BIE SANTE ANIMALE OI - Premier semestre 2017

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BIE

Bulletin d’Informations Épidémiologiques Santé animale - Océan Indien

SOMMAIRE ÉDITO ...................................................................................................................................p. 1 SURVEILLANCE RÉGIONALE ................................................................................p. 2 à 7 Archipel des Comores ...............................................................................................p. 2 à 3 Madagascar ..................................................................................................................p. 4 à 5 Maurice .........................................................................................................................p. 6 à 7 Réunion ...............................................................................................................................p. 7 SURVEILLANCE INTERNATIONALE .........................................................................p. 8 Afrique .................................................................................................................................p. 8 Asie .......................................................................................................................................p. 8 Océanie ...............................................................................................................................p. 8 ZOOM SUR... LA RAGE ...........................................................................................p. 8 à 10 Généralités ..................................................................................................................p. 8 à 9 Situation de la rage animale à Madagascar en 2017 ......................................p. 9 à 10

BIE N°19 / JANVIER À JUIN 2017

ÉDITO

N

ous voilà à mi-parcours d’une nouvelle année riche en activités pour les membres de l’initiative One Health de l’océan Indien. Comme à notre habitude, nous vous proposons de retrouver dans ce bulletin les informations épidémiologiques régionales et internationales concernant les maladies animales prioritaires surveillées dans la zone. La rage, maladie virale qui sévit encore dans deux-tiers des pays du monde, constitue le thème du dossier de ce numéro, avec un focus particulier sur sa situation à Madagascar. Dans le monde, 60 000 personnes décèdent de la rage chaque année. Cette zoonose virale que l’on connaît bien n’épargne aucun continent, sauf l’Antarctique. À Madagascar, la situation mérite notre attention. C’est en moyenne 10 personnes par an qui en meurent, de même que de nombreux bovins et canins également touchés. Cependant, il est bon de rappeler le rôle exemplaire de certains de nos partenaires dans la lutte contre cette maladie. L’Institut Pasteur de Madagascar fournit gratuitement le vaccin antirabique sur toute l’île depuis 1868 et le dispense au niveau des 31 centres spécialisés répartis dans les 22 régions du territoire. Les services vétérinaires mettent en place chaque année des campagnes de vaccination et d’euthanasie sur la population canine. L’UVS-COI organise et maintien la surveillance épidémiologique, intervient dans la formation des agents de terrain et apporte son soutien aux différentes campagnes de prévention et de vaccination. Et il y en a d’autres. La lutte contre la rage est un des nombreux exemples qui nous prouve que l’organisation d’un collectif « Une seule santé pour l’océan Indien » comme le nôtre est légitime et cohérent. Professionnels de la santé animale et de la santé publique travaillent ensemble à l’éradication de cette zoonose. Chercheurs, cliniciens et professionnels de la surveillance collaborent. Campagnes de vaccination (animales et humaines), de prévention et de sensibilisation se mêlent. Dans un effort global et mutualisé, c’est véritablement une démarche One Health qui est mis en place pour le bien commun. À nous, chers collègues, de faire en sorte que cela continue ! Très bonne lecture à toutes et à tous,

Eric. C

Directeur de la publication : Eric Cardinale Rédacteurs en chef : Harena Rasamoelina, Cécile Squarzoni Responsable éditorial : Renaud Levantidis Comité de rédaction : Harena Rasamoelina, Cécile Squarzoni, Renaud Levantidis Contacts & abonnement : secretariat.ohoi@cirad.fr Soutiens :

Retrouvez ce numéro ainsi que les archives du Bulletin d’Informations Épidémiologiques - Santé animale océan Indien sur http://www.onehealth-oi.org

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BULLETIN D’INFORMATIONS ÉPIDÉMIOLOGIQUES - SANTÉ ANIMALE - OCÉAN INDIEN

DEUXIÈME SEMESTRE 2016

SURVEILLANCE RÉGIONALE ARCHIPEL DES COMORES Figure 1 - Nombre de malades et de morts associés aux différentes maladies bovines notifiées à Ngazidja durant le premier semestre 2017 (n = 296 malades et 114 morts) (Source : RENESMAC) 250

Effectifs animaux

200

150

100

50

0 Théilériose

Autre (anorexie, faiblesse, …)

FVR / Fièvre Q

Charbon symptomatique

Cowdriose

Gale

Dermatophilose

Fièvre des 3 jours

Maladies Malades

Morts

Figure 2 - Évolution hebdomadaire du nombre de malades et de morts associés à la théilériose bovine à Ngazidja durant le premier semestre 2017 (n = 194 malades et 98 morts) (Source : RENESMAC) 60

Effectifs animaux

50

40

30

20

10

0 1

2

3

4

5

janvier

6

7

8

Février

9

10

11

12

13

14

15

Mars

16

17

Avril

18

19

20

21

22

23

24

Mai

25

Juin

Semaines par mois Malades

Morts

Figure 3 - Nombre de malades et de morts associés aux différentes maladies notifiées sur les petits ruminants à Ngazidja durant le premier semestre 2017 (n = 93 malades et 16 morts) (Source : RENESMAC) 30

26

• Les notifications portant sur les différentes maladies et syndromes touchant les bovins à Ngazidja montrent, comme en 2016, la prédominance de la théleiriose (50% des notifications). Le nombre de notifications concernant cette maladie est 4 fois plus élevé que lors du semestre précédent ce qui atteste d’une meilleure mobilisation des agents de terrain à rapporter les maladies touchant les cheptels de l’île. Des pics de déclaration sont enregistrés fin mars et fin mai. Le taux de létalité reste élevé (près de 50% des animaux atteints) et constitue la contrainte sanitaire majeure à l’heure actuelle sur cette île. Les autres suspicions majoritairement signalées sont la fièvre Q ou la fièvre de la Vallée du Rift en cas d’avortements, ainsi que le charbon symptomatique (Figure 1 & 2) ; • Concernant les petits ruminants (95% des notifications concernent des caprins), les syndromes abortifs avec fièvre (possiblement de la fièvre de la Vallée du Rift et/ou de la fièvre Q) sont, avec l’ecthyma contagieux, les principales notifications rapportées. La Peste des Petits Ruminants reste présente, ainsi que la Gale, comme au deuxième semestre de 2016 (Figure 3).

25

Effectifs animaux

20

15

5

0 Fièvre de la Vallée du Rift / Fièvre Q

Autre (atteinte non prioritaire)

Ecthyma contagieux

Peste des petits ruminants

Maladies Malades

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Morts

Gale

Dermatophilose

Crédit photo : ONE HEALTH - OI

10


BULLETIN D’INFORMATIONS ÉPIDÉMIOLOGIQUES - SANTÉ ANIMALE - OCÉAN INDIEN

DEUXIÈME SEMESTRE 2016

Figure 4 - Nombre de malades et de morts associés aux différentes maladies bovines notifiées à Anjouan durant le premier semestre 2017 (n = 37 malades et 5 morts) (Source : RENESMAC) 30

Effectifs animaux

25

20

• 32 notifications ont été enregistrées à Anjouan sur les bovins avec une grande majorité de syndromes fiévreux et, en seconde position, de charbon symptomatique. 4 cas de gale sont aussi signalés (Figure 4) ; • Une surveillance accrue a été mise en place suite à l’épizootie de syndrome fiévreux constatée afin de mieux cerner le phénomène en cas de prochaine alerte ; • Concernant les petits ruminants, 20 notifications sont enregistrées (90% de caprins). Elles portent essentiellement sur des syndromes fiévreux et anorexiques, ainsi que des conjonctivites ;

15

10

5

0 Fièvre des 3 jours

Charbon symptomatique

Gale

Autre (atteinte non prioritaire)

Maladies Malades

• Pour les volailles, la variole est prépondérante sur les deux îles précédemment citées. Ont été aussi enregistrées des notifications de maladie de Newcastle pour Anjouan accompagnées d’une forte létalité (plus de 80%) (Figure 5) ; • À Mayotte, les principales notifications sur les bovins concernent des avortements et des bavites (32 notifications sur 39). En seconde position viennent les maladies cutanées, englobant des suspicions de démodécie, de gale et de dermatophilose (Figure 6).

Morts

Figure 5 - Nombre de malades et de morts associés aux différentes maladies notifiées sur les petits ruminants à Anjouan durant le premier semestre 2017 (n = 38 malades et 7 morts) (Source : RENESMAC) 16

14

Effectifs animaux

12

10

8

6

4

2

0 Autre (atteinte non prioritaire)

Conjonctivite

Gale

Ecthyma contagieux

Maladies Malades

Morts

Figure 6 - Nombre de malades associés aux différentes maladies bovines notifiées à Mayotte durant le premier semestre 2017 (n = 40) (Source : SESAM) 20

18

16

12

10

8

6

4

2

0 Avortement

Bavite

Démodécie

Maladies

Gale

Dermatophilose

Crédit photo : ONE HEALTH - OI

Effectifs animaux

14

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BULLETIN D’INFORMATIONS ÉPIDÉMIOLOGIQUES - SANTÉ ANIMALE - OCÉAN INDIEN

DEUXIÈME SEMESTRE 2016

MADAGASCAR Figure 7 - Nombre de malades et de morts associés aux différentes maladies bovines notifiées à Madagascar durant le premier semestre 2017 (n = 2948 malades et 343 morts) (Source : MADSUR) 1800

1600

1400

Effectifs animaux

1200

1000

800

600

400

200

0 Dermatose nodulaire

Dermatophilose

Autre (atteinte non prioritaire)

Charbon symptomatique

Babésiose

Anaplasmose

Cowdriose

Tuberculose

Rage

Salmonellose

Anthrax

Cystocercose bovine

Maladies Série1

Série2

• Les notifications sur les bovins de Madagascar concernent majoritairement les maladies cutanées que sont la dermatose nodulaire contagieuse et la dermatophilose (2305 malades sur 2948 notifiés au total) (Figure 7) ; • Les taux de létalité les plus élevés sont enregistrés pour la tuberculose (55%), la cowdriose (48%) et les salmonelloses (47%) ;

Figure 8 - Nombre de malades et de morts associés aux différentes maladies notifiées sur les petits ruminants à Madagascar durant le premier semestre 2017 (n = 439 malades et 198 morts) (Source : MADSUR) 350

300

Effectifs animaux

250

• Les principales suspicions notifiées sur les petits ruminants concernent l’ecthyma contagieux et les deux charbons. D’autres atteintes non prioritaires entrainant environ 50% de létalité, sont également rapportées par les acteurs de terrain (Figure 8) ;

200

150

100

• Les principales suspicions sur les porcins sont des cas de pestes porcines, avec un fort taux de létalité (75%). Des cas de salmonelloses et de maladie de Teschen sont aussi notamment rapportés (Figure 9).

50

0 Autre (atteinte non prioritaire)

Echtyma contagieux

Anthrax

Charbon symptomatique

Babésiose

Rage

Maladies Malades

Morts

Figure 9 - Nombre de malades et de morts associés aux différentes maladies porcines notifiées à Madagascar durant le premier semestre 2017 (n = 845 malades et 530 morts) (Source : MADSUR) 700

600

Effectifs animaux

500

400

300

100

0

Pestes porcines

Autre (atteinte non prioritaire)

Salmonellose

Maladie de Teschen

Gale

Maladies Malades

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Morts

Cysticercose

Tuberculose

Rage

Crédit photo : ONE HEALTH - OI

200


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DEUXIÈME SEMESTRE 2016

• Pour les maladies aviaires, le choléra aviaire et la maladie de Newcastle prédominent avec des taux de létalité équivalent (autour de 70%) (Figure 10) ;

Figure 10 - Nombre de malades et de morts associés aux différentes maladies aviaires notifiées à Madagascar durant le premier semestre 2017 (n = 2580 malades et 1527 morts) (Source : MADSUR) 1400

• Les cas de rage notifiés concernent en grande majorité l’espèce bovine (82%) sur ce semestre (Figure 11) ;

1200

Effectifs animaux

1000

• Le nombre de notifications transmises par le réseau sentinelle MADSUR est en moyenne de 46 par semaine. Elles ont plus que doublé par rapport au semestre précédent (près de 500 notifications durant le dernier semestre 2016, plus de 1200 durant ce premier semestre 2017). On note un pic d’activité important de début mars à fin mai, du au passage de 22 à 35 sentinelles sur l’île (Figure 12).

800

600

400

200

0 89 foyers

36 foyers

2 foyers

23 foyers

Choléra aviaire

Maladie de Newcastle

Maladie de Marek

Autres maladies

Maladies et nombre de foyers Malades

Morts

Figure 11 - Répartition par espèce des malades atteints de rage animale selon les notifications enregistrées à Madagascar durant le premier semestre 2017 (n = 163 malades) (Source : MADSUR) 3%

Crédit photo : ONE HEALTH - OI

15%

82%

Bovins

Canins

Porcins

Figure 12 - Évolution hebdomadaire du nombre de notifications transmises par le réseau MADSUR de Madagascar durant le premier semestre 2017 (n = 1216 notifications) (Source : MADSUR) 120

108 100

Nombre de notifications

87 80

87 77

63

60

70

66

68

70

61

46 40

41

37 30

29 20

20

24

23

26

24

24

8

9

38 33 23

24

25

26

17

0 1

2

3

4

5

6

7

10

11

12

13

14

15

16

17

18

19

20

21

22

23

24

Semaines

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DEUXIÈME SEMESTRE 2016

MAURICE • Le nombre de notifications transmises depuis le début de la mise en place de l’e-surveillance à Maurice a connu une forte augmentation avant de chuter au mois d’août 2016, suite à la forte mobilisation des agents pour la gestion de la fièvre aphteuse apparue en juillet. Le nombre de notifications reçues est en légère progression depuis la fin du premier semestre 2017 (Figure 13) ;

Figure 13 - Évolution mensuelle du nombre de notifications transmises de janvier 2016 à fin juin 2017 à Maurice (espèces : ruminants et porcs) (n = 5486 notifications) (Source : DSV Maurice) 1000

900

864 800

744

Nombre de notifications

700

614

600

570

• Concernant les bovins, les syndromes reproducteurs sont prépondérants. Blessures, anorexies, syndromes fiévreux et affections cutanées sont les autres syndromes principalement notifiés (Figure 14) ;

544

500

434 400

300

207

200

100

123

108

223 186

141

110

131

126

66

95 43

0 Janvier

févr

mars

avr

mai

juin

juil

août

2016

sept

oct

nov

déc

janv

févr

mars

avr

mai

juin

2017

Mois par année

• Les problèmes sanitaires signalés sur les petits ruminants sont en majorité des syndromes fiévreux, des diarrhées, des problèmes cutanés et des blessures. Les affections respiratoires et les atteintes de l’appareil reproducteur présentent les plus forts taux de létalité (Figure 15).

Figure 14 - Nombre de malades associés aux différentes maladies bovines notifiées à Maurice durant le premier semestre 2017 (n = 703 malades) (Source : DSV Maurice) 200

180

160

Effectifs animaux

140

120

100

80

60

40

20

0 Syndrome reproducteur

Blessure et/ou Abcès

Anorexie Fièvre Léthargie

Affection des membres

Affection cutanée

Autre (atteinte non prioritaire)

Affection respiratoire

Diarrhée

Malnutrition Maigreur

Parasites digestifs

Syndrome digestif

Crédit photo : ONE HEALTH - OI

Maladies / Syndromes

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DEUXIÈME SEMESTRE 2016

Figure 15 - Nombre de malades associés aux différentes maladies notifiées sur petits ruminants à Maurice durant le premier semestre 2017 (n = 1304 malades) (Source : DSV Maurice) 250

Effectifs animaux

200

150

100

50

0 Anorexie - Fièvre - Léthargie

Diarrhée

Affection cutanée

Blessure et/ou Abcès

Parasites digestifs

Affection respiratoire

Syndrome reproducteur

Autre (atteinte non prioritaire)

Syndrome digestif

Malnutrition Maigreur

Affection des membres

Maladies / Syndromes Caprins

Ovins

• Plus de 100 notifications sur des porcins ont été enregistrées, représentant 517 porcs malades. Les problèmes digestifs (diarrhées), les troubles de l’état général (fièvre) et les parasites digestifs sont les principales suspicions signalées (Figure 16).

Figure 16 - Nombre malades associés aux différentes maladies notifiées sur les porcins à Maurice durant le premier semestre 2017 (n = 517 malades) (Source : DSV Maurice) 250

150

100

Crédit photo : ONE HEALTH - OI

Effectifs animaux

200

50

0 Diarrhée

Troubles généraux Autre (atteinte non (léthargie, anorexie, prioritaire) fièvre)

Parasites digestifs Mauvais état général et carence

Affections respiratoires

Blessure et/ou Abcès Affection cutanée

Affection appareil reproducteur

Maladies / Syndromes

RÉUNION • En janvier, plusieurs cas de Salmonella typhimurium ont été signalés en élevages de volailles de chair. Salmonella paratyhi B a également été détectée dans un élevage de volailles de chair en mars. Les virus BTV et EHDV circulant sur toute l’île, un suivi des orbiviroses a été mis en place officiellement. Des cas réguliers d’anaplasmose bovine sont enregistrés sur les cheptels bovins. • Le varroa destructor : Le 4 mai 2017, le réseau d’épidémiosurveillance apicole a détecté le premier cas de présence du varroa, acarien parasite des abeilles, dans un rucher situé à St Denis. Un envoi en métropole pour confirmation a été fait dès le 5 mai. Le laboratoire national de référence (ANSES - Sofia Antipolis) a confirmé l’identification du Varroa le 9 mai. Compte tenu des dégâts provoqués par cet acarien sur les abeilles entraînant de fortes mortalités et au vu des conséquences économiques et environnementales qu’il engendre, des mesures ont été mises en place pour limiter sa propagation. Dans un premier temps des mesures d’urgence absolue ont été initiées, interdisant le déplacement des ruches surtout le territoire de l’île et définissant une zone de prévention (5 km autour du foyer détecté à Saint Denis) et une zone de surveillance (10 km autour du foyer). Dans un deuxième temps des mesures d’urgence adaptée à l’évolution de la situation ont été prises. Des investigations ont été menées hors de la zone initiale pour établir s’il s’agissait de cas isolés territorialement (donc maîtrisables par destruction systématique des ruches), ou bien d’une infestation plus éparse ou généralisée. Ont été mis en place par ailleurs le recensement de tous les ruchers de l’île par déclaration obligatoire et l’examen clinique des ruches par le détenteur en vue de la détection du parasite, avec déclaration obligatoire à la DAAF en cas de détection et y compris en cas de doute. En date du 22 juin, 464 apiculteurs ont été recensés, avec évaluation de 35 000 colonies. 208 ruchers ont été visités, dont 79, répartis sur 18 communes, se sont avérés infestés. (Source : DAAF Réunion / GDS Réunion)

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SURVEILLANCE INTERNATIONALE

DEUXIÈME SEMESTRE 2016

Source : OIE - WAHIS

AFRIQUE • L’influenza aviaire hautement pathogène et la fièvre aphteuse sont les deux maladies qui ont été le plus notifiées. Pour la première (7 déclarations de nouveaux foyers, 104 rapports de suivi), des foyers ont été notifiés en Afrique du nord (Algérie, Egypte, Tunisie, Libye), en Afrique de l’ouest et du centre (Cameroun, Côte d’Ivoire, Ouganda, Niger, Nigeria, Congo) et en Afrique autrale (Zimbabwe, Afrique du sud). Pour la fièvre aphteuse (4 déclarations de nouveaux foyers, 14 rapports de suivi), des foyers ont été notifiés au Maghreb (Algérie, Tunisie), en Afrique de l’ouest (Guinée-Bissau) et en Afrique Australe (Angola, Mozambique, Afrique du Sud, Zambie, Zimbabwe) ; • Ont aussi été notifiés des foyers de : →→ Clavelée et variole caprine en Egypte ; →→ Dermatose nodulaire contagieuse en Namibie ; →→ Fièvre catarrhale ovine au Botswana, en Équateur et en Tunisie ; →→ Fièvre charbonneuse en Tanzanie, Zambie, Burkina Faso et au Niger ; →→ Fièvre de la vallée du Rift au Mali et au Niger ; →→ Fièvre porcine africaine en Afrique du Sud ; →→ Influenza aviaire faiblement pathogène en Afrique du Sud et en Libye ; →→ Charbon bactéridien en Gambie et en Zambie ; →→ Péripneumonie contagieuse bovine en Mauritanie ; →→ Peste équine au Mozambique et au Swaziland ; →→ Peste porcine africaine en Afrique du Sud , au Kenya et en Zambie ; →→ Rage en Egypte ; →→ Varroase des abeilles à La Réunion ; →→ Variole du singe au Cameroun.

Carte des foyers de fièvre aphteuse dans le monde, toutes espèces confondues, du 1er juillet au 31 décembre 2016 (Source : OIE)

ASIE • L’influenza aviaire hautement pathogène et la fièvre aphteuse sont les deux maladies qui ont été le plus notifiées. Pour la première (22 déclarations de nouveaux foyers, 110 rapports de suivi), des foyers ont été notifiés au Bangladesh, au Cambodge, à Hong Kong, en Inde, en Iran, en Israël, au Japon, au Kazakhstan, au Koweït, en Malaisie, au Népal, en Corée du Sud, en Chine, à Taïwan et au Vietnam. Pour la fièvre aphteuse (14 déclarations de nonuveaux foyers, 35 rapports de suivi), des foyers ont été notifiés en Arabie Saoudite, en Israël, en Mongolie, en Corée du Sud, en Chine et en Palestine. • Ont aussi été notifiés des foyers de : →→ Clavelée et variole caprine en Israël et en Mongolie ; →→ Dermatose nodulaire contagieuse en Arabie Saoudite ; →→ Influenza aviaire faiblement pathogène au Cambodge et à Taïwan ; →→ Maladie de Newcastle en Israël ; →→ MERS-Cov en Arabie Saoudite ; →→ Peste des petits ruminants en Israël et en Mongolie ; →→ Rage au Kazakhstan ; →→ Septicémie hémorragique virale en Israël et au Kazakhstan.

Carte des foyers d’influenza aviaire hautement pathogène dans le monde, toutes espèces confondues, du 1er juillet au 31 décembre 2016 (Source : OIE)

OCÉANIE • Des foyers de maladie des points blancs sont toujours sous surveillance en Australie ;

ZOOM SUR... LA RAGE Généralités La rage est une maladie virale qui touche le système nerveux central des hôtes qu’elle infecte, provoquant une encéphalite. Elle peut atteindre toutes les espèces de mammifères terrestres, y compris les chauves-souris. Elle est inscrite sur la liste des maladies qui figure dans le Code sanitaire pour les animaux terrestres de l’OIE. Il s’agit d’une maladie à notification obligatoire. VIRUS. Il s’agit d’un virus à ARN neurtrope du genre Lyssavirus appartenant à la famille des Rhabdoviridae. Le RABV (Rabies Virus) présente

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une grande sensibilité aux agents physicochimiques de désinfection et une faible résistance dans le milieu extérieur. Transmis par la salive

(morsure ou léchage), il ne survit pas en dehors de son hôte ni dans le corps décédé de celui-ci au-delà de 24 heures (si la température dépasse 21 degrés


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Celsius). Le virus reste généralement à son point d’entrée pendant une certaine durée, avant de se déplacer le long des nerfs vers le cerveau. À ce niveau, il se multiplie rapidement et provoque les premiers signes cliniques. Il se déplace alors de nouveau le long des nerfs pour atteindre les glandes salivaires. ÉPIDÉMIOLOGIE. La rage est une zoonose qui peut affecter tous les mammifères. Deux cycles épidémiologiques sont distingués, urbain et sauvage. C’est le cycle urbain qui prédomine dans l’hémisphère sud, avec comme réservoir principal l’espèce canine. La rage canine est une des zoonoses les plus importantes et cause près de 60 000 morts humains chaque année, d’après l’OMS. Elle engendre des coûts importants, tant en raison des morts humains que des conséquences économiques dues aux pertes de bétail et des mesures de prévention et de contrôle régulièrement mis en place. TRANSMISSION. Le virus de la rage peut être transmis entre mammifères, qu’ils appartiennent à la même espèce ou non. Il est principalement transmis par la salive d’un animal infecté. Celle-ci devient infectieuse quelques jours avant l’apparition des signes cliniques. La transmission se produit principalement par morsure ou dépôt de salive infectée sur une plaie ou des muqueuses.

DEUXIÈME SEMESTRE 2016

• Fièvre • Réflexes oculaires lents • Mordillements au niveau de la blessure Phase excitative : • Agression • Attaque imprévisible d’humains, d’animaux ou d’objets • Crainte • Aboiements • Difficulté à avaler • Errances inexpliquées • Hydrophobie Phase paralytique : • Incapacité à avaler • Comportement excessif • Bave et sialorrhée • Dépression, coma • Mort par paralysie respiratoire • Comportement anormal (agressivité, refus de se nourrir…) TRAITEMENT. La rage déclarée, c’est à dire ayant déjà produit ses premiers symptômes, est une maladie presque toujours mortelle. En revanche, la vaccination curative antirabique pratiquée durant la phase d’incubation, entre la contamination

et l’apparition des premiers symptômes, est un traitement dont l’efficacité est prouvée depuis sa première expérimentation par Louis Pasteur en 1885. PRÉVENTION ET CONTRÔLE. Du point de vue de la santé publique mondiale, le chien est considéré comme la cible principale pour l’élimination de la rage tant ce réservoir principal est responsable de l’écrasante majorité des cas de rage animaux et humains. En dehors des chiens, d’autres animaux de compagnie (chats, furets...) et le bétail pose un risque pour l’exposition humaine et bénéficient parfois de l’inclusion dans un programme national de vaccination. De plus, la vaccination du bétail dans les zones endémiques de la maladie est recommandée par l’OIE. De manière générale, les programmes de lutte contre la rage envisagent un cadre socioculturel (sensibilisation du public, promotion des animaux de compagnie responsables de la transmission et du bien-être animal) et un cadre technique (vaccination des animaux domestiques et sauvages, amélioration de la surveillance, notifications des cas confirmés en laboratoire, moyens de diagnostic appropriés, gestion de la population canine et contrôle des déplacements animaux).

DIAGNOSTIC. La période d’incubation varie de quelques jours à plus de sept ans. Dans la définition de ses protocoles, L’OIE a fixé cette période à 6 mois. Les observations cliniques peuvent seulement conduire à une suspicion de rage car les signes de la maladie ne sont pas pathognomoniques et peuvent varier considérablement d’un animal à un autre. La seule façon d’entreprendre un diagnostic fiable est d’identifier le virus ou l’antigène/ARN viral en utilisant des tests de laboratoire. L’évolution clinique de la rage comporte trois phases : Phase prodromique : • Vagues signes neurologiques • Changement de comportement

Distribution de la rage dans le monde du 1er janvier au 31 juin 2017 (Source : OIE)

Situation de la rage animale à Madagascar en 2017 Une surveillance intégrée « One Health » de la rage à Madagascar a été initiée en 2016. La lutte contre cette zoonose endémique de Madagascar est ainsi devenue une des priorités de l’Etat. De nombreuses activités de riposte ont été menées pour en contrôler les foyers, en collaboration avec des partenaires de choix (Unité de Veille Sanitaire de la Commission de l’Océan Indien, Mérial et le Fond de l’Elevage). SITUATION ÉPIDÉMIOLOGIQUE. Les vétérinaires sanitaires du réseau de surveillance sentinelle des maladies animales à Madagascar (Réseau MADSUR) ont rapporté 201 animaux malades suspects de rage de janvier à octobre 2017 (Figure 1). Parmi les 48 prélèvements envoyés à l’Institut Pasteur de Madagascar, 43 ont été confirmés. De nombreux foyers sont apparus durant les mois de janvier, février et mars 2017 (Semaine 1 – Semaine 10). Une augmentation du nombre de suspicions et de cas confirmés a été observée depuis le mois d’août jusqu’au mois de novembre. Parmi les facteurs de risque suspectés, on retrouve notamment les évènements sociaux communautaires comme les mariages et les exhumations. Parmi les notifications de rage enregistrées, la rage canine domine (Tableau 1). Les foyers concernant les autres espèces sont toujours en relation avec un ou plusieurs foyers de rage canine. Figure 1 - Évoluation de cas suspects de rage animale, toutes espèces confondues à Madagascar en 2017 (n=201) (Source : Réseau MADSUR)

BIE N°19 / JANVIER À JUIN 2017 / PAGE 9


BULLETIN D’INFORMATIONS ÉPIDÉMIOLOGIQUES - SANTÉ ANIMALE - OCÉAN INDIEN

ESPÈCES

CAS SUSPECTS

CAS CONFIRMÉS

Canins

144

32

Bovins

46

9

Porcins

10

2

Caprins

1

0

TOTAL

201

43

vétérinaires sanitaires et les services vétérinaires régionaux assurent la destruction des carcasses et abats. Ils organisent aussi le suivi et la surveillance des animaux sensibles à la rage dans les élevages atteints.

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Vakinankaratra SAVA Menable

Tableau 1 - Cas de rage animale par espèce à Madagascar en 2017 (Source : Réseau MADSUR)

LES RIPOSTES MISES EN PLACE. Pour chaque foyer de rage canine, les vétérinaires sanitaires mènent des campagnes de vaccination et d’euthanasie sur les chiens errants, sous la supervision de la Direction des Services Vétérinaires et avec l’appui des partenaires (Fond de l’Elevage, UVS-COI et communes concernées). Réalisées de concert par les équipes en charge de la santé animale et de la santé publique, des campagnes de prévention et de sensibilisation sur les dangers de la maladie sont aussi lancées de manière systématique au niveau des villages affectés. Parmi les 109 notifications de foyer de rage animale reçues de janvier à octobre 2017, 87 foyers ont fait l’objet de sensibilisation, soit 72 villages. Par ailleurs, tous les chiens de ces villages ont été vaccinés. En cas de mortalités sur des bovins, des porcins ou des ovins/caprins, les

RÉGION

NOMBRE DE CHIENS VACCINÉS 99 129 50

Analamanga

2 401

Analanjirofo

468

Bongolava

382

Alaotra Mangoro

850

Diana

28

Sofia

202

Itasy

476

Amoron’i Mania

400

TOTAL

5485

Tableau 2 - Campagnes de vaccination canine réalisées à Madagascar en 2017 (Source : DSV Madagascar - Chiffres provisoires)

Figure 2 - Foyers de rage animale à Madagascar en 2017 (Source : Réseau MADSUR)


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