Amarrés entre fleuve et forêt, les écosystèmes urbains de la boucle d'Elbeuf

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Amarrés entre fleuve et forêt, les écosystèmes urbains de la boucle d’Elbeuf

49° 17’ 12’’ N, 1° 00’’ 33’’ E PAULINE BROQUIN LACOMBE, MARIE MONTOCCHIO BUADÈS, MATHILDE METRAL APR encadré par Thierry Laverne


La Seine est un Monument Libre et Vivant dans ses dimensions géographiques et temporelles. Ses méandres se sont formés au gré des opportunités du relief ; ils suivent leur cours ; l’homme s’y accroche pour profiter du spectacle qui s’y déroule. Par le paysage, on invite à reconsidérer la vallée de Seine comme le lieu de la réinvention. Le projet vient affirmer le caractère libre et vivant du fleuve par la traversée, l’exploration, la liaison, un récit parsemé de rencontres, d’instants. 2


Comment la Seine Monument Libre et Vivant permet de démontrer et contribuer au bien commun paysager de la boucle d’Elbeuf ?

De la ville au Monument, un changement d’échelle fécond et fertile


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Préambule Les Ateliers pédagogiques régionaux (APR) de la Vallée de la Seine sont le fruit d’une collaboration entre l’État, les Régions Normandie et Île-de-France et l’École Nationale Supérieure de Paysage de Versailles (ENSP), sur la fiche « paysage » du Contrat de plan interrégional Etat-Régions de la Vallée de Seine (CPIER). Ces APR ont pour ambition d’élaborer des projets exemplaires, qui prennent en compte l’échelle « monumentale » imposée par le fleuve, dans ses dimensions géographiques et dans le temps long. Le défi est de dessiner les enjeux de développements nécessaires à la réinvention du territoire de la Vallée de Seine comprise dans son ensemble, en réaffirmant le paysage comme la condition même à l’élaboration de projets conciliateurs et prospectifs. En rassemblant les acteurs les plus divers dans une démarche transversale et fédératrice, l’approche paysagère des APR participe à l’émergence d’une vision commune du territoire de la Seine. L’APR sur la boucle d’Elbeuf a été réalisé à la demande de la Métropole de Rouen et de la ville d’Elbeuf. Cette étude s’inscrit dans la continuité de deux autres APR ; le premier portait sur la vallée de Seine dans son ensemble, le second s’intéressait aux îles, courtils et au cas singulier du Marais Vernier. L’héritage de ces deux premiers travaux est le concept fédérateur de Monument Libre et Vivant : c’est la reconnaissance des qualités paysagères « monumentales » (spatiales, temporelles…) de ce territoire, et la nécessité de mettre en forme des projets qui permettent de renforcer les liens entre les dimensions du Monument et les acteurs qui pratiquent et font vivre ces paysages au quotidien. Cependant, ce troisième APR en vallée de Seine est bien différent de l’approche globale du premier, et des problématiques de préservations liées à des « pépites » écologiques et patrimoniales du second. En effet, la spécificité de cet APR est qu’il s’intéresse au Monument Libre et Vivant en entrant par la question urbaine. L’enjeu sera donc de démontrer que la dimension libre et vivante de la vallée n’est pas une exception mais qu’elle a bien valeur d’exemple et peut s’appliquer à un écosystème urbain. Il s’agira donc de réinventer une trame urbaine à partir d’une intelligence du fleuve Monument, qui devient moteur de la restructuration de la ville. Un APR pour parler des racines géographiques qui font de la Seine un Monument Libre et Vivant. Un APR pour parler d’un renouveau pour les villes fluviales anciennement industrielles. Un APR pour un projet exemplaire et inspirant qui place le paysage au centre d’un nouveau regard, d’un nouveau récit de territoire.

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Sommaire 9

Percevoir — Le paysage d’Elbeuf en Vallée de Seine, une histoire naturelle, une mémoire industrielle

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Dériver — Elbeuf, ville accrochée au paysage de la scène séquanienne

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• Une boucle à part de la Seine, Monument Libre et Vivant. • Une métropole forestière aux polarités disjointes liées par le paysage de la vallée de Seine.

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• Elbeuf et le temps de l’industrie. Amarrer — Dess(e)in pour un territoire en deux rives

• Les valeurs et les ressources pour un nouveau récit de la boucle. • Tisser le partage par le paysage. • Visions stratégiques et leviers de projet :

Filandres, Marnages, Amers

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Dénouer — vers un bien commun paysager

• Transversalités, du vis-à-vis au voisinage. • Priorités de projets. • Récit d’une filandre, accroche aux espaces publics.

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Transmettre — Un nouveau récit, une nouvelle vision, une transmission

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Bibliographie Remerciements

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Percevoir —

Le paysage d’Elbeuf en Vallée de Seine, une histoire naturelle, une mémoire industrielle

La ville d’Elbeuf, commune de la métropole rouennaise, est représentative de beaucoup de villes post industrielles de la Vallée de Seine, qui ont perdu de vue le récit de leur implantation en vallée fluviale. Leurs économies mais aussi leurs pratiques ne sont plus tournées vers le fleuve et beaucoup de ces villes ne profitent plus de leur cadre géographique et naturel pourtant extrêmement riche. Nous allons démontrer que ce clivage entre les paysages « naturels » de la vallée (le fleuve, les coteaux boisés) et les espaces urbanisés est prégnant sur la boucle d’Elbeuf. Face à ce constat, l’APR vient poser les bases d’une réflexion qui replace la ville d’Elbeuf dans le temps long de formation du fleuve, du fil de l’eau. C’est en renouant avec cette implantation paysagère ancestrale que la ville saura s’extirper du traumatisme et de la nostalgie laissés par le déclin industriel. La Seine soulève de fait des enjeux majeurs environnementaux ou encore économiques pour les villes. Le fleuve traverse, façonne les territoires et engendre des questionnements communs. La Seine ne s’exprime pas seulement dans sa grande échelle, mais aussi dans le quotidien des gens qui la vivent, qui la pratiquent. C’est aussi un paysage du quotidien accroché à des parcours, des lieux. Aujourd’hui de nombreux projets tendent à retrouver une accroche au fleuve, souvent par l’aménagement des quais, porte d’entrée dans la ville et sur le fleuve. Mais ce rapport entre paysage du quotidien et entité géographique doit plus largement permettre aux villes d’être réinventées par le fleuve : on ne parle pas ici uniquement d’un aménagement des quais mais bien de l’ensemble des écosystèmes urbains de la Vallée. Nous nous proposons donc de tenter de répondre à la question suivante : Comment la Seine, Monument Libre et Vivant, permet de démontrer et contribuer au bien commun paysager de la boucle d’Elbeuf ?

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arpenter

relever

rencontrer

approfondir

conceptualiser

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Cette étude a pour ambition de réaffirmer le paysage comme la condition nécessaire à l’élaboration d’un projet commun et fédérateur, qui pourra dans le cas présent, devenir l’armature d’un projet d’ensemble et affirmer les orientations du PLUI.

ACTEURS :

DOCUMENTS ASSOCIÉS :

ETAT

RÉGION HAUTE -NORMANDIE

DÉPARTEMENT SEINE-MARITIME

MÉTROPOLE ROUEN NORMANDIE (RMN)

VILLE D’ELBEUF

DIDUS & DREAL

CONSEIL RÉGIONAL ET AGENCE DE L’EAU

CONSEIL DÉPARTEMENTAL

CONSEIL MÉTROPOLITAIN ROUEN NORMANDIE & CAUE 76

CONSEIL MUNICIPALE CAUE 76

CPIER

Fiche 1.3 connaissance des paysages et de leur évolution

SRCE

Protection de la biodiversité pour assurer des continuités écologiques

PPNR ou PPRI

Plan de prévention pour les risques d’inondations

SCOT & DOO

Documents d’orientations urbanistiques et paysagère. Pour une définition d’un projet de territoire.

SDAGE

Gestion communale des zones en eau

PLU

Orientations à l’échelle de la ville en accord avec le SCOT et DOO. Complément du futur PLUI. Situe les entités paysagères et situe les objectifs communaux

SRCAE

Orientations (État/ régions) climat/ air/énergie pour la réduction du CO2

PLUI (en cours de rédaction)

La commande, point de départ pour cet APR, s’articule autour de 3 axes. Ces trois points auront guidé la manière dont cette étude a été pensée ainsi que le projet qui en découle. • Réinventer la ville par la vallée de Seine : réappropriation de la ville par la vallée de Seine • Rendre visible le potentiel de la ville dans l’espace public • Dépasser le cadre de vie pour tendre vers des modes de vie Notre protocole allie une approche de terrain précise à un travail en atelier pour approfondir nos connaissances du site et aller vers un projet associant données précises et approche subjective. Durant les temps de concertation avec les acteurs du territoire, il nous a été possible de partager nos concepts pour qu’ils soient validés par tous. Pour que le projet de réinvention de la boucle emprunte un chemin commun. Ce dossier présente la synthèse des grandes étapes qui ont marqué l’étude de cette boucle singulière de la vallée de Seine. Une première partie analytique retrace l’histoire et le contexte spécifique de la boucle, puis esquisse les grands enjeux de demain, aux échelles du territoire et de la ville. Une seconde partie explicite les concepts qui nous ont permis de présenter le paysage de la boucle sous un nouveau jour et de partager cette création. La dernière partie fait le récit du projet pour aller vers un bien commun paysager.

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« Agir sur la ville, sur un territoire, ne relève pas que de la transformation. Il faut être capable de prendre la mesure de l’existant pour transformer et dans cette action, la contribution du paysagiste est extrêmement forte. » Michel Desvigne - Le paysage en préalable, 2011

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Dériver

Elbeuf, ville accrochée au paysage de la scène séquanienne

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LE HAVRE

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Réseau routier en Vallée de Seine, de Paris au Havre

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LE HAVRE

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PNR DES BOUCLES DE LA SEINE NORMANDIE

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PNR DU VEXIN FRANCAIS

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Parcs Naturels Régionaux en Vallée de Seine

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LE HAVRE

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Densité urbaine en Vallée de Seine

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Dériver

— Elbeuf, ville accrochée au paysage de la scène séquanienne Une boucle à part de la Seine Monument Libre et Vivant. Nous débuterons cette étude en dressant le portrait de ce territoire elbeuvien singulier, son ancrage et ses problématiques à différentes échelles, celle de la vallée, celle de la métropole, puis celle de la boucle. En dérivant dans le temps long de la formation de son méandre et dans celui de l’histoire industrielle exceptionnelle de « la ville aux cents cheminées », il s’agira de montrer à la fois la spécificité de cette boucle mais aussi son caractère emblématique d’autres situations urbaines en vallée de Seine. À l’échelle de la vallée de Seine, tout d’abord, il s’agit de démontrer l’exemplarité de notre territoire d’étude, qui condense beaucoup de problématiques et de ressources emblématiques de la vallée, mais aussi la singularité de cette boucle « à part ». La géographie de la vallée de la Seine se dessine par la succession de méandres plus ou moins sinueux qui forment des vallées encadrées par des coteaux calcaires forestiers, des prairies maraîchères, espaces ouverts préservés de l’urbanisation. La vallée de Seine est une vallée fortement anthropisée et urbanisée, d’où l’importance de cette étude sur une situation urbaine emblématique de la vallée de Seine. Le Havre, Rouen et Paris entretiennent des relations d’échanges privilégiés, visibles principalement à travers de nombreux flux, constamment marqués par l’influence de leurs aires urbaines en expansion qui leur donnent le titre de métropole. La Normandie compte trois aires urbaines de plus de 250 000 habitants. Rouen, la plus peuplée, est officiellement métropole depuis le 1er janvier 2015. Les relations entre métropoles sont marquées par l’influence de Paris, la capitale polarisant une partie notable des déplacements professionnels des Normands ainsi que des échanges économiques. Rouen et Caen structurent chacune une zone d’échanges privilégiés importante en nombre d’habitants et d’emplois. Ces zones apparaissent aujourd’hui bien différentes l’une de l’autre. L’implantation et le développement économique de ces villes portuaires sont étroitement liés aux industries qui nécessitaient la proximité du fleuve (métallurgie, textile, agriculture...). L’abandon progressif de ces industries séquaniennes laisse place à un rapport distancié au fleuve.

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LE HAVRE

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En comparaison avec les différents fleuves nationaux, on note que la Seine est le seul fleuve ayant une trame forestière aussi importante sur son parcours. Cette qualité unit et rassemble les différents départements le long de ce paysage. Le paysage de la vallée de Seine a vu ses villes se développer dans les plaines alluvionnaires riches, entre arcs boisés et lit du fleuve, suivant l’entrelacement de ses méandres. L’une des caractéristiques du Monument Libre et Vivant, c’est bien la continuité forestière séquanienne, qui persiste entre les poches urbaines de cette vallée fortement anthropisée. Davantage que l’urbain, c’est la composante paysagère boisée qui tisse une continuité à l’échelle de la vallée. Cette relation entre paysage et ville est pourtant mise à mal par la prépondérance de flux routiers rapides ; des lignes droites qui déstabilisent l’équilibre associé au temps long du fleuve, dans sa formation mais aussi dans le temps de sa découverte. Un réseau routier qui tranche, traverse, ne suit pas les sinuosités du relief de la Vallée de Seine. Ce constat à l’échelle de l’ensemble de la vallée profile déjà certains des enjeux de territoires qui animent cette étude.

Carte de France des liens entre fleuves et forêts


Occupation des sols et activités en Vallée de Seine Domaine agricole Domaine forestier La Seine, Monument Libre et Vivant

ROUEN

Flux routiers, ferrés Ports, plateformes multimodales Ports principaux N

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30 km

Elbeuf, ville forestière et marquée par son passé industriel, condense donc ces composantes majeures de la vallée de Seine, et son étude a valeur d’exemple pour s’appliquer à d’autres écosystèmes urbains de la vallée. Mais si la boucle d’Elbeuf a valeur d’exemple, elle est aussi une boucle tout à fait singulière, « à part », avec une disposition tout à fait unique. En effet, dans le temps de la formation géologique de la vallée de la Seine, la boucle d’Elbeuf se dessine comme la boucle la plus sinueuse de la vallée, avec une configuration EstOuest singulière. La divagation des méandres et la formation d’un bras mort ont engendré une rive convexe qui enserre une enclave alluvionnaire, terre riche et fertile, où s’est nichée la ville d’Elbeuf. Le dépôt d’alluvions sur la rive convexe de la boucle est un phénomène assez unique à l’échelle de la vallée.

Carte hydrologique et dépots alluvionnaires en Vallée de Seine

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Aire urbaine de Rouen

Forêt domaniale de Roumare

Forêt domaniale de la Londe-Rouvray

Aire urbaine de la boucle d’Elbeuf

Forêt d’Elbeuf

Forêt domaniale de Bord Louvier

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Cinétique des flux routiers et ferrés sur la métropole de Rouen-Normandie

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3km


Une métropole forestière aux polarités disjointes liées par le paysage de la vallée de Seine

À l’échelle métropolitaine, on ne peut étudier Elbeuf sans évoquer ses relations complexes avec Rouen : les deux villes entretiennent un rapport de forte proximité et pourtant se tiennent à distance. Il s’agit de comprendre ce qui fait la richesse de ce modèle métropolitain afin d’en tirer les enjeux qui permettront demain d’aller vers un projet commun de territoire. Le bassin de vie de Rouen compte environ 700 000 habitants pour une ville qui s’étend sur 255 000 hectares. Le dessin de la ville de Rouen s’inscrit le long du méandre de la Seine, se concentrant jusqu’au XIXe siècle sur les deux rives du fleuve. La ville s’est ensuite étendue sur sa rive gauche, colonisant petit à petit les vallons les plus proches, allant même jusqu’aux limites du plateau de Caux. Ces périodes d’expansion sont associées au temps de l’industrialisation de la vallée, période florissante, ainsi qu’au renforcement de l’espace portuaire et des échanges qui en découlent. On trouve une continuité urbaine entre Rouen et Elbeuf le long de la Seine ; cette liaison est encore aujourd’hui principalement industrielle mais a permis aux villes de la boucle d’Elbeuf d’accueillir progressivement de nouvelles activités, commerciales, de nouveaux quartiers…, devenant ainsi un enjeu majeur dans le développement de l’agglomération rouennaise. Aujourd’hui, les limites de la ville sont tenues, au nord, au sud et à l’ouest, par une couronne forestière, constituée des forêts de Roumare, de la Londe-Rouvray et de la forêt Verte. L’espace forestier préservé, la Forêt Domaniale de la Londe-Rouvray, constitue un vaste espace tampon entre les aires urbaines des deux villes, les reliant tout en les tenant à distance. La singularité de cette situation s’explique d’abord par la géographie du territoire, son relief : la métropole de Rouen n’est pas organisée suivant un modèle concentrique classique. Le dessin induit par les divagations des méandres de la Seine a créé des polarités dans chaque boucle, confortant des territoires autonomes, comme celui de la boucle d’Elbeuf. Cet éloignement des pôles urbains n’est pourtant pas obligatoirement synonyme de fracture si l’on se pose la question du paysage commun autour duquel les communautés humaines de la métropole de Rouen ont forgé leur identité. On ne peut réduire l’ensemble d’une métropole et des questions qu’elle soulève à ce qui est construit. Ces pôles urbains à la forte autonomie sont reliés par la forêt et la Seine. Le paysage permet d’affirmer que la métropole Rouen-Normandie est une métropole forestière et fluviale aux polarités urbaines, aux identités bien distinctes, mais pourtant reliées par ce bien commun paysager que constituent fleuve et forêts. Dans le dessin de la métropole, on voit très clairement que la Forêt Domaniale de la Londe-Rouvray bénéficie d’une place centrale, à la fois frontière et pivot d’un méandre de la Seine à l’autre. Un boisement hermétique qui délimite les deux aires urbaines, et renforce le côté insulaire de la boucle d’Elbeuf.

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N

Carte des entités paysagères, pour une métropole forestière

Situations métropolitaines, traversée des éléments naturels

Des villes tournées vers elles-mêmes

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10km


Mais ce bien commun paysager est souvent ignoré par les logiques aménagistes du territoire. Le bassin de vie de Rouen étant un pôle urbain et économique majeur, la stratégie territoriale adoptée entre Rouen et Elbeuf met en avant l’efficacité des connexions routières, la fluidité et la rapidité des flux ; constat que nous avions déjà fait à l’échelle de l’ensemble de la vallée de Seine. Les politiques actuelles favorisent la création de nouveaux contournements autoroutiers, multiplient les traversées du fleuve et organisent les circulations en direction des gares ferroviaires, le train étant toujours le moyen le plus rapide de passer d’une ville à l’autre. En privilégiant les tracés les plus directs, la ligne droite, ces infrastructures s’émancipent bien souvent de ce qui fait la spécificité de leur territoire ; ici la sinuosité des méandres et le paysage forestier de la vallée de Seine. L’expérience de traversées que ces routes proposent ne rend pas compte des qualités de ce territoire : ses berges habitées et cultivées, ses coteaux calcaires boisés qui cadrent le regard, ses plateaux agricoles ouverts sur un horizon lointain. En tout point, ces stratégies de mobilités renient les ressources du Monument Libre et Vivant. L’entrée par le paysage permet d’inverser cette vision du territoire, en remettant en avant les ressources paysagères de ce site à la géographie exceptionnelle. Il s’agira de révéler l’ensemble des entités aux potentiels remarquables en s’émancipant du discours tenu sur les flux, en réengageant celui des horizons forestiers. Les qualités du territoire sont entravées par des structures et infrastructures contraignantes et prépondérantes, qui renforcent le caractère insulaire et la mise à l’écart de la ville d’Elbeuf. La forêt unit, elle est en partage entre tous les habitants du territoire. C’est par un renouvellement des relations avec ses forêts que la future métropole de Rouen peut se recomposer non pas comme une métropole des contournements, mais bien comme une métropole forestière, qui célèbre son ancrage forestier. Cette nouvelle approche qui place les continuités fluviales et forestières au centre des stratégies métropolitaines permettra enfin au territoire de la boucle d’Elbeuf de devenir une destination, ayant une valeur d’exemple, entretenant un rapport privilégié et attentif à ses territoires forestiers séquaniens. La boucle à l’écart devient une boucle qui vaut le détour ! De la mise à l’écart au sentiment de l’ailleurs…

p tro Mé e di an rm No nue Ro de ole

Agglomération rouennaise

Agglomération elbeuvienne

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Rouen

Elbeuf

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c ée a (ann

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Continuités boisées N

+50 ans Le développement urbain est contenu par le maintien de continuités boisées denses et la valorisation d’entrées de ville claires, qui font le récit du territoire.

Entrées de ville réenchantées

Fleuve célébré

Agriculture de proximité

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+100 ans

Rythme retrouvé

Le dessin des courtils est réaffirmé sur l’ensemble de la Vallée. Par des circulations réaménagées, on retrouve le rythme du fleuve, ses sinuosités.

Répartition des polarités

N

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Ce constat de la nécessité de repenser le territoire métropolitain à travers le prisme de ses grandes composantes géographiques et paysagères nous a permis de dégager les grands enjeux de territoire suivants : • Assurer les continuités boisées entre les pôles urbains de la métropole forestière. • Repenser des entrées de ville soignées qui fassent le récit des villes implantées en vallée de Seine (par les vues, le rythme imposé…). • Assurer la célébration du fleuve, de son mouvement et de son rythme, par des aménagements adaptés (des quais notamment). • Conserver une agriculture maraîchère et céréalière de proximité sur les terres fertilisées par l’ancien lit du fleuve. • Retrouver des liaisons douces scénarisées qui unissent la métropole dans son ensemble, qui prennent le temps d’apprécier les paysages fluviaux, forestiers et leur extraordinaire potentiel. • Arbitrer pour une meilleure répartition des polarités d’une ville à l’autre, d’une aire urbaine à l’autre. Dans un premier temps, on infléchit les dynamiques forestières par de nouvelles plantations ayant pour dessein principal la mise en exergue de la topographie de la vallée du fleuve, en conservant son trait de caractère paysager le plus notable, celui d’un ‘cadre’ posé sur la ligne d’horizon, tenant le rôle de limite pour la ville. C’est le motif principal à conserver. Des coteaux boisés visibles depuis le fond de vallée, cordon omniprésent qui doit pourtant être nuancé par des respirations ; certaines ouvertures annonçant la proximité des plateaux agricoles sont à conserver. Les boisements viennent également accentuer les principales traversées de la Seine, à la manière du bocage normand. Les espaces publics et les rues doivent parfois être plantés pour faire le récit de ce territoire à une échelle plus proche de celle du quotidien des habitants de la métropole. Dans un second temps, ce sont les dynamiques hydrologiques qui entrent en jeu. La redécouverte et le réemploi de certains méandres pourra permettre la création d’une agriculture innovante et de proximité. Accentuer le motif des courtils par des canaux et ainsi marquer une proximité d’usages quotidiens avec l’eau. Courtils auxquels viennent s’allier une agriculture adaptée, plutôt des cultures maraîchères. Des exploitations qui se pérennisent en trois lieux différents (cf. dernier bloc diagramme ci-contre) en fond de vallée, entre forêt et Seine. Par le développement de ces axes de réflexion et de projet, il sera possible au territoire de la métropole de retrouver un rapport à son socle, son substrat, et d’engager des continuités réfléchies. Une réflexion qui marque à la fois les limites pour éviter l’expansion désordonnée des villes mais aussi de nouvelles lisières poreuses entre systèmes urbains denses et milieux environnants tournés vers des dynamiques agricoles et écologiques.

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Elbeuf et le temps de l’industrie

Après avoir replacé Elbeuf dans le contexte de la vallée et dans celui de la métropole, il s’agit ici de raconter comment l’histoire de la boucle d’Elbeuf est étroitement liée à celle de la Seine, alliée sur laquelle la ville s’est longtemps appuyée pour se développer, pour finalement lui tourner le dos. L’existence même d’une implantation humaine s’inscrit dans un rapport à la géographie singulière de la boucle. La Seine a forgé, par ses divagations dans le temps géologique, des sinuosités, des méandres, dont celui où s’est installé la ville d’Elbeuf. Cette boucle « déviante » on l’a vu, a une configuration très particulière : orientée est-ouest, c’est la boucle la plus étroite de la vallée de Seine. Cela lui confère en partie sa singularité, sa richesse géographique comme géologique, et ce caractère que nous avons qualifié d’ « insulaire ». C’est dans cette situation particulière que s’implante « Wellebou » à la fin du Xe siècle. La toponymie même raconte cette alliance séculaire avec le fleuve : « Wellebou », (du scandinave wella « cours d’eau », et boo « cabane »), c’est en fait « La cabane au bord du cours d’eau » ! Pendant des siècles, Elbeuf est en effet une ville fluviale qui tire sa prospérité de son port. C’est un véritable carrefour entre les plateaux agricoles de la vallée de Seine (où l’on cultive notamment la vigne dès le XVIe siècle) et le fleuve, réseau de transit des marchandises. Ce village profitait du potentiel de son contexte géographique pour développer des activités portuaires, maraîchères et forestières. Dès le XVIe siècle, et surtout après la révolution industrielle, ces marchandises sont pour beaucoup les fameuses productions d’une industrie drapière florissante qui fait d’Elbeuf une ville riche à la forte autonomie. En 1802, en plein apogée de l’histoire industrielle de la ville, Napoléon visite les manufactures et déclare : « Cette ville est une ruche, tout le monde y travaille! ». Après la guerre de 1870, une importante communauté alsacienne vient s’installer à Elbeuf : ces entrepreneurs amènent les méthodes de la grande industrie. C’est l’âge d’or de « La ville aux cents cheminées », qui possède sa propre chambre de commerce, ornée des symboliques cornes d’abondances. Elbeuf se distingue aussi alors par sa vie culturelle et associative extraordinaire : théâtres, associations musicales, sociétés sportives fleurissent dans toute la ville. On comprend que le caractère insulaire de cette boucle « à part » à la forte autonomie s’explique donc non seulement par son ancrage géographique mais aussi par son histoire industrielle.

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Cartes postales anciennes d’Elbeuf

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L’industrie textile chute avec la Seconde Guerre Mondiale. Les bombardements de 1944 détruisent une partie du centre-ville. Puis, la concurrence étrangère, l’essor des textiles synthétiques et bon marché achèvent le déclin de l’activité sur laquelle reposait toute l’économie d’Elbeuf. D’autres industries, comme l’industrie chimique et l’automobile avec l’usine Renault, ont pris le relai et constituent encore un bassin d’emploi, sans pour autant égaler le dynamisme et la cohérence du modèle textile. Ce modèle florissant était induit par la présence du fleuve. Preuve qu’intelligence et connaissance de la géographie peuvent assurer une cohérence territoriale et économique, qui plus est prospère. Aujourd’hui, cernée entre coteaux boisés et fleuve, la ville tourne le dos à la Seine et entretient peu de relations avec ses forêts. Elle semble avoir perdu cette vocation de plateforme ancrée dans le territoire et elle s’enlise dans les fractures. Comme le montre l’histoire retracée ici, le dynamisme d’Elbeuf a été étroitement lié à la manière dont la ville a su tirer parti de son ancrage territorial à différentes époques. C’est la Vallée de Seine qui doit aujourd’hui encore être le moteur pour inventer le futur d’Elbeuf : il s’agit de s’appuyer sur le fleuve et les coteaux pour inventer les paysages de demain, vecteurs de nouveaux modes de vie pour les Elbeuviens.

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-1 million d’années

-400 000 ans

-200 000 ans

Formation de la boucle d’Elbeuf, divagations du méandre

1850

1950

Aujourd’hui Cartes évolutives de 1850 à nos jours

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-100 000 ans

-50 000 ans

-20 000 ans

Le temps de cette étude doit donc permettre de renouer avec l’ancrage géographique si remarquable de ce site. Faire le récit de cette boucle, c’est révéler les liens étroits tissés entre son évolution géologique, induite dans un temps long par le fleuve, et son développement urbain tumultueux, liens bousculés ces derniers siècles par de rapides évolutions économiques. Notre parti pris est de démontrer qu’Elbeuf n’est pas qu’une ville post-industrielle. Car finalement l’histoire industrielle ne représente qu’un temps court et les friches qui en résultent n’ont qu’une très petite emprise spatiale par rapport au territoire de la boucle. Face à la nostalgie industrielle ressentie dans les politiques de valorisation de la ville qui comptent beaucoup sur la mise en valeur du patrimoine industriel bâti, notre approche tend quant à elle à mettre en exergue les ressources du grand territoire, de son échelle et temps longs pour imaginer le futur d’Elbeuf. Car les ressources sont bien présentes, bien que peu exploitées. L’horizon forestier notamment est omniprésent. Impossible de ne pas percevoir ce cadre verdoyant qui délimite l’horizon depuis les rues d’Elbeuf. Les coteaux boisés, d’une centaine de mètres d’altitude, enserrent la rive gauche de la boucle. Ils ne sont aujourd’hui que des cadres visuels pour la ville. Il s’agit de redonner aux elbeuviens le sentiment d’appartenance aux coteaux boisés qu’ils côtoient quotidiennement; permettre à cette topographie boisée de représenter une destination et non un simple décor. Un meilleur accès à ces éminences boisées permettrait aussi d’embrasser du regard le territoire de la boucle, de prendre la dimension du Monument Libre et Vivant de la vallée de la Seine. Raconter le Monument, c’est retrouver ses situations de belvédères, de panoramas sur le territoire habités, cultivés. Nous avons vu que la boucle d’Elbeuf est une boucle « à part » à la situation insulaire, qui a forgé une forte autonomie au fil de son histoire. Il s’agit maintenant de tirer parti de la situation de ce méandre, perçu aujourd’hui comme une position d’enclavement, pour affirmer la qualité portée par le détour. Ici, il permet d’insuffler le récit de la boucle à travers les différents paysages qui la composent. La valeur du détour permet la découverte, la (re)découverte d’un quotidien. Offrons à ce territoire le statut d’une boucle qui vaut le détour ! Motivé par la reconquête du fleuve sur la ville. Le dynamisme elbeuvien a su tirer parti de son ancrage fluvial à différentes époques. Réenchanter et rapprocher les rives de Seine permettra d’en faire un rivage de partage. C’est dans l’optique de repenser l’écosystème urbain d’Elbeuf à partir de son ancrage territorial que nous avons réalisé une carte des paysages (voir double page ci-après). Elle nous a permis de passer au peigne fin notre territoire et de dégager ses grandes composantes dans une vision synthétique. Cette carte met bien en évidence l’organisation en bandes hermétiques, parallèles à la Seine, avec cet étagement coteaux boisés, ville, puis fleuve

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Grande Couronne

Orival

Cléon

La Londe

Saint-Aubin-les-Elbeuf

St-Ouen-du-Tilleul Le-Bosc-Rogeren-Roumois

Elbeuf

Caudebec-lès-Elbeuf

Le Thuit-Signol La Saussaye

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Oissel

Tourville-la-rivière

Sotteville-sous-le-Val

Criquebeuf-sur-Seine

Saint-Pierre-lès-Elbeuf

N

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500

1000

1500

2000 m


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La Seine

Les coteaux forestiers

Dans le passé, les rives d’Elbeuf-de-Saint-Aubin-lèsElbeuf entretenaient un rapport de synergie : Elbeuf où se concentraient les industries était en étroite relation avec Saint Aubin, ville de villégiature où se trouvaient le marché et le port pour redistribuer les marchandises. Aujourd’hui on constate une situation de vis-à-vis, le contraste entre les deux rives est frappant : rive droite et rive gauche n’entretiennent pas la même relation au fleuve. Contrairement à Saint Aubin qui a conservé un beau recul de prairies pâturées entre ses espaces urbanisés et la Seine, Elbeuf tient son urbanisation accolée aux berges et tourne le dos au fleuve, qui est longé par la « voie rapide ».

Les espaces urbanisés d’Elbeuf entretiennent très peu de connexion avec la forêt qui les borde, bien que le coteau boisé soit un cadre omniprésent qui dessine l’horizon entre les bâtiments.


Les plateaux et plaines alluviales

Les villes

Il faut souligner l’importance paysagère de ces espaces ouverts, notamment les poches agricoles qui offrent un recul entre marges urbaines et coteau boisé. Ces poches sont à la fois garantes d’une diversité écologique et permettent une appréciation visuelle des bois en dessinant leurs aires d’influence.

L’architecture d’Elbeuf est marquée par un enchevêtrement bigarré de bâtiments et ouvrages d’époques et de styles très différents : ce collage pourrait être une richesse, mais le tout manque aujourd’hui de mise en cohérence.

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Le fleuve

Vers Orival, chemin étroit qui longe la Seine

Coteaux calcaires depuis la voie ferrée

Halte de l’île de la Requête

Fenêtre sur des habitations en forêt

Forêt d’Elbeuf

Château d’eau qui domine la ligne de crête

Ouverture sur les champs enneigés des plateaux

Aqueduc ferré, une porte de la ville

Tours du Puchot

Mur en bois à la peinture écaillée

Vigne vierge et brique rouge

La forêt

Rue qui devient impasse vers la forêt

Les espaces ouverts

Industries lointaines

La ville

Rue normande d’Elbeuf

La friche

Friches et vestiges industriels

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Pont Jean Jaures

Vue sur la rive gauche depuis la plage de St Aubin

Chemin et lisière

Belvédère caché par la végétation

Église St Jean d’Elbeuf

À l’approche des coteaux forestiers

Le long du chemin de halage

Ancienne place du marché et sa cheminée

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Ro ue n

D1 8E

N138

Cae n

GR2

A13

Paris

D7

21 D9 13 D9

13 D9

D8 40

22 GR2

N

Principaux axes de circulation

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0

1

2

3

4km


Cette carte des circulations montre comment le territoire de la boucle est maillé par ces axes, parcouru par des flux, avec l’impératif de la rapidité. Comme à l’échelle de la vallée, cette logique est bien souvent déconnectée des logiques, du rythme et des ressources du territoire qui passent inaperçues. L’autoroute A13 traverse la Seine en deux endroits perturbant la lecture de la boucle dans sa totalité. Les routes départementales, presque les seuls flux de circulation et desserte de la boucle, sont envahies à certaines heures par de longs embouteillages et ne valorisent pas les entrées en ville. Les deux principales départementales, celle des berges, la D921, et celle qui permet la traversée de St Aubin, la D7, concentrent une circulation très rapide. En ville, les mobilités cyclistes et piétonnes sont peu mises en valeur. Les chemins de randonnées quant à eux ne forment que de courtes pistes piétonnes, en boucle, et ne permettent aucunement la traversé des lieux qui font le récit d’Elbeuf. Il n’y a que très peu d’entrées en forêt. On ne prend pas le temps du détour, et de découvrir les ressources de cette boucle « à part » qui pourrait pourtant nous emmener dans un ailleurs.

Sortie de l’A13 vers Elbeuf

D921 proche de l’entrée d’Elbeuf

D7 vers la zone commerciale

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« Si vous créez un espace auquel les gens ne s’accrochent pas, il ne passera pas l’épreuve du temps: il faut que le public établisse un lien avec le lieu pour garantir sa durabilité. » Martha Schwartz

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Amarrer

Dess(e)in pour un territoire en deux rives

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40


Amarrer — Dess(e)in pour un territoire en deux rives Les valeurs et les ressources pour un nouveau récit de la boucle Nous avons d’abord dressé le portrait de cette boucle tout à fait singulière, son ancrage et ses problématiques à différentes échelles, et son caractère emblématique d’autres situations urbaines en vallée de Seine. Il s’agit désormais de retracer la manière dont nous avons extrait de cette analyse foisonnante des leviers de projet synthétiques et appropriables par tous. Comme nous l’avons souligné, l’espace urbain du territoire elbeuvien est engoncé entre le coteau forestier et les berges de Seine, il ne tire pas parti de cette proximité, tournant le dos à son fleuve et à sa forêt. L’agriculture de proximité est menacée par l’expansion urbaine et, à l’intérieur de la ville, les circulations sont majoritairement automobiles, ce qui congestionne l’espace commun. Elbeuf demeure comme on l’a vu une commune à la situation enclavée, à l’histoire à part, qui passe souvent à côté des dynamiques métropolitaines. Pourtant, la ville est dotée d’un beau tracé, de bâtiments remarquables, élégants, témoins des différentes époques traversées par la ville que Napoléon avait qualifiée de « Ruche ». La proximité avec la forêt d’une part et le fleuve de l’autre sont de formidables atouts peu exploités. Les quartiers qui bordent la forêt disposent non seulement d’une proximité avec une forme de « nature » mais aussi de belles vues sur les éléments architecturaux structurants, sur la boucle ourlée de ses blancs contreforts calcaires. Les quartiers en bord de Seine pourraient aussi tirer parti de cette proximité du fleuve, générateur d’apaisement et de récréation au bord de l’eau. Nous tenons à rappeler ici les ressources déjà présentes qu’il s’agira de conforter et révéler dans notre stratégie à l’échelle de la boucle d’Elbeuf. Temporalité et spatialité géographique, pour réinventer la trame urbaine d’Elbeuf à partir de son inscription territoriale, à partir de son fleuve et de sa forêt, à partir d’une compréhension de sa lente formation géographique. La valeur du détour ; on passe d’une ville mise à l’écart à une ville à part par sa singularité, par l’aspect novateur du traitement de ses espaces publics. L’écart devient une chance, les paysages de la boucle d’Elbeuf ont le potentiel de nous emmener dans un ailleurs, si l’on prend le temps du détour pour aller les explorer. L’inondabilité heureuse ; Faire en sorte que l’inondabilité ne soit plus perçue comme une catastrophe mais comme un atout générateur de nouvelles pratiques en lien avec le fleuve. Le caractère inondable, largement visible pendant la crue de février 2018, peut créer des paysages de qualité et devenir vecteur de nouveaux usages (jardins inondables, essences adaptées…) Un rivage de partage ; Dépasser la dichotomie entre rive droite et rive gauche pour rassembler les deux communes autour de cet espace partagé du fleuve vecteur d’usages au bord de l’eau. Les deux villes se retrouvent dans la responsabilité partagée de ce bien commun libre et vivant. La ville des coteaux boisés; Faire en sorte que la forêt devienne une destination qui accueille des modes de vie, et pas seulement un cadre visuel lointain. L’ouverture sur champs ; temporiser l’étalement urbain qui menace les poches agricoles, ouvertures délimitant les aires d’influence des entités structurantes du Monument Libre et Vivant. Les parcours urbains ; Remailler la trame urbaine, inventer des espaces publics qui invitent la ville dans son site, relient les habitants à leur forêt et à leur fleuve.

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InondabilitĂŠ heureuse 42


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La ville des coteaux boisĂŠs 44


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Parcours urbains 46


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Superposition de cartes produites par les personnes prĂŠsentes au premier comitĂŠ de pilotage en dĂŠcembre.

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Tisser le partage par le paysage.

La formulation de la commande de notre APR restait volontairement très globale, sans vraiment préciser l’échelle (spatiale comme temporelle) ou la localisation de la stratégie paysagère à proposer. Pour dégager des angles d’attaque face au foisonnement des enjeux identifiés, la discussion avec les habitants et acteurs du territoire était pour nous une démarche essentielle. Nous sommes convaincues de la nécessité à la fois d’entendre les femmes et hommes qui vivent au quotidien ces paysages, mais aussi de nous faire entendre, de partager notre regard singulier de paysagistes sur leurs paysages quotidiens au potentiel souvent ignoré. Ce recensement et changement des regards a été une étape importante, car nous sommes convaincues que le projet, c’est avant tout un changement de regard, une dynamique de dialogue à poursuivre avec les acteurs du territoire. Ces acteurs deviendront en effet les relais du projet s’ils sont impliqués dans le processus de sa fabrication. C’est l’importance de cette démarche de concertation qui nous a permis de comprendre les perceptions des acteurs locaux, mais surtout de transmettre, de passer le relai d’une stratégie comprise et appropriée par les locaux. Lors du premier comité technique du 19 décembre 2017, les participants, élus et acteurs du territoire étaient invités à entourer en rouge leurs lieux mal aimés et en bleu leurs lieux aimés. Cette carte est la superposition des réponses récoltées lors de ce premier atelier de concertation. On remarque que les zones aimées en bleu dessinent de vastes surfaces, surtout concentrées dans les coteaux forestiers, alors que les zones mal aimées se condensent sur des axes, des circulations, des structures filaires. Cela conforte notre propos sur la valeur d’une stratégie qui tire parti des ressources territoriales inscrites dans la géographie de la boucle (les coteaux boisés, les plaines alluviales…), souvent niées par les logiques des infrastructures de transport. Cette carte synthétique qui recense les représentations territoriales des élus présents a aussi été un support de projet en portant notre attention sur des zones à valoriser ou reconvertir en priorité.

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Concertation autour d’une maquette avec les enfants de la MJC ; raconter le paysage rêvé de la boucle d’Elbeuf et son histoire

Concertation avec des adultes autour de l’idée du parcours et des lieux aimés ou mal-aimés

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Nous avons eu la chance d’organiser une seconde session de concertation courant mars en partenariat avec la MJC d’Elbeuf. Lors d’une première session avec des enfants de 7 à 12 ans, nous avons proposé un atelier autour de la ville rêvée, utopique. Après avoir présenté avec un vocabulaire adapté notre travail, nous avons fait parler les enfants de leurs paysages quotidiens autour de trois entités : le fleuve, la forêt et la ville. Les enfants étaient ensuite invités à « compléter » des photographies des paysages fluviaux, forestiers et urbains d’Elbeuf en les peuplant de leurs rêves et imaginaires débordants. Les enfants ont imaginé ce qu’ils aimeraient y voir, ce qu’ils souhaiteraient changer ou améliorer.

« Il faudrait une ville multicolore ! Avec des toits aménagés où il y aurait des cabanes et des citernes d’eau potable, Un grand chêne sous lequel on puisse s’asseoir, ça serait bien, enfin plus de végétation en ville en fait. Qu’il y ait plus d’air... Moins de bâtiments pour mieux voir la forêt derrière. Et des portails spatio-temporels ! » Nous leur avons également proposé de réaliser ensemble une maquette à partir d’une banque de matériaux qu’ils piochaient et plaçaient sur un socle topographique en racontant une histoire ; celle de la boucle et de son devenir.

« Un pont plus bas sur la Seine pour marcher à hauteur d’eau, une cabane dans les arbres au bord de l’eau pour observer et pêcher. Un nouveau port pour amarrer les bateaux et peut-être même une piscine sur la Seine. » « Dans la forêt il devrait y avoir plein d’animaux, des lapins, des oiseaux et des champignons. Il faut des cabanes dans la forêt avec plein de fleurs et des arbres fruitiers, des cerisiers et des carottes. Cultiver des carottes dans la forêt. Pleins de petits sentiers et des panneaux pour indiquer où passer. » Nous avons guidé une autre séance de concertation avec des adultes qui suivaient un cours de soutien en français, cette fois-ci construite autour de la notion de parcours quotidien. Les participants étaient invités à raconter leurs parcours quotidiens dans de rapides cartographies. À raconter ce qu’ils regardaient (ou pas) sur leurs trajets de tous les jours. Durant la seconde partie de notre intervention,chaque personne pouvait choisir dans une grande banque de photographies des paysages elbeuviens un cliché aimé et un cliché mal aimé, et prendre la parole pour expliciter leurs choix.

« Les jardins partagés c’est bien mais en ville on ne trouve pas assez d’espaces verts avec des arbres pour pouvoir profiter de l’ombre.» « Les friches on aime pas trop les regarder, ça fait désordre. Alors que la Seine ça rappelle la mer, la plage, des souvenirs d’Algérie. On aime la ville et la nature mais ici il n’y a pas vraiment de continuité entre les deux. Les chemins sont compliqués. Les ponts devraient pouvoir être pratiqués à pied aussi. »

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« Plus d’espèces végétales différentes partout... et surtout plus de fleurs ! »

« Il faudrait plus de maisons dans la forêt, et aussi un grand pont. »

« Peut-être que vivre en forêt pour la vue et les arbres c’est pas mal ? »

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« Ça serait bien d’avoir des bateaux pour la promenade sur la Seine. Qu’il y ait plus d’arbres en ville et plein de cabanes dans les arbres. »

« Il faudrait toujours des usines aussi pour travailler le fer… et trouver des champs en forêt, à l’écart des villes avec du blé, des choux, des vignes… et amener une agriculture en ville aussi… »

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Marnage / Réconcilier

Deux zones de marnage, entre lisière forestière et espace de crue du fleuve

Amer / Habiter

Des amers disséminés dans la ville, futurs points de repères.

Filandre / Renouer

Des filandres qui filent des coteaux vers la Seine et inversement.

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Visions stratégiques et leviers de projet : Marnages, Amers, Filandres

Toujours dans cette intention de transmission et de partage pour la fédération d’un objectif commun, nous avons condensé nos intentions en trois leviers de projet : Marnages, Amers et Filandres. Ces concepts, discutés et transmis aux comités techniques et aux différents ateliers de concertation, ont réellement été adoptés par les élus et acteurs du territoire. Cette sémantique partagée nous a permis d’ancrer notre vision stratégique dans les esprits, elle a eu la fonction médiatrice d’ouvrir un terrain de discussion sur des problématiques de paysage entre des acteurs aux positions très différentes. Ces trois leviers de projet font à la fois figure d’état, de mise en avant de certaines dynamiques géographiques mais sont avant tout de futures accroches pour le projet de réinvention de la boucle. La superposition des trois leviers de projet amène à un dessin de synthèse des orientations spatiales pour la boucle d’Elbeuf.

N

Esquisse, superposition des cartes présentées ci-contre.

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Marnage / Réconcilier

Amer / Habiter

Filandre / Renouer

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Littéralement : Zone de fluctuation entre le niveau de la marée la plus haute et celui de la marée la plus basse. Notre analyse de la boucle d’Elbeuf a souligné un territoire divisé en bandes hermétiques, parallèles à la Seine : les coteaux forestiers, la ville, le fleuve... Les zones de marnage, opposées à ce système de bandes imperméables, sont des lisières poreuses entre différents territoires contrastés. Nous avons projeté la création de deux zones de marnage : l’une, au sud, entre coteaux forestier et marges urbaines (le parc des lisières forestières), et une seconde au nord entre les lisières urbaines d’Elbeuf et Saint Aubin et l’espace fluvial (le parc des rivages). Les zones de marnages délimitent le périmètre d’influence de la forêt au sud et du fleuve au nord, en reconnaissant ces deux entités comme des acteurs puissants du renouvellement territorial. Dans ces zones de marnages, la Seine et la Forêt viennent réinventer la ville : elles viennent accueillir la ville dans son site. Les zones de marnage sont donc des zones de partage « réconciliatrices » car elles viennent réconcilier les urbains avec leur site, mais aussi parcequ’ elles permettent de dépasser les limites des quartiers par un partage de conditions : le jardin des lisières forestières et le jardin des lisières fluviales viennent réunir des quartiers qui se sentaient jusqu’alors très différents. Ces zones de marnage doivent donc tendre à une réinsertion sociale par un sentiment d’appartenance commune à la ville forestière d’une part, et à la ville fluviale de l’autre.

Littéralement : Dans le vocabulaire de la navigation maritime, les amers sont des repères visuels identifiables sans ambiguïté pour naviguer. Sur le territoire de la boucle d’Elbeuf, nous avons nommé amers des espaces que nous avons retenus dans le tissu urbain comme n’étant pas assez reconnus mais ayant le potentiel de réinventer la ville. C’est une constellation de points d’ancrage à réactiver dans le tissu urbain. Ce sont de petits lieux invisibles dans la mer urbaine, des petits riens qui, une fois remis en réseau par un espace public structuré, ont un fort potentiel de renouvellement urbain. Reliées par les espaces publics, les friches bâties et non bâties ont le potentiel de créer une ville poreuse, de recomposer une nouvelle urbanité : il s’agit de repenser l’image de ces espaces délaissés et de saisir l’opportunité de concevoir le déclin industriel du XXe siècle non plus comme un handicap mais comme une force pour le devenir d’Elbeuf.

Littéralement : veine de matière plus tendre qui divise un marbre. Sillon laissé dans le sable lorsque la marée se retire. Dans le projet, les filandres sont les traits d’union entre les zones de marnages. S’appuyant sur la géographie de la vallée, les filandres traversent le tissu urbain en poursuivant la direction transversale des lignes de talweg, qui sillonnent depuis les plateaux agricoles de l’Eure jusqu’à la Seine. Les filandres sont donc la continuité des vallées des coteaux forestiers à l’intérieur du tissu urbain. Elles sont une invitation à la forêt, autant qu’elles invitent la forêt à déborder dans la ville. En tirant parti de ces artères géographiques pour recomposer l’urbain, il s’agit de mettre en scène la descente vers le fleuve, révélant çà et là les réseaux hydrologiques oubliés. Ces axes structurants issus de la géographie du territoire deviennent la colonne vertébrale d’une nouvelle armature urbaine. Les filandres résultent donc bien d’une stratégie de restructuration urbaine qui découle d’une compréhension territoriale plus vaste : c’est par le territoire qu’on réinvente la ville de demain.


Fabrique des savoirs

Ancienne Gare

Cimetière Saint Jean

Forêt d’Elbeuf

Marnage de la lisière forestière, coupe d’un coteau boisé d’Elbeuf Jardins partagés de St Aubin

Pont Guynemer

Le Puchot

Marnage du fleuve, coupe des deux rives de la Seine, de St Aubin à Elbeuf

N

Carte de situation des friches dans le tissu urbain

Coupe narrative d’une filandre, du coteau boisé à la Seine

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«Le jardin est un lieu de sauvegarde des réalités tangibles et intangibles. C’est un territoire mental d’espérance» Gilles Clément -Thomas et le Voyageur, 2011

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DĂŠnouer

Vers un bien commun paysager

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DES PARC

PA RC DE S

L IS

ES RIVAG

IÈR ES N

Esquisse projet à l’échelle de l’ensemble de la boucle d’Elbeuf

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0

1

2

3

4

5 km


Dénouer — Vers un bien commun paysager Transversalités, du vis-à-vis au voisinage.

À partir des trois leviers de projet, construits comme on l’a vu au cours d’une démarche de dialogue avec les acteurs du territoire, il s’agit désormais de dessiner une vision spatialisée à même de guider les choix d’aménagement de la ville d’Elbeuf. Pour le dessin d’un projet inspirant et inspiré, pour proposer une vision spatialisée à l’échelle de la boucle, on cherche les opportunités, les points d’accroches les plus importants, les parcours à mettre en valeur… De la superposition des leviers de projet que sont marnage, amer et filandre, on trouve en plan, des lieux précis où pourrait se jouer la réinvention du territoire. On identifie sur la carte ci-contre, le foncier libre ou à libérer qui pourrait servir à la création d’un nouveau maillage d’espaces publics. Ce foncier est à mettre en réseau, ce qui amène donc à repenser le dessin de certains axes et à valoriser certains parcours. Créer des circulations dédiées à des mobilités plus douces ; des boucles piétonnes et cyclables pour la découverte des différents éléments qui font l’identité si particulière de la boucle d’Elbeuf. Cette proposition spatialisée dessine 3 types d’espace bien distincts : • Le Parc des lisières : il propose une mise en recul de la ville sur les coteaux boisés qui marquent pour l’instant une frontière impénétrable. Pour que la forêt devienne un lieu de destination pour les citadins il faut valoriser certaines entrées en forêt depuis l’intérieur du tissu urbain, montrer de manière évidente que la promenade ne se limite pas à la rue ; faire accepter la forte pente pour arriver à la lisière de la forêt avec comme récompense des points de vues sur la totalité de la boucle d’Elbeuf. Une lisière forestière en balcon sur la ville, nouveau lieu de vie pour les elbeuviens. Les principales accroches de ces parcours seront tenues par les filandres, nouvellement plantées, de manière à donner l’impression que la forêt entre dans la ville, et les lieux culturels comme la Fabrique des Savoirs. • Le Parc des rivages : il propose lui aussi d’élargir l’espace d’appréhension du fleuve, que sa proximité soit déjà annoncée à l’intérieur du tissu urbain. Ce parc dessine l’espace de débordement du fleuve, sa zone de marnage, son espace de liberté et de fluctuation car soumis aux crues. Il s’appuie sur les espaces publics comme la mairie ou le champs de Foire du côté d’Elbeuf mais aussi sur les jardins partagés du côté de Saint Aubin. • Les Amers : ils représentent l’ensemble des opportunités foncières propres au tissu urbain. Ils sont à la fois des points de repère mais aussi des respirations qui redessinent une ville poreuse. On renouvelle ainsi le visage de la ville aux cents cheminées en retrouvant une plus grande succession d’espaces publics liés les uns aux autres par les filandres.

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ES AG RIV S DE RC PA

Réconcilier

PA RC DE S

L IS

IÈR ES

N

0

S DE RC PA

Habiter

1

2

3

4

5 km

ES AG RIV

Ruisseau du Puchot

Ruisseau du Grand Ravin

PA RC DE S

L IS

IÈR ES

N

0

1

2

3

4

5 km

oie nne v Ancie e ferré

ES ges AG s ber RIV ng de S e le lo E d a n D e Prom RC PA

Renouer

PA RC DE S

L IS

IÈR ES

N

0

62

1

2

3

4

5 km


À chacun de ces leviers de projet (marnage, amer, filandre) on associe des verbes d’action qui vont rendre actifs ces principes qui jusqu’ici renvoyaient plus l’image de figures descriptives que celle d’un projet spatialisé. • Réconcilier : pour retrouver ce qui fait la beauté de cette boucle de Seine, on identifie les points de vues à mettre en valeur et leurs accès pour embrasser depuis le coteau l’ensemble du territoire de la boucle d’Elbeuf. On travaille les entrées pour accéder aux berges et aux forêts. On scénarise les entrées de ville aujourd’hui uniquement identifiables par le panneau les annonçant. Les parcs des rivages et des lisières sont annoncés au cœur du tissu urbain ; le centre-ville est ainsi lié à son environnement géographique. On multiplie les accès piétons qu’on aménage de manière plus remarquable ; la proximité de la Seine se fait ressentir bien avant qu’on ne la voit vraiment. On trouve ce même rapport entre ville et forêt.

• Habiter : pour créer de nouveaux lieux de vie qui feront partie du quotidien des habitants, on ouvre les opportunités foncières repérées qui forment les nouveaux espaces publics. La reconversion des friches fait partie de ce nouveau dessin pour les habitants d’Elbeuf, ce qui induit de nouveaux usages éphémères ou non, de nouveaux programmes. On requalifie les berges qui donnent une forme et un usage aux zones inondables. On fait de cette zone inondable un bien commun. Depuis les coteaux, on invite le bois, ses essences, son vocabulaire, dans la ville. On retrouve des respirations dans le tissu urbain comme par exemple autour du ruisseau du Grand Ravin auquel on redonne une ampleur par l’accroche d’une succession de nouveaux espaces publics.

• Renouer : pour faire le lien entre les grandes entités géographiques (fleuve et forêt) et les lieux du quotidien (espaces publics en ville), on trace des parcours qui sillonnent entre urbanité et milieux naturels. Ces chemins permettront de montrer l’ensemble des points d’intérêts qui font la singularité de la boucle. Cette action induit la transformation du statut de certaines voies. Par exemple la voie sur berge qui devient promenade au bord de l’eau, ou encore l’ancienne voie de chemin de fer qui vient créer un nouveau lien entre Elbeuf et Rouen. On multiplie les usages sur les voies par une re-profilation des routes pour un meilleur partage entre piétons, cyclistes et automobilistes. Deux voies vertes traversent les zones de marnage, l’ancienne voie de chemin de fer reconvertie en Vélorail et promenade faisant le lien entre Rouen et Elbeuf, ainsi que la voie sur berge qui devient la promenade des rivages passant d’un usage presque exclusivement routier à un partage de cette voie entre voitures, piétons et cyclistes.

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lb rail E Vélo n Roue euf-

Ouverture sur le grand paysage depuis la route des crêtes

NOUVEL ACCÈS DEPUIS LE PONT FERRÉ AUX JARDINS PARTAGÉS

rives nades Prome

Promenade maraîchère entre l’Eure et la Seine LE PUCHOT SE TOURNE VERS LA SEINE

NOUVELLE ENTRÉE EN VILLE

du r te uve rand G éco Red eau du s in ruis Rav

PARC JARDINÉ VERS LA FORÊT

HABITATIONS EN BALCON DEPUIS LA FORÊT

Promenade entre champs et forêt Espaces ouverts à préserver

Coteaux jardinés

Priorités de projet pour le dessin des parcs Axes de promenades principaux, nouvellement qualifiés

N

Les priorités de projet pour la création d’un bien commun paysager

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0

1

2

3

4

5 km


Priorités de projets

La carte projet Réconcilier-Habiter-Relier, a servi de support au schéma ci-contre. Cette carte présentée précédemment avait plus pour objectif de fonctionner comme un plan guide. Une esquisse de projet spatialisée à grande échelle mais qui dans sa représentation ne met pas en avant une réelle hiérarchie entre les espaces. En quelque sorte il s’agit du dessin qui illustre un projet abouti autour de l’idée d’un bien commun paysager. C’est donc peut-être la figure à atteindre mais il nous semblait important, pour montrer la faisabilité de cette esquisse, de préciser les priorités de projet qui permettront demain la création d’un objectif, d’une visée commune pour les habitants de la boucle d’Elbeuf. Chaque espace annoté sur le schéma ci-contre, une fois la hiérarchie établie, devra en effet être développé dans l’idée du dessin d’ensemble que le déroulé de notre réflexion nous a amené à tracer. Finalement, les lieux les plus importants, en termes de priorité d’aménagement, sont ceux qui posent visiblement le plus problème. Une première priorité serait de prévenir la fermeture de certains milieux ouverts qui offrent une qualité de lecture sur le grand paysage alentour. Ces espaces ouverts à préserver sont principalement occupés par des champs et exploitations agricoles. Une première action avec peu de coût de mise en place, si ce n’est une cartographie précise qui marque les limites administratives de ces espaces, à intégrer par exemple au PLUI. Dans le dessin des parcs des lisières et des rivages, il semble important dans un second temps de déterminer les lieux qui nécessitent une intervention prioritaire. Des sites où il faudra dessiner précisément les aménagements à mettre en place pour requalifier les lieux comme par exemple l’entrée de ville par Saint-Pierre-lès-Elbeuf, les quais au niveau du Puchot, les parcs qui offrent des entrées en forêt, ou encore l’accès aux jardins partagés de Saint-Aubinlès-Elbeuf. Le dernier point à développer, les nouveaux axes de promenades principaux nouvellement qualifiés: la vélorail, la promenade des rives ou encore la descente du ruisseau du Grand Ravin. Ces axes tiennent les espaces entre eux et redessinent sur leur longueur les espaces traversés. Leurs traitements en voie piétonne et cyclable amèneront petit à petit à ce que les espaces adjacents suivent la même logique. Le développement de ces premiers projets doit être réfléchi de manière à être accepté par les habitants et répondre à leurs besoins. Chaque projet autour d’un lieu doit donc dès maintenant être communiqué, discuté, pour s’inscrire dans le temps long du projet de paysage.

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PROMENADE SUR L’ANCIENNE VOIE DE CHEMIN DE FER - VÉLORAIL

TERRASSES DU PARC DU MONT VALLOT

MAISON DES SAVOIR-FAIRE FORESTIERS

Fabrique des Savoirs et MJC

Nouveau parc du Lycée Polyvalent Ferdinand Buisson

Friche ouverte sur la forêt

Place du marché, piétonne

PARC INONDABLE, MAISON DES SAVOIR-FAIRE FLUVIAUX

Champs de Foire

PARC DE LA MAIRIE TOURNÉ VERS LA SEINE RUISSEAU DU PUCHOT REDÉCOUVERT, PIED DES IMMEUBLES PLANTÉ

NOUVEAU QUAI DU PUCHOT ET SA PISCINE NOMADE

PASSERELLE PIÉTONNE ET CYCLABLE PROMENADE PIÉTONNE AFFIRMÉE ENTRE JARDINS ET PÂTURAGES

Place de la Mairie de St-Aubin

FRICHE RECONVERTIE EN CINÉMA

PARVIS DE LA GARE JARDINÉ

N

0

66

100

200

300m


Récit d’une filandre, accroche aux espaces publics

Durant la phase consacrée au dessin d’un projet de paysage, nous nous sommes retrouvées face à un dilemme, du fait des attentes divergentes de l’équipe enseignante de l’ENSP et des commanditaires. L’équipe pédagogique souhaitait l’approfondissement d’une stratégie à une échelle territoriale et dans le temps long, alors que les commanditaires attendaient un dessin plus précis de l’aménagement concret des espaces publics. Nous avons donc choisi d’adopter un compromis en proposant une solution spatialisée à l’échelle d’une filandre, un espace « échantillon » qui condense nos intentions pensées à l’échelle stratégique de toute la boucle de Seine. Il nous semblait essentiel de montrer de manière précise et spatiale les nouvelles conditions urbaines locales pour réconcilier échelle de la boucle, son territoire et les villes qui l’habitent ; début d’une nouvelle histoire naturelle et urbaine commune. Le projet s’articule autour de deux temps d’intensité. Au sud, le parc des rivages, au nord, le parc des lisières forestières. Ces deux zones de marnages parallèles à la Seine organisent de nouveaux espaces publics riverains, entre ville et forêt d’une part, et entre ville et fleuve d’autre part. Ces deux espaces des lisières montrent la capacité du site, c’est-à-dire du fleuve et de la forêt, à accueillir et réinventer la ville. La filandre tire un trait d’union entre ces deux espaces, le vocabulaire et l’ambiance du fleuve d’une part et de la forêt d’autre part investissent la ville dans ces nouvelles artères perpendiculaires à la Seine. La filandre relie Forêt et Fleuve en passant par un nouveau réseau d’espaces publics : les amers anciennement délaissés sont réintégrés à la trame urbaine et deviennent des lieux de vie, garants de la qualité des paysages de la ville d’Elbeuf. Cette filandre se trouve à l’extrémité ouest d’Elbeuf. Ce dessin d’une nouvelle traversée serait encore à préciser pour permettre aussi des circuits de promenade jusqu’à l’intérieur du bois.

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PARC DES LISIÈRES FORESTIÈRES

• 1. Aujourd’hui les habitants entretiennent très peu de relations avec la forêt, les entrées ne sont pas valorisées et les vues ne sont pas bien dégagées pour profiter de la situation de belvédère. C’est toute une rive forestière qu’il faut réinventer. L’ancienne voie ferrée est notre première accroche pour cette idée. Elle suit la lisière forestière et une fois réaménagée en piste cyclable, en vélorail, elle devient une voie verte importante permettant de faire le lien entre Elbeuf et Rouen. 1. VELO RAIL, ET VOIE CYCLABLE

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100

200 km

• 1.1 Nous proposons de mettre en scène l’entrée dans les coteaux forestiers par un parc qui s’inscrit sur l’ancien site du Mont Vallot. Ce parc scénarise l’ascension vers la forêt par un système de terrasses qui étage une gradation de végétation, depuis la strate la plus rase des jardins partagés en contrebas jusqu’aux strates les plus arborées à mesure que l’on s’approche du bois. Il s’agit par ce traitement des espaces publics de redonner aux habitants des quartiers longeant la forêt le sentiment d’appartenir à une ville de coteaux boisés, qui n’a rien à envier aux habitations des bords de Seine.

1.1 Coupe des terrasses du parc du Mont Vallot

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1.1 TERRASSES DU MONT VALLOT

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•1

1.1

1.2

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• 1.2 L’ancienne gare est reconvertie en maison des « savoir-faire » forestiers. Ce bâtiment remarquable à la lisière du bois se situe à proximité de la Fabrique des savoirs, centre d’archives et de diffusion des savoirs, lieu central de la vie culturelle d’Elbeuf. La fabrique des savoir-faire serait un lieu d’initiation aux techniques d’agroforesterie, un lieu d’apprentissage de la faune et de la flore des coteaux boisés elbeuviens. Ce lieu pourrait également accueillir des ateliers de création (artistique, gastronomique…) qui tireraient leur inspiration de la proximité de la forêt, ainsi que des évènements et expositions… Le long des promenades plantées en lisière de bois, la fabrique des savoir-faire forestiers devient une halte incontournable. Un nouveau parvis réoriente le bâtiment en direction de sa forêt, et le parvis côté ville est réaménagé pour lui donner l’ampleur qu’il mérite : le parking est déplacé pour laisser place à un espace partagé d’expérimentation et de plantations.

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200m

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1.2 FABRIQUE DES SAVOIRS FAIRE FORESTIER

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PARC DES RIVAGES

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8m

Le pont Jean Jaurès: une traversée piétonne périlleuse... voie cyclable

voie piétonne terre plein végétal

2. VUE À VOL D’OISEAU DU PONT JEAN JAURES EN REGARDANT VERS SAINT AUBIN.

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... Une promenade suspendue ouverte sur la Seine

2. PARC INONDABLE, MAISON DES SAVOIR-FAIRE FLUVIAUX

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De la voie rapide... 2. Coupe du parc inondable

voie cyclable berges arborées

voie piétonne

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2. Axonométrie du parc inondable avec jetée sur la Seine.

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... à la Promenade des Rivages.


• 2.1

• 2. Actuellement les berges sont figées, ne laissant plus le fleuve, Monument Libre et Vivant, s’exprimer. Les berges sont réduites à un cordon très fin, séparé de la ville par la voie sur berge, surnommée la « voie rapide », dangereuse à traverser. L’espace dédié au piéton en bord de Seine est une fine bande accolée à cette route très passante et bruyante. La ville s’est avancée jusqu’au fleuve, ne le laissant plus respirer, et n’offrant plus la possibilité d’en profiter. Notre stratégie est donc de reconquérir la ville par le fleuve, d’inviter les mouvements de l’eau à déborder sur l’urbain pour entretenir un rapport de proximité avec la Seine. Les quais sont remodelés dans un jeu d’avancées et de reculées pour devenir une zone de fluctuation où ville et fleuve s’entrelacent. La voie sur berge change de statut pour devenir la promenade des rivages : elle est végétalisée, le traitement des sols indique les zones de mobilités douces et donc une allure à modérer, et des cordons boisés délimitent les différents usages.

• 2.

• 2.1 Une nouvelle passerelle piétonne et cyclable relie la rive d’Elbeuf-sur-Seine à celle de Saint-Aubin-lès-Elbeufs, et s’intègre dans la trame bocagère des prairies alluviales de la rive droite.

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2.1 NOUVELLE PASSERELLE PIÉTONNE D’ORIVAL À SAINT AUBIN

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TRAVERSÉE DE LA FILANDRE

2018 Etat actuel actuel, friches closes et en ruine

+2022 Ouverture et début d’une phytoremédiation

Culture du sol et production alimentaire en ville

Parc d’agrément +2222 Projets d’espaces publics en accord avec les besoins habitants

Logements et bureaux

• 3. La filandre est une traversée mais vient aussi accrocher les espaces publics à proximité. Les friches font partie de ce parcours. Notre stratégie de reconversion des friches a pour but de démontrer que les vides laissés par l’industrie ne sont plus des stigmates et des handicaps, mais deviennent une force pour inventer une ville poreuse et réactiver l’environnement urbain elbeuvien. Les friches ont le potentiel d’ouvrir des respirations dans un tissu urbain très dense et de dessiner une nouvelle armature d’espaces publics. Nous pensons que le temps de la réappropriation de ces lieux par les habitants est indispensable, et croyons donc à l’importance de penser cette reconversion sur le temps long, avec des paysages intermédiaires qui préfigurent un aménagement plus pérenne. Nous envisageons donc une reconversion progressive qui commencerait par une étude des sols, puis un processus de phytoremédiation adapté. Cette première étape permettrait

3. RECONVERSION DES FRICHES BÂTIES voie cyclable

terre plein végétal voie piétonne

3.1 NOUVEAU PROFIL DE RUE

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D’une voie de circulation très passante...

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8m

8m

... à une artère paysagère multimodale entre forêt et fleuve.

3.2 Coupe présentant la descente de la filandre, nouveaux quais sur pilotis pour l’acceuil des péniches.

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2

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d’étudier la flore des friches dans la formation de taillis de régénération dont les essences seraient principalement issues naturellement de la forêt. Un autre point important dans cette première étape, la destruction des enceintes des friches bâties pour les ouvrir sur la ville en définissant les entrées ; que petit à petit ces lieux fassent partie de la vie publique des elbeuviens. Selon la taille de la friche, il faut penser à des usages de proximité associés à la fréquentation. Dans cette idée de reconversion progressive il est aussi important d’envisager des usages temporaires et expérimentaux (ateliers, fêtes, expositions en plein air, auto constructions, jeux…) : ces friches deviennent des laboratoires de la ville, des lieux d’innovation urbaine. Le déclin industriel est alors porteur de valeurs positives et devient le propre moteur de sa réinvention.

3.

• 3.1 •

3.2

• 3.1 La filandre, continuité des coteaux forestiers jusqu’à la Seine, offre un nouveau parcours piéton et cyclable et des continuités paysagères dans la traversée de quartiers très différents.

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• 3.2 Le ruisseau du Puchot, remis à ciel ouvert, rythme la descente des coteaux à la Seine, pour aboutir sur un nouveau quai, avancée sur la Seine qui engage un nouveau rapport au fleuve.

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3.2 LE RUISSEAU DU PUCHOT, REMIS À CIEL OUVERT, RYTHME LA DESCENTE JUSQU’AUX NOUVEAUX QUAIS AMÉNAGÉS ET LA PISCINE NOMADE.

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Transmettre —

Un nouveau récit, une nouvelle vision, une transmission

Avec cet APR, nous avons tenté de révéler le potentiel souvent mal perçu du territoire de la boucle d’Elbeuf, en soulignant notamment la singularité de ses paysages fluviaux et forestiers séquaniens. Nous avons soulevé la nécessité de puiser les ressources du renouveau urbain dans l’échelle temporelle et spatiale de la vallée de Seine, Monument Libre et Vivant. C’est en renouant avec cet ancrage territorial que la ville d’Elbeuf pourra dépasser les fractures du déclin industriel, générer de nouveaux modes de vie urbains et devenir une destination métropolitaine reconnue pour la qualité de ses espaces publics entre fleuve et forêt. L’intention n’était pas de proposer un aménagement figé et parfaitement dessiné mais plutôt d’esquisser les priorités d’intervention et de communiquer une nouvelle vision d’ensemble inspirante, porteuse d’espoir et révélatrice du potentiel des paysages urbains de la boucle d’Elbeuf. Cette étude a pour intention de servir d’exemple, pour transmettre de grandes directions de renouvellement urbain, issues d’une lecture de paysagiste du territoire. Cet exemple a pour ambition d’être adaptable à d’autres communes de la vallée de Seine, et d’être décliné dans le PLUI.

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Remerciements Merci à Sandrine Desjardins pour sa disponibilité, ses encouragements, l’aide qu’elle nous a apportée, notamment pour entrer en contact avec les différents acteurs du territoire elbeuvien. Un grand merci aux personnes qui ont accepté de nous recevoir et de partager leurs expériences, leurs savoirs et leur connaissance du site, notamment, Vincent Bouquerel des Service Techniques de la ville d’Elbeuf, Guillaume Fresnel de la Maison des Forêts d’Orival, Marie Sanchez directrice de la Fabrique des Savoirs d’Elbeuf et Jérome Tabouelle coordinateur régional du Patrimoine géologique de Normandie, Nathalie Cordiel directrice de la MJC d’Elbeuf, Jean Paul Viot et le Théâtre des Bains Douches. Un chaleureux remerciement au couvent des sœurs du Sacré-Cœur de Jésus de Saint-Aubin-lès-Elbeuf, en particulier à sœur Marie Annick, dont la charité nous évitât les tribulations du camping au bord de l’Eure dans le froid d’octobre. Merci aux élus habitants et enfants d’Elbeuf, pour avoir partagé avec nous leurs visions, leurs doutes et leurs rêves quant au devenir de leurs paysages vécus. Merci à Joséphine Billey pour sa présence, son dynamisme, son aide précieuse et son inépuisable enthousiasme tout au long de ce travail ! Nous remercions l’ENSP pour l’opportunité de cette expérience enrichissante de l’APR, un tremplin pour la vie professionnelle, une vraie immersion dans la construction d’un projet discuté avec les acteurs d’un territoire. Nous tenons aussi à remercier Nicolas Cazabat, Johan Tangapriganin, Nadav Joffe, Marie Rougeot, Jean-Maxime Santuré, Manon Cadoux, Elorri Etchegaray, Lisa Fontanel, Antoine Merrien, Hélène Le Madec, et l’ensemble de la promotion DPLG 2014-2018 pour leur soutien et leurs regards avisés qui nous ont permis de rebondir dans les moments de doute. Merci à notre encadrant, Thierry Laverne, pour avoir partagé avec nous son regard sur le projet de paysage, pour le temps qu’il nous a consacré, pour ses phrases percutantes et ses concepts forts. Merci de nous avoir transmis le goût de la formule…

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Articles : LAUTRIDOU Jean Pierre, LEFEBVRE Dominique, LÉCOLLE François, CARPENTIER Gérard, DESCOMBES J. C., GAQUEREL C., HUAULT Marie-Françoise. «Les terrasses de la Seine dans le méandre d’Elbeuf. Corrélations avec celles de la région de Mantes.» Bulletin de l’Association française pour l’étude du quaternaire, vol. 21, n°1-3, 1984. pp. 27-32. Dossier de candidature : MARIE, Didier, Label Agglomération d’art et d’histoire, Elbeuf, Agglo d’Elbeuf, 2008, 180 p. Études : Agence Bertrand Folléa - Claire Gautier Paysagistes DPLG -Urbanistes, Atlas des paysages de la Haute Normandie, édition Région Haute Normandie, 2010, 205 p. AURBSE, Construction et évolution des paysages, Bassin de vie Rouen, édité par l’Agence d’Urbanisme de rouen et des boucles de Seine et eure, Rouen,2014, 63 p. AURBSE, Éléments structurants de l’interscot, interface et polarités.édité par l’Agence d’Urbanisme de rouen et des boucles de Seine et eure Rouen, «Rencontre(s)», n°11, 2013, 47 p. AURBSE, Le fait métropolitain, Bassin de vie de Rouen, édité par l’Agence d’Urbanisme de rouen et des boucles de Seine et eure, Rouen, 2015, 191p. DREAL Normandie. Journée régionale sur les paysages industriels. Rouen, Ministère de la Transition écologique et solidaire, 2016, 63 p. Société de l’histoire d’Elbeuf, Atlas historique de l’Agglomération d’Elbeuf. SHE, Elbeuf, 2008 Catalogue d’exposition : La CREA-Fabrique des Savoirs, Travailler sur la Seine, 1850-1914, éditions Point de vue, Rouen, 2013, 180p. JOUBERT, Alain, ROY Nathalie, Scène de la Seine : Catalogue d’exposition. Association des conservateurs de Haute-Normandie, Rouen, 1986

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Bibliographie Ouvrages : AUGÉ Marc, Non-lieux, Introduction à une anthropologie de la surmodernité, Seuil, «La librairie du XXIe siècle», 1992, 160 p. BERQUE, Augustin, Ecoumène - Introduction à l’étude des milieux humains, Paris, éditions Belin, Collection Mappemonde, 2000, 275 p. CLÉMENT Gilles, Thomas et le Voyageur, Paris, Editions Albin Michel, 1997, 2011, 279 p. DEFFONTAINES Pierre, JEAN-BRUNHES DELAMARRE Mariel, Atlas aérien. France, tome IV, Paris et la Vallée de la Seine, Paris, Gallimard, 1955, 192 p. DESVIGNE Michel, Le paysage en préalable Michel Desvigne Grand prix de l’urbanisme 2011, Editions Parenthèses et Direction générale de l’Aménagement, du Logement et de la Nature (DGALN), Collection Grand Prix de l’urbanisme / MEDDTL, 2011, 125 p. ROGER Alain, Court traité du paysage, Editions Gallimard, Bibliothèque des Sciences humaines, 1997, 191 p. SANSOT Pierre, La marginalité urbaine, Paris, Editions Payot et Rivages, Collection dirigée par Lidia Breda, 2017, 123 p. VIGARIÉ André. Observations sur les caractères structuraux et morphologiques de la région de Rouen. Annales de Géographie, t. 63, n°335, 1954. pp. 22-32 Émission radiophonique : LSD, La série Documentaire, 2017, Série Radiophonique, Épisode 2/4 «L’usage du fleuve : Vivre au bord du fleuve». KERVRAN Perrine, diffusé le 19/12/2017, France Culture

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