STRATEGIE FINALE

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Stratégie d’intervention du CONSERVATOIRE D’ESPACES NATURELS de LORRAINE

2013-2017 Soumise au Conseil Scientifique de 27 mars 2012 Validée par le Bureau du : 12 mai 2012

Conservatoire des Sites Lorrains

Association reconnue de mission d’utilité publique par Arrêté n° 10-DCTAJ-15 du 16 avril 2010

14, rue de l’Église - 57930 FÉNÉTRANGE Tél. : 03 87 03 00 90 - Fax : 03 87 03 00 97 - cslfenetrange@cren-lorraine.fr • www.cren-lorraine.fr Tribunal d’Instance de Sarrebourg Vol XXIII Folio 32 - 11/09/95 - SIRET : 333 915 569 00086 - TVA intracommunautaire : FR 74 333 915 569

À partir d’octobre 2012 Conservatoire d’Espaces Naturels de Lorraine

3, rue Schumann - 57400 SARREBOURG Tél. : 03 87 03 00 90 - Fax : 03 87 03 00 97 - cslfenetrange@cren-lorraine.fr • www.cren-lorraine.fr


Stratégie d’intervention du CSL

Contribution de la mission scientifique validée par le conseil scientifique du 27 mars 2012 et par le Bureau du 12 mai 2012

Vers un agrément officiel o

Les CREN ou CEN, dont le CSL, peuvent être agréés par l’État et la Région au titre de l’article L414-11 du Code de l’Environnement par arrêté ministériel du 7 octobre 2011. Afin de déposer une demande d’agrément auprès des services de l’état et de la Région, le CSL doit élaborer un Plan d’actions quinquennal – PAQ.

Ce PAQ : o Doit déterminer par priorité, les projets que se propose de mener à bien le Conservatoire sur les 5 premières années de l’agrément (L.105‐106) o Doit être établi en cohérence avec les politiques en faveur de la protection de l’environnement (L.107) o Doit indiquer les modalités de la participation de l’organisme à l’inventaire national du patrimoine naturel sur les parcelles dont il est propriétaire ou dont la gestion lui est confiée (L.109‐110) o Peut préciser les conditions dans lesquelles une mission d’expertise technique et scientifique peut être apportée à l’État et au Conseil régional (L.113‐114), o Peut prévoir l’acquisition de Zones humides avec les Agences de l’Eau (L.116‐117) o Doit prévoir la réalisation et la mise en œuvre de plans de gestion (L.119‐120) sur les sites constitués d’ensemble cohérent de parcelles dont il est propriétaire ou dont il assure la gestion. Une réflexion sur la stratégie d’intervention du CSL Dans cette perspective PAQ 2012, mais aussi pour répondre à un besoin interne de cadrage des interventions du CSL, ce document propose une réflexion et des perspectives pour les enjeux espèces, habitats ainsi que par grands types de milieux. Sans être écartée de cette stratégie, l’approche par réseaux écologiques et la mise en perspective dans le cadre de la Grande Région n’ont pu être abordées faute de bases scientifiques fiables et de données disponibles. Ce travail collectif est l’émanation de la mission scientifique. Il a été soumis au Conseil Scientifique pour compléments et validation le 27 mars 2012. Dans un second temps, une priorisation des projets proposés a été faite par le biais d’une consultation des référents de la mission scientifique, du président du Conseil Scientifique, des chargés de mission et des membres du Bureau. Lors du bureau du 12 mai 2012, ces priorités ont été validées (parfois après modification). Les projets proposés sont dotés de niveau de priorité établi selon 3 niveaux allant de 1 à 3 : (cf. Propositions PAQ) 1 – projet prioritaire à mettre en œuvre et finaliser dans les 5 ans 2013/2017 2 – projet intéressant à initier dans les 5 années à venir 2013/2017, 3 – projet non prioritaire à développer ultérieurement (post 2017).

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SOMMAIRE

1 - Historique de la stratégie d’intervention du CSL depuis sa création__________ 4

2 – Projets d’intervention 2013-2017___________________________________ 5 2.1. Cadrage général______________________________________________________________ 5 2.2. Analyse par enjeux espèces et habitats___________________________________________ 5 2.2.1. Rappels du contexte régional________________________________________________ 5 2.2.2. Fiche méthodologique pour l’analyse par groupe taxonomique________________________ 6 2.2.3. Bryoflore (et Characées)___________________________________________________ 6 2.2.4. Flore supérieure_________________________________________________________ 7 2.2.5. Malacofaune___________________________________________________________ 8 2.2.6. Arthropodes (principalement insectes)_________________________________________ 9 2.2.7. Poissons et Écrevisses____________________________________________________ 11 2.2.8. Reptiles et batraciens____________________________________________________ 12 2.2.9. Oiseaux______________________________________________________________ 14 2.2.10. Mammifères__________________________________________________________ 16 2.2.11. Fonge______________________________________________________________ 17 2.2.12. Habitats_____________________________________________________________ 17 2.3. Analyse de l’état des lieux par grand type de milieux_______________________________20 2.3.1. Rappels du contexte régional_______________________________________________ 20 2.3.2. Fiche méthodologique pour l’analyse par type de milieu___________________________ 20 2.3.3. Prés salés_____________________________________________________________ 22 2.3.4. Prairies remarquables____________________________________________________ 23 2.3.5. Pelouses et landes______________________________________________________ 26 2.3.6. Marais et tourbières alcalines______________________________________________ 28 2.3.7. Tourbières acides_______________________________________________________ 29 2.3.8. Lacs et étangs (Mares)___________________________________________________ 31 2.3.9. Cours d’eau___________________________________________________________ 33 2.3.10. Milieux forestiers______________________________________________________ 35 2.3.11. Ecocomplexes alluviaux__________________________________________________ 39

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1 - Historique de la stratégie d’intervention du CSL depuis sa création 1.1 Approche par types de milieux et par site avec des opportunités foncières Entre 1985 et 1995, le CSL s’est largement appuyé sur l’inventaire des ZNIEFF (dont le CSL assuma un temps le secrétariat). Chaque projet d’intervention sur un site était soumis au Conseil Scientifique afin que celui-ci établisse un niveau d’intérêt biologique qui guide le bureau dans son choix d’intervenir ou non. À l’issue de la fin des inventaires ENS pilotés par le CSL, soit en 1996, une synthèse régionale des 1 000 ENS avait été portée à la connaissance du Conseil Scientifique afin qu’il oriente les choix de protection dans un contexte régional mieux connu. Cette synthèse avait été pratiquée par grands types de milieux à l’échelle de la Lorraine. Les constats et propositions suivants en avaient découlé : - la mise en évidence d’une forte proportion des pelouses sèches dans le réseau de sites protégés par le CSL nécessitant une plus forte sélection des nouveaux sites de pelouses portant des enjeux particuliers, notamment pour la flore (suivi flore remarquable des pelouses en 1996) - le constat d’une lacune de protection pour les étangs (aucun étang alors protégé) et pour les prairies, et celui d’un niveau de protection insuffisant pour les tourbières du massif vosgien. - La recommandation de se porter acquéreur d’étangs et d’en débuter la connaissance scientifique notamment dans le cadre du Life Petite Woëvre, - de l’état de conservation de la flore remarquable des zones humides (SE 1998). Le choix des sites protégés a donc résulté de plusieurs démarches complémentaires : - la prospection volontaire de communes (pour des BE) propriétaires de sites retenus (Chauvoncourt, Rosselange…) - l’acquisition (ou à défaut la location) de sites ciblés en propriétés privés (pelouses et tourbières) - l’acquisition via la SAFER ou la location par BE de sites lors de programmes européens (Acnat Prés Salés, ACE Grues, LIFE Vallée alluviale..), - le partenariat avec des communes lors de remembrement (démarche principalement développée notamment en Moselle, Veckersviller, Rimling, Erching… soit des zones humides et pelouses) - l’opportunité de mise en vente via la SAFER.

1.2. Approche par espèce en vue de « plans régionaux de conservation » A partir de 1998, des études scientifiques menées par espèce se sont révélées nécessaires au préalable de la mise en œuvre de protection de sites et plus globalement de « plans de conservation spécifique » : - en 1985, ciblage de la protection des pelouses à Botrychium matricariifolium dans le PNR Vosges du Nord, - en 1998, inventaire des stations de Seneçio sarracenicus en vallée de la Moselle (depuis protection du site majeur de Belleville, inconnu avant cet inventaire) et projets avec VNF sur autres sites, - en 2001, début des inventaires systématiques des prairies à Azuré des paluds et Azuré de la Sanguisorbe avec découverte en 2006 de la dixième métapopulation. En terme de conservation, création/extension de sites Natura 2000, mise en œuvre de MAE régionale AZURE et protection foncière de sites. - en 2002, enquête auprès des pisciculteurs lorrains sur la gestion des poissons patrimoniaux des étangs, - en 2003, enquête sur la répartition du Damier de la Succise en Lorraine avec mise en évidence de la régression de l’espèce en prairie et corrélativement du rôle des pelouses dans sa sauvegarde (influence sur les choix d’objectifs de gestion des sites CSL., - en 2004-2007, étude de répartition des 4 mollusques de la Directive Habitats avec une étude de la faisabilité de la sauvegarde de la Moule perlière dans la Vologne, le Neuné et le Barba. - en 2008, projet identique de l’Azuré de la Gentiane croisette dans le Pays Barrois, avec comme objectif la création d’un réseau de pelouses préservées en partenariat avec les collectivités locales.

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2 – Projets d’intervention 2013-2017 Croiser les enjeux en terme de sites ENS/ZNIEFF et en terme de groupes taxonomiques et d’habitats est la méthode qui a été retenue pour cette contribution. Eu égard au peu de temps disponible tant au sein de l’équipe salariée scientifique qu’aux membres du Conseil Scientifique et afin de parvenir à respecter les délais impartis cette proposition de stratégie apparaît perfectible tant dans ses analyses que ses prescriptions.

2.1. Cadrage général La mission scientifique a pris en charge la rédaction de ce document et notamment en première rédaction : - P. Richard pour l’ensemble des analyses par grands types de milieux, et pour les groupes taxonomiques (Flore, Bryophytes, Malacofaune, Poissons et Crustacés) - J. Dabry pour le vaste groupe des insectes - C. Courte pour les oiseaux, - A. Knochel pour les mammifères, - D. Aumaître pour les reptiles et batraciens, - R. Selinger et JC Ragué pour leurs relectures attentives. Les membres du Conseil Scientifique ont déjà été sollicités individuellement notamment pour les insectes et pour la Fonge.

2.2. Analyse par enjeux espèces et habitats 2.2.1. Rappels du contexte régional Le tableau ci-dessous est un outil de référence pour visualiser la diversité et les enjeux par groupes taxonomiques (attention de vastes pans de la faune ne sont pas pris en compte dans les invertébrés et pour les algues). Il se passe de commentaire car tout un chacun sait : - que la biodiversité se trouve à plus de 80 % au sein des insectes, - que la connaissance actuelle de la biodiversité est balbutiante et que l’on ne travaille qu’avec la « partie visible de l’iceberg » alors que c’est l’ensemble qui devrait être pris en considération. Esp Directives Habitats et Oiseaux

Espèces protégées

Esp Déterminantes ZNIEFF 1

env. 700

4

Pas de liste

63

env. 1 800

2

214

180

env. 300

4

2

13

Nombre d’espèces en Lorraine env. 4500

Champignons Lichens

env. 1 100

Bryophytes Plantes supérieures Mollusques (gastéropodes et bivalves) Insectes

env. 15 000 Coléoptères

env. 4 000

6

5

65

Lépidoptères

env. 2800

6

18

40

Odonates

66

4

6

9

Orthoptères Ephéméroptères, Trichoptères et Plécoptères Hétéroptères

68

3

Env. 300

Pas de liste

34

600

Pas de liste

2

Hyménoptères

env. 5 000

Pas de liste

4

Diptères

env. 5 000

Pas de liste

À préciser

Poissons et crustacées

54

8

24

8

Amphibiens et Reptiles

27

2

26

1

Oiseaux

279

73

201

20

71 env. 24 000

11 117

32 525

2

Mammifères Total espèces connues/supposées

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2.2.2. Fiche méthodologique pour l’analyse par groupe taxonomique L’analyse par groupe s’appuie sur des tableaux présentant soit directement une sélection des espèces à enjeux, soit l’ensemble des espèces avec indications de celles à enjeux (groupe à peu d’espèces). Ces tableaux, consultables en annexes, comportent les statuts des espèces, leur présence au sein de sites CSL et parfois les propositions d’intervention. Pour chaque groupe étudié, l’analyse comporte 3 chapitres : - la connaissance scientifique et ses limites, - un état des lieux de la protection via le réseau de sites CSL et vis les autres protections, - des propositions de stratégie d’intervention dans le cadre du PAQ,

2.2.3. Bryoflore (et Characées) Annexe I - Liste des taxons bryologiques à enjeux

Connaissance scientifique et limites En 2010, T. Mahevas, J. Werner et all, publiaient la première proposition de liste rouge pour la Lorraine sur le groupe des bryophytes. Ce travail s’appuie sur les herbiers du XIXe ainsi que sur les travaux de bryologues de différentes régions ou pays ayant parcouru la Lorraine. Les auteurs estiment que la connaissance de la bryoflore bien qu’imparfaite est d’un niveau suffisant pour apprécier les évolutions de population selon les critères IUCN. La Lorraine compte 744 taxons de mousses, sphaignes et hépathiques dont près de la moitié est plus ou moins menacées à des degrés divers, soit 231 taxons. 60 espèces sont en danger critique et 64 en danger. Que ce soit le massif vosgien ou le plateau lorrain qui pour la bryoflore constituent 2 entités bien différentes, le nombre de taxons spécifiques est assez proche 145 et 178. Globalement la bryoflore des Vosges semble plus menacée (notamment du fait de la disparition de nombreux taxons) que celle du plateau lorrain mais pour celui-ci de nombreuses espèces sont considérées comme potentiellement menacées. Les inventaires de bryophytes au sein des sites protégés par le CSL ont débuté en 2000 avec des expertises confiées à T. Mahevas (CJBNancy) et des contributions CSL (P. Richard). Les tourbières alcalines (2002) puis les tourbières acides (2003) ont fait l’objet de campagnes d’inventaires ainsi que certaines pelouses du Pays de Neufchateau et certains milieux forestiers. Ces dernières années seules les tourbières acides bénéficient de poursuite d’inventaires par le biais de prestations de spécialistes (P. Goubet et T. Mahevas). La connaissance du patrimoine bryologique des sites CSL reste donc à approfondir pour atteindre un niveau garantissant la bonne prise en compte de ce groupe dans la gestion des sites protégés.

État des lieux de la protection via le CSL et autres Il semble un peu illusoire de vouloir « mesurer » un niveau de protection pour ce groupe en l’absence de base de données régionale complète (la base CSL reste trop partielle). Aussi, cette première approche s’appuie sur le dire d’expert avec l’appui de Thierry MAHEVAS. En l’état si l’on considère les 124 taxons les plus menacés, seuls 16 d’entre eux bénéficient de sites protégés et la majorité de ces espèces se situent au sein de la RNN de Tanet Gazon du Faing. En complément, 3 autres taxons se localisent l’une en pelouse et les 2 autres en tourbière alcaline.

Perspectives pour le PAQ Les propositions suivantes reprennent en grande partie les mesures de conservation prescrites par les auteurs de la liste rouge auxquelles sont adjointes les perspectives du CSL : o 1 - Finaliser la saisie des données d’inventaires bryologiques des sites CSL dans la base naturaliste, o 1 - Piloter l’inventaire ciblé des stations d’espèces enjeux les plus menacées en vue de préserver des sites spécifiques (étude des stations à Sphagnum riparium des saussaies vosgiennes), o 2 - Réaliser l’inventaire des bryophytes sur les sites protégés en vue d’assurer la prise en compte de ces taxons dans les plans de gestion, o 3 - Mettre en place un monitoring des espèces des crêtes vosgiennes dans l’optique de l’impact des changements climatiques, o 3 - Faire un suivi de l’espèce invasive Campylopus introflexus sur les sites CSL.

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Les Characées Cette famille se classe à part des autres algues possédant des caractères de bryophytes et de thallophytes. Ce groupe très original n’a pas été étudié en Lorraine et jamais pris en compte. Or ces algues contribuent de façon majeure à des habitats d’intérêt communautaire : les vasques à Chara des tourbières alcalines et les prairies benthiques à Chara des étangs et lacs. En 2011, un inventaire précis des herbiers aquatiques de la RNR de Lachaussée a conduit le CSL (P. Richard) à déterminer les characées au rang spécifique. 7 espèces ont été identifiées illustrant la présence de 2 habitats d’intérêt européen. Les Nitella spp ont été signalées dans certains lacs vosgiens comme Retournemer mais la connaissance de ces herbiers à characées des eaux acidoclines reste à mener.


Perspectives pour le PAQ

o 1 - Réaliser l’inventaire sur les sites protégés en vue d’assurer la prise en compte de ces taxons dans les plans de gestion, notamment pour caractériser correctement les habitats composés de Characées o 1 - Contribuer à l’identification des habitats à Characées composant des herbiers aquatiques notamment des eaux non calcaires. o 2 - Prendre aussi en compte dans les inventaires des sites CSL, d’autres macrophytes algaux tels que la Rhodophycée, Batrachospermum. o 3 - Apporter une contribution à la connaissance de ce groupe particulier et méconnu en Lorraine.

2.2.4. Flore supérieure Annexe II - Liste référentielle des plantes supérieures à enjeux

Connaissance scientifique et limites Depuis 2002, la connaissance de la floristique en Lorraine est organisée par FLORAINE, association de botanistes régionaux, visant à la connaissance et la protection du règne végétal. Un inventaire de l’ensemble de la flore lorraine par maille de 5x5km a permis de recenser en 10 ans, près de 300 000 données pour 1741 taxons. Ces inventaires reposent sur des contributions bénévoles. Le CSL et FLORAINE collaborent depuis 2008 via une convention d’échange de données floristiques afin que les sites protégés CSL alimentent l’atlas régional de la flore. Répartition des enjeux floristiques par grands types de milieux

En 2011 (avec finalisation en 2012), la mise en œuvre du Carnet B flore a permis le recensement ciblé de 264 taxons (soit la liste des espèces protégées plus les plantes déterminantes de niveau 1 pour les ZNIEFF).

Tourbières, marais, étangs et cours d'eau Pelouses, landes et prairies Forêts, éboulis, rochers Cultures et zones artificialisées

La flore protégée a bénéficié d’un travail de recensement spécifique piloté par Serge MULLER de 1999 à 2005, travail majeur qui a abouti à l’édition du livre « Les plantes protégées de Lorraine » en novembre 2006. Depuis, l’auteur poursuit le recensement des stations de plantes protégées via de nombreux contributeurs, et publie chaque année une mise à jour dans Willemettia. Toutefois, la connaissance de la répartition régionale de certaines espèces protégées reste lacunaire. La connaissance de la flore par le CSL est principalement réduite aux sites protégés, seuls quelques inventaires extra sites confèrent une vision régionale (inventaire des stations à Séneçon des fleuves 1998).

État des lieux de la protection via le CSL et autres Tant en 1995, qu’en 1998, des bilans « enjeux floristiques » furent produits respectivement pour les pelouses calcaires puis les zones humides afin d’orienter la protection de nouveaux sites pour ces types de milieux. Ce bilan des enjeux s’est toujours appuyé sur la liste des 214 plantes protégées présentes en Lorraine (plus un taxon rare sans statut). En 2008, une évaluation a été conduite dans le cadre du séminaire CSL sur la même liste. Elle montre que 70 % des taxons floristiques bénéficient au moins d’un site protégé et que les sites du CSL accueillent 64 % de ces enjeux botaniques (soit 123 espèces). Lors du CS du 28 mars 2008 furent retenues comme espèces prioritaires : Bupleurum tenuissinum, Chamaecytisus supinus, Dianthus superbus (rappelant au passage son désir de voir la station de Réchicourt préservée) Equisetum x moorei, Hammarbya paludosa, Luronium natans et Pilularia globulifera (les mortes de Seux ) et Spiranthes spiralis (Pelouse de Lironcourt). En 2012, 2 de ces 8 espèces ont effectivement bénéficié de protection via les sites indiqués (Dianthus superbus et Spiranthes spiralis) et 3 autres plantes furent concernées. Avec 128 « plantes enjeux » présentes sur les sites CSL, 67 % des enjeux botaniques possèdent au moins une station protégée via les sites CSL.

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Perspectives pour le PAQ La contribution du CSL à la conservation in situ des éléments floristiques constituant les enjeux lorrains doit être poursuivie dans les 10 ans à venir. Les données de la liste référentielle montrent que l’atteinte d’un taux de protection de l’ordre de 90 % des taxons implique : o une forte implication de l’ONF car pas moins de 24 taxons sont directement liés à la gestion des forêts soumises, o un aboutissement des projets SCAP portant sur les PPE définis en 2012 (xx taxons), o une implication ciblée des PNR pour au moins 2 taxons, Pour le CSL, les objectifs pourraient être les suivants : o 1 - Mettre (ou contribuer à ) en œuvre la préservation de 17 taxons n’ayant à ce jour aucune station protégée. Au préalable de ces interventions, il sera souvent nécessaire de conduire un inventaire ciblé pour réaliser au mieux le choix du ou des sites à préserver. o 1 - Intégrer les enjeux floristiques niveau Oui 1 et Oui 2 dans le renforcement du réseau de sites protégés correspondant à d’autres enjeux. Pour ce faire, il faudra veiller à intégrer ces enjeux flore comme contribuant à la sélection des sites. o 1 - Le suivi périodique des populations sur les sites protégés doit être structuré et mis en œuvre pour garantir à minima leur maintien sur le long terme (en ce sens déterminer les niveaux de priorités pour les SE, cf. SE1 et SE2). o 1 - Contribuer à inciter l’ONF à la prise en compte de la flore à enjeux dans leur politique forestière o 2 - Poursuivre le partenariat avec FLORAINE afin de construire les bases d’une association CBN Lorraine. Note : Il apparaît que la préservation des plantes messicoles à fort enjeu n’est toujours pas prise en compte dans ce projet. Pour ces plantes de culture, le CSL peut contribuer à élaborer une stratégie régionale avec les autres acteurs ayant déjà œuvré (PNR de Lorraine, Mirabelle).

2.2.5. Malacofaune Annexe 3 - Liste référentielle des mollusques à enjeux

Connaissance scientifique et limites Les mollusques figurent comme le groupe faunistique le moins bien connu de ceux reconnus comme présentant des enjeux biologiques. En effet, si au XIXe, JJJ Holandre, suivi de A. JOBA, puis de D.A. GODRON et R.-T. BARBICHE publièrent des catalogues en Meuse et en Moselle, en revanche au XXe aucun spécialiste ne semble s’être intéressé à la connaissance ce groupe. En conséquence, l’application de la directive Habitats qui identifiait comme espèces communautaires probables 2 bivalves et 2 gastéropodes ne pouvait se faire sans mise à jour des inventaires. En ce sens, le CSL a initié en 2003 une recherche en vue de combler cette lacune pour des 4 espèces communautaires. À l’issue de ces « suivis écologiques CSL » et avec la mobilisation de l’ONEMA pour les bivalves, il fut identifié que : o la Moule perlière était en cours d’extinction dans sa station historique, (pour pouvoir la sauvegarder, il aurait fallu intervenir voici plus de 40 ans…) o que la Mulette épaisse possédait encore des populations viables sur quelques cours d’eau, (la prise en compte de la conservation de ses populations dans les projets relatifs à leur cours d’eau est bien suivie par l’ONEMA qui réalise les expertises de populations), o le Vertigo de Des Moulins possédait probablement plus de cent stations en Lorraine, au sein desquelles ses fortes populations n’étaient pas menacées, o Le Vertigo étroit restait rare, une douzaine de sites connus, et que l’état de conservation de ses populations reste à étudier. Sur la base du travail récent de X. CUCHERAT pour le PNR de Lorraine (2010) qui a permis d’identifier 137 espèces et avec les compléments liés aux inventaires CSL, la Lorraine compte actuellement 150 espèces connues sur un nombre d’espèces potentielles d’environ 230 taxons. À titre de comparaison, la malacofaune d’Alsace compte 196 espèces dont 79 sont inscrites sur la liste rouge régionale. Le niveau de connaissance de la malacofaune lorraine est nettement insuffisant. Notons que depuis la fin du XIXe, de nouveaux mollusques allochtones se sont acclimatés à commencer par les Moules zébrées dans la Moselle. Les grands cours d’eau et certains plans d’eau présentent aujourd’hui des peuplements fortement dominés par des espèces naturalisées, certaines espèces devenant « invasives ».

État des lieux de la protection via le CSL et autres

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Tel qu’expliqué précédemment l’état de la connaissance apparaît encore trop limité pour avoir pu envisager des protections ciblées hormis pour la Mulette épaisse. Cependant quelques sites CSL ont bénéficié d’inventaires souvent partiels mais qui permettent de documenter l’état de protection des espèces « enjeux ».


Les tourbières alcalines et les étangs protégés hébergent les 2 espèces de Vertigo inscrites à la Directive Habitats : - Vertigo étroit – 3 sites CSL - Vertigo de Des Moulins – plus de 20 sites CSL. (étangs et marais) Le réseau Natura 2000 intègre quelques populations de Mulette épaisse mais la désignation de ZSC pour cette espèce communautaire devrait être renforcée.

Répartition des mollusques rares par types de milieux

Eaux stagnantes

Milieux à enjeux pour la malacofaune Ce schéma illustre l’importance des milieux forestiers et des milieux aquatiques pour cette faune.

Eaux stagnantes et courantes

4

4

Eaux courantes

10

28

Marais

Gestionnaire de nombreuses zones humides le CSL doit intégrer ce groupe dans le cadre de la réalisation de ses plans de gestion (en partie fait pour les étangs). De même, la prise en compte de ce groupe dans les pelouses sèches ne doit pas être négligée

13 13

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Pelouses Milieux forestiers Rochers

Perspectives pour le PAQ La contribution du CSL à la conservation du patrimoine malacologique de Lorraine pourrait prendre comme axe : o 1 - Réaliser un suivi de dynamique de population pour le Vertigo étroit (état de conservation dans les sites protégés) o 1 - Dresser des inventaires sur les sites protégés en vue d’assurer la prise en compte des espèces cibles dans les plans de gestion des zones humides et des pelouses, et de contribuer à la connaissance régionale, o 2 - Contribuer avec l’ONEMA à la réalisation d’un programme régional de préservation de la Mulette épaisse o 3 - Mettre en œuvre un inventaire ciblé sur des types de milieux très spécifiques et menacés : les sources et ruisselets de tête de bassin. o 3 - Assurer un suivi des espèces invasives tout particulièrement en étang (et cours d’eau afférents).

2.2.6. Arthropodes (principalement insectes) Annexe 4 - Liste référentielle des arthropodes (insectes) à enjeux

Connaissance scientifique et limites Le très faible nombre d’entomologistes régionaux (amateurs ou professionnels) confronté à la très forte diversité de ce groupe, environ 15 000 espèces réparties en 16 ordres d’importance numérique inégale (cf. tableau 2), se traduit par un état de connaissance de l’entomofaune régionale encore largement lacunaire et globalement très hétérogène. Les synthèses sont rares : - un seul groupe bénéficie d’un atlas (trans-) régional conséquent : les Odonates (Boudot et Jacquemin 2002, Trockür et al 2010) ; le travail est en cours pour les Orthoptères ( projet Société Lorraine d’Entomologie – Société Alsacienne d’Entomologie) - les récentes listes de références sorties par la Société Lorraine d’Entomologie concernent 9 Ordres : Heteroptera (Streito 2004), Orthoptera – Blattodea – Mantodea – Dermaptera (Jacquemin et Sardet 2008), Neuroptera – Megaloptera – Raphidioptera – Mecoptera (Jacquemin 2008), soit moins de 2 % des espèces (potentiellement) présentes - quelques autres groupes bénéficient de synthèses relativement récentes publiées dans divers articles : Diptères Syrphidae (Vallet et Carrières-Kam 2006), Hyménoptères Halictidae (Plateaux 2008), Lépidoptères « diurnes » (Weiss 1995, 2011), Coléoptères Coccinellidae (Nicolas, 2008). Pour d’autres groupes, des données existent dans les musées ou les collections des spécialistes, mais elles ne sont pas encore clairement synthétisées (papillons de nuit, Coléoptères, insectes aquatiques…). Enfin, certains groupes sont totalement orphelins : une grande partie des Diptères et des Hyménoptères ainsi que les Homoptères. La littérature et les collections historiques ne permettent que ponctuellement de se faire une idée des tendances démographiques. Parmi les autres invertébrés, signalons l’existence de synthèses régionales pour les Myriapodes Chilopodes. Des études sont en cours pour les Arachnides, portées par le PNR Lorraine.

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Pour la majorité des groupes, cet exercice de synthèse se heurte à la fragmentation de la bibliographie et aux évolutions de la systématique et des connaissances (descriptions régulières de nouvelles espèces). Ainsi, même le référentiel taxonomique du Muséum National d’Histoire Naturel (TaxRef v4.0) reste lacunaire pour les taxons valides. Cependant, le CSRPN a établi des listes d’espèces déterminantes ZNIEFF pertinentes pour plusieurs groupes, ce qui place la Lorraine parmi les régions les mieux évaluées sur ce point. Les programmes ZNIEFF et Carnet B initiés depuis 2007 ont permis d’actualiser ou de compléter les connaissances, significativement pour certains groupes (Rhopalocères) mais beaucoup plus marginalement pour le reste (Coléoptères…). La connaissance des insectes au sein des sites CSL a progressé nettement ces dernières années ce qui se traduit par 30 000 observations. Ces données portent sur 16 groupes et les groupes les mieux connus restent les odonates, les orthoptères et les rophalocères. Un effort notable est porté sur les coléoptères. Ces dix dernières années, le CSL a beaucoup travaillé sur certains papillons de jour protégés (Damier de la succise, Azuré de la croisette, Azurés liés à la sanguisorbe, Petit Agreste, Nacré de la canneberge) permettant une connaissance fine des populations, de leur biologie et des enjeux de conservation. Pour d’autres espèces fortement menacées, les études restent à mener comme Zygaena faustae et Hipparchia semele en pelouse afin de garantir une gestion biologique exemplaire, ou les Lycènes prairiaux (Lycaena helle, L. alciphron) qui représentent une valeur ajoutée forte en contexte montagnard et de piémont. Depuis quelques années, le CSL développe des protocoles de bioévaluation des espaces naturels basés sur les insectes : - impact des pratiques de gestion des pelouses sèches grâce aux papillons de jours ; - qualité des milieux ouverts grâce aux orthoptères ; - qualité des cours d’eau grâce aux aquatiques (collaboration spécialistes) ; - qualité des forêts grâce aux Coléoptères saproxyliques (collaboration ONF) ; - fonctionnalité des habitats par les Diptères Syrphidae.

État des lieux de la protection via le CSL et autres Du fait des lacunes de connaissance, il n’est pas possible de dresser un état des lieux précis. La déclinaison régionale des Plans Nationaux d’Actions en faveur des Odonates et des Maculinea, portée par le CSL en collaboration avec la SLE, ont permis de faire une analyse précise de l’état de conservation et de protection de ces groupes : ces documents de référence doivent donc servir de guide dans l’action régionale concernant ces espèces. Pour le reste, le tableau suivant présente une analyse conduite uniquement sur les espèces déterminantes ZNIEFF de niveau 1 et 2 (liste optimale des enjeux de conservation pour l’entomofaune). Cette analyse est réalisée sur la base des inventaires disponibles (donc fragmentaire) et à dire d’expert pour le niveau de protection, qui intègre la présence de l’espèce dans d’autres sites à statut de protection/gestion fort comme les RBI, N2000 (de fort= très grande part des populations protégées, à faible=seule quelques populations). Nb espèces ZNIEFF 1 ou 2 Ordre

Lorraine

% sous protection

Araneae

38

15

39

Coleoptera

111

25

23

Ephemeroptera

20

7

35

Hemiptera

8

7

88

Lepidoptera

107

65

61

Mecoptera

1

1

100

Neuroptera

3

2

67

Orthoptera

14

9

64

Plecoptera

29

0

0

Trichoptera

47

1

2

378

131

35

Total

10

dans site CSL

évaluation du niveau de protection des espèces ZNIEFF (1 ou 2)

16

?

11 14 9

fort

37

bon

7

moyen 247

faible nul absent de lorraine

Le CSL tient donc une place importante dans la conservation de plusieurs groupes taxonomiques : - les papillons, notamment ceux de jour et ceux des pelouses ; - les orthoptères, à nouveau surtout ceux des pelouses ; des compléments pourraient être portés sur les espèces des chaumes ; - les Hémiptères, partiellement en lien avec les espèces halophiles. Pour les Araignées, le déficit de connaissances sous-estime largement les résultats de cette analyse. Concernant les Coléoptères, la responsabilité du CSL est beaucoup moindre car une large moitié de la liste concerne des espèces saproxyliques ; cependant, les micro-boisements ou arbres traités en têtards présents sur chacun des sites CSL pourront s’avérer à terme très intéressants pour ce cortège. Ce groupe porte donc des enjeux de bioévaluation des forêts : il est important de soutenir les efforts d’inventaires en cours (réseau entomologique de l’ONF surtout) afin de bien


cerner les enjeux et appuyer les stratégies de protection de forêts, surtout sur le plateau lorrain. Les groupes qui sont les moins bien couverts sont les aquatiques : Éphémères, Trichoptères et Plécoptères. Le manque d’expertise sur les sites CSL est flagrant, et les études de type IBGN ne sont pas assez précises pour évaluer les enjeux patrimoniaux d’un site. De plus, leur conservation nécessite de s’intéresser et/ou d’intervenir à l’échelle du bassin versant, pas seulement du cours d’eau. Une stratégie d’intervention sur ce groupe nécessite donc une approche dépassant la maîtrise foncière, stratégie qui reste donc à définir et mettre en œuvre. Les têtes de bassins concentrant une bonne part des enjeux de conservation, on se tournera vers les expériences déjà réalisées comme le Life « ruisseau de tête de bassin » ou des éléments du SDAGE. Enfin, notons le déficit total de connaissance pour les Diptères et les Hyménoptères, or ces groupes présentent une importance écologique forte pour les milieux herbacés (pollinisateurs). Parmi les espèces pour lesquelles le déficit de protection est évident, nous pourrons retenir comme espèces cibles celles qui recoupent des enjeux européens, Eriogaster catax (papillon des haies de Prunelliers), ou croisent des thématiques habitats singulières : Lopinga achine (papillon des boisements clairs thermophiles), Limenitis populi (papillon des ripisylves), Tetrix bolivari (Criquet des prairies humides maigres), insectes des chaumes (Polysarcus denticauda, Stenobothrus stigmaticus, Erebia manto ; l’efficacité des mesures liées à N2000 reste à évaluer pour cette faune).

Perspectives pour le PAQ La contribution du CSL à la conservation du patrimoine entomologique de Lorraine pourrait prendre comme axe : o 1 – Poursuivre la réalisation d’inventaires sur les sites protégés en vue d’assurer la prise en compte des espèces cibles dans les plans de gestion et de contribuer au développement de la connaissance de l’entomofaune régionale ; o 1 – Assurer le renforcement des réseaux de suivis (placettes et transects) rhopalocères, orthoptères et odonates afin d’évaluer l’impact de la gestion mise en œuvre, particulièrement pour les pelouses pour lesquelles le CSL porte une forte responsabilité ; o 1 – Poursuivre les collaborations avec les spécialistes régionaux, nationaux voire européens par inventaire de sites protégés ; o la participation à l’élaboration de stratégies régionales et leur application  1 - mise en œuvre des déclinaisons des PNA Odonates et Maculinea ;  3 - initiation d’une stratégie en faveur des insectes aquatiques et des têtes de bassin o 1 – Réaliser des suivis et/ou la mise en œuvre d’actions de conservation pour les espèces les plus menacées, notamment de papillons des pelouses et des prairies ainsi que les espèces cibles citées : Zygaena fausta, Hipparchia semela, Lycaena spp., Eriogaster catax, Lopinga achine, Limenitis populi, Tetrix bolivari et insectes des chaumes o 2 - Diffuser les études réalisées par le biais de publications et participation aux réseaux spécialisés (groupe invertébré des CEN et de RNF…) o 3 - Contribuer au développement d’outils innovants de diagnostics patrimoniaux et fonctionnels des habitats naturels : Diptères Syrphidae et Coléoptères saproxyliques.

2.2.7. Poissons et Écrevisses Annexe 5 - Liste référentielle des poissons et écrevisses à enjeux

Connaissance scientifique et limites Les peuplements (espèces et populations) de poissons et d’écrevisses sont sous la dépendance de plusieurs siècles de pratiques halieutiques qui ont fortement influé sur : - le peuplement des cours d’eau par repeuplement, - des étangs par « élevage » plus ou moins extensif de poissons à valeur commerciale, soit historique comme la carpe en tant poisson de consommation puis plus récemment les poissons de repeuplement. L’ONEMA pilote le Réseau Hydrobiologique et Piscicole et le Réseau de Contrôle et de Surveillance qui ont pour objectifs principaux : - de disposer d’un état annuel des peuplements de poissons dans les cours d’eau, - de suivre l’évolution de ces peuplements et de quantifier les impacts des phénomènes naturels (sécheresses, crues) et des activités humaines, - de fournir des informations sur certaines espèces plus particulièrement intéressantes sur un plan écologique ou halieutique En Lorraine, les pêches électriques ont concerné presque 1 000 points. 123 stations font l’objet de suivis, 42 stations au titre du RHP et 53 stations RCS au titre de la DCE. En complément de ce contrôle des peuplements de rivières, l’ONEMA Grand Est et des fédérations départementales de pêche ont mené des études pour des espèces particulières : - la Loche d’étang, étude des noues de Meuse et de la biologie de l’espèce plus suivi d’une noue impactée par la LGV, - les écrevisses autochtones, avec une mise à jour récente des inventaires en 2010 et 2011 (Fédération Lorraine de Pêche). Ne disposant pas en interne de compétences scientifiques, le CSL s’appuie pleinement sur les compétences de son conseil scientifique et sur celles de l’ONEMA.

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État des lieux de la protection via le CSL et autres Via la protection d’étangs et la maîtrise partielle de leur gestion piscicole, le CSL en lien avec un programme de protection des espèces patrimoniales d’étang initié par l’ONEMA depuis 10 ans, contribue à maintenir un réseau d’échange de poissons à enjeux : Able de Hecker, Bouvière et Carassin commun ainsi que l’Écrevisse à pieds rouges. De récentes interventions sur les Noues permettent d’intégrer la Loche d’étang pour la protection de laquelle il faudrait créer un réseau fonctionnel de noues. Enfin sur certains petits cours d’eau intégrés dans des sites CSL, le Chabot et la Lamproie de Planer présentent des populations viables.

Perspectives pour le PAQ Bien que modestes les interventions possibles du CSL pour les poissons et crustacés dont la survie reste très liée aux politiques de l’eau et halieutiques, il peut être proposé de : o 1 - Systématiser la connaissance des poissons et crustacées dans les sites CSL, pour leur bonne prise en compte avec l’appui de l’ONEMA o 1 - Définir en lien avec l’ONEMA et la Fédération de Pêche de la Meuse, un programme de conservation des noues mosanes, o 2 - Poursuivre la coopération avec l’ONEMA pour le maintien des poissons patrimoniaux en étang (en partenariat avec les pisciculteurs), o 2 - Contribuer à la mise en œuvre avec les Fédérations de Pêche, le PNR de Lorraine, de programmes de protection sur les populations d’Écrevisses o 2 - Protéger via la maîtrise foncière ou d’usage des cours d’eau tête de bassin à fort enjeu poissons ou crustacés

2.2.8. Reptiles et batraciens Connaissance scientifique et limites Depuis 1994, la Commission Reptiles et Amphibiens de Lorraine synthétise et collecte les données de ce groupe dans une base de données régionale. Elle est alimentée par des données de bénévoles et pas des données, publiques ou non, de différentes structures (DREAL, ONF, PNRL, CSL, PNRVN, PNRBV…). Un pré-atlas est paru en 2004 (S. Kern) sur la base d’environ 8 500 données. Quelques études régionales (Plan Régional Sonneur à ventre jaune, plan régional Pélobate brun/Crapaud vert, inventaires du PNRL) ont permis également de préciser la répartition et le degré de rareté de certaines espèces. Sans compter des ouvrages bibliographiques plus anciens (GH Parent, bibliographie de l’herpétofaune Lorraine par exemple). Fin 2011, la base de données comprend 28 000 observations, dont la plupart sont postérieures à l’année 2000. La connaissance de ce groupe, du fait de cette base, est maintenant assez complète et permet de tirer un certain nombre de conclusions. Parmi les 33 espèces présentes en Lorraine de façon certaine, l’état des connaissances est le suivant : -

Reptiles : 14 espèces. Parmi celles-ci, 9 espèces sont considérées comme faisant partie de la faune Lorraine, 3 sont des espèces françaises introduites récemment et 2 sont des espèces exotiques d’Amérique du Nord. Parmi les 9 espèces « Lorraines », on peut considérer que six présentent un intérêt et sont prioritaires du fait de leur rareté (souvent liées à une limite de répartition septentrionale en Lorraine), du fait de leur fragilité dans les régions voisines ou de leur lien avec un habitat particulier : Couleuvre verte-et-jaune, Vipère aspic, Couleuvre d’Esculape, Coronelle lisse, Lézard des souches, Lézard des murailles.

-

Amphibiens : 19 espèces. 17 font partie de la faune Lorraine. Parmi ces 17 espèces, 10 espèces sont prioritaires à l’échelle Régionale, : Pélobate brun, Crapaud vert, Crapaud calamite, Pélodyte ponctué, Alyte accoucheur, Rainette verte, Sonneur à ventre jaune, Grenouille agile, Triton crêté et Triton ponctué.

Au-delà des espèces des listes rouges nationales ou européennes, c’est donc plus de la moitié des espèces de l’herpétofaune (19/33 soit 57,6 %) qui présente un intérêt au moins au niveau régional. Si la répartition de l’herpétofaune Lorraine et du degré de rareté des espèces semble assez bien connue de façon générale en revanche il faut considérer le manque de connaissance des effectifs et des tendances des populations.

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Un état des lieux de la protection CSL et autre Globalement, la problématique herpétofaune est assez récente dans le choix des sites d’intervention du CSL et dans leur gestion. Ce n’est que depuis les années 2000 que certains sites majeurs pour l’herpétofaune lorraine ont fait l’objet de protection. Néanmoins, certains sites protégés par le CSL pour d’autres enjeux (habitats, flore, avifaune) peuvent également être des milieux favorables et se sont révélés, suite à des inventaires, des sites majeurs pour l’herpétofaune. Pour ce qui concerne les reptiles, les pelouses calcaires sont des milieux phares pour ce groupe et le nombre de sites importants protégés de ce type d’habitat permet la protection d’un nombre significatif de milieux de vie de la Vipère aspic, de la Couleuvre-verte-et-jaune, de la Coronelle lisse ou du Lézard des souches. Certaines pelouses calcaires du pays de Neufchâteau abritent par ailleurs l’ensemble de ces espèces et sont des sites majeurs pour le groupe. Pour les amphibiens, ce sont surtout les milieux humides qui constituent les réservoirs de certaines espèces : étangs (Rainettes), prairies non alluviales (Tritons crêtés et ponctués), mares forestières (Tritons et Sonneur). Certains sites protégés par le CSL abritent des populations diversifiées et abondantes (RNR de Lachaussée, RNR de l’étang d’Amel, prairies de Billy-les-Mangiennes, étangs et prairies du Bischwald). Des protections récentes sur des carrières (anciennes ou en activité : Xeuilley ou Lérouville) ont permis de toucher également des espèces à la biologie plus particulières : Crapaud calamite, pélodyte ponctué ou Alyte accoucheur. Globalement, deux espèces majeures de l’herpétofaune Lorraine ne bénéficient d’aucune protection (par le CSL ou d’autres structures) : le Pélobate brun et le Crapaud vert. Et pour le Pélodyte ponctué seul un site en gestion par le CSL abrite l’espèce. Et si le Sonneur est relativement répandu, il n’est souvent présent qu’en milieu forestier où les interventions du CSL sont rares.

Perspectives du PAQ Sur ce groupe et pendant les années à venir, cinq grands objectifs doivent être poursuivis : o 1 - Poursuivre l’alimentation de la base de données régionale afin de constituer un état initial de la biodiversité pour ce groupe afin de mettre en évidence des tendances d’évolution à moyen terme, o 1 - Améliorer la connaissance des sites protégés par le CSL de façon :  qualitative par la recherche de l’ensemble des espèces des cortèges attendus sur le milieu considéré, et ceci en croisant diverses méthodes d’inventaires (plaques, nasses, écoutes nocturnes),  quantitative par la mise en place de protocoles nationaux de suivis standardisés (protocole MARE et suivi Reptiles) sur des sites appropriés. L’objectif est ici d’estimer une tendance de l’évolution des populations d’espèces rares et/ou communes sur plusieurs années. Sur les sites à fortes populations d’espèces patrimoniales, des suivis plus précis (CMR) doivent être mis en place. o 1 - Assurer la conservation d’espèces à enjeu national : Crapaud vert et Pélobate brun, ou Régional (Pélodyte ponctué, Crapaud calamite) par le biais de l’action conservatoire. o 2 - Poursuivre et amplifier le partenariat avec la SHF, la Commission Reptiles et Amphibiens de Lorraine étant identifiée comme coordinateur régional de l’atlas national. o 3 - Maintenir et/ou inciter à la connectivité des sites pour ce groupe à faibles déplacements, afin d’éviter l’isolement des populations.

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2.2.9. Oiseaux Annexe VI - Liste référentielle des oiseaux menacés de Lorraine

Connaissance scientifique et limites La classe des oiseaux est certainement le groupe le mieux connu des vertébrés de Lorraine avec les amphibiens/reptiles. 279 espèces (pour 568 en France) sont classiquement retenues comme fréquentant plus ou moins régulièrement la région mais plus d’une centaine n’y est que de passage ; en hivernage ou en migration. Ainsi, la Lorraine abriterait 179 oiseaux nicheurs réguliers, rares ou accidentels à rapporter aux 306 espèces de France métropolitaine. Dans l’approche de ce groupe, le CSL peut s’appuyer sur des outils de bioévaluation récents comme la liste rouge des oiseaux menacés en France métropolitaine (UICN, 2011). La liste rouge est un inventaire de référence, fondé sur de solides bases scientifiques, qui permet de dresser un bilan objectif du degré de menace qui pèse sur les espèces. En complément de la liste des espèces déterminantes ZNIEFF de Lorraine (DREAL, 2012), cet outil est donc incontournable pour définir ou orienter des stratégies d’intervention et prioriser des choix de conservation sur les sites protégés par le CSL. La Lorraine abrite 32 oiseaux nicheurs menacés de disparition au niveau national (catégorie CR, EN et VU) et 12 espèces quasi-menacées (espèces proches du seuil des espèces menacées ou qui pourrait être menacées si des mesures de conservation spécifiques n’étaient pas prises). C’est donc ¼ des espèces nicheuses de Lorraine qui est menacé de disparition ou proche de l’être. La répartition des différents niveaux de menace de ces espèces est illustrée dans le graphique ci-contre. La catégorie « Vulnérable » des oiseaux menacés de disparition est la mieux représentée avec 50 % des espèces.

La connaissance – et notamment le statut de toutes les espèces nicheuses en Lorraine - devrait encore s’affiner dans les années à venir grâce à un travail participatif coordonné par le Centre Ornithologique Lorrain à savoir « les atlas des oiseaux nicheurs et hivernants de Lorraine » qui s’inscrit dans un protocole d’enquête nationale et dont la dernière année d’inventaires officiels est 2012. Plusieurs salariés du CSL contribuent à ce projet de manière bénévole (CC et YR). La mise en place d’une plate-forme régionale de saisie des données ornithologiques pilotée par un groupement LPO/COL a pour objectif de mener à bien et le plus rapidement possible ce travail d’envergure. Cette plate-forme a pour appellation : « faune-lorraine ». Par ailleurs, dans l’attente de la parution d’un atlas régional, d’autres outils très utiles existent comme le calendrier de l’avifaune lorraine édité par le COL et basé sur l’ensemble des données ornithologiques de la décennie 1994-2004 qui réactualise la précédente chronique élaborée sur les années 1977 à 1992.

La répartition des espèces menacées ou quasi-menacées par grand type de milieux :

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Il est possible de classer les espèces menacées en fonction de leur spécialisation à un grand type d’habitat comme le propose le CRPBO pour mesurer les tendances d’évolution des oiseaux communs à partir des données accumulées chaque année par le programme STOC. Cela engendre trois grands types d’habitats avec des cortèges spécialistes des milieux agricoles, des milieux forestiers, des milieux bâtis et les espèces généralistes non inféodées strictement à un habitat particulier. À ces trois grands types d’habitats, il faut ajouter l’habitat des « étangs, marais et roselières » dont le cortège n’est pas traité par le CRBPO en tant qu’indicateur dans la mesure où cet habitat et son cortège spécialiste sont rares. Les tendances étudiées par cette méthode ne peuvent dès lors être significatives. Il est intéressant de remarquer que le cortège des espèces généralistes n’est pas figuré dans le graphique car aucune de ses espèces n’est menacée. Au contraire, les tendances nationales démontrent que ces espèces progressent. A contrario, les espèces menacées sont des espèces spécialistes et ce, quel que soit le type d’habitat fréquenté.

État des lieux de la protection via le CSL et autres Sur les 44 espèces d’oiseaux nicheurs menacés ou quasi-menacés de Lorraine, 24 espèces nichent de manière plus ou moins régulière à l’intérieur de sites protégés par le CSL soit près de 60 %. La protection mise en place par le CSL porte essentiellement sur le cortège des oiseaux des étangs/ marais/roselières (9/13 des espèces nicheuses en Lorraine) et secondairement sur le cortège des espèces des milieux agricoles (10/15 des espèces nicheuses en Lorraine). Le cortège des milieux forestiers bénéficie peu des protections engagées par le CSL avec seulement 5 espèces nicheuses sur les 12 espèces menacées ou quasi-menacée de Lorraine. En ce qui concerne, les milieux agricoles et notamment le cortège des prairies de fauche (Courlis cendré, Râle des genêts, Tarier des prés, Pipit farlouse) les sites CSL encore occupés aujourd’hui sont très peu nombreux et se concentrent dans le Nord-Meusien (vallée de la Meuse et ensemble prairial de Billy-les-Mangiennes). Pour une protection effective de ce cortège, la maîtrise foncière n’est pas le bon outil. Il est plus efficace de s’appuyer sur la puissance publique pour mobiliser des compensations financières incitatives en direction de la profession agricole afin de pérenniser des pratiques extensives. Pour ce qui concerne le cortège des milieux forestiers, peu de sites protégés sont entièrement forestiers ou, quand ils le sont, sont de faible superficie (Lachaussée). Les habitats forestiers sont néanmoins représentés dans la plupart des sites du réseau mais y sont marginaux. Le CSL prône toujours la non-gestion et le vieillissement des habitats forestiers autochtones présents sur ses sites, ce qui est globalement favorable aux oiseaux nicheurs des forêts. Toutefois la prise en compte de ce cortège ne saurait être suffisante à cette échelle et doit faire l’objet d’une politique forestière de la part de l’ONF – premier gestionnaire de la forêt en France - qui tienne compte des problématiques de conservation des oiseaux (et des invertébrés plus encore). Enfin, le CSL a développé la maîtrise foncière ou d’usage d’un réseau d’étangs et de marais (11 sites en 2012) dont certains de très grande superficie. Ces zones humides accueillent un grand nombre d’espèces menacées dont les effectifs sont suivis annuellement. Pour mémoire, l’ensemble du réseau permettrait l’accueil de 50 % de la population de Butor étoilé nicheuse de Lorraine (en 2010 & 2012 sur la base du dernier recensement régional) ou encore, plus de 20 couples de Busard des roseaux. Trois étangs abritent - au moins irrégulièrement - la très rare Marouette poussin, en danger critique d’extinction.

Perspectives pour le PAQ Pour ce groupe, les objectifs à 5 ans sont les suivants : o 1 - Privilégier la conservation du cortège des étangs/marais/roselières car l’outil le mieux adapté à sa protection est celui de la maîtrise foncière et d’usage ; o 1 - Continuer d’accompagner les pouvoirs publics dans la mise en œuvre de politiques incitatives de pratiques agricoles extensives visant à la conservation des cortèges d’oiseaux menacés des prairies ; o 1 - Inciter l’ONF à une prise en compte forte des enjeux oiseaux et plus globalement biodiversité en forêts soumises o 1 - Prolonger les suivis annuels d’espèces menacées sur le réseau des zones humides ; o 1 - Mettre en place un protocole interne de saisie des données ornithologiques afin de les rendre compatibles à un échange standard avec la plate-forme « faune-lorraine » ; o 1 - Veiller à la validité des données produites en interne notamment en vue d’échanges vers l’extérieur. À ce titre, le référent « avifaune » du CSL, s’engage à soumettre au Comité d’Homologation Régional les observations d’espèces soumises à Homologation (Marouettes sp. par exemple) ; o 1 - Contribuer a minima à l’alimentation des atlas en cours pour la Lorraine ; o 1 - Contribuer aux enquêtes régionales/nationales sur des espèces menacées ou à des problématiques particulières de suivis (Ex. : comptage Wetlands des oiseaux d’eau en hiver) ; o 1 – Mettre en œuvre en collaboration avec les associations d’ornithologie des plans d’action pour des espèces menacées (liste rouge lorraine ; Tarier des près…).

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2.2.10. Mammifères Connaissance scientifique et limites 70 espèces de Mammifères sont présentes en Lorraine dont 32 protégées au niveau national et 11 figurant à l’annexe II de la Directive HabitatsFaune-Flore de 1992. 3 espèces relèvent d’introductions exogènes en France au cours de la 1ère moitié du XXe siècle (Rat musqué vers 1930, Raton laveur en 1934 et Ragondin vers 1940) et 2 d’introductions durant la 2nde moitié du siècle (Vison d’Amérique vers 1960 et Chien viverrin en 1975). Source : FNCONCFS. 2008. Atlas de la biodiversité de la Faune sauvage. Les 90 espèces chassables. Tout le gibier de France. Éditions Hachette pratique. Nous traiterons les Mammifères en deux groupes distincts : les Chiroptères et les autres Mammifères. Chiroptères 22 espèces de chauves-souris sont présentes en Lorraine sur les 33 en France et les 44 en Europe. Toutes sont protégées au niveau national et figurent à l’annexe IV de la Directive Habitats-Faune-Flore de 1992. En outre, 7 des 22 espèces sont également classées à l’annexe II comme espèces d’intérêt prioritaire. Il n’existe pas de liste rouge régionale des Chiroptères. Depuis 1979, la CPEPESC Lorraine est le seul organisme régional à étudier spécifiquement l’ordre des Chiroptères. Toutes les données recueillies par ses 170 contributeurs sont centralisées dans une base de données régionale sous Access : au 10 mars 2011, elle regroupait 59 216 données réparties sur 15 464 sites. La base de données a fourni matière à une publication régionale portant sur 23 années de suivis : CPEPESC Lorraine, 2009.- Connaître et protéger les Chauves-souris de Lorraine. (Ouvrage collectif coordonné par SCHWAAB F., KNOCHEL A. & JOUAN D. Ciconia, 33 (N. sp.), 562 p.) Il n’existe pas de publication équivalente dans d’autres régions. Malgré le volume général de données relativement important, la moitié des espèces reste mal connue : il s’agit des espèces arboricoles et forestières dont on connaît très peu de sites de mises bas, de transit et d’hibernation (Barbastelle d’Europe, Vespertilion de Bechstein…). Par ailleurs, il reste de réelles lacunes sur certaines phases biorythmiques de certaines espèces : le cas du Grand murin en hibernation (il y a 20 fois moins d’individus recensés en hiver qu’en mise-bas) ou encore de la Noctule commune en estivage (les données au détecteur sont nombreuses en été mais la localisation de nurseries est anecdotique) sont des exemples typiques. Mammifères hors Chiroptères Parmi les 48 espèces de Mammifères hors Chiroptères présentes en Lorraine, 10 sont protégées au niveau national et 4 d’entre elles figurent à l’annexe II de la Directive Habitats-Faune-Flore de 1992. En 1980, la première association mammalogique est créée : le Groupe Mammalogique Lorrain (GML) devenu ensuite Groupe d’Étude des Mammifères de Lorraine. Cette association s’intéresse plus particulièrement aux Mammifères hors Chiroptères. Fin 2010, le GEML a lancé une interface internet de saisie des données. Au 6 décembre 2011, la base de données bénéficiait de 138 contributeurs cumulant 3445 observations concernant 47 espèces. Selon le GEML, « ce bilan ne reflète pas une abondance ni même une répartition des mammifères en Lorraine, mais rend plutôt compte d’une pression d’observation ». À l’heure actuelle, les données antérieures transmises au GEML ainsi que les résultats d’enquêtes spécifiques ne sont pas intégrés dans cette base (source : GEML). Le GEML étudie plus particulièrement le Blaireau d’Europe et le Castor d’Europe. Nous noterons la réalisation d’une expertise sur les micro-mammifères réalisée par le GEML (synthèse de Frédéric FÈVE) en 2007 sur la réserve naturelle nationale de Montenach gérée par le CSL. Elle s’est basée sur 15 stations de capture : plus de 250 données ont été récoltées concernant 5 espèces de Musaraignes (7 présentes en Lorraine) et 6 espèces de micro-rongeurs (sur 12 en Lorraine). On notera deux données de Crossope/ Musaraigne aquatique Neomys fodiens et l’absence du Crocidure leucode/Musaraigne bicolore Crocidura leucodon et du Crossope/Musaraigne de Miller Neomys anomalus. Pour les autres sites CSL, les données de micro-rongeurs et de Musaraignes sont inexistantes en particulier pour la Crocidure leucode (espèce ZNIEFF niveau 3), la Crocidure aquatique et le Crossope de Miller (espèces protégées au niveau national) par défaut de prospection spécifique. Par ailleurs, l’ONCFS réalise des travaux spécifiques sur les taxons intéressant plus particulièrement le domaine cynégétique : les Ongulés (réseau Ongulés sauvages ONCFS/FNC/FDC), les Carnivores (carnets de bord « Petits carnivores » des agents) et les Lagomorphes. En Lorraine, l’Office travaille également sur le thème du Castor. Un état des lieux de la protection CSL et autre

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Chiroptères La masse de données précises et géoréférencées de la CPEPESC a permis d’établir une hiérarchisation des gîtes à Chiroptères à protéger en Lorraine : elle prend en compte la phase biorythmique, les effectifs et les espèces. Cette hiérarchisation constitue l’assise du Plan de Restauration des Chiroptères en Lorraine : une soixantaine de gîtes ayant une cote supérieure à 100 a été retenue pour faire l’objet de projets de préservation de 2009 à 2012. On notera que la stratégie de protection actuelle est quasiment exclusivement bâtie sur les sites de mise bas, d’hibernation et de transit essentiel-


lement artificiels. La composante « terrains de chasse et gîtes naturels » a commencé seulement à être appréhendée en Lorraine à partir de 2006 grâce aux progrès en télémétrie. Les terrains de chasse nécessiteraient la protection de vastes surfaces ou a minima la mise en place de mesures de gestion à grande échelle. Les limites sont donc vite atteintes en termes de maîtrise foncière et d’usage, modes d’action traditionnels du CSL. Par contre, le CSL a plus d’amplitude en intervenant via les animations de DOCOB des sites Natura 2000 (contrats) et la gestion des réserves naturelles régionales et nationales. Mammifères hors Chiroptères Hormis pour les espèces emblématiques comme le Castor d’Europe (RNR de la Moselle sauvage), les Mammifères ne constituent actuellement pas une clef d’entrée pour le choix des sites d’intervention du CSL et dans leur gestion. Deux raisons principales peuvent être avancées : - les « petits » Mammifères sont très mal connus (petits insectivores, certains Mustélidés) ; - les « moyens » et « grands » Mammifères ont une large répartition et sont globalement abondants ; en cela ils n’exigent pas de mesures particulières de protection de leurs habitats.

Propositions PAQ Voici quelques pistes de réflexion pour les années à venir : Chiroptères o 1 - Poursuivre la protection de sites sur la base de la hiérarchisation du Plan de Restauration des Chiroptères en Lorraine en partenariat avec la CPEPESC ; o 2 - Initier la prise en compte des terrains de chasse en relation étroite avec la CPEPESC. Mammifères hors Chiroptères o 1 - Développer un mode d’échanges/transmission de données avec le GEML (base de données régionale) ; o 2 - Contribuer à définir un argumentaire scientifique commun sur la question récurrente des listes départementales des nuisibles qui concernent notamment les Mustélidés (synthèse bibliographique, échanges avec l’ONCFS, la SFEPM et le GEML). o 3 - Amélioration de la connaissance sur les sites protégés par le CSL : rendre systématique la saisie des observations de Mammifères réalisés dans le cadre PG ou SE, et si possible conduire des inventaires spécifiques notamment pour les espèces patrimoniales (Campagnol amphibie, Crossidure aquatique…) o 3 - Développer un partenariat avec le GEML pour réfléchir sur l’intégration des enjeux Mammifères dans les stratégies de préservation des sites CSL ; cela pourrait être formalisé par une convention cadre sur le modèle de la collaboration avec la CPEPESC.

2.2.11. Fonge Ce phyllum ne sera pas traité dans ce projet mais devra être abordé en 2017.

2.2.12. Habitats Annexe 7 - Liste référentielle des habitats à enjeux

Connaissance scientifique et limites Depuis des décennies, les phytosociologues décrivent des associations végétales par monographie régionale ou par thème. Ces associations végétales sont le niveau de base de la connaissance des habitats or leur description et leur reconnaissance en Lorraine reste incomplète. Par ses travaux le Laboratoire de Phytoécologie de S. MULLER a permis de tels travaux sur les pelouses sèches et les prairies alluviales. Par le biais de publications réalisées dans les régions voisines, il est possible d’aborder de nombreux autres types d’habitats cependant il est indispensable à moyen terme de disposer d’un synopsis des associations végétales de Lorraine. Un tel référentiel éviterait de nombreux décalages d’interprétation des textes réglementaires (Directive Habitat) et permettrait un réel suivi de l’évolution des végétations des sites protégés ou Natura 2000. Il est nécessaire de disposer le plus rapidement possible d’un synopsis des associations végétales de Lorraine (soit une interprétation validée des codes Corine et Eur 15). Pour définir des enjeux « Habitats », il convient de se référer à la liste des habitats déterminants élaborés par le CSRPN pour la modernisation des ZNIEFF. Parmi les 300 « habitats » reconnus en Lorraine (et non associations végétales plus nombreuses) nous retiendrons les habitats déterminants de niveau 1 identifiés comme constituant un enjeu régional suffisant pour déterminer une ZNIEFF. Pas moins de 85 habitats sont ainsi identifiés et pour chacun le ou les types de milieux sont précisés.

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Répartition des 85 habitats détaillés par types de milieux

2

3

9

29

13

6

15

8

Cours d'eau Forêts Lacs, étang, mares Marais Pelouses et landes Prairies Prés salés Tourbières acides

Un état des lieux de la protection CSL et autre Nous ne disposons pas d’outil précis, tel une base de données habitats, qui nous permette de dresser un état des lieux de la protection des habitats à enjeux via le réseau de sites protégés du CSL. À défaut, une évaluation de la présence/absence des habitats à enjeux peut être faite sans toutefois que cela porte sur des superficies d’habitats connus et protégés. Il serait d’autre part intéressant de pouvoir mener un diagnostic d’état de protection sur l’ensemble des habitats connus en Lorraine tant via le réseau CSL que par le biais des autres moyens de protection réglementaires ou contractuels.

Présence d'habitats à enjeux au sein du réseau de sites CSL 35 30 25 20

protégés non protégés

15 10 5 ré s sa To lé ur s bi èr es ac id es

es

P

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M el ar ou ai se s s et la nd es P

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0

Il serait pertinent à moyen terme de créer une base régionale de surveillance des habitats (répartition, protection et état de conservation).

Propositions PAQ :

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o 1 - Contribuer à la réalisation du synopsis régional des associations végétales, manuel d’interprétation des codes Corine et Eur15 en Lorraine o 1 - Contribuer à la compréhension du fonctionnement écologique des habitats à enjeux notamment au sein du réseau de sites protégés o 1 - Assurer la protection des sites abritant des habitats à enjeux insuffisamment protégés par les réseaux existants après avoir précisé l’état actuel de protection. À ce titre les habitats forestiers à forte valeur patrimoniale (y compris habitats à forte nécromasse). o 2 - Contribuer à la définition de la méthodologie et des critères d’appréciation de l’état de conservation des habitats à enjeux o 3 - Initier un « observatoire régional » de la protection des habitats en Lorraine,


2.3. Analyse de l’état des lieux par grand type de milieux 2.3.1. Rappels du contexte régional Depuis la fin du premier inventaire ZNIEFF (1985) qui fut suivi par la mise en œuvre des inventaires ENS dans les départements 54 (1993), 55 (1995) et 88 (1996), environ 1 000 sites naturels furent inventoriés. Depuis lors des mises à jour ponctuelles et, des propositions de priorisation ont été pratiquées à la demande et pour le compte des Conseils Généraux de trois départements : o

en Moselle (CSL, P. Richard, 2003). À la base des 264 ENS déjà connus en 2000 furent adjoints 56 nouveaux ENS (plus 14 sites potentiels). Ce sont donc 303 ENS 57 qui ont été bioévalués. De plus une analyse par typologie de milieux et enjeux espèces avait été conduite.

o

dans les Vosges (CSL-J Dabry, C. Gruber 2011). Dans le cadre de l’animation de la politique ENS88, le CSL actualise annuellement l’inventaire ENS au gré des études menées. De 343 sites initiaux de 1995 à 437 en 2008, ce sont actuellement 458 ENS 88 qui ont été évalués (hiérarchisation) par le CSL.

o

en Meuse (CSL-C Courte, 2009) pour répondre à une demande ponctuelle de mise à jour d’inventaire sur une partie des ENS55 or PNR de Lorraine. Cette mise à jour d’inventaires a porté sur 29 des 68 ENS sans donnée postérieure à 1995. En Meuse, le nombre d’ENS reste identique à celui issu du porter à connaissance de 2000 soit 223 ENS 55.

o

En Meurthe et Moselle, le Conseil Général a débuté la rénovation de son inventaire ENS en 2010. Aux 175 ENS déjà connus en 2000 (dont 33 ENS rivière), 46 propositions de zones de prospections nouvelles ont été définies portant à 221 ENS 54 à étudier. Début 2012, ce sont donc 1205 ENS qui sont recensés en Lorraine.

En 2010, le CSL, avec l’appui du PNR des Vosges du Nord, a réalisé pour le compte de l’IFEN (Institut Français de l’Environnement) via le Pôle Relais tourbières, l’inventaire des tourbières de Lorraine. Les résultats statistiques de cet inventaire sont consultables sur le site du Commissariat Général au Développement Durable et l’ensemble des données primaires par site a été mis à profit pour cette analyse par types de milieux. En 2012, la modernisation des ZNIEFF doit aboutir à la définition des nouveaux périmètres ZNIEFF selon une méthodologie élaborée par grands types de milieux. Les résultats de cet inventaire ne seront disponibles que courant 2012. De même au courant de l’année 2012, la refonte de l’inventaire des ENS de Meurthe et Moselle sera finalisée. En conséquence, la définition d’une stratégie d’intervention par grands types de milieux pour la période 2013-2017 peut : 1 – se baser sur les inventaires anciens disponibles, en prenant en compte le fait de probables lacunes. 2 – attendre la fin des mises à jour d’inventaire et renvoyer la réalisation de cette stratégie d’intervention durant la période de validité du PAQ, soit en 2013-2014. Considérant qu’il est possible d’intégrer les lacunes des inventaires anciens dans la définition d’une stratégie à 10 ans et, eu égard au besoin exprimé par l’ensemble de la structure, le CSL retient d’élaborer sa stratégie d’intervention préalablement au PAQ. Cette stratégie par grands types de milieux devra être suffisamment souple pour intégrer de nouveaux sites actuellement non identifiés. À l’issue des inventaires ENS en 1996, une première synthèse régionale des ENS/ZNIEFF avait permis au CSL de mettre en perspective les enjeux par grands types de milieux. Cette première analyse avait alors conduit à constater : - une bonne protection des pelouses, des marais, des près salés et des tourbières - une carence de protection des étangs. Lors du Séminaire de 2008, la mise à jour de cette synthèse régionale a permis de mesurer les avancées notamment pour la protection des étangs. En revanche, les prairies furent alors identifiées comme les types de milieux les plus menacés mais aussi les plus mal inventoriés. La question de l’implication du CSL dans la protection des cours d’eau ne fut pas retenue notamment à travers la demande du PNR des Vosges du Nord qui avait sollicité le CSL pour porter le foncier des étangs à « effacer » au sein de son territoire. D’autre part, telle que pratiquée antérieurement cette stratégie d’intervention tout en constituant une ligne directrice laissera une part notable aux opportunités foncières qui pourront se présenter.

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2.3.2. Fiche méthodologique pour l’analyse par type de milieu L’analyse par groupe s’appuie sur des tableaux présentant l’ensemble des ENS connus en Lorraine par type de milieu. Pour chaque site figure des informations précises sur les superficies recensées, protégées et les intervenants de leur protection. Ces tableaux sont consultables en annexe. Pour chaque type de milieu, l’analyse comporte 3 chapitres : - Les enjeux biologiques et écologiques identifiés, - La connaissance scientifique et ses limites, - un état des lieux de la protection via le réseau de sites CSL et vis les autres protections, - des propositions de stratégie d’intervention dans le cadre du PAQ, Attention ce tour d’horizon des grands types de milieux ne comporte pas les sites fortement anthropiques : bâtiments, mines, ouvrages dont les enjeux biologiques concernent principalement les chiroptères. De même, les cultures dont l’enjeu des plantes messicoles est notable ne peuvent être traitées par cette démarche. Pour mémoire, de nombreux paramètres environnementaux ou socio-économiques (voire sociologiques) influent sur les analyses faites pour ces milieux, et tout particulièrement pour leur capacité à perdurer tout en étant « protégés et gérés à des fins de protection de la nature ». En voici 4 pour lesquels des éléments sont apportés et l’impact historique de l’homme sur les milieux est rappelé. Le changement climatique L’ONERC (Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique) vient de mettre à disposition le rapport JOUZEL « Scénarios climatiques : indices sur la France métropolitaine pour les modèles français ARPEGE-Climat et LMDz - 26 janvier 2011 » Dans le cadre de la préparation du Plan national d’adaptation, ce rapport a pour but de définir, avec les acteurs principaux de la communauté climatique française, des critères de choix des projections climatiques à utiliser pour la définition d’un scénario climatique, en cohérence avec les travaux du GIEC. Le tableau ci-dessous présente les principaux indices et leur évolution pour la partie Nord Est de la France selon les 4 saisons et sur la base du scénario A2 (pas de réduction des émissions). Evolution pour 2050 selon scénario A2

HIVER

PRINTEMPS

ÉTÉ

AUTOMNE

température moyenne quotidienne

+ 2 °C

+ 2 °C

+ 2 °C

+ 2 °C

nombre de jours de vagues de chaleur

+ 6 jrs

+ 10 jrs

+ 10 jrs

+ 10 jrs

nombre de jours de gel en moins sur le nombre de jours de gel de référence 1990

- 10 jrs/37 jrs

- 2jrs/10 jrs

sans objet

- 5 jrs/7 jrs

précipitations quotidiennes moyennes en moins par rapport à la référence de 1900

- 0,3 mm/ 3 mm

- 0,2 mm/ 2,5 mm

- 0,2 mm/ 2,7 mm

- 0,2 mm/ 2,2 mm

périodes de fortes sécheresses

+ 2 jrs

0

+ 2 jrs

+ 4 jrs

Nombre de jours de chutes de neige en moins sur nombre de jours de neige de référence 1990

- 10 jrs/15 jrs

- 2 jrs/2jrs

sans objet

- 2 jrs/2jrs

À l’échéance de 2050, ces chiffres interpellent sur les impacts que pourront avoir ces changements de conditions climatiques sur les habitats et les espèces. Si l’augmentation des températures et ses corollaires (gel, neige) est certaine en revanche les évolutions de précipitations restent plus incertaines avec de fortes variations interannuelles possibles et une légère tendance à la baisse.

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Les bassins versants des zones humides Les zones humides ainsi que les sources et petits cours d’eau de tête de bassin sont directement tributaires de la qualité de l’eau qui les alimente tant en terme de nutriments (Azote, phosphore) que de produits biocides. Or, les pratiques agricoles ont été fortement intensifiées ces dernières décennies. En mars 2012, le Commissariat général au Développement Durable vient de publier les statistiques sur les surplus d’azote (et de gaz à effet de serre) générés par l’agriculture. En Lorraine (par rapport à la France indiqués entre parenthèses) les chiffres sont les suivants : - fertilisation globale moyenne en kg d’azote/ha de Surface Agricole Utile = 192 (155) - surplus moyen en Kg d’azote/ha de Surface Agricole Utile = 42 (36). Avec de telles émissions d’azote en majeure partie (2/3) véhiculées par l’eau, le maintien à moyen et long terme de zones humides non eutrophes peut être fortement compromis. Or, la totalité des habitats d’intérêt européen des marais ou d’étangs sont des habitats qui exigent des taux de nitrates inférieurs à 10 mg/l. Notons que les phosphates lorsqu’ils s’accumulent dans le fond des masses d’eau de type étang induisent de forts risques de dysfonctionnement trophique avec des blooms de cyanobactéries aussi défavorables à la pisciculture qu’à la biodiversité. Enfin, les nitrates (et les phosphates) forment la partie visible de l’iceberg des pollutions agricoles. Les biocides sont extrêmement dangereux pour


les zones humides et leurs produits de dégradation présentent parfois des toxicités encore plus aigüs. Encore peu mesurables et documentés, les effets sur la biodiversité des polluants sont particulièrement insidieux mais attestés (baisse de survie, baisse de capacité de reproduction et…). Les dépôts atmosphériques La qualité des eaux de pluies fortement mise en cause voici 20 ans dans le dépérissement forestier notamment dans les Vosges a fait l’objet d’une publication en juin 2011 par le Commissariat Général du Développement Durable – Observation et Statistiques (sur la base du réseau de Météo France). Les faits suivants sont attestés : - une baisse des dépôts soufrés et corrélativement un pH stabilisé aux environs de 5. Un tel pH peut être sans conséquence néfaste pour la majorité de la Lorraine en revanche pour certains secteurs des Vosges aux sols à faibles pouvoir tampon, ce pH induit des effets biotoxiques dans les cours d’eau. - Une stabilisation des dépôts d’azote à environ 10 à 15 kg d’N /Ha/an. Cet apport « de nutriments » peut avoir un effet néfaste sur les habitats oligotrophes telles les tourbières acides. Au-delà de ces composés minéraux, la liste des polluants organiques persistants déposés par l’air est particulièrement longue avec : - les HAPs, Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques, - les dioxines PCDDs et divenzofuranes, - les PCBs (polyclorobiphényls, - certains pesticides (Hexachlorocyclohexanes…). Ces polluants issus de l’ensemble des activités humaines via l’atmosphère sont reconnus comme en grande partie responsables de la pollution des eaux de surface. Les espèces dites « invasives » Diverses espèces sont présentes sur sites CSL sans que cela entraîne de graves perturbations (à voir à terme les Renouées sur régénération des saulaies alluviales ?) Il faut lister les taxons dans les sites CSL et établir la liste des interventions spécifiques de gestion (fauche des zones à Soligages et ponctuellement à Impatiens de l’Himalaya). Des précautions sont à prendre pour éviter la dispersion lors des chantiers de gestion Des actions de prévention doivent êtres menées pour éviter le développement de nouvelles espèces comme la Jussie Les usages anthropiques à travers l’Histoire Nos milieux dits naturels ont un passé riche de l’histoire humaine et certains milieux ont été très fortement modifiés depuis des milliers d’année, citons en vrac pour mémoire et sans exhaustivité : - la création des pelouses par le pastoralisme depuis 5000 ans (civilisation du Michelsberg) - la modification radicale des émergences salées depuis 3000 ans (âge du Bronze), et la chenalisation de la Seille amont à la fin du XIXe - la domestication des grands cours d’eau et de leurs vallées alluviales depuis le XVIIIe (avec disparition de milieux palustres) pour finir en 1950 avec le passage de la Moselle en grand gabarit, - l’édification d’étangs dans les bas-fonds marécageux depuis le XIIe siècle constituant de nos jours des zones palustres de substitution aux précédentes disparues. - la forte exploitation des forêts dès le XVIe pour les industries artisanales (verreries, salines…), - le détourbage des tourbières vosgiennes qui de pratique pluriséculaire a connu une phase industrielle à la seconde guerre mondiale, - et plus récemment 30 ans, un changement radical des pratiques agricoles (engrais, drainage, retournement de prairies, etc), une artificialisation des terres fortes par urbanisation et infrastructures galopantes.

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2.3.3. Prés salés Annexe 8 – Liste des sites de prés salés Enjeux biologiques et écologiques En France, seules 2 régions possèdent des prés salés continentaux, l’Auvergne et la Lorraine. De très petites superficies les prés salés auvergnats s’expriment autour de petites sources liées au volcanisme. En Lorraine, des sources artésiennes remontant le chlorure de sodium des couches géologiques du Keuper forment des nappes alluviales dans les vallées de la Seille et de la Nied. Site protohistorique d’exploitation du sel, la vallée de la Seille abrite le plus grand gisement européen de tesson de poterie. Bien que fortement influencée par trois millénaires d’occupation humaine, cette vallée possède toujours des sources salées fonctionnelles autour desquelles s’organisent des végétations liées au sel. Les prés salés n’occupent plus que 600 ha pour 6 habitats halophiles dont 5 sont reconnus d’intérêt européen. 8 autres types d’habitats de prairies non salées et de fossés légèrement salés apportent localement des intérêts écologiques forts comme à Juvelize où une source carbonatée surplombe la source salée permettant l’expression de prairies oligotrophes. La flore salée totalise 7 plantes protégées en Lorraine desquelles se distingue la Salicorne de Vic (Salicornia emerici var vicensis J. Duv) taxon tétraploide des vases instables. Uniquement présent sur les deux sites de Vic sur Seille ce taxon est tout particulièrement fragile. La faune notamment les insectes affiche des cortèges de plus de 300 espèces dont près de 10 % sont des halobiontes strictes, avec un large panel de coléoptères. À l’échelle de la zone alluviale où s’imbriquent les prés salés et les prairies de fauche inondables non salées, l’avifaune trouve de lieux de nidification. Le Courlis cendré et le Râle des genets bénéficient des mesures de retard de fauche mis en œuvre dans le cadre de MAE. L’expression des nappes salées ou sources reste liée à un fonctionnement hydrogéologique assez sensible. Localement des drainages, remblaiements ou création de plan d’eau ont fortement réduit les prés salés de la Seille, disparus depuis 1970 à hauteur de 30 % autour de Château Salins.

Connaissances scientifiques et limites Dès la fin du XIXe siècle des publications allaient jusqu’à cartographier les prés salés de Vic et des publications majeures furent faites au milieu du XXe siècle. Dans le cadre de l’ACNAT Prés Salés menée par le CSL et le PNR de Lorraine, en 1993-1995, des experts ont travaillé sur l’inventaire des insectes (G. Jacquemin et all.) et sur celui des diatomées (J.F. Pierre). Dans le cadre Natura 2000 l’inventaire des espèces communautaires et la mise à jour des cartographies d’habitats sont pilotés par le PNR de Lorraine. En 2001, les bryophytes furent prospectées via le CSL (T. Mahevas) et 2009, les mollusques furent étudiés via le PNRL (X. Cucherat). En tant que propriétaire de 160 ha le CSL a dressé des plans de gestion dont la dernière mise à jour a permis d’établir des cartographies très fines sur les critères d’état de conservation des habitats halophiles. Dans le cadre d’un suivi des effets des mesures agri-environnementales mené jusqu’en 2000, un réseau de placettes permanentes fut implanté et, depuis lors uniquement suivi au sein des sites CSL.

État des lieux de la protection CSL et autres L’état de protection des 10 sources principales de la vallée de la Seille a connu un réel succès lors de l’ACNAT grâce à l’implication de la SAFER Lorraine. L’acquisition de 145 ha permet la mise en œuvre sur le long terme de gestion spécifique par fauche, sans engrais et après le 1er juillet, ou par pâturage extensif. Cependant 2 sites majeurs ne bénéficient toujours pas de mode de protection. L’actuel propriétaire-exploitant de la Basse Récourt coopère à la conservation du patrimoine naturel du site avec le soutien du Conseil Général de la Moselle. Cette source salée abrite entre autres la dernière station de Buplèvre à feuilles tenues (plante protégée). L’exceptionnel pré salé de la Grange Fouquet abritant les stations de Salicorne de Vic ne bénéficie par d’une telle démarche et des régressions d’espèces furent constatées. Pour la vallée de la Nied, la Commune de Rémilly a confié la protection de la source d’Aubécourt par bail emphytéotique depuis 1988. Parmi les autres sites salés, celui de Baudrecourt de superficie notable, a été en grande partie détruit par l’implantation de la LGV. Quelques autres petits sites intéressants restent à protéger sur les communes de Rémilly, de Han-sur-Nied et de St-Epvre.

Propositions PAQ o 1 - Mettre en œuvre des mesures de protection des 2 sites majeurs privés de la vallée de la Seille, en collaboration avec le PNR de Lorraine, o 1 - assurer la continuité des MAE (PNR de Lorraine) avec contribution CSL, o 1 - acquisitions des dernières parcelles à végétation halophiles de la vallée de la Nied et mise en œuvre de MAE en complément, o 2 - reprise, complément et optimisation du réseau de surveillance des habitats dans le cadre des MAE (placettes permanentes dans et en dehors des sites CSL), o 3 - développer les inventaires dans un but de monitoring d’évaluation de la biodiversité.

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2.3.4. Prairies remarquables Annexe 9 – Liste des sites de prairies remarquables

Enjeux biologiques et écologiques Parmi les grands types de milieux analysés, les prairies figurent comme les milieux les moins « naturels » étant donné que non seulement leur création est agricole, mais aussi en raison de leur entretien permanent par fauche ou pâturage. Selon leur situation, certaines prairies sont soumises à des contraintes pédologiques ou hydrauliques qui favorisent l’expression d’enjeux biologiques forts. Certaines prairies actuellement reconnues à enjeux biologiques ont connu une phase de culture au moins jusqu’au milieu du XXe siècle ce qu’atteste la présence d’ados de culture. Les pratiques de cultures furent alors suffisamment extensives pour ne pas enrichir les sols. De plus, pour les ensembles prairiaux situés en zone alluviale, des zones humides « naturelles » viennent y apporter des intérêts biologiques importants : mortes (sur la Moselle) ou noues (sur la Meuse), bras morts, bancs de galets ou de limons, saulaies basses et saulaies blanches, aulnaie-frênaie. Les enjeux écologiques au sein des écocomplexes alluviaux sont importants (fuseau de mobilité pour les cours d’eau, recharge des nappes, corridor) et les services rendus sont évalués en millions d’euros (eau potable, expansion des crues, épuration des eaux, loisirs). Ces zones alluviales comportent des types d’habitats non prairiaux particulièrement intéressants : bancs de galets ou de limons, noues ou mortes et autres types d’annexes hydrauliques ainsi que la série de saulaies basses, de saulaies blanches et forêts alluviales à bois dur. En terme d’habitats d’intérêt européen, seules les prairies non (ou très peu) fertilisées peuvent abriter des associations végétales composant des habitats à enjeux européens, comme la prairie de fauche à colchique, ou la prairie de fauche à Molinie. Pour la flore ce sont aussi les plantes oligotrophes des prairies humides ou sèches qui constituent les enjeux majeurs (Laîche puce…). Pour les insectes, un groupe illustre bien la régression de la faune prairiale, les papillons. Encore considéré comme commun voici 40 ans, le Damier de la Succise a quasiment disparu des prairies lorraines sous l’action conjuguée de leur fertilisation (entraînant la disparition de sa plante hôte) et de l’abaissement de hauteur de fauche. Parmi les poissons, la Loche d’étang, espèce communautaire a récemment été étudiée par l’Onema et la Fédération de Pêche de la Meuse. Une trentaine de noues en vallée de la Meuse hébergent des populations. Ces noues très envasées pour leur être favorables sont souvent en propriété privée. Pour les oiseaux, les prairies offrent des zones de nidification pour des espèces spécialisées, comme le Râle de genets en zone inondable ou le Tarier des près. Le succès de reproduction de ces oiseaux n’est plus assuré par les modes de fauche actuels et seules des mesures de retard de fauche, de bandes refuges peuvent en garantir la survie.

Connaissances scientifiques et limites Grâce aux travaux du laboratoire de Serge MULLER (LIEBE – METZ), les prairies alluviales et celles de la Woëvre, sont bien connues en Lorraine. Leur description phytosociologique s’appuie sur 2 thèses et des DEA et, leur cartographie est déjà bien établie à travers le réseau Natura 2000. Le rôle en terme de biodiversité et en terme de capacité épuratoire des prairies inondables est ainsi très bien documenté. Par contre les prairies hors contexte alluvial n’ont pas été étudiées et leur description phytosociologique, outil indispensable à toute reconnaissance et cartographie, reste à conduire. En 2011, le CSL (R Selinger) conduit sur la partie Est mosellane une campagne de relevés phytosociologiques. Ce travail a permis d’identifier de nouvelles associations végétales (identiques ou vicariantes des régions riveraines) pour la Lorraine, notamment pour les rares prairies oligotrophes à Molinie. Ce travail fondamental est indispensable pour utiliser correctement les codes Corine et Natura 2000. D’autres campagnes phytosociologiques devront être conduites dans les autres zones géographiques (Argonne, Vosges). En terme de superficies identifiées, ce premier volet 2011 montre qu’une grande part des prairies remarquables sur les plans floristiques et phytosociologiques ne sont que de petites entités de 1 à 2 hectares représentant moins de 1 % des superficies de prairies permanentes. En associant les cortèges d’insectes et les enjeux avifaunistiques, l’on peut considérer que près de 10 % des prairies permanentes soit environ 40 000 ha possèdent des enjeux biologiques ou écologiques. Au sein de ses prairies le PNRL identifie seulement 2 % de prairies remarquables.

CSL, 2011 – R. Selinger – Zones Est mosellan

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La connaissance des prairies à enjeux est encore très limitée car les inscriptions de prairie en ENS ne résultent pas de prospections systématiques. En effet, voici 30 ans des prairies aujourd’hui identifiées à enjeux, étaient considérées comme banales, telles les fameuses prairies à Orchis à larges feuilles que l’on voyait alors fleurir en mai aux quatre coins de la Lorraine. La désignation de ZCS ou de ZPS de zones dominées par des prairies donne également un aperçu des superficies identifiées comme prairies à enjeux. Actuellement, sur les 79 sites Natura 2000 lorrains, 14 sont à dominantes de prairies pour une superficie totale de 34 724 ha. La typologie de ces prairies alluviales ou non est assez diversifiée et permet une bonne prise en compte des prairies alluviales. Par contre, seule une ZPS en Moselle (Étang et plaine de Bischwald) présente des superficies notables de prairies non alluviales et en partie oligotrophes. L’on retrouve ponctuellement au sein d’autres types de ZSC (Tourbière d’Ippling) des petits secteurs prairiaux de grand intérêt patrimonial. Depuis 30 ans, une superficie conséquente de prairies a disparu du paysage lorrain et pour les prairies permanentes restantes, les pratiques agricoles ont totalement changé. Voici les données statistiques publiées par l’INSEE en juillet 2009 à propos des prairies : Les prairies, qui représentent 20 % du territoire lorrain avec 480 000 ha, sont une des composantes essentielles de la diversité des biotopes et du paysage de notre région. Elles constituent également un système de production agricole qui stocke le carbone. Elles disparaissent depuis une vingtaine d’années, au profit des grandes cultures (céréales et colza). Entre 1990 et 2000, sous l’influence notamment de la politique agricole commune, le retournement des prairies en terres arables aboutissait à la perte annuelle de 0,3 % de surfaces en prairies lorraines, soit 1 500 ha environ par an. Entre 2000 et 2006, le rythme de diminution semble ralenti, avec 0,1 % de baisse annuelle des superficies, soit tout de même 420 ha par an. Les zones touchées par cette diminution des prairies sont parfois celles où l’artificialisation grignote les terres agricoles, mais sont le plus souvent des territoires où l’agriculture est déjà très présente et s’intensifie en s’orientant vers les cultures annuelles. À cet égard, il faut également noter que les évolutions récentes des prix agricoles constituent une nouvelle incitation au retournement des prairies. D’après la comparaison des RPG de 2007 et 2009, la Lorraine aurait perdu 9 156 ha de prairies permanentes en 2 ans (CSL 2011). Le PNR de Lorraine a mesuré une perte de 23 % des prairies depuis 1993 et de 3 % depuis 2003. Avec 1500 à 3 000 ha de prairies disparaissant chaque année en Lorraine, l’inventaire des prairies remarquables devient une urgence. Note importante : de nombreux habitats herbacés existent en dehors des prairies entretenues et pour certains se rattachent aux écocomplexes, aux milieux forestiers etc.. Leur connaissance est très partielle en Lorraine, et ils mériteraient d’être étudiés.

État des lieux de la protection Depuis les années 1990, différentes mesures agri-environnementales ont été déployées afin d’aider les exploitants agricoles à mettre en œuvre des pratiques de fauche ou de pâturage qui soient compatibles avec les enjeux biologiques ou écologiques de leurs prairies. Les cahiers des charges de ces MAE sont définis par assemblage de mesures unitaires s’adaptant au mieux aux enjeux espèces ou habitats. Il s’agit donc d’obligation de moyens qui sont soumis à contrôle. Ces MAE font partie du second pilier de la PAC et à ce titre sont cofinancées par l’Europe et par l’État. Ces modalités financières sont notamment appliquées au sein des sites Natura 2000 car ces MAE se substituent aux contrats Natura 2000 qui sont réservés aux parcelles non déclarées à la PAC (soit aucune prairie). Ce dispositif Europe/État concerne également les prairies remarquables du PNRL et la mesure AZURE en 54 et 88. En complément, les collectivités territoriales peuvent mettre en œuvre des MAE avec des financements propres. Le Conseil Général de la Moselle a une action particulièrement développée sur 5 PAE hors sites natura 2000. Enfin en 2011, une nouvelle modalité est mise en œuvre sur la base d’obligation de résultats (avec recommandation des moyens pour y parvenir), c’est le PAE « prairie humide ». Les modalités de contrôle via la flore présente restent à caler. En 2012, 2 PAE sont prévus, l’un en vallée de la Crusnes et l’autre en vallée de la Meuse (hors site Natura 2000). Le tableau ci-dessous synthétise les superficies contractualisées en site Natura 2000 et hors Natura 2000. 41 sites Natura 2000 sont concernés par ces MAE qui devraient totaliser 15 000 ha. MAE Natura 2000

MAE Biodiversité

Bilan 2007/2011

12 900 ha

3 000 ha

Projets 2012

2 072 ha

746 ha

L’outil majeur de la préservation de prairies d’intérêt écologique est sans conteste, les mesures agri-environnementales.

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Actuellement nous ne disposons pas des données précises des MAET Natura 2000 et Biodiversité qui nous permettent d’apprécier les types de mesures contractualisées par type d’habitat de prairie par site N2000. Or, ce niveau de précision est indispensable pour appréhender la conservation de leurs enjeux biologiques et écologiques (les mesures sont bien évidemment adaptées pour permettre l’atteinte de cet objectif). À titre indicatif, les ENS prairies actuellement recensés mettent en avant 19 000 ha dont 12 000 ha s’inscrivent en Natura 2000. Ainsi 1/3 des prairies patrimoniales se situeraient hors Natura 2000. Le CSL via la protection de ses sites contribue à la préservation d’environ 1 000 ha de prairies (aux chiffres ci-dessous basés sur les sites prairiaux, il faut ajouter les prairies situées dans des sites dominés par d’autres typologies).

Sites inventoriés

Sites en Natura 2000

Prairies non alluviales nombre superficie en ha

87

24

21

2800

1600

200

Ecocomplexes alluviales nombre superficie en ha

Sites protégés par le CSL

52

26

12

15200

10200

525

Sites en MAET

Pour illustrer la problématique des prairies en terme d’échelle, voici les chiffres clés : • 400 000 ha de prairies permanentes • moins de 40 000 ha de prairies présentant un intérêt biologique ou écologique • 20 000 ha de MAET • 1 000 ha de maîtrise foncière ou d’usage CSL. Pour les milieux alluviaux tous habitats confondus, le programme LIFE VANEF fut conduit sur les vallées de la Meuse et de la Moselle. Ce programme a permis de mettre en œuvre la maîtrise foncière par bail emphytéotique de 392 ha de terrains communaux de Bayon à Gripport, terrains qui constituent aujourd’hui la Réserve Naturelle Régionale de la vallée de la Moselle. En vallée alluviale de la Meuse le CSL est moins intervenu, soit des acquisitions de prairies dont 92 ha à Stenay-Mouzay ainsi que 2 noues et un marais.

Propositions PAQ

o 1 - développer l’observatoire régional des prairies remarquables, soit poursuivre l’identification des associations végétales et poursuivre la cartographie des sites majeurs. En 2012, la partie Moselle Est sera finalisée, et les années suivantes, il faut inventorier les zones d’Argonne, du piémont vosgien. o 1 - Eu égard au fait que les MAET sont localisées sur les sites Natura 2000 et DCE (AEP), il faut que les partenaires régionaux prennent le relais sur les entités de prairies remarquables non incluses dans ce réseau. o 2 - Contribuer à l’établissement d’un bilan régional des types de mesures contractualisées par types d’habitats dans les sites Natura 2000 ainsi que sur les mesures biodiversité hors Natura 2000, o 2 - La poursuite de la sensibilisation de la profession agricole et le développement des partenariats déjà engagés avec les chambres d’agriculture pour la mise en œuvre de pratiques agricoles adaptées aux enjeux biologiques et écologiques identifiés.

Encore considérées comme banales voici 30 ans, les prairies de fauche extensives disparaissent à une telle vitesse que cela implique le développement d’un programme volontariste devant aboutir à l’échelle de 10 ans à une préservation significative de ce patrimoine naturel.

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2.3.5. Pelouses et landes Annexe X – Liste des sites de pelouses et landes

Enjeux biologiques et écologiques Les pelouses lorraines sont des milieux relictuels de vastes parcours pastoraux utilisés à travers les siècles par des troupeaux communaux puis à l’orée du XXe siècle par des troupes transhumantes. Des estimations basées sur des analyses diachroniques de sites indiquent que les superficies de pelouses recensées dans les années 1980 correspondent probablement au 1/10e des surfaces historiques. Les espèces de ces pelouses sont de types héliophiles et thermophiles et pour beaucoup d’entre eux les cortèges sont méridionaux.

Connaissances scientifiques et limites Avec 160 pelouses recensées, cartographiées et inventoriées, la connaissance de ce type de milieu en Lorraine est plutôt bonne. Depuis 2000, quelques nouveaux sites ont été identifiés en Meuse et en Moselle et, il est probable que quelques nouvelles pelouses soient retenues comme ENS en Meurthe et Moselle. À noter que le premier inventaire ENS signalait 12 pelouses en sites complémentaires pour lesquelles il conviendrait de disposer d’inventaires complémentaires. Ayant fait l’objet d’une thèse en 1999, les associations végétales des pelouses sont bien identifiées et quelques nouvelles variantes sont proposées depuis. Le cortège entomologique y a particulièrement été étudié depuis 2 à 3 décennies ce qui permet de documenter les régressions des cortèges typiques des pelouses rases (notamment du fait du pâturage). La Lorraine possède 152 pelouses pour 3 520 ha plus 8 terrains militaires totalisant 2 000 ha.

État des lieux de la protection CSL et autres La protection des pelouses lorraines par maîtrise foncière ou d’usage par le CSL est particulièrement développée notamment par le biais de partenariat entre les communes, le CSL et l’ONF (en cas de soumission au régime forestier). En effet, la grande majorité des pelouses lorraines sont des propriétés communales qui furent historiquement gérées collectivement (bergers communaux). Dès 1996, ces pelouses ayant fait l’objet de bioévaluation, il fut possible de cibler la protection des sites majeurs. De plus, un suivi des enjeux floristiques a permis en 1995 de cibler des pelouses pour la présence de station botanique exceptionnelle. Le tableau ci-dessous présente les taux de protection détaillés par niveau de valeur des pelouses et montre que les sites d’enjeux majeurs sont bien préservés. Tableau synthétique des pelouses inventoriées et protégées en Lorraine

Pelouses inventoriées

Pelouses en Natura 2000

National nombre superficie en ha

25

Pelouses protégées par le CSL

Soit % pelouses protégées CSL

Soit % pelouses protégées via CSL ou Natura

20

19

1275

540

Régional

nombre

superficie en ha

65

25

superficie en ha

61 652

54 %

497 10

88

68 %

18

100 %

35

1598

Local nombre

76 %

28 %

39 %

Avec un réseau de 72 pelouses représentant 1 127 ha le CSL assure majoritairement la protection et la gestion des pelouses en Lorraine.

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Répartion des types de végétation dans les sites de résineux pelouses gérés par le CSL 7%

bois feuillu 32%

pelouse 46%

Propositions PAQ Les pelouses étant des milieux secondaires en majorité d’origine pastorale, elles requièrent d’importants efforts de gestion pour limiter la fermeture du tapis herbacé par des graminées sociales, des arbustes et des arbres (et colonisation de pins). Aussi au-delà toute stratégie de protection doit intégrer ce besoin de gestion. Pour mémoire sur les 1100 ha gérés par le CSL, les habitats de pelouses ne représentent que 450 ha. La majorité des habitats boisés sont laissés en évolution spontanée.

fruticées 15%

Projets PAQ : o o o o o o

1 - Protéger de nouvelles pelouses pour un ou des enjeux biologiques ou habitats identifiés 1 - Protéger de nouvelles chaumes primaires (pas de gestion ultérieure et suivi de la colonisation ligneuse) 1 - Optimiser la gestion pastorale en poursuivant les suivis écologiques spécifiques 2 - Mettre à jour les inventaires pour les pelouses meusiennes signalées en sites complémentaires lors du premier inventaire ENS, 3 - Intégrer la malacofaune dans les inventaires biologiques 3 - Protéger de nouvelles pelouses pour créer un réseau de pelouses présentant une bonne connectivité (bufer à 5 km) en intégrant la trame thermophile du PNR de Lorraine et celle à construire au niveau régional,

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2.3.6. Marais et tourbières alcalines Annexe XI – Liste des sites de marais et tourbières alcalines

Enjeux biologiques et écologiques Les marais et tout spécialement les tourbières alcalines présentent des enjeux forts pour la Flore supérieure avec par exemple 10 plantes protégées au marais de Pagny-sur-Meuse dont le Liparis de Loesell, orchidée d’intérêt européen. Les bryophytes ne sont pas en reste avec 5 espèces classées en danger sur la liste rouge lorraine dont le Scorpidium cossonii connu d’une seule tourbière lorraine. Pour les invertébrés, les enjeux sont connus au sein des libellules avec la présence de populations importantes d’Agrion de mercure, espèce d’intérêt communautaire, tant au niveau des ruisselets de source au sein de vasques d’eau calcaire. Ces tourbières calcaires accueillent également les 2 Vertigo d’intérêt européen. Enfin une guilde de coléoptères et de microlépidotpères très spécialisés constitue le fond original de la biodiversité de ces zones humides. Qu’ils soient nommés, vasques à Characées, tufs à Cratoneuron, Schoenaies, Cariçaies basses ou Cladiaies, la rareté des types d’habitats des marais alcalins explique que l’on peut y dénombrer 17 habitats primaires de fort enjeu. Les superficies occupées par ces habitats sont très réduites ce qui les rend extrêmement sensibles à toute dégradation directe (piétinement, fossés) ou indirecte (dégradation de la qualité des eaux d’alimentation).

Connaissances scientifiques et limites Les principaux sites de tourbières alcalines furent identifiés dès les années 1985 et nombre d’entre eux firent rapidement l’objet d’une mise en protection par le CSL. Depuis lors quelques nouveaux sites de petites tailles mais d’intérêt biologique notable ont été inventoriés notamment aux environs de la vallée de l’Othain. Il est intéressant de souligner que pour certains petits marais alcalins tels que ceux sur Veckerviller ou Rimling dont la protection fut conduite de longue date lors de procédures de remembrement, leur niveau d’intérêt ne fut identifié que cette dernière décennie lorsque les inventaires de bryophytes ou de mollusques furent conduits. Ces zones humides considérées au départ comme d’intérêt « local » et protégées en tant que tel sont devenues des zones d’intérêt régional. À noter que ces petites zones humides ont subi un très fort taux de disparition au XXe siècle, car elles correspondent à des sources peu importantes dont bon nombre ont été mises en drain. Au-delà des nécessaires connaissances biologiques, ces zones humides ont bénéficié de suivis écologiques pour contrôler la gestion pastorale (Pagny-sur-Meuse) ou la gestion par fauche (Vittoncourt, Ippling, Ormersviller…). La compréhension du fonctionnement hydrologique des marais est en effet une composante indispensable pour choisir des objectifs à long terme pertinents. Elle est tout autant nécessaire pour dissocier les effets de la gestion de ceux d’évolution spontanée des conditions hydriques. L’inventaire des marais et tourbières alcalines de Lorraine indique la présence de 68 sites pour 1 160 ha. État des lieux de la protection CSL et autres Les 4 tourbières alcalines majeures, d’intérêt national, sont protégées et gérées depuis plus de 20 ans par le CSL et font toutes partie du réseau Natura 2000. L’effort de protection est aussi important pour les marais d’intérêt régional avec près de la moitié des sites protégés. Enfin, la préservation des petits marais reste beaucoup plus lacunaire avec seulement un tiers des sites concernés. Hormis, 2 marais, la totalité des sites protégés repose sur le CSL engagé de longue date pour la préservation de ces zones humides.

Marais inventoriés

Marais en Natura 2000

National nombre superficie en ha

4

4

127

Régional nombre superficie en ha

30

11

565

Local nombre superficie en ha

28

34 468

0

Marais protégés par le CSL

Soit % marais protégés CSL

Soit % marais protégés via CSL ou Natura

4

100 %

100 %

98

77%

13

43 %

50 %

196

35%

11

32 %

idem

39

8%


En Lorraine, 30 marais alcalins bénéficient d’une protection soit au total 380 ha. Hormis 2 sites totalisant 40 ha, toutes ces zones humides doivent leur protection au CSL.

Propositions PAQ : o o o o

1 - la mise en protection par maîtrise foncière de nouveaux sites identifiés comme remarquables 1 - la poursuite des suivis écologiques relatifs aux modes de gestion et au fonctionnement hydrologique, 1 - la poursuite des inventaires de bryophytes, de malacofaune et de characées, 1 - la contribution à assurer une meilleure qualité des eaux d’alimentation, mesures sur le bassin versant, et au besoin par acquisition de parcelles clés pour assurer la qualité des eaux.

2.3.7. Tourbières acides Annexe XII – Liste des sites de tourbières acides

Enjeux biologiques et écologiques Avec 16 plantes protégées dont une majorité au niveau national les tourbières possèdent de fort enjeux floristiques. Les bryophytes et notamment le genre Sphagnum constitutif de la tourbe comporte aussi des taxons de très grand intérêt En 2010, la découverte d’une espèce nouvelle pour la France, Sphagnum balticum illustre bien ce fort enjeu. Pour la faune, c’est le vaste groupe des insectes qui comporte également des espèces à répartition boréo alpine, considérées comme des reliques glaciaires, et en tout état de cause strictement inféodées aux milieux tourbières. Pour les libellules, citons Aeshne subarctique, la Cordulie arctique et pour les papillons, le Nacré de la Canneberge et le Cuivré de la Bistorte. Bien de superficies modestes, les tourbières peuvent offrir des habitats pour certains oiseaux prestigieux comme le GrandTetras. En terme d’habitats, les tourbières acides accueillent 39 habitats primaires dont 37 sont également des habitats de la Directive Habitats, seuls 2 habitats boisés de saulaie et d’aulnaie ne sont reconnus que d’intérêt régional. L’état de conservation des habitats de tourbières bombées est assez variable selon les tourbières et les nombreuses altérations hydrauliques qu’elles ont subi historiquement se traduisent par des dominances d’habitats de tourbière haute dégradée. Malgré ces dégradations de leur fonctionnement hydraulique, la majorité des tourbières vosgiennes ont conservé une bonne capacité de résilience et montrent des reprises de formation de tourbe après restauration hydraulique. Les fortes pluviométries et l’hygrométrie locale sont 2 facteurs favorables. Par contre, des dégradations restent constatées par piétinement, rejets ou pompages, et même création d’infrastructures. Sur le moyen terme, la conservation des milieux tourbeux du massif vosgien est fortement placée sous la dépendance de l’évolution du climat. En l’état des constats (étude des insectes boréaux 2009 ? CSL J. DABRY et suivi de restauration tourbière CSL JC RAGUE 2009 ? et expertises P. GOUBET 2009 à 2011), ce changement n’a pas encore d’effets négatifs mesurables.

Connaissances scientifiques et limites À l’issue des premiers inventaires ENS88 en 1996, 84 tourbières furent recensées soit une majorité des sites tourbeux majeurs du massif vosgien. En 2010, l’inventaire réalisé pour l’IFEN a permis d’intégrer 55 nouveaux sites tourbeux dans le département des Vosges et 3 sites nouveaux au sein du PNR des Vosges du Nord. Cet effort de connaissance a permis de compléter en (grande ?) partie, les lacunes évidentes de la première phase d’inventaire qui avait fortement négligé les petites tourbières a priori considérées comme de moindre enjeu en terme de préservation du patrimoine naturel. Sous la terminologie de tourbière acide, il faudrait distinguer ces milieux par type de fonctionnement. Dans le massif vosgien l’on trouve des tourbières formées dans des cuvettes (topogène), sur des suintements (soligène) qui évoluent en tourbières liées aux précipitations (ombrogène). Deux types particuliers sont remarquables dans les Vosges, les tourbières sur des blocs (condensarogène) et probablement une tourbière de type ombrogène initial. Lors de la stratégie de protection il convient de tenir compte de cette diversité. La Lorraine abrite 144 tourbières acides totalisant une superficie de 917 ha dont 122 dans le département des Vosges dont 55 petits sites tourbeux peu connus.

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État des lieux de la protection CSL et autres La protection des tourbières du massif vosgien a débuté par la mise en œuvre de Réserve Naturelles Nationales sur des sites majeurs tels que Tanet Gazon du Faing, Machais, Ventron pour les Vosges et par la RNN du Pays de Bitche. Les actions du CSL ont porté sur des propriétés privées (RNR de la Charme) par acquisition, sur des propriétés communales (Baux emphytéotiques et conventions). Dans le cadre de son accompagnement de la politique ENS88, le CSL a récemment travaillé à la protection de nombreux sites. Au total ce sont 20 tourbières représentant 279 ha que protège et gère le CSL essentiellement dans le département des Vosges. Les protections par RNN et par RBF et RBD totalisent 36 tourbières supplémentaires pour une superficie de 180 ha. Des projets de RBD devraient concerner d’autres sites tourbeux. Les politiques ENS54 et ENS 57 se traduisent par 3 sites complémentaires et importants. Enfin, le classement en Natura 2000 concerne 25 sites tourbeux qui ne bénéficient pas de protection par d’autres moyens. Leur prise en compte spécifique dans les DOCOB respectifs est fondamentale. En Lorraine, 59 tourbières bénéficient de protections soit environ 400 ha. La contribution du CSL représente 1/3 des sites pour environ 2/3 des superficies protégées. D’importants efforts de protection restent donc à conduire pour parvenir à une préservation de ce patrimoine tourbeux qui figure au second rang des enjeux lorrains (juste derrière nos prés salés). Parmi les critères de sélection de ces nouvelles protections à conduire nous retiendrons : - le niveau d’intérêt identifié comme national et régional depuis 20 ans (et revalidé au sein des 40 tourbières prioritaires ENS 88), - les enjeux en terme d’espèces et d’habitats, dont la majorité a été mise en évidence récemment, - la constitution d’un réseau connecté aux sites tourbeux de Franche-Comté ou d’Alsace pour les Hautes Vosges.

Propositions PAQ o 1 - Poursuivre la compréhension fonctionnelle des tourbières protégées (voir hors sites protégés et selon typologie) o 1 - Poursuivre la restauration hydraulique des tourbières protégées et en cours de protection o 1 - Mise en place de méthodologie monitoring de suivi de l’évolution des unités fonctionnelles sur tourbières gérées CSL tant pour des objectifs de suivi de gestion que de suivi des impacts du changement climatique, o 2 - Poursuivre le monitoring de suivis de l’évolution de groupes faunistiques boréo-arctiques sur échantillon de toutes les tourbières du massif vosgien (suivi des impacts du changement climatique), o Poursuivre la création du réseau de tourbières protégées selon 2 axes :  1 - la préservation des tourbières à très forts enjeux biologiques ou écologiques (dont nombre d’entre elles sont situées sur la commune de La Bresse)  3 - la création de connexion entre les tourbières des hautes et du piémont ainsi qu’entre celles du piémont et les tourbières de Haute-Saône. o 3 - Faire les inventaires espèces et habitats pour les 55 petits sites tourbeux identifiés par l’IFEN (l’ensemble des tourbières acides pourrait faire l’objet d’un inventaire spécifique sur le site en appliquant la méthode IFEN comme pour les zones humides et en mettant les données dans le SIE AERM). o 3 - Favoriser les mises en commun des méthodes et résultats de connaissance pour l’ensemble des gestionnaires de tourbières du massif vosgien (plus côté alsace/ Franche comté ??) Réseau de tourbières acides protégées du département des Vosges

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2.3.8. Lacs et étangs (Mares) Annexe XIII – Liste des sites de lacs et étangs Note : par rapport aux milliers de plans d’eau artificiels présents en Lorraine seule une bonne centaine d’étangs sont sélectionnés comme étant des zones humides à enjeux biologiques ou écologiques. La multiplicité des plans d’eau induits de nombreux effets néfastes sur les cours d’eau (barrière biologique et sédimentaire, apports d’espèces invasives et de pathologies). Aussi, il convient de trouver une juste place pour ces zones humides artificielles que sont les étangs historiques à forte valeur biologique.

Enjeux biologiques et écologiques Il est de notoriété publique que les étangs piscicoles constituent des zones aquatiques et palustres qui servent d’habitats pour une multitude d’espèces inféodées aux zones humides. Au premier plan, figurent les oiseaux. En effet, qu’ils soient nicheurs, migrateurs ou hivernants, c’est la moitié des 77 oiseaux reconnus d’intérêt européen qui vivent au sein des étangs. Plus globalement parmi les 279 espèces qui fréquentent la Lorraine, 36 % sont fortement dépendants des étangs. Pour les oiseaux nicheurs, les proportions sont assez proches avec 1/3 des oiseaux européens dont les mythiques, Butor étoilé, Héron pourpré, Blongios nain et Busard des roseaux. Pour ces oiseaux de vastes roselières sont indispensables principalement pour leur assurer la quiétude nécessaire au succès de leur nidification. Parmi les autres vertébrés, les batraciens trouvent au sein des étangs extensifs des zones de reproduction de choix. C’est notamment le cas de la Rainette arboricole, dont les sites de pontes sont au 2/3 des étangs au sein du Sud Mosellan. Même parmi les poissons dont les peuplements sont dirigés par le pisciculteur se glissent des espèces patrimoniales telles la Bouvière, l’Able de Heckel et le Carassin commun. Les chauves-souris mettent à profit les fortes densités d’insectes pour se restaurer au-dessus des zones aquatiques tel le Vespertilion de Daubenton. C’est bien sûr parmi les invertébrés que la diversité d’espèces est la plus grande. Seuls quelques groupes sont bien connus car parmi eux se trouvent des espèces phares constituant des enjeux européens. Ainsi les étangs accueillent les 2/3 des libellules lorraines dont la Leuccorhine à large queue qui affectionne les étangs à nénuphars. Les coléoptères, les punaises mais aussi les éphémères et les trichoptères comportent certaines espèces spécialistes des eaux dormantes. Même les mollusques adoptent les étangs comme habitat permanent, tel le Vertigo de Desmoulins, gastéropode d’intérêt européen, dont certains étangs abritent des populations florissantes. Avec un cortège total d’environ 200 plantes, les étangs hébergent 5 % des plantes protégées en Lorraine. Ce sont par exemple, la Grande Douve qui se développe dans les roselières inondées, et le Faux-nénuphar et le Potamot à feuilles aiguës qui se rencontrent dans les herbiers. Lors des assecs une flore très particulière apparaît avec notamment la Laîche de Bohême. Toutes ces plantes s’organisent en fonction des conditions écologiques en groupements végétaux ou « habitats » dont certains constituent aussi des enjeux européens. C’est parmi les herbiers aquatiques que se trouvent des raretés en terme d’habitats pour les étangs. Les différentes sortes d’herbiers à Potamots, à Renoncules et les tapis à Characées s’expriment pleinement dans les étangs extensifs. Toutes ces espèces des eaux « dormantes » trouvent au sein des étangs des milieux de substitution qui leurs sont devenus indispensables suite à la disparition de leurs zones humides originelles (milieux lentiques dans les zones alluviales).

ZNIEFF niveau 1

ZNIEFF niveau 2

Bryophytes

ENJEUX

2

2

Flore

15

14

Odonates

2

2

Oiseaux

8

19

Habitats

12

17

Les lacs naturels des Vosges sont au nombre de 5 dont 3 connus pour leur intérêt biologique (Gérardmer, Longemer et Retournemer). Ils correspondent à des dépressions ou vallées dont les écoulements ont été barrés par des moraines glaciaires et des deltas postglaciaires. Ils présentent donc au-delà de leur intérêt biologique et écologique, un intérêt géomorphologique. Les lacs de Blanchemer et Lac des Corbeaux très artificialisés conservent un intérêt géomorphologique. Le lac de Blanchemer et celui de Lispach restent très intéressants pour leurs tourbières tremblantes mais moins pour leurs habitats lacustres. Le lac de Lispach conserve un benthos bien développé. Sur le plan écologique, leur profondeur moyenne supérieure à 6 m induit une stratification thermique et chimique qui peut induire des zones abiotiques par anoxie (Retournemer). La faune de ces lacs notamment halieutique fut très particulière (truites et…) mais les pratiques de pêche avec des introductions massives de poissons de seconde catégorie ont induit la perte de qualité. Les herbiers aquatiques se distinguent par la présence de gazons amphibies à Isoetes. Encore bien présents au Lac de Gérardmer, ces herbiers ont fortement régressé à Longemer et des espèces ont disparu.

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Connaissances scientifiques et limites Si les oiseaux, les libellules, les batraciens sont bien connus, en revanche l’écosystème étang est encore mal connu dans son fonctionnement. Or de la qualité des vases et des arrivées d’eau dépendent toutes les chaînes trophiques et la plus ou moins bonne expression des enjeux d’espèces ou d’habitats. Déjà approché en 1996 lors du Life Petite Woëvre, le fonctionnement du compartiment aquatique tant dans ces composantes physico-chimiques que biologiques fait partie des acquis de connaissances récents au CSL. Depuis 2009, tous les étangs du CSL ont bénéficié de diagnostics écologiques de type DCE (physico-chimie de l’eau et des sédiments et phytoplancton). De plus, les herbiers aquatiques font l’objet de description fine intégrant depuis 2011 les Characées au rang spécifique. La dépendance des étangs pour la qualité de leurs sédiments et de leurs eaux au bassin versant ainsi qu’aux modes de gestion antérieurs implique des études hydrologiques et des enquêtes historiques. Aussi, les facteurs influençant la biodiversité des étangs doivent être pris en compte pour les 2 grands types d’habitats des étangs. Les roselières (phragmitaies, typhaies, scirpaies) connaissent des dynamiques d’expansion ou de régression liées aux travaux sur les berges, aux variations de niveaux d’eau, à la qualité des vases et à celle de l’eau. En quelques décennies, les saulaies peuvent remplacer les roselières asséchées, ce qui peut conduire à des travaux de régénération. Pour les herbiers aquatiques, les libellules et les canards nicheurs, la qualité de l’eau et surtout le peuplement piscicole sont déterminants. Au-delà d’un certain seuil de production, variable selon les étangs, allant environ de 300 à 400 kg/ha, ces compartiments aquatiques peuvent totalement disparaître. Ce début de bonne connaissance biologique et écologique s’applique uniquement aux étangs du plateau lorrain, majoritairement des étangs historiques situés sur des cours d’eau de seconde catégorie. A contrario, les étangs situés sur les cours d’eau de première catégorie et tout particulièrement ceux de la partie Sud du département des Vosges sont encore trop méconnus. La présence d’herbiers aquatiques particuliers et de populations d’espèces spécifiques (Leucorrhine à gros thorax) doit y être correctement étudiée. Depuis 2000, le CSL a mené des suivis sur les herbiers aquatiques des lacs vosgiens qui ont démontré que leur régression est imputable en grande partie aux broutages de carpes herbivores introduites illégalement. Une meilleure connaissance de la biologie et de l’écologique de ces 3 lacs naturels semble une nécessité pour les préserver de toute dérive écologique non réversible (eutrophisation, augmentation de leur teneur en sel).

État des lieux des inventaires d’étangs et de leurs protections Dans le tableau suivant, seuls les étangs piscicoles et le Lac de Madine sont intégrés. National

Régional

Local

TOTAL ÉTANGS

nombre

superficie en ha

nombre

superficie en ha

nombre

superficie en ha

nombre

superficie en ha

Étangs inventoriés

9

2722

56

1745

52

732

117

5199

Étangs protégés par le CSL

3

470

8

231

2

14

13

715

Étangs protégés par réglementation

2

1400

5

238

3

49

10

1687

Étangs en ENS

1

670

4

87

1

44

6

801

Étangs bénéficant de MAE Région Lorraine ou de FEP

2

145

15

578

7

116

24

839

Étangs en zone Natura 2000

1

117

7

179

7

98

15

394

Étangs sans aucune mesure

0

0

17

432

32

411

49

763

La lecture rapide de ce tableau montre qu’un effort important multipartenarial permet de garantir à une majorité d’étangs majeurs, une mesure favorable à la conservation de ses enjeux biologiques. Que les étangs soient en sites « CSL », sous mesure réglementaire et sous gestion « ENS », ils bénéficient en général de modalités de gestion favorables et durables. Ces statuts concernent plus de ¼ des étangs avec des sites majeurs qui expliquent que ces statuts favorables représentent 3100 ha, soit plus de la moitié des superficies. Les mesures plus contractuelles comme les MAE de la Région Lorraine et le Fond Européen pour la Pêche forment des actions favorables sur 5 années cependant que l’inscription en zone Natura 2000 n’apporte que des mesures potentielles. Pour les étangs réservoirs, notamment ceux de Voies Navigables de France en Moselle, dont l’intérêt biologique est reconnu, l’intégration de ces enjeux n’est encore que partielle.

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Les lacs naturels vosgiens ne bénéficient que ponctuellement de mesures de préservation notamment la rive sud du Lac de Longemer (Delta du ruisseau des Plombes). Propriétés communales hormis celui de Retournemer, propriété privée, ces lacs sont des joyaux régionaux où le maintien de la qualité des eaux et de leurs habitats et espèces naturelles est une composante de leur développement durable.

Propositions PAQ : o 1 - Poursuivre la protection d’étangs privés à forts enjeux biologiques ou écologiques par acquisition foncière, o 1 - Poursuivre la contribution du CSL à la mesure du Conseil Régional sur la sauvegarde des roselières et autres programmes liés à la biodiversité des étangs (FEP), o 1 - Approfondir la connaissance des enjeux biologiques et écologiques des étangs et de leurs relations avec les pratiques piscicoles, o 1 - Initier l’inventaire des enjeux biologiques et écologiques des étangs du Sud vosgien, o 2 - Favoriser l’implication de Voies navigables de France pour une gestion plus écologique de ses étangs réservoirs o 3 - Contribuer à la définition collective de méthodes d’étude d’impact des étangs sur les cours d’eau de première catégorie et vue de leur réduction, notamment en lien avec les populations d’écrevisses, o 3 - Initier la connaissance du fonctionnement écologique sur des lacs vosgiens (6 lacs), voire compléments DCE, o 3 - Contribuer à assurer une meilleure qualité des eaux d’alimentation des étangs protégés, (mesures agri-environnementales sur le bassin versant)

MARES Actuellement aucun inventaire significatif n’a été mené en Lorraine sauf dans le cadre de l’observatoire des zones humides du Sud Mosellan. Leurs origines sont multiples (naturelle liée à la géologie, artificielle liée aux usages agricoles) avec une occupation humaine fréquente dès le néolithique. Majoritairement d’origine anthropique, les mares ne sont pas encore clairement connues en terme d’enjeux biologiques certains groupes tels les branchyopodes ayant révélé récemment des espèces majeures (mares en forêt de Bischwald). Cependant des travaux scientifiques régionaux portent sur les mares et sont à consulter (INRA Champenoux E. Dambrine). D’une façon générale nous constatons une forte régression en zone agricole et un maintien en zone forestière. Certains réseaux de mares en Meuse (environs d’étang d’Amel, de l’étang de Lachaussée) ou encore dans les Vosges (Forêt Domaniale de Padoux) présentent un fort intérêt entomologique et batracologique. Certaines mares tourbeuses en forêt en Moselle présentent un fort intérêt en terme d’habitats et de flore, mais avec de fortes régressions, notamment en Forêt Domaniale de Sierck. Il reste 2 mares tourbeuses à S. magellanicum (habitat de tourbière ombrogène) dont une protégée par le CSL. Leur conservation en milieu agricole est majoritairement du ressort d’outils agri-environnementaux spécifiques.

Propositions PAQ : o 2 - Assurer la protection foncière ou par convention de mares privées ou communales d’intérêt majeur. o 3 - mettre en œuvre un observatoire des mares par échantillonnage à l’échelle régionale (recensement préalable des bibliographies tant naturalistes qu’historiques palynologie etc…), o 3 - Finaliser la mise en œuvre et le suivi de la création/entretien de réseaux de mares sur les zones humides gérées par le CSL,

2.3.9. Cours d’eau Enjeux biologiques et écologiques Les cours d’eau (lit mineur) de leur source à leur confluence comportent une grande variété d’habitats, d’herbiers aquatiques, de végétation des zones d’alluvionnement, et de végétation des berges. Certains de ces herbiers sont des habitats d’intérêt communautaire. Parmi la faune aquatique, quelques oiseaux (Cincle plongeur) et mammifères (Castor) forment la partie visible de la biodiversité qui est surtout représentée par les invertébrés. Les insectes à larve aquatique, comme les Plécoptères ou les Éphémères sont connus de longue date et servent à caractériser la qualité biologique de ces cours d’eau à travers les indices biologiques. Ces indices intègrent aussi les gastéropodes et bivalves aquatiques dont certaines espèces constituent des enjeux européens. Pour éviter que la Mulette épaisse ne subisse le sort de la Moule perlière La Moule perlière (Margaratifera margaratifera) fut connue en Lorraine dans la rivière de la Vologne (à titre historique les perles de la Vologne ornaient les parures des ducs de Lorraine). Cette grande moule a survécu dans un affluent de la Vologne (le Neuné) et la découverte de 3 individus vivants en 2008 a permis de diagnostiquer la disparition de cette espèce à court terme. Compte tenu des exigences écologiques de cette moule – 0 nitrate entre autre – la population lorraine était condamnée depuis les années 1970. Par contre, pour sa cousine, la Mulette épaisse un peu moins exigeante sur le plan écologique, de belles populations ont récemment été redécouvertes par l’ONEMA

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Les écrevisses comptent aussi trois espèces à enjeux dont une étude menée en 2011 par la Fédération régionale de Pêche permet de dresser un état des lieux : - l’écrevisse des torrents avec une seule station en Moselle (liée à un site CSL et Natura 2000), - l’écrevisse à pieds blancs avec une cinquantaine de stations dont une majorité dans les Vosges - l’écrevisse à pattes rouges avec une quarantaine de stations situées dans les Vosges du Nord et dans le piémont vosgien. Comme toutes espèces pêchables, les populations d’écrevisses autochtones ont parfois été implantées (certain pour les plans d’eau mais aussi pour des cours d’eau com pers A Colas). Ces espèces sont fortement menacées de disparition par les écrevisses américaines, du pacifique ou de Louisiane vecteurs de pathologies. Pour les poissons, quelques espèces autochtones sont reconnues d’intérêt européen comme la Lamproie de Planer et le Chabot, deux espèces encore assez fréquentes dans les petits cours d’eau non pollués.

Connaissances scientifiques et limites Dès 1995, certains cours d’eau furent signalés dans les inventaires ENS et ce à dire d’experts. Les connaissances pour certains groupes d’insectes aquatiques sont le fait d’universitaires (G. Jacquemin et D. Vein - Nancy). Par ailleurs, des thèses sur l’écologie des populations d’invertébrés et l’incidence de l’acidification des cours d’eau vosgiens ont été menées (lab F. Guérold – Metz). Grâce à ces travaux, les éphémères, les plécoptères et les trichoptères bénéficient de listes d’espèces déterminantes pour les ZNIEFF. Dans le cadre de la surveillance de la qualité des eaux de surfaces, le Pôle Connaissances des Eaux superficielles de la DREAL (P. Mazuer) effectue des campagnes continues et a défini une méthodologie de désignation des cours d’eau en ZNIEFF (téléchargeable sur le site de la DREAL). Les cours d’eau en tant que masse d’eau sont suivis selon les protocoles de la DCE (Directive Cadre sur l’Eau). Ce protocole est de type réglementaire (Arrêté du 25 janvier 2010 relatif aux méthodes et critères d’évaluation de l’état écologique, de l’état chimique et du potentiel écologique des eaux de surface pris en application des articles R. 212-10, R. 212-11 et R. 212-18 du code de l’environnement). À noter que l’indice biologique général normalisé (caractérisant les invertébrés) utilisé pour définir les 5 classes de qualité ne permet pas de tenir compte des espèces très exigeantes, typiques de cours d’eau d’excellente qualité. Actuellement (données AERM 2008), 48 % des rivières sont jugées en bon état de conservation et les objectifs définis à l’échéance de 2015 devaient porter ce bon état à 68 %. À noter la qualité du SIERM (Système d’Information sur l’Eau Rhin-Meuse) qui permet d’accéder de façon très ergonomique aux 6 millions de données disponibles. Pour mémoire, le SIERM a mis à disposition sur son site les 1 200 fiches de zones humides inventoriées par le CSL dans le cadre de l’Observatoire du Sud Mosellan. Eu égard aux seuils fixés, on peut considérer que les espèces de cours d’eau exigeantes (Mulette, insectes aquatiques) ne peuvent survivre que dans les cours d’eau classés en très bon état écologique, soit un très faible pourcentage des linéaires de cours d’eau lorrain.

État des lieux de la protection Peu de cours d’eau bénéficient de statut de protection, et des projets d’APB sont en cours dans le cadre de la SCAP pour les années à venir, sur la base de populations d’écrevisses. Toutefois pour autant nécessaire qu’il soit l’APB doit être accompagné d’une surveillance rapprochée par les services de l’ONEMA et d’actions de sensibilisation permanentes (Fédérations de pêche). Le CSL n’est intervenu qu’exceptionnellement sur les cours d’eau (à Sauville (88) dans le cadre de la politique ENS 88 et en partenariat avec la commune et l’ONF ainsi qu’avec l’appui technique de l’ONEMA). L’AERM dans le cadre de son SDAGE cible 10 % de ses investissements sur les actions en faveur des milieux et de la biodiversité, soit un levier financier important pour les collectivités et associations.

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Les grands principes sur l’Eau, Nature et Biodiversité de l’AERM Feu rouge ! Nature et biodiversité déclinent vite ! Brochets, écrevisses à patte blanche, râles des genêts (un oiseau) sont les témoins vivants de notre environnement sauvegardé, de nos eaux et milieux associés, réservoirs de biodiversité. Épargner les milieux naturels aquatiques, les rivières, leur donner de l’espace, créer des lieux de vie, offrir des voies de migration au saumon et à la truite de mer, c’est une assurance vie ! On restaure (collectivités, associations de pêche) actuellement 300 à 400 km par an de végétation des cours d’eau dans le bassin, il faudrait passer à 500 km par an. Les zones humides (étangs, marais, tourbières, prairies, forêts alluviales…) stockent le trop-plein d’eau qu’elles restituent lors des sécheresses, stockent le carbone et limitent les effets du changement climatique. La moitié des zones humides françaises a disparu. Il faut lutter contre les pollutions des eaux et restaurer les fonctions naturelles des milieux aquatiques Dans le bassin Rhin-Meuse, on restaure (collectivités, pouvoirs publics, associations) actuellement 300 à 400 hectares de zones humides par an. À côté, il faudrait en recréer autant en même temps. Remblaie, retournements de prairies, pratiques agricoles non raisonnées, urbanisation non contrôlée… entraînent le déclin de la nature, de la biodiversité et de notre assurance vie ! Pour atteindre le bon état des eaux, il faut mener deux actions conjointes : lutter contre les pollutions des eaux et restaurer les fonctions naturelles des milieux aquatiques (rivières, zones humides) et leur diversité écologique qui nous rendent de grands services (autoépuration, stockage de trop-plein d’eau, stockage de carbone…). Cela est efficace et moins cher pour la collectivité. Au-delà, des actions, il apparaît que la réglementation est encore insuffisante en France pour garantir le bon état écologique requis par la DCE. L’avis de la cour des comptes sur la politique de l’eau en 2010 est clair : « Si les rejets domestiques et industriels commencent à être correctement traités, il n’en va pas de même des pollutions diffuses agricoles. La directive-cadre sur l’eau exige une action rapide et massive. Les redevances devraient être plus en rapport avec le coût de dépollution, et l’État doit durcir l’encadrement réglementaire des pratiques agricoles. » Notons par ailleurs que les sources et les petits cours d’eau en tête de bassin ont subi de fortes dégradations ou destructions. Une étude ONEMA montre que sur certains secteurs agricoles de Moselle, les sources et ruisselets ont disparu à hauteur 80 % du fait de leur captage par les réseaux de drainage agricole. Or ces milieux de source abritent un cortège biologique très particulier (faune dite crénobionte).

Propositions PAQ o 1 - contribuer à la connaissance et la reconnaissance des enjeux des cours d’eau en tête de bassin, o 1 - apporter la contribution CSL de la maîtrise foncière ou d’usage sur des cours d’eau de très grande valeur biologique en lien avec les partenaires locaux, o 3 - contrôler l’impact des plantes invasives sur la capacité de régénération des ripisylves

2.3.10. Milieux forestiers Afin d’appréhender le cadre général du milieu forestier et des mesures environnementales, il convient de se reporter au travail effectué en 2008 par l’Association Lorraine de certification forestière (PEFC Lorraine) avec le concours de l’ONF. geosylva.ifn.fr/doc/GeoSylvaLorraine.pdf En Lorraine, la forêt totalise 866 000 ha soit un taux de boisement de 36 %. Si l’on considère qu’environ 50 000 ha de boisements sont récents (plantations et recrus), la grande majorité des forêts lorraines est ancienne et a connu des phases d’exploitation plus ou moins intensives. Ce sont les communes avec 42 % qui sont majoritairement propriétaires des forêts lorraines, suivies par les propriétaires privés avec 33 % cependant que les propriétés de l’État constituent 25 %. L’ONF assure donc la gestion de 67 % des forêts lorraines soit 579 000 ha.

Superficie totale en ha de sup totale

Communale

Domaniale

Privée

359 901

218 959

288 099

42 %

25 %

33 %

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Enjeux biologiques et écologiques Occupant près du tiers de la Lorraine, les forêts accueillent un pan important du patrimoine naturel lorrain tant au sein de milieux forestiers particuliers qu’au sein des massifs forestiers classiques (telle la chênaie-charmaie de plaine). En terme d’habitats d’intérêt européen, nous trouvons les forêts de ravin à Frêne et Sycomore, les Peissières sub-alpines, mais aussi des habitats de rochers, d’éboulis voire de mégaphorbiaies. Les boisements alluviaux sont aussi particulièrement intéressants et constituent des climax liés à la morphodynamique des rivières. Les espaces forestiers sont devenus le seul lieu de vie de la grande faune lorraine, que ce soit les ongulés, les carnivores ou une grande partie des oiseaux à grand territoire. Pour les oiseaux, le symbolique Grand Tétras ou le plus anonyme Gobe mouche à collier illustrent la faune des forêts du massif vosgien et du plateau lorrain. Pour les carnivores, le Chat forestier trouve au sein des forêts lorraines ses bastions de populations pour la France. La petite faune et notamment les insectes totalisent des milliers d’espèces… Pour la flore supérieure, 10 % des espèces patrimoniales sont inféodées aux forêts et à des types d’habitats forestiers particuliers. La bryoflore et la fonge mettent à profit une grande variété de micro-habitats forestiers où la nécromasse joue un rôle important.

Connaissances scientifiques et limites Or, la connaissance de ce patrimoine naturel forestier est lacunaire en 2012 (à tout le moins la mise à disposition de cette connaissance). Les inventaires disponibles ne reflètent qu’une partie de ce patrimoine soit essentiellement des sites abritant des habitats forestiers très particuliers et ponctuels : érablière de pente, aulnaie marécageuse, etc. L’approche des massifs forestiers classiques comme « habitat d’espèces forestières » remonte à plus de 15 ans pour le Grand Tétras (GTV). Certains massifs « tests » tels le Romersberg (57) et les Vosges du Nord ont bénéficié d’inventaires poussés inter groupes en 1995, aboutissant à la création d’îlots de vieillissement. La Pratique des îlots de vieillissement s’est systématisée, mais en parallèle l’âge d’exploitation a été abaissé. Depuis, lors des inventaires ciblés sur des groupes indicateurs de l’état de conservation des peuplements ont été développés entre autres par l’ONF (réseau des entomologistes) par la Société Lorraine d’Entomologie (ZNIEFF). Les inventaires ciblés des saproxylophages illustrent l’importance de la nécromasse en forêt. En 2011, de nouvelles espèces pour la Lorraine ont ainsi été mises en évidence (ONF, Millarakis, com pers). Actuellement, la cartographie des habitats forestiers à l’échelle régionale n’est pas disponible même pour les forêts gérées par l’ONF. Cette absence de diagnostic (superficie, localisation, état de conservation) pour les types forestiers d’enjeux habitats mais aussi pour les types forestiers classiques est un frein majeur à une bonne prise en compte de ce patrimoine. Actuellement, sur les 79 sites Natura 2000 lorrains, 32 sont à dominantes de forêts pour une superficie totale de 103 000 ha. La typologie de ces forêts est assez diversifiée (plaine et montagne) et permet une prise en compte des enjeux avifaunistiques forestiers. La mise en œuvre d’un observatoire des forêts est une priorité. Il doit permettre de dresser un état régional des habitats forestiers, de leur structure de peuplement et de leurs enjeux espèces et habitats.

État des lieux de la protection La politique de préservation des forêts est synthétisée dans le document Geosylva dont les informations sont synthétisées dans le tableau cidessous. En complément des outils réglementaires applicables à tous types de milieux, les forêts bénéficient d’outils spécifiques de protection : les Réserves Biologiques (intégrales ou dirigées). D’autres types de protections existent pour certains massifs forestiers mais leur finalité n’est pas la biodiversité : les forêts en sites inscrits ou classés au titre de la Loi 1930 (soit 14 941 ha), la forêt de protection de Saint Avold (3 302 ha).

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Superficies en ha Mesures réglementaires

Communale

Domaniale

Privée

APB

488

758

71

Réserves Naturelles Nationales

474

809

248

Réserves Naturelles Régionales

10

0

135

Réserve Biologique Intégrale

0

1 479

0

Réserve Biologique Dirigée ou Forestière

88

4 930

0

1 060

7 976

454

TOTAL

Si l’on considère les redondances de mesures, ce sont environ 8 000 ha de forêts qui bénéficient de mesures réglementaires principalement propriété domaniale, soit un peu plus de 1 % des forêts, et les forêts laissées en libre évolution représentent 0,3 % des forêts publiques. De nouvelles Réserves Biologiques Dirigées en cours devraient apporter 830 ha supplémentaires.

DES FORETS EN ÉVOLUTION LIBRE Naturalité et libre évolution Le choix de dissocier les fonctions des forêts pour permettre à leur naturalité de s’exprimer a été fait : - En Alsace pour 1 % des forêts publiques, - Au Luxembourg pour 5 % des forêts publiques.

Superficies en ha Mesures contractuelles Site en Natura 2000 ZPS Site en Natura 2000 ZSC TOTAL

Communale

Domaniale

Privée

22 180

36 569

10 018

7 492

27 713

6 405

29 672

64 282

16 423

Les inscriptions en zone Natura 2000 ne peuvent qu’être bénéfiques à la conservation de leur patrimoine naturel mais n’imposent pas en soit de pratiques sylvicoles adaptées. À cette fin des contrats forestiers Natura 2000 peuvent être souscrits par des privés. Paradoxalement, un tel projet de contrat forestier vient d’être a priori rejeté pour une forêt propriété privée CSL au motif que la rédaction d’un plan simple de gestion doit impérativement inclure une exploitation alors que notre plan de gestion prévoit de laisser la forêt en évolution spontanée. Dans le cadre de la convention CSl/ONF signée en 1993, 41 sites sont protégés représentant 386 ha. Il s’agit majoritairement de conventions multipartites avec des communes (36), 4 concernent des forêts domaniales (convention CSl/ONF) essentiellement sur des sites à chiroptères, 1 bail emphytéotique avec ONF, sur de la forêt alluviale. Les milieux protégés par ces conventions sont pratiquement uniquement des zones peu (ou im) productives : Forêts alluviales ou humides, tourbières ou zones de pelouses, ouvrages abritant des chiroptères. De façon anecdotique, le CSL est propriétaire ou gestionnaire de 38 ha de forêts pour trois sites forestiers auxquels il convient d’ajouter les parties non gérées et laissées en boisement spontané (soit 400 ha pour les pelouses)… Par choix scientifique, ces forêts sont laissées en libre évolution. Par le biais de placettes permanentes (dendrométrie), la dynamique de leur peuplement est suivie, et des inventaires notamment entomologiques y sont conduits. L’intensification des pratiques sylvicoles est le facteur majeur sur moyen terme de la réduction quasi certaine de l’intérêt biologique et écologique des forêts. La réduction de l’âge d’exploitation des chênaies de plaine est particulièrement édifiante en Lorraine : de 250 ans dans les années 1980, elle est passée à 180 vers les années 1995, et vient d’être réduite à 120 ans dans les nouveaux plans d’aménagement. Une forêt de 120 ans (2 fois plus jeune qu’actuellement) ne comportera plus toute la guilde d’espèces des peuplements matures. Question: ce pan de biodiversité forestière peut-il se maintenir dans 1 % du territoire ou 3 % des forêts ?

Propositions PAQ o 1 - Contribuer à faire émerger un observatoire des forêts et identifier les enjeux d’habitats forestiers et les localiser (forêts publiques et forêts privées), o 2 - Mettre en œuvre des protections par acquisition (forêts privées) pour des habitats majeurs ou pour des enjeux biologiques remarquables o 3 - Favoriser la connaissance des enjeux biologiques des forêts matures

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2.3.11. Ecocomplexes alluviaux Annexe XIV – Liste des sites de complexes alluviaux

Enjeux biologiques et écologiques Cette typologie fait référence aux cours d’eau dont la dynamique fluviale est assez importante pour engendrer : - l’inondabilité du lit majeur, - la mobilité du lit mineur. Ces milieux comportent plusieurs types de zones humides « naturelles » d’intérêt biologique fort : - les annexes hydrauliques : les mortes (sur la Moselle) ou les noues (sur la Meuse), bras morts, - les bancs de galets ou de limons, - les saulaies basses inondables et érodables, - les saulaies blanches et les aulnaie-frênaies, - les prairies de fauche avec une forte diversité d’habitats montagnards et de plaine. Les fonctionnalités écologiques des écocomplexes alluviaux sont importantes (expansion des crues, recharge des nappes, corridor) et les services rendus sont évalués en millions d’euros (eau potable, expansion des crues, épuration des eaux, loisirs). En terme d’habitats d’intérêt européen, ce sont surtout les formations boisées de saussaies à osier, de saulaies blanches et d’aulnaie-frênaie qui constituent la richesse de ces milieux alluviaux. Les stades herbacés avec des prairies peu amendées et des végétations à hautes herbes de berges des cours d’eau sont également reconnus comme enjeux européens. Le castor symbolise fortement les écocomplexes alluviaux et le succès de sa réintroduction voici 30 ans en Lorraine atteste du bon état de conservation des boisements alluviaux parfois réduits aux rives. Parmi les poissons, la Loche d’étang, espèce communautaire a récemment été étudiée par l’Onema et la Fédération de Pêche de la Meuse. Une trentaine de noues en vallée de la Meuse hébergent des populations. Ces noues très envasées pour leur être favorables sont souvent en propriété privée. Pour les oiseaux, les prairies offrent des zones de nidification pour des espèces spécialisées, comme le Râle de genets en zone inondable ou le Tarier des près. Le succès de reproduction de ces oiseaux n’est plus assuré par les modes de fauche actuels et seules des mesures de retard de fauche, de bandes refuges peuvent en garantir la survie.

Connaissances scientifiques et limites Grâce aux travaux du laboratoire de Serge MULLER (LIEBE – METZ), les prairies alluviales sont bien connues en Lorraine. Leur description phytosociologique s’appuie sur plusieurs thèses et des DEA et, leur cartographie est déjà bien établie à travers le réseau Natura 2000. Le rôle en terme de biodiversité et en terme de capacité épuratoire des prairies inondables est ainsi très bien documenté.

État des lieux de la protection Pour les milieux alluviaux tous habitats confondus, le programme LIFE VANEF fut conduit sur les vallées de la Meuse et de la Moselle. Ce programme permit de mettre en œuvre la maîtrise foncière par bail emphytéotique de 392 ha de terrains communaux de Bayon à Gripport, terrains qui constituent aujourd’hui la Réserve Naturelle Régionale de la vallée de la Moselle. En vallée alluviale de la Meuse, le CSL est moins intervenu, soit des acquisitions de prairies dont 92 ha à Stenay-Mouzay ainsi que 2 noues et un marais. Les annexes hydrauliques de la Meuse, les noues, sont majoritairement constituées de propriétés privées et leur maintien dans un bon état de conservation semble très incertain. Actuellement l’outil majeur développé dans le cadre Natura 2000 est la mise en œuvre de MAE (cf. chapitre prairies). Ecocomplexes alluviaux nombre superficie en ha

Sites recensés

Natura 2000

Protection foncière

52

26

12

15200

10200

525

Propositions PAQ

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o 1 - Poursuivre la protection par maîtrise foncière (ou d’usage) des forêts, des prairies et des annexes hydrauliques en milieu alluvial o 1 - Débuter la préservation des annexes hydrauliques et notamment celles prioritaires de la Meuse afin de créer un réseau viable pour la Loche d’étang (partenariats ONEMA et Fédération de la pêche de Meuse), o 2 - Poursuivre la sensibilisation de la profession agricole et le développement des partenariats déjà engagés avec les chambres d’agriculture pour la mise en œuvre de pratiques agricoles adaptées aux enjeux biologiques et écologiques identifiés sur les ensembles prairiaux o 3 - Contribuer à la connaissance des enjeux biologiques des cours d’eau majeurs de Lorraine (lien avec cours d’eau et notamment enjeux Mulette épaisse).


Liste des Annexes Annexe 1 - Liste des taxons bryologiques à enjeux Annexe 2 - Liste référentielle des plantes supérieures à enjeux Annexe 3 - Liste référentielle des mollusques à enjeux Annexe 4 - Liste référentielle des arthropodes (insectes) à enjeux Annexe 5 - Liste référentielle des poissons et écrevisses à enjeux Annexe VI - Liste référentielle des oiseaux menacés de Lorraine Annexe 7 - Liste référentielle des habitats à enjeux Annexe 8 – Liste des sites de prés salés Annexe 9 – Liste des sites de prairies remarquables Annexe X – Liste des sites de pelouses et landes Annexe XI – Liste des sites de marais et tourbières alcalines Annexe XII – Liste des sites de tourbières acides Annexe XIII – Liste des sites de lacs et étangs Annexe XIV – Liste des sites de complexes alluviaux

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