Pharmaceutiques-325

Page 1


Pharmaceutiques

POLITIQUE, ÉCONOMIE, INNOVATION EN SANTÉ

LE NOUVEL EMPIRE DE LA PHARMA ?

ENTRETIEN

RENCONTRE

FRÉDÉRIC

5. ÉDITORIAL

RÈGLE D’OR ?

7. ACTU

7 ENTRETIEN : Paul Christophe, député du Nord et président du groupe Horizons & Indépendants

10 EN MOUVEMENT

12 POLITIQUE

13 ÉCONOMIE

14 T RIBUNE : Paul-François Cossa, président de NèreS et directeur général d’Opella

15 DÉBAT : les ratios soignants/patients peuvent-ils changer la donne ?

16 E-SANTÉ

18 INDUSTRIE

19 INTERNATIONAL : dépendance aux antidouleurs, une épidémie mondiale

20 AGENDA

21. INFOGRAPHIE : une crise durable pour les dépenses sociales

22 INITIATIVES

25. ANALYSE

25. ENQUÊTE : crédit d’impôt recherche, l’heure du régime a sonné

30. EN COUVERTURE Asie : le géant qui monte

45. PROSPECTIVE

45 ENQUÊTE : Académie de l’OMS : la formation, un enjeu de santé publique

50 EN BREF

52 INNOVATION : interface cerveau-machine, quand l’IA restaure le lien entre la pensée et le corps

54 EN VUE : Eukarÿs et PharmaMar

56 ENTREPRISE EN MOUVEMENT : Idorsia France

60. LOISIRS

62 L’INFO CONTINUE

64. RENCONTRE : Frédéric Desdouits, CEO de TreeFrog Therapeutics

RÈGLE D’OR ?

Incroyable mais vrai ! Après un parcours des plus chaotiques, le premier des deux PLFSS de cette nouvelle année vient d’être définitivement adopté. 2025 s’annonce décidément comme un grand cru puisque les discussions pour un deuxième projet de loi de finances de la Sécurité sociale 2026 s’engagent dès maintenant. Ce qui est surtout inédit, hors récession et crise sanitaire de type Covid-19, c’est le déficit légèrement supérieur à 22 milliards d’euros, loin des 16 milliards initialement prévus. La France n’a pas la culture du compromis ? Qu’à cela ne tienne, et en avant les renoncements et les concessions de toutes parts ! Sans cette issue, le trou de la Sécu aurait pu culminer à 30 milliards ? A la bonne heure et soyons heureux d’avoir enfin doté la France d’un budget avec un Ondam à 3,4 % contre 2,8 % ! Plusieurs parlementaires lucides et économistes aguerris anticipent déjà un dérapage de ce déficit en fin d’année, entre maladie chronique de l’insincérité budgétaire et hypertensions internationales ? Oiseaux de mauvais augure ! Absence de majorité et de responsabilité au Parlement d’un côté, faiblesse de l’exécutif de l’autre : la séquence vécue ces derniers mois révèle une faillite politique terrible que la dissolution ne saurait à elle seule expliquer.

Derrière ce budget très politique et si peu économique perdurent les poncifs d’un débat public qui tourne en rond alors que les causes sautent aux yeux et continuent de produire les mêmes effets. Les milliards du Ségur de la santé, les dernières revalorisations salariales et les récentes hausses des consultations ont-ils été réellement financés ? Une révision documentée et argumentée des politiques publiques, surtout sociales, est-elle sérieusement sur la table ? Lorsque 104 milliards d’euros de dépenses publiques supplémentaires (de 1 591 à 1 695 milliards) sont actés en deux ans, entre 2023 et 2025, une réflexion sur l’efficacité gouvernementale est-elle dans les esprits ? Si son pilotage et certaines intentions délétères sont à proscrire du côté américain, faut-il pour autant pousser des cris d’orfraie à l’évocation

d’un DOGE (Department of Government Efficiency) à la française ? Le choix assumé de lutter contre la fraude avec ténacité, souvent moqué car jugé peu rentable, a rapporté l’an passé plus de 500 millions d’euros en 2024 à la Cnam, qui s’en félicite à juste titre. Dans le même temps, 400 millions d’euros sont espérés moyennant la suppression du dispositif “jeunes docteurs” dans le projet de loi de finances, faisant de l’innovation et de la science une variable d’ajustement. Absurde !

Alors sommes-nous prêts collectivement à faire des choix et à cesser la politique du coup de rabot antiéconomique, de la hausse perpétuelle des ressources de la Sécurité sociale et du “tax instinct” (en mode French touch) ? A choisir les risques à couvrir ?

A redéfinir le rôle des complémentaires et de l’Assurance Maladie ? A traiter les problèmes de santé en fonction de leur gravité ? A arbitrer le taux de contribution des entreprises, des ménages, des actifs, des retraités à l’effort collectif ? Plus largement, à quand une véritable prise de conscience collective par les élus, les administrations et collectivités mais aussi les professionnels de santé et les acteurs privés que l’argent du contribuable ne peut plus être dilapidé et que chaque euro dépensé doit être justifié ? L’actuel Premier ministre, François Bayrou, a lui-même théorisé dans de nombreux discours et ouvrages l’impérieuse nécessité de l’équilibre des comptes et de la rigueur budgétaire jusqu’à la fameuse règle d’or : « La France est promise à une asphyxie budgétaire. Le poids de cette dette et les défauts de notre gestion vont coûter très cher aux plus jeunes d’entre nous » (“Relève”, éd. Grasset, 2001). Ceux qui défendent à cor et à cri la préservation de notre modèle social ne peuvent pas en même temps valider la dérive infinie des comptes publics. A moins d’ouvrir le débat sur un pilier de capitalisation qui ne manquerait pas d’enflammer une nouvelle fois un Parlement déjà à fleur de peau... A cet égard, la probable révision de la réforme des retraites fait planer la menace d’un alourdissement de la charge sociale. Si tel était le cas, la France risquerait gros auprès de ses créditeurs.

A l’heure où la folie protectionniste trumpiste se déchaîne – avec des droits de douane qui pourraient atteindre 25 % sur l’industrie pharmaceutique ! – et où les agences de notation ont le doigt sur le bouton pour dégrader la note de la France et, donc, faire flamber ses taux d’emprunt sur les marchés, c’est tout simplement la souveraineté du pays qui est en jeu.

GUILLAUME

PLOUSSARD (à gauche) et JEAN-BAPTISTE

BEAUVAL, créateurs de Betty.

Recherche, innovation, accès aux soins, politiques publiques… Le numérique bouleverse en profondeur le champ de la santé

PRESCRIPTION ASSISTÉE PAR IA

Posos et InterSystems s’allient

Posos, medtech experte en structuration de la donnée, a annoncé avoir renforcé son alliance technologique avec InterSystems pour sécuriser la prescription médicamenteuse. « En intégrant nos algorithmes d’IA médicale sur la plateforme InterSystems IRIS for Health, nous pouvons plus facilement connecter notre technologie aux dossiers patients informatisés des hôpitaux du monde entier », commente JeanEmmanuel Bibault, cofondateur et CEO de Posos.

SCHIRURGIE

Betty veut sécuriser le parcours du patient opéré

écuriser la prise en charge avant, pendant et après une intervention, elle est l’ambition de Betty, une application lancée en 2023 par deux chirurgiens urologues de Toulouse. « Betty vise à optimiser le parcours de soins d’un patient opéré en le préparant avant l’intervention, mais aussi en le suivant mieux après », résume le Dr Guillaume Ploussard, cocréateur de la solution avec le Dr Jean-Baptiste Beauval. Les deux confrères ont décliné un protocole d’accompagnement péri-opératoire mis en place au sein de leur service depuis 2019. Betty (en hommage à Elizabeth Blackwell, première femme diplômée de médecine, et Elisabeth Winterhalter, première femme chirurgien en Europe), propose une dizaine de contenus éducatifs et des conseils personnalisés sur l’arrêt du tabac, l’activité physique, la diététique ou la préparation cutanée, mais aussi une check-list avant le passage au bloc. « Le patient, s’il prend un anticoagulant par exemple, est prévenu cinq jours avant l’intervention qu’il doit arrêter son traitement pour éviter les couacs et le décalage de l’opération », explique le Dr Ploussard. Selon une étude menée auprès de 415 patients pris en charge pour une chirurgie urologique, à paraître dans European Urology Focus, Betty réduit de moitié les complications et les réadmissions, et divise par six les consultations non prévues. Elle propose aussi une interface à destination des équipes médicales pour le suivi d’indicateurs, Betty monitoring. Les concepteurs espèrent lancer le dispositif de télésurveillance postopératoire et son remboursement en 2026.

«Doté de 7 millions d’euros, le projet Partages, porté par la plateforme des données de santé (Health Data Hub), avec vingt hôpitaux, dix équipes de recherche (CNRS, Inria…) et des partenaires stratégiques comme Mistral, va mettre de l’IA générative au service des professionnels de santé en autonomisant la rédaction des comptes rendus et en facilitant les transmissions, pour libérer du temps aux soignants. »

YANNICK NEUDER, ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins, en marge du sommet de l’IA à Paris en février

BAROMÈTRE

Les levées de fonds tricolores ont redécollé en 2024

Après un fort recul enregistré en 2023, les levées de fonds des start-up françaises de la e-santé sont reparties à la hausse en 2024. Selon un bilan réalisé par Mind Health, 54 sociétés ont levé 654,3 millions d’euros l’an dernier, soit 399 millions de plus en un an. A noter que la levée exceptionnelle d’Alan, d’un montant de 173 millions d’euros, a représenté 30 % du total.

En chiffres

+ 60 % 88 % 41

C’est la levée de fonds réalisée par Bioptimus, entreprise spécialisée dans la recherche biologique assistée par IA. millions de dollars

C’est la hausse du nombre de transactions en intelligence artificielle enregistrées en 2024 dans le secteur pharmaceutique, selon une étude d’EY.

des professionnels de santé utilisent des outils numériques dans leur pratique (70 % plusieurs fois par jour), selon un baromètre de PulseLife auprès de 760 soignants.

IA : un sommet pour tout changer ?

Le sommet mondial pour sur l’IA, organisé à Paris en février, devrait donner un coup d’accélérateur à l’écosystème du numérique en santé, selon son chef de file, le Pr Antoine Tesnière, DG de PariSanté Campus.

> Avis de l’expert

P r ANTOINE TESNIÈRE,

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE PARISANTÉ CAMPUS

“Les data centers sont un levier stratégique pour la recherche et l’innovation”

Que représente le sommet mondial de l’IA qui s’est tenu à Paris ?

Cet évènement a permis à la France d’affirmer son ambition pour l’IA et d’ouvrir une troisième voie, avec l’Europe, entre les géants américain et chinois. La France a montré qu’elle pouvait produire de la technologie de bon niveau et attirer des financements sur de grands projets.

Des investissements à hauteur de 109 milliards d’euros ont été annoncés pour créer des data centers en France. Qu’en attendre ?

Les investissements programmés en France sont en proportion l’équivalent du projet américain Stargate (500 milliards de dollars). Les data centers sont un levier stratégique pour la recherche et l’innovation en santé. Ils offriront des capacités de calcul unique et garantiront la souveraineté des données produites et hébergées sur le sol national. La France se place dans le cadre des règlementations européennes (RGPD) pour les données, le DSA pour les services ou l’IA Act pour l’IA. C’est un choix très fort.

Que va changer l’IA en santé à court terme ?

Il existe déjà des outils d’IA pour affiner le diagnostic en imagerie et en biologie, optimiser les consultations, accélérer les études cliniques et concevoir de nouvelles molécules… Nous disposons des meilleurs data scientists et des meilleurs mathématiciens au monde pour développer des algorithmes d’IA. Je salue le lancement par le ministère de la Santé d’une stratégie dédiée, qui permettra de répondre aux enjeux d’une médecine 5P, plus préventive, personnalisée, préventive, prédictive, participative et basée sur les preuves.

Matignon a chargé PariSanté Campus de fédérer les acteurs autour d’un grand projet. Quels sont vos objectifs ?

PariSanté Campus est depuis trois ans le catalyseur des acteurs de la recherche, des entrepreneurs, des institutionnels autour du numérique et de l’IA. Nous continuerons à travailler en écosystème, dans la foulée de la dynamique impulsée par ce sommet mondial, pour accompagner cette révolution et présenterons rapidement notre programme.

Emmanuel Macron veut une régulation mondiale de l’IA. Est-ce réaliste ?

La réalité de la géopolitique actuelle fait que ce n’est pas simple. Mais nous devons être ambitieux et volontaristes sur le sujet. Il faut œuvrer pour que les grandes puissances s’accordent sur des socles communs. L’accord signé pendant le sommet par l’Europe, avec l’Inde et la Chine, sur l’utilisation des données, ou les cadres de développement de l’IA, montre cependant que c’est possible.

DATES CLÉS

2007-2009 : chercheur à l’Inserm

2015 : devient professeur d’anesthésie-réanimation

2015-2020 : cofondateur et directeur d’iLumens, centre de simulation de Paris-Saclay

2020-2021 : conseiller du ministre de la Santé Olivier Véran

Mai 2022 : nommé directeur général de PariSanté Campus

Notre analyse >

L’IA Summit sur l’intelligence artificielle, qui a réuni, à Paris,1 500 participants de 100 pays, marque un tournant dans le développement de l’IA en santé en France.

Par Christophe Gattuso

Emmanuel Macron a parfaitement tenu le rôle de VRP des acteurs de la French Tech en santé lors du sommet mondial de l’IA. Invité du 20h de France 2 la veille de l’évènement, le chef de l’Etat a multiplié les exemples de l’impact attendu de l’IA en médecine. Il a cité Gustave Roussy qui détectera plus vite et plus précisément les tumeurs, les jumeaux numériques, précieux pour tester l’efficacité des nouveaux traitements ou l’exosquelette Oscar de Wandercraft pour aider à faire marcher des personnes atteintes de handicap. « Grâce à l’IA en médecine, on prévient mieux, on détecte mieux et on traite plus précisément », a souligné le président. Ce sommet mondial a rappelé à quel point l’IA constitue un enjeu majeur de souveraineté numérique. Il est aussi pour la France l’opportunité d’afficher son ambition de rivaliser avec les Américains et leur projet pharaonique Stargate, mais aussi avec les Chinois et leur chatbot DeepSeek. Les 109 milliards d’euros provenant pour moitié des Emirats arabes unis et du Canada contribueront à construire de gigantesques data centers dans l’Hexagone qui démultiplieront les capacités de calculs. Le ministère de la Santé a quant à lui annoncé une prochaine feuille de route stratégique « ambitieuse » et son intention de former 100 000 professionnels du monde médical et paramédical par an et pendant cinq ans au numérique et à l’IA. Les médecins en exercice seront incités à se saisir de cette technologie. En 2025, la Cnam et la HAS évalueront l’impact médico-économique de l’aide au diagnostic et de la lecture des électrocardiogrammes grâce à l’IA par les médecins généralistes. Un observatoire des usages de l’IA en santé (DGOS et ANAP) sera par ailleurs mis en place pour suivre les différents usages afin d’identifier les freins au déploiement et soutenir leur diffusion. Emmanuel Macron veut aller vite, mais réclame dans le même temps une « régulation mondiale » pour une IA éthique. Le défi est « énorme ». Pourra-t-il être relevé ?

LE GUIDE « AGIR POUR SE DÉCARBONER »

ACCESSIBLE À TOUS

L’étude industrielle menée par PwC pour le Leem explore une gamme variée de solutions de décarbonation des scopes 1 et 2 dans l’industrie pharmaceutique. « Les actions vont de simples optimisations à des investissements plus conséquents, devenus plus attractifs grâce à l’augmentation des coûts énergétiques et aux avancées technologiques », note Stéphane Loubère, associé chez PwC Strategy&. Le guide recense 69 actions techniques, ciblant les principaux consommateurs d’énergie (chaleur, moteurs, CTA, purification d’eau, groupes froid), en tenant compte de leur impact et de leur faisabilité. Il inclut 26 fiches détaillant les aspects techniques et les aides financières disponibles pour faciliter leur adoption. Plus d’informations sur : opti-energie-leem.org

L’agence PRPA prend en charge les relations presse d’EvoluPharm, l’un des principaux groupements de pharmacies en France. Fondé en 1986 et basé à Auneuil (Oise), EvoluPharm guide ses 1 300 officines partenaires à travers les mutations du secteur. Parmi ses particularités, le groupement détient son laboratoire pharmaceutique intégré afin de proposer à ses adhérents des produits sous marque propre, ainsi qu’une gamme de médicaments génériques dont il possède et exploite les AMM.

ATAWAO DÉVOILE

DEUX ÉTUDES

La première, menée avec VIDAL auprès de 250 médecins hospitaliers et libéraux de moins de 40 ans, explore leurs attentes, défis et usages du numérique afin d’optimiser la collaboration avec l’industrie pharmaceutique. « En effet, on entend souvent dire que la jeune génération de médecins ne veut pas travailler avec les laboratoires. Cette étude montre que ce n’est pas vrai, pourvu que ceux-ci adoptent les bonnes méthodes », relève Thibaut Guibal, CEO d’ATAWAO. La seconde s’intéresse à l’IA générative en santé, analysant ses applications et son impact : « Certains acteurs ont des craintes, d’autres des aspirations très fortes. Où se situe la vérité ? », l’enjeu étant aussi d’acculturer les équipes. L’étude décrypte ainsi les technologies émergentes (IA agentique, RAG…) et recense plus d’une centaine de cas d’usage pour les professionnels de santé avec leurs patients, et d’autres pour gagner en efficacité au sein d’une organisation.

Baptisé FREiA, cet entrepôt intégrera des données du SNDS sur près de 250 variables avec une profondeur historique de neuf ans. Cet outil permettra d’accélérer les analyses pour les industriels du médicament et de la medtech. L’autorisation couvre des études variées : caractérisation des populations cibles, suivi des usages en pratique courante et évaluation des traitements. « Cette délibération s’inscrit dans notre stratégie d’investissement pour répondre aux enjeux de rapidité et de technicité », souligne Cécile Badiola Lagardère, directrice générale d’Heva. Pour Alexandre Vainchtock, directeur général adjoint d’Heva, « grâce à FREiA, les délais de création des espaces projets passeront de 10-12 mois à deux seulement, permettant aux clients d’obtenir des résultats en six à huit mois, en ligne avec les cycles de vie de leurs produits, pour alimenter leurs dossiers auprès de la HAS, l’ANSM ou l’EMA ». Cette avancée stratégique accompagne la fusion d’Heva avec Axonal-Biostatem, qui sera finalisée en 2025 à l’occasion des vingt ans de l’entreprise.

Partenaires depuis 2022, les entreprises prolongent leur collaboration pour cinq ans afin d’intégrer l’IA et l’IA générative en R&D. Objectif : améliorer la médecine de précision, notamment pour les maladies rares. Grâce aux technologies de Google Cloud, Servier déploiera une soixantaine de cas d’usage sur l’ensemble de la chaîne de valeur, allant de l’identification de cibles thérapeutiques à la compréhension biologique des pathologies et médicaments, jusqu’à l’optimisation de la production, de la maintenance prédictive et de l’impact environnemental, en passant par la numérisation des essais cliniques, l’interaction avec les patients et professionnels de santé, ainsi que la gestion des affaires règlementaires et de l’efficience globale. « L’alliance de l’innovation scientifique et des technologies numériques avancées nous permettra d’apporter plus rapidement des traitements novateurs aux patients », estime Claude Bertrand, vice-président exécutif R&D chez Servier.

POUR UNE GESTION

FACILITÉE DU DIABÈTE DE TYPE 1

Le système de boucle semi-fermée mylife Loop d’Ypsomed, compatible avec le capteur FreeStyle Libre 3 et l’algorithme mylife CamAPS FX, est désormais remboursé en France. Qualifié de système le plus avancé pour la gestion du diabète de type 1 par le Pr Michael Joubert, chef de service endocrinologie au Centre de recherche clinique du CHU de Caen, il séduit les patients par sa simplicité, sa discrétion et son contrôle via un smartphone. Fruit de la collaboration entre Abbott, Ypsomed et CamDiab, il incarne l’engagement de ces entreprises à offrir des technologies innovantes, accessibles et personnalisées pour améliorer la qualité de vie des patients.

ASIE LE GÉANT QUI MONTE

LONGTEMPS PERÇUE COMME UN MARCHÉ LOINTAIN

AUX CONTRAINTES RÈGLEMENTAIRES COMPLEXES ET AUX BESOINS SANITAIRES SPÉCIFIQUES, L’ASIE S’AFFIRME

AUJOURD’HUI COMME UN ACTEUR CENTRAL DE LA SANTÉ

MONDIALE. LE CONTINENT FAÇONNE SES PROPRES STANDARDS, ACCÉLÈRE L’INNOVATION ET REDÉFINIT LES RÈGLES DU JEU.

Entre la puissance manufacturière de l’Inde, l’innovation japonaise et l’ascension fulgurante de la Chine, le continent rebat les cartes du marché pharmaceutique et biotechnologique. De son côté, l’Asie du Sud-Est devient un laboratoire à ciel ouvert où se croisent investissements étrangers et initiatives locales. Riche en promesses de croissance, l’eldorado asiatique se mérite… à condition d’en comprendre les règles et les pièges.

Le bâtisseur

Ses choix de carrière, souvent disruptifs mais toujours constructifs, disent beaucoup de Frédéric Desdouits. Un entrepreneur polymorphe qui, au carrefour de la science et de la finance, a sans doute trouvé sa véritable place chez TreeFrog Therapeutics.

«Il n’existe rien de constant si ce n’est le changement... »

Cette maxime bouddhiste illustre la vie professionnelle de Frédéric Desdouits, dont le parcours est frappé du sceau de la création et de la transmission dans une sorte de mouvement perpétuel. Issu d’un milieu modeste mais éduqué, il grandit dans la banlieue ouest de Paris, entre un père syndicaliste et une mère institutrice. Elève brillant, doué en mathématiques, il se dirige spontanément vers une carrière d’enseignant. Poussé par le père de sa future épouse, rencontrée sur les bancs du lycée, il emprunte le chemin escarpé des hauts plateaux de Palaiseau. A la sortie de l’Ecole polytechnique en 1987, il rencontre Jean-Pierre Changeux, l’un des plus grands neurobiologistes contemporains, qui le mènera sur la voie d’un doctorat en neurosciences à l’université Paris VI et d’un post-doctorat à l’université Rockefeller de New York. Certifié CEFA, le sésame des analystes européens, Frédéric Desdouits est également diplômé de l’Insead. Ses choix de carrière portent la marque du risque. Sa première expérience, dans la recherche pharmaceutique, ne lui convient pas. Direction la finance et la practice pharma/ biotech chez Exane BNP Paribas. « Une petite activité qui a rapidement grandi sous sa coupe, au point de concurrencer les mastodontes du secteur, raconte Sébastien Berthon, devenu portfolio manager outsourced chief investment office chez JP Morgan. La rigueur et la profondeur de ses analyses étaient unanimement reconnues dans ce milieu pourtant très exigeant. Je me souviens notamment de son “position paper” sur la fusion entre Sanofi et Aventis qui démontrait la faisabilité du deal que beaucoup pensaient alors impossible. » Frédéric Desdouits ne se reposera pas sur ses lauriers. Il intègre et codirige le cabinet franco-américain Bionest Partners pour “expérimenter” le conseil et la stratégie, et cofonder Bionest Partners Finances en 2006. Les résultats sont au rendez-vous, mais des « divergences entre associés » précipiteront son retour dans le giron des industries de santé. D’abord chez Pierre Fabre, où il mettra en place les activités de business développement et prendra la tête des

FONCTION / Frédéric Desdouits, 57 ans, CEO de TreeFrog Therapeutics

DATES CLÉS /

1990 : sorti de Polytechnique, il entame une thèse en neurobiologie après avoir rencontré Jean-Pierre Changeux

1997 : saut dans la finance chez Exane BNPP pour couvrir la pharma et la biotech

2004 : lance un projet d’entrepreneur avec Bionest Partners dans le conseil en stratégie

2011 : rejoint le groupe Pierre Fabre pour développer les activités de croissance externe

2021 : prend la direction de TreeFrog Therapeutics

CÔTÉ COULISSES / Une passion

Mes ruches dans la Drôme

Un livre de chevet

Plutôt BD, je viens de finir The Walking Dead

Un film culte

Matrix de Lana et Lilly Wachowski

Un personnage historique ou un héros

Suzuki Daisetsu, un moine japonais qui a “exporté” le bouddhisme zen en Occident Une appli Chess.com

activités pharmaceutiques nord-américaines, puis chez Seqens, l’un des leaders mondiaux de la fabrication de principes actifs, dont il structurera le pôle pharma et dirigera PCAS, sa filiale cotée en Bourse. « Il y a toujours eu chez lui cette volonté de découvrir et de bâtir, mais aussi de développer et d’innover, les échecs étant des étapes vers les succès. Il aime casser les codes et bousculer les habitudes, tout en restant fidèle à ses valeurs, ce qui comporte son lot de difficultés. Mais sa résilience et son opiniâtreté lui ont constamment permis de se réinventer », commente Matthieu Gobillot, directeur de Strategy&, qui fut l’un de ses “disciples” chez Seqens et qui a récemment mené une mission de conseil en stratégie opérationnelle chez TreeFrog Therapeutics, une entreprise de biotechnologie française spécialisée dans le développement de thérapies cellulaires à partir de cellules souches pluripotentes induites, que Frédéric Desdouits dirige depuis août 2021. L’homme est également reconnu pour sa capacité à dénicher et former les talents qui, pour certains, l’accompagneront dans ses pérégrinations. C’est le cas de Maurice Chelli, qui l’a côtoyé chez Bionest avant de le rejoindre puis de lui succéder chez Pierre Fabre : « Son management participatif est inspirant. Il sait faire confiance, déléguer et motiver ses équipes qui le lui rendent bien. Il sait aussi s’entourer en toute humilité des compétences qui lui manquent. Il a parfois souffert des contraintes imposées par sa hiérarchie, mais il occupe actuellement une place qui lui permettra de concrétiser sa vision. » Celui qui est par ailleurs surnommé « le DRH de la biotech » a désormais le champ libre pour innover. Son ambition ? « Développer nos deux produits dans la maladie de Parkinson et les hépatites fulgurantes, vendre des licences de notre technologie propriétaire C-Stem™, qui permet la production en masse de ces cellules et leur différenciation en micro-tissus transplantables, et investir dans notre plateforme technologique pour la rendre encore plus productive. » Ses attentes ? « Il est nécessaire de clarifier les règles et d’encourager les investissements dans les phases précliniques pour permettre aux entreprises innovantes de progresser. » Ce sera, selon lui, le seul moyen de voir émerger des champions européens. l

© Eric Durand

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.
Pharmaceutiques-325 by Pharmaceutiques - Issuu