Habiter 2020 | Hors-Serie - Or Norme

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EDITO

LA VILLE REFUGE ‘‘ La naissance latente du monde se produit à partir de la demeure. ’’ Emmanuel Levinas

Les récents événements nous ont fait prendre conscience subitement de la valeur du chez-soi et de l’importance de s’y sentir bien, en sécurité. Un repli imposé, nécessaire, et qui nous a permis d’interroger la définition-même du verbe « habiter ».

Strasbourg triomphe toujours, et sa résilience se traduit d’ores et déjà par les nombreux projets immobiliers et urbanistiques en cours. Des projets qui partagent la même volonté de privilégier à la fois l’humain et l’environnement.

Ce second numéro du magazine horssérie Or Norme Habiter s’inscrit dans cette volonté de saisir les enjeux du vivre-ensemble à différentes échelles, de la pièce à l’immeuble et jusqu’à la ville, à l’image des cercles concentriques provoqués par le jet d’une pierre dans l’eau.

Smart City inclusive, construction éco-responsable ou encore réflexion citoyenne sur l’espace public, Strasbourg et ses acteurs repensent les logiques du bâti à l’aune des défis sociaux et environnementaux, pour co-inventer l’avenir du milieu urbain.

Les semaines d’isolement furent l’occasion de mesurer notre besoin de vivre la ville ensemble, mais aussi de changer de paradigme et de nous reconnecter avec notre désir de nature. À nouveau libres, nous avons retrouvé avec plaisir notre ville et son dynamisme, réinvestissant ses espaces et redéployant de la vie dans ses rues, terrasses et parcs.

OR NORME STRASBOURG ORNORMEDIAS 2, rue de la Nuée Bleue 67000 Strasbourg CONTACT contact@ornorme.fr DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Patrick Adler patrick@adler.fr

Plus que jamais, la ville apparaît comme un espace d’interactions et de flux d’énergies, notre socle commun, notre avenir et notre refuge.

Aurélien Montinari Rédacteur en chef de Habiter

DIRECTEUR DE LA RÉDACTION Jean-Luc Fournier jlf@ornorme.fr

PHOTOGRAPHES Alban Hefti Nicolas Roses

RÉDACTEUR EN CHEF Aurélien Montinari

DIRECTION ARTISTIQUE Izhak Agency

RÉDACTION redaction@ornorme.fr Aurélien Montinari Barbara Romero Jean-Luc Fournier

PUBLICITÉ Régis Piétronave 06 32 23 35 81 Valentin Iselin 07 67 46 00 90 publicite@ornorme.fr

IMPRESSION Imprimé en CE COUVERTURE Izhak Agency TIRAGES 15 000 exemplaires Dépôt légal : à parution ISSN 2272-9461



SOMMAIRE IMMOBILIER 10 RIVE GAUCHE CBRE L’immobilier : une valeur ajoutée pour les entreprises

70 CREATIO La créativité tout du long 74

DRATLER DUTHOIT Sédentariser l’acte de construire

16 ALCYS Le logement, un besoin prioritaire 18 IMMOTRUCK “ Créer la première agence mobile ”

DESIGN & DÉCO 78

LE CONCOURS COMMERCE DESIGN “ Créer un parcours d’étonnement dans la ville ”

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NATHALIA MOUTINHO “ Une façon de questionner le monde qui nous entoure ”

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KLAFS SAUNA L’expertise au service du bien-être

22 NEXITY Construire la ville de demain 26

RIVE GAUCHE IMMOBILIER L’immobilier comme un service

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ESPACES ATYPIQUES “ Une clientèle de personnages plutôt que de personnes ”

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NOUVEL R - GROS ŒUVRE ET TRANSFORMATION Travailler de ses mains

92 E-SHOP Inspirantes Ravisseuses 94 PORTFOLIO Olivier Hannauer

SOMMAIRE

ORNORME HORS-SÉRIE HABITER

URBANISME 40 GRAND ENTRETIEN MICKAËL LABBÉ “ La vie urbaine ne doit pas être réduite aux seules solutions techniques ou d’aménagement ” 46

TRIANON RÉSIDENCES “ La volonté de définir le champ des possibles ”

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CLÉMENT WILLEMIN “ Le jeu n’a pas de limite ”

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PARIS JE TE QUITTE “ Strasbourg a tout d’une destination attractive ”

ARCHITECTURE 62

DIABOLO POIVRE De la Strassburger Bank à la Cigogne ivre

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LOCUS ARCHITECTES De l’importance de la nature

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LAMA ARCHITECTES La fusion des talents

RETROUVEZ LE MAGAZINE IMMOVAL EN PAGE 51 —



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IMMOBILIER Strasbourg, une ville toujours en mouvement


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RIVE GAUCHE CBRE

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OR NORME — HORS-SÉRIE Habiter

IMMOBILIER

Texte : Aurélien Montinari

Photos : Nicolas Rosès — DR

L’immobilier : une valeur ajoutée pour les entreprises

Spécialisée dans les transactions immobilières professionnelles, l’agence Rive Gauche CBRE Strasbourg se présente comme un accélérateur de projets qui, audelà de l’écoute et du conseil, co-construit avec ses clients, propriétaires/investisseurs et entreprises, des solutions adaptées à leurs métiers et à leurs objectifs. Une action qui participe au rayonnement de l’Eurométropole strasbourgeoise et plus largement du Bas-Rhin. Implantée depuis 1991 à Schiltigheim, voilà bientôt 30 ans que la société Rive Gauche CBRE accompagne les entreprises dans leurs projets immobiliers, une spécialisation vue comme une mission par Olivier Braun, son directeur : « L’immobilier est un véritable enjeu de développement pour les entreprises, une aventure globale qui participe à la stratégie des entreprises, soutient leur croissance, contribue au bienêtre des salariés et dynamise les territoires. Grâce à notre connaissance approfondie du marché nous veillons à apporter un accompagnement sur mesure aux entreprises de toutes tailles : PME, ETI, groupes nationaux ou internationaux, leur permettant d’appréhender le marché des locaux professionnels que ce soit pour des locaux tertiaires, d’activités ou entrepôts. » UNE DOUBLE EXPERTISE Bénéficiant d’une assise historique et d’une véritable notoriété à Strasbourg, mais aussi dans tout le Bas-Rhin, la société

Rive Gauche CBRE revendique à la fois sa posture locale et sa filiation avec le groupe américain CBRE, leader mondial de l’immobilier d’entreprise, dont elle détient la franchise dans le Bas-Rhin. Une « double casquette », comme le résume Olivier Braun, qui permet à la société de saisir au mieux les besoins de ses clients internationaux ou locaux et de leur présenter ainsi les meilleures opportunités, à l’instar du groupe Dräger, récemment installé à Obernai qui a pris à bail 4 070 m² de locaux d’activités. « Ces entreprises ont une dimension internationale, elles cherchent donc l’expertise d’un groupe lui aussi international. L’effet réseau est très important. Ensuite, derrière ces entreprises, il y a l’aspect local, avec des femmes et des hommes qui font réellement le business », explique Olivier Braun. Une même dimension de groupe, couplée à un ancrage local, et qui a déjà convaincu de prestigieux clients comme Adidas, Geodis ou encore Hager.

En haut : Bâtiment Online sur Archipel


‘‘ Nous travaillons au développement 11 et au rayonnement de notre territoire. ’’ Olivier Braun


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IMMOBILIER

Texte : Aurélien Montinari

Photos : Nicolas Rosès — DR

Bâtiment Vision sur Archipel

RAYONNEMENT TERRITORIAL

‘‘ L’immobilier est un véritable enjeu de développement pour les entreprises, une aventure globale qui participe à leur stratégie. ”

Pour son directeur, Rive Gauche CBRE participe également d’une stratégie de marketing territorial, « nous travaillons au développement et au rayonnement de notre territoire. Auprès des collectivités, des promoteurs et des acteurs du marché, nous formons les maillons d’une chaîne qui fait que Strasbourg et le Bas-Rhin intéressent les entreprises. » Une volonté de valoriser les atouts de notre région, que l’on retrouve justement dans l’un des derniers projets élaborés par le promoteur SAS-3B : le développement de Stras’Coop aux DeuxRives, un programme tertiaire de 5 333 m² dont Rive Gauche CBRE assure la commercialisation exclusive, des bureaux atypiques dans un patrimoine hors du commun au cœur d’un environnement culturel transfrontalier. L’objectif : créer, avec ce nouveau quartier COOP, le futur de l’espace urbain, une nouvelle façon de se retrouver, de travailler. Autre projet qui vient enrichir le territoire, le développement du quartier Archipel qui vient compléter l’offre de bureaux premium sur le marché strasbourgeois. « Le développement des opérations tertiaires du nouveau quartier d’affaires international Archipel répond à une demande émise par des entreprises de grande envergure qui jusqu’alors ne trouvaient pas d’offres adéquates. À terme, ce sont 100 000 m² développés dont 45 000 m² de bureaux que nous proposons à nos clients sur Archipel, sans oublier la suite sur Archipel 2 qui totalisera 45 000 m² de tertiaire. »


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Photos : Nicolas Rosès DR — W Architectes Texte : Aurélien Montinari IMMOBILIER OR NORME — HORS-SÉRIE Habiter

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Stras’coop

LES DÉFIS DE LA CRISE Directement impacté par la crise sanitaire, le monde de l’entreprise a dû repenser son fonctionnement, un bouleversement que Olivier Braun aborde pourtant avec sérénité, « le marché de Strasbourg est sain, ses fondamentaux sont solides. » Une stabilité qui, pour durer, va s’accompagner malgré tout de changements, avec notamment la démocratisation de la pratique du télétravail, qui bouscule les habitudes et influence les velléités des utilisateurs, « on note une baisse sur les demandes de grandes surfaces ; avec le télétravail on cherche désormais à rationaliser ses surfaces. Les entreprises changent de vision quant à la place du bureau dans la vie de chacun et ont

pris confiance quant à l’implication même des salariés dans leur société. » Une réflexion qui porte sur la relation au travail, mais aussi sur les nouveaux comportements de consommation et la restructuration des entreprises, « la crise a révélé le boom du e-commerce et ce au détriment du commerce de proximité. La consommation des Français change, privilégiant de plus en plus de services de livraison, ce qui crée de nouveaux besoins logistiques et donc de nouveaux besoins d’infrastructures. » Un changement de paradigme qui demandera une fois encore la maîtrise des enjeux à la fois globaux et locaux : le cœur de métier de Rive Gauche CBRE.


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ALCYS

Le logement, un besoin prioritaire Promoteur régional et indépendant, Alcys milite pour une « Smart city », une ville plus futée qu’intelligente, avec des logements confortables, mais abordables, des espaces verts, du lien social. Depuis le confinement, ses cogérants estiment que les promoteurs et les pouvoirs publics doivent s’interroger sur les besoins des Français en termes de logement.

IMMOBILIER

Texte : Barbara Romero

Photo : Nicolas Rosès

Aux manettes d’Alcys depuis 2013 avec son associé Carlos Pereira, l’ancien PDG de Trianon Résidences ne regrette pas sa décision. « L’aventure entrepreunariale est la plus valorisante qui soit » estime Frank Maire. « Aujourd’hui, nous employons 10 personnes et construisons entre 150 et 200 logements par an. En tant que promoteur régional indépendant, notre spécificité est de ne pas avoir de chefs au-dessus de nous. Nous n’avons pas de frais de sièges, pas de royalties, ni de gros honoraires de gestion, ce qui nous permet d’être compétitifs. » Alcys n’ambitionne pas la croissance, « mais de bien faire notre métier et de maintenir notre activité. Bien faire les choses est très compliqué dans le bâtiment, car ce n’est pas une science exacte. »

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Frank Maire

LA RÉSIDENCE PRINCIPALE COMME PREMIÈRE ÉPARGNE RETRAITE Autre ambition : être réellement innovant. « Par exemple à la Meinau, nous avons réalisé 66 logements pour le premier projet résidentiel labélisé BBCA, très bas carbone, dans le Grand Est. Nous avons pris la décision de tenter l’aventure en 2016 et nous avons réussi, après mille péripéties », sourit-il. L’ADN de la société ? « Tenter des choses, innover, utiliser des matériaux avec de vraies performances énergétiques, offrir des prestations de qualité supérieure. » Le tout à un prix abordable. « Il faut remonter à l’origine, un logement n’est pas un produit, mais un besoin prioritaire, un refuge. Le Covid a encore plus démontré la valeur d’usage du logement », rappelle Frank Maire. Pour Alcys, « le neuf est par définition un ouvrage de qualité car le plus encadré par la réglementation. Après, tout dépend comment on construit, les hauteurs, les gabarits, la densité de logements. Mais il faut savoir que nous ne choisissons pas, c’est le Plan local d’urbanisme qui détermine ce que l’on peut construire ou non. » Plus encore depuis la crise du Covid, Frank Maire milite pour des prix contenus. « Il faut que le plus grand nombre ait accès à la propriété. La première épargne retraite, c’est la résidence principale. Cela devrait être l’un des premiers objectifs des politiques publiques. » Si la première semaine du confinement a mis un coup d’arrêt aux échanges commerciaux,


Résidence l’Effleure à Dorlisheim

‘‘ Un logement n’est pas un produit, mais 17un besoin prioritaire, un refuge. ’’

très vite les contacts ont repris. « Les gens ont profité du temps donné pour remettre en route leurs projets immobiliers. Parce qu’ils ont réalisé certaines choses, qu’avec des enfants, il faut peut-être une pièce en plus, qu’une terrasse c’est quand même sympa, que le télétravail qui se généralise leur permettrait peut-être de s’éloigner de la ville » rapporte-t-il. « Après l’hypermétropolisation, les politiques publiques vont peut-être réfléchir différemment, en allégeant la métropole, en la reliant à la deuxième couronne avec des transports en commun. » Avec plusieurs constructions en cours du nord au sud de l’Alsace, Alcys travaille déjà sur 2021 avec la création d’un lot de 115 logements avec Nexity sur l’îlot Starlette, « la plus grande ZAC de France, qui permettra de mettre de la vie et de la ville vers le Rhin. »


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Le véhicule-agence Immotruck

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IMMOBILIER Texte : Aurélien Montinari

Photos : DR


IMMOTRUCK

“ Créer la première agence mobile ” Mobilité, proximité, agilité sont les atouts de l’agence immobilière nouvelle génération Immotruck, un véhicule-agence qui redynamise les campagnes en allant à la rencontre des prospects. Christian Gautheron, directeur général d’Immoval nous raconte la genèse de ce concept et nous explique ses avantages sur le terrain. Or Norme. En quoi consiste le concept Immotruck et comment est née cette idée ?

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Cette idée est née par hasard ; nous avions un négociateur chez Immoval qui travaillait beaucoup les secteurs périphériques de Strasbourg et qui rentrait de plus en plus de biens, à tel point qu’à un moment nous avons eu la sensation de perdre l’identité d’Immoval qui est une marque 100% strasbourgeoise, plutôt positionnée haut de gamme. L’idée était de potentiellement ouvrir des agences physiques à l’extérieur, en périphérie de Strasbourg, sur la zone de l’Eurométropole. De là est né le concept d’une agence mobile : Immotruck était né. Nous voulions créer la première agence mobile qui pourrait aller de village en village et se positionner sur les places centrales, comme les marchés par exemple, afin de ramener du service là où l’on a plutôt tendance à voir les services quitter les campagnes. Nous voulions réintroduire le service de proximité et toucher des clients qui n’ont pas toujours envie d’aller franchir le seuil d’une agence immobilière classique. Or Norme. Vous évoquiez les services, lesquels exactement et pour quels secteurs ? Immotruck est une agence mobile qui a tous les codes de l’agence immobilière, à savoir les travaux d’estimation des biens et la mise en vente avec tous les outils d’une agence moderne. Immotruck allie

finalement deux très vieux métiers qui sont celui d’agent immobilier et de marchand ambulant, mais avec tout le modernisme et tous les outils 3.0 que l’on utilise dans l’immobilier de nos jours : la photo HD, la visite virtuelle et la promotion des biens via Internet ainsi que sur tous les canaux professionnels de l’immobilier. On retrouve aujourd’hui nos trucks sur toute l’Eurométropole, et même un peu plus loin, comme à Obernai ou à Molsheim. Or Norme. Vous parliez de la fusion de deux métiers, quels sont les avantages du truck, et pour l’agent et pour le client ? Ce qu’Immotruck apporte à ses clients en qualité de service, c’est avant tout de la proximité et une connaissance pointue des secteurs sur lesquels évolue le truck. Les agents immobiliers Immotruck prennent des emplacements sur des places de parkings ou des places de marchés de façon récurrente et s’inscrivent ainsi dans le paysage commercial de leur secteur ; nous, comme nos clients, avons des habitudes, si bien que nous faisons les courses toutes les semaines à la même heure. Les agents Immotruck deviennent en quelque sorte des référents et tissent des liens précieux avec leurs clients au quotidien. Le truck est idéal pour lier des liens de proximité avec les clients puisque c’est l’agence tout entière qui se déplace au domicile du candidat vendeur ou du candidat acheteur avec tous les outils digitaux embarqués. Le truck est le lien parfait entre le digital et le besoin de contact physique lors d’une mise en vente ou d’un achat - et de ce fait il s’inscrit dans une nouvelle économie, celle du phygital. Or Norme. Quelles sont les valeurs portées par Immotruck ? Les maîtres mots d’Immotruck sont : la mobilité, l’expertise locale, la facilité de mise en relation


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IMMOBILIER

Texte : Aurélien Montinari

Photos : DR

Christian Gautheron

Les agents Immotruck

et une très grande disponibilité. Il est difficile de se retrouver devant une porte close ; l’agent Immotruck est toujours disponible, il est l’expert de son secteur qu’il sillonne au quotidien, et utilise tous les outils de communication classiques notamment pour les prises de rendez-vous. Or Norme. Dans quelle mesure le marché de l’immobilier a été impacté par la crise sanitaire ? Il se trouve que le concept Immotruck répond assez naturellement aux besoins sanitaires. Dans la mesure où le truck est mobile, il est par définition à l’extérieur, il n’y a pas d’angoisse de la part du client d’entrer dans un endroit clos, d’aller pousser des portes qui ont été poussées par d’autres… Nous avons bien évidemment mis en place un protocole : nos agents sont munis de masques, il y a du gel à disposition, on ne distribue plus nos flyers manuellement, tout est constamment nettoyé… On bénéfice également des protocoles sanitaires mis en place sur les supermarchés partenaires, nous nous mettons donc en adéquation avec ces directives. Pour le reste, et malgré la crise, le marché reste assez dynamique. Nous avons pu observer ces derniers mois chez Immoval le fait que beaucoup de clients urbains cherchaient à quitter la ville pour acquérir une maison avec un jardin ou un appartement avec terrasse, des biens que l’on va trouver plus facilement sur les grandes communes de l’Eurométropole, le terrain de jeu de l’Immotruck.

Or Norme. Quel avenir pour Immotruck ? Pour le moment nous développons notre toile en régional, sur le Bas-Rhin. Évidemment, cette expertise que l’on acquiert au niveau régional a vocation à être dupliquée de la même manière à échelle nationale ; il n’y a pas de raison que ce maillage ne puisse pas fonctionner sur l’ensemble de la France.

‘‘ Le truck (…) s’inscrit dans une nouvelle économie, celle du phygital. ” Nous espérons donc pouvoir développer cette marque au niveau national. Nous avions déjà beaucoup avancé dans ce sens avant le Covid-19. Le virus a ralenti ce développement que l’on espère bien relancer avec le même enthousiasme qu’en début d’année.


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IMMOBILIER

En haut : Le projet Triangle En bas: Le projet Vision Nexity

Texte : Barbara Romero

Photos : Nicolas Rosès — DR


NEXITY

Construire la ville de demain Historiquement promoteur, Nexity se définit désormais comme une « plateforme de services immobiliers » assurant autant la promotion que la gestion des biens. Un savoir-faire à 360 degrés qui lui une offre une approche globale et un vrai service au client. Administration de biens, location, gérance, property management, résidences étudiantes ou de services aux seniors, mais aussi promotion : Nexity est sur tous les fronts. « Au niveau national, sur nos 11 000 collaborateurs, les trois-quarts travaillent pour la gestion de services immobiliers », précise Arnaud Ferrière, directeur général Alsace-Lorraine. Depuis quelques années, nous faisons travailler les différents métiers ensemble pour une approche plus globale. Nous gérons nos immeubles. C’est pour cela que nous sommes très intéressés par les messages forts de la nouvelle maire de Strasbourg qui souhaite réduire la consommation dans la promotion et l’exploitation. » MONTRER LES BONS RÉFLEXES EN MATIÈRE DE CONSOMMATION D’ÉNERGIE Nexity s’inscrit comme un acteur majeur de la ville de demain avec une nette conscience environnementale depuis trois ans, dans tous ses projets de construction, mais aussi en agissant auprès de ses résidents.

‘‘  23 Nous voulons travailler sur une ville plus solidaire.”

« Nos confrères en gestion d’immeubles sont formés à la rénovation énergétique et conseillent les occupants pour qu’ils puissent réduire leur consommation » confie le directeur général. « À l’heure de la digitalisation, nous avons également mis en place l’application Eugénie qui permet aux acquéreurs de gérer la domotique, mais aussi de suivre leur consommation en lien avec le syndic pour qu’ils apprennent à prendre les bons réflexes. » Dans la promotion aussi, la démarche éco-responsable de Nexity se renforce depuis 2-3 ans, « avec l’objectif à l’horizon 2030 de réduire de 35 % l’émission de gaz à effet de serre par logement livré », précise Arnaud Ferrière. À l’image de leur futur siège qui sera installé dans les tours Kepler, entre Cronenbourg et Schilitigheim. « Nous avons envie d’y faire une opération exemplaire, avec des bureaux en structure bois et une approche conforme au PACTE de l’Eurométropole » précise le DG. « Nous allons également intégrer un assistant à maître d’usage pour une parfaite intégration dans le quartier. » L’ensemble des métiers et des 130 collaborateurs de la région seront regroupés sur ce site à 7 mn de la gare de Strasbourg, auxquels s’ajouteront 130 logements. « Nous allons créer un quartier mixte, avec une empreinte carbone réduite » confie le directeur. « Nous sommes là pour construire la ville de demain. Nous nous sentons à l’aise, car nous sommes le premier partenaire privé des bailleurs


sociaux, et nous voulons travailler sur une ville plus solidaire. Nous n’avons pas vocation à ne créer que des immeubles accessibles à 5 ou 10 % de la population à 5000 € du m². »

Photos : Nicolas Rosès — DR

TENIR COMPTE DE LA MIXITÉ

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IMMOBILIER

Texte : Barbara Romero

Arnaud Ferrière

‘‘  Notre ambition est de nous adresser à tout le monde.”

Si Nexity est en effet derrière la fameuse tour Vision haut de gamme du Wacken de 48 mètres de haut et 15 étages, Arnaud Ferrière ne cache pas sa plus belle fierté : le projet Triangle sur l’ancien centre de tri postal à Schilitgheim. Un ensemble mixte sur 3 ha avec maisons individuelles, logements intermédiaires, logements collectifs et sociaux, et un foyer de jeunes actifs. « Nous avons atteint notre objectif d’attirer des gens du quartier et des primo-arrivants avec un prix attractif de 3 000 € du m², vendu avec une TVA à 5,5 % », précise-t-il, avant d’ajouter : « Ces deux opérations sont complémentaires. Et nous assumons Vision car nous avons respecté un recul important entre la cité Ungemach et les logements au sud du boulevard de Dresde. Notre ambition est de nous adresser à tout le monde. » Grâce à un réseau solide et une digitalisation importante du groupe, Nexity a traversé au mieux la crise sanitaire. « Nous avons réussi à faire des réservations en ligne grâce à une signature sécurisée, car le besoin en logements était toujours présent » précise Arnaud Ferrière. « Ce projet était dans les tuyaux, mais le confinement a accéléré ces décisions. » Les collaborateurs ont aussi pu rester en lien avec les clients grâce à Eugénie, l’application développée par Nexity. Et pour rassurer les futurs acquéreurs, l’agence alsacienne n’a pas hésité à filmer la reprise des chantiers. « Nous avons tenu à rester en lien, car ce n’est pas rien d’investir et les gens qui avaient des projets en cours s’inquiétaient », conclut le directeur général pour qui, définitivement, la communication et la solidarité doivent être au cœur des métiers de l’immobilier.


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RIVE GAUCHE IMMOBILER

L’immobilier comme un service

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Texte : Barbara Romero

Photos : Nicolas Rosès — DR

Fondé en 1991 par Claude Geng, Rive Gauche Immobilier est l’un des rares promoteurs et constructeurs régionaux indépendants à œuvrer à la fois dans le tertiaire et le résidentiel depuis l’arrivée de son directeur associé Emmanuel Martin. Sans être dans le secret des dieux, ce qui frappe en rencontrant Claude Geng, fondateur de Rive Gauche Immobilier, et son bras droit Emmanuel Martin, c’est la dimension sociale, humaine, et environnementale qu’ils accordent à tous leurs projets. « Une entreprise doit d’abord créer de la richesse, mais aussi avec le sens du bien commun » estime Claude Geng. « Les promoteurs ont un rôle social à jouer. Nous devons être un élément de la collectivité quand nous pouvons le faire. » À l’origine dans le conseil en entreprise, Claude Geng s’est lancé dans l’immobilier en 1991. Sensible aux enjeux environnementaux bien avant le Grenelle de l’environnement, on lui doit notamment les bureaux du BTP à l’Espace européen de l’entreprise, premier immeuble en région, et deuxième en France, à obtenir une double certification HQE-BBC. « Un agent immobilier est là pour vendre des biens existants,«rappelle-t-il.«Lorsque nous avons décidé de passer à la maîtrise d’ouvrage en tertiaire, j’ai essayé de faire autre chose pour me différencier. Quand Emmanuel Martin nous a rejoint en 2009, nous avons décidé de ne plus faire que des bureaux, et nous sommes passés au montage d’opérations complexes. »

LE BÂTI COMME PASSION Rive Gauche Immobilier se distingue alors par son aisance sur les friches industrielles, avec une première expérience sur le site de Strafor. « Je l’ai vendu à un fond anglais et j’ai appris à ce moment-là ce qu’est un exercice de dépollution. » Avec la livraison du siège de la Banque Populaire en 2012, Rive Gauche passe encore une étape décisive pour la suite de son histoire. « Ce chantier de 17 000 m² nécessitait des compétences environnementales et financières pointues. Nous sortions tout doucement de la crise des subprimes, nous avons eu de la chance d’avoir la Banque Populaire. Cela nous a permis de nous familiariser avec le résidentiel et ça a été un vrai élément déclencheur. »

‘‘  Nous devons être un élément de la collectivité. ”


Site de la Malterie et MK2

Le projet Krystal

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Claude Geng

Emmanuel Martin


Photos : Nicolas Rosès — DR Texte : Barbara Romero IMMOBILIER OR NORME — HORS-SÉRIE Habiter

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Alors qu’il aurait pu revendre des millions une friche industrielle à Bischheim dont il est propriétaire, Claude Geng a décidé de mettre cette ingénierie au service de la collectivité. « Je n’avais pas envie de vendre car j’adore ce métier, l’acte de bâtir, c’est un métier passionnant », confie-t-il. Ils décident alors de réaliser le projet Krystal eux-mêmes, avec Vauban Immobilier. Soit 208 logements en cours de livraison, et un espace vert de 3200 m², avec des arbres plantés en pleine terre et une aire de jeux pour les enfants. « Nous avons voulu donner du sens à ce projet, proposer des logements très confortables à moins de 3000 € du m² », précise Emmanuel Martin. « Nous observons un problème de fond depuis trois ans, avec la flambée du prix du foncier » rebondit Claude Geng. « Si nous voulons des immeubles respectueux de l’environnement, ils vont être plus chers à construire avec le prix des terrains en train de flamber. »

les deux », sourient-ils – un projet de 120 logements de haut standing, un foyer pour les frères Oblats et une chapelle, dans le quartier européen en face des logements étudiants du CROUS. Les espaces verts et terrasses y occuperont un tiers du terrain global, « pour être reconfiné en toute sérénité », s’amusent-ils, « avec un système de géothermie inédit ».

‘‘  Si nous voulons des immeubles respectueux de l’environnement, ils vont être plus chers à construire avec le prix des terrains en train de flamber.”

RÉINVENTER L’IMMOBILIER Soutien de l’AAPEI (Association des Amis et Parents d’Enfants Inadaptés), Rive Gauche a décidé de mettre l’un des appartements de Krystal à disposition de jeunes adultes handicapés pour leur apprendre l’autonomie. Claude Geng est aussi mécène de l’Opéra du Rhin pour offrir au public « empêché » d’accéder à l’art lyrique. Fourmillant de projets, Rive Gauche prépare cette fois dans un esprit luxe – « preuve que nous savons faire

Une opération livrée en 2023, entre autres réalisations à Saint-Louis, Oberhausbergen ou sur une friche industrielle de Souffelweyersheim. Avec toujours cet objectif de réinventer l’immobilier, « en essayant d’être créatifs et que cela se voit. Les rêves, c’est bien, Emmanuel est là pour les valider économiquement », conclut Claude Geng considérant l’immobilier, « comme un service, avec une mixité d’usages. »


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IMMOBILIER Texte : Aurélien Montinari

Photos : DR


ESPACES ATYPIQUES

Une clientèle de personnages plutôt que de personnes

Espaces Atypiques : le nom annonce la couleur pour cette agence immobilière qui a su faire de la singularité sa marque de fabrique. Cécile Franck-Weyhaubt, directrice associée, nous parle d’une autre approche du métier d’agent immobilier et de biens à l’image de leurs propriétaires, atypiques, forcément ! Or Norme. Quel est l’ADN d’Espaces Atypiques, en quoi cette agence se singularise-t-elle ? Nous sommes spécialisés dans tous les biens hors norme, les biens qui sortent du commun ; rien à voir avec ce que l’on trouve chez les agences immobilières traditionnelles. Notre ADN s’est créé à Paris en 2008. Le fondateur d’Espaces Atypiques, Julien Haussy, était un violoniste accompli avec un fort intérêt pour l’architecture et le design. Il a fait une carrière dans la finance, puis il s’est rendu compte qu’il voulait vivre de sa passion ; c’est quelqu’un qui a rénové plusieurs

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Appartement de cachet au cœur de la Petite France avec vue sur les canaux

lieux atypiques dans Paris, des anciens ateliers, etc. Quand il a été face à la problématique de la revente, il s’est rendu compte que les agences immobilières traditionnelles n’étaient pas capables d’évaluer les biens à leur juste valeur et qu’elles n’arrivaient pas à trouver les bons clients via des canaux de communication ciblés. Il a donc décidé de tout plaquer en 2008 pour pouvoir créer son agence immobilière spécialisée dans ce type de biens d’exception. Ainsi, à l’origine, l’ADN d’Espaces Atypiques ce sont des biens de type lofts, c’est-à-dire des espaces qui sont censés avoir une autre destination (commerciale, artistique) et qui sont transformés en habitations. C’est notre cœur de métier. Par la suite, cette approche s’est étendue à tous les biens qui ont du charme, du caractère et qui reflètent la personnalité de ceux qui vont les habiter.


Or Norme. Effectivement, quand on consulte votre site, on n’imagine non pas les personnes mais je dirais presque les personnages qui pourraient vivre dans ces locaux. Ce sont des biens à part, ce n’est pas la maison de tout le monde.

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Texte : Aurélien Montinari

Photos : DR

Oui, c’est une tendance de pouvoir investir son lieu de vie et d’en faire le reflet de sa personnalité. Nous sommes sur une clientèle de personnages plutôt que de personnes comme vous le dites. Dans notre métier, nous faisons des rencontres absolument extraordinaires. Les propriétaires qui parlent de leurs biens se sont investis, ils ne se sont pas contentés de simplement habiter les lieux, ils se les sont complètement appropriés et il y a une véritable histoire à raconter chaque fois.

‘‘  Nous recrutons nos agents pour leurs valeurs.” Or Norme. Quels types de biens proposez-vous ? Notre catalogue va de l’appartement ancien au centre-ville qui aura une particularité - ça peut être la présence d’un extérieur, d’un détail historique, d’une cheminée… à des constructions extrêmement contemporaines très épurées et très design. Les gens viennent nous voir parce que nous proposons des biens d’exception. Pourtant, c’est quelque chose qui nous dérange un peu car pour nous, le côté exceptionnel conserve une connotation haut de gamme tandis que, chez Espaces Atypiques, nous pouvons avoir dans notre catalogue à la fois un petit appartement sous les toits à deux pas de la cathédrale à Strasbourg, comme un château dans le parc de Villiers près de Paris… Nous sommes sur une offre très large, et en termes de style, et en termes de budget. Or Norme. Vous évoquez d’autres régions de France, vous travaillez donc à l’échelle nationale, est-ce une franchise ? Effectivement, depuis 2008, le fondateur a développé l’agence de Paris vers le reste de la France, à Marseille, puis à Lyon. Ce sont des agences qui lui appartiennent en propre. Puis il a décidé d’ouvrir le concept à la franchise et c’est à partir de là que le réseau s’est étoffé, de façon très rapide et très intense.

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1. Maison d’inspiration Le Corbusier dans les Vosges à côté de la Bresse 2. Cécile Franck-Weyhaubt et Kévin Weyhaubt 3. L’agence Espaces Atypiques à Strasbourg


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Triplex en hypercentre de Strasbourg dans un bâtiment du XVIIe siècle avec vue cathédrale

de la vie, c’est surtout parce qu’ils ont envie de s’investir dans un nouveau projet et de créer un nouvel habitat qui leur ressemble.

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IMMOBILIER

Texte : Aurélien Montinari

Photos : DR

Or Norme. La crise sanitaire a-t-elle eu un impact sur le marché de l’immobilier ? Avez-vous noté des changements dans les demandes de vos clients ?

‘‘  Nous avons hâte d’aborder cette nouvelle étape, l’international donne toujours une nouvelle résonance à la marque... ” En Alsace, nous avons ouvert la 27ème agence Espaces Atypiques, pour une cinquantaine d’agences au total en France. Le réseau ne s’arrête pourtant pas là car nous avons des ambitions de développement à l’international. Nous avons hâte d’aborder cette nouvelle étape, l’international donne toujours une nouvelle résonance à la marque, c’est toujours intéressant de voir que l’on s’inscrit dans un mouvement plus global. Or Norme. Nous avons évoqué les biens, mais qu’en est-il de votre typologie de clients ? Comme nous avons une gamme de biens extrêmement variés, nous avons une typologie de clients assez large, même si l’on retrouve certaines tendances communes comme l’attrait pour l’architecture et la décoration. Nos clients nous contactent souvent pour des projets de second achat. Ils ont entre 35 et 43 ans, ce sont majoritairement des cadres supérieurs et des professions libérales. En termes de statistiques, il faut savoir que les Français changent à peu près tous les 7 ans de lieu d’habitation, c’est un délai qui a cependant tendance à se réduire avec les années, dû aux changements familiaux ou aux déplacements professionnels. Chez Espaces Atypiques, nos clients changent d’habitat tous les 3 ou 4 ans, ce n’est pas uniquement guidé par les contraintes

Nous avons la force d’un réseau national, nous sommes donc en contact très proche avec les directeurs d’agences des autres régions de France. Ce que l’on constate de manière globale, c’est que le marché, tout de suite après le confinement, a connu une poussée très forte. Il y a eu forcément, de manière classique, des Parisiens ou des résidents de grandes villes qui cherchaient à acquérir des résidences secondaires, notamment en bord de mer. Avec le développement du télétravail, les gens ont réalisé que c’était possible de travailler autrement et surtout de chez soi, ils ont donc pu imaginer partir pour d’autres villes où la qualité de vie est plus agréable. Dans le même esprit, nous avons beaucoup de demandes pour des biens comprenant un bureau pour pouvoir télétravailler à la maison, cela devient un critère central, c’est logique quelque part, après ce que les gens ont vécu. En Alsace, on constate une hausse des demandes de biens avec jardin. Or Norme. Quelle actualité pour Espaces Atypiques ? Nous avons une activité assez riche en ce moment, nous sommes en effet en train de changer complètement notre identité visuelle du fait de nos ambitions nationales et internationales, nous avons refait tout notre concept de communication. Notre but est de rester atypiques, singuliers. Une de nos particularités concerne par exemple nos collaborateurs. Chez Espaces Atypiques, 8 personnes sur 10 ne viennent pas de l’immobilier, cela nous distingue encore plus des autres agences immobilières ! Nous avons toujours eu envie de nous entourer de personnes qui ont des valeurs proches de celles de la marque, qui ressemblent un petit peu aux clients qui sont les nôtres. Nous recrutons nos agents pour leurs valeurs plutôt que pour leurs compétences. Les compétences en immobilier cela peut s’acquérir par contre, avoir une vraie personnalité, c’est quelque chose d’unique et c’est ça qui fait de notre métier une véritable aventure humaine.


Villa contemporaine avec piscine Ă Plobsheim

Appartement de cachet sur une des plus belles avenues de Strasbourg

Appartement de cachet sur une des plus belles avenues de Strasbourg

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NOUVEL R - GROS ŒUVRE ET TRANSFORMATION

Travailler de ses mains

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IMMOBILIER

Texte : Barbara Romero

Photos : Nicolas Roses

Seul aux manettes de l’entreprise Nouvel R - Gros œuvre et Transformation, Hervé Stark gère les chantiers de rénovation immobilière de A à Z en tant qu’assistant à maître d’ouvrage. Touche-à-tout, Hervé Stark a multiplié les expériences professionnelles avant de se lancer à nouveau à son compte en 2016. « Après deux expériences infructueuses faute d’expériences suffisantes, j’ai travaillé en tant que chargé d’affaires pour la SNEF, une très grosse boîte. J’ai bénéficié de formations, appris à gérer un devis, un chantier. Je me suis senti prêt. » Quand son directeur régional lui demande de réaliser 500 000 € de chiffre d’affaires en trois mois, il a le déclic. « Je me suis dit que si je pouvais le réaliser pour une société, autant le faire pour moi. » Il crée alors son entreprise, Nouvel R - Gros œuvre et Transformation, basée à Schiltigheim, et monte en parallèle une structure complémentaire avec quatre personnes qui gèrent tous ses chantiers. « Je ne souhaite pas de salariés, c’est trop compliqué à gérer, et les gens qui font leur chiffre d’affaires sont plus motivés par leur chantier. » S’entourer de relations de confiance est pour lui essentiel. « La rénovation est un métier compliqué, on ne crée pas son entreprise du jour au lendemain. Je suis obligé de connaître chaque corps de métier. Il est très important de travailler de ses mains avant de diriger, sinon vous perdez en crédibilité. » NE REFUSER AUCUN CHANTIER Hervé Stark réalise une quarantaine de chantiers par an pour les particuliers, mais aussi les professionnels du tertiaire. « Je ne refuse jamais les petits chantiers, car un travail, même petit, peut en amener un autre,»rappelle-t-il.«Pour se faire connaître, il faut un réseau, bien sûr, mais le bouche-à-oreille reste ce qui fonctionne le mieux. » Son rôle ? Assistant à maître

Hervé Stark

“ Il est très important de travailler de ses mains avant de diriger, sinon vous perdez en crédibilité. ”

d’ouvrage. « J’accompagne le client du premier contact à la remise des clés. Quand j’entre dans un appartement je le vois fini. C’est presque un métier d’architecte, mais sans les diplômes. » Si le confinement a dissuadé certaines personnes de poursuivre leurs projets, Hervé Stark s’en sort plutôt bien. « Nous avons fait énormément de devis avant le confinement, on les a validés pendant et commencés après. C’est une chance que j’ai eue. » Si 2020 sera un cran en-dessous de ce qu’il pouvait espérer, il reste confiant en l’avenir. « Les particuliers vont investir dans leur appartement suite au confinement. Ils s’interrogent aussi sur l’opportunité de pouvoir partir en vacances, du coup, le secteur qui a le plus augmenté son chiffre cette année, ce sont les piscinistes. » Pour Hervé Stark, le B.a.-Ba de la rénovation immobilière, « c’est la communication, car nous avons toujours des surprises sur les chantiers. »


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URBANISME Réfléchir au vivreensemble et à la ville de demain


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Mickaël Labbé

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URBANISME Texte : LE GRAND ENTRETIEN Aurélien Montinari

Photos : Texte : Nicolas Jean-LucRosès Fournier — DR

Photos : Nicolas Rosès — DR


GRAND ENTRETIEN

MICKAËL LABBÉ

“ La vie urbaine ne doit pas être réduite aux seules solutions techniques ou d’aménagement. ” Son livre Reprendre place - Contre l’architecture du mépris, est paru à la fin 2019 et a dû faire face, comme tant d’autres, au black-out du confinement. Malgré tout, il a été suffisamment remarqué par tous ceux qui, à quelque titre que ce soit, jouent un rôle dans les secteurs de l’habitat ou de la politique de la ville et qui ont réussi à faire entendre leur voix au cours des récentes élections municipales, à Strasbourg comme dans les autres grandes villes du pays. Entretien (passionnant) avec Mickaël Labbé, maître de conférence en esthétique et philosophie de l’art à l’université de Strasbourg, spécialiste de l’habitat et de l’aménagement urbain. Or Norme. Vous êtes un philosophe un peu atypique car en fait, après votre thèse sur Le Corbusier, c’est votre expertise dans d’autres domaines qui apparait en pleine lumière puisque vous dites vous-même que durant vos recherches personnelles, vous avez travaillé exclusivement sur l’architecture et l’urbanisme…

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C’est exactement ça. Tout au long de mes études, la plupart des amis autour de moi étaient à l’École d’Architecture où j’étais quasiment en permanence invité lors de leurs « charrettes » et, pendant qu’ils trimaient et au vu de l’incapacité manuelle congénitale qui était la mienne, je ne pouvais les aider qu’en faisant le café. C’est là que je suis tombé sur les livres de Le Corbusier et d’autres architectes, aussi. Et c’est au fur et à mesure que cette passion pour Le Corbusier s’est accentuée… J’ai vite trouvé qu’il y avait là une grande pensée chez quelqu’un qui, certes, pouvait être abondamment critiqué mais qui, indéniablement, fut l’un des très grands créateurs du XXème siècle car il fut non seulement un bon architecte mais aussi, donc, un grand penseur de l’architecture. En même temps, je me suis toujours intéressé à la modernité, à tout ce qui fait que l’on est ce que l’on est, aujourd’hui…

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Or Norme. La récente campagne municipale à Strasbourg, certes compliquée par les plus de trois mois entre les deux tours, n’a pas spécialement fait

émerger les problématiques liées à l’aménagement urbain et au logement. Vous le regrettez ? En fait, ce que j’ai noté, c’est qu’il en a été question toujours un peu dans les mêmes termes : on a entendu parler de bétonisation, on a évoqué la question du logement, des espaces verts, etc. Ce qui veut dire qu’au fond, on continue à utiliser un logiciel qui est finalement assez ancien : une façon très institutionnelle et quelque peu réductrice de traiter ce genre de questions, à mon avis. Rien de substantiellement différent de ce que l’on a pu entendre auparavant : en ne parlant qu’urbanisme, c’est la question plus générale de la ville que l’on rate. C’est une des grandes thèses de mon livre : toute décision spatiale, mettre plus d’espaces verts, piétonniser, etc. doit être prise dans le cadre d’un projet social et politique idéologiquement charpenté. Loin des fétiches, comme je les appelle : végétaliser contre bétoniser, construire plus ou construire moins : la vie urbaine ne doit pas être réduite aux seules solutions techniques ou d’aménagement… La question centrale est de savoir comment construire la ville dans le monde de demain qui sera avant tout marqué par d’immenses préoccupations, essentiellement écologiques. Même s’il y a désormais beaucoup de gens qui réfléchissent de façon intéressante à tout cela, on est encore dans un moment d’entre-deux où l’on pense encore sur des bases anciennes, en n’ayant pas encore inventé ni le logiciel


théorique ni les formes que prendra ce type de nouvel urbanisme. Dans la majorité des discours de campagne que j’ai entendus, j’ai noté pas mal de choses qui n’étaient pas à la hauteur des enjeux qui sont les nôtres malgré le green washing quasi général…

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URBANISME

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Texte : Jean-Luc Fournier

Photos : Nicolas Rosès — DR

Or Norme. N’y a-t-il pas aussi, concernant ces problématiques lourdes, un décalage qui se creuse dramatiquement entre le temps du politique, qui fait qu’à peine élu, on se retrouve quasiment instantanément dans « le coup d’après » et le temps de l’urbaniste ou de l’architecte qui nécessite pas mal de tâtonnements, d’expérimentation et de mise en œuvre de notions qui ne s’élaborent pas forcément très rapidement ?

‘‘ Toute décision spatiale (...) doit être prise dans le cadre d’un projet social et politique idéologiquement charpenté” C’est indéniable. La philosophe Hannah Arendt répétait que l’architecture était marquée par une forme de durabilité et par des choix décisifs. On construit en dur et écologiquement, et ça a toujours un impact qui fait que l’on se retrouve dans une notion de temps quasi géologique, surtout dans nos sociétés où intervient la notion de patrimoine, par exemple. Dans d’autres parties du monde, on s’embarrasse beaucoup moins avec cela… Alors, oui, c’est certain qu’existe ce décalage entre l’obligation de faire, c’est-à-dire prendre des décisions rapides et immédiates, et la somme considérable de réflexions et de précautions qu’il faudrait avoir avant de construire quoique ce soit. Mais il y a aussi une autre réflexion qu’il faut considérer : en France, nous avons un modèle de réflexion assez singulier sur ces questions-là, un modèle qui est extrêmement centralisateur et technocratique. Les grands chantiers sont aux mains d’experts d’État qui imposent un côté très planificateur. Ce modèle peut apparaître en décalage avec les nouvelles aspirations citoyennes sur la manière de produire la ville, loin de cette façon de devoir valider des décisions prises de très haut, loin de ce modèle gestionnaire qui a pu, durant quelques décennies être nécessaire, certes, mais qui est aujourd’hui totalement en décalage avec ce que souhaitent les gens.

Or Norme. Dans votre livre, vous parlez plutôt cash sur ce sujet. Vous écrivez : « Il est plus que temps de contester le langage politique de la ville contemporaine pour pouvoir reprendre place en son sein et exiger de ceux qui fabriquent la ville, architectes, promoteurs, planificateurs, politiques, investisseurs, qu’ils prennent en compte sa destination véritable : servir la vie ordinaire de ses habitants. » Et vous affirmez aussi : « Nos villes sont des zones à défendre face à la spéculation et à l’inflation touristique. » Vous citez des exemples bien connus et identifiés comme Venise, Barcelone ou encore Dubrovnik. C’est aussi le cas de Strasbourg ? Il y a tellement de formes de consultations qui ne représentent absolument pas la possibilité pour les gens de s’approprier les projets, et encore moins de contribuer à les définir. Au final, il y a plein de décisions qui vont carrément à l’encontre des intérêts des habitants eux-mêmes : je citerais en effet, parmi plein d’autres, un aspect que je traite dans le livre comme la tourismophobie, par exemple, le résultat de cette prime au touriste qui engendre chez les habitants un sentiment de dépossession de leur propre ville, comme on a pu incontestablement le constater lors de la dernière édition du Marché de Noël. Ces habitants ont alors le sentiment que la ville se développe sans eux et même contre eux. Ce sont des phénomènes que l’on voit un peu partout dans les grandes villes dans le monde, la gentrification, ces regroupements de types de populations par catégories sociales qui fabriquent assez rapidement une ville-archipel, cette notion que le sociologue Jérôme Fourquet avait bien cernée dans son livre L’archipel français. Bien sûr, il y a toujours eu des ghettos qui regroupaient des catégories très populaires, voire précaires ou au contraire, d’autres, plus bourgeoises mais je trouve que l’on est de plus en plus dans l’entre-soi. Il y a une formule de Guy Debord que je trouve à la fois terrifiante et très vraie : « On est de plus en plus au sein d’un urbanisme qui nous fait vivre isolés ensemble ». Même si ce sont des véritables lames de fond au niveau planétaire, notre ville n’est pas du tout indemne de ces phénomènes-là. S’il est sans doute illusoire d’espérer les éradiquer, il faut en tout cas tout faire pour les contrecarrer et cela passe bien sûr par des décisions politiques. Or Norme. Dans une chronique que vous avez signée sur le Net, vous êtes encore plus sévère concernant des exemples que nous connaissons tous. Je vous cite : « Les sempiternels appels à la rénovation urbaine pour remédier à l’isolement des “quartiers”, les décisions de piétonnisation qui ne manqueront pas de favoriser unilatéralement le commerce et d’augmenter les loyers, le réaménagement mono-fonctionnel d’une place destinée entièrement à la consommation


et excluant d’autres formes d’usage des lieux, la promotion de “lieux de vie” et “d’éco-systèmes” taillés sur mesure pour de jeunes actifs favorisés (dont je suis, dites-vous) réduits à leur identité de “bobos”, et ainsi de suite : longue est la liste des “améliorations” immédiates, opérées en toute bonne foi dont nous aurons à payer les effets. » Force est de réaliser qu’on lit assez rarement ce genre de choses sous la plume d’un spécialiste de l’habitat et de l’aménagement urbain… Vous appelez clairement à la mobilisation citoyenne ? Oui, à l’évidence. Mais on a besoin aussi d’élus, d’architectes et de promoteurs qui ont aussi conscience de ces phénomènes et font le choix de s’engager pour les combattre. Je suis allé maintes fois dans les services d’urbanisme pour rencontrer les experts qui y travaillent ainsi que leur direction. Il y a à l’évidence plein de gens de bonne foi, qui essaient de bien faire leur travail même s’ils en sont souvent empêchés par tout un tas de mécanismes ou de décisions institutionnelles. Il faut s’appuyer sur cette envie de faire et même de bien faire, de bien travailler. Par ailleurs, il y a des gens dont l’intérêt n’est clairement pas de produire de la ville qui soit d’une bonne qualité sociale. Par définition, leur but est de ne faire que du profit même si tous ne sont pas à classer dans cette catégorie-là. Mais tous sont dans un système très complexe et qui ne dépend pas que de la simple bonne volonté des gens. Il faut donc politiser ces choses, au sens large et noble du terme. J’essaie toujours de montrer comment des choses très microscopiques comme piétonniser une rue, par exemple, sont en fait beaucoup plus complexes et beaucoup plus engagées politiquement qu’il n’y paraît. A priori, sur le papier, c’est plutôt bien de piétonniser. Il y a moins de voitures qui circulent, les piétons retrouvent de l’espace, etc. Mais, on sait très bien aussi que cette piétonnisation, c’est aussi plus de bars et de restaurants, ce sont aussi des terrasses qui débordent de plus en plus sur l’espace public et donc cette fameuse mono-fonctionnalité que je cite dans mon livre en prenant l’exemple du réaménagement de la place d’Austerlitz, à Strasbourg. À Barcelone, ils ont réussi in-extremis à réagir car, au fil de quelques décennies, ils en étaient quasiment parvenus à l’imminence d’une sorte de peine de mort urbaine immédiate. Dans des zones très précises, ils ont pris des mesures très intelligentes en limitant drastiquement le nombre de terrasses qui peuvent s’installer ou en édictant des obligations formelles : quand un boulanger ferme, seul un autre boulanger peut le remplacer, par exemple. Dans ces zones-là, aucun nouvel hôtel ne peut voir le jour… C’est donc l’avènement d’une politique qui a pris conscience de ses erreurs antérieures. Sur ce plan, il va falloir pousser un peu vers une forme de prise de conscience plus forte. C’est le bon moment pour Strasbourg car nous n’en sommes heureusement

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Mickaël Labbé

pas encore arrivés au point où en sont arrivées les villes que je citais. Mais, à certains moments-clés de l’année, on s’en rapprochait, avant la crise sanitaire que nous subissons aujourd’hui. Lors du dernier Marché de Noël, il y a eu un immense trop-plein et un vrai ras-le-bol. J’ai trouvé extrêmement salutaires les pétitions citoyennes qui ont circulé mais j’ai été effaré des discours des élus politiques qui ont suivi. La majorité d’entre eux ont montré qu’ils ne comprenaient rien du tout au phénomène : là où énormément d’habitants exprimaient leur droit à la ville, certains ne parlaient que d’attractivité ou de rayonnement. Bon, je veux être bien clair : le tourisme fait partie de l’ADN de notre ville, c’est une évidence et il faut bien se rendre compte que tout cela a longtemps plutôt bien cohabité avec les habitants mais tout à coup, on a dépassé le seuil de tolérance des gens. On a poussé la chose trop loin, voilà. Mais personne n’a jamais dit qu’il fallait supprimer le Marché de Noël ni qu’il ne fallait plus accueillir personne ! Il s’agit juste de faire certaines choses autrement. Tout passe donc, à mon avis, par une très forte politique municipale, mise en œuvre avec beaucoup de détermination et de fermeté. C’est impératif car l’état de la mobilisation citoyenne sur ces sujets n’est clairement pas satisfaisant, pour l’heure. Un rapport de force doit s’installer, les citoyens doivent prendre en main leurs


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URBANISME

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Texte : Jean-Luc Fournier

Photos : Nicolas Rosès — DR

propres affaires et le meilleur moyen c’est de le faire sur des choses très concrètes : la vie de sa rue, de son quartier… C’est quand une question nous concerne très directement que l’on nous voit nous mobiliser mais bon, ce n’est certainement pas en un claquement de doigts que l’on va réinventer une culture démocratique, réellement participative. Mais, ce qui est le plus surprenant, c’est qu’en dépit de pas mal de choses, les habitants continuent à s’intéresser à leur ville. Il y a une vraie envie d’autres pratiques dans une partie sans cesse plus importante de la population. Dans chaque quartier il y a des choses presque microscopiques qui se mettent en œuvre : c’est là-dessus qu’il faut s’appuyer. Or Norme. Dès le début de votre livre, on a déjà signalé que vous illustrez votre propos sur les dangers de la gentrification et de la monofonctionnalité en citant l’exemple de la place d’Austerlitz. Vers la fin du livre, vous citez un autre exemple de place strasbourgeoise, celle du Marché à Neudorf. En quoi serait-elle si emblématique par rapport à tout votre discours jusque-là ? J’ai en effet bien aimé mettre en regard l’une de l’autre ces deux places. Elles ont un passé assez similaire puisque ce sont deux anciens parkings d’une part, et elles ont été réaménagées toutes deux assez récemment. Et cependant, pour moi, elles donnent deux images très différentes de la façon dont on fabrique la ville aujourd’hui. À voir vivre presque quotidiennement la place du Marché à Neudorf, je trouve qu’il y a quelque chose qui fonctionne bien. Elle n’est pas spécialement belle, même rénovée, elle n’est même pas spécialement formidablement réaménagée, mais elle présente une diversité d’usages à tous les moments de la journée et tout cela cohabite extrêmement bien. Vous avez des gens différents qui y viennent et qui passent pour plein de raisons très diverses : il y a évidemment le grand rendez-vous du marché avec pas mal de personnes âgées qui marchent à leur rythme - et du coup, les jeunes actifs doivent s’adapter également à ce rythme-là -, il y a aussi des gamins qui jouent au foot contre les murs de la médiathèque, il y a des propriétaires de chiens, des personnes qui squattent un peu ou des gens qui passent vite pour aller au travail… Cette place réunit à plein de moments différents des gens eux-mêmes très différents les uns des autres : la place du Marché à Neudorf symbolise bien la diversité qui a toujours été présente dans ce quartier. Elle est très saine cette diversité-là et il faudrait qu’il y ait beaucoup plus de lieux qui ressemblent à celui-là.

Or Norme. Est-ce que cela veut dire qu’un réaménagement est réussi quand on ne perd jamais de vue la tradition profonde du lieu, l’usage que les gens ont toujours fait de l’endroit ? Il y a de ça aussi, c’est certain. Mais sans doute aussi y avait-il à Neudorf moins d’intérêts marchands immédiats qu’aux alentours de la place d’Austerlitz. Ceci dit, pour être très clair, je ne regrette pas pour autant ce qu’était l’ancienne place d’Austerlitz : j’ai pratiqué la gare routière Eurolines à 4 heures du matin et je me souviens de la dépose des bus lors du Marché de Noël, au secours ! Il n’y a pas la moindre nostalgie dans ce que j’évoque mais incontestablement, dans les options prises pour le réaménagement de la place d’Austerlitz, on a bien compris l’intérêt économique stratégique du lieu et on en est finalement arrivé à ce que nous connaissons aujourd’hui, quelque chose de totalement uniforme, standardisé et stéréotypé où l’on a perdu cette véritable nécessité urbaine qui est de parvenir à faire cohabiter la diversité des usages. Or Norme. Une toute nouvelle équipe municipale vient d’être élue avec, parmi elle, beaucoup de jeunes élus venus des rangs de l’écologie. Vous pensez qu’elle peut influer rapidement et profondément sur la politique de la ville et de l’habitat ? Certainement. Je pense que selon la municipalité en place, on peut avoir des différences assez sensibles. J’avoue que pour ma part j’ai pas mal d’espoir même si je me situe plutôt dans les paroles de la philosophe Simone Weil qui parlait d’un « espoir dénué d’espérances ». En fait, ce sont les municipalités qui, aujourd’hui, ont un grand poids dans le monde, même face à certains états comme on le voit par exemple à San Francisco ou encore à New-York. Elles ont un vrai rôle à jouer car c’est à partir de l’endroit où l’on vit, localement, que l’on peut transformer les choses. On sent bien poindre cette idée de transformation et on sent aussi qu’elle est exigée. En effet, et moi le premier, nous étions jusqu’à présent bien peu conscients de ce qui nous attend, ne serait-ce que sur le seul plan climatique. Les scientifiques eux-mêmes n’avaient pas cette conscience-là : les 38 °C que la Sibérie a connus il y a quelques semaines n’étaient pas attendus avant dix ans ! C’est donc le moment de tenter des choses capables de lutter contre ce qui nous attend à court terme, et c’est évidemment notre intérêt car nous, les urbains, allons être frappés de plein fouet par le réchauffement climatique. C’est une certitude désormais incontestable et ça tient à la façon dont nos villes se sont construites et aménagées jusqu’alors. Même si, comme d’habitude, les plus pauvres et les


Place du Marché au Neudorf

plus précaires seront frappés en premier, personne, quel que soit son statut social, ne pourra échapper à ces phénomènes climatiques. Il faut donc engager des transformations très substantielles et toute la difficulté est de le faire en maintenant les équilibres sociaux. Il ne faut pas tomber dans la caricature que les adversaires des élus écologiques font : évidemment, il y aura toujours une vie économique intense même si elle est réorientée vers les nouveaux enjeux climatiques. En tout cas, les résultats de l’élection, à Strasbourg comme dans pas mal d’autres grandes villes du pays, représentent un phénomène démocratiquement encourageant dans la volonté de faire autrement. Mais je le répète, tout va se jouer dans la participation effective des citoyens et tout cela sur fond de décrédibilisation accélérée de la parole des élus : c’est extrêmement complexe et en tout cas, aucune formule magique n’existe. Cela se fera sur un temps long, et je pense même personnellement qu’un mandat n’y suffira pas et ne permettra pas fondamentalement de renverser une situation qui est le fruit d’une érosion très lente mais profonde du fonctionnement démocratique de notre société. Ça n’empêche : par tous les

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“ Il faut rendre la notion de participation citoyenne plus désirable. ” moyens et en s’y attelant sans plus perdre de temps, il faut rendre la notion de participation citoyenne plus désirable. Il ne faut pas s’arrêter à certaines expériences très décevantes que l’on a tous connues par le passé : ce n’est pas parce que l’on a pu constater que ça n’a pas marché ici ou là, ou que ce sont toujours les mêmes qui participent à cette expression citoyenne, qu’il faut stopper toute ambition en ce domaine. Il y a sûrement des moyens modernes à mettre en œuvre pour parvenir à de meilleurs résultats mais l’on sait bien que ce sera très lent et très long et que l’on n’atteindra jamais quelque chose de vraiment idéal…


TRIANON RÉSIDENCES

“ La volonté de définir le champ des possibles ” À la tête de Trianon Résidences depuis sept ans, Cédric Simonin est convaincu que les promoteurs immobiliers peuvent être de vrais partenaires des élus pour co-construire la ville de demain, loin des simples postures commerciales. Il applique cette conviction sur le terrain, avec un grand sens du pragmatisme. Or Norme. Un mot tout d’abord sur Trianon Photos : Nicolas Rosès — DR

Résidences, un jeune promoteur immobilier puisque la société a seize ans aujourd’hui… Et le groupe dont nous faisons partie, Vivialys, n’est guère plus âgé puisqu’il a été créé en 1999 par trois amis qui se sont alors lancés avec une idée assez précise

Texte : Jean-Luc Fournier

de l’acte de construire et une volonté assez farouche : ne pas faire comme les autres. Le secret est bien sûr d’essayer d’accompagner les évolutions sociologiques et technologiques et elles n’ont pas manqué, en vingt ans. Le groupe réunit un pôle maison individuelle, un concept innovant qui est le Carré de l’Habitat et enfin

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Trianon Résidences qui est né en 2004. En reprenant Trianon Résidences à l’été 2013, je me suis basé sur les comportements des clients qui, venant du collectif, acquéraient une maison individuelle. Des arguments

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revenaient très souvent, s’ils ne voulaient plus habiter dans un logement collectif, cela tenait à des problématiques liées à la relation à l’autre : irrespect, incivilités, notamment. Du coup, il fallait réfléchir à proposer une offre assez différente. Elle s’est basée sur cinq piliers avec un socle principal basé sur la notion de développement durable : la notion de bien-être, particulièrement liée à la qualité de l’air intérieur, que nous avons

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traité en étroite collaboration avec un professeur allergologue de l’Université de Strasbourg afin de pouvoir travailler avec des industriels pour qu’ils nous fournissent des solutions pérennes. Or Norme. Vous parliez des autres piliers qui sont en quelque sorte l’image de marque de Trianon Résidences. Quels sont-ils ?

Toujours en partant de mon expérience en maisons individuelles, j’ai voulu répondre à une critique souvent entendue : un logement neuf n’a pas d’âme. Alors, nous avons décidé de confier ces halls d’entrée à des artistes, charge à eux de faire perdurer l’histoire du territoire sur lequel la construction a été érigée. Le troisième pilier a été de vraiment accompagner les communes sur lesquelles s’élèvent nos résidences sur les problématiques de mobilité : transports en commun, pistes cyclables, etc., en incitant les usagers de nos immeubles à adhérer à des systèmes assez simples, la mise à disposition de vélos électriques ou celle de véhicules électriques en auto-partage, par exemple. Le quatrième pilier sur lequel s’appuie la société est l’innovation : penser les façades dépolluantes, ou encore imaginer la vision de leur futur appartement mais aussi de son quartier en immersion 3D totale grâce à des lunettes adaptées. Cela fait six ans que nous développons cela. Enfin, le cinquième pilier, ce sont nos propres garanties que nous apportons aux clients. Elles concernent surtout les accidents de la vie, les cas de divorces, décès, ou perte d’emploi, entre autres… Or Norme. Peut-on imaginer qu’un promoteur immobilier puisse s’investir en profondeur dans la définition-même de la politique de la ville auprès des élus, dont c’est bien sûr la mission première ? La question est bien sûr très vaste. Il y a deux notions. La première, et de loin la plus importante, est la temporalité. Une politique publique de la ville s’inscrit sur au moins vingt-cinq ans. Ce qui veut dire, pour nous autres promoteurs, qu’il ne faut pas rentrer dans la logique des clivages politiques. Il faut prendre de la hauteur.


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“ J’ai voulu répondre à une critique souvent entendue : un logement neuf n’a pas d’âme. ”


Des vélos électriques à la disposition des habitants d’une résidence à Cernay (Haut-Rhin)

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Texte : Jean-Luc Fournier

Photos : Nicolas Rosès — DR

Ce problème de temporalité très longue est un vrai souci pour les élus, ils ne sont en place que pour six ans. Mais, et ce n’est pas à la même échelle bien sûr, nous avons nous aussi ce problème de temporalité. Une nouvelle construction en collectif, c’est dix-huit mois pour qu’elle sorte de terre, mais auparavant, il y a au moins six mois de discussion et de négociation avec les élus et un nouveau délai

“ Pour nous autres promoteurs (…) il ne faut pas rentrer dans la logique des clivages politiques. Il faut prendre de la hauteur. ” de six mois pour la préparation complète des formalités administratives en vue d’obtenir le permis de construire. Donc il y a entre trente et trente-six mois entre le moment où l’on entre en contact et la livraison finale du bâti. Et ne perdez pas de vue que ces chiffres ne concernent qu’un bâtiment. Imaginez ce que cela veut dire pour tout un nouveau quartier résidentiel… La seconde notion, c’est qu’il faut que les élus aient une vision précise de leur politique de la ville. Entendons-nous bien : il ne s’agit de blâmer personne, ils ne sont pas toujours des spécialistes de l’urbanisme. Donc, généralement, ils consultent et c’est là qu’il faut comprendre qu’il ne suffit pas de travailler entre élus et promoteurs. En plus, autour de la table, il faut aussi des bailleurs sociaux, des sociologues, des médecins, des urbanistes et j’en passe… Ils peuvent venir d’horizons très différents, c’est d’ailleurs sans doute souhaitable, mais ils doivent tous ne jamais perdre de vue qu’ils sont au service de la vision de la politique de la ville conçue par les élus et clairement exprimée dès le départ. Ce premier cercle doit être rejoint par d’autres :

les industriels du secteur des matériaux du bâtiment, les spécialistes des mobilités urbaines, ceux des innombrables innovations qui nous permettent de mieux communiquer. Les incidences sont vertigineuses, quelquefois : par exemple, certains pensent encore que les véhicules autonomes relèvent de la science-fiction mais ce n’est qu’une question de quelques années avant que cela ne se généralise pour le grand public. Quand je parle d’une politique de la ville qui doit s’élaborer sur au moins vingt-cinq ans, c’est jusque-là qu’il faut avoir la volonté de définir le champ des possibles, sans dogme, de façon pragmatique. Je suis convaincu qu’il faut travailler sans jamais perdre de vue cette temporalité longue, c’est essentiel. Faire adhérer l’ensemble de la population à ce projet-là est l’indispensable deuxième notion. C’est la garantie ultime pour que toutes les décisions publiques, quels qu’en soient les signataires, s’inscrivent dans cet incontournable temps long. C’est l’objectif à atteindre et je sais bien que c’est loin d’être facile. Mais c’est indispensable.


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04 ÉDITO 05 IMMOVAL Entre service, performance et innovation : l’humain 10 06 LOCATION Strasbourg zone tendue 05 08

GESTION LOCATIVE Valoriser le patrimoine

10 TRANSACTION Un service expert 11

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MARCHAND DE BIENS Un savoir-faire unique

12 SYNDIC Mieux vivre ensemble 13 PROFESSIONNEL Un réseau solide au cœur d’une capitale attractive

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14 PRESTIGE Des biens d’exception

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ÉDITO

DES IMMEUBLES ET DES HOMMES… Telle pourrait être la devise de Lionel Burstin et de son groupe, que vous allez découvrir en parcourant les pages de ce magazine – supplément d’HABITER.

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MAGAZINE IMMOVAL

Pour qui connait Lionel et ses qualités humaines, son sens aigu de l’amitié et l’attention qu’il porte aux autres, ce n’est évidemment pas une surprise qu’il ait voulu avant tout mettre en avant les femmes et les hommes qui l’entourent au quotidien, et qui mettent en œuvre la stratégie de développement d’Immoval. En effet, son grand-père René Burstin, lui a bien sûr transmis son expérience et son savoir-faire de l’immobilier, mais avant tout, Lionel a su transposer dans sa vie professionnelle les belles valeurs humaines et de bienveillance dont il a pu bénéficier de ses parents. C’est donc tout naturellement à travers les collaborateurs et collaboratrices du président d’Immoval, que vous allez comprendre toute la palette des services

qu’offre aujourd’hui cette entreprise, qui depuis 1972, année de sa création par Hubert Fischer (à qui Lionel voue une fidélité sans faille), a construit sa réputation de sérieux et de professionnalisme à Strasbourg. Immoval fait partie aujourd’hui, du cercle, somme toute assez restreint, des agences immobilières indépendantes, qui ont su se développer sur l’ensemble des métiers de l’immobilier, en assurant sur chacun d’entre eux, une prestation experte et personnalisée. Jamais à court d’idées, Lionel Burstin et son équipe dirigeante ont encore quelques projets novateurs sur leurs bureaux, dont le point commun est finalement de toujours mieux servir leurs clients, et de leur démontrer que, comme un miroir à l’expression « cœur de pierre », chez Immoval on sait mettre du cœur dans la pierre ! Patrick Adler directeur de publication


IMMOVAL

Entre service, performance et innovation : l’humain. Implantée à Strasbourg depuis 1972, l’agence immobilière Immoval compte aujourd’hui une soixantaine de collaborateurs. L’ADN de l’entreprise : la recherche de performance, le service de haute qualité pour tous ses clients et l’humain, au coeur de son travail et de son développement.

agence immobilière itinérante qui a pour vocation de sillonner la campagne à la rencontre de sa population. « L’humain a une place primordiale, souligne Christian Gautheron, directeur général de l’agence. En entretien, je dis toujours aux candidats que j’ai besoin qu’ils soient heureux quand ils viennent travailler. Un salarié heureux est un salarié productif. Leur bien-être et leur santé nous importent, c’est pour cela que nous mettons à disposition une salle de sport avec un coach, que nous organisons des activités communes…»

“ En immobilier, on participe au bonheur des gens ”

Lionel Burstin Président

Christian Gautheron Directeur Général

« Chez Immoval, nous n’avons pas de dogme immobilier. Nos collaborateurs sont pourvoyeurs d’idées et nous sommes ... différenciants. La seule règle intangible ; respecter et suivre la loi, précise Lionel

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Burstin, président d’Immoval. » Une collaboratrice souhaite ouvrir un service consacré à la location saisonnière – inédit à Strasbourg ? Ils le font. Un autre propose de se lancer sur le marché des bureaux tertiaires ? Le Go est là. Un autre croit au marché de la campagne ? Immoval, spécialisée en immobilier strasbourgeois, lance en 2017 le service Immotruck, une

Si Immoval a une image haut de gamme, pour le duo exécutif, cela se traduit avant tout dans le service. « Nous traitons de la même manière celui qui recherche un studio que celui qui achète une maison de 500 m2 à l’Orangerie. Nous voulons être au service de nos clients », ajoute Christian Gautheron. Comme lorsqu’ils ont été les premiers à mettre des vélos à disposition de leurs locataires pour leur faciliter la vie. « Dans l’immobilier, ce qui m’a toujours plu, c’est que l’on participe au bonheur des gens » confie Lionel Burstin. « Nous sommes dans un contact très connecté dans ce métier, et c’est pourquoi à l’avenir nous souhaitons poursuivre le développement sur le digital, continuer à être différent, saisir les opportunités, et rester à l’écoute de nos clients et de nos salariés », conclut-il.


LOCATION

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Texte : Barbara Roméro

Photos : Alban Hefti

Strasbourg zone tendue Avec l’arrivée de Airbnb à Strasbourg en 2015, les logements saisonniers et les séjours de courte durée ont beaucoup de succès. D’autant plus que depuis 2016, la capitale européenne est une zone tendue, ce qui signifie qu’il y a plus de demandes que d’offres. Conséquence : il est plus difficile de trouver à louer à Strasbourg et les locataires n’ont plus qu’un mois de préavis. Gros tempo pour les agences !

Le saisonnier a explosé depuis quelques années à Strasbourg et il y a maintenant énormément d’offres. De son côté, Immoval est la seule agence immobilière locale à avoir réagi et développé un service commercial spécifique. « Nous gérons une trentaine d’appartements en location saisonnière actuellement, souligne Céline Adam, responsable du service Location chez Immoval. Nous avons à cœur de proposer des services pour tous nos clients et cela passe aussi par des appartements qualitatifs, confortables et bien équipés pour de courtes périodes. » L’émergence de cette tendance du marché immobilier est également un avantage pour les propriétaires : la maitrise de leur patrimoine de manière très précise et flexible. « En confiant leur bien en location saisonnière, les propriétaires ont la possibilité de l’occuper quand ils le souhaitent et de rentabiliser leur investissement le reste du temps. Ainsi, un propriétaire occupant ou qui dispose d’une résidence secondaire pourra mettre son bien en location saisonnière uniquement sur certaines périodes de l’année, en fonction de ses besoins. » Autre avantage certain à la location saisonnière : cela permet de bénéficier d’avantages fiscaux non négligeables. Une belle valeur ajoutée, surtout pour les Strasbourgeois en raison de l’attractivité touristique et parlementaire de la ville, sans compter le bon nombre d’étudiants Erasmus ou de l’Ena qui ne sont présents que pour quelques mois chaque année. « C’est aussi pour cela que le marché est considéré comme tendu à Strasbourg, précise Céline. C’est une ville extrêmement attractive pour les touristes et les étudiants certes, mais également pour les salariés. Il y a donc aussi une forte demande de logements pour des périodes plus longues. ». En répercussion : un préavis d’un mois seulement afin d’accélérer les démarches et permettre une meilleure réactivité au service des locataires.


Yousra Klein & Céline Adam

Cependant, cette activité dynamique sur bien des points n’autorise pas pour autant la flambée du montant des loyers, surtout depuis la loi Alur qui réglemente beaucoup le marché.

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« Le prix d’un loyer ne se limite pas au m². Il dépend également du prix local du marché, de la localisation précise du bien, de ses prestations particulières mais aussi, pour le saisonnier, de la période de l’année, précise Yousra Klein, commerciale dédiée. Il est difficile de donner un prix médian. » En outre, pour les biens en location traditionnelle plus précisément, « Les augmentations de loyers sont encadrées et dépendent également des travaux de rénovation que le propriétaire peut réaliser. Les travaux d’isolation, la pose d’une cuisine équipée, ou tout autre aménagement

permettant une hausse du confort du locataire peuvent être répercutés sur les loyers. A l’inverse, les travaux d’embellissement comme une remise en peinture d’une pièce ne sont plus suffisants pour justifier un changement de prix. » Il est un peu plus difficile dans ces conditions de convaincre les propriétaires de donner un petit coup de frais à leur bien en location mais c’est alors que le reste de l’équipe intervient. « Chez Immoval, nos clients sont guidés à chaque étape de leur projet. Nous confier une mise en location n’est pas une fin en soi et notre équipe de la gestion locative peut prendre le relai afin d’assurer une location positive sur toute sa durée, que ce soit au service des locataires comme des propriétaires. Une assurance souvent appréciée et qui garantit de bonnes relations avec nos clients. »


GESTION

Valoriser le patrimoine Métier essentiel mais pourtant méconnu de la profession, le gestionnaire s’assure que tout est en ordre dans l’appartement,

Photos : DR

la maison, ou le local commercial du locataire. Véritable chef d’orchestre, le gestionnaire gère tout à la fois, les parties techniques,

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Texte : Barbara Roméro

financières et relationnelles, avec un seul objectif en tête : valoriser le patrimoine. Margot Uthdinger, responsable du service Gestion locative nous explique comment elle gère les biens des propriétaires strasbourgeois. « Un bon gestionnaire, c’est un interlocuteur privilégié et unique pour les occupants d’un logement, qui s’assure continuellement de l’état général du bien et du bon fonctionnement, tout cela dans le respect de la législation en vigueur et des intérêts de chacun », nous confie Margot Uthdinger. À la tête du service Gestion locative d’Immoval, elle gère, avec son équipe à Strasbourg, 1600 lots au quotidien. UNE MISSION PLURIELLE Agissant pour le compte du propriétaire, le gestionnaire a pour mission de libérer ce dernier de toutes les formalités administratives. Rédaction du contrat de location, état des lieux, perception du loyer, répartition des charges et bien plus. Le gestionnaire se doit donc de maîtriser parfaitement une réglementation en perpétuelle évolution et s’appuie pour ce faire sur les différents services d’Immoval : comptable, juridique, technique et fiscal.

Margot Uthdinger

INVESTIR SUR LE LONG TERME Le gestionnaire a également pour rôle de maintenir le bien à niveau et de faire réaliser des travaux aux propriétaires afin qu’il reste compétitif. Équiper une cuisine, moderniser une salle de bains, constituent des leviers pour louer plus vite et au meilleur prix. « Les investissements engagés, notamment lors de travaux et grosses rénovations, sont avantageux sur le long terme ; leurs biens auront une meilleure rentabilité, se démarqueront de leurs semblables pour une location plus rapide et plus longue, ce qui sera également profitable lors d’une éventuelle mise en vente du bien », conclut Margot Uthdinger.


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TRANSACTION

Comment anticiper les bons investissements fonciers ? Comment décoder le marché et trouver le moment opportun pour vendre ? L’expert Yann Foessel décrypte le marché strasbourgeois où la demande dépasse largement l’offre et où le prix au m² dans les zones « numéro 1 » a flambé depuis la montée des locations saisonnières.

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Texte : Barbara Roméro

Photos : DR

Un service expert

Yann Foessel

Vous souhaitez investir à Strasbourg et vous offrir un studio, un F1 ou un F2 ? Mieux vaut être en alerte permanente ! « Plus la surface est petite, plus il y a de demandes », souligne Yann Foessel. Sur des secteurs comme Strasbourg centre, Neudorf, ou l’Orangerie par exemple, il suffit de quelques minutes pour vendre ! D’où l’intérêt, selon le professionnel, de faire appel à une agence immobilière. « Les gens sont souvent déçus car les petites surfaces partent trop vite. Chez Immoval, nous sommes une dizaine à prospecter, nous avons une équipe stable, bien intégrée dans le marché et à l’affût de chaque info. Être un syndic de copropriétés nous aide également à avoir un train d’avance sur nos confrères, étant à la source-même des immeubles. » Le meilleur moment pour prospecter ? D’avril à juin. « C’est là où il y a le plus d’offres en investissement, les gens achètent ou vendent pour la rentrée scolaire. » Pour l’agent, la clé, c’est d’être curieux, de visiter beaucoup de biens, de savoir faire des concessions, et

d’avoir pris le temps de valider son investissement avant les visites, « parce qu’il y a toujours plusieurs acquéreurs sur le coup. » L’immobilier reste un bon placement, « car le marché à Strasbourg se porte bien » remarque l’expert. UN MARCHÉ TRÈS DYNAMIQUE « Si vous souhaitez acheter dans un secteur prisé, vous aurez moins de rentabilité à la location, mais un placement plus sécurisé. Par contre, la plus-value à la revente sera plus importante. » Pour ceux qui souhaiteraient vendre, il n’y a pas de moment idéal à Strasbourg. « Le marché est tendu, vous n’avez pas besoin d’attendre », rappelle-t-il. Malgré les événements récents liés à la crise sanitaire, les transactions ne faiblissent pas. « Le marché est très dynamique. Cependant, on n’a pas vraiment de vision future, la crise reste devant nous. Suivant l’évolution de la situation économique, on ne peut pas prévoir la réalité du marché de demain. »


MARCHAND DE BIENS

Un savoir-faire unique Au cœur de la ville de Strasbourg, attractive et évolutive, le service Achat/Revente d’immeubles est une activité qui ne dort jamais. Quelles sont donc les particularités de cette face parfois oubliée de l’immobilier local ?

Afin de répondre à cette demande toujours croissante et dans l’objectif de relever sans cesse de nouveaux défis, l’agence Immoval a su réagir et monter un service dédié à l’achat et à la revente d’immeubles. Spécialisé dans la découpe et la vente en bloc d’immeubles, ce service fonctionne de manière autonome avec Muriel Burstin pour la partie acquisition et Marie Goetzmann pour la commercialisation. Au bénéfice des clients particuliers ou institutionnels concernés : une qualité de service rigoureuse et une palette de prestations très variées. « Forts de notre expérience en matière de découpe d’immeubles et de vente en bloc, nous pouvons offrir à nos clients, acheteurs ou vendeurs, des services très variés et soignés en fonction de leurs besoins. Nous trouvons par exemple des solutions de relogement pour les locataires des immeubles encore occupés. Nous pouvons également réaliser des travaux d’amélioration dans certaines parties de l’immeuble afin de le valoriser au maximum lors de sa mise en vente. Notre ambition : apporter un service complet et personnalisé, adapté à chaque projet quelles que soient ses particularités. »

Muriel Burstin et Marie Goetzmann

En tant qu’agence indépendante exclusivement consacrée à la ville de Strasbourg depuis plus de 45 ans, Immoval a développé une expertise très précise

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et qualifiée au service de ses clients. C’est dans le prolongement de cette relation de confiance établie au fil des ans que l’agence s’est vue confier de plus en plus d’immeubles à la vente. « La vente d’immeubles est une face un peu cachée de l’immobilier au sein d’une ville. Pour les investisseurs comme pour les vendeurs, il n’est pas toujours simple de savoir vers quel professionnel se tourner pour trouver conseils et expertise. »

Des services qui viennent en complément d’une dimension conseil très importante. « Notre métier est également stratégique. Nous sommes là pour conseiller et guider nos investisseurs afin de les aider à optimiser leur opération financière. On aura plutôt tendance à conseiller une vente en bloc si l’objectif est de vendre rapidement, dans le cadre d’une succession par exemple. À l’inverse, si notre client souhaite davantage optimiser son prix de vente, nous lui conseillerons de vendre son bien à la découpe, en prenant le temps nécessaire. » L’équipe gère également le dossier après la vente ou l’achat, « le renfort apporté par le reste de nos équipes est primordial et également une force que nous mobilisons pour servir au mieux nos clients. Dans le cadre d’une découpe d’immeuble par exemple, il faudra ensuite mettre en place une copropriété. C’est là que nos équipes syndic et gestion entrent en scène », conclut Marie Goetzmann.


SYNDIC

Non, le syndic n’est pas là juste pour vous demander de régler les factures ! Son objectif : harmoniser les relations entre propriétaires, valoriser leur patrimoine immobilier, améliorer leur cadre de vie, décharger, écouter, conseiller… Parce que quand la communication va, tout va ! Une façade décrépie, une chaudière collective à bout de souffle, des vélos, mais pas de local pour les garer, un réseau Internet qui ne fonctionne plus… A la tête du service Copropriété d’Immoval depuis 10 ans, Lionel Halphen et son équipe gèrent les bobos du quotidien des centaines de copropriétés en gestion, en lien direct avec leur conseil syndical. « La pierre angulaire du mieux vivre ensemble, c’est notre relation avec le conseil syndical : nous travaillons de concert pour trouver des solutions afin d’améliorer le cadre de vie et les proposer en assemblée générale », rappelle-t-il.

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ON NE FAIT PAS DE BONNE POLITIQUE AVEC DES BONS SENTIMENTS Le syndic n’est donc pas uniquement là pour faire payer les charges et empocher des frais de gestion ? « Bien au contraire, nous sommes là pour aider les gens, et c’est ce qui est gratifiant dans notre métier, sourit Lionel. Certaines grosses agences perdent de vue le client, en abusant par exemple sur les frais annexes. Ce n’est pas la politique maison. »

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Texte : Barbara Roméro

Photos : Alban Hefti — DR

Mieux vivre ensemble

Son rôle ? Valoriser le patrimoine et contenir les dépenses de ses clients. « Nous sommes très vigilants par rapport aux charges par exemple, en trouvant des

Lionel Halphen

moyens de les contenir, en investissant dans l’isolation de la façade, en changeant la chaudière. Il faut savoir que nos honoraires sur les travaux sont minimes, ce n’est pas là notre intérêt. Ce que nous souhaitons, c’est que le bien reste compétitif. » Grâce à leurs compétences juridiques et à leur expertise, les syndics professionnels évitent aux copropriétés de se perdre dans les lois qui ne cessent d’évoluer. « C’est de plus en plus difficile de suivre pour un syndic bénévole. Par ailleurs, les gens sont de plus en plus procéduriers… » Faire primer l’intérêt collectif sur le particulier reste de fait tout un art. Surtout dans des temps où la communication est parfois plus facile via les réseaux qu’entre voisins. NOUVELLE ADRESSE, NOUVEAUX SERVICES « Suite à son déménagement au 22 Avenue de la Paix, Immoval offre désormais à ses clients de nombreux espaces de réunion permettant d’organiser des assemblées générales pour tous types d’immeubles. C’est aussi ça la qualité de service Immoval. »


Pascal Hardy et Nalan Kolat

PROFESSIONEL

Un réseau solide au cœur d’une capitale attractive

Qualité de vie, des infrastructures, situation géographique idéale : sur le papier, Strasbourg a tout pour attirer les grandes entreprises européennes. Situé à la 9ème place en immobilier d’entreprise en France, son marché reste cependant endogène à 80%. Première bonne nouvelle : le marché professionnel à Strasbourg est sain. « Nous avons 3 millions de m² de bureaux sur l’agglomération, dont 142 000 m² disponibles avec 14% d’offre en neuf, détaille Nalan Kolat, négociatrice en immobilier tertiaire. Annuellement, nous plaçons 75 000 m², ce qui nous permet d’avoir deux ans de visibilité. Le marché est sain, l’offre ne manque pas. »

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DES COMMERCES DISPONIBLES ET DES LOYERS EN BAISSE De nombreux commerces à vendre, des loyers prohibitifs dans les rues « numéro 1 » : le commerce à Strasbourg, « c’est compliqué ». Décryptage de Pascal Hardy, négociateur immobilier Professionnel chez Immoval, avec deux constats essentiels : les droits au bail ont largement baissé et le renouvellement des commerces passe par l’alimentaire. « Strasbourg ne se porte pas trop mal par rapport à d’autres villes, mais les

enseignes qui veulent s’installer trouvent les loyers trop chers », relève Pascal Hardy. Comptez ainsi 1500€ du m2 par an, sur les rues « numéro 1 » comme les Grandes Arcades, ou 1000€ rue de la Mésange. Autant dire des situations inaccessibles pour des indépendants ou des franchisés. « Mais on constate que cela baisse depuis un ou deux ans, il y a énormément de commerces à vendre à Strasbourg. Et ceux qui sont remplacés, le sont par de l’alimentaire. ». TROUVER UN EMPLACEMENT IDÉAL Toutefois, son rôle en tant qu’agent n’est pas de conseiller les gens sur ce qu’ils doivent faire ou non, mais de les accompagner. « Je suis là pour faire l’intermédiaire entre un vendeur et un acquéreur, pour trouver un emplacement idéal selon leur projet et leurs moyens. Il ne faut pas penser qu’à sa commission ! Certains sont un peu rêveurs et ne comprennent pas qu’une rue a de la valeur. Il faut aussi expliquer au vendeur qu’il faut rester ferme sur un prix et ne jamais être dans l’urgence, sinon cela casse aussi la valeur de la rue. » Pour être sur tous les bons coups, le spécialiste a développé un solide réseau. « On parle entre agents, avec les commerçants, les infos sont souvent assez secrètes, il faut tendre l’oreille », sourit-il. Et s’armer de patience : les transactions sont longues, avec une moyenne de six mois pour être conclues.


PRESTIGE

Avec un centre-ville historique et un patrimoine architectural exceptionnel, Strasbourg se caractérise par un marché de l’immobilier haut de gamme dynamique. Responsable du service Prestige chez Immoval, Angélique Di Pol Moro nous livre son analyse du marché et décrypte les particularités de la vente de biens de standing.

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Texte : Barbara Roméro

Photos : DR

Des biens d’exception

L’ADN DU MARCHÉ HAUT DE GAMME La qualité du bien joue également un rôle primordial, que ce soit de la construction, de l’aménagement intérieur ou des services proposés. Les bâtiments historiques du centre-ville, lorsqu’ils sont bien entretenus et rénovés, sont souvent considérés comme des biens de prestige de par leur emplacement. Les maisons et immeubles récents, eux, peuvent mettre en avant une architecture audacieuse, une décoration raffinée et surtout des services exclusifs, comme une conciergerie, une piscine ou une salle de sport.

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UN ACCOMPAGNEMENT PERSONNALISÉ ET EN TOUTE DISCRÉTION

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Les experts s’accordent à dire que l’immobilier haut de gamme affiche, et ce depuis plusieurs années, une très bonne santé dans l’Hexagone. Cela est notamment dû aux investisseurs étrangers, amoureux de la France, de son art de vivre et de son prestige. « On a une clientèle alsacienne et étrangère conséquente. Strasbourg est très sollicitée de par sa notoriété et sa situation géographique au cœur de l’Europe. Il y a de la demande, aussi bien pour de la résidence principale que pour de l’investissement » précise Angélique Di Pol Moro.

Angélique Di Pol Moro

Le service Prestige se définit par un lien privilégié et de confiance avec le client, mais aussi par un suivi personnalisé, de qualité, continu et des outils exclusifs haut de gamme, comme les services d’un photographe professionnel. « J’accompagne mes clients à chaque étape du projet, jusqu’au jour de l’acte de vente ou d’achat. Ce sont les petites attentions qui construisent de belles relations entre la négociatrice et son client », conclut Angélique Di Pol Moro. Grâce à son expérience ainsi que sa connaissance experte du marché strasbourgeois, la responsable du service Prestige d’Immoval représente un service dédié, exclusif et personnalisé.


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A R C H I T E C T E - PAY S AG I S T E

CLÉMENT WILLEMIN

La ville de Strasbourg peut s’enorgueillir de posséder de nombreux espaces verts (430 ha) et parcs urbains (150 ha). Ces lieux qui participent à notre bien-être, à notre qualité de vie au quotidien et à la biodiversité abritent également des aires de jeux pour enfants, éléments nécessaires à l’épanouissement physique et psychologique de nos petites têtes blondes. Rencontre avec Clément Willemin, architectepaysagiste à l’origine de nombreux parcs de jeux pour enfants et pour qui ces espaces doivent être des « paysages intermittents ». Or Norme. Pourriez-vous vous présenter ? Je m’appelle Clément Willemin je suis architecte paysagiste, j’ai été formé à l’École du Paysage de Versailles, j’ai créé une société qui s’appelle Base, que j’ai dirigée pendant 20 ans, désormais j’ai une nouvelle société qui s’appelle WALD (Willemin Architecture Landscape Design) car je viens de passer mon diplôme d’architecte. J’ai donc la double formation maintenant, ce qui ne change pas fondamentalement ma pratique. Je

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URBANISME

Texte : Aurélien Montinari

Photos : BASE — Clément Willemin — DR

“  Le jeu n’a pas de limite ”

Clément Willemin

travaille pour les développeurs privés (promoteurs, aménageurs) ou bien pour les marchés publics/espaces publics. Le métier de paysagiste est extraordinaire, on a l’impression de travailler pour le bien commun, c’est très agréable. Quand on est paysagiste, on est un peu en extérieur pour les visites de sites, on a un fort lien avec le monde végétal, le monde du vivant, un lien différent que les purs architectes et designers pour ce qui est du dessin de ou de la notion d’appropriation. Mon approche est moins sur le contrôle que sur l’accompagnement des pratiques, j’aime laisser une grande liberté dans les espaces que je propose. Or Norme. Vous êtes connu internationalement pour vos aires de jeux, un domaine dont on parle pourtant peu… Le sujet de l’enfant dans la ville, et plus précisément du jeu dans la ville, est lié aux notions d’urbanisme et de planification. Parmi toutes les actions que l’on peut mettre en place dans la ville – changer le sens des rues, retirer les voitures, aligner des arbres, mettre des bâtiments plus ou moins haut, plus ou moins denses etc. – je ne connais rien de plus fort que de mettre une aire de jeux dans un quartier. Cela change l’image que les gens ont de leur propre quartier, leurs habitudes de voisinage, leurs pratiques sur le site, leurs liens à leur propre territoire. Par essence, l’espace public change à une vitesse importante, toutes les pratique sportives et ludiques changent rapidement également, chaque année un nouveau sport arrive, on l’a vu récemment avec le Crossfit. La création d’aires de jeux pour enfants est un secteur très dynamique, mais il y a plein de choses à imaginer encore, surtout en France. La Scandinavie et l’Allemagne sont en avance sur nous, il faut dire que la Scandinavie est le pays de l’enfant roi. Chaque pays a sa propre culture des aires de jeux.


Le Parc de Belleville

Lyon et Bordeaux, puis là j’ai deux autres chantiers en cours, un peu dans le même style, dans le nord de Paris. C’est avant tout une histoire d’effort culturel, il faut beaucoup de pédagogie, mais la réglementation française est très stricte donc on est très bien encadré, on peut jouer avec la réglementation pour arriver à quelque chose de différent, tout en restant dans le cadre normatif, essayer de sortir des schémas classiques avec des partenaires, des clients publics éclairés, tels que la Mairie de Paris ou le Grand Lyon ; on arrive alors à sortir des stéréotypes. Or Norme. J’ai vu que vous alliez jusqu’à demander l’avis des riverains… La notion de prise de risque ce n’est pas moi qui l’ai inventée. Les habitants de Paris 20ème, du quartier de Belleville, ont été accompagnés par une opération de concertation qui a été faite en 2005. Cette concertation a été très bien menée, ce sont les habitants qui avaient souhaité une aire de jeux sur le thème de la prise de risque. Nous avions répondu avec le même système de valeurs, la même approche, nous étions donc raccords.

“ Parmi toutes les actions que l’on peut mettre en place dans la ville (...) je ne connais rien de plus fort que de mettre une aire de jeux dans un quartier. ”

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Or Norme. Pour revenir sur deux de vos créations, le parc de Belleville à Paris ou, plus récemment, la vague des Remparts à Lyon, je voulais vous demander comment on aborde des chantiers pareils ? Vous dites plébisciter les aires de jeux qui encouragent la prise de risque, comment composer avec cette donnée intrinsèque au développement de l’enfant et en même temps avec les pouvoirs publics et les parents ? J’avoue que ce n’est pas évident, je n’y arrive pas à tous les coups ! J’y suis arrivé trois fois, à Paris,

Or Norme. Selon vous, les aires de jeux doivent servir de base aux enfants pour qu’ils inventent eux-mêmes des récits. Comment créer les conditions d’apparition d’une narration par le corps ? Cela renvoie directement à l’imaginaire des enfants, je ne le connais pas mieux que d’autres d’autant plus que je n’ai pas d’enfants, en revanche, avant d’être paysagiste j’ai été marionnettiste, j’ai donc toujours été en contact avec eux. En faisant des marionnettes je me suis rendu compte que les enfants avaient beaucoup


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URBANISME

Texte : Aurélien Montinari

Photos : BASE — Clément Willemin — DR

“ Je pense que ce que l’on va rechercher dans les années futures c’est justement la capacité des lieux à se transformer, à accueillir des pratiques nouvelles. ”

la capacité en l’occupant de le transformer à chaque fois. Je trouve que les photos de paysage sont beaucoup plus jolies quand il y a du monde dessus, souvent dans les revues d’architecture on trouve des choses vides, des lieux où il n’y a personne ou simplement des corbeilles de fruits… Moi j’aime les paysages quand c’est noir de monde. Il faut également garder à l’esprit que les aires de jeux participent d’une forme d’urbanisme transitoire, voire éphémère, leur espérance de vie est de 10 ans, ça passe vite… Or Norme. La crise sanitaire et son corollaire de l’enfermement ont révélé le besoin de jeux, surtout en extérieur. Pensez-vous que cette crise puisse entrainer un questionnement de ce que l’on perçoit comme un espace de jeux ? Par nature, le jeu n’a pas de limite, il se réappro-

d’imagination, qu’ils pouvaient s’imaginer qu’une tête en bois était en train de bouger ses lèvres et de leur parler… Les enfants il ne faut pas trop leur figer l’histoire, il faut qu’ils puissent eux-mêmes s’inventer leurs récits. Pour ce qui est des aires de jeux, il ne faut donc pas chercher à recréer un univers précis, par exemple un scénario fixe, comme un petit train, des dinosaures ou un château fort. Si on les met dans un château fort, ce sera plus difficile pour eux de s’imaginer autre chose, du coup ils n’ont qu’une seule histoire, et au final ils finissent par s’ennuyer. Alors que si on garde un niveau d’abstraction, ou encore mieux, d’ambivalence, c’est-à-dire qu’une chose puisse avoir une valeur et son contraire, qu’un élément puisse être à la fois une voiture et un château fort, une montagne et un bateau, dans ces cas-là, les enfants peuvent se raconter plusieurs histoires successivement, voire en même temps. Nous autres adultes avons besoin de cohérence, mais eux n’en ont pas besoin, ça ne leur pose aucun problème.

prie et transforme les espaces. Effectivement,

Or Norme. L’écrivain Roger Caillois dit : « à chaque nouvelle partie et joueraient-ils toute leur vie, les joueurs se retrouvent à zéro et dans les mêmes conditions qu’au premier début. » Comment concilier permanence du bâti et renouvellement du jeu ?

plus de permissivité.

C’est un bon sujet ! J’ai envie de vous dire peutêtre à travers une certaine neutralité dans les approches, ce qui permet justement aux usagers de prendre possession des espaces et d’avoir

j’ai beaucoup de retours de gens qui, pendant le confinement, se sont mis à réinventer leurs pratiques, notamment dans les cours d’immeubles, moi je me suis remis au tennis en jouant sur un fond de parking… On se rend alors compte que l’on n’a pas nécessairement besoin de tous ces équipements de jeux… Je pense que ce que l’on va rechercher dans les années futures c’est justement la capacité des lieux à se transformer, à accueillir des pratiques nouvelles. J’appelle cela « le paysage intermittent », c’est-à-dire que l’on peut imaginer quelque chose qui n’est pas vu comme un paysage, qui n’est pas équipé, qualifié, ni identifié mais que, ponctuellement, des habitants vont occuper, transformer par leur présence et leurs actes. À ce moment-là, le lieu va devenir actif en fonction des jours de la semaine, des saisons ou d’autres rythmes encore. Ça demande une certaine ouverture et un peu

Or Norme. Vous parliez de Bordeaux tout à l’heure, avez-vous d’autres projets en cours ? Une nouvelle aire de jeux sera livrée bientôt, ce sera le parc de Tremblay-en-France, nouveau parc en cours d’acheminement, un anneau de 25 mètres de diamètre, penché à 15 degrés, dans lequel les enfants pourront courir, comme une sorte de circuit inspiré des escape rooms.


La vague des remparts et le Parc de Belleville

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PARIS JE TE QUITTE

“ Strasbourg a tout d’une destination attractive ” Paris Je te Quitte, le nom de ce site Web fondé par Aurélie de Cooman et Kelly Simon sonne comme une lettre de rupture. Pourtant, derrière cette sentence se cache un projet plein d’espoir et de renouveau, celui d’un départ en province et pourquoi pas, à Strasbourg…

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URBANISME

Texte : Aurélien Montinari

Photos : DR

Or Norme. Pourriez-vous vous présenter et nous présenter Paris Je Te Quitte ? Je m’appelle Aurélie de Cooman, je suis cofondatrice, de Paris Je Te Quitte qui est le média de référence pour les Franciliens, Parisiens, qui ont un projet de départ hors région ; notre cœur de métier c’est la mobilité régionale. Sur notre site les thèmes abordés sont ceux qui correspondent aux trois étapes clés dans un projet de départ, c’est-à-dire : choisir une ville, trouver un emploi et trouver un logement. En parallèle, nous accompagnons les territoires dans la stratégie d’attractivité, ce qui consiste à valoriser leurs atouts auprès de notre audience quotidienne. Celle-ci est axée BtoC, mais dans notre modèle économique, le média est entièrement gratuit pour les lecteurs. Nos clients, ce ne sont pas les Parisiens mais plutôt les annonceurs des territoires. Or Norme. Pourriez-vous nous expliquer ce qu’est un « média pour la mobilité régionale » et le domaine du « marketing territorial » ? Un média pour la mobilité régionale c’est avant tout un média, donc un moyen de véhiculer des informations. Pour nous, concrètement, il s’agit d’un site Web sur lequel on va trouver des contenus soit éditoriaux, soit vidéo, avec des petits outils pour aider à concrétiser un projet de départ. Les différents outils peuvent prendre la forme de plateformes d’information pour le projet immobilier ou sur l’emploi, avec la possibilité de déposer un CV… On ne va pas chercher des gens pour leur dire de partir, notre but

Aurélie de Cooman

est de pouvoir aider des gens qui ont des projets de départ en leur fournissant toutes les informations dont ils peuvent avoir besoin pour trouver la ville, l’emploi ou logement qu’ils recherchent. Le marketing territorial consiste à mettre en avant les atouts d’un territoire. C’est une notion plus large que la qualité de vie. Cela inclut évidemment la qualité de vie, mais comporte également une dimension économique. En effet, l’économie d’un territoire est extrêmement importante pour son dynamisme, les gens ne viendront pas s’il n’y a pas d’emploi… Pour nous l’objectif est de faire venir des personnes extérieures au territoire pour contribuer à son développement. Or Norme. Quel est votre type d’audience ? Qui sont vos clients ? Qu’est-ce que chacun vient chercher sur votre plateforme ? En ce qui concerne l’audience, on va dire qu’audelà des Franciliens qui ont un projet de départ - on s’adresse évidemment à tous ces gens-là - on a observé un profil plus marqué que les autres et


Kelly Simon

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qui correspond aux jeunes couples ou aux jeunes familles. Cette audience correspond à une typologie de gens qui, très souvent, sont arrivés à Paris dans le cadre des études ou pour un premier emploi mais qui ont grandi en province. Ces personnes apprécient Paris et la région parisienne dans les premières années de leur carrière, mais au bout d’un certain temps, quand ils construisent une famille, ils réinterrogent le lieu où ils vivent. L’enfant est l’élément déclencheur de l’envie de partir, notamment pour des questions de logement mais aussi de qualité de vie. Nous voyons malgré tout d’autres types de profils, des étudiants qui sont nés à Paris, ou des personnes à l’approche de la retraite ou juste des célibataires qui veulent changer d’air… Ces personnes viennent chercher sur notre plateforme de l’inspiration et se rassurer. Changer de ville est un projet qui implique beaucoup de bouleversements. C’est à la fois un changement de vie et un changement professionnel, on remet tout à zéro… Pour la partie client, nous accompagnons plutôt les territoires dans la mise en place de leur stratégie

d’attractivité, nous contribuons à leur développement économique, à l’augmentation de leur autorité auprès des cibles intéressantes. Or Norme. Comment aider les gens à mener à bien leur projet de départ en région ? Comment valoriser ces territoires auprès d’eux ? En termes d’aides, ce que nous proposons ce sont des contenus utiles dès le début du projet, dans la phase de réflexion elle-même. On considère que c’est très important de bien penser à tout avant de se lancer dans l’aventure, réfléchir à ce que l’on va quitter, aussi bien qu’à ce que l’on recherche pour le futur. Il faut garder à l’esprit qu’il y a aura des différences, il ne faut pas idéaliser ce changement au risque d’être déçu et vouloir revenir en arrière. On aurait alors fait tout cela pour rien… Il est donc primordial d’être en phase avec la réalité, c’est pourquoi nous conseillons de se déplacer pour visiter, parler avec des gens, etc. Il y a toute cette préparation à prendre en compte.


Or Norme. En quoi Strasbourg peut s’avérer être une destination attractive pour des Parisiens souhaitant déménager en province ?

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URBANISME

Texte : Aurélien Montinari

Photos : DR

Il y a une chose qu’il faut savoir, pour 90 % des gens, la raison numéro 1 du départ c’est améliorer la qualité de vie, même si l’emploi est le premier frein à la mobilité et que les deux vont de pair. Il faut ainsi leur montrer la qualité de vie offerte par Strasbourg et celle-ci englobe beaucoup d’aspects, comme la nature, l’économie, la vie culturelle, etc. À Strasbourg il y a de nombreux atouts

“ Il y a évidemment une particularité à Strasbourg (...) il y a un brassage très fort de cultures différentes et il y a tout un centre d’économies liées aux institutions européennes, à des filières d’excellence. ”

qui peuvent intéresser les Franciliens. Il y a évidemment une particularité à Strasbourg, c’est le côté très international, on est sur une ville à côté d’une frontière et une position de carrefour de l’Europe. Dans la population même, il y a un brassage très fort de cultures différentes et il y a tout un centre d’économies liées aux institutions européennes, à des filières d’excellence, comme dans la technologie notamment. Tout cela permet d’avoir des postes très intéressants. Un des autres avantages de Strasbourg c’est que l’on est sur une grande ville, qui va avoir toutes les propositions de services indispensables, mais à taille plus humaine que Paris, et qui sera assez verte avec de nombreux

parcs et jardins, sans oublier la proximité de montagnes et de plans d’eau. Ce côté nature, c’est un atout considérable. L’offre culturelle est également très importante, Strasbourg est une ville dynamique à ce niveau-là, c’est une ville très vivante qui propose énormément de choses, donc je pense que Strasbourg a tout d’une destination attractive pour les Parisiens. Or Norme. La récente crise sanitaire a-t-elle eu un impact au niveau des velléités de vos clients et de votre lectorat et si oui, lequel ? Nous avons pu constater que le trafic avait beaucoup augmenté sur la fin du confinement, même chose au déconfinement. Nous avons vu une augmentation de 56 % du trafic sur la deuxième partie du confinement et, depuis le 11 mai, il a doublé, donc nous avons eu une très forte croissance, liée directement au déconfinement. Nous avons reçu trois fois plus de CV depuis la fin du confinement sur notre plateforme et le double de demandes de logements par rapport à d’habitude. Nous avons donc senti des intérêts plus forts pour des projets de mobilité. En parallèle, nous avons mené une étude sur l’impact du confinement auprès des gens qui avaient un projet de départ, nous avons interrogé plus de 850 Franciliens, nous leur avons posé plusieurs questions sur leur vécu de la crise. En définitive, nous avons pu noter une accélération du projet de départ. Ainsi, plus de 42 % des gens veulent désormais partir dès que possible, il y a une vraie urgence. Or Norme. Quels sont les projets, les futures étapes de développement de Paris Je Te Quitte ? Notre première ambition est d’élargir ce que l’on fait à l’intégralité du territoire pour pouvoir renseigner tous les gens qui ont besoin d’aide et de conseils, quelle que soit la destination qui les intéresse. Nous venons également de lancer un nouveau projet : une plateforme emplois avec des agents spécialisés qui sont là pour accompagner nos lecteurs dans la recherche d’emploi avec, en parallèle, une plateforme de dépose de CV. Nous sommes à l’écoute de notre communauté pour savoir quels sont ses besoins et proposer ainsi un accompagnement toujours plus poussé.


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ARCHITECTURE Bâtir plus conscient et plus juste


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DIABOLO POIVRE

De la Strassburger Bank à la Cigogne ivre Historiquement siège de la Strassburger Bank dès son édification en 1901, le rez-de-chaussée et le premier étage de l’immeuble remarquable du 24, rue du Vieux-Marché-aux-Vins, restés vacants depuis 1984, ont été repris par le groupe Diabolo Poivre. Un projet ambitieux, un brin dingue, mais qui en jettera !

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ARCHITECTURE

Texte : Barbara Romero

Photos : Nicolas Rosès

Buddha-Bar ou, encore avant, une chaîne australienne de cafés. Gilles et Jérôme ont, eux, décidé de se lancer malgré les contraintes inhérentes au lieu. « Le propriétaire avait déjà investi 800 000 euros de travaux, mais il n’y avait rien, pas d’électricité, d’assainissement, de ventilation, de climatisation, détaille Jérôme. On était dans une banque, il a fallu creuser 1,20 mètre de béton pour faire l’assainissement. » Soit 3 millions d’euros de travaux contre 1,5 million d’euros prévus. Auxquels s’ajoute le droit au bail, pour ces locaux de 800 m2, dont 450 dédiés au public.

L’équipe Diabolo Poivre sur le chantier de Strassburger Bank

Le duo Jérôme Fricker - Gilles Egloff, à la tête du groupe Diabolo Poivre à Strasbourg, fonctionne au coup de cœur, avec toujours l’envie de se faire plaisir, de faire plaisir, et de se marrer surtout. « Nous ne prenons que de beaux emplacements, de beaux endroits, confie Jérôme Fricker. Celui-là est le plus gros et le plus fou, mais je l’avais déjà visité il y a dix ans, et l’on a été conquis par le côté majestueux du lieu. » D’autres l’ont convoité avant d’abandonner, comme tout récemment Big Mamma, ou avant, Franck Meunier qui ambitionnait d’en faire un

ESPRIT PUB ANGLAIS, VERSION CLASSE Accompagné dans tous leurs projets par l’agence Creatio, Diabolo Poivre a la réputation d’un groupe local solide, réalisant du beau et du bon. Chaque établissement naît de leurs voyages ou d’un manque à combler à Strasbourg. Avec The drunky stork social club, ou Le club de la cigogne ivre, on s’attend au projet le plus abouti. Dans un esprit pub anglais mais version social club des années 40 on pourra aussi bien y prendre un verre qu’y manger un morceau, sans priorité aux repas. Même dans la configuration de l’espace, le bar monumental, qui trône au milieu du lieu, fait face à la cuisine vitrée, « pour mettre le bar et la cuisine au même niveau, sans hiérarchie »,


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ARCHITECTURE

Texte : Barbara Romero

Photos : Nicolas Rosès

La Strassburger Bank

précise Gilles Egloff. Objectif : créer une ambiance où l’on se sent autant à l’aise à prendre juste un cocktail qu’à partager un repas d’affaires ou un dîner entre amis. « Nous souhaitons casser les codes de la restauration, précise Gilles. Nous allons proposer une cuisine ludique, à partager ou non, selon les envies de chacun. » Pile dans la tendance de ce qui se fait à Paris ou Londres, The drunky stork proposera des petits plats du monde en portion pour un max de convivialité et de découvertes.

réunions, des team buldings ou des dîners intimes. Idem à l’étage ou deux salles en enfilade, au-dessus des mezzanines, seront à disposition pour des événements privés ou des meetings, avec un espace bar et un autre pouvant être transformé en salle de réunion ou salle à manger. LES CONTRAINTES DU BÂTI AVEC LES NORMES ACTUELLES En sous-sol, place à la cuisine, à la chambre froide et aux vestiaires du personnel, cachés derrière les

‘‘ On a été conquis par le côté majestueux du lieu. ’’

toilettes. Tout a dû être conçu de A à Z, avec six mois de retard sur les travaux, entre crise du Covid et la mauvaise surprise de découvrir du plomb. « Nous devons respecter le bâti avec les normes d’aujourd’hui, forcément, cela complexifie le chantier, confie Pascal-Claude Drach, architecte d’intérieur. La salle du haut par exemple est classée, nous avons dû la rénover à l’identique. » Sans parler de la façade classée au titre de monument remar-

DEUX MEZZANINES, DES SALLES PRIVATISABLES, DES VIDÉOS À 360 DEGRÉS…

quable. « Elle fait 16 mètres de haut par 8 mètres de

La configuration du lieu promet d’être assez dingue avec une vertigineuse hauteur sous plafond et deux mezzanines parallèles. La grande verrière offre une belle luminosité au resto social club, disposant de 160 places assises entre banquettes, tabourets de bar et chaises. Au-dessus de l’imposant bar circulaire de verre et de bois, un écran diffusera à 360 degrés des vidéos de designers pensées pour le lieu. Au rez-de-chaussée, deux salles légèrement en retrait permettront aux groupes de se réunir pour des

ultra élégante, mais nous avons été retoqués par

large, nous avons proposé une enseigne extérieure les Bâtiments de France… » Niveau codes couleur, The drunky stork jouera la carte du bleu canard et du vert anglais, avec des touches de rouge, noir et blanc faisant écho aux cigognes locales. À l’image des pubs anglais, la part belle sera faite à l’élégance du bois dans ce nouveau haut lieu de la vie strasbourgeoise où l’on appréciera sans doute de chiller sur les sons de DJ les week-ends. Ouverture programmée mi-novembre.


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LOCUS ARCHITECTES

De l’importance de la nature

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ARCHITECTURE

Texte : Barbara Romero

Photos : Nicolas Rosès - DR

Fondée par Christophe Cunci en 2005, l’agence Locus architectes œuvre autant pour la construction neuve que pour la rénovation du patrimoine. Avec une attention particulière au confort de vie, à la lumière et à la végétation. Le quatuor de Locus architectes, dirigée par Christophe Cunci et Anne-Élodie Becamel, est sur tous les fronts. Réalisation des concours, développement des projets, suivi du chantier… Les architectes, dont la particularité est d’être tous formés à l’école d’ingénieurs l’INSA, gèrent tout de A à Z. Sans hésiter à passer des heures sur les chantiers aux côtés des artisans. « J’ai beaucoup de plaisir à échanger avec eux, sourit Christophe Cunci. Récemment, j’ai passé mon après-midi suspendu au-dessus de l’Odyssée avec un tailleur de pierre. La technique de l’artisan est essentielle, c’est lui qui réalise le bâtiment et assure sa pérennité. » La rénovation du patrimoine est l’une des activités fortes de l’agence. En cours, celle de la Villa Massol, qui sera livrée en septembre, et présentée lors des Journées de l’architecture. « Nous y faisons également du logement, même s’il s’agit du siège du Secrétaire général du Conseil de l’Europe. Le patrimoine, ce sont des techniques anciennes intéressantes, mais nous réalisons aussi du neuf. »

Christophe Cunci

‘‘ Il y a autour de nous (…) des écosystèmes incroyables préservés et vivants. ’’

REPENSER L’URBANITÉ Pour le neuf justement, Locus architectes pense qualité de vie et environnement, refusant le terme de « produits » utilisés par certains promoteurs. Assister aux réunions de concertation avec les futurs habitants ne leur fait pas peur ! « Pour les Hirondelles à Lingolsheim par exemple, nous avons fondé notre démarche sur ces rencontres en limitant le nombre de logements par partie commune, en donnant une attention particulière à l’éclairage pour faciliter le lien, en pensant aux extérieurs et à la verdure. » Jardins partagés,

jardins suspendus : depuis toujours, les extérieurs font partie des priorités de l’agence. Une exigence confortée par le confinement : « Le confinement m’a permis de me tourner vers ce qui est peut-être une nouvelle passion : la botanique, confie Christophe Cunci. Il y a autour de nous, en ville, des écosystèmes incroyables, préservés et vivants – d’où l’importance de l’apport de la nature à l’environnement urbain et humain. À nous architectes de l’apporter à l’habitat et de faire en sorte que chacun puisse y avoir accès. »


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LAMA ARCHITECTES

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ARCHITECTURE

Texte : Barbara Romero

Photos : Nicolas Rosès

La fusion des talents Née de la fusion des Architectes et de Meyzaud, l’agence Lama est depuis 2016 une référence en matière de construction ou de rénovation de parkings et de piscines, essentiellement dans le Grand Est, mais aussi sur le reste du territoire. En haut : Caroline Mange En bas, à droite : Maquette projet

En décidant de fusionner, il y a quatre ans, Les Architectes et l’agence Meyzaud souhaitaient devenir « plus dynamiques et plus performants, d’autant que nous avons la même écriture », confie Caroline Mange, l’une des cinq architectes associées. Avec ses partenaire Valérie Almeras, Émilie Depierre, Jean-Mathieu Collard, et Julien Coulon, ils gèrent leurs projets, de l’appel d’offre au pilotage de chantiers. Spécialisée dans les parkings et les piscines, « nous faisons attention dans nos projets à rester sobres, avec des lignes épurées, des matériaux bruts, en maîtrisant les gammes chromatiques, et en privilégiant l’éclairage naturel. »

‘‘ Nous faisons attention (…) à rester sobres, avec des lignes épurées, des matériaux bruts. ’’

PENSER FLUIDITÉ Derrière de nombreux projets – notamment les piscines du Wacken et d’Obernai – les architectes ont veillé « à l’aménagement autour du bassin, à la praticité des vestiaires et à leur fluidité », précise Caroline Mange. Idem pour les parkings, dont le tout récent de la clinique Rhéna. « Nous privilégions le confort au niveau de la dimension des places et de la circulation des usagers, en prenant garde à l’insertion du site et au travail des façades », ajoute-t-elle. L’agence travaille essentiellement pour des chantiers publics, ce qui lui a permis de ne pas avoir trop pâti du confinement. « Le surcoût lié au retard des chantiers a, par chance, été pris en charge par la Ville, précise Caroline. Durant le confinement, nous étions essentiellement en phase d’études, ce qui nous permet de bien nous en sortir. » En cours, la réalisation d’un parking à la gare de Molsheim, l’extension des vestiaires du stade Exes, ou encore le pôle start’up de la Manufacture des tabacs nouvelle génération.


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CREATIO

La créativité tout du long

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ARCHITECTURE

Texte : Barbara Romero

Photo : Nicolas Rosès — DR

Concepteur, rénovateur et décorateur, Creatio œuvre autant pour l’hôtellerie-restauration que pour le pôle médical ou la partie bureau, depuis 2010. Malgré la crise sanitaire, son carnet de commandes reste plein. Ancien conducteur de travaux chez KS de 2006 à 2010, Sébastien Sicot a accepté de reprendre la gérance de Creatio, société de rénovation, d’aménagement et de décoration basée à Bischheim, il y a maintenant 10 ans. Avec ses 17 collaborateurs, Sébastien Sicot mise « sur la flexibilité et la justesse des prestations avec un service étude et un service travaux intégrés. Nous nous distinguons grâce à la grande diversité des chantiers traités et un développement externe, en faisant appel à des bureaux d’études, des architectes et des designers pour offrir une proposition globale. »

aussi des espaces de formation, de réunion et de restauration, ainsi que 8 logements autonomes. « Outre le caractère architectural et esthétique du projet, nous sommes fiers de pouvoir œuvrer pour cette association qui milite activement pour l’inclusion sociale et citoyenne des personnes en situation de handicap », confie-t-il.

“ Il y aura peut-être à terme une redistribution des cartes, (…) mais il y aura toujours des projets. ”

UNE REPRISE AVEC ENTRAIN Si le confinement a mis les chantiers en cours à l’arrêt, « la reprise se passe et s’est passée avec entrain, se réjouit Sébastien Sicot. Nous sentons que les donneurs d’ordre n’ont pas arrêté leurs projets. Il y aura peut-être à terme une redistribution des cartes, notamment dans l’hôtellerie-restauration, mais il y aura toujours des projets. » Parmi ceux qui lui tiennent à cœur, la transformation de l’hôtel Le Felsbourg à Mutzig en un foyer d’hébergement de 34 chambres pour l’ADAPEI Papillons Blancs d’Alsace. Sur une surface de plus de 3000 m², le lieu comprendra

Déjà sensible aux questions environnementales à travers la formation, la politique d’achat, le recyclage et le tri, Creatio veut aller encore plus loin en changeant sa flotte de véhicules.

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À droite : 1. East Canteen 2. Les Petites Cocottes 3. Le Square Delicatessen 4. Sébastien Sicot 5. La Hache 6. Supertonic


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DRATLER DUTHOIT

Sédentariser l’acte de construire

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ARCHITECTURE

Texte : Barbara Romero

Photos : Nicolas Rosès - DR

Depuis qu’ils ont créé leur agence Dratler et Duthoit, il y a deux ans, rue de Rosheim, Maxime et Gautier s’attachent à la durabilité des matériaux qu’ils utilisent, à penser local, et à fuir l’uniformisation au profit de l’unique et de l’onirique. Loin d’être des idéalistes, Maxime Dratler et Gautier Duthoit vivent et pensent pile dans l’air du temps. Là où beaucoup utilisent les produits industrialisés, par confort ou par choix, eux privilégient les matériaux les moins transformés possible. Grès des Vosges, bois massif : leurs esquisses intègrent des produits nobles, dénichés à deux pas de chez nous. ÉVITER LA STANDARDISATION « Ce n’est certes pas facile car d’un point de vue juridique les produits industrialisés ont la part belle, expliquent-ils. Si aujourd’hui la cathédrale de Strasbourg devait être reconstruite, elle ne serait pas assurable. »

gique, « c’est la durabilité qui nous préoccupe. » Tout en débarrassant ces matériaux de leur folklore à travers une écriture contemporaine. « Une fois le bâtiment livré, il doit y avoir une communication poétique et onirique, confient-ils. Chaque projet est pour nous unique, et doit s’éloigner de l’uniformisation et de la standardisation. » En cours, l’extension d’une école maternelle à Issenheim, une maison de services à Bourogne et des maisons de particuliers. Avec la crise du Covid, les architectes regardent l’avenir avec sérénité. « Faire plus proche, faire travailler le bassin économique local, en résumé, notre démarche a aujourd’hui encore plus de raison d’être. »

‘‘ Chaque projet est pour nous unique, et doit s’éloigner de l’uniformisation.’’ Mais attachés à leurs valeurs et convaincus par leur démarche, les deux architectes en ont fait leur ADN. « Nous essayons de sédentariser l’acte de construire, en privilégiant aussi le savoir-faire local et les techniques artisanales, et en utilisant les produits les moins transformés possible. » Plus que l’aspect écolo-

Gauthier Duthoit à gauche et Maxime Dratler


Maison ĂŠcologique Dratler Duthoit

École Issenheim

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DESIGN & DÉCO L’espace et les objets s’adaptent aux enjeux contemporains


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LE CONCOURS COMMERCE DESIGN

Peter Hujar

“ Créer un parcours d’étonnement dans la ville ”

Texte : Aurélien Montinari

Photos : DR

Challenge né il y a 15 ans au Canada, le Concours Commerce Design a été relayé à Strasbourg sous l’impulsion de Catherine Salomon, membre de la CCI Alsace Eurométropole, vice-présidente élue en charge du commerce. Cette année, le concours fêtera sa 5ème édition et ses 10 ans à Strasbourg Eurométropole. Une décennie consacrée à la valorisation des commerces et de leur design, ou comment fonctionnalité et esthétique peuvent sublimer l’expérience des clients. Or Norme. En quoi consiste le Concours Commerce Design, d’où provient cette initiative ? C’est à Montréal que s’est tenu pour la première fois, en 1995, le Concours Commerce Design, concours destiné à récompenser les commerçants pour la qualité de leur aménagement intérieur et extérieur avec toutes les composantes inhérentes au design. Il permet de

DESIGN & DÉCO

valoriser leurs efforts. Il faut en effet garder à l’esprit qu’élaborer un concept design novateur et différent c’est une prise de risque pour un chef d’entreprise. Ce concours souligne aussi le talent des architectes, aménageurs et designers associés. L’objectif est de

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créer un parcours d’étonnement dans la ville et sur le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg. Nous voulons inciter le consommateur ou le visiteur à découvrir des concepts qu’il ne verra peut-être pas ailleurs,

‘‘ Nous voulons inciter le consommateur ou le visiteur à découvrir des concepts qu’il ne verra peut-être pas ailleurs (…) c’est tout l’inverse de l’uniformisation des concepts déclinés à l’infini.”

Catherine Salomon

justement parce qu’ils ont un design différent, c’est tout l’inverse de l’uniformisation des concepts reproduits à l’infini. Ce concours est décliné ailleurs dans le monde. En France, Strasbourg a été l’une des premières villes à aborder cette démarche de valorisation du point de vente et de son design. Or Norme. Comment l’univers du design et du commerce peut-il participer à la valorisation de l’attractivité d’une ville ? Grâce à ce concours, une ville ou une métropole affiche le dynamisme de sa centralité, son côté novateur, moderne, et ses propositions de concepts singuliers. Il permet également à tous les acteurs, habitants, professionnels, institutionnels de valoriser avec fierté leur territoire. C’est en stimulant l’innovation que l’on participe à l’attractivité de la ville de Strasbourg et de l’Eurométropole. La Collectivité et la CC I doivent être des initiateurs pour stimuler et accompagner la création et la rénovation des points de vente. Nous avons également un devoir de sensibilisation vis-à-vis de nos entreprises et c’est pourquoi, en aval du Concours Commerce Design, nous proposons aux dirigeants de participer à des ateliers thématiques spécialisés (éclairage pour doper les ventes, marketing olfactif, etc.). À ce titre et dans la continuité du concours, nous avons créé une prestation d’accompagnement spécifique pour les dirigeants qui souhaitent tout de même transformer leur point de vente sans avoir de grands moyens financiers.


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Le prix Commerce Design


Photos : DR Texte : Aurélien Montinari DESIGN & DÉCO OR NORME — HORS-SÉRIE Habiter

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Le Concours Commerce Design 2018

Cette prestation, inspirée du home staging permet, avec l’aide d’un professionnel du design et de l’aménagement d’intérieur, de réaliser un relooking du point de vente à moindre coût. La finalité de ce travail dépasse le simple bénéfice économique qui découle de cette transformation. Or Norme. Vous voulez dire que cela va au-delà de l’acte d’achat lui-même ? Évidemment ! Le jury dans son évaluation tient compte de plusieurs critères lors de la sélection des lauréats du concours. L’histoire associée au point de vente est portée par son dirigeant. L’importance est accordée au bien-être des clients, mais aussi à celui des salariés, au choix des matériaux et à leur impact carbone, sans oublier la transposition et l’adaptation de la charte graphique à l’univers Web de l’entreprise. L’expérience client commence souvent par la recherche sur le Net avant de franchir la porte du magasin. Or Norme. Quels sont les types de candidats se présentant au Concours Commerce Design ? Ce concours s’adresse aussi bien aux commerçants et aux prestataires de services qu’aux hôteliers et restaurateurs. Au début, nous n’avions pas créé de catégories, le jury appréciait quels étaient les lauréats parmi les candidats qui

les avaient le plus interpellés selon leur grille de notation. Nous, élus de la CCI, ne participons pas au jury. C’est un jury qui est donc totalement neutre, composé de professionnels du design et d’architectes mais aussi de personnes en lien avec l’univers du marketing. Le design est mis ici au service de l’entreprise. Comme tout concours il évolue, c’est pourquoi nous avons décidé cette année de créer des catégories, de manière à avoir une représentation plus large de ce qui se fait dans les différentes formes de commerces. Les catégories sont les commerces traditionnels alimentaires, les commerces traditionnels non-alimentaires, les commerces hybrides, les prestataires de services aux particuliers, les hôteliers et les cafés-bars-restaurants. Nous sommes donc ouverts à un large panel d’activités, qu’il s’agisse d’indépendants ou de franchises. Or Norme. La crise sanitaire a durement frappé le secteur du commerce, comment le design peut-il proposer des solutions pour s’adapter aux nouveaux usages et comportements ? Cette crise a des conséquences économiques douloureuses. Pour ceux qui ont la chance de s’en sortir et de pouvoir rebondir, je pense que justement, cette notion de design est essentielle. Je suis moi-même commerçante et je vois que le consommateur est en train de se poser


plein de questions ; il ne sait pas s’il veut reconsommer comme avant, autant, les mêmes choses, et si ce sera du neuf ou du recyclé. Il veut du Made in France, du local. Les commerçants, avec cette crise, sont obligés d’intégrer ces nouveaux comportements et le design va être au service de ces usages. Dans le parcours client, si l’on aménage une boutique, il est impensable désormais de ne pas prévoir un endroit où l’on va pouvoir se désinfecter les mains, et ce de manière design, pas comme nous l’avons tous fait, dans un premier temps, en posant une bombonne de gel hydroalcoolique sur nos comptoirs. Peut-être qu’à l’avenir on ne rentrera plus directement dans les commerces, peut-être que l’on aura un parcours client plus fluide, même chose par rapport aux matériaux, on tiendra très certainement compte de leur facilité à être désinfectés. On intégrera, à mon sens, la fonction click & collect, l’utilisation des

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tablettes numériques, la dimension des livraisons… On peut imaginer ainsi tout un tas d’apports complémentaires au point de vente. Après ce que le monde a vécu cette année, l’approche par le design est encore plus importante pour le commerce dans l’organisation structurelle de son espace de vente, et nous sommes là pour accompagner cette créativité.


NATHALIA MOUTINHO

“ Une façon de questionner le monde qui nous entoure ” Discipline se fondant dans notre quotidien, le design est une forme d’origine du monde. Nathalia Moutinho, designeuse et enseignante, nous explique en quoi un design conscient des enjeux contemporains a autant à voir avec l’objet qu’avec la liberté et le dialogue.

Je suis issue de l’école d’art, j’ai suivi un parcours classique : un bac d’art appliqué et ensuite je suis rentrée aux Beaux-Arts de Nancy. J’ai fait mon diplôme aux Arts Déco en passant par une école à Barcelone pour un Master. J’ai toujours été passionnée par le design. J’étais plutôt intéressée par la communication au début, puis j’ai vite compris que c’était plutôt l’objet qui m’attirait. Ensuite, je me suis installée à mon compte. J’ai travaillé au début pour Hermès. Puis je me suis payé mes études d’architecte en faisant les petites mains, j’ai toujours été

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DESIGN & DÉCO

Texte : Aurélien Montinari

Photos : DR

Or Norme. Pourriez-vous vous présenter, nous parler de votre parcours ?

Or Norme. En quoi consiste votre projet Atelier Aile² ? J’ai toujours désiré travailler en équipe, j’ai donc eu rapidement des salariés autour de moi, cela faisait également quelques années que j‘essayais de trouver des associés, et ce pour être dans une démarche évolutive, passer la main... Mon associée de formation architecte est Émilie Cassis. On se complète très bien : j’ai un regard de designer et elle a un regard d’architecte. Notre compétence, c’est la muséographie-scénographie. La muséographie consiste à concevoir une narration, raconter des choses. La scénographie c’est la partie mise en œuvre, comme par exemple le dessin d’un meuble, la création de l’univers audiovisuel ou des interactions avec le public. Notre entreprise se nomme Atelier car nous sommes dans une démarche du « faire ». Or Norme. Quelle est votre définition du mot design ?

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dans cette notion de travail d’équipe. Quand on fait les petites mains, on a les oreilles qui traînent et l’on apprend énormément de choses. Il y avait une vraie difficulté à faire du design il y a 25-30 ans si l’on n’était pas à Paris mais, pour plein de raisons, je n’avais pas cette envie de capitale. Faire du design en région ce n’était pas un débat à ce moment-là, alors qu’aujourd’hui on parle beaucoup de l’échelle locale. J’ai eu du travail petit à petit dans les musées, des missions de muséographie et de scénographie, j’ai alors créé mon entreprise, Atelier Aile².

Nathalia Moutinho

Je vais vous citer une phrase du designer Ettore Sottsass, qui dit que, « Faire du design, ce n’est pas donner forme à un produit plus ou moins stupide pour une industrie plus ou moins luxueuse, (…) le design est une façon de débattre de la vie. » Je trouve que c’est très juste. Le design est une discipline polymorphe, tout est design en fait ! Aujourd’hui on va essayer de faire la différence entre un designer virtuel et un designer à l’ancienne, qui va travailler la matière physique,


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DESIGN & DÉCO

Texte : Aurélien Montinari

Photos : C. Schmitt — Tony Trichanh — DR

le mobilier, l’espace… Le design est partout comme je le disais, mais c’est à la fois un atout - puisque l’on a différentes matières à débats - et en même temps c’est un inconvénient : à force d’être partout, on a l’impression d’être nulle part… Les étudiants ont peur de ne pas être compris, pourtant la grande qualité du designer est d’être justement un généraliste et de venir mettre de la poésie dans le quotidien. C’est la raison pour laquelle on fait appel à nous. Ettore Sottsass est un designer très intéressant pour moi, car il a questionné le langage formel et a déconstruit le rapport aux formes. Avec lui, le design devient sculpture et c’est cette limite avec l’art qui est très intéressante. On écrit l’espace, la matière, le temps, la

‘‘  On écrit l’espace, la matière, le temps, la lumière ; c’est ça le travail du designer. ” lumière ; c’est ça le travail du designer. Effectivement, autour de nous, tout est design : la chaise, la voiture, le sac, le macadam au sol, l’espace, la façon dont on va créer un environnement… Cela fait forcément écho à la manière de vivre et donc, en définitive, à la vie elle-même. Or Norme. En quoi consiste la formation Design de la HEAR ? Comment devient-on designer ? J’enseigne à la HEAR (Haute École des Arts du Rhin) depuis 12 ans maintenant. Pour moi, la chose la plus difficile à acquérir pour les étudiants c’est la liberté. Les étudiants doivent apprendre la liberté, ils doivent trouver leur langage, leur vocabulaire, leurs centres d’intérêts, ça peut paraître banal, mais ce n’est pas simple comme exercice. Je suis moi-même designeuse, je suis moi-même professionnelle, je manipule une discipline qui évolue, je ne travaille pas aujourd’hui comme je le faisais il y a 10 ans, et dans 10 ans je ne le ferai pas de la même manière… Les étudiants ne doivent donc pas me voir comme quelqu’un que l’on doit mimer. Nous sommes tous des apprenants, autant eux que moi, il est donc

nécessaire qu’en premier lieu ils désapprennent ce rapport à la pédagogie et à l’éducation. Ce rapport à la liberté est fondamental. Même si demain on a trouvé une formule sympathique, la bonne forme, la bonne couleur, etc., ce n’est pas une recette que l’on applique lorsque l’on fait du design, c’est plutôt une façon de penser, de questionner le monde qui nous entoure. Le reste, c’est de la technique. Concrètement, si l’on veut manipuler un logiciel, cela s’apprend en deux mois, mais ça ne doit rester qu’un outil ; cela ne nous dit pas ce que l’on doit dessiner, ça c’est nous qui devons l’apprendre, c’est à nous de nous questionner en amont. Par exemple, actuellement, je fais travailler mes étudiants sur la question de l’innovation. C’est l’histoire de nos industries qui nous a amenés aux objets que l’on a. On peut donc se demander si l’objet a une finalité ? Est-ce que la voiture va toujours évoluer ? Est-ce que l’on n’est pas arrivé à une finalité de cet objet ? Nous formons des designers qui sont des généralistes et qui fabriquent eux-mêmes leurs propres métiers, leurs manières de voir les objets qui nous entourent et d’imaginer les futurs objets qu’ils vont créer. Or Norme. Comment les designers peuventils fournir des solutions pour faire face aux problématiques contemporaines ? Depuis 3-4 ans, nous, enseignants, faisons le constat que nos étudiants souffrent de s’entendre dire : « maintenant il va falloir s’occuper de tous les problèmes écologiques, nous, l’ancienne génération, nous avons bien vécu, à vous de gérer les problèmes. » En plus de cela, très vite, le premier réflexe est de dire qu’il faut arrêter de produire, c’est la logique qui veut ça… Résultat, on a en face de nous des étudiants un peu paralysés par ces problématiques. C’est un moment compliqué pour ces jeunes designers qui n’ont qu’une envie : être dans le plaisir de faire, mais qui savent que créer c’est aussi produire des déchets… Donc oui, les designers ont des solutions à apporter mais ils ne sont pas les seuls en fait ! Nous sommes justement en train de mettre en place un programme de recherches, After qui s’adresse aussi aux jeunes diplômés et dont l’idée est de professionnaliser les étudiants, en créant des passerelles avec plusieurs entreprises, en proposant des collaborations. La première mission est de proposer de nouveaux scénarios c’est-à-dire de proposer de nouvelles narrations autour de nos environnements. La question c’est : « comment pourrions-nous vivre ? » Le rapport à l’urbanité, la quantité d’objets que l’on produit, etc. Tout est lié à la question de la matière première ; c’est un état de fait que l’on doit dépasser, on doit penser


Les ĂŠtudiants de la HEAR se prĂŠparent pour la Biennale Internationale du Design

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Photos : DR

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DESIGN & DÉCO

Texte : Aurélien Montinari

Les étudiants de la HEAR en Design

‘‘  Le design est une discipline polymorphe, tout est design en fait ! ”

désormais à la seconde matière. Les déchets sont des ressources ! Donc oui, les champs de l’art et du design sont là pour répondre aux problématiques qui nous entourent, sinon ils finissent dans une galerie ! Pour moi, il faut avant tout décloisonner les choses. Il faudrait que les entreprises puissent entrer en contact plus facilement avec les créateurs et que le dialogue soit plus facile, que l’on ait notamment des outils de langage communs, avec des projets et objectifs eux aussi communs… On pourrait ainsi mettre en place de nouvelles économies, de nouvelles manières de fonctionner et proposer des solutions à certains défis. Il ne faut pas tout considérer comme des problèmes, mais plutôt comme une forme d’héritage. Il faut changer cette image et c’est à nous, enseignants, d’accompagner les étudiants et d’assumer tout cela ensemble. Il faut essayer de retrouver des valeurs et vertus dans ce que l’on fait.


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KLAFS SAUNA

L’expertise au service du bien-être

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DESIGN & DÉCO

Texte : Aurélien Montinari

Photos : DR

Mot finlandais désormais connu dans le monde entier, le sauna conquiert un public toujours plus grand. Dans la région Grand Est, c’est à Orbey que l’on trouve la référence en la matière : Klafs Sauna, marque distribuée par la société Henry-Soredi, une entreprise familiale dirigée par Vanessa Lefakis et Aurélien Henry, et dont le savoir-faire est dédié au bien-être. Née en Finlande il y a environ 1500 ans, la pratique du sauna a su se démocratiser et séduire tous les pays. Art de vivre à part entière, il est le fruit d’un procédé simple - un bain de chaleur sec - associé désormais à des technologies de pointe et un design inventif. Particuliers, salles de sport, hôtels et spas, le sauna s’invite partout : Kiitos Saunasta ! (formule finlandaise pour répondre merci à une invitation au sauna). L’EXIGENCE COMME SIGNATURE Connue pour son professionnalisme et son niveau d’exigence, la société Henry-Soredi œuvre depuis plus d’un demi-siècle dans le domaine du chauffage sanitaire. C’est en 1989, que l’entreprise se lance dans un partenariat avec le 1er fabriquant européen de sauna haut de gamme : Klafs. « Que ce soit d’un point de vue qualitatif, technologique, design ou même écologique, la marque Klafs est un peu la Rolls-Royce du sauna, explique Vanessa Lefakis. « C’est une marque qui a toujours été précurseur, raison pour laquelle mes parents l’avaient sélectionnée à l’époque. C’est un produit magnifique, avec une vraie longévité. Nos plus anciens clients ont leur sauna depuis 30 ans et il est toujours impeccable. » UN SAVOIR-FAIRE QUI FAIT LA DIFFÉRENCE Si la réputation des saunas Klafs n’est plus à faire, c’est que la marque a su mettre l’artisanat au service du bien-être en combinant personnalisation, technologie et design, « Nos saunas sont souvent créés sur mesure, à partir d’un produit au catalogue, il y a donc

un grand travail de conseil en amont. Nous travaillons avec des architectes et des menuisiers issus des Compagnons du Devoir, qui s’occupent de l’installation dans le respect du produit et des lieux. » Avec une quinzaine de modèles disponibles, la marque Klafs est en mesure de répondre à toutes les envies et peut s’adapter à tous les types de chantiers, du sauna d’extérieur au sauna intérieur, classique, rétractable et même démontable ! Le sauna devient ici un élément d’architecture d’intérieur qui sait, tour à tour, sublimer un lieu ou, au contraire, s’effacer ; un parfait exemple de design réussi, à la frontière du beau et de l’utile.

‘‘  Klafs c’est un peu la Rolls-Royce du sauna. ” UNE CULTURE SOLIDE Pays fortement converti au sauna, l’Allemagne exerce une forte influence sur notre région en


En haut : Le sauna modèle Shape par Klafs En bas, à droite : Vanessa Lefakis

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Photos : DR Texte : Aurélien Montinari DESIGN & DÉCO OR NORME — HORS-SÉRIE Habiter

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Le sauna Klafs sur mesure de l’hôtel Chez Julien à Fouday

la matière, « Nous sommes à peu près à 60% de clients particuliers dont 80% sont Alsaciens, le reste provenant en général de Paris ou des Alpes. Ensuite, nous travaillons avec les hôtels et nous avons de nombreuses références dans la région », confie Vanessa Lefakis. Une clientèle dont les comportements d’achat ont été directement influencés par la crise sanitaire et la période de confinement, « Nous avons énormément de demandes de particuliers depuis le déconfinement. Les gens projettent de moins voyager et souhaitent s’aménager un espace bien-être chez eux sauna - hammam », analyse-

t-elle. Si l’industrie hôtelière fait directement les frais de ce revirement, l’investissement dans des prestations et infrastructures de qualité, pourrait justement être un facteur attractif sur le long terme, « La plupart des hôtels finiront par investir dans un espace spa avec sauna ou/et hammam, ce qui fait souvent la différence dans le choix du client. » La culture du sauna et du bien-être au naturel a donc de beaux jours devant elle : « La feuille de papier blanc et le parfum de ta peau, sont assez de matière pour un poème immortel », écrit le poète finlandais Pentti Holappa.


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E-SHOP

Inspirantes Ravisseuses

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DESIGN & DÉCO

Texte : Barbara Romero

Photo : DR

Deux sœurs, Caroline, chineuse professionnelle, et Sophie, décoratrice d’intérieur, une même passion pour la décoration : Les Ravisseuses, c’est le tout nouvel e-shop de la rentrée où l’on déniche leurs pépites chinées au gré de leurs voyages, loin des standards de la décoration. Grâce à leurs regards avisés et leur sens du détail et du beau, Caroline Cicchini et Sophie Placktor dépoussièrent l’univers de la brocante et lui offrent un esprit résolument tendance. Leur ADN ? « Le design mélangé à l’objet d’émotion qui va procurer quelque chose, confient-elles. Ce n’est pas un achat anticipé, mais un achat coup de cœur. » Là où certains restent confus dans le brouhaha des brocantes et vide-greniers, Caroline et Sophie ont cette capacité de trouver du beau et de donner du sens. « Je chinais déjà avec mon papa, j’ai toujours aimé ça » confie Caroline. « Mon truc c’est de trouver l’objet que tout le monde va trouver moche et je vais l’embellir. » Comme ce vieux vase chez mamie qui prendra une allure folle sur une belle desserte design.

‘‘  L’objectif, c’est de créer un univers que l’on aime. On se fait vraiment plaisir dans cette aventure.”

UNE AVENTURE D’ «  ÂMES SŒURS » « Nous fonctionnons au coup de cœur. Il y a par exemple des objets que je sais pouvoir vendre à bon prix, mais je ne les prends pas, car ils ne correspondent pas à ce que j’aime », souligne Caroline. « Nous n’avons pas construit cette aventure dans un but purement commercial, rebondit Sophie. L’objectif, c’est de créer un univers que l’on aime. On se fait vraiment plaisir dans cette aventure. » Complémentaires, les deux sœurs ont chacune leur fonction : Caroline s’occupe de la chine et Sophie de tout l’aspect marketing et graphisme – elle a créé le site de A à Z durant le confinement. « En février, j’ai appelé Caroline en lui disant qu’il fallait que l’on fasse quelque chose ensemble, raconte Sophie. On aime les mêmes choses, on a les mêmes goûts, c’est un peu le côté « âmes sœurs » à distance, alors autant réunir nos compétences. »

L’aventure des Ravisseuses, elles la voient comme un petit plus à leurs vies déjà bien remplies, l’une commerciale à Strasbourg, et l’autre à la tête d’une agence conseil en décoration d’intérieur entre Paris et Bruxelles. Un petit plus qu’elles gèrent avec sérieux. Sur l’e-shop, on trouve environ 150 pièces en permanence, entre objets, petit mobilier, et bijoux vintage ou de petits créateurs français, l’autre passion des deux sœurs. Chaque semaine, on y découvre les dernières trouvailles de Caroline, au taquet dès 6h du matin le dimanche pour dénicher de nouvelles pépites. Inspirantes, Les Ravisseuses nous embarquent dans un univers tout doux, pile dans ce besoin post-confinement de se recentrer et de se concentrer sur son home sweet home.


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Les Ravisseuses, Caroline Cicchini Ă droite et Sophie Placktor


PORTFOLIO Olivier Hannauer

Exposition semi-permanente à la Chouette Galerie Art STRASBOURG, 20 RUE SAINT MARC Jusqu’au au 31 décembre 2020 Les mercredis et vendredis de 17h30 à 19h, les samedis de 10h à 19h et les dimanches de 13h à 19h.


Les Ponts Couverts


Au pied de la CathĂŠdrale de Strasbourg


Les bâtiments de l’Électricité de Strasbourg


Le Stade de la Meinau



L’Église orthodoxe de Tous-lesSaints de Strasbourg


Le cinĂŠma Vox


La Passerelle des Deux Rives



Les tours Black Swans


La Presqu’Île Malraux

La gare de Strasbourg


Les Ponts Couverts et le MAMCS



Le LycĂŠe International des Pontonniers


La CathĂŠdrale de Strasbourg


Presqu’ile depuis porte de France



Eglise St-Pierre Le Jeune

Place de la République



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