Croisements 22 web

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Croisements

n° 22 mai / juin juill. / août 2015

operanationaldurhin.eu



édito « Le poème n’est accompli que s’il se fait chant, parole et musique en même temps ». Léopold Sédar Shengor

Contacts Opéra national du Rhin 19 place Broglie • BP 80320 67008 Strasbourg cedex 8 +33 (0)3 68 98 51 80 opera@onr.fr

Billetterie Strasbourg 0 825 84 14 84 (0,15 € / min) Mulhouse +33 (0)3 89 36 28 28 Colmar  +33 (0)3 89 20 29 02

Directeur de la publication Marc Clémeur Responsable de la rédaction Mélanie Aron Conception graphique et secrétariat de rédaction Flora Klein - OnR Impression Gyss Imprimeur Obernai Journal imprimé à 27 000 exemplaires ISSN : 2103-981X Licences 2-1055775 et 3-1055776 Photos : couverture Nis&For • p.3 Alain Kaiser

Dans un contexte politique et économique mondial d’une tension extrême, l’art plus que jamais est acteur du Monde. Au-delà du simple divertissement, il questionne, dérange, bouleverse, porte un regard sur notre société et participe à son évolution. Il est créateur de liens, garant du lien, entre les êtres, entre les choses. Il nous protège de la violence, de l’intolérance, et œuvre pour la Liberté. Le regard de l’artiste est essentiel, car il donne un sens à cette liberté. Et permet de résister. Les artistes, les ouvrages, les héroïnes et héros de cette nouvelle saison en témoignent : Penthesilea de Dusapin s’oppose à la Loi, Pénélope résiste par l’attente, Violetta tente vainement de transformer son destin, Cendrillon cherche son Prince charmant, Emilia Marty s’en prend au temps, Idomeneo interroge la figure du Père, Rossini et La Cambiale di matrimonio dénoncent la femme objet, Das Liebesverbot de Wagner montre l’hypocrisie puritaine, et Don Carlo nous entraîne en pleine guerre de religion. Toutes ces figures mythologiques, dramatiques et intemporelles représentent une forme de Résistance. Elles sont nos Résistances. Leurs questionnements, leurs doutes, leurs combats sont les nôtres. Le Ballet de l’OnR a bâti sa saison dans le même souci d’exigence, de découverte et de création. Un véritable tourbillon chorégraphique, pour vibrer au rythme de nos danseurs. 15-16 sera une saison ouverte, une saison de rencontres, entre les arts, entre les êtres, une saison ancrée dans notre réalité, projetée vers notre avenir. Laissons-nous surprendre, laissons-nous emporter, prenons des risques, explorons l’inconnu, et chantons, toujours, pour participer à la beauté du Monde, et ne jamais laisser la Voix s’éteindre. Marc Clémeur Directeur général

www.operanationaldurhin.eu


DU 7 FÉV. 2014 AU 14 AOÛT 2015 WWW.MUSEE-WURTH.FR TÉL. 03 88 64 74 84

The Last Judgement (détail), 1995 –1999, Céramique, béton, laiton, acier, bois de jarrah, bois d’ekki et chêne / 28 stations, Collection Würth, Inv. 5417-5441

ŒUVRES MAJEURES DE LA COLLECTION WÜRTH

Toutes les activités du Musée Würth France Erstein sont des projets de Würth France S.A.


L’Opéra national du Rhin tient à remercier l’ensemble de ses partenaires, entreprises et particuliers, pour leur confiance et leur soutien.

04

mécènes

Banque CIC Est Caisse d’Épargne d’Alsace Cercle Richard Wagner Dagré Communication Fondation Orange Galeries Lafayette Groupe Yannick Kraemer Réseau GDS

Partenaires

16

Advisa Café de l’Opéra Cave de Turckheim Champagne Nicolas Feuillatte Chez Yvonne Cinéma Vox CRT Alsace CTS Farrow & Ball Kieffer traiteur Lagoona Le Pont des Vosges Librairie Kléber Musée Würth France Erstein Parcus Wattwiller

Partenaires médias

Les membres de Fidelio

Association pour le développement de l’OnR

Avec le soutien du ministère de la Culture et de la Communication Direction régionale des affaires culturelles d’Alsace, de la Ville et l'Eurométropole de Strasbourg, des Villes de Mulhouse et Colmar, du Conseil régional d’Alsace , du Conseil départemental du Bas-Rhin et du Conseil départemental du Haut-Rhin.

2015-2016

06 « Qu'est-ce que notre vie ? Un jeu ! »

LA dame de pique

16 Entretien avec Marc Clémeur

provoquer le débat

à voir à revoir à l'onr

toujours plus haut !

fidelio

08 Il Matrimonio segreto Silk Jeux inconnus

concerts apéritifs 08 Scènes du Bel Canto Eviva España ! L'opéra en harmonie de gauche à droite : photos monika rittershaus, nis&for, forster

Culturebox Dernières Nouvelles d’Alsace France 3 Alsace France Bleu Alsace France Musique L’Alsace Lagardère Métropoles Le Figaro Libération Mezzo Qobuz.com Radio Accent 4 Radio FIP Strasbourg Radio Judaïca RTL 2 Szenik.eu

28

récital

09 Franz-Josef Selig

la presse en parle

10 12

La Belle au bois dormant La Vie parisienne La Clemenza di Tito Tristan und Isolde La Strada Jeux inconnus

13

calendrier

20 La saison de danse 23 Un vent nouveau

jeune public 24 Une saison haute en couleurs 25 Vous êtes chez vous récital 27 Sandrine Piau les brèves 26 Carte blanche 27 La Maîtrise penthesilea 28 L'Amour à mort 30 Berlinde De Bruyckere


Piotr Ilitch Tchaïkovski

la dame

de pique

« Qu'est-ce que notre vie ? Un jeu ! » Acte III, scène 3

STRASBOURG Opéra

MULHOUSE La Filature

ma 16 juin 20 h je 18 juin 20 h di 21 juin 17 h ma 23 juin 20 h je 25 juin 20 h

di 5 juillet 17 h me 7 juillet 20 h

Rencontre avec Marko Letonja et Robert Carsen STRASBOURG Librairie Kléber lu 15 juin 18 h 30 – Entrée libre


La Dame de pique, l’un des plus grands chefs-d’œuvre de Tchaïkovski, s’invite sur les scènes de l’OnR. Dans cet opéra de l’amour impossible, la mort semble être l’aboutissement inéluctable de cette œuvre tragique et fascinante. La Dame de pique, opéra russe par excellence Inspiré par La Dame de pique d’Alexandre Pouchkine, l’opéra de Tchaïkovski remporte un succès phénoménal dès sa création en 1890 au Théâtre Mariinsky, à SaintPétersbourg. Représenté douze jours plus tard à Kiev et l’année suivante au Théâtre Bolchoï à Moscou, cet opéra s’est rapidement imposé comme l’un des grands chefs-d’œuvre de Tchaïkovski, au même titre qu’Eugène Onéguine. On retrouve d’ailleurs dans ces deux œuvres la même tension dramatique portée par tout le génie orchestral de Tchaïkovski. Le compositeur russe savait parfaitement mettre en musique les fragilités de l’âme, ses blessures et ses abîmes insondables. Après avoir refusé le scénario une première fois, Tchaïkovski donne son accord en 1889 et compose La Dame de pique en 44 jours, du 31 janvier au 15 mars 1890. Le livret est écrit par son frère, Modeste Tchaïkovski, mais Piotr le modifie pendant qu’il compose et rajoute ses propres paroles pour deux airs. Sur les vers de son frère Modeste, Piotr Ilitch Tchaïkovski parvient à donner aux trois personnages principaux une dimension dramatique époustouflante : la Comtesse, « la dame de pique », apparaît sous deux natures (humaine et surnaturelle) et réapparaît aux yeux d’Hermann à la fin lorsqu’il a perdu, sous la forme d’un spectre effrayant. Puis Hermann, héros romantique au destin tragique, est déchiré par sa passion amoureuse et sa passion du jeu jusqu’à l’extrême. Et enfin, Lisa, que l’amour passionné pour Hermann conduira aux limites de la folie et à la mort. Bouleversant, cet opéra au romantisme à fleur de peau, teinté d’un soupçon de fantastique, exerce une véritable fascination sur le spectateur qui se retrouve plongé dans les rues de Saint-Pétersbourg en compagnie d’un héros cherchant à défier le Destin. Tous les ingrédients sont là pour faire de La Dame de pique l’opéra russe par excellence. On y voit notre héros, Hermann, sombrer peu à peu dans l’addiction obsessionnelle au jeu et emporter dans sa folie ceux qu’il aime et affectionne. Il perd pied au fur et à mesure que sa tentative de se rapprocher de sa bienaimée échoue et finit par abandonner.

photo Monika Rittershaus

Le tragique destin d’Hermann et de Lisa à Saint-Pétersbourg à la fin du XVIIIe siècle, Hermann, jeune officier, cherche à conquérir Lisa, jeune fille promise au prince Eletski, et dont la grandmère est une vieille et étrange comtesse. De France où elle a vécu, cette dernière rapporte un secret lié à trois cartes qui lui a permis de gagner des sommes considérables... Hermann et Lisa se rencontrent en secret, Hermann fait part de sa flamme à la jeune

femme, laquelle lui avoue à son tour son affection. Il décide alors de voler le secret de la Comtesse pour s’assurer une fortune matérielle qui augmenterait ses chances auprès de la famille de Lisa. S’introduisant dans la chambre de la vieille femme, Hermann la supplie, la menace. La comtesse meurt d’effroi face à l’emportement du jeune homme. Lisa entre dans la chambre et découvre son amant et le corps inanimé de sa grand-mère. Elle le somme de partir, en pleurs. Le fantôme de la comtesse apparaît face à Hermann et finit par lui livrer le secret des trois cartes : trois, sept et as. Après un dernier entretien avec Hermann, Lisa se rend compte que tout est perdu et se jette dans les eaux glacées de la Néva. Hermann de son côté est en proie à la folie. Jouant des sommes considérables au casino, il finit par tout perdre : la carte gagnante n’était pas l’as, mais la dame de pique. Il se tuera à son tour, sous l’emprise d’une folie dévastatrice.

Un personnage d’opéra étrange et complexe Après un magnifique cycle Janáček, une incontournable mise en scène de La Bohème, une remarquable Tosca et un Rigoletto magique, Robert Carsen revient sur les scènes de l’OnR avec une de ses œuvres favorites. Il nous livre ici « une version plus intime de l’œuvre, plus proche du modèle de Pouchkine et de l’intention initiale de Tchaïkovski »*, en supprimant le premier grand tableau du chœur d’enfants et la pastorale du deuxième acte (Tchaïkovski avait ajouté ultérieurement au livret quelques éléments qui sacrifiaient au goût de l’époque). Comme toujours dans les mises en scène de Robert Carsen, l’histoire est intelligemment remise en question : ici, il se « concentre entièrement sur les événements qui entourent le personnage principal, Hermann »* et racontera l’œuvre de son point de vue. « On ne saisit pas réellement qui est Hermann, mais on apprend un certain nombre de choses à son sujet. Hermann est un personnage d’opéra étrange, très inhabituel et très complexe*. » « Cette histoire représente un parallèle puissant avec notre époque, où les gens veulent être riches […] en ayant parfois tendance à oublier qu’avoir suffisamment, c’est déjà beaucoup*. » Ainsi, c’est le milieu du XXe siècle que Robert Carsen choisit pour sa mise en scène, inspiré par « l’atmosphère étrange du film d’Alain Resnais L’Année dernière à Marienbad, avec des gens très riches, privilégiés, sur lesquels finalement le film ne nous apprend rien »*. Portrait d’un milieu fermé dont Hermann ne fera jamais partie.

nouvelle production Opéra en trois actes Livret de Modeste Tchaïkovski d’après Alexandre Pouchkine Créé au Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg le 19 décembre 1890

Direction musicale Marko Letonja Mise en scène Robert Carsen Réalisation de la mise en scène Christian Räth Décors Michael Levine Costumes Brigitte Reiffenstuel Lumières Robert Carsen et Franck Evin Chorégraphie Philippe Giraudeau Hermann Misha Didyk Lisa Tatiana Monogarova Le comte Tomski Roman Ialcic Le prince Eletski Tassis Christoyannis La comtesse Malgorzata Walewska Pauline Eve-Maud Hubeaux Macha Gaëlle Alix La gouvernante Violeta Poleksic Tchekalinski Jérémy Duffau Sourine Andrey Zemskov Tchaplitski Peter Kirk Naroumov Nathanaël Tavernier Le maître des Cérémonies Sunggoo Lee Chœurs de l’OnR Direction Sandrine Abello Orchestre philharmonique de Strasbourg Hermann Wien, représentée par Alkor-Edition Kassel

Coproduction avec l’Opernhaus Zürich

* Entretien réalisé par Beate Breidenbach à l’Opéra de Zürich, au cours des répétitions du spectacle en avril-mai 2014. Traduction Odile Demange. La dame de pique • Croisements • 7


Il Matrimonio segreto à VOIR... à revoir

Direction musicale Patrick Davin Mise en scène Christophe Gayral

photos alain kaiser, jean-luc tanghe

Strasbourg Opéra 3, 4 juillet 20 h

concerts apéritifs

En partenariat avec la Cave de Turckheim

scènes du bel canto

eviva espaÑa !

Extraits de Don Pasquale Cet opera buffa fut créé le 3 janvier 1843. Don Pasquale reçoit chez lui son ami le Docteur Malatesta qui a trouvé pour lui la jeune femme à épouser, en fait sa propre sœur, qui, selon lui, a toutes les qualités. Séduit, il l’épouse mais celle-ci va se révéler être une véritable harpie qui dilapide sa fortune. Malversations diverses et scènes de bouffonnerie constituent cet opera buffa dans lequel Gaetano Donizetti se plaît à développer une musique et des airs beaucoup moins légers que le sujet qu’ils évoquent. Les voix fraîches de nos chanteurs de l’Opéra Studio s’emploient à les servir avec la grâce et la légèreté qui s’imposent. La mise en espace imaginée par Guy-Pierre Couleau, Directeur de la Comédie de l’Est, lui confère tout son esprit.

La zarzuela : cousine de l’opéra-comique français et du singspiel allemand, ce genre espagnol des XIXe et XXe siècles associe et fait alterner airs lyriques et parties parlées, les mélodies étant inspirées, tant pour le rythme que pour la ligne musicale, de la tradition espagnole. Pour la découvrir avec les chanteurs de l’Opéra Studio, de Manuel Penella Moreno, on découvrira des extraits de Don Gil de Alcalá, opéra de chambre créé en octobre 1932, mais aussi des compositions de Jesús Guridi Bidaola, Ernesto Halffter Escriche, Enrique Granados y Campiña, ou Joaquín Rodrigo, célèbre pour son fameux Concerto d’Aranjuez. Sous la houlette de la comédienne et metteur en scène argentine Carolina Pecheny, notre mezzo Lamia Beuque vient prêter main forte à nos deux espagnols, la soprano Rocío Pérez et le baryton David Oller. Vous ferez peut-être connaissance avec la zarzuela, tellement populaire dans la péninsule ibérique. Curieux, ne pas s’abstenir.

ARTISTES DE l'opéra studio Rocío Pérez soprano David Oller baryton

ARTISTES DE l'opéra studio Rocío Pérez soprano

David Oller baryton

Lamia Beuque mezzo-soprano

Carolina Pecheny mise en espace

Alice Meregaglia piano

STRASBOURG Salle Bastide sa 6 juin 11 h colmar Théâtre ma 9 juin 12 h 30

STRASBOURG Salle Bastide sa 23 mai 11 h colmar Théâtre je 28 mai 12 h 30

Jaroslaw Kitala baryton-basse

Guy-Pierre Couleau mise en espace

8 • Croisements

photo klara beck

Amandine Duchênes piano


Millepied / Barton / Tetley

Ballet de l'OnR Strasbourg Salle Ponnelle 5, 6, 9 juin 20 h 6, 7 juin 15 h

silk Ballet de l'OnR Strasbourg Opéra 21, 22, 23, 26 mai 20 h 24, 24 mai 15 h

harmonie écho DE turckheim

STRASBOURG Place du Petit Broglie sa 20 juin 11 h

franz-josef selig basse

GEROLD HUBER piano

photo marion koell

L’Harmonie municipale « Écho de Turckheim » est une formation dynamique, enthousiaste. Son directeur artistique Patrick Porretti, véritable clé de voûte de l’harmonie depuis 1986, l’a conduite à l’excellence en conjuguant rigueur et bonne humeur. Il a réussi la prouesse de passer d’une petite harmonie de village au niveau d’un orchestre d’harmonie qui se produit au plus haut niveau d’excellence et évolue en formation d’Honneur depuis 2008. Parmi les musiciens, tous amateurs passionnés, de nombreux jeunes lauréats de concours des conservatoires de musique nationaux et étrangers. Certains sont intermittents du spectacle et participent à de nombreux projets avec des orchestres, notamment avec l’Orchestre philharmonique de Strasbourg et l’Orchestre symphonique de Mulhouse. Le programme que nous propose Patrick Porretti avec une formation comptant 70 musiciens est consacré aux grands « tubes » d’opéra : de l’opéra romantique de Carl Maria von Weber à Carmen de Bizet, en passant par le Trouvère de Verdi, La Pie voleuse de Rossini, Orphée aux enfers d’Offenbach ou Porgy and Bess de Gershwin, ces artistes passionnés sauront ravir nos oreilles avec un concert gratuit en plein air pour fêter l’arrivée de l’été.

Thoss / Morau

récital

l'opéra en harmonie

jeux inconnus

STRASBOURG Opéra me 24 juin 20 h

Parmi les rôles les plus emblématiques de l’artiste, on compte celui du Roi Marke dans Tristan und Isolde, notamment celui mis en scène par Peter Sellars, mais aussi Sarastro au Met ou au Wiener Staatsoper, ou encore Bartolo dans Le Nozze di Figaro, le Commandeur dans Don Giovanni, Fasolt dans L’Or du Rhin, Osmin dans L’Enlèvement au sérail ou Daland dans Le Vaisseau fantôme. Le voici dans un exercice plus léger certes, mais celui qui peut le plus… sait aussi, on l’entendra, s’adapter à un répertoire de récital. Coutumiers des soirées de Lieder, Franz Schubert (Fahrt zum Hades, Der Sieg, Der Strom, Aus Heliopolis II, Das Abendroth, Der Atlas...), Hugo Wolf (Grenzen der Menschheit, Abendbilder) et Richard Strauss (Das Tal, Der Einsame, Im Spätboot) seront largement évoqués par l’exceptionnel timbre de basse de l’artiste. Avec son pianiste Gerold Huber, il entonne trois airs de Rudi Stephan (Zwei ernste Gesänge, Am Abend, Memento vivere), ce compositeur prometteur que la Grande Guerre devait engloutir en 1915 à l’âge de 28 ans. Voilà une deuxième raison de venir jouer les curieux à l’OnR.

Concert gratuit En cas de pluie le concert aura lieu dans la grande salle de l’Opéra.

Lieder de Franz Schubert, Hugo Wolf, Rudi Stephan, Richard Strauss


LA PRESSE EN PARLE... La Belle au bois dormant Une politique parvenant à conjuguer la sensibilisation des têtes blondes à l’opéra, la redécouverte d’ouvrages oubliés (et parfois même des créations), dans des productions de qualité et des activités d’une structure de formation de jeunes chanteurs, c’est à quoi, par la volonté de son directeur Marc Clémeur, l’OnR parvient depuis plusieurs années avec l’Opéra Studio. Alain Cochard

L’OnR mérite mille mercis ne serait-ce que pour avoir donné à entendre une œuvre de Respighi. Valentina Carrasco n’a rien gommé de l’aspect féérique et a su en refléter toute la poésie avec une grande légèreté. laurent bury

La mise en scène de Valentina Carrasco truffée de trouvailles, joue avec les tissus sur terre ou dans les airs, habillant d’un rien la scène nue.

La vie parisienne Ce tourbillon des déplacements, c’est la grandiose prestation de Waut Koeken. Ce qu’il réussit dans cette mise en scène n’est ni plus ni moins qu’un ensemble en délire permanent. heinz w. koch

Claude Schnitzler est respectueux des équilibres, avec une battue qui laisse à l’OSM sa liberté. La réussite de cette Vie parisienne est aussi là, dans cette lecture impeccable et joyeuse. jean-marc proust

Toujours fidèle aux jeunes talents, Marc Clémeur confie la réalisation scénique à son compatriote Waut Koeken. Suivi d’un OSM concentré et irréprochable et par un Chœur de l’OnR parfait d’engagement et de netteté, Claude Schnitzler trouve à chaque instant, en grand habitué de l’ouvrage, la juste pulsation et la précision rythmique qui conviennent. michel thomé

guillaume tion

Cet exquis spectacle est donné une trentaine de fois à Strasbourg, Colmar, Mulhouse et Paris. thierry guyenne

Du meilleur Offenbach à l’OnR que la musique dirigée par Claude Schnitzler et la mise en scène de Waut Koeken emportent dans un tourbillon. marc munch

photos spectacles alain kaiser • visuels klara beck et nis&for

Il matrimonio segreto Un mariage secret dans l’allégresse et l’exubérance. Prouesses vocales et instrumentales, jeu d’acteurs et mise en scène survoltée. jacques weil

Pétulante mise en scène de Christophe Gayral […] et direction pleine d’enthousiasme de Patrick Davin. Jean-Luc Macia

Patrick Davin, détenteur de l’alchimie du dramma giocoso alliant la verve des jeunes chanteurs de l’Opéra Studio à l’audace d’un OSM osant le relooking des Lumières. mélanie defize


tristan und isolde L’un des temps forts de la saison de l’OnR. À l’issue de la représentation, dans le silence encore tout empli des vibrations du dernier accord, chacun sait qu’il a vécu « quelque chose » d’unique. Immense, douloureux et salvateur. emmanuelle giuliani

Grâce à la puissance d’engagement de la fosse, d’où le chef nous conduit à une véritable osmose avec cette musique qui ne faiblit jamais, l’on sort de ce Tristan bouleversé, transporté. jacqueline thuilleux

L’interprétation de Mélanie Diener captive, on a rarement entendu une Isolde plus humaine. alexander dick

La clemenza di tito

La belle Mélanie Diener est l’incontestable triomphatrice de la soirée. emmanuel andrieu

Une mise en scène très théâtrale et inspirée d’Antony McDonald. anne suply

Stéphanie d’Oustrac possède cette voix ample et virtuose, au timbre épais et voluptueux. Excellente actrice, elle sait donner à voir et à entendre toute l’épaisseur psychologique de son personnage. sonia hossein-pour

Transformée en blonde hitchcockienne manipulatrice, Jacquelyn Wagner laisse exploser les colères et les frustrations de Vitellia. Impressionnantes interventions des Chœurs de l’OnR.

Le metteur en scène Antony McDonald en présente une vision très concrète, presque réaliste, ni conceptuelle, ni psychanalytique, toute fraîche dans sa simplicité. michel thomé

Un plateau de bonne tenue mené par l’excellent Axel Kober ainsi que la scénographie sobre et efficace d’Antony McDonald. david verdier

jean-luc macia

Production exemplaire, d’une haute rigueur à laquelle s’ajoute une distribution idéale.

Le professionnalisme règne et l’on saluera une distribution de fort bon niveau. pierre flinois

emmanuel andrieu

Une Clémence royale ! C’est Mozart qu’on respecte enfin ! […] tous tiennent le plateau avec précision, et une promptitude scénique enviable.

Mélanie Diener comble nos attentes et l’on apprécie le médium riche autant que l’aisance dans les aigus de cette Isolde frémissante et passionnée. laurent bury

andré tubeuf

Une mise en scène fluide et intelligente rencontre de brillants interprètes : un événement à ne pas manquer. élodie martinez

Extrêmement détaillée, la direction d’acteurs abonde en détails justes et réalistes, qui dessinent avec précision des caractères d’une très humaine richesse et complexité. michel thomé

La grande expérience d’Axel Kober est remarquable. Il est absolument sûr dans le choix du tempo et l’orchestre ne couvre jamais les voix. sigfried schibli

Avec Antony McDonald, c’est tout un pan de sensibilité et de culture d’outre-Manche qui tente de s’installer sur la scène de l’OnR, une approche qui a le mérite d’assumer ses particularismes sans violenter outre mesure un ouvrage aussi difficile à représenter. laurent barthel la presse en parle • Croisements • 11


La strada La chorégraphie richement théâtrale de Pistoni a capté la puissance émotive et la subtilité des personnages felliniens […] D’une grande maîtrise technique. veneranda paladino

C’est l’une des belles idées d’Ivan Cavallari, directeur de la troupe rhénane, de faire connaître ce petit bijou venu de son pays. L’on découvre, émerveillé, la magie d’une chorégraphie fine, éloquente. jacqueline thuilleux

Une vraie énergie dans l’exécution du ballet [...] Le style néoclassique se prête bien à la grâce du couple d’amoureux (Stéphanie Madec et Alexandre Van Hoorde) comme à la puissance d’Alain Trividic qui interprète Zampano. […] Du beau travail. gilles haubensack

photo spectacle jean-luc tanghe • visuels nis&for

jeux inconnus L’écriture de Stephan Thoss est implacable […] et les danseurs parfaitement inscrits dans cette exigence. […] Les corps se lâchent dans une danse libérée de toute sclérose, expressive, charnelle, joyeuse et néanmoins virtuose. dominique bannwarth

Stephan Thoss détourne d’une manière hilarante et jouissive l’écriture de Béjart […] On ne manquera pas de saluer le jeu des six danseuses. Que ceux qui ne connaissent pas encore le chef-d’œuvre de dérision de Stephan Thoss retiennent les dates strasbourgeoises de juin. gilles charlassier

NOUVEAU BOUCHON EXCLUSIF pour une ouverture en un seul geste


Calendrier

mai

Lu 04  Ariane et Barbe-Bleue Strasbourg Opéra Ma 05  Récital Annick Massis Strasbourg Opéra Me 06  Ariane et Barbe-Bleue Strasbourg Opéra Me 06  Silk Colmar Théâtre Je 07  Silk Colmar Théâtre Ma 12  Danse à l'université Silk Strasbourg US Ve 15  Ariane et Barbe-Bleue Mulhouse Filature Di 17  Ariane et Barbe-Bleue Mulhouse Filature Je 21  Silk Strasbourg Opéra Ve 22  Silk Strasbourg Opéra Sa 23  Scènes du Bel Canto Strasbourg Opéra Sa 23  Silk Strasbourg Opéra Sa 23  Silk Strasbourg Opéra Di 24  Silk Strasbourg Opéra Ma 26  Silk Strasbourg Opéra Je 28  Scènes du Bel Canto Colmar Théâtre

JUIN

Ve 05  Jeux inconnus Strasbourg Opéra Sa 06  Eviva España ! Strasbourg Opéra Sa 06  Jeux inconnus Strasbourg Opéra Sa 06  Jeux inconnus Strasbourg Opéra Di 07  Jeux inconnus Strasbourg Opéra Ma 09  Eviva España ! Colmar Théâtre Ma 09  Jeux inconnus Strasbourg Opéra Lu 15  Rencontre Dame de pique Strasbourg Kléber Ma 16  La Dame de pique Strasbourg Opéra Je 18  La Dame de pique Strasbourg Opéra Sa 20  L'opéra en harmonie Strasbourg Petit Broglie Di 21  La Dame de pique Strasbourg Opéra Ma 23  La Dame de pique Strasbourg Opéra Me 24  Récital Franz-Josef Selig Strasbourg Opéra Je 25  La Dame de pique Strasbourg Opéra

JUILLET

Ve 03  Il Matrimonio segreto Strasbourg Opéra Sa 04  Il Matrimonio segreto Strasbourg Opéra Di 05  La Dame de pique Mulhouse Filature Ma 07  La Dame de pique Mulhouse Filature

Überall wo Menschen sind.

citylightcontact info@citylightcontact.de

20 h 20 h 20 h 20 h 20 h 18 h 30 20 h 20 h 20 h 20 h 11 h 15 h 20 h 15 h 20 h 12 h 30 20 h 11 h 15 h 20 h 15 h 12 h 30 20 h 18 h 30 20 h 20 h 11 h 17 h 20 h 20 h 20 h 20 h 20 h 17 h 20 h

   

Opéra Danse Récitals Concerts & concerts apéritifs CCN : Centre chorégraphique national, 38 Passage du Théâtre, Mulhouse Kléber : Librairie Kléber, Salle Blanche, 1 rue des Francs-Bourgeois, Strasbourg US : Université de Strasbourg, Le Portique, 14 rue René Descartes, Strasbourg Informations communiquées sous réserve de modifications


ACCENT 4 partenaire de l’ OnR

30

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anniversaire d’Accent 4 en 2015 La musique classique en Alsace COLMAR

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15 16


provoquer

le dĂŠbat


Marc Clémeur Marc Clémeur nous parle de la saison 2015-2016 plus que jamais ancrée dans les préoccupations de notre époque.

Grégory Cauvin : Une nouvelle saison placée sous le signe des résistances. Pourquoi ce choix ? Marc Clémeur : à une époque où l’on redoute les voix discordantes, il est important de continuer à affirmer ses opinions personnelles et de ne pas tout accepter. Car c’est l’opposition qui crée la discussion. Et de la discussion jaillissent souvent des étincelles porteuses de nouvelles idées. Si chacun préfère le consensus au risque de taire ses propres convictions, il n’y a plus de dynamisme... Or je crois que l’opéra, genre phare de notre culture européenne, point de convergence entre les arts (musique, théâtre, arts plastiques, littérature…), est parfait pour ranimer ce débat. D’où cette programmation qui montre, plus que jamais, des héroïnes et des héros qui résistent – parfois même au péril de leur vie – dans le contexte dans lequel ils sont contraints de vivre.

p.4 : photo nis&for • p.5 : photo pascal bastien

G.C. : Il est particulièrement important de le rappeler à une époque où l’impact de la culture est sous-estimé… M.C. : Il est essentiel pour une maison d’opéra comme la nôtre de proposer une programmation riche de créations contemporaines, d’opéras pour enfants, d’ouvrages rares et parfois difficiles afin d’occuper réellement sa place dans la société et de susciter en permanence la réflexion. Cela passe beaucoup par le choix des maîtres d’œuvre. Dans notre maison, vous ne verrez pas de metteurs en scène « historicisants » qui se contentent d’illustrer l’histoire. Nous invitons des artistes bien ancrés dans leur époque cherchant toujours à questionner les préoccupations de notre société au travers des sujets contenus dans les ouvrages. Même quand il s’agit de pièces historiques comme c’est le cas avec Don Carlo de Verdi. Au fil de mes programmations, j’ai toujours mis un point d’honneur à trouver des metteurs en scène sachant vraiment parler au public d’aujourd’hui. Ce choix est récompensé par le nombre très élevé de jeunes qui assistent à nos représentations. G.C. : En quoi s’agit-il d’une saison qui, tout en faisant la part belle aux classiques, ose quelques jolies redécouvertes ? M.C. : Je suis toujours étonné d’entendre mes collègues affirmer qu’il est difficile de programmer des œuvres rares et qu’eux ne pourraient pas se le permettre. à côté de ces redécouvertes, nous présentons aussi La Traviata ou Don Carlo ! Le véritable enjeu est de parvenir à fidéliser le public : il a besoin de retrouver des titres connus mais doit en même temps être assez en confiance pour accepter de découvrir d’autres ouvrages. Je pense que nous avons réussi notre mission puisque nous accueillons chaque saison plus de 100 000 spectateurs dont de nombreux transfrontaliers.

provoquer le débat • Croisements • 17


[Don Carlo] est vraiment l’un de mes ouvrages fétiches, l’un de ceux que j’emmènerais volontiers sur une île déserte. [...] C’est sans conteste l’un des chefs-d’œuvre absolus de Verdi.

G.C. : Parlons de la création contemporaine en ouverture de saison : Penthesilea. Un événement ? M.C. : à plus d’un titre ! Pascal Dusapin est un très grand nom de la musique contemporaine. Certainement le plus connu des compositeurs français vivants. Son opéra est une adaptation d’un des textes majeurs de Kleist. De plus, il s’agit d’une coproduction avec l’une des maisons les plus importantes d’Europe, la Monnaie de Bruxelles. Mais n’oublions pas non plus les deux créations françaises : Cendrillon de Wolf-Ferrari et Das Liebesverbot de Wagner. G.C. : Don Carlo clôt cette riche programmation. Quel rôle a-t-il joué dans votre vie ? M.C. : C’est vraiment l’un de mes ouvrages fétiches, l’un de ceux que j’emmènerais volontiers sur une île déserte. Quand je faisais mes études à Cologne, j’étais à la recherche d’un sujet de thèse et j’ai justement choisi de travailler sur Don Carlo. J’ai d’ailleurs dû me mettre à l’italien pour me plonger dans les sources et toute la littérature critique. Je me suis retrouvé à rédiger une thèse en allemand sur un opéra italien dont le livret avait d’abord été écrit en français. Un vrai condensé d’Europe ! L’œuvre est passionnante et son contenu politique très fort. Je pense, par exemple, à cette fabuleuse discussion sur l’état et la Religion menée par les deux voix de basses [Philippe II et le Grand Inquisiteur]. On ne retrouve cela nulle part dans toute l’histoire de l’opéra. à part peut-être Boris Godounov quand celui-ci discute avec Pimène sur de semblables thématiques. Enfin, tout en étant un opéra politique, cela ne l’empêche pas d’être également très populaire. Il s’agit de l’un des chefs-d’œuvre absolus de Verdi. G.C. : La politique jeune public de l’OnR est très dynamique. Quel est votre secret ? M.C. : Je suis particulièrement fier d’avoir initié à l’OnR une programmation lyrique à destination du jeune public. Ces ouvrages ont d’ailleurs pour la majorité été des créations françaises. Il est très important qu’ils soient basés sur des contes car ils offrent une trame narrative aux jeunes spectateurs. C’est une nouvelle fois le cas avec Cendrillon de Wolf-Ferrari. On y trouve le carrosse en forme de citrouille et même le fameux soulier ! à l’occasion des représentations, nous éditerons un livre illustré pour préparer ou prolonger la venue au spectacle. Au vu du succès qui se confirme chaque saison, on ne peut que se féliciter de l’initiative. 30 % de notre public a moins de 26 ans : un record en Europe ! G.C. : L’Opéra Studio est partie prenante de cette belle initiative. M.C. : Il est très important que les jeunes solistes de notre Opéra Studio participent activement à ces productions très formatrices. Ils apprennent notamment à maîtriser leur endurance vocale étant amenés à chanter parfois deux représentations par jour, scolaires et tout publics. J’ajouterai qu’en plus de Cendrillon, l’Opéra Studio donnera La Cambiale di matrimonio de Rossini, dans une version de concert mise en espace.

18 • Croisements • provoquer le débat

G.C. : Quelques mots sur les récitals, vous qui êtes un fin connaisseur des voix ? M.C. : Sandrine Piau et Karine Deshayes ouvriront la saison. Suivront Simon Keenlyside, Pavol Breslik et Christian Gerhaher autour de programmes entièrement dédiés à Schubert. Christian Gerhaher est aujourd’hui le plus grand interprète de lied : plein d’intelligence et de sensualité. Vous verrez, c’est somptueux ! J’ai souhaité que les deux cycles de Schubert, Die Schöne Mullerin et Winterreise, soient interprétés respectivement par un ténor et par un baryton, les justes tessitures selon moi. En dehors de Keenlyside – que j’avais invité tout jeune en Belgique – tous les interprètes ont déjà donné des récitals à l’OnR, c’est dire si je les apprécie. G.C. : Voilà 6 ans que vous dirigez l’OnR. De quoi êtesvous le plus fier ? M.C. : Sans conteste, du nombre de jeunes qui franchissent nos portes chaque saison. Mais aussi d’avoir cherché à internationaliser cette Maison : les surtitres bilingues attirent de nombreux transfrontaliers, la mention « Opéra d’Europe » accolée à « Opéra national du Rhin »… J’entends parfois certains politiques sous-estimer le pouvoir d’attraction d’un opéra sur un territoire et son impact économique réel. Tous ces spectateurs qui viennent voir nos spectacles mangent, dorment et consomment à Strasbourg. Il est primordial de poursuivre et d’accentuer cette démarche vers l’international. C’est mon vœu le plus cher ! 5 mars 2015


photos nis&for

provoquer le débat • Croisements • 19


toujours plus

haut ! la saison de danse « Éphémère, immortelle, versatile, la danse est le seul art qui, ne laissant aucun déchet sur la terre, hante certaines mémoires de souvenirs merveilleux. » Jean Babilée

photos nis&for

Le souvenir… Voilà sur quoi l’on tisse, construit, érige. Voilà comment le monde tourne, plongeant dans le passé pour mieux valser vers l’avenir. Comment alors ouvrir autrement une saison qu’en portant sur le devant de la scène un monstre mythique de la danse, Le Sacre du printemps ? C’est Stephan Thoss, chorégraphe allemand désormais habitué du Ballet de l’OnR, qui se chargera de dompter le colosse. Un pas de deux entre ancien temps et futur se jouera ensuite au cours d’une soirée dédiée au grand maître du théâtre du monde, Shakespeare : la scène sera partagée entre une émouvante reprise de Roméo et Juliette en hommage à Bertrand d’At et deux créations de Douglas Lee et Rui Lopes Graça. Ivan Cavallari opèrera un renversement des styles avec une version actuelle de Casse-noisette et remettra au goût du jour cette œuvre fondatrice de l’histoire de la danse. Pour clore cette farandole, deux jeunes chorégraphes, Sébastien Perrault et Bruno Benne, investiront le plateau avec deux créations aux écritures novatrices. De beaux allers-retours entre légendes et promesses de succès pour cette nouvelle saison.

20 • Croisements • toujours plus haut !


le sacre du printemps

all we love about

shakespeare

la chambre noire Un mot Scandale Une saveur Épicée Un phénomène naturel Une tempête Un pays La Russie Une célébration Un rite ancestral Stephan Thoss, qui a marqué les esprits avec son hilarant Boléro lors des saisons précédentes, s’empare à présent du Sacre du printemps : sur scène, il livre une version dans laquelle il interroge la place de l’artiste face au conformisme et à la mécanisation de l’art, ainsi que la difficulté à faire coexister perfection technique et fantaisie créative. En première partie de soirée, sa Chambre noire vous plongera dans une atmosphère sombre et étrange : à l’image des étoiles qui deviennent trous noirs et dévorent la lumière, les danseurs s’attirent et se repoussent sur scène. Deux pièces, pour illustrer deux facettes du chorégraphe allemand.

Un mot Immortel Une saveur Traditionnelle Un pays L’Angleterre Une célébration Un double hommage All we love about Shakespeare rend hommage à l’un des plus grands dramaturges qui soit, mais également à Bertrand d’At en reprenant Roméo et Juliette, l’un de ses plus beaux succès. Inspirés des pièces de l’auteur, c’est d’abord Douglas Lee qui fera danser les grandes tragédiennes shakespeariennes sur La Jeune Fille et la mort de Schubert dans Ophelia madness and death, avant que Rui Lopes Graça fasse un focus sur Macbeth et ses sorcières dans Fatal. Une soirée dédiée aux héros, qu’ils aient vécus à nos côtés ou dans des livres.

Un mot Légende Une saveur Sucrée Un phénomène naturel Des flocons de neige

Un pays La Russie Une célébration Noël Un âge L’adolescence Traditionnellement, Casse-noisette, qui possède une forme très narrative, alterne des scènes dansées et des scènes jouées. Le premier défi d’Ivan Cavallari a consisté à chorégraphier entièrement l’œuvre, en s’appuyant sur la musicalité de la partition de Tchaïkovski. Le second a été de transposer le ballet à notre époque, en pleine ère numérique : « Aujourd’hui on se cache derrière nos écrans et on envoie aux autres une image modifiée de nous : c’est un danger, on interagit davantage avec des appareils qu’avec des personnes en chair et en os et on dissimule ce que l’on est vraiment. Casse-noisette montre le passage à l’âge adulte, lorsqu’il faut se trouver, comme dans Pinocchio. Je traite le sujet avec légèreté, mais il y a un vrai appel lancé aux jeunes générations pour qu’elles osent rester ellesmêmes. »

casse noisette

kaléidoscope Un mot Invention Une saveur Exotique Un phénomène naturel L’éclosion

Une célébration Une naissance D’un côté, il y a Sébastien Perrault avec son Vaste enclos des songes : invité de Cabaret danse la saison passée, il avait présenté des extraits de son projet aux côtés des danseurs. Inspiré de l’art du mandala, il interroge l’inconscient et la quête de l’absolu dans une écriture forte et novatrice. De l’autre, il y a Bruno Benne, amoureux de la danse baroque qu’il remet au goût du jour dans Ornements sur des morceaux choisis de Jean-Philippe Rameau.


dîner des initiés Une expérience unique dans un salon métamorphosé

Vivre une soirée d’exception Être initié aux secrets du théâtre Sentir l’ambiance du plateau Respirer l’atmosphère des coulisses Poser le pied sur scène avant le lever de rideau

Formule ouverte aux entreprises et aux particuliers à partir de 10 personnes.

Savourer un dîner dans un salon privé re-décoré

Plus d’infos : 03 68 98 75 34 entreprises@onr.fr operanationaldurhin.eu

Assister au spectacle aux meilleures places

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Dîners sur scène

L’Opéra à votre table Strasbourg Opéra je 26 mai 19 h 15 ve 27 mai 19 h 15 sa 28 mai 19 h 15

du rhin

opéra d'europe

photos Klara Beck

Pour cette 7e édition, gastronomie et grands airs du répertoire seront une nouvelle fois au rendez-vous pour ces soirées à 360° sur la scène de l’Opéra. À savourer en couple, entre amis ou en famille. Les bénéfices de ces dîners serviront à soutenir l’action culturelle de l’OnR.

Renseignements / réservations Direction de la communication et du mécénat fidelio@onr.fr +33 (0)3 68 98 75 34 / 43 operanationaldurhin.eu

fidelio association pour le développement de l'Opéra national du Rhin


un vent nouveau

pour

fidelio

Giusi Pajardi est la nouvelle présidente de Fidelio. Avec énergie et passion elle a repris les rames du navire. Rejoignez-nous !

Mélanie Aron : Un vent nouveau souffle sur Fidelio : quelle est votre ambition pour l’association ? Giusi Pajardi : Plus que d’un vent nouveau, je crois que le bateau Fidelio montre bien la solidité bâtie par l’ancienne Présidente Mme Valérie Hess, le trésorier Alain Vautravers, ses membres et surtout l’engagement au quotidien de l’équipe Fidelio. Fidelio peut désormais ouvrir ses voiles et, vent en poupe, aller vers des objectifs en soutien à l’Opéra. Mon ambition, que j’ai vue déjà être largement partagée, est de continuer à renforcer la structure propre de Fidelio surtout par un élargissement de ses membres en permettant ainsi à l’association un impact plus efficace et tangible sur le développement et la valorisation de l’OnR. Nous sommes vraiment dans la mise en œuvre des objectifs statutaires de Fidelio. Il s’agit également d’être davantage visibles. Certes, Fidelio n’a pas à se substituer aux acteurs institutionnels de l’Opéra, ce qui serait erroné et prétentieux. Fidelio se doit de constituer un « plus » pour agrandir encore davantage la dimension locale, européenne et internationale de l’OnR. Un volet très important, voire incontournable, est également celui des mécènes, sur lequel Fidelio est très actif depuis des années. L’engagement du monde de l’économie à la culture me rappelle le discours d’ouverture du Festival MITO à Turin : « La culture fait du bien à l’économie. » Encore récemment, avec un sponsor d’un récital en Autriche, nous parlions d’« investissement dans la musique » à différencier profondément du « soutien à la musique ». M.A. : Qu’apporte Fidelio à l’Opéra ? Quelle dynamique, quelle énergie, quelles perspectives ? G.P. :Votre question est excellente ! Effectivement il est utile de recadrer le rôle de Fidelio qui, parfois, n’est pas clairement ressorti dans son identité. Fidelio est une association du type de celles existantes dans d’autres villes, avec son propre profil et ayant

comme but de soutenir l’Opéra. Pour cela, il pulse de sa propre vie, alimente ses ressources, choisit les projets et le tout dans un dialogue institutionnel et logistique avec l’OnR. C’est la clé de la réussite. Dans cette perspective, avec l’équipe Fidelio, nous avons bien mis en évidence les initiatives auxquelles Fidelio a donné son apport. De même, j’ai tenu à ce qu’on brosse déjà les projets que nous entendons financer au cours de 2015. De cette clarté et transparence, je crois sincèrement que nous pourrons impulser une dynamique entre nos membres, qui pourront mieux réaliser le résultat de leur engagement et même se sentir « sur scène » ! Quant aux énergies... Toutes les énergies que nos membres nous rendront disponibles ! En effet, si nous pouvions élargir notre plateforme et cela grâce à un travail entre et avec les membres, nous pourrions constituer des ressources plus importantes et avoir des interactions plus efficaces. Le dialogue entre membres, comme l’a montré notre dernier rassemblement, est une source d’énergie solidaire, d’échange, de partage de connaissances et de fédération autour des objectifs. La perspective dans laquelle nous nous sommes déjà placés est de réaliser des projets en attirant de plus en plus d’intérêt autour de l’Opéra et pour l’Opéra. Celui-ci est rentré dans nos maisons et je suis très touchée par l’engouement du jeune public pour, par exemple, La Belle au bois dormant, où j’étais ravie d’être à côté d’enfants. La perspective est également de contribuer à cet éveil des jeunes. La musique fédère, est cohésive et compréhensible audelà des paroles. En 2014, Fidelio a financé : o les costumes de La Vie parisienne o les cordages de Nó o un piano à queue o la conception vidéo de Doctor Atomic o l’achat de projecteurs Cette saison, les membres de Fidelio ont assisté : o à la conférence de presse 2014-2015 o à une représentation de Quai Ouest o à la Première de Nó [danse] o à la Générale de La Clemenza di Tito o à une répétition scène orchestre d’Ariane et Barbe-Bleue o à la Générale de La Dame de pique o à une répétition des Chœurs de l’OnR o au récital de Markus Werba Ils ont visité : o l’Opéra à Strasbourg o les ateliers de décors de l'OnR (Meinau) o les Galeries Lafayette un vent nouveau • Croisements • 23


une saison haute

en couleurs

contact

La nouvelle programmation jeune public promet d’être vivante et colorée ! à commencer par le traditionnel opéra pour enfants mené avec dynamisme par les jeunes artistes de l’Opéra Studio, Cendrillon, du compositeur italo-allemand Ermanno Wolf-Ferrari. Il vous est inconnu ? Voici l’occasion de le découvrir et de vous replonger en famille ou avec vos élèves au cœur du célèbre conte des frères Grimm. Un pur instant de magie et de féérie où les citrouilles deviennent carrosse, les souris de somptueux chevaux et notre héroïne une jeune fille étincelante de beauté dont le prince tombe follement amoureux. Côté danse, rendez-vous avec le célèbre Casse-noisette, chorégraphié par Ivan Cavallari, Directeur artistique du Ballet de l’OnR, qui nous avait offert voilà deux saisons un superbe Pinocchio. Gageons que les aventures de la jeune Clara et de son casse-noisette resteront elles aussi gravées dans les mémoires. Petits et grands se délecteront de la partition à la fois culte et sublime de Tchaïkovski.

24 • Croisements • Une saison haute en couleurs

Place à la création et à l’expérimentation aussi avec les mercredis découverte, ouverts à tous sur réservation. Les best-sellers – découverte de l’envers du décor de Cendrillon, traditionnel atelier de danse à Mulhouse et rencontre chantée avec les jeunes artistes de la Maîtrise de l’OnR – sont complétés cette saison par trois nouveaux rendez-vous : deux occasions de se lancer dans la fabrication de décors (peinture pour les 6-9 ans et effets spéciaux pour les 9-12 ans) et une initiation à la danse pour les tout-petits à Strasbourg autour de Casse-noisette (5-8 ans). Pour les responsables de groupes scolaires et associatifs, ne tardez pas à faire vos réservations de groupes (bulletins de réservation à retourner avant le 30 juin 2015). Piochez selon vos goûts et vos projets pédagogiques parmi les spectacles donnés en matinées scolaires, mais aussi en soirées car vivre l’expérience de l’opéra ou du ballet au milieu d’un « vrai » public mérite d’être privilégié afin d’aller jusqu’au bout de la démarche de découverte et d’ouverture.

illustrations anne-sophie tschiegg

Département jeune public jeunes@onr.fr +33 (0)3 68 98 75 21 / 23 operanationaldurhin.eu


vous êtes chez

vous

Chaque saison, l’OnR ouvre ses portes à près de 30 000 jeunes de moins de 26 ans (soit 30 % du public), dans les trois villes et tous spectacles confondus. Bénéficier d’un éveil à la musique classique dès 5 ans, découvrir les œuvres du répertoire et s’émerveiller devant des danseurs dont les plus petits s’empressent d’imiter les mouvements – avec une interprétation toute personnelle tantôt amusante, tantôt touchante – à peine sortis de nos salles, quel privilège et pour nos artistes, quelle immense satisfaction ! Car nous observons au quotidien combien l’opéra et la danse demeurent de précieux outils : o pour se créer une playlist et un socle culturel que les années et la maturité viendront consolider ; o pour nourrir notre capacité à rêver, à s’évader dans des ailleurs hors du temps : quel enfant n’a pas souhaité se glisser dans la peau d’Aladin ou de Cendrillon ? o pour construire son identité, de spectateur, sociale, et, osons le dire, forger sa personnalité. Celle-ci passe non seulement par l’acquisition de valeurs, mais également par le développement de l’esprit critique et l’affirmation de ses goûts, de sa sensibilité. Lieu de découverte, d’échange et de partage, l’OnR favorise et encourage toujours plus la mixité sociale, l’ouverture à de nouveaux publics, jeunes, évidemment, ou encore en difficulté. Si la curiosité vous anime, alors n’hésitez plus, vous êtes les bienvenus !

Le jeune public à l'OnR, c'est : o 29 matinées scolaires o 6 mercredis découverte o 150 projets pédagogiques mis en place o 600 groupes scolaires accueillis à nos spectacles o 30 % de jeunes de moins de 26 ans o 6 €, 12 €, demi-tarif : une politique tarifaire adaptée


carte blanche Chaque saison, le Collège de Truchtersheim met en place un projet pédagogique avec l’OnR. Parmi les thématiques choisies, les élèves de 3ème 3, encadrés par leur professeur d’enseignement religieux, Geneviève Diss, se sont intéressés cette année au travail de conception d’affiches de spectacle. Après une présentation du cahier des charges et des contraintes inhérentes à leur réalisation, ils se sont prêtés à l’exercice autour de la nouvelle production Ariane et Barbe-bleue. Les dessins parlent d’eux-mêmes et rappellent combien les manières de découvrir l’opéra et la danse peuvent être nombreuses… Bravo pour ces belles créations !

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1. Marion Balay et Marie Littel ; 2. Léa Ackermann et Lucie Vogel ; 3. Mathéo Schmitt ; 4. Camille Sturm et Justine Grasser ; 5. Léa Genzling et Clara Mergen ; 6. Loïc Matter et Axel Schreiber ; 7. Jeanne Hoffman et Océane Schnitzler

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Parking Opéra Broglie… Pour un stationnement bien orchestré.

cendrillon de l'opéra au livre illustré Poursuivant sa collaboration avec la Haute école des arts du Rhin (Arts décoratifs) entamée il y a plus de 10 ans, l’OnR propose à des étudiants qui suivent le cours de peinture de Roger Dale de s’attacher à la réalisation du livre pour enfants qui accompagnera la création de Cendrillon, opéra à destination du jeune public. à la fois auteurs et illustrateurs, ces jeunes artistes s’adonnent à cet exercice et découvrent pour certains le monde de l’opéra avec des visites des ateliers de décors et du théâtre, et la possibilité d’assister à des répétitions et des spectacles. > Livre illustré disponible à partir de septembre 2015 Plus d’infos : opéranationaldurhin.eu

illustration anne-sophie tschiegg

Chez Parcus, vous avez la meilleure place.


sandrine

piau expilly / naïve

soprano

récital Elle a acquis une importante notoriété grâce au répertoire baroque avec les incontournables William Christie, Philippe Herreweghe, Christophe Rousset, Emmanuelle Haïm pour ne citer qu’eux et récemment avec le rôle de Cléopâtre dans Giulio Cesare et Morgana dans Alcina à l’Opéra de Paris. Sa carrière s’illustre aussi dans les ouvrages classiques et romantiques comme Die Zauberflöte (Pamina), Don Giovanni (Donna Anna) et Dialogues des Carmélites (Sœur Constance) au Théâtre des Champs-Elysées, Werther (Sophie) au Théâtre du Châtelet… la liste est loin d’être exhaustive. En 2014, on note un enregistrement remarqué et salué notamment par la critique, Desperate Héroïnes, qui évoque tout le désarroi des héroïnes chez Mozart. Pour 2015, elle a pris rendez-vous à Helsinki, Londres, Rome, Tokyo, Paris avec ce programme que le public strasbourgeois aurait bien tort de bouder. Au bord de l’eau ou Clair de lune de Gabriel Fauré, Amour d’antan, Dans la forêt du charme, Le Temps des lilas d’Ernest Chausson, autant de titres au romantisme assuré auxquels répondront des Lieder de Hugo Wolf ou de Richard Strauss (Morgen, Die Nacht…) et, dans un registre début XXe, des poèmes de Guillaume Apollinaire ou de Louis Aragon sur lesquels composa Francis Poulenc. Et on ne vous a pas encore tout dit…

susan manoff

Piano

STRASBOURG Opéra sa 29 septembre 20 h

Gabriel Fauré Hugo Wolf Ernest Chausson Richard Strauss Francis Poulenc Franz Schubert Avec le soutien de

fidelio association pour le développement de l'Opéra national du Rhin

photo nis&for

La Maîtrise au cœur des écoles

La Maîtrise à Fribourg La Maîtrise de l’OnR a été invitée par le théâtre d’opéra de Fribourg pour prêter main forte lors d’une production de Carmen en mai 2015. Ce projet s’inscrit dans le prolongement de l’échange ayant eu lieu lors de la coproduction de l’opéra 1918, l’Homme qui titubait dans la guerre. Dix maîtrisiens complèteront l’équipe de vingt enfants allemands sur scène.

Depuis la saison 2014-2015, la Maîtrise de l’OnR entre dans des écoles de la Ville de Strasbourg (école Schumann et école Sturm), par le biais de son équipe pédagogique, afin de faire découvrir la musique chorale à des écoliers curieux et motivés. à raison d’une heure et demie par semaine, les enfants explorent les bases de la pratique chorale par des échauffements, des jeux vocaux et musicaux et la construction d’un répertoire de chansons. Cette activité s’inscrit dans le cadre de la réforme éducative mise en place par la Ville de Strasbourg. > Chaque saison, la Maîtrise recrute des enfants de 7 à 17 ans. Plus d’infos : operanationaldurhin.eu Contact : maitrise@onr.fr Croisements • 27


l'amour

à mort création mondiale

PENTHESILEA pascal dusapin

Direction musicale Franck Ollu Mise en scène Pierre Audi Décors Berlinde De Bruyckere Costumes Wojciech Dziedzic Lumières Jean Kalman Vidéo Mirjam Devriendt Mouvements Marie Martinez Dispositif électro-acoustique

Thierry Coduys

Penthesilea Natascha Petrinsky Prothoe Marisol Montalvo Achilles Georg Nigl Odysseus Werner Van Mechelen Oberpriesterin Eve-Maud Hubeaux Chœurs de l’OnR Direction Sandrine Abello Orchestre philharmonique de Strasbourg Éditions Salabert / Universal Music Publishing Classical

En ouverture de saison, l’Opéra national du Rhin fait à nouveau l’événement avec la création du dernier opéra de Pascal Dusapin, figure majeure de la musique contemporaine française. Pour son septième ouvrage, il a choisi d’adapter la célèbre pièce de Kleist, Penthesilea, qui raconte la passion destructrice d’Achille et de la reine des Amazones sur fond de guerre de Troie…

Cela faisait longtemps que Pascal Dusapin, passionné de littérature, avait envie de composer un opéra sur le texte de Kleist. C’est que cette pièce est non seulement portée par un sujet fort, dramatique à souhait, mais également un langage poétique bouillonnant et pulsionnel pour exprimer toute la démesure des sentiments qui jaillissent. Et dire que les contemporains du dramaturge avaient reçu avec une certaine circonspection cet ouvrage longtemps qualifié d’injouable ! Il faut avouer que Kleist, unanimement reconnu de nos jours et particulièrement pour ses pièces de théâtre, a connu un certain dédain de son vivant au point que l’on puisse sans conteste le qualifier de « poète maudit » d’autant plus quand on connaît son destin tragique : un suicide en compagnie de la seule âme capable de le comprendre à tout juste 34 ans ! Pascal Dusapin fait sans nul doute partie de ses plus ardents admirateurs alors qu’il reconnaît dans Penthesilea une œuvre d’une « effrayante modernité ». Et de citer d’ailleurs l’écrivain est-allemande Christa Wolf en exergue de la partition : « Ce n’est pas un beau spectacle, l’ère moderne commence. »

penthesilea, Photo Forster La Monnaie De Munt

Opéra en 1 prologue, 11 scènes et 1 épilogue Livret de Pascal Dusapin en collaboration avec Beate Haeckl d’après la pièce de Heinrich von Kleist


Penthésilée est la reine des Amazones, ces femmes qui ont créé une société totalement interdite aux hommes. Pour renouveler néanmoins les générations, elles choisissent de s’accoupler avec n’importe lequel d’entre eux après les avoir vaincus aux combats : les garçons nés de ces unions sont abandonnés ou tués, seules les filles sont gardées. Or, Penthésilée est tombée amoureuse d’Achille tout comme celui-ci s’est épris d’elle. Ils se poursuivent donc dans des combats acharnés. Alors que le héros grec propose à son amante un ultime duel tout en étant secrètement prêt à se laisser capturer, Penthésilée, prise d’une furie incontrôlée, le tue en déchirant son corps de ses propres dents. Revenue à elle et prenant conscience de son acte, elle dénonce la Loi imposée par ses ancêtres et décide de se donner la mort. Observant dans cette œuvre « la question de l’amour au filtre du problème de la Loi », comme l’explique Pascal Dusapin, Kleist fait de son héroïne une figure – qui plus est féminine ! –  de la désobéissance face à l’arbitraire au travers de cette étrange passion où l’amour et la mort sont inextricablement mêlés. Une œuvre ô combien fascinante qui ne cesse aujourd’hui de nourrir la psychanalyse… Kleist était vraiment en avance sur son temps !

Penthesilea voit le jour dans le cadre d’une coproduction entre l’OnR et le Théâtre de la Monnaie de Bruxelles. L’équipe artistique choisie pour la création est alléchante : que ce soit pour la direction de Franck Ollu, rompu à la musique et l’opéra contemporains, ou bien pour la mise en scène de Pierre Audi, directeur du Dutch National Opera dont les spectacles sont régulièrement salués par la critique. Sans oublier la participation de l’une des plus éminentes plasticiennes contemporaines aux décors, la Gandoise Berlinde De Bruyckere, dans sa toute première expérience de scénographe. Quant à la distribution, elle fait appel à de brillants interprètes dont certains comme Natascha Petrinsky (Penthesilea) et Georg Nigl (Ulysse) sont d’ailleurs familiers de l’univers du compositeur. Tous ont une vraie expérience de l’opéra contemporain et le goût des répertoires originaux. On se réjouit également de retrouver dans le rôle de la Grande Prêtresse, Eve-Maud Hubeaux qui a été membre de l’Opéra Studio de l’OnR entre 2009 et 2011 et qu’on peut applaudir en Pauline de La Dame de pique en cette fin de saison.

Face à un texte long et dense, difficilement transposable tel quel en musique, Pascal Dusapin s’est lui-même risqué à son adaptation en collaboration avec la dramaturge Beate Haeckl. Un vrai défi ! Des vingt-quatre scènes de la tragédie originale, ils en ont tiré un opéra en un prologue, onze scènes et un épilogue, resserrant le nombre de personnages, simplifiant la syntaxe et modernisant parfois subtilement le lexique, tout en conservant l’allemand pour que les sonorités de la langue originale participent elles aussi à l’expérience sensible qu’il cherche toujours à provoquer avec sa musique.

Alors que l’OnR est depuis longtemps engagé dans le soutien aux créations lyriques, c’est la première fois qu’il programme un opéra de Pascal Dusapin qui a et continue de marquer la musique contemporaine avec ce style si singulier qui s’affranchit de toutes les écoles esthétiques. Jeune sexagénaire en 2015, il est l’objet de nombreux hommages partout en Europe – une sorte « d’année Dusapin ». On peut alors se réjouir que les représentations rhénanes de Penthesilea en constituent déjà l’un des moments les plus attendus.

STRASBOURG Opéra

rencontre

sa 26 septembre 20 h lu 28 septembre 20 h me 30 septembre 20 h je 1er octobre 20 h

avec Pascal Dusapin, Franck Ollu et Pierre Audi Strasbourg, Librairie Kléber ve 25 septembre 18 h 30 entrée libre

Commande du Théâtre Royal de la Monnaie / De Munt en collaboration avec l’Opéra national du Rhin Coproduction avec le Théâtre Royal de la Monnaie / De Munt Bruxelles

penthesilea • Croisements • 17


du musée

Une fois n’est pas coutume, le metteur en scène Pierre Audi a souhaité collaborer avec un artiste visuel pour Penthesilea. Il a ainsi proposé à Berlinde De Bruyckere, célèbre plasticienne flamande, de rejoindre son équipe de création.

30 • Croisements • berlinde de bruyckere


à la scène

penthesilea, Photos Forster La Monnaie De Munt • berlinde de bruyckere : photo johan jacobs

Berlinde De Bruyckere est née en 1964 à Gand, dans les Flandres, où elle a étudié et continue d’ailleurs de travailler. D’abord exposée au musée d’Ypres en 1999, elle connaît un succès international en 2003 au sein du pavillon italien de la Biennale de Venise avec son « Black Horse », sculpture d’un corps de cheval déformé et sans yeux. Elle se retrouve alors invitée un peu partout en Europe notamment dans le cadre de premières monographies. 2013 est l’année de la consécration puisqu’elle est désignée pour représenter son pays lors de cette même Biennale qui l’avait fait connaître. Aujourd’hui, Berlinde De Bruyckere fait sans nul doute partie des artistes contemporains majeurs de sa génération. à travers ses installations, sculptures et dessins de carcasses de chevaux, corps humains déformés ou arbres, elle tente de saisir les grandes histoires du monde avec des thématiques qui tournent souvent autour de la vulnérabilité, de l’éphémère et de la solitude. Les formes et les matériaux qu’elle utilise sont toujours choisis en fonction de leur puissance métaphorique. à l’invitation du metteur en scène Pierre Audi, qui a déjà collaboré avec Anish Kapoor pour Pelléas et Mélisande, ou bien encore Jannis Kounellis pour Lohengrin, elle a accepté de se lancer dans sa première expérience de scénographie, une nouvelle et passionnante aventure. Comme c’est toujours le cas avec des plasticiens, dixit le metteur en scène d’ailleurs loin de s’en plaindre, elle lui a alors proposé une seule et unique idée, très claire, très affirmée, sans alternative possible, inspirée d’une anecdote intime lors de la visite quelques années auparavant chez un tanneur à Anderlecht. La vision de toutes les peaux de chevaux empilées sur des palettes en fer, l’odeur des animaux tout juste abattus, le sel par terre qui se mêlait au sang dans un jet d’eau, avaient provoqué en elle une sensation inoubliable porteuse d’images puissantes. Comme une masse anonyme de morts, comme un immense charnier… La guerre. Celle qui déchire justement Grecs et Troyens dans Penthesilea, mais aussi toutes ces guerres que le monde actuel ne cesse de connaître. à partir de ce souvenir très précis, elle a alors cherché à réaliser une métaphore capable de se déployer sur une scène et a choisi d’élaborer, à cet effet, cinq constellations de sculptures destinées à provoquer également une expérience physique. Une proposition drastique, à l’image de tout son travail, qui

a le mérite de coller parfaitement à la musique de Dusapin, le compositeur ayant régulièrement recours au symbolique et à la métaphore. Ce dernier affirme d’ailleurs volontiers son enthousiasme pour le travail de la plasticienne. Elle aurait immédiatement compris la conception abstraite qu’il recherchait avec Penthesilea, seule voie possible, selon lui, pour parvenir aux émotions contenues dans le texte. Concevoir les décors d’un opéra a été une expérience à la fois surprenante et enrichissante pour Berlinde de Bruyckere. Habituée à travailler avec de la cire, il lui a fallu accepter d’autres matériaux comme, par exemple, le plâtre synthétique davantage adapté à la destination scénique de ses sculptures. Et alors qu’elle avait plutôt l’habitude de tout régenter, elle avoue avoir été agréablement surprise par sa collaboration avec les ateliers de la Monnaie, saluant la qualité d’une réalisation qui a su atteindre ce qu’elle recherche habituellement avec ses œuvres : retrouver la sensation précise qui avait motivé son inspiration et un vrai souci de réalisme. Se prenant au jeu, elle en a même profité pour se lancer dans une réelle innovation plastique en introduisant des séquences audiovisuelles et des projections, avec sa vieille complice Mirjam Devriendt, afin de montrer les images réelles des manipulations. Pierre Audi ne peut s’empêcher de saluer le sérieux avec lequel la plasticienne a abordé son nouveau rôle. Berlinde De Bruyckere a vraiment conçu les décors de Penthesilea comme un développement organique de sa démarche artistique, qui plus est dans le cadre d’une autre temporalité. Car à l’opéra, le spectateur est assis et reçoit immédiatement la proposition plastique sans sa globalité contrairement au musée où il peut sélectionner, choisir son ordre de visite et surtout prendre son temps. Accepter que son travail s’inscrive dans un ensemble beaucoup plus grand, faire preuve d’une réelle humilité, ne lui a posé aucun problème. à l’image des autres maîtres d’œuvre, elle sait qu’elle a choisi de travailler pour le compte de Pascal Dusapin, d’être partie prenante d’une équipe, la composante d’un tout. Renonçant à la solitude habituelle de son travail de création, elle est plus que jamais impatiente de se confronter à la réaction du public, de vérifier quelle expérience physique elle a bien pu susciter en lui. En somme, de voir si sa démarche fonctionne aussi à l’opéra alors qu’elle est passée avec détermination du musée à la scène. à partir d’un entretien réalisé à la Monnaie de Bruxelles. berlinde de bruyckere • Croisements • 31



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