétition sans aucun risque de som-
84 METROPOLIS N°14 DÉCEMBRE 2008 / JANVIER 2009
nolence pendant les trépidantes parties proposées par nos joueurs. Trêve de plaisanterie et revenons au jeu (ça vas être vite réglé) et surtout aux résultats. De ce point de vue, pas grand chose à reprocher aux troupes de Correa, dix points sur douze possible lors des quatre derniers matchs, avec en prime une victoire de rang contre Bordeaux et Yoann Gourcuff la nouvel star nationale. Au niveau comptable, le premier relégable est à neuf longueurs, on se rapproch e de la première partie de tableau, ce qui a de quoi rassurer aux vues du début de saison catastrophique. En prime, l’équipe est toujours en course pour une qualification en seizième de final de la coupe de l’UEFA. A ce sujet, j’espère que vous serez nombreux pour le match contre le spartak Moscou, on n’est pas certain de revoir un match de coupe d’Europe de si tôt… Alors qu’est ce qui a bien pu changer depuis le mois dernier ? Le retour aux sources, tout simplement.
Défense à cinq, neuf joueurs sur onze à vocation défensive, une chose est sure, on ne prend plus de but, on en marque toujours pas beaucoup non plus… Mais comme l’année de la remontée en ligue 1, on arrive à marquer sur la seule demie occasion du match. Voir mieux avec cette statistique surréaliste contre Caen, et qui plus est à domicile : zero tir cadré, un but, merci Mr Florian Boucansaud qui a marqué contre son camp sur un corner de Benjamin Gavanon. Avec un style de jeu ultra défensif l’équipe n’est pas épargnée par la presse spécialisée qui nous qualifie tantôt de « Muraille de chine », tantôt de « de
casseurs ». Ou encore Laurent Blanc, qui ne trouve rien d’autre à dire au sortir de la défaite des siens qui avaient dominé le match de la tête et des épaules : « le foot c’est le seul sport où tu peux défendre et gagner à la fin », tout à fait… Mr le président, mais vous êtes aussi tombé contre des spécialistes. A ce sujet, je soupçonne Correa de le faire exprès : sur les quatre derniers match, on se laisse totalement dominer en première mi-temps, en jouant très bas, juste devant la gardien. L’équipe adverse se crée forcement des occasions, à onze derrière, le roseau plie mais ne rompt pas. Ce qui a pour effet de laisser penser aux adversaires qu’ils nous sont supérieurs. A la limite de s’embourgeoiser en se disant qu’au fil des minutes cela va bien finir par passer, et que de toute façon vu le niveau affiché par Nancy ils ne risquent rien. Sauf qu’il suffit d’une action rondement menée, d’un Youssouf Hadji qui retrouve toute sa superbe, pour qu’on marque au moment où l’équipe adverse s’y attend le moins. Apres, comme on dit dans le jargon, on bétonne, et ça croyez moi, on sait faire. Résultat, on donne l’impression de faire un non match et on gagne 1-0. Alors que cela puisse être de la chance une fois, pourquoi pas, mais trois fois de suite… Pour conclure, cette série de bons résultats devrait redonner confiance aux joueurs. Si Mr Rousselot se décide à investir un peu au mercato, il est possible qu’il n’y ait pas que le froid qui me tienne éveillé au court de la deuxième partie de saison. On n’attend pas de Nancy qu’elle affiche le niveau de jeu du FC Barcelone (plus de trois buts de moyenne par match depuis le début de la saison, ça laisse rêveur)… mais il devrait quand même y avoir un minimum syndical... MARKUS
PUBLIREPORTAGE
1 Un équipement révolutionnaire à votre service
LA SALLE SURTITRE FITNESS
N
oël et nouvel an approchent et ce n’est pas la grande forme alors que débute ce festival mondial des calories, véritable course d’obstacles entre fois gras et dindes farcies qui élargissent les miroirs et font soupirer les balances. Un seul objectif retrouver de la vitalité avant le déluge. Recouvrer du tonus, du maintien, de la fermeté tout au long de l’année. Eprouver la sensation du bienêtre après l’effort dans un hammam qui vous extirpe en fines gouttelettes les dernières particules de stress. Mais où trouver une salle offrant la possibilité d’y faire un crochet entre deux rendez-vous de bureau et de s’entretenir tout en regardant les infos ? Sans perdre de temps, sans devoir compter sur les agendas des moniteurs,
2 Un cadre sélect et fonctionnel pensé
SPORTS - FITNESS
bref en étant à la fois libre, autonome et encadré, quand je le veux. Inutile de chercher une salle, il y a La Salle. Quand l’envie de bouger nous prend, on recule souvent à l’idée de mijoter longtemps dans la voiture pour gaspiller du temps à la recherche d’une place. Avec bonheur, La Salle vous accueille par un grand parking devant et derrière. Pas de galère de stationnement, pas de pv. Pas de salle d’attente, on pénètre directement dans un univers d’harmonies chromatiques dont se dégage une impression de « comme à la maison », une intimité décontractée à des années lumières des « usines sportives ». Ici tout est coordonné pour être à la fois efficace et esthétique, jusqu’aux coloris des machines révolutionnaires qui vous permettent d’être à pied d’œuvre tout de suite. Car si La Salle dis-
pose de 4 moniteurs diplômés d’Etat dont un préparateur physique (rare sur Nancy), elle vous offre la possibilité d’être parfaitement autonome grâce à un système informatique distribué sur de nombreuses machines. En clair, vous fixez vos objectifs avec un moniteur attentif à vos besoins qui établira un programme personnalisé dans une clé USB dédiée. Dès lors, il ne vous reste plus qu’à entrer en piste, chaque machine possédant un écran tactile qui vous indique le type et le nombre de mou-
avec goût
3 Une parenthèse de plaisirs, dans une journée menée à rythme d’enfer…
- RELAXATION...
vements à effectuer pour remplir vos objectifs. Mieux, une fois les exercices compris, vous pouvez même regarder la TNT sur des écrans individuels, charger une vidéo ou une playlist musicale avec des casques fournis par La Salle. Un must qui facilite la durée de l’effort et l’auto prise en charge même si un moniteur est en permanence disponible pour répondre à toutes les questions. Christian et Patricia, les deux associés à l’origine de cette salle concept, ouverte depuis le 15 septembre, se sont investis dans le moindre détail pour proposer un équipement dernier cri destiné à un public urbain plutôt qu’aux afficionados de la poussée en milieu clos. Aussi, il suffit d’un coup d’œil pour se rendre compte que ce pari du sport convivial est réussi. Car on croise dans La Salle autant d’hommes que de femmes dans une architecture pensée avec des coins permettant d’accomplir les gestes les moins gracieux en toute discrétion. Sans oublier qu’il flotte, luxe unique dans une salle de sport, un doux parfum d’intérieur grâce à la climatisation et aux VMC dans les 3 salles qui barrent la route aux exhalaisons de sueur…
Bike & Technogym Côté matériel, La Salle offre une profusion d’équipements : vélos classiques, vélos allongés, steppeurs, elliptiques. De nouvelles machines comme les waves : simulateurs de ski de fonds et de rollers, pour travailler le retour du souffle et garantir la fermeté. Le coin
LA SALLE
musculation propose, en plus de toute une gamme pour pectoraux, abdos, fessiers, en exclusivité un espace dédié à la Power plate : un nouveau concept révolutionnaire de technogym. Un coach vous prend en charge pendant 30 minutes pour faire travailler tous les muscles du corps, les mouvements sont libres et non linéaires, une manière ludique de se muscler tout en gagnant en souplesse et en tonicité. Une salle est entièrement dédicacée au bike avec l’installation prochaine d’un vidéo projecteur ouvrant sur un paysage en mouvement soutenu dans le rythme par une installation sonore Böse, à fond, à fond… Côté cours, la salle s’ouvre par une baie vitrée sur un beau jardin où se préfigure la terrasse extérieure pour l’été. La Salle propose des cours très différents agencés selon des journées à thèmes avec des moniteurs polyvalents. En lieu et place du traditionnel miroir, les performances sont filmées et projetées sur un écran de 2 mètres pour suivre sa propre gestuelle. Outre son éclairage agréable, la salle de cours s’égaye d’une boule à facette pour travailler par exemple le step, le bodypump ou bodycombat dans une ambiance disco ! Touche finale, après l’effort, les vestiaires dans un esprit club offrent la possibilité de saunas, hammams et séances d’uv selon des modalités entièrement à la carte ou forfaitisées, comme pour l’entraînement, à des tarifs très abordables. Alors détendez vous avec la Salle et « Faites du sport » ! Un art de vivre.
3 rue de l’Arbois – 54425 PULNOY Tél : 03 83 30 59 63 www.blackhole-studio.fr/democlient/lasalle54
Ouverture : du lundi au vendredi de 9h – 21h Le samedi de 9h – 17h (horaires susceptibles d’êtres modifiés)
ESPACES VERTS
Soupe-plus-ultra Le froid envahit les rues de Nancy, les catalogues de voyages comme les moufles n’ont plus qu’un seul objectif : la chaleur. Mais que faisons-nous de nos ventres qui crient famine à le recherche d’un met délicat (choucroute et couscous mis à part) qui réchaufferait notre corps transi ? Pour répondre sainement à ce besoin plusieurs choix s’offrent à nous : nourriture diététique, biologique, macro biologique, énergétique bref tout un programme pas forcément alléchant mais très tendance ! La bonne alternative c’est le grand retour de la soupe, pas mal la soupe qui rend possible et agréable la consommation de 5 légumes par jours !
P
our vaincre le froid, Maxime Piot du Club vitamine nous a donné quelques secrets pour préparer la soupe, teneur en légumes et chaleur garanties !
Comment préparet-on une soupe... – Éplucher les légumes nécessaires – Mettre tous les ingrédients dans une casserole en inox – Immerger les légumes d’eau.
– Saler très peu (vous pouvez utiliser du sel de céleri) – Faire cuire jusqu’à ébullition – Finir la cuisson à feu doux – Mettre les légumes dans un récipient et garder le bouillon – Mouliner avec un mixeur girafe tout en ajoutant le bouillon (l’épaisseur de la soupe dépendra de la quantité de bouillon que vous allez y ajouter donc c’est selon vos envies) La soupe se conserve 3 jours au réfrigérateur ou vous pouvez la congeler
une fois refroidie. La faire réchauffer à feu doux. Astuce : Ne jetez pas le bouillon restant, vous pouvez le déguster, c’est délicieux et plein de vitamines. Sinon vous pouvez le conserver pour l’ajouter à d’autres préparations.
Voilà, quelques recettes, les ingrédients sont à doser selon vos envies :
Soupe au Potiron
Potiron, ail, oignon, eau. Astuce : Faire revenir dans un peu d’huile l’ail et les oignons. Cette soupe peut servir de bases donc faites vous plaisir.
Soupe aux légumes Verts
Asperges, brocolis, haricots verts, choux, courgettes.
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Soupe Poireaux – Pommes de Terre
Pommes de terre, poireaux, oignon, ail, eau. Astuce : Faire revenir dans un peu d’huile ail oignon et pommes de terre.
Soupe à la Tomate
Pommes de terre, tomates, céleri, oignon, ail.
Mouliné de 7 légumes Pommes de terre, carottes, navets, poireaux, céleri, oignons, ail, eau.
Soupe au Champignons
Cèpes, champignons de Paris, pommes de terre, crème fraîche, lait, eau. Astuce : Pour gagner en goût, avant de mouliner votre soupe, mettez de côté les champignons afin de les mouliner à part, délicatement, pour obtenir de petits morceaux que vous incorporerez ensuite à votre soupe.
A présent vous avez les bases de la soupe, à vous de faire parler votre créativité et d’y ajouter tous les ingrédients qui vous font envie. Et si vous êtes en panne d’inspiration, n’hésitez pas à passer au VITAMINE CLUB, 11 rue Stanislas à Nancy, Maxime vous conseillera. EMILIE LANDO
METROPOLIS N°14 DÉCEMBRE 2008 / JANVIER 2009
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LA CRITIQUE GASTRO Une visite anonyme - un compte rendu d’assiette - la passion sans concession L’institut
Les plaisirs de la table de bistrot
Il y a quelques années, la mode en restauration était au thématique. Depuis, lassé des saveurs exotiques qui, plus que le produit, masquaient le plus souvent un manque d’inspiration aux fourneaux, le public des gourmands a opté pour un retour à la cuisine de brasserie, de bistrot, celle qui remet le produit frais au centre de l’assiette tout en réinventant la tradition culinaire française. Tout au bout de la Grande Rue, les amateurs ont trouvé leur compte.
D
ifficile d’évoquer le restaurant L’Institut. Quel intérêt ? Nancy est un village, tout le monde sait que la table y est bonne et qu’il peut être difficile d’y trouver une place pour les retardataires du midi. Pourtant, même si l’enseigne est à présent installée, il faut remarquer que jamais elle n’a été décevante, déclenchant toujours la curiosité de ceux qui la connaissent, faisant parfois des détours par le croisement de la Grande Rue et de la rue Braconnot afin de saliver en découvrant de quoi l’ardoise du jour a été remplie. Un endroit qui mérite qu’on y retourne. Dès notre arrivée nous prenons place dans le sublime décor qui pare la salle depuis de nombreuses années, nous installant au milieu des habitués, nous présentons à nos papilles la fameuse ardoise. Arrivent assez vite les entrées, où l’on remarque une terrine de foies de volaille maison qui recèle d’épais morceaux finement aromatisés, côtoyant sur l’assiette une belle salade croquante et une compote d’échalote qui a du être teintée d’un fond de sauce et d’un peu de vin. L’amertume du foie contraste avec la fraîcheur aci-
dulée des échalotes, permettant à cette simple entrée de faire rimer robus tesse et finesse. En guise de plat de résistance, voici une cuisse de canard
BOUCHE DOREE
confite accom pagnée de pommes de terres. C’est beaucoup de générosité, en l’espèce de la bonne graisse de canard, qui a baigné la cuisson des pommes de terre. La cuisse est exceptionnelle, confite de manière remarquable, ferme jusqu’au premier coup de fourchette, avant de se révéler tout en subtilité et en douceur une fois
LA NOTE, ALORS :
RESTAURANT DE L’INSTITUT
15 sur 20
2, rue Braconnot 54000 Nancy Tél : 03 83 32 24 14 FAIT POUR LES DIEUX !
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portée en bouche. Le dessert se présente sous la forme d’un classique de brasserie, un moelleux au chocolat. Sa cuisson, totalement maîtrisée, a permis de former une muraille de chocolat, qui, une fois bousculée par la cuiller, laissera observer toutes les nuances possibles de cuisson jusqu’à ce que la préparation devienne liquide. Celui qui se cache derrière les fourneaux connaît son métier. Voici donc une cuisine de l’authenticité, présentant des produits d’une fraîcheur indiscutable, se jouant avec talent des classiques de la cuisine de bistrot. Dommage que ce jour il n’y ait pas eu de poisson, leur préparation est d’ordinaire parfaite. L’addition est très mesurée : entrée, plat, dessert pour un peu plus de 25 €, à ce niveau de qualité, c’est très correct. Une invitation à la bonne chaire dont il serait dommage de se passer.
TRÈS BON
BON
ÇA VA...
NON, MERCI !
00/00/000 inist - cnrs vandoeuvre
REGARDS INTERIEURS Stanislav Stanojevic - du 3 novembre au 19 décembre 2008
3 novembre au 17 novembre 2008
Espace numérique Forum : rencontre avec Stanislav Stanojevic le 17 novembre 2008 à 17h30 2 Avenue Foch 54000 Nancy Tél : 08 25 02 00 20 www.fnac.com
http://regards.inist.fr
18 novembre au 19 décembre 2008 INIST-CNRS entrée libre du lundi au vendredi de 10h à 17h Tram Ligne 1 - arrêt Faisanderie 2 Allée du Parc de Brabois 54519 Vandoeuvre-lès-Nancy Tél : 03 83 50 46 00 Courriel : communication@inist.fr
CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
LOVE IS IN THE AIR...
Originaire de Remiremont dans les
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P
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M e a err
Vosges, Pierre-Marie décide de s’installer à Nancy lors de ses études au cours desquelles il obtiendra une Licence de Physique Chimie. Il se réorientera par la suite vers la chirurgie dentaire qu’il étudie actuellement en dernière anné e. Pourquoi ce changement ? Habile de ses mains c’était pour lui l’opportunité d’aborder une profession manuelle avec des interventions chirurgicales, la pose de prothèses… Ne vous fiez pas à ce chemin qu’il prend et qui semblerait faire de lui un homme trop sérieux et peut-être avide de renommée bourgeoise. Il aspire à une vie où le bonheur ne réside pas dans la quête de la fortune mais dans le plaisir que l’on prend à vivre et sa vie est pour lui sa plus belle histoire. Pierre-Marie a la bougeotte. Il est le plus souvent possible à l’extérieur, à la recherche de nouvelles sensations et de nouvelles rencontres afin de discuter et de partager des moments, des opinions avec les gens qui l’entourent. A la recherche de nouveautés, Pierre-Marie veut de la spontanéité, ne pas planifier, partir à l’aventure : ce qui Voyages faits : Voyages à faire : Ses plats préférés : Ses loisirs : Ses films préférés : La musique qu’il aime : Son plus grand regret : Le moment dont il est le plus fier : Le moment le plus amer : Son endroit préféré à Nancy : Dans dix ans il se voit :
PIERRE QUI ROULE...
l’a amené à beaucoup bouger en Europe et au 4 coins de la France. D’ailleurs il a une petite idée pour allier sa future profession à cette boulimie de rencontres et de changements de paysage : être dentiste saisonnier. Passionné de photographie il ne rate pas une occasion de mitrailler tout ce qui bouge en véritable paparazzo. Ce qu’il aime le plus : les photos de mouvements particulièrement dans le sport. Pratiquant lui même les sports de glisse avec ses amis, il trouve facilement ses propres modèles. D’un point de vue musical, il n’est pas difficile. Lorsqu’il va à un concert, il recherche avant tout à passer un bon moment et prendre du plaisir à écouter de bons morceaux. C’est pour cela que vous pourrez le croiser aussi bien à un concert de hip hop, rock, reggae ou encore de variétés. Personne ouverte, et au caractère agréable (du moins si il a quelque chose dans l’estomac !!) Pierre-Marie, à 29 ans recherche une femme simple qui ne se prendrait pas la tête, avec qui il pourrait partager ses aventures sur les chemins de l’Europe et peut-être même du monde…
Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Suisse, Sicile, Espagne Le monde Les lasagnes Sports de glisse, la photographie Les productions des Frères Cohen Tout Il n’en a pas Le concours de médecine Le concours de médecine ! Place Stanislas Tout sauf avec une pelouse, un chien et un break ! !
Envie de prendre contact ? Ecrivez-lui à www.myspace.com/happyriding
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L’ABEILLE ITALIENNE
M aia C
’est dans la ville de Mont SaintMartin non loin de Longwy qu’est née Maia Martini, un 13 Septembre 1988, d’un père italien et d’une mère belge. Rapidement après sa naissance, ses parents divorcent et sa vie se partage entre le Nord de la Lorraine et l’extrême Sud de la Belgique (Arlon). Après avoir effectué sa scolarité chez nos voisins belges, elle immigre vers le Luxembourg pour obtenir un BTS spécialisé en marketing et commerce international. Aujourd’hui dans la continuité de sa formation, elle poursuit ses études en école de commerce au sein du groupe ICN. Par ailleurs, elle garde bien au chaud dans son cœur, une place pour le pays d’origine de son père : la botte de l’Europe. La vespa, les fiats 500, le cappuccino et le café, les glaces italiennes, sans oublier les moustaches du pizzaiolo, tant de choses qui rappellent la « dolce vita » à cette jeune fille demeurant rêveuse à des centaines de kilomètres de son huile d’olive vicérale. Voilà pourquoi, durant les vacances estivales, elle retourne aux sources, dans la ville de Florence, capitale
Voyages faits : Voyages à faire : Ses plats préférés : Ses loisirs : Ses films préférés : La musique qu’elle aime : Le moment dont elle est le plus fier : Le moment le plus amer : Son endroit préféré : Dans dix ans elle se voit :
mondiale des amoureux de l’art, pour y retrouver sa tante. Elle est même partie l’année dernière à la rencontre de la région où sa grand-mère a vécu, la Calabre... Calabraise donc, comme chaque italienne qui se respecte, notre célibataire du mois adore le contact avec les autres au risque de leur accorder trop vite sa confiance. D’ailleurs, pour elle, sa colocation dans une auberge espagnole est une manière de s’épanouir et de retrouver un lien fort similaire à celui de sa famille. On le sent bien notre petite héroïne a la bougeotte : elle aime voyager pour son plaisir et son bien être ; découvrir de nouveaux horizons ; bouger sans cesse, et rencontrer des personnes culturellement différentes avec le courage d’une authentique aventurière. Alors messieurs, que vous soyez un italien cento per cento ou de cœur, un métisse ou simplement quelqu’un avide de découvertes, n’hésitez pas plus longtemps. Dans le fond, elle rêve simplement de faire une virée à deux au bout de la nuit en dansant le calypso depuis un dance-floor avec vue sur l’Arno...
Italie, Angleterre, Iles Canaries, Sud de la France Amérique Latine, Grèce, Ibiza, Dubaï Cuisine italienne, adore les aubergines à l’huile d’olive Dessin, peinture, cinéma, sorties, cuisine, shopping Edward aux mains d’argent, Rize Hip-Hop, Dance Hall, Reggae, Ragga, Bachata, Salsa, Zouk, Reggeaton Il y en a de trop Je ne garde rien d’amer Sur le ponte Vecchio lorsque le soleil se couche Au soleil
Envie de prendre contact ? Ecrivez-lui à maia.metro@hotmail.fr
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Une Cérémonie à l’américaine en images
Pour : Une Europe réconcil
iée
Le 11 novembre dernier au fort de Douaumont (Meuse), le Président de la République Nicolas Sarkozy, a commémoré les 90 ans de l’armistice de la Grande guerre, en réintégrant à la mémoire collective les 600 soldats condamnés et fusillés pour refus d’obéissance, désertion ou mutinerie. Etaient présents en ce jour solennel à l’ossuaire de Douaumont le Prince Charles et son épouse Camille, le GrandDuc Henri de Luxembourg, le président du Bundesrat allemand Peter Müller, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et le Président du Parlement européen, l’Allemand Hans-Gert Pöttering. En pleine cacophonie internationale sur fond de crise mondiale, le chef de l’Etat voulait présenter au monde entier une Europe réconciliée avec elle-même œuvrant pour la paix dans le monde. Comme l’a souligné vigoureusement l’Elysée : « Quatre-vingt-dix ans après la fin de la Grande Guerre, les pays européens sont non seulement en paix les uns avec les autres mais, mieux encore, ils ont bâti entre eux une union durable et profonde fondée sur la réconciliation et le respect des droits fondamentaux ». Reste que la cérémonie était également dédiée aux 600 soldats condamnés par la justice militaire que Nicolas Sarkozy a réhabilité en ces termes : « Je veux dire au nom de la nation que beaucoup de ceux qui furent exécutés alors ne s’étaient pas déshonorés, n’avaient pas été des lâches, mais que simplement ils étaient allés jusqu’ à l’extrême limite de leurs forces. » Pourvu qu’il n’en soit pas de même pour l’Europe face à la crise…
LE LONG DE L’A31
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MÉTROSCOPE
Météo Astrale décembre/janvier
par Sirius
Capricorne
22 décembre - 20 janvier
Comte Louis Antoine Drouot, (né le 11 janvier 1774 à Nancy et mort le 24 mars 1847 dans la même ville), général d’artillerie français.
Bélier
La fin du mois de décembre sera marquée par une envie de repli sur soi, d’isolement. Une fois encore, les capricornes vont passer pour des solitaires endurcis. Mais n’y voyez aucunement le signe d’un mal être : vous en avez besoin, tout simplement. Cela fait partie de votre équilibre et vous confère ce recul et cette persévérance qui suscitent l’admiration de vos amis. Evitez aussi de prendre au premier degré les remarques de vos proches : vous avez tendance à avoir les nerfs à fleur de peau en ce moment. Sur le plan sentimental, n’hésitez pas à céder aux sirènes de la passion… elles vous incitent à être moins raisonnable et elles ont bien raison !
Cancer
Balance
23 septembre - 22 octobre
Vous avez été nombreux à avoir connu des difficultés familiales dernièrement. Neptune, en aspect favorable, va vous permettre de constater une nette amélioration. Les problèmes concernant vos parents ou vos enfants ne seront plus qu’un mauvais souvenir.
Scorpion
23 octobre - 22 novembre
Si vous avez des projets, donnez du temps au temps… Laissez les mûrir doucement et évitez toute forme de précipitation. Pour les mener à bien, la configuration planétaire sera particulièrement bienveillante à partir de la fin janvier.
Sagitaire
21 mars - 19 avril
22 juin - 22 juillet
23 novembre - 21 décembre
L’année 2008 n’aura pas été de tout repos ! Heureusement pour vous, ce mois de décembre marque le début d’une période plus facile à vivre. Attendez vous en particulier à de bonnes nouvelles sur le plan financier. Côté travail, rien de spectaculaire en vue, et cela vous ira très bien.
Noël s’annonce pour vous, amis Cancer, particulièrement décontracté et chaleureux. Jusqu’à la mi-janvier, c’est bercé(e) par l’amour et la tendresse de vos proches que vous passerez des journées quasi-idylliques. Seule ombre au tableau : votre porte-monnaie. Vous pensiez vivre d’amour et d’eau fraîche ?
Heureux sagittaires ! Vous serez nombreux à décrocher une belle promotion ou une augmentation significative. De plus, vous bénéficierez d’un prestige accru au sein de votre milieu professionnel, et vous gagnerez d’importants appuis. Stimulée par Jupiter, planète maîtresse de votre signe, votre carrière poursuivra son essor au galop. Certes, les succès engrangés pourraient faire quelques jaloux…
Taureau
Lion
20 avril - 20 mai
23 juillet - 23 août
Surveillez de près votre santé ! Les influx planétaires ne vous seront pas favorables dans ce domaine pendant plusieurs mois…Il faudra attendre avril 2009 pour être libéré de cette configuration pénalisante, source de nombreux petits soucis corporels.
Mars va vous rendre particulièrement énergique, belliqueux diront certains. Prenez garde à mesurer vos paroles, qui pourraient blesser les plus susceptibles de vos collègues ou amis. Cette énergie de conquérant vous portera vers quelques belles réussites courant janvier.
Gémeaux
21 mai - 21 juin
Oui, comme annoncé le mois dernier dans votre Métroscope, c’est effectivement une période de reconfiguration en profondeur de votre vie amoureuse qui s’amorce. Vous pourriez vite oublier celui ou celle que vous serriez si fort dans vos bras cet été et voguer, l’âme légère, vers de nouvelles aventures. En couple depuis plusieurs années ? Et alors ? Que diable, c’est le moment de larguer les amarres. Le Large vous appelle.
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Vierge
24 août - 22 septembre
Concentrez vous un peu ! Décembre sera le mois des gaffes en tous genres. On pourrait en rire… mais votre configuration astrale de fin d’année vous exposera à des étourderies et autres bourdes à répétition… Appuyezvous sur un scorpion ou un verseau, vous devriez pouvoir compter sur leurs bons réflexes. Au contraire, si vous vivez avec un Taureau ou un sagittaire, ce sera pire.
Verseau
21 janvier - 19 février
Si vous avez récemment noué de nouveaux liens affectifs ou amicaux, soyez prudents : ils sont encore très fragiles et pourraient se briser brusquement. Sur le plan professionnel, vous serez très inspiré et saurez agir avec tact et diplomatie.
Poissons
20 février - 20 mars
Il est toujours le temps de corriger les erreurs commises dans le passé. Cacher la poussière sous le tapis n’est pas une solution. Les pages de votre histoire se tournent peut être, mais le livre reste là, entier. Alors faites amende honorable : vous en sortirez grandis.
de générosité qui a permis en 2007/2008 de servir plus de 91 millions de repas, de venir en aide à 25 300 bébés et de faire travailler 1000 personnes dans 150 ateliers et jardins d’insertion. Aujourd’hui, Coluche n’est plus là mais l’idée de lutter contre l’exclusion en donnant nourriture, chaleur et réconfort est plus que jamais d’actualité. Il est de notre responsabilité de la faire vivre.
Envoyez vos dons aux Restaurants du Cœur, 75515 Paris Cedex 15 ou www.restosducoeur.org Les Restos du Cœurs remercient vivement ce titre de presse de s’associer à leur action en leur offrant cet espace. Ann180 x 260_Arthur.indd 1
© b[3]d Boulogne
En octobre 1985, Coluche eut l’idée de lancer un appel à toutes les bonnes volontés pour distribuer des repas aux plus démunis. Les Restos du Cœur étaient nés. Sans cet artiste, et sa persévérance qui l’a amené à plaider cette cause devant le Parlement Européen, les Restos n’existeraient pas. Depuis, des dizaines de milliers de bénévoles participent chaque année à ce grand élan
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