ST-ART | Hors-Serie - Or Norme

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LA TABLE RONDE des galeristes strasbourgeois

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OR NORME — HORS SÉRIE ST-ART

Texte : Jean-Luc Fournier

Photos : Nicolas Roses

Jean-François Kaiser, Christophe Tailleur, Frédéric Croizer : ces trois galeristes de la capitale alsacienne sont des fidèles de ST-ART. Ils se penchent avec la rédaction de Or Norme sur la quintessence de leur métier et les objectifs qu’ils poursuivent en participant à l’événement strasbourgeois… « Je suis un jeune galeriste », dit d’emblée JeanFrançois Kaiser. Ce natif de Colmar, aujourd’hui âgé de 41 ans, a en effet ouvert sa galerie de la rue des Charpentiers il y a 20 mois, juste au-dessus de celle de Jean-Pierre RitschFisch, le célèbre galeriste strasbourgeois spécialiste de l’art brut. « Ce n’est pas un hasard », ajoute Jean-François, « puisque je fus son collaborateur durant douze ans, après avoir travaillé chez plusieurs maisons de vente et galeristes parisiens, « pour accumuler les expériences ». Une galerie, c’est avant tout une personnalité, celle de son propriétaire, comme j’ai pu le comprendre très tôt en côtoyant de près Marcel Fleiss (le célèbre spécialiste Dada et surréaliste - NDLR) et sa galerie 1900-2000. À Strasbourg, Jean-Pierre Ritsch-Fisch a écrit son histoire et moi, j’ai voulu à mon tour débuter l’écriture de la mienne, en profitant de ce local qui se libérait au-dessus de sa galerie… » « Si Jean-François se dit jeune galeriste, alors moi je suis un très, très jeune galeriste », sourit Christophe Tailleur, 56 ans. C’est un CV professionnel tout sauf linéaire qu’affiche le galeriste de la rue des Juifs : « Après mon enfance et mon adolescence passées ici, j’ai travaillé dans beaucoup d’endroits en France dans le secteur de la grande distribution, à des postes de cadre de direction. Puis, après vingt ans dans ce secteur, j’ai créé mon entreprise, un restaurant à Strasbourg, suivi de trois autres, durant une dizaine d’années. Je les ai vendus pour acheter deux hôtels, dans l’hypercentre de la ville. Durant tout ce parcours, ma passion initiale pour l’art ne s’est jamais démentie : l’art premier, tout d’abord, car je suis depuis longtemps un grand voyageur. En comblant ma passion de l’Ailleurs et de l’Autre, j’ai toujours visité, et j’ai collectionné tout ce qui était

un peu « à côté, différent ». J’ai ensuite concrétisé mon vieux rêve : je suis parti à Paris durant quasiment trois ans, j’ai fait l’école Drouot où j’étais bien sûr le plus âgé de tous. Mais, croyez-le ou non, même à cette époque, il y a cinq ans aujourd’hui, je n’avais absolument pas l’idée d’ouvrir une galerie d’art contemporain à Strasbourg ! À mon retour ici, j’ai soudainement pressenti qu’il fallait que je donne une impulsion à ma carrière dans le sens de promouvoir, d’accompagner et de faire connaître des artistes, à Strasbourg mais aussi un peu partout ailleurs. Ma galerie, ouverte depuis juin de l’année dernière, est née de cette impulsion-là… » « Et bien, du coup, je suis le plus ancien galeriste de vous tous, je n’aurais jamais pensé pouvoir dire ça aussi vite ! » s’exclame Frédéric Croizer. « Par le passé, rien ne me prédestinait à me plonger dans l’art contemporain. J’ai toujours aimé travailler seul : en fait, j’ai souvent eu un métier pour la semaine et un autre pour le soir

‘‘Dans une galerie, ce qui est déterminant, c’est la personnalité du galeriste.’’


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