Marais à l'horizon - exercice du regard

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Dossier du Diagnostic territorial et analyse paysagère - Canton Rochefort Nord - 2015//2016 _- Pauline Broquin Lacombe - Hélène Le Madec - Toumi Omrane - Jean-Maxime Santuré - École Nationale Suppérieure du Paysage de Versailles DPLG 2 : Promotion 2014/2018 // Département Sciences Humaines et Sociales & Département Écologie // Professeurs encadrants : Alain Freytet, Martin de la Soudière, Sophie Bonin, Patrick Moquay, Yves Petit Berghem, Monique Toublanc.

MARAIS À

L’HORIZON - exercice du regard -

ROCHEFORT

CANTON DE ROCHEFORT NORD



« En avant, sur toute l’étendue du lointain, quelque chose qui semble murer les prairies, un peu tristement , comme un gros rempart : c ’est l’arrête du plateau pierreux d’en face; en bas duquel la rivière coule; c ’est l’autre rive, plus élevée que celle-ci et d’une nature différente. Mais aussi plane aussi monotone. Et dans cette monotonie réside précisément pour moi le charme très incompris de nos contrées. Sur de grands espaces, souvent la tranquillité de leurs lignes est ininterrompue et profonde.» Pierre Loti



INTRODUCTION

je, tu, il, nous, vous, ils

Canton de Rochefort Nord

V V

ous tenez dans vos mains un dossier qui parle des paysages du canton de Rochefort Nord. Il ne s’agit ni d’un livre d’art, ni d’un document scientifique. C’est un dossier fait par des étudiants qui veulent apprendre à identifier, décrire et comprendre les territoires où vivent les hommes. Ces étudiants ne sont pas originaires de Rochefort et n’y ont jamais vécu... Ils sont originaires de Créteil, Paris, Ballancourt-sur-Essone, Béziers... Ils sont étudiants à l’École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles. Cette école donne à ses élèves des clés pour comprendre ce qu’est un paysage. Un paysage ça peut être la plus petite rue d’une ville mais ça peut être aussi un territoire grand comme celui de la ville de Rochefort et tout ce qui fait que Rochefort est Rochefort. l’Océan, la Charente, le littoral, les villes et villages, les routes, les marais, les zones commerciales ... Tous ces lieux sont vécus par ‘nous’ et font donc partie d’un grand ensemble que nous appelons le paysage. Ce dossier est une étude subjective qui s’appuie sur des données scientifiques, sociologiques, urbanistiques. Il est construit autour d’expériences, d’entretiens, de ressentis personnels et donne à voir un nouveau rapport au paysage Rochefortais. En équilibre sur un fil, le fil de l’horizon, vous pencherez tantôt vers le pittoresque, tantôt vers « qu’estce qui en reste ? ». Nous tourbillonnerons ensemble sur l’histoire des sites et nous terminerons, droits et fiers, les deux pieds dans le sol ; la source de la terre du canton : LES MARAIS ! Nous voyagerons ensemble en funambule libre, il y aura des lenteurs, des accélérations, des pauses, des incompréhensions et du savoir. Installez-vous, respirez profondément, hissez les voiles et laissez le vent de la découverte s’engouffrer à l’intérieur... C’est bon? Vous êtes-prêt? alors Cap sur l’horizon[s]! . . .


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REMERCIEMENT S

Nous tenons à remercier toutes les personnes qui ont contribué à notre travail sur le canton de Rochefort Nord, et qui nous ont aidé lors de la rédaction de ce dossier. Tout d’abord, nous adressons nos remerciements aux encadrants de cet exercice, Martin de la Soudière, Sophie Bonin, Patrick Moquay, Yves Petit Berghem, Monique Toublanc et Alain Freytet. Pour des moments de partage, d’écoute et de conseils qui nous ont permis d’avancer, de faire évoluer notre pensée. Nous tenons à vivement remercier les personnes rencontrées sur le terrain, Monsieur Lelièvre adjoint au maire, Gilda et Louis professeurs d’SVT et de Mathématiques, Kathy et son mari, le patron du Bistrot de la paix et la Réserve national d’Yves, pour leur accueil. Le temps passé ensemble et le partage de vos connaissances des lieux, nous a beaucoup enrichi. Merci à tous les inconnus croisés au hasard de nos promenades. Grâce à vous nous avons pu arriver à comprendre ce paysage des marais et le problématiser. Nous remercions également l’ensemble de notre promotion pour leur bonne humeur quotidienne, jours et nuits. Enfin, nous tenons à dire merci à la maman de Pauline qui nous a conseillé et relu lors de la rédaction de ce dossier. MERCI.

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MARAIS À L’HORIZON - EXERCICE DU REGARD

P 8 Avant-propos

ROCHEFORT

À quoi tu penses ?

On a marché sur

ROCHEFORT NORD P 27

SOMMAIRE

QUAND ON ARRIVE EN VILLE.... 28 Il était une histoire de canons, de roi et d’arsenal. 40 Façades pales - Le vent dans les rues. 46 Il y a là la ville, puis la Charente. Et de l’autre coté? - les Marais, premier aperçu.

P 53

SUR LA PLAGE ABANDONNÉE... Saison Basse marée Haute villes & littoraux 54 58 66 74 78

Le regard court sur les marais, direction l’océan Il y a(ura) Fouras, les touristes et la mer - Des Boyards et des huîtres Ils - Île d’Aix Un profil pour comprendre le socle - Falaise d’Yves Un visage pour comprendre la faune, la flore et la politique - Réserve naturelle des marais d’Yves

P 85

NOUVELLE TERRE ! Les marais, regard au niveau 0 86 Plage de limons fins - Entre océan et marais 90 « Et dans cette monotonie réside précisément pour moi le charme très incompris de nos contrées » a - Archipel en pleine terre b - Frontières imperceptibles et immanquables - Les Canaux c - Autopsie des marais

P 126

CARTE DES UNITÉS PAYSAGÈRES

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Et si Demain...

NOUVEL HORIZON POUR

ROCHEFORT-NORD P 131

« VIDI FACTAS EX AE QUORE TERRAS », ‘J’ai vu des terres nées d’une plaine liquide », Ovide, Métamorphose, XV, 263 133 Marais mouillés, marais asséchés, terres oubliées. 136 Où sommes-nous ? - Rendre lisibles les différentes occupations des sols

P 139

ILS ÉTAIENT LÀ AVANT NOUS Patrimoine & environnement 140 Héritage d’un parcellaire quadrillé par l’eau 142 Fragiles - Biodiversité et sites sensibles à protéger

P 147

DES PETITS PAS POUR UN GRAND PAYSAGE Exercice du regard 148 Prendre le temps de prendre son temps - parcours pour découvrir les marais 152 «Sur de grands espaces, souvent la tranquillité de leurs lignes est ininterrompue et profonde.» -Points de vues remarquables

P 155

Conclusion

Nous n’avons rien fait 158 161

Bibliographie Annexes

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Avant-propos

ROCHEFORT

À quoi tu penses ?

1 Exercice

CARTES MENTALES Première perception de l’étude du canton 6 Novembre 2015

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2

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Cartes dessinées par les 4 étudiants qui ont réalisé ce dossier:

1 Toumi Omrane // 2 Pauline Broquin-Lacombe // 3 Hélène Le Madec // 4 Jean-Maxime Santuré

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Toumi marin d’eau douce, moussaillon de l’Histoire

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Pauline cantatrice de Rochefort et danseuse de l’urbanisme

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Hélène la rêveuse du grand large - pêcheuse de la culture

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18


Jean-Maxime poète de soupe du monde agricole 19


La France de Versailles à Rochefort

Yvelines ÎLE-DE-FRANCE

CENTRE

POITOU-CHARENTE Charente-Maritime LIMOUSIN

AQUITAINE

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Rochefort

Charente-Maritime

Département de la Charente Maritime.

N N

ous avons mis les voiles tous les 4 pour la première fois le 18 septembre 2015. Nous avons roulé jusqu’en Charente Maritime, où l’air « Marais » nous attendait. C’est au sud Ouest de la France, dans un département qui couvre une partie de la côte Atlantique , de La Rochelle jusqu’à l’estuaire de la Gironde que nous avons amarré. Sous un climat océanique doux avec un ciel changeant, tantôt azur tantôt chargé de pluie, nous découvrons des terres gorgées d’eau en hiver et qui, nous dit-on, sont sèches en été. Le canton de Rochefort Nord quand à lui, est entre Océan et Terre avec comme limite à l’ouest l’Île d’Aix, au Nord la réserve naturelle des marais d’Yves et à l’Est l’intérieur des terres des marais de Rochefort. Le choix de notre analyse comprend aussi tous le Rochefortais : la ville de Rochefort et ses alentours. La rive droite de la Charente, de Rochefort jusqu’à l’estuaire étant notre limite physique d’étude au sud mais ce que l’on perçoit du regard de l’autre coté du fleuve n’est pour autant pas oublié.

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C A R T E

D E S

PAY S AG E S

Canton de Rochefort Nord Échelle 1/25 000e

N

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Ligne ferroviaire

RD137

Boisement

Carrelet

Habitat

Fort

ENSP Versailles Toumi Omrane, Pauline Broquin-Lacombe, Jean Maxime Santuré, Hélène Le Madec Mars 2016


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Marais

Canaux

Bassin

Champs


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On a marché sur

ROCHEFORT NORD

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On a marché sur Rochefort nord

QUAND ON ARRIVE EN VILLE ...

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On a marché sur Rochefort nord Quand on arrive en ville...

Il était une histoire de canons, de roi et d’arsenal 28

1666

A

u commencement la ville de Rochefort n’existe pas. À cette époque le terriotire est un assemblage de marais au bord de la Charente. Un seul et unique domaine existe, celui du seigneur de Cheusses. Quelques allées cavalières sont présentes autour de sa demeure dont une est bordée de rangées d’Ormeaux. Elle mène à la paroisse Notre Dame. Au Nord, une vaste forêt s’étend presque jusqu’au bord du fleuve.

28

1672

L

e Chevalier de Clerville traça la trame de la ville à partir d’esquisses de Blondel. Du site, il retiendra la paroisse, l’axe et le château. Un faussé est creusé pour marquer le domaine du roi. Les premières constructions se feront sur les terrains les moins marécageux.


Pourquoi Rochefort à Rochefort ?

1677

L

a ville continue à se développer. La trame de Rochefort suit une forme de damier ; elle vient se dessiner au cœur des remparts. On construit des fortifications. Cette ville quadrillée était sous haute protection avec l’Arsenal. Les architectes de l’époque font bien attention de ne pas créer de bâtiments qui rivaliseraient avec la Corderie et les autres édifices adjacents.

Fin XVIIIe, Louis XIV souhaite posséder une flotte pour établir sa puissance maritime et favoriser un commerce avec les colonies du royaume. Rochefort est un lieu idéal pour implanter une base navale, la ville est reculée dans les terres mais communique avec l’océan Atlantique par la Charente. C’est une localisation stratégique, par sa position centrale et protégée par les îles et les forts.

1724

L

a ville s’étend, quitte les remparts pour pouvoir accueillir une population plus importante. Au départ tenue par une trame rigide, Rochefort commence peu à peu à se distinguer de son modèle initial. On crée un hôtel de ville, on développe le commerce, et on entame de grands travaux urbains (pavage, ouverture de commerces, embellissement de la ville, le jardin du roi est ouvert au public...).

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1845

L

a ville s’est peu étendue, mais bien modernisée. Une grande campagne de plantation d’arbres en bord de rues et de restauration des immeubles bourgeois a été réalisée.

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1914

R

ochefort se développe commercialement et industriellement. Le train arrive. Le port de commerce devient plus important que le port militaire. L’extension du faubourg rejoint les anciens bourgs et intègre les hameaux existants (Les Meuniers, la Beaune, le Quéreux) par des opérations de lotissements familiaux rationnels et systématiques.


1950

2000

R

ochefort connaît jusqu’aux années 20 une prospérité constante. C’est, à cette époque, la plus grande ville du département. La fermeture en 1927 de l’Arsenal qui constituait l’élément essentiel du dynamisme économique de la ville, lui porte préjudice. La ville mettra un certain temps à surmonter cette épreuve. Entre les deux guerres, l’urbanisation devient faible. Les remparts sont détruits car devenus inutiles. On ouvre, on aère la ville.

D

es couronnes de maisons individuelles et d’immeubles collectifs s’implantent autour de la ville. La politique engagée cherche à rendre au centre historique et aux faubourgs un rôle plus actif. La réhabilitation de la Corderie et des immeubles anciens, la création de rues piétonnes,... Ces travaux tendent à rendre la ville plus attractive notamment pour les touristes. Les nouveaux habitats sont mixtes, entre individuel et collectif (le petit Marseille).

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TRANSECT DE L’HISTOIRE D’UNE VILLE

une traversée des époques

à partir de 2000 Zone industrielle

Cités regroupées en périphérie de Rochefort. Zone urbaine dense avec ses immeubles R+6 ; habitations collectives. Cette avenue s’éloigne de la Charente pour atteindre la départementale. Ce sont des maisons résidentielles en lotissement. Les rez-de-jardin donnent sur la rue ; des clôtures séparent les jardins du domaine public.

Route de la Rochelle

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Avenue d’Aunis

Avenue du Dr Dieras


1845 1950 Le développement urbain de Rochefort suit le modèle du centre ville historique. Il y a une longue traverse avec des façades lisses, sobres (R+2).

Avenue Gambetta

Centre de Rochefort comprenant commerces, services et habitations. C’est le centre historique qui se trouvait à l’intérieur des remparts. Les constructions sont continues sur la rue et ne dépassent pas 3 étages. Les rues sont étroites, piétonnes ou à sens unique. Les façades sont toujours simples avec quelques décors architecturaux donnant l’impression d’une unité globale au fil des quartiers.

Rue Audry du Puyravault

Place de la Galissonnière

Rue Toufaire

Charente

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Fort de la rade

Fort Liédot

Fort Énet Fort Boyard

Fort Vauban La redoute de l’aiguille Fort de la Pointe

Fort Ternon

Fort de l’île Madame

Fort Lupin

ROCHEFORT

1975

Carte des forts, constructions défensives

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FORTS & CANONS Une protection maximale pour la ville militaire

E E

n 1666, Rochefort nécessite la mise en défense de tous les sites exposés à l’artillerie. L’objectif était de barrer l’entrée de la Charente. Des forts furent bâtis sur les deux rives du fleuve. La proximité des îles était un atout majeur. Fortifiées, elles empêchaient la progression de l’ennemi vers le continent.

5 forts sur le continent, 3 forts sur les îles, 2 forts en pleine mer.

Fort Énet (1810) protège le passage de l’île d’Aix et de Fouras. Le Fort Liédot (Napoléon) protège l’île d’Aix et Fort Boyard en pleine mer protège le passage entre l’île d’Oléron et d’Aix.

Maintenant que la Charente est sous haute protection, il faut encore compter 22 kilomètres de traversée sur un fleuve sinueux et peu profond. L’Arsenal accueille une centaine de vaisseaux dont l’Hermione de la Fayette. Les navires étaient hâlés, tirés par les hommes et les chevaux. Il fallait 15 jours pour remonter le fleuve du fait des marées. Les vaisseaux étaient hâlés à l’aide de cordes et de pilotis en bois qui jalonnaient les rives, pilotis remplacés plus tard par des canons hors d’usages pesant 4 tonnes. Ces 124 canons ont été découverts il y a une dizaine d’années ; ils sont restés mystérieux jusqu’à aujourd’hui. Ainsi à Rochefort les batailles navales se sont succédées mais malgré ces assauts le système défensif du littoral a prouvé son efficacité.

Un des 124 canons - source : recherche internet

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LL

FORTS & CANONS Aujourd’hui ’ancienne protection de la ville s’étend jusqu’au pertuis d’Antioche. Des éléments architecturaux imposants et des canons peu perceptibles mais présents ponctuent le paysage et forment une colonne vertébrale maritime. Les forts sont des points marquants dans un paysage linéaire, ouvert sur le lointain. Ils viennent rythmer la ligne d’horizon et souligner un puissant patrimoine historique. Les canons sont quant à eux plus discrets. Ils devraient être pris en compte lors de la mise en place d’un futur projet de découverte du patrimoine ; c’est une proposition que nous étayerons dans la suite de notre développement. Ces 124 canons, tout comme les forts, ponctuent le fleuve sur tout son tracé et font écho à un passé faits de batailles. De pierre et de fer, les canons s’appuient sur la ligne incertaine du fleuve et de ses rives.

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ROCHEFORT

Population (2012) 24 698 Densité 1 125 Hab/Km2 22 Km2 Superficie 12 318 Nombre de ménages 15 171 Nombre de logements 82 % Résidences principales 7% Résidences Secondaires -1 % Variations de population Altitude minimale : 0 m

Secteur tertiaire 79 % Administrations publiques, enseignement, 44% Commerces, transports 35%

Altitude maximale : 29 m

Secteur secondaire 20%

Secteur primaire 0,63% 38

Information extraite de Wikipedia de Rochefort_secteur d’activité


ROCHEFORT Après l’Arsenal ...

XX

e siècle : fermeture de l’Arsenal. L’activité de la base militaire diminue après 1900, pour une fermeture définitive en 1927. Mais la ville reste associée au domaine militaire. La politique de réhabilitation de l’habitat et du développement de nouveaux équipements prévoit l’utilisation de bâtiments et de sites délaissés par la marine : Corderie, la poudrière, des bassins… Aujourd’hui, la richesse patrimoniale de Rochefort témoigne de cette vocation maritime. De multiples édifices, musées et hôtels affirment ce passé militaire. « Après le retrait des bases militaires, et le départ de la marine, il y eut une grande scission. Les militaires vont à Brest et Rochefort accueille la gendarmerie. » wMonsieur LELIÈVRE, directeur de cabinet, mairie de Rochefort. En effet aujourd’hui à Rochefort les gendarmes succèdent aux militaires. Les forces de l’ordre s’installent à côté de la Corderie Royale et compte 152 agents. Les statistiques des secteurs d’activités de Rochefort pointent un service public fort, à l’opposé des secteurs primaires et secondaires.

Quelle image aviez-vous de Rochefort avant de venir vous y installer ? « Une ville de garnison ; une ville de passage, une ville noire, les bagnes… Une ville où on passait quand on n’avait pas le choix, une réputation qui reste toujours d’actualité. Mais Rochefort a l’intention de changer les mentalités par la restauration des bâtiments historiques, les façades de maisons et la mise en valeur historique. Le développement de l’aviation a aussi permis de casser les préjugés.» GILDA ET LOUIS_ habitants de Rochefort dans la zone pavillonnaire, en périphérie. Il est vrai, d’après les paroles de Gilda et Louis, que la base d’aviation STELIA est une société qui a apporté du travail aux rochefortais. De plus, sa localisation, proche du fleuve, la Charente, permet à la ville d’exercer une activité portuaire de plaisance et commerciale florissante. Ainsi les activités principalement représentées ne tournent pas uniquement autour du tourisme malgré une histoire marquée par un patrimoine architectural, militaire, et cinématographique, fort.

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On a marché sur Rochefort nord Quand on arrive en ville...

Façades pâles Le Vent dans les rues 40

Nous sommes deux sœurs jumelles Nées sous le signe des gémeaux Mi fa sol la mi ré, ré mi fa sol sol sol ré do Toutes deux demoiselles Ayant eu des amants très tôt Mi fa sol la mi ré, ré mi fa sol sol sol ré do

40


II

l fait bon dans les rues de Rochefort. Les terrasses de café de la place Colbert sont pleines de monde. Le café des Demoiselles est toujours là, on reconnait leurs fenêtres ; ce bâtiment accueille la mairie. Souvenir d’une musique toujours vivante dans nos esprits, odeurs nostalgiques nourries d’aventures et de voyages ; on se rappelle Pierre Loti et son appartement extravaguant ; l’Hermione, qui est une réplique du navire de guerre français du même nom, fait partie intégrante de la Skyline de Rochefort alors qu’elle n’est pourtant pas toujours là.

Croquis de la place de Rochefort

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La place Colbert lors du tournage des «Demoiselles de Rochefort» de Jacques Demy, scène de fin, 1967

LL

e vaisseau a un impact très fort sur l’attractivité touristique ; il rappelle directement la proximité de la mer et le rapport fleuve/estuaire /océan. Rochefort ‘sur-mer’ n’est pourtant pas une ville balnéaire, située bien en retrait dans les terres, accrochée au méandre de la Charente. La ville accueille un tourisme de passage ; aujourd’hui elle tend à devenir plus attractive «pour les familles, pour y passer un week-end» Monsieur LELIÈVRE, Direc-

teur de cabinet de la mairie de Rochefort.

Gérant du Bistrot de la paix, parisien d’origine, présent depuis 4 ans

«Le tourisme a moins d’impact que la vie côtière. C’est du tourisme de passage ; il y a ceux qui viennent de la Rochelle, ou ceux qui viennent pour l’Hermione. Si l’Hermione part le tourisme disparaît.»

La position de Rochefort en fait cependant un espace au centre d’une mise en réseau avec un environnement plus large. La politique de «Grand Site» va servir d’élément fédérateur pour la région et permettre l’organisation d’un tourisme raisonné incluant l’entretien des marais. La démarche d’opération «Grand Site» est portée depuis 4 ans par la Communauté d’Agglomération Rochefort Océan (CARO). La communauté d’agglomération Rochefort Océan est engagée en tant que gestionnaire, et doit ainsi garantir les objectifs de qualité exigés par le label « Grand Site de France ».

La place Colbert, 19 septembre 2015

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La place Colbert, carte postale ancienne, début XXe siècle.


Rochefort, une ville de garnison, scène des «Demoiselles de Rochefort», Maxence-marin

Pierre Loti, écrivain rochefortais, officier de marine français, aventurier

R R

ochefort est une ville au patrimoine singulier qui pour son futur développement tente d’axer ses efforts sur une industrie toujours grandissante (Stelia etc) et une attractivité pas seulement liée à son passé militaire. C’est aujourd’hui la 6e station thermale de France, «Il y a des curistes partout.» Gilda et Louis, professeurs d’SVT et de Mathématiques, retraités.

Son histoire, les travaux engagés au XVIIIème siècle pour les captages et la distribution des eaux constituent une richesse pour le territoire. On observe un tourisme culturel fort, attiré par un patrimoine historique et architectural (les différents forts Vauban, la Corderie Royale...).

La Corderie Royale, un bâtiment dédié à l’industrie navale de 373 m de long

Spectacle public pour apprendre à mieux connaitre la ville.

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«Le lien qui existe entre La Rochelle/ Rochefort/Royan est à la fois une chance et un handicap : Rochefort est le carrefour industriel de la région mais, à cause de son emplacement en retrait des côtes, les gens travaillant à Rochefort vivent à La Rochelle. Par exemple la préfecture est à La Rochelle. Il y a des tensions entre les deux citées ; le lien se fait par le TER. À Rochefort, la vie nocturne disparait petit à petit. La plupart des jeunes partent à la Rochelle. La vie nocturne marche avec le tourisme, la météo et les étudiants. Et la Rochelle est une ville plus étudiante que Rochefort.»

Monsieur LELIÈVRE, Directeur de cabinet de la mairie de Rochefort

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La Rochelle

Rochefort

Royan

Carte de Rochefort, « une ville de passage »

A A

u delà de cette tension entre les 3 grandes villes, les communautés d’agglomérations ont mis en place des alliances stratégiques afin de développer leurs relations (évènements, aménagements,...). Le bipôle la Rochelle-Rochefort est soutenu par un Syndicat mixte créé en 1997. Celui-ci a pour vocation de faire émerger des projets communs et de développer une coopération entre les deux territoires.

Les espaces maritimes côtiers, le littoral et les marais sont les principaux sites concernés par ces projets : on favorise l’accès à la mer, et la découverte des richesses naturelles et patrimoniales des deux territoires. Comme exemple concret de cette entente, on trouve l’Ecodomaine de Rochefort - La Rochelle : espace dédié à l’expérimentation, aux débats et à l’accueil d’artistes.

Aujourd’hui un tourisme lié à l’écologie et à la sensibilisation du plus grand nombre à ses problématiques, est un tournant pour Rochefort et pour la qualité de ses espaces naturels. Les marais et la Charente sont des paysages qui s’inscrivent au cœur de ces réflexions : ils pourraient dans ce sens venir conforter la place du canton de Rochefort et son potentiel attractif. On se tourne vers la préservation de l’environnement et de la biodiversité.

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On a marché sur Rochefort nord Quand on arrive en ville...

Il y a là la ville, puis la Charente. Et de l’autre coté ? Les Marais, premier aperçu. 46

De l’autre coté ? Quand nous sommes en ville que voyons-nous du reste ? Quelle perception avons-nous du grand paysage quand nous sommes en ville ? D’ailleurs où s’arrête la ville ? Et Qui est ville ? Qui est l’autre ?

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RR

La CHARENTE la plus belle frontière.

ochefort a un rapport immédiat avec son fleuve. L’espace public le plus emblématique de cette communion est la Corderie royale. Sa réhabilitation de 1991 offre un rapport immédiat au fleuve et à ses rives. Quand le visiteur arrive sur ce lieu, toute la force de la ville est là, sur la rive droite, durement ancrée dans le sol et l’histoire. Et quand son regard se porte en face, sur la rive gauche c’est un autre univers qui se dessine. Un univers bien différent de celui où nous sommes. C’est un paysage qui se devine, qui ne se vit pas quand on est citadin, de l’autre coté c’est le paysage observé. C’est le Paysage des Marais... Alors à cet instant, le citadin comprend où s’arrête son univers. Et mieux encore, il comprend sa place et celle de la ville dans le grand paysage.

Vue sur la Charente et les marais de la rive gauche depuis La Corderie Royale

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Quatre sorties au nord de Rochefort

1

2

3

4

1 : Avenue du 8 mai 1945 2 : Avenue d’Aunis sortie de Rochefort 3 : D911 Direction Surgères 4 : Chemin de la Charre

Au nord de Rochefort, l’expansion urbaine et le morcellement des structures ne permettent pas de lire cette frontière aussi facilement qu’au Sud. Le Périurbain se cherche, l’histoire n’a rien écrit si ce n’est la nécessité d’étendre les frontières de la ville pour accueillir plus de monde. Pas de franchissement physique mais une armée de ronds-points. La rupture n’est pas nette et on peine à mettre un nom sur ces lieux. Un jour ces quartiers s’arrêteront de tourner en rond et trouveront leur voie ; l’expansion restera de toute manière limitée par la route départementale (voir plus loin). Nous avons posé la question de cette limite Rochefortaise : où s’arrête-t-elle ? qui sont les autres ? - ENTRETIEN GILDA et LOUIS, professeurs de S.V.T et de mathématiques, retraités

Pour vous, quelles sont les limites de Rochefort ? GILDA : Les limites de Rochefort ?! ... ... C’est très compliqué ... Au sud c’est simple c’est la Charente. Mais pour la limite nord... Je dirais... Vergeroux. Et peut-être un peu avant.

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LOUIS : Si je peux ajouter..? Pour moi, des fois la limite c’est quand on quitte le centre-ville, la place Colbert. Et d’autres fois c’est quand on quitte Vergeroux ; ... ... Breuil-Magné est vraiment hors Rochefort. Fouras c’est presque encore Rochefort mais c’est plus pour la villégiature donc bon... Par contre au dessus après.... Après c’est la Rochelle.


STATION DE LAGUNAGE , de la forme au fond 70 hectares pour synthétiser un paysage.

C C

réée en 1987 sur la rive droite de la Charente, au sud ouest de Rochefort, la station de lagunage est l’équipement de gestion des eaux usées de la ville. Connu de tous les rochefortais, le site qui couvre au total 70 hectares est réparti en huit bassins. Deux (ha) sont gérés par la L.P.O (Ligue pour la Protection des Oiseaux) qui utilise ces bassins à des fins pédagogiques pour sensibiliser le public à la faune et la flore locale. Cette station, dont la forme est inspirée d’un projet similaire à Mèze (Hérault) est une réussite. Elle permet de gérer écologiquement les eaux usées en limitant le recours à l’électricité comme pourrait le faire une station d’épuration classique. La L.P.O et la commune de Rochefort sont fières de cet ouvrage, qui allie industrie et écologie. La réussite du fonctionnement est si forte que la station est promulguée dans les prospectus de l’office de tourisme. Les gens peuvent ainsi suivre des visites organisées pour découvrir cet espace « unique en Europe » « au cœur d’un pôle nature »*. Touristes, scolaires, habitants, tous ont en image un lieu « unique » ou l’homme a su modeler la nature à des fins de développement urbain en harmonie avec son environnement. Mais l’homme du XX° siècle n’a rien inventé d’« unique ». En réalité la station de lagunage est ce que sont les marais depuis des siècles ; c’est-à-dire un espace créé par l’homme, intégré dans un milieu propice à une biodiversité identique à celle de la station. Si ce bassin de lagunage est tant médiatisé et décrit comme une réussite du génie humain, c’est à cause de sa proximité avec la ville qui en fait un site facilement accessible et parce qu’il est la dernière grande création en date à allier ce mariage : humain + environnement. Cette mise en avant est normale mais peut occasionner des amalgames forts, une perte du rôle et de l’importance identitaire des marais pour les rochefortais et le territoire. Qu’est-ce qu’un marais ? Qu’est-ce qu’un lieu ?

IN SS

BA .O LP BA

SSI

NL P.O

Schéma de Fonctionnement

e rent

Cha

de la station de lagunage

Schéma Des marais de Rochefort Nord

Bien que le bassin de lagunage soit inscrit dans un espace charnière entre Rochefort, la Charente et les marais, sa forme ne ressemble pas à l’environnement voisin des marais rochefortais.

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ROCHEFORT VIENT D’UN LIEU UNIQUE

LA VILLE DE ROCHEFORT NE VIENT PAS DE LA MER, ELLE N’EST PAS NON PLUS NÉE D’UNE STATION DE LAGUNAGE

NON!

ROCHEFORT A SON HISTOIRE, ROCHEFORT A SA CULTURE,

MAIS C’EST AUSSI PAR SA FORME ET SON EMPRUNTE DANS LE GRAND PAYSAGE QU’ELLE TROUVE SON IDENTITÉ.

ROCHEFORT VIENT D’UN LIEU QUI N’A PAS DE FRONTIÈRE POUR L’IMAGINAIRE . C’ESTUNEVILLENÉEDESMARAIS,TOUTAUTOURILSSONT PRÉSENTS ! NE DEMANDANT QU’A ÊTRE CONSIDÉRÉS COMME UNE FORCE, ILS ESPÈRENT PAISIBLEMENT ÊTRE RECONNUS COMME TELS. IL N’Y A PAS DE HONTE A ÊTRE NÉ DES MARAIS

VOIR LE «NON-VILLE» DEPUIS LA VILLE À LA DOUBLE VERTU DE COMPRENDRE L’ESPACE OÙ NOUS VIVONS ET INVITE À DÉCOUVRIR CE QU’IL Y A DE L’AUTRE COTÉ... IL NOUS FAUT QUITTER LA VILLE POUR COMPRENDRE L’AILLEURS ... N’ATTENDONS PLUS ! LEVONS L’ANCRE ! ... DROIT SUR LE LITTORAL ! 50


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On a marché sur Rochefort nord

SUR LA PLAGE ABANDONNÉE... Saison Basse marée Haute villes & littoraux

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On a marché sur Rochefort nord Sur la plage abandonnée...

Le regard court sur les marais, direction l’océan 54

N N

ous quittons Rochefort et mettons les voiles vers le littoral. Nous devons emprunter l’unique route départementale, la RD 137. Une voix rapide qui traverse toute la France, de St Malo en passant par La Rochelle et Rochefort pour finir à Bordeaux. Longeant le littoral, cette route traverse les marais de Rochefort Nord, c’est par elle qu’on a la première perception de ce paysage caractéristique du canton. Elle surplombe les marais à toutes allures, eux si proches et pourtant si lointains. En effet, cette route est située au bord des marais mais pas «dedans». Pas de conversation directe qui inciterait à avoir de la curiosité pour ces paysages plats et infiniment grands. Comment rejoindre ce paysage ? Les accès sont quasiment absents. Cette imposante 4 voies est si forte dans le paysage que les petites routes de campagnes ne font pas le poids. Elles se perdent, si elles ne viennent pas mourir en percutant le grillage de la départementale, elles se plient à sa rigidité et la longent parfois sur plusieurs kilomètres dans une incohérence totale. Quand on ne l’emprunte pas, cette route n’est pas une route mais un mur qui entrave la déambulation. Cette RD a été tracée pour rattacher entre elles les grandes villes, un tunnel à ciel ouvert qui se contente de parcourir le plus rapidement possible le paysage qui sépare ces villes. Lorsque l’on roule sur cette départementale, le conducteur «lévite» au dessus des marais.

Je quitte Rochefort, je vole, je redescends, je suis à Fouras.

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Passage de la RD 137 qui surplombe les marais et franchissement par tunnel d’une route de campagne .

Extrait du film sur Rochefort par Jean Maxime SanturĂŠ (Voir Annexes)

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St LAURENT DE LA PRÉE

Population (2012) 1 936 Densité 70 Hab/Km2 Superficie 27 Km2 807 Nombre de ménages 969 Nombre de logements 81 % Résidences principales 15 % Résidences Secondaires +2,3 % Variations de population Altitude minimale : 0 m

SE

n quittant la départementale Saint Laurent de la Prée est le village qui marque l’accès à Fouras et au littoral.

Implantée sur une butte ayant pour altitude maximale 23 mètres, la commune est l’une des plus hautes du canton de Rochefort Nord. Sa situation ne permet cependant pas d’en faire un véritable point d’appel ; le village reste invisible à son environnement extérieur. Cette dissimulation est le jeu d’un fort boisement qui entoure le village. Les bois la protège, créant un écrin, une alcôve. C’est un des seuls points du canton où on trouve une zone boisée assez dense. Cette spécificité bloque la vue vers les alentours et on peine à croire que le village se trouve seulement à 3 kilomètres de la côte.

Altitude maximale : 23 m

DOMAINE DE ST LAURENT DE LA PRÉE,

Marais de Rochefort

détail de sous unités paysagères

Voie ferré Route Départementale 137 La grande motte

Fouras L’enveloppe de St Laurent de la prée

Marais de le prée

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2

1

3

4

HERBIER DES PRINCIPALES ESSENCES D’ARBRES Présentes dans le bois de St laurent de la prée 1 : frêne // 2 : Chêne // 3 : Hêtre // 4 : Charme

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On a marché sur Rochefort nord Sur la plage abandonnée ...

Il y a(aura) Fouras, les touristes et la mer Des boyards et des huitres 58

FOURAS Population (2012) 4 083 Densité 429 Hab/Km2 Superficie 9,5 Km2 Nombre de ménages 2 145 Nombre de logements 4 384 Résidences principales 47 % Résidences Secondaires 49,5 % Variations de population +0,1 % Altitude minimale : 0 m

Le site de Fouras (littéralement pays de forêt) est occupé depuis l’Antiquité. Les seigneurs érigèrent un château fort au Moyen-Âge. Le Donjon fut reconstruit à la fin du XVe siècle puis des fortifications Vauban s’y sont ajoutées.

Altitude maximale : 21 m

Ville de Fouras, détail de sous unités paysagères

La Pointe de la Fumée

Zone balnéaire

Domaine de St Laurent de la prée

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Marais de la prée


Sous le climat maritime, les arbres sont soumis à l’anémomorphose - Arbres sur un promontoire avec vue sur la mer à coté du fort Vaubanv

CITÉ BALNÉAIRE, BOURG DE PÊCHEURS, PORT, FORTIFICATION,VILLAS, CARRELETS, CAMPAGNE CULTIVÉE, FORÊT, PLAGE, MARAIS, PHARES ET BALISES MARITIMES. Le paysage de Fouras est un paysage côtier à forte identité , nous sommes dans un lieu de loisir et de tradition très prisé par les touristes en saison estivale. Cette ville balnéaire a occupé autrefois une position militaire stratégique. Elle est installée au-dessus de la côte altimétrique des 10 mètres, sur une pointe du littoral. Elle marque l’entrée de la Charente.

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Carte des typologies d’habitat de Fouras N

2

1

3

Centre anciens bourgs Centre ville Quartiers récents Quartiers balnéaires (Villas) Aujourd’hui, l’urbanisation se développe au Nord le long de la mer et au Sud par les lotissements.

Le dessin de la côte en forme d’aiguille sur la Pointe de la Fumée est atypique et participe à l’identité de la ville.

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Rue Victor Hugo, Centre ville avec anciennes maisons de pêcheurs

Rue de la Coué, Fouras SUD_ Villa balnéaire

ASTUCIEUX ! Quelques petites marches pour accéder à la maisonnette afin d’éviter les inondations.

2 Dans la seconde moitié du XIXe siècle les séjours

1 À l’origine, Fouras est un village de pêcheurs. Les

constructions de cette époque sont encore présentes. De part et d’autres des rues, des façades s’alignent en continu avec de basses maisonnettes sans étage. L’entrée donne sur la rue ; la façade est simple ; l’ensemble forme une unité. Ces habitations présentes dans le centre-ville, forment le cœur historique et culturel de Fouras.

estivaux en famille sont plus nombreux. Les bienfaits des bains de mer sont reconnus par les médecins. En 1883, le tourisme s’accroît avec l’arrivée du train et la création de nouveaux lieux destinés à les accueillir. Le port de pêche et les bains de mer deviennent le principal attrait de la côte aunisienne. Ainsi, le bord de mer est envahi de villas. Les villas s’accrochent aux plus beaux points de vues avec souvent, dans leur jardin, une végétation luxuriante adaptée aux vents forts. Avec ces nouveaux habitants se créé un nouveau paysage ; l’implantation d’un nouveau modèle architectural type Art Nouveau assez sophistiqué, coloré et décoré. Elles restent en grande partie des résidences secondaires, comme l’annonce « la fiche d’identité » de Fouras.

Coupe d’un carrelet

3 Au début du XXe siècle apparaissent les premiers carrelets. Cabanons de pêches, les deux pieds dans l’eau, auxquels on accède par un ponton aux allures de pont suspendu. Ils sont en bois et toit de tôle, un aspect somme toute assez simple, faits de bric et de broc. La cabane est peinte dans des teintes jouant sur toute la gamme chromatique. Elles vont du rouge bric au bleu profond, du jaune sable au vert émeraude. Ces tâches de couleurs ponctuent le rivage rochefortais. C’est après 1936, avec la mise en place des congés payés, que se développent le plus ces cabanons de pêche. Croquis d’un carrelet proche du méandre de la Charente

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Commerce de la place principale de Fouras à l’architecture moderne

Plage au Sud de Fouras

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Aménagement des marais de la Prée (Sud de Fouras)


N N

DES BOYARDS & DES HUITRES ous venons de le voir, l’emplacement de la ville de Fouras a permis le développement de différentes activités en lien avec le littoral : le tourisme et l’ostréiculture principalement. Au fil du temps une mise en valeur de ces activités par des aménagements a permis de recréer des espaces de commerces, de rencontre entre les habitants vivant sur Fouras à l’année (aujourd’hui minoritaire) et les gens de passage. Une plage de sable fin, des commerces à l’architecture moderne, des promenades sur les marais de la Prée (Fouras SUD),etc. Ces interventions et appels à projet ne se sont pas généralisés sur toute la côte et proportionnellement on peut dire que Fouras n’est représentative que d’une infime partie de l’ensemble du canton. C’est la ville balnéaire par excellence ; au départ son nom nous fait sourire quand on se rappelle le contexte dans lequel on a pu l’entendre, petit (jeu télévisé). Si Fouras est avant tout une ville de pêcheurs, elle a été médiatisée et compte aujourd’hui bon nombre de résidences secondaires. Les gens viennent profiter du large et de la vue sur l’île d’Aix et Fort Boyard. On vient prendre le ferry pour l’île et contempler le Fort Boyard. La transition ville de Fouras/mer se fait sur la Point de la fumée ; elle s’avance dans la mer et offre une vue à 180 degrés sur l’océan (voir la page suivante). L’ostréiculture a une impact fort dans le paysage et sur la manière de vivre à Fouras. Les exploitations conchifères tracent des lignes violacées le long des côtes, comme des griffures qui se dévoilent à marée basse. Des ventes d’huîtres se font tout le long de la Pointe de la Fumée dans de petites maisons de pêcheurs, non représentatives d’une grande industrie mais témoins d’une activité toujours présente. Ces ventes font vivre quelques pêcheurs.

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Vue depuis la Pointe de la FumĂŠe

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On a marché sur Rochefort nord Sur la plage abandonnée ...

ILS Îles d’Aix 66

ÎLE D’AIX Population (2012) 241 Densité 202 Hab/Km2 Superficie 1,2 Km2 Nombre de ménages 117 Nombre de logements 452 Résidences principales 28 % Résidences Secondaires 69 % Variations de population +1,9 % Altitude minimale : 0 m

Altitude maximale : 15 m

L’île d’Aix c’est le canton de Rochefort Nord, sans qu’on y soit vraiment. Une perle dans l’océan. Les gens qui habitent ce lieu sont «Ils». Un rythme de vie différent de celui du continent, une parenthèse du «nous».

L’ÎLE D’AIX, détail de sous unités paysagères

Île d’Aix sauvage

Habitat de la anse du saillant

Pointe SUD de l’île d’Aix

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Carte des sous unités paysagères


O

n l’aperçoit au loin, de la Pointe de la Fumée. Elle semble à la fois proche et lointaine : elle forme un petit monde à elle toute seule. Une île qui a su conserver un mode de vie réellement insulaire tout au long de son histoire et de l’édification de forts et habitations.

L’île d’Aix s’étend sur un croissant de 119 hectares. Les maisons y sont basses, colorées. Son passé militaire a fortement marqué l’organisation et l’architecture de la pointe la plus au Sud. Au Nord, une zone plus naturelle boisée apporte une autre facette à cette île présentant déjà une variété exceptionnelle de milieux. 195 Aixois vivent isolés sur cette île toute l’année ; ils sont bien plus nombreux en période de vacances à arpenter l’île. Véritable écrin où se croisent à la fois une activité agricole, des lieux de villégiatures et des lieux agréables, ombragés, dédiés à la promenade. «Sur l’île d’Aix, il n’y a pas beaucoup de résidents (une seule classe dans l’école). La région est beaucoup tournée vers la Rochelle ; tropisme vers le Nord ou Bordeaux. Oléron est quelque part aussi rochefortaise.» Gilda, professeurs d’SVT, retraitée

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Extrait d’un carnet de prise de note insitu.

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A A

ujourd’hui le tourisme est au centre des activités de l’île ; rendre primordiale la protection de l’environnement et du paysage s’est fait naturellement au même moment. Face au patrimoine diversifié que représente l’île, il est nécessaire d’avoir conscience de ce qu’une fréquentation saisonnière très élevée a comme conséquences. On compte 238 résidences secondaires sur l’île répondant à une certaine demande touristique. En ce qui concerne les passages journaliers, ils sont aussi pris en compte : 250 000 voyageurs prennent chaque année le bac pour visiter Aix. On dénombre 82 personnes actives sur l’île, 70 travaillent dans les activités de service sans compter les emplois saisonniers. Les arrivées et les départs des touristes rythment la vie des Aixois ; des périodes de creux, ou de plein. Cette dynamique actuelle exige donc une gestion très lourde, surtout en ce qui concerne les services, les réseaux et équipements, et les autres besoins des habitants. Petit à petit l’île a su fédérer son image autour d’un tourisme raisonné : on vient sur l’île pour profiter de ce qu’elle est en elle même : son paysage, sa situation, son isolement. La fonction commerciale liée au tourisme s’est installée dans des maisons d’habitation, avec façade à portes et fenêtres.

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HISTOIRE En 1691 , on construit le premier fort sur Aix ; on y ajoute des fortifications autour d’un bourg dont la trame se base sur un projet de Vauban. C’est l’ingénieur Ferry qui sera à la tête de ces travaux. La structure particulière du bourg est composée sur une trame militaire en étoile qui rayonne depuis le glacis du Fort de la Rade. «De grands sujets plantés aux XVIIIe et XIXe siècles ordonnent et soulignent les structures fortifiées du bourg dont ils occupaient traditionnellement les glacis. Taillis de chênes verts des falaises de la côte Nord et futaies de pins maritimes rythment le paysage du Nord de l’île abandonné par l’agriculture.» Extrait de l’étude sur l’île d’Aix réalisée par le CAUE(17).

Même si on peut penser qu’aujourd’hui l’activité agricole n’est plus au centre de la vie de l’île, il semble que cette tradition soit toujours présente mais dans une moindre mesure. Le déclin militaire et civil qui suivit l’abandon stratégique d’Aix à partir de la fin du XVIIe a entraîné la régression de l’activité agricole. Il ne reste plus aujourd’hui que quelques parcelles exploitées dans la partie centrale, affectées à l’agriculture biologique. L’ostréiculture est toujours bien représentée. À l’abri des vents d’ouest, l’estran de l’anse du Saillant laisse apparaître à marée basse des lignes d’exploitation de parcs à huîtres.

61,1% de territoires agricoles

37,9% de fôrets et milieux semi-naturels

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zone boisée espaces cultivés

Vue oblique présentant les différentes occupations des sols

C Q

habitations et fortifications

e qui est troublant quand on progresse sur l’île d’Aix c’est qu’on se sent diriger vers une destination ; c’est comme si on connaissait le chemin pour.. Or ce sentiment n’est pas dû exclusivement au caractère insulaire de ce territoire : une proportion permanente de ciel et de mer alternés ou combinés vient nous tirer vers les côtes.

Durant notre déambulation, le regard vaque deci delà à la recherche d’un trésor oublié, d’un secret. Peu importe la direction vers laquelle on regarde il y a toujours une sorte d’émerveillement permanent. C’est quand on arrive sur le littoral que la vérité s’offre à nous : au loin on perçoit toujours les rivages de l’île d’Oléron, encore plus distinctement qu’à Fouras. Cette île finalement ressemble à un bateau dérivant au cœur d’un lac dont les contours restent flous et pourtant bien visibles.

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Regard tourné vers Fort Boyard et les côtes de l’île d’Oléron

pertuis : n,m ; Le pertuis d'Antioche est un détroit situé en France dans le département de la Charente-Maritime et séparant l'île de Ré (au nord) de l'île d'Oléron (au sud).

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Plage de sable de l’île d’Aix, au loin Oléron


Croquis réalisé des côtes de l’île d’Aix en regardant vers Oléron.

LL

LE PERTUIS, un océan fermé

e pertuis d’Antioche est un marqueur du paysage Rochefortais. C’est lui qui donne l’illusion de ne jamais être véritablement face à l’étendu infini de l’océan. Il est ce qui a, au départ, animé notre réflexion sur l’exercice du regard. Avant tout il faut comprendre ce qui est entendu par cette notion : il ne s’agit pas simplement de regarder comme on peut le faire au quotidien, mais ici d’avoir conscience du fait que cet exercice permet de mieux comprendre de quoi sont fait les horizons caractérisants la situation de notre canton. Et par extension, de mieux comprendre de quoi est fait le paysage de Rochefort à la fois tenu par l’océan, par un fleuve et des marais. L’eau est au centre de toutes les perceptions ; elle est considérée comme l’élément fédérateur de notre territoire.

Elle vient lier, ouvrir, fermer ou séparer les espaces les uns des autres. Elle n’est cependant pas toujours perceptible suivant notre point d’observation. Cette vision d’une mer fermée nous a poussé à nous questionner sur la manière dont les habitants eux-même vivent cette barrière de terre. Est-ce qu’ils en font abstraction ? Est-ce qu’ils la voient comme une confrontation des côtes ? Est-ce qu’ils se sentent en bord de mer ? Perdre l’infinitude attendue quand on se promène en bord de mer à tout de même de quoi attiser la curiosité de tout à chacun. Ces questionnements nous ont poussés à chercher une nouvelle manière d’exprimer la perception que chacun a de ce qu’il voit. On imagine l’horizon comme une entité décomposable faite d’éléments assemblés, juxtaposé ...

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On a marché sur Rochefort nord Sur la plage abandonnée ...

Un profil pour comprendre le socle Falaise d’Yves 74

Falaise d’Yves depuis le ferry qui relie l’île d’Aix au continent.

N

ous l’avons vu, les vues de la côte littorale de notre canton se dessine de différentes manières : estuaire, cap, pertuis... Où que nous soyons le regard est sollicité par un élément du paysage. Il n’y a pas d’étendues infinies. Si on s’intéresse maintenant aux côtes du continent, on s’aperçoit qu’elles aussi on un impact sur le regard de celui qui se trouve en pleine mer ou qui les arpente. Un point de vibration du lointain, une particularité ? Une falaise. Unique, la falaise d’Yves se remarque distinctement. Grâce à son trait de côte d‘un jaune vif elle se détache des environs, elle contraste avec la finesse des horizons du canton. Véritable repère dans le paysage, ce lieu permet de contextualiser l’espace. Mais que fait-elle ici ? Pourquoi une rupture nette face à la mer alors que toute la côte se noie dans l’océan ? La réponse se lit dans les couches géologiques, à l’origine de la formation du socle du territoire.

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Quaternaire

Alluvions quaternaires

Tertiaire

Pliocène-Miocène

Secondaire

Crétacé

Primaire

Les SOCLES géologiques du plus ancien au plus récent

Département Poitou-Charentes CARTE GÉOLOGIQUE

Socle schisteux

Holocène dunaire Bri fluvio-marin Pléistocène

Oligocène-Miocène Eocène

Jurassique supérieur Jurassique inférieur

Socle granitique

LE TERRITOIRE DE ROCHEFORT pris entre socles secondaires majeurs et Bri Fluvio-Marin. Canton Rochefort Nord CARTE GÉOLOGIQUE

Crétacé - socle calcaire

Bri fluvio-marin

Jurassique supérieur - socle marneux

Géologiquement, le nord du territoire du canton découle d’un socle du Jurassique et au sud d’un socle du Crétacé. Infiltrée dans ces terres nous pouvons voir une formation plus récente de Bri fluvio-marin qui s’est déposée par les allers-retours de la mer assez profondément dans les terres. Cette fluctuation de l’océan a aussi déposée successivement des couches sédimentaires. Ces couches sédimentaires forment le socle sur lequel nous trouvons aujourd’hui les marais et le pertuis d’Antioche. La présence du pertuis correspond à des vallées creusées aux époques glacières, ensuite envahies par la mer lors de la dernière remontée du niveau marin, il y a 10 000 ans. Ce sont ces mêmes vallées qui pénètrent l’intérieur des terres et forment le substratum des marais. Terre amphibie où l’acquisition morphologique actuelle est récente (voir p110 Histoire des marais) Et la roche de la falaise d’Yves? D’environ 15 m de haut, la falaise d’Yves est en réalité la fin du découpage du jurassique supérieur. Dans sa composition nous trouvons à la base de la marne, puis dans les 7 premiers mètres des strates de calcaire compact (15-20 cm) séparées par des lits de marnes fins (1 cm). Quant à la moitié supérieure c’est une saillie de calcaire plus proche du Crétacé ancien. La partie supérieure est faite d’une lentille de sable d’une épaisseur de 60cm datant du Cénomanien, socle d’enracinement de la végétation rase.

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76


Le calcaire de la falaise d’Yves, Seul élément naturel qui s’élève franchement au-dessus du niveau de la mer sur ce littoral ; elle vient briser la monotonie de l’horizon. Que trouvon-t-on à coté ?

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On a marché sur Rochefort nord Sur la plage abandonnée ...

Un visage pour comprendre La faune, la flore et la politique Réserve naturelle des marais d’Yves

S S

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ur 192 hectares, la réserve naturelle des marais d’Yves est l’une des trois réserves naturelles de la Charente maritime (réserve naturelle de Moëze-Oléron et la Réserve Naturelle Nationale de la baie de l’Aiguillon). Située juste au nord de la commune d’Yves et de sa falaise, l’influence du climat cumulée à la diversité des sols et des conditions hydriques contribue à la présence de 574 espèces de plantes. Certaines de ces espèces bénéficient d’un statut officiel de protection nationale. Grâce à cette richesse la réserve sert de suivi scientifique. Gérée par la L.P.O (Ligue de Protection des Oiseaux), la réserve est un important reposoir d’oiseaux d’eau à marée haute. La réserve recense aussi sur son territoire des espèces d’amphibiens, mammifères, reptiles, libellules, papillons, araignées. Contrairement aux marais salants alentours, les marais de la réserve sont saumâtres à doux. La réserve est un marais unique dans le canton de Rochefort Nord. EAU Saumâtre Joncs

O mysttréicu ilicu lture ltur e

Fourrés de saules & Roselières

L A G U N E CORDON Dunaire

Prairies inondables sur sols sableux Prairies inondables sur sols saumâtres

Carte de la Réserve Naturelle.

OBSERVATOIRE

Fondée en 1981, la réserve s’entend en longueur sur environ 3 km. Sa délimitation est en frondaison de l’océan et s’arrête là où commence les axes de circulations (voie ferrée, et la Départementale 137). La rupture peut paraître nette mais elle découle de l’emprise occupée par la route.

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OPINION PERSONNEL. Aujourd’hui la Réserve naturelle d’Yves est menacée par un projet de réajustement de digue pour préserver la population suite aux inondations de la tempête Xynthia. Cette digue doit se dresser sur le littoral entre la réserve et la mer. Rencontre avec un homme qui travaille à la réserve. Un entretien qui nous parle de digues et autres. - ENTRETIEN JEAN-PAUL Responsable animation protection nature à la réserve naturelle d’Yves

Cette digue doit se dresser sur le littoral entre la réserve et la mer. Votre avis sur la digue? Ah moi personnellement bien sûr je suis contre mais je ne suis pas le dirigeant. Simplement après Xynthia il fallait prendre des initiatives fortes. La digue est venue comme solution. Très vite on a pointé du doigt la réserve comme fautive la réserve existe parce qu’elle a un rapport direct avec la mer. C’est la mer qui fait que ces marais sont uniques. Alors oui durant la tempête l’eau est rentrée par la réserve est a inondé des maisons mais Xynthia c’est pas 10 maisons c’est bien plus ! Xynthia c’est une tempête qui a ravagé une grande partie du littoral océanique. On peut rien face à la nature. Mais les gens pensent que l’homme va se dresser face à la nature. Alors dernièrement j’entendais à la télé un type qui disait qu’il avait acheté une maison dans le coin et qui disait : « Ouais c’est inadmissible ici c’est zone inondable c’est pas normal ! » ... Mais il suffit de regarder le niveau naturel de la terre et tu comprends pourquoi. Mais les spécialistes, à l’époque de l’aménagement du littoral pensaient autrement. ... Moi y a un truc qui me fait sourire, l’homme décide de monter une digue de 15 m de haut pour se protéger de la tempête. Il monte la digue, il regarde la tempête arrivée par la mer, la tempête passe et là il se retourne et derrière y a une retenue de 15m. Si tu fabriques une digue tu fabriques une baignoire. Tu montes une digues de 4 m l’autre coté ça inonde 4 m Tu montes une digues de 1m l’autre coté ça inonde d’un mètre... etc...etc et si la maison est derrière... ... C’est un non sens. ...C’est la mer qui fait son rivage pas l’homme ... Mais il faut avoir un regard différent. On peut pas faire l’homme partout. La nature il faut apprendre à la connaitre. A présent pouvez-vous nous parler de la société ostréicole qui est dans la Réserve naturelle ? La SACOM. C’est une société ostréicole qui est dans la réserve. Elle fait 20 hectares. À l’origine c’est une belle idée, ça fait un milieu salé sur la réserve. C’est une attractivité supplémentaire pour la sensibilisation au littoral. Les ostréiculteurs profitent de la réserve pour élever les huîtres dans un milieu non pollué et ça permet de faire une surveillance mutuelle du site. Ça devait être gagnant gagnant mais aujourd’hui c’est plus ça. Aujourd’hui les gens ne veulent plus de la réserve. On est rien pour eux. On est là juste pour les emmerder. C’est l’image qu’ils ont de nous... C’était deux mondes unis qui sont aujourd’hui divisés par un grillage. Mais une réserve comme celle d’Yves c’est la nature ! C’est une chance ! Quelles sont les relations entre la L.P.O et le monde agricole ? Y a un homme à la L.P.O qui est chargé des affaires agricoles parce que les agriculteurs c’est des acteurs de la nature. La L.P.O achète des terrains et les gères avec des agriculteurs à qui on loue les terrains à des prix très faibles donc là pour la nature ils sont d’accord. Mais quand il faut faire une digue qui va détruire la diversité biologique tout le monde est d’accord pour construire la digue en vue de protéger ces terres. Y a 3 ans, il y a eu une grosse sécheresse. Les agriculteurs ils avaient plus d’eau. C’était sec ! Alors ils ont fait des points d’eau (des bassines). Et du coup ils ont gardé toute l’eau. et pour la réserve... ... (silence) ...

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Alors que dans le fond, entre gérer les terres agricoles en partenariat avec la L.P.O et maintenir une réserve naturelle il n’y a aucune différence : C’est pour la nature ! ... mais bon... La nature ça passe après les besoins humains. ... (Coup de téléphone)... Des Hommes et des dieux et des Voitures Mais je suis convaincu de ce que j’avance... Ce que je dis sur la nature je le disais même quand j’avais votre âge mais bon... j’ai vécu et je vivrai dans une structure où on ne pense que diesel... Diesel, diesel, diesel ! Et tout le monde en fait un petit peu ! La L.P.O achète du diesel parce que c’est un petit peu moins cher. Les citoyens c’est pareil. Et aujourd’hui tout le monde découvre les conséquences du diesel... Mais bon... Tout le monde en fait un petit peu donc pas grand chose ne bouge... ... ... Je dis diesel mais j’aurai pu dire autre chose. ... Quand vous voyez les programmes politiques en termes de nature, d’environnement... C’est pas... ... À partir du moment où ils voient un intérêt économique ils commencent à faire mais sinon... Y a pas de volonté. ... ... ... Les zadistes franchement dans le sud ils se battent contre des aménagements industriels ça fait 40ans qu’on dit que l’industrie fragilise la nature et tout ce qu’elle comporte. Non parce qu’il faut pas croire l’industrie ça en bouffe de l’eau douce aussi. Tout le monde le sait mais tout le monde laisse faire. Alors moi je vais vous dire un zadiste qui se bat pour rappeler la fragilité de la nature j’suis pas contre. C’est les seuls à se battre pour cette cause. La majeure partie des gens les voit mal mais bon... Ils sont là est c’est pas si mal. Vous êtes Zadiste ? Non je m’occupe d’une réserve naturelle c’est déjà bien. Une réserve naturelle c’est pas de l’économie libérale. Et c’est là que y a un problème. Pour les gens un roseau dans la nature c’est beau mais ça vaut pas un rond. Mais ça, c’est pas dit tous les jours... Donc les réserves naturelles c’est formidable tant que ça embête personne. Je parle de la réserve mais je pourrais parler de tous les marais.

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Marais de Rochefort, marais de Fourras... Ces marais sont hyper intéressants pour la beauté des lieux, pour l’observation des oiseaux et de la nature mais à coté t’as des gens ils s’en contrefichent. Exemple : Au lieu de venir à pied dans ces marais, ils y viennent avec leur voiture pour pas marcher jusqu’à leurs carrelets. Alors qu’entre nous... Y a pas 12 000 kilomètres! Un espace comme des marais c’est peut-être aussi le moment de prendre le temps. Mais non ils comprennent pas ça les gens. Ils sont au-dessus de la nature. C’est une piste piétonne que tout le monde emprunte avec sa bagnole. Mais bon les gens sont trop dépendants de leur bagnole [...] moi y’a 40ans on me disait déjà que c’était bon pour mettre au musée une voiture. Je suis persuadé que c’est une invention extraordinaire mais qui va être la cause de la perte de la planète. ... ... ... Tiens ! Regardez des Oies cendrées. Elles arrivent...


Marais de la réserve : Jusquiame noir, Egretta Garjetta, Courlis cendré

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LE REGARD VERS LA MER SES PLAGES, SES ÎLES... UN LITTORAL DE VILLÉGIATURE, UN LITTORAL QUI ATTIRE BEAUCOUP DE TOURISTES

UNE MER FERMÉE AU CARACTÈRE UNIQUE

UN PERTUIS CONSCIENT DE SA BEAUTÉ, UN PERTUIS QUI PREND CONSCIENCE DE SA FRAGILITÉ. UN LITTORAL QUI DOIT TOUJOURS SE RÉINVENTER.

U N E I M P O R T A N C E D E L’ H O R I Z O N L’EXERCICE DU REGARD QUI COMMENCE, QUI SE PERFECTIONNE

POUR COMPRENDRE, ASSEMBLER

TOUT UN TERRITOIRE LE LONG DU TRAIT DE COTE MAIS AUSSI EN PROFONDEUR

DANS LES TERRES

SI NOS PIEDS SONT SUR TERRE, LA LIGNE D’HORIZON EST CE QUI ACCROCHE ET TIENT NOTRE REGARD EN ÉQUILIBRE. ENTRE LES DEUX SE MEUVENT LES COMPOSANTES DU PAYSAGE. L’ANALYSE COMMENCE... C’EST MAINTENANT LES MARAIS QUI NOUS INTÉRESSENT. 82


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On a marchĂŠ sur Rochefort nord

NOUVELLE TERRE !

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LA COTE DU LITTORAL

On a marché sur Rochefort nord NOUVELLE TERRE !

détail de sous-unités paysagères

Plage de limons fins Entre Océan et marais

Marais de Voutron

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Réserve naturelle

SS

LE LITTORAL PORTE D’ENTRÉE DES MARAIS.

Marais d’Yves

La pointe d’Yves

ur l’ensemble de la côte du canton se trouvent 4 petites plages de sable fin, accrochées à la ville de Fouras, proches des résidences et du centre touristique. Ces plages amènent du monde et créent de l’attractivité. Ce sont des espaces de vie aménagés pour accueillir un nombre important de visiteurs.

C

Marais de Fouras B

Quand on longe la côte sur toute sa longueur, ces espaces artificiels laissent place aux milieux naturels des schorres. Les marais sont juste derrières, séparés par un trait de cote qui vari d’un lieu à l’autre.

D

Un basculement marais/littoral s’opère.

Fouras Domaine de St Laurent de la prée

Il nous permet d’acquérir un premier savoir quand à l’organisation des zones humides. Les 4 schémas qui suivent présentes différents traits de cote qui existes et proposent des manières d’investir ces lieux pour les rendre aussi populaire que les plages de sables fins et ainsi inviter à découvrir cette nouvelle terre que sont les marais.

marais de la prée avec remembrement

marais de la prée aux qualitées naturelles A

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Carte des sous-unités paysagères


N

A. FOURAS SUD DANS LES MARAIS DE LA PRÉE

La proximité littoral/marais est innée mais pas toujours visible. L’aménagement récent d’une promenade permet de circuler entre ces deux univers sur toute une longueur de la côte. Malgré une accessibilité à la mer pas toujours évidente ; ce sentier est populaire et très prisé par les cyclistes, joggeurs et marcheurs. Malgré quelque endroit où la végétation dense bloque le regard, cet aménagement de sentier de promenade est une réussite. Prolongeant sa course dans les marais il est un bon exemple de sentier pédestre pour découvrir le territoire.

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B. FOURAS NORD, INSTALLATION D’UNE DIGUE Ici c’est une digue contre les inondations qui s’érige le long de la mer. Féritable écran visuel et de rupture, il n’y a pas d’espace de circulation ; il y a la mer, la digue, les marais et au loin la RD. Ouvrage parallèle à la mer, on peut reprocher à la digue le manque de perméabilité de passage tout comme la RD. Ce maque de porosité entre la plage et l’intérieur des terres pose la question de la transversalité. Multipliées depuis la tempête Xynthia, les digues ne sont pas de réelles solutions à l’inondation : elles engendrent l’enfermement des milieux et créent des espaces de rétentions importants qui empêchent les courants d’eau salée de retourner à la mer. L’acceptation de l’innondation sur certain marais ne doit pas être vécu comme un echec mais comme constante naturelle de ces milieux.

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C. YVES Aucun chemin piéton n’est proposé le long du littoral ; la voie ne sert qu’à l’accès motorisé des propriétaires vers leurs carrelets. Ce bloc diagramme illustre la création de séquences parallèle à la mer : Océan/roche/route/haies/habitation ou champs. Ici, On voit la mer de haut ; on ne la touche pas. Les espaces privés se succèdent ; la route longe une haie dense qui dissimule l’intérieur des terres. La place du piéton et son regard porté sur les alentours est à penser pour s’approprier le territoire.

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D. FOURAS NORD, FIEF DES ROCHES Promenade dans un bois au bord de la mer. Cette langue boisée sépare l’océan des champs. On peut pourtant affirmer que le tracé de cette ligne est un marqueur fort de la cote. Une balade isolée à mi-hauteur entre océan et champs. Cette lisière épaisse crée un changement radical d’ambiance ; il y fait frais et on sent la proximité de la mer même si on ne l’aperçoit que de temps en temps. Cette figuration montre une nouvelle facette du littoral Rochefortais qu’il est bon de découvrir.

L’accroche entre littoral et terre n’est pas équilibré suivant les lieux. Alors que dans les marées de la Prée les chemins sont clairement identifiables. L’absence d’ouverture comme celle d’une digue ne permettent pas une compréhension des différentes séquences traversées par un promeneur. L’espace est sectorisé sans lien entre les éléments du paysage. Où se positionner ? Que pouvons nous donner à contemple ? Sont des questions à se poser sur l’ensemble du littoral Les 4 exemple témoignent d’une inégalité du traitement de trait de cote sur un territoire qui possède une grande richesse de paysages.

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On a marché sur Rochefort nord NOUVELLE TERRE !

« Et dans cette monotonie réside précisément pour moi le charme très incompris de nos contrées » 90

Pénétrons dans les marais, et empruntons la porte du romanesque comme a pu le faire avant nous Pierre Lotis il y a de ça plus d’un siècle. Les marais sont de ces lieux qui, dès le début ont éveillé en nous une certaine sensibilité. Dans la partie qui suit plongeons ensemble dans le charme très incompris des marais tel que nous les avons perçus. un voyage narré mais surtout illustré. Marcher dans les marais, c’est s’ouvrir à un imaginaire où toutes les rencontres sont possibles. ...

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En marchant dans les marais de Rochefort, le promeneur se retrouve entouré d’une frange arborée. Celleci est souvent lointaine. Majoritairement composée de frênes, d’érables, de chêne, elle cadre entièrement les marais. Derrière cette frange, parfois, un village. Implantés là sur les hauteurs, vulnérables aux vents mais a l’abri des eaux. La frange boisée cache aussi d’autres édifices : religieux, militaire, Création du génie civil. Elles installent une tension entre le promeneur et son horizon. Ici, deux ponts au sud de Rochefort. L’horizon ne se relâche jamais. Nouvelle tension pour le promeneur : un phare. Présent en nombre sur la côte, ils se dressent, perpendiculaires à l’horizon et tirent le regard vers le ciel sans limite. Dans une des franges boisées, la commune de Vergeroux. La blancheur des maisons se détache de la monochromie sombre des marais au moindre rayon de soleil qui frappe une des façades du village. Les marais se composent parfois de pâtures, parfois de champs cultivés. Au milieu d’eux, la Charente, bordée de plantes ripisylves, elles sont les seules indicatrices de sa présence. Au niveau du sol, le fleuve est invisible. On retrouve aussi cette végétation le long des chenaux et des canaux. Elle est la seule preuve de la présence d’eau au lointain. Elle trace de grandes lignes qui trament visuellement les terres des marais.

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À l’approche des villages, les marrais deviennent de plus en plus agricoles. Les villages implantés aux sommets d’îles intérieures assèchent les terres alentours. Ce sont les terres les moins humides, où la stabilité ordonne les villes. Les champs s’implantent souvent aux pieds de ces îles car ce sont des marais plus faciles à assécher, et donc plus favorables à l’agriculture. La proximité de maisons, champs, rend ces espaces actifs. Champs moissonnés et toujours en culture se côtoient ce qui favorise cet effet de mosaïque, de camaïeu. Les meules de foin viennent ponctuer l’horizon et lui donner du rythme, comme des notes sur une portée. Elles donnent une échelle à l’espace et renvoient le promeneur dans les larges proportions qu’on trouve dans les marais. Une petite route vient se heurter à la frange forestière qui entoure certains pieds de buttes. Derrière celle ci, un cloché. Aisément reconnaissable, il indique la ville de Fouras, sa côte, ses plages. Les édifices religieux sont des marqueurs de nos paysages, des annonces sur la proximité d’un village ou d’une ville. Les annonciateurs les plus caractéristiques de notre canton : les ponts, les forts, et les phares de la côte.

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Dans les marais de Rochefort, les vaches regardent passer les navires. Il n’est pas rare de voir passer au cœur des marais un imposant bateau. Ils circulent à l’intérieur des terres sur une Charente invisible quand on se trouve éloigné de ses rives. Plaisanciers et bateaux de marchandise se croisent et se côtoient deux fois, 6 heures par jour. Ils voguent au rythme des marais, à une allure lente et constante, à contre courant du fleuve. Pour les marins, les marais étaient la première promesse d’une terre après plusieurs mois en mer. Une fois par an depuis quelques années les marais voient leur fréquentation augmenter lors de la très médiatique sortie de l’Hermione. Sur la partie ouest du marais, une ligne glauque dessinée de tamaris nous signale la côte. Seul les phares, dressés nous laissent imaginer l’immensité au-delà. Ça n’est qu’une fois derrière que l’on découvre une mer fermée d’une ligne de terre.

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Marais librement inspirĂŠs de Max et les Maximonstres de Maurice Sendark

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UN PAYSAGE POUR INVENTER ET SE RACONTER DES HISTOIRES? En avançant le long des côtes, des traînées rouges attirent notre attention. Des lignes aux pieds de buttes de terre, comme arrachées du sol. C’est un paysage à la fois clair et chargé d’éléments subtils qui incitent le promeneur à être attentif. Ici, le rouge contraste avec la monotonie générale des couleurs des marais. De «grandes» buttes en forme de terriers géants. D’immenses griffures sur le sol. Qui peut bien être le responsable de ces grandes marques ? Des monstres ? Dans les marais le temps est à la rêverie, parfois l’imaginaire s’invite dans la marche.

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On a marché sur Rochefort nord NOUVELLE TERRE !

« Et dans cette monotonie réside précisément pour moi le charme très incompris de nos contrées » Archipel en. plein terre 102

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a topographie du canton de Rochefort Nord, pourrait se résumer à une platitude généralisée ; derrière cette monotonie se cache là toute la base d’une caractérisation de notre paysage d’étude. On s’intéresse de plus près à ses subtilités, ses détails : fossés, canaux, îles intérieures…

Ce plat pays entre en écho avec l’infinitude de la surface de l’océan. Le relief marche en symbiose avec des dynamiques animées par l’eau, la géologie et les hommes. Sans obstacles, l’œil court sur des étendues infinies. Par sa platitude, le paysage de Rochefort laisse émerger le moindre élément qui fait partie intégrante de sa composition : le moindre objet se remarque et apparait distinctement sur le(s) horizon(s). On respire ; la lumière inonde l’espace ; le ciel prend des proportions gigantesques et tire notre regard vers le lointain. Sans même être au bord du littoral, la position des marais l’annonce. Devant l’océan, le jeux d’horizons dessiné par le pertuis vient lui aussi raconter l’histoire des lignes tendues tenues par ‘notre’ position dans le paysage. Les deux pieds sur terre, un espace de respiration et ‘notre regard’ accroché à une découpe de terres lointaines : des îles.

UN ARCHIPEL INTÉRIEUR SE DESSINE ET VIENT RYTHMER L’HORIZON. «Il y avait autrefois un grand nombre d’îles dont il ne reste plus aujourd’hui baignées de la mer que celles d’Oléron, de Ré, de l’Oye, d’Aix, de l’île Madame, d’Ainet et de la Dive» (Claude Masse, ingénieur de Louis XIV) Dans les marais de Rochefort-Nord, on trouve des îles à l’intérieur des terres ; même dans la toponymie de ces villages ou lieux-dits qui se sont implantés là, on comprend la présence ancienne de la mer. Ces noms comme l’île d’Albe ou Cabane-de-l’ileau portent le souvenir d’une terre submergée. Même si les marais alentours sont asséchés, les habitations sont toujours implantées sur ‘la terre ferme’. Deux routes départementales forment de véritables colonnes vertébrales dans le parcours terrestre ‘insulaire’. Ces franchissements récents des marais sont les premières ouvertures, largement empruntées, sur le paysage des marais. Elles n’offrent cependant pas une lecture très variée de ces espaces. Parfois des couloirs verts, des haies de frênes ou de saules viennent filtrer les vues sur l’étendue de terre et de ciel. (Voir p54) Les marais et leur topographie font l’identité du paysage rochefortais : Grand pays plat aux horizons lointains élargis par des ciels immenses tantôt lumineux, tantôt chargés de pluie. Son horizontalité ne le rapproche en aucun cas d’un pays de plaine ordinaire car ici elle rappelle également l’omniprésence de l’eau.

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C A R T E

I S O M É T R I E

Canton de Rochefort Nord

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Échelle 1/50 000e

ENSP Versailles Toumi Omrane, Pauline Broquin-Lacombe, Jean Maxime Santuré, Hélène Le Madec Mars 2016

0mà5m

5 m à 12,5 m 12,5 m à 17,5 m 17,5 m à 22,5 m

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22,5 m à 32,5 m


OCCUPATION DU TERRITOIRE

Carte signalant l’ancienne voie romaine

HISTOIRE

Après la conquête de la Gaule, la présence romaine va accentuer l’emprise de l’homme sur son territoire et apporter de nouvelles structures visuelles au paysage. Un des aspects majeurs de l’implantation romaine reste, avec la parcellarisation des champs et l’essor urbain, celui des voies romaines. Ces routes relient les grandes villes de la Gaule ; un tracé rectiligne, placé généralement sur une ligne de crête afin de dominer le paysage environnant. Le schéma ci-contre présente l’ancienne voie romaine qui gagne l’île de Breuil-Magné et remonte sur de petites îles pour rejoindre Fouras. L’intervention de l’homme sur ces anciennes îles date de la seconde moitié du 1er siècle av. JC.

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LES CABANES

Autrefois des cabanes de marais étaient construites lors des assèchements des marais. Elles sont devenues des fermes ; nombre d’entre elles ont été abandonnées. Ces fermes sont isolées, témoins de l’histoire des lieux et de la présence de l’homme. Elles sont aujourd’hui entretenues pour l’activité touristique. Faites de pierre, de taille modeste, certaines ont été transformées en gîte. Ces bâtiments sont perchés de manière régulière sur des îlots faisant s’élevant entre 10 et 32 mètres de haut. Les cabanes dominent le marais et sont perceptibles de loin.

LES PROPRIÉTÉS AGRICOLES À COUR FERMÉE

Les propriétés agricoles à cour fermée se font plus discrètes. Situées souvent en limite de bourg, à flanc de coteau, ces propriétés présentent une valeur patrimoniale. Elles sont à préserver. Disséminées sur l’ensemble du territoire, les maisons agricoles s’implantent au milieu de terres cultivées et de préférence sur les points hauts. Elles se trouvent soit isolées , soit dans les villages. Elles conservent une unité architecturale : la qualité des matériaux, les ouvertures de façades coté SUD et la volumétrie précise des espaces habités.

Propriété agricole située dans les marais de la prée

LES VILLAGES

Les villages surlignent les terres hautes et deviennent des promontoires. Ces espaces urbanisés sont en lisère des marais et leur noyau se constitue autour de l’église. Ils s’ancrent sur la ligne de crête ; les habitations se serrent les unes contre les autres pour se protéger du vent. Ces maisons de bourg sont, pour la plupart, alignées sur la rue et conservent une architecture simple, proportion modeste aux façades plates et similaires entre elles. L’implantation d’habitations accentue la faible topographie présente et dessine plus clairement l’archipel d’îles intérieures.

Village de Loire les marais

Village de Loire les marais

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On a marché sur Rochefort nord NOUVELLE TERRE !

« Et dans cette monotonie réside précisément pour . moi le charme très incompris de nos contrées » Frontière imperceptible et immanquables - les canaux 106

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L’EAU véritable broderie du paysage.

lément premier à la source de toutes vies, qu’on trouve ici sous différentes formes, déclinaisons : l’océan, le fleuve et son estuaire, les canaux et les marais. Ces structures, ces entités vont se rencontrer, créer des combinaisons et contribuer à définir des contrastes, toujours en liaison avec le relief. Les chemins de l’eau forment un maillage dense et complexe ; elle s’infiltre partout sur le territoire de Rochefort-Nord. Eau salée et eau douce se rencontrent et se mêlent. Elle est omniprésente. Si on ne la voit pas, des indices nous révèlent son passage. Des lignes de végétations qui vivent les pieds dans l’eau forment des lignes de couleurs allant du vert glauque au rouge sang. L’eau est toujours là ; même dans notre imaginaire à travers la vision de ces terres plates butant sur d’anciennes côtes. Des fois on ne voit pas l’eau avant d’avoir les deux pieds dedans. Il faut s’approcher pour bien la voir. Le vent nous rapporte l’air marin et la fraîcheur des marais. Sur l’ensemble de la région, l’eau et généralement conduite et maîtrisée. Les canaux forment un découpage parcellaire fortement dessiné qui a par endroit limité les politiques de remembrement du siècle dernier (voir page p110) . Les presqu’îles ne possèdent pas de cours d’eaux car elles sont des terres hautes ’sèches’. Le maillage plus ou moins dense de canaux de différentes tailles et formes, et les ouvrages hydrauliques comme les digues, dessinent le motif du marais. Tandis que de la terre à la mer, les « paysages de l’eau » s’enchaînent et se succèdent, la marche sur le littoral, offre aussi une suite de paysages rythmés par le spectacle des marées et des îles.

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C A R T E

H Y D R O L O G I Q U E

Canton de Rochefort Nord Échelle 1/50 000e

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ENSP Versailles Toumi Omrane, Pauline Broquin-Lacombe, Jean Maxime Santuré, Hélène Le Madec Mars 2016

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On a marché sur Rochefort nord NOUVELLE TERRE !

« Et dans cette monotonie réside précisément pour moi le charme très incompris de nos contrées » Autopsie des marais 108

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es motifs de l’eau forment l’essentiel de notre paysage. Cet assemblage de formes fermées par des canaux dessine un parcellaire au cœur duquel prédominent les marais. De manière générale, les marais sont fondés sur la séparation entre des marais protégés des eaux (desséchés) et ceux soumis à l’influence des crues (mouillés ou inondables) ou des marées (marais saumâtres ou ostréicoles).

Le marais de Rochefort a été largement asséché au fil des siècles. Il n’en reste pas moins un marqueur du paysage. Le marais fédère ces terres ; il marque l’identité de la région Charente-maritime. Sur le territoire du canton de Rochefort, les cultures et les pâturages dominent avec de rares formes arborées ; on trouve quelques alignements d’arbres le long des routes et des canaux principaux.

Nous faisons face à un espace ouvert où le regard tend vers l’horizon. Par endroit, le marais peut prendre un aspect bocager : des haies de frênes ferment les parcelles occupées.

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UNE HISTOIRE DE MARAIS. DE LA NAISSANCE À NOS JOURS La formation des marais de Rochefort date de 8000 av. J-C, lors de la lente montée du niveau de la mer. C’est l’époque de ce que l’on nomme la transgression flandrienne. L’eau des mers s’infiltre partout. Elle submerge les cuvettes littorales et les basses vallées des fleuves, formant ainsi des golfes : Picton, Santon, Broue, Yves. À l’époque gauloise, l’eau est encore présente en certains endroits. Le phénomène s’arrête en 200 ap. J-C. Pour l’homme maîtriser ce milieu sera une priorité : c’est l’assèchement progressif des marais. Il semble qu’aucune entreprise de dessèchement n’ait eu lieu avant le Moyen-Âge. Les paysans du littoral se trouvaient face à un milieu amphibie, inondé la majeure partie de l’année, laissant de nombreux Îlots sur lesquels s’implantent des exploitations agricoles. À partir du XIIIe siècle on entreprend un premier assèchement des marais. Les abbayes seront à l’origine de cette première démarche. À la fin du Moyen-Âge, les marais agricoles, assainis une première fois avec tant de difficultés, sont de nouveau sous les eaux. Durant la guerre de Cent ans le manque d’entretien accentue une dégradation du milieu. Le pays rochefortais revient presque à son état d’origine : les bas fonds s’envasent et les digues anciennement créées s’effondrent. Le véritable travail d’assainissement de la région commence au XVIe siècle avec la venue de H. Bradley, ingénieur des digues en Hollande. Les méthodes et techniques hollandaises marqueront désormais de leur empreinte le paysage Aunisien-Saintongeois. Les marais de Rocheofort sont parmi les premiers à être asséchés. Des aménagements hydrauliques seront créés tout au long du siècle. Après un accord passé avec Jeanne de Saulx-Tavannes, dame de Tonnay-Charente, la société des Marais de la petite Flandre obtient tous les droits quant à l’assèchement de tous les marais de Tonnay-Charente à Muron. Naissance d’une activité agricole forte, allant du pâturage à la culture céréalière.

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La bourgeoisie Rochefortaise investie dans de coûteux travaux. L’assèchement de nombreux marais se fait sur toute la cote Océanique à cette période. Il est impossible de chiffrer l’évolution des surfaces conquises sur l’eau entre le XVIIe et le XVIIIe siècle : les marais desséchés sont des ouvrage fragiles qui exigent un entretien constant et concerté. Il arrivera souvent que des marais reviennent à leur état premier (envasement, enfrichement). Pendant les dernières années de l’ancien régime, le soucis d’assainissement est désormais primordial pour ces foyers où le paludisme frappe dans certaines parties du marais de Rochefort, délaissé. De 1782 à 1785, le paysage de Rochefort change pour se rapprocher de ce que l’on connaît aujourd’hui. Avec un recourt à l’armée, 3000 à 4000 soldats construisent 58 km de digues, 67 km de panneaux. Au total 64 000 arpents de terre sont asséchés. À la fin du siècle, les grands marais du Nord Charentais sont asséchés. Au XIXe siècle les marais d’Oléron, Arvert et Brouage suivent la même transformation. La fin du XVIIIe et début XIXe siècle, voient la naissance des aménagements agricoles à l’abri des digues. Les derniers grands travaux sont réalisés par l’UNIMA (Union des Associations syndicales des Marais de la Charentes), avec la création du barrage de St Savinien pour réguler le cours de la Charente et l’aménagement du canal de Charras pour écouler les hautes eaux en hiver et irriguer les marais l’été. Les siècles se succèdent et le visage du marais change avec celui des époques et de ses habitants : les occupants des marais. Ce sont eux qui rythment les époques de la conquête de ces terres dont on avait autrefois une vision assez ‘noire’ (des milieux dangereux, sombres, à l’origine d’épidémies, symbole de la mort dans la littérature). Aujourd’hui l’écologie et la biologie ont fait prendre conscience de la richesse de ce patrimoine naturel que représentent les marais et donnent une nouvelle image à ces lieux.


Carte du pertuis d’Oléron, début XIXe siècle, BNF Département cartes et plans.

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LA FORMATION DE MARAIS - GÉNÉRALITÉS SUR LES ZONES HUMIDES D’un point de vue écologique les marais font parties d’un plus grand ensemble appelé : zones humides. Ces espaces occupent les 3/4 des terres du canton.

Lexique-Bloc diagramme présentant les différentes formes de zones humides

«Zones humides : surface en eau n’excédant pas plus de 6 m de profondeur.» Convention de Ramsar 1971

UNE ZONE HUMIDE EST UN ESPACE INTERMÉDIAIRE ENTRE LA TERRE FERME ET L’EAU.

Espaces souvent laissés en déshérence, les zones humides ont, suivant les régions, été drainées, asséchées, ou détruites. Dans l’histoire les zones humides ont été, jusqu’à récemment un sujet de répulsion car couvertes d’un hallier inextricable et insalubre, qui rendait ces espaces difficiles d’accès et leur conférait un profil inquiétant. Progressivement des politiques d’assainissement et de dessèchement vont se mettre en place, avec en parallèle une intensification agricole généralisée. À la fin du XXe siècle, on reconnaît leur intérêt écologique, leur rôle dans la qualité des eaux, leur valeur productive et paysagère. On va donc légiférer leur sauvegarde. Aujourd’hui grâce notamment aux programmes de démoustification de nouvelles emprises touristiques sont envisageables. Il existe une grande diversité de marais sur le canton de Rochefort nord : marais desséchés, mouillés, polders récents, des marais avec une prise à la mer, des marais bocagers... Dans ce secteur les espaces les plus accessibles se transforment progressivement en plaine d’openfield. La qualité naturelle des marais ne s’offre que dans des espaces plus reculés. L’image la plus visible donnée au regard notamment depuis la route départementale est l’openfield.

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La fluctuation du niveau de la mer combinée à l’écoulement de l’eau douce forme des obstacles naturels dans l’évacuation de l’eau, créant ainsi des surfaces alluviales basses. Ces multiples mouvements d’eau vont créer une grande diversité de motifs au cœur du territoire.

LE MARAIS CHARENTAIS EST UN GRAND MARAIS MARITIME. Certaines de ses zones humides sont amphibies : elles sont soumises aux inondations d’eaux douces et à des submersions périodiques des eaux marines ou fluvio-marines. Ces zones sont faites de vases gluantes et visqueuses qui vont influencer l’écoulement de l’eau, La rétroaction lente de ces phénomènes engendre la création de milieux fragiles tels que les tourbes spongieuses, sables et/ou galets.

Les marais maritimes sont des zones humides faites d’alluvions récentes. Elles ne sont qu’exceptionnellement totalement submergées par la mer et quand il y a inondation c’est le plus souvent dû à l’eau douce. L’intervention de l’homme s’est faite dans l’optique d’annexer ces terres au continent et d’en tirer un certain profit. La mer pourtant y maintient son hégémonie en rythmant l’écoulement des eaux dans un réseau hydrographique dense. La faiblesse des pentes naturelles de ce tissu laisserait de nombreuses zone de stagnation si l’homme ne l’avait construit et hiérarchisé. Dans la composition de nos zones humides on trouve essentiellement des sédiments plus ou moins fins, du sable sur les parties basses de l’estran (espaces limités par l’emprise de la marée), des coquilles marines, des tangues plus ou moins argileuses (sédiment de couleur gris clair), et des vases parfois très fines.

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Les rives de la Charente après la tempête de 1999 ; au loin Saint-Laurent de la Prée sur une butte calcaire.

LES MARAIS LITTORAUX VIVENT ET SE CONSTRUISENT AU RYTHME DES PULSATIONS DU NIVEAU DES EAUX. Ce mouvement de va-et-vient dessine nos rives ; selon la hauteur d’une marée, l’eau salée s’infiltre plus ou moins dans les terres. Cette montée permet de conserver certains milieux mais elle peut aussi représenter une menace, avec un recul progressif de nos lignes de côte. La montée des eaux sur les côtes occidentales de l’Europe est estimée entre 1 et 5 mm par an depuis 10 ans. Le réchauffement climatique peut accélérer ce mouvement, l’effet de serre entraînant la fonte des glaces polaires. On estime que l’élévation océanique sera de 50 cm d’ici 2100, selon une étude de 2009. Les côtes basses alluviales aux faibles profondeurs littorales comme celles de Rochefort seront fortement touchées.

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Marais de Fouras (Sud), inondĂŠs et paturĂŠs

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Marais proche de la mer, en remontant vers Yves

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Plage d’Yves et sa rÊserve naturelle

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CARTE DES PRINCIPAUX MARAIS TERRITOIRE CHARENTAIS

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ENSP Versailles Toumi Omrane, Pauline Broquin-Lacombe, Jean Maxime Santuré, Hélène Le Madec Mars 2016

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IL Y A MARAIS ET MARAIS CHARENTAIS e dessin des marais charentais est fortement influencé par la structure même de son socle (voir p75 géologie du canton). Ainsi, deux ensembles se forment : le marais de Rochefort Nord, avec de grandes parcelles drainées vers le cours de la Charente ; et les marais de Brouage au passé salicole, auxquels on peut rattacher les marais ostréicoles de Saint-Pierre d’Oléron. Les marais de Rochefort sont délimités d’un côté par les rives de la Charente, de l’autre par l’océan atlantique, et dans les terres par les côte aunisiennes-saintongeonnaises. Ils s’étendent au nord de la Charente, depuis les marais de Genouillé et de Muron, à l’est jusqu’aux marais de Fouras et de Voutron à l’ouest. Les marais de Rochefort couvrent à eux seuls environ 180 km2. Les marais de Rochefort circulent entre des cordons et affleurements calcaires, comme les îles intérieures. Ces portions de socle dur sont réunies par des digues, dont certaines ont cédées lors de la tempête de 1999 et après le passage de Xynthia. Ce socle dur vient soutenir un socle plus mou car gonflé d’eau, sur lequel les marais s’étalent. Selon les éléments voisins, les marais du canton de Rochefort possèdent différentes particularités.

Marais Polder Marais gâts Cordon littoral (gravier) Schorre Dune de 0 à -10 m CM au dessous de -10 m CM Parcs à huîtres

Estran rocheux

LES PARTICULARITÉS DES MARAIS DU CANTON • Les marais des rives de la Charente sont tantôt des marais desséchés, tantôt des prises conquises par l’homme sur les rives du fleuve. • Les marais desséchés de Fouras s’appuient parfois directement sur la bordure du continent ou des anciennes îles sans l’interposition d’une bande de marais mouillé.

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• Les marais salants étaient localisés dans la partie occidentale des marais de Rochefort, dans les marais de Voutron, d’Agères et d’Yves, ainsi que sur la rive gauche de la Charente vers le fort Lupin. • Les marais au nord de la ville de Rochefort et ceux sans lien direct à l’estuaire et au fleuve, bénéficient d’une alimentation en eau douce depuis des stations de pompage.


De manière globale, le site comprend essentiellement des marais doux et desséchés, une petite section de marais mouillés, quelques marais arrière-dunaires le long de l’anse de Fouras et quelques secteurs de marais boisés et bocagers. Les acteurs qui interviennent au cœur des marais sont divers et ont différentes approches de ce patrimoine. Sur le site de la réserve naturelle d’Yves , on trouve la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux). Les chasseurs (sur le site de Breuil Magné) et la LPO (sur le site de Voutron) sont propriétaires de marais et en organisent la gestion afin de préserver certains aspects de leur richesse biologique. 250 exploitants développent leurs activités en marais. Plus de 3860 ha de prairies naturelles ont bénéficié de contrats agrienvironnementaux car elles présentent une grande diversité végétale. La vie dans les marais existe, elle est là et pourtant elle se fait discrète. Cependant le marais reste mystérieux pour beaucoup de locaux et d’étrangers.

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La mer vient creuser les côtes ; les terres desséchées sont toutes proches. Les zones humides littorales connaissent des contraintes fortes  : salinité, fréquence des inondations hydromorphie des sols.

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Photos du littoral des marais de Rochefort-Nord, en allant vers Yves.

La flore des zones humides littorales se fait changeante : Niveau et mouvement de l’eau, salinité des sols, action de l’homme, viennent enrichir la diversité floristique.

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PP

rogressivement, souvent en s’éloignant des côtes, les marais deviennent de moins en moins lisibles comme tels.

Ils sont menacés par différents facteurs, qui s’ils ne sont pas contrés, seraient les instigateurs d’une perte de lisibilité des milieux, une perte identitaire pour la région. Par l’encadrement régulier des ‘buttes-îles’, la perception et la distinction entre la terre haute et la terre basse, peuvent devenir moins évidentes. On perd le charme si particulier du dessin de ces îles intérieures. L’avancée de l’agriculture sur les terres aurait pour impact la simplification des horizons du fait de la mise en culture ; un assèchement de nombreuses parcelles est aussi à craindre ce qui irait à l’encontre de la valorisation de ces milieux aux ambiances naturelles. Par une simplification du système hydrologique actuel et futur, et l’effacement d’ouvrages (bandes, passerelles,...) on perdrait cette ambiance si particulière des zones humides ; un drainage généralisé serait à l’origine de cet appauvrissement. A contrario, un abandon total de l’homme engendrerait autant de dégâts avec un envasement progressif, l’installation de friches arbustives qui viendraient fermer l’horizon.

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MARAIS, MARAIS, MARAIS, MARAIS, DE LA PRÉE, D’YVES, DE ROCHEFORT

LEMARAISOCCUPENTLAMAJORITÉDUTERRITOIRE UNE TERRE D’EAU, UNE TERRE VOLÉE À L’OCÉAN UNE TERRE MÉCONNUE, CACHÉ DERRIÈRE LE LITTORAL.

UN TRÉSORS D’HISTOIRE ET DE DÉCOUVERTE UNE FINESSE DE HORIZON, UN ÉQUILIBRE FRAGILE

ARCHIPEL SUR LA TERRE FERME. UN RELIEF ATYPIQUE DES VILLAGES ISOLÉS ET PERCHÉS QUI FONT CADRE DE VIE MAIS

QUI PRATIQUENT LES MARAIS ? QUELS USAGES?

QUELLES DYNAMIQUES LES ANIMENT ?

ON LES A DÉCORTIQUÉ POUR LES RENDRE LISIBLES, NE PAS OUBLIER SON TERRITOIRE POUR MIEUX ANTICIPER DEMAIN

CAR ILS SONT IDENTITAIRES

ILS SONT LE CHARME TRÈS INCOMPRIS DE NOS CONTRÉES. SOUVENT INCOMPRIS.

ARRIVÉS AU TERME DE L’ÉNONCÉ DE CE QUI FAIT NOTRE TERRITOIRE, ALLONS VOIR CE QUI L’ANIME ! 124


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RÉSERVE N

POINTE D’ L’ÎLE D’AIX

VILLE DE FOURAS

L’ENVELOPP SAINT LAUR

MARAIS D

CARTE DES UNITÉS PAYSAGÈRES Canton de Rochefort Nord Échelle 1/25 000e

ENSP Versailles Toumi Omrane, Pauline Broquin-Lacombe, Jean Maxime Santuré, Hélène Le Madec Mars 2016

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N


NATURELLE

’YVES

MARAIS DE ROCHEFORT

PE RENT DE LA PRÉE

BUTTE DE BREUIL-MAGNÉ

DE LA PRÉE

VILLE DE ROCHEFORT

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Et si Demain...

NOUVEL HORIZON POUR

ROCHEFORT-NORD

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Et si demain... Nouvel Horizon pour Rochefort Nord

« Vidi factas ex ae quore terras »,

‘J’ai vu des terres nées d’une plaine liquide », Ovide, Métamorphose, XV, 263

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Et si demain... Nouvel horizon pour Rochefort nord « Vidi factas ex ae quore terras »,

Marais mouillés, marais asséchés, terres oubliées. 133

Marais. - « Un marais est un terrain saturé ou recouvert d’une eau stagnante, ou à un mouvement extrêmement lent, assez peu profonde pour que les plantes dites palustres (halophytes), qui s’y développent puisse élever leurs feuilles, leurs tiges et leurs fleurs au-dessus de sa surface.» (Gèze.) Seule, la présence habituelle de l’eau caractérise un marais ; la nature du sol n’intervient pas. Extrait de la définition d’un Marais dictionnaire Larousse agricole - 1922

N N

ous le savons, l’existence des marais du canton est étroitement liée à anthropisation qui a su maîtriser ce milieu à des fins agricoles. C’est aujourd’hui toujours le cas, mais les demandes et les préoccupations agricoles ont évolué pour s’adapter au monde moderne (ouverture sur les marchés européens en autre). Les terres agricoles des marais ont subi des modifications surtout dans la seconde moitié du XXe siècle avec le soutien accordé depuis 1962 par la PAC (Politique Agricole Commune) aux grandes cultures et aux élevages «intensifs». Par la suite, le progrès technique agronomique obtenu dans les années 80 pour le drainage par planche et par drains enterrés, a continué à rapidement modifier le paysage des marais Rochefortais. Enfin, la diminution du nombre d’agriculteurs, comme partout sur le territoire français, a accentué le remembrement parcellaire. Le départ à la retraite d’un agriculteur annonce bien trop souvent la fin de son exploitation. À ne pas trouver de successeur, c’est le voisin qui rachète les terres rattachant au fur et à mesure des années les parcelles entre elles. Le territoire de Rochefort n’est pas épargné par ce phénomène. En seulement 20 ans, le nombre d’exploitants a été divisé par 2 comme le montre le tableau ci-dessous. Nombre d’exploitants agricoles sur la commune

COMMUNE Breuil-Magné Fouras Loire-lesMarais Rochefort St-Laurent de la Pré Vergeroux

2010 11 4 11 13 19 1

2000 19 6 11 17 28 2

1988 32 13 14 26 40 8

La culture céréalière , fourragère et l’élevage ont remplacé progressivement le pâturage extensif et les prairies permanentes. Contrairement à d’autres territoires agricoles français, le phénomène d’enfrichement sur le canton n’est pas alarmant, la superficie des terres exploitées reste stable depuis 30 ans. Mais les dynamiques actuelles font que Les marais disparaissent. La culture du maïs étant plus rentable que l’agriculture traditionnelle sur le marché européen, certains marais sont asséchés. Un marais sans eau n’est plus un marais...

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REMEMBREMENT, NIVELLEMENT, DRAINAGE ... Où sont les terres hautes ? Où sont les terres basses ?

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1957

2012 L’agriculture est pour beaucoup dans la création du paysage des marais. Vues du ciel, les conséquences de l’agriculture moderne sur la modification des limites entre terres hautes et terres basses sont évidentes. En 50 ans le paysage des marais s’est simplifié. Ces nouvelles pratiques risquent à long terme d’effacer le caractère si particulier des marais et du rapport qu’ont les villes à ce territoire. Perdre l’horizon de ces espaces engendrerait une perte d’identité majeure pour le territoire.

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Et si demain... Nouvel horizon pour Rochefort nord « Vidi factas ex ae quore terras »,

Où sommes-nous ? rendre lisibles les différentes occupations des sols 136

LL

’exercice de lecture du paysage s’appuie sur une observation active et sensible de la part de celui qui regarde. Face à la linéarité d’un paysage qui peut sembler simple à comprendre, il est important de percevoir les rythmes, les séquences qui l’animent ; tout simplement comprendre et percevoir les changements, les transitions d’un espace à un autre. Pour comprendre clairement ou nous sommes dans le territoire ? Une interruption physique et/ou visuelle, une «barrière» plus ou moins perceptible, marquent le passage d’un espace à un autre, d’un usage à l’autre. La clôture d’un champs c’est une barrière nette qui va raconter le parcellaire d’un territoire et donc parle de son occupation du sol, de même que les activités mises en œuvres par les personnes qui vivent sur ces terres. On s’interroge sur le rapport, les liaisons entre le littoral, les villes, l’intérieur des terres, le fleuve. Le manque de communication entre ces espaces engendre aujourd’hui des discontinuités : la subtilité de ce plat pays voudrait que l’on joue sur des vues, des ouvertures, des passages... On ne lit plus ces transitions, elles sont quasi invisibles. On penche d’un côté ou de l’autre, il n’y a que très peu de moments d’équilibre. Comment lire à la fois l’océan, la plage, l’agriculture, les villages, les marais ? Pour comprendre comment s’agence se qui nous entour, il faut se tenir les pieds bien ancrés dans le sol, avoir le regard tendu par la ligne d’horizon et observer tous les mouvements du paysage qui se jouent entre notre corps et le lointain.

Pour faciliter cette lecture, il faut penser en termes de parcours, de points d’observation et d’espaces d’attraction. On met ainsi en évidence les enchaînements d’espaces, les différentes séquences, les rythmes, les contrastes, les transitions. Des parcours s’appuyant sur le végétal et un petit patrimoine bâti pourraient permettre une nouvelle approche du pays Rochefortais. Pour rendre lisible et accessible, on rompt un traitement séquencé qui lui, dessine des frontières. Une fois ces limites fragilisées par des aménagements ou points de passage, on communique ce paysage, on le rend explicite. Par des excursions commentées ou solitaires, on sensibilise le promeneur à l’exercice du regard sur l’horizon et ces qualités. Il n’y a aucune systématique possible et pourtant il faut penser l’ensemble du pays comme un corps, avec son unité. Le canton de Rochefort s’étend au cœur d’un pays plat où l’exercice du regard sur l’horizon a son importance. Chaque élément qui s’élève prend une valeur. En plus de jouer sur un modelage des différentes occupations des sols, il ne faut pas oublier la pertinence de mettre en valeur des points marquants dans ce paysage à la beauté monotone.

M E T T R E PLATITUDE

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E N

É V I D E N C E RUPTURE

D E S


Carte des ruptures, platitude et points marquants. En noir : les ruptures naturelles. En rouge : les ruptures anthropiques.

DYNAMIQUES PERCEPTIBLES, JEU DU REGARD

E N C H A Î N E M E N T S

D ’ E S P A C E S

ÉLÉVATION

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Et si demain... Nouvel Horizon pour Rochefort Nord

ILS ÉTAIENT LÀ AVANT NOUS Patrimoine & environnement

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Et si demain... Nouvel horizon pour Rochefort nord Il étaient là avant nous

Héritage d’un parcellaire quadrillé par l’eau 140

QUE SOMMES-NOUS ? DES HOMMES SUR UN TERRITOIRE HÉRITÉ. QUE SONT-ILS ? UN TERRITOIRE MILLÉNAIRE CONSTRUIT PAR L’HOMME ET LA NATURE.

Trame de la ville de Rochefort

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Trame des marais


Carte d’état major de la ville de Rochefort et de son territoire XIXe siècle

N N

ous ne sommes pas n’importe où, ils ne sont pas n’importe quoi. Le paysage de Rochefort découle d’une longue histoire vieille de 2000ans. C’est un héritage fort qui n’est pas à la fin de son règne. La ville de Rochefort et les marais sont similaires en de nombreux points. Rien ne les distingue vraiment. Ils sont tous deux au service de l’homme, ils sont tous deux habités par l’homme, ils sont complémentaires.

Pourquoi les touristes de la France entière viennent-ils visiter Rochefort ? Parce que la ville est vivante et qu’elle fait vivre son passé. Pourquoi n’en serait-il pas de même avec les marais ? Si l’homme fait vivre les marais il fait vivre leur histoire. Si les marais disparaissent, c’est Rochefort qui disparaît aussi. Cette trame si particulière des marais avec ses exploitations de prés, ses cultures, est le quadrillage de l’identité des marais. Protéger et conserver les marais c’est faire vivre les hommes qui occupent les marais.

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Et si demain... Nouvel horizon pour Rochefort nord Il étaient là avant nous

Fragiles

Biodiversité et sites sensibles à protéger 142

FRAGILITÉS Liste non exhaustive des risques impactant le paysage du canton Croissance urbaine du territoire

Habitat construit entre 1976 et 2012

Habitat construit avant 1976

RISQUE 1 : L’URBANISATION NON MAÎTRISÉE

Tout comme ses marais, Rochefort s’est construit sur une trame orthogonale. L’urbanisation de ses bourgs s’est accrochée a cette trame pour étendre la ville. Aujourd’hui, l’urbanisation est stoppée par les marais mais spécule sur certaines terres agricoles asséchées. Il est important pour l’identité des paysages de maîtriser l’urbanisation et de ne pas perdre cette vision à grande échelle du territoire. Ce principe de trame ne doit pas être oublié pour une ville nouvelle.

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Boisement

RISQUE 2 : L’ENFFRICHEMENT

Une des spécificités de ce territoire est qu’il comporte de nombreux espaces ouverts. De grands espaces permettant le développement de cette faune et cette flore si particulières. Aujourd’hui, si l’estuaire de la Charente est un des hauts lieux ornithologiques de France, c’est notamment grâce à ces espaces qui offrent à la fois au promeneur une vue dégagée et aux oiseaux un lieu de vie idéal. Une


Boisement et espaces ouverts

Carte de la montée des eaux sur les cantons de rochefort - Nord

Niveau actuel de l’océan

des principales menaces pour ces marais est l’enfrichement. Comme le montre la carte la naissance parcimonieuse pour le moment de taches arborées peut engendrer une fermeture des milieux et impacter les ouvertures et les projections du regard Il est primordial de conserver ces espaces ouverts pour préserver et valoriser l’identité de ce site.

Terre submergé si l’océan montre de 5 m

RISQUE 3 : LA MONTÉE DES EAUX

La température augmente, l’océan se réchauffe et les glaciers fondent. Une étude de GIEC effectuée en 2012 pour la conférence de Doha estime que le niveau de la mer peut monter d’1 m d’ici 2100. Sur ce territoire, la majorité des niveaux des terres se situe entre 0 et 4 m. Il faut prévoir cette montée des eaux non pas en endiguant le littoral mais en réfléchissant à la place de l’homme sur ce territoire pour ne pas vivre ce futur phénomène dans la crainte et appréhension mais comme évolution naturelle du territoire. La carte ci-dessus est volontairement accentuée à 5 m de monté des eaux pour montrer un territoire marqué par la présence d’îles.

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BIODIVERSITÉ ET SITE SENSIBLE À PROTÉGER Le projet grand site En avril 2013, l’opération grand site a été lancée. Confortée le 22 août 2013 par le Ministère de l’écologie au titre de la loi de 1930, l’opération Grand Site porte sur un périmètre de 7 000 ha terrestres et 10 000 ha du domaine public maritime autour de l’estuaire de la Charente et des grands marais de Rochefort Nord. Cette grande opération inclut la participation de 14 communes riveraines du territoire Rochefortais.

LES 14 COMMUNES DU GRAND SITE DE ROCHEFORT L’île d’Aix Fouras Saint-Laurent de la Prée Breuil-Magné Vergeroux Rochefort Tonnay-Charente Saint-Hippolyte Echillais Soubise Saint-Nazaire sur Charente Port-des-Barques Saint-Froult Cabariot

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L L

a création d’un Grand Site interfère plutôt sur la protection des sites et des paysages, du patrimoine écologique et du patrimoine historique. Bien que cette responsabilité soit celle de l’Etat, le développement et la mise en valeur du territoire sont de la responsabilité de la communauté d’agglomération Rochefort Océan qui s’engage, dans un projet sur 6 ans, à mettre en marche plusieurs manœuvres : - la protection et la mise en valeurs des espaces et bâtiments, - l’aménagement des sites les plus dégradés, - le développement d’un tourisme responsable, impliquant les habitants, - et le soutien des activités agricoles et ostréicoles qui construisent le paysage. Autre engagement fort du Projet grand site, Rochefort Océan doit renforcer l’approche paysagère et urbanistique de l’ensemble des communes du Grand Site avec des mesures spécifiques de soutien aux porteurs de projets et aux communes pour leurs plans d’urbanisme, impliquant notamment le savoir-faire d’un paysagiste.

Territoire du Grand Site


La promenade, Le déjeuner sur l’herbe et Grand paysage - les temps changent

GRAND SITE, UNE AUBAINE POUR LE PAYSAGE DU CANTON Aujourd’hui de nombreux projets sont en route dans le cadre de l’opération Grand Site. Portés par la DREAL Poitou-Charentes et par la CARO, ces projets tels que la vélodyssée ou le réseau de voies vertes à l’échelle nationale permettent aux promeneurs d’appréhender le paysage des marais du canton. Avec sa grande diversité paysagère, le territoire a la possibilité d’offrir des parcours touristiques originaux et intéressant, mais aussi de garantir une richesse faunistique et floristique immense. Cependant, il est nécessaire de penser par cohérence d’ensemble paysagère, notamment au niveau des différentes franges et limites. La projection sectorisée des espaces de ville, de marais, d’infrastructures, d’industrie ou d’agriculture ne permettront pas de résoudre les liens et les connexions entre ces espaces différents qui font pourtant corps et paysages. Ce non regard d’ensemble à grande échelle crée trop souvent des ruptures et des tensions aux frontières de ces espace, là où la compréhension du besoin de l’autre devrait être un moteur d’évolution. Toutes ces zones ont des enjeux territoriaux équivalents. Elles sont souvent des espaces de transition entre deux entités fortes du grand paysage (voir carte des entités paysagères p126), une transition aussi bien humaine qu’écologique. Il est donc primordial de reconsidérer ces zones que sont par exemple les entrées de ville, les franges agricoles et les seuils des marais. La trame existante est encore là, c’est en s’appuyant sur cette force que l’on peut renforcer la caractéristique du paysage, pour créer des interpénétrations entre tous ces milieux. Ces relations serviraient à la fois aux habitants pour les liaisons quotidiennes, mais elle multiplieraient aussi considérablement les facettes du territoire que les touristes aiment aujourd’hui découvrir. Le Projet Grand Site est l’opportunité d’ouvrir la réflexion et le débat sur le paysage. Qu’est-ce que le paysage des marais ? Quels en est son avenir ? Comment concilier viabilité des diverses activités avec les éléments forts du paysage et l’horizon ?

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Et si demain... Nouvel Horizon pour Rochefort Nord

DES PETITS PAS POUR UN GRAND PAYSAGE Exercice du regard

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Et si demain... Nouvel horizon pour Rochefort nord Des petits pas pour un grand paysage

Prendre le temps de prendre son temps Parcours pour découvrir les marais 148

A A

IL Y A ROCHEFORT, IL Y A LE LITTORAL, FAITES PLACE AUX MARAIS. présent comment mettre en place à l’échelle de tout le territoire l’exercice du regard ? Il n’y a pas de solution universelle. Il faut prendre en compte la particularité de chaque site, de chaque espace. La compréhension au cas par cas des lieux avec l’implication du corps sur le terrain est la seule prérogative pour assurer une transformation viable. Malgré cela c’est bien dans une vision globale du territoire qu’il faut penser les possibilités d’évolutions. Voici quelques réflexions, solutions, pour faciliter la lecture du paysage et offrir une clarification du territoire. Les marais se donnent aux habitants et aux touristes, symbolique d’une nouvelle manière de vivre le canton. Solliciter vues et promenades pour un paysage séquencé. PROPOSITIONS NON EXHAUSTIVES DES INTERVENTIONS PAYSAGÈRES au bord du littoral. Transversalité, à la découverte des deux eaux La création de passerelles d’accès à la mer en contre-bas et l’entretien d’une faune qui laisse pénétrer le regard dans la profondeur des marais peut-être une solution pour des lieux comme les marais de la Prée.

Ouverture des parcelles privées sur le grand large

Quelle tristesse de contenir des parcelles derrière une succession de clôtures toujours plus imperméables, surtout près du littoral, les limites des propriétés privées pourraient se manifester de manière moins radicale. Dans ce cas les promeneurs tout comme les propriétaires sont gagnants puisque l’un profite de l’étendue du territoire et l’autre agrandi sa parcelle par le regard projeté sur l’océan.

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EN MULTIPLIANT ET EN DONNANT UNE QUALITÉ PAYSAGÈRE SOIGNÉE AUX SENTIERS DE PROMENADE, PISTES CYCLABLES, ETC... UNE NOUVELLE IMAGE NAÎTRA DES MARAIS DANS L’IMAGINAIRE COLLECTIF DES GENS. EN RENDANT ATTRACTIF CERTAINES DE CES TERRES AGRICOLES PAR LE BIAIS DES SENTIERS C’EST AUSSI LA POSSIBILITÉ DE VOIR SURGIR DANS L’AVENIR UNE AGRICULTURE DE QUALITÉ ET DE PROXIMITÉ SUR CE TERRITOIRE REDONNANT AINSI UNE IDENTITÉ ET UNE VRAIE RELATION ENTRE LA VILLE ET SA CAMPAGNE.

Fenêtres qui ponctuent une promenade Quel plaisir de marcher à l’ombre d’un bois. Dans ce cas c’est tout le travail de contraste entre densification du boisement et ouverture sur le grand paysage. Savoir surprendre le promeneur au détour d’un virage permet de dynamiser la promenade pour aller plus loin encore.

Chemins parallèles au littoral et travaille en profondeur dans les terres Dans les lieux où rien n’est fait pour la promenade tous les champs d’actions sont envisageables. L’opportunité d’un promontoire comme celui d’une digue peut être un moment pour organiser la projection de son parcours . Un carrefour sur ce lieu peut offrir la possibilité aux voyageurs de continuer sur le littoral ou de découvrir le mystère des marais en s’enfonçant dans les terres.

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Solliciter vues et promenades sur un paysage ouvert PROPOSITIONS NON EXHAUSTIVES DES INTERVENTIONS PAYSAGÈRES au cœur des marais

Prendre de la hauteur

Dans la situation des marais où le paysage ne possède quasiment aucun relief, un promontoire est le bienvenue pour observer la complexité du paysage ou même la faune locale. En utilisant ce type d’ouvrage avec parcimonie sur le territoire, on créé des repères, une attractivité pour la découverte des marais.

Franchir les marais

La promenade aménagée est l’occasion d’offrir des enjambements d’ordinaire impossibles dans le découpage classique des marais. En franchissant un canal par une passerelle on rythme la promenade et on offre un nouveau regard sur les édifices d’irrigation des terres agricoles.


Rendre perméable les murs PROPOSITIONS NON EXHAUSTIVES DES INTERVENTIONS PAYSAGÈRES sur le rapport de la RD aux marais

N

VERS LA MER

VERS LES MARAIS

Retrouver la déambulation originel La RD qui surplombe les marais ne se franchit qu’en de trop rares endroits. Envisager des passages sous la route, par des tunnels attrayants et non lugubres pour les cyclistes et les piétons renforcerait entre autre une perméabilité entre les marais de Rochefort et le littoral. Ce type d’ouvrages est aussi l’occasion de renouer avec le tracé originel des anciens sentiers agricoles devenus aujourd’hui absurdes quand ces derniers se terminent en cul-de-sac ou longe parallèlement la départementale sur plusieurs kilomètres.


Et si demain... Nouvel horizon pour Rochefort nord Des petits pas pour un grand paysage

«Sur de grands espaces, souvent la tranquillité de leurs lignes est ininterrompue et profonde» Points de vues remarquables 152

G G

LA VILLE FAIT RÉSERVE, PROJET DE RÉSERVE NATURELLE RÉGIONALE DE ROCHEFORT râce à la L.P.O, le Conservatoire du littoral et la commune de Rochefort, les terres comprises entre la rive droite de la Charente et l’ouest de Rochefort seront à l’avenir classées Réserve Naturelle Régionale. Ce projet fort et courageux va créer un nouveau regard sur le lien étroit qui existe entre la ville et son paysage. En sortant du carcan de la station de lagunage, c’est toute la ville qui s’engage dans un dialogue direct avec les marais péri-urbains. Une unité globale qui requalifie tout le méandre. Engagé depuis plusieurs années, ce projet qui porte sur la valorisation et la préservation d’un milieu écologique est l’occasion d’aller plus loin dans la manière de faire dialoguer la ville avec les marais. Dès à présent, il est essentiel d’engager une réflexion sur les différentes franges et limites qui font la ville et qui entrent en résonance avec la future Réserve Naturelle, afin de travailler dans une cohésion d’ensemble. Ce travail sur la cohabitation ville/réserve, réserve/ville évitera une fracture disgracieuse ou trop nette entre ces espaces. Il est important de travailler cet accompagnement pour une harmonie de la ville à grande échelle et pour une acceptation du Projet de la Réserve Naturelle par les habitants.

PISTES DES PREMIÈRES QUESTIONS ET DES PREMIÈRES ACTIONS À ENTREPRENDRE • Identifier les différentes typologies d’habitats, d’usages, d’architectures à proximité de la future réserve. • Mettre en place des plans d’actions adaptés à chaque espace pour un parti pris fort et assumé. • Requestionner les infrastructures urbaines quand ces dernières se marient avec la Réserve Naturelle • Vivre avec et dans les marais que cela signifie-t-il ? • Vivre avec l’eau • Vivre avec les saisons • L’habitant acteur à son échelle (sa clôture, son jardin, sa manière de se déplacer, de consommer…) Enfin travailler les transitions, les relations entre les deux tissus (réserve et ville) pour un lien stable.

Rapport conflictuel entre la ville et la réserve, non pérennité des deux tissus.

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Rapport amoureux entre la ville et la réserve interpénétration et effacement des frontières, renouveau urbain.


Carte présentant le projet de Réserve Naturelle Régionale, aux abords de la ville de Rochefort.

En vert : territoire de la future réserve naturelle régionale de Rochefort. En Rouge : les frontières d’interpénétration ville/réserve.

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Carte des points remarquables sur le canton de Rochefort :

DESSIN D’UN PARCOURS DE DÉCOUVERTE À TRAVERS LES MARAIS. En faisant surgir les points remarquables sur le territoire, l’engagement de mise en place d’espace accessible au public se concrétise. Des constellations se forment donnant lieux à des espaces plus où moins grands que l’on peut étudier avec attention dans un travail d’ensemble. La carte ci-contre montre une quinzaine de points remarquables que nous avons identifié lors de nos visites. Cette liste peut-être multipliée et les points remarquables peuvent être reliés de multiples façons pour créer un maillage, un réseaux... Cela-dit, elle dégage un aspect essentiel dans l’organisation de l’espace. Le territoire est fait de pleins et de vides, des lieux où les points remarquables sont concentrés et des lieux sans aucun des ces points. Lorsqu’un lieu fragile écologiquement comme celui des marais s’ouvre au public il est important de dégager des territoires où la nature ne sera pas perturbée par cette nouvelle activité. Voilà pourquoi concentrer son attention sur des zones déterminées, en les reliant entre elles, peut éviter une détérioration des lieux. Le travail d’évolution des marais est un travail délicat qui nécessite une grande connaissance du paysage (écologique, économique, culturelle).

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C’est uniquement après une étude approfondie que l’engagement peut débuter.


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Nous avons travaillé sur la rédaction de ce dossier mais nous n’avons rien fait. La ville de Rochefort continuera à vivre sans nous, demain l’agriculteur ira à son champs, le chasseur arpentera le terrain et nous, nous ne ferons rien. Nous ne serons pas là pour aider à atteler le tracteur Nous n’aiderons pas l’homme au fusil pour dénicher une perdrix . Ces gens là agiront et n’auront pas besoin de nous. Nous avons apporté un regard. Mais nous n’avons pas agit. Que vos un regard dans l’agitation moderne d’un espace? À l’heure où l’acte est devenu le seul moyen d’évolution un regard n’est rien. Un regard est beaucoup trop instable pour valoir la peine d’être dit. Le regard est, pour l’action, qu’une infime part d’existence. Il se vie puis s’oublie. Mais le porteur du regard peut en décider autrement. C’est se que nous avons essayé de faire, « nous », décider de porter un regard commun sur le paysage de Rochefort. Mettre en écrit le regard que nous avons porté sur le paysage du canton de Rochefort nord. Un regard porté par l’histoire, le sol, l’homme, la nature, le relief... Un regard d’étudiant de l’école du paysage. Par ce dossier écrit nous vous le donnons. l’exercice du regard est un outil pour comprendre, s’il se transmet alors « Nous avons fait. »

Pour le paysage de Rochefort. De Pauline Broquin-Lacombe, Hélène le Madec, Toumi Omrane et Jean-Maxime Santuré

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BIBLIOGRAPHIE HISTOIRE Livres : Rochefort, chantre architectural de la ville édition Rochefort février 1998 Rochefort et la corderie royale érik Orsenna eddie Kuligowki Edition collection monument en parole année : juin 1995 Webographie http://www.rochefort-ocean.com/decouvrir/culture-et-patrimoine/arsenal-maritime http://www.ville-rochefort.fr/decouvrir/histoire https://fr.wikipedia.org/wiki/Rochefort_(Charente-Maritime) http://www.meretmarine.com/fr/content/rochefort-le-mystere-des-anciens-canons-de-larsenal http://www.bernezac.com/Rochefort.htm

ENVIRONNEMENT Livres : « Le tiers sauvage, un littoral pour demain », texte d’Eric Fottorino, préface Erik Orsenna, photos Aldo Soares. « Itinéraires croisés - Rencontres de l’Observatoire photographique du paysage » « L’estuaire de la Charente et l’Arsenal de Rochefort - vers le Grand Site de France » « Inventaire des paysages de Poitou-Charentes » « Zones humides du littoral français », Fernand Verger, Belin « Nos Deux-Charentes, carte postales anciennes, N°39 Pierre Loti », périodique rédigé par Christian Genet Programme Local de l’Habitat de la Communauté d’agglomération du Pays rochefortais (2010 à 2015) Webographie http://www.observatoire-environnement.org/ https://charente-maritime.lpo.fr/ http://macommune.observatoire-environnement.org/ http://cartographie.observatoire-environnement.org/

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https://www.agglo-larochelle.fr/les-partenaires#!le-bipole-la-rochelle-rochefort http://www.agglo-rochefortocean.fr/ http://www.ecodomainederochefort.com/ http://caue17.com/ https://stats.agriculture.gouv.fr/cartostat/ http://www.environnement-poitou-charentes.org/Typologie-des-dynamiques-et-enjeux.html http://www.paysage-poitou-charentes.org/paysage600.html#som5 http://www.persee.fr/docAsPDF/ https://strates.revues.org/

HABITAT Document : Guide architectural et paysager du pays Rochefortais, Conseil d’architecture d’Urbanisme et du l’Environnement de la Charente Maritime, CAUE17, 2001 PLU de Rochefort et de Fouras Webographie : http://fr.calameo.com/read/004418720643110d176e3

ÎLE D’AIX Livres : « L’île d’Aix de A à X, répertoire d’architecture et de paysage », étude rédigée par le conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de la Charente-maritime, 2014

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ANNEXES

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FICHE MÉTHODOLOGIQUE

LA CARTE DES PAYSAGES

Pour notre canton, la choix du cadrage a été déterminant. Nous sommes sur le littoral atlantique ; la proportion de mer permet de se rendre compte de cet état de fait, mais pas seulement. Un point d’accroche fort du paysage Rochefortais : le Pertuis d’Antioche, marqué par la lecture des côtes de l’île d’Oléron. La vue d’une mer fermée par une ligne d’horizon terrestre nous a servi de «déclic» ; c’est le point de départ de notre problématique tournée autour de l’exercice du regard et des différents horizons marqueurs de notre canton.

L’océan occupant une grande partie de notre cadrage nous avons décidé de ne pas s’attaquer à cette masse bleu au crayon mais à la peinture : une couche protectrice de plastique collant sur les terres et une première couche de remplissage avec des bâtons à l’huile brute.

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Ensuite on utilise l’essence de térébenthine comme délayant : on tire, on étale, on estompe, on efface ce qui nous semble grossier. Le bleu de l’océan est profond, digne d’une mer des tropiques ; il faudra ajuster les couleurs de l’intérieur des terres pour égaliser le rapport terre/mer, qu’on ressente la présence de l’eau dans les marais.

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La terre ferme, les îles, les côtes se dessinent progressivement au crayon de couleur. Les villes sont les premières à faire leur apparition. Ensuite viennent les marais et espaces agricoles, toujours accompagnés de canaux. Une carte aux couleurs chaudes vient faire écho à l’océan d’un bleu profond.

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FICHE MÉTHODOLOGIQUE

FAIRE DÉCOUVRIR ROCHEFORT.

Quelles démarches avons nous entreprise pour présenter notre canton au plus grand nombre ? Cette démarche a évoluée au fur et à mesure que les jours passaient. Pour les premières présentations orales, nous avions déjà une idée assez claire de ce que nous voulions montrer et dire.

Photo prise sur le pont du bâteau au départ de la pointe de la fumée

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Première idée :

Un travail axé sur l’idée de découverte d’un endroit qui nous est totalement inconnu et du partage de cette découverte. Au départ nous avions des préjugés, des images toutes faites qui selon nous caractérisent de Rochefort (l’Hermione, «Les Demoiselles de Rochefort» de Jacques Demy,...). Finalement les images ‘carte postale’ que tout le monde connait. À cela, viennent s’ajouter le fleuve et l’océan. Derrière, les marais, omniprésents. On ne les considère que très peu au départ de notre première visite puis on se rend finalement compte qu’ils sont au centre de toute l’identité de ce territoire. C’est l’envers du décor ; celui auquel on ne prête pas toujours attention et qui pourtant est l’essence même de ce paysage.

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Seconde idée :

Cette fois on pense à un objet qui résumerait notre canton ; on parle ici du principal trait de caractère du canton. Pour nous c’est les différentes composantes des horizons de ce plat pays. L’horizon est une entité présente en permanence dans tous les lieux sauf si vous vous trouvez enfermé. Ce que nous tenons à affirmer c’est que les paysages de Rochefort ont un potentiel d’’horizons divers et subtiles très fort. La proximité avec la mer, l’horizontalité du paysage, la proportion d’un ciel changeant... autant d’éléments qui forment des tableaux toujours mouvants, raffinés.

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Troisième idée :

Un court-métrage (07:23) accompagné d’une présentation plus rigoureuse qui fait l’état des lieux de notre avancement tant sur le rendu oral de l’exercice que sur le rendu écrit. Montrer que notre pensée et notre perception du canton sont déjà presque arrivées à maturité. Le film montre notre manière d’arpenter le canton, de comprendre ses paysages, de les vivre, de les ressentir ; c’est notre moyen de les communiquer. Cette ébauche reste assez caricaturale et ne rend pas vraiment compte de notre réel propos : notre fil rouge.

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Présentation finale :

Notre propos : la ligne d’horizon est fragile, sensible. Le moindre sursaut impact tout les alentours, comme une réaction en chaîne. Il nous semble nécessaire de faire parler notre carte des paysage, la rendre mouvante, la faire parler pour situer les espaces géographiquement. La ligne d’horizon presque plate des marais, est la plus importante. On revient au fil tendu. On montre qu’une monotonie est présente mais tout à fait admirable ; on ouvre le regard à une vision poétique des marais et ses alentours. Montrer les liens qui unissent les espaces.

Référence : projection de Bill Viola, le dessin-animé «la Linea»

Référence : Web documentaire «In Situ», ARTE tv

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LA RECETTE D’UNE BELLE TRAVERSÉE DES MARAIS ROCHEFORTAIS.

Temps de préparation : 3 jours Temps de dégustation : 25 minutes Ingrédients : - une dose de Pierre Loti - une cuillère d’histoire et de poudre à canons - un fil rouge bien tendu, prêt à craquer - des bottes en caoutchouc - des yeux pour voir - des oreilles pour percevoir - 4 vidéo-projecteurs - une salle avec 4 murs aveugles Préparation à l’immersion : Par le biais d’une présentation s’appuyant à la fois sur la parole et l’image, nous vous proposons un départ vers l’essence du paysage de Rochefort ; vers les horizons lointains. Qu’elles sont leurs composantes ? Comment communiquent-ils les uns avec les autres ? Que racontent-ils du paysage ?

La présentation se fait en groupe d’une quinzaine de personne qui partagent durant toute la durée de l’expérience la beauté des paysage rochefortais et ouvre par la suite à la discussion du sujet.

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Photo prise lors des tests vidéos au potager du roi à Versailles

Photo prise à Rochefort lors de la prise vidéo 360 degrés

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